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Rechercher : La technocrature, maladie sénile de la démocratie, par Philippe Germain.

  • Technocratie et risque d’expertocratie, par Germain Philippe.

    La technocrature, maladie sénile de la démocratie : (11/14)

    Stratégie de substitution

    Notre analyse de physique sociale du XXI° siècle nous à amené à un tournant clé de la république française. Devant l’énorme niveau de discrédit atteint par de l’élite politique sous Sarkozy et Hollande, l’Etablissement n’a pas d’autre choix que de la «  dégager  ». Décision majeure qui rompt la vieille harmonie oligarchique du Pays légal.

    philippe germain.jpgPour réussir ce «  dégagisme  », l’Etablissement a élaboré une stratégie de substitution au profit de l’élite technocratique. Une fois le pouvoir politique entre ses mains, celle-ci pourra préserver l’Etat providence républicain permettant de juteux profits pour l’élite financière, ces «  très riches  », ces «  dynasties républicaines  » de la nouvelle classe mise en place par Bonaparte. Le scénario stratégique repose sur un clivage idéologique novateur opposant progressistes et conservateurs. Le terme conservateurs étant un mot valise englobant, en fonction des circonstances, les populistes et les réactionnaires. Le véritable but est de positionner Marine Le Pen comme ennemi unique, vu son incapacité à fédérer les extrêmes, malgré sa rhétorique de la «  démocratie directe  » face à la «  démocratie apaisée  » regroupant centre-gauche et centre-droit.

    Avant d’aller plus loin sur les modalités de constitution un «  bloc élitaire  », orienté par la Technocratie et la haute finance, il est nécessaire d’évoquer l’Etat providence et ensuite d’identifier les risques majeurs portés par l’élite technocratique en cas de succès du scénario dégagiste.

    L’Etat providence

    Cessons de ruser. L’objectif de l’Etat providence fut de donner au capitalisme une nouvelle vigueur basée sur la «  Croissance  ». Il est né ni d’un brutal accès de philanthropie du grand capital, ni d’une «  conquête sociale  » des travailleurs. Il fut I’unique réponse qu’une société libérale pouvait apporter à la grande dépression de 1929.

    Entrons plus en avant avec Pierre Debray  : «  Lord Beveridge, quand il publia en 1944 Full employement in the free society qui préconisait le «  Welfare State  », l’État Providence prétendait ne se soucier que du bonheur du peuple. Il s’agissait de libérer les individus des «  trois craintes  », crainte de la maladie, grâce à la sécurité sociale, crainte de la misère, grâce au salaire minimum garanti, crainte du chômage grâce à des interventions de l’État, destinées à stimuler la demande.

    «  Les pieuses dissertations du philanthrope dissimulaient un raisonnement cynique. Il convenait de pousser les gens à consommer des biens produits en grande série. Pour cela, on retirerait de l’argent aux riches afin de donner aux pauvres, sous prétexte de réduire les inégalités sociales. Les riches sont, en effet, de mauvais consommateurs, dans la mesure où ils recherchent le luxe. Ils détournent ainsi une fraction importante des revenus disponibles qu’il importe de redistribuer, au moins partiellement, afin qu’elle serve à l’achat de biens fabriqués en grande série. De plus, l’individu qui craint pour son avenir met de l’argent de côté. Il thésaurise. Keynes a exposé de façon irréfutable que l’épargne qui n’est pas investie, l’or qui se cache dans le bas de laine devient un facteur de déséquilibre. Il ne «  travaille pas  » et quand il réapparaît dans le secteur économique, il devient un facteur d’inflation puisqu’il correspond à une création de monnaie ex nihilo. On encouragera donc «  l’épargne logement  » et d’autres systèmes du même genre afin que les ménages financent leur endettement.

    «  La production de masse supposant des investissements à long terme, il faut surtout qu’elle soit assurée que la consommation ne fléchira pas et même continuera de croître. Le salaire minimum garanti, la sécurité sociale, les allocations chômage fournissent la garantie que les crises conjoncturelles n’auront désormais qu’une incidence limitée sur les revenus des ménages d’autant que l’État va se munir d’un certain nombre d’indicateurs : comptabilité nationale, budget économique prévisionnel…

    «  Ces «  conquêtes sociales  » que les syndicats ouvriers se flattent d’avoir arrachées ou patronat, servirent au développement de la société de consommation et fournirent au capitalisme financier de fructueuses occasions de profit.1  » Grace aux interventions pour stimuler l’économie, l’Etat Providence constitue le fond de commerce du pillage permanent de la nation par le Pays légal. Sans compter les grandes opérations comme la décolonisation, les nationalisations et les privatisations. D’une certaine façon l’Etat Providence est le cœur de chauffe financier de l’exploitation du pays réel par le pays légal.

    Action française et justice sociale

    Parce que I’A.F. a pour premier souci la reconstitution des libertés, qui n’ont cessé de s’amenuiser depuis 1789, elle est hostile à I ‘Etat providence. Il ne s’agit pas de remettre en cause l’autorité de l’Etat, et Maurras précise, «  Cette autorité, nous n’y sommes pas hostiles. Nous lui vouons même un respect passionné, à la condition qu’elle ne s’exerce que dans son ordre et qu’elle se mette au service de la sureté et de la vitalité de la nation  : sur ce plan, l’Etat nous parait utile, nécessaire et même sacré.

    «  Mais quand l’autorité de l’Etat est substitué à celle du foyer, à l’autorité domestique, quand elle usurpe sur les autorités qui président naturellement à la vie locale, quand elle envahit les régulateurs autonomes de la vie des métiers et des professions, quand l’Etat tue ou blesse, ou paralyse les fonctions provinciales indispensables à la vie et au bon ordre des pays, quand il se mele des affaires de la conscience religieuse, alors ce débordement d’un Etat centralisé et centralisateur nous inspire une horreur véritable  : nous ne concevons pas de pire ennemi.2  » Simple rappel de Maurras sur l’étatisme du nationalisme germain, mis en œuvre en 1938 par les technocrates du doctor Schach au travers leurs grands travaux financés par l’Etat, le troisième Reich.

    L’Action française ne trouve pas pour autant qu’il y a trop de justice sociale en France et contrairement aux libéraux, elle pense qu’il n’y en a pas assez. Ainsi sous Mitterand, fut-elle hostile à la politique de réduction des prestations sociales, en matière de santé, d’assurance vieillesse, d’allocations familiales ou de chômage. Ces mesures antiéconomiques et injustes permirent de mesurer la lâcheté des démocrates n’osant pas s’attaquer aux causes structurelles du déficit croissant du budget social de la nation.

    Au système des prestations sociales, l’Action française reproche de transformer le citoyen en enfant assisté et irresponsable. Pour elle, «  Il est évident qu’un système qui infantilise ses usagers doit nécessairement tomber en faillite. D’où la nécessité de restituer ses responsabilités donc ses libertés, les deux sont liées au citoyen prestataire. Il est significatif que les fonctionnaires de la Sécurité sociale utilisent, pour parler de nous, le terme d’assujettis. Nous sommes donc bien en présence d’un système qui asservit les Français3  ».

    Le double risque saint-simonien

    Ce rappel fait, venons en aux risques portés par la Technocratie. Attachons nous surtout à ses deux tendances utopiques lourdes.

    Les racines de la Technocratie étant saint-simoniennes, sa religion est celle d’une politique de la disparition du politique, comme l’a bien démontrée Frédéric Rouvillois dans un article majeur de Politique Magazine4.

    Cette religion d’origine saint-simonienne est adaptée au progrès de la mondialisation mais également à la stratégie de substitution des experts aux «  apparatchik  » républicains. Dans son ouvrage sur L’effacement de l’avenir, Pierre-André Taguieff permet de comprendre pourquoi : «  Dans la société transnationale de réseaux, le pouvoir se dissémine et devient de moins en moins visible  » et «  dans le «  technocosme  » en cours de formation, les spécialistes et/ou les experts tendent à prendre le pouvoir, en se substituant aux anciennes élites dirigeantes.5  »

    Sont ainsi synthétisés par le meilleur politologue républicain, les deux risques majeurs qu’induirait une victoire d’Emmanuel Macron et les technocrates à la présidentielle de 2017.

    L’Utopie expertocratiste

    Le premier risque porte sur le socle même de la République, sur la pérennité du principe de démocratie représentative. La tendance utopiste lourde de l’expertocratisme pourrait diluer la croyance dans le principe de souveraineté populaire. Cette croyance obtenue par le long travail de l’école républicaine et la propagande douce mais permanente et insidieuse réalisée par l’élite médiatique. Car il faut le reconnaitre, la démocratie donne l’illusion aux citoyens de décider alors qu’ils sont manipulés.

    La Technocratie se substituant à l’élite politique du «  Vieux Parti Républicain  » va pouvoir accentuer la professionnalisation du politique. Elle pourra ainsi achever le processus déjà enclenché de dessaisissement politique du citoyen. Car telle est bien la folle chimère qui hante les tètes technocrates, la conception élitiste de la démocratie. Sur le sujet, Taguieff prévient depuis l’année 2000  : «  La professionnalisation croissante de la vie politique est le processus institutionnel par lequel, d’une part, I‘action politique est désidéologisée, étant monopolisée par les politiciens professionnels, et, d’autre part, les citoyens sont peu à peu dessaisis de leur pouvoir de contrôle sur les gouvernants. La vie politique, en ce qu’elle implique des prises de décisions, est ainsi réservée à des élites spécialisées qui se contentent de faire leur travail, selon les normes de la compétence fonctionnelle. Pour les théoriciens de la vision élitiste de la démocratie, I ‘apathie civique et la non-participation politique de là plupart des citoyens constituent le prix à payer pour le passage de la société politique «  ingouvernable  », traversée par des conflits à la société différenciée fondée sur le consensus – un passage imaginé comme celui de l’irrationnel au rationnel. L’idéal des théoriciens élitistes de la démocratie «  faible  » est de réduire la participation des citoyens, jugés incompétents, à I ‘acte rituel minimal du vote, mode de légitimation d’un système de pouvoir qui se présente comme démocratique tout en annulant subrepticement la souveraineté populaire. Et l ‘abstentionnisme électoral ne constitue nullement un obstacle au bon fonctionnement d’une telle «  démocratie  » minimaliste des élites, car il est plutôt le fait de catégories sociales faiblement éduquées ou de groupes marginalisés, jugés non seulement incompétents mais aussi et souvent «  dangereux  ». Tenir les «  classes dangereuses  » loin du centre du système politique occupé par des experts, les tenir à l’écart des lieux ou se prennent les décisions, telle est l’une des principales préoccupations des défenseur de la théorie élitiste et procédurale de la démocratie. Le démocratique se réduit dès lors au respect des règles du jeu électoral, parfaitement maîtrisées par les seuls experts. L’idéal explicite est ici que le peuple : participe le moins possible, qu’il s’indiffère à la question politique, qu’il se dépossède de fait de sa souveraineté, qu’il laisse les experts gouverner et administrer.6  »

    On a peine à imaginer le spectacle d’une telle démocratie faible mais c’est bien là le risque où la tendance lourde de l’utopie expertocratique pourrait entrainer le Pays légal.

    Réaction sociale du pays réel

    On comprend mieux à partir de là, qu’après l’échec de la double tentative de démocratie forte de Sarkozi et Hollande, le scénario de démocratie apaisée «  droite et gauche en même temps  », pourrait muter en démocratie faible sous la poussée d’une Technocratie allant jusqu’au bout de son utopie expertocratique. Dans ce cas la Technocrature ne serait plus le remède pour sauver la démocratie de son vieillissement accéléré mais bel et bien sa maladie sénile.

    Car si on y regarde d’un peu plus près on comprend qu’une démocratie faible, poussée par la Technocrature, conduirait à la révolte sociale. Le pays réel se tournerait vers la rhétorique populiste de la démocratie directe. Disons le, depuis 1789 le peuple doit avoir des ennemis et il convient de les lui désigner. La technocrature serait alors dénoncée par les partisans du «  toujours plus de démocratie  » au travers trois modalités7. D’abord les élites sont coupées du peuple, ensuite elles l’exploitent et enfin elles le trahissent. Les révoltés réclameraient la démocratie directe en accusant les technocrates de gouverner dans l’ombre, au profit d’élites restreintes.

    Plus que se tourner vers l’ultra-gauche ou le national populisme ce type de révolte sociale s’irriguerait plus de l’autonomisme proudhonien, celui d’une «  société décapitée, proprement acéphale, sans tète ni chef, et arasée de toute éminence, de toute saillie d’autorité8  » Une telle révolte sociale, a tendance anarchique, commencerait à s’approcher de cette «  idéologie française  » qui inquiète tant Bernard Henry Lévy depuis 1981, année ou il a compris que le schéma «  hiérarchique  » maurrassien est susceptible d’harmoniser les solutions autonomistes et de démocratie directe.

    La seule riposte du Pays légal consistera alors à rapprocher la dénonciation de la technocratie, du sulfureux mythe de la puissance «  judéo-maçonnique  » occulte. Les révoltés sociaux deviendraient alors des antimodernes diabolisant «  une «  mondialisation  » orchestrée par une oligarchie financière prédatrice, conspirant contre «  les peuples  » dans des réseaux invisibles9.  » Seconde manette de la technocrature, la riposte policière et judiciaire avec à sa disposition tous les moyens légaux et technologique possibles. L’éventail est large et prometteur. Soyons en persuadé, la Technocrature oserait TOUT  !

    Germain Philippe ( à suivre)

    1 Pierre Debray, Une politique pour le XXI° siècle – Une action française au service de l’avenir, Editions de Flore, 2019, Paris, p.56-59.

  • Elite médiatique et coup de force, par Philippe Germain.

    La technocrature, maladie sénile de la démocratie  : (13/14)

    Le coup «  par le haut »

    Au début 2016, pour déployer son scénario dégagiste, l’Etablissement à besoin d’un présidentiable incarnant son projet. Les influenceurs Alain Minc et Jacques Attali lui proposent Emmanuel Macron, Technocrate sortie de l’ENA, banquier d’Affaire, ancien secrétaire-adjoint de l’Élysée et actuel ministre de l’économie. Celui-même qui au mois de mars 2016 présente François Hollande comme « le candidat légitime » de son camp.

    philippe germain.jpgPourtant, un mois après, Macron annonce sa volonté de se présenter à l’élection présidentielle. Minc et Attali ont exécuté la phase décisive du scénario. Une équipe de campagne est discrètement constituée de technocrates issus des cabinets ministériels. Fin aout Macron démissionne du gouvernement. L’acteur du futur «  hold-up démocratique  » est en place.

    La seconde phase du scénario est celle du déblaiement. Celle du «  modèle de révolution gantée  » dirait Charles Maurras. C’est une séquence très courte. En novembre 2016 Macron annonce formellement sa candidature et à la stupéfaction générale, quatorze jours plus tard Hollande renonce à se représenter. Les amateurs de Si le coup de force est possible (1908), reconnaissent dans le président de la République, le Monk permettant à la Technocratie de sauver le pays légal affaibli. Effectivement le désistement du Président de la V° République s’apparente au «  coup n° 1  ». Celui-ci, précise Maurras, est «  frappé d’en haut  » soit par le maitre de l’heure, le chef d’Armée, ou par le chef de l’Etat. Par son renoncement inédit dans l’histoire de la V° République, le chef de l’Etat ouvre la voie au scénario dégagiste des dynasties républicaines.

    Pour Maurras, une révolution par le haut suppose «  un minimum d’action secrète joint à un capital d’efforts antérieurs  ». L’action secrète  ? Probablement celle des commis de l’Etablissement persuadant Hollande qu’il était préférable pour lui de miser sur une réélection en 2021. Le capital d’efforts antérieurs  ? C’est la mise au point par Hollande, d’une cellule clandestine à l’Elysée et d’une «  bande de conspirateurs vigilants  » s’appuyant sur quelques policiers et juges. Ces « comparses d’histoire rodant derrière le théâtre  » permettront de disqualifier l’adversaire conservateur dès le premier tour pour faire profiter Macron au second, de l’effet plafond de verre du national-populisme.

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    Structure clandestine et moralisation

    Comme le centre-gauche, le centre-droit à organisé des primaires pour redorer l’image ternie de l’élite politique. Entre la candidature de Macron et le renoncement de Hollande, «  la Droite et le Centre  » s’est choisi François Fillon comme incarnation.. C’est une surprise car les sondages ont longtemps donné une large avance pour Juppé-Sarkozy et la remontée du vote Fillon a atteint son score le plus haut avec 30  % d’intentions de vote, restant 14,1 points en dessous de son résultat au premier tour. Au second 66,49 % des votes militants se portent sur lui. L’homme a utilisé les catholiques de la Manif Pour Tous – réduite à Sens Commun – pour gagner la primaire de la droite. Les catholiques conservateurs savent se montrer efficaces depuis que leur échec face au mariage homosexuel leur a fait comprendre la nécessité de s’organiser en minorité active. En réalité Fillon est leur faux champion et Mathieu-Bock-Côté peut dire  : «  C’est ainsi qu’on a transformé en certains milieux la candidature de François Fillon en occasion de renaissance conservatrice pour la France. C’était un peu malgré lui : I ‘homme ne s’était jamais reconnu dans cette vocation providentielle de sauveur de la civilisation. On I ‘a pourtant imaginé dans ce rôle… Étrangement, l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy devenait I ‘homme du grand refus. On misait sur lui pour renverser l’époque.1  »

    Pour réaliser la troisième phase de son coup de force démocratique, l’Etablissement va solliciter l’élite médiatique. Celle-ci recevra les dossiers occultes de la «  police politique  » jadis dénoncée par Léon Daudet2. Les accusations seront étayées par une judicature «  aux ordres  », validant le précepte d’Action française  : par tous les moyens, même légaux . Le dossier a déjà été constitué par la structure clandestine montée par l’Elysée qui a la capacité d’orchestrer des affaires judiciaires pour éliminer des adversaires. Cette structure démasquée par l’ouvrage Bienvenue place Beauveau3, articule le service de renseignement financier de Bercy, la Direction des Affaires Criminelles et des Grâces, des magistrats – recevant de l’Elysée des consignes orales – alimentés et épaulés par des d’officiers de police judiciaire en poste à l’Office central de lutte contre la corruption, les infractions financières et fiscales. Comme les choses sont bien faites – ne parlons pas de complot car le mot est réservé aux ennemis du Système –, le patron de Bercy est Michel Sapin, un ami de quarante ans de Hollande ; le coordinateur du renseignement est Yann Jounod, un préfet socialiste ; le patron de la DACG, Robert Gelli, a partagé la chambrée de Hollande et Sapin lors du service militaire. Cette structure, Hollande va la mettre au service du scénario «  dégagiste  », pour éviter qu’un successeur mal intentionné ne cherche à faire un bilan de son quinquennat.

    Le dossier servira de point d’appui au levier de la campagne électorale. Celui-ci a été déterminé par une méthode de la technocratie américaine. Les algorithmes, appliqués sur le Big Data constitué par enquêtes auprès du pays réel, conseillent la moralisation politique comme levier. Pour dégager l’élite politique, ce vieux monde des «  tous pourris  », il faut un «  nouveau monde  » qui moralisera la vie politique. Voilà le levier que l’élite médiatique doit actionner sur le point d’appui des dossiers fournis par la structure clandestine à la judicature aux ordres. Les médias placeront au premier plan les problèmes de morale politique de Fillon en minimisant ceux de Macron. Une fois au pouvoir il sera toujours temps de  renoncer à l’expression «  moralisation de la vie publique  », qui avait quelque chose de noble, de grand, annonçant comme une vaste opération de nettoyage des écuries d’Augias.4 pour le transformer en un vaseux projet de «  loi pour la confiance dans notre vie démocratique  ».

    La prophétie réalisée

    Pour actionner le levier moralisation, les servants seront ceux de l‘artillerie médiatique, les intellectuels de notre époque. Si l’on veut comprendre l’élite médiatique on doit visualiser le documentaire Les nouveaux chiens de garde5 réalisé en 2012. Non pour son évocation d’Alain Minc et de Jacques Attalli mais parce qu’il confirme le bien fondé du livre prophétique (1903) de Maurras L’avenir de l’Intelligence, dans lequel il annonça le temps ou «  les places, le succès ou la gloire récompenseront la souplesse de l’histrion  : plus que jamais, dans une mesure inconnue aux âges de fer, la pauvreté, la solitude, expieront la fierté du héros et du saint  : jeûner, les bras croisés au-dessus du banquet, ou, pour ronger les os, se rouler au niveau des chiens 6 ». Les intellectuels sont bien ces histrions se roulant tellement au niveau des chiens que dans sa présentation Les nouveaux chiens de garde, il les symbolise se jetant sur les sucres lancés… l’élite financière, ces «  maitres de l’Or  ».

    Cette artillerie médiatique sera financée par certaine entreprises et personnalités du monde des affaires, identifiées dans le dossier «  Le Système et ses connivences7  » du mensuel Monde et Vie de Guillaume de Tanouarn, qui ne fait pas mystère de son maurrassisme. Il cite Pierre Bergé, Xavier Niel (Free), Marc Grossman (Célio), Claude Bébéar (Axa), Matthieu Pigasse (Banque Lazare), Marc Simoncini (Meetic), Didier Casas (Bouygues), Alexandre Bompard (Darty, FNAC), Henry Hermand et ceux qui ont placé leurs hommes auprès de Macron  : Drahi (numéricable, SFR) avec Bernard Mourad ( Morgan Stanley), puis Bernard Arnault (LVMH) avec Denis Delmas (TNS Sofres). Avec leur soutien, Macron n’aura pas à bourrer les urnes car les médias vont bourrer le crane des citoyens. Ces médias sont  : La dépêche du Midi, le Groupe Canal+, BFMTV, Libération, L’Express, Stratégies, Le Parisien, les Echos, Les Inrocks, radio nova, Le Monde et l’Obs…. Et Richard Dalleau précise dans Monde&Vie  : «  La majorité des médias est désormais entre les mains de huit grands groupes industriels et financiers, pour qui ils sont de naturels débouchés publicitaires, mais surtout de formidables outils d’influence.8 »

    L’artillerie médiatique

    Sans fantasmer, apprécions la cohérence des dates, quant à la préparation d’artillerie médiatique et juridique contre Fillon. Le Canard enchaîné du 25 janvier 2017 utilise le dossier de la structure clandestine pour affirmer que Penelope Fillon, est rémunérée fictivement pour un emploi d’attachée parlementaire auprès de son mari. Le jour même, le levier de la moralisation de la vie publique est activé par le parquet national financier (PNF) ouvrant une enquête préliminaire pour détournements de fonds publics, abus de biens sociaux. Le 1er février, le dossier permet au Canard de revoir à la hausse les salaires de Penelope et de mentionner une somme versée à deux de ses enfants. Fillon est mis en examen le 14 mars pour « détournements de fonds publics » et « manquements aux obligations de déclaration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique ». Grace au dossier, l’enquête s’étend le 16 mars aux costumes de luxe offerts avec un réquisitoire pour « trafic d’influence ». Les juges nourrissent les médias leurs permettant de discréditer le principal obstacle de l’élite politique entre Macron et l’Élysée. Cela crée un bruit médiatique évitant d’aborder le débat sur les soucis du pays réel. Pour alimenter le spectacle, des manifestation «  citoyennes  » accueillent Fillon dans ces déplacements avec cris, pancartes et concert de casseroles. Si nous suivons Dalleau dans Monde&Vie d’avril 2017  : «  Le traitement médiatique des affaires pendant la campagne aura été particulièrement révélateur de ce soutien [à Macron]. Trafic de médailles, déclaration de patrimoine à trous, frais de bouche de Bercy… la litanie des casseroles macronniennes, sitôt sorties dans la presse, sitôt enterrées par des démentis du candidat pris pour argent comptant par nos confrères donne le vertige…À l’inverse, pour Fillon, pas une semaine sans que Le Canard ne sorte un nouvel épisode du Penelope s’Gate, du Costume s’Gate et pourquoi pas du Caleçon s’Gate. Il fallait en général moins de 24 heures pour que le moindre rebondissement judiciaire aboutisse dans les médias… et là, le sens critique de nos confrères vis-à-vis de la défense était bien affûté.  »

    A la date symbolique du lundi de Pâques, Monseigneur le comte de Paris – s’inscrivant ainsi dans la «  ligne  » protectrice et conservatrice d’Henri V, de Philippe VII, de Philippe VIII, de Jean III – apporte officiellement son soutien au candidat conservateur, «  compte tenu de la gravité de la situation pour notre pays  ». Ce grain de sable de la vieille France n’est pas en mesure d’enrayer le coup n°1. Au premier tour de la présidentielle, les conservateurs atteignent 20,01 % et sont donc dégagés de justesse. C’est l’heure de vérité sur l’état véritable de la guerre culturelle et Mathieu Bock-Cotê explique  : «  La candidature Fillon était aussi perçue comme I ‘aboutissement d’un bouillonnement idéologique de plusieurs années, ayant entrainé la renaissance politique du conservatisme. On se racontait des histoires. Car si la présidence Hollande constituait une image navrante de la gauche, le progressisme n’en conservait pas moins l’hégémonie idéologique. La multiplication des éditorialistes et intellectuels en dissidence avec le politiquement correct témoignait certainement de la contestation de ce dernier mais pas de son effondrement.9  » Pour gagner la Guerre culturelle, la métapolitique est insuffisante et il faut disposer d’une doctrine politique cohérente, issue d’une synthèse idéologique adaptable aux évolutions du temps. Ce n’est pas le cas du conservatisme. L’ouvrage est devant lui. En revanche si nous suivons Bock-Coté  : «  Si l’effondrement de la campagne de François Fillon a été une catastrophe pour le camp conservateur renaissant, il a surtout permis au système médiatique de reprendre le contrôle des termes du débat public qui lui avait échappé. Depuis quelques années, la vie politique avait été à ce point réoccupée par les préoccupations populaires que les médiacrates en devenaient fous. Ils avaient décrété que les aspirations identitaires et sociétales mobilisées dans la vie politique traduisaient des paniques morales encouragées par le machiavélisme populiste. L’immigration, l’identité, la mutation anthropologique : ils voyaient dans ces thèmes émergents la preuve de l’offensive conservatrice qu’il faudrait contenir et renverser. 2017 a permis ce renversement.  » Le jugement est rude mais peut-être salutaire.

    Pôles idéologiques

    Le candidat sorti du chapeau du pays légal atteint 24,01 %. La candidate national-populiste n’est qu’en seconde position avec 21,30 %. L’élite politique socialiste est spectaculairement dégagée avec 6,6 % tandis que la France Indigéniste crée la surprise avec 19,58 %. Il faudra nous interroger sur le pole idéologique qui l’a rallié  ; ce pole que Michel Michel nomme «  le pôle islamiste10  ».

    Le second tour ne va être qu’une formalité compte tenu de l’instrumentalisation de la peur mise au point par certains clubs de pensée et laboratoires d’idées comme Bruegel ( think-tank européiste), la Fondation Jean Jaurès ( du P.S.), Terra Nova (progressiste), mais aussi par des tètes chercheuses comme Jacques Attali (libéral libertaire), Louis Gallois (gauche), Alain Minc (libéral), Laurent Brigogne (patronat). La dernière phase du coup de force démocratique s’appuie obligatoirement sur le combat culturel préparé idéologiquement par une minorité active. Cette minorité soutient l’externalisation des fonctions souveraines de l’État vers des instances supranationales (Union européenne, OTAN, TAFTA, etc.). Son libéralisme/libertarisme s’accorde avec la philosophie contractualiste de ce que l’Action française nomme le «  pôle idéologique des valeurs républicaines  » qui «  réactualise le vieux courant du «  contrat social  » du XVIIIe siècle. Il s’agit d’émanciper l’individu des déterminations qu’il n’a pas choisies  : déterminations sociales, culturelles, familiales, voire «  naturelles  » (cf. la dénonciation des «  stéréotypes de genre  »). Pour ceux-ci, la nationalité française ne se fonde pas sur l’appartenance à un groupe humain déterminé, mais sur l’adhésion aux grands principes du mouvement révolutionnaire : universalisme, égalitarisme, laïcisme… La France est moins la patrie des Français que celle des «  droits de l’Homme  » (avec un H majuscule) 

  • Discrédit de l’élite politique, par Philippe Germain.

    La technocrature, maladie sénile de la démocratie  : 9/11

    Résumé  : En 2017 la technocrature  à pris le pouvoir  pour sauver la démocratie disqualifiée par son élite politique. Insatisfaite de l’explication par le complotisme d’ultragauche et celle du référentiel populiste, l’Action française  analyse la technocrature comme un phénomène de physique sociale. Utilisant la loi historique «  du développement d’oligarchies nouvelles  », elle découvre que Bonaparte a crée une nouvelle classe de privilégiés. Ce «  pays légal  » est un système oligarchique circulaire où trois élites financière, politique et médiatique se completent pour s’épanouir dans la République. Avec la V° République la Technocratie se constitue en quatrième élite. Avec dépérissement de la société industrielle sous Giscard et Mitterand, la technocratie surmonte son conflit avec l’élite politique et fait prendre le virage mondialiste au pays légal.

    philippe germain.jpgRépartition de l’élite politique

    Les grandes familles républicaines, l’Etablissement, préfèrent que la France soit gouvernée au centre. Le jeu de bascule entre un centre droit et un centre gauche leur permet d’imposer le pouvoir de l’argent. 

    L’observation historique de la nouvelle classe des privilégiés issue du Directoire, montre une élite politique effectivement  divisée : «  Disons pour simplifier que le centre-droit est composé d’anciens royalistes et de catholiques ralliés, le centre gauche de maçons. Certes, les cartes ont été brouillées. Il y a de nos jours, des maçons de centre-droit, ralliés à Giscard, et des chrétiens de gauche… Mais, en gros, la démocratie chrétienne.. est demeurée fidèle à Giscard tandis que la maçonnerie, par ses gros bataillons fournissait à Mitterand la victoire.  »

    Nul pacte secret entre ce centre-droit et ce centre-gauche. Ils se combattent durement, pour une basse mais simple raison. La faction victorieuse s’empare des postes les plus juteux, ne laissant à l’autre que les miettes du festin républicain.

    Depuis la présidentielle de 1974, la répartition droite-gauche de l’élite politique s’équilibrait. Giscard puis Mitterand ne l’emportèrent que d’une faible marge. Il suffisait de 1  % pour que la victoire change de camp avec tous ses avantages. 

    Elite politique et souci nationaliste 

    D’où l’idée de Mitterand d’introduire le gravier nationaliste dans le soulier de la droite, comme De Gaulle avait mis le caillou communiste dans la chaussure de la gauche. Il offre donc à  l’orateur Jean-Marie Le Pen le tremplin médiatique d’une émission de grande écoute, un peu avant les élections européennes de 1984. Le Front National y obtient un spectaculaire 10,95 % des voix. Succès pour Mitterand mais symptôme électoral d’une démocratie affaiblie.

    C’était jouer à l’apprenti sorcier. Le pseudo feu de paille d’un minuscule parti nationaliste ayant fait 0,44  % des voix aux législatives de 1973, va se transformer en une force populiste de 33,94  % à la présidentielle de 2017. Le virage mondialiste et européiste soutenu par la Technocratie n’est pas pour rien dans ce phénomène.

    C’est sous le pied de l’élite politique au complet et non de la seule droite que le caillou a été mis. Ce petit caillou est devenu grand, au point que le Front National va être le principal, sinon l’unique souci de l’élite politique pendant les vingt-deux années des mandats de Jacques Chirac (1995-2007), de Nicolas Sarkozy (2007-2012) et de François Hollande (2012-2017). Un souci pouvant d’ailleurs aussi être utilisé comme Joker «  plafond de verre  » pour gagner la présidentielle. Ce que fait Chirac en 2002 pour obtenir un score de 82,21 % et transformer la Ve République, de fausse république-monarchiste en véritable république bananière.

    La lutte contre le nationalisme devient l’objectif principal et le souci permanent de l’élite politique à partir de 1986. Année où le Front National obtient trente-cinq députés au Palais-Bourbon et un groupe parlementaire. Un simple exercice de physique sociale mené par Pierre Debray permet de comprendre que «  les exclus du Système  » sont la conjonction des victimes du mode de gestion technocratique, née de la rencontre des classes moyennes et des couches de la classe ouvrière qui se savent condamnées par les mutations technologiques. Ces exclus, justement qualifiés par Pierre-André Taguieff de nationaux-populistes, deviennent les empêcheurs d’oligarcher en rond. D’exclus du Système, ils en deviennent les ennemis objectifs. La situation se dégrade pour le pays légal, déjà perturbé par l’apparition de la Technocratie comme élite supplémentaire grippant la quadrature du cercle de l’oligarchie démocratique. 

    Dans la répartition des rôles, le règlement du problème populiste relève de l’élite politique soutenue par l’élite médiatique. En revanche, malgré la diversité des stratégies utilisées, légales, judiciaires, front républicain, découpage électoral, immunité parlementaire, diabolisation… l’élite politique prouve son incapacité chronique à régler le caillou nationaliste. Pour l’élite financière, l’élite politique échoue dans son rôle essentiel. Pire, le national-populisme est devenu une pièce majeure du grand échiquier de la révolte des peuples contre les élites mondialisées. Pendant ce temps, la Technocratie continue de servir les intérêts de l’Etablissement en s’appuyant sur le virage mondialiste pris sous Giscard et Mitterand. Tout comme les trois métastases de la démocratie continue de se développer  : la désindustrialisation, la société multiculturelle et la perte de souveraineté.

    Echec du centre-droit identitaire

    La plus sérieuse tentative de l’élite politique fut de relancer un clivage droite-gauche, par un bipartisme sachant digérer le populisme. Une élite politique alternant une Droite et une Gauche avec une politique économique proche mais bien séparées idéologiquement. C’était aller un peu dans le sens de la stratégie pour «  sauver la République  », préconisée par Pierre-André Taguieff à la place de la diabolisation.

    La tentative du centre-droit va échouer derrière un Sarkozy (2008-2012) tentant de revenir idéologiquement sur l’identité nationale, cornaqué par le «  sulfureux  » Patrick Buisson, connaisseur des travaux de Raoul Girardet et Philippe Ariès. Les électeurs lepénistes tentés à la présidentielle de 2007 par une droite sachant redevenir elle-même se sentent rapidement trompés par un Sarkozy qui s’aligne immédiatement sur la doxa du gauchisme culturel synthétisée par Jean-Pierre Legoff  : antiracisme de nouvelle génération à tendance ethnique et communautaire, histoire revisitée à l’aune pénitentielle, écologie punitive, féminisme et homosexualité transformés en ayants droit, sans oublier le pédagogisme libertaire, la provocation comme nouvelle marque de distinction, l’art contemporain devenu art officiel. 

    Echec du centre-gauche social

    En 2012 les populistes trompés retournent vers le lepénisme et les conservateurs, boudant leur tigre de papier, lâchent Sarkozy. C’est la chance d’un centre gauche qui derrière Hollande (2012-2017) veux tenter de revenir à la lutte contre les inégalités et s’exclame :  «  Mon adversaire, c’est le monde de la finance  ».

    Coupée depuis Mitterand de la classe ouvrière, la gauche n’a aucune chance de revenir au social. Il ne lui reste donc comme marqueur que le libéralisme sociétal. D’où l’importance démesurée prise par la libéralisation des mœurs  : mariage «  pour tous  », avortement, homosexualité, gender. Pour cela le gouvernement centre-gauche va «  mettre le paquet  » et revenir aux fondamentaux de la IIIe République. Il va même friser la caricature, tant sa capillarité avec la franc-maçonnerie s’affiche criante auprès de l’opinion et provocatrice vis-à-vis du monde catholique. Hollande se rend même au siège du Grand Orient de France, ce qu’aucun président de la République n’avait fait ni sous la Ve ni sous la IVe. Gouvernement de centre-gauche appuyé sur la franc-maconnerie ; gouvernement de clan, despotisme de coterie disait Maurras avant 1914. Gouvernement méprisé par Berlin et Washington humiliant la Ve République par la suspension de la livraison à la Russie des fleurons de notre industrie de défense navale, les bâtiments de classe Mistral (combien d’emplois ouvriers à la clé  ?). Déconfiture sociale total du centre-gauche masquant son échec par la guerre au Mali et la répression ahurissante des familles catholiques de La Manif Pour Tous.

    Alternance de façade ou Système  ?

    Oui, le double échec de l’élite politique à relancer un clivage droite-gauche met le système oligarchique circulaire à nu. L’opinion ne distingue plus de différence entre le centre-droit et centre-gauche. L’élite politique est discréditée par la prise de conscience du faux-semblant de l’alternance entre une Droite et une Gauche, pratiquant la même politique économique derrière la même doxa culturelle.

    L’alternance de façade fait écrire à Alain de Benoist : «  Le tarissement de l’offre électorale, le recentrage des programmes, la fin des clivages traditionnels, l’abandon du socialisme par la gauche, et l’abandon de la nation par la droite, la conversion de la social-démocratie à l’axiomatique du marché, le fait que les élections ne débouchent jamais sur une véritable alternative, mais seulement sur une alternance (avec de surcroît des gouvernements de droite qui font une politique de gauche et des gouvernements de gauche qui font une politique de droite), bref tout ce qui fait que le Système apparaît désormais nettement comme un système…  ». Ce Système malade c’est la démocratie  ; la démocratie réelle, pas la démocratie rêvée. Un système démocratique pourrissant par son élite politique, par sa tête comme le poisson.

    Le mensonge comme mentalité

    L’ampleur du discrédit de l’élite politique devient paroxysmique avec la succession des scandales ponctuant ces années-là. L’affaire Bettencourt de 2010  contraint le ministre du Travail Eric Woerth à quitter ses fonctions ; découverte en 2011 de la sordide réalité sexuelle de Dominique Strauss-Kahn, favori pour l’élection présidentielle, président du Fonds monétaire international, l’un des hommes les plus puissants au monde. Arrive 2012, avec les comptes cachés du ministre du Budget Jérôme Cahuzac, qui, lâché par les loges maçonniques, quitte le gouvernement en clamant son innocence mais finit par avouer ; exhumation de la liaison dangereuse Sarkozy-Kadhafi au tarif de 5 millions d’euros. En 2013, information judiciaire pour «  blanchiment de fraude fiscale » visant Patrick Balkany. Puis 2014 voit la vie médiatico-amoureuse de François Hollande étalée publiquement entre une actrice et une journaliste. La fraude aux fausses factures de l’affaire Bygmalion percute Sarkozy et Jean-François Copé démissionne de la tête du parti. 

    Est-ce le retour de la « République des copains et des coquins  » dénoncée par Michel Poniatowsky  ? C’est plutôt pour l’opinion la mise en évidence la culture du mensonge comme socle de la mentalité de l’élite politique démocratique.

    Désaffection au consentement démocratique

    Cette culture du mensonge sur laquelle repose l’élite politique, accentue le discrédit «  du dégoût  » se traduisant par la désaffection du pays réel vis-à-vis de la démocratie représentative. Cette désaffection est sensible électoralement depuis 1978, où la participation aux législatives était de 82  % et ne cesse de décliner pour passer maintenant sous la barre fatidique des 50  %. Cette sourde désaffection  inquiète l’élite financière. Elle demande aux technocrates de Sciences-Po la mise en place d’un  baromètre annuel de la confiance politique (CEVIPOF), reposant sur le consentement du gouverné. En votant, le citoyen ne choisit pas seulement un candidat, il soutient la démocratie. Cet indicateur reposant sur les inscrits des listes électorales, donc attachées à la démocratie, révèle le phénomène de «  fatigue démocratique  ».  L’abstention va atteindre la taux record de 57,3  %. Méfiance et dégoût concrétisent le rejet de l’élite politique dont les responsables sont perçus comme indifférents, éloignés et corrompus à 74 %. Le réel percute l’élite financière car  61  % des sondés ne font plus confiance aux politiques de  gauche comme de droite et c’est à l’égard de leurs élus, que les citoyens expriment le plus de doutes et de colère à 88  %. D’ailleurs 72  % d’entre eux considèrent les élus comme  plutôt corrompus.

    En 2016 l’inquiétude de l’élite financière est totale car le discrédit de l’élite politique commence à s’étendre aux deux autres élites historiques. Les Français ne font plus confiance aux médias à 73  % et 70  % ne font pas confiance aux banques. L’élite financière commence à induire une hypothèse sombre. Certes, l’élite politique est parvenue à maintenir hors du jeu les mouvements se voulant «  hors Système  » mais si le pays réel, après avoir essayé la Droite et la Gauche, se laissait tenter par le populisme… Une opinion totalement écœurée ne serait-elle pas prête à tout  ? 

    L’élite financière, ces dynasties républicaines envisagent alors de rompre le système circulaire d’origine en substituant l’élite technocratique à l’élite politique. 

    Germain Philippe

    (A suivre )

    Pour suivre les 8 précédentes rubriques de la  série «  La Technocratie, maladie sénile de la démocratie  »

    Hold-Up démocratique
    Complotisme d’ultra-gauche intéressant
    Comment analyser les élites du pays légal
    Intérêt du référentiel populiste
    Oligarchie-Nomenklatura-Pays légal
    Les élites du pays légal
    Origine de la Technocratie
    Mutation-mondialiste-du-pays-legal

  • L’achevement de l’homo démocraticus, par Philippe Germain.

    La technocrature, maladie sénile de la démocratie  : (19/20)

    La combinatoire de trois archipels

    Procédons par ordre. Prudemment, pas à pas. La fin de cycle de la société démocratique, a enclenché une dynamique d’archipelisation. Non pas avec un seul archipel mais en combinant trois archipels.

    philippe germain.jpgCombinaison avant tout démographique avec l’archipel de «  la préservation  », désigné par le géographe Guilluy comme «  la France périphérique  » alors que Jérôme Sainte-Marie préfère le terme de «  bloc populaire  ». Emmanuel Macron le dénomme «  conservateur  » mais on peut aussi y retrouver «  la France profonde  » du général De Gaulle plagiant le «  Pays réel  » de Maurras. Démographiquement Guilluy l’estime à 60 % de la population et le situe géographiquement dans les petites et moyennes villes de Province. Son évaluation se rapporte exactement au taux d’abstention des dernières élections municipales. Cet archipel majoritaire est démographiquement vieillissant avec sa natalité déclinante depuis le fin du baby-boom en  ? ? ?. Il a été dévitalisé par les conséquences de Vatican II mais aussi par la disparition de la sociabilité communiste1.

    Il y a ensuite, bien sur, l’archipel de «  la soumission  » suivant l’expression du romancier Michel Houellebecq. Plutôt parcimonieusement Guilluy et Sainte-Marie préfèrent parler de «  l’immigration  ». Celle-ci, a vrai dire, entre mal dans leur vision privilégiant une polarisation plus qu’une fragmentation de la société démocratique. Démographiquement le terme d’immigration évacue du comptage les clandestins, les naturalisés et les enfants bénéficiant du droit du sol. Estimée officiellement à 10 %, elle approche plus les 15 % de la population avec sa natalité conquérante. Géographiquement c’est la France des banlieues avec ses cités gourmandes d’aides et de subventions. Depuis la révolution iranienne de 1979, l’archipel de la Soumission s’est vitalisé par un retour à l’islam des origines.

    Pour finaliser la combinatoire il y a l’archipel de «  l’américanisation  », nommé par Guilly «  classe dominante  », Sainte-Marie «  bloc élitaire  » et Macron «  les progressistes  ». Démographiquement il représente 23 % des électeurs constitués principalement des déclinants baby-boomers. Sa natalité se caractérise par sa grande faiblesse. Sa vitalité dépend du succès de la mondialisation et la maitrise de l’appareil d’état et de ses puissants moyens de redistribution. En 2019 l’Etat Providence redistribue2 34 % du Produit Intérieur Brut en prestation sociales.

    Cohabitation cote à cote

    Allons au-delà de la combinatoire démographique et géographique. Si l’on s’intéresse au bâti du dispositif on discerne nettement une forme de «  cohabitation  ». Celle-ci ne s’adosse pas au discourt incantatoire sur le «  vivre ensemble  ». L’échec patent de l’intégration républicaine oblige l’archipel de l’Américanisation a se rabattre sur un plus modeste «  vivre cote à cote  », lui permettant de préserver sa position dominante. Pour cela il est prêt à faire alliance électorale avec l’archipel de la Soumission. Ce dernier assurant déjà une part de plus en plus importante de la consommation grâce aux aides et à l’économie parallèle de la drogue, officiellement intégrée depuis 2018 dans le calcul du Produit Intérieur Brut comme contributeur de Croissance. Sinon une alliance, au moins une connivence des deux archipels minoritaires permet de maintenir celui de la Préservation dans son rôle essentiel de vache à lait fiscale.

    Chacun des trois archipels comprend une ile principale, entourée de plusieurs ilots communautaires. Chaque archipel est aimanté par un pole idéologique – d’où l’importance de la guerre culturelle – et tire une force certaine de la cohérence géographique, comme le prouve les succès aux municipales des écolo-bobo des grandes métropoles.

    Séparatisme face à face

    Pourtant la cohabitation ne cesse de se fragiliser. C’est ce qu’expliqua le très bien informé ministre de l’Intérieur Gérard Collomb lors de sa retentissante démission du 3 octobre 2018 : « Aujourd’hui, on vit côte à côte. Moi, je le dis toujours : je crains que demain on vive face à face ». Moins de deux ans après, le pays légal confirme sa crainte en invoquant la menace de «  séparatisme  », chère à la mentalité jacobine. Après le Président Macron en février 2020, le premier ministre Castex veut mobiliser l’Etat républicain contre le danger du «  séparatisme  » lié, dit-il, au risque de communautés ethniques ou religieux à sortir de l’ensemble national.

    Passons sur le fait que tout maurrassien utilisant les critères invoqués par l’énarque Castex se verrait immédiatement accuser d’en revenir à la théorie des quatre états confédérés. Contentons-nous de remarquer que sur la crainte du communautarisme, les démocrates sont dans la position de l’arroseur arrosé car le pays légal républicain, pour maintenir sa domination sur le pays réel, s’est appliqué à systématiquement détruire les communautés naturelles au profit de ses propres communautés d’élection comme les partis et les syndicats, aujourd’hui délitées. La porte est ainsi ouvertes aux nouvelles communautés comme celles de la diversité.

    En agitant la menace séparatiste, les technocrates songeraient-ils aux Canaques de Nouvelle-Calédonie, dont ils préparent pourtant l’indépendance ? Non, les technocrates – nous dit-on – songent aux islamistes. Mais pourquoi oublier les illuminés de l’européisme et du mondialisme pratiquant le culte des droits de l’Homme  ? Pourquoi ignorer les indigénistes, ces contrefaçons de descendants d’esclaves prêchant un racialisme black-beur et autre zulu-nation de contrebande  ?

    Alternative catholique et royale

    Si le pays légal ose tout, c’est qu’il craint le communautarisme maintenant au cœur de la démocratie  ; la chose, pas le mot. Pour le moment la société démocratique n’est pas totalement communautarisée et les différents archipels maintiennent encore des capacités d’échanges. D’où le paradoxe du Pays légal à défendre absolument la cohabitation, le «  vivre cote à cote  » dans une société démocratique de plus deshumanisée et déshumanisante.

    Ce n’est pas la position de l’Action française qui depuis 1951 envisage la possibilité de cette combinatoire «  diabolique  » de la fin de l’histoire, suivant l’expression de Maurras dans sa lettre testament à Boutang. Rappelons aussi les analyses prospectives et quasi prophétiques de Pierre Debray de 1970. Les «  trente glorieuses  » étaient à leur sommet et il osait annoncer : «  Il est certain que la société qui se prépare se révèlera inhumaine. Cette inhumanité ne sera cependant que l’achèvement de l’homo democraticus. Ses structures mentales le contraignent à batir des mégalopoles , à s’abandonner au rêve d’une expansion infinie, à déboucher sur l’inflation généralisée, l’embouteillage, la dictature bureaucratique, la «  programmation  »  » de tous les secteurs d’activité3  ». En 2020 nous y sommes en plein  ! Du moins en dehors de l’inflation généralisée, mais la crise de l’euro guette. Debray, comme son maître Bainville, avait pratiqué l’empirisme organisateur auquel il n’avait pas hésité à ajouter certains éléments de l’analyse structuraliste. Une fois de plus, comme avec Bainville et Les conséquences politiques de la paix , l’Action française avait vu juste.

    Pourtant l’Action française du XXI° siècle évite de sombrer dans la paralysante l’autosatisfaction intellectuelle. D’ailleurs Debray n’avait-il pas cessé, dans les camps C.M.R.D.S. de rappeler aux étudiants nationalistes  : «  Il est bien d’avoir raison. Cela ne suffit pas. Encore convient-il de savoir faire entendre raison4  ». Elle écarte aussi le fatalisme de la décadence qui est étranger à l’univers maurrassien comme l’a bien . rappelé dans la revue Réaction, François Huguenin5. Et ce malgré la synthèse d’une pensée contre-révolutionnaire, pouvant être comprise comme une réflexion sur le déclin de la France.

    Pour contrer la cohabitation – cette inhumanité qui semble achever l’homo démocraticus – l’Action française propose une alternative pour la France. C’est la fameuse arche catholique et royale. Pour que celle-ci ne relève pas du rêve, l’Action française doit amender sa stratégie à partir de l’analyse réalisée en se posant la question  : la cohabitation des trois archipels, ce vivre cote à cote dans une société de plus en plus déshumanisé, est-il encore possible  ? C’est la seule question qui vaille et de la réponse dépend car la stratégie royaliste du XXI° siècle. Cette réponse se trouve dans l’évolution déjà engagée par chacun des trois archipels.

    C’est ce que nous verrons dans notre prochaine rubrique.

    Germain Philippe ( à suivre)

    1 Voir l’indispensable article de Philippe Ariès
    2 Hervé Lebras, entretien à Le Monde , février-avril 2020 : « 40 cartes pour comprendre la France », p3.
    3 Pierre Debray, « L’homme démocratique, mort de l’homme », Aspects de la France n°1.157, 19 novembre 1970.
    4 Pierre Debray, Que faire, Le courrier de l’Ordre français n°1, Bibliothèque nationaliste, 1962.
    5 François Huguenin, « Progrès et décadence dans la pensée de Charles Maurras », Réaction n° 3, 1991.

  • Les deux forces de la Technocratie, par Philippe Germain.

    La prise totale du pou­voir par la Tech­no­cra­tie, consti­tue le « stade suprême » du Cycle des lumières. Depuis 1992, la « Géné­ra­tion Maur­ras » de l’Action fran­çaise affirme : « le tota­li­ta­risme tech­no­cra­tique euro­péen est donc bien le fils légi­time de la démo­cra­tie, le der­nier stade de son évo­lu­tion[i] ». 

    philippe germain.jpgEffec­ti­ve­ment, per­sua­dée d’être irré­sis­tibles, les « tech­nos » pensent avoir pour fonc­tion his­to­rique de fer­mer l’histoire de France. Cela reste à vérifier.

    A pre­mière vue, l’installation de la Tech­no­cra­tie au pou­voir semble solide, appuyée sur deux bastions.

    Le pre­mier va au-delà de l’idéologie saint-simo­nienne, ins­tau­rant la pri­mau­té de l’économie, pour abou­tir au dépé­ris­se­ment du poli­tique. Il s’agit de la théo­rie démo­cra­tique, conci­liant mini­ma­lisme et tota­li­ta­risme. Véri­table muta­tion en « démo­cra­tie suprême ».

    • Démo­cra­tie mini­ma­liste car réduite aux élites intel­li­gentes des édu­qués, des experts. Le peuple des « sans-dents »[ii], des « blan­cos »[iii] y est dis­sout, car l’individu-consommateur démo­cra­tique est for­ma­té à se dés­in­té­res­ser du sou­ci poli­tique. La désaf­fec­tion élec­to­rale pro­gresse donc. La par­ti­ci­pa­tion aux légis­la­tives de 1978, alors de 82 %, est pas­sée sous la barre fati­dique des 50 %[iv]. La démo­cra­tie « repré­sen­ta­tive » s’efface au pro­fit d’une démo­cra­tie mini­ma­liste dont l’apathie civique et la non-par­ti­ci­pa­tion éloignent les incom­pé­tents du pays réel, pour lais­ser « la gou­ver­nance » aux experts. L’actuelle crise sani­taire accé­lère cette muta­tion et la par­ti­ci­pa­tion aux muni­ci­pales atteint péni­ble­ment les 46%, dans une démo­cra­tie réduite à la pro­cé­dure de l’élection pré­si­den­tielle au suf­frage universelle.
    • Démo­cra­tie tota­li­taire car exi­geant de tous, non seule­ment de res­pec­ter la norme, mais de pen­ser sui­vant la norme. Grâce à « l’ingénierie sociale », la mani­pu­la­tion men­tale se déploie, décom­plexée et accé­lé­rée par la crise sani­taire. Celle-ci jus­ti­fie les res­tric­tions et sup­pres­sions de liber­tés impo­sés par un Conseil de défense « secret défense ». L’état d’urgence sani­taire donne à l’exécutif les pleins pou­voirs sans contrôle. Plus besoin du fameux article 16. La démo­cra­tie « repré­sen­ta­tive » s’efface au pro­fit d’une angois­sante démo­cra­tie tota­li­taire mai­tri­sant la tech­nique de rési­gna­tion du pays réel au camp de concen­tra­tion volontaire.

    Le second point d’appui de la Tech­no­cra­tie c’est l’Europe « inté­grale ». Elle est à la fois apa­tride et multiculturelle.

    • Europe apa­tride car la « Com­mis­sion euro­péenne », est un organe supra­na­tio­nal dont le pou­voir et la res­pon­sa­bi­li­té échappent à tout contrôle. L’objectif de cette com­mis­sion est de pro­mou­voir l’intérêt de l’Europe, indé­pen­dam­ment de celui de chaque Etat membre. Elle est com­po­sée d’un pré­sident, de 28 com­mis­saires et de 25.000 fonc­tion­naires. Chaque com­mis­saire s’engageant à n’accepter aucune ins­truc­tion éma­nant de son Etat natio­nal, à le « devoir » d’être apa­tride[v]. Le lob­bying des grands groupes indus­tria­lo-finan­ciers, est en revanche auto­ri­sé dans ce vocable : « apa­tride » « par­ti de l’étranger[vi] » dont les cathé­drales sont des banques.
    • Europe mul­ti­cul­tu­relle car dénon­çant l’héritage his­to­ri­co-cultu­rel « natio­nal », comme obs­tacle à l’économie de mar­ché sans entrave. La défense de la cir­cu­la­tion des migrants[vii] lui per­met de jus­ti­fier son ingé­rence dans les affaires inté­rieures des nations, résis­tantes aux dégâts de la mon­dia­li­sa­tion. Le mul­ti­cul­tu­ra­lisme cri­mi­na­lise l’attachement natio­na­liste à la sou­ve­rai­ne­té, aux fron­tières, à la dis­tinc­tion français/étrangers, la fran­co­pho­nie, l’Etat fort, le pai­sible atta­che­ment à un ensemble de spé­ci­fi­ci­té. Le mul­ti­cul­tu­ra­lisme per­met d’écraser en tenaille les Etats-nation char­nels, par le haut (les « fédé­rastes » de la Com­mis­sion euro­péenne[viii]) et le bas (les régions, pou­vant être sou­mises à l’Islam ou au racia­lisme indi­gé­niste). Et cela car « La nation est le plus vaste des cercles com­mu­nau­taires qui soit (au tem­po­rel) solide et com­plet. Bri­sez-le, et vous dénu­dez l’individu. Il per­dra toute sa défense, tous ses appuis, tous ses concours » (Maur­ras). L’Europe mul­ti­cul­tu­relle est l’allié objec­tif de l’autre par­ti de l’étranger, atten­dant de trans­for­mer nos églises en minarets.

    Pour­tant, mal­gré cette force, la Tech­no­cra­tie à tort d’injurier l’avenir. Une post-démo­cra­tie fran­çaise n’est pas à exclure. Il pour­rait prendre l’envie à l’Avenir de faire revivre ce qui mérite de revivre, en bas les répu­bliques, en haut la royau­té, et, par-delà tous les espaces, la papauté !

    Aujourd’hui, les quatre élites du pays légal se sont orga­ni­sées comme le grand car­ré des russes à la bataille d’Eylau (1807). Il appar­tien­dra à l’Action fran­çaise d’enfoncer la ligne des tech­no­crates et tout le Sys­tème plie­ra. Alors, une fois la Monar­chie popu­laire ins­tau­rée, elle pour­ra s’atteler à faire face à l’Islamisation cultu­relle et démo­gra­phique. Telle est la ligne poli­tique à déployer.

    Ger­main Phi­lippe (à suivre)

    Pour lire les pré­cé­dentes rubriques de la série « L’Islam menace prin­ci­pale », cli­quer sur les liens.

    1. France,  mai­son de la guerre
    2. Mai­son de la treve et ter­ri­toires per­dus de la Republique
    3. Impact sur la France de la revo­lu­tion isla­miste de 1979
    4. Les beurs et la kalachnikov
    5. Le plan d’islamisation cultu­relle de la france
    6. Islam radi­cal et bar­ba­rie terroriste
    7. Pas d’amalgame mais complementarite
    8. Pôle idéo­lo­gique islamiste
    9. Pôle ideo­lo­gique des valeurs republicaines
    10. Face au dji­had cultu­rel : poli­tique dabord !
    11. Prince chre­tien et immi­gra­tion islamisation
    12. Le Prince et la France chretienne
    13. Le Prince chre­tien et la laicité
    14. balayons le defai­tisme republicain
    15. Balayons le defai­tisme democrate.
    16. Refe­ren­dum sur l’immigration
    17. Moi, j’ai dit pays légal ?
    18. Le noyau dur du pays légal
    19. Pays legal et controle de l’opinion.
    20. Tech­no­cra­tie a la tete du pays legal

    [i] Laurent Dan­drieu, « Leur Europe », Réac­tion n°7, automne 1992.

    [ii] Fran­çois Hol­lande, le 31 mai 2008 à 12h39, SMS à Valé­rie Trier­wei­ler « Je suis avec ma copine Ber­na­dette dans une grande mani­fes­ta­tion dans son can­ton. Je lui ai fait un numé­ro de charme. Mais tu ne dois pas t’in­quié­ter. Dans son dis­cours, elle a fait un lap­sus for­mi­dable. Rire géné­ral, même chez les sans-dents ».

    [iii] Manuel Valls, le 7 juin 2009, jour des élec­tions euro­péennes, à une équipe de jour­na­listes de l’é­mis­sion « Poli­ti­que­ment par­lant », de Direct 8, pour un repor­tage consa­cré à ses ambi­tions : « Belle image d’É­vry ! Tu me mets quelques Blancs, quelques whites, q

  • Taguieff: «Le décolonialisme est la maladie sénile de la gauche intellectuelle contemporaine», par Pierre Valentin.

    Manifestation d’un collectif de soutien à Adama Traoré. BERTRAND GUAY/AFP

    Le philosophe dénonce l’influence croissante du décolonialisme au sein de la gauche dans un essai tout juste paru, intitulé «L’imposture décoloniale».

    FIGAROVOX. - Dans votre dernier ouvrage L’imposture décoloniale vous dites: «Le postcolonialisme (…) risque d’entraîner toutes les familles de la gauche dans l’adhésion à une vision identitaire». Quelle est cette vision identitaire qui vous inquiète?

    Pierre-André TAGUIEFF. - Le postcolonialisme est, pour aller vite, la version soft du décolonialisme, lequel séduit non pas en raison de sa consistance théorique mais par sa «radicalité» idéologico-politique. Les idéologues décoloniaux appellent en effet à rompre totalement avec le passé maudit de la France et plus largement de l’Europe et de l’Occident, dont il réduisent l’histoire à celle du racisme, de la traite négrière, du colonialisme et de l’impérialisme.

    Ils rejoignent en cela les artisans-militants d’une contre-histoire dite «histoire mondiale» ou «globale», obsédés par la déconstruction du roman national français. Ils ne voient dans l’universalisme, celui du judéo-christianisme comme celui des Lumières, que l’expression d’un eurocentrisme qu’ils s’efforcent frénétiquement de «déconstruire» en même temps qu’ils s’appliquent à «provincialiser» l’Europe et sa culture. Ils criminalisent au passage la laïcité, dans laquelle ils ne voient qu’intolérance et rejet de la diversité, refus des saintes «différences».

    L’attractivité du décolonialisme à gauche et à l’extrême gauche s’explique largement par un appel du vide, dont les causes sont identifiables: la décomposition de la gauche et l’essoufflement du modèle social-démocrate, l’incrédulité croissante envers le marxisme et l’utopie communiste dont on hérite cependant l’anticapitalisme et l’anti-impérialisme, la banalisation d’un néo-féminisme misandre, dit «radical», dans les milieux intellectuels ainsi que le surgissement d’un antiracisme dévoyé, masquant à peine un racisme anti-Blancs doublé d’une judéophobie à visage «antisioniste».

    La gauche intellectuelle est profondément divisée sur ces questions qui s’entrecroisent

    À cela s’ajoute un sentiment de culpabilité à l’égard de l’islam, la «religion des pauvres» et des «dominés», qui fait que la «lutte contre l’islamophobie» peut être érigée en premier commandement de la «religion de l’Autre» (Philippe d’Iribarne). Il faut aussi bien sûr pointer l’influence du gauchisme identitaire à l’américaine, dont les thèmes se diffusent massivement sur les réseaux sociaux.

    Dans cette perspective, tous les malheurs du monde s’expliquent à partir de la relation d’inégalité entre «dominants» et «dominés», qu’on interprète en termes racialistes et victimaires: ce sont «les Blancs» qui dominent et les «non-Blancs» qui sont dominés. La «race» revient à l’ordre du jour: en dépit du fait qu’on la présente comme une «construction sociale», la couleur de la peau reste son principal indice.

    On brandit par exemple avec enthousiasme l’«identité noire», la «conscience noire» ou la «fierté noire», alors qu’on dénonce, à juste titre, les suprémacistes blancs qui parlent d’une «identité blanche», d’une «conscience blanche» ou d’une «fierté blanche». On se retrouve ainsi dans un monde divisé en «Blancs» et «Noirs» ou «non-Blancs», et ce, au nom d’un «antiracisme» douteux, qui s’avère un antiracisme anti-Blancs, c’est-à-dire une forme politiquement correcte de racisme. Une grande inversion des valeurs et des normes s’accomplit sous nos yeux.

    Est-ce que la gauche a les ressources intellectuelles pour y résister?

    La gauche intellectuelle est profondément divisée sur ces questions qui s’entrecroisent. À simplifier le tableau, je distinguerai trois nébuleuses idéologiques. Tout d’abord, les défenseurs de la laïcité stricte, dans la tradition républicaine privilégiant l’égalité dans une perspective universaliste, qui forment le camp de la gauche ferme ou «dure», intransigeante sur les principes. Ensuite, les partisans d’une laïcité «ouverte», tentés par le multiculturalisme, qui peuplent les territoires de la gauche «molle», convertie à la «religion de l’Autre».

    Enfin, les ennemis de la laïcité, dans laquelle ils voient l’expression proprement française d’un «racisme d’État» ainsi qu’une machine à justifier l’«islamophobie». Le slogan «Touche pas à mon voile» illustre cette position pseudo-antiraciste, qui consiste à retourner contre le principe de laïcité l’exigence de tolérance et l’impératif du respect des différences. C’est le camp de la gauche folle, celle qui s’est ralliée au drapeau du postcolonialisme et du décolonialisme, dont la passion motrice est la haine de l’Occident.

    La gauche « molle », (...) ayant pour seul horizon « l’ouverture », fournit des « idiots utiles » (...) à la gauche folle, qui mène la danse

    Cette nouvelle «gauche de la gauche» est rageusement anti-occidentale, elle est à la fois hespérophobe et gallophobe, en ce qu’elle réduit la France à un pays raciste et islamophobe. C’est cette gauche en folie, dont les nourritures psychiques proviennent des campus étatsuniens pratiquant le culte de la «radicalité», qui, voulant tout déconstruire et tout décoloniser, s’est engagée dans la voie dangereuse qu’est la «politique de l’identité».

    La gauche «molle», celle des bien-pensants (opportunistes, apeurés, naïfs, peu informés) ayant pour seul horizon «l’ouverture», fournit des «idiots utiles» (et parfois inutiles) à la gauche folle, qui mène la danse. Le décolonialisme, c’est la maladie sénile de la gauche intellectuelle contemporaine.

    Vous insistez sur la dimension déresponsabilisante des théories «systémiques» qui soulagent l’individu du fardeau de la responsabilité individuelle. Est-ce pour vous une des raisons principales de leur succès?

    En parlant de «discriminations systémiques», on paraît expliquer avec objectivité les échecs socio-économiques des individus appartenant à des minorités supposées discriminées. Ces individus sont ainsi déresponsabilisés: ils peuvent accuser «le système» d’être le seul responsable de leurs malheurs, comme ils peuvent accuser un prétendu «racisme d’État» de couvrir ou de justifier les «discriminations systémiques» dont ils s’imaginent être les victimes. Ce qui n’empêche nullement de considérer les discriminations réelles à l’emploi ou au logement, dont les causes sont loin de se réduire aux origines ethno-raciales.

    La dénonciation litanique du «racisme systémique» fait partie de la rhétorique des mouvances décoloniales et islamo-gauchistes. Il s’agit du dernier avatar de la notion de «racisme institutionnel», élaborée par deux révolutionnaires afro-américains, l’activiste Stokely Carmichael et l’universitaire Charles V. Hamilton, dans leur livre militant titré Black Power, sous-titré «La politique de libération en Amérique», publié en 1967. Cette notion était destinée à mettre l’accent sur le caractère systématique («systémique», dit-on plutôt aujourd’hui) ou structurel du racisme anti-Noirs dans la société nord-américaine, en supposant qu’il était inscrit dans les normes culturelles, les institutions et les pratiques sociales «normales», qu’il dérivait de l’organisation même de cette société.

    Il pouvait donc fonctionner socialement sans être intentionnel ni conscient. Le présupposé de ce modèle critique du racisme est que seul le racisme blanc existe et qu’il se confond avec le «pouvoir blanc» et la «société blanche» que seule une «révolution noire» peut transformer. Autant dire que, construit pour dénoncer le racisme anti-Noirs dans l’Amérique de la fin des années 1960, ce modèle est daté et situé. On ne saurait l’importer aveuglément pour analyser le racisme dans la société française contemporaine.

    Mais c’est précisément son simplisme qui est attrayant pour les radicaux de gauche: le racisme invisible explique tout et les mobilisations antiracistes ont un parfum révolutionnaire. En répétant litaniquement que la France est une société intrinsèquement raciste, on justifie les appels à la destruction du «vieux monde», qu’on juge irréformable. La notion de «racisme systémique» illustre bien ce que Raymond Boudon appelait le «sociologisme», qui postule que l’individu est le jouet des structures et des institutions, et incite à ne poser qu’une question: À qui profite le «système»?

    Cette déclaration témoigne de l’extrême confusion qui dérive d’un demi-siècle de déconstructionnisme en philosophie (...) et de constructivisme en sciences sociales

    Mais la réponse est toujours connue d’avance. Les pseudo-antiracistes y répondent en donnant dans le complotisme: ils désignent les membres de la «race» dominante («les Blancs»), instaurateurs et profiteurs du «racisme systémique». Voilà qui justifie les prêches contre «l’hégémonie blanche» et «le privilège blanc».

    Vous citez la cheffe du Parti des Indigénistes de la République Houria Bouteldja: «Le ‘je’ cartésien va jeter les fondements philosophiques de la blanchité». Sans reprendre ses termes, l’universalisme des Lumières n’est-il tout de même pas spécifique à l’Occident, conséquence de l’universalisme chrétien?

    Relevons d’abord le mélange de stupidité et de cuistrerie d’une telle affirmation, émanant de l’activiste qui incarne parfaitement l’islamo-gauchisme à la française. Elle témoigne de l’extrême confusion qui dérive d’un demi-siècle de déconstructionnisme en philosophie («tout est à déconstruire») et de constructivisme en sciences sociales («tout est construction sociale»).

    Dans les milieux décolonialistes à la française, le thème de la «blanchité» est d’importation récente et soulève un problème insoluble: si, en bon antiraciste, on récuse l’essentialisme en tant que présupposé du racisme, comment concevoir d’une façon non essentialiste ladite «blanchité»? Répondre en agitant le terme magique de «construction sociale», c’est se payer de mots. Le réinvestissement du biologique s’opère ainsi sous couvert de «construction sociale». Les pseudo-antiracistes à l’américaine diabolisent les gènes, mais sacralisent la couleur de la peau. Chassée par la grande porte de l’antiracisme savant des généticiens, la «race» revient par la fenêtre du néo-antiracisme militant.

    Faisant de la «blanchité» un stigmate, les idéologues décoloniaux s’efforcent de réduire l’exigence d’universalité à une arme secrète de la «société blanche» pour inférioriser ou disqualifier les non-Blancs. Manière de réaffirmer leur dogme fondamental: l’Occident est intrinsèquement raciste.

    Mais il ne faut pas oublier que ce sont des intellectuels occidentaux «blancs» qui, les premiers, ont lancé cette grande accusation sur le marché des idées. La haine de soi et l’auto-accusation pénitentielle font partie de la pathologie des milieux intellectuels occidentaux. Ne voir dans l’universalisme que ses instrumentalisations politiques et ses corruptions idéologiques, c’est faire preuve soit d’ignorance, soit de mauvaise foi.

    «Il est facile de reconnaître dans cette bouillie discursive des traces de l’utopie communiste». Qu’est-ce qui vous donne à penser que nous faisons face à un «marxisme racialisé» à l’heure où les marxistes purs et durs sont difficiles à dénicher?

    À quelques exceptions près, les intellectuels marxistes-léninistes, encore nombreux dans les années 1970-1990, se sont ralliés, d’une façon plus ou moins explicite, aux courants subalternistes ou décoloniaux, après avoir flirté avec le tiers-mondisme et l’altermondialisme. Le décolonialisme se présente en effet comme une réinterprétation hypercritique de l’histoire et un programme d’action révolutionnaire séduisant.

    L’évolution des milieux trotskistes est à cet égard fort intéressante: nombre de leurs intellectuels ont repris à leur compte les principaux thèmes décoloniaux (dénonciation du «racisme systémique», du «racisme d’État», de l’«islamophobie d’État», etc.), au point de juger acceptables la vision racialiste de la société et la promotion de notions comme celles d’identité raciale ou de conscience raciale. Ils tendent à oublier la lutte des classes au profit de la lutte des races et des sexes-genres, avec ce supplément de verbiage pseudo-savant qu’est l’«intersectionnalité».

    La bêtise la plus redoutable, parce qu’elle passe inaperçue, c’est la bêtise des élites intellectuelles, soumises aux modes idéologiques et rhétoriques

    Ce qui a fait basculer les marxistes, c’est d’abord la formation d’un prolétariat issu de l’immigration et de culture musulmane, et le ralliement croissant du prolétariat traditionnel aux partis dits populistes. C’est ensuite leur engagement inconditionnel en faveur de la cause palestinienne, qu’ils ont érigée en nouvelle «cause universelle». C’est, corrélativement, leur interprétation de l’islam politique comme une force potentiellement révolutionnaire avec laquelle il fallait s’allier. C’est aussi l’importance qu’ils ont accordé aux questions de «race» (la «race» étant une «construction sociale») et à la lutte contre le racisme, faisant passer au second plan la lutte des classes.

    C’est enfin leur passion de la critique radicale des sociétés occidentales, caractérisées par une somme de traits négatifs (capitalisme, impérialisme, colonialisme, racisme, sexisme, hétéro-patriarcat), donc vouées à être détruites. Ils ont ainsi comblé leur imaginaire utopiste de la table rase et de la construction d’une société parfaite (post-capitalisme, post-raciste, post-sexiste, etc.). Il ne leur restait plus, en rejoignant les rangs décoloniaux, qu’à ériger la «race» en principe explicatif de l’histoire, et, ainsi, à fondre le marxisme dans un néo-gobinisme dont le programme sommaire tourne autour d’une volonté de vengeance ayant pour cible la «société blanche» ou l’«homme blanc», abominable profiteur du «système hétéro-patriarcal».

    Vous rappelez que l’activiste Rokhaya Diallo a retweeté le compte satirique de Titania McGrath sur Twitter qui se moque des délires woke et devance même parfois des discours progressistes. La frontière entre la parodie et le premier degré est-elle ici en voie de disparition?

    C’est là un indice de la bêtise des nouveaux bien-pensants. Il ne s’agit pas de la bêtise ordinaire, pour ainsi dire innocente, mais d’une bêtise prétentieuse, arrogante, sophistiquée. Un esprit de sérieux idéologisé, doublé d’une roublardise plus ou moins affûtée. C’est la bêtise commune aux élites médiatiques et aux élites académiques faisant profession de «radicalité», à Rokhaya Diallo ou Lilian Thuram en version militante, à Judith Butler ou Gayatri Chakravorty Spivak en version «théorique», disons comiquement pédante.

    On a trop négligé de considérer le rôle de la bêtise dans l’histoire, comme le notait Raymond Aron. Mais la bêtise la plus redoutable, parce qu’elle passe inaperçue, c’est la bêtise des élites intellectuelles, soumises aux modes idéologiques et rhétoriques, conformistes dans le

  • France, la maison de la guerre, par Philippe Germain.

    Ce ven­dre­di 2 octobre, Emma­nuel Macron a pré­sen­té son plan d’action contre … non pas le sépa­ra­tisme mais les sépa­ra­tismes ! Aïe, Aïe, comme tou­jours en démo­cra­tie cela com­men­çait bien et puis bada­boum, ni vu, ni connu, elle t’embrouille… la démo­cra­tie. 

    philippe germain.jpgD’ailleurs est-ce que cela com­men­çait si bien que cela avec la mise en avant du nou­veau terme de sépa­ra­tisme ? Pour se sépa­rer encore fau­drait-il faire par­tie de la France, or les musul­mans d’Algérie ont consi­dé­ré il y a plus de 60 ans, que vivre ensemble n’était ni sou­hai­table, ni pos­sible. Sou­te­nu en cela par les musul­mans du Maroc et de Tuni­sie. Sépa­rée des musul­mans, la France l’est donc depuis long­temps et par­ler de sépa­ra­tisme revient à faire comme si ce n’était pas le cas, une sorte de déni de réa­li­té. Nous, natio­na­listes inté­graux qui avions défen­du dans l’Algérie fran­çaise une pos­sible socié­té mul­ti­cul­tu­relle n’oublions pas la leçon de l’histoire. C’est aus­si simple que cela l’empirisme orga­ni­sa­teur. 

    Certes les plus « habiles » nous expliquent que sous le terme de sépa­ra­tisme c’est l’Islam « radi­cal » que le pré­sident de la Répu­blique vise­rait et que tout le monde avait com­pris. C’est un peu vrai, même si l’on ne com­prend pas pour­quoi il ne fau­drait pas appe­ler un chat un chat et ce qu’ajoute le terme « radi­cal ». C’est d’ailleurs si vrai que  tu atten­dais la fer­me­ture des mos­quées mais voi­là que tu récu­pères qu’il faut « ensei­gner davan­tage la langue arabe à l’é­cole ». Et oui, car « notre jeu­nesse est aus­si riche de cette culture plu­rielle ». Voi­là pour­quoi il est néces­saire pour lut­ter contre l’Islamisme radi­cal de créer « des postes sup­plé­men­taires dans l’enseignement supé­rieur ». C’est simple comme bon­jour et les tech­no­crates y ont pen­sé pour nous, pauvres citoyens-consom­ma­teurs. 

    Bon soyons hon­nêtes, tu ne l’attendais pas vrai­ment cette fer­me­ture des mos­quées. Il fau­drait du cou­rage et le mot ne fait même plus par­tie de notre voca­bu­laire. Tiens, puisqu’on aborde le voca­bu­laire, évo­quons cette mani­pu­la­tion des mots… Isla­misme pour Islam, mul­ti­cul­tu­ra­lisme pour isla­misme, com­mu­nau­ta­risme pour mul­ti­cul­tu­ra­lisme et main­te­nant sépa­ra­tisme pour com­mu­nau­ta­risme ; quel est le pro­chain ? Non vrai­ment, ni vu, ni connu, elle t’embrouille… la démo­cra­tie.

    Alors par­lons vrai – comme disait le pre­mier ministre socia­liste Michel Rocard – oui par­lons vrai. Uti­li­sons le bon voca­bu­laire et com­men­çons donc par l’islam. Avec un i minus­cule c’est une reli­gion mais Islam avec une majus­cule c’est la civi­li­sa­tion musul­mane. 

    Un pays isla­mique est un pays qui fait de l’islam et de la cha­ria le fon­de­ment de sa légi­ti­mi­té comme le Pakis­tan ou l’Arabie saou­dite. 

    Evi­de­ment un pays isla­mique fait par­tie de Dar al Islam, c’est-à-dire la mai­son de l’Islam, ces ter­ri­toires musul­mans ou s’impose la cha­ria ; la loi isla­mique.

    En dehors de Dar al islam il y a que Dar al Harb, la mai­son de la guerre, ter­ri­toires des non-musul­mans et, pour cette rai­son, voués à la conquête. La France est donc Dar al Harb et de fait vouée au Dji­had, la guerre sainte. N’oublions pas que le Dji­had est une obli­ga­tion pour tout musul­man mâle et en forme. Ce qui est clair.

    Voi­là donc en quelques termes, un voca­bu­laire plus pré­cis que celui uti­li­sé par le pays légal. En jetant un éclai­rage cru sur la réa­li­té de l’Islam conqué­rant, il per­met de pen­ser clair. Nous sommes effec­ti­ve­ment bien loin de l’islam reli­gion de paix.

    Oui mais, allez-vous me dire, vous ne tenez pas compte de Dar as-sulh la mai­son de la trêve… Et oui la démo­cra­tie nous embrouille, mais l’Islam n’est pas mau­vais à ce petit jeu. Nous le ver­rons dans notre pro­chaine rubrique : Mai­son de la trêve et ter­ri­toire per­dus de la Répu­blique

    PS : MACRON, LES « SÉPARATISTES » ET L’ÉDUCATION

    Comme d’hab, on dit qu’on lutte contre les sépa­ra­tismes au lieu de par­ler des isla­mistes poli­tiques, et à l’ar­ri­vée ça se trans­forme en une attaque admi­nis­tra­tive contre tout ce qui conteste le mono­pole de l’É­tat en matière d’é­du­ca­tion, qui est quand même une excep­tion fran­çaise (que le monde entier nous envie, bien sûr). Et ce sont donc les catho­liques, qui ne pensent pas vrai­ment à se sépa­rer (voir la manière dont la CEF com­mu­nique à chaque élec­tion et a appli­qué immé­dia­te­ment toutes les consignes sani­taires), qui vont en faire les frais. 

    11h34 : « Les écoles hors contrat feront l’ob­jet d’un enca­dre­ment encore ren­for­cé (…) sur le par­cours des per­son­nels, le conte­nu péda­go­gique des ensei­gne­ments, l’o­ri­gine des finan­ce­ments. »

    11h37 : « Dès la ren­trée 2021, l’ins­truc­tion à l’é­cole sera ren­due obli­ga­toire pour tous dès 3 ans. L’ins­truc­tion à domi­cile sera stric­te­ment limi­tée, notam­ment aux impé­ra­tifs de san­té », annonce Emma­nuel Macron.

    11h38 : « L’é­cole est notre tré­sor col­lec­tif. C’est ce qui per­met dans notre socié­té de bâtir ce qu’est la Répu­blique. Or, là aus­si, nous avons vu des dérives, nous voyons des contour­ne­ments et nous avons un com­bat à mener aujourd’­hui. »

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Technocratie à la tête du Pays légal, par Philippe Germain.

    Qui est à la tête du pays légal ? Et l’écho de la France péri­phé­rique, de répondre : la « Tech­no­cra­tie ». La Répu­blique à beau désar­ti­cu­ler le pays réel, il garde son bon sens fran­çais. Il a vu qui s’était empa­ré de l’État en 2017. Il a com­pris la nature de la nou­velle caste diri­geante. 

    philippe germain.jpgCelle qui au nom de la Sou­ve­rai­ne­té popu­laire, gou­verne à quatre experts, dans un fameux autant que fumeux, « Conseil de Défense ».

    L’erreur serait de voir là un déra­page démo­cra­tique. Au contraire, Emma­nuel Macron a sau­vé le pays légal de la désaf­fec­tion des Fran­çais pour l’élite poli­tique. Joli coup de force, à la façon com­plot média­ti­co-judi­ciaire. Ensuite il a vio­lem­ment contré la révolte « Gilets Jaunes », grâce à la force poli­cière de la Vème répu­blique, cette dic­ta­ture ayant plus de pou­voirs que n’en eut jamais Louis XIV. Ces deux coups de force, confirment l’épuisement du « Cycle des Lumières ».

    La qua­trième élite, tech­no­cra­tique, a été for­gée par Bona­parte, comme l’élite finan­cière des ban­quiers, four­nis­seurs aux armées, agio­teurs, et comme l’élite poli­tique des franc-maçon mili­taires, du Corps légis­la­tif euro­péen (métèque dirait Maur­ras) avec 88 Ita­liens, 26 Néer­lan­dais, 23 Alle­mands et 4 Suisses. Son ber­ceau est l’école poly­tech­nique, dont le maitre à pen­ser est Saint Simon, ce scien­tiste vou­lant réor­ga­ni­ser la socié­té en fonc­tion de l’industrie. Pour les saint-simo­niens, l’administration des choses doit prendre le pas sur le gou­ver­ne­ment, c’est « éco­no­mique d’abord ». Ils ne ces­se­ront de récla­mer le pou­voir fort dont ils doivent consti­tuer l’état-major.

    • Ils s’en approchent sous le Vichy de l’Amiral Dar­lan et de Pierre Laval. Ils (Jean Biche­lonne) ont misé sur l’Europe alle­mande, à base eth­nique. L’échec, ne les écartent pas du pou­voir car pour pros­pé­rer finan­ciè­re­ment, le pays légal pré­fère un État omni­po­tent, « pro­vi­dence », mais néces­si­tant de l’élite poli­tique des com­pé­tences éco­no­miques dont elle ne dis­pose pas. Pour les com­bler, elle s’appuie donc sur l’élite tech­no­cra­tique, recru­tée par concours et jeu sub­til de pro­tec­tions et stra­té­gies matri­mo­niales. Béquille de l’élite poli­tique, les tech­no­crates, vont être les enfants gâtés de la Répu­blique et renou­ve­ler l’élite finan­cière au tra­vers des mariages par les femmes.
    • Ils s’étendent sous la IVème, grâce à De Gaule et sa créa­tion de l’E.N.A. Ils (Jean Mon­net, Mau­rice Schu­mann) misent sur l’Europe fran­co-alle­mande de « l’acier et du char­bon ». Là, ils réus­sissent et sui­vant le conseil de Ray­mond Aron, conci­lient tech­no­cra­tie et idée libé­rale pour ins­ti­tuer la démo­cra­tie directe, le contact immé­diat entre un chef et son peuple. Dès 1956 l’Action Fran­çaise s’oppose à ces « tech­nos » pen­sant avoir le savoir du pou­voir et le pou­voir du savoir.  Elle a com­pris par Maur­ras qu’ils sont les com­plices néces­saires aux ins­ti­tu­tions répu­bli­caines dans beau­coup de pays, y com­pris en Union Sovié­tique (Michail Gor­bat­chev). Ces « édu­qués » se placent là où coule l’argent public et se cooptent en pas­sant du public au privé.
    • Ils pour­suivent leur pro­gres­sion avec les pré­si­dents énarque de la Vème Répu­blique : Valé­ry Gis­card, Jacques Chi­rac, Fran­çois Hol­lande. Le pou­voir passe à la « tech­no­struc­ture », cette auto­ri­té bureau-tech­no­cra­tique du type des cadres diri­geant une entre­prise. Elle se tient entre les ministres et les direc­tions admi­nis­tra­tives. Elle fixe les options et pré­pare les déci­sions. C’est ain­si que sont votées les pires déci­sions poli­tiques ame­nant la perte de sou­ve­rai­ne­té fran­çaise mais aus­si la perte de l’identité fran­çaise avec l’immigration de tra­vail en pro­ve­nance du Magh­reb, le regrou­pe­ment fami­lial et le code de la nationalité.
    • Puis avec Emma­nuel Macron, le pou­voir tech­no­cra­tique change de dimen­sion en écar­tant l’élite poli­tique du pays légal, « l’ancien monde ». Cela dit, rien d’étonnant pour ceux dont la pra­tique de l’empirisme orga­ni­sa­teur avait mis en évi­dence dans la Nomenk­la­tu­ra sovié­tique, la riva­li­té entre les bureau­crates – disons l’élite poli­tique – et les technocrates.

    Si la lutte interne au pays légal à per­mis à Macron de pro­vi­soi­re­ment le sau­ver… Si la mise à l’écart des centre-droit et centre-gauche aug­mente l’épuisement du Cycle des Lumières…  Le ventre est encore fécond d’où a sur­gi la bête immonde. La démo­cra­tie mute à grande échelle.

    On y réclame la cri­tique et la dis­cus­sion sans en recon­naitre le bien fon­dé, soit en dis­qua­li­fiant l’interlocuteur, soit en éva­cuant l’argument par habi­le­té ou par mépris. La démo­cra­tie devient sans com­plexe, le cadre pro­cé­du­ral, per­met­tant le fonc­tion­ne­ment opti­mum du mar­ché mon­dial, dont les tech­no­crates sont les prin­ci­paux acteurs et bénéficiaires.

    L’ « Expert » y éclaire la prise de déci­sions en  sachant ins­pi­rer confiance. La vie poli­tique est réser­vée à une élite spé­cia­li­sée par com­pé­tence fonc­tion­nelle. L’apathie civique est favo­ri­sée, afin de réduire la par­ti­ci­pa­tion du pays réel, jugé incom­pé­tent. Le jeu élec­to­ral est par­fai­te­ment mai­tri­sé (les fameux algo­rithmes) par les seuls experts qui peuvent alors gou­ver­ner et admi­nis­trer. Le tech­no­crate, sourd à toute cri­tique, indique ce qu’il faut faire, sans dis­cus­sion possible.

    Stade ultime du Cycle des Lumières, voi­ci la voie unique de l’arrogance tech­no­cra­tique « des élites éco­no­mi­co-finan­cières trans­na­tio­nales » (Pierre-André Taguieff), ou le « consen­sus des gens com­pé­tents » (Chris­to­pher Lasch). Toute res­sem­blance avec notre époque de pan­dé­mie COVID-19 étant tota­le­ment for­tuite ou conspi­ra­tion­niste. Qu’on se le dise.

    L’élite tech­no­cra­tique est indis­cu­ta­ble­ment la « tête » du Pays légal. C’est là où le com­bat roya­liste doit por­ter son effort. Ne dit-on pas que le pois­son pour­rit tou­jours par la tête ? A voir…

    Ger­main Phi­lippe ( à suivre)

    Pour lire les pré­cé­dentes rubriques de la série «  L’Islam menace prin­ci­pale », cli­quer sur les liens.

    1. France,  mai­son de la guerre
    2. Mai­son de la trêve et ter­ri­toires per­dus de la République
    3. Impact sur la France de la révo­lu­tion isla­miste de 1979
    4. Les beurs et la kalachnikov
    5. Le plan d’islamisation cultu­relle de la France
    6. Islam radi­cal et bar­ba­rie terroriste
    7. Pas d’amalgame mais complémentarité
    8. Pôle idéo­lo­gique islamiste
    9. Pôle idéo­lo­gique des valeurs républicaines
    10. Face au dji­had cultu­rel : poli­tique d’abord !
    11. Prince chré­tien et immi­gra­tion islamisation
    12. Le Prince et la France chrétienne
    13. Le Prince chré­tien et la laïcité
    14. balayons le défai­tisme républicain
    15. Balayons le défai­tisme démocrate.
    16. Refe­ren­dum sur l’immigration
    17. Moi, j’ai dit pays légal ?
    18. Le noyau dur du pays légal
    19. Pays légal et contrôle de l’opinion.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • L’émeute comme tactique, par Philippe Germain.

    La prétendance du duc de Guise, Jean III de Jure, mérite toute notre attention car ce Prince timide, qu’on disait ne pas être préparé et ne pas croire à la restauration monarchique s’est paradoxalement singularisé stratégiquement. D’abord par la nature originale de sa prétendance et ensuite par son adhésion au modèle novateur du «  recours  ».

    ​D’abord le président du conseil Aristide Briand, conscient que, fin 1925, la IIIeme république était fragilisée et l’A.F. au sommet de sa combativité, chercha sans succès à amener Guise à ne pas faire acte de prétendant. Mieux, dès son exil en Belgique, Jean III ne retint pas l’option d’une prétendance d’affirmation du principe impliquant l’inaction pure et simple. Il fut frappant de constater que Jean III acceptait son rôle de prétendant sérieusement afin de préparer l’installation de son fils Henri sur le trône de France. Implicitement, suivant la terminologie de l’historien des droites Bertrand Joly, Jean III s’orientait vers l’option de l’aventure, celle de l’aventure capétienne. Ainsi, cela expliqua son agacement de ne pas voir l’Action française aux ordres et de mal tolérer de la voir incarner le royalisme depuis 1914, même consécutivement au choix d’une prétendance «  d’attitude  » (affirmation du principe !) par Philippe VIII. 

    philippe germain.jpgDès 1929, Jean III titre le prince Henri comte de Paris et suite au refus de Georges Valois, amène au manoir d’Anjou Charles Benoist, un précepteur stratège arrivant avec le projet d’une «  restauration rénovatrice  ». En alternative au modèle anglais du Monk préconisé par Maurras, Benoist propose à la famille de France, le mécanisme espagnol de restauration d’Alphonse XII (1874), réalisée par Canovas del Castillo. Benoist l’adapte à la France sur la ligne «  anarchie ou monarchie  »  ; cette dernière étant la dictature naturelle instaurable à l’occasion d’une situation paroxystique du pays. Ce mécanisme du recours comprend trois phases  : 

    – Avant  : Avoir une doctrine et un personnel de gouvernement-administration ou une organisation partisane totalement dévouée. 

    – Pendant  : Etre accepté de l’opinion et être prêt à saisir toutes les occasions sans paraître hésiter. – Après  : Etre assez clément pour permettre les ralliements. Par dessus tout «  il faut que le prince veuille fortement  » et se comporte en machiavélien.

    ​Pour la nécessaire doctrine que le choix de ce modèle impose, Jean III s’appuie sur celle du néo-royalisme, mais fait occuper par le Dauphin le terrain délaissé par l’orthodoxie maurrassienne  : celui des questions sociales et de la question religieuse. Pour cela Henri bénéficie de l’allégeance des dissidents comme Jacques Valdour sur le corporatisme et Jean de Fabrègues pour les maurrassiens-spiritualistes (suivant l’expression de Bruno Goyet).

    ​Pour constituer un personnel de gouvernement, Jean III utilise les réseaux mondains, comme celui de la reine Amélie du Portugal. Leurs salons sont le conservatoire des mœurs du passé mais surtout un lieu politique de fusion des élites. Dans ces salons féminins, se rencontrent sénateurs, députés, politiciens, intellectuels, préfet de police et représentants des nouvelles ligues. Le point d’articulation de cette politique par les femmes, à travers la séduction mondaine, est la duchesse de Guise. L’experte politique de Jean III rabat des talents issus des réseaux académiques et du parlement  : 22 députés et sénateurs monarchistes ou tièdement républicains mais aussi droite autoritaire, droite catholique et avec un certain succès le centre, composé de notables troublés par le Cartel de gauche. 

    ​La phase «  Pendant  » du modèle espagnol suppose un Dauphin accepté par l’opinion. D’où la recherche d’une presse touchant un public plus large que l’A.F.  Patronnant l’Association professionnelle de la presse monarchique et catholique des départements, Jean III réactive les anciens Comités royalistes et les charge de la propagande auprès des journaux conservateurs. Il cherche l’appui du Figaro de François Coty où signe Georges Bernanos. Il soutient La Prospérité nationale des dissidents corporatistes de l’A.F. Le Dauphin lui, s’intéresse aux revues de la Jeune Droite (RéactionLa revue du siècle, Latinité, Cahiers d’Occident) pour préparer Questions du jour, son propre organe. Cependant, la plus grosse opération d’image de marque est en 1931, le grandiose mariage du Dauphin à Palerme, où les Orléans sont accueillis par le régime mussolinien. La ferveur du millier de militants d’A.F  invités par Jean III, a réactivé son espoir d’une organisation partisane totalement dévouée, pour la phase «  avant  » de sa stratégie espagnole. 

    ​Coté Action française, l’empilage des crises Valois, Rome et dissidence des cadres, a inauguré une nouvelle période. Plus question désormais, d’un mouvement organisé en vue d’un coup d’état. Pour l’État-major, l’imminence de la prise de pouvoir, disparaît au profit d’un prophétisme pessimiste. Cette misère stratégique est pourtant masquée par l’intelligence de Maurras dont les idées vraies possèdent un surprenant pouvoir d’attraction. D’où le miracle renouvelé d’un mouvement de surface se reconstituant, à chaque génération, en dépit des coups terribles l’accablant et même de ses fautes. Comment  ? Comme toujours, l’État-major s’appuie sur la fougue et l’imagination de l’organisation étudiante pour redresser l’image de marque de l’A.F.  Souvent Maurice Pujo est à la manœuvre avec une méthode éprouvée. D’abord on attend la rentrée universitaire parisienne pour structurer les étudiants arrivés de province, par la vente du journal, les collages et les conférences de l’Institut d’Action Française. Ensuite Pujo identifie le fait d’actualité et le monte en épingle dans le journal afin que les étudiants exploitent «  le coup  » dans la rue avant la période des examens. Chahuts et manifestations sont suscités et entraînés par le journal qui oriente l’activité militante. • Hiver 1930-1931 c’est d’abord la campagne contre le ministère Steeg où les Camelots inventent la première interdiction de film en intimidant les gérants des cinémas qui passent un appel du président du Conseil. Puis ils emboîtent sur une pièce allemande et tous les soirs organisent des chahuts obligeant le préfet de Police Chiappe a décider son interdiction.  • Hiver 1931-1932, lors du congrès du Désarmement international, les Camelots font l’actualité, en jonction avec les Croix de Feu. La police ne peut les empêcher d’interdire le meeting, ce qui fait grand bruit dans la presse et pendant quelques mois, la rue appartient aux royalistes. • Hiver 1932-1933, la dette de guerre envers les États-Unis arrive à échéance et au cri de «  Pas un sou pour l’Amérique  !  », étudiants et camelots organisent des manifestations permettant à Georges Calzant de masser une foule autour d’une Chambre des députés protégée par 6.000 policiers, mais qui rejette le paiement à l’Amérique. • Ainsi, en trois hivers, par son activisme, l’A.F.  a refait une nouvelle génération de garçons des faubourgs et du Quartier Latin. Ils sont prêts lorsque le 24 décembre 1933 leur quotidien est le premier à annoncer une arrestation à Bayonne puis, le 29, que l’Affaire Stavisky menace de prendre de grosses proportions et surtout le 3 janvier où Pujo publie deux lettres compromettantes du ministre Dalimier. Tout est prêt pour les émeutes étudiantes d’hiver 33-34 mais cette fois-ci la clé se trouve au Manoir d’Anjou chez le prétendant.

    ​Le 5 janvier 1934, Jean III convoque d’urgence, l’Etat-major de l’Action française qui découvre stupéfait, une Maison de France ayant élaboré sa propre stratégie. Elle repose sur l’analyse de la conjoncture politique et sociale mené par le Prince Henri convaincu de l’exploitation du pays réel par les habiles du pays légal constitués en une nouvelle féodalité d’argent, de plus en plus concentrée (aujourd’hui on parle d’oligarchie). Depuis janvier 1933, les classes moyennes du pays réel, structurées dans les organisations d’anciens combattants et de contribuables,  en prennent conscience et se rebiffent par un antiparlementarisme très virulent. Pour le Dauphin la IIIeme République agonise à force de ministère renversés, de surenchères fiscales, de scandales financiers et de corruptions parlementaires. Nul doute pour Jean III et lui, la France traverse l’une des crises les plus sérieuses de son histoire et à tout moment la République peut basculer. L’affaire Stavisky naissante permet à l’A.F. dont les troupes ont régné en maître dans la rue depuis trois années, de la tenir pour renverser le régime. Pour cela elle doit s’allier avec les ligues nationalistes et groupements d’anciens combattants.  Un Comité d’union nationale, intégrant les paysans, les commerçants, les contribuables et les conseillers municipaux de Paris sera crée pour spontanément recourir au Prince qui répondra alors, non à l’appel d’un parti royaliste mais à celui des forces représentatives du Pays réel. Maurras, Pujo et l’amiral Schwerer sont stupéfaits de ce scénario très concret du modèle espagnol. Effectivement les revendications étudiantes mettent le Quartier Latin en état de siège sous la houlette des étudiants d’AF. Effectivement, la Ligue des Contribuables prône la grève de l’impôt, avec ses 700.000 adhérents derrière Marcel Large qui les a déjà fait marcher avec les camelots sur le parlement jusqu’à des affrontements très sérieux. Effectivement, les 30.000 petits paysans  regroupés derrière Dorgères, ancien étudiant royaliste de Rennes, se rebellent au cri de «  Haut les fourches  » contre l’État républicain, peu respectueux des structures traditionnelles. Effectivement, les anciens combattants se regroupent contre la réduction de leurs pensions. Ils sont 900.000 à l’Union Nationale des Combattants dont le président Georges Lebecq développe un rejet de la démocratie tandis que les Croix de Feu rassemblent 30.000 combattants «  de l’avant  »  derrière le colonel François de la Roque dont deux frères conseillent le Dauphin. Pourtant assure Maurras, jamais les responsables de ces groupements n’accepteront de «  marcher  » pour le roi et seul reste valable son modèle du Monck. Impossible pourtant à l’État-major  d’A.F sans stratégie, de refuser le scénario du «  recours  » des Princes. Pujo accepte donc, sans conviction, de le déployer avec tout le savoir faire tactique du mouvement.

    ​Bientôt socialistes et communistes vont brandir l’épouvantail d’un complot fasciste imaginaire mais en revanche il faut bien nommer «  conspiration à ciel ouvert  »  la longue préparation royaliste du climat prérévolutionnaire, tout au long de janvier 34, par une succession de bagarres de plus en plus rudes, qui commenceront au Quartier Latin pour se rapprocher du Palais Bourbon, à mesure que le nombre de combattants augmentent. Si l’ambiance de ce janvier royaliste est particulièrement bien décrite par un des meneurs étudiants Henry Charbonneau dans ses mémoires et dans celles du collégien Jean-Louis Foncine, on peut suivre le détail des opérations tactiques chez l’américain Eugen Weber. De son coté, l’historien Jean-François Sirinelli s’est attaché à comprendre pourquoi l’A.F. s’est dès son origine décidée de faire du quartier latin son terrain d’action privilégié  ? Comment le contrôle-t-elle  ? Et, surtout, comment peut-elle parvenir, avec un but précis et à un moment donné, à le porter à incandescence  ? Finalement de cette conspiration royaliste de janvier 1934 on doit retenir• Que les manifestations commencent dès le retour du manoir d’Anjou.• Elles ont pour objectif la chute du Gouvernement Chautemps.• Elles se déroulent presque tous les jours sous le commandement de Pujo.• Elles entraînent individuellement les militants des ligues nationalistes.• Du stade des manifestations on passe à celui des émeutes. • Les manifestants descendent non «  contre  » Stavisky mais «  pour  » l ‘A.F.• Le 27 janvier la manifestation, d’une grande violence, est finalement arrêtée devant le Palais-Bourbon et Chautemps donne sa démission. C’est la première fois dans l’histoire de la

    IIIeme République qu’une majorité capitule et son gouvernement abandonne le pouvoir sous le menace de la rue. L’État-major d’A.F. prenant la mesure des succès tactique de Pujo, envisage alors sérieusement la possibilité de renversement du régime. Ainsi Jean III avait vu juste…

    ​Après Janvier 34, le mois de la conspiration royaliste, s’ouvre  la révolte des honnêtes gens de février 34. De fait, la tactique d’alliance du scénario de la Maison de France n’est absolument pas jouable car devant le succès de l’A.F. , les dirigeants des ligues (Taittinger et La Rocque) estimant une restauration possible reprennent  leurs militants en mains pour éviter d’aider au «  service du roi  ». C’est pourquoi, Mangin mort, Lyautey réticent de longue date au «  coup  » et Franchet d’Esperey de santé instable, Maxime Réal del Sarte est chargé de retourner le préfet de police Chiappe – compréhensif vis à vis de l’A.F. – pour en faire le Monk du modèle maurrassien. Pendant plusieurs jours les tractations sont menées par l’intermédiaire d’Horace de Carbuccia le directeur du journal Gringoire. Au départ réceptif, Chiappe, rencontre Réal del Sarte mais décline car le nouveau Président du conseil semble vouloir le garder en poste. Pourtant Daladier révoque Chiappe le 3 février, provoquant ainsi la colère des honnêtes gens, en fait les anciens combattants et des ligues nationalistes. De là s’explique la grande émeute du 6 février, ses 15 morts et 50 blessés graves ou l’A.F. tente vaille que vaille de jouer le scénario du recours. Réal del Sarte est devant l’Hôtel de Ville avec une formation de camelots placé discrètement sur le quai voisin, car il sait que les Jeunesse Patriotes envisagent la proclamation d’un Gouvernement avec les Conseillers municipaux. Rien ne se passe et il est blessé en tentant d’entraîner les conseillers vers le Palais Bourbon tandis que Georges Gaudy lance un assaut avec l’Association Marius Plateau pour entraîner les anciens combattants. Daudet lui, revient du Manoir d’Anjou ou il a demandé au Dauphin de prendre la tête de l’émeute, mais Henri sait que La Rocque s’oppose et juge que son père Jean III n’est pas assez accepté de l’opinion ni perçu comme prêt à saisir toutes les occasions. Il refuse après avoir hésité. Maurras est à l’imprimerie, son poste de combat  ; le même que celui de Lénine en 1917. Il faut le reconnaître tout ceci est réalisé  à «  l’arrache  » avec des responsables de ligues qui censés être des alliés jouent finalement «  à contre  ».

    ​Février 34 sera la grande peur de la gauche et entrera dans la mythologie d’Action française, même s’il a mis en évidence que bonne tacticienne, elle s’est révélée mauvaise stratège car se reposant sur Maurras incarnant certes l’intelligence mais sans les qualité du chef nécessaire à l’aventure capétienne attendue par Jean III. De là une déception princière qui dans les années à venir va creuser un fossé en Maurras et la Maison de France.

  • La presse royaliste, par Germain Philippe.

    Triste nouvelle pour la nébuleuse maurrassienne. Effectivement la Société D’Exploitation Du Journal Monde et Vie a été déclarée en liquidation judiciaire par le Tribunal De Commerce De Paris. De fait, aucun numéro n’est paru depuis le début février. La rédaction en chef était assurée par l’abbé Guillaume de Tanouarn et ses dossiers de grande qualité, souvent novateurs, vont nous manquer. Nous regrettons déjà les éditoriaux acérés de notre ami Eric Letty, que nous lisions dans les colonnes d’Aspects de la France que Pierre Pujo lui avait ouvertes à la fin des années 1980. L’équipe dirigeante, composée de maurrassiens a-t-elle dit son dernier mot  ? Espérons que non, mais dans l’immédiat c’est une pièce de perdue dans le dispositif actuel du «  Nouvel âge du maurrassisme  ». Cette disparition regrettable est l’occasion de tenter une description sommaire de la presse royaliste actuelle.

    philippe germain.jpgLa presse militante d’abord avec Royaliste, le bimensuel de la Nouvelle Action Royaliste dont Bertrand Renouvin assure l’éditorial. Son positionnement est bien connu  ; c’est celui du monarco-gaullisme de gauche qui se veut patriote par opposition au nationalisme. Nous y retrouvons toujours avec plaisir la rubrique Idées de notre ami Gérard Leclerc qui participe depuis plusieurs années à l’Université d’été du mouvement école d’Action française. Depuis peu s’est constituée une nouvelle équipe de rédaction et une nouvelle maquette a été mise en place.

    ​Ensuite pour la presse militante nous trouvons bien entendu Le Bien Commun qui a relevé la succession d’Aspects de la France, transformée en Action française Hebdo puis renommé Action française 2000. Son rythme de parution est mensuel et la direction éditoriale est assurée par François Marcillac qui a ainsi pris la succession de Pierre Pujo et de maîtres illustres comme Pierre Boutang et Pierre Debray, même Gérard Leclerc par intérim vers 1970. Afin de ne pas perdre le rythme hebdomadaire des éditoriaux, François Marcilhac publie chaque semaine un éditorial politique sur le blog quotidien de l’Action française. Ainsi l’actualité est-elle analysée au plus près, grâce à la méthode de l’empirisme organisateur. Le rédacteur en chef du Bien Commun est Charles du Geai, qui constitue une équipe de jeunes rédacteurs à partir des talents qui remontent des CMRDS. Belle complémentarité avec le mouvement RN-CRAF. Voilà la nouvelle génération d’Action française issue des Manifestations Pour Tous et rodée dans les manifestations de Gilets Jaunes.

    ​Complétant la presse militante, vient le mensuel Politique Magazine, fondé par Hilaire de Crémiers – qui en reste le conseiller éditorial -, adressant le royalisme des familles et des provinces. Le nouveau rédacteur en chef est Philippe Mesnard, que nous avons connu à la lecture de la revue Réaction, puis aux Epées et enfin à la rédaction en chef de l’AF2000, n’hésite pas à injecter son tempérament «  rock-rand-rol  » dans les pages du mensuel qui ne cesse de se professionnaliser.

    ​Pour finir ce trop rapide tour d’horizon, évoquons la Nouvelle Revue Universelle qui sert de laboratoire d’idées au maurrassisme. Cette revue publie un véritable livre chaque trimestre  ; soit un numéro spécial autour d’un maitre comme Maurras, Boutang, Debray et prochainement Bainville  ; soit un dossier articulé autour de l’aggiornamento maurrasien, comme celui sur l’écologie, pour lequel le comte de Paris a montré son intérêt. La rédaction en chef de la NRU, véritable vitrine intellectuelle du maurrassisme, est assurée par Christian Franchet d’Espêrey.

    ​Non vraiment, la presse royaliste est encore très vivante  ; heureusement car elle est très nécessaire  !

  • Les « beurs » et la Kalachnikov, par Philippe Germain.

    Aujourd’hui bien oublié, dans le second sep­ten­nat Mit­ter­rand, l’Iman Kho­mei­ny ten­ta une stra­té­gie de Dji­had – guerre sainte – pour la conquête du Magh­reb à par­tir de la France. Elle allait avoir des consé­quences dra­ma­tiques que nous payons encore et la déca­pi­ta­tion de Samuel Paty, pro­fes­seur d’histoire-géographie à Conflans ‚vient nous le rap­pe­ler.

    philippe germain.jpgPour com­prendre l’engrenage, il faut se sou­ve­nir de pour­quoi Kho­mei­ny vou­lait cette conquête du Magh­reb, com­ment il comp­tait s’y prendre et avec qui.

    Donc, Pour­quoi ?

    Nous l’avons vu dans la rubrique France, mai­son de la guerre, il est impé­ra­tif d’utiliser le bon voca­bu­laire si l’on veut com­prendre l’Islam qui a dési­gné la France comme son enne­mi. Nous avons vu qu’il ne fal­lait pas se lais­ser embrouiller par des ruses comme celle de la Mai­son de la trêve et c’est aus­si le cas pour le terme Dji­had. Tous les dro­gués au « pas­da­mal­game » nous expliquent que la « guerre sainte » des musul­mans est spi­ri­tuelle. Pauvres nigauds de démo­crates igno­rant que si le terme de Dji­had a pu avoir une conno­ta­tion spi­ri­tuelle, ce n’est qu’a par­tir du XI° siècle, une fois l’expansion isla­miste ache­vée. Les mys­tiques ont alors ajou­té au Dji­had une seconde signi­fi­ca­tion, non plus bel­li­queuse mais spi­ri­tuelle afin de se débar­ras­ser de « l’ennemi inté­rieur », en réfor­mant les mœurs. Puis des pen­seurs modernes (comme Sayyid Qutb, 1906 – 1966) trou­vèrent au dji­had une effi­ca­ci­té nou­velle ; spé­cia­le­ment dans les socié­tés musul­manes (la mai­son de la Paix) il pour­ra dési­gner la lutte à mener contre des diri­geants musul­mans agis­sant en contra­dic­tion avec la foi. Ces « apos­tats » méritent la mort. Le Dji­had contre les « rené­gats » est per­mis afin de pré­ser­ver le carac­tère musul­man de la socié­té. Voi­là POURQUOI les chiites vou­laient s’en prendre à l’Algérie, au Maroc et à la Tuni­sie avant de s’en prendre aux monar­chies du Golfe.

    Oui mais com­ment ?

    Il s’agissait pour les chiites de trans­for­mer la France – soit disant mai­son de la trêve – en base arrière ter­ro­riste. Le milieu de l’immigration musul­mane ser­vi­rait de vivier de moud­ja­hi­dine (com­bat­tants de la guerre sainte !) capables de se noyer dans les popu­la­tions fran­co­phones du Magh­reb. L’importance et la sou­plesse des moyens de com­mu­ni­ca­tions entre les deux rives de la Médi­ter­ra­née faci­li­taient les infil­tra­tions. Ne par­lons pas des doubles natio­na­li­tés ni des familles à che­val sur la France et le pays d’origine.

    Que d’atouts pour dupli­quer ce qui se fai­sait avec un suc­cès indé­niable en Afgha­nis­tan. La lutte au Magh­reb pren­drait la forme d’un ter­ro­risme nou­veau, dif­fé­rent de celui pra­ti­qué par les pales­ti­niens, les kami­kazes. Des jeunes fana­ti­sés se sacri­fie­ront dans des atten­tats spec­ta­cu­laires avec la cer­ti­tude d’accéder au para­dis. Les stra­té­gies les plus simples sont les meilleures !

    Oui, mais avec quels acteurs ?

    L’idée ori­gi­nale fut de s’appuyer en France sur les « beurs » comme on le fai­sait avec les tali­bans en Afgha­nis­tan. La chose était pos­sible car les « beurs » (mot mis à la mode à l’époque par la gauche bobo), ces immi­grés de la seconde géné­ra­tion, nés en France, n’avaient plus d’identité. Cou­pés de la com­mu­nau­té isla­mique par leur mode de vie et par l’ersatz de culture dis­pen­sé par l’élite média­tique du pays légal, les beurs ne par­viennent pas à s’intégrer à la com­mu­nau­té fran­çaise. Même s’ils se sentent par­fois assez proche de notre mode de vie, ils sont inca­pables de le rejoindre et finissent par le haïr. Flot­tant entre deux mondes, les beurs se recons­truisent une iden­ti­té à la façon des « black mus­lins » amé­ri­cains, (orga­ni­sa­tion fon­dée en 1930 et à laquelle Mal­com X appar­tint). Ils sont inca­pables de rejoindre l’Islam tra­di­tion­nel de leurs parents ayant consti­tué « l’immigration de tra­vail » d’origine. D’ailleurs ils méprisent leur Islam tra­di­tion­nel, inté­rio­ri­sé par la cou­tume dans une Algé­rie fran­ci­sée, et c’est pour­quoi les petits beurs se fabriquent un Islam révo­lu­tion­naire.

    En revanche le fon­da­men­ta­lisme de Kho­mei­ny répon­dait psy­cho­lo­gi­que­ment à leur angoisse iden­ti­taire. Moins authen­ti­que­ment musul­mans que leurs parents, les beurs se don­ne­ront l’impression d’être plus fidèles qu’eux à l’Islam en éva­cuant le conte­nu spi­ri­tuel du Dji­had. Com­ment ? D’abord par une révolte contre le maté­ria­lisme et la reli­gion laïque, ensuite en s’opposant à l’Islam tra­di­tion­nel de leurs parents qu’ils accusent de pas­si­vi­té. Voi­là pour­quoi les beurs se lais­sèrent si faci­le­ment endoc­tri­ner, enré­gi­men­tés par les pré­di­ca­teurs ira­niens venus en France. Sachons que les chiites sont esti­més à un nombre se situant entre 150 à 250.000 sur le ter­ri­toire fran­çais… Les jeunes beurs pas­sés à l’apprentissage de la Kalach­ni­kov et au prin­cipe du ter­ro­risme isla­mique allaient donc pou­voir s’en prendre aux gou­ver­ne­ments du Magh­reb et étendre l’influence Chiite sur les ter­ri­toires sun­nites. Voi­là pour­quoi la stra­té­gie de l’Iman Kho­mei­ny était non seule­ment cré­dible mais en passe de réus­sir.

    Les chiites dérou­lèrent leur stra­té­gie. Les démo­crates fran­çais eux, n’y virent que du feu et conti­nuèrent de s’emmêler les pieds dans le tapis d’une inté­gra­tion répu­bli­caine de type « Touche pas à mon pote ». En revanche ce fut la panique dans la mai­son de la paix sun­nite ! On le com­prend… Les pays du Magh­reb seraient les pre­miers tou­chés et vien­draient ensuite les pays du Golf. Ils devaient réagir. Ils réagirent, et la France com­men­ça d’en payer le prix…

    Ger­main Phi­lippe (à suivre)

    Pour lire les pré­cé­dentes rubriques de la série « L’Islam enne­mi n° 1 bis », cli­quer sur les liens.

    1. France, mai­son de la guerre
    2. Mai­son de la trêve et ter­ri­toires per­dus de la Répu­blique
    3. Impact sur la France de la révo­lu­tion isla­miste de 1979

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Balayons le défaitisme républicain, par Philippe Germain.

    Ce qui était espé­ré est donc main­te­nant démon­tré. La vision poli­tique d’Action fran­çaise sur la menace d’islamisation, est cohé­rente avec les réflexions du Chef de la Mai­son de France.

    philippe germain.jpgQuelle force de ne pas être une école de pen­sée hors sol. Quel espoir d’être un mou­ve­ment poli­tique pou­vant se ran­ger der­rière l’incarnation moderne de l’Histoire de France.

    La chose est d’importance, car de notre propre pole idéo­lo­gique, celui du « catho­lique et fran­çais tou­jours », remonte par­fois la petite ritour­nelle du défai­tisme. Celle que nous avions déjà enten­due entre les deux guerres mon­diales, alors que l’Action fran­çaise était la seule à dénon­cer le dan­ger ger­ma­niste. Très exac­te­ment celui de « l’islam ger­ma­niste[1] » car l’analogie était « en effet frap­pante entre la sombre ardeur des arabes au temps des pre­miers suc­ces­seurs du pro­phète et celle des fidèles du Füh­rer-chan­ce­lier[2] ». Cepen­dant la Droite répu­bli­caine de l’époque pré­fé­ra le « bon sens » et la « modé­ra­tion » aux alertes maur­ras­siennes. Ici trop de « sagesse », de « luci­di­té » mena la France à l’abime.

    La ritour­nelle défai­tiste d’aujourd’hui, tourne autour de deux notes de musique. L’une est répu­bli­caine et l’autre démo­crate. Si nous ne vou­lons pas cou­rir à la catas­trophe comme en juin 1940, il nous faut balayer les argu­ments défai­tistes du pole « catho­lique et fran­çais tou­jours ». Allons y.

    Tout d’abord, la note répu­bli­caine. Elle consiste à admettre le bien-fon­dé de la prio­ri­té du Poli­tique d’abord sur la guerre cultu­relle au long cours, mais en jouant la carte de la laï­ci­té comme bar­rage à l’Islamisation, par la mise en place éta­tique d’un « Islam de France ». Rai­son­ne­ment de « sagesse », car « les épi­sodes migra­toires qu’a connus la France dans les der­nières décen­nies ont ins­tal­lé une pré­sence durable des musul­mans au sein de la socié­té fran­çaise ». Et bien nous, maur­ras­siens, l’affirmons, comme face au ger­ma­nisme dans les années 1930, trop de sagesse conduit à délirer.

    Sou­rions d’abord du saut de carpe avec la loi de 1905 pour ensuite sou­mettre l’argument de « l’Islam de France » à l’histoire de son propre échec. L’échec sur trente ans, de la créa­tion éta­tique d’un inter­lo­cu­teur faci­li­tant « inté­gra­tion » des musul­mans dans la Répu­blique, comme le Vati­can lui à « ral­lié » les catho­liques. Repas­sons le film…

    • En 1989, Pierre Joxe, ministre de l’Intérieur, ins­ti­tua un Conseil de Réflexion sur l’Islam en France (CORIF), pour éla­bo­rer un sta­tut devant régir un Conseil isla­mique de France. L’action demeu­ra sans suite.
    • En 1995, Charles Pas­qua, ministre de l’Intérieur, créa le Conseil Repré­sen­ta­tif des Musul­mans de France (CRMF). Il n’eut qu’une exis­tence éphémère.
    • En 1999, Jean-Pierre Che­vè­ne­ment, ministre de l’Intérieur, lan­ça une Isti­châ­ra (« Consul­ta­tion ») invi­tant à adop­ter une « Décla­ra­tion d’intention rela­tive aux droits et obli­ga­tions des fidèles du culte musul­man en France », qui au final devint : « Prin­cipes et fon­de­ments juri­diques régis­sant les rap­ports entre les pou­voirs publics et le culte musul­man en France ». En fait on ouvrait la voie à une négo­cia­tion d’égal à égal entre la Répu­blique et l’Islam. Sou­mis­sion, sou­mis­sion républicaine !
    • En 2003, Nico­las Sar­ko­zy, ministre de l’Intérieur, après une nou­velle consul­ta­tion abou­tit à la créa­tion du CFCM[3], (asso­cia­tion 1901) bien inca­pable de résoudre la dépen­dance finan­cière envers des pays étran­gers. Qui a dit que la Répu­blique c’est le règne de l’Etranger ?
    • En 2016, Ber­nard Caze­neuve, ministre de l’Intérieur, créa L’Association musul­mane pour un Islam de France pour recher­cher des finan­ce­ments fran­çais pour les mos­quées, la rétri­bu­tion des imams et de garan­tir la trans­pa­rence des fonds étran­gers. Vous allez rire, elle n’a jamais fonctionné.
    • En 2016 éga­le­ment, créa­tion d’une Fon­da­tion de l’islam de France (FIF), recon­nue d’utilité publique, char­gée d’encourager la recherche isla­mo­lo­gique pour pro­mou­voir « un islam com­pa­tible avec le pacte répu­bli­cain ». Quel aveu ; oui c’est une évi­dence l’Islam n’est pas soluble dans la laï­ci­té républicaine.
    • Depuis 2019, la fies­ta conti­nue… et la FIF est concur­ren­cée par l’Association musul­mane pour l’islam de France (AMIF), fon­dée par Hakim El-Karoui, ancien col­la­bo­ra­teur du Pre­mier ministre Jean-Pierre Raf­fa­rin et répu­té proche d’Emmanuel Macron.

    Arrê­tons de tirer sur l’ambulance répu­bli­caine ! Res­tons-en là, sur sa soi-disant capa­ci­té à régler la menace d’Islamisation ! Non la laï­ci­té répu­bli­caine n’est pas effi­cace pour lut­ter contre le Dji­had cultu­rel. Les rodo­mon­tades sur l’intégration laïque sont de la poudre aux yeux, pire, une sorte de ligne Magi­not face aux pro­blèmes posés par l’Is­lam. La laï­ci­té répu­bli­caine n’est que le résul­tat d’un com­pro­mis avec l’E­glise. Com­pro­mis que n’ac­cep­te­ra jamais l’Is­lam, car il nie­rait ce qu’il est. Une loi qui orga­nise la société.

    Indis­cu­ta­ble­ment l’objection, des natio­naux-répu­bli­cains du pole idéo­lo­gique « catho­lique et fran­çais tou­jours », repo­sant sur le pro­jet poli­tique d’un Islam de France, est reje­tée par la réa­li­té. Elle n’est pas sage, elle n’est que défaitiste.

    Seul un état fort en haut, tour­né vers l’avenir mais ados­sé sur la tra­di­tion capé­tienne sera capable de pro­cé­der à la refon­da­tion de la laï­ci­té répu­bli­caine. Le Prince y est prêt. Il s’y est enga­gé solen­nel­le­ment le 27 sep­tembre 1987 au châ­teau d’Amboise : « … je m’efforcerai d’être digne de la haute charge à laquelle m’invitent le des­tin et les lois tra­di­tion­nelles de la France… » Est-ce assez clair ?

    Mais voi­là… le pole idéo­lo­gique joue aus­si sur une seconde note de son cla­vier défai­tiste. La note démocrate…

    [1] Charles Maur­ras, AF du 3 decembre 1933.

    [2] Jacques Dele­becque, AF du 3 mai 1935.

    [3] Conseil Fran­çais du Culte Musulman.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Le Prince et la France chrétienne, par Philippe Germain.

    Le 25 octobre 2020, Marine Le Pen s’est publi­que­ment oppo­sée à un Jean Mes­si­ha, éta­blis­sant une incom­pa­ti­bi­li­té entre l’Islam et notre Répu­blique. Du coup ce haut fonc­tion­naire, délé­gué natio­nal aux études, a démis­sion­né d’un Ras­sem­ble­ment natio­nal élec­to­ra­le­ment empê­tré dans la déma­go­gie démo­crate.

    philippe germain.jpgEt pour­tant le chré­tien copte, d’ascendance égyp­tienne, a rai­son contre la bre­tonne laïque. Il y a incon­tes­ta­ble­ment incom­pa­ti­bi­li­té entre la reli­gion laï­ciste et le Coran.

    Les natio­na­listes doivent tirer les consé­quences de cette incom­pa­ti­bi­li­té. La bonne réponse au Dji­had cultu­rel (autre­ment dit, l’Islamisation) néces­site une refon­da­tion de la laï­ci­té répu­bli­caine. Une réelle refon­da­tion n’est envi­sa­geable que dans un cadre monar­chiste. Oui poli­tique d’abord. Oui la solu­tion monar­chique est la seule à per­mettre à la France chré­tienne de mettre en œuvre, les trois moyens néces­saires au com­bat contre l’Islamisation. Trois méthodes dis­tinctes faciles à énu­mé­rer. La plus expé­di­tive d’abord, la re-migra­tion1. La plus sûre ensuite, l’assimilation. La plus dif­fi­cile enfin, l’intégration. La solu­tion monar­chique et une laï­ci­té refon­dée per­mettent de com­bi­ner et ren­for­cer ces trois moyens.

    Oui la solu­tion monar­chique est indis­pen­sable car même si le pou­voir démo­crate s’avérait capable – et il en est loin aujourd’hui – de stop­per le robi­net de l’immigration, celle-ci a dépas­sé le « seuil de tolé­rance ». Ah ! comme cette expres­sion fait mal au « camp du Bien ». Et oui, c’est le Pré­sident Fran­çois Mit­ter­rand qui l’a uti­li­sée et même quan­ti­fiée en 1989 : « le seuil de tolé­rance a été atteint dès les années 1970 où il y avait déjà 4 100 000 à 4 200 000 cartes de séjour à par­tir de 1982. » Il s’en mor­dra d’ailleurs les doigts. Au fait, le seuil de tolé­rance est à com­bien ? Il fut fixé en 1970, par l’Institut natio­nal d’études démo­gra­phiques (INED), à 10% de la population.

    Oui seule la solu­tion monar­chique est capable de refon­der la laï­ci­té et par là même, en mesure de résor­ber le dépas­se­ment du seuil de tolé­rance, par une poli­tique (là aus­si, poli­tique d’abord !) de re-migration.

    Une solu­tion monar­chique avec une laï­ci­té refon­dée sur la base d’une France chré­tienne. Mais qu’en pense le Prince ? Nous natio­na­listes inté­graux, ne serions pas entrain de prendre nos rêves pour des réa­li­tés ? Pour le savoir, retour à son ouvrage Un Prince fran­çais.

    Donc sur la for­mule – en forme de défi disent cer­tains – de France chré­tienne. Que pense le Prince, de cet héri­tage per­met­tant de par­ler de Dieu aux musulmans ?

    « Oui, la France est chré­tienne. Cette convic­tion a tou­jours été celle des princes et des rois, bien avant De Gaulle. » Les étran­gers le savent « Et la famille royale conti­nue d’incarner la France. Mal­gré les aléas de l’histoire, les trois sont indis­so­lu­ble­ment liés dans leur esprit : le chris­tia­nisme, la France et le roi… »

    Il est vrai que pen­dant des mil­lé­naires, les peuples par­ta­geant la même cité trou­vaient logique de par­ta­ger aus­si la même foi. L’Etat était tenu pour le gar­dien de cette foi com­mune. Cela fut aus­si vrai de l’Egypte et de Rome que de la France d’Ancien Régime, ou de l’Israël biblique. C’est depuis le siècle des Lumières que nous avons une concep­tion contrac­tuelle et non plus fidéiste de la socié­té. C’est ain­si que nous nous condam­nons à ne rien com­prendre à l’Islam moderne, qui reste atta­ché à l’idée que pour vivre bien ensemble il est pré­fé­rable de croire aux mêmes choses et d’avoir les mêmes mœurs.

    Mais reve­nons au Prince. Après l’affirmation de sa convic­tion sur : le chris­tia­nisme, la France et le roi, citons le plus lon­gue­ment car il sou­haite la clar­té de la pensée.

    « Mais disons-le clai­re­ment : la France est d’a­bord un pays chré­tien. Le chris­tia­nisme reste la reli­gion la plus pra­ti­quée dans notre pays. Ce n’est pas non plus une reli­gion par­mi d’autres : nous lui devons ce que nous sommes. Nul ne peut igno­rer cet apport his­to­rique et cultu­rel, lié à son anté­rio­ri­té dans le pays. Bien des dif­fi­cul­tés seront apla­nies si les uns s’en sou­viennent et si les autres I ‘admettent. Encore faut-il qu’il y ait des diri­geants pour le rap­pe­ler. Sinon, les Fran­çais ne relè­ve­ront pas cet héri­tage et nous nous ache­mi­ne­rons vers la com­mu­nau­ta­ri­sa­tion du pays. Mais, étant d’un natu­rel opti­miste, je reste confiant. Il y a à Mar­seille, des écoles catho­liques où 80 % des élèves sont musul­mans. Je conçois que cela puisse poser des pro­blèmes, mais n’est-ce pas aus­si le signe que les musul­mans attendent de la France qu’elle reparle de Dieu ? Mais nous ne conju­re­rons les risques dont je parle qu’en étant sûrs de ce que nous sommes. Le vrai dan­ger, c’est le doute de soi. »

    Le prince nous amène à réflé­chir sur la laï­ci­té. La Répu­blique, en France, se pro­clame laïque : c’est écrit dans la Consti­tu­tion. Son évo­lu­tion I’a conduite, dès 1905, à voter la loi de sépa­ra­tion des Églises et de l’E­tat. Est-ce un acquis dont les héri­tiers de nos rois doivent tenir compte ? Qu’en pense le Prince ?

    Ger­main Phi­lippe (à suivre)

    Pour lire les pré­cé­dentes rubriques de la série «  L’Islam enne­mi n° 1 bis », cli­quer sur les liens.

    1. France, mai­son de la guerre
    2. Mai­son de la trêve et ter­ri­toires per­dus de la République
    3. Impact sur la France de la révo­lu­tion isla­miste de 1979
    4. Les beurs et la kalachnikov
    5. Le plan d’islamisation cultu­relle de la France
    6. Islam radi­cal et bar­ba­rie terroriste
    7. Pas d’amalgame mais complémentarité
    8. Pôle idéo­lo­gique islamiste
    9. Pôle idéo­lo­gique des valeurs républicaines
    10. Face au dji­had cultu­rel : poli­tique d’abord !
    11. Prince chré­tien et immigration-islamisation

    1 Ici uti­li­sé comme les démo­graphes de langue anglaise : « retour dans son pays d’o­ri­gine » par des migrants.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Prince chrétien et laïcité, par Philippe Germain.

    Nous connais­sons main­te­nant les pen­sées du Prince sur l’immigration, l’Islamisation et la France chré­tienne. Il nous faut main­te­nant connaitre sa vision de la laï­ci­té, ce mot incon­nu des autres langues.

    philippe germain.jpg« Sans doute faut-il rap­pe­ler, en pré­am­bule, que la laï­ci­té a fait par­tie du bagage chré­tien dès l’o­ri­gine du chris­tia­nisme. « Ren­dez à César ce qui appar­tient à César, à Dieu ce qui appar­tient à Dieu » : la réponse du Christ aux Pha­ri­siens, qui figure dans les Évan­giles, a tou­jours réglé les rap­ports entre I ‘Église et I ‘État dans le monde chré­tien. Les deux pou­voirs sont dis­tincts. Cela me semble sain : d’un côté le tem­po­rel, de l’autre, le spi­ri­tuel. Il y a d’ailleurs eu des conflits, par­fois vio­lents, entre le royaume de France et la papau­té, I ‘un ten­tant d’im­po­ser à I ‘autre sa volon­té. On se sou­vient encore de la que­relle oppo­sant, à la fin du XIIIe siècle, le pape Boni­face VIII à Phi­lippe le Bel, qui se déclare « empe­reur en son propre royaume ». La Prag­ma­tique Sanc­tion de Bourges pro­mul­guée par Charles VII en 1438 puis le Concor­dat de 1516 confirment le gal­li­ca­nisme royal. En 1682, la Décla­ra­tion des quatre articles rédi­gés par Bos­suet pro­clame l’in­dé­pen­dance du roi « dans les choses tem­po­relles ». Mais ne nous mépre­nons pas ! Cette dis­tinc­tion ne signi­fie pas que le roi ignore l’en­sei­gne­ment de l’É­glise. Au contraire, le sou­ve­rain se com­porte en roi « très chré­tien » : il ne s’a­git pas de renier la foi, mais seule­ment d’af­fir­mer son auto­ri­té sur la conduite des affaires du pays.

    Tout autre est le pro­jet de la III° Répu­blique. Jules Fer­ry dit vou­loir « orga­ni­ser I ‘huma­ni­té sans roi et sans Dieu » … C’est dans ce contexte de pas­sions qu’est votée la loi de sépa­ra­tion des Églises et de l’E­tat. Nous sommes bien loin de la laï­ci­té telle que la conce­vaient l’É­glise et les rois de France : il s’a­git d’une laï­ci­té de com­bat, d’une idéo­lo­gie qui, dans ses ultimes déve­lop­pe­ments, inter­dit l’ex­pres­sion publique de la foi. …Et je déplore que res­sur­gisse pério­di­que­ment une laï­ci­té éton­nam­ment agres­sive dont les croyants, en géné­ral, et les chré­tiens, en par­ti­cu­lier, conti­nuent de souffrir ».

    Et, ose­rions nous dire, le prince nous semble faire de l’empirisme orga­ni­sa­teur en uti­li­sant l’Histoire de France, comme un réser­voir d’expériences pour ser­vir le pré­sent. Citons-le lon­gue­ment sur ce qu’il nomme sa « laï­ci­té pragmatique ».

    « Hen­ri IV reste dans la mémoire des Fran­çais comme I ‘homme de la récon­ci­lia­tion. L’É­tat se fait le garant de la paix civile en don­nant aux pro­tes­tants la pos­si­bi­li­té de pra­ti­quer leur culte, pour­vu qu’ils res­pectent les termes de l’é­dit. C’est donc un édit de paci­fi­ca­tion et de tolé­rance qui orga­nise les rela­tions entre I ‘Etat, les catho­liques et les pro­tes­tants dans I ‘inté­rêt du pays. Ce texte peut donc être consi­dé­ré comme l’une des sources de notre laï­ci­té « pragmatique ».

    « Est-ce encore pos­sible aujourd’­hui ? Il existe désor­mais en France de nom­breuses com­mu­nau­tés étran­gères ou d’o­ri­gine étran­gère qui ne font pas la dis­tinc­tion entre le tem­po­rel et le spi­ri­tuel. Nous n’a­vons pas non plus, chré­tiens, juifs et musul­mans, la même concep­tion de la loi. C’est une dif­fi­cul­té qu’il ne faut pas se dis­si­mu­ler si nous vou­lons conju­rer le risque de frag­men­ta­tion du pays. Je ne peux pas me rési­gner à I ‘idée que la France ne soit rien d’autre qu’une jux­ta­po­si­tion de com­mu­nau­tés. Com­ment l’é­vi­ter ? La laï­ci­té de l’É­tat, que je dis­tin­gue­rai d’un laï­cisme idéo­lo­gique et bel­li­queux, est une pre­mière réponse. En garan­tis­sant la liber­té des cultes, elle appelle toutes les confes­sions à faire preuve de res­pon­sa­bi­li­té en tra­vaillant dans I ‘inté­rêt géné­ral et pour le bien com­mun – ce qui leur inter­dit de ver­ser dans I ‘excès. Il est du devoir des pou­voirs publics de s’op­po­ser à toute forme de vio­lence uti­li­sée pour impo­ser auto­ri­tai­re­ment ses idées ou ses convic­tions religieuses.

    « Pour autant, je ne crois pas qu’il suf­fise d’af­fir­mer la laï­ci­té de l’É­tat pour don­ner à cha­cun I ‘envie de par­ti­ci­per à I ‘aven­ture natio­nale, quelle que soit son ori­gine. Là encore, il revient aux chré­tiens de mon­trer l’exemple. La France doit être fidèle aux pro­messes de son bap­tême pour être res­pec­tée dans le monde et par tous ceux qui sont venus y vivre. Si nous déni­grons notre his­toire, si nous renions notre voca­tion, si nous n’é­prou­vons pas la fier­té d’être Fran­çais, pour­quoi des étran­gers adop­te­raient-ils nos lois et nos cou­tumes ? Com­ment leur faire aimer la France si nous ne I ‘aimons plus nous-mêmes ? »

    Certes ce n’est pas un pro­gramme. La Monar­chie n’est pas un par­ti. Ceci rap­pe­lé, cela res­semble bigre­ment à des orien­ta­tions poli­tiques pour une nou­velle « aven­ture natio­nale ». Alors oui, plein d’espérance, lais­sons-nous aller avec Ber­na­nos consi­dé­rant qu’un roi, c’est « un homme à che­val qui n’a pas peur ». Même si cette belle défi­ni­tion du vieux came­lot du roi, n’est pas le tra­cé du qua­dri­la­tère maur­ras­sien, nous la fai­sons notre.

    La France est devant une alter­na­tive ; laquelle ?

    Ger­main Phi­lippe (à suivre)

    7.jpg

    Pour lire les pré­cé­dentes rubriques de la série « L’Islam enne­mi n° 1 bis », cli­quer sur les liens.

    1. France,  mai­son de la guerre
    2. Mai­son de la trêve et ter­ri­toires per­dus de la République
    3. Impact sur la France de la révo­lu­tion isla­miste de 1979
    4. Les beurs et la kalachnikov
    5. Le plan d’islamisation cultu­relle de la France
    6. Islam radi­cal et bar­ba­rie terroriste
    7. Pas d’amalgame mais complémentarité
    8. Pôle idéo­lo­gique islamiste
    9. Pôle idéo­lo­gique des valeurs républicaines
    10. Face au dji­had cultu­rel : poli­tique d’abord !
    11. Prince chré­tien et immigration-islamisation
    12. Le Prince et la France chrétienne

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Balayons le défaitisme démocrate, par Philippe Germain.

    Il nous faut main­te­nant balayer le second argu­ment défai­tiste répan­du au sein du pôle « catho­lique et fran­çais toujours ».

    Il joue sur la note démo­crate du « cli­quet » et s’exprime de la façon sui­vante : « Il serait contre­pro­duc­tif de s’en prendre à la laï­ci­té répu­bli­caine car pour la très grande majo­ri­té des Fran­çais elle est un fait acquis ».

    philippe germain.jpgEffec­ti­ve­ment, si le pôle « catho­lique et fran­çais tou­jours » admet volon­tiers l’intérêt de consti­tuer un état d’esprit monar­chiste, l’entente est donc loin d’être acquise sur la remise en cause de la laï­ci­té répu­bli­caine. L’objection vient des esprits dési­reux de faire montre de bon sens et de modé­ra­tion. A l’inverse, les maur­ras­siens jugent qu’il n’est pas tout à fait sage de l’être trop. Alors reve­nons sur la laï­ci­té et sa soli­di­té dans les têtes françaises.

    • Les termes  laï­ci­té, laï­ci­ser, laï­cisme, laï­ci­sa­tion appa­raissent en 1871 car une nou­velle géné­ra­tion répu­bli­caine, anti­chré­tienne, posi­ti­viste et scien­tiste, oppose  la  rai­son  au catho­li­cisme. Elle joue sur les mots car le terme laïc dési­gnait le peuple chré­tien. Ce concept va lui per­mettre de construire la IIIème Répu­blique par des mesures chris­tia­no­phobes. Faut-il en énu­mé­rer ? En 1879, la Com­mis­sion des Hos­pices et des Bureaux de bien­fai­sance est laï­ci­sée ; en 1880, le repos domi­ni­cal obli­ga­toire est sup­pri­mé ; en 1881, les hôpi­taux et cime­tières son laï­ci­sés ; en 1882, l’enseignement reli­gieux est inter­dit dans les écoles publiques ; en 1884, les aumô­ne­ries mili­taires sont sup­pri­mées ;  en 1886, les reli­gieux sont inter­dits d’enseignement dans les écoles publiques ; en 1900 le ministre de la Guerre, orga­nise un sys­tème de déla­tion des offi­ciers « qui assistent à la messe » ; en 1903 plus de 400 congré­ga­tions sont inter­dites ; en 1904 les congré­ga­nistes n’ont plus le droit d’en­sei­gner et plus de 2.500 écoles reli­gieuses doivent fer­mer ; en 1905 la loi de sépa­ra­tion de l’Église et de l’État est votée ; en 1906 ce laï­cisme sou­met les biens des 70.000 églises à des inven­taires en uti­li­sant l’Armée.

     

    • Fina­le­ment la guerre de 14 – 18 intègre les catho­liques dans la Répu­blique. Sur­tout  la défaite du nazisme per­met à la laï­ci­té de se poser comme son rival et vain­queur et en1946 elle devient consti­tu­tion­nelle. La IVème  Répu­blique s’affirme d’abord indi­vi­sible, puis laïque, ensuite démo­cra­tique et enfin sociale. La laï­ci­té devient la reli­gion d’État, une reli­gion de sub­sti­tu­tion. C’est un dogme moderne, une affir­ma­tion infon­dée, pos­tu­lée, mais indis­cu­table. On ne jus­ti­fie pas la laï­ci­té mais on la défend.

     

    • Face à une Église en crise depuis Vati­can II, la laï­ci­té semble s’apaiser jus­qu’à 1989, ou l’Islamisation est expo­sée au grand jour par l’affaire des fou­lards de Creil. La laï­ci­té est en situa­tion de blo­cage. Et oui, cette reli­gion d’État étant la seule vraie,  elle ne tolère les autres que  dans la mesure où elles ne menacent pas la véri­té laï­ciste. Allez donc faire com­prendre cela aux musul­mans. La laï­ci­té répu­bli­caine devient LE pro­blème de la France. A la fois pour les fau­cons du laï­cisme (les catho­liques ont bien plié, pour­quoi pas les maho­mé­tans ?) mais aus­si pour les colombes laï­cistes du mul­ti­cul­tu­rel (il nous faut des voix !) car mal­gré la dif­fé­rence de méthodes, fau­cons et colombes laï­cistes visent le même but : le rejet du reli­gieux dans le domaine pri­vé des indi­vi­dus. Impos­sible pour un musulman.

    A l’issu de ces trois grandes étapes, « Dans un contexte natio­nal mar­qué par des débats ani­més et par­fois vio­lents sur la laï­ci­té », pour l’Observatoire de la laï­ci­té « il appa­raît néces­saire de recueillir régu­liè­re­ment l’opinion des Fran­çais sur la laï­ci­té ». Que voi­là un bien étrange sou­ci pour une laï­ci­té répu­bli­caine qui serait consi­dé­rée comme un fait acquis car pour la très grande majo­ri­té des français.

    Que révèle l’enquête de 2020 ?

    • Que la laï­ci­té répu­bli­caine est un prin­cipe de mieux en mieux com­pris mais… mais que des cli­vages géné­ra­tion­nels per­sistent quant à sa connais­sance et à son atta­che­ment. Tra­dui­sons, la laï­ci­té est sur­tout com­prise des papy-boo­mers pas­sés par le pilon­nage des cours d’instruction civique de l’école « à la Jules Fer­ry » des années 1945 – 1965. La com­pré­hen­sion des jeunes elle, a bais­sée de 10% dans la seule année 2019 !

     

    • Pas­sons sobre­ment sur le fait qu’« une large majo­ri­té (68%) la juge comme « ins­tru­men­ta­li­sée par les per­son­na­li­tés poli­tiques ». Ah bon ?

     

    • C’est sur­tout la conclu­sion finale qui mérite l’attention des « rai­son­nables » du pôle  « catho­lique et fran­çais tou­jours » : «  seule une mino­ri­té de Fran­çais estiment que « la laï­ci­té, en pra­tique, est un prin­cipe qui ras­semble ». En logique pro­po­si­tion­nelle cela se tra­duit par : une majo­ri­té de fran­çais estime que la laï­ci­té est un prin­cipe divi­seur ! Et boum, comme elle est crue la réalité.

    Alors oui, c’est vrai il est sou­vent repro­ché à l’Action fran­çaise de consi­dé­rer que sa force prin­ci­pale est d’avoir rai­son. Et on a par­fois rai­son, mais en l’occurrence sur les argu­ments que lui opposent les « gens sérieux » du pole idéo­lo­gique « catho­lique et fran­çais tou­jours », la série des échecs dans la créa­tion d’institutions repré­sen­ta­tives per­met­tant de diluer l’Islam dans la laï­ci­té ain­si que la per­cep­tion de l’opinion publique sur le reli­gion d’État, confirment bien la cré­di­bi­li­té de l’analyse de l’Action fran­çaise. A elle de convaincre les meilleurs élé­ments du pôle « catho­lique et fran­çais tou­jours » que le seul dilemme qui se pose est : L’Islamisation ou la monar­chie populaire.

    Ger­main Phi­lippe (à suivre)

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    1. France,  mai­son de la guerre
    2. Mai­son de la trêve et ter­ri­toires per­dus de la République
    3. Impact sur la France de la révo­lu­tion isla­miste de 1979
    4. Les beurs et la kalachnikov
    5. Le plan d’islamisation cultu­relle de la France
    6. Islam radi­cal et bar­ba­rie terroriste
    7. Pas d’amalgame mais complémentarité
    8. Pôle idéo­lo­gique islamiste
    9. Pôle idéo­lo­gique des valeurs républicaines
    10. Face au dji­had cultu­rel : poli­tique d’abord !
    11. Prince chré­tien et immi­gra­tion islamisation
    12. Le Prince et la France chrétienne
    13. Le Prince chré­tien et la laïcité
    14. balayons le défai­tisme républicain

    Source : https://www.actionfrancaise.net/