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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Égypte : Islamisation ou chaos. Ou les deux. (I/III)

    Une date et un lieu : 17 décembre 2010, Sidi Bouzid, Tunisie. Le suicide par le feu d’un jeune diplômé au chômage se débattant dans sa misère. Et le début d’une série de soulèvements propagés de manière inattendue. L’orientaliste Antoine Sfeir y va d’un brin d’humour : "Hosni Moubarak arrive au paradis, où il rencontre Nasser et Sadate ; les deux lui demandent : "kalachnikov ? poignard ? poison ?", et Moubarak de répondre "Non, Facebook …".

    Nous l’avons déjà écrit à de nombreuses reprises, il n’y a aucune unicité de motivations dans les révoltes des peuples arabes contre des présidents prédateurs à bout de souffle. Il faut exclure le cas de la Libye, pays très riche et peu peuplé, où s’est déclenché un soulèvement tribal, Cyrénaïque contre Tripolitaine, et trois pays occidentaux intervenant sous un prétexte très fallacieux sans considération pour la suite et les prolongements en dehors des frontières, en arrachant une résolution à l’ONU, d’ailleurs largement contournée (la 1973, du 17 Mars 2011). 

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    En relisant ce que la presse, française en particulier, a répandu selon un plagiat désormais formalisé et atterrant, on mesure aujourd’hui ce qu’est l' "’hiver des journalistes", selon le professeur Frédéric Pichon. Jusqu’à cet ancien des Services Spéciaux français, se présentant comme un grand spécialiste des pays arabes, dans les quelques salles de rédaction et conférences où il se fait inviter, pour promouvoir les notions, pêchées dans sa loge maçonnique, de laïcité, démocratie, et autres Lumières de Voltaire. Autant de prescriptions étrangères à l’islam, et oubliés les anciens officiers des affaires militaires musulmanes et les anciens de l’EFOM. Antoine Sfeir intitule un de ses derniers Cahiers d’Orient (N° 109), "Révolutions arabes, suite sans fin …". Très loin du "printemps arabe", dont on se demande ce que les créateurs de la formule pouvaient bien y mettre. 

    L’Égypte, qui suffoquait sous un état d’urgence totalement anachronique, et dans une société civile bloquée, ne pouvait pas laisser passer l’aubaine de faire venir les caméras et les journaux occidentaux. Mais une fois dispersé (et presqu’oublié) le rassemblement, en définitive marginal, de la place Tahir, comment vit ce pays de 85 millions d’habitants, sur un espace géographique inextensible, à la démographie incontrôlée et incontrôlable, et aux ressources identifiées limitées ? En Égypte la démographie est un frein majeur au développement économique. En effet si ces 85 millions d'habitants se répartissent sur un peu plus d'1 million de km2, près de 90% d'entre eux sont concentrés le long du Nil, projetant ainsi la part de densité réelle de population à 2.000 habitants par km, l’une des plus fortes du monde. La population a été multipliée par 3,5 en 50 ans, conduisant certains économistes à comparer la démographie égyptienne à la huitième plaie de l’Égypte selon Exode 10, les sauterelles. Cette démographie galopante se traduit par un accroissement de la population de 2,03 % par an, soit autour de 1,6 millions de plus chaque année. La moitié de la population a moins de 24 ans. 

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    Ce furent des émeutes de la misère, bien avant une volonté de prendre le pouvoir. Et certaines formulations statistiques sont très malvenues. Dire ainsi que 50 % de la population vit avec moins de 2 US$ par jour, peut masquer que l’on parle de 40 millions d’habitants, et que ce sont 10 % des plus aisés (8 millions) qui captent 30% des richesses. Soulignons aussi que le soulèvement ne prit une certaine ampleur que dans le centre du Caire, marginalement à Alexandrie, et nullement dans le reste du pays.

    Béligh Nabli chercheur à l’IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques) a établi une liste fort juste des plaies d’aujourd’hui, outre le poids démographique :

    -   L’accroissement des inégalités sociales

    -   La corruption

    -   La dépendance de l’économie nationale

    -   La dépendance alimentaire

    -   Un système d’éducation défaillant

    -   Le blocage institutionnel

    -   Sentiment d’une révolution confisquée

    -   Et au bout du chemin, le spectre d’un régime autoritaire et religieux !

    Rappelons ce que furent les évènements politiques depuis l’explosion populaire de Janvier 2011, soit depuis deux ans :

    * Premier référendum (mars 2011);

    * Une législative (janvier 2012);

    * En juin 2012 a eu lieu une élection présidentielle qui a porté au pouvoir le candidat des Frères musulmans, Mohamed Morsi, élu avec 51,6 % des voix contre son adversaire Ahmed Chafik, ancien ministre de Moubarak. Le 22 novembre 2012, Morsi promulgue une déclaration constitutionnelle qui lui confère la possibilité de légiférer par décret et d'annuler des décisions de justice déjà en cours. En réaction, des manifestations de plusieurs milliers de personnes ont lieu dans le pays, rassemblant en particulier des militants se définissant comme des "défenseurs du principe de laïcité". Le 9 décembre 2012, pour prendre de court les contestations, il annonce qu'il soumet le projet de constitution à référendum. 

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    Ahmed Chafik (à gauche), battu par Mohamed Morsi (à droite)... 

     

    * Second referendum constitutionnel, Décembre 2012. 

    Les mieux disposés des observateurs voient une instabilité durable, les plus pessimistes une guerre civile, ce qui est plus incertain car peu dans la "tradition" du pays.

    Nous reproduisons in extenso une partie d’une analyse de Bernard LUGAN, du 7 Décembre 2012 :

    "S’il n’est pas question d’annoncer le résultat de la partie qui se joue sous nos yeux, il est cependant possible d’identifier les acteurs qui ont pris place autour du tapis car la vie politique égyptienne est organisée autour de quatre grandes forces : 

    - La première, celle qui a provoqué le départ du président Moubarak est composée de citadins, de gens qui mangent à leur faim, de "privilégiés" qui ont pu s’offrir le luxe de revendiquer la démocratie sous les gloussements de bonheur des médias internationaux.

    - La seconde est celle des islamistes, dont les Frères musulmans. Pourchassée depuis des décennies cette force a commencé par s’abriter derrière les "idiots utiles" du premier groupe. Elle s’est ainsi peu à peu réintroduite sur l’échiquier politique pour finir par s’imposer.

    - La troisième force est la plus discrète. C’est celle qui vit dans les banlieues défavorisés, loin de l’hôtel Hilton, quartier général des journalistes "baroudeurs" et donneurs de leçons, ou dans les misérables villages de la vallée du Nil, loin des yeux des touristes. C’est celle des fellahs besogneux, de ce petit peuple « nassérien » au patriotisme à fleur de peau qui exècre à la fois la bourgeoisie cosmopolite lorgnant du côté de Washington et les barbus qui voudraient ramener l’Égypte au Xème siècle.

    - La quatrième force est l’armée dont l’encadrement est coupé en trois : un état-major composé de vieillards soldés par Washington, une fraction islamiste difficile à cerner numériquement et une majorité composée d’officiers et de sous-officiers nationalistes ayant pour modèle le colonel Nasser." 

    Dans le prolongement de cette analyse didactique et pertinente, nous complèterions avec une autre photographie des communautés qui se côtoient dans une société qui s’est progressivement fragmentée pour aboutir aujourd’hui à une accumulation de profondes cassures. (à suivre). 

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  • Libérer les enfants de l'idéologie...

                Un internaute (ou une...) nous écrit à propos de plusieurs de nos notes sur l'Education. Pour résumer, il (ou elle) nous demande de préciser notre critique du système scolaire actuel, et pourquoi nous parlons de gâchis à propos des collèges et lycées, et pourquoi nous trouvons qu'il y a trop d'élèves....

                Cela fait beaucoup de questions, mais nous allons essayer d'apporter, sinon une réponse, du moins un peu de clarté là-dedans : le sujet en vaut la peine.....

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              Un des plus grands scandales de notre siècle, qui n'en manque pas, est celui-ci: des milliers, des dizaines de milliers d'enfants sont malheureux en France ! Et où, et pourquoi, sont-ils malheureux ? A l'École, tout simplement ! 

              On les oblige à y rester alors qu'ils n'en ont pas l'envie, pour les uns, et que leurs compétences, qui leur permettraient de se mettre enfin en valeur, sont ailleurs, pour les autres ! Qui ça "on" ? Le système, qui prétend au nom d'un égalitarisme stupide et idéologique mettre tous les enfants sur le même pied, croyant qu'on obtiendra par là l'utopique égalité, alors qu'on ne fera que broyer ceux qui, précisément, ne brilleront et ne s'accompliront que lorsqu'on leur permettra de voler de leurs propres ailes, dans le domaine qu'ils ont librement choisi.... 

              A partir de 14 ans (alors que la scolarité est obligatoire jusqu'à seize ans, aujourd'hui...) pour celles et ceux qui en ont le goût et les aptitudes, il faut permettre aux jeunes de quitter l'enseignement général, trop théorique pour eux, et d'apprendre leur métier, dans lequel ils pourront s'illustrer; nos voisins allemands ont beaucoup plus développé que nous l'apprentissage, et ils s'en portent mieux: en France, c'est interdit ou très mal vu, et en tout cas, contrecarré par tous les moyens : les timides ouvertures qu'avait lançé un Gilles de Robien ont été, de fait, suspendues...

              Les parents laissent faire, mi flattés mi trompés par ces idéologues doctrinaires qui dirigent le Ministère de l'Éducation et qui, en fait, méprisent le travail manuel et idolâtrent l'abstraction... L'État républicain idéologique se ruine - et ruine la France - avec un budget en constante augmentation alors que l'éducation véritable se porte de plus en plus mal. Pourquoi dépenser tant d'argent, et toujours de plus en plus, alors que tant de jeunes, et toujours de plus en plus, sortent du système scolaire sans diplôme et sans vraie formation ? 

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              Les cuistres pédagogistes du Ministère ou qui l'inspirent (le plus bel exemple étant Philippe Mérieux, ci-dessus....) défendent en fait leur fonds de commerce, et se fichent bien pas mal de massacrer intellectuellement des générations d'enfants.... Et les syndicats les appuient, dans une alliance de fait qui tourne au sordide quand on sait que, pratiquement, ils sont partie prenante dans la gestion de ces fameux moyens qu'ils demandent sans cesse, et qu'on finit toujours par leur accorder: plus d'élèves, c'est forcément plus de budget, et comme ils le gèrent, ou le co-gèrent...

              C'est sordide, mais c'est aussi simple que cela.....

              Le hic, c'est que tout le monde est perdant: l'économie française, le système scolaire, le niveau culturel du pays et... les enfants: ils perdent trois, quatre, cinq ans, ou plus, à traîner au fond des salles de classe, perdant leurs meilleures années, pendant lesquelles ils ne demanderaient qu'à acquérir une formation, et prenant au contraire de mauvaises habitudes, parfois irréversibles...

              Le système actuel "mal traite" d'une façon socialement admise des êtres sans défense, les enfants, qui n'ont pas la force de s'opposer à cela... Or, même s'ils sont enfants, on doit les respecter; on doit respecter leurs choix, leurs goûts, leurs envies... et on ne le fait pas, en les considérant simplement comme une machine à apprendre. Ce qui est d'ailleurs l'une des raisons du nombre important de stress, de mal-être, de déprimes, pouvant aller jusqu'au suicide, chez les jeunes: imagine-ton les souffrances d'un enfant qui, de septembre à juin, se ramasse des 1, des 2 ou des 3 à tous ses devoirs ? et les moqueries qu'il endure de ses camarades car, on le sait bien depuis La Fontaine, "cet âge est sans pitié"...

              Oui, le système actuel "mal traite" d'une façon socialement admise, établie et réglementée, les enfants... Les problèmes viendront après: absentéisme, échec scolaire, délinquance, chômage, violences, suicides...

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               Une grande partie de ces problèmes seraient évités si le système commençait à les respecter, en leur offrant par exemple autre chose qu'une désolante uniformité de traitement (on dit de cursus, pour faire bien, chez les jargonautes...).

                Nos voisins allemands ont plus d'un million d'apprentis (chez nous, on tourne autour de 200.000, chiffre stable depuis des lustres, forcèment, puisqu'on fait tout pour qu'il n'augmente pas), mais ils ont moins de chômage, et leur économie est plus florissante que la nôtre : l'une des raisons de leur meilleure santé, et du fait que la nôtre est plus mauvaise, tient précisément à notre système scolaire, aberrant car idéologique.....     

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  • Idées : ”Un roi, sinon rien”, dans ”Valeurs actuelles” et, dans ”La Libre Belgique”, L’élection présidentielle ou la nos

            Hier, nous avons passé la vidéo d'Hilaire de Crémiers, sur l'élection présidentielle en cours. Aujourd'hui, pour prolonger la réflexion, c'est dans Valeurs actuelles et dans La Libre Belgique que nous trouverons de la matière...

            Voici d'abord le lien permettant d'accéder à l'article de Valeurs actuelles : http://www.valeursactuelles.com/actualités/politique/un-roi-sinon-rien20120502.html

            Et le texte de l'article de Robert Redeker :

            "Voulue par le général de Gaulle, l’élection du chef de l’Etat au suffrage universel direct est une REDEKER.JPGsingulière institution. Deux inconvénients majeurs la caractérisent.

            D’une part, elle contraint à une sorte de campagne électorale permanente, mettant en danger la visée de la longue durée pourtant essentielle à la politique.

            D’autre part elle incite les électeurs à s’intéresser à la personnalité des candidats plutôt qu’à leurs idées ou programmes, ce qui contrevient à l’idée démocratique. Les élections législatives sont plus démocratiques que l’élection présidentielle, car moins personnalisées, plus idéologiques.

            Malgré tout, cette ambigüité démocratique révèle la sagesse politique de la constitution de la Vème République et explique sa pérennité.

            Cette élection répare un drame historique – qu’une monarchie constitutionnelle ait été impossible en France, du fait de son échec dans les deux premières années de la Révolution. Ce qui n’a pas été possible avec Louis XVI, la Vème République le construit en apportant trois correctifs : c’est le peuple qui élit non le Roi mais son substitut imaginaire, cette magistrature n’est plus héréditaire, et enfin elle est limitée dans le temps. Le Président occupe la place qui fut autrefois celle du Roi. Le vide de cette place est aussi insupportable au peuple français que de regarder le soleil ou la mort en face. En réalité, le Président est à la fois le corps du roi reconstitué, et le remords du régicide. Le Roi a été mis à mort par le peuple, certes – mais sa place ne peut rester vide.
     
            Affirmer que le Président représente les Français est une erreur. La représentation se différencie de la figuration. Le Président est l’homme dans lequel la France et les Français se figurent, dans une unité. Ainsi, une caractéristique rapproche le Président du Roi : le Président ne représente pas les Français, il figure la France ! L’Assemblée nationale représente les Français, le Président figure leur nation. Il est le personnage dans lequel la France se figure, se voit et se mire comme une personne vivante dotée d’une unité. Il est aussi le miroir qui reconstitue en une unité, la nation, l’infinie diversité du peuple. «  La France est une personne », a dit Michelet. Mais elle ne peut l’être que par la médiation unificatrice d’une figure, le Roi ou le Président. Les dizaines de millions de citoyens sur le territoire savent qu’ils forment une nation s’étant hissée au rang de personne, la France, parce qu’ils voient cette unité nationale apparaître sur le visage et le corps d’une personne en chair et en os, le Président. Voyons en lui la personne de chair et d’os qui permet à une autre personne, la France, impalpable de se donner un visage. Le slogan employé par François Mitterrand en 1988, « La France unie » exprime la compréhension la plus profonde et la plus accomplie de la réalité politique de notre pays.
     
            Être Président n’est pas une fonction, c’est un rôle. Être Roi, c’était un rôle. La députation est une fonction, celle de la représentation du peuple français dans ses divisions, sa diversité, ses oppositions. La démocratie se doit d’exalter ces oppositions. La notion de fonction renvoie à celle de machine – la société est une machine. Mais la présidence, à l’image de la royauté de jadis, est un rôle, celui de la figuration de l’unité de la nation, à travers un homme ou une femme. L’idée de rôle renvoie à celle à celle de personne – la nation est une personne. Il est vrai que la députation exprime la société, dans ses différences, tandis que la présidence exprime la nation, dans son identité.
     
            Le Président de la République n’est donc ni le chef, ni le guide, ni le président d’une  société anonyme à but commercial, ni un VRP de luxe lors des voyages à l’étranger. L’exception française n’est pas là où on la voit d’habitude. Elle est dans la continuité entre l’Ancien régime et la République que le rôle présidentiel assure sous la double forme de la figuration et du remords. L’identité de la France se trouve résumée et concentrée dans cette continuité transhistorique dont le Président est à la fois le garant et le gardien. L’élection présidentielle suture les deux France, celle d’autrefois, la France d’ancien régime, et celle d’aujourd’hui, la France républicaine.  Elle est la nostalgie républicaine de la monarchie."
     
     
    Article paru dans La libre Belgique du 21 avril 2012la libre belgique.jpg
  • ”Sarkozy le paiera !”. A l'image des idéologues de tout poil, bobos et autres trotskos, Rocard est remonté contre Sarko.

                 On avait connu Michel Rocard plus mesuré. Le voilà qui dénonce avec virulence - dans Marianne du 6 août - les dernières mesures annoncées par Nicolas Sarkozy sur la sécurité.

                "La loi sur les mineurs délinquants passe de la responsabilité pénale individuelle à la responsabilité collective. On n'avait pas vu ça depuis Vichy, on n'avait pas vu ça depuis les nazis".

                Les nazis ? Bigre !

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    Vichy, les nazis... Rien que çà !
    Qui a dit "Tout ce qui est excessif est insignifiant" ?.....

                L'ex Premier ministre socialiste dénonce aussi le retrait annoncé de la nationalité aux Français d'origine étrangère condamnés pour atteintes à la vie d'un policier ou d'un gendarme et se dit persuadé que le texte sera retoqué par le Conseil d'Etat et le Conseil constitutionnel :

                "Je dis qu'il le paiera et qu'il l'aura mérité", déclare celui qui s'est vu confier plusieurs missions par le chef de l'Etat.

                Bon, on laissera évidemment Michel Rocard à ses propos martiaux. Et, semble-t-il, fort éloignés des préoccupations des français. Semble-t-il car, à la lecture des sondages, on dirait qu'il prend de gros risques. De coupure avec le Pays réel.

                Certes, nous ne sommes pas des fanatiques des sondages. Et nous ne les prenons que pour ce qu'ils sont : un élément d'information, parmi beaucoup d'autres, et pas forcément le plus crédible. Mais ils existent, et il faut savoir, de temps en temps, jeter un oeil dessus....  

                En voici justement un, de sondage, relayé par Le Point (Rocard y a-t-il jeté un oeil ?...):

    http://www.lepoint.fr/les-annonces-de-nicolas-sarkozy-sur-la-securite-plebiscitees-05-08-2010-1222560_19.php

    sarkozy-quitte-l-hotel-de police de grenoble apres une rencontre avec les policiers locaux 2010.jpg
    Nicolas Sarkozy quitte l'Hôtel de Police de Grenoble,
    après une rencontre avec les policiers locaux

     

                   Les principales mesures gouvernementales pour lutter contre l'insécurité apparaissent largement plébiscitées par les Français, recueillant entre 55% et 89% d'opinions favorables selon les propositions. Le consensus semble transcender assez largement les tranches d'âge, appartenances sociales ou préférences politiques affichées.

                    Ainsi, 80% des sondés se sont dits favorables au retrait de la nationalité française pour les personnes d'origine étrangère coupables de polygamie ou d'excision, et 70% pour les délinquants d'origine étrangère "en cas d'atteinte à  la vie d'un policier ou d'un gendarme".

                    Parmi les différentes mesures soumises aux personnes interrogées, celle qui recueille la plus forte adhésion (89%) est le port du bracelet électronique, pour les délinquants multirécidivistes, pendant plusieurs années après la fin de leur peine. A l'inverse, c'est la proposition d'une condamnation à 2 ans de prison des parents de mineurs délinquants qui recueille le moins d'opinions favorables, même si tout de même 55% des Français l'approuvent. Cette proposition a été  avancée par Eric Ciotti, secrétaire national de l'UMP en charge de la sécurité.

                    Le démantèlement des camps illégaux de Roms et de gens du voyage est plébiscité par 79% des personnes interrogées et l'instauration d'une peine incompressible de 30 ans de prison pour les assassins de policiers et de gendarmes par 80% des sondés. Enfin, 67% des Français sont favorables à la mise en place de 60.000 caméras  de vidéosurveillance d'ici à 2012....

     

                     Question : à quoi sert-il, comme le fait Rocard - et comme le font tant d'autres... - de rester aveugle à ce point aux réactions des gens, et de tourner ainsi le dos au principe de réalité le plus élémentaire ?

     

                     Idéologie, quand tu nous tiens !.....

     

                   

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  • Nouvelles du blog : de la semaine écoulée à celle qui vient....

                Voici samedi: c'est le moment de notre rendez-vous hebdomadaire, au cours duquel nous vous donnons quelques informations sur la vie de votre Blog.

                Comme nous l'espérions la semaine dernière, le nombre de visiteurs unique -et celui des pages consultées- a connu un nouveau bond en avant pendant le mois de mai. La tendance se confirme pour les tous premiers jours de juin, qui marquent une stabilité des visites mais une légère hausse des visiteurs uniques et des pages consultées. Rendez-vous à la fin du mois (et chaque semaine...) pour savoir ce qu'il en aura été....

     

              Vous trouverez la semaine prochaine, dans la Catégorie "Vidéo / Audio / Conférences", les trois liens qui vous permettront d'entendre Gérard Leclerc parler de Benoît XVI et de son "pontificat de l'intelligence".... En attendant, voici ce que vous trouverez cette semaine (sauf si des imprévus, liés à l'actualité, font déplacer une ou deux notes....).

                Dans la Catégorie Ainsi va le monde, un petit sourire dimanche (détendons-nous un peu, de temps en temps...), avant de relever, lundi, le sophisme de J.M Baylet sur l'intégration de la Turquie; mardi, nous lirons les quelques mots pas tendres du tout dont l'ultra gauche Coupat a gratifié l'autre ultra gauche Besancenot : ambiance !...; mercredi nous lirons d'autres propos, fort différents, du fondateur de la Communauté Sant'Egidio, Andréa Riccardi, sur la crise, le pape, l'Homme...; et jeudi, vendredi et samedi, nous verrons de courts extraits de déclarations de Michel Godet sur la crise des Universités, en particulier, et de l'enseignement, en général : du grand bon sens.....

                Pour ce qui est des notes longues, nous verrons, lundi, comment la Russie a réhabilité Nicolas II et refermé sa page marxiste-léniniste (selon le mot de de Gaulle, la Russie a bu la révolution comme le buvard boit l'encre...). La vague révolutionnaire, née à Paris, a submergé jusqu'aux extrémités de la terre. Voici maintenant qu'elle reflue, la révolution étant morte: nul doute que ce mouvement ne touche enfin le point de départ du séisme lui-même, même si c'est bien long. Un jour, n'en doutons pas, ce sera Louis XVI qui sera réhabilité.... Lundi, justement, jour anniversaire de la mort de Louis XVII, nous évoquerons Les Rois martyrs : Louis XVI et Louis XVII. Nous n'aurons pas trop de trois notes -mardi, mercredi et jeudi- pour voir comment Darcos a déçu, et nous lui dirons donc "Adieu Darcos !....". Et comme promis, vendredi, nous continuerons notre débat avec nos lecteurs, engagé grâce à la question d'Ariane "Les expulser, oui, mais pour où ?...": nous étudierons le précédent historique de l'expulsion générale des Morisques d'Espagne, en 1609, et nous verrons que les similitudes sont profondes, sur l'essentiel, entre la situation de l'Espagne en 1609 et celle de la France aujourd'hui.....

                Enfin, les Ephémérides nous permettront d'évoquer, dimanche, le sacre de louis XIV, et donc de jeter un oeil sur ce règne au cours duquel, comme le disait Voltaire, "non seulement il se faisait de grandes choses... mais encore c'était lui qui les faisait"; lundi, évidemment, la mort ignominieuse de Louis XVII, petit roi massacré (comme son père et sa mère), par la folie idéologique de ceux qui ont posé l'acte fondateur des Totalitarismes modernes; mardi, les victoires de la Grande Armée Catholique et Royale (prise de Saumur) et la fin du Congrès de Vienne (où l'on verra ce qu'a coûté à la France l'aventure napoléonienne...); mercredi, le grand incendie de Chartres, qui ravagea la cathédrale, mais aussi la Terreur mise à l'ordre du jour et, par un saisissant télescopage de dates, la tragédie d'Oradour sur Glane: les nazis n'ont rien inventé et le massacre des Lucs sur Boulogne pendant la Terreur justement, cent cinquante ans avant Oradour, est bien un Oradour avant l'heure; jeudi, la consécration du chevet de la basilique de Saint-Denis, le sacre de Louis XVI et l'héroïque fait d'arme de Bir Hakeim; vendredi, la traversée du Rhin par les armées de Louis XIV et, une trentaine d'années plus tard, la Lettre que celui-ci écrivit à la Nation, épuisée par l'interminable Guerre de Succession d'Espagne; enfin, samedi, avec la fondation par Molière de L'Illustre Théatre, nous évoquerons les sources lointaines de la Comédie Française....

                Bonne semaine sur lafautearousseau, et continuez à nous aider !.... Envoyez des notes à vos amis, envoyez des commentaires, des documents que vous souhaiteriez voir passer, informez-nous des manifestations dont vous aimeriez nous voir rendre compte (avant et après...) etc... etc... Merci d'avance...      

  • ”Vive le Québec Libre” ? Retour sur un aspect du problème québécois...

               Ou comment, à partir d'un "simple" problème d'assimilation, on peut être amené à poser "le" problème institutionnel.....

               "Selon plusieurs démographes, les francophones seront minoritaires à Montréal dans quelques années. Les commerçants asiatiques, hindous ou anglophones sont de plus en plus nombreux à ne parler qu'anglais" (1).

               D'où la réaction de Pauline Marois (chef du Parti Québécois), qui a déposé un projet de loi "d'identité québécoise", prévoyant de conditionner l'obtention de la citoyenneté à la maîtrise du français.

              Pauline Marois affirme traduire ainsi "l'incompréhension" de ses compatriotes, qui "veulent protéger leurs valeurs."(2)          

                Ce projet, en soi, ne semble rien présenter de scandaleux: quoi de plus naturel - pour les Québécois ici, mais on peut étendre le propos à des Écossais, à des Bavarois.... - que de constater le particularisme de leur pays et de vouloir le préserver ? Est-ce si scandaleux que de demander à des immigrants de parler votre langue ? Si ces immigrants sont demandeurs d'une grande faveur, à savoir venir vivre chez vous, puisque chez eux ils sont trop mal pour rester ?

                On a donc affaire, d'un côté, à des immigrants qui demandent à profiter du havre de paix, de tranquillité et de bonheur que les québécois, par leur travail de trois siècles, ont su créer. Et, d'un autre côté, à des québécois qui acceptent les nouveaux venus, et leur demandent juste de parler leur langue, le français. Il semblerait donc qu'il ne doive pas y avoir de difficultés....

               Mais non, l'idéologie va s'en mêler, décrétant qu'il s'agit là d'une horreur absolue, d'une infamie inacceptable ! Exiger la maîtrise de la langue française, c'en est trop pour le fameux camp anti-raciste de la tartufferie organisée, de la mystification à grande échelle, de l'arnaque du siècle... Et l'on va sommer les québécois de ne rien faire et de se taire. C'est à dire, donc, de disparaître à brève échéance. Au nom de cette machine de guerre qu'est le soi-disant anti-racisme gnan-gnan dans sa formulation ("jamais nous n'accepterons au Québec qu'il y ait des citoyens de première et de seconde classe"(3); mais terriblement redoutable dès qu'il s'agit de dynamiter, systématiquement et l'une après l'autre, toutes les communautés historiques de par le vaste monde.....

               Dans cette affaire, il ne s'agit bien évidemment pas du tout de classer les gens en deux catégories (comme voudrait le faire croire le mensonge officiel, la tartufferie des anti-racistes). Il s'agit tout simplement, pour une communauté, de préserver le cadre de vie qu'elle a créé seule, par son travail et ses efforts séculaires. Et de ne pas se voir submerger, dissoudre et diluer par l'arrivée trop rapide et trop nombreuse de personnes n'ayant pas - ou, pire, refusant d'adopter - les moeurs, les coutumes, la langue etc...de la communauté qui a, précisément, crée ce cadre de vie, si enviable qu'il est... envié par les nouveaux arrivants !  

              La dernière phrase de l'article de Ludovic Hirtzmann est pleine d'enseignement. Celui-ci constate que "le Québec francophone est aux anges", mais que le projet de Pauline Marois est "inconstitutionnel". Il en donne la raison : "Il faudrait, pour cela, que le Québec soit un pays." 

              Voilà qui est fort juste, mais aussi fort clair. Et qui a le mérite de bien poser le problème sur l'essentiel: si c'est pour préserver son identité culturelle. si c'est à ce prix  - et à ce prix seul - que le Québec doit rester le Québec, cela ne donne-t-il pas une toute nouvelle, mais aussi une tout autre résonance au "Vive le Québec Libre !".....  ?

    (1): tiré de l'intéressant article de Ludovic Hirtzmann, "Les souverainistes, défenseurs maladroits de l'identité québécoise", Le Figaro, samedi 27/dimanche 28 octobre 2007.

    (2): on sait par exemple que la petite commune d'Herouxville (1300 habitants) a adopté un "code de conduite" à l'intention des immigrants, interdisant le port de la burqa, l'excision, la lapidation ou l'immolation par le feu: est-ce un crime que de ne pas vouloir de ces pratiques?....Ce qui paraît plutôt fou, c'est qu'on en soit "réduit" à les interdire.....

    (3): dixit Jean Charest, premier ministre québécois et, en l'occurence, tartuffe de service.....

  • La Dizaine de MAGISTRO...

            Par-delà le discours dit de droite, dit de gauche ou d'ailleurs, il faut aller à l'essentiel ...
    du (bon) sens et des fondamentaux ... un choix de civilisation !

            MAGISTRO, une tribune libre et indépendante d'information civique et politique.  

            ( Liens : -  http://www.henrihude.fr/ )  


    Chantal DELSOL Membre de l'Institut  Du devoir d’exemplarité  On se demande si nos gouvernants ...
    Ivan RIOUFOL  Journaliste 
    A propos de l'arrestation de DSK  Tout est choquant.
    Denis TILLINAC  Ecrivain 
    Police des mœurs  Laurent Blanc serait-il "raciste" ? ...
    Christine SOURGINS 
    Historienne de l'art  Monumenta est de retour avec Léviathan !  Le monstre biblique qui avalait les âmes, ...
    Chantal DELSOL  Membre de l'Institut 
    Morale et politique : les liaisons dangereuses  Nous sortons de campagnes infâmantes sur la voiture de D. Strauss-Kahn, ...
    Ivan RIOUFOL  Journaliste 
    L'omerta médiatique, complice de DSK  Tout le monde savait ; tout le monde s'est tu.
    Eric ZEMMOUR  Journaliste 
    La malédiction de Solférino  Martine qui pleure, François qui rit.
    François JOURDIER  Officier, Contre amiral (2S) 
    Les affres du Vice-recteur de Mayotte  Il est étonnant de voir, ...
    Jacques BICHOT  Economiste 
    Pour une fiscalité moderne  Les Echos du 5 mai ...
    Yves-Marie LAULAN  Géopoliticien 
    L’OTAN, l’Europe et la sécurité de la France  Depuis quelque temps, l’armée française est à l’honneur, …
    Roland HUREAUX  Essayiste 
    La Syrie, comme la Libye ?  Dans le climat de sentimentalisme démocratique régnant...
     

            Ci après : Le François Jourdier, Officier, Contre amiral (2S), Les affres du Vice-recteur de Mayotte.....

            Il est étonnant de voir, après le silence assourdissant qui a précédé la départementalisation de Mayotte, le nombre de ceux qui, maintenant que le mal est fait, se réveillent pour signaler les conséquences désastreuses qui vont en résulter.
            Il en est ainsi de l'IFRAP qui le 14 avril 2011, publiait un article de Samuel-Frédéric Servière intitulé "Le vice-rectorat de Mayotte bientôt débordé ?"
            Il part de la grève de près de deux mois ayant bloqué l’enseignement public surtout dans le primaire, pour expliquer comment la France est entrée avec Mayotte dans le piège de la départementalisation.
            Cette grève avait pour objet, alors que l’alignement des titulaires de la fonction publique mahoraise sur les autres départements ultramarins, notamment la proche Réunion, devrait s’étaler sur une vingtaine d’années, l’accélération de cette évolution.
            Pour ce qui est des instituteurs, l’alignement devait se faire par l’intermédiaire de corps dits "passerelle" avant d’être versés dans les corps de la fonction publique d’Etat ou de la fonction publique locale soit directement avec le passage de concours internes spécifiques, ainsi que par titularisation de contractuels.
            Il faut voir que les instituteurs mahorais ont été recrutés au niveau du bac.
            Les syndicats veulent obtenir un alignement beaucoup plus rapide. Ils demandent "l’indexation des salaires" et la "titularisation des instituteurs contractuels". L’indexation des salaires est une majoration pour tenir compte du coût de la vie, elle est de 50% à la Réunion.
            Il est bien certain que si on leur cède cela fera tâche d’huile dans les autres corps de la fonction publique locale. Le mouvement a d’ailleurs déjà commencé puisque, comme le signale l’article de l’iFRAP, les gendarmes ont droit à une majoration de 93% et les journalistes de RFO de 53%.
    Il y a à Mayotte 6 000 agents de l’éducation nationale et en tout 30 000 agents dans les différentes fonctions publiques, le secteur public lui-même représentant 49 % du PIB local. On se rend compte de l’importance de l’enjeu. On va comme à la Réunion, avoir des fonctionnaires surpayés par rapport aux salaires du privé, entrainant une hausse du coût de la vie.
            Autre conséquence de la départementalisation, on va vers une explosion du nombre d’élèves à instruire : on expulse bon an mal an 6 000 enfants par an surtout vers Anjouan, l’île voisine, il est bien certain que les associations comme la Cimade, vont s’opposer à ces expulsions comme en métropole et qu’il faudra les scolariser.

  • Calais : la capitulation de l'État, la révolte et la haine

             

    Une tribune d'Alexis Théas pour Figarovox [7.02], pointant avec pertinence le déchaînement médiatique qu'a suscité le micro-rassemblement « anti-migrants » de samedi dernier. Ce n'est selon lui - et nous partageons son avis - qu'un écran de fumée destiné à masquer une situation apocalyptique et la démission de l'Etat.
     

    Pendant que le président de la République apparaissait sur France 2 à la mi-temps de France-Italie pour commenter le match de rugby de samedi, le naufrage de Calais se poursuivait. Une manifestation d'une centaine de personnes, présentée comme «   anti-migrants », s'y réunissait. Ce mouvement répondant à un appel du groupe allemand Pegida, « contre l'islamisation de l'Europe », il a été attribué par les médias à l'ultra-droite, voire les néonazis. La manifestation ayant été interdite par le ministre de l'Intérieur, la répression policière a été sévère : 20 interpellations, soit un cinquième des manifestants, 10 placements en garde à vue... Fait marquant : un général de corps d'armée à la retraite, ancien commandant de la Légion étrangère, Christian Piquemal, dont le parcours ne révèle rien d'un factieux ni d'un extrémiste, s'est trouvé parmi les personnes arrêtées. Les commentaires médiatiques se focalisent sur la condamnation virulente du rassemblement qualifié de raciste. Mais que recèle vraiment cette indignation ?

    La situation de Calais a pris une dimension apocalyptique. Plusieurs milliers de migrants en situation irrégulière ont installé un gigantesque bidonville, surnommé la Jungle, devenue une zone de non droit. Des personnes en provenance du Moyen-Orient et d'Afrique, dont des enfants, y survivent dans des conditions sanitaires épouvantables, indignes de la France contemporaine, sous la férule des passeurs mafieux et des activistes d'extrême gauche. La violence et le chantage y règnent en maîtres. La police y est prise pour cible et de violents affrontements s'y déroulent périodiquement. Toute une région est gravement sinistrée. Les commerces dont le chiffre d'affaires s'est effondré doivent fermer, les habitants du voisinage vivent dans la terreur. Un véritable chaos se répand sur toute une partie de la région dont l'image est dévastée.

    Une tragédie fruit de l'impuissance européenne

    Le drame n'a rien de nouveau, même s'il s'est considérablement aggravé en quatre ans. Il remonte à la fin des années 1990, lié au fonctionnement de l'espace Schengen : la France a ouvert ses frontières européennes et s'est engagée à protéger par tous les moyens celles de la Grande-Bretagne, transformant, le Calaisis en cul-de-sac, réceptacle des migrants qui ont traversé une partie de la planète dans le but de se rendre Outre-Manche. Cette tragédie est le fruit de l'impuissance européenne à contrôler la frontière extérieure commune, d'ailleurs totalement démantelée depuis la grande ouverture de septembre 2015. La manifestation de samedi résulte en outre de la faillite de l'Etat dans sa mission d'autorité et de protecteur des populations. La faiblesse, comme toujours, est le plus court chemin qui conduit à la haine et la violence. La responsabilité de M. François Hollande est engagée. L'article 5 de la Constitution de 1958 fait du chef de l'Etat le « garant de l'intégrité du territoire ». Le président de la République, qui ne s'est jamais rendu sur place, est responsable de l'abandon à des groupes mafieux d'une parcelle du territoire national. Calais fait autant partie de la France que le huitième arrondissement de Paris, faut-il le lui rappeler ?

    La vigueur des réactions politiques et médiatiques à un micro-rassemblement de cent personnes, le déchaînement médiatique autour des incidents, se présentent ainsi comme un écran de fumée destiné à masquer le désastre humanitaire et national dans toute son ampleur. La vigueur de la répression policière contraste avec le laxisme généralisé qui a abouti à la formation d'un bidonville abandonné à la mafia et aux groupuscules d'extrême gauche. Il faut y voir une gesticulation destinée à compenser une capitulation quotidienne, face à l'immigration illégale, face aux passeurs mafieux, à l'image d'un mode de gouvernement fondé sur les leurres et les manipulations. Le psychodrame de samedi renvoie au débat en cours sur la déchéance de la nationalité, et ses coups de menton destinés à recouvrir la désintégration en cours de la société française, sa plongée dans le désordre et la violence, de Calais à Marseille, en passant par Paris. Il est plus facile de réformer la Constitution dans les Palais feutrés de la République en donnant des leçons de morale républicaine, que de venir au secours de compatriotes aux prises avec l'horreur mafieuse. Le pouvoir évite ainsi de braver par des actes réels l'angélisme et le sans-frontiérisme, qui demeurent les piliers idéologiques du parti socialiste.

    Le monde politico-médiatique s'est déchaîné contre le général Piquemal accusé d'extrémisme. Et si le geste solitaire de ce Soldat n'était rien d'autre qu'un mouvement de désespoir et de colère contre la grande dérobade politicienne, la démission de l'autorité face au chaos français et européen, dont la Jungle de Calais est devenue le sinistre symbole ? 

     
    Alexis Theas est universitaire
  • Où va l’Europe ? • Par François Reloujac *

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    L’actualité européenne de ce mois de novembre a été riche en rebondissements. Petit tour d’horizon des psychodrames qui ont secoué l’Europe économique et des révélations de la presse sur les pratiques fiscales du Luxembourg. 

    Dans le courant du mois de novembre, avant que le pape François ne vienne rendre visite au Parlement de Strasbourg, plusieurs psychodrames ont secoué l’Europe économique. Ce fut d’abord des divergences entre les membres du Conseil des gouverneurs des banques centrales européennes et des difficultés à constituer la nouvelle Commission européenne. Ce fut ensuite un scandale fiscal atteignant le président de ladite Commission et la mise en accusation de l’économie européenne par le G20 ! 

     

    Revenons d’abord sur les divergences qui ont éclaté au grand jour entre les représentants des états du Sud et ceux de l’Europe du Nord. Les uns ont absolument besoin de souplesse monétaire pour relancer leur économie ; les autres sont irréductiblement attachés à un « euro fort » qui leur permet d’engranger des bénéfices importants dans la conjoncture actuelle. Dans sa dernière intervention publique du mois de novembre, Mario Draghi a insisté sur le fait que le Conseil des gouverneurs des banques centrales européennes avait décidé, à l’unanimité, d’autoriser la BCE à augmenter le total de son bilan en « monétisant » les dettes publiques. Mais il a oublié de préciser que, malgré cet accord de principe, il devrait solliciter une nouvelle autorisation chaque fois qu’il voudrait passer à l’acte. 

     

     

    Démantèlement des règles ?

     

    Que doit-on en penser de cette façon d’agir ? Qu’elle permet à chacun de sauver la face dans un monde hyper-médiatisé ? Peut-être, mais on peut aussi considérer que la BCE anticipe la fin de la politique de « quantitative easing » (« assouplissement quantitatif »), actuellement pratiquée par la Banque fédérale américaine. Dès lors, pour soutenir les marchés financiers internationaux – dont chacun sait maintenant qu’ils sont devenus plus importants que tout le reste du fonctionnement de l’économie, car ils conditionnent tout à la fois le montant des intérêts payés par les états surendettés et les profits des multinationales –, elle devrait se lancer dans une « politique non conventionnelle »… ainsi appelée parce qu’aucun économiste n’en a jamais imaginé les conséquences pratiques, surtout à moyen terme !

     

    Lorsque, dans le cadre du G20, on répète ad nauseam la nécessité – notamment pour la France – d’engager un programme ambitieux de « réformes structurelles », cela signifie en réalité que l’on cherche à imposer le démantèlement des règles qui encadrent le marché du travail et à abandonner une politique sociale jugée « trop généreuse ». Ne nous y trompons pas. Il ne s’agit pas véritablement d’autoriser les états à desserrer le « carcan » social et fiscal souvent si contraignante pour la vie économique. Il s’agit d’abord de faire sauter les barrières qui empêchent les entreprises multinationales opérant en Europe – et surtout en France – de délocaliser leurs productions, devenues « localement » trop onéreuses. Ou de vendre les derniers joyaux qu’elles détiennent encore et qui ont une valeur sur les marchés internationaux.

     

     

    Une Commission européenne décrédibilisée

     

    A peine le président de la BCE avait-il obtenu l’unanimité du Conseil des gouverneurs des banques centrales en faveur de sa « politique non conventionnelle » que l’on « découvrait » que le nouveau président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avait triché pendant plusieurs années. Du temps où il était ministre du Budget et Premier ministre du Luxembourg ainsi que Président de l’« Eurogroupe », Juncker a en effet utilisé une faculté des textes qu’il connaît bien – la « tax ruling » – pour détourner au profit de son petit état, et au détriment de ses partenaires, la manne venant des entreprises multinationales. 

     

    Sous prétexte de garantir à celles qui s’implantent dans le pays le montant des impôts qu’elles y paient, l’on négocie avec elles les avantages qu’on leur octroie. Une pratique qui permet aux multinationales de savoir à l’avance où « localiser » leur production afin de payer moins d’impôt. Pour cela, elles déplacent comptablement – et parfois uniquement virtuellement – une partie de leur production dans le pays qui « siphonne » ainsi des recettes qui normalement devraient revenir à un voisin. Ce dumping fiscal a deux avantages pour le pays qui le pratique : il augmente artificiellement le montant de son PIB – et donc la croissance affichée – et il lui permet d’obtenir de bonnes notes de la part des agences de notation dont chacun sait que les trois principales sont américaines. Partant, de faire baisser les taux d’intérêt sur les emprunts auxquels il peut être amené à recourir. Dans un régime de « monnaie unique », la seule façon pour les partenaires lésés de se défendre contre ce type d’agression est de pratiquer à leur tour un dumping fiscal ou social. Au total, cette guerre économique ne profite qu’aux multinationales qui peuvent déplacer sans difficulté leur production apparente d’un état à un autre. à l’inverse, pesant sur le budget des états, elle les pousse à recourir à l’emprunt, emprunt auquel l’entreprise multinationale qui a économisé sur le montant de ses impôts, peut souscrire. Tout avantage fiscal accordé par un état dont le budget est équilibré impose donc à tout pays endetté, s’il veut rester compétitif, de démanteler son propre système de protection sociale.

     

    En imposant Jean-Claude Juncker à la tête de l’Union européenne, Angela Merkel a-t-elle promu un nouveau Vidocq ministre de la police – économique ! – ou a-t-elle confié les clés de la cave à un alcoolique notoire ? L’avenir le dira. Quoi qu’il en soit, l’on remarque que les principaux bénéficiaires de ce que l’on appelle désormais le « Luxleaks » sont des sociétés qui ont pour nom Google, Amazon, Microsoft ou encore Apple. 

     

    En mettant en avant les avantages obtenus par quelques banques françaises, les médias ne sont-ils pas en train de montrer des arbres soigneusement choisis pour cacher la forêt ? On peut d’autant plus se poser la question que l’enquête sur les paradis fiscaux qui a abouti à la dénonciation du Luxembourg – mais aussi dans une moindre mesure, de l’Irlande – a été établie par le réseau intitulé « Tax Justice Network »… qui ne fait figurer dans sa liste aucun état américain !  

     

     

    * Politique magazine

  • Littérature & Actualité • Emmanuel Macron, le choix des mots pour effacer les faits

     

    UNE TRIBUNE de Vincent Trémolet de Villers, brillante, profonde et, selon nous, juste. « Empêcher que le monde ne se défasse » : en citant Albert Camus, référence commune des conservateurs, Emmanuel Macron a une nouvelle fois ajusté son propos pour faire oublier son progressisme à ceux qu'il inquiète.[Figarovox, 18.04]. Macron est, pour nous, radicalement, un adversaire politique et idéologique. S'il advenait qu'il soit élu, il deviendrait aussi un adversaire institutionnel.  LAFAUTEAROUSSEAU

     

    2395788714.jpgOn nous dira qu'Albert Camus est aussi le philosophe de l'absurde mais quelle ne fut pas notre sidération lorsque Emmanuel Macron, au terme d'un meeting aussi exalté que le lancement d'un nouvel iPhone, a cité l'auteur de L'Étranger comme figure tutélaire du projet d'En marche !

    On se souvient que Charles Péguy avait déjà été enrégimenté à Lyon au début du mois de février. François Bayrou, qui n'était pas encore un « helper » du mouvement, en avait lui-même été choqué. Cette fois, au milieu des applaudissements, des cris d'amour lancés au candidat, nous avons entendu les célèbres phrases d'Albert Camus : « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu'elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. » C'était à Stockholm, en 1957, lors de la remise du prix Nobel de littérature. Macron, progressiste en chef, reprenait à son compte ce qui constitue, sans aucun doute, la référence commune de tous les conservateurs. Elle résume le courant qui, d'identité malheureuse en lutte contre la réforme du collège, de Michel Onfray en Jean-Pierre Le Goff, exprime depuis quelques années la crainte collective d'une dépossession définitive. Ceux que Macron dénonce comme des esprits « frileux », des « immobiles » enfermés dans leurs « nostalgies » et leur monde « rabougri ».

    Certes, Camus n'est pas l'homme d'un camp, il appartient à tout le monde et Emmanuel Macron confie, dès qu'il le peut, sa passion pour Noces à Tipasa. Il n'empêche. Cet éloge de l'héritage dans la bouche du leader d'En marche ! était aussi inattendu qu'une ode à Pascal Lamy par Éric Zemmour, qu'une apologie de Jeff Koons par Marc Fumaroli. On songeait à la formule d'Alain Finkielkraut: « Camus est consacré par une époque qui lui tourne le dos. »

    Le discours de Stockholm, en effet, illustre ce qui fut la constante de la pensée et de la trajectoire de Camus: la piété filiale, la modestie en politique, la frugalité dans une société d'abondance, le refus de la grandiloquence.

    L'hubris des meetings de Macron, où résonnent des incantations inquiétantes (« En même temps ! En même temps ! » a notamment crié la foule en hommage au tic de langage du candidat) fait songer aux « fureurs adolescentes » que combattait Camus au nom de « l'intransigeance exténuante de la mesure ».

    Jusqu'ici, Emmanuel Macron n'avait qu'un but, parfaitement assumé: « défaire »le vieux monde pour que le nouveau puisse enfin émerger. Avec lui, a-t-il dit à Bercy, nous allons voir « le début d'une nouvelle France ». Ses déclarations sur la culture française qui n'existe pas, sur l'art français qu'il n'a jamais vu participent de ce projet. Celui d'une société sans permanence, d'une France inclusive, espace perpétuellement ouvert dont la devise, comme dans la publicité McDonald's, pourrait être: « Venez comme vous êtes. »

    Au Palais Brongniart, il y a quelques jours, Macron a dit vouloir faire de la France « une start-up nation » où les « start-upers » seraient « les premiers de cordée d'une société qui a besoin de se transformer », avant de déplorer que les entreprises soient trop souvent dirigées par « des mâles blancs qui ont reçu les mêmes formations que moi ».

    Monde ancien, nouveau monde: Emmanuel Macron, en vérité, a bien senti que son progressisme ébranlait une France profondément conservatrice. Il a donc ajusté son propos et pour dissiper les inquiétudes, prononce les mots pour mieux faire oublier les choses. Le macronisme, c'est un algorithme qui génère en temps réel les opinions attendues par le client. Une application qui devance vos goûts, vos habitudes, vos convictions. Terra Nova à Marseille, Albert Camus à Paris.

    Cela fonctionne à merveille mais subsistent quelques défaillances techniques. Prenons les propos du candidat sur la colonisation, « crime contre l'humanité ». Si Macron avait lu Le Premier Homme, ce chef-d'œuvre qui raconte l'enfance algérienne de Camus, il aurait révisé son jugement. On y trouve notamment ce portrait d'un vigneron de Mondovi, le berceau de la famille de l'écrivain. Nous sommes en pleine guerre d'Algérie. Un ordre d'évacuation a été donné. « Il n'a rien dit, écrit Camus du vigneron. Pendant trois jours il a arraché les vignes sur toute l'étendue de la propriété (…). Puisque ce que nous avions fait ici est un crime, explique-t-il à un jeune capitaine désemparé, il faut l'effacer. » 

    Vincent Tremolet de Villers     

    Vincent Tremolet de Villers est rédacteur en chef des pages Débats/opinions du Figaro et du FigaroVox.       

  • Le conseiller de Trump, Steve Bannon, lecteur du roman apocalyptique Le camp des saints

     

    Par Eugénie Bastié

     

    2944728943.jpgUn décryptage qui met en lumière le rayonnement du Camp des Saints de Jean Raspail jusque dans les plus hautes sphères gouvernementales de ce qui est - pour l'instant - la première puissance du monde [Le Figaro, 9.03]. Ce roman était surtout comme une vision - une pré vision - de ce qui allait advenir en Europe - l'invasion migratoire -, sous une forme en partie différente, mais conduisant à des résultats très comparables et tout aussi tragiques. On peut vouloir en limiter l'audience aux milieux qu'il est convenu, dans l'ère vacillante de la doxa et du politiquement correct, de nommer l'extrême droite. Cet article démontre le contraire même s'il sacrifie au vocabulaire à la mode. On s'apercevra plus tard que la dite extrême droite recouvrait surtout et même très au delà une large frange de Français, sans-doute majoritaires, attachés à la Tradition et à leur identité. Tel était bien le cas lorsque, dans les années où parut Le Camp des Saints, Jean Raspail s'adressait aux royalistes français, au rassemblement des Baux de Provence [Illustration ci-dessus, à gauche].  Lafautearousseau              

     

    picture-2563491-61xply87.jpgC'est le Huffington Post qui a mis en exergue cette information: Steve Bannon, le conseiller de l'ombre de Trump, devenu l'homme fort de la Maison-Blanche, cite régulièrement Le Camp des Saints, un roman de l'écrivain français Jean Raspail. «L'Europe centrale et de l'Est a quasiment subi une invasion du type Camp des Saints» dit-il par exemple en octobre 2015, en pleine crise migratoire, sur son site Breitbart News . Puis, en janvier 2016, «le problème de l'Europe, c'est l'immigration. C'est aujourd'hui un problème mondial, un ‘Camp des Saints' généralisé». Ou encore, en avril: «Quand on a commencé à en parler il y a environ un an, on a appelé ça ‘Le Camp des Saints'. Nous sommes en plein dedans, vous ne trouvez pas?»

    Connu pour ses positions nationalistes tranchées, et réputé être l'architecte du décret anti-immigration de Donald Trump, Steve Bannon est souvent décrit comme le «Raspoutine» du président américain, le nourrissant idéologiquement grâce à ses lectures variées. Un conseiller le décrivait sur le site Politico comme «la personne la plus cultivée de Washington».

    Une dystopie sur l'invasion migratoire

    La citation de Raspail n'a rien d'anodine. Son roman est devenu culte dans les milieux d'extrême droite identitaire et autres tenants du «Grand remplacement» depuis sa sortie en 1973. Marine Le Pen elle-même recommande sa lecture. «Aujourd'hui, c'est une submersion migratoire. J'invite les Français à lire ou relire Le Camp des Saints.» , disait-elle sur RMC en septembre 2015.

    Le roman raconte l'invasion de la France par une multitude de migrants venus d'Inde, fuyant la misère. Ils sont un million à débarquer sur les côtes du sud de la France, à bord d'une armada de fortune. Jean Raspail résume ainsi les enjeux de l'intrigue: «Ils sont l'Autre, c'est-à-dire multitude, l'avant-garde de la multitude. Et maintenant qu'ils sont là, va-t-on les recevoir chez nous, en France, «terre d'asile et d'accueil», au risque d'encourager le départ d'autres flottes de malheureux qui, là-bas, se préparent? C'est l'Occident, en son entier, qui se découvre menacé. Alors que faire? Les renvoyer chez eux, mais comment? Les enfermer dans des camps, derrière des barbelés? Pas très joli, et ensuite? User de la force contre la faiblesse? Envoyer contre eux nos marins, nos soldats? Tirer? Tirer dans le tas? Qui obéirait à de tels ordres? À tous les niveaux, conscience universelle, gouvernements, équilibre des civilisations, et surtout chacun en soi-même, on se pose ces questions, mais trop tard...» À la fin du roman, le pays est envahi, et il ne reste qu'une poignée d'irréductibles dans le sud qui tirent sur tout ce qui bouge. Le gouvernement prend finalement la décision de supprimer la loi du 9 juin 1973 qui interdit la discrimination. En arrière-plan de cette fresque cauchemardesque, des élites politiques médiatiques et religieuses qui, elles, plaident pour l'accueil des migrants. On trouve même un pape latino-américain progressiste… Il n'en faut pas plus pour que certains voient dans ce brûlot une dimension prophétique, comme le journaliste André Bercoff qui écrivait en septembre 2015 dans Le Figaro que «Le Camp des Saints [était] devenu chronique d'actualité».

    «Parabole» prophétique ou «morceau de névrose raciale»?

    Les médias américains parlent d'un «obscur roman», «étonnamment raciste». Pourtant, Le Camp des Saints a eu son petit succès, et Jean Raspail est un écrivain reconnu, qui a gagné le Grand prix du roman de l'Académie française en 1981 pour son roman Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie. À sa sortie en 1973, Le Camp des Saints reçut un accueil mitigé dans la presse et les ventes furent moyennes: environ 15.000 exemplaires. Mais deux ans plus tard, il est publié aux États-Unis par la prestigieuse maison d'éditions Scribner. Le magazine Kirkus Reviews le compare alors à Mein Kampf. Mais, selon Jean Raspail, le président américain Ronald Reagan et le théoricien du choc des civilisations Samuel Huntington l'ont lu et apprécié. Jeffrey Hart, professeur à Priceton, écrit dans National Review : «Raspail n'écrit pas à propos de race, mais de civilisation».

    Sa réédition en 2011 par Robert Laffont avait fait polémique. Le roman avait été qualifié d' «odieusement raciste» par Daniel Schneiderman dans Libération, et d' «authentique morceau de névrose raciale» par Aude Lancelin dans le Nouvel Obs. «Aujourd'hui, Le Camp des Saints pourrait être poursuivi en justice pour 87 motifs», convenait alors Jean Raspail dans une interview au Figaro . L'auteur se défend pourtant d'être raciste. Il affirme que le sujet du roman est d'abord celui de la mauvaise conscience occidentale face à l'autre. «Le Camp des Saints est une parabole où se condense le choc de toute conscience de Français de souche face à l'installation de la diversité», expliquait alors Raspail.   

    Eugénie Bastié     

    Journaliste et essayiste

    Ses idées

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    Son dernier livre Adieu Mademoiselle [19 €] 

          

  • Alain de Benoist dans Boulevard Voltaire : « La dette ? Une machine devenue folle et proche de ruiner tous les États »

     

    Nous avons donné hier l'analyse de Phoenix Capital sur ce qui devrait se passer quand la Fed cessera de soutenir les marchés. Alain de Benoist dit ici ce qu'il pense de la dette des Etats. Nous partageons son point de vue.  

     

    1530443371.jpgLa dette… La dette… La dette ! Elle obsède tout le monde, et c’est sans doute à juste titre. Mais comment en est-on arrivé là ?

    La possibilité offerte aux ménages d’emprunter pour couvrir leurs dépenses courantes ou acquérir un logement a été l’innovation financière majeure du capitalisme d’après-guerre. À partir de 1975, c’est ce qui a permis de compenser la baisse de la demande solvable résultant de la compression des salaires et de la précarité du travail. Le crédit a ainsi représenté pendant des décennies le véritable moteur de l’économie. Aux États-Unis, cette tendance a encore été encouragée dans les années 1990 par l’octroi de conditions de crédit de plus en plus favorables, sans aucune considération de la solvabilité des emprunteurs. Quand la crise financière de 2008 a éclaté, les États se sont encore endettés pour empêcher les banques de sombrer. La machine s’est alors emballée de façon telle que les États surendettés sont devenus prisonniers de leurs créanciers, ce qui a limité d’autant leur marge de manœuvre en matière sociale et politique. Aujourd’hui, ils se retrouvent pris dans un système usuraire, puisqu’ils n’ont d’autre alternative que de continuer à emprunter pour payer les intérêts de leur dette (la France emprunte, à cet effet, 50 milliards d’euros par an), ce qui augmente encore le montant de cette dette.

    Résultat : le volume total de la dette mondiale atteint aujourd’hui le chiffre faramineux de 200.000 milliards de dollars, soit 286 % du PIB mondial, contre 142.000 milliards de dollars en 2007. Et encore ne tient-on pas compte des dettes contingentes comme la dette bancaire ou celle des retraites à servir !

    La dette cumulée de tous les États atteint des niveaux stratosphériques. Les particuliers et les ménages savent bien pourtant que personne ne peut vivre perpétuellement à crédit…

    Il semble, en effet, préférable de ne pas dépenser plus que ce que l’on gagne. Mais le problème est qu’on ne peut assimiler le budget d’un État à celui d’un ménage. Un État est tenu de faire des investissements à long terme qui, ne pouvant être financés sur la base des seules recettes courantes, doivent obligatoirement l’être par l’emprunt. Les nations, en outre, ne sont pas des êtres mortels : un pays ne fait pas faillite à la façon d’une entreprise ou d’un particulier. Enfin, quand il emprunte, un État n’engage pas sa propre fortune, mais celle de ses citoyens (il gage une partie de l’épargne des plus aisés plutôt que de la prélever par le moyen de l’impôt). Ce faisant, il se soumet, en revanche, aux marchés financiers. Le montant de la dette indique le degré d’aliénation de l’État.

    Tout le monde fait les gros yeux à la Grèce, en affirmant qu’elle « doit payer sa dette ». Michel Sapin dit même que, si elle ne la payait pas, cela coûterait 600 ou 700 euros à chaque Français. Mais que faire quand on ne peut pas payer ?

    Rappelons d’abord que, contrairement à ce que prétend la vulgate médiatique, l’envolée de la dette grecque est due pour l’essentiel à des taux d’intérêt extravagants et à une baisse des recettes publiques provoquée par des amnisties fiscales qui ont surtout profité à l’oligarchie. Quant à Michel Sapin, il dit n’importe quoi. Les prêts que la France a consentis à la Grèce sont, en effet, déjà comptabilisés dans la dette publique française, que la France n’a pas plus que la Grèce l’intention (ni les moyens) de payer. Il n’y a, en fait, aucun avenir pour la Grèce à l’intérieur d’une Union européenne qui cherche à constitutionnaliser les politiques d’austérité afin de museler la souveraineté populaire : comme l’a dit sans fard Jean-Claude Juncker, porte-parole des étrangleurs libéraux et subsidiairement président de la Commission européenne, « il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens » (sic). La Grèce n’a d’autre choix que de passer sous la table ou de la renverser, c’est-à-dire de faire défaut sur sa dette et de sortir de l’euro.

    Ceux qui font les gros yeux à la Grèce devraient essayer de comprendre que, si la morale est de mise en matière de dette privée (cf. l’allemand Schuld, « dette », et schuldig, « coupable »), elle ne l’est pas en matière de dette publique. Quand un État emprunte, il ne s’engage pas moralement, mais conclut un simple accord financier. La valeur de cet accord est subordonnée à des exigences politiques, en ce sens qu’aucun État ne peut saigner à mort son peuple au seul motif que les accords signés doivent toujours être respectés (pacta sunt servanda). L’économie de la servitude n’est, en effet, pas supportable : on ne saurait exiger d’un peuple qu’il rembourse une dette contractée dans le passé à ses dépens. Au demeurant, les exemples ne manquent pas qui montrent que l’obligation de rembourser une dette publique n’a jamais été considérée comme absolue. La dette de l’Équateur a été supprimée en 2008, celle de l’Islande en 2011. En Pologne, dès l’arrivée au pouvoir de Lech Wałęsa, en 1990, les créanciers de ce pays ont réduit sa dette de 50 %. Quand ils ont envahi l’Irak en 2003, les États-Unis ont épongé la dette irakienne pour assurer la solvabilité du pouvoir qu’ils venaient de mettre en place à Bagdad. Quant à l’Allemagne, elle ferait bien de ne pas oublier qu’après la guerre, le « miracle économique » allemand n’a été rendu possible que grâce à l’accord de Londres du 27 février 1953, qui a d’un trait de plume supprimé plus de la moitié de sa dette extérieure. C’est la meilleure preuve que, lorsqu’une dette devient insupportable, il n’y a pas d’autre solution que de l’annuler ou de la restructurer. 

    Boulevard Voltaire

     

  • Heureusement que Rabat n'a pas adhéré à l'Union européenne !

     

    Par Péroncel-Hugoz

    Resté fidèle à une vision de l’unité européenne où les Etats n’abdiquent pas leur souveraineté, Péroncel-Hugoz survole la situation actuelle de l’Ittihad Oropi*, sans négliger l’attirance traditionnelle de Rabat pour cette construction géopolitique commencée en 1957 avec le traité de Rome. Une remarquable analyse, évidemment vue de Rabat mais qui intéresse éminemment France et Europe ...  Lafautearousseau

     

    peroncel-hugoz 2.jpgHassan II, régnant de 1961 à 1999, était orfèvre dans la langue des Frères Tharaud et d’Abdelkader Chatt** et il aimait de temps en temps jeter en pâture à la meute journalistique quelques aphorismes bien ciselés de ce type : « Le Maroc ressemble à un arbre dont les racines nourricières plongent profondément dans la terre d’Afrique, et qui respire, grâce à son feuillage, aux vents de l’Europe »***.  Sur cette lancée, le feu roi émit en 1987 l’idée audacieuse selon laquelle Rabat devait être admis dans ce que l’on nommait alors « Marché commun » ou « Communauté économique européenne » ( 1957-1993), et depuis lors « Union européenne ». 

    DÉJÀ LE KHÉDIVE D’EGYPTE …

    Cette intention de réunir un Etat arabo-musulman de la rive sud de la Méditerranée à des Etats de la rive septentrionale, euro-chrétienne, avait en fait été déjà formulée par le khédive Ismaïl-Pacha d’Egypte (régnant au Caire de 1863 à 1879), après l’ouverture du Canal du Suez en 1869, donc près d’un siècle avant que ne commence l’unification européenne proprement dite. 

    LE CAS TURC

    Ces suggestions, un tantinet extravagantes, sont tombées à l’eau, même si cent liens de tous ordres ont été tissés au XXe siècle entre l’Europe occidentale d’un côté et les deux vieux Etats-nations d’Egypte et du Maroc, de l’autre. La proposition d’Hassan II fut officiellement repoussée - avec doigté - par Bruxelles en 1992. La Turquie, géographiquement située très majoritairement en Asie, vit sa candidature, déposée en 1987, regardée avec un peu plus de considération par les Européens, mais elle est pratiquement tombée en désuétude ces dernières années … 

    40.000 FONCTIONNAIRES ET 40.000 LOBBYISTES …

    Quand on observe un peu l’état présent, très dépressif, de l’Union européenne, on ne peut que se féliciter, en tout cas pour le Maroc qui nous occupe ici, qu’aucun lien trop étroit avec l’Europe ne soit venu jusqu’ici ligoter le libre arbitre du Royaume chérifien. De toute façon, ne fait plus guère envie à l’extérieur le « monstre administratif » qui occupe en 2016 un bon morceau de Bruxelles : 40.000 fonctionnaires bardés de privilèges ; 40.000 lobbyistes papillonnant dans tous les coins; une myriade de splendides ambassades à travers le monde; de multiples institutions budgétivores éparpillées entre Belgique, France, Luxembourg, Allemagne, etc. ; pas de force armée, si ce n’est de facto celle, assez diminuée aujourd’hui, de la France. 

    27 ETATS HUMILIÉS PAR LE BREXIT

    À la tête de ces 27 Etats, humiliés jusqu’à l’os en juin 2016, par la « désertion » inattendue du Royaume-Uni, on trouve un ancien chef du mini-gouvernement luxembourgeois, célèbre pour son « œuvre » au service de la défiscalisation secrète, lui-même successeur d’un ex-gauchiste portugais, ensuite mué en « expert » d’une banque new-yorkaise qui fut la complice notoire de la falsification des statistiques grecques …. Tout ça ne sent pas très bon malgré les couteux parfums de la « com », surtout si on ajoute aux tripatouillages financiers, l’incapacité des 27 de mettre sur pied une politique migratoire cohérente ; ainsi personne n’a osé à Bruxelles, « déranger » les richissimes et à demi-vides Etats pétroliers du Golfe arabo-persique pour leur suggérer de s’ouvrir, au moins un peu, à leurs frères réfugiés arabo-musulmans ; et par dessus tout ça, l’obsession anti-russe des 27, car certains dirigeants européens croient ainsi plaire à Washington, alors que cette capitale est en train, notamment sur l’Iran et la Syrie, de s’entendre avec Moscou, laissant les Européens tout déconfits. 

    Heureusement Rabat ne s’est pas laissé embrigader dans ces dérisoires querelles intereuropéennes, et a poursuivi, jusqu’ici sans éclats inutiles, et sans compromettre ses intérêts, sa coopération avec Moscou, avec Washington, avec Bruxelles. Pourvu que ça dure !  

    * L’Union européenne en arabe.

    ** Auteur en 1932 du premier roman francophone marocain : « Mosaïques ternies » (200 pages). Ce texte autobiographique captivant a été réédité en 2005 par les Editions casablancaises Wallada.

    *** Phrase reprise et développée par Hassan II dans « le Défi », Albin Michel, 1976. Chapitre «L’arbre», page 189.

    Lire : Le texte sur les relations euro-marocaines, publié en été 1999, par le futur roi Mohamed VI, après son stage diplomatique à Bruxelles, dans la revue française «Panoramiques». Tirage à part de ce numéro pour le Maroc, diffusé par Eddif. 

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le360 du 16.09.2016

  • Une Monarchie familiale pour la France

    Le duc et la duchesse de Vendôme avec leurs trois premiers enfants, Gaston, Antoinette et Louise-Marguerite. Depuis, le prince Joseph est venu agrandir la famille 

    Par Jean-Philippe Chauvin

     

    1345578492.2.jpgL'autre jour, en terrasse d'un café parisien près de l'église Saint-Sulpice, j'ai eu comme une hallucination : en gros titre d'un journal dominical, au-dessus de la photo d'un couple souriant, l'on pouvait lire « L'hypothèse royale » ! Ainsi, tous mes vœux semblaient s'approcher de leur réalisation, et je pouvais entrevoir la fin de mon militantisme... 

    Et puis, j'ai regardé plus attentivement ce titre aperçu à travers la vitre et mes espoirs ont été, une fois de plus, froidement douchés : il y avait bien la photo d'un couple apparemment heureux et complice, mais le titre n'était plus tout à fait celui que j'espérais : « l'hypothèse Royal », et le couple n'était guère princier... Quelle déception ! 

    En fait, je suis persuadé que la présentation de la couverture en appelait au subconscient monarchique des Français, suivant la formule de Georges Bernanos qui affirmait que les Français étaient naturellement monarchistes sans le savoir ou sans l'appréhender formellement : la Cinquième République n'est-elle pas, en somme, une sorte de synthèse (incomplète ?) des traditions républicaines et monarchiques, au point que Maurice Duverger pouvait qualifier celle-ci de « monarchie républicaine » ? 

    A cet égard, constatons que l'erreur de M. Mélenchon et d'une partie de la gauche (mais aussi de la droite libérale) est de croire qu'il faut poursuivre le mouvement de républicanisation qui n'est rien d'autre que l'affaiblissement de la magistrature suprême de l'Etat et de l'Etat lui-même ainsi que du Politique, mouvement qui risque de désarmer un peu plus notre pays dans (et face à) la mondialisation : car, comment se faire entendre dans un monde de libre-échange agressif et qui réalise, dans une sorte de cabriole idéologique, le programme marxiste de disparition des Etats et des classes (tout le monde devenant « d'abord » consommateur), sans un Etat digne de ce nom, source des lois et des règlements protecteurs des plus faibles ? Car il s'agit bien de cela : face à la gouvernance mondiale qui ne pense qu'en termes économiques et « de profit », il faut un gouvernement des hommes qui soit inscrit dans le long terme et dans un terreau mémoriel et patrimonial autorisant et favorisant ces racines nécessaires au développement de toute personnalité libre et « civique ». 

    En cela, je pense de plus en plus, au regard des inquiétudes de notre société et des défis qui l'attendent, que l'Etat « familial » est plus rassurant que cette République qui, tous les cinq ans, change de tête et ne place qu'un individu à son faîte, un homme que d'aucuns pensent providentiel quand il n'est souvent que « l'addition des mécontents » et « le refus de l'un par le vote pour l'autre » : l'élection présidentielle divise et énerve plus qu'elle ne rassure ou qu'elle ne fait espérer, et il suffit de voir la bataille de chiffonniers à droite comme à gauche pour le constater aisément ! 

    La Monarchie royale est à la fois dynastique dans son mode de transmission et familiale dans sa représentation : la reine ou les enfants royaux, voire les oncles et tantes, « incarnent » (au pluriel, et à tous les sens de ce pluriel) les familles de la nation, avec leurs difficultés, leurs espoirs et leurs drames, et les familles du pays, d'ailleurs, s'y réfèrent, demandant parfois plus encore à la famille royale qu'à la leur propre… 

    Le très républicain Régis Debray a fort bien expliqué, il y a déjà quelques années et alors même qu'il était l'un des proches conseillers de François Mitterrand, que, dans notre France contemporaine et républicaine, « il manque une famille royale » qui assumerait la représentation du pays à l'extérieur (comme la famille royale d'Angleterre avec les pays du Commonwealth) et déchargerait le gouvernement de la nécessité d'assurer « le spectacle du politique », ce qui, aujourd'hui plus encore qu'hier, éviterait la « pipolisation » de la classe politique et gouvernementale... Cela redonnerait d'ailleurs plus de crédibilité à des hommes et femmes politiques, aujourd'hui réduits à s'allonger sur le divan des animateurs télévisuels ou à poser pour faire « la une » de la presse dite populaire. 

    La Monarchie « à la française » n'est pas, certes, que l'image rassurante d'une famille, mais elle ne peut oublier, si elle veut être « complète », cette dimension familiale : les médias qui, faute de famille régnante en France, jouent sur l'image d'un couple, désormais plus politique que conjugal, l'ont bien compris. Alors, donnons-leur une vraie famille à photographier, à valoriser, à aimer ! 

    Il en est une qui, à Dreux, incarne la « possible monarchie »... 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Lettre de Louis XIV à Jean-Michel Aphatie

     

    Par David Brunat

     
    PASTICHE - Il y a deux jours, le cas « Jean-Michel Aphatie » a été pointé du doigt dans ces colonnes*. Depuis, les réactions à ses honteuses déclarations se sont multipliées. Il y a maintenant une affaire Apathie. Ainsi, dans Figarovox [15.11], David Brunat a publié ce judicieux et savoureux pastiche. Qui a du sens, sous le jeu de ce genre littéraire. Le Roi-Soleil répond à Jean-Michel Aphatie après que celui-ci a déclaré qu'il souhaitait démolir le château de Versailles, tout en précisant ensuite qu'il s'agissait de second degré ... LFAR 
     

    David%20Brunat.jpgQuel genre d'insolent êtes-vous ? Avez-vous perdu la raison ? Ignorez-vous ce qu'il en a coûté à d'autres de parler en si mauvaise part de moi et de mes biens ? Ah, si Dieu m'avait donné plus longue vie, comme j'eusse eu plaisir à vous faire donner le bâton, à vous faire ravaler votre impudence dans le fond d'un cachot, à vous soumettre à la roue !

    Ainsi donc, l'on me mande que vous avez à cœur de raser mon château, qui a exigé de mes Sujets tant d'efforts et tant de génie ! D'anéantir le fleuron de mon Royaume, l'orgueil de mon règne ! De faire disparaître sans autre forme de procès ce chef-d'œuvre de l'art et de l'intelligence, qui fait depuis trois siècles l'admiration de l'univers et la joie des touristes du monde entier! (soit dit en passant, cette babiole que vous voulez dynamiter rapporte à la France des millions et des millions chaque année alors qu'on n'a cessé de vilipender les dépenses que j'ai dû engager pour le bâtir et l'embellir … Preuve que la rentabilité de long terme de certains projets se joue des politiques budgétaires restrictives chères aux ronds-de-cuir et autres petits marquis.)

    Donc, à bas Versailles ! S'il s'agit d'humour, sachez que je goûte infiniment plus celui de M. de Molière. On m'explique qu'il s'agit de « second degré. » Diable ! Qu'est-ce là que ce second degré bien apathique ? Je vous en conjure: restez-en au premier degré, au rez-de-chaussée, à l'entresol, au sous-sol, que sais-je. Je conçois que l'idée de grandeur vous soit étrangère, mais est-ce une raison pour manifester une si extraordinaire animosité à mon endroit ?

    Bref, que vous ai-je donc fait, Monsieur, pour que ma maison vous inspire un tel déplaisir ? Aurais-je de mon côté la fantaisie de m'en prendre à la vôtre ? Oui, je parle de cette Maison dite de la Radio, où vous officiez maintenant après avoir dragué l'or du Grand Canal - avant qu'il ne soit conquis par un Fouquet moderne qui est en train de l'assécher - et occupé le micro d'argent de diverses stations radiophoniques. Il y aurait à redire sur le fonctionnement de votre Maison, sur son ascendant dans la formation de l'opinion publique française. Je m'en garderai.

    L'on me mande aussi que vous émettez des doutes sur le suffrage universel - qui est pour moi une chose bien peu compréhensible -, auquel vous semblez attaché quand les électeurs votent selon vos vœux, mais auquel vous voudriez réserver le même sort qu'à ma maison lorsqu'il en va différemment. Je suis bien d'accord avec vous sur le fait que ce M. Trump est un soudard, un pendard, un bourgeois gentilhomme qui abuse son monde. Mais le triomphe que lui ont fait les Américains justifie-t-il vos sorties intempestives et vos sentiments démocratiques à géométrie variable ?

    Ah! l'on m'a souvent fait grief de gouverner sans frein. Ce motherfucker de Saint-Simon, qui me haïssait, n'a cessé de médire de moi et d'écrire à mon propos les choses les plus désagréables du monde, tout en me suppliant de lui octroyer une mansarde dans ma maison versaillaise. Si vous aviez du talent, vous me feriez penser à lui. Il me prenait pour un despote, pour un buveur de sang, mais il ignorait qu'il y a en tout homme, à partir du moment où il dispose d'un peu de pouvoir ou d'un peu d'influence sur les autres, un despote en germe qui, parfois, ne demande qu'à éclore ; et je crois que vos considérations sur les limites du suffrage universel prouvent quelque chose de cet ordre-là.

    Quoi qu'il en soit, je pense que le suffrage des siècles - auquel je tiens, pour le coup - et l'admiration des hommes pour mon sweet home versaillais m'offriront de solides garanties contre les velléités destructrices des Croquants dans votre genre.

    Sur ce, Monsieur, je retourne au paradis des héros français et vous laisse avec votre pelle et votre truelle démolir tous les châteaux de sable que vous voulez.

    Louis, propriétaire perpétuel 

    « ... Le suffrage des siècles - auquel je tiens, pour le coup ... »  

     
    Normalien et philosophe de formation, David Brunat est écrivain et conseiller en communication.
     
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