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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Le 21 Janvier 1793, la France s’est suicidée… par Christian Vanneste

    Le 21 Janvier 1793, la France se suicidait en guillotinant son Roi, Louis XVI. C’est Renan qui, après la défaite de 1870, portait ce redoutable jugement sur notre histoire. Au lendemain du désastre de Sedan, une majorité parlementaire monarchiste, mais divisée entre les prétendants au trône avait failli restaurer la royauté. Par la suite, c’est la République qui a été établie, d’une manière apparemment irrévocable, et portée par une idéologie qui faisait de l’ancien régime un passé non seulement révolu, mais condamnable, et d’ailleurs condamné par le progrès.

    3309368304.jpgLes Jacobins, les régicides de 1793, allaient imposer leur domination politique et intellectuelle, et leur vision de l’histoire à travers leurs héritiers et ceux-ci par le biais d’un enseignement pétri de leurs préjugés. Comme durant la première révolution, un mouvement sinistrogyre, « à gauche toute », s’enclenchait qui faisait se suivre les opportunistes, les radicaux, les radicaux-socialistes, les socialistes et les communistes. Beaucoup de Français ont baigné dans cette atmosphère idéologique qui a consisté à identifier la gauche au progrès social et la droite à la réaction sans lendemain. De Gaulle a, pour une part, échappé à ce mouvement, mais sans pouvoir l’arrêter. Le stupide « 1968 » le démontre : alors que la France s’est redressée, et a retrouvé sa place dans le monde, les enfants de privilégiés jouent à la prise d’une Bastille imaginaire, montent des barricades comme le Marius des Misérables, préfèrent Trotsky et Mao à de Gaulle, Sartre à Raymond Aron. Nos élites manquent rarement d’étaler leur légèreté politique. Les syndicats saisissent alors l’opportunité de partager les richesses avant qu’elles soient créées, sans le moindre souci de la compétitivité de notre économie. Il faudra la dévaluation, après le départ du Général, pour compenser le handicap, comme d’habitude. De Gaulle, lui-même, aura toujours cherché à composer avec le sens de l’histoire, en pensant que c’était le seul moyen pour la France de ne pas s’effondrer. Le problème, c’était que les gauchistes allaient plus vite et plus loin que lui dans cette direction : ils ont de plus en plus dominé la pensée française, influencé les élites, investi les médias, et la France a continué irrémédiablement sa chute en se croyant exemplaire.

    La comparaison entre les destins de la France et du Royaume-Uni devrait cependant rendre plus lucide sur le suicide français. En 1789, la France est de loin le pays le plus peuplé, le plus riche et le plus puissant d’Europe. Les cours européennes parlent français et imitent Versailles. Nos écrivains font rayonner la culture française. Depuis Denain, en 1712, pas une armée étrangère n’a foulé le royaume. La dernière guerre contre l’Angleterre a été gagnée à Yorktown en permettant l’indépendance des Etats-Unis. Louis XVI veille à ce que la flotte française gagne en puissance, puisqu’elle est notre faiblesse. L’armée est la plus forte d’Europe et fort bien équipée, notamment en artillerie. La partie n’est pas jouée avec les Anglais pour la domination du monde. L’Espagne a aussi pour roi un Bourbon, cette famille qui règne à Naples et à Parme. Après le mariage avec Marie-Antoinette, l’Autriche n’est plus l’ennemie mais l’alliée catholique contre la Prusse. Sur le plan de ce qu’on appelle aujourd’hui la géopolitique, à ce moment, le monde peut encore être français. Les désastreuses guerres de la Révolution et de l’Empire vont définitivement asseoir la domination des Anglo-Saxons, Anglais jusqu’au lendemain de la Première Guerre Mondiale, Américains ensuite, dont les Français ne seront plus que les seconds comme lors de l’absurde campagne de Crimée contre la Russie. L’Angleterre n’a subi ni défaite, ni invasion et s’est délestée de son Empire sans guerre tout en conservant avec lui d’étroits rapports à travers le Commonwealth dont la Reine est le chef symbolique, ses 53 Etats parmi lesquels 16 royaumes dont elle est la Reine.

    La France, c’est un seul régime en mille ans, et une rafale baroque de rois, d’empereurs, de républiques et de dictatures, en deux-cents ans, pour aboutir à la conclusion que notre système ne fonctionne pas très bien, et qu’il faudrait le changer une fois encore …. Depuis leur seconde révolution en 1688, les Britanniques qui avaient préservé la monarchie et seulement changé de dynastie à cette occasion, ont régné sur la planète durant un siècle grâce à des institutions adaptées avec pragmatisme, mais jamais bouleversées, et un parti de droite insubmersible, le groupe parlementaire séculaire, Tory, devenu il y a plus d’un siècle le Parti Conservateur… Certes, l’Empire a vécu, mais le monde entier parle anglais, y compris en piétinant de plus en plus le français chez lui. Il est difficile de ne pas penser dans la langue que l’on parle. Le marché et le droit, le « libéralisme » se sont imposés à l’idée d’un Etat centralisateur et rationnel en recul partout.

    Bien sûr, il est absurde de vouloir réécrire l’histoire. Mais la nostalgie zemmourienne ne pointe pas suffisamment cette date, qui précède évidemment la conquête de l’Algérie. Le 21 Janvier 1793 fut le choc entre les préjugés de la tradition et ceux du fanatisme. Lorsque la tradition est revenue dans les fourgons de l’étranger, en 1814 et 1815, elle avait sans doute définitivement perdu la partie. Mais il serait bon que les Français prennent conscience qu’il y a 227 ans, la France a fait fausse route. La Russie de Poutine qui amoindrit la rupture révolutionnaire s’appuie sur la fierté d’une histoire qui englobe le Tsar, l’orthodoxie et la grande guerre patriotique contre le nazisme. Elle déplore l’assassinat de la famille impériale par les bolchéviques.

  • SOCIETE • Fabrice Hadjadj : les djihadistes, le 11 janvier et l'Europe du vide

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    Maxime Hauchard, un jeune français converti à l'islam venu rejoindre l'EI. Crédits photo: AFP

     

    Un magnifique texte, une très belle intervention, devant un auditoire romain, qui n'étonnera pas, parmi nous, ceux qui ont participé au Colloque du Cercle Vauban, le 6 décembre dernier à Paris, et y ont écouté Fabrice Hadjadj. De quoi méditer, au cours de ce week-end ... Lafautearousseau

    Fabrice Hadjadj est écrivain et philosophe, directeur de l'Institut européen d'études anthropologiques Philanthropos. Son dernier essai, « Puisque tout est en voie de destruction », a été publié chez Le Passeur Éditeur (avril 2014). Ce texte est celui d'une intervention donnée en Italie à la Fondation de Gasperi devant les ministres italiens de l'Intérieur et des Affaires étrangères, le président de la communauté juive de Rome, le vice-président des communautés religieuses islamiques de la ville.

     

    Chers Djihadistes - c'est le titre d'une lettre ouverte publiée par Philippe Muray  - un de nos plus grands polémistes français - peu après les attentats du 11 septembre 2001. Cette lettre s'achève par une série d'avertissements aux terroristes islamiques, mais ceux qu'elle vise en vérité, par ricochet et par ironie, ce sont les Occidentaux fanatiques du confort et du supermarché. Je vous cite un passage dont vous allez tout de suite capter l'heureuse et cinglante raillerie : « [Chers Djihadistes], craignez la colère du consommateur, du touriste, du vacancier descendant de son camping-car ! Vous nous imaginez vautrés dans des plaisirs et des loisirs qui nous ont ramollis?  Eh bien nous lutterons comme des lions pour protéger notre ramollissement. […] Nous nous battrons pour tout, pour les mots qui n'ont plus de sens et pour la vie qui va avec. » Et l'on peut ajouter aujourd'hui: nous nous battrons spécialement pour Charlie Hebdo, journal hier moribond, et qui n'avait aucun esprit critique - puisque critiquer, c'est discerner, et que Charlie mettait dans le même sac les djihadistes, les rabbins, les flics, les catholiques, les Français moyens - mais nous en ferons justement l'emblème de la confusion et du néant qui nous animent !

    Voilà à peu près l'état de l'État français. Au lieu de se laisser interpeler par les événements, il en remet une couche, il en profite pour se payer sa bonne conscience, remonter dans les sondages, se ranger du côté des victimes innocentes, de la liberté bafouée, de la moralité outragée, pourvu qu'on ne reconnaisse pas le vide humain d'une politique menée depuis plusieurs décennies, ni l'erreur d'un certain modèle européocentrique selon lequel le monde évoluerait fatalement vers la sécularisation, alors qu'on assiste presque partout ailleurs, et au moins depuis 1979, à un retour du religieux dans la sphère politique. Mais voilà : cette trop bonne conscience et cet aveuglement idéologique sont en train de préparer pour bientôt, sinon la guerre civile, du moins le suicide de l'Europe.

    La première chose qu'il faut constater, c'est que les terroristes des récents attentats de Paris sont des Français, qu'ils ont grandi en France et ne sont pas des accidents ni des monstres, mais des produits de l'intégration à la française, de vrais rejetons de la République actuelle, avec toute la révolte que cette descendance peut induire.

    En 2009, Amedy Coulibaly, l'auteur des attentats de Montrouge et du supermarché casher de Saint-Mandé, était reçu au palais de l'Élysée par Nicolas Sarkozy avec neuf autres jeunes choisis par leurs employeurs pour témoigner des bienfaits de la formation par alternance : il travaillait alors en contrat de professionnalisation à l'usine Coca-Cola de sa ville natale de Grigny — Les frères Kouachi, orphelins issus de l'immigration, furent recueillis entre 1994 et 2000 dans un Centre d'éducation en Corrèze appartenant à la fondation Claude-Pompidou. Au lendemain de la fusillade au siège de Charlie Hebdo, le chef de ce Centre éducatif marquait sa stupéfaction : « On est tous choqués par l'affaire et parce qu'on connait ces jeunes. On a du mal à s'imaginer que ces gamins qui ont été parfaitement intégrés (ils jouaient au foot dans les clubs locaux) puissent comme ça délibérément tuer. On a du mal à y croire. Durant leur parcours chez nous, ils n'ont jamais posé de problème de comportement. Saïd Kouachi […] était tout à fait prêt à rentrer dans la vie socio-professionnelle. » Ces propos ne sont pas sans rappeler ceux du maire de Lunel - petite ville du Sud de la France - qui s'étonnait que dix jeunes de sa commune soient partis faire le djihad en Syrie, alors qu'il venait de refaire un magnifique skate park au milieu de leur quartier…

    Quelle ingratitude ! Comment ces jeunes n'ont-ils pas eu l'impression d'avoir accompli leurs aspirations les plus profondes en travaillant pour Coca-Cola, en faisant du skate board, en jouant dans le club de foot local ? Comment leur désir d'héroïcité, de contemplation et de liberté ne s'est-il pas senti comblé par l'offre si généreuse de choisir entre deux plats surgelés, de regarder une série américaine ou de s'abstenir aux élections ? Comment leurs espérances de pensée et d'amour ne se sont-elles pas réalisées en voyant tous les progrès en marche, à savoir la crise économique, le mariage gay, la légalisation de l'euthanasie ? Car c'était précisément le débat qui intéressait le gouvernement français juste avant les attentats : la République était toute tendue vers cette grande conquête humaine, la dernière sans doute, à savoir le droit d'être assisté dans son suicide ou achevé par des bourreaux dont la délicatesse est attestée par leur diplôme en médecine…

    Comprenez-moi : les Kouachi, Coulibaly, étaient « parfaitement intégrés », mais intégrés au rien, à la négation de tout élan historique et spirituel, et c'est pourquoi ils ont fini par se soumettre à un islamisme qui n'était pas seulement en réaction à ce vide mais aussi en continuité avec ce vide, avec sa logistique de déracinement mondial, de perte de la transmission familiale, d'amélioration technique des corps pour en faire de super-instruments connectés à un dispositif sans âme…

    Un jeune ne cherche pas seulement des raisons de vivre, mais aussi, surtout - parce que nous ne pouvons pas vivre toujours - des raisons de donner sa vie. Or y a-t-il encore en Europe des raisons de donner sa vie ? La liberté d'expression ? Soit ! Mais qu'avons-nous donc à exprimer de si important ? Quelle Bonne nouvelle avons-nous à annoncer au monde ?

    Cette question de savoir si l'Europe est encore capable de porter une transcendance qui donne un sens à nos actions - cette question, dis-je, parce qu'elle est la plus spirituelle de toutes, est aussi la plus charnelle. Il ne s'agit pas que de donner sa vie ; il s'agit aussi de donner la vie. Curieusement, ou providentiellement, dans son audience du 7 janvier, le jour même des premiers attentats, le pape François citait une homélie d'Oscar Romero montrant le lien entre le martyre et la maternité, entre le fait d'être prêt à donner sa vie et le fait d'être prêt à donner la vie. C'est une évidence incontournable : notre faiblesse spirituelle se répercute sur la démographie; qu'on le veuille ou non, la fécondité biologique est toujours un signe d'espoir vécu (même si cet espoir est désordonné, comme dans le natalisme nationaliste ou impérialiste).

    Si l'on adopte un point de vue complètement darwinien, il faut admettre que le darwinisme n'est pas un avantage sélectif. Croire que l'homme est le résultat mortel d'un bricolage hasardeux de l'évolution ne vous encourage guère à avoir des enfants. Plutôt un chat ou un caniche. Ou peut-être un ou deux petits sapiens sapiens, par inertie, par convention, mais au final moins comme des enfants que comme des joujoux pour exercer votre despotisme et vous distraire de votre angoisse (avant de l'aggraver radicalement). La réussite théorique du darwinisme ne peut donc aboutir qu'à la réussite pratique des fondamentalistes qui nient cette théorie, mais qui, eux, font beaucoup de petits. Une amie islamologue, Annie Laurent, eut pour moi sur ce sujet une parole très éclairante : « L'enfantement est le djihad des femmes. »

    Ce qui détermina jadis le Général de Gaulle à octroyer son indépendance à l'Algérie fut précisément la question démographique. Garder l'Algérie française en toute justice, c'était accorder la citoyenneté à tous, mais la démocratie française étant soumise à la loi de la majorité, et donc à la démographie, elle finirait par se soumettre à la loi coranique. De Gaulle confiait le 5 mars 1959 à Alain Peyrefitte : « Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ? Si nous faisions l'intégration, si tous les Arabes et Berbères d'Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s'installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées ! ».

    Il y a certes une libération de la femme dont nous pouvons être fiers, mais lorsque cette libération aboutit au militantisme contraceptif et abortif, la maternité et la paternité étant désormais conçus comme des charges insupportables pour des individus qui ont oublié qu'ils sont d'abord des fils et des filles, cette libération ne peut que laisser la place, après quelques générations, à la domination en nombre des femmes en burqa, car les femmes en mini-jupes se reproduisent beaucoup moins.

    Nous avons beau jeu de protester: « Oh! la burqa ! quelles mœurs barbares ! » Ces mœurs barbares permettent, par une immigration compensant la dénatalité européenne, de faire tourner notre civilisation du futur - enfin, d'un futur sans postérité…

    Au fond, les djihadistes commettent une grave erreur stratégique : en provoquant des réactions indignées, ils ne réussissent qu'à ralentir l'islamisation douce de l'Europe, celle que présente Michel Houellebecq dans son dernier roman (paru aussi le 7 janvier), et qui s'opère du fait de notre double asthénie religieuse et sexuelle. À moins que notre insistance à « ne pas faire d'amalgame », à dire que l'islam n'a rien à voir avec l'islamisme (alors qu'aussi bien le président égyptien Al-Sissi que les frères musulmans nous disent le contraire), et à nous culpabiliser de notre passé colonial - à moins que toute cette confusion nous livre avec encore plus d'obséquiosité vaine au processus en cours. 

    Il est en tout cas une vanité que nous devons cesser d'avoir - c'est de croire que les mouvements islamistes sont des mouvements pré-Lumières, barbares comme je le disais plus haut, et qui se modéreront sitôt qu'ils découvriront les splendeurs du consumérisme. En vérité, ce sont des mouvements post-Lumières. Ils savent que les utopies humanistes, qui s'étaient substituées à la foi religieuse, se sont effondrées. En sorte qu'on peut se demander avec raison si l'islam ne serait pas le terme dialectique d'une Europe techno-libérale qui a rejeté ses racines gréco-latines et ses ailes juive et chrétienne : comme cette Europe ne peut pas vivre trop longtemps sans Dieu ni mères, mais comme, en enfant gâtée, elle ne saurait revenir à sa mère l'Église, elle consent finalement à s'adonner à un monothéisme facile, où le rapport à la richesse est dédramatisé, où la morale sexuelle est plus lâche, où la postmodernité hi-tech bâtit des cités radieuses comme celles du Qatar. Dieu + le capitalisme, les houris de harem + les souris d'ordinateur, pourquoi ne serait-ce pas le dernier compromis, la véritable fin de l'histoire ?

    Une chose me paraît certaine: ce qu'il y a de bon dans le siècle des Lumières ne saurait plus subsister désormais sans la Lumière des siècles. Mais reconnaîtrons-nous que cette Lumière est celle du Verbe fait chair, du Dieu fait homme, c'est-à-dire d'une divinité qui n'écrase pas l'humain, mais l'assume dans sa liberté et dans sa faiblesse ? Telle est la question que je vous pose en dernier lieu: Vous êtes romains, mais avez-vous des raisons fortes pour que Saint-Pierre ne connaisse pas le même sort que Sainte-Sophie ? Vous êtes italiens, mais êtes-vous capables de vous battre pour la Divine Comédie, ou bien en aurez-vous honte, parce qu'au chant XXVIII de son Enfer, Dante ose mettre Mahomet dans la neuvième bolge du huitième cercle ? Enfin, nous sommes européens, mais sommes-nous fiers de notre drapeau avec ses douze étoiles? Est-ce que nous nous souvenons même du sens de ces douze étoiles, qui renvoient à l'Apocalypse de saint Jean et à la foi de Schuman et De Gasperi ? Le temps du confort est fini. Il nous faut répondre, ou nous sommes morts: pour quelle Europe sommes-nous prêts à donner la vie ? 

  • Coralie Delaume : « Macron est fédéraliste, quand les Allemands deviennent souverainistes »

     

    Par Vianney Passot           

    Cet entretien est paru le 17.05 dans Figarovox, ainsi résumé : « Quelques jours seulement après son élection, Emmanuel Macron a rencontré Angela Merkel en début de semaine. Coralie Delaume explique pourquoi les projets du nouveau président pour l'Europe inquiètent beaucoup les Allemands. » Bien plus importante est l'affirmation reprise en titre : « Macron est fédéraliste, quand les Allemands deviennent souverainistes. » Empêchement rédhibitoire si la chose est avérée ! Et il ne nous étonnerait pas qu'elle le soit. Malgré l'affaiblissement du politique, nous restons, de facto, à l'heure des nations, et d'une certaine façon, à leur retour. Que le mot lui plaise ou non, Macron se trouvera face au nationalisme allemand. A cet égard, l'écart qui ne cesse de se creuser, depuis 1989, entre la France et l'Allemagne, notamment, bien-sûr, en matière économique, rend de plus en plus improbable la stabilité et la pérennité du couple qu'elles sont censées former, et sans lequel, d'ailleurs, toute réelle avancée européenne n'est guère réalisable. Les réalités plus fortes que l'idéologie ? C'est l'évidence.   Lafautearousseau

     

    Pour son premier déplacement à l'étranger en tant que président, Emmanuel Macron s'est rendu ce lundi à Berlin pour rencontrer la chancelière allemande Angela Merkel. François Hollande, en 2012, s'était aussi rendu en Allemagne immédiatement après son élection. Comment expliquez-vous cette hâte du président fraîchement élu à traverser le Rhin ?

    C'est devenu une figure obligée pour tout président français, au nom du « couple franco-allemand ». A vrai dire, Emmanuel Macron s'était déjà rendu en Allemagne deux fois durant sa campagne, une fois en janvier, une fois en mars. La seconde fois, Angela Merkel l'avait reçu. Deux autres candidats avaient fait le voyage: François Fillon et Benoît Hamon.

    Mais c'est Macron qui avait annoncé la couleur de la façon la plus claire, en disant son projet de « faire des réformes pour regagner la confiance de l'Allemagne ». Sans jamais expliquer pourquoi ni comment nous aurions perdu ladite confiance. En ne respectant pas les critères de convergence surveillés par la Commission dans le cadre du « semestre européen » ? L'Allemagne, dont l'excédent commercial (à 8,3% du PIB !) est supérieur depuis sept ans maintenant à la norme communautaire mais qui n'est jamais sanctionnée pour cela, ne les respecte pas non plus.

    Entend-on jamais dire, pour autant, que l'Allemagne doit réaliser des réformes pour « retrouver la confiance de la France » ? Ce serait pourtant urgent. Le président de l'exécutif européen Jean-Claude Juncker a certes affirmé récemment que « les Français dépensent trop ». Mais le FMI, lui, soutient que les Allemands dépensent trop peu. Dans son dernier rapport sur l'économie germanique sorti en début de semaine, le Fonds estime que la République fédérale doit rapidement augmenter les salaires de ses travailleurs et le montant de ses investissements publics, d'une part pour relancer la demande européenne, mais également pour contribuer à relancer une demande mondiale apathique. Ça fait des années que le FMI demande cela, des années également que les États-Unis insistent là-dessus. Donald Trump s'est d'ailleurs montré particulièrement explicite à ce sujet au début de son mandat.

    Le fait que la France ait renoncé à essayer d'infléchir l'Allemagne dans ce sens montre qu'elle ne joue plus du tout son rôle en Europe, et qu'elle est totalement à la remorque de Berlin. Cela peut-il changer avec Macron ? C'est à mon avis très improbable.

    Angela Merkel et Emmanuel Macron ont-ils une vision similaire de l'Europe ? La France et l'Allemagne vont-elles travailler ensemble au projet européen plus étroitement qu'auparavant ?

    Je pense que leurs conceptions sont assez différentes. Les réformes de l'Union proposées par Macron durant sa campagne sont des réformes d'inspiration intégrationniste, presque fédéraliste. Il a proposé un ministre des Finances de la zone euro, un budget fédéral, un Parlement de l'euro.... mais les Allemands, eux, ne veulent pas de tout ça. Ils sont souverainistes ! Dans ce cadre, ils ne veulent pas d'union de transferts qui les contraindraient, selon une l'expression en vigueur, à « payer pour le Sud ». La situation, pour leur pays, est optimale. Ils bénéficient d'une monnaie sous-évaluée pour eux, au sein d'une union monétaire qui dysfonctionne mais qui, tant qu'on ne leur impose ni budget fédéral ni eurobonds, ne leur coûte pas un sou. Du moins tant que les pays surendettés auxquels ils prêtent de l'argent parviennent encore à rembourser. Pourquoi voudraient-ils qu'elle change ?

    Je me permets de citer ici l'extrait d'un article du Bild - qui est un tabloïd et qui ne fait donc pas dans la dentelle - mais qui est énormément lu et qui permet de se faire une idée de l'état d'esprit chez nos voisins. Dans un article récent intitulé « Combien va coûter Macron à l'Allemagne ? », le journal explique : « Pendant la campagne, [Macron] a défendu entre autres les eurobonds, la mutualisation des dettes au sein de l'Union européenne. Il a aussi évoqué un ministre des finances de la zone euro et une assurance chômage commune (…) ce sont des idées qui émanent d'une France très endettée et qui nous poussent, nous Allemands, à tirer la sonnette d'alarme ».

    Le président français et la chancelière allemande se sont dit prêts à refonder certains traités européens, pour faire passer un cap à l'Europe. A quoi peut-on s'attendre de leur part ? Emmanuel Macron peut-il refonder les traités européens sans passer par un référendum ?

    Merkel et Macron sont tous deux en campagne. Les législatives françaises ont lieu en juin, les législatives allemandes en septembre. La chancelière ne peut ignorer l'immense euroscepticisme qui règne en France actuellement. Il suffit d'avoir additionné les scores des candidats « souverainistes » à l'issue du premier tour de la présidentielle pour l'avoir mesuré. Or Macron était un peu le candidat idéal pour Merkel, surtout lorsqu'il s'est trouvé opposé, au second tour, à Marine Le Pen. Sans doute la chancelière est-elle soucieuse de l'aider à obtenir à l'Assemblée cette majorité qui votera les fameuses « réformes pour regagner la confiance de l'Allemagne ». Elle a donc concédé que les traités européens pourraient être modifiés « là ou c'est nécessaire », histoire de se montrer agréable et d'encourager son interlocuteur.

    A vrai dire, ça ne mange pas de pain. Elle peut toujours concéder, il faut l'unanimité pour modifier les traités, et dans certains pays, le référendum est obligatoire. Il est donc hautement improbable qu'une telle chose advienne.

    De surcroît, Angela Merkel est, au sein de l'exécutif allemand, la préposée au rôle de « good cop ». Elle arrondit les angles avec diplomatie. Mais elle a auprès d'elle un « bad cop » très efficace en la personne de Wolfgang Schäuble, son ministre des Finances. Lui a déjà fait savoir dans un entretien au journal italien La Repubblica qu'il goûtait peu les projets de Macron. Il a même formulé une contre-proposition, celle de réformer la zone euro en donnant davantage de pourvoir au MES, le mécanisme européen de stabilité dont le rôle est... de prêter de l'argent aux pays du Sud en difficulté. Et qui est dirigé par un Allemand, Klaus Regling.

    Le MES est un organisme européen ad hoc, qui n'a été créé que dans l'urgence et pour faire face à la crise. Le renforcer serait renoncer au surcroît d'intégration fédérale souhaité par Macron et faire la part belle à la méthode intergouvernementale. Ce n'est pas si étonnant de la part de Schäuble quand on se souvient qu'il disait au Financial times il y a quelques mois : « l'idée fédérale n'a pas disparu, mais actuellement elle n'a aucune chance de se réaliser. Nous devons donc améliorer ... nos méthodes intergouvernementales ».

    Au risque de me répéter, je maintiens que l'Allemagne n'est pas (plus ?) fédéraliste. Elle est souverainiste. Elle veut bien des réformes, mais des réformes de type austéritaire, et prioritairement chez ses voisins, afin d'être assurée de n'avoir jamais à payer pour les autres..... 

    Coralie Delaume est essayiste. Elle a publié Europe, les États désunis (Michalon, 2014) et, avec David Cayla, La fin de l'Union européenne (Michalon 2017). Elle anime depuis 2011 le blog L'arène nue, consacré au projet européen.

    Vianney Passot           

  • LA RÉVOLTE GRECQUE, LA FIN DE LA CONNIVENCE ? Par Georges-Henri SOUTOU, de l'Institut*

     

    Si au moins deux scénarios sont envisageables, la négociation de la dette grecque aura dans tous les cas de figure des conséquences directes sur l'ensemble de l'Union européenne. Les répercussions ne seront pas seulement économiques mais largement politiques. 

    Pour la première fois, des communistes sont arrivés au pouvoir à la suite d'élections libres. Il ne faut pas sous-estimer leur détermination : elle est nourrie par leur histoire - la terrible guerre civile de 1944 à 1949, le coup d'État des colonels en 1967 et la répression qui l'a suivi. De plus, une grande majorité de Grecs, même si elle ne partage pas les idées du parti Syriza, refuse d'accepter la situation actuelle. Et pour cause. Après une cure de cheval et avec 25 % de chômeurs, la dette du pays est montée à 180 % du PIB, alors qu'elle n'était encore que de uo % au début de la crise. Malgré des signes de reprise de l'activité économique, le chemin suivi aboutit incontestablement à une impasse.

    Le nouveau premier ministre, Alexis Tsipras, a réaffirmé ses engagements de campagne : sortir du système de la « Troïka » (Banque centrale européenne, Commission de Bruxelles, FMI), qui contrôle les finances du pays depuis 2010, et renégocier la dette de la Grèce. Bien au-delà des seuls sympathisants des partis de la coalition gouvernementale, c'est une grande majorité du peuple hellène qui soutient ce programme. Pour des raisons au moins autant psychologiques que financières. Les Grecs se perçoivent en effet comme des victimes. Il faut dire que le xxe siècle ne les a pas épargnés.

    D'autre part, Alexis Tsipras a fait alliance avec le parti souverainiste des Grecs indépendants et il s'est bien gardé jusqu'à maintenant de s'attaquer à l'Église, même si cette dernière détient 25 % des terres. On assiste ainsi non pas seulement à une victoire des « popilistes », mais à la mise en place d'un « compromis nationaliste » qui se nourrit de l'opposition à Bruxelles d'un côté et à la Turquie de l'autre (à cause de Chypre et du conflit autour de l'exploitation du pétrole de la Mer Egée).

    LA GRÈCE NE PEUT JOUER LA MONTRE

    Dans ces conditions, quelle tournure va prendre la renégociation de la dette grecque ? Une chose est sûre : Athènes ne peut pas simplement jouer la montre car, sans nouvelle aide extérieure, elle ne peut tenir au-delà de la mi-mars. 

    Le refus de la BCE de continuer à refinancer les banques grecques par des facilités à court terme, motivé par des considérations techniques et juridiques, n'est pas la position définitive de l'Union européenne. La négociation va continuer et rien ne permet de penser qu'elle n'aboutira pas. En effet, l'endettement grec actuel (316 milliards d'euros) est, à la différence de celui de 2010, largement constitué de créances publiques, plus faciles à restructurer que des créances privées. De plus, ces grands endettements publics sont complexes et, partant, susceptibles d'amodiations (prolongation des délais de remboursement, taux d'intérêt revus à la baisse), sans parler d'astuces comptables variées. Et si, pour finir, on réduit la dette grecque en valeur nominale, comme elle est largement publique, elle se dissoudra dans les budgets des pays concernés - Allemagne et France en particulier. On remarquera que l'assouplissement quantitatif de 1 Zoo milliards d'euros décidés par la BCE le 22 janvier arrive à point pour gérer d'éventuels problèmes de trésorerie, en cas de défaut partiel sur une dette grecque de 316 milliards...

    Dans cette négociation, les Grecs ne sont pas dépourvus de moyens. La crise actuelle au Moyen Orient et le conflit qui oppose l'Europe de l'Ouest à la Russie, avec laquelle la Grèce a des liens historiques et religieux anciens, font d'Athènes une capitale courtisée. Cela s'est vérifié récemment quand le nouveau gouvernement a bloqué pendant 24 heures une discussion sur l'extension des sanctions qui frappent Moscou... De même, avec le tourisme, sa marine marchande et le rôle régional essentiel de ses banques dans les Balkans, la Grèce n'est pas sans alternative si elle devait quitter l'UE.

    Or, en Europe, les Grecs ne sont pas seuls à contester la façon dont a été gérée la crise financière de 2008. « Podemos » en Espagne, « Cinque Stelle » en Italie, le Front national et la gauche de la gauche en France, sont sur des positions comparables. Mais si ces partis, ou ces mouvements d'opinion, obtiennent dans les urnes et dans les sondages des résultats que personne n'eût imaginés il y a encore deux ans, leurs revendications sont souvent trop vagues pour être convertis en politiques concrètes. Or, en Grèce, les nombreux économistes présents au sein du gouvernement ne sont pas des inconnus et participent depuis des années au débat qui entoure la politique d'orthodoxie financière de la BCE et de l'UE, orientée sur le modèle allemand. Le ministre des Finances, Yanis Varoufakis, n'est pas un énervé. Quand il explique qu'en 2010 la Grèce ne souffrait pas d'une crise passagère de liquidités mais d'une véritable banqueroute que l'on ne pouvait pas enrayer en empruntant toujours plus sans garantie de remboursement, il dit la vérité. Et son livre, cosigné avec James K. Galbraith et Stuart Holland, deux économistes reconnus, Modeste proposition pour résoudre la crise de la zone euro (édition Les Petits matins, janvier 2014), montre qu'il n'est pas isolé. Certes, bien des points du programme de Tsipras (la hausse du SMIC par exemple) sont démagogiques. Mais les jugements tranchés et méprisants qui, dans certains milieux, ont accueilli son arrivée au pouvoir semblent plus arrogants qu'informés.

    UN VÉRITABLE SUSPENSE

    Deux scénarios sont désormais envisageables. Le premier verrait l'échec de la négociation entre Athènes, la BCE, l'UE et le FMI. On entrerait alors dans une zone de turbulence. Le peuple grec, ne se désolidariserait vraisemblablement pas de son gouvernement et la Grèce sortirait alors de l'euro, ce qui entraînerait de considérables répercussions, dont la remise en cause radicale de la façon dont celui-ci a été géré jusqu'ici.

    Dans le deuxième scénario, toutes les parties parviendraient à un accord qui serait évidemment extrêmement coûteux pour les créanciers. Problème : ce serait la reconnaissance d'une forme de mutualisation de la dette des États européens, mutualisation rigoureusement exclue par les textes. Du coup, il est tout à fait envisageable que le Tribunal constitutionnel de Karlsruhe mette le holà. Et, politiquement, il faudrait en plus compter sur les réactions des électeurs-contribuables européen. À titre d'exemple, la part française dans la dette grecque représente l'équivalent d'une année d'impôt sur le revenu... Enfm, les pays qui comme l'Espagne, le Portugal et l'Irlande ont fait des efforts considérables pour revenir à l'équilibre pourraient demander à bénéficier des mêmes facilités. Bref, d'une façon ou d'une autre, le système va profondément être remis en cause.

    À cela s'ajoute le fait que la situation d'Angela Merkel deviendrait encore plus difficile qu'elle ne l'est aujourd'hui. En particulier, et on le perçoit déjà, parce qu'elle sera amenée à faire des concessions aux Britanniques pour s'assurer que Londres reste dans l'Union. Une UE qu'un « Brexit », après un « Grexit », finirait d'achever. Celle-ci serait de toute façon soumise à des pressions encore renforcées dans le sens d'un changement de cap radical. Quelle que soit l'issue, on peut penser que l'accord établi depuis longtemps entre chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates au niveau européen, symbolisé par le partage de la présidence du Parlement européen (deux ans pour chacun des deux partis) quel que soit le résultat des élections, et qui repose sur un mélange instable de mondialisation libérale, d'orthodoxie financière et de politique de protection sociale élevée par rapport au reste du monde, serait remis en cause. Ce serait le retour de la politique et la fin de la connivence.  

     

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    Yanis Varoufakis, ministre de l'Economie grec. Il avait prédit l'effondrement de son pays. 

     

    * Politique magazine

     

  • Le Qatar en passe de prendre la tête de l’Unesco

     

    par Mezri Haddad
     
    C'est la menace d'une une nouvelle avancée de l'islamosphère - cette fois-ci à la direction générale de l'Unesco - que Mezri Haddad dénonce ici [Causeur, 11.10]. Ce n'est pas que nous ayons une grande considération pour les institutions onusiennes ni que nous croyions à la réalité de la communauté internationale. Nous voyons bien en revanche la réalité des ambitions islamistes et, comme Mezri Haddad, nous la redoutons. Enfin, nous nous rappelons que nous avons organisé il y a quelques années, à Marseille, entre Mezri Haddad et Jacques Trémolet de Villers, un dîner-débat dont nous avons conservé un excellent souvenir. Nous n'avons jamais négligé ces échanges et ces relations et nous les poursuivons ici, dans ces colonnes...  Lafautearousseau.
     
     

    m.haddad.jpgLundi dernier, a démarré à l’Unesco l’interminable et rocambolesque élection du futur directeur général de cette vénérable institution onusienne dédiée, depuis novembre 1945, à l’éducation, à la science et à la culture.

    Sept candidats étaient en compétition : Audrey Azoulay pour la France, Mouchira Khattab pour l’Egypte, Hamad Bin Abdulaziz al-Kawari pour le Qatar, Vera el-Khoury Lacoeuilhe pour le Liban, Qian Tang pour la Chine, Pham Sanh Chau pour le Vietnam et Polad Bülbüloglu pour l’Azerbaïdjan.

    Le cheval de Troie de l’islamisme mondial

    Comme c’était prévisible, aucun candidat n’a pu obtenir, des 58 Etats membres du Conseil exécutif, la majorité requise de trente voix pour passer du premier coup. Mais à l’étonnement général, le premier tour de ce scrutin a placé le candidat du Qatar à la tête des favoris (avec 19 voix), devant la candidate française (13 voix), la candidate égyptienne (11 voix), la candidate libanaise (6 voix), le candidat chinois (5 voix), le candidat vietnamien (2 voix) et le candidat d’Azerbaïdjan (2 voix). En d’autres termes, n’eut été la candidature surprise et in extremis d’Audrey Azoulay, le cheval de Troie de l’islamisme mondial aurait été élu dès le premier tour.

    Une telle issue, si affligeante soit-elle pour tous ceux qui luttent contre l’obscurantisme et le terrorisme islamiste, aurait été l’aboutissement logique d’un dévoiement successif et d’une déliquescence morale, intellectuelle et politique qui a commencé voilà plus de quinze ans. Avec la « toyotisation » de l’Unesco sous le double mandat de Koïchiro Matsuura (1999-2009), qui a vidé l’institution onusienne de sa substance intellectuelle, voire de son âme philosophique, en la dirigeant comme l’on manage Toyota automobile, et après sa bureaucratisation stalinienne sous la mandature d’Irina Bokova (2009-2017), qui a méthodiquement suspendu l’élan réformateur d’Amadou-Mahtar M’Bow (1974-1987), inlassablement entretenu par son prédécesseur Federico Mayor (1987-1999), le naufrage du bateau ivre de l’Unesco sur les rives de Doha aurait été, en effet, un spectacle aussi « naturel » que l’organisation du Mondial de football 2022 !

    Le Qatar est aux antipodes des valeurs prônées par l’Unesco

    Mais l’Unesco n’est ni le Paris Saint-Germain, ni une FIFA qui se relève à peine d’une crise affectant son éthique, ni le comité international olympique, lui aussi tenté, à un moment, de confier ses jeux de 2024 à l’oligarchie gazière. Même si ces dix dernières années l’Unesco a fait sienne la devise « l’argent n’a pas d’odeur », notamment pour compenser le manque à gagner des cotisations américaines, et en dépit du fait que le candidat du Qatar promet de « sauver » l’Unesco, non guère par la force des idées ou la grandeur de la vision mais par la seule puissance de l’argent, les Etats-membres du Conseil exécutif doivent y réfléchir à deux reprises avant de déposer leurs bulletins « secrets ». Il y va de leur réputation ainsi que de la crédibilité de l’institution qu’ils représentent diplomatiquement faute d’en incarner la vocation originelle : « Construire la paix dans l’esprit des hommes et des femmes ».

    Par ses positions publiques autant que par ses actes, le régime qatari est aux antipodes des valeurs prônées par l’Unesco et de l’humanisme universel qui en constitue l’esprit. Par sa diplomatie secrète, par sa chaîne de propagande islamiste Al-Jazeera, par les fatwas criminelles de son guide spirituel Youssef Qaradawi, par ses liens troubles avec le terrorisme en Libye, en Syrie, en Irak, en Egypte, en Mauritanie, au Soudan, au Gabon, au Sénégal, au Niger, au Tchad… l’émirat du Qatar n’a jamais contribué à « construire la paix dans l’esprit des hommes ». Il a plutôt semé la haine et propagé la discorde parmi les communautés religieuses ou ethniques au Moyen-Orient et en Afrique. Nul besoin d’étayer ici toutes les indications qui impliquent le régime qatari dans la métastase de l’islamisme radical aussi bien dans le monde arabe qu’en Occident, un islamisme dont l’éventail va des Frères musulmans jusqu’aux Talibans ou Daech, en passant par Al-Qaïda et ses nombreuses ramifications.

    Diplomatie du carnet de chèque

    Ultime injure ou stade suprême dans l’insolence, le candidat du Qatar à la direction générale de l’Unesco, qui est encore arrivé en tête, hier, au second tour devant Audrey Azoulay et Mouchira Khattab, n’est pas uniquement un cheval de Troie de la nébuleuse islamiste que son pays protège. Il est aussi un zélateur décomplexé de l’antisémitisme le plus abject. C’est le centre Simon Wiesenthal qui en a apporté les preuves il y a plus de deux ans, dans une vaine tentative d’alerter les plus hautes autorités de l’Unesco sur la candidature pour le moins sulfureuse de Hamad Bin Abdulaziz al-Kawari, l’ancien ministre de la Culture de cet émirat pas comme les autres. Plutôt que de faire amende honorable, de se rétracter ou de présenter un autre candidat plus fréquentable, d’autant plus que le précédent créé par la candidature de l’Egyptien Farouk Hosni est encore dans les mémoires, le régime qatari s’est obstiné en croyant dur comme fer que par la seule force de l’argent, par sa diplomatie du carnet de chèque, il finirait par imposer son candidat à la communauté internationale et pis encore, à la conscience universelle.

    Depuis lundi, dans les coulisses labyrinthiques de l’Unesco, au milieu des manœuvres machiavéliques et des intrigues kafkaïennes, c’est ce scénario qui semble prendre forme, comme si l’apothéose du candidat qatari était une fatalité et comme si l’antisémitisme n’était plus qu’une banale opinion. Si, par caprice de l’histoire, par cupidité des Etats et par lâcheté des hommes, le Qatar venait à prendre la « Mecque » de la culture, cela signifierait que Qaradawi deviendrait le gardien du temple humaniste et les Frères musulmans la légion. Des alternatives honorables existent pourtant en la personne de Mouchira Khattab ou d’Audrey Azoulay.

    La France et l’Egypte doivent s’entendre

    Candidate féministe et esprit libre, la première représente un pays résolument opposé aux Frères musulmans et engagé dans la lutte contre le terrorisme global. Ce serait qui plus est un signe fort qu’on donnerait à un monde arabe qui attend depuis des lustres son tour d’accéder à une si prestigieuse fonction et qui ne peut en aucun cas se reconnaître dans la candidature du Qatari. Nonobstant certains stéréotypes, les arabes ne sont pas des islamistes, encore moins des antisémites.

    Indépendante, au croisement du paradigme andalou et des Lumières, porteuse d’un projet régénérateur pour l’Unesco et compatible avec les aspirations du monde arabe et du continent africain, Audrey Azoulay saura, bien mieux que le candidat qatari, incarner le désir de liberté, de paix et de connaissance chez les arabes et chez les Africains. Pour éviter le pire, pour que l’Unesco ne troque pas son humanisme séculier contre l’islamisme « modéré », un accord tacite entre la France et l’Egypte, entre l’Orient et l’Occident s’impose comme une nécessité impérieuse.

    En septembre 2009, sur l’antenne de France Inter, Elie Wiesel déclarait triomphalement : « l’Unesco vient d’échapper à un scandale, à un désastre moral. Farouk Hosni ne méritait pas ce travail ; il ne méritait pas cet honneur. Ce n’est pas quelqu’un, à mon avis, qui aurait dû même être candidat à ce poste ». En dira-t-on autant du candidat qatari dans les heures ou les jours qui viennent ?   

    Philosophe et ancien Ambassadeur à l’UNESCO.
  • Bock-Côté : « Pour peu qu'on souhaite restaurer la souveraineté populaire, il faut en convenir : la question du régime

     

    2293089609.14.jpgC'est une analyse importante - sous l'angle politique, juridique et institutionnel - que Mathieu Bock-Côté a publiée hier - mercredi 11 juillet - dans Le Figaro. Le grand quotidien du matin l'a fait précéder de la mention suivante : « Pour notre chroniqueur québécois, le Canada constitue l'avant-garde d'un gouvernement des juges hostile à la souveraineté populaire ». Mais, on le verra, Mathieu Bock-Côté parle tout aussi bien pour la France, notamment lorsqu'il mentionne pour la critiquer avec pertinence « la récente décision du Conseil constitutionnel de supprimer le délit de solidarité au nom du principe de fraternité, en limitant considérablement pour l'avenir la possibilité d'œuvrer contre l'immigration clandestine. » Lorsqu'il conclut : « Pour peu [...] qu'on souhaite restaurer la souveraineté populaire, il faut convenir d'une chose : la question du régime vient de se rouvrir », nous savons bien que cette remise en cause du régime n'a pas le même sens pour lui que pour nous, qui sommes monarchistes. A nous de faire valoir nos arguments !  Lafautearousseau

     

    tile00x02.jpgDepuis une dizaine d'années, le Québec a amplement débattu du meilleur encadrement possible des accommodements raisonnables. Mais un rappel revenait en boucle: toute tentative de se dégager des contraintes du multiculturalisme fédéral ne passerait pas le «test des tribunaux» qui démonteraient la loi québécoise au nom de la Constitution canadienne. C'est en partie pour cela que le présent gouvernement québécois s'est contenté, avec la récente loi 62, d'un cadre minimaliste rendant obligatoire le fait d'offrir et de recevoir les services publics à visage découvert sans pousser plus loin la quête de la laïcité. Mais c'était encore trop.

    Fin juin, un juge de la Cour supérieure du Québec a invalidé pratiquement le cœur de la loi sous prétexte qu'elle serait discriminatoire à l'endroit des musulmanes en niqab. Cette décision n'est pas surprenante, toutefois, si on tient compte de la transformation de la culture politique canadienne depuis le milieu des années 1980, qui a basculé dans une dynamique de judiciarisation du politique.

    La logique est la suivante : dans une société pluraliste, la souveraineté populaire serait frappée d'obsolescence: elle ne serait rien d'autre que le masque de la tyrannie de la majorité. La figure du peuple elle-même est remplacée par celle de la diversité : la société se présente plutôt comme un rapport de force entre une majorité qu'il faut contenir et des minorités qu'il faut émanciper. La formule est répétée religieusement : on ne saurait soumettre les droits des minorités aux caprices de la majorité. Prises pour elles-mêmes, les revendications minoritaires, traduites en droits fondamentaux, pourraient se déployer sans entraves.

    À l'abri des passions populaires, qui pousseraient toujours au populisme, les juges pourraient librement délibérer de la chose commune et des questions les plus sensibles. Cette forme de sagesse suprême prêtée aux tribunaux réactive le fantasme du despotisme éclairé. Pour emprunter le vocabulaire de l'époque, on dira que le Canada a accouché du régime démophobe par excellence.

    On l'aura compris, le gouvernement des juges ne repose pas seulement sur une extension exagérée du contrôle de constitutionnalité. Les juges ne se voient plus eux-mêmes comme les interprètes, mais comme les producteurs du droit, au nom d'une interprétation créative de ce dernier, ayant peu à voir avec ce qu'on appelait traditionnellement l'intention du législateur. Ils le font au nom de la Charte des droits et libertés inscrits au cœur de la Constitution canadienne, considérée comme une sorte de texte révélé, qui porte une conception radicalisée du droit-de-l'hommisme. On constate aussi qu'ils font reposer leur compréhension de la société sur la sociologie antidiscriminatoire - c'est en son nom qu'ils entendent remodeler les rapports sociaux selon les exigences de l'égalitarisme multiculturel.

    Au rythme où les enjeux collectifs remontent vers eux, les juges étendent leur empire. Les questions les plus fondamentales sont évacuées de la délibération publique. On assiste à un rétrécissement du domaine de la décision politique légitime, désormais condamnée à une forme de réduction gestionnaire. La rhétorique des droits fondamentaux permet ainsi de prendre des décisions politiques majeures sans avoir à les confronter aux préférences populaires, réduites à des humeurs mauvaises. Quel que soit le gouvernement en place, la Cour suprême le surplombe et peut le rappeler à l'ordre, et toujours, le programme diversitaire se déploie.

    Des enjeux liés à la diversité aux salles de shoot en passant par la question du suicide assisté et la reconnaissance de la famille à trois parents, ce sont les tribunaux qui ont le dernier mot et qui exercent la souveraineté. Certains commentateurs ont prétendu que les tribunaux étaient particulièrement activistes dans la mesure où les politiques ne savaient pas suivre le rythme des évolutions sociétales. L'argument est bancal : on postule alors que ce sont les mutations sociétales qui doivent commander le droit, et le politique se disqualifie s'il ne sait pas suivre à bon rythme. Le droit devient dès lors un instrument privilégié d'ingénierie sociale pour forcer la transformation d'une société qui, sans les juges, se refermerait et réactiverait les systèmes discriminatoires qu'ils prétendent combattre.

    On notera toutefois, comme on vient de le voir aux États-Unis avec la nomination de Brett Kavanaugh à la Cour suprême par Donald Trump, que lorsque l'activisme judiciaire change de camp, une partie du camp progressiste peut se montrer inquiète. On l'a souvent répété ces jours-ci: l'équilibre idéologique de la Cour suprême vient possiblement de basculer. L'histoire des idées nous le rappelle : si une certaine gauche mise sur la supériorité morale des tribunaux lorsqu'elle désespère d'un peuple jugé réactionnaire, elle peut se montrer méfiante devant l'aristocratie juridique quand le gouvernement des juges risque de se retourner contre le progressisme.

    sans-titre  C C.pngSans plaquer la situation française sur celle du Canada, on constatera que la tendance au gouvernement des juges a depuis un bon moment traversé l'Atlantique, comme en témoigne la récente décision du Conseil constitutionnel de supprimer le « délit de solidarité » au nom du « principe de fraternité », en limitant considérablement pour l'avenir la possibilité d'œuvrer contre l'immigration clandestine. D'ailleurs, les souverainetés nationales sont déjà très limitées, pour ne pas dire neutralisées, par la Cour européenne des droits de l'homme, qui croit porter une conception transcendante du droit, alors que sa légitimité semble plus incertaine que ne le croient ses partisans.

    Le gouvernement des juges correspond à une forme de régime post-démocratique et diversitaire qui repose sur un transfert de souveraineté dissimulé derrière les apparences de la continuité institutionnelle. Le théâtre électoral est maintenu, mais les élus disposent d'un pouvoir de plus en plus fictif. Le gouvernement des juges représente moins la nouvelle étape de la démocratie libérale que son dévoiement. Au nom du déploiement sans fin de la logique des droits, il condamne la possibilité pour un peuple de s'autodéterminer. Il programme l'impuissance du politique, qu'on maquille ensuite en forme supérieure d'humanisme. Pour peu qu'on refuse de naturaliser son avènement et qu'on souhaite restaurer la souveraineté populaire, il faut convenir d'une chose : la question du régime vient de se rouvrir.  

    Mathieu Bock-Côté        

    XVM7713ddbc-9f4e-11e6-abb9-e8c5dc8d0059-120x186.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politiquevient de paraître aux éditions du Cerf [2016].

  • Éphéméride du 16 septembre

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    1824 : Mort de Louis XVIII (ici, la Charte, "octroyée la dix-neuvième année de mon règne")

     

     

     

     

     

    1380 : Mort de Charles V, le Sage 

     

    De Jacques Bainville (Histoire de France, chapitre VI) : 

     

    "...Un grand règne de réparation et de restauration commençait. Charles V, qui fut surnommé le Sage, c'est-à-dire le savant, celui qui sait, n'est pas un personnage de Froissart. Il est dépourvu de panache. Il vit comme vivra Louis XI, renfermé. Il calcule, médite, thésaurise, il suit un plan, c'est un constructeur, l'homme dont la France a besoin. Il pansera ses plaies, il la remettra à son rang en moins de vingt années.   

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    Son idée elle n'est pas difficile à saisir. La France ne peut pas se résigner au traité de Brétigny ou bien elle renonce à vivre. Il faut que l'Anglais sorte du royaume ou bien il finira par en devenir le maître. Pour le chasser, deux conditions nécessaires : une armée d'abord, une marine ensuite.

    D'armée, Charles V n'en a pas. Il est si loin d'en avoir une que son célèbre et fidèle connétable, Du Guesclin, n'a été d'abord que le capitaine d'une de ces bandes qui guerroient un peu partout. Le roi s'attache Du Guesclin, rallie par lui quelques-unes des grandes compagnies, en forme peu à peu des troupes régulières. Les Navarrais, toujours poussés en avant par l'Angleterre, sont battus à Cocherel : petite victoire, grandes conséquences. Le roi de Navarre comprend qu'il n'a plus rien à espérer, que l'ordre revient que le temps des troubles est fini.

    16 septembre,louis xviii,charles x,chateaubriand,restauration,bourbons,charcot,charles v,pourquoi pas,convention,sainte ampoule,bainville,robespierre,pont canal de briareCharles le Sage transige avec Charles le Mauvais, en attendant mieux. Il transige partout, selon sa maxime qu'il faut savoir céder aux gens pervers. Il transige même avec les aventuriers irréductibles des grandes compagnies. Du Guesclin (ci contre, statue à Dinan), par un trait de génie, conduit les réfractaires en Espagne, à la solde d'Henri de Transtamare, pour combattre Pierre le Cruel soutenu par les Anglais. Après des péripéties nombreuses Henri de Transtamare l'emportera et sera un utile allié de la France.

    Pour libérer le territoire, il n'y avait qu'un moyen et Charles V, sage et savant homme de la réflexion et des livres, le comprit. C'était que l'Anglais ne fût plus maître de la mer. Dès que les communications entre l'île et le continent cesseraient d'être assurées, les armées anglaises, dans un pays hostile et qui supportait mal leur domination, seraient perdues. Créer une marine : œuvre de longue haleine, qui veut de la suite, de l'argent, et il a toujours été difficile d'intéresser le Français terrien aux choses de la mer. Charles V prépara de loin notre renaissance maritime et comptait, en attendant, sur la flotte de ses alliés d'Espagne..."

              CHARLES V 1.jpg 

     Dans notre album L'aventure France racontée par les cartes, voir la photo "Guerre de Cent ans (2/4) : premier rétablissement"

     

     

    Sur  Charles V, notre lecteur et ami Aristote nous envoie le commentaire suivant :


    "Il faut ajouter au bilan politique de Bainville l'oeuvre culturelle de Charles V : spécialement l'importance que prend l'influence d'Aristote (et aussi du doit romain... avec ses limites)  dans la pensée politique française de cette époque, notamment à travers l'oeuvre de Nicolas Oresme, de Christine de Pisan , et d'autres (Jouvenel des Ursins).
    Il me semble vraiment important que les royalistes s'emparent de cette pensée politique vraiment enracinée dans la tradition royale (cf. par exemple la bibliothèque du roi.) On peut trouver une bonne introduction dans le grand livre de Jacques Krynen "L'Empereur en son royaume".

     

     

     

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    1793 : Décret de la Convention ordonnant la destruction de la Sainte Ampoule

     

    Le but est, évidemment, de poursuivre la politique systématique de la Nouvelle religion républicaine : faire disparaître tous les symboles de l'ancienne religion - le christianisme - et, en l'occurrence, avec la Sainte Ampoule, un des symboles majeurs de la royauté de Droit divin...

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    Reliquaire du sacre de  Charles X de la Sainte Ampoule : vue d'ensemble (ci dessus) puis détail de la nouvelle Ampoule (ci dessous) avec l'aiguillette d'or destinée à prendre le Baume sacré
     

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    1822 : Mort de Jean-Louis Lagnel

     

    Dès le XIIème siècle, on trouve de nombreuses représentations sculptées de la nativité, de l'âne, du bœuf, des rois-mages. La première mise en scène d'une crèche vivante avec des personnages et animaux, fut créée  en 1223 par saint François d'Assise (dont la mère était originaire de Tarascon), lors d'une messe de minuit à Gréccio dans la forêt des Abruzzes en Italie :

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    Saint François d’Assise, impressionné par la visite de la basilique de la Nativité de Bethléem, voulut, de retour en Italie, reproduire la scène de la Nativité pour les pèlerins d’occident interdits de Terre Sainte suite à l’échec de la cinquième croisade. Il utilisa de ce fait une mangeoire remplie de foin, un âne et un bœuf réels dans une grotte, appelée "chapelle de la crèche", près de l’ermitage de Greccio, petite localité située dans le Latium, en Italie centrale où s’étaient implantés les Frères mineurs. Il y associa pour la première fois, à la messe de minuit de Noël 1223, les villageois de ce lieu, qui participèrent à une crèche vivante, aménagée dans cette grotte...


    Dès la fin du XIIIème siècle, les moines franciscains introduisirent la crèche en Provence.

    Quand la révolution interdit la célébration du culte catholique, et donc la Messe de Minuit et les crèches d’église, les Marseillais résistèrent à leur façon à cette violence qui était faite à leur Foi, et l'usage se développa de monter une crèche dans chaque foyer. "La Crèche" est donc, au départ, un acte de résistance au fanatisme révolutionnaire : évolution que Robespierre et sa clique étaient bien loin d’imaginer lorsqu’ils prenaient leurs mesures de dé-christianisation de la France !...

    Ensuite, Napoléon, par calcul politique, fit la paix avec l’Église, par le Concordat, et les églises rouvrirent, présentant de nouveau leurs crèches au public, mais l’habitude était prise, et se maintint, de "faire la crèche" aussi chez soi. La crèche familiale est, aujourd’hui, l’une des coutumes calendales (c’est-à-dire "de Noël", en provençal) les plus vivaces…

    Jean-Louis Lagnel, venait juste d’inventer les santons d'argile. Avant sa création, les santons étaient en plâtre ou en bois : c’est lui qui eut l’idée de réaliser des moules figurant ses voisins, chacun dans son métier, et ses santons furent vêtus à la manière populaire de l'époque Ces moules de plâtre permirent de faciliter la reproduction de sujets à moindre coût :  ces "santons d'un sou" permettaient en effet à chacun de posséder sa propre crèche…

    C’est en 1803, juste après la signature du Concordat, qu’eut lieu à Marseille la première Foire aux Santons et aux Crèches, sur le cours Saint-Louis, à côté de la Canebière. 

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    "Le dresseur de marmottes", l'un des premiers santons de Lagnel...

     

     

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    1824 : Mort de Louis XVIII 

     

    De Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, Pléiade, tome 1, pages 704/705 : 

     

    "...Appréciez maintenant les calomnies dont la restauration a été l'objet; qu'on interroge les archives des relations extérieures, on sera convaincu de l'indépendance du langage tenu aux

  • Éphéméride du 30 août

    1772 : Naissance de La Rochejaquelein (ici, son drapeau, ou "guidon" : "Pour les autels, le Roi et les foyers")

     

     

     

     

     

    1483 : Mort de Louis XI   

     

     

    Au château de Plessis-lez-Tours, le roi, frappé d'une attaque d'apoplexie, fait venir son jeune fils, âgé de treize ans - le futur Charles VIII - et, avec difficulté, lui donne ses dernières recommandations.

     

    Tout d'abord, nous dit Commynes, de "ne changer aucun officier" de sa maison, puis de respecter ses devoirs envers Dieu et envers la Couronne : 

     

     "L'honneur et le droit de laquelle vous savez, sommes tenus de garder ainsi que nous l'avons juré et promis pour le bien et soulagement de nos bons et loyaux sujets". 

     

    Il n'appela plus son fils que le roi, et rendit l'âme à 7 heures du soir. C'était un samedi...  

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    Il ne reste qu'une très faible partie des bâtiments du château de Louis XI à Plessis...
     
     
     

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    1523 : Première date officielle du début de la grande braderie de Lille...

     

    30 aout,voltaire,rousseau,louis xi,bourse,lyon,la rochejacqueleinLa première trace écrite dont on dispose sur cette tradition/institution millénaire qu'est la Grande braderie de Lille remonte à 1127, et se trouve dans les récits du chroniqueur Galbert de Bruges : la Foire de Lille, appelée aussi Franche Foire, se tenait après le 15 Août, fête de l'Assomption, sur la place du Marché; on l'appelait "franche" car les marchandises y étaient vendues sans taxes aucunes...

    D'une part, les commerçants de l'extérieur de l'agglomération avaient le droit, à cette occasion, de vendre à l'intérieur de la ville, privilège réservé exclusivement aux commerçants locaux tout le reste de l'année; d'autre part, et là aussi une fois par an, les valets pouvaient vendre les anciens objets et vêtements de leurs maîtres, que ceux-ci leur avaient  offerts : ces valets furent les premiers "bradeux", mais ils devaient être de retour pour servir leurs maîtres à leur réveil : les objets étaient donc "bradés" pour être vendus plus rapidement...

    Ce sont ces deux traditions qui, en se superposant, sont à l'origine de l'énorme succès que prendra, au fil du temps, la grande braderie...

    Peu à peu, on va organiser la coutume : à la fin du XVème siècle, la franche foire est prolongée de deux jours. Mais c'est en 1523 qu'en est est fixé, pour la première fois, le jour d'ouverture officielle : il est décidé que la braderie de Lille débutera le 30 août (ou le 31, si le 30 tombe un dimanche) et sa durée est fixée à sept jours ouvrables...

    De nos jours, la grande braderie de Lille accueille chaque année entre deux et trois millions de visiteurs : elle est l'un des plus grands rassemblements de France et le plus grand marché aux puces d'Europe.

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    La "moules/frites" (ci dessus) est le plat traditionnel "obligé" et symbole de la braderie; une amicale compétition entre les restaurateurs est celle du "tas" de coquilles des moules, amassées après leur consommation, devant chaque établissement (ci dessous)...

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    1540 : Création de la première Bourse française, à Lyon

     

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    L'actuelle Bourse de Lyon
     
     
     
     

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    1755 : Lettre de Voltaire à Rousseau

     

     

    En 1755, Rousseau participe au concours de l'Académie de Dijon pour répondre à cette question : "Quelle est l'origine de l'inégalité parmi les hommes ?", et envoie son Discours à Voltaire.

    Celui-ci lui envoie sa réponse, restée célèbre (extrait) :

    "J'ai reçu, Monsieur, votre nouveau livre contre le genre humain, et je vous en remercie. Vous plairez aux hommes, à qui vous dites leurs vérités, et vous ne les corrigerez pas. On ne peut peindre avec des couleurs plus fortes les horreurs de la société humaine, dont notre ignorance et notre faiblesse se promettent tant de consolations. On n'a jamais employé tant d'esprit à vouloir nous rendre bêtes; il prend envie de marcher à quatre pattes, quand on lit votre ouvrage. Cependant, comme il y a plus de soixante ans que j'en ai perdu l'habitude, je sens malheureusement qu'il m'est impossible de la reprendre, et je laisse cette allure naturelle à ceux qui en sont plus dignes que vous et moi.

    Je ne peux non plus m'embarquer pour aller trouver les sauvages du Canada; premièrement, parce que les maladies dont je suis accablé me retiennent auprès du plus grand médecin de l'Europe, et que je ne trouverais pas les mêmes secours chez les Missouris, secondement, parce que la guerre est portée dans ces pays-là, et que les exemples de nos nations ont rendu les sauvages presque aussi méchants que nous. Je me borne à être un sauvage paisible dans la solitude que j'ai choisie auprès de votre patrie, où vous devriez être..."

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    Commencée presque dans la courtoisie, cette querelle épistolaire entre les deux hommes finira presque dans la haine. Cinq ans après la lettre de Voltaire  (extrait ci dessus), Rousseau clôturera le débat par ces mots :
     
    "Je ne vous aime point, Monsieur; vous m'avez fait les maux qui pouvaient m'être les plus sensibles, à moi, votre disciple et votre enthousiaste.
    Vous avez perdu Genève pour le prix de l'asile que vous y avez reçu; vous avez aliéné de moi mes concitoyens, pour le prix des applaudissements que je vous ai prodigués parmi eux : c'est vous qui me rendez le séjour de mon pays insupportable; c'est vous qui me ferez mourir en terre étrangère, privé de toutes les consolations des mourants, et jeté, pour tout honneur, dans une voirie, tandis que tous les honneurs qu'un homme peut attendre vous accompagneront dans mon pays.
    Je vous hais enfin, puisque vous l'avez voulu; mais je vous hais en homme encore plus digne de vous aimer, si vous l'aviez voulu.
    De tous les sentiments dont mon cœur était pénétré pour vous, il n'y reste que l'admiration qu'on ne peut refuser à votre beau génie, et l'amour de vos écrits.
    Si je ne puis honorer en vous que vos talents, ce n'est pas ma faute. Je ne manquerai jamais au respect qui leur est dû, ni aux procédés que ce respect exige.
    Adieu, Monsieur." (17 juin 1760).
     
     
     

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    1772 : Naissance de Henri du Vergier, comte de La Rochejaquelein

        

     

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     Le 10 août 1792, devant les Tuileries, il y a là, pour défendre le Roi et pour sauver l'honneur du nom français, neuf cents Suisses, commandés par Messieurs de Maillardoz, de Dürler et Bachmann, et des gardes nationaux (au total, environ 2.500 hommes...); il y a aussi Bonchamps, La Rochejaquelein, Charette, Du Pont de Nemours (qui partira aux États-Unis), Précy (celui qui est célébré dans le chant La ligue noire)... et, bien sûr La Rochejaquelein !
     
         

    De Michel Mourre :

     

    "Ancien officier de la garde constitutionnelle de Louis XVI et fils d'un émigré, il se retira après le 10 août 1792 dans la terre de Clisson, auprès de son cousin Lescure. À la tête de paysans vendéens, il rejoignit Bonchamps et d'Elbée, se distingua à la bataille de Fontenay  (24 mai 1793), entra dans Saumur (9 juin), sauva les vendéens de la déroute à Luçon, remporta la victoire de Chantonnay (septembre) mais fut vaincu à Cholet (octobre). Devenu commandant en chef des vendéens après la mort de Lescure, il fit preuve de réels talents militaires, mais finit par être réduit à une guérilla sans espoir après les défaites d'Ancenis et de Savenay, et fut tué au combat de Nouaillé."

     

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    Drapeau de La Rochejaquelein
     
     
     
     
     
    Dans notre album Totalitarisme ou Résistance ? Vendée, , voir la photo "La Rochejaquelein" et les deux suivantes...
  • Société • Jacques Chirac, un nom de musée ?

     

    Par Camille Pascal

    Au moment de baptiser le musée du Quai Branly du nom de l’ancien président, il est aussi temps de revenir sur un bilan en demi-teinte. Camille Pascal le fait avec une réflexion elle aussi en demi-teinte et qui est fort intéressante autant par ce qu'elle dit que par ce qu'elle hésite à dire ou par ce qu'elle sous-entend. Et qui est, justement, l'essentiel. Exemple : lorsqu'il écrit, à propos de Chirac : « cet héritier du petit père Queuille » , tout est dit. A l'heure du bilan, l'on pourrait ajouter au passif le criminel regroupement familial, décidé par Chirac bien avant d'être président de la République. Mais les réserves, elles aussi en demi-teinte, que Camille Pascal laisse poindre ici  [Valeurs actuelles, 24.06], il est bien possible qu'elles seront un jour l'essentiel du bilan que l'histoire retiendra de Jacques Chirac. Sur ce dernier, il y a, d'ailleurs, des pages, des récits, des réflexions très éclairantes, dans le dernier ouvrage de Philippe de Villiers*. On ignore si Camille Pascal les a lues.  LFAR   

     

    2342186259.4.pngA l’heure où le gouvernement français vient de décider de donner au musée des arts premiers du Quai Branly le nom de Jacques Chirac, suivant en cela la tradition régalienne déjà bien installée qui a baptisé le Centre Georges-Pompidou et la BnF François-Mitterrand, la question de la place que le cinquième président élu de la Ve République doit occuper dans l’histoire de notre pays se pose désormais ouvertement. 

    C’est bien sûr un exercice délicat. Dans la mesure où Jacques Chirac est toujours de ce monde, les historiens ne peuvent pas encore revendiquer sa dépouille. Il n’en demeure pas moins qu’après les hommages plus ou moins intéressés qui vont se succéder dans les prochaines semaines, il faudra bien tirer le bilan de la longue décennie qui va de 1995 à 2007 et qui a marqué, chronologiquement tout au moins, le basculement de la France dans le troisième millénaire. 

    Deux élections présidentielles hors normes ont permis à Jacques Chirac d’être élu par deux fois président de la République au suffrage universel. La première fois en 1995, alors que, donné battu par tous les sondages et moqué par ces commentateurs dont le métier est de se tromper, il évinça Édouard Balladur et l’emporta contre Lionel Jospin auquel le même suffrage universel allait offrir deux ans plus tard une incroyable revanche ouvrant la voie à cinq ans de cohabitation. En 2002 enfin, tout le monde s’en souvient, le vieux lion balzacien, que l’on disait “usé, vieilli et fatigué”, bénéficia d’un véritable plébiscite contre un autre grand carnassier de la vie politique française. 

    La marque laissée par Jacques Chirac sur notre pays reste néanmoins assez difficile à discerner et ce, non seulement parce que le recul historique manque encore mais aussi parce que la ligne politique de cet héritier du petit père Queuille reste encore nimbée d’ambiguïtés.

    C’est ainsi que si, dès le début de son premier mandat, Jacques Chirac affirma son attachement à la théorie gaullienne de l’indépendance stratégique de la France en ordonnant la reprise immédiate des essais nucléaires, sa décision de mettre fin, un an plus tard, à la conscription, qui, depuis 1798, était consubstantielle à la République française, a contribué, à n’en pas douter, à désarmer le pays face aux enjeux tant idéologiques que stratégiques qui sont ceux que notre pays doit aujourd’hui affronter. Non pas que le “service militaire” jouât encore, à la fin du siècle dernier, un rôle majeur dans une politique de défense mais parce qu’il était le creuset dans lequel les différences sociales, régionales et religieuses se fondaient pour donner naissance à des citoyens.  

    Il en va de même du refus obstiné que Jacques Chirac opposa à l’inscription des racines chrétiennes de l’Europe dans le nouveau projet de Constitution européenne. Il est certain qu’avec son entourage, à l’exception notable de sa femme, Bernadette, il fut sincèrement convaincu d’agir, là encore, en homme d’avenir. Il est à craindre que l’histoire ne vienne démontrer qu’il s’agissait là en réalité d’un réflexe du passé.  • 

    * Le moment est venu de dire ce que j'ai vu, Albin Michel, , 350 p.

    Camille Pascal

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Laissez les morts déterrer les morts, par Jacques de Guillebon.

    Source : https://lincorrect.org/

    Oignez vilain, il vous poindra, avertissait le sage Ancien Régime. Libérez les masses de leur servitude, elles vous réduiront bientôt en esclavage. En vérité, rien de neuf, il y plus de deux cents ans, la première révolution, la française, la nôtre, avait déjà démontré combien à renverser un ordre, même pour partie injuste, on courait le risque de la violence sans but, de la libération des chaos mimétiques que René Girard a si bien décrits, après le pressentiment qu’en avait de Maistre ; deux cents ans de révolution comme processus, comme idéologie, ont semé le meurtre, le sang, l’horreur, le saccage, la sédition, le massacre, et l’extermination, culminant dans le stalinisme et l’hitlérisme.

    1.pngMalgré 1948 et sa déclaration des droits de l’homme, l’instinct satanique qui monte le frère contre le frère au nom de la libération, s’il avait quitté provisoirement les rivages du monde occidental, saccageant à leur tour toutes les Asie, Amérique du sud et Afrique, n’a jamais déserté le monde. Il nous revient aujourd’hui comme un boomerang, comme une seconde vague de virus.

    Ils ne vont pas seulement déboulonner des statues (ces objets qu’ils prennent pour des totems anciens) : demain, ils iront déterrer les morts.

    Ceux que nous avons libérés hier, ceux même à qui nous n’avons jamais rien fait, jamais connus, viennent nous chercher des noises et réclamer des comptes. Quels comptes? On ne le saura jamais; on sait seulement qu’ils ont envie d’être des victimes et qu’on a une putain de sale gueule de coupables.

    L’avons-nous bien mérité? Pas vraiment. D’abord, parce que, répétons-le pour la millième fois nul ne mérite ni n’hérite des péchés de ses pères; ensuite, simplement parce que dans ce processus sont inextricablement emmêlés bien et mal – comme toujours dira-t-on en première lecture, mais non, parce que l’universalisme qu’a répandu le christianisme n’étant pas seulement un bien, mais un sur-bien, si l’on ose dire, le mal qui lui a répondu est aussi devenu un sur-mal: l’enjeu est donc supérieur, il s’agit de dire qui a le droit de vivre et qui ne l’a pas. Inouï renversement mimétique puisque c’était de cette domination que l’universalisme romain (dans les deux sens de Rome) nous avait délivrés. Qui veut faire une victime l’accusera d’abord d’avoir fait elles-mêmes des victimes. C’est le secret de ce renversement.

    En témoigne la soudaine passion d’histoire qui saisit nos contemporains: trouver les racines du mal semble la dernière libido de ces prétendus progressistes. Leurs regards sont entièrement tournés vers le passé et l’histoire que nous avions inventée, nous autres chrétiens, comme science des événements, devient la matière de notre condamnation. Ils ne vont pas seulement déboulonner des statues (ces objets qu’ils prennent pour des totems anciens) : demain, ils iront déterrer les morts. Pas la peine d’être grand clerc pour le savoir, encore une fois la révolution française y avait déjà procédé. Tout grand homme sera exhumé, exhibé en place publique pour un vaudou collectif, souillé et jeté au mieux en fosse commune. Ce sera le grand sabbat des sorcières, la transe absolue, le déchaînement luciférien, le Walking Dead général.

    Face à cet immense, terrible et grotesque tourniquet de l’histoire, où les enfants de rien entendent nous condamner éternellement pour avoir inventé le temps, il n’y a bien entendu pas à reculer. Plus, il n’y a surtout rien à lâcher, à ne pas reculer d’un pouce, à ne pas céder d’une lance comme dit l’enfant Vivien dans la chanson de Guillaume. Ils nous traiteront de tous les noms, nous saliront, tenteront de nous effacer. Mais ils ne savent pas qui nous sommes et c’est pourquoi ils perdront. Parce que ce nous que nous employons n’est pas l’homme-blanc-dominateur on ne sait quoi: ce nous est celui qui rassemble tous les êtres humains réellement libérés, par le christianisme couplé à la raison. Ce nous englobe autant le paroissien de la mission du Congo que la vieille annamite marmottant ses prières, autant le Russe à longue barbe que l’Alakaluf raspaillen. Ce nous est le nom des vivants, qui n’enterrent ni ne déterrent leurs morts, mais sont le témoin conscient d’une longue succession de sauvés.

  • Pourquoi une Monarchie serait-elle la plus efficace pour affronter l'avenir ?, par Jean-Philippe Chauvin.

    Pourquoi une monarchie en France serait-elle la plus efficace pour affronter les défis du XXIe siècle et dépasser les défauts de l’actuelle République, pourtant « monarchique » dans son esprit mais républicaine dans sa forme ?

    jean philippe chauvin.jpgLa Monarchie « à la française », tout d’abord, n’est pas la pâle copie de celles qui peuvent avoir cours dans d’autres pays : ni simplement parlementaire, ni autocratique ou théocratique, elle est d’abord propre à la France et à son histoire, à sa tradition politique et à sa structure nationale.
    Le roi, par le mode de désignation héréditaire et dynastique, ne dépend d’aucun milieu particulier, d’aucun parti ni d’aucune idéologie (même royaliste), et il n’a pas de clientèle à se faire pour devenir le souverain : il est indépendant par sa naissance, la seule chose qui ne s’achète pas et dont il n’a pas non plus la maîtrise. Le roi n’est pas choisi par des politiciens ou des hommes de parti, et il n’a pas non plus choisi de naître fils de roi et successeur du roi en place. Cette indépendance lui permet d’incarner l’unité même du pays, d’être une sorte de trait d’union entre toutes les communautés, provinces ou opinions, et, non pas d’être neutre, mais d’être un arbitre impartial, ce qui n’est pas négligeable au moment où notre société tend à présenter des fractures parfois inquiétantes.
    Cela lui permet aussi de « dégager » la magistrature suprême de l’État de la compétition électorale, aujourd’hui si pesante et si incapacitante pour le faîte de l’État et son autorité : ainsi, il peut aussi incarner une continuité qui n’est pas remise en cause à chaque élection quinquennale, et qui est symbolisée par la formule traditionnelle « Le roi est mort, vive le roi », qui fait du passage d’un souverain à un autre une simple formalité, lourde de sens car elle se fait par le drame de la mort d’un roi et par la survie de L’État à travers le nouveau roi, et qu’elle rappelle à celui-ci sa condition humaine…
    De plus, comme le signale Régis Debray, l’ancien conseiller du président Mitterrand, la Monarchie est aussi une famille royale, fort utile pour incarner la France à l’étranger comme le fait la famille royale britannique au sein du Commonwealth, et susceptible de « catalyser » sur elle « le besoin de spectaculaire » de l’opinion publique qui, de plus, peut se reconnaître dans une famille qui représente toutes les familles du pays. Sans oublier également que la dynastie s’inscrit dans une histoire longue et qu’elle assume toute l’histoire (même républicaine) de la nation que, d’ailleurs, elle a construite depuis 987 jusqu’à la Révolution française… Comme le roi Juan Carlos en son temps, un monarque restauré ou « ré-instauré » n’a pas de revanche à prendre sur quiconque mais se doit « d’être » la nation, et c’est ce qui lui permet, justement, de pouvoir dépasser les conflits anciens et de réunir les adversaires autour d’une même table quand le besoin s’en fait sentir.
    C’est aussi le monarque qui peut écouter tous les premiers ministres et les accueillir, y compris en cas d’alternance politique, tout en garantissant la permanence de l’État : que le gouvernement soit de droite ou de gauche, le roi, de par sa position, peut tout écouter et tout entendre, sans, par ailleurs, dévoiler ce qui peut lui être dit par les uns ou les autres. En Europe, les souverains sont réputés pour leur discrétion et un secret ou un doute confié par un ministre au monarque reste un secret, quand, dans le même temps, le monarque peut conseiller, en toute liberté, le ministre reçu.
    Dans le modèle français de la Monarchie, le roi n’est pas inactif, loin de là, et son rôle d’arbitre peut être appréciable en cas de conflit ou de blocage politique. Un rôle d’autant plus important que, constitutionnellement, le roi est le garant de la Constitution de la nation elle-même, et qu’il est le Chef de l’État, autant pour les Français que vis-à-vis des autres nations du monde.
    Alors que nous sommes, en République quinquennale, toujours en campagne électorale, la Monarchie « libère » la Première place du joug de ceux qui « font » les élections, puissances d’argent ou partis politiques : ce n’est pas anodin et c’est plutôt rassurant car cela force tous les acteurs de l’État et du gouvernement à « servir et non se servir »… Dans le même temps, la Monarchie permet de faire des économies importantes et, même, lors des fêtes familiales (mariage royal, naissances, etc.), de rapporter à l’État quelques revenus supplémentaires tandis que l’image du pays est valorisée par la couverture médiatique de l’événement ! La Monarchie, à bien y regarder, est moins coûteuse et plus profitable que la République aux campagnes présidentielles onéreuses (tous les cinq ans) et au train de vie souvent fastueux, parfois scandaleux…
     
    Jean-Philippe Chauvin
     
  • Une impressionnante évocation : Bouvines, 27 juillet 1214, par Pierre de Meuse (1)

    Il s'agit, en vérité, de bien davantage qu'un récit - quoique tout y soit décrit par le menu - et de bien davantage que d'une évocation. Mais, outre tout cela, d'une étude politique, militaire, historiographique de la bataille de Bouvines, dont la France commémore les 800 ans. Compte-tenu de son importance, nous publierons cette étude en trois parties, dont voici la première. Signalons encore que ce texte est repris du numéro 36 de La nouvelle revue universelle (avril-mai-juin) - que nous recommandons de lire en totalité *.  

     

    AG DREUX 026.JPGLa France capétienne a bénéficié tout au long de son histoire, d'un avantage considérable : celui d'être le pays le plus peuplé d'Europe. Cette supériorité démographique, notre pays la conservera jusqu'au XIXème siècle, au cours duquel l'Angleterre et l'Allemagne la dépasseront lorsque les règles fiscales issues de la Révolution viendront briser le dynamisme familial issu de l'Ancien régime. Il est donc logique que les concurrents de la France n'aient pu envisager de la vaincre, lorsqu'elle était unie, que par une coalition. Il arrive que ces coalitions triomphent, comme à Waterloo, ou qu'elles échouent, comme à Denain. Dans tous les cas, c'est un grave danger pour la nation française. Il y a huit cents ans cette année que la première de ces grandes coalitions européennes fut formée, et qu'elle vint se disloquer à Bouvines. Voilà un anniversaire plein de sens, puisque depuis quelques années l'héritage français se trouve menacé de submersion. Il convient donc de se remémorer les circonstances de cet évènement capital, qui est la deuxième grande bataille livrée par les rois depuis la fondation de la dynastie.

    À l'origine de ce conflit, il y a, comme ce fut souvent le cas au cours des âges, l'hostilité de l'Angleterre et de Jean sans -Terre, son roi. Les motifs de cette hostilité sont patents : Philippe Auguste, roi intelligent et calculateur, a habilement su récupérer dans son Domaine royal la plus grande partie de ce que son père Louis VII (1120-1180) avait perdu à cause de la répudiation de son épouse Aliénor d'Aquitaine : pratiquement toute la partie ouest de la France, c'est-à-dire la moitié du royaume.  Normandie, Bretagne, Maine, Saintonge, Angoumois, etc... Philippe s'est appuyé avec diplomatie sur les dissensions familiales de la dynastie anglaise. D'abord entre Henri II Plantagenet et son fils cadet, Jean sans Terre, puis entre les deux frères Richard Cœur de Lion et le même Jean sans Terre, enfin sur les révoltes causées par la paillardise et le manque de qualités guerrières de ce roi Jean après la mort de Richard, tué au siège de Châlus en 1199. Jean, qui a succédé à son frère mort sans postérité légitime, décide donc de reconquérir ses territoires perdus. Il noue alors une coalition avec tous les ennemis potentiels du roi de France, le comte de Flandre Ferrand (qui est en fait portugais) et celui de Boulogne, le duc de Brabant ainsi que le titulaire du Saint Empire Romain Germanique, Otton IV de Brunswick, tous unis dans un désir commun d'en finir avec la puissance de la monarchie capétienne. Chacun reproche au roi de France, soit de lui avoir pris des villes ou des territoires, soit de soutenir ses ennemis. Il y a aussi la forte dépendance entre l'économie drapière flamande et l'Angleterre. Il faut préciser que Philippe soutient le pape Innocent III qui vient d'excommunier Otton, et ils soutiennent tous deux le petit-fils de Barberousse, Frédéric de Souabe, un Hohenstaufen, alors qu'Otton est un représentant de la dynastie concurrente des Welfes. L’excommunication est à l'époque un procédé de pouvoir, et n'a rien de doctrinal : les seuls conflits que le pape sanctionne sont des questions de fiefs non cédés, d'indemnité non réglées ou de dîmes arriérées.

     

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    Le roi Philippe tente d'abord la voie diplomatique afin de desserrer l'étau qui se constitue contre lui. Il se rend compte que c'est impossible, et apprend par ses espions quel est le plan des coalisés : prendre les Français en tenaille et se retrouver à Paris avant la mi-août 1214. Alors il réunit autour de lui ses fidèles et compose deux armées : il sait que le roi d'Angleterre va débarquer là où il est fort, parce qu'il y possède encore des suzerainetés : à la limite du Poitou et de l'Anjou, au port de La Rochelle. Philippe envoie donc son fils Louis pour l'arrêter avec une armée. Dans le même temps, il « lève l'ost », 'est-à-dire qu'il appelle les chevaliers de son vasselage à la guerre et aussi, à Saint-Denis, il fait déployer par les milices communales la « Montjoie », la grande oriflamme de ralliement, de couleur « rouge sang semé de lys sans nombre », placé sous la garde des piétons communaux. Ces milices ne vont pas jouer un rôle très important sur le plan tactique, mais elles ont un effet considérable sur le plan symbolique, cat leur présence rend patente la solidarité du peuple avec le roi. Cela dit, gardons-nous des anachronismes : la France concernée par ces évènements est celle du nord de la Loire. Champagne, Ile-de-France, Artois, Picardie, quelques Bourguignons. C'est celle qui a fait les croisades. En aucune façon les provinces du centre ni la Bretagne, ni évidemment le midi toulousain ou la Provence ne sont concernées. 

    Si l'on regarde qui entoure l'ost du roi, on y voit ses cousins : le comte d'Auxerre, qui sera roi de Constantinople, le comte Robert de Dreux, le duc de Bourgogne, le comte de Bar et Mathieu de Montmorency. À ceux-là, et à leurs bans, il faut ajouter deux hommes d'Eglise, Philippe de Dreux, évêque de Beauvais, et un chevalier hospitalier, Frère Guérin, désigné évêque de Senlis. Théoriquement, ils ne peuvent pas se battre car, selon le précepte Ecclesia abhorret a sanguine, ils n'ont pas le droit de faire couler le sang. Ils n'en sont pas moins des fervêtus et se placent au premier rang de la chevalerie. Derrière eux sont les autres chevaliers, dont les noms et surnoms sont venus jusqu'à nous. Citons Gérard La Truie, Pierre Mauvoisin, le Mauclerc et bien d'autres, plus ou moins bien équipés. En tout 1300 hommes. Se rajoutent les sergents avec Pierre de la Tournelle ; ils vont chevauchant mais non nobles : au nombre de 1500, et la piétaille : en tout 7000 hommes. En face, Otton de Brunswick, le comte de Hollande Guillaume le Poilu, Guillaume de Salisbury dit Longue-épée, frère bâtard du roi Jean, le comte Ferrand de Flandre et Renaud de Dammartin, comte de Boulogne. Et puis les troupes communales des Flandres. En tout 11 000 hommes. Remarquons que l'organisateur de la coalition, Jean sans Terre, ne participe pas à la bataille car, le 2 juillet, assiégeant la forteresse de La Roche-aux-Moines, près d'Angers, il apprend que le fils du roi Philippe, Louis, est en passe d'arriver. Il s'enfuit sans gloire le 2 juillet, se disant qu'après tout l'essentiel est fait, dans la mesure où le roi de France a dû diviser son armée, et qu'il peut laisser ses alliés se battre à sa place.

     

    COUP D'CEIL ET PRAGMATISME DU ROI PHILIPPE

    Lorsque les coalisés arrivent par l'est, ils se dirigent vers le roi Philippe, qui a planté son camp à Tournai. Constatant que le rapport de forces lui est défavorable, le roi de France ordonne la retraite afin de rejoindre Lille, le 27 juillet à l'aube. Cette manœuvre est portée à la connaissance d'Otton, qui réunit les chefs des armées pour décider s'il faut poursuivre le roi ou se borner à le « marquer, pour choisir le moment favorable. Les chefs sont divisés : le comte de Boulogne ne croit pas à une fuite, Salisbury reste méfiant, alors que les Flamands, craignant de voir leur proie leur échapper, sentent l'odeur de la rapine, qui leur permettrait de calmer les routiers aux soldes impayées. C'est cette dernière option qui est prise, sans tenir compte d'un fait qui n'est pas sans importance : le 27 juillet tombe un dimanche, et la « trêve de Dieu » (concile d'Elne, 1027) interdit de faire la guerre le jour du Seigneur. Ce fait, convenablement exploité, contribuera à démoraliser les coalisés et sera un argument permettant de glorifier le roi français respectueux des commandements divins. D'autre part, en se portant sur l'arrière-garde française, l'empereur Otton a sous-estimé la discipline et la cohésion de l'armée royale. Car les troupes du roi de France ne se sont pas débandées mais ont fait retraite en bon ordre. Le roi sait qu'il est poursuivi, il donne aux féaux l'image impassible d'un chef conscient et maître de la situation. En fait, il ne tarde pas à constater que le pont sur la Marque, qui le conduit à Lille, ne permettra pas un passage dans les temps voulus, ce qui livrerait ses troupes sans défense aux poursuivants. D'un autre côté, le terrain est propice à une bataille inégale, car il rend difficile le déploiement d'une armée ennemie plus nombreuse que la sienne. Calmement, il s'arrête, se recueille dans une chapelle, puis il prononce une allocution et met son armée en bataille. Nous sommes dans la plaine de Bouvines, un lieu-dit à l'est de Lille, à cheval sur ce qui est aujourd'hui la frontière franco-belge, à l'époque sur la limite du Royaume et de l'Empire.

    La bataille, qui va durer quelques heures, est essentiellement composée de charges de cavalerie successives, menées par la fleur de la chevalerie européenne. Il n'y a pas de raffinements tactiques, de contremarches géniales, mais essentiellement l'assaut et le choc, qui précèdent la victoire ou la fuite. Lorsque les coalisés se trouvent en vue de l’armée royale, la surprise a changé de camp : les poursuivants croyaient tailler en pièces une arrière-garde en perdition, et ils se trouvent en face d'un adversaire résolu prêt à l'attaque sur le terrain qu'il a choisi. Ce sont, tout naturellement, les plus aventurés des poursuivants - les chevaliers flamands - qui vont subir l'effet de cette pugnacité inattendue. D'assaillants, en effet, ils deviennent assaillis. Car chaque corps de bataille de chaque armée va se trouver aux prises de celui qui se trouve en face de lui, et cette succession va résumer toute la journée de Bouvines. On a donc une bataille de droite, une bataille de gauche et une bataille du centre.

     

     

    La nouvelle revue universelle, 7 rue Constance, 75018 PARIS - 4 numéros par an - Tarif : m Normal, 1 an, 70 €  m Soutien, 1 an 100 €  m Normal, 2 ans, 130 € m Réduit, 1 an (étudiants, chômeurs) 40 €. 

     

  • C'est aussi tout cela (tous ceux-là...) ”la France” : dans les Ephémérides cette semaine...

    Voici ce que vous trouverez cette semaine dans les Ephémérides (et, en permanence : Du passé faisons table rase.pdf )  :

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     Dimanche :  Évocation: Essai de bilan des Capétiens.

     Lundi : 1190 : Premier Conseil municipal de Paris. 1689 : Première d'Esther. 1753 : Naissance de Stofflet. 1909 : Naissance de Simone Weil. 1945 : Maurras compose en prison son poème Où suis-je ? 

    • Mardi : 1575 : Naissance de Pierre de Berulle. 1944 : Création de l'Antigone, d'Anouilh. (Le mythe d'Antigone, deux versions de la légende de la mythologie grecque).

    • Mercredi :  1404 : Naissance de Gilles de Rais, Barbe-bleue. 1624 : Naissance de la Marquise de Sévigné. 1679 : Paix de Nimègue. 1807 : Mort de Pascal Paoli. 1878 : Naissance d'André Citroën.

    Jeudi : 1778 : Traité d'alliance entre Louis XVI et les Insurgents. 1934 : Manifestation anti-parlementaire, place de la Concorde. 1981 : Mort de Marthe Robin.

     Vendredi : 1517 : François Premier fonde Le Havre. 1594 : Lyon se rallie à Henri IV. 1745 : Naissance de Joseph Boze. 1922 : Marie Curie, première femme élue à l'Académie de Médecine. 1992 : Traité de Maastricht.

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  • C'est aussi tout cela (tous ceux-là...) ”la France” : dans les Ephémérides, cette semaine...

    "Du passé faisons table rase !" : au programme des révolutionnaires, qui constitue la base de notre République idéologique, il faut opposer, non des opinions, mais des Idées, et, si possible une doctrine, pour reprendre la formule de Bainville. Mais on peut aussi lui résister en exaltant, justement, cette Culture, cette Civilisation, sans laquelle, en dehors de laquelle et contre laquelle la Révolution s'est levée, et la République idéologique s'est construite. Résistance par la culture : voilà pourquoi l'on donne tant de place, sur lafautearousseau, au "culturel", à nos Racines......

    Pour "quoi", et dans quel esprit, nous "faisons mémoire"... :

    * Charles Maurras : "...je mets quelque chose au-dessus d'elle (l'espérance) c'est la mémoire, la sainte et grande mémoire d'un beau passé, quand il est plein de gloire et fort de vertu, car c'est avec lui que l'on fabrique un avenir solide, et des races vivaces"

    * Jean de la Varende : "...le souvenir porte en soi une vitalité supérieure, et nous ramène à cette notion suprême : la chaîne, dont nous ne sommes qu’un maillon".

    Pourquoi des Ephémérides.pdf

    L'Album des Ephémérides : L'aventure France racontée par les Cartes...

    Musique dans les Ephémérides.pdf

    Table des Matières - 1er semestre.pdf· Dimanche : 1656 : La Reine Christine de Suède débarque à Marseille. 1666 : Pose de la première pierre du Canal du Midi. 1666 : Création du port et de la ville de Sète. 1693 : Quatrième victoire en quatre ans du maréchal de Luxembourg. 1836 : Inauguration de l'Arc de Triomphe de l'Etoile. 1872 : Mort de Van Gogh. 1939 : Création de la Radiodiffusion nationale. 1987 : Signature du Traité autorisant la construction du Tunnel sous la Manche.

    · Lundi : 1178 : Frédéric Barberousse couronné Empereur du Saint Empire en Arles. 1867 : La Coupo santo.  

    · Mardi : 1358 : Assassinat d'Etienne Marcel. 1457 : Arrestation de Jacques Coeur. 1914 : Assassinat de Jaurès. 1944 : Mort de Saint Exupéry. 2010 : La Cité épiscopale d'Albi au Patrimoine mondial de l'humanité.

    · Mercredi : 10 Avant JC : Naissance à Lyon du futur Claude, quatrième Empereur romain. 314 : le Concile d'Arles condamne le Donatisme. 1744 : Naissance de Lamarck. 1785 : Départ de La Pérouse pour son tour du monde. 1793 : Première Loi de Lazare Carnot organisant le génocide vendéen. 1798 : Désastre naval d'Aboukir. 1813 : Naissance d'Evariste Huc. 1924 : Naissance de Georges Charpak. 2010 : Le Parc national de la Réunion, 35ème site français inscrit au Patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco.

    · Jeudi : 1589 : Mort d'Henri III, blessé la veille, avènement de la dynastie des Bourbons. 1754 : Naissance de Pierre-Charles L'Enfant, concepteur du plan d'urbanisme de Washington. 1830 : Charles X abandonne le pouvoir. 1914 : Le caporal Jules-André Peugeot, premier mort de la Grande Guerre. 1936 : Mort de Blériot. 1937 : Le Normandie bat le record de vitesse de la traversée Europe/États-Unis.

    · Vendredi : 1108 : Sacre de Louis VI. 1347 : Épisode des Bourgeois de Calais. 1753 : Mort de Louis-Henri de la Tour d'Auvergne, qui fit bâtir l'Elysée. 1763 : Louis XV pose la première pierre de l'église de la Madeleine. 1788 : Horace de Saussure effectue sa première randonnée scientifique au Mont Blanc. 1936 : Mort de Fulgence Bienvenüe.

    · Samedi : 1297 : Boniface VIII proclame la sainteté de Louis IX. 1443 : Fondation des Hospices de Beaune. 1789 : Nuit du 4 Août. 1859 : Mort du Curé d'Ars. 1984 : Premier lancement réussi pour la fusée Ariane III.

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  • C'est aussi tout cela (tous ceux-là...) ”la France” : Dans les Ephémérides, cette semaine....

    "Du passé faisons table rase !" : au programme des révolutionnaires, qui constitue la base de notre République idéologique, il faut opposer, non des opinions, mais des idées, et, si possible, une doctrine, pour reprendre la formule de Bainville. Mais on peut aussi lui résister en exaltant, justement, cette Culture, cette Civilisation, sans laquelle, en dehors de laquelle et contre laquelle la Révolution s'est levée, et la République idéologique s'est construite. Résistance par la culture : voilà pourquoi l'on donne tant de place, sur Lafautearousseau, au "culturel", à nos Racines...

    Pour "quoi", et dans quel esprit, nous "faisons mémoire" :

    * Charles Maurras : "...je mets quelque chose au-dessus d'elle (l'espérance) c'est la mémoire, la sainte et grande mémoire d'un beau passé, quand il est plein de gloire et fort de vertu, car c'est avec lui que l'on fabrique un avenir solide, et des races vivaces"

    * Jean de la Varende : "...le souvenir porte en soi une vitalité supérieure, et nous ramène à cette notion suprême : la chaîne, dont nous ne sommes qu’un maillon".

    Pourquoi des Ephémérides.pdf 

    L'Album des Ephémérides : L'aventure France racontée par les Cartes (200 photos)... 

    Musique dans les Ephémérides.pdf 

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     Dimanche : 1662 : Mort de Pascal. 1839 : Daguerre présente le Daguerréotype. 1842 : Mort d'Alexandre du Sommerard. 1862 : Naissance de Barrès. 1935 : Robert de Joly découvre l'Aven d'Orgnac. 1949 : Tempête de feu dans les Landes. 1984 : Première Transat Québec - Saint Malo. 2010 : Trois médaillés pour la Recherche française.

     Lundi : 1153 : Mort de Bernard de Clairvaux. 1350 : Mort de Philippe VI. 1451 : Le "Signe de Bayonne". 1694 : L'Académie française remet à Louis XIV la première édition de son Dictionnaire. 1775 : Le Comte d'Artois, futur Charles X, acquiert la propriété de Bagatelle.... 1785 : Mort de Jean-Baptiste Pigalle. 1860 : Naissance de Raymond Poincaré.

    • Mardi : 21 : 1165 : Naissance de Philippe Auguste. 1567 : Naissance de saint François de Sales. 1725 : Naissance de Greuze. 1789 : Naissance d'Augustin Cauchy. 1815 : Élection de la Chambre introuvable. 1911 : Vol de la Joconde. 1979 : Création du Parc national du Mercantour.

     Mercredi : 1647 : Naissance de Denis Papin. 1764 : Naissance de Charles Percier. 1806 : Mort de Fragonard. 1862 : Naissance de Debussy. 1866 : Parution de La Coumtesso poème politique allégorique contre le centralisme jacobin, de Frédéric Mistral.

     Jeudi : 1540 : Mort de Guillaume Budé. 1614 : Inauguration de la statue d'Henri IV, première statue équestre de Paris. 1741 : Naissance de La Pérouse. 1747 : Première Distribution des Prix du Concours Général. 1753 : Naissance du duc de Berry, futur Louis XVI. 1769 : Naissance de Georges Cuvier. 1806 : Mort de Charles Coulomb. 1957 : Mort d'Eugène Schueller, aux origines de l'Oréal.