UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Crise sanitaire Célébrer le mystère pascal, par Gérard Leclerc.

    Cathédrale Notre-Dame de Paris. Vigile Pascale.

    © P. Deliss / Godong

    Pourquoi ne pas le dire ? L’impossibilité de célébrer, cette année encore, la veillée pascale, constitue pour les chrétiens une vraie souffrance, même si les paroisses auront la possibilité de fêter le dimanche à l’aube l’événement de la Résurrection. C’est le pape Pie XII qui avait restauré cette veillée, en renouant avec la plus ancienne tradition de l’Église. 

    gerard leclerc.jpgCe faisant, il s’inscrivait dans un authentique renouveau liturgique, qui devait trouver son accomplissement dans la première Constitution de Vatican II. On peut certes regretter les défauts de l’application des principes préconisés par la réforme, mais ils contredisaient l’inspiration conciliaire.

    De quoi s’agissait-il en effet ? Le Père Louis Bouyer, dans un essai magistral paru dès 1945, avait condensé la substance doctrinale de ce que l’Église déploie durant la Semaine sainte : «  Tout le culte chrétien n’est qu’une célébration continue de la Pâque : le soleil qui ne cesse de se lever sur la terre traîne après lui un sillage d’eucharisties qui ne s’interrompt pas un seul instant, et chaque messe célébrée, c’est la Pâque qui se prolonge.  »

    «  La dramatique divine  »

    De là, la nécessité de cette grande semaine de l’année précédée des quarante jours de Carême, pour que le peuple chrétien comprenne pleinement, en s’associant à ce que le Père Balthasar appelait «  la dramatique divine  », le mystère chrétien qui se déploie jusqu’à l’accomplissement de Pâques. Car Jésus n’est pas un personnage de l’histoire, dont on se souviendrait comme une des figures majeures de l’humanité. Il est Dieu parmi nous et son œuvre est associée intimement à la volonté et à l’action trinitaires. Sa présence est agissante, aujourd’hui transformatrice de nos existences désormais emportées dans la dynamique pascale. Comme l’écrivait encore le Père Bouyer : «  De même qu’à cette Pâque pour l’heure de laquelle Jésus était venu, il extériorisa dans l’acte de la Croix l’amour obéissant au Père, l’amour compatissant à ses frères qui avait animé toute son existence, à chaque Pâque annuelle l’Église extériorise ce même amour qui était dans le cœur du Christ et qui s’en est échappé, comme l’eau et le sang, pour se répandre, par les sacrements, dans les cœurs des hommes dont il devient la vie éternelle.  »

    La veillée pascale, avec laquelle Pie XII avait voulu renouer, rassemblait toute la continuité de la Semaine sainte qui s’ordonne désormais dans les trois jours mémorables rappelant la fondation de l’Eucharistie, la Passion du Seigneur, son séjour parmi les morts et sa Résurrection.

    Car tout s’ordonne dans la même volonté salvifique, où le sacrifice reçoit son acception christique. C’est-à-dire l’expression de la miséricorde de Dieu qui, pécheurs, nous restitue à la Vie. En dépit des obstacles opposés cette année à la célébration de la Pâque, nous ne pourrons qu’éprouver plus profondément, en l’intériorisant, la beauté surnaturelle de ce que le Christ a accompli pour nous les hommes et pour notre Salut.

     

    Louis Bouyer, Le mystère pascal, Éditions du Cerf, 480 p., réédition en 2009.

    Source : https://www.france-catholique.fr/

  • ”La” république, ou ”cette” république ? Peut-il y avoir (en France...) une ”bonne” République ? Débat avec D.C....(2/3)

               Voici maintenant nos commentaires. D.C. parle d'or quand il parle de res publica. Comment ne pas être d'accord avec lui ?

               Ce n'est en effet, et bien sûr pas, "la" République, en tant que technique ou forme de gouvernement qui nous gêne et que nous critiquons. C'est "cette"république, qui a une histoire, à laquelle elle ne peut ni ne veut -semble-t-il...- échapper, et qui est fondamentalement anti-chrétienne, anti-historique, dans la mesure où elle rejette nos racines et se construit sans elles, en dehors d'elles et contre elles ("du passé faisons table rase...").

               Elle qui fonctionne un peu -prenons une image- comme un diffuseur d'ambiance: elle diffuse un esprit, une mentalité, mais cet esprit et cette mentalité vont directement contre nos Racines historiques profondes; elles nient et combattent ces Racines historiques et chrétiennes....

                Crier "Vive la république !" si nous étions en Suisse ou en Allemagne, cela irait de soi, et nous n'aurions aucune répugnance à nous affirmer républicains, ce régime n'ayant absolument pas, dans ces deux pays voisins, la moindre trace des connotations idéologiques qu'il a chez nous.. Qui militerait pour l'instauration d'une monarchie en Suisse ?  Être "pour" un roi de Suisse, parce que nous sommes partisans de la Royauté en France, serait précisément aux antipodes de ce réalisme qui est le nôtre et que nous ne cessons d'opposer à l'idéologie révolutionnaire de 1789/1793, et à la république idéologique qui en est issue.

                 Il y a quelques temps, Antiquus postait un commentaire, que nous avions relevé, dans lequel il évoquait la démocratie idéologique. Sans avoir eu connaissance des propos de D.C., Antiquus nous aidait déjà, ainsi, à progresser dans la réflexion engagée par ailleurs, mais pas encore publique: ce n'est donc certes pas "la" république, ou "toute" république (pas plus que "la" démocratie, ou "toute" démocratie) que nous critiquons -et là-dessus nous ne pouvons que rejoindre D.C.- mais "cette" république idéologique qui est la nôtre (et cela vaut aussi pour "cette" démocratie idéologique qui est la nôtre...) qui en une seule année, l'année terrible 1793, a posé les bases des Totalitarismes et des Génocides modernes. Et sans avoir jamais effectué le moindre travail de mémoire ou de repentance, elle qui se repend de tout et à tout propos ! Elle ajoute ainsi le crime de mémoricide à son négationnisme et à son révisionnisme.

                 Cependant, les choses sont-elles écrites pour toujours ? En d'autres termes, pourrait-il y avoir un jour une bonne république en France ? Une telle question mérite d'être posée même si, vaguement iconoclaste, elle pourrait aller jusqu’à remettre en cause le projet royaliste ! Mais il est légitime de poser cette question deux siècles après la révolution : et si, finalement débarrassée du venin idéologique des origines, la république finissait par se transformer peu à peu en ce qu’elle est partout ailleurs dans le monde (sauf chez nous, encore la fameuse exception française !...) : une simple technique de gestion, une simple forme de gouvernement ?

                Après tout, la République, au sens de la Révolution, n’a pas plus qu’un autre régime les promesses de l’éternité. Comme les virus ou les épidémies, les idéologies peuvent, elles aussi, s’épuiser, finir leurs cycles, cesser pour un temps (ou pour quelques siècles) d’être virulentes. Les XIXème et XXème siècles révolutionnaires – où les peuples se sont épuisés à l’expérience désastreuse des idéologies – ne pourraient-ils pas avoir aussi épuisé les forces de l’Idéologie ? C’est à voir. La République, alors, pourrait-elle, en France, devenir viable ?  

                 Que faudrait-il, alors, pour que cette république (aujourd'hui encore et toujours république idéologique) devienne une "bonne" république ?

              Nous y voyons au moins quatre conditions:  

     

    1) Qu’elle cesse d’être une idéologie ou pire encore – ce qu’elle est en fait – une religion, pour devenir un moyen de gouvernement comme un autre.

     

    Plus de « piliers du temple »(propos de Jacques Chirac, parlant de la Loi de 1905...), plus de « temple » du tout, plus de prétention totalitaire à être un « absolu universel » - notion abstraite et révolutionnaire issue de 89.

     

    (Par parenthèse, la république française ne peut pas être sainement laïque précisément parce qu’elle est, elle-même, de fondation, une religion, laquelle est religion d’Etat)  

     

    2) Qu’elle cesse d’être anti historique.

     

           Qu’elle assume désormais l’intégralité de notre histoire nationale, alors que les principes de la république française reposent jusqu’à présent sur l'idée que la France héritée du tréfonds de l'Histoire, a été abolie par la déclaration de 1791. Elle doit assumer au contraire la totalité de l’héritage national, à commencer par l’héritage capétien et par l’héritage chrétien, fondateurs de la Nation, avec toutes les conséquences de cette « rupture » sur

    - le droit des Français à préserver l’identité nationale ainsi redéfinie,

    - l’enseignement,

    - les commémorations du passé national

    - la conservation du patrimoine,

    - le traitement dû aux héritiers actuels des rois de France.....

     

           Qu’elle accepte une saine critique des phases les plus destructrices de la période révolutionnaire et post-révolutionnaire

    (le Martyre des rois Louis XVI et Louis XVII ; de la reine Marie-Antoinette ; le génocide de la Vendée ; les années de Terreur et toutes leurs victimes ; les guerres révolutionnaires et post-révolutionnaires ; les destructions du patrimoine ; les luttes antichrétiennes etc...)

           En bref, qu’elle accepte de dresser le constat de ce que René Sédillot avait appelé "le coût de la Révolution".

      

    3) Qu’elle abaisse les féodalités minoritaires qui imposent la « pensée unique » à une majorité de Français qui n’en veut plus. (les Politiquement / Historiquement / Moralement corrects)

     

           Ces féodalités sont précisément celles qui dictent leur loi :

    - aux grands moyens de communication

    - au monde de l’enseignement

    - au monde du travail

          Sans cela rien n’est possible. Rien n’aura d’effet durable. Tout sera toujours à refaire.....

     

    4) Qu’elle trouve le moyen d’instaurer au sommet de l’État une institution pérenne et indépendante, espace a-démocratique non soumis à l’élection, capable d’incarner et garantir le bien-commun dans la durée. Le chef de la Maison de France, famille fondatrice de la Nation, nous paraît être, dans cet ordre d’idée, la personnalité naturellement désignée pour exercer cette fonction.

     

            Sinon, les inévitables alternances détruiront toujours tout. A supposer que du « positif » aurait été accompli. (Ne nous faisons pas d’illusions : nous somme déjà en 2012 !)

     

     

                 A ces 4 conditions, la république pourrait devenir une "bonne république". Ou s’en rapprocher. Mais serait-elle encore la République qui a existé jusqu’ici, issue de la Révolution ?

              En fait, comme se sont toujours accomplies en France les véritables « révolutions » politiques, c'est-à-dire par l’adaptation de l’existant, nous serions entrés dans un nouveau régime. Ce serait une évolution salvatrice. Rien ne nous dit ni ne nous assure que nous nous acheminions vers de telles perspectives.

              Mais, comme le disait Sénèque, « il n’y a pas de vent favorable pour qui ne sait pas où il va ». Il importe en effet de ne pas ignorer les vents favorables – lorsqu’il en existe – et aussi de savoir clairement vers quoi l’on veut aller.... (à suivre...)

  • En Français s'il vous plaît !

    1A.jpg

    (chronique publiée les lundis, mercredis et vendredis; suggestions et commentaires de lecteurs bienvenus !...)

    Aujourd'hui, dans les excellentes rubriques du site de l'Académie française  :

    Équivalences pour le mot "low cost"

    Certains anglicismes se sont tellement répandus dans la langue française qu’on ne les remarque pratiquement plus et qu’on oublie que l’on pourrait les remplacer par des formes françaises équivalentes.

    C’est le cas avec la locution adjectivale et adverbiale low cost, qui est implantée dans la langue française depuis une dizaine d’années.

    Est-ce un juste retour des choses puisque les formes to cost et cost ont été empruntées de l’ancien français coster ou couster pour le verbe et cost ou coust pour le nom ?

    Peut-être, mais que cela ne nous dispense pas de nous souvenir que le français dispose de noms comme coût ou prix et d’adjectifs comme bas, petit, réduit, etc., grâce auxquels on peut rendre ce que dit low cost.

    On dit

    On ne dit pas

    Des produits à faible coût, à coûts réduits, peu chers

    Compagnie à bas prix

    Des produits low cost


    Compagnie low cost

     

  • La stratégie de Poutine au Moyen-Orient

    Au lendemain de la rencontre de Vladimir Poutine avec le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, Hadrien Desuin* analyse pour le Figaro - avec pertinence selon nous - les enjeux  de la guerre en Syrie. Un nouvel équilibre des forces au Moyen-Orient se met en place. Lequel, soit dit en passant, relativise et renvoie au passé, les violentes critiques portées par les Etats-Unis, l'Union Européenne, la diplomatie française et maints observateurs, à l'encontre de la Russie et de Vladimir Poutine. Les échecs qu'on lui prédisait, ainsi d'ailleurs que la chute d'Assad annoncée comme imminente il y a trois ou quatre ans, ne se sont pas produits. Et cette politique nous a fait perdre ces mêmes trois ou quatre années, au cours desquelles Daech s'est considérablement renforcé, où le chaos s'est répandu à travers le Moyen-Orient tout entier, avec, pour nous, Français et Européens, les conséquences que l'on sait. Cette politique, nous l'avons toujours dénoncée, ici. Et sans-doute avions-nous raison.  LFAR 

     

    LE FIGARO - Le président russe Vladimir Poutine a rencontré lundi à Moscou le Premier ministre israélien Nétanyahou au sujet de la guerre en Syrie. Selon Haaretz, cette visite semble refléter « le manque de foi [de ce dernier] dans la capacité et la volonté des Etats-Unis à protéger les intérêts sécuritaires israéliens. » La Russie est-elle un nouvel acteur majeur dans la région ? 

    Hadrien DESUIN - Les derniers renforcements russes en Syrie frappent l'imaginaire collectif. Pour la première fois depuis la fin de la guerre froide et l'intervention soviétique en Afghanistan, l'armée russe s'apprête à intervenir au Moyen-Orient. Les Russes avaient conservé leur base de Tartous et fournissaient en armes l'armée syrienne mais Poutine a changé de braquet: désormais c'est l'armée russe qui frappe. Il s'agit d'un événement majeur qui va marquer l'histoire des relations internationales: un nouvel équilibre des forces au Moyen-Orient se met en place. Il faut se souvenir que les interventions américaines dans le Golfe ont été rendues possible par la chute de l'URSS. Mais progressivement la Russie poutinienne restaure les positions soviétiques au Moyen-Orient, ce que n'aurait pas déplu à Evgueni Primakov qui vient de disparaître. 

    Il faut toutefois nuancer. La stratégie russe n'est pas une logique de guerre froide et d'opposition aux armées occidentales mais plutôt d'aiguillon. L'idée est de participer à la coalition anti-Daech en s'appuyant sur l'armée syrienne et non les «rebelles». Rebelles qu'à l'exception de quelques idéologues, on peine à distinguer des groupes djihadistes proches d'Al-Qaïda. La Russie ne veut pas apparaître comme un trublion mondial. Au contraire, elle souhaite jouer un rôle dans le nouveau monde multipolaire qui s'ouvre après la fin de l'hégémonie américaine post-URSS. 

    Côté israélien, il y a une vraie déception vis-à-vis des Etats-Unis et un certain pragmatisme. Marqué par le conflit contre le Hezbollah au Liban-sud, le chef du Likoud a d'abord misé sur la chute de Bachar Al-Assad. Le premier ministre israélien a dès lors voulu jouer le Capitole contre la Maison-Blanche ; mal lui en a pris. Ses réseaux dans le parti républicain n'ont pas suffit. Même les électeurs juifs démocrates n'ont pas suivi son obsession anti-iranienne. Peut-être aussi que la droite nationaliste israélienne voit d'un bon oeil l'émergence de Daech, qui peut cyniquement diviser le camp djihadiste, notamment le Hamas. 

    Par dépit, Netanyahou se tourne vers Moscou qui pourtant applique une politique pro-iranienne dans la région. Il s'agit sans doute d'une simple coordination technique entre les états-majors aériens. Netanyahou en profite aussi pour marquer sa désapprobation vis-à vis de l'administration Obama. Avec l'idée que le grand retour de la Russie au Moyen-Orient ne manquera pas d'être exploité par les républicains qui pointent la prudence excessive de Barack Obama. 

    Comment expliquer ce basculement alors que la Russie était la cible de violentes critiques de la part des EU et de l'UE ? 

    Le principe de réalité finit toujours par prendre le dessus sur les émotions morales. La stratégie occidentale est en échec en Syrie depuis quatre ans. Le groupe des amis de la Syrie qui avait exclu les positions iranienne et russe n'a jamais pu apporter la preuve de la crédibilité de l'armée syrienne libre (ASL) et sa branche politique, le conseil national syrien. La Russie, de son côté, a toujours proposé ses bons offices diplomatiques pour dénouer le nœud syrien et trouver une solution interne au régime des Assad.

    Pour l'opinion occidentale, les crimes de Daech sont désormais nettement plus insupportables que les tentatives de Bachar Al-Assad de rester au pouvoir. C'est donc la position russe qui apparaît la plus juste mais aussi la plus réaliste. On joue sur les mots mais plus personne en haut lieu n'appelle à un changement de régime à Damas. Mutatis mutandis, les occidentaux s'alignent sur la position russe. C'est-à-dire la priorité donnée à la lutte contre le terrorisme islamiste. 

    La Russie semble être le pays le plus déterminé à attaquer Daech . Comment expliquer la lenteur des pays européens et des Etats-Unis à s'allier avec Moscou ? 

    On disait l'économie russe à genoux, le pouvoir politique de Poutine vacillant, isolé sur la scène internationale. Il n'en n'est rien. Comme disait Bismarck, «la Russie n'est jamais aussi forte ni aussi faible qu'il n'y paraît.» Largement surestimée au cours de la guerre froide, la Russie a, depuis 25 ans, été négligée au Moyen-Orient. Mais l'image d'une armée russe en déliquescence dans les années 90 n'est plus d'actualité. Poutine et ses généraux se sentent suffisamment forts désormais pour se projeter au Moyen-Orient et déployer le meilleur de leur technologie. 

    Comme à son habitude, Vladimir Poutine a manœuvré en discrétion pendant tout le mois de septembre jusqu'à ce que son appui à l'armée syrienne ne puisse plus être contesté. Comme en Crimée et en Géorgie, Poutine ne veut pas provoquer mais les Occidentaux sont mis en douceur devant le fait accompli, sans déclaration tonitruante ni fanfaronnade. Les rôles s'inversent puisque jusqu'à présent ce sont les Occidentaux qui mettaient bruyamment la Russie devant le fait accompli. 

    Pour autant, les puissances occidentales, échaudées par leurs échecs successifs dans la région réalisent au fur et à mesure que Poutine et Lavrov peuvent poursuivre le rôle positif qu'ils ont joué dans les négociations avec l'Iran. 

    Laurent Fabius s'est montré hostile à la visite de parlementaires français en Crimée, et opposé à la vente des Mistral à Moscou. La France est sous embargo alimentaire russe depuis 2014 après les sanctions économiques prises à l'encontre de la Russie… Comment analysez-vous l'attitude de la diplomatie française envers la Russie? La France est-elle en train de manquer une rapprochement de poids avec Moscou ? 

    La position de Laurent Fabius reste arc-boutée sur le départ de Bachar Al-Assad comme s'il vivait encore dans le mirage des printemps arabes. Mais Daech a pris de plus en plus d'importance jusqu'à la prise de Mossoul. Les Occidentaux ont alors été contraints de prendre la défense de Bagdad et les militaires ont fait pression pour élargir les opérations à la Syrie. Jean-Yves Le Drian en France, John Kerry et Ashton Carter [actuel secrétaire d'Etat américain à la Défense, ndlr] aux Etats-Unis ont été les premiers à pousser à reprendre le dialogue avec Damas. C'est eux qui tirent François Hollande et Barack Obama à se rapprocher de la position russe. 

    Laurent Fabius, toujours en retard d'une guerre, semble encore penser le monde des années 90. Depuis trois ans, il réclame le départ préalable de Bachar Al-Assad sans tenir compte de la position russe. Dans un entretien paru aujourd'hui dans Le Figaro, il trouve pour la première fois absurde de demander des excuses à Assad avant toute discussion. Mais si on négocie avec un chef d'État, c'est reconnaître sa légitimité et sa capacité dans l'avenir à mettre en place l'accord. Ce qui n'est pas compatible avec une exigence de départ à court ou moyen terme. 

    Sur les questions de sécurité, Laurent Fabius qui se comporte en Vice-président, accumule les revers. Ses rapports avec la Russie ont semblé en opposition avec le ministère de la Défense dont l'approche est nettement plus réaliste. Engoncé dans un discours moralisateur, Laurent Fabius est en décalage avec les événements et semble avoir perdu tout crédit pour diriger la diplomatie française. Son départ en décembre, à la faveur du remaniement post-élections régionales pourrait permettre de renouer les liens traditionnels avec la Russie et redonner des marges de manœuvre à François Hollande. 

    * Ancien élève de l'École spéciale militaire de St-Cyr puis de l'École des officiers de la Gendarmerie nationale, Hadrien Desuin est titulaire d'un master II en relations internationales et stratégie sur la question des Chrétiens d'Orient, de leurs diasporas et la géopolitique de l'Égypte, réalisé au Centre d'Études et de Documentation Économique Juridique et social (CNRS/MAE) au Caire en 2005. Il a dirigé le site Les Conversations françaises de 2010 à 2012. Aujourd'hui il collabore à Causeur et Conflits où il suit l'actualité de la diplomatie française dans le monde. 

    Entretien réalisé par Eléonore de Vulpillières  

     

  • Bioéthique : La France confrontée à une culture de mort (18), par François Schwerer

    Le sénat va connaître dans les jours à venir le projet de loi de bioéthique. Notre ami François Schwerer nous a adressé - avec un message de sympathie - l'ensemble des textes qu'il été amené à écrire sur cette question.

    Cet ensemble constitue une véritable somme, aussi bien par son importance que par son intérêt.

    Nous en avons commencé la publication le vendredi 10 janvier, et nous la poursuivrons du lundi au vendredi inclus, comme nous l'avons fait, par exemple, pour l'étude de Pierre Debray, Une politique pour l'an 2000.

    Et, pour suivre et retrouver ces textes plus commodément, nous regrouperons la totalité de cette étude, vu son importance, dans une nouvelle Catégorie : François Schwerer - Bioéthique : culture de mort : vous pourrez donc retrouver donc l'ensemble de cette chronique en cliquant sur le lien suivant :

    François Schwerer - Bioéthique : culture de mort...

    Voici le plan de l'étude (hors Annexes et textes divers, qui viendront ensuite); nous le redonnons chaque jour, afin que le lecteur puisse correctement "situer" sa lecture dans cet ensemble :

     

    1. Les étapes de la décadence
    • Un processus téléologique

    1/. « Qui n’avance pas recule »

    2/. De la pilule à la GPA : l’asservissement des femmes

    3/. La révolte des femmes et les mouvements féministes

    4/. Le transhumanisme, stade ultime de la destruction

    • La stratégie progressiste

    1/. La campagne médiatique préalable

    2/. La modification de la loi

    3/. Le recours à une novlangue

    4/. Le discrédit de l’adversaire

    5/. La politique des petits pas

    6/. Le viol de la conscience des enfants

    1. « Pour une nouvelle croisade »

    A - Une faible résistance

    1/. Des hommes politiques sans conviction

    2/. Des manifestations apparemment inefficaces

    3/. Un refus de mettre en danger son propre confort

    4/. Un faux respect de l’apparente liberté d’autrui

    5/. Si le Seigneur ne bâtit pas, c’est en vain que s’agitent les bâtisseurs

    B – Un combat dont l’enjeu dépasse le fonctionnement de la vie sociale

    1/. Il est plus facile de descendre une pente que de la remonter

    2/. Un combat ayant une dimension eschatologique

    Schwerer.jpg2/. Un combat ayant une dimension eschatologique

     

    Les progrès des sciences – et non de la science – et les succès techniques ont conduit l’homme à une sorte d’ivresse. Il se croit désormais tout-puissant. S’il ne maîtrise pas encore la totalité de la vie, ce n’est, pense-t-il, qu’une question de temps. Un jour viendra où les connaissances accumulées, comme par hasard, lui permettront de satisfaire tous ses désirs. Parce qu’il croit pouvoir être en mesure de tout maîtriser, l’homme technicien en arrive à refuser toute vulnérabilité, pour lui comme pour les autres. Il est devenu lui-même le centre de tout, le but final de son propre développement et, de ce fait, il a oublié tous les autres hommes.

    En devenant lui-même le centre de ses préoccupations, l’homme porte atteinte à la vie en société, surtout en système démocratique, libéral et individualiste. En effet, dans la mesure où il est devenu pour soi la référence unique, tout débat politique dégénère inéluctablement en combat pour « sa » vérité. Chacun finit par penser qu’il lutte pour le bien et contre le mal. Or, comme l’a confié Natacha Polony à Figarovox, « le mal, on ne transige pas avec, on l’éradique ». Dans ce système, le gouvernement n’est que celui des partis et non celui du pays. La poursuite de l’intérêt partisan s’est substituée à la recherche du bien commun.

    Dans un système libéral, individualiste et matérialiste, l’homme a perdu le sens profond du spirituel et confond tous les plans car, en particulier, l’individualisme conduit à faire triompher le subjectivisme sur l’objectivité. Le père Stalla-Bourdillon en faisait le constat pour Figarovox : « Le pouvoir spirituel n’est pas un « pouvoir », c’est un conseil chargé d’éclairer les personnes, en vue de choix de conscience, libre et raisonnable.  Le pouvoir temporel doit seulement administrer les choses ». Hélas, depuis quelques décennies, il s’est produit une inquiétante confusion : « l’autorité temporelle se prend pour l’autorité spirituelle, un « sacré séculier ». Ainsi ce qui devrait rester conseil devient une injonction et l’administration masque son impuissance en faisant la morale au peuple ». Or, ajoute-t-il avec raison, « Rien n’est plus dangereux que de vouloir sacraliser le pouvoir ».

    L’homme qui se veut tout-puissant ne regarde plus que lui-même. Toutes ses facultés sont asservies à cette fin suprême. La parole n’est plus le moyen d’entrer en relation les uns avec les autres ; elle est devenue un simple outil permettant d’asseoir sa puissance et d’asservir les autres à des tâches matérielles grandioses (une tour qui pénètre les cieux et une unique ville aux dimensions planétaires) comme au temps de Babel. Les outils modernes de communication ne sont d’ailleurs pas vendus pour aider à servir les autres mais pour parler de soi et se mettre en valeur… et les « selfies » permettent aux Narcisses d’aujourd’hui de se contempler en tout temps et tout lieu.

    Hélas, cette toute-puissance ne permet pas d’étancher la soif d’infini et le besoin de relation qui gisent au fond du cœur de tout homme. Le triomphe de la culture technocratique s’accompagne inéluctablement d’une insatisfaction permanente. C’est ainsi que, dans les écoles et les universités le chahut bon enfant de potaches heureux a laissé la place à la contestation agressive d’une masses aux composantes esseulées ; dans la rue le monôme joyeux a été supplanté par la manifestation de véritables troupeaux angoissés et bêlants. Dans le même temps, le « conservatisme démocratique » qu’avait analysé Maurras a été remplacé par l’« alternance démocratique » vantée par tous les « partis de gouvernement ».

    En fait, cette connaissance autocentrée est venue brouiller la pensée. Si tout homme est devenu en soi le centre de tout, tous les hommes se valent ; et s’il n’existe aucune autre valeur que celle qu’il se donne à lui-même alors chaque homme se trouve ravalé au rang de simple individu matériel et égoïste dont les idées ne sont ni plus ni moins pertinentes que celles de l’individu voisin, ce qui engendre un relativisme désespérant. Les notions de bien et de mal sont devenues relatives. Comme le dénonçait saint Jean-Paul II en 1995, « C'est au plus intime de la conscience morale que s'accomplit l'éclipse du sens de Dieu et du sens de l'homme, avec toutes ses nombreuses et funestes conséquences sur la vie. C'est avant tout la conscience de chaque personne qui est en cause, car dans son unité intérieure et avec son caractère unique, elle se trouve seule face à Dieu. Mais, en un sens, la « conscience morale » de la société est également en cause: elle est en quelque sorte responsable, non seulement parce qu'elle tolère ou favorise des comportements contraires à la vie, mais aussi parce qu'elle alimente la « culture de mort », allant jusqu'à créer et affermir de véritables « structures de péché » contre la vie. La conscience morale, individuelle et sociale, est aujourd'hui exposée, ne serait-ce qu'à cause de l'influence envahissante de nombreux moyens de communication sociale, à un danger très grave et mortel, celui de la confusion entre le bien et le mal en ce qui concerne justement le droit fondamental à la vie. Une grande partie de la société actuelle se montre tristement semblable à l'humanité que Paul décrit dans la Lettre aux Romains. Elle est faite d'« hommes qui tiennent la vérité captive dans l'injustice » (Ro I, 18) : ayant renié Dieu et croyant pouvoir construire sans lui la cité terrestre, « ils ont perdu le sens dans leurs raisonnements », de sorte que « leur cœur inintelligent s'est enténébré » (Ro I, 21) ; « dans leur prétention à la sagesse, ils sont devenus fous » (Ro I, 22), ils sont devenus les auteurs d'actions dignes de mort et, « non seulement ils les font, mais ils approuvent encore ceux qui les commettent » (Ro I, 32). Quand la conscience, cet œil lumineux de l'âme (cf. Mt VI, 22-23), appelle « bien le mal et mal le bien » (Is V, 20), elle prend le chemin de la dégénérescence la plus inquiétante et de la cécité morale la plus ténébreuse » (1). La forte saveur du fruit de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal a fait perdre jusqu’au goût de la solidarité entre tous, ce qui a contribué à faire pourrir le fruit de l’arbre de la Vie.

    (1) : Evangelium vitae n° 24. 

    L’individu voit ainsi son horizon se réduire à la poursuite d’un « accomplissement » qu’il ne recherche plus que dans la singularité, la matérialité et l’immédiateté et qui, de ce fait, conservera toujours un goût d’inachevé. Placé au centre et au-dessus de tout, l’homme se veut maître ; maître de lui-même comme de l’univers. Mais sans but, il n’est en fait que l’esclave de ses désirs. Et, dans cette soif d’un pouvoir toujours plus absolu, l’homme en vient à ne plus vouloir ni servir ni obéir.

    Ayant commencé à maîtriser les biens matériels à sa disposition comme les mouvements de sa pensée, l’homme en vient à vouloir maîtriser la vie, de son commencement (manipulations génétiques) à sa fin (euthanasie) et passant par le droit même de faire vivre (avortement) et celui de procréer (PMA/GPA). La technique est reine. Tout semble possible ; mais, en même temps, l’homme a perdu le sens de son action et ne sait même plus qu’il est un être.

    Si les chrétiens de France ne veulent pas perdre leur âme, il leur faut réagir, sachant que plus ils attendront plus cela sera douloureux. La question est de savoir comment ils doivent s’y prendre alors que les hommes (et femmes !) politiques, les journalistes et les « financier-e-s » s’accordent pour promouvoir cette société autant libertaire que liberticide… irriguée par l’argent.

    Parmi les moyens à employer, le pape Léon XIII avait imaginé que les catholiques de France se rallient à la République afin d’avoir des chances d’être élus et de participer ainsi au pouvoir de législation. Il s’agissait de faire voter des lois qui respectent les droits de Dieu.

    Dans son encyclique « Au milieu des sollicitudes » du 20 février 1892, il commençait par ce diagnostic qui est, plus que jamais, d’actualité : « En pénétrant à fond, à l’heure présente encore, la portée du vaste complot que certains hommes ont formé d’anéantir en France le christianisme, et l’animosité qu’ils mettent à poursuivre la réalisation de leur dessein, foulant aux pieds les plus élémentaires notions de liberté et de justice pour le sentiment de la majorité de la nation, et de respect pour les droits inaliénables de l’Église catholique, comment ne serions-Nous pas saisi d’une vive douleur ? Et quand Nous voyons se révéler, l’une après l’autre, les conséquences funestes de ces coupables attaques qui conspirent à la ruine des mœurs, de la religion et même des intérêts politiques sagement compris, comment exprimer les amertumes qui Nous inondent et les appréhensions qui nous assiègent ? »

    Face à une telle situation, le pape ne désespérait pas car il avait une haute estime pour le peuple de France. « Nous Nous sentons grandement consolé, lorsque Nous voyons ce même peuple français redoubler, pour le Saint-Siège, d’affection et de zèle, à mesure qu’il le voit plus délaissé, Nous devrions dire plus combattu sur la terre ».

    Afin, ensuite, de préciser l’enjeu de ses conseils, avant de passer à la solution qu’il préconisait, il rappelait quelques points fondamentaux relatifs à toute société civile. « Avant tout, prenons comme point de départ une vérité notoire, souscrite par tout homme de bon sens et hautement proclamée par l’histoire de tous les peuples, à savoir que la religion, et la religion seule, peut créer le lien social (1); que seule elle suffit à maintenir sur de solides fondements la paix d’une nation. Quand diverses familles, sans renoncer aux droits et aux devoirs de la société domestique, s’unissent sous l’inspiration de la nature, pour se constituer membres d’une autre famille plus vaste, appelée la société civile, leur but n’est pas seulement d’y trouver le moyen de pourvoir à leur bien-être matériel, mais surtout d’y puiser le bienfait de leur perfectionnement moral. Autrement la société s’élèverait peu au-dessus d’une agrégation d’êtres sans raison, dont toute la vie est dans la satisfaction des instincts sensuels. Il y a plus : sans ce perfectionnement moral, difficilement on démontrerait que la société civile, loin de devenir pour l’homme, en tant qu’homme, un avantage, ne tournerait pas à son détriment ». Et, il insistait alors sur un point : devant le danger aussi grand que constitue ce refus de Dieu, tous les hommes doivent faire taire leurs différences.

    Il expliquait ensuite pour quelle raison, il proposait alors aux Français de ne pas remettre en cause la forme de gouvernement du moment. Ce qui compte ce n’est pas la forme de l’organisation sociale ni qui détient le pouvoir, mais l’usage qui est fait de ce pouvoir. Un bon gouvernement peut faire de mauvaises lois ; un mauvais gouvernement, disait-il, peut faire de bonnes lois. « La législation est l’œuvre des hommes investis du pouvoir et qui, de fait, gouvernent la nation. D’où il résulte qu’en pratique la qualité des lois dépend plus de la qualité de ces hommes que de la forme du pouvoir (2). Ces lois seront donc bonnes ou mauvaises, selon que les législateurs auront l’esprit imbu de bons ou de mauvais principes et se laisseront diriger, ou par la prudence politique, ou par la passion ».

    (1) : La religion, et non la religiosité. Autrement dit, si la religion seule peut créer le lien social, elle ne peut le faire qu’au sein d’une communauté dont les membres partagent la même foi. Une masse d’individus qui ne partagent pas la même foi finit par se disloquer à moins qu’un groupe (une communauté) n’en vienne à soumettre les autres.

    (2) : L’erreur fondamentale du pape fut de ne pas envisager que certaine forme du pouvoir peut pervertir les hommes qui l’exercent.

    Au cas où les chrétiens n’auraient pas compris le but proposé par le pape, celui-ci était conscient du fait qu’un jour il ne leur resterait plus d’autre solution que le martyre.

    Un examen des luttes passées permet d’entrevoir les sacrifices auxquels il faudra consentir si l’on veut sauver une France chrétienne. Avec l’engourdissement actuel, ces sacrifices seront à la fois épuisants et douloureux. Ils le seront d’autant plus que les chrétiens doivent toujours tenir compte du fait que tous les moyens ne sont pas bons. Ils ne peuvent donc pas être tous utilisés, même pour servir une bonne et juste cause.

    Si l’on veut avoir une chance d’être entendu, il faut que chacun ait la volonté d’aller jusqu’au bout et soit personnellement prêt à en payer le prix. Peut-on qualifier de résistant celui qui serait paralysé par l’idée d’être mal jugé par l’envahisseur ou ses thuriféraires, ou qui craindrait de recevoir un mauvais coup ? Si un gouvernement fait de mauvaises lois, il faut être prêt à assumer la responsabilité de le changer.

    Comme l’’explique Jean des Graviers dans son ouvrage sur le « Droit canonique », « l’Etat a pour fin d’assurer le bien commun de ses membres, en leur garantissant la jouissance pacifique de leurs droits et en leur procurant des moyens de réaliser leur bonheur terrestre ». Puis il ajoute très clairement : « la philosophie catholique n’est pas dualiste ; le corps n’est pas un étranger pour l’âme. L’Eglise ne se réserve pas l’âme pour laisser le corps à l’Etat. L’Etat aussi a charge d’âmes, et il doit protéger la pensée et la liberté de l’âme ; l’Etat s’occupe du composé humain tout entier, corps et âme. Mais au point de vue de la destinée terrestre de la personne ». Un Etat qui ferait donc de mauvaises lois au risque de tuer l’âme de ses citoyens, ne serait qu’une « structure de péché », comme l’expliquait saint Jean-Paul II.

    Le pape Léon XIII lui-même, toujours dans la même encyclique sur le Ralliement à la République, « Au milieu des sollicitudes », n’affirmait-il pas : «  Dès que l’État refuse de donner à Dieu ce qui est à Dieu, il refuse, par une conséquence nécessaire, de donner aux citoyens ce à quoi ils ont droit comme hommes ; car, qu’on le veuille ou non, les vrais droits de l’homme naissent précisément de ses devoirs envers Dieu. D’où il suit que l’État, en manquant, sous ce rapport, le but principal de son institution, aboutit en réalité à se renier lui-même et à démentir ce qui est la raison de sa propre existence » ? Dès lors un tel gouvernement perd toute légitimité ; il n’a même plus le droit de se prétendre tel. Il n’est plus qu’une « bande de brigands », pour reprendre l’expression de saint Augustin.

    Il en résulte que, si ce sont les institutions qui génèrent nécessairement ces mauvaises lois au point de dénaturer jusqu’à leur fonction étatique, il faut avoir la force morale de les changer, sans provoquer pour autant cet autre mal absolu qu’est le désordre

  • Patrick Buisson : « Emmanuel Macron ne peut pas être en même temps Jeanne d'Arc et Steve Jobs »

     

    Publié le 21 juin 2017 - Actualisé le 19 juillet 2017 

    Est-il possible d'analyser le système Macron en profondeur, sérieusement, sans a priori excessif, systématiquement pro ou anti ? Puis d'élargir l'analyse à la nouvelle situation politique de la France ? C'est ce que Patrick Buisson fait ici dans cet important entretien pour le Figaro magazine [9.06], réalisé par Alexandre Devecchio. Ce dernier ajoute le commentaire suivant : « Patrick Buisson a scruté le paysage politique avec la hauteur et la distance de l'historien. Il restitue ici l'élection de Macron et la défaite de la droite dans le temps long de l'Histoire ». De notre côté, nous avons commenté ainsi ce remarquable entretien : « tout fondé sur un soubassement d’esprit monarchique et de droite légitimiste – où (Buisson) synthétise en une formule lapidaire ce que Maurras eût peut-être appelé le dilemme d’Emmanuel Macron : " On ne peut pas être à la fois Jeanne d’Arc et Steve Jobs ". Tout est dit ! ».   Lafautearousseau

     

    3821821120.jpgDepuis son entrée en fonction, Emmanuel Macron a fait preuve d'une gravité et d'une verticalité inattendues. Vous a-t-il surpris positivement ?

    La fonction présidentielle est en crise depuis que ses derniers titulaires ont refusé d'incarner la place du sacré dans la société française. Sarkozy, au nom de la modernité, et Hollande, au nom de la « normalité », n'ont eu de cesse de vouloir dépouiller la fonction de son armature symbolique, protocolaire et rituelle. Emmanuel Macron a parfaitement analysé le vide émotionnel et imaginaire que la disparition de la figure du roi a creusé dans l'inconscient politique des Français. En France, pays de tradition chrétienne, le pouvoir ne s'exerce pas par délégation mais par incarnation. C'est, selon la formule de Marcel Gauchet, « un concentré de religion à visage politique ».

    L'élection constate l'émergence d'une autorité mais celle-ci ne peut s'imposer dans la durée qu'à condition de donner corps à la transcendance du pouvoir et de conférer une épaisseur charnelle à une institution immatérielle. Il faut savoir gré à Macron de l'avoir compris jusqu'à faire in vivo la démonstration que la République ne peut se survivre qu'en cherchant à reproduire la monarchie et en lui concédant au bout du compte une sorte de supériorité existentielle. Voilà qui est pour le moins paradoxal pour le leader d'un mouvement qui s'appelle La République en marche.

    De la cérémonie d'intronisation à la réception de Poutine à Versailles, les médias ne tarissent pas d'éloges au sujet de ses premières apparitions publiques…

    Oui, même quand le nouveau président leur tourne ostensiblement le dos et n'hésite pas à remettre en cause les fondements de la démocratie médiatique : la tyrannie de l'instant, la connexion permanente, l'accélération comme valeur optimale. Le soin qu'il apporte à la mise en scène de sa parole, de sa gestuelle, de ses déplacements montre à quel point il a intégré la mystique du double corps du roi, qui fait coïncider à travers la même personne un corps sacré et un corps profane, un corps politique et un corps physique. Accomplir des gestes et des rites qui ne vous appartiennent pas, qui viennent de plus loin que soi, c'est s'inscrire dans une continuité historique, affirmer une permanence qui transcende sa propre personne. À ce propos, le spectacle du nouveau président réglant son pas sur la Marche de la garde consulaire et faisant s'impatienter le petit homme rondouillard qui l'attendait au bout du tapis rouge aura offert à des millions de Français le plaisir de se revancher de l'humiliation que fut la présidence Hollande, combinaison inédite jusque-là de bassesse et de médiocrité. Quel beau congédiement !

    Mais n'est-ce pas simplement, de la part d'un homme de culture, une opération de communication bien maîtrisée ?

    Toute la question est de savoir si, avec la présidence Macron, on sera en présence, pour le dire avec les mots de son maître Paul Ricœur, d'une « identité narrative » ou d'une « identité substantielle ». Reconstituer le corps politique du chef de l'État, lui redonner la faculté d'incarner la communauté exige que s'opère à travers sa personne la symbiose entre la nation et la fonction. Emmanuel Macron récuse le postmodernisme et veut réhabiliter les « grands récits ». Fort bien. Mais de quels « grands récits » parle-t-il ? Le roman national ou les success-stories à l'américaine ? Jeanne d'Arc ou Steve Jobs ? Honoré d'Estienne d'Orves ou Bill Gates ? Les vertus communautaires et sacrificielles ou le démiurgisme technologique de la Silicon Valley ?

    C'est là où l'artifice dialectique du « en même temps » cher à Macron touche ses limites. Il y a des « valeurs » qui sont inconciliables tant elles renvoient à des visions diamétralement opposées de l'homme et du monde. Les peuples qui ont l'initiative du mouvement historique sont portés par des mythes puissants et le sentiment d'une destinée commune fondée sur un système de croyances et un patrimoine collectif. Pour recréer le lien communautaire à travers sa personne, le président Macron doit répudier le candidat Macron : mobiliser l'histoire non comme une culpabilité ou une nostalgie mais comme une ressource productrice de sens.

    Outre la verticalité, Macron assume également une certaine autorité…

    Toute la question est de savoir de quelle autorité il s'agit. Depuis Mai 68, les classes dirigeantes se sont employées à délégitimer la représentation transcendante des anciennes figures de l'autorité comme autant de formes surannées du contrôle social. Mais, si elles ont récusé l'autorité comme principe, elles n'y ont pas pour autant renoncé en tant que fonctionnalité. Autrement dit, comme technologie du pouvoir indispensable à l'induction du consentement, de l'obéissance, voire de la soumission chez les gouvernés. A l'ère de la communication, ainsi que l'avait pressenti Gramsci, la relation de domination ne repose plus sur la propriété des moyens de production. Elle dépend de l'aliénation culturelle que le pouvoir est en mesure d'imposer via la représentation des événements produite par le système politico-médiatique dont le rôle est de fabriquer de la pensée conforme et des comportements appropriés. On en a encore eu une éclatante démonstration avec la campagne présidentielle qui vient de s'achever.

    Si Macron est le produit de ce système-là, est-il pour autant condamné à en rester indéfiniment captif ?

    L'intention qui est la sienne de réintroduire de l'autorité dans le processus de décision politique est louable. Ce qui légitime l'autorité c'est, disait saint Thomas d'Aquin, le service rendu au bien commun. Mais pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Pourquoi ne pas chercher à restaurer l'autorité-principe là où sa disparition a été la plus dommageable ? A l'école, par exemple, où notre appareil éducatif s'est acharné à disqualifier la transmission et à la dénoncer dans le sillage de Bourdieu comme volonté de répétition et de reproduction du même. La transmission est par excellence l'acte vertical intergénérationnel qui consiste à choisir ce qui mérite d'être transporté à travers le temps quand la communication obéit à une logique horizontale et démocratique de diffusion non critique et non sélective dans l'espace. De ce point de vue, le profil du nouveau ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, est sans doute le seul vrai signe encourageant.

    Régis Debray dit que Macron est un « Gallo-ricain », le produit d'un écosystème mental américanisé où l'instance économique commande à toutes les autres. N'est ce pas excessif ?

    Je crains qu'il n'ait raison. Emmanuel Macron apparaît comme la figure emblématique de cette nouvelle classe dominante qui aspire à substituer à tous ceux qui proposent un salut hors de l'économie - religion ou politique - la seule vérité de l'économie. Tout ce qui n'est pas de l'ordre de l'avoir, toutes les visions non utilitaristes de la vie en société relèvent pour elle de l'angle mort. Le parti de l'économisme, c'est celui de l'interchangeabilité qui cherche à réduire en l'homme tous les particularismes et toutes les appartenances (nation, famille, religion) susceptibles de faire obstacle à son exploitation en tant que producteur ou comme consommateur. C'est le parti des « citoyens du monde », des « forces du flux d'information, de l'échange et de l'immigration » célébrés par Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook lors de son discours aux diplômés d'Harvard le 25 mai dernier.

    Le cycle dominé par l'économie, que l'on croyait sur le point de s'achever, a connu un spectaculaire regain à l'occasion de la campagne présidentielle. Le retour des nations, de l'histoire et de l'organisation de sociétés autour des thèmes de l'identité et de la souveraineté n'aura-t-il été qu'une fugitive illusion ?

    Je n'en crois rien. Un système où l'économie commande l'organisation de la société est incapable de produire du sens. Sous couvert d'émancipation des individus, l'économisme a surtout œuvré à leur soumission croissante au règne de la marchandise et de l'ego consacrant, selon la formule d'Emmanuel Mounier, la « dissolution de la personne dans la matière ». La crise morale que nous traversons montre que l'homme réduit à l'économie ne souffre pas simplement d'un mal-être mais d'un manque à être. Elle est le fruit amer d'une malsociété, excroissance maligne de l'incomplétude d'une société exclusivement consumériste et marchande. « On ne tombe pas amoureux d'une courbe de croissance », proclamait l'un des rares slogans pertinents de 68. N'en déplaise aux médiagogues, il y a de moins en moins de monde pour croire que l'identité d'un pays se ramène à son PIB et que la croissance peut opérer le réenchantement du monde.

    L'élection présidentielle que nous venons de vivre a-t-elle été un coup pour rien ?

    Au contraire, elle aura été l'occasion d'une magistrale, et peut-être décisive, leçon de choses. La droite républicaine et le Front national ont fait la démonstration chacun à leur tour - François Fillon au premier et Marine Le Pen au second - qu'ils étaient l'un et l'autre, sur la base de leurs seules forces électorales, dans l'incapacité de reconquérir ou de conquérir le pouvoir. L'élimination de Fillon dès le premier tour fut tout sauf un accident, indépendamment des affaires dont on l'a accablé. Elle s'inscrit dans un lent et inexorable processus de déclin qui a vu la droite de gouvernement passer de 49 % au premier tour de la présidentielle de 1981 à 27 % en 2012 et à 20 % le 23 avril dernier. Faute d'avoir su opérer, comme ce fut le cas en 2007, une nécessaire clarification idéologique, la droite ne peut plus se prévaloir du bénéfice automatique de l'alternance. Elle a perdu l'élection imperdable. On ne voit pas pourquoi ni comment elle pourrait ne pas perdre les élections qui viennent. Faute d'avoir su construire une offre politique crédible, le FN est, lui aussi, dans l'impasse. Il reste ce qu'il a toujours été : un épouvantail, le meilleur allié du système qu'il prétend combattre, son assurance-vie. C'est à partir de ce double constat partagé qu'une refondation est possible.

    Qu'attendez-vous de la décomposition-recomposition qui s'amorce ?

    Je crois, comme Marcel Gauchet, qu'un grand mouvement conservateur est naturellement désigné pour être, selon sa formule, « l'alternative au moment libéral économiste » que nous vivons. Emmanuel Macron a choisi de se faire le champion du camp des progressistes au moment où la promesse fondatrice du progrès-croyance - à savoir l'assurance absolue d'une amélioration inéluctable, générale et universelle - a échoué sur la question du bonheur. L'indicateur de cet échec, on le trouve dans l'explosion de la production, du trafic et de la consommation de drogue comme dans la croissance exponentielle de la consommation de psychotropes qui représente en France, selon une récente étude de la Cnam, 13% des soins remboursés par l'Assurance-maladie. Ces chiffres expriment le décalage entre le bonheur promis et le bonheur réel dans notre société. Le seul vrai progrès est aujourd'hui de pouvoir douter du progrès. Le conservatisme est l'outil intellectuel qui permet d'échapper à ce processus de décivilisation. Je n'en connais pas de meilleure définition que celle qu'en a donné Ernst-Erich Noth : « Nous avons à concilier la tâche temporaire de la politique qui passe et la mission éternelle de l'intelligence ; mais cela n'est possible que par une subordination de la matière à l'esprit, de l'actualité à la continuité.»

    La situation présente aurait donc, selon vous, le mérite de dissiper un long malentendu historique…

    En effet. S'il était encore possible au milieu du siècle dernier d'accoler les deux vocables de libéral et de conservateur, leur accouplement relève aujourd'hui de l'oxymore, tant la fracturation intervenue depuis est d'ordre à la fois métaphysique et anthropologique. La Manif pour tous a fait apparaître, en 2013, une césure radicale entre une droite conservatrice - ce que j'ai appelé un populisme chrétien -, qui proclamait le primat du sacré sur le marché, et une droite libérale-progressiste, acquise au principe d'illimitation et à l'abaissement du politique au niveau de la gouvernance économique. Cette droite-là est en marche vers Emmanuel Macron, qui est en train de réussir à la fois la reconstitution de l'unité philosophique du libéralisme en illustrant à la perfection la complémentarité dialectique du libéralisme économique et du libéralisme culturel, mais aussi la réunification des libéraux des deux rives, comme le fit au XIXe siècle l'orléanisme, déjà soucieux de constituer un bloc central en coupant, selon la recette réactualisée par Alain Juppé, « les deux bouts de l'omelette ».

    Soyons reconnaissants à Macron de son concours bénévole, même s'il n'est pas franchement désintéressé. De grâce, que personne ne retienne les Républicains « constructifs » qui se bousculent déjà pour le rejoindre. Rien ne sera possible sans cette rupture fondatrice. Il y a des décantations qui sont des clarifications. Il est des divorces qui sont des délivrances pour ceux qui restent.  

    « Emmanuel Macron a parfaitement analysé le vide émotionnel et imaginaire que la disparition de la figure du roi a creusé dans l'inconscient politique des Français » 

    XVMc31aafe6-3ca7-11e7-b5b5-21a5cdc791d1-200x312.jpg

    La Cause du peuple de Patrick Buisson, Perrin, 21,90€. 

  • Patrick Buisson : « Emmanuel Macron ne peut pas être en même temps Jeanne d'Arc et Steve Jobs »

     

    Est-il possible d'analyser le système Macron en profondeur, sérieusement, sans a priori excessif, systématiquement pro ou anti ? Puis d'élargir l'analyse à la nouvelle situation politique de la France ? C'est ce que Patrick Buisson fait ici dans cet important entretien pour le Figaro magazine [9.06], réalisé par Alexandre Devecchio. Ce dernier ajoute le commentaire suivant : « Patrick Buisson a scruté le paysage politique avec la hauteur et la distance de l'historien. Il restitue ici l'élection de Macron et la défaite de la droite dans le temps long de l'Histoire ». De notre côté, nous avons commenté ainsi ce remarquable entretien : « tout fondé sur un soubassement d’esprit monarchique et de droite légitimiste – où (Buisson) synthétise en une formule lapidaire ce que Maurras eût peut-être appelé le dilemme d’Emmanuel Macron : " On ne peut pas être à la fois Jeanne d’Arc et Steve Jobs ". Tout est dit ! ».   Lafautearousseau

     

    3821821120.jpgDepuis son entrée en fonction, Emmanuel Macron a fait preuve d'une gravité et d'une verticalité inattendues. Vous a-t-il surpris positivement ?

    La fonction présidentielle est en crise depuis que ses derniers titulaires ont refusé d'incarner la place du sacré dans la société française. Sarkozy, au nom de la modernité, et Hollande, au nom de la « normalité », n'ont eu de cesse de vouloir dépouiller la fonction de son armature symbolique, protocolaire et rituelle. Emmanuel Macron a parfaitement analysé le vide émotionnel et imaginaire que la disparition de la figure du roi a creusé dans l'inconscient politique des Français. En France, pays de tradition chrétienne, le pouvoir ne s'exerce pas par délégation mais par incarnation. C'est, selon la formule de Marcel Gauchet, « un concentré de religion à visage politique ».

    L'élection constate l'émergence d'une autorité mais celle-ci ne peut s'imposer dans la durée qu'à condition de donner corps à la transcendance du pouvoir et de conférer une épaisseur charnelle à une institution immatérielle. Il faut savoir gré à Macron de l'avoir compris jusqu'à faire in vivo la démonstration que la République ne peut se survivre qu'en cherchant à reproduire la monarchie et en lui concédant au bout du compte une sorte de supériorité existentielle. Voilà qui est pour le moins paradoxal pour le leader d'un mouvement qui s'appelle La République en marche.

    De la cérémonie d'intronisation à la réception de Poutine à Versailles, les médias ne tarissent pas d'éloges au sujet de ses premières apparitions publiques…

    Oui, même quand le nouveau président leur tourne ostensiblement le dos et n'hésite pas à remettre en cause les fondements de la démocratie médiatique : la tyrannie de l'instant, la connexion permanente, l'accélération comme valeur optimale. Le soin qu'il apporte à la mise en scène de sa parole, de sa gestuelle, de ses déplacements montre à quel point il a intégré la mystique du double corps du roi, qui fait coïncider à travers la même personne un corps sacré et un corps profane, un corps politique et un corps physique. Accomplir des gestes et des rites qui ne vous appartiennent pas, qui viennent de plus loin que soi, c'est s'inscrire dans une continuité historique, affirmer une permanence qui transcende sa propre personne. À ce propos, le spectacle du nouveau président réglant son pas sur la Marche de la garde consulaire et faisant s'impatienter le petit homme rondouillard qui l'attendait au bout du tapis rouge aura offert à des millions de Français le plaisir de se revancher de l'humiliation que fut la présidence Hollande, combinaison inédite jusque-là de bassesse et de médiocrité. Quel beau congédiement !

    Mais n'est-ce pas simplement, de la part d'un homme de culture, une opération de communication bien maîtrisée ?

    Toute la question est de savoir si, avec la présidence Macron, on sera en présence, pour le dire avec les mots de son maître Paul Ricœur, d'une « identité narrative » ou d'une « identité substantielle ». Reconstituer le corps politique du chef de l'État, lui redonner la faculté d'incarner la communauté exige que s'opère à travers sa personne la symbiose entre la nation et la fonction. Emmanuel Macron récuse le postmodernisme et veut réhabiliter les « grands récits ». Fort bien. Mais de quels « grands récits » parle-t-il ? Le roman national ou les success-stories à l'américaine ? Jeanne d'Arc ou Steve Jobs ? Honoré d'Estienne d'Orves ou Bill Gates ? Les vertus communautaires et sacrificielles ou le démiurgisme technologique de la Silicon Valley ?

    C'est là où l'artifice dialectique du « en même temps » cher à Macron touche ses limites. Il y a des « valeurs » qui sont inconciliables tant elles renvoient à des visions diamétralement opposées de l'homme et du monde. Les peuples qui ont l'initiative du mouvement historique sont portés par des mythes puissants et le sentiment d'une destinée commune fondée sur un système de croyances et un patrimoine collectif. Pour recréer le lien communautaire à travers sa personne, le président Macron doit répudier le candidat Macron : mobiliser l'histoire non comme une culpabilité ou une nostalgie mais comme une ressource productrice de sens.

    Outre la verticalité, Macron assume également une certaine autorité…

    Toute la question est de savoir de quelle autorité il s'agit. Depuis Mai 68, les classes dirigeantes se sont employées à délégitimer la représentation transcendante des anciennes figures de l'autorité comme autant de formes surannées du contrôle social. Mais, si elles ont récusé l'autorité comme principe, elles n'y ont pas pour autant renoncé en tant que fonctionnalité. Autrement dit, comme technologie du pouvoir indispensable à l'induction du consentement, de l'obéissance, voire de la soumission chez les gouvernés. A l'ère de la communication, ainsi que l'avait pressenti Gramsci, la relation de domination ne repose plus sur la propriété des moyens de production. Elle dépend de l'aliénation culturelle que le pouvoir est en mesure d'imposer via la représentation des événements produite par le système politico-médiatique dont le rôle est de fabriquer de la pensée conforme et des comportements appropriés. On en a encore eu une éclatante démonstration avec la campagne présidentielle qui vient de s'achever.

    Si Macron est le produit de ce système-là, est-il pour autant condamné à en rester indéfiniment captif ?

    L'intention qui est la sienne de réintroduire de l'autorité dans le processus de décision politique est louable. Ce qui légitime l'autorité c'est, disait saint Thomas d'Aquin, le service rendu au bien commun. Mais pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Pourquoi ne pas chercher à restaurer l'autorité-principe là où sa disparition a été la plus dommageable ? A l'école, par exemple, où notre appareil éducatif s'est acharné à disqualifier la transmission et à la dénoncer dans le sillage de Bourdieu comme volonté de répétition et de reproduction du même. La transmission est par excellence l'acte vertical intergénérationnel qui consiste à choisir ce qui mérite d'être transporté à travers le temps quand la communication obéit à une logique horizontale et démocratique de diffusion non critique et non sélective dans l'espace. De ce point de vue, le profil du nouveau ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, est sans doute le seul vrai signe encourageant.

    Régis Debray dit que Macron est un « Gallo-ricain », le produit d'un écosystème mental américanisé où l'instance économique commande à toutes les autres. N'est ce pas excessif ?

    Je crains qu'il n'ait raison. Emmanuel Macron apparaît comme la figure emblématique de cette nouvelle classe dominante qui aspire à substituer à tous ceux qui proposent un salut hors de l'économie - religion ou politique - la seule vérité de l'économie. Tout ce qui n'est pas de l'ordre de l'avoir, toutes les visions non utilitaristes de la vie en société relèvent pour elle de l'angle mort. Le parti de l'économisme, c'est celui de l'interchangeabilité qui cherche à réduire en l'homme tous les particularismes et toutes les appartenances (nation, famille, religion) susceptibles de faire obstacle à son exploitation en tant que producteur ou comme consommateur. C'est le parti des « citoyens du monde », des « forces du flux d'information, de l'échange et de l'immigration » célébrés par Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook lors de son discours aux diplômés d'Harvard le 25 mai dernier.

    Le cycle dominé par l'économie, que l'on croyait sur le point de s'achever, a connu un spectaculaire regain à l'occasion de la campagne présidentielle. Le retour des nations, de l'histoire et de l'organisation de sociétés autour des thèmes de l'identité et de la souveraineté n'aura-t-il été qu'une fugitive illusion ?

    Je n'en crois rien. Un système où l'économie commande l'organisation de la société est incapable de produire du sens. Sous couvert d'émancipation des individus, l'économisme a surtout œuvré à leur soumission croissante au règne de la marchandise et de l'ego consacrant, selon la formule d'Emmanuel Mounier, la « dissolution de la personne dans la matière ». La crise morale que nous traversons montre que l'homme réduit à l'économie ne souffre pas simplement d'un mal-être mais d'un manque à être. Elle est le fruit amer d'une malsociété, excroissance maligne de l'incomplétude d'une société exclusivement consumériste et marchande. « On ne tombe pas amoureux d'une courbe de croissance », proclamait l'un des rares slogans pertinents de 68. N'en déplaise aux médiagogues, il y a de moins en moins de monde pour croire que l'identité d'un pays se ramène à son PIB et que la croissance peut opérer le réenchantement du monde.

    L'élection présidentielle que nous venons de vivre a-t-elle été un coup pour rien ?

    Au contraire, elle aura été l'occasion d'une magistrale, et peut-être décisive, leçon de choses. La droite républicaine et le Front national ont fait la démonstration chacun à leur tour - François Fillon au premier et Marine Le Pen au second - qu'ils étaient l'un et l'autre, sur la base de leurs seules forces électorales, dans l'incapacité de reconquérir ou de conquérir le pouvoir. L'élimination de Fillon dès le premier tour fut tout sauf un accident, indépendamment des affaires dont on l'a accablé. Elle s'inscrit dans un lent et inexorable processus de déclin qui a vu la droite de gouvernement passer de 49 % au premier tour de la présidentielle de 1981 à 27 % en 2012 et à 20 % le 23 avril dernier. Faute d'avoir su opérer, comme ce fut le cas en 2007, une nécessaire clarification idéologique, la droite ne peut plus se prévaloir du bénéfice automatique de l'alternance. Elle a perdu l'élection imperdable. On ne voit pas pourquoi ni comment elle pourrait ne pas perdre les élections qui viennent. Faute d'avoir su construire une offre politique crédible, le FN est, lui aussi, dans l'impasse. Il reste ce qu'il a toujours été : un épouvantail, le meilleur allié du système qu'il prétend combattre, son assurance-vie. C'est à partir de ce double constat partagé qu'une refondation est possible.

    Qu'attendez-vous de la décomposition-recomposition qui s'amorce ?

    Je crois, comme Marcel Gauchet, qu'un grand mouvement conservateur est naturellement désigné pour être, selon sa formule, « l'alternative au moment libéral économiste » que nous vivons. Emmanuel Macron a choisi de se faire le champion du camp des progressistes au moment où la promesse fondatrice du progrès-croyance - à savoir l'assurance absolue d'une amélioration inéluctable, générale et universelle - a échoué sur la question du bonheur. L'indicateur de cet échec, on le trouve dans l'explosion de la production, du trafic et de la consommation de drogue comme dans la croissance exponentielle de la consommation de psychotropes qui représente en France, selon une récente étude de la Cnam, 13% des soins remboursés par l'Assurance-maladie. Ces chiffres expriment le décalage entre le bonheur promis et le bonheur réel dans notre société. Le seul vrai progrès est aujourd'hui de pouvoir douter du progrès. Le conservatisme est l'outil intellectuel qui permet d'échapper à ce processus de décivilisation. Je n'en connais pas de meilleure définition que celle qu'en a donné Ernst-Erich Noth : « Nous avons à concilier la tâche temporaire de la politique qui passe et la mission éternelle de l'intelligence ; mais cela n'est possible que par une subordination de la matière à l'esprit, de l'actualité à la continuité.»

    La situation présente aurait donc, selon vous, le mérite de dissiper un long malentendu historique…

    En effet. S'il était encore possible au milieu du siècle dernier d'accoler les deux vocables de libéral et de conservateur, leur accouplement relève aujourd'hui de l'oxymore, tant la fracturation intervenue depuis est d'ordre à la fois métaphysique et anthropologique. La Manif pour tous a fait apparaître, en 2013, une césure radicale entre une droite conservatrice - ce que j'ai appelé un populisme chrétien -, qui proclamait le primat du sacré sur le marché, et une droite libérale-progressiste, acquise au principe d'illimitation et à l'abaissement du politique au niveau de la gouvernance économique. Cette droite-là est en marche vers Emmanuel Macron, qui est en train de réussir à la fois la reconstitution de l'unité philosophique du libéralisme en illustrant à la perfection la complémentarité dialectique du libéralisme économique et du libéralisme culturel, mais aussi la réunification des libéraux des deux rives, comme le fit au XIXe siècle l'orléanisme, déjà soucieux de constituer un bloc central en coupant, selon la recette réactualisée par Alain Juppé, « les deux bouts de l'omelette ».

    Soyons reconnaissants à Macron de son concours bénévole, même s'il n'est pas franchement désintéressé. De grâce, que personne ne retienne les Républicains « constructifs » qui se bousculent déjà pour le rejoindre. Rien ne sera possible sans cette rupture fondatrice. Il y a des décantations qui sont des clarifications. Il est des divorces qui sont des délivrances pour ceux qui restent.  

    « Emmanuel Macron a parfaitement analysé le vide émotionnel et imaginaire que la disparition de la figure du roi a creusé dans l'inconscient politique des Français » 

    XVMc31aafe6-3ca7-11e7-b5b5-21a5cdc791d1-200x312.jpg

    La Cause du peuple de Patrick Buisson, Perrin, 21,90€. 

    Alexandre Devecchio

  • Discriminez qui vous voudrez, par Aristide Renou.

    Il faut saluer le principe de discrimination que promeuvent les indigénistes tout en condamnant leur racisme : l'État doit être forcé de considérer que les discriminations sont une composante essentielle de la vie sociale. Ou alors, nous permettons à l'État de détruire toute vie privée.

    Les récentes polémiques au sujet des réunions interdites aux Blancs organisées par l’UNEF nous ont entraînés, je le crains, dans une direction totalement inappropriée. Il était certes amusant – et facile – de mettre des gens comme Mélanie Luce ou Audrey Pulvar face à leurs contradictions en les accusant de pratiquer le racisme qu’elles prétendent pourtant combattre de toutes leurs forces.

    Bien sûr que des gens comme Mélanie Luce ou Audrey Pulvar, ou des organisations comme les Indigènes de la République, sont racistes, au sens strict du terme. Ces gens-là considèrent, implicitement ou explicitement, que la race est la réalité fondamentale de la vie humaine, conditionnant et expliquant toutes les autres, et que par ailleurs il existe une hiérarchie objective entre les différentes races, avec tout en bas les (hommes) Blancs, « responsables de tous les maux de la terre », comme dirait l’ineffable Camélia Jordana.

    Certes, à la différence des fondateurs du racisme moderne, comme Gobineau, ces gens-là ne se sont pas donnés la peine de réfléchir longuement ni d’écrire de savants volumes pour essayer de prouver la vérité de leur doctrine, et leurs positions sont extrêmement dogmatiques et pauvres intellectuellement, ce pourquoi il est facile de les convaincre de contradiction. Certes, il existe bien des questions irrésolues au sein de leur dogme : par exemple la place respective, dans la hiérarchie raciale, des Noirs et des « orientaux », et il sera certainement intéressant de voir comment ils résoudront ce problème une fois éteinte la domination du « Blanc » (un indice : si l’histoire peut servir à éclairer le futur, ça ne va pas bien se passer du tout).

    Mais enfin, ils sont racistes, cela ne fait pas de doute. Certes également, le racisme, au sens strict donné plus haut, en tant que matérialisme, est une erreur intellectuelle, en tant que fatalisme, est une erreur politique et une faute morale.

    Certes toujours, les démocraties modernes reposent sur l’idée que « tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits » ou qu’ils ont été « créés égaux ». Par conséquent, le racisme est incompatible avec la démocratie, en ce sens que les lois ne sauraient, bien évidemment, reposer sur des prémisses racistes, et, plus largement, la loi doit être la même pour tous, et ne tenir aucun compte de la « race » réelle ou supposée des individus.

    Les discriminations ou les libertés ?

    Mais, si un régime démocratique ne saurait être raciste, il ne saurait pas davantage se donner pour objectif d’éradiquer les « discriminations » au sein de la société, y compris les « discriminations » basées sur des conceptions plus ou moins racistes, car cela reviendrait à s’auto-détruire. À la question : « Est-il possible de mettre fin aux “discriminations” dont sont victimes les Juifs ? », Léo Strauss répondait très simplement : non, cela n’est possible d’aucune manière. Et sa réponse vaut bien sûr pour tous les groupes humains, quelles que soient les caractéristiques qui les constituent ainsi en tant que groupe.

    « Une société libérale », explique Strauss, « repose sur la distinction entre le politique (ou l’État) et la société, ou sur la distinction entre le public et le privé. Dans la société libérale, il existe nécessairement une sphère privée dans laquelle la législation de l’État ne doit pas interférer. […] L’interdiction de toute « discrimination » signifierait l’abolition de la sphère privée, la négation de la différence entre l’État et la société, en un mot, la destruction de la société libérale ; ce n’est donc pas un objectif ou une politique raisonnable. »

    Cette solution n’est pas raisonnable, notamment, car aussi bien la raison que l’expérience nous apprennent que, dans les régimes où il n’existe pas de sphère privée, la « discrimination » est beaucoup plus présente et est même, en règle générale, une politique d’État. La situation des Juifs, par exemple, était infiniment pire en URSS que dans des démocraties libérales tolérant un certain antisémitisme privé, comme la France ou les États-Unis.

    Vouloir faire disparaître les « discriminations » (c’est-à-dire les différences de traitement fondées sur de mauvaises raisons) dans la sphère privée implique de faire entièrement disparaitre la liberté d’association, comme le souligne Léo Strauss, et ce dans le sens le plus extensif du terme « association ». Non seulement une confrérie ou un club privé ne peut pas être interdit aux Juifs, ou aux Noirs, ou à qui on voudra, mais un employeur ne peut pas être libre de recruter qui il veut sur les critères de son choix, un propriétaire ne peut pas être libre de louer son bien à qui il veut sur les critères de son choix, et ainsi de suite. Partout l’État devra pouvoir intervenir et scruter les motifs des choix privés pour s’assurer que les différences qui résultent de ces choix ne sont pas des « discriminations » interdites par la loi.

    La lutte contre les discriminations ainsi entendue ne peut qu’avoir pour résultat final l’extinction totale de la liberté individuelle. Autant vaudrait vouloir faire disparaitre l’oxygène de l’air au motif que celui-ci est susceptible d’alimenter les incendies.

    Or, en hurlant au racisme au sujet des réunions « non-mixtes » de l’UNEF et en prétendant les interdire, nous validons précisément l’idée que l’État serait fondé à essayer d’éradiquer toutes les discriminations. C’est-à-dire que nous donnons raison à nos adversaires et nous alimentons ce qui fait leur puissance : tous les quotas, officiels ou officieux, toutes les subventions, qui les nourrissent, toutes les interdictions qui grignotent peu à peu nos libertés, toutes les condamnations, aussi bien morales que judiciaires, qui leur permettent d’intimider leurs contradicteurs, tout cela, dont nous nous plaignons si fort et à juste titre, découle inévitablement de l’objectif officiel d’éradiquer le racisme de la sphère privée. Il aurait donc fallu réagir d’une manière tout à fait opposée à celle qui a été choisie.

    Bien sûr, flétrir l’UNEF, organisation objectivement ennemie de la nation française. Mais en même reconnaître son droit à organiser des réunions interdites aux Blancs, et même sans doute la remercier de nous rappeler que les libertés individuelles garanties en démocratie incluent inévitablement la liberté de « discriminer », c’est-à-dire de choisir, sans que les pouvoirs publics puissent regarder par-dessus notre épaule, avec qui nous nous associons : pour faire du commerce, pour nous divertir, pour apprendre, pour habiter, pour toutes les activités que nous souhaitons mener. Et, bien sûr, il aurait fallu demander également que toutes les conséquences en soient tirées : que la loi, notamment, cesse d’essayer d’imposer une prétendue « mixité sociale » – faux nez de la mixité raciale – que les premiers concernés essayent à toute force de fuir dès qu’ils le peuvent.

    La loi doit être la même pour tous, soit qu’elle protège soit qu’elle punisse. Et la loi n’a pas à interdire à ceux qui le souhaitent d’organiser des réunions monocolores, que cette couleur soit noire, blanche, jaune ou tout ce qu’on voudra ; pas plus que la loi n’est légitime à imposer à une association de scouts d’accueillir dans ses rangs des homosexuels déclarés ou à une organisation homosexuelle de faire une place en son sein à des gens qui considèrent que l’homosexualité est une abomination ; et ainsi de suite.

    Chasser les discriminations, c’est précipiter la racialisation

    Peut-être objectera-t-on à cela que, même s’il est certes conforme aux principes démocratiques de tolérer les discriminations dans la sphère privée, une société démocratique dans laquelle les discriminations, notamment raciales, prolifèrent, ne saurait subsister bien longtemps. Ce qui est vrai, mais il ne faut pas prendre l’effet pour la cause. Une société démocratique dans laquelle les distinctions raciales deviennent primordiales et où les associations fondées sur la race prolifèrent est une société dans laquelle les individus n’ont plus suffisamment en commun pour se considérer comme appartenant au même corps politique et se replient, par conséquent, sur des liens communautaires plus primitifs, moins abstraits, pré-politiques.

    Si le racisme gagne du terrain dans les cœurs et les esprits, ce n’est pas parce que la loi n’est pas assez sévère avec ceux qui « discriminent », c’est au contraire parce que nous avons assigné à la loi un rôle beaucoup trop large, un rôle qu’elle est incapable de remplir. Nous avons cru naïvement que la loi seule pouvait suffire à former une communauté politique, que l’adhésion à la « règle du jeu démocratique » pouvait remplacer le lien national. Nous avons méprisé les conditions pré-politiques de l’association politique : cette similitude d’opinions, de sentiments, d’habitudes, de mœurs, ces ancêtres et cette histoire commune qui nourrissent la confiance mutuelle indispensable à l’action commune et à un respect de la loi qui ne soit pas inspiré par la seule peur. En conséquence de quoi nous avons laissé l’hétérogénéité culturelle, ethnique, religieuse de la population « française » croître dans des proportions monstrueuses, jusqu’à paralyser peu à peu l’action commune et à menacer l’existence même de la France. Et désormais nous assistons, en quelque sorte, au retour du refoulé.

    C’est parce que nous avons considéré les « discriminations » nationales comme indignes de nous, comme attentatoires à l’unité de l’espèce humaine, que nous sommes aujourd’hui confrontés à une racialisation galopante de l’espace et de la conversation publique.

    2.jpg

    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Soljenitsyne, le Vendéen [3]

    Cosaques du Don, 1920 

    par Dominique Souchet

    2293089609.14.jpgComment commémorer plus dignement qu'il n'a été fait à ce jour le centenaire du grand Soljenitsyne ? Et comment évoquer en même temps  l'écrasement de la Vendée par la fureur révolutionnaire autrement que par les indignations faciles et les formules toutes faites cent fois répétées ? Le superbe récit des relations entre Alexandre Soljenitsyne et la Vendée de Dominique Souchet que le dernier numéro de la Nouvelle Revue Universelle vient de publier répond à ce souci de façon passionnante. On a là un récit précis mais aussi une réflexion à l'altitude qui convient pour évoquer en les reliant Alexandre Soljenitsyne, la révolution russe et le massacre de la Vendée. L'horreur révolutionnaire en soi-même d'un siècle l'autre. Du XVIIIe au XXe. Nous avons entrepris dimanche dernier la publication de ce récit qui s'étendra aux jours suivants. En remerciant Dominique Souchet et la N.R.U. de nous l'avoir donné.  LFAR 

     

    Le récit

    4273640-6459671.jpg

    LA VENDÉE... FAMILIÈRE DEPUIS L'ENFANCE

    En réalité, l'intérêt de Soljenitsyne pour la Vendée et son histoire est ancien. Très ancien même, puisqu'il remonte à son enfance.

    C'est sa mère qui, à Rostov-sur-le-Don, lui a donné le goût de la lecture dès l'âge de huit ans, comme il le révélera dans son discours des Lucs, « les récits évoquant le soulèvement de la Vendée, si courageux et désespéré » suscitant, dès cet âge, son « admiration ».

    Soljenitsyne est frappé très tôt par la ressemblance entre les soulèvements paysans vendéen et russe contre le « régénération » que l'idéologie révolutionnaire veut imposer. Dans une lettre de 1992, par exemple, il écrit : « Pour moi, la Vendée est un symbole important : c'est l'ana­logue exact de nos deux grandes révoltes paysannes contre les bolcheviks. »

    L'analogie s'étend au déni qui affecte les deux événements. À l'occultation du soulèvement vendéen en France correspond celle qui frappe les soulèvements de populations rurales entières dans la Russie des années 1920. En Russie aussi, il y eut une résistance populaire. Une résistance paysanne qui fut, elle aussi, ardente et finalement vaincue. Et Soljenitsyne enrage qu'elle soit pareillement méconnue et occultée en Occident.

    Il confie son exaspération au magazine Le Point qui l'a consacré « homme de l'année » en 1975 : « Vous ignorez et tout le monde ignore, ce qu'a été la résistance des peuples russe et ukrainien. J'écrirai cela. Parce que l'Occident n'a jamais su et ne sait toujours pas : des horizons entiers de paysans armés de fourches, avançant par milliers contre des mitrailleuses. Des entassements de morts, partout. En fait, nous avons été décimés. Le mystère n'est pas dans notre affaissement. Il est dans notre résistance. »

    sans-titre.pngC'est après son passage en Vendée, une fois rentré en Russie et après être allé sur place interroger les descendants des survivants, qu'il réalisera son projet. Il consacre un livre entier, Ego, publié en 1995 — ce sera sa première publication en Russie après son retour —, à l'insurrection paysanne de la région de Tambov en 1920-21, dont le Charette s'appelle Alexandre Antonov. (Photo ci-contre). Un récit particulièrement intense. À trois reprises y surgit l'interrogation : est-ce une nouvelle Vendée ? Et Soljenitsyne conclut : oui, c'est incontestablement une Vendée russe », la plus emblématique peut-être. À une exception près : l'attitude du clergé orthodoxe, dont il déplore la passivité générale, contrastant avec le courage général du clergé catholique qu'il relève en Vendée.

    Alexandre Soljenitsyne s'est explicitement et longuement référé dans son discours des Lucs au soulèvement de Tambov : « Nous pouvons en être fiers en notre âme et conscience, nous avons eu notre Vendée, et même plus d'une. Ce sont les grands soulèvements paysans, celui de Tambov, en 1920-21, de la Sibérie occidentale en 1921. » Il anticipe alors sur le récit qu'il fera dans Ego : « Un épisode bien connu : des foules de paysans en chaussures de tille (écorce de tilleul), armés de bâtons et de fourches, ont marché sur Tambov, au son des cloches des églises avoisinantes, pour être fauchées par les mitrailleuses.

    NicolasII-Cosaques.jpgLe soulèvement de Tambov s'est prolongé pendant onze mois, bien que les communistes, pour le réprimer, aient employé des chars d'assaut, des trains blindés, des avions, bien qu'ils aient pris en otages les familles des révoltés et qu'ils fussent à deux doigts d'employer des gaz toxiques. Nous avons connu aussi une résistance farouche chez les Cosaques du Don... (Photo ci-contre) étouffée dans des torrents de sang, un véritable génocide. » Nous retrouvons ici le parallèle entre le Don et la Vendée, magnifié par Marina Tsvetaieva.

    On voit bien que pour Soljenitsyne, ces soulèvements paysans et cosaques ne sont nullement anecdotiques et que pour lui, ils constituent au contraire une grande page de l'histoire russe et de l'histoire tout court. Il en va de même, à ses yeux, pour la Vendée. Sa venue, il la conçoit comme devant être pour le plus grand nombre possible de Français, un révélateur : « Aujourd'hui, je le pense — c'est ainsi qu'il conclue son grand discours des Lucs — les Français seront de plus en plus nombreux à mieux comprendre, à mieux estimer, à garder avec fierté dans leur mémoire, la résistance et le sacrifice de la Vendée. »

    33159085_510815492699099_5825379128429248512_n.jpgLa question du parallèle entre les deux Révolutions et les deux résistances qu'incarnent la Vendée française et les Vendées russes ne cesse de l'habiter. Il avait même rédigé, en 1984, une étude intitulée Les deux Révolutions dans laquelle il souligne les « ressemblances déter­minantes » entre les deux Terreurs, leur « ampleur et leur caractère inhumain » et entre les méthodes d'abomination utilisées pour réduire les deux résistances paysannes, la vendéenne et la russe. (Photo ci-contre : les noyades de Nantes). ) Un point qu'il reprendra et développera aux Lucs : « De nombreux procédés cruels de la Révolution française ont été docilement réappliqués sur le corps de la Russie par les communistes léniniens et par les socialistes internationalistes ; seuls leur degré d'organisation et leur caractère systé­matique ont largement dépassé ceux des Jacobins. » ■  

    A suivre, demain mercredi.

    Lire les articles précédents ... 

    Soljenitsyne, le Vendéen [1]

    Soljenitsyne, le Vendéen [2]

    IMG.jpg

    La nouvelle revue universelle, 1 rue de Courcelles, 75008 PARIS - 4 numéros par an.  S'abonner

  • Dans votre quotidien cette semaine...

    LAFAUTEAROUSSEAU sans inscription.jpg= Lundi dernier, une confusion due aux dates de vacances différentes selon les Académies nous a fait annoncer, par erreur, l'habituel Louis-Joseph Delanglade en "ouverture" de semaine; nous présentons ici nos excuses aux lecteurs pour cette erreur, bien involontaire, mais, demain, Louis-Joseph Delanglade sera bel et bien là, suivi de son inséparable Grain de sel de Scipion...

    Puis on parlera, naturellement, de la tragédie ukrainienne, qui est une tragédie pour tous les Européens et pour l'Europe, qui reste à construire comme entité totalement indépendante des USA, et intégrant, bien évidemment et la Russie et l'Ukraine, seule façon de faire contrepoids aux mastodontes que sont la Chine et les USA... On parlera aussi, une fois de plus, de la théorie du genre imposée à l'école, comme s'il n'y  avait rien de plus urgent à y faire, vu le niveau catastrophique des études dans notre pays...; de la panique qui s'empare du PS, qui voit "ses" nouveaux électeurs immigrés lui échapper en masse et se rend compte - mais un peu tard, comme dans la fable... - que le calcul de son Think tank Terra nova n'était peut-être pas si fin que cela...; et de bien d'autres choses encore...

    _______

    joueurs de carte.jpg= Mardi, on aura la sixième "Patte à Catoneo" : L'esprit de l'horizon. Très originale réflexion, et très inattendue, à partir d'un tableau hollandais du XVIIème :
     
    "Qui se souviendrait de Hendrick van der Burch sans son tableau Les Joueurs de cartes qui récite déjà la mondialisation. On est en 1660. Le chapeau est encastor du Canada, le motif des carreaux de sol est chinois, le pichet en faïence de Delft imite la porcelaine de Canton, le tapis est turc, la carte marine invite à rêver, le jeune serviteur d'importaton en livrée chamarrée regarde le jeu, un peu surpris. La fillette repose son chien sur un coussin en brocart de soie italienne à l'insu de sa mère qui bluffe. Les fenêtres nous séparent de l'ailleurs qui est partout présent dans la pièce. L'officier regarde cet ailleurs d'où provient la lumière blanche de Hollande, au ras de la mer...

    ___ 

     

    YVES MARIE LAULAN.jpg= Mercredi : Les Jeux de  Sotchi. Et après ? Yves-Marie Laulan nous parlera de la Russie, de l'action menée depuis plusieurs années maintenant par Vladimir Poutine, des premiers résultats qu'il a déjà obtenu, dans son action de relèvement de la grandeur russe, bien mise à mal à partir de l'effondrement du système marxiste-léniniste...

    Même s'il n'a pas encore atteint tous ses objectifs, il est clair que Poutine, d'une main ferme, a ré-introduit son pays dans "la cour des grands"...

    Yves-Marie Laulan, économiste et démographe, a été successivement au cabinet de Michel Debré, aux Finances puis aux Affaires étrangères, membre de la Commission des Comptes et des Budgets économiques de la Nation, président du Comité économique de l’OTAN, président du Club  international des Economistes de banques, chroniqueur à Newsweek mag, conférencier à l’Ecole supérieure de Guerre et professeur à Sc. Po, à l’ENA et à Paris II. Il a publié une quinzaine d’ouvrages sur l’économie et la  démographie, dont certains publiés à l’étranger, ainsi que de nombreux articles sur ces mêmes sujets. Il préside l’Institut de Géopolitique des Populations.

    ___

     


    le crise quelles crises.jpg= Jeudi : Du bon usage de la crise et des élections, par Pierre Chalvidan : 

    J’emprunte pour partie ce titre à un récent article de Gérard Leclerc (Politique Magazine Janvier 2014) dans lequel, avec sa perspicacité habituelle, il souligne la profondeur de la crise que nous traversons- il est un des rares à le faire – et en même temps, aussi, l’opportunité qu’elle représente si on veut bien la regarder en face, l’apprécier correctement et en tirer les conséquences qui s’imposent…

    "Voir, juger, agir", c’était, on s’en souvient, la bonne méthodologie de l’Action Catholique, qui n’a rien perdu, au fond, de sa pertinence... 

    Pierre CHALVIDAN est Docteur en Droit, diplômé de Sciences Politiques, licencié en Théologie. Après une carrière universitaire à Paris, il s’est retiré avec son épouse dans ses Cévennes natales tout en continuant à donner articles et conférences. Il animera le prochain Café politique de lafautearousseau à Marseille, le samedi 15 mars (18h30) : La Crise en 3D...

    ___
     

    hollande trierweiler gâteau.jpg= Enfin, vendredi, on lira l'analyse politique d'Hilaire de Crémiers, parue dans le n° 126 de Politique magazine : Hollande tel qu'en lui- même :

    Comment la France peut-elle être gouvernée par un tel homme ? Cette question politique qui commence à agiter les esprits, est la seule qui vaille la peine d’être posée.

     

     Il jette les femmes comme des mouchoirs. Après usage. Il n’aime que lui. Et comme il s’aime bien lui-même, tant qu’il n’est pas gêné, il paraît fort aimable, mais ce n’est qu’une apparence. Contrarié, il est sec comme un coup de trique : aucun cœur. En a-t-il jamais eu, lui qui depuis son adolescence n’a toujours pensé qu’à lui, à sa carrière, à son unique ambition, à ses seuls intérêts...

      ___

     

    = Et, bien sûr, on réagira "en temps réel" à l'actualité immédiate, et on parlera de tout ce dont on ne sait pas encore que l'actualité nous amènera à évoquer... Et toutes les notes précédentes seront accompagnées de notes plus courtes, plus ramassées, permettant de réagir et de donner notre sentiment face à tel propos, tel fait, tel article qui feront la "une" de la semaine à venir... 

    ___

     

    capture d'ecran blog.jpg= On aura aussi, comme d'habitude le samedi, notre note en deux parties :

    1. D'abord, une revue des Blogs, de Facebook, des magazines  et d'ailleurs;

    2. Et, ensuite, on donnera les liens que des lecteurs ont envoyés :

    N'hésitez pas à nous faire parvenir des liens sur des sujets qui vous ont paru importants...   

    ___

     

    GIGN.jpg=On aura, évidemment, les Ephémérides, car c'est "tout cela, tous ceux-là, aussi, la France" : de l'apparition de l'imprimerie, à Strasbourg, au G.I.G.N qui devient opérationnel... En passant par : l'épisode du Vase de Soissons; la mort en Terre sainte de Raymond IV de Toulouse; Jeanne d'Arc, qui rencontre le Dauphin à Chinon; le désastre de Pavie; la première édition des Essais de Montaigne; Louis XIV, qui prescrit l'édification de l'Hôtel des Invalides; la Lorraine, qui devient française; Stofflet, fusillé à Angers; Napoléon contre la France, avec son recès de 1803, prélude à l'unité allemande; la massacre des Lucs-sur-Boiulogne, véritable Oradour-sur-Glane 150 ans avant Oradour...; le début de la construction de l'Arc de triomphe, à Paris; Becquerel, qui découvre la radioactivité naturelle...

    Sans oublier les naissances de Montaigne, Charles Le Brun, Cugnot, Marin de Laprade, La Quintinie, Montcalm, Vaucanson, Renan, Renoir, Hansi ...; et les décès de Marc-Antoine Charpentier (écouter l'ouverture de son Te Deum

  • C'est aussi tout cela (tous ”ceux-là”...), la France : dans les Ephémérides cette semaine...

    Voici ce que vous trouverez cette semaine dans les Ephémérides (et, en permanence : Du passé faisons table rase.pdf )  :

     

    fleur de lys campagne NM.jpg

     Dimanche :  1626 : Aux origines du Jardin des Plantes : Jean Hérouard et Guy de la Brosse... 1794 : Début du Martyre des religieuses d'Orange. 1809 : Fin de la bataille de Wagram. 1866 : Naissance de Mangin. 1885 : Première vaccination contre la rage. 1886 : Naissance de Marc Bloch. 1953 : Sacha Guitry commence le tournage de "Si Versailles m'était conté...". 1963 : Création du Parc national de La Vanoise. 2005 : Mort de Claude Simon.

     Lundi : 1274 : Mort de Saint Bonaventure, au Second Concile de Lyon. 1807 : Entrevue de Tilsit. 1834 : Naissance de Jacquard. 1904 : Loi du 7 juillet, interdisant "l'enseignement de tout ordre et de toute nature à toutes les congrégations". 1944 : Assassinat de Georges Mandel. 1947 : Karol Wojtyla vient en France pour la première fois... 2008 : Vauban inscrit au Patrimoine mondial de l'Unesco.

    • Mardi : 1621 : Naissance de La Fontaine. 1695 : Mort de Christian Huygens. 1766 : Naissance de Dominique-Jean Larrey. 1815 : Retour définitif de Louis XVIII à Paris.

    • Mercredi : 1665 : Etablissement définitif des Français sur l'île Bourbon. 1827 : Offerte à Charles X par le Pacha d'Egypte, la girafe Zarafa arrive à Paris. 1944 : Libération de Caen.

    Jeudi : 138 : Antonin le Pieux, empereur. 1480 : Mort du "Bon roi René". 1547 : Le coup de Jarnac. 1559 : Mort d'Henri II. 1618 : Naissance d'Everard Jabach. 1871 : Naissance de Marcel Proust. 1899 : Parution du premier numéro du Bulletin de l'Action française. 1920 : Loi instituant le Fête nationale de Jeanne d'Arc. 1939 : Pie XII lève les sanctions romaines contre L'Action française.

     Vendredi : 911 : Traité de Saint-Clair-sur-Epte. 1302 : Bataille de Courtrai. 1791 : Les cendres de Voltaire au Panthéon. 1920 : Mort d'Eugénie de Montijo.

  • C'est aussi tout cela (tous ceux-là), ”la France” : dans les Ephémérides cette semaine...

    Voici ce que vous trouverez cette semaine dans les Ephémérides (et, en permanence : Du passé faisons table rase.pdf )  :

    LOGO 9 LFAR copie.jpg

     Dimanche : 1696 : Décès de La Bruyère. 1745 : Victoire de Fontenoy. 1896 : Mort d'Henri Cernuschi, et legs de ses collections à la Ville de Paris. 1946 : Loi de "Dévolution des Biens de Presse" : l'imprimerie ultra-moderne de "L'Action française" légalement volée par l'Humanité...

     Lundi : 1003 : Mort de Sylvestre II. 1588 : Journée des Barricades à Paris. 1842 : Naissance de Jules Massenet. 1845 : Naissance de Gabriel Fauré. 1925 : Mort du Général Mangin. 1930 : Première traversée sans escale de l'Atlantique Sud par Jean Mermoz. 1972 : Création du Parc Régional naturel de Corse.

    • Mardi 1753 : Naissance de Lazare Carnot, organisateur du Génocide vendéen. 1908 : Inauguration du château du Haut-Kœnigsbourg restauré.

    • Mercredi : 841 : Incursions vikings. 1506 : Louis XII proclamé Père du peuple. 1610 : Assassinat d'Henri IV. 1643 : Mort de Louis XIII. 1952 : Champs de Bataille classé Monument historique.

    • Jeudi :  1685 : Le Doge de Gênes est à Versailles pour demander pardon à Louis XIV... 1703 : Décès de Charles Perrault. 1768 : La Corse devient française. 1842 : Mort de Las Cases, rédacteur du Mémorial de Sainte-Hélène. 1859 : Naissance de Pierre Curie. 1954 : Mort de Maxime Real del Sarte.

     Vendredi : 1770 : Le Renversement des Alliances en action: mariage du duc de Berry (futur Louis XVI) et de Marie-Antoinette d'Autriche.

     Samedi : 1642 : Fondation de Montréal. 1838 : Mort de Talleyrand. 1903 : Frédéric Mistral fonde la Fèsto vierginenco. 1953 : En activité de fait depuis 1931, la Patrouille de France reçoit son nom.
    LOGO 9 LFAR copie.jpg

  • Paris : ”présents”, pour rappeler ceux du 6 février 34....

            Comme le dit si bien La Varende, "...le souvenir porte en soi une vitalité supérieure, et nous ramène à cette notion suprême : la chaîne, dont nous ne sommes qu’un maillon".

    Reçu du CRAF (Centre Royaliste d'Action Française) ce compte-rendu de l'hommage aux victimes du 6 février 34....

            "...Nous nous sommes retrouvés par grand froid  ce lundi 6 février sur le pont de la concorde à une quarantaine environ.
            L'ensemble des cadres parisiens étaient là ainsi que des militants étudiants. Le prince Sixte de Bourbon Parme (ci-dessous, avec Perceval), sans qu'on l'ait sollicité s'est joint à nous, ayant appris que nous organisions cette petite cérémonie.
     

    6_fevrier3.jpg

     6_fevrier5.jpg      


            Nous avions 17 fleurs de lys, pour rappeler les 17 victimes de la répression policière  qui s'est violemment abattue sur les patriotes en colère  contre le système de corruption républicaine.
            Marc Savina , notre historien , rappela les circonstances des événements du 6 février 34 avec le talent qu'on lui connait.
            Le prince Sixte prononça aussi quelques mots.
            Puis encadré par des drapeaux Français, le responsable des étudiants d'Action Française, Antoine Desonay, procéda à l'appel des patriotes assassinés , à chaque nom l'ensemble des militants sur place crièrent" présent" et une fleur de lys était jetée dans la Seine. Cérémonie émouvante, conclue par la Royale."

    6_fevrier1.jpg

    6 fevrier

  • « Tandis que la perspective de changements substantiels et positifs s’amenuise » ...

     

    Communiqué de presse 

    Élection présidentielle : la défaite du peuple ?

     

    Le samedi 4 mars, l’Action française Provence organise à Marseille un colloque intitulé « Élection présidentielle : la défaite du peuple ? ».  Bien que nous soyons monarchistes, et ne manquons jamais une occasion de rappeler la nécessité d’une alternative aux institutions de la Cinquième République, et donc à l’élection du chef de l’État, nous ne nous désintéressons pas pour autant de la vie politique de notre pays. Pour nous qui avons le souci du bien commun, il n’est en effet pas permis d’adopter la posture trop confortable du spectateur perpétuellement insatisfait. Si nous ne prenons pas part au processus électoral, nous agirons en observateurs avertis. 

    En dépit de la défiance croissante à l’égard des partis et du rejet sans équivoque de la classe politique, l’élection présidentielle continue de susciter l’intérêt des Français, qui se déplacent encore massivement à l’occasion de ce scrutin, quand l’abstention est devenue un phénomène récurrent et que les primaires ne rassemblent que les inclus et les bénéficiaires de la mondialisation. 

    Tandis que la perspective de changements substantiels et positifs s’amenuise de jour en jour, c’est tout le paradoxe de cette élection que d’exciter encore les espoirs de nombre de nos compatriotes. Ces derniers mois ont sans doute réservé certaines surprises (Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, Manuel Valls et François Hollande ne nous contrediront pas), faisant mentir instituts de sondage et couvertures de magazine : il y a cependant tout lieu de penser que notre pays se dirige vers une élection pour rien, et que les Français seront nécessairement déçus, quel que soit le résultat. Les raisons en sont nombreuses : c’est tout l’objet de notre colloque que de les mettre en lumière. 

     

    Le service presse de l’Action française Provence

    Marseille, le 2 mars 2017 

    Contact : provence.presse@actionfrancaise.net  

  • Au Cercle de Flore, Philippe de Villiers appelle à la résistance

     

    A Paris, mardi 1er décembre, Philippe de Villiers était au Cercle de Flore pour présenter son dernier ouvrage - dont on sait qu'il connaît un grand succès -  « Le moment est venu de dire de que j’ai vu ».  

    Il y était déjà venu à plusieurs reprises, parler de ses livres précédents, sa trilogie, Charette, Jeanne d'Arc et Saint-Louis, trois héros français révélateurs de la filiation et des modèles que Philippe de Villiers propose à ses lecteurs, et, au delà d'eux, aux Français. Comme, d'ailleurs, il le fait au Puy du Fou, ce qu'il aura peut-être réalisé de mieux et de plus pérenne.

    Au Cercle de Flore, il ne manque jamais de marquer, d'une manière ou d'une autre, sa proximité avec le mouvement, l'école de pensée, les maîtres dont l'œuvre s'y trouve poursuivie.

    Nous ne jugeons pas, ici, de ce qu'a été sa carrière politique, sur laquelle lui-même porte un regard critique; nous ne présumons en rien de ce que pourrait être - ou ne pas être - à plus ou moins court terme, son engagement politique. Il s'affirme aujourd'hui comme un « dissident », hors du Système.

    Nous examinons les idées qu'il exprime, ses paroles et ses écrits. Et nous considérons qu'en tant que tels, ils peuvent être d'une évidente utilité pour un redressement national. C'est ce qui nous importe et c'est dans cet esprit que nous reprenons ici cette conférence dont l'enregistrement en vidéo est dû au Centre Royaliste d'Action Française qui doit en être remercié. Philippe de Villiers y invite à la résistance...    LFAR 

     

     Action Française