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Discriminez qui vous voudrez, par Aristide Renou.

Il faut saluer le principe de discrimination que promeuvent les indigénistes tout en condamnant leur racisme : l'État doit être forcé de considérer que les discriminations sont une composante essentielle de la vie sociale. Ou alors, nous permettons à l'État de détruire toute vie privée.

Les récentes polémiques au sujet des réunions interdites aux Blancs organisées par l’UNEF nous ont entraînés, je le crains, dans une direction totalement inappropriée. Il était certes amusant – et facile – de mettre des gens comme Mélanie Luce ou Audrey Pulvar face à leurs contradictions en les accusant de pratiquer le racisme qu’elles prétendent pourtant combattre de toutes leurs forces.

Bien sûr que des gens comme Mélanie Luce ou Audrey Pulvar, ou des organisations comme les Indigènes de la République, sont racistes, au sens strict du terme. Ces gens-là considèrent, implicitement ou explicitement, que la race est la réalité fondamentale de la vie humaine, conditionnant et expliquant toutes les autres, et que par ailleurs il existe une hiérarchie objective entre les différentes races, avec tout en bas les (hommes) Blancs, « responsables de tous les maux de la terre », comme dirait l’ineffable Camélia Jordana.

Certes, à la différence des fondateurs du racisme moderne, comme Gobineau, ces gens-là ne se sont pas donnés la peine de réfléchir longuement ni d’écrire de savants volumes pour essayer de prouver la vérité de leur doctrine, et leurs positions sont extrêmement dogmatiques et pauvres intellectuellement, ce pourquoi il est facile de les convaincre de contradiction. Certes, il existe bien des questions irrésolues au sein de leur dogme : par exemple la place respective, dans la hiérarchie raciale, des Noirs et des « orientaux », et il sera certainement intéressant de voir comment ils résoudront ce problème une fois éteinte la domination du « Blanc » (un indice : si l’histoire peut servir à éclairer le futur, ça ne va pas bien se passer du tout).

Mais enfin, ils sont racistes, cela ne fait pas de doute. Certes également, le racisme, au sens strict donné plus haut, en tant que matérialisme, est une erreur intellectuelle, en tant que fatalisme, est une erreur politique et une faute morale.

Certes toujours, les démocraties modernes reposent sur l’idée que « tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits » ou qu’ils ont été « créés égaux ». Par conséquent, le racisme est incompatible avec la démocratie, en ce sens que les lois ne sauraient, bien évidemment, reposer sur des prémisses racistes, et, plus largement, la loi doit être la même pour tous, et ne tenir aucun compte de la « race » réelle ou supposée des individus.

Les discriminations ou les libertés ?

Mais, si un régime démocratique ne saurait être raciste, il ne saurait pas davantage se donner pour objectif d’éradiquer les « discriminations » au sein de la société, y compris les « discriminations » basées sur des conceptions plus ou moins racistes, car cela reviendrait à s’auto-détruire. À la question : « Est-il possible de mettre fin aux “discriminations” dont sont victimes les Juifs ? », Léo Strauss répondait très simplement : non, cela n’est possible d’aucune manière. Et sa réponse vaut bien sûr pour tous les groupes humains, quelles que soient les caractéristiques qui les constituent ainsi en tant que groupe.

« Une société libérale », explique Strauss, « repose sur la distinction entre le politique (ou l’État) et la société, ou sur la distinction entre le public et le privé. Dans la société libérale, il existe nécessairement une sphère privée dans laquelle la législation de l’État ne doit pas interférer. […] L’interdiction de toute « discrimination » signifierait l’abolition de la sphère privée, la négation de la différence entre l’État et la société, en un mot, la destruction de la société libérale ; ce n’est donc pas un objectif ou une politique raisonnable. »

Cette solution n’est pas raisonnable, notamment, car aussi bien la raison que l’expérience nous apprennent que, dans les régimes où il n’existe pas de sphère privée, la « discrimination » est beaucoup plus présente et est même, en règle générale, une politique d’État. La situation des Juifs, par exemple, était infiniment pire en URSS que dans des démocraties libérales tolérant un certain antisémitisme privé, comme la France ou les États-Unis.

Vouloir faire disparaître les « discriminations » (c’est-à-dire les différences de traitement fondées sur de mauvaises raisons) dans la sphère privée implique de faire entièrement disparaitre la liberté d’association, comme le souligne Léo Strauss, et ce dans le sens le plus extensif du terme « association ». Non seulement une confrérie ou un club privé ne peut pas être interdit aux Juifs, ou aux Noirs, ou à qui on voudra, mais un employeur ne peut pas être libre de recruter qui il veut sur les critères de son choix, un propriétaire ne peut pas être libre de louer son bien à qui il veut sur les critères de son choix, et ainsi de suite. Partout l’État devra pouvoir intervenir et scruter les motifs des choix privés pour s’assurer que les différences qui résultent de ces choix ne sont pas des « discriminations » interdites par la loi.

La lutte contre les discriminations ainsi entendue ne peut qu’avoir pour résultat final l’extinction totale de la liberté individuelle. Autant vaudrait vouloir faire disparaitre l’oxygène de l’air au motif que celui-ci est susceptible d’alimenter les incendies.

Or, en hurlant au racisme au sujet des réunions « non-mixtes » de l’UNEF et en prétendant les interdire, nous validons précisément l’idée que l’État serait fondé à essayer d’éradiquer toutes les discriminations. C’est-à-dire que nous donnons raison à nos adversaires et nous alimentons ce qui fait leur puissance : tous les quotas, officiels ou officieux, toutes les subventions, qui les nourrissent, toutes les interdictions qui grignotent peu à peu nos libertés, toutes les condamnations, aussi bien morales que judiciaires, qui leur permettent d’intimider leurs contradicteurs, tout cela, dont nous nous plaignons si fort et à juste titre, découle inévitablement de l’objectif officiel d’éradiquer le racisme de la sphère privée. Il aurait donc fallu réagir d’une manière tout à fait opposée à celle qui a été choisie.

Bien sûr, flétrir l’UNEF, organisation objectivement ennemie de la nation française. Mais en même reconnaître son droit à organiser des réunions interdites aux Blancs, et même sans doute la remercier de nous rappeler que les libertés individuelles garanties en démocratie incluent inévitablement la liberté de « discriminer », c’est-à-dire de choisir, sans que les pouvoirs publics puissent regarder par-dessus notre épaule, avec qui nous nous associons : pour faire du commerce, pour nous divertir, pour apprendre, pour habiter, pour toutes les activités que nous souhaitons mener. Et, bien sûr, il aurait fallu demander également que toutes les conséquences en soient tirées : que la loi, notamment, cesse d’essayer d’imposer une prétendue « mixité sociale » – faux nez de la mixité raciale – que les premiers concernés essayent à toute force de fuir dès qu’ils le peuvent.

La loi doit être la même pour tous, soit qu’elle protège soit qu’elle punisse. Et la loi n’a pas à interdire à ceux qui le souhaitent d’organiser des réunions monocolores, que cette couleur soit noire, blanche, jaune ou tout ce qu’on voudra ; pas plus que la loi n’est légitime à imposer à une association de scouts d’accueillir dans ses rangs des homosexuels déclarés ou à une organisation homosexuelle de faire une place en son sein à des gens qui considèrent que l’homosexualité est une abomination ; et ainsi de suite.

Chasser les discriminations, c’est précipiter la racialisation

Peut-être objectera-t-on à cela que, même s’il est certes conforme aux principes démocratiques de tolérer les discriminations dans la sphère privée, une société démocratique dans laquelle les discriminations, notamment raciales, prolifèrent, ne saurait subsister bien longtemps. Ce qui est vrai, mais il ne faut pas prendre l’effet pour la cause. Une société démocratique dans laquelle les distinctions raciales deviennent primordiales et où les associations fondées sur la race prolifèrent est une société dans laquelle les individus n’ont plus suffisamment en commun pour se considérer comme appartenant au même corps politique et se replient, par conséquent, sur des liens communautaires plus primitifs, moins abstraits, pré-politiques.

Si le racisme gagne du terrain dans les cœurs et les esprits, ce n’est pas parce que la loi n’est pas assez sévère avec ceux qui « discriminent », c’est au contraire parce que nous avons assigné à la loi un rôle beaucoup trop large, un rôle qu’elle est incapable de remplir. Nous avons cru naïvement que la loi seule pouvait suffire à former une communauté politique, que l’adhésion à la « règle du jeu démocratique » pouvait remplacer le lien national. Nous avons méprisé les conditions pré-politiques de l’association politique : cette similitude d’opinions, de sentiments, d’habitudes, de mœurs, ces ancêtres et cette histoire commune qui nourrissent la confiance mutuelle indispensable à l’action commune et à un respect de la loi qui ne soit pas inspiré par la seule peur. En conséquence de quoi nous avons laissé l’hétérogénéité culturelle, ethnique, religieuse de la population « française » croître dans des proportions monstrueuses, jusqu’à paralyser peu à peu l’action commune et à menacer l’existence même de la France. Et désormais nous assistons, en quelque sorte, au retour du refoulé.

C’est parce que nous avons considéré les « discriminations » nationales comme indignes de nous, comme attentatoires à l’unité de l’espèce humaine, que nous sommes aujourd’hui confrontés à une racialisation galopante de l’espace et de la conversation publique.

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Source : https://www.politiquemagazine.fr/

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