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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Éphéméride du 11 mars

    1794 : Création de l'École Polytechnique par Lamblardie, Monge, Carnot et Prieur       

      

    L'adjectif "polytechnique", apparu pour la première fois dans un document publié par Claude Prieur - Programmes de l'enseignement polytechnique de l'École centrale des Travaux publics - a été choisi afin de symboliser la pluralité des techniques enseignées.

    Elle est aujourd'hui installée à Palaiseau :  

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    1811 : Naissance d'Urbain Le Verrier
     
              
    L'astronome naît à Saint Lô, en Normandie...
     
    En étudiant la planète Uranus, il déduira la présence d'une autre planète jamais décrite auparavant : celle-ci sera découverte par l'astronome allemand Johann Galle à l'endroit précis calculé par Le Verrier : il s'agit de Neptune (voir l'Éphéméride du 23 septembre).
            
    En 1854, Le Verrier deviendra directeur de l'Observatoire de Paris, fondé en 1667 (voir l'Éphéméride du 21 juin).
             
    Ci dessous, l'Observatoire...

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    ... et la statue de Le Verrier dans une des cours :
     
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    1830 : Mort de Lally Tollendal
     
     
    Ce grand royaliste, qui demanda à la Convention de défendre Louis XVI - ce qui lui fut refusé... - était le descendant d'une famille irlandaise passée en France avec Jacques II.
    Le père de Lally Tollendal, devenu Colonel d'un régiment irlandais de son nom, créé pour lui en 1744, fut nommé, par Louis XV, Brigadier sur le champ de bataille de Fontenoy, en 1745.
     

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    1er octobre 1744 : création du régiment de Lally (Tollendal), réformé en 1762 par incorporation au régiment de Dillon; le régiment apporta une contribution décisive lors de la bataille de Fontenoy...

    Dans notre Album Drapeaux des Régiments du Royaume de France (472 photos), voir plus particulièrement la partie "Les six Régiments de la Brigade irlandaise" (16 photos)...

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    En 1756, il fut nommé Lieutenant général et Commandant général de tous les Établissements français dans les Indes : malgré de réels talents militaires dans la guerre contre les Anglais, il commit de non moins réelles erreurs et maladresses, et, de plus,  il manquait de ressources suffisantes. Aussi, ses premiers succès furent suivis de revers et, assiégé dans Pondichéry, après une résistance de dix mois face à des forces incomparablement supérieures, il fut forcé de se rendre en 1761.
    Emmené prisonnier en Angleterre, il fut autorisé à passer en France pour se justifier : mais il y fut condamné à mort, accusé de trahison, et fut exécuté en 1766... 
     
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    Son fils Gérard (ci dessus) s'adressa au Conseil du roi pour obtenir la révision du procès de son père, et un arrêt royal cassa en 1778 le jugement du Parlement de Paris, que le Parlement de Rouen, devant lequel l'affaire avait été renvoyée, maintint néanmoins. On était en pleine guerre entre la Royauté et les Parlements que Louis XV et Maupeou avaient intelligemment "renvoyés" (voir notre Éphéméride du 19 janvier) et que Louis XVI, dès son avènement avait imprudemment "rappelés" (voir notre Éphéméride du 12 novembre), ce qui rendait la Révolution inévitable, car les Parlementaires n'avaient en vue que la conservation égoïste de leurs intérêts de classe et non les réformes indispensables, déjà bien commencées par Louis XV, et même Louis XVI, celui-ci entravé par ces même Parlements qu'il venait follement de "rappeler" !...

    Député aux États généraux, Gérard de Lally Tollendal donna sa démission après les journées des 5 et 6 octobre 1789, et émigra en Suisse. Rentré en France pour défendre la monarchie en 1792, il fut emprisonné après la journée du 10 août, et réussit à s'évader la veille des massacres de septembre.

    Retiré en Angleterre, il demanda à la Convention d'être l'un des avocats de Louis XVI, mais la Convention ne lui répondit même pas.

    Nommé par Louis XVIII membre de son conseil privé, il le suivit à Gand pendant les Cent-jours (voir notre Éphéméride du 30 mars), et fut nommé à la Chambre des Pairs en 1815.

    Membre de l'Académie française à partir de 1816, il est l'auteur des Mémoires pour la réhabilitation de son père; de Lettres à Edmond Burke; du Plaidoyer pour Louis XVI...

     

     
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    1882 : Renan prononce sa Conférence "Qu'est-ce qu'une Nation ?"

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    Texte complet de cette conférence faite en Sorbonne, le 11 mars 1882 : 
     
     
     
     
     

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    3 janvier,sainte geneviève,paris,pantheon,attila,gaule,puvis de chavannes,huns,saint etienne du mont,larousse,joffreCette Éphéméride vous a plu ? En cliquant simplement sur le lien suivant, vous pourrez consulter, en permanence :

    la Table des Matières des 366 jours de l'année (avec le 29 février des années bissextiles...),

    l'album L'Aventure France racontée par les cartes (211 photos),

    écouter 59 morceaux de musique,

    et découvrir pourquoi et dans quels buts lafautearousseau vous propose ses Éphémérides  :

     

     

    lafautearousseau

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse et d'actualité de lafautearousseau...

     

    L'Anti-France existe, on l'a rencontré, on la rencontre partout : l'exemple le plus frappant est celui des saboteurs de notre filière nucléaire (escrolos/socialos, saboteurs de Super Phénix sous Jospin, "arrêteurs" du projet Astrid - Macron en personne - Royal/Borne inscrivant la fermeture de Fessenheim en tête du programme de la candidate PS en 2007...)...

    À ce rapide rappel du plus éloquent des sabotages de la France qui entreprend, réussit, innove, on peut ajouter une bien mauvaise nouvelle aujourd'hui...

    De Guillaume Gau (sur tweeter)

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    Entièrement d'accord avec Florence Bergeaud-Blackler :
    "Un homme politique français est interdit de donner une conférence à Bruxelles lors d'un événement organisé par les Conservateurs européens, au motif de sa couleur politique. L'interdiction est signifiée par le maire Emir Kir connu en Belgique pour ses liens avec les islamonationalistes turcs (loups gris). Qui peut se réjouir de la censure exercée, à discrétion à #Bruxelles, là où se dessinent les politiques qui nous gouvernent ? Qu'on aime ou n'aime pas Eric Zemmour cette censure est inacceptable, très inquiétante et doit être condamnée."
     
    (ndlr : c'est la réunion publique de Zemmour, Orban et Farge qui a été interdite... Nous en parlerons plus longuement demain...)
     
    Zemmour, Orban, Farage: la conférence contrariée des nationalistes  européens - l'Opinion
     

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    1.... (suite de ce qui précède, et toujours de Guillaume Gau) :

    "Pendant ce temps ce temps, le déficit commercial français  sur les produits informatiques atteint 20 Md€ en 2023. On va pouvoir tranquillement continuer à tout importer d'Asie. Concernant la décision de Soitec, peu d'informations sur son explication. Les raisons possibles : retournement du marché des semi-conducteurs, concurrence des subventions états-uniennes (projet en cours pour fournir l'usine américaine de TSMC) ou opposition locale des fameux "no puçaran". Mauvaise nouvelle dans tous les cas car Soitec est avec STMicro un des acteurs majeurs de la micro-électronique française."

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    2. Sur OpexNews :

    avait des stocks qui représentaient à peu près 500M€. Aujourd’hui, c’est un milliard."
     
    De quoi faire 3.000 missiles, "dont Aster" ? Mais, avec les menaces qui nous entourent, c'est plusieurs milliers rien que d'Aster qu'IL FAUT FAIRE !
     
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    3. (Dans Ouest France) Première mise en route du prototype du drone de combat français AAROK... : 

    https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2024/04/15/premiere-mise-en-route-du-prototype-du-drone-de-combat-franc-24563.html

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    4. Nazisme et fascisme sont deux cadeaux empoisonnés de la Gauche, c'est bien connu. Georges Bensoussan le rappelle clairement :

    "...LFI est le parti qui me fait le plus penser au populisme de Doriot. L'authentique risque de fascisme en France, c'est Jean-Luc Mélenchon et ses sbires..."

    (extrait vidéo 1'33)

    https://x.com/CNEWS/status/1780132066916479021

    Israël : «L'authentique risque de fascisme en France, c'est Mélenchon et  ses sbires», lance Georges Bensoussan
     

     

    5. Paris : d'accord avec Les Natifs...

     

    YASSINE BELATTAR

     

    AU BATACLAN,

     

     C'EST NON !

     

    "Pas de Belattar au Bataclan ! Yassine Belattar, « l’humoriste » communautaire proche des réseaux islamistes a annoncé il y a quelques jours qu’il se produirait au #Bataclan le 15 juin prochain pour conclure la tournée de son spectacle. Depuis des années, Yassine Belattar entretient des rapports privilégiés avec les réseaux islamistes : en 2019, il défilait lors de la marche contre l’islamophobie aux côtés de Marwan Muhammad, le directeur du CCIF, une organisation islamiste dissoute à la suite de l’assassinat de Samuel Paty. Belattar n’hésite pas non plus à menacer physiquement ceux qui enquêtent sur lui, en 2021, il menace physiquement deux journalistes du média  @Livrenoirmedia présents à la fin de son spectacle. Parce que la présence de Yassine Belattar au Bataclan est une provocation et une insulte à la mémoire de toutes les victimes du terrorisme islamiste, les Natifs appellent à la mobilisation ! Face à Belattar et aux complices des islamistes, partagez notre hashtag (ndlr : on préfère dire "mot dièse") : #PasDeBelattarAuBataclan"

    (extrait vidéo 1'33)

    https://x.com/LNatifs/status/1779903914780840173

    Yassine Belattar - Un jour vous comprendrez ce que je fais Valeurs  Actuelles. Me voilà en couverture d'un fanzine raciste qui chercher encore  une réaction à ces provocations permanentes. Je vous résume

     

    6. Encore et toujours Notre-Dame... (sur KTOTV) : le général Jean-Claude Gallet revient sur la bataille « invisible » des pompiers contre le feu à Notre-Dame : "Il y a plusieurs miracles, ou une part de mystère..."

    L'émission complète (1'04) :

     

    7. De <

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse et d'actualité de lafautearousseau...

     

    L'édito politique de Vincent Trémolet de Villers, sur Europe 1 :

    "...La note de Fourquet qui annonce la fin du modèle français...
    ...En 2003, @NicolasBaverez publiait La France qui tombe. Jérôme Fourquet dans @Le_Figaro raconte la France qui a dégringolé. En 2003, le poids de la dette publique ramené au PIB atteignait 63%, aujourd’hui il est de 110%, soit 56.000 euros par habitants contre 16.000 il y a 21 ans...
    ...Notre économie - nous dit Jérôme Fourquet - repose sur un modèle "stato-consumériste" épuisé. Cette question existentielle est reléguée derrière les polémiques jetables et un débat public réduit à une caricature stérile : le match Macron-Le Pen et sa variante le duel Attal-Bardella..."

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    DERNIÈRE MINUTE : NOUVELLE CALÉDONIE

    Il faut mettre au pas, sans délai, les pilleurs/casseurs terroristes indépendantistes, qui refusent que la loi commune des Français soit appliquée (en ce qui concerne la constitution du corps électoral, qui doit être la même, là-bas qu'ici)...

    Manifestement manipulés par l'étranger (Pékin, Moscou, c'est-à-dire XI et Poutine) si les terroristes indépendantistes veulent goûter aux joies de la douceur de vivre marxiste-léniniste chinoise de Xi, ou nouvelle-URSS de Poutine, ils ont deux solutions :

    • soit ils partent vivre là-bas : bonne chance, ils déchanteront plus que très vite (ils ont un "plan B" : la Corée du Nord !!!!!)...

    • Soit, s'ils sont majoritaires et qu'ils veulent vraiment leur indépendance, qu'ils la prennent ! Mais qu'ils la prennent tout de suite ! N'allons pas recommencer des années d'une nouvelle guerre d'Indochine : si c'est d'être esclaves de Pékin ou de Moscou qui les fait rêver, mais qu'ils le deviennent !

    Et, nous, nous nous occuperons de nos affaires...

    Sinon, et si - comme nous le souhaitons vivement - la Calédonie EST ET RESTE FRANÇAISE, la Loi doit s'y appliquer comme partout ailleurs en France, et doit être la même pour tous... Et y revenir sans délai...

    Les infos de "là-bas", sur France info :

    https://www.francetvinfo.fr/france/nouvelle-caledonie-iles-loyaute/direct-violences-en-nouvelle-caledonie-noumea-se-reveille-sonnee-apres-une-nuit-d-emeutes-le-gouvernement-lance-un-appel-au-calme_6543113.html

    Un manifestant brandit un drapeau du Front de libération nationale kanak socialiste (FLNKS) à Nouméa, le 14 mai 2024. (THEO ROUBY / AFP)

    Un manifestant brandit un drapeau du Front de libération nationale kanak socialiste (FLNKS) à Nouméa, le 14 mai 2024. (THEO ROUBY / AFP)

     

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    1. (Extrait du Figaro Vox - Economie) Jérôme Fourquet : "L'État-guichet, un modèle à bout de souffle dans une France qui a cessé de produire"

    EXCLUSIF - Dans une étude publiée en exclusivité par Le Figaro, le directeur du département Opinion et stratégies d'entreprise de l'Ifop* fait le constat de l'impasse absolue du modèle économique français.

    "Tout se passe comme si le modèle économique qui s'était progressivement mis en place dans le pays depuis une quarantaine d'années arrivait aujourd'hui en bout de course et avait conduit à une impasse. Ce modèle que nous qualifierons d'étato-consumériste ou de stato-consumériste, a résulté de choix collectifs et politiques qui ont été effectués avec constance par les différentes majorités politiques qui se sont succédé au pouvoir. Ce modèle stato-consumériste repose sur deux postulats et piliers que sont, d'une part, l'extension permanente de la dépense et de la sphère publiques (financée par un niveau de prélèvements obligatoires le plus élevé de l'OCDE) et, d'autre part, le primat accordé à la consommation comme principal moteur économique, au détriment de la production..."

    (extrait vidéo 9'34)

    https://x.com/Le_Figaro/status/1789717073586725093


     

    2. William Thay, lui, veut censurer le gouvernement et le faire tomber. Certes, il nous mène dans le mur, ce gouvernement, mais, en fait, c'est le Système qui nous mène dans le mur, et c'est lui qu'il faut faire tomber... :

    "Il faut censurer et faire tomber le Gouvernement ! Il est en train de nous emmener dans le mur, tous les indicateurs sont dans le rouge : économie en berne, déficit et dette publique record, explosion de l'insécurité, etc."

    (extrait vidéo 2'01)

    https://x.com/ThayWilliam/status/1789884526673490112

     

    3. Sur OpexNews :

     "La DGA a émis un appel d'offres pour trouver un successeur aux LRU des armées. #Thales va s'allier à Arianegroup pour proposer une solution d'artillerie longue portée face à l'attelage formé par Safran et #MBDA. #BITD"

     

    4. L’état-major de la force aérienne hellénique souhaite acquérir 8 à 10 nouveaux Rafale afin de former un autre escadron de chasse. Les discussions avec Dassault Aviation seraient à un « niveau avancé ». Grèce-France, un partenariat réussi !

    (si la très courte note suivante - de Defence Review.GR - s'affiche en grec, une fenêtre s'ouvre, en haut à droite, permettant la traduction en français)

    https://defencereview.gr/se-prochorimeno-epipedo-i-apoktisi-epi/

     

    5. Comparaison entre l'Allemagne et la France, par Fabien Bouglé (sur tweeter) :

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    6. Du Syndicat de la Famille (sur tweeter) : 

    "LU dans @Midilibre : "Le Syndicat de la Famille a appelé à "une révision en urgence de ce projet", le jugeant "en contradiction avec les objectifs de natalité d’@EmmanuelMacron et l’état des finances publiques".

    https://www.midilibre.fr/2024/05/12/aider-les-francais-a-vivre-leur-vie-quest-ce-que-le-conge-de-naissance-la-mesure-qui-pourrait-remplacer-le-conge-parental-11945732.php

  • Une analyse de l'Encyclique Spe salvi, par Hilaire de Crémiers

    Une bonne nouvelle (Retour sur l'Encyclique Spe salvi)         

               Cette encyclique du pape Benoît XVI a plus de portée qu'on ne l'a dit.

              C’était un signe d’Avent. C’est-à-dire un signe d’espérance. Le jour de la Saint-André, le 30 novembre 2007, le souverain pontife Benoît XVI a signé son encyclique sur l’Espérance Spe salvi.

     

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    Lire l'encyclique : 

    http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/encyclical...

      

               On  se souvient que sa première encyclique, il y a deux ans, portait sur la Charité : Deus Caritas est. Il n’est pas douteux qu’il y en aura une troisième sur la Foi. Le pape se propose ainsi de revenir à l’essentiel : la Foi, l’Espérance, la Charité. Il est clair aussi qu’il dit pourquoi ; il le dit d’ailleurs dans tous ses textes et à toutes les occasions. Ce pourquoi est fort simple : c’est que précisément l’essentiel avait été perdu de vue.

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    La croix camarguaise, illustration de la Foi (la croix), de l'Espérance (l'ancre) et de la Charité ( le coeur)

     

     

              Or les vertus théologales de Foi, d’Espérance et de Charité ont d’abord et pour ainsi dire pour principale « vertu », c’est-à-dire pour force propre, intime et caractéristique de se rapporter à Dieu dont elles tirent leur qualification, et donc de ramener l’homme à Dieu et au Dieu incarné Jésus-Christ dont l’Église est chargée par l’Esprit-Saint d’annoncer le salut. C’est dire qu’on s’en était écarté. Jusque et y compris dans les discours ecclésiastiques.

     

    L’espérance, vertu chrétienne

     

    Le pape dans sa première encyclique Deus Caritas est s’était donné le soin de préciser les différentes notions de l’amour et de déterminer les caractères singuliers de la charité chrétienne qui ajoutait au meilleur de l’amour humain une force divine unitive, capable de répondre à une attente humaine spécifique et, en même temps, de dépasser totalement cette attente par la grâce significative d’un don gratuit et surabondant de Dieu qui distingue de manière radicale la charité de toute autre philanthropie et qui en fait une manifestation propre de la communion avec le Dieu vivant, avec le Christ crucifié et ressuscité, et avec l’Église, son corps mystique ; amour qui peut aller et va au-delà même de toutes les limites visibles. La leçon était importante : l’activisme idéologique et politique ne saurait aucunement se revendiquer de la charité. C’était dit fermement.

    De la même façon, le Saint-Père dans son encyclique sur l’Espérance, d’une manière pédagogique mais très résolue, rappelle ce qu’est l’espérance chrétienne qui n’est que la certitude dans la foi de posséder déjà de manière présente les biens futurs qui sont promis par Jésus-Christ. Il y a là une radicalité qui ne saurait compromettre l’espérance chrétienne dans l’idéologie ou dans la politique.

    Au contraire, c’est cette espérance qui anime le témoin de Jésus-Christ, le martyr, face à la puissance étatique dont l’idéologie se transforme en force de persécution ; c’est elle qui mène à la vraie liberté des enfants de Dieu les pauvres esclaves humains ; c’est elle qui met à part le religieux dans sa quête du royaume dès ici-bas. Le pape en donne des exemples merveilleux ou touchants à travers tous les siècles. Espérance personnelle si forte qu’elle ne se conçoit que comme collective, comme communautaire : l’homme de l’espérance chrétienne ne veut pas seulement se sauver lui-même, mais il voudrait, s’il était possible, sauver l’humanité toute entière. Comme son Dieu !

     

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    Jean 8.12 : “Jésus dit qu’il est la lumière du monde…”
    Ephésiens 2.11 : “Vous étiez sans espérance et sans Dieu…”
    Tessaloniciens 4.13 : ”Ne pleurez pas comme ceux qui n’ont pas d’espérance…”
    Jésus a dit :  “Je suis la lumière du monde, celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres mais il aura la lumière de la vie“….
     
     

     

    L’idéologie remplace l’espérance

     

    Et le pape alors de s’interroger sur l’origine des fausses conceptions qui, chez les modernes, ont détourné la notion même d’espérance de son sens véritable. Il indique, dans ces causes, d’abord, la sorte de déification de la Raison et de la Liberté que les méthodes scientifiques, extrapolées au-delà de leur possibilités, ont semblé justifier : dans cet esprit, l’homme n’était plus fait que pour le Progrès majusculaire, qui remplaçait de fait l’espérance comme unique et radieux avenir.

    Cette outrecuidance, pense le pape, pourrait fort bien se résorber dans l’avenir, car non seulement il n’y a aucun conflit entre la raison et la liberté humaines, d’une part, et la vertu d’espérance surnaturelle, d’autre part, mais encore et au contraire elles peuvent s’accorder profondément, car sans liberté et sans raison point d’espérance. Il suffit simplement de faire les distinctions nécessaires. L’espérance est même la garantie de la liberté.

    Les causes les plus certaines, d’après le pape, se trouvent dans une sorte de trilogie qui pourrait se ramener en son essentiel chronologique sous les  dénominations suivantes : Luther, la Révolution française (« avant tout », dit le pape), la philosophie allemande. Et c’est tellement vrai. Luther a réduit l’objet de la foi à une conviction subjective : l’espérance devenait ainsi une opinion, une idée sans objet. La Révolution française a érigé l’idéologie en divinité, en matrice nouvelle et universelle d’une foi, d’une espérance, d’un amour pour ici-bas à réaliser dans la société heureuse des lendemains révolutionnaires qui sortira nécessairement de toutes les convulsions de tant de gésines douloureuses. Le pape, certes, ne s’appesantit pas sur ce point, mais ce n’est pas la première fois qu’il pointe du doigt ce tournant du mal.

    La philosophie allemande, enfin, va s’emparer de ce thème, dans l’étonnement que lui procure cet événement de la Révolution qui change le cours de l’histoire. Kant sera le premier à en saisir l’importance, dans un premier temps pour admirer, mais, dans un deuxième temps, – et Benoît XVI le cite –, pour en inférer – ce qui était bien vu – qu’il y avait là un tel retournement de perspectives qu’il pourrait bien s’agir pour le futur d’une annonce du règne de l’Antéchrist.  Joseph de Maistre et plus tard Soloviev ne penseront pas autrement.

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    Philosophe et poète, Soloviev (1853-1900) fut aussi un précurseur du rapprochement des Eglises chrétiennes

     

     

    Benoît XVI se garde bien de faire un cours de philosophie : il ne trace qu’à grands traits cette généalogie de l’idéologie moderne : Hegel dialectise l’Histoire pour mettre la Raison et l’Etat au bout de ses concepts ; Engels et Marx décident d’achever la révolution bourgeoise en révolution prolétarienne et mettent au bout de la dialectique historique, matérialiste, économiste et productiviste, l’avènement inéluctable de la société sans classe. Il n’est plus d’autre espérance !

    Le malheur est que, quand Lénine a prétendu réaliser la prophétie, il a créé le goulag, l’univers concentrationnaire. Terrible leçon, car, rappelle le pape, l’homme reste l’homme et les structures matérielles et sociales ne suffisent pas à l’améliorer. L’espérance est d’un autre ordre. Il n’empêche que, sous une forme ou sous une autre, l’Europe occidentale, puis le monde entier ont été affectés par tous ces totalitarismes de l’idéologie qui s’était  emparé de la politique. Même les chrétiens, souligne Benoît XVI, en ont été marqués dans leur conception, abandonnant dans leur pensée une telle place à l’idéologie que, pour les plus pieux d’entre eux, ils ne concevaient  plus qu’un salut tout personnel. Comme c’est bien vu !

     

    Le retour à l’espérance

     

    Et le pape de s’adresser directement aux chrétiens pour leur demander de se purifier de ses visions erronées et de rectifier leur regard. C’est la partie la plus belle de l’encyclique dont ce n’est pas le lieu ici de faire le commentaire. Pour faire bref, le pape appelle les chrétiens à la prière qui est la meilleure manière d’exprimer l’espérance chrétienne. Il les invite à agir en acceptant la souffrance et les difficultés puisque c’est au travers de ce monde, imparfait par nature, que l’homme marche vers la perfection surnaturelle. Enfin Benoît XVI évoque le jugement, jugement personnel, jugement final, avec beaucoup de délicatesse mais sans hésiter : ainsi il prêche « les fins dernières », prédication qui, depuis des décennies, avait disparu – mais presque totalement – du discours ecclésiastique. C’est pour ainsi dire aujourd’hui une nouveauté.

    Les méchants seront jugés comme méchants, les bons comme bons : cette simple proposition redonne un sens à la vie, un ordre aux choses, une finalité à la création. Car la justice est le besoin le plus incoercible de la  nature humaine et peut-être de la nature tout court et, dit Benoît XVI, elle justifie à elle seule et presque de manière naturelle – et c’est exprès que le pape cite en cet endroit Platon – la croyance en l’immortalité de l’âme et en la résurrection de la chair. Et comme la plupart des hommes sont dans l’entre-deux de  la misère et du désir de perfection, il est juste et normal que l’Église ait conçu, comme il se doit, une nécessaire purgation. Avant la rencontre définitive.

    Que dire ici ? Sinon que cette encyclique est un formidable rétablissement. En quelques pages Benoît XVI rend à l’humanité moderne le plus grand des services moraux et, ajoutons-le sans scrupule, politiques. Tout simplement en remettant l’eschatologie, c’est-à-dire la connaissance des fins dernières, là où elle doit être. Il libère la religion en lui redonnant sa dimension surnaturelle ; il libère du même coup la politique en la débarrassant, dans une conception saine, de tout l’horrible fardeau de l’idéologie. Idéologie qui encombre encore malheureusement tant de discours, qui offusque encore passablement l’horizon. Idéologie qui n’a jamais fait l’affaire au cours de ces derniers siècles que d’aventuriers qui, en promettant le « Bonheur » aux peuples – le « Bonheur final » ! – n’ont causé que leur malheur et les ont réduits à la servitude, le pire étant peut-être aujourd’hui la servitude de l’argent. Autre forme d’idéologie.

     

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    La grande force de l’idéologie a tenu au fait qu’elle a réussi à s’emparer de l’État et, par l’État, de la culture officielle et de l’éducation des peuples. L’État idéologue a pu ainsi substituer ses mots d’ordre à la foi, à l’espérance et à la charité, qu’il a orientées vers ses propres fins, et il s’est substitué de la même façon à la politique en lui retirant sa fonction d’ordonnatrice du Bien commun et en imposant sous son nom ses principes de gouvernement. Il a ainsi abusé le monde et il l’a fait en toute impunité puisqu’il s’est déclaré en même temps la Justice, celui qui la dit, celui qui la fait, celui qui donne le jugement final sur le Bien et sur le Mal. Voilà la parodie d’espérance dont la parole du pape nous libère !

    Et voici que le temps de l’État idéologue commence à passer. La tour de Babel a déjà  vacillé. Des pans entiers se sont effondrés dans les pays de l’Est, libérant des énergies qui, dans le tourbillon des changements, n’ont pas révélé encore leur capacité. La France, quant à elle, pour parler de notre pays, n’en a pas fini certes avec son idéologie.

    Cependant le diagnostic du pape est profondément vrai : une ère s’achève qu’il faut fermer. C’est dans l’air du temps. Le professeur Jean-François Mattéi vient de publier un remarquable essai sur l’épuisement de la culture européenne, d’où il résulte qu’à force d’idéologie l’Europe en est venue à perdre le sens de sa propre identité, faite de rationalité, de liberté, d’espérance incoercible et d’universalisme chrétien. Elle semble renoncer à elle-même  et elle ne sait plus où elle va ; elle a, dit Mattéi, le regard vide.

  • Défense : Retour au réel national

     

    Par Mathieu Épinay*

     

    Florence Parly, à l’imitation de son maître, ne parle que d’Europe et de défense européenne, expose en longs discours la lettre d’intention qui est censée lancer l’Initiative européenne d’intervention (IEI) souhaitée par Emmanuel Macron, s’étend sur la Coopération structurée permanente (CSP), ressort tous les « trucs » à discours officiels et à conférences inutiles… L’essentiel n’est pas là. 

    Alors que Macron a tout misé sur une relance de l’Union européenne dont il se verrait bien un jour l’empereur élu, voici que le bateau européen prend l’eau de toutes parts. Le Brexit creuse imperturbablement son sillon, sans exode des Français de Londres ni cataclysme économique. L’Italie prend le contrepied de tous les dogmes européistes qu’ils soient monétaires, sociétaux, immigrationistes et renvoie sans scrupules un bateau négrier armé par des ONG allemandes vers l’Espagne. Et elle continuera !

    Le monde tel qu’il est

    La révolte contre Bruxelles gronde aux « Marches » de l’Est ; les nations du groupe de Visegrad refusent la submersion migratoire islamique. Elles ne veulent pas se laisser déchristianiser et déraciner par l’islam. Elles ont compris le plan qui cherche à leur imposer l’« open society » du milliardaire Soros, synthèse des mondes infernaux imaginés par Orwell et Huxley. À ce jeu dangereux du prétendu mixage, on risque plutôt la charia. Soros a dû quitter Budapest où, comme à Varsovie et à Vienne, l’esprit de Jean Sobieski, vainqueur des Turcs en 1683, est bien présent.

    Et voici que l’Amérique ne s’occupe plus que de ses intérêts de nation ; Trump déroute, surprend, exaspère mais avance et atteint ses objectifs, même les plus improbables avec la Corée du Nord : au diable le village global et l’équité des tarifs douaniers, c’est la loi du plus fort ! Désemparé, le trio Macron, Junker, Merkel, libéral-libertaire, socialo-immigrationiste, a du mal à sauver ses meubles. L’Allemande, contestée au sein de sa coalition, pourrait bientôt être débarquée. Dans des circonstances où la chimère de l’Europe-puissance apparaît bien comme telle, notre loi de programmation militaire pour 2019-2025 prend une importance particulière. S’alignera-t-elle sur les vieux poncifs de l’Union ou sur les réalités présentes ?

    Cela ne semble pas intéresser « la » ministre Florence Parly qui poursuit sa quête névrotique de l’égalité et de la diversité : la féminisation à outrance ! Devant les députés, elle ne cache pas son excitation à mettre cette année des femmes dans nos sous-marins, avec cette jouissance malsaine d’y avoir violé le dernier bastion de virilité martiale. Elle fait diffuser dans les armées des fiches de propagande sur la théorie du genre. Elle se félicite encore d’avoir 38 femmes Générales, ce qui n’a aucune importance pour les Français et surtout les Françaises qui ne veulent rien d’autre qu’une armée crédible qui les protège, elles et leurs enfants ; elles n’ont que faire du nombre de généraux féminins. Et elle fait topo sur topo sur une Europe de la Défense dont les Allemands ne veulent pas et dont les Français sont chargés de faire croire qu’elle existe.

    La loi de programmation

    Plus sérieusement, les auditions sur le projet de loi de programmation sont assez rassurantes; les états-majors, la Direction générale pour l’armement et les industriels nationaux font, eux, un travail de qualité. Mais les belles promesses budgétaires sur lesquelles il s’appuie seront-elles seulement tenues jusqu’en 2025 ? On observera que le mandat du président expire en 2022 et que le pic budgétaire est situé après, en particulier pour la Marine.

    La modernisation de notre flotte, qui patrouille des Kerguelen jusqu’aux Spartleys où elle va taquiner la marine chinoise, est urgente. Il faut lui donner les moyens d’assumer notre deuxième rang mondial en termes de zone économique exclusive, d’y pourchasser les braconniers de la mer et les trafiquants de drogue, de sécuriser nos voies de communication. Après la mise en service des deux nouvelles frégates antiaériennes et des 4 premières FREMM (frégates multimissions), redoutables chasseurs de sous-marins, la marine en attend 4 autres qui seront ensuite complétées par cinq frégates de taille intermédiaire (FTI) plus exportables que les FREMM trop sophistiquées pour certains clients. Ces 15 frégates de premier rang constitueront le fer de lance de notre marine de surface. Le Suffren, premier des 6 nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque (SNA), sera mis en service en 2020. Le remplacement des vieux « Rubis » est vital. Ces sous-marins permettent seuls d’établir une véritable suprématie navale. Le deuxième porte-avions viendra plus tard (2035 ?), pour remplacer le Charles de Gaulle qui sort de deux années de grand carénage.

    L’Armée de l’air continue à batailler avec les budgets et processus de maintenance. De plus, la mise en service laborieuse de l’Airbus de transport militaire A400M lui impose l’achat de Hercules américains supplémentaires. Elle paie ici une coopération européenne trop élargie par idéologie. La multiplication des partenaires industriels et politiques a affaibli la maitrise d’ouvrage et pénalisé la conduite du programme. Le « Commandement européen du transport aérien » ne résoudra rien comme l’indique le chef d’état-major de l’Armée de l’Air : « Les droits des uns et des autres sont équilibrés en fonction des prestations qu’ils ont mises à disposition de ce commandement. Il n’est pas rare, ainsi, que nos forces bénéficient de l’appui d’appareils italiens, belges, espagnols ou néerlandais. Cela étant précisé, une somme de lacunes ne résout en général pas une lacune globale. Je veux dire par là que ce type de mutualisation capacitaire ne peut constituer à elle seule une réponse face à une insuffisance assez largement partagée au sein des nations européennes. »

    Avec le départ progressif des Mirage, l’aviation de combat devrait rejoindre dans dix ans un format à 185 Rafale, ce qui, vu leurs performances, leur polyvalence et l’appui des 40 Rafale « Marine » est raisonnable. On parle encore d’une coopération pour la suite : un « système de combat aérien futur », mais tout cela est très politique et les militaires qui n’en ont pas besoin maintenant, essaient de tempérer. Les accords de Lancaster House signés par Sarkozy lançaient cette coopération ; elle a fait long feu. Maintenant Macron veut entraîner Merkel sur un projet franco-allemand où nous aurions tout à perdre. Heureusement, les déclarations récentes sont timides et la menace reste lointaine. Dans l’immédiat, la Luftwaffe fait de l’acharnement thérapeutique sur ses vieux Tornado plutôt que de nous acheter des Rafale, ce qui, outre-Rhin, reste inconcevable pour des raisons « culturelles ».

    L’Armée de terre, quant à elle, a rétabli sa force opérationnelle terrestre à 11000 hommes grâce à un vigoureux effort de recrutement et de formation. Le programme Scorpion de modernisation de ses véhicules de combat se poursuit avec une velléité politique de coopération franco-allemande sur un nouveau char de combat.

    S’agissant du « service militaire Macron », le général Bosser rappelle à bon entendeur qu’une armée de terre professionnalisée depuis bientôt 20 ans avec 80 000 hommes, est incapable d’absorber 800 000 jeunes conscrits, garçons et filles, même pour une semaine…

    Indépendance nationale

    Le projet de loi de programmation militaire reste finalement assez cohérent avec la nouvelle donne géostratégique : implosion du projet européen, protectionnisme américain décomplexé, risques de prolifération nucléaire non maîtrisés, submersion migratoire et pénétration islamique de l’Europe qui suggère une remontée en puissance de l’armée de terre en prévision du pire.

    Deux piliers de notre indépendance y sont préservés :

     La volonté de maintenir notre système de dissuasion au plus haut niveau est clairement affichée. Comme ses prédécesseurs, Jupiter a vite compris le poids que lui donnait la foudre nucléaire sur la scène internationale.

     La préservation d’une industrie de défense forte ne fait pas débat. Au-delà de son intérêt politique et stratégique évident, elle représente un chiffre d’affaires de 20 milliard d’euros et un excédent commercial de 3 milliards. En sus, la Défense lui affecte près d’un milliard d’études en amont; ces budgets essentiels pour préparer l’avenir ont permis à Dassault de développer un prototype de drone de combat « Neuron » pour quelques centaines de millions d’euros, probablement le dixième de ce qu’il aurait coûté aux USA, cela grâce à des bureaux d’étude maintenus au meilleur niveau. Pour mémoire, le développement du Rafale a coûté sur 15 ans 9 milliards, celui de son concurrent européen 18 et notre « Éducation nationale » coûte 100 milliards par an.

    En terme d’indépendance encore, la mise en service opérationnelle cet été du GPS européen « Galileo » opère, au seuil de cette nouvelle loi de programmation militaire, une véritable révolution pour nos armées encore tributaires du GPS américain pour la navigation et, plus grave, pour le guidage des armes. Reste à débarrasser notre aviation de combat, en particulier les Rafale air et marine, de la « liaison16 ». Ce système américain de communication de la guerre froide est inadapté, périmé et coûteux. Pire, sa cryptographie est verrouillée par le Pentagone. Un scandale d’un demi-milliard d’euros qui avait été discrètement étouffé sous Sarkozy. On prévoit maintenant une liaison française par satellite sur nos Rafale, c’est plus sérieux.

    Encore une fois, le projet de loi de programmation militaire « tient la route » ; et, encore une fois, la vraie question est celle de sa soutenabilité budgétaire dans le temps. La réalité politico-économique nous prépare des années difficiles avec des arbitrages cruels ; il faudra préserver l’essentiel sur des critères nationaux.

    Récemment un patron d’industrie parmi les plus incontestables, directeur général de Dassault et président du Conseil des industries de défense, répondait à un parlementaire sur notre aptitude à faire seuls le futur drone d’observation européen : « Dassault sait le faire seul, avec ses collègues traditionnels que sont Thales et Safran, mais c’est une question politique, bien qu’également budgétaire. »

    Oui, c’est bien d’abord une question politique, ce qui ne laisse pas de nous inquiéter : nous avons les compétences nationales, mais ce gouvernement peut encore compromettre nos programmes d’équipement et galvauder nos expertises en imposant par idéologie des coopérations inutiles, coûteuses et nuisibles.     

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    Le lancement par la DCNS, à Lorient, de la frégate FREMM (multi-mission) Normandie.

    Mathieu Épinay

    * Collectif de spécialistes des questions de Défense
  • Ceux qui nous fracturent. Au-delà de l'islamisme, ces séparatismes qui nous mènent à la guerre civile, par Natacha Polon

    Identitaires de droite et de gauche, féministes qui détestent les hommes, gauchistes totalitaires... Les tenants de l’islam politique ne sont pas les seuls à fracturer la société française. Les mesures annoncées par le chef de l’État sont salutaires, mais il reste tant à faire pour préserver notre héritage commun issu des Lumières.

    2.jpgCertains diront qu’il était temps. Les conseillers et les visiteurs du soir promettaient depuis trois ans le grand discours fondateur. Sur la laïcité d’abord, puis sur le communautarisme. Ce fut sur le « séparatisme ». L’essentiel n’est finalement pas là. Qu’Emmanuel Macron l’ait fait contraint et forcé par les événements – cet attentat devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, comme un rappel des 250 morts depuis 2015 – ou mû par des arrière-pensées électoralistes – aller sur le « régalien » pour fracturer encore un peu la droite – la lucidité, l’honnêteté intellectuelle, doivent seules guider le jugement sur ce discours du vendredi 2 octobre.

    Le président de la République s’est dépouillé ce jour-là de son lyrisme excessif, de ses effets de manches habituels. Il a nommé l’ennemi sans ambages : cet islamisme qui tend à constituer une contre-société en utilisant chaque parcelle de notre État de droit pour retourner contre nous nos principes. Il a annoncé des mesures précises, d’une ampleur incontestable. Beaucoup étaient dans l’air du temps depuis des années ? Certes ! Mais il n’en est que plus appréciable que la puissance publique se décide enfin à les mettre en œuvre.

    La clarification entre associations culturelles et associations cultuelles est fondamentale pour éviter le contournement de nos institutions à des fins d’endoctrinement. Quant à la suppression des ELCO (dispositifs « enseignement langue et culture d’origine »), dont on sait depuis trente ans qu’ils sont la négation même de tout projet d’intégration puisque, sous prétexte de permettre à des enfants d’immigrés de conserver un lien avec la culture de leurs parents, ils les maintiennent dans leur statut d’immigrés en les confiant à des professeurs choisis sans aucun contrôle par les pays d’origine, elle met fin à une aberration.

    Piège communautariste

    Le discours d’Emmanuel Macron a pointé le problème sans excès, sans quoi que ce soit qui puisse objectivement constituer un de ces « amalgames » que traquent certains. Cela n’a pas empêché les vrais communautaristes de sortir du bois. Le CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France), d’abord, dans un magnifique exercice de rhétorique utilisant les droits individuels pour se faire le défenseur d’une idéologie qui les nie. En se payant le luxe, même, d’accuser la France de dérive autoritaire et liberticide. C’est bien le piège dans lequel sont enfermées toutes les sociétés qui se calquent, pour organiser la démocratie, sur le modèle communautariste et multiculturel anglo-saxon plutôt que sur ce qui fut le modèle républicain français. Des communautés dont l’objet même est de nier toute liberté individuelle, en premier lieu celle de s’en extraire, peuvent revendiquer, au même titre que les individus, de faire valoir leurs droits et le « respect » de leur « différence ». La République, elle, ne reconnaît que des individus, des citoyens autonomes partageant des valeurs communes, dont certaines, comme l’égalité hommes-femmes et la mixité de l’espace public, ne sont pas négociables.

    Il faut comparer ce texte tout en syllogismes du CCIF avec la tribune publiée le 1er octobre dans le Monde par Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris. « Le premier amalgame à éviter, ne serait-ce que par honnêteté intellectuelle, consiste à ne pas laisser croire que les partisans de l’obscurantisme et de la haine de l’autre valent les adeptes des Lumières et du respect de l’altérité. […] Certains représentants de l’islam de France – comme certains responsables politiques d’ailleurs – sont très souvent dans le déni. Par calcul, par cynisme, par facilité, probablement parfois par lâcheté, un certain nombre d’acteurs représentatifs, d’élus locaux se sont refusé à voir la situation à laquelle nous faisons face aujourd’hui. »

    Alors que le CCIF fait semblant de ne pas comprendre ce que désigne l’islamisme, et pratique le pire des amalgames puisqu’il explique que ce mot ne ferait que stigmatiser les pratiques courantes de l’ensemble des musulmans, le recteur de la Grande Mosquée est on ne peut plus clair : « Le “séparatisme” est une attitude qui amène certains milieux extrémistes, tantôt partisans d’un islam sectaire, tantôt militants pour un islam politique, à refuser les lois de la République et à leur substituer leurs “interprétations” religieuses, voire des “lois coutumières”. Ceux qui ont agi ou agissent de la sorte, il est nécessaire de le souligner, l’ont fait parce qu’ils ont pu le faire, parce qu’on leur a permis de le faire ou parce qu’on a, trop longtemps, fermé les yeux, au nom de la “politique de l’excuse”, d’une attitude infantilisante qui promeut un discours victimaire, par ailleurs très méprisant à l’égard des musulmans qu’on voit trop souvent comme des musulmans seulement, au lieu de les voir comme des citoyens avec des droits et des devoirs. »

    "Guerre de religion" ?

    Au moins, les choses sont claires et l’on sait qui considère les musulmans comme faisant partie intégrante de la République et qui veut les jeter dans les bras des intégristes. Et l’engagement du recteur de la Grande Mosquée d’être aux côtés du président si celui-ci accompagne ses mesures d’une lutte sincère contre la ghettoïsation qui fait le lit du séparatisme est aussi nécessaire que le reste. Il ne s’agit pas seulement de lancer la énième – et coûteuse – rénovation urbaine. Ce qui manque dans les banlieues comme dans les campagnes, c’est la présence concrète de l’État à travers les services publics, les fonctionnaires, les infrastructures. Les mauvaises langues diront qu’Emmanuel Macron devrait rappeler Jean-Louis Borloo… À tout le moins faudrait-il être aussi concret sur ce volet que sur celui de la lutte contre l’islamisme.

    On adressera une mention spéciale à Jean-Luc Mélenchon, qui a dénoncé dans le discours d’Emmanuel Macron une « guerre de religion ». Deux jours plus tard, il s’insurgeait contre une perquisition à la mosquée Omar, dans le XIe arrondissement de Paris, parlant de policiers « armés jusqu’aux dents » surgissant « au catéchisme de la mosquée ». Le chef des Insoumis oubliait de préciser que cette sympathique mosquée de la rue Jean-Pierre-Timbaud est depuis quinze ans un haut lieu de diffusion du salafisme, de contrôle de l’espace public et de la tenue des femmes, et de mise en relation de candidats au djihad. Bref, la quintessence de ce « séparatisme » contre lequel, enfin, la puissance publique a décidé d’agir. « Honteuse incitation à la haine de l’État » ajoutait Jean-Luc Mélenchon, au cas où l’on n’aurait pas bien compris qu’il invitait à la cultiver.

    Ces fractures qui nous menacent

    C’est bien tout le problème : les différents avatars du salafisme ne sont pas les seuls à fracturer la société française. La violence de ce qu’on n’ose plus appeler débat public nous le raconte : la rencontre entre l’individualisme promu par le modèle néolibéral et la puissance du spectacle médiatique favorise ce mélange de victimisation et de fabrication d’un ennemi emblématique qui sature aujourd’hui les médias. Le texte du CCIF prouve à quel point c’est l’importation du modèle anglo-saxon des droits individuels, sous l’effet de la globalisation culturelle, qui offre une arme aux islamistes. Or cette même vision du monde s’impose désormais par l’hypertrophie des questions identitaires, relues à travers le prisme unique des rapports de domination. Qu’un ancien champion du monde de football devenu militant antiraciste en soit à conceptualiser une supposée « pensée blanche »  a quelque chose d’effarant. Pendant ce temps, de provocations en flatteries adressées à son public, Éric Zemmour continue à radicaliser la parole publique en obligeant quiconque à se situer par rapport à ses outrances.

    Succès garanti puisque, en face, on ne vit que de la dénonciation d’une « zemmourisation » des esprits. « Des parties de ping-pong ou des matches de boxe se jouent désormais au quotidien entre deux camps antinomiques, analyse ainsi le philosophe et sociologue Jean-Pierre Le Goff. Une gauche culturelle dans le déni des problèmes et une droite extrême décomplexée désireuse de lâcher les coups. Rien de bien original au fond. Mais ces conflits, supposément libérateurs de la parole, finissent par ne plus traiter le problème en profondeur. Par exemple, le sujet sensible de la délinquance des mineurs isolés mute sous l’effet de la polémique. Il se transforme en un simple et stérile conflit Zemmour-SOS Racisme où plus rien ne s’entend vraiment, où les deux parties font du surf sur du chaos. » Il eût été pourtant essentiel de pouvoir débattre de la politique d’accueil des mineurs isolés, dont tout le monde peut constater qu’elle aboutit à un détournement de la loi, une inefficacité dommageable à ceux qui ont réellement besoin d’aide, et un risque pour l’ordre public et la sécurité des citoyens. Raté. On se contentera de commenter les saillies volontairement outrancières et racistes de la star de CNews.

    Des caricatures, encore et encore...

    Mais le danger qui nous guette à travers la mise en avant systématique, par les réseaux sociaux mais aussi les médias traditionnels, auxquels ces mêmes réseaux dictent désormais leur mode de fonctionnement et leurs urgences, des opinions les plus caricaturales est le renforcement de ceux qui rêvent de guerre civile, que ce soit pour guérir leur frustration ou pour embrigader leurs troupes potentielles. En cela, les Insoumis rendent un fier service au CCIF quand ils font croire que lutter contre l’influence malsaine d’une mosquée salafiste reviendrait à mener une guerre contre « les musulmans ». Ils participent d’un mouvement de morcellement de la société et d’enfermement des individus dans des identités figées, à rebours de l’idéal des Lumières qui constitue notre héritage commun.

    La réponse ? La reconstitution d’une communauté politique constituée de citoyens autonomes et responsables, réservant leurs appartenances et attaches identitaires à l’espace privé, et d’un État garant du bien commun, armé pour accomplir ses missions, dont la première est d’offrir à tous les citoyens les infrastructures et services publics sans lesquels il n’est pas d’égalité réelle, donc pas de liberté véritable.

    Fauteurs de guerre civile ? « Au lieu de guerre civile, s’interroge Jean-Pierre Le Goff, ne faudrait-il pas plutôt parler de délitement républicain ? Ce terreau culturel, composé de valeurs communes transmises par l’école et de récits nationaux à travers des manuels comme Lagarde et Michard, s’appauvrit depuis une quarantaine d’années. Et la France se présente comme morcelée culturellement en bute à l’explosion des rancœurs entre “tribus” repliées. Mais, il ne faut pas désespérer, il existe encore des réserves d’humanité. Les élites et les classes populaires peuvent encore trouver un terrain d’entente. » Morcellement, archipellisation… ces thématiques ont imprégné le débat ces dernières années, en contradiction apparente avec le retour de la question sociale et de la lutte des classes, devenu patent avec les « gilets jaunes ».

    Les logiques qui nous minent

    Plutôt que d’une contradiction, il s’agit d’un mouvement dialectique au cœur duquel se trouve la puissance de déstructuration du néolibéralisme. La logique de dérégulation, de détricotage de l’État comme émanation de la volonté des citoyens, de contournement de la démocratie par des instances permettant d’imposer le libre-échange au profit de multinationales déterritorialisées, a fragilisé l’idée même de communauté politique. Souvenons-nous de la profession de foi de Margaret Thatcher : « La société, ça n’existe pas. Il n’y a que des individus, hommes et femmes, et des familles. »

    En cela, le néolibéralisme, au contraire du libéralisme comment pensée économique et politique, est un processus révolutionnaire au bout duquel se trouve potentiellement la guerre civile. Les États-Unis en sont l’illustration. Mais les limites – et l’échec patent – de ce système, qui aboutit à la destruction des classes moyennes et populaires des pays occidentaux, font renaître une problématique sociale jusque-là ringardisée.

    Reste à éviter que cette problématique sociale ne s’abîme en une rhétorique populiste, c’est-à-dire de confrontation entre un peuple mythifié et des élites repoussoirs, ce à quoi s’emploient aussi bien une extrême droite opportuniste qu’une extrême gauche nostalgique de la violence révolutionnaire. La réponse ? La reconstitution d’une communauté politique constituée de citoyens autonomes et responsables, réservant leurs appartenances et attaches identitaires à l’espace privé, et d’un État garant du bien commun, armé pour accomplir ses missions, dont la première est d’offrir à tous les citoyens les infrastructures et services publics sans lesquels il n’est pas d’égalité réelle, donc pas de liberté véritable. C’est là que se rejoignent les choix économiques d’un gouvernement et son traitement des sujets dits « régaliens ». Il y faut plus que des discours : de la cohérence.

    Source : https://www.marianne.net/

  • L’homme qui présida au déclin français, par Yves Morel.

    Illustration : En définitive, le défunt président fut le continuateur et l’exemple éclatant d’une tradition d’abandon propre à sa famille politique.

    Hommages et louanges ont plu sur les écrans et dans la presse pour saluer Valéry Giscard d’Estaing, ce président de la République (du 27 mai 1974 au 21 mai 1981) qui a su dépoussiérer notre vieille société et a donné un élan décisif à la « construction » européenne. De fait, la France a profondément changé durant le septennat de Valéry Giscard d’Estaing.

    En avril 1974, au moment du décès de Georges Pompidou, le pays reste attaché à certaines valeurs, garantes de sa pérennité et de celle de notre civilisation occidentale. La Ve République, pour critiquable qu’elle puisse paraître, lui a tout de même apporté la stabilité, notamment en mettant fin au harcèlement parlementaire, source d’impuissance. Et, par ailleurs, elle a chevauché la vague de prospérité commencée au milieu des années 1950, et entrepris sa modernisation industrielle, technique et territoriale. Certes, la société française a connu la grande secousse des sixties, qui culmina lors des événements de mai 1968, et elle est depuis minée par un esprit de contestation générale. Un vent de subversion souffle sur le pays, tout le monde se veut révolutionnaire, et la France connaît un âge d’or du gauchisme. La gauche a le vent en poupe, et l’extrême gauche enivre la jeunesse, surtout celle des facs. En art, les avant-gardes se succèdent (abstraction lyrique, abstraction géométrique, pop art, hyperréalisme, art minimal, art conceptuel), beaucoup d’artistes ne sont pas peintres ou sculpteurs, mais  « plasticiens », on organise des « expositions du vide » et des concerts de silence, Boulez décompose la musique, et on projette des films sans image. On instruit le procès de la « culture de classe » et de l’École des héritiers, vouée à la reproduction des inégalités sociales et culturelles.

    Et, déjà, les pédagogies non directives pointent dans nos lycées, où la discipline se relâche, cependant que des délégués politisés de parents d’élèves ont leur mot à dire dans les conseils de classes ou d’établissement. Mais les révolutionnaires de tout poil ne font pas encore la loi, ni dans les écoles, ni en politique où la gauche reste minoritaire en voix. La droite ose s’affirmer comme telle, et défendre les valeurs qu’elle incarne censément : le mariage, la famille, la condamnation de l’avortement, le respect des aînés, la discipline à l’école, l’autorité au sein des entreprises et des administrations, la répression des troubles de l’ordre public, la juste punition des délits et des crimes, et la défense d’une morale encore largement imprégnée de christianisme. Les hommes de la droite et du centre sont catholiques de pratique et de conviction, les parents, toutes classes confondues, font donner une instruction religieuse à leurs enfants et leur font faire leur première communion. Les mariages sont consacrés par le prêtre, le divorce et l’union libre sont mal perçus.

    La révolution culturelle giscardienne

    Tout cela va changer à compter de l’entrée de VGE à l’Élysée, le 27 mai 1974. D’un point de vue étroitement politique, rien ne semble vraiment bouger. Certes, le nouveau président n’appartient pas à l’UDR, le parti du général de Gaulle et de Georges Pompidou. Mais il est le chef des Républicains indépendants, représentants de la droite conservatrice et appartenant à la majorité parlementaire depuis 1958. L’alternance, espérée par les uns, redoutée par les autres, qui eût porté la gauche au pouvoir suprême, ne s’est pas produite : Valéry Giscard d’Estaing a été élu à la présidence de la République par 50,81 % des suffrages exprimés contre François Mitterrand. On peut donc augurer une continuité globale entre le septennat écourté de Pompidou et le sien. D’autant plus que Giscard représente la droite classique, laquelle se démarque du gaullisme, conservateur à certains égards et tourné vers le culte d’un passé national glorieux, mais dont l’attachement aux valeurs traditionnelles se trouve écorné par son hostilité à Vichy, qui les avait incarnées, son fort ancrage républicain et jacobin, sans parler des velléités sociales-démocrates des gaullistes de gauche. La droite nationaliste s’est ralliée à la candidature de Giscard dès le premier tour, afin d’évincer Chaban-Delmas (candidat gaulliste) avec sa « nouvelle société » et Mitterrand, candidat de gauche.

    Or, à peine entré en fonction, le nouveau président se lance dans une manière de révolution culturelle.

    Il ouvre le gouvernement et élargit la majorité parlementaire aux personnalités du centre gauche, du Mouvement réformateur, qui unit le Centre démocrate (ancien MRP), le parti radical et le parti démocrate-socialiste. On voit ainsi entrer au ministère Françoise Giroud, féministe et gauchiste, qui appela à voter Mitterrand, Jean Lecanuet, qui se défendait d’appartenir à la droite, et Servan-Schreiber, admirateur des États-Unis, moderniste, et ennemi de la vieille France et de toutes les traditions, et des gens sans enracinement politique, partants pour toutes les réformes, comme Simone Veil. Giscard, malgré sa calvitie, joue les jeunes cadres dynamiques, pose en complet veston plutôt que vêtu du frac présidentiel, se fait filmer en maillot à la plage, et va dîner chez des Français moyens. Il abaisse l’âge de la majorité civile (loi du 5 juillet 1974), légalise l’avortement (loi Veil du 17 janvier 1975) et autorise le divorce par consentement mutuel (loi du 11 juillet 1975). Son ministre de l’Éducation, René Haby, crée le collège unique (loi du 11 juillet 1975, qui abaissera définitivement le niveau de notre enseignement secondaire en le primarisant et en en faisant le lieu privilégié de toutes les innovations pédagogiques), laisse les gauchistes régner dans les facs, introduit des pédagogues d’avant-garde au sein de son staff de conseillers, ne fait rien pour soustraire nos établissements scolaires à la domination des syndicats, et, au contraire, y tolère la pénétration des idéologies subversives, l’indiscipline, le chahut et l’activisme des lycéens politisés de l’UNCAL. Déjà mis à mal par les événements de 1968 et leurs conséquences négatives, notre système d’éducation sombrera dans le plus profond marasme sous Giscard.

    C’est également sous Giscard que les mœurs se déliteront, que l’autorité parentale s’effondrera, que l’indiscipline, l’insolence et la vulgarité seront à la mode avant de passer pour constitutives d’un brevet de normalité, voire de civisme, que la contestation permanente deviendra une composante de notre ethos national, que se généraliseront l’individualisme débridé, l’hédonisme, la recherche effrénée du plaisir aliénant, la culture des plus basses jouissances et la goujaterie. Assurément, la société française de 1981 ne ressemblera plus à celle de 1974.

    On rétorquera que Giscard ne fit qu’avaliser une « évolution des mœurs » qui se serait produite sans lui, et affecta tous les pays occidentaux. L’objection ne vaut qu’à moitié, et encore : en France, rien ne se fait, ne se généralise, tant que le pouvoir politique ne le décide pas ou ne l’encourage pas en donnant l’exemple. Rien de ce que nous venons de rappeler ne se serait produit sous Pompidou.

    Le responsable d’une immigration massive

    Giscard porte aussi une lourde part de responsabilité dans la progression massive de l’immigration, avec le décret sur le regroupement familial, du 29 avril 1976, qui permit l’installation des familles entières des travailleurs étrangers sur notre sol, multipliant ainsi astronomiquement le nombre des immigrés, dont les enfants, nés sur le territoire national, devaient devenir français par l’effet du jus solis. Mitterrand et les socialistes auront peu à ajouter, au moins dans un premier temps, pour faire leur « France de toutes les couleurs », polyethnique et multiculturelle… dont nous cueillons aujourd’hui les fruits délicieux.

    Le précurseur d’une Europe fédérale

    Giscard donna enfin une impulsion décisive à la « construction » européenne. À l’idée gaulliste d’une « Europe des patries », il substitua celle d’une Europe fédérale en laquelle la France devait abdiquer sa souveraineté et renoncer à sa monnaie en faveur d’une institution politique supranationale. Alors que de Gaulle et Pompidou s’y étaient opposés, il accepte l’élection du Parlement européen au suffrage universel direct, préparant ainsi cette supranationalité (1977), et lance l’unité de compte européenne (ECU, 1979), matrice du futur euro.
    Et ne parlons pas de sa politique excessivement pro-arabe au Proche-Orient, et prétendument progressiste, ce qui ne l’empêche pas de s’accommoder d’un néo-colonialisme scandaleux en Afrique noire et de l’aide militaire apportée au Zaïre du tyran Mobutu.

    L’initiateur du renoncement

    Incapable de résoudre le problème de la crise économique et du chômage engendré par la mutation de l’économie durant le dernier quart du XXe siècle, marquée par le monétarisme, la mondialisation, le règne de la Bourse et des banques, et la rupture d’avec le modèle keynésien qui avait dominé l’Europe occidentale depuis les années 1950, Giscard perdit la présidentielle de 1981.
    Ses successeurs, de gauche ou de droite, ne surent pas trouver d’autre choix que de poursuivre dans la voie, qu’il avait largement ouverte, de la mondialisation mercantile, de l’abdication de notre souveraineté et de la déliquescence morale et culturelle.

    Trahison ou persistance de l’incurie de la droite libérale ?

    « Il nous a trahis », déclaraient, dès la fin de 1975, à la suite du journal Minute, nombre de ses électeurs qui avaient compté sur lui pour mettre fin à l’aventureuse politique gaulliste (tant en matière de relations internationales avec la sortie de l’OTAN et le rapprochement avec l’URSS, qu’en matière sociale avec ses tentations sociales-démocrates, voire gauchardisantes) et renouer avec une politique franchement conservatrice. Mais peut-on parler de trahison ? Certes, Giscard s’est nettement démarqué de la morale, des habitudes de pensée, des comportements et de la tradition politique de sa propre famille, de son milieu d’origine et de la droite conservatrice libérale à laquelle il appartenait. Plutôt que d’être un président conservateur, il a préféré être un chef d’État moderne, délaissant passé et mémoire pour se tourner vers l’avenir en épousant son époque au passage. Mais, après tout, cette orientation n’est-elle pas le propre de la droite modérée depuis ses débuts ? Celle-ci s’est toujours efforcée de concilier les contraires, le legs révolutionnaire avec les traditions religieuses et morales, notamment, ignorant (ou ne se souciant guère d’en avoir conscience) qu’elle ne faisait, de la sorte, qu’apporter sa contribution, importante, à l’édification d’un monde nouveau pourtant étranger à toutes ses valeurs, principes et convictions (il est vrai que beaucoup de ses tenants n’en ont que peu). La Monarchie juste milieu de Juillet a préparé la république et la démocratie, la droite conservatrice du dernier quart du XIXe siècle a consolidé la république et relégué religion et morale catholiques à l’arrière plan et hors de l’État, les Modérés du premier tiers du XXe siècle se sont assoupis dans une république jacobine vieillissante bleu horizon, et ceux des débuts de la Ve ont accepté la perte de l’empire et de l’Algérie et l’idée gaullienne de la France. À partir des années 1980, l’exemple de Giscard aidant, ils renonceront à leur identité propre et jureront leurs grands dieux qu’ils professent les mêmes idéaux que la gauche, dont seules des différences mineures les séparent. Giscard avait libéralisé les mœurs et légalisé l’avortement. Ceux d’aujourd’hui ont approuvé le mariage pour tous et la PMA, en attendant la GPA, et sont tous de joyeux bobos « décomplexés ».

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Mezri Haddad et Relations franco-égyptiennes : « Ne soyons pas les idiots utiles des islamistes »

     

    par Mezri Haddad
     
    2293089609.14.jpgCe sont les idiots utiles de l'Islamisme, en Egypte, en France, en Europe et dans le monde, que Mezri Haddad dénonce ici avec vigueur, après le traitement que les médias, certains intellectuels ou politiques et, naturellement, les associations ad hoc, ont réservé à la récente élection présidentielle égyptienne. [Figarovox, 29.03]. Or l'Egypte du maréchal Al Sissi est, non seulement amie de la France, mais aussi notre alliée dans la lutte contre le terrorisme islamiste. Sous cet aspect, Mezri Haddad a évidemment raison. Signalons pour terminer que Mezri Haddad n'est pas un inconnu des royalistes français que lui aussi connaît bien. Nous nous rappelons avoir organisé il y a quelques années, à Marseille, entre Mezri Haddad et Jacques Trémolet de Villers, un dîner-débat sur la montée de l'islamisme en France et ailleurs, qui fut d'un grand intérêt. Nous n'avons jamais négligé ces échanges, ces relations, et nous les poursuivons ici, dans ces colonnes...  Lafautearousseau.
     
     

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    À l'occasion des élections présidentielles égyptiennes qui viennent de se dérouler en Égypte et dont l'annonce des résultats officiels est attendue le 2 avril, le plus important des pays arabes, démographiquement et géopolitiquement, est à nouveau sous le feu des projecteurs. Deux opinions antagoniques et a posteriori inconciliables s'affrontent. 

    Pour les uns, les Frères musulmans et leurs sympathisants islamo-gauchistes en France, l'Égypte vit sous une «  dictature militaire » qui réprime les libertés individuelles et emprisonne les opposants. Les élections présidentielles ne seraient par conséquent qu'une « mascarade », raison pour laquelle il faudrait les boycotter. Cette litanie est relayée par les ayatollahs du droit-de-l'hommisme orthodoxe, qui ont beaucoup perdu de leur éclat depuis le sacro-saint « printemps arabe », dont on mesure aujourd'hui les effets d'agrégation tant pour les pays arabes dévastés, Tunisie, Libye, Syrie, Yémen, que pour les pays européens, eu égard à l'invasion migratoire et à la métastase de l'islamisme criminel, qui vient encore de frapper dans l'Aude.

    Pour les autres, notamment les observateurs et les spécialistes qui connaissent bien la réalité sociale, politique, géopolitique, économique et sécuritaire de ce pays, ces élections - si imparfaites soient-elles - constituent une étape décisive dans un « processus démocratique » d'autant plus fragile qu'il dépend de trois grandes contraintes : une économie à redresser, une menace terroriste à juguler, et enfin une démographie galopante à contrôler car avec ses 100 millions d'habitants, l'Égypte compte 1 million d'habitants supplémentaires tous les dix mois.

    En tenant compte de ces trois forces centrifuges et d'un contexte régional et géopolitique particulièrement convulsif et périlleux, notamment avec la crise au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG), l'antagonisme Arabie Saoudite-Iran, la radicalisation du régime turc, le blocage des négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens, quel partenariat stratégique (politique, militaire et économique) peut-on envisager entre la France et l'Égypte ?

    Et d'abord, qui croire et que penser de l'Égypte en général et de ses nouvelles relations avec la France en particulier ? Qu'en est-il exactement des « lois liberticides », des « atteintes aux droits de l'homme » et de la « répression tous azimuts », que dénoncent certaines ONG ? Est-il exact que le « printemps » égyptien n'a duré que le temps où les Frères musulmans étaient au pouvoir avec la bénédiction de l'administration américaine ? Pour quelles raisons objectives Mohamed Morsi a-t-il été rejeté par la majorité des Égyptiens - près de 30 millions de manifestants en juin 2013 - pour porter au sommet du pouvoir un maréchal ? C'est ainsi que les comploteurs contre Nasser et les assassins de Sadate ont été chassés du pouvoir après deux années d'islamisme « modéré », qui a marqué les esprits, et pas seulement au sein de la minorité Copte !

    Serait-ce parce qu'il est pragmatique et qu'il a saisi l'importance cruciale d'une nouvelle alliance stratégique franco-égyptienne que le président Emmanuel Macron, lors de la visite du chef d'État égyptien en France, fin octobre 2017, a résisté aux pressions moralisatrices de Human Rights Watch, d'Amnesty International et de la FIDH, qui affirmaient que l'Égypte connaît « la pire crise des droits humains depuis des décennies » et lui réclamaient de mettre fin à son « silence » ?

    A la surprise générale et en rupture avec ses prédécesseurs immédiats à l'Élysée, Emmanuel Macron avait alors clairement répondu qu'il croit « à la souveraineté des États », que « le sujet des droits de l'homme, je l'ai considéré dans le contexte égyptien » de la lutte contre le terrorisme, et que « de la même façon que je n'accepte qu'aucun autre dirigeant me donne des leçons sur la manière de gouverner mon pays, je n'en donne pas aux autres ». A-t-il ainsi fermé la longue parenthèse du « devoir » ou du « droit d'ingérence » dont on mesure aujourd'hui les conséquences, notamment en Irak, en Syrie et en Libye ?

    Il est vrai qu'en septembre 2017, soit un mois avant la visite d'Abdel Fattah Al-Sissi en France, dans la Revue des Deux Mondes, Hubert Védrine, qui a l'oreille du président, se réjouissait des premiers pas du président Macron en matière de politique étrangère et en rupture avec « l'héritage Sarkozy-Hollande-Fabius ». Déjà en 2000, dans son remarquable article « Refonder la politique étrangère française », publié dans Le Monde Diplomatique, et sans jamais minimiser l'importance capitale des valeurs des droits de l'homme auxquelles il a toujours cru, Hubert Védrine se demandait si le droit d'ingérence n'était pas une panacée et relativisait par conséquent le dogme messianiste suivant lequel « tout pays non démocratique peut et doit devenir démocratique du jour au lendemain, la norme étant la démocratie occidentale d'aujourd'hui ». C'est que pour l'ancien chef de la diplomatie française, « notre myopie face à l'islamisme est grave et la peur de l'islamophobie, terme inventé pour étouffer dans l'œuf la moindre critique raisonnable de l'islam, est chez nous paralysante… Là aussi, il faut que nous devenions plus lucides et que les démocrates et les musulmans normaux ou modérés s'unissent ».

    A l'heure où précisément le terrorisme islamiste constitue une menace globale et que la plupart des États dans le monde sont déterminés à l'éradiquer, le gouvernement égyptien, qui affronte au quotidien le terrorisme et pas seulement au Sinaï, a-t-il tort de chercher difficilement un juste équilibre entre sécurité et liberté ? Parviendra-t-il dans les quatre années qui viennent à relever le triple défi des droits économiques et sociaux, des libertés individuelles et du droit à la sûreté, qui est, on l'oublie souvent, le premier des droits de l'homme et le premier des devoirs de l'État à l'égard de ses citoyens ? La « violence légitime » n'est-elle pas le monopole exclusif de l'État, selon Max Weber ? En revanche, le péril islamo-terroriste légitime-t-il le retour à l'autoritarisme, à l'usage systématique de la violence et à la répression de toutes voix discordantes ?

    Bien évidemment que non. Dans les élections qu'ils viennent de vivre, les Égyptiens n'avaient pas le choix, tel Gribouille, entre une « dictature militaire » et une démocratie théocratique. Ils avaient le choix, aujourd'hui comme en 2014, entre la sécurité, la paix civile, le progrès économique et social d'une part, et le pouvoir islamo-terroriste des Frères musulmans d'autre part. Par réflexe anti-culturaliste et allergie à l'essentialisme, certains ne savent plus faire cette différence pourtant capitale chez Tocqueville entre la démocratie comme fait social et la démocratie comme système de gouvernement, la seconde devant impérativement procéder de la première et la précéder. En d'autres termes, avant de voir naître une démocratie arabe selon les normes occidentales, il faudrait d'abord que les sociétés arabes se sécularisent, car la démocratie sans la sécularisation culturelle et sociale mène directement à la « démocratie » théocratique et totalitaire.

    Contrairement à la propagande islamiste relayée par les idiots utiles locaux, le terrorisme islamiste n'est donc pas un épouvantail, encore moins une fiction dont se servirait le « régime » égyptien pour réinstaller une « dictature militaire » ; et la neutralisation de Mohamed Morsi, suivie par la classification des Frères musulmans comme étant une organisation terroriste, ne contribue pas à la radicalisation des jeunes mais à leur dissuasion. Faute de les exterminer physiquement, ce que fait la coalition occidentale en Irak et en Syrie, Abdel Fattah al-Sissi a le mérite de résister aux terroristes au Sinaï, aux frontières israélo-égyptiennes ainsi qu'aux frontières entre l'Égypte et une Libye devenue repli stratégique des hordes islamo-terroristes « dégagées » d'Irak et de Syrie, constituant ainsi un péril mortel pour la stabilité au Maghreb et la sécurité de l'Europe.

    La doctrine des droits de l'homme n'est pas à mettre en cause ici. Bien au contraire, il s'agit d'une éthique universelle dont la Charte reste l'une des plus belles et précieuse conquêtes de l'humanité. Mais la doctrine ne doit pas se transformer en dogme, de même que le militant des droits de l'homme ne doit pas devenir le cheval de Troie d'une idéologie fondamentalement néofasciste - l'islamisme -, qui est en opposition radicale avec les valeurs des droits de l'homme. Dernier avatar de la stupidité occidentale, emprunté au nouveau lexique des Frères musulmans, l'islamisme « modéré » n'existe que dans les ratiocinations des droits-de-l'hommistes et autres idiots utiles qui ne veulent pas désespérer Molenbeek !

    Non, il n'existe aucune différence de nature entre Daech, Al-Qaïda, Al-Nosra, Boko Haram, Talibans, Frères musulmans, djihadisme, takfirisme, islamisme… comme le suggère le cartésianisme français. « Un djihadiste, c'est un Frère musulman en phase terminale », comme l'avait à juste titre déclaré Abdel Fattah Al-Sissi, interrogé par Renaud Girard dans Le Figaro du 24 octobre 2017. En d'autres termes, toutes les appellations de ces organisations terroristes reviennent dans leur ensemble et dans leurs idéologies à la cellule mère de l'islamisme, à savoir les Frères musulmans, une confrérie politico-religieuse dont la naissance remonte à 1928, en Égypte précisément.

    La propagande des Frères musulmans contre l'État égyptien n'aurait aucun effet ni le moindre écho en France si elle n'y avait pas ses relais associatifs auprès d'une myriade d'organisations islamistes - que Macron souhaite expurger -, auprès de certains islamo-gauchistes, ces permanents de la révolution permanente, et surtout auprès des apparatchiks du droit de l'hommisme, qui se sont autoproclamés gardiens des valeurs universelles et incarnation exclusive de l'humanisme mondial. Qu'ils en soient conscients ou inconscients, cyniques ou sincères, ces derniers sont les idiots utiles de l'islamo-terrorisme qui constitue une menace globale et dont l'éradication impitoyable doit fédérer aussi bien les pays d'Orient que d'Occident.

    En d'autres termes, dans le contexte de la guerre mondiale contre le terrorisme global, la parenthèse de l'ingérence dite humanitaire est fermée. La Realpolitik a ses raisons que la raison ignore et que Macron connaît. Et si, avant Charlie Hebdo, le Bataclan, Nice et récemment Trèbes, la défense de l'islamisme « modéré » était une bêtise, aujourd'hui, elle est un crime… contre l'humanité !   

    Ancien ambassadeur de la Tunisie auprès de l'Unesco, Mezri Haddad est philosophe et président du Centre international de géopolitique et de prospective analytique (Cigpa). Il est l'auteur d'essais sur la réforme de l'islam..
     
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  • La francophonie des affaires, enfin ? par Philippe Kaminski.

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    Texte de Phi­lippe Kamins­ki, (envoyé par le Car­re­four des acteurs sociaux)

    Nous avons reçu ce texte qui nous réjouit, car il annonce un virage impor­tant dans la manière d’appréhender la fran­co­pho­nie. On passe de l’évocation éthé­rée d’une langue mori­bonde à la pro­cla­ma­tion de la néces­si­té d’utiliser cette langue bien vivante, non pour pro­mou­voir quel qu’idéologie huma­niste, mais pour échan­ger, com­mer­cer, bref faire des affaires avec 512 mil­lions de locu­teurs. (NDLR)

    6.jpgL’an pas­sé, la Fran­co­pho­nie ins­ti­tu­tion­nelle a fêté ses cin­quante années d’exis­tence. Occul­té par la crise sani­taire, cet évé­ne­ment n’au­ra guère mar­qué les esprits. Qui s’en sou­vient, qui s’en sou­cie ? Du bilan, hélas assez maigre, de ce demi-siècle de som­mets, de décla­ra­tions et de mani­festes, une conclu­sion se dégage néan­moins : cette Fran­co­pho­nie-là, celle des diplo­mates, des fonc­tion­naires et de l’argent public, aura mar­gi­na­li­sé puis absor­bé sa sœur aînée, la fran­co­pho­nie libre et spon­ta­née née des ren­contres pri­vées ou pro­fes­sion­nelles entre locu­teurs, défen­seurs ou amou­reux de la langue fran­çaise, d’où peuvent natu­rel­le­ment éclore com­pli­ci­tés et com­mu­nau­tés d’intérêt.

    Et, comme tout mono­pole, elle aura contri­bué à assé­cher, à sté­ri­li­ser son domaine. Car elle pâtit, depuis ses ori­gines, d’un vice rédhi­bi­toire, à savoir son intel­lec­tua­lisme. Plus encore que poli­tique, sa démarche est admi­nis­tra­tive, et ses prio­ri­tés deve­nues exclu­sives sont d’ordre cultu­rel, obéis­sant à cet axiome impli­cite qui veut que seuls les échanges intel­lec­tuels peuvent, sans heur­ter per­sonne, ame­ner pro­gres­si­ve­ment peuples et nations à unir leurs des­tins dans une même confraternité.

    Dès les tous pre­miers mots, tout oppose le Com­mon­wealth et la Fran­co­pho­nie. Chez les uns, on parle d’emblée de richesse, et chez les seconds, on se contente de langue en par­tage. Cette der­nière for­mule, qu’on pour­rait attri­buer à un curé en mal de consen­sus œcu­mé­nique, est certes bien belle, mais tou­chante de naï­ve­té et por­teuse d’im­mo­bi­lisme. Là où les anglo­phones pro­mettent qu’en tra­vaillant ensemble, cha­cun devien­dra plus riche, nous évo­quons le par­tage, for­cé­ment fru­gal et équi­table, d’un bien aus­si imma­té­riel qu’une devise gra­vée au fron­ton d’une Préfecture.

    S’en­ri­chir c’est concret, mais fina­le­ment peu enga­geant. Alors qu’adhé­rer à un pro­jet intel­lec­tuel, non seule­ment cela ne rap­porte rien de son­nant ni de tré­bu­chant, mais c’est déjà choi­sir un camp, une idéo­lo­gie. Ce qui fait que mal­gré d’in­fi­nies pré­cau­tions ora­toires, la Fran­co­pho­nie s’est fait des enne­mis, et ce depuis le début. Le plus visible et le plus irré­duc­tible est l’Al­gé­rie, mais le plus redou­table et le plus vivace est cer­tai­ne­ment l’en­ne­mi inté­rieur, cette coa­li­tion de sor­bon­nards pour qui toute affir­ma­tion du fait fran­çais, même la plus timide, n’est qu’une into­lé­rable mani­fes­ta­tion impé­ria­liste de domi­na­tion et de néocolonialisme.

    Et pour­tant, ces dénon­cia­teurs savent bien à quel point la Fran­co­pho­nie est deve­nue le cadet des sou­cis des auto­ri­tés fran­çaises et com­bien la part de l’A­frique dans le com­merce exté­rieur fran­çais s’est réduite jus­qu’à deve­nir tout à fait mar­gi­nale. En fait, leurs dis­cours hors sol, tout comme leurs attaques contre le franc CFA, ne sont que l’ex­pres­sion d’un besoin déses­pé­ré de quelques sur­vi­vants du tiers-mon­disme ger­ma­no­pra­tin de conti­nuer à exis­ter, et de se don­ner l’illu­sion de peser sur la marche du monde en fai­sant offrir colonnes et tri­bunes à leurs ex-étu­diants afri­cains deve­nus leurs dis­ciples et conti­nua­teurs. Jadis, l’U­ni­ver­si­té fran­çaise avait ain­si pro­duit un Ho Chi-Minh, puis un Pol Pot. Leurs suc­ces­seurs ne sont plus que des écri­vas­siers de troi­sième zone dont les argu­ments ridi­cules ne trouvent d’é­cho que parce que, jus­te­ment, c’est la nature de la Fran­co­pho­nie ins­ti­tu­tion­nelle que de les sus­ci­ter, à force de bras­ser idées creuses et pro­cla­ma­tions convenues.

    En plus de ces enne­mis qu’elle ne sait pas faire taire, la Fran­co­pho­nie souffre de la pré­sence d’é­cor­ni­fleurs, pays n’ayant qu’une incli­na­tion réduite pour la langue fran­çaise mais sou­cieux d’oc­cu­per un stra­pon­tin dans cette ONU du pauvre qu’elle est pro­gres­si­ve­ment devenue.

    Prag­ma­tiques, les Qué­bé­cois sont fina­le­ment les seuls à avoir réel­le­ment su pro­fi­ter de leur fort inves­tis­se­ment fran­co­phone. Et il n’est pas impos­sible que ce soient leurs inso­lents suc­cès qui ont récem­ment pro­vo­qué une réac­tion, qu’on espère salu­taire, du patro­nat fran­çais : et si nous tirions avan­tage, nous aus­si, du fait fran­co­phone, qui réunit 512 mil­lions de locu­teurs et compte pour 16% du PIB mondial ?

    ***

    C’est ain­si que le MEDEF vient de réunir, à l’hip­po­drome de Long­champ, un vaste aréo­page de per­son­na­li­tés de nom­breux pays, tant poli­tiques que repré­sen­tant le monde des affaires, autour du pro­jet de don­ner réel­le­ment consis­tance à une dimen­sion éco­no­mique de la Fran­co­pho­nie. C’est la pre­mière fois qu’un évé­ne­ment de cette ampleur est orga­ni­sé sur ce thème. C’est la pre­mière fois que les orga­ni­sa­tions patro­nales fran­co­phones cosignent une décla­ra­tion qui pose expli­ci­te­ment les termes d’une ambi­tion commune.

    Certes, des col­loques inter­na­tio­naux, il s’en tient des cen­taines chaque année. On les oublie vite. Et celui-ci a eu lieu au mois d’août, qui plus est dans un contexte où l’o­pi­nion comme les gou­ver­nants ne sont pré­oc­cu­pés que par la situa­tion sani­taire. Il ne faut donc pas exa­gé­rer l’im­por­tance d’une bro­chette de signa­tures pres­ti­gieuses au bas d’un texte de por­tée géné­rale. Il faut attendre d’en voir les pre­miers effets. Cepen­dant, pour qui a pu suivre sur une longue période l’é­vo­lu­tion du monde des affaires par rap­port à la ques­tion fran­co­phone, le retour­ne­ment est total. C’est une époque nou­velle qui est, peut-être, en train de s’ouvrir.

    Lors de la nais­sance de la Fran­co­pho­nie en 1970, le pré­sident du CNPF était Paul Huve­lin. Deux ans plus tard, lui suc­cé­dait Fran­çois Cey­rac, un réac­tion­naire de la vieille école dont il por­tait toutes les qua­li­tés aujourd’­hui regret­tées et tous les défauts abon­dam­ment cari­ca­tu­rés. Les entre­prises fran­çaises pré­sentes en Afrique ne se sen­taient pas trop mena­cées et les ques­tions lin­guis­tiques ne se posaient pas encore de manière aiguë. Rue Pierre 1er de Ser­bie, on par­lait un fran­çais châtié.

    Et bien que le suc­ces­seur natu­rel de Cey­rac (Yvon Cho­tard) ait été bat­tu en 1981 par Yvon Gat­taz, il n’y eut pas alors de rup­ture, car l’es­sen­tiel de l’éner­gie du nou­veau pré­sident (et il en avait !) fut consa­cré à l’af­fron­te­ment avec le pou­voir socia­liste. C’est en 1986, année de la pre­mière coha­bi­ta­tion, que l’ar­ri­vée de Fran­çois Péri­got mar­qua le tour­nant de la mon­dia­li­sa­tion. Venant d’U­ni­le­ver, le nou­veau pré­sident des patrons enten­dait inter­na­tio­na­li­ser les entre­prises fran­çaises à marche for­cée, et bien enten­du il pré­fé­rait s’ex­pri­mer en anglais. Tout ce qui tou­chait à la fran­co­pho­nie lui sem­blait rin­gard, pas­séiste, inef­fi­cace. Avec ce par­ti-pris, le fait que la Fran­co­pho­nie ne vou­lait pas s’in­té­res­ser à l’é­co­no­mie ne pou­vait que lui don­ner raison.

    Je ne vois pas, pro­cla­mait-il, pour­quoi nous par­le­rions anglais moins bien que les autres. Il n’y avait pas là for­cé­ment malice ; pour être le plus com­pé­ti­tif, autant ne pas par­tir avec un han­di­cap. Sans doute croyait-il sin­cè­re­ment que le monde entier par­lait anglais, ou allait très bien­tôt le faire, et que s’ac­cro­cher au fran­çais était aus­si stu­pide que de rou­ler en dili­gence ou de s’é­clai­rer à la lampe à pétrole. Il s’est lour­de­ment trom­pé, mais il a don­né au CNPF, deve­nu plus tard MEDEF, un état d’es­prit, une impul­sion, qui auront été la norme durant 35 ans. C’est peut-être ce qui est en train de chan­ger sous nos yeux.

    ***

    Car plus que la rédac­tion elle-même des textes des réso­lu­tions adop­tées à Long­champ, il y a dans la suc­ces­sion des argu­ments, dans les into­na­tions des ora­teurs, des élé­ments qui auraient été impen­sables il y a encore quelques années. Je me sou­viens, ce devait être en 2004, d’a­voir entre­pris une recherche de mécènes pri­vés pour la res­tau­ra­tion du châ­teau de Vil­lers-Cot­te­rêts, avec un cer­tain sou­tien du Maire. Je dus vite l’in­ter­rompre, n’ayant aucun goût à pas­ser dura­ble­ment pour un imbé­cile. Car par­tout, et même à la Caisse des Dépôts, je me heur­tai aux deux mêmes évi­dences : d’une part les entre­prises ne financent que ce qui est bon pour leur image, c’est à dire l’ou­ver­ture, l’in­clu­sion, tout le contraire de la fran­co­pho­nie qui n’é­voque qu’un repli rabou­gri et dépas­sé, et d’autre part notre pro­jet ne pou­vait rele­ver que d’un finan­ce­ment public, donc poli­tique, soit de la culture, soit de la coopé­ra­tion, car bien enten­du Afrique égale aide et rien d’autre.

    Je ne suis pas pour grand’­chose dans les évo­lu­tions qui ont sui­vi. Mes efforts déri­soires n’y sont cer­tai­ne­ment pour rien. Mais allez savoir… Au prin­temps pro­chain, la Cité de la Fran­co­pho­nie sera inau­gu­rée dans le châ­teau de Vil­lers Cot­te­rêts refait à neuf. Et aujourd’­hui j’en­tends le MEDEF reprendre les pro­pos que je tenais aux « spé­cia­listes » du mécé­nat il y a dix-sept ans. J’ai quand même le droit d’en tirer quelque satisfaction.

    Il faut sou­te­nir l’i­ni­tia­tive du MEDEF. Je ne sais com­ment, mais nous le sau­rons bien­tôt, si nous y réflé­chis­sons avec assez de pers­pi­ca­ci­té. Il faut que l’é­co­no­mie devienne l’é­pine dor­sale et cesse d’être le parent pauvre de la Fran­co­pho­nie. Aux côtés du poli­tique et du cultu­rel, il faut qu’elle prenne toute sa place. Ce n’est pas là faire du Dumé­zil à la petite semaine, ni tra­cer un paral­lèle trop réduc­teur avec la mon­tée en puis­sance de l’u­nion européenne.

    Non, car si Sen­ghor, Bour­gui­ba et Hama­ni Dio­ri reve­naient en notre monde, je ne doute pas un seul ins­tant qu’ils seraient hor­ri­fiés par l’é­tat de leurs pays, par le gouffre qui s’est creu­sé entre ceux-ci et le monde dit « déve­lop­pé ». Ce n’est pas cette Fran­co­pho­nie-là dont nous vou­lions, se lamen­te­raient-ils de concert.

    Non, s’il est de bon ton de cri­ti­quer le tout éco­no­mique, de sou­li­gner le carac­tère indis­pen­sable du spi­ri­tuel, de fus­ti­ger le non-sens d’une socié­té où cha­cun perd sa vie à essayer de la gagner, de vitu­pé­rer l’ac­cu­mu­la­tion des biens comme seul but dans l’exis­tence, de crier haro sur le Veau d’Or, il faut aus­si recon­naître qu’i­gno­rer l’é­co­no­mie, ou pire, l’é­vi­ter, c’est abou­tir à coup sûr à un résul­tat éga­le­ment détes­table, non seule­ment par la misère, mais aus­si parce qu’au­cune spi­ri­tua­li­té n’y sera pos­sible. Ima­gine-t-on la règle de Saint Benoît sans sa part de travail ?

    Alors, il faut rééqui­li­brer la Fran­co­pho­nie. Assez d’in­tel­lec­tua­lisme, nous en avons une indi­ges­tion. Il faut pas­ser aux affaires sérieuses, c’est à dire, sim­ple­ment, aux affaires. Et au sein de ce vaste ensemble que sont les affaires entre fran­co­phones, une place spé­ciale doit être réser­vée à l’É­co­no­mie Sociale, ins­tru­ment pri­vi­lé­gié d’un déve­lop­pe­ment har­mo­nieux et soli­daire. Du bou­lot pour moi, et je ne serai pas seul.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Hollande, l'impasse, par Hilaire de Crémiers*

    L’impasse est maintenant institutionnelle. La malfaisance essentielle du régime des partis va se révéler dans les mois qui viennent au point de compromettre l’avenir même de la France.

     

    La République « taxatrice », tel est le qualificatif d’un français exact qu’il convient de lui accoler : elle n’est plus que ça. Elle a prétendu tout gérer, tout prendre en main, depuis l’éducation des tout-petits jusqu’aux soins et même aux non-soins des vieillards, assurer la justice sociale, redistribuer les richesses, garantir les assurances sociales et en établir les budgets, imposer les conceptions de ses sectateurs dans tous les domaines, y compris et d’abord dans l’instruction, l’information et même la morale politique. Bref, elle est censée tout faire, même la décentralisation, ce qui est un comble pour une République centralisée qui, en fait de décentralisation, n’organise que la pagaïe et ne fait prospérer que les partis, les hommes de partis qui vivent d’elle, de ses prébendes, des innombrables privilèges dont ils ont su se doter, plus nombreux, plus sûrs que les privilèges du passé qui se payaient en charges à assumer, en honneur à sauvegarder, en sang à verser. Là, rien ! 

     

    hollande l'impasse.jpg 

    Rien ! D’un côté des taxes, encore des taxes, toujours des taxes ; de l’autre de moins en moins de services rendus et de plus en plus mal rendus, une France à l’encan, des administrations pléthoriques dont nul ne connaît les innombrables arcanes, au point que le chef de l’Etat lui-même n’arrive pas à chiffrer à moins de 800 000 (!) – il est en fait largement en-dessous – le nombre de règles dont l’administration républicaine a su enserrer le citoyen français, pour l’empêcher de vivre, de respirer, de travailler, de s’épanouir, ce qui a amené François Hollande à proposer récemment avec cette incroyable impudence qui le caractérise, l’idée d’un « choc » de simplification administrative. Eh bien, tous ceux qui affrontent les difficultés de la vie quotidienne, en fait de simplification, n’ont rien vu venir ; en revanche, ils ont subi de plein fouet choc fiscal sur choc fiscal, doublé en conséquence de chocs administratifs à répétition, puisqu’à chaque fois que les impôts augmentent, que les taxes se multiplient, les systèmes de contrôles se renforcent, ce qui, après tout, est logique. Mais alors, quelle indécence d’oser parler de simplification !

     

    Des dépenses sans recettes

     

    La France est exsangue ; tous ses comptes sont dans le rouge : 2 000 milliards de dettes publiques à la fin de l’année, un déficit qui sera si loin d’être corrigé qu’il dépassera encore les prévisions au-dessus de 4% ; des déficits aggravés sur les comptes sociaux devenus irrémédiables, 350 milliards cumulés, qui sont dissimulés par des jongleries de branche à branche et de compte à compte dont les procédés relèvent de la taxes.jpgmenterie organisée ; le matraquage fiscal et aussi bien parafiscal qui frappe les contribuables et pas seulement les plus aisés, la matière et l’assiette des impositions s’élargissant au-delà même des capacités contributives ; des entreprises qui n’ont plus de marge et qui perdent leur compétitivité ; partout des arrêts d’activité, des plans sociaux, un chômage qui gangrène la France tout entière malgré les rodomontades d’un François Hollande de plus en plus coupé de la réalité et qui persiste à affirmer que la fameuse courbe va s’inverser ; enfin une agriculture bradée et toute la chaîne agroalimentaire mise en difficulté, l’Allemagne s’étant assurée la place que la France perd inéluctablement.

    Plus de 35 milliards de prélèvements obligatoires supplémentaires, une dépense publique qui loin de diminuer atteint aujourd’hui 57% du PIB et qui fait ainsi de la France le pays le plus étatisé et le plus imposé d’Europe et du monde civilisé, avec des dépenses sociales à hauteur de 600 milliards – 200 milliards de plus que le budget du seul état ! – dont nul ne contrôle plus la croissance, l’efficience ni même l’utilisation, soit 33% du PIB, 58% de la dépense publique ; cette année encore, 16 milliards de déficit et non compensés, la cadès n’y suffisant plus. Tous ces chiffres effarants sont votés, coup sur coup, budget de l’état, budget de la Sécurité sociale, par des députés et des sénateurs, la plupart inconscients et, d’ailleurs, largement absents aux séances.

     

    Des politiques ruineuses

     

    Qui peut comprendre et maîtriser cette monstrueuse machinerie alors même que la dernière loi de financement votée en novembre, contenait dans son invraisemblable mouture, la même reprise et augmentée chaque année, des prescriptions de financements dont il a été décidé qu’elles n’étaient plus valables. Alors, que valent de telles lois ?

    Ainsi le seul point de certitude, c’est toujours la dépense. Reste à trouver les recettes. D’où de tous les côtés et pour tous les motifs, des taxations pour couvrir des besoins innombrables, indéfiniment répertoriés, cependant toujours mal définis. Cette immense gabegie pèse au final sur les entreprises constamment taxées, car ce sont elles en définitive qui payent aussi les parts salariales, qui assurent les emplois et offrent le travail. Voilà ce qui tue littéralement la France.

    Des politiques d’état ruineuses mais qui fournissent matière à des discours électoraux vibrants, n’ont résolu aucun problème : ni l’éducation en échec, ni l’urbanisation ratée, ni les banlieues incontrôlées et incontrôlables, ni l’économie livrée aux deux maux conjugués d’un socialisme  niveleur et d’un libéralisme international aussi sauvage que destructeur, ni l’agriculture bradée par des technocrates incompétents, ni la culture laissée à des bandes de « gauchos » incultes et obscènes, non rien ne marche plus en France. C’est évident. Sauf la taxation, sauf la République taxatrice. Elle est toujours en action : elle s’en prend aux revenus, elle s’attaque aux patrimoines ; et voilà qu’elle veut mettre la main sur cette partie de l’épargne qu’elle a en principe garantie et qui lui échappe encore… et, comme elle est maligne, elle a fait semblant de céder sur une partie de son rapt pour mieux gagner sur l’autre, l’assurance-vie.

    Alors « l’éco-taxe » qui pouvait se concevoir dans d’autres circonstances, est apparue pour ce qu’elle était dans le pauvre quotidien de travailleurs et d’entrepreneurs harassés : le « truc » de trop d’un état qui joue à l’écologie pour mieux pressurer le peuple. Les Bretons ont donné leur réponse, eux qui, avec leur bonnet rouge, disaient déjà non aux édits bursaux royaux. Ayrault a compris que ça ne passerait pas. Il a suspendu l’application de « l’éco-taxe », en déguisant sa reculade en acte de courage. Bravo donc ! Mais il faudra dédommager l’entreprise chargée de la perception : encore des centaines de millions… pour le contribuable !

    L’état n’est plus l’état et le peuple, dans toutes ses différentes composantes, ne sait plus à qui se fier. Le consentement à l’impôt dont nul ne sait plus à quoi il sert, est remis en cause. Les institutions fondamentales sont touchées, cependant que les appareils de partis sont toujours là, qui prétendent profiter de la situation. La Ve République est aussi malade que la IVe finissante.  Aucun procédé politicien, changement ministériel, même dissolution de la Chambre, ne la sauvera de son mal endémique devenu institutionnel : elle n’est plus qu’un avatar du régime des partis, celui qui fit toujours le malheur de la France et la jeta régulièrement en guerre civile.

    Restaurer l’état avec des hommes capables, c’est la tâche que devraient s’assigner ceux qui ont encore souci de notre pauvre pays. Politique magazine se veut un organe de ce redressement français, possible et nécessaire...

     

    *Analyse politique parue dans le numéro 123 de Politique magazine

  • Autochtones / Immigrés : Les tensions montent un peu partout en Europe. Et le pire est a venir…..

                  En vertu du principe élémentaire selon lequel les mêmes causes produisent les mêmes effets, ce dont nous allons parler, et qui se passe cette fois en Espagne, se passera ici aussi forcément un jour; et un jour pas forcément très lointain.

                  Les faits sont têtus, et finissent immanquablement par se venger, et alors c'est douloureux; l’idéologie n'apporte que des calamités : on ne méprise pas impunément et indéfiniment les principes élémentaires du bon sens et du réalisme sans que tôt ou tard cela vous retombe dessus. Jetons donc un oeil sur ce qui se passe en Espagne où, comme le disent pudiquement les journaux, "la crise exacerbe les tensions xénophobes".

                  Les incidents entre immigrés et espagnols se multiplient en effet. Pourquoi ? Parce que la dégradation de l'économie et la hausse du chômage mettent en concurrence les uns et les autres pour des emplois de moins en moins nombreux......

    immigration.JPG

                      L'action se passe à El Ejido, une des plus prospères municipalités espagnoles avec ses 14 000 hectares de cultures sous serres (1,5 million de tonnes de fruits et légumes). En février 2000, à la suite de trois assassinats commis par deux déficients mentaux de nationalité marocaine, une partie de la population locale s'était lancée dans les pires ratonnades survenues en Espagne. Huit ans plus tard, les autochtones, en majorité des agriculteurs enrichis, et les quelque 30 000 journaliers immigrés se regardent toujours en chiens de faïence...

                      Avec la crise économique qui frappe l'Espagne, la rivalité pour trouver un poste de travail s'est intensifiée entre la communauté étrangère et les habitants du cru. De nombreux Espagnols ayant perdu leur travail dans la construction retournent à leurs emplois d'origine comme l'agriculture. Du coup, des milliers d'immigrés se retrouvent sans activité, livrés à eux-mêmes. À une dizaine de kilomètres de là, à Roquetas del Mar, la tension est palpable entre les autochtones et les migrants venus travailler dans la récolte de tomates et poivrons. En septembre, dans cette bourgade de 73 000 habitants, un Espagnol d'ethnie gitane a assassiné un Sénégalais, provoquant des émeutes entre Subsahariens et Espagnols. Durant des semaines, la police a dû intervenir pour ramener le calme dans la région.

                     Début décembre à la Mojonera, autre village de la zone des serres, un Marocain a tué un Malien à la suite d'une discussion agitée. Pendant des jours, les Subsahariens ont attaqué en guise de représailles les boutiques des Marocains. Dans cette région d'Alméria, considérée comme le verger de l'Europe avec quelque 2,8 millions de tonnes de fruits et légumes cultivés à l'année, pas une journée ne se passe sans qu'il y ait un incident entre immigrés de différentes origines ou entre autochtones et migrants. D'après les ONG locales et le syndicat agricole SOC, une vingtaine d'immigrants ont été victimes d'agressions physiques en une année.

                    Mohammed Torabi, 42 ans, témoigne : «À Santa Maria Aguila (banlieue d'El Ejido), une demi-douzaine de jeunes m'ont frappé sans raison avec des battes de base-ball, en me traitant de sale Arabe.» Tarek, Marocain qui vit depuis dix ans à El Ejido, dénonce tour à tour les «agressions racistes», les «méfaits policiers», les «limites à la liberté d'expression».Il est membre d'une association de travailleurs agricoles maghrébins, Ouafa 2000, mais, dit-il, «on n'a aucun moyen, on nous refuse un local, et toute aide municipale».Attablé dans le bar Parada devant un verre de thé à la menthe, il dénonce les insultes des Espagnols et les agressions des Subsahariens.

                   Hormis les gens de passage, assure-t-on, aucun Espagnol ne fréquente ce lieu ni les autres commerces marocains. «Ces dernières années, de façon plus ou moins subtile, ils ne nous acceptent plus dans leurs bars, leurs salles de jeu ou leurs discothèques. On vit comme deux communautés dos à dos. Les gens du coin ne veulent plus de nous», explique un immigré marocain présent depuis longtemps.

                  Sans parler des rivalités entre la communauté noire et les Marocains. «Les Marocains font tout pour que, nous les Noirs, on ne trouve pas de boulot. Mais maintenant, c'est fini, il faut que l'on se batte pour avoir droit aussi à travailler dans les serres», commente Ousman, un Sénégalais de 28 ans. Depuis deux mois, il cherche du travail dans les différentes régions d'Espagne. Ni à Valence dans la récolte des agrumes ni à Jaen dans celle des olives, il n'a trouvé un job.«Je pensais que dans les serres d'Almeria, je trouverais un petit boulot, mais il n'y a rien non plus», se désole Ousman. Les agriculteurs sont de plus en plus méfiants au moment d'embaucher des sans-papiers.

                  Et puis, il y a désormais sur le marché de l'emploi ces «revenants»espagnols, qui avaient délaissé l'agriculture au profit d'emplois mieux rémunérés dans la construction. Avec l'effondrement du marché de l'immobilier, beaucoup ont recours au réseau d'amis et à la solidarité familiale pour retrouver un emploi. Juan Gonzalez, exploitant agricole d'une serre de tomates, raconte qu'il a embauché deux cousins de Roquetas qui avaient perdu leur emploi dans le BTP alors qu'il y a encore un an il aurait pris des étrangers. D'après les dernières statistiques, les immigrés représentent 40 % des nouveaux chômeurs au premier semestre 2008. «C'est un véritable problème que doit affronter le pays : qu'allons-nous faire de tous ces immigrés qui se retrouvent sans travail ?»,se demande Juan Miralles, président de l'ONG Almeria Acoge.

                  Et en Europe ? Et en France ? Qui a dit Gouverner c'est prévoir ? N'a-t-on pas encore entendu, il y a très peu de temps, des gens dont nous ne mettons nullement en cause ni en doute les capacités intellectuelles nous affirmer que si, si,cela ne faisait aucun doute, la France et l'Europe avaient besoin de centaines de milliers, voire de millions d'immigrés supplémantaires ?

                  On ne se moque pas impunément des réalités, on ne gouverne pas impunément contre les faits et contre les évidences, on ne marche pas impunément sur la tête sans qu'un jour, à la fin des fins, cela finisse par vous retomber dessus. C'est vieux comme le monde, l'Ecclesiaste le disait déjà : Les parents ont mangé des raisins verts, et les enfants ont eu les dents agacées.....

    (1) : Source : Le Figaro, 25 Décembre 2008, Diane Cambon.

  • Dans Politique Magazine : Moscou et Ankara face à face en Syrie et en Libye, par Antoine de Lacoste.

    Kurdes, Turcs, Russes, Syriens, islamistes, Libyens, Américains… L'Orient compliqué est un maelström d'influences, de manœuvres politiques et d'ambitions économiques où tout est possible. Une chose est certaine : l'Europe n'est plus rien en Méditerranée.

    Depuis que les États-Unis renoncent progressivement à être les gendarmes du monde et que l’Europe ne sert plus à rien, la Turquie et la Russie sont les deux nouveaux acteurs majeurs du monde méditerranéen. Ces deux pays sont donc condamnés à s’entendre afin d’éviter d’excessives tensions mais l’exercice relève parfois de l’équilibrisme. C’est notamment le cas dans le nord-ouest de la Syrie, dans la province d’Idleb, et en Libye où chacun soutient un camp opposé.

    antoine de lacoste.jpgIdleb et ses islamistes

    Depuis l’intervention russe en en Syrie, décidée en septembre 2015, les sujets de friction ne manquent évidemment pas. Dès le début de l’insurrection islamiste de 2011, Erdogan a pris fait et cause pour elle, finançant et armant des milices islamistes et laissant passer sur son territoire des dizaines de milliers de volontaires internationaux du djihad. Il en a été bien puni par plusieurs attentats sanglants sur son sol, à Istanbul même, orchestrés par l’État islamique. L’orgueilleux néo-sultan a quelque peu modifié sa stratégie ensuite, mais il est certain que l’intervention militaire russe, changeant le cours de la guerre en Syrie, l’a fortement contrarié.

    Sûr de lui, il avait fait savoir à l’aviation russe de se tenir à distance de sa frontière. Exigence impossible car les combattants islamistes pullulaient (et pullulent encore) le long de cette frontière. Lorsqu’un bombardier russe fut abattu par la chasse turque en novembre 2015, les deux pays ont connu une crise diplomatique majeure. Poutine a exigé des excuses, ce qui représentait beaucoup pour Erdogan : en Orient, présenter des excuses, surtout de dirigeant à dirigeant, est un geste très fort. L’occident a du mal à comprendre cela, lui qui passe son temps à s’excuser de tout auprès de gens qui n’en demandent pas tant. Il a fallu attendre juin 2016 pour que les excuses soient solennellement présentées par Erdogan à la Russie et à la famille du pilote tué. Bien lui en a pris car c’est Poutine qui a prévenu Erdogan du coup d’État militaire qui se préparait contre lui en juillet 2016…

    Depuis, les relations, sans être au beau fixe, sont pragmatiques. La Turquie, pourtant membre de l’OTAN, a même acquis des missiles antiaériens russes S-400 à la fureur de Washington. Mais il y a une pierre d’achoppement majeure : la province d’Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie. C’est là que se sont réfugiés des dizaines de milliers d’islamistes au fur et à mesure de leurs défaites face à l’armée syrienne. Ils sont dominés par un des pires groupes islamistes qui soit : le Front al-Nosra, appelé maintenant Hayat Tahrir al-Cham par souci de faire oublier un passé sanglant qui n’a rien à envier à celui de Daech.

    Les Turcs sont également présents : plusieurs postes d’observation et quelques milliers d’hommes auxquels s’ajoutent des groupes dits « rebelles » (mais tout aussi islamistes que les autres) à la solde d’Ankara. Poutine et Erdogan étaient parvenus à un accord de façade à Astana en septembre 2018 : cessez-le-feu demandé par la Turquie pour éviter un nouvel afflux de réfugiés sur son sol en échange duquel l’armée turque mettait hors d’état de nuire al-Nosra.

    Les Turcs n’ont évidemment rien fait et la Russie a donné son accord à l’armée syrienne pour reconquérir cette province. Les combats y font rage depuis plusieurs semaines et, pour la première fois, Turcs et Syriens se sont affrontés à l’artillerie faisant plusieurs morts de chaque côté. Les islamistes ont reculé et l’armée turque les a soutenus à plusieurs reprises. Toutefois, le premier objectif majeur des Syriens a été atteint : libérer l’autoroute Damas-Alep qui traverse la province d’Idleb sur plusieurs kilomètres et qui était coupée depuis 2012.

    Ces combats, et les bombardements russo-syriens qui les accompagnent, ont engendré un nouvel afflux de réfugiés considérable vers la frontière turque : plus de 700 000 selon plusieurs ONG. Erdogan est naturellement furieux et menace Damas de « destruction », rien que cela. L’obstination d’Erdogan n’a pas de sens : sans son soutien, les islamistes auraient reculé davantage et la fin des combats serait proche. Mais il ne veut pas perdre la face et refuse d’évacuer ses postes militaires dont certains se trouvent maintenant en territoire syrien reconquis, et encerclés par l’armée syrienne ! Les Russes ont interdit à celle-ci de les attaquer mais la tension est à son maximum et Erdogan est en train de perdre cette partie.

    L’occupation turque dans le nord-est de la Syrie

    La situation n’est guère plus reluisante dans le nord-est de la Syrie. Après l’annonce tonitruante par Donald Trump du retrait américain de la Syrie, il faut bien constater qu’il n’est que très partiel. Les Américains occupent toujours, au-delà de l’Euphrate, l’est de la Syrie, là où il y a les champs de pétrole… Interrogé à ce sujet, le président américain a déclaré, avec une franchise touchante : « J’aime le pétrole » ! De plus, il y a toujours un camp militaire américain, appelé al-Tanf, au sud, le long de la frontière jordanienne. Personne n’en parle mais il existe bel et bien.

    En revanche, l’armée américaine a quitté ses positions au nord, abandonnant ses alliés kurdes. Ceci n’a été fait que pour faire plaisir à la Turquie afin d’éviter qu’elle ne se jette un peu trop dans les bras russes. Ankara en a bien sûr aussitôt profité pour envahir le nord de la Syrie et en chasser les Kurdes. Le rêve d’Erdogan est de procéder à un nettoyage ethnique dans les règles et de substituer à la population kurde des Syriens réfugiés sur son sol afin de s’en débarrasser. L’OTAN a fait des guerres pour moins que cela mais comme il s’agit d’un de ses membres, c’est permis.

    Comme souvent, l’armée turque a été précédée de milices islamistes syriennes, la chair à canon d’Erdogan. Elles se sont signalées par d’épouvantables exactions contre les Kurdes mais aussi contre les chrétiens assyriens nombreux dans cette région. Ces derniers se sont défendus courageusement mais de nombreux villages ont été évacués et il est à craindre que ce ne soit définitif. Les chrétiens de Syrie sont les premières victimes de cette guerre subversive que l’occident a soutenue. Malgré le peu d’obstacles sérieux à cette invasion, l’armée turque n’occupe qu’une portion limitée de territoire. Erdogan avait annoncé une percée de 30 kilomètres à l’intérieur de la Syrie mais il doit se contenter de 20 kilomètres et l’armée turque subit régulièrement des attentats fomentés par les Kurdes. Le bénéfice de cette coûteuse opération paraît bien illusoire.

    L’aspect cocasse de cette invasion est de voir circuler des patrouilles communes russo-turques sur les routes séparant le terrain conquis par les Turcs des territoires syriens. La présence russe, conforme aux accords passés entre Poutine et Erdogan, est tout à fait nécessaire pour éviter tout dérapage turc. Mais de patrouilles communes dans le Nord-Est à un affrontement presque frontal dans le Nord-Ouest, il n’y a que sur l’échiquier syrien que l’on voit cela. Erdogan, qui ne s’est jamais remis de la chute de l’Empire ottoman, ne se contente plus de regarder le Proche-Orient. Toute la Méditerranée l’intéresse. Et comme il n’y a personne en occident pour lui dire quoi que ce soit il aurait tort de se priver d’avancer ses pions.

    Le gaz et la Libye

    C’est sur la Libye qu’il a jeté son dévolu. La France (Nicolas Sarkozy plus précisément) ayant décidé, pour des raisons non élucidées, de se débarrasser de Kadhafi sans prévoir de solution de rechange, la Libye a logiquement sombré dans le chaos. Le pays est aujourd’hui coupé en deux clans rivaux qui se font la guerre : celui de Faïez el-Sarraj qui règne à Tripoli et celui du maréchal Haftar dont l’armée tient l’est de la Libye. La communauté internationale a reconnu Sarraj sans que l’on sache très bien pourquoi alors que c’est Haftar qui a muselé l’État islamique bien implanté pendant plusieurs années. Erdogan soutient Sarraj à qui il envoie des armes depuis plus d’un an, violant ainsi dans l’indifférence générale un embargo plus qu’hypocrite. La Russie penche pour Haftar et des mercenaires russes de la fameuse société Wagner épaulent l’armée du maréchal.

    Le 27 novembre dernier, la Turquie a passé la vitesse supérieure en signant un accord avec Sarraj : il prévoit une assistance militaire turque non plus seulement en armes mais en hommes, et surtout, il a établi une frontière maritime commune entre les deux pays. Tracée au mépris du droit international, cette frontière spolie le domaine maritime de la Grèce et de Chypre, bien décidés à ne pas se laisser faire. C’est bien sûr le gaz qui fait l’objet de tant de soins : la Méditerranée orientale en regorge à tel point que la compagnie gazière italienne ENI l’a qualifiée de « mer de gaz. »

    Dans ce contexte, la jonction politique doublée d’une jonction maritime et donc gazière avec la Libye relève d’une stratégie très offensive d’Erdogan : c’est la première fois depuis la chute de l’Empire ottoman que la Turquie se positionne aussi loin en Méditerranée. Les Américains semblent suivre l’affaire d’assez loin, contrairement à l’Europe qui s’inquiète mais de façon évidemment stérile. L’assemblée turque a approuvé l’accord et des centaines d’hommes (certains observateurs parlent de 300) sont d’ores et déjà à pied d’œuvre autour de Tripoli, bloquant l’avancée d’Haftar. Cerise sur le gâteau, ces soldats ne sont pas très réguliers puisqu’il s’agit pour l’essentiel de Syriens, combattants dans les milices pro-turques au nord-est de la Syrie contre les Kurdes et au nord-ouest contre l’armée syrienne.

    Poutine et Erdogan se sont alors mis d’accord pour un cessez le feu provisoire en Libye : la Turquie évite ainsi la chute de Sarraj et, bon gré mal gré, Haftar a dû alléger ses opérations. Cet accord ne semble pas très favorable à la Russie mais il y sans doute des compensations en Syrie : car Erdogan menace tous les jours Damas si l’armée syrienne poursuit son offensive à Idleb, mais ses initiatives belliqueuses sont somme toute assez mesurées. Ainsi une importante base militaire, appelée 46, perdue par l’armée syrienne en 2012 et située au sud-ouest d’Alep, vient d’être reprise. Elle fut défendue jusqu’au bout par les islamistes mais l’armée turque qui en occupait une partie s’est retirée sans combat…

    Turcs et Russes deviennent donc les principaux acteurs du monde de la Méditerranée orientale. Souvent rivaux, parfois alliés, ils jouent un jeu complexe et périlleux mais ce sont eux qui décident aujourd’hui. C’est un tournant géopolitique important mais logique venant combler les vides laissés par les États-Unis et par cette pauvre Europe devenue indigente.

    Illustration : « Vladimir et moi n’avons pas encore réglé tous les détails mais je vous assure que nos efforts coordonnés vont permettre de résoudre ces tensions, parfaitement normales dans un couple. »

    https://www.politiquemagazine.fr/

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  • Ces monarchies que l'on instaure.... (1/2) : Kim Jong-il prépare l'arrivée du petit prince rouge...

                Eh, oui, on instaure des monarchies en ce début du XXIème siècle ! Et, qui plus est, parfois -ce qui est franchement cocasse... - dans des régimes communistes.

                Et pas des communistes décadents ou amollis, ou corrompus. Non, dans des régimes authentiquement marxistes-léninistes, chez des purs et durs.

                On avait été un peu sidéré par le népotisme des Castro, avec cette transmission par fratrie - pourrait-on dire - du pouvoir. Mais dans ces deux autres enfers sur terre que sont le pays de Loukachenko - la Biélorussie - ou celui de Kim Jong Il - la Corée du Nord - là on explose carrément tous les compteurs : là c'est, en effet, carrément la transmission directe du pouvoir, le retour à une hérédité qui devrait s'en faire étrangler plus d'un... mais passons.....

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    Kim Jong-il lors d'une visite non datée dans l'usine de fabrique de farine de maïs de Pyongyang.

    Le parti s'apprête à tenir un congrès extraordinaire qui doit mettre en scène l'arrivée aux commandes du troisième fils du dictateur. 

                Les grandes manœuvres s'accélèrent à Pyongyang....

                Les satellites espions américains ont détecté des déplacements suspects de militaires convergeant non pas vers la ligne de front, mais vers la capitale nord-coréenne. Et la propagande du régime stalinien résonne d'un chant nouveau. «Traces» est le nom de l'hymne à la gloire d'un mystérieux général que la population est priée de reprendre en chœur. Surtout, un éditorial du Rodong Shinmun, le journal officiel, a alerté les services de renseignements sud-coréen et occidentaux, le 30 juin dernier. Pour la première fois depuis trois décennies, le régime exhortait les camarades à sacrifier leur vie pour protéger le «centre du parti». Une expression énigmatique qui servait dans les années 1970 de nom de code pour désigner Kim Jong-il lorsqu'il se préparait dans le secret à succéder à son père, «président éternel» décédé en 1994. Après avoir bataillé dans l'ombre plusieurs années pour s'imposer, le fils héritier avait été officiellement adoubé en 1980 lors d'un congrès exceptionnel du Parti des travailleurs.

    Compte à rebours 

                L'histoire se répète, car, pour la première fois depuis cette date, le parti s'apprête à tenir une réunion de même ampleur. Un congrès extraordinaire qui vise à «élire de nouveaux dirigeants suprêmes», a annoncé solennellement en juin la Corée du Nord. Depuis, les préparatifs se sont accélérés en coulisses afin de poser les fondations de l'après Kim Jong-il avec pour objectif de préparer l'arrivée aux commandes de son troisième fils, Kim Jong-un. Agé d'environ 27 ans, celui-ci fait face à un défi sans précédent dans l'histoire communiste : maintenir le pouvoir suprême entre les mains de la même famille sur trois générations !....

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    Photo non datée de Kim Jong-un, à Berne; "Nuage vertueux" serait âgé de 26 ans.....

     

                Le compte à rebours a démarré en août 2008, lorsque le «cher leader» réchappe de justesse à une attaque cérébrale. Kim réalise l'urgence de préparer l'avenir pour éviter une lutte de succession qui pourrait être fatale à l'œuvre de son père. Dès 2009, il désigne à ses proches son troisième fils comme le plus capable de reprendre les rênes à sa mort.

                Commence en coulisses une campagne pour asseoir la légitimité du rejeton, dont l'inexpérience et le jeune âge sont des handicaps dans une culture aux racines confucéennes. Chaperonné par le beau-frère de Kim, Chang Song Taek, désigné comme régent en puissance, le petit prince rouge a démarré une formation de dictateur en accéléré. Le jeune homme, dont le visage massif évoque les traits de son grand-père, assisterait déjà son père au quotidien - et serait de facto - le numéro deux du régime, affirme Cheong Seong Chang, du Sejong Institute.

                Un secret de polichinelle qui n'est pas encore validé officiellement. Pour la plupart des experts, le congrès doit permettre à Kim 3 de sortir de l'ombre afin d'affermir sa légitimité. Et le placer en position de reprendre la barre en cas d'un nouvel accident de santé qui menace son père de 68 ans, affaibli. L'héritier pourrait obtenir un poste au sein du Politburo, affirme Shi Yinhong, à l'Université du peuple à Pékin. Un passage délicat, car dans un système communiste la succession dynastique ne va pas de soi. Afin de ne pas hérisser la vieille garde et l'armée, l'héritier pourrait être cantonné à un poste modeste, voire rester caché. «Même s'il n'obtient pas de titre, cela ne remet pas en cause la succession. En Corée du Nord, le pouvoir réel n'est pas lié à la fonction», analyse Zhang Liangui, professeur à l'École du parti, à Pékin.

                Le véritable enjeu du congrès pourrait être ailleurs, dans la bataille que se livrent les factions rivales pour contrôler l'héritier. Car le jeune Kim Jong-un risque d'être un dictateur sous influence. «Il sera une marionnette entre les mains de la vieille garde qui n'a plus qu'un seul objectif en tête : mourir dans son lit» , tranche Andrei Lankov, de l'Université Kookmin. L'expert russe estime la réforme du régime impossible et prédit un effondrement brutal. Moins pessimiste, Cheong Seong Chang juge qu'une nouvelle génération de technocrates pourrait profiter de la succession pour instiller des réformes économiques dans un royaume ermite en lambeaux.....

                Et pendant ce temps-là, chez nous, ce pauvre Olivier nous dit que ce qu'il nous faut, c'est une bonne vieille révolution ! Dans la série, il vaut mieux entendre ça que d'être sourd, force est de constaer qu'il se pose là !.....

     

    Des étudiants préparent les cérémonies marquant la conférence du Parti des travailleurs à Pyongyang, le 27 septembre 2010.
    Des étudiants préparent les cérémonies marquant la conférence du Parti des travailleurs à Pyongyang, le 27 septembre 2010.
  • La Grèce... ne nous fait pas peur ! Par Jean-Philippe CHAUVIN

    arton8470-7b8cd.jpgLa Grèce fait peur, une fois de plus : non pas que les Hellènes nous menacent d'une invasion mais plutôt d'une implosion du système de l'union monétaire européenne, à en croire les élites libérales et la Commission européenne elle-même qui oscille entre ton d'une rare fermeté et une certaine prudence, comme pour ne pas insulter l'avenir mais en se préparant à une confrontation musclée avec le gouvernement de la Gauche radicale issu des urnes grecques. 

    Bien sûr, et c'est le discours officiel que l'on entend partout dans les sphères bruxelloises, les Grecs ont exagéré, par le passé : ils ont cru que la société de consommation que venait leur « offrir » la Communauté économique européenne (devenue Union européenne au début des années 1990) était un cadeau que l'on n'oserait pas leur reprendre puisque « l'Europe », c'était la paix, la prospérité et, surtout, la solidarité, et qu'ils en profiteraient toujours...

     

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    Cadeau empoisonné car la société de consommation et de croissance ne fait jamais rien gratuitement et ce qu'elle « offre » un jour devient la dette du lendemain. Les Grecs, tout heureux d'être acceptés dans cette Europe à laquelle ils avaient donné son nom à travers un mythe ancien, ont joué les cigales et, croyant les européistes qui annonçaient à longueur de colonnes la fin des États remplacés par une Europe fédérale bruxelloise, n'ont rien fait pour construire un État, des institutions et un appareil politiques dignes de son histoire et de son destin. Mais, quand manque l’État, le chaos n'est pas loin, conjugué à l'injustice et à la corruption : c'est d'ailleurs une leçon que la Grèce, depuis l'Antiquité, nous donne à travers sa propre histoire.  

    La Grèce a connu une véritable descente aux enfers durant ces dernières années : bien sûr, elle avait fauté mais le châtiment n'était-il pas, en fait, injuste car frappant tous les Grecs et non, d'abord, les responsables politiques et économiques du pays qui l'avaient, par démagogie et carriérisme, mené à la catastrophe ? Certains me rétorqueront que les électeurs étaient tout aussi coupables que ceux qu'ils avaient élus, justement parce que, par le simple jeu démocratique et électoral, ils les avaient portés au pouvoir... Certes ! Mais, dans ce cas, que la démocratie est brutale ! Or, la politique n'a pas pour seul but de sanctionner mais de décider, de guider, mais aussi d'accorder les citoyens entre eux, de leur apporter les « hautes conditions du bonheur », non le Bonheur totalitaire d'un Saint-Just, mais celui qui permet l'harmonie du corps social et des citoyens avec le monde environnant, ce bonheur qui se conjugue au pluriel...  

    Peut-on oublier, aussi, que les institutions de l'Union européenne elle-même sont fautives puisqu'elles savaient qu'il y avait, au moment de l'entrée dans la zone euro, tricherie de la part du gouvernement grec d'alors, une tricherie facilitée par les banques dont la fameuse Goldman Sachs ? Mais il fallait alors que l'euro fasse rêver, car cette monnaie unique avait été présentée aux peuples comme cette solution-miracle qui allait, c'était certain, écarter tout risque de crise et assurer le plein-emploi et la prospérité au continent tout entier : on sait désormais que, s'il y avait tricherie, c'est d'abord et surtout de la part d'une Union européenne qui a menti pour faire avancer ses projets sans possibilité future de recours pour les États qui s'étaient engagés dans ce que l'on peut nommer l'aventure, sans que celle-ci soit vraiment assurée d'être heureuse... L'Europe a construit, par idéologie, son malheur et celui de ses peuples : que le peuple grec, abusé à la fois par sa classe politicienne indigne et par une Union européenne arrogante, décide désormais de « changer la donne » en rejetant bruyamment ses anciens partis dominants et en brandissant le poing devant le nez de « l'Europe », n'a rien, en définitive, de surprenant. Je ne suis pas certain que l'on puisse, malgré les errements anciens, l'en blâmer... Mais il est fort possible qu'il donne des idées à d'autres peuples d'Europe, ceux-là qui, d'ordinaire, désertent les urnes européennes pour mieux maugréer en vain contre un système qui leur échappe ou qui, déjà, s'en servent comme pavés pour se rappeler au bon souvenir des classes dirigeantes, nationales comme bruxelloises. En ce sens, la Grèce fait peur aux oligarchies qui, trop longtemps, ont cru qu'elles pourraient éternellement imposer leurs vues aux électeurs, au nom et par le moyen d'une démocratie représentative qui n'est pas celle que les Athéniens de Clisthène et de Périclès pratiquaient... Quand le royaliste Bernanos dénonçait la démocratie libérale comme le moyen politique du capitalisme de manœuvrer et dominer les foules, il visait juste ! Que, brusquement, ce système électoral se retourne contre ceux qui en vivaient et s'en servaient cyniquement pour légaliser leur domination, et voila que les masques tombent et que l'Union européenne s'inquiète ! Quoi ? Un peuple en dissidence ? Si ce n'est pas encore une révolution, c'est, assurément, une révolte... Où mènera-t-elle ? Nous verrons bien, et nous nous gardons, prudemment, d'en faire un modèle : regardons-la comme une expérience intéressante et, à coup sûr, instructive quelle que soit sa destinée. Mais, à défaut d'être nôtre, elle nous est un rappel que, en politique, rien, jamais, n'est impossible : une leçon que, en bons empiristes organisateurs, les royalistes ont retenu et ont bien l'intention, à leur tour et pour notre pays, de mettre en pratique...   

    Le blog de Jean-Philippe CHAVIN

  • Culture • Alexandre Devecchio : Autant en emporte le vieux monde

     

    Par Alexandre Devecchio

    Accusé de racisme, Autant en emporte le vent a été déprogrammé par un cinéma de Memphis. Alexandre Devecchio a revu ce classique de l'âge d'or [Figarovox, 2.09] qui dit beaucoup de son époque et de la nôtre. Cette remarquable chronique intéressera les lecteurs de Lafautearousseau. 

     

    1630167502.jpgUne fois n'est pas coutume, il faut remercier les petits soldats du multiculturalisme pour leur fureur iconoclaste. En empêchant la projection d'Autant en emporte le vent dans l'Orpheum Theater de Memphis (Tennessee), qui diffusait le film chaque année depuis 34 ans, il donne un bon prétexte à tous les cinéphiles pour s'offrir 3h58 de bonheur en se replongeant dans le chef d'œuvre de David Selznick. Pour peu qu'ils soient munis d'un simple lecteur de DVD, ces derniers pourront éprouver le frisson de la subversion et surtout constater que 78 ans après sa sortie, le film n'a pas pris une ride. Le technicolor, témoin d'une période bénie ou le cinéma n'était pas encore colonisé par le numérique, reste envoûtant. Scarlett O'Hara, incarnée par la sublime Vivien Leigh, la plus belle et irrésistible garce de l'Histoire du cinéma. Et Clark Gable/Rhett Butler, l'acteur le plus élégant et viril de tous les temps, loin devant George Nespresso Clooney.

    Impossible, cependant, de regarder le film avec le même œil que par le passé? Une question hante désormais le spectateur: « Autant en emporte le vent est-il raciste? ». Juger cette œuvre au regard des critères moraux de 2017 apparaît absurde et anachronique. Autant en emporte le vent est sorti en salle en 1939. A l'époque, Martin Luther King chantait avec le chœur de son église à Atlanta pour la première du film ! La lutte pour les droits civiques n'était encore qu'un rêve lointain et l'idéologie diversitaire de la science-fiction. A ce compte, il faudrait interdire la moitié de la production cinématographique américaine de l'époque. En premier lieu, les westerns et leur vision mythifiée de l'Ouest où les Indiens, présentés comme des sauvages, ont bien mérité d'être génocidés par les gentils cow-boys. En France, si l'on poursuit selon cette logique, la nouvelle inquisition antiraciste pourrait faire un gigantesque autodafé avec bon nombre de génies de la littérature. L'œuvre de Voltaire brûlée pour « islamophobie », celle de Céline pour antisémitisme. Molière excommunié de nouveau, mais cette fois pour misogynie. Balzac, défenseur autoproclamé du « trône et de l'autel » prohibé pour conservatisme. Pour autant, tenter d'analyser l'idéologie véhiculée par Autant emporte le vent, ce que dit le film le plus vu de tous les temps de son époque et de la nôtre, demeure un exercice passionnant.

    Le long métrage apparaît bien plus complexe et subtil que nos caricatures actuelles. Même avec un regard contemporain, sourcilleux et vigilant, les accusations de « racisme », d' « apologie de l'esclavage » ou encore d' « ultraconservatisme » se révèlent excessive. S'il faut absolument lui coller une étiquette, le film pourrait être qualifié d'anarchiste-conservateur. A l'origine d'Autant en emporte le vent, il y a le roman culte de Margaret Mitchell, enfant du Sud, fille d'un riche avocat conservateur et d'une militante féministe suffragette. Le véritable auteur du film, dirigé par plusieurs réalisateurs, dont Georges Cukor et Victor Flemming, est David O. Selznick, producteur juif hollywoodien. A l'image de Scarlett O'Hara, écartelée entre l'insipide Ashley Wilkes et le charismatique Rhett Butler, Autant emporte le vent est tout entier tiraillé entre le passé et l'avenir, la Réaction et le Modernité, la terre ocre de Tara et l'Amérique nouvelle de la côté Est. Le couple mythique du film puise sa force dans les valeurs traditionnelles du Sud, mais profondément anticonformiste et avant-gardiste, il brise toutes les conventions de son époque. La distance ironique de Rhett Butler à l'égard de la guerre n'est pas seulement due a son cynisme, elle exprime son scepticisme vis-à-vis d'un conflit meurtrier qu'il juge inutile et perdu d'avance. Quant à Scarlett O'Hara, son personnage mériterait à lui seul une ou plusieurs thèses sur le féminisme. Femme indépendante et aventurière, elle fascine aussi bien les personnages masculins du film que les spectateurs par sa liberté, son tempérament fougueux, sa fameuse « passion de la vie ». Son personnage dessine, malgré tout, un portrait peu flatteur de la femme moderne, monstre d'égoïsme et de narcissisme. Son rapport à l'homme est trouble et violent. Violée par Rhett Butler dans le lit conjugal, Scarlette O'hara, éternelle insatisfaite, apparaît le lendemain matin comblée comme jamais. Une scène sulfureuse qui serait jugée moralement inacceptable aujourd'hui.

    De l'esclavage, Autant en emporte le vent donne une vision non pas raciste, mais paternaliste. Ici, les esclaves sont satisfaits de leur sort et attachés à leurs maîtres. A l'image de Mamma, interprétée par Hattie McDaniel, première actrice noire récompensée par l'Oscar pour ce rôle, qui développe une relation quasi filiale avec Scarlett O'Hara. Dans le film, le fouet et l'asservissement total sont éludés. Mais Autant en emporte le vent n'est pas un documentaire. C'est une fresque romanesque avant d'être un film historique ou politique. Il ne s'agit pas tant ici de refaire l'Histoire que d'exalter un imaginaire puissant, celui d'un Sud romantique et disparu. Le film s'ouvre sur ces quelques mots évocateurs : « Il était une fois un pays de coton qu'on appelait le Sud. On y trouvait le meilleur de la galanterie, des chevaliers et des dames, des maîtres et des esclaves. Mais tout ceci n'existe plus qu'en rêve. Le vent a emporté cette civilisation ». Autant en emporte le vent, tourné juste après la crise des années 30 et juste avant le début de la Seconde Guerre mondiale décrit avec nostalgie la fin d'un monde fantasmé, et le début d'une ère nouvelle, celle de l'Amérique moderne et industrielle. A sa sortie, il faisait écho aux tourments du XXe siècle. Aujourd'hui, dans une période elle aussi marquée par l'épuisement d'une civilisation et l'aube d'un nouveau monde, il trouve une nouvelle résonance. Entre les anciens et les modernes, le débat fait rage. Les premiers veulent s'appuyer sur un passé, parfois idéalisé, pour construire le présent et préparer le futur. Les seconds font table rase et se débarrassent du monde ancien. Pour eux, les statues et les mythes, comme les classiques de l'âge d'or et les rêves seront, c'est inéluctable, emportés par le vent.  

     

    Alexandre Devecchio est journaliste au Figaro, en charge du FigaroVox. Il vient de publier Les Nouveaux enfants du siècle, enquête sur une génération fracturée (éd. du Cerf, 2016) et est coauteur de Bienvenue dans le pire des mondes (éd. Plon, 2016).

    Alexandre Devecchio

     

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