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  • Hommage aux quatre soldats tués en Afghanistan : l'homélie de Mgr Ravel, Evêque aux Armées...

     ravel,afghanistan

    http://www.dioceseauxarmees.catholique.fr/texte-de-mgr-ravel-archives/849-hommage-national-aux-invalides-pour-thierry-serrat-stephane-prudhom-pierre-olivier-lumineau-yoann-marcillan.html

    Monseigneur Luc Ravel, évêque aux armées françaises

    Introduction à la célébration

            Monsieur le président, mesdames et messieurs les ministres, autorités civiles, militaires et religieuses, familles de nos morts pourla Franceet vous tous ici, votre présence dans cette église des soldats élève très haut cet hommage national pour nos quatre morts. Soyez-en profondément remerciés.

            Sous ces voûtes, plus de cent fois déjà a retenti la sonnerie aux morts. Cent fois déjà le silence a conquis les corps et mille fois la prière a rempli les cœurs. Ici, chacun selon ses convictions mais tous d’un seul mouvement, nous nous recueillons et nous prions avec les familles, pour nos morts et pour les deux interprètes afghans qui les accompagnaient.

    Homélie

     ravel,afghanistan

    L’adjudant-chef Thierry Serrat, le maréchal des logis-chef Stéphane Prudhom, le maréchal des logis Pierre-Olivier Lumineau et le brigadier Yoann Marcillan...

     

           Au moment où une peine très vive se mélange à une admiration profonde pour ces hommes qui ont donné leur vie pour notre patrie, je voudrais m’adresser à celles qui restent. Mères, sœurs, compagnes, filles, amies de nos militaires.

            Il y a quelques mois, un aumônier m’envoyait des lettres de son grand père, écrites entre le 6 août 1914 et le 8 octobre 1914, jour où il meurt pour la France, laissant sa femme et une toute petite fille. J’y trouve ces mots où s’entend déjà le grondement des canons : « Je ferai tout ce qu’il faut pour être fort… Il faut être énergique et surmonter ses peines, comme tu le feras toi aussi, douce chérie, car ton devoir est aussi noble à remplir que le mien. » (Patriote et de bon cœur. Dominique Rézeau, lettre du 6 août 1914) Deux jours plus tard, il complète : « si je ne te reviens pas demain, je partirai faire mon devoir avec toi sur mon cœur, ne te quittant pas un instant dans ma mémoire. » (8 août 1914).

            Par ces mots, femmes de France, tout est dit de ce que pensent vos militaires chéris. S’ils appartiennent à la nation par leur état, s’ils savent s’arracher à votre tendresse pour une aventure incertaine, si leur attention se concentre sur les ordres, leur amour les porte vers vous. Si leur vie est àla France, leur cœur est à vous.

            Et personne n’oublie que certaines d’entre vous affrontent les mêmes risques.

            S’ils servent leur pays, c’est parce que vous êtes là et qu’ils vous aiment. Et c’est parce qu’ils vous aiment quela Franceest belle. Malheur à ceux dont les yeux aveugles ne savent plus lire les cœurs. Nous savons, nous, qu’il n’y a pas un centimètre de ces guerres monstrueuses qui ne soit habité par la tendresse des hommes. 

            L’armée ne vous les prend pas. Pas plus le hasard ou la folie délirante de ceux qui détournent le nom de Dieu. Ils donnent leur vie. Ils osent prendre un rude chemin, celui de l’action. Ils ne veulent pas assister impuissants à la débâcle de l’humanité. Le maréchal Lyautey écrivait : « il y a deux catégories d’êtres, ceux qui absorbent, les parasites, ceux qui rayonnent, l’élite. » (Lyautey, Maréchal de France, 1954, p. 24) Rayonner comporte toujours un risque : ici, il est mortel. Avec l’amour, le goût du risque habite le cœur du soldat.

            Peut être alors, dans un cœur de mère ou de femme, se glisse-t-il maintenant ce soupçon que je sentis quelque fois chez ma propre mère : pourquoi ce goût du risque ? Ne serait-il pas irresponsable ?

            En 1943, à Londres où elle est venue défendre sa patrie, Simone Weil écrivait contre les partisans de la honte : « Le risque est un besoin essentiel de l'âme. L'absence de risque suscite une espèce d'ennui qui paralyse autrement que la peur, mais presque autant… » (Simone Weil, Enracinement, Gallimard 1949, p.49) Et un philosophe ami rajoutait : « L’être qui court le moins de risques est ici-bas l’être le plus voisin du néant : qui ne risque rien n’est rien… La destinée de chaque homme est commandée par la réponse intérieure qu’il fait à cette question : de l’amour ou de la mort, lequel est une illusion? » (Gustave Thibon).

            Le risque appartient au soldat : il faut le lui laisser. Quitte à lui pardonner. 

            Dans l’un de nos hymnes militaires, « loin de chez nous, en Afrique », un soldat frappé d’une balle s’adresse à son meilleur camarade en des murmures dévorés par la mort et l’amour :

            « Si tu retournes au pays, A la maison de ma mère, Parle-lui, dis-lui ces mots très doux.

            Dis-lui qu’un soir, en Afrique, Je suis parti pour toujours. Dis-lui qu’elle me pardonne Car nous nous retrouverons un jour. »

            « Dis-lui qu’elle me pardonne. » Pour ceux qui sont partis, pour ceux qui sont blessés, avec ceux qui sont auprès de vous, au nom de tous ces hommes qui partiront loin de vous, je vous demande de vous souvenir, de comprendre et de pardonner. Souvent il le faut. C’est en vous que commence le pardon qui permet au soldat de ne pas succomber à la haine.

            « Car nous nous retrouverons un jour. » Quelle espérance dans un cœur d’homme ! Les croyants le savent : la foi et de la prière, mêlées, font une espérance. N’est-elle pas en définitif cet élan souterrain et puissant qui jaillit quand la mort est proche ? Nous avons vu aussi cette femme,Marie, au pied de la croix : droite tandis que meurt son Fils. Quelle force  et quelle espérance en elle ! D’où leur vient cette énergie ?

            Je reviens à l’une des dernières lettres de ce héros de la grande guerre : « au pied d’une meule de blé, je t’écris pour m’entretenir avec toi, pour avoir la force de supporter cette lourde croix comme tu dis. Mais nous la porterons ensemble bien vaillamment tous les deux, car au bout du chemin un bonheur nous est réservé. J’ai eu une vision dans un rêve, la veille que j’aille au feu… Dans un nuage lointain, je vis une croix lumineuse avec deux anges souriants derrière et un peu plus haut que la croix. J’en ai eu la vue deux secondes et depuis je me sens très fort car la confiance ne m’abandonne pas un instant. » (8 septembre 1914)

            Je vous souhaite à toutes, cette pure vision d’espérance absolue.

  • Les Messes pour Louis XVI ne doivent pas être de pure commémoration - Premières annonces

          Les Messes pour Louis XVI, dites partout en France, et même à l'étranger, depuis son exécution, ne doivent pas être de pure commémoration. Elles doivent aussi, elles doivent surtout, pour aujourd'hui, nourrir le processus de dérévolution dont la France a besoin pour renouer avec son Histoire, se replacer dans le droit fil de sa trajectoire historique et, s'il se peut, reprendre, un jour, sa marche en avant.

          Pendant bien des années, en effet, tous les 21 janvier, les Messes pour Louis XVI étaient, essentiellement, commémoratives.

          Les dernières de cette longue série, que l’Action française était presque seule à maintenir, ne réunissaient plus, du moins en province, malgré une fidélité admirable des participants, que peu de monde; elles étaient plutôt tristes; souvent, le célébrant ne disait pas un mot du roi Louis XVI; ces Messes avaient un air de naufrage du grand souvenir qui les motivait.

          Les choses ont bien changé depuis déjà quelques années.

          Il nous semble qu'elles ont basculé, pour un certain nombre de raisons assez identifiables, autour des années 1987, 1989 et 1993 ...

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          1987, c'était le millénaire capétien où le comte de Paris eût l'heureuse initiative de titrer, avec solennité, ses petits-fils Jean et Eudes, ducs de Vendôme et d'Angoulême ; de désigner le prince Jean comme devant reprendre le flambeau de la Famille de France, de la tradition royale. Par là, il semble qu'il rouvrait à l'espérance monarchique un horizon nouveau ...

          1989, ce fut l'échec patent des commémorations de la Révolution.

          1993, deuxième centenaire de l'exécution de Louis XVI, ce fut, grâce à l'action de quelques uns (Jean Raspail, Marcel Jullian, Jean-Marc Varaut ...) l'occasion d'un procès en règle de la Révolution, de ses horreurs, de l’exécution du Roi et de la Reine, du martyre de Louis XVII, de la Terreur, du génocide vendéen ...  

          Quelques uns encore (Jean-Marc Varaut, Alain Besançon, Jean-François Mattéi) ont développé l’idée que cette révolution était la matrice des horreurs révolutionnaires et totalitaires qui ont marqué tout le XXème siècle. Ainsi, le rejet de la Révolution commençait à s’inscrire dans notre modernité. Et aboutissait, de facto, à la remettre en cause.

          Au cours des années qui ont suivi, la redécouverte progressive de notre histoire monarchique par un certain nombre d’intellectuels, mais aussi dans la presse, les médias, et, finalement, une frange non négligeable de l’opinion française, s’est faite, de plus en plus, de façon non plus négative, mais positive.

          De fait, notre hypothèse étant qu’un certain basculement de ce que Barrès nommait « les puissances du sentiment » s’est produit, en France, à partir de 1987 jusqu’à aujourd’hui, l’on ne peut plus parler ni de la Révolution ni de notre passé monarchique, après, comme on en parlait avant…  

          Ce n’est sûrement pas une coïncidence, si, simultanément, dans toute la France, les Messes du 21 janvier ont pris, de façon a priori surprenante, un nouveau visage. Les assistances sont devenues nombreuses, ferventes, priantes ; les prêtres sont devenus sensibles à l’exemplarité du Roi et de la Reine, au sort indigne infligé à Louis XVII, aux conséquences sociales, politiques et, même, religieuses de la Révolution. Ces Messes ont cessé d’être des Messes d’enterrement. Elles ont retrouvé un sens. La liturgie y est, souvent, redevenue très belle et la présence des Princes, à Paris, comme en Province, donne à ce qu’elles commémorent une incarnation qui pourrait être utile au temps présent.

          C’est ainsi que les Messes pour Louis XVI contribuent symboliquement et performativement à ce que nous appelons le processus de dérévolution. Processus dont la France a besoin pour rompre le cycle schizophrène qui, depuis deux siècles, l’a coupée d’elle-même.

          Nous avons la chance historique – pour la première fois depuis fort longtemps – que les Princes de la Maison de France, y soient, à titre éminent, partie prenante.  

          Si nous savons contribuer à activer et amplifier ce processus, tout simplement, nous serons utiles, non à notre propre plaisir, mais à notre Pays.

          Nous publierons ici la liste de toutes celles dont nous aurons connaissance....

     

    Samedi 22 janvier :

    -   Louailles : Messe en l’église de Louailles, à 11 heures .

        (Sarthe, 8,5 km de Sablé sur Sarthe sur la route La Flèche-Tours). Suivie à 12 h 30 d’un déjeuner-débat à la salle des fêtes de Vion (3,5 km de Louailles). Bruno de Chergé, neveu de Christian de Chergé, prieur de Tibhirine, prononcera une conférence-débat sur Les moines de Tibhirine, martyrs de l'espérance. Participation aux frais : 16 € par personne (ecclésiastiques, étudiants, chômeurs : 8 €). Renseignements et inscrip-tions : F.R.M, BP 5, Ballée. Tél/Fax : 02 43 98 43 44.

    -   Amiens : Rectificatif : la Messe initialement prévue à 17h aura lieu à 17h30, à la Chapelle 191,195 rue Léon Dupontreué. A l’issue de la messe aura lieu un diner amical à partir de 19 heures. 

    -   Dijon : Basilique Saint Bernard de Fontaines-lès-Dijon, à 11 heures.

    -   Nîmes : Eglise Sainte Pepétue, à 11h.

    -   Colmar : En l'église d'Ammerschwihr (8km de Colmar), à 16 heures. 

    -   Strasbourg : Cathédrale Notre-Dame, à 16h30.

    -   Thiberville (Eure) : à 17 heures.  

     

    Dimanche 23 janvier :

    - Belloy en France : Messe à 11h en l'église de Belloy

    - Nantes :  12 h 15 : dépôt de gerbe au pied de la statue de Louis XVI.

                      13 h : Déjeuner à La Taverne du Château,  1, place de la Duchesse Anne 44000 Nantes.

                      15 h : Conférence d’Augustin Debacker sur le Royalisme aujourd’hui

                      Il est demandé de communiquer votre participation à cette journée en appelant le 06 81 35 53 69 avant le 13 janvier.  Prix du repas à la Taverne du Château 22 euros.

    - Bayonne : Chapelle Saint François des Capucins, Avenue de la Légion Tchèque, à 10h30.

    - Nancy : Eglise Saint-Pierre, Avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny, à 9h25.

                     La Messe est suivie de la Fête des Rois de l'USRL et de La Lorraine royaliste, "Chez Maître Marcel", au coin des rues Raymond Poincaré et de l'Armée Patton; allocution de Jean-Marie Cuny, Paul Luporsi et Philippe Schneider - renseignements : 06 19 19 10 69.

    - Nice : Chapelle  de la Confrérie  de la Très Sainte Trinité. 1, rue du Saint Suaire, à 10 heures

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    Colonne et statue de Louis XVI, Nantes 

    Construite en 1790, haute de 28 mètres et surmontée d'une statue du souverain. Elle date de 1823 et est une œuvre du sculpteur Dominique Molknecht. La place LOUIS XVI est une des places les plus connues de Nantes et son ensemble architectural conçu au XVIIIe siècle est situé entre les cours Saint-Pierre et Saint André.

  • ”La” république, ou ”cette” république ? Peut-il y avoir (en France...) une ”bonne” République ? Débat avec D.C....(2/3)

               Voici maintenant nos commentaires. D.C. parle d'or quand il parle de res publica. Comment ne pas être d'accord avec lui ?

               Ce n'est en effet, et bien sûr pas, "la" République, en tant que technique ou forme de gouvernement qui nous gêne et que nous critiquons. C'est "cette"république, qui a une histoire, à laquelle elle ne peut ni ne veut -semble-t-il...- échapper, et qui est fondamentalement anti-chrétienne, anti-historique, dans la mesure où elle rejette nos racines et se construit sans elles, en dehors d'elles et contre elles ("du passé faisons table rase...").

               Elle qui fonctionne un peu -prenons une image- comme un diffuseur d'ambiance: elle diffuse un esprit, une mentalité, mais cet esprit et cette mentalité vont directement contre nos Racines historiques profondes; elles nient et combattent ces Racines historiques et chrétiennes....

                Crier "Vive la république !" si nous étions en Suisse ou en Allemagne, cela irait de soi, et nous n'aurions aucune répugnance à nous affirmer républicains, ce régime n'ayant absolument pas, dans ces deux pays voisins, la moindre trace des connotations idéologiques qu'il a chez nous.. Qui militerait pour l'instauration d'une monarchie en Suisse ?  Être "pour" un roi de Suisse, parce que nous sommes partisans de la Royauté en France, serait précisément aux antipodes de ce réalisme qui est le nôtre et que nous ne cessons d'opposer à l'idéologie révolutionnaire de 1789/1793, et à la république idéologique qui en est issue.

                 Il y a quelques temps, Antiquus postait un commentaire, que nous avions relevé, dans lequel il évoquait la démocratie idéologique. Sans avoir eu connaissance des propos de D.C., Antiquus nous aidait déjà, ainsi, à progresser dans la réflexion engagée par ailleurs, mais pas encore publique: ce n'est donc certes pas "la" république, ou "toute" république (pas plus que "la" démocratie, ou "toute" démocratie) que nous critiquons -et là-dessus nous ne pouvons que rejoindre D.C.- mais "cette" république idéologique qui est la nôtre (et cela vaut aussi pour "cette" démocratie idéologique qui est la nôtre...) qui en une seule année, l'année terrible 1793, a posé les bases des Totalitarismes et des Génocides modernes. Et sans avoir jamais effectué le moindre travail de mémoire ou de repentance, elle qui se repend de tout et à tout propos ! Elle ajoute ainsi le crime de mémoricide à son négationnisme et à son révisionnisme.

                 Cependant, les choses sont-elles écrites pour toujours ? En d'autres termes, pourrait-il y avoir un jour une bonne république en France ? Une telle question mérite d'être posée même si, vaguement iconoclaste, elle pourrait aller jusqu’à remettre en cause le projet royaliste ! Mais il est légitime de poser cette question deux siècles après la révolution : et si, finalement débarrassée du venin idéologique des origines, la république finissait par se transformer peu à peu en ce qu’elle est partout ailleurs dans le monde (sauf chez nous, encore la fameuse exception française !...) : une simple technique de gestion, une simple forme de gouvernement ?

                Après tout, la République, au sens de la Révolution, n’a pas plus qu’un autre régime les promesses de l’éternité. Comme les virus ou les épidémies, les idéologies peuvent, elles aussi, s’épuiser, finir leurs cycles, cesser pour un temps (ou pour quelques siècles) d’être virulentes. Les XIXème et XXème siècles révolutionnaires – où les peuples se sont épuisés à l’expérience désastreuse des idéologies – ne pourraient-ils pas avoir aussi épuisé les forces de l’Idéologie ? C’est à voir. La République, alors, pourrait-elle, en France, devenir viable ?  

                 Que faudrait-il, alors, pour que cette république (aujourd'hui encore et toujours république idéologique) devienne une "bonne" république ?

              Nous y voyons au moins quatre conditions:  

     

    1) Qu’elle cesse d’être une idéologie ou pire encore – ce qu’elle est en fait – une religion, pour devenir un moyen de gouvernement comme un autre.

     

    Plus de « piliers du temple »(propos de Jacques Chirac, parlant de la Loi de 1905...), plus de « temple » du tout, plus de prétention totalitaire à être un « absolu universel » - notion abstraite et révolutionnaire issue de 89.

     

    (Par parenthèse, la république française ne peut pas être sainement laïque précisément parce qu’elle est, elle-même, de fondation, une religion, laquelle est religion d’Etat)  

     

    2) Qu’elle cesse d’être anti historique.

     

           Qu’elle assume désormais l’intégralité de notre histoire nationale, alors que les principes de la république française reposent jusqu’à présent sur l'idée que la France héritée du tréfonds de l'Histoire, a été abolie par la déclaration de 1791. Elle doit assumer au contraire la totalité de l’héritage national, à commencer par l’héritage capétien et par l’héritage chrétien, fondateurs de la Nation, avec toutes les conséquences de cette « rupture » sur

    - le droit des Français à préserver l’identité nationale ainsi redéfinie,

    - l’enseignement,

    - les commémorations du passé national

    - la conservation du patrimoine,

    - le traitement dû aux héritiers actuels des rois de France.....

     

           Qu’elle accepte une saine critique des phases les plus destructrices de la période révolutionnaire et post-révolutionnaire

    (le Martyre des rois Louis XVI et Louis XVII ; de la reine Marie-Antoinette ; le génocide de la Vendée ; les années de Terreur et toutes leurs victimes ; les guerres révolutionnaires et post-révolutionnaires ; les destructions du patrimoine ; les luttes antichrétiennes etc...)

           En bref, qu’elle accepte de dresser le constat de ce que René Sédillot avait appelé "le coût de la Révolution".

      

    3) Qu’elle abaisse les féodalités minoritaires qui imposent la « pensée unique » à une majorité de Français qui n’en veut plus. (les Politiquement / Historiquement / Moralement corrects)

     

           Ces féodalités sont précisément celles qui dictent leur loi :

    - aux grands moyens de communication

    - au monde de l’enseignement

    - au monde du travail

          Sans cela rien n’est possible. Rien n’aura d’effet durable. Tout sera toujours à refaire.....

     

    4) Qu’elle trouve le moyen d’instaurer au sommet de l’État une institution pérenne et indépendante, espace a-démocratique non soumis à l’élection, capable d’incarner et garantir le bien-commun dans la durée. Le chef de la Maison de France, famille fondatrice de la Nation, nous paraît être, dans cet ordre d’idée, la personnalité naturellement désignée pour exercer cette fonction.

     

            Sinon, les inévitables alternances détruiront toujours tout. A supposer que du « positif » aurait été accompli. (Ne nous faisons pas d’illusions : nous somme déjà en 2012 !)

     

     

                 A ces 4 conditions, la république pourrait devenir une "bonne république". Ou s’en rapprocher. Mais serait-elle encore la République qui a existé jusqu’ici, issue de la Révolution ?

              En fait, comme se sont toujours accomplies en France les véritables « révolutions » politiques, c'est-à-dire par l’adaptation de l’existant, nous serions entrés dans un nouveau régime. Ce serait une évolution salvatrice. Rien ne nous dit ni ne nous assure que nous nous acheminions vers de telles perspectives.

              Mais, comme le disait Sénèque, « il n’y a pas de vent favorable pour qui ne sait pas où il va ». Il importe en effet de ne pas ignorer les vents favorables – lorsqu’il en existe – et aussi de savoir clairement vers quoi l’on veut aller.... (à suivre...)

  • KATYN, l'insoutenable audace de la Mémoire... (1)

                Septembre 1939 . Brisée par l'écrasante supériorité militaire allemande, l'armée polonaise capitule. Soldats et réfugiés qui fuient l'avancée hitlérienne sont soudainement pris en tenaille par l'Armée rouge qui, sous couvert du pacte secret Molotov-Ribentropp, a envahi la Pologne sans déclaration de guerre.

                Commandement allemand et russe livrent alors tous les officiers polonais faits prisonniers au NKVD, la police politique soviétique, qui les déporte aussitôt dans les régions de Katyn, Kharkov et Kalinine où, au printemps 1940, Staline donne personnellement l'ordre d'exécuter 25.700 d'entre eux.

                Béria se charge de la besogne selon la bonne vieille méthode bolchévique : une balle dans la nuque de chaque condamné.... des bulldozers qui creusent des fosses, y poussent les cadavres et les recouvrent hâtivement de terre.

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    Éliminer les élites.            

                Dans le même temps, nazis et soviétiques procèdent, en totale collaboration, à l'arrestation massive des élites de la société polonaise. Quelque 1,6 million de civils, dont des membres des familles des officiers assassinés, des universitaires, des médecins, artistes et avocats sont ainsi déportés, entre 1939 et 1942, dans des camps d'extermination bolchéviques où la plupart mourront.

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    Un des charniers de Katyn.

                Après l'invasion de la Russie par les forces hitlériennes et leur fulgurante avance, en 1943, les nazis découvrent les charniers de Katyn. Leur propagande s'en empare en cachant leur propre collaboration à ce crime. Cette révélation tronquée portera pour longtemps, notamment après la guerre, et aujourd'hui encore chez certains intellectuels, un coup fatal à l'établissement de la vérité sur ce crime contre l'humanité. Dès la capitulation de l'Allemagne nazie, les soviétiques se défendront, en effet, en imputant les charniers aux vaincus. Ils tenteront même de faire inculper pour ce massacre certains accusés du procès de Nuremberg. Et, si la forfaiture est effectivement dénoncée par des juges américains -un commissaire soviétique est récusé et exclu du tribunal- on s'accorde pourtant, sous la pression britannique, à enfouir la vérité sous ce mensonge d'Etat dont le gouvernement communiste polonais installé par les soviétiques fait, avec le silence sur le crime de non intervention de l'Armée rouge lors du siège de Varsovie, l'acte fondateur de la Pologne nouvelle...

    Effacer une mémoire collective.

               L'histoire étant ainsi réécrite avec la complicité des Alliés, la chasse aux survivants, y compris ceux entre-temps convertis au communisme, et aux familles qui croyaient encore au retour possible d'un prisonnier ou qui recherchaient la vérité, fut ouverte par la police et l'administration. Le régime ne recula devant rien : entreprendre des démarches d'identification ou honorer les morts équivalait à être fiché comme suspect, entraînait des interrogatoires et pouvait même déboucher sur une arrestation ou un assassinat politique. Certains jeunes gens, archivés comme parents d'une victime du massacre, se virent refuser l'entrée à l'Université en tant qu'élément "socialement douteux".

                Dès 1945, une chape de plomb mémorielle s'étendit ainsi sur la Pologne, confortée par un art consommé du mensonge comme tout sysème communiste en a le secret. Ici s'arrête l'histoire, et là commence Katyn, le film magistral d'Andrzej Wajda. Car c'est bien d'un film qu'il s'agit avec cette oeuvre rédemptrice sans équivalent, et non d'une leçon d'histoire en images.

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    Tragédie au féminin.

                D'abord, il y a, sur un pont de métal enjambant le fleuve, ce plan époustouflant d'une foule qui fuit les Allemands et se heurte à une autre foule que pousse en sens inverse l'invasion russe. Séquence minutieusement mise en scène et dont le tumulte exprime en quelques secondes la réalité historique, psychologique et humaine du sujet. Puis, la caméra se pose sur un visage de femme qui tient par la main une enfant. Et c'est tout le ressort du drame qui emplit l'écran et ne le quittera plus. Car le dernier film de l'auteur de Kanal (1957) et de L'Homme de marbre(1977), dont le père fut éxécuté d'une balle dans la nuque près de Katyn, est construit comme une tragédie moderne dont la trame ne serait pas le récit d'un massacre, mais l'observation clinique du mensonge à travers le regard des femmes. C'est là toute la force de l'oeuvre. L'absence, celle des disparus, est le moteur de l'action et leurs épouses, mères, soeurs, filles sont les héroïnes vivantes par qui, plus tard, bien plus tard -et le film ne le montre pas- les meurtriers seront confondus. C'est là le trait de génie de Wajda: Katyn n'est pas un film de dénonciation, mais un cri d'amour et de foi. Grâce à ce chemin de la mémoire, semé de dangers, que parcourent obstinément ces femmes belles et dignes, chacune d'elles se révêle être, selon le mot du poète Pierre Emmanuel, "les pères de nos morts". Et c'est ce qui en fait des Antigone autant que des pieuses porteuses de flambeaux dans la nuit d'un oubli programmé.

    Un fim profondément chrétien.

                Le cinéaste a dédié ce film à toute sa famille, mais c'est en souvenir de la ferveur de sa propre mère vivant dans l'attente du retour d'un mari qui ne figurait, par erreur, sur aucune liste,  que la caméra de Wajda dessine l'absence de l'être aimé en touches de douleur pudique sur des visages de femmes. Le fil conducteur de sa narration, qui utilise largement le flash back et des couleurs automnales tendant au sépia, est fourni par le carnet journalier tenu par l'un des prisonniers. La vérité est ainsi précisément délivrée au spectateur sous la forme sans apprêt d'un procès-verbal, celui-là même que les bourreaux n'ont pas voulu écrire. Avant d'être de sang, la trace est ainsi d'encre. D'une encre passée gravée sur un papier jauni où se tiennent les détails d'un crime inavouable. Certaines images contiennent une inévitable violence, mais sans la moindre complaisance ni, surtout, la moindre désespérance dans l'homme. Le mal est à sa place, l'Espérance aussi : l'oeuvre de Wajda est imprégnée de cette Foi qui, durant les années les plus noires de son histoire, a sous-tendu la résisitance d'une Pologne catholique. Le dernier plan a la puissance d'un Goya transfiguré par la prière : on ne peut enterrer l'histoire quand la croix a le dernier mot.

               

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                                                                Mémorial de Baltimore, oeuvre du sculpteur Andrzej Pitynski

    (1) : article de Benoît Gousseau, Politique Magazine n° 72 (pages 42/43). Film d'Andrzej Wajda, avec  Maja Ostasweska, Artur Zmijevski, Danuta Stenka, Magdalena Cielecka. Sorti le 1° avril.

     

  • La rentrée théâtrale à Paris : des spectacles à ne pas rater par Bruno Stéphane-Chambon

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    Le rideau rouge s'ouvre sur une belle rentrée pour la Comédie Française et le Théâtre de Poche-Montparnasse.

    Madame Mayette-Holtz, administratrice générale de la Comédie Française, a présenté en juin dernier par deux fois le programme de la prochaine saison théâtrale. La Salle Richelieu était comble, ce qui prouve l'intérêt des amateurs et professionnels pour cette prestation très médiatisée.   

    Pour mettre en scène les chefs d'œuvre annoncés, de nombreux artistes de l'extérieur ont été sollicités. Toutefois, Madame Mayette-Holtz, a aussi privilégié la participation d'acteurs de la troupe, pensionnaires, sociétaires actuels ou honoraires, afin de monter les grands classiques et des créations. Cette politique permettra d'exploiter au mieux le savoir faire et le talent de nos comédiens de " l'Illustre Théâtre " sur les planches des trois lieux dont il dispose.

     Dans la salle mythique de la Salle Richelieu

    Place Colette Paris Ier

    Location - Téléphone : 08 25 10 16 80

     

    Du 20 Septembre au 17 Février

    Le Tartuffe de Molière

    Dans une nouvelle mise en scène audacieuse de Galin Stoev, artiste d'origine bulgare, qui travaille entre la Belgique, la France et la Bulgarie.

    Metteur en scène d'origine bulgare, Galin Stoev vit et travaille entre la Belgique, la France et la Bulgarie. Il a déjà collaboré avec la Comédie-Française où il a monté en 2007, La Festa de Spiro Scimone, en 2008, Douce Vengeance et autres sketchesde Hanokh Levin et L'Illusion Comiquede Corneille et dernièrement en 2011 Le Jeu de l'amour et du hasard de Marivaux.

    Du 26 Septembre au 2 Décembre

    AntigonedeJean Anouilh

    Enfin le grand auteur est de retour avec une mise en scène Marc Paquien, déjà connu dans ce théâtre où il a présenté Les affaires sont les affaires d'Octave Mirbeau, ainsi que La Voix humaine de Jean Cocteau, précédée de La Dame de Monte-Carlo de Jean Cocteau et Francis Poulenc.

    Pièce sur la résistance et ses contradictions au travers d'un grand mythe de la tragédie antique illustré par Sophocle.

    Du 8 Octobre au 14 Janvier

    Un chapeau de paille d'Italied'Eugène Labiche

    Giorgio Barberio Corsetti, est un metteur en scène de réputation européenne qui a travaillé autant en Italie qu'au Portugal ou en France, et a été directeur de la section théâtre de la Biennale de Venise de 1999 à 2001.

    Chef-d'œuvre du théâtre comique, cette pièce marquée par un destin loufoque est la consécration de l'art du quiproquo

    Du 17 Octobre au 16 Décembre

    Dom Juan ou Le Festin de Pierre de Molière

    La mise en scène est de Jean-Pierre Vincent, ancien administrateur de la Comédie Française (1983-1986) il a déjà monté de nombreuses pièces classiques et créations dans ce théâtre.

    Du 29 Novembre au 1erMars

    La double inconstance de Marivaux

    Mise en scène par Anne Kessler, Sociétaire de La Comédie Française, dont la formation et l'expérience nous révèlera les aspects secrets et protéiformes de ce grand auteur.

    Du 17 Décembre au 22 Mars

    Le Misanthrope de Molière

    Dans une mise en scène de Clément Hervieu-Léger, entré dans la troupe en 2005 il nous présente une pièce en vers, parfois controversée. Cette pièce de Molière est une confrontation entre le naturel et une Cour sophistiquée et surannée.

    Dans la salle du Vieux-Colombier. Un théâtre chargé d'histoire !

    21, rue du Vieux-Colombier,Paris VIème

    Location - Téléphone : 01 44 39 87 00/01

    Du 17 Septembre au 26 Octobre

    Trahisons d'Harold Pinter

    Dans une mise en scène de Frédéric Bélier-Garcia, qui après avoir enseigné la philosophie s'est consacré à la mise en scène de théâtre, d'opéra ainsi qu'à l'écriture de scénarios.

    Harold Pinter, Comédien, scénariste, dramaturge anglais, a reçu le Prix Nobel de littérature en 2005. La cruauté et le réalisme de ses œuvres ont été qualifiés de "Théâtre de la Menace".

    Les relations du couple sont au cœur de ses pièces. On se souviendra de La Collection (1961) et de L'Amant (1962). Trahisons renoue avec ses thèmes de prédilection : le mari, la femme, l'amant et la destruction de ce trinôme.

    Du 12 Novembre au 1erJanvier

    George Dandin de Molière

    Entré en 2007 à la Comédie Française et nommé sociétaire en 2011, le metteur en scène, Hervé Pierre, s'attache à retrouver dans cette pièce, son côté farce avec musique et danse sans ignorer la profonde humanité des personnages.

    Studio-Théâtre, un plateau pour la découverte.

    Galerie du Carrousel du Louvre

    Place de la Pyramide-Inversée

    99, rue de Rivoli, Paris Ier

    Location - Téléphone : 01 44 58 98 58

     Du 27 Septembre au 2 Novembre

    Cabaret Barbara

    Direction artistique de Béatrice Agenin

    Le parcours de la dame en noir qui jouait du piano. Monique Serf, dite Barbara.

    (1930-1997), auteur, compositeur et interprète, réapparaît dans le cadre intime du Studio-Théâtre. Son parcours, du cabaret jusqu'à devenir l'icône de la Chanson française est évoqué, par petites touches, avec poésie et émotion. Béatrice Agénin, pensionnaire puis sociétaire de la Comédie-Française de 1974 à 1984, a monté ce spectacle avec le talent et la sensibilité qu'on lui connaît.

    Du 4 Octobre au 2 Novembre

    Si Guitry m'était conté

    Interprété par Jacques Sereys, mise en scène Jean-Luc Tardieu.

    Sacha Guitry, homme de théâtre et de cinéma, renaît au cours de ce portrait nourri d'anecdotes. Sa passion des femmes et son regard cynique sur la société de son temps et celui d'antan, nourrissent une œuvre trop souvent qualifiée de fantaisie. Ce spectacle permet d'apprécier une certaine profondeur et humanité de ce poète mondain, grand écrivain qui donna avec élégance  une certaine idée du bonheur.

    Cerise sur le gâteau, Jacques Sereys, sociétaire honoraire de la Comédie-Française, interprète ce personnage hors norme avec son talent et sa maestria. La mise en scène est assurée par Jean-Luc Tardieu, complice et compagnon depuis dix ans de cet exceptionnel acteur.

    Du 20 Novembre au 4 Janvier

    La Petite Fille aux Allumettes d'Hans Christian Andersen

    Dans une mise en scène d'Olivier Meyrouw.

    Voyage dans l'univers merveilleux d'un écrivain de contes, évocation aussi de l'humanité dans un cadre onirique.

     

    Un théâtre qui monte en puissance ! - Le Théâtre de Poche-Montparnasse

    75, boulevard de Montparnasse, Paris 6ème

    Réservations : 01 45 44 50 21

    ww.theatredepoche-montparnasse.com

    Places : 10 /35 €

    Le journaliste, écrivain et chroniqueur théâtral, Philippe Tesson, en compagnie de sa fille, Stéphanie a repris le lieu mythique du théâtre de Poche Montparnasse animé auparavant par  la talentueuse famille des grands acteurs Bierry. Il est à présent doté de deux salles, le Poche et le Petit Poche.

    Après une saison brillante dont on a beau apprécié le Legs, de Marivaux, pièce chantée avec Bernard Menez et Estelle Andrea, et du remarquable Voltaire Rousseau, avec Jean-Paul Farré et Jean-Luc Moreau, une nouvelle saison s'annonce brillante. Elle devrait faire date par son choix de pièces et d'interprètes de premier plan.

    Au Poche

    À partir du 2 septembre 2014

    Chère Eléna de Ludmilla Razoumovskaïa

    Avec Myriam Boyer dans le rôle d'Elena. Une très grande actrice dans une mise en scène de Didier Long.

    La pièce fut créée en 1981 à Tallinn, capitale de l'Estonie, en plein univers communiste, elle rencontra un grand succès mais fut interdite dès 1983 en raison de son caractère subversif par les autorités soviétiques.

    A 21h du mardi au samedi et dimanche à 15h

    Du 4 septembre au 2 novembre

    L'entretien de M. Descartes avec M. Pascal le Jeune de Jean-Claude Brisville.

    La confrontation des deux des plus grands intellectuels français interprétés par Mesguich, père et fils. Duel ou psychanalyse ? 

    A 19h du mardi au samedi et dimanche à 17h30

    Du 4 Novembre au 1er mars

    Fratricide

    De Dominique Warluzel

    Mise en scène, Delphine de Malherbe

    Avec Pierre Santini, Jean-Pierre Kalfon et Bertrand Nadler

    Un affrontement entre deux acteurs ou plutôt deux monstres de la scène.

    A 19h du mardi au samedi et dimanche à 17h30

    Au Petit Poche

    Du 9 septembre au 9 novembre 2014

    Le Médecin malgré luide Molière, dans une mise en scène de Brice Borg.

    Une farce en apparence, un drame dans la réalité.

    A 19h du mardi au samedi, dimanche 17h30

    Jusqu'au 26 octobre 2014

    Stupeur et Tremblements d'Amélie Nothomb

    Adaptation, mise en scène et interprétation, de Layla Metssitane

    A 21h du mardi au samedi et dimanche à 15h

    Du 28 Octobre au 11 Janvier

    Huis Clos

    De Jean-Paul Sartre

    Mise en scène, Daniel Colas

    Avec Marianne Épin, Daniel Colas, Mathilde Penin, Philippe Rigot

    La distribution brillante devrait contribuer à rajeunir cette pièce un peu usée. (Avis personnel et subjectif du rédacteur sur cette œuvre)

    A 21h du mardi au samedi et dimanche à 15h

    Du 12 Novembre au 14 janvier

    Aucassin et Nicolette

    Chantefable anonyme du XIIIème siècle

    Traduction et conception, Stéphanie Tesson

    Avec Brock et Stéphanie Tesson

    A 19h du mardi au samedi et dimanche à 17h30

     

  • Supercherie intégrale

     

    Par François Marcilhac

     

    4115840658.jpgLes média de l’oligarchie ont déjà écrit le scénario – le meilleur à leurs yeux, le pire pour la France : le second tour de l’élection présidentielle opposera Emmanuel Macron à Marine Le Pen et ce sera évidemment le premier qui l’emportera haut la main. Ce faisant, ils donnent raison à la présidente du Front national qui n’a de cesse de répéter que la vie politique française est désormais scindée entre mondialistes et patriotes. Macron n’est en effet que la créature du trouple formé par les milieux d’affaires, les grands média qui sont leurs courroies de transmission auprès de l’opinion publique et cette partie du pays légal qui a définitivement bradé la France. Qu’importe qu’il soit le dauphin de François Hollande, le clone de Juppé avec trente ans de moins ou encore le dépeceur d’un Parti socialiste en voie de décomposition avancée. Toutes ces éventualités, plus complémentaires qu’exclusives, ne concernent que les écuries électorales. Ce qui intéresse les Français, c’est que ce mondialiste décomplexé n’est que le prête-nom d’une finance internationale qui a trouvé en lui son meilleur ennemi, au sens où François Hollande l’a été durant son quinquennat.

    Tout n’est pas écrit d’avance

    Le pire n’est évidemment jamais certain. Les Britanniques devaient voter en faveur du maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne et les Américains élire Hillary Clinton. Non seulement Juppé était le vainqueur proclamé de la primaire de la droite, mais il avait déjà remporté l’élection présidentielle. Quant à Valls, il était déjà le candidat officiel du Parti socialiste désigné par les primaires citoyennes. Il ne faisait qu’une bouchée de Macron et renvoyait Mélenchon aux marges de la gauche de la gauche. Tout cela, c’était avant. Avant que les Britanniques ne choisissent le Brexit, les Américains Donald Trump, les électeurs de la droite parlementaire François Fillon et les socialistes le mari de la responsable des affaires publiques du groupe de luxe LVMH. Avant, aussi, que Fillon, devenu le nouvel élu par anticipation de l’élection présidentielle, ne trébuche sur de minables affaires d’assistants parlementaires et de costards, révélées tout exprès à quelques semaines du premier tour. Avant, aussi, que des Français médusés par le spectacle particulièrement dégradant d’une campagne électorale située à la page « faits divers » des journaux n’envisagent de bouder le premier tour de l’élection présidentielle. Ainsi, le régime aura fini par dégoûter nos compatriotes même de l’élection-phare de la Ve République, à laquelle ils n’avaient pourtant, jusqu’à présent, jamais manqué de participer en masse, leur faisant habituellement délaisser, contrairement à la lettre des institutions dont ils se contrefichent, les législatives qui suivent de peu le scrutin présidentiel : il appartient en effet au gouvernement responsable devant le parlement de déterminer et de conduire la politique de la nation. Vestige de mentalité monarchique, qui leur fait considérer le souverain – ou son ersatz républicain – plus déterminant qu’un parlement aux mains des partis politiques…

    Bruxelles dicte sa loi

    Quoi qu’il en soit, la démocratie représentative est mal en point. Le rejet de la classe politique n’a jamais été aussi unanime… Et comme s’il n’était pas suffisant, celle-ci ne cesse d’aggraver sa fracture avec les Français en portant préjudice à la seule démocratie qui trouvait encore grâce aux yeux de nos concitoyens – et avec raison : la démocratie municipale. En adoptant en 2015 le dernier volet de la réforme territoriale (après la création des métropoles et la réforme régionale) qu’est la loi NOTRe, qui contraint progressivement, contre l’avis de la majorité des maires, les communes à se fondre dans de grands touts abstraits et sans personnalité, autre qu’administrative, nos élites éloignent toujours un peu plus les citoyens des centres de décision et les privent des moyens de décider ou de faire pression dans un domaine, la vie communale, où ils sont pourtant les plus compétents et les plus directement intéressés. Désormais, la France se divise administrativement en métropoles, intercommunalités, régions artificielles dont les contours ont été dessinés sans autre justification que de répondre au souhait bruxellois de démantèlement des nations. Si bien qu’alors même qu’on leur demande d’élire le courtier français de la Commission européenne, dont on leur désigne d’avance le nom, les Français se voient parallèlement dépossédés de leurs pouvoirs de décision dans les affaires qui les concernent au plus près de leur vie quotidienne par l’instauration d’une centralisation à plusieurs étages, qui les prive de leurs libertés politiques fondamentales. Jamais l’analyse de Maurras selon laquelle il est impossible à la République de décentraliser n’a été aussi pertinente. Mais ce n’est plus au profit d’un État incapable de régner autrement qu’en imposant un pouvoir sans partage : cette centralisation répond, pour l’oligarchie, à la nécessité, pour asseoir sa dictature, d’éloigner, par la création de structures aussi obèses qu’artificielles, les citoyens des lieux de décision : le maire n’a plus aucun pouvoir. C’est l’interco’ qui décide, derrière l’interco’ la région, derrière la région, Bruxelles, l’État français étant désormais aux abonnés absents. Jamais on n’a autant parlé de proximité comme d’une valeur démocratique fondamentale ; jamais on n’a autant privé le pays réel de tout pouvoir de décision.

    Démocratie virtuelle

    La fracture entre pays légal et pays réel est devenue béante. Vivant en vase clos, ne s’occupant que de ses intérêts particuliers, ne percevant même plus le sens de l’expression “bien commun”, le pays légal a intégré l’idée qu’il faut priver à tous les stades de la vie publique les citoyens de tout regard ou de tout pouvoir. La démocratie numérique, tant vantée par nos ténors, surtout à gauche ? Une démocratie virtuelle. La proie pour l’ombre. L’Europe a été fondée pour déposséder du pouvoir de décision les politiques au profit de prétendus experts. C’est désormais à tous les stades de la vie publique que ce schéma technocratique, ô combien pervers, est appliqué.

    La démocratie est devenue une supercherie intégrale. Le citoyen-souverain est appelé à désigner directement le chef d’État, les députés, les différentes strates d’élus locaux. Aux deux extrêmes, la dépossession est totale : parce que depuis Maastricht les chefs de l’État ont bradé la souveraineté de la France ; parce que l’oligarchie a décidé de priver progressivement le maire de tout pouvoir. Quant aux députés, lorsqu’ils ne valident pas des décisions européennes, les lois qu’ils votent sont hypothéquées par le sacro-saint droit européen… Une élection présidentielle sera insuffisante à nous rendre notre liberté, même si les Français ont la bonne idée d’élire un chef d’État désireux de redonner au pays sa souveraineté – ce que nous souhaitons, évidemment. Car, même dans ce cas, il n’est pas certain qu’il trouve dans le régime la force de ses ambitions. Quant à François Hollande, il ne sort de son silence piteux de président discrédité que pour critiquer les « égoïsmes nationaux » et ânonner que le « nationalisme, c’est la guerre » – tarte à la crème de tous les fédéralistes européens. Pour, dans le même temps, rompre la solidarité européenne en se couchant devant Erdogan, qui a traité de nazis les dirigeants allemands et néerlandais, parce qu’ils ont refusé, à juste titre, l’organisation sur leur sol d’un meeting à la gloire du dictateur turc. Meeting qui a eu lieu sur le nôtre, en revanche, dimanche 12 mars. Jusqu’à la dernière minute, Hollande aura été indigne de sa fonction. 

  • Lettre ouverte de Bernard Lugan à Monsieur Emmanuel Macron, homme politique né d’une PMA entre le grand capital et les M

     

    Lancé sur le marché politique tel un nouveau smartphone, vous êtes, Monsieur Macron, un ignorant butor dont les propos concernant la colonisation sont doublement inadmissibles.

    1. En premier lieu parce qu’ils furent tenus à Alger, devant ces rentiers de l’indépendance qui, pour tenter de cacher leurs échecs, leurs rapines et la mise en coupe réglée de leur pays, mettent sans cesse la France en accusation. Certains qui, parmi votre auditoire, applaudirent à vos propos d’homme soumis (cf. Houellebecq), et devant lesquels vous vous comportâtes effectivement en dhimmi, sont en effet ceux qui, le 1er novembre 2016, publièrent un communiqué exigeant que la France : « (…) présente des excuses officielles au peuple algérien pour les crimes commis durant les 132 ans de colonisation et pour les crimes coloniaux perpétrés à l’encontre du peuple algérien afin de rappeler les affres de la répression, de la torture, de l’exil, de l’extermination et de l’aliénation identitaire car l’histoire du colonialisme restera marquée par ses crimes de sang et ses pratiques inhumaines ».

    Candidat à la présidence de la République française, vous avez donc donné votre caution à de telles exigences autant outrancières qu’insultantes. Ce faisant, vous vous êtes fait le complice des pressions et chantages que l’Algérie exerce à l’encontre de la France afin d’obtenir d’elle une augmentation du nombre des visas ou tel ou tel avantage diplomatique ou financier. En d’autres temps, vous auriez donc pu être poursuivi pour « Atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation ».

    2. Ensuite parce que vos propos constituent non seulement un recul de l’état des connaissances, mais également le viol de ce consensus historique auquel étaient arrivés les historiens des deux rives de la Méditerranée. Or, par ignorance ou par misérable calcul électoraliste, vous les avez piétinés. Au nom de quelle légitimité scientifique avez-vous d’ailleurs pu oser les tenir ? Avez-vous seulement entendu parler des travaux de Jacques Marseille, de ceux de Daniel Lefeuvre ou encore des miens ?

    Oser parler de « crime contre l’humanité », maladroitement rectifié en « crime contre l’humain », au sujet de la colonisation revient en réalité à classer cette dernière au niveau des génocides du XXe siècle, ce qui est proprement scandaleux. Sur ce terrain, vous voilà donc encore plus en pointe que Christiane Taubira, ce qui n’est pas peu dire... Pierre Vidal-Naquet, pourtant militant de la décolonisation et « porteur de valises » assumé du FLN écrivait à ce sujet : « Assimiler peu ou prou le système colonial à une anticipation du 3e Reich est une entreprise idéologique frauduleuse, guère moins frelatée que l’identification, à Sétif, (…)  de la répression coloniale aux fours crématoires d’Auschwitz et au nazisme (…). Ou alors, si les massacres coloniaux annoncent le nazisme, on ne voit pas pourquoi la répression sanglante de la révolte de Spartacus, ou encore la Saint-Barthélemy, ne l’auraient pas tout autant annoncé… En histoire, il est dangereux de tout mélanger. Un sottisier peut-il tenir lieu d’œuvre de réflexion ? (…) L’air du temps de la dénonciation médiatique (…), le contexte social, économique et politique actuel est encore fécond qui continuera à générer de telles tonitruances idéologiques à vocation surtout médiatique ».  J’ajoute électoralistes.

    Vous devriez pourtant savoir, Monsieur le candidat à la présidence de la République, qu’en créant l’Algérie, la France donna un nom à une ancienne colonie ottomane, traça ses frontières, unifia ses populations, y créa une administration et toutes ses infrastructures.

    Ce faisant, y aurait-elle commis  un « crime contre l’humanité » ou « contre l’humain » ? Les chiffres de l’accroissement de la population ne semblent pas l’indiquer puisqu’en 1830, la population musulmane de l’Algérie n’excédait pas 1 million d’habitants alors qu’en 1962 elle avait bondi à 12 millions. Serait-ce donc en commettant des « crimes contre l’humanité » que la France, ses médecins et ses infirmiers soignèrent et vaccinèrent les populations et firent reculer la mortalité infantile ? Serait-ce parce qu’elle commettait des « crimes contre l’humain » que chaque année, à partir du lendemain du second conflit mondial, 250 000 naissances étaient comptabilisées en Algérie, soit un accroissement de 2,5 à 3% de la population, d’où un doublement tous les 25 ans ? A ce propos, relisons René Sédillot : « La colonisation française a poussé l’ingénuité - ou la maladresse - jusqu’à favoriser de son mieux les naissances : non seulement par le jeu des allocations familiales, mais aussi par la création d’établissements hospitaliers destinés à combattre la stérilité des femmes. Ainsi, les musulmanes, lorsqu’elles redoutaient d’être répudiées par leurs maris, faute de leur avoir donné des enfants, trouvaient en des centres d’accueil dotés des moyens les plus modernes tout le secours nécessaire pour accéder à la dignité maternelle. (…) (L’histoire n’a pas de sens, Paris, 1965, page 71).

    Enfin, puisque vos propos indécents tenus à Alger obligent à faire des bilans comptables, voici, Monsieur le candidat à la présidence de la République, celui qui peut être fait au sujet de l’Algérie française : en 132 années de présence, la France créa l’Algérie, l’unifia, draina ses marécages, bonifia ses terres, équipa le pays, soigna et multiplia ses populations, lui offrit un Sahara qu’elle n’avait jamais possédé après y avoir découvert et mis en exploitation les sources d’énergie qui font aujourd’hui sa richesse. Comme je ne cesse de l’écrire depuis des années, en donnant l’indépendance à l’Algérie, la France y laissa 70.000 km de routes, 4300 km de voies ferrées, 4 ports équipés aux normes internationales, une douzaine d’aérodromes principaux, des centaines d’ouvrages d’art (ponts, tunnels, viaducs, barrages etc.), des milliers de bâtiments administratifs, de casernes, de bâtiments officiels qui étaient propriété de l’Etat français ; 31 centrales hydroélectriques ou thermiques ; une centaine d’industries importantes dans les secteurs de la construction, de la métallurgie, de la cimenterie etc., des milliers d’écoles, d’instituts de formations, de lycées, d’universités. Dès l’année 1848, et alors que la conquête de l’Algérie était loin d’être achevée, 16 000 enfants en  majorité musulmans étaient scolarisés. En 1937 ils étaient 104 748, en 1952 400 000 et en 1960 800 000 avec presque 17 000 classes, soit autant d’instituteurs dont les 2/3 étaient Français (Pierre Goinard, Algérie : l’œuvre française. Paris,  1986).

    En 1962, il y avait en Algérie, un hôpital universitaire de 2000 lits à Alger, trois grands hôpitaux de chefs-lieux à Alger, Oran et Constantine, 14 hôpitaux spécialisés et 112 hôpitaux polyvalents, soit le chiffre exceptionnel d’un lit pour 300 habitants. Tous ces équipements, toutes ces infrastructures, tous ces établissements ainsi que les personnels qui les faisaient fonctionner avaient été payés par la France et avec l’argent des Français.

    Monsieur le candidat à la présidence de la République, je vous poste ce jour en RAR mon dernier livre « Algérie, l’histoire à l’endroit »*, afin que vous puissiez mesurer l’abîme séparant la réalité historique de vos inacceptables propos. 

    Bernard Lugan  

    * Ce livre est uniquement disponible via l’Afrique Réelle. Pour le commander : http://bernardlugan.blogspot.fr/2017/02/nouveau-livre-de-bernard-lugan-algerie.html

    Bernard Lugan

    Dimanche 19 février 2017

  • Natacha Polony : Qu'est-ce que Paris a fait de la France ? Nous disons, ici : ce n'est pas ”Paris”, mais le Système qui

    Personnalité médiatique, mais aussi - sans-doute surtout - intellectuelle et, au sens positif, politique, Natacha Polony pose de façon pertinente, dans cette tribune du Figaro, la question de nos diversités ancestrales menacées. Bien-sûr, son souci a notre sympathie et même, depuis toujours, il est nôtre. Mais nous faisons deux objections : lorsque l'on dit Paris, l'on ne nomme pas la source non pas géographique mais systémique des destructions que l'on constate et déplore. Nommons cette source : il s'agit, de fait, du Système politique, idéologique, médiatique, partisan, qui gouverne ou tente de gouverner la France. Notre deuxième objection est simple : il n'y a pas de fédération qui tienne sans fédérateur. Natacha Polony suggère ce manque lorsqu'elle incrimine, en forme de conclusion, "la disparition du ciment qui faisait de (nos) identités l'édifice admirable qu'est une grande Nation". Ce ciment, fut, dans l'Histoire, la monarchie française. Là encore, pourquoi ne pas le nommer ♦ Lafautearousseau

     

    o-NATACHA-POLONY-facebook.jpgQui se promène sur les routes de France et rencontre ses habitants sera frappé par un phénomène incontournable et récurrent. De cette Provence à la culture millénaire au Lauragais enraciné dans sa mémoire, des Corbières sauvages à la Touraine paisible, on cultive une même détestation de « Paris ». Pas forcément le rejet colérique des Marseillais fiers de leur cité grecque et jaloux de leur rayonnement mais un agacement bougon face à une entité indéfinie et omniprésente. Manifestation poujado-populiste? Éruption identitaire? Non, il y a là un sentiment qui marie des souvenirs ancestraux et le constat sociologique le plus contemporain.

    Paris, c'est cette puissance qui arase tout, qui rabote les droits et les identités. Paris, c'est un mélange d'arrogance, de certitude et de bonne conscience. Derrière ce sentiment, il y a la colère de n'être pas entendu, pas même considéré. Il y a l'impuissance et la révolte d'un peuple qui croit encore à l'Histoire et qui sait que la démocratie devrait consister à traduire dans les décisions prises au nom de la Nation, par l'Assemblée de ses représentants et du gouvernement qui en émane comme par le Président qu'il a élu, ce moment où la diversité des intérêts et des conceptions se recompose pour forger le Bien commun. On en est bien loin…

    Et si au moins, ils les voyaient faire amende honorable, ces brillants esprits qui veulent penser pour eux. Mais l'été fut rythmé par les effroyables nouvelles de Mossoul et des Chrétiens d'Orient, et qu'ont vu les Français dans leurs journaux et leur poste de télévision ? Les apprentis sorciers qui avaient soutenu l'intervention américaine en 2003 reconnaître leur tragique erreur et dénoncer la folie d'une idéologie qui consistait à imposer la démocratie et le marché - surtout le marché - par les armes? Pas du tout. Ils ont pu entendre Bernard Kouchner livrer ses oracles sans que personne n'ose lui demander un mea culpa.

    L'été vit aussi se poursuivre le désastre économique, hausse du chômage, emplois menacés dans les abattoirs, feuilles d'impôts délirantes, spirale de la déflation… Ont-ils entendu Jacques Attali, Alain Minc et tous les chantres de la «mondialisation heureuse» admettre une erreur de jugement? Rien de rien.

    Alors, Paris incarne tout cela. Les chevaliers francs et les seigneurs du Nord qui vinrent écraser la civilisation occitane sous prétexte d'hérésie cathare, et le légat du Pape, Arnaud Amaury, lâchant devant les remparts de Bézier: «Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens». Plus tard la réduction progressive de toute identité spécifique à une forme d'archaïsme forcément hermétique aux Lumières, aux Droits de l'Homme et au Progrès.

    Pourtant, la France est riche de cette diversité qui fait que l'Anjou n'est pas le Dauphiné et que l'Artois n'est pas le Périgord. Elle vit de ces terroirs humains aussi bien que géographiques. Et il ne s'agit là ni d'identitarisme ethnocentré ni de régionalisme folklorique. On ne joue pas à parler catalan ou à perpétuer le souvenir des traditions ch'tis. On le fait parce qu'on y trouve une dignité qui est celle d'un humain conscient de toutes les dimensions de son identité. Mais Paris, ce «Paris» qui symbolise à la fois la puissance publique et les élites, au lieu de cultiver cette diversité nationale qui a fait la grandeur de la France dans la richesse de ses différences, tel que le célébrait la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790, a systématiquement gommé ou éradiqué cette plus value française que constituait la possibilité de crier «Vive la République» en breton, en corse, en alsacien, en basque ou en occitan, cette possibilité de vivre dans un paysage identifié, dans un environnement culturel foisonnant.

    Certes, si cela avait au moins permis de sauver la patrie en danger! Même pas! Car l'idéal de cette société de liberté, d'égalité et de fraternité censée justifier la virtualisation des identités françaises est aujourd'hui foulé aux pieds par la crise du politique, le renoncement à toute émancipation véritable et les certitudes d'experts occupés à développer un village mondial indifférencié où circuleront des produits standardisés. La télévision et la société de consommation sont en train de détruire cette diversité française bien plus sûrement que ne le firent les injonctions à parler Français des instituteurs de la IIIème République. «Défense de parler flamand et de cracher par terre» pouvait-on lire dans les cours de récré du Nord. Du coup on ne parle plus flamand mais on crache sur la France. Avant que You tube et le selfie généralisé n'achèvent le travail.

    Et cependant, dans cette France aux paysages sublimes, cette France dont on nous dit, cette année encore, que 84 millions d'étrangers sont venus la visiter, on sent, bien sûr, de l'inquiétude, mais on sent surtout une force de volonté inaltérable à mille lieues de la résignation de ces élites nationales qui ont décrété que la France est un pays mineur. Dans chaque département, dans chaque contrée, on trouve des paysans qui s'organisent pour proposer des produits authentiques loin des circuits de la grande distribution, des entrepreneurs qui perpétuent malgré les délocalisations et la concurrence déloyale un savoir professionnel de qualité, des énergies prêtes à s'exprimer car elles s'appuient sur une mémoire transmise et la conscience de ce que l'on est. Ce ne sont pas les identités françaises qui menacent l'unité de la France, c'est la disparition du ciment qui faisait de ces identités l'édifice admirable qu'est une grande Nation.

    Le Figaro - 16-17 août 2014

  • Paul-François Paoli : « L'appel aux valeurs républicaines, ce bouche trou de la pensée »

     

    C'est à la veille du deuxième tour des régionales que l'auteur de Quand la gauche agonise, a accordé l'entretien qui suit à FigaroVox. Il dénonce l'instrumentalisation des valeurs républicaines par une gauche qui a oublié sa propre histoire. Sans absoudre par ailleurs une droite incapable de penser par elle-même, du moins sans l'autorisation normative de la gauche. Quant à nous, ce sont les valeurs républicaines en tant qu'elles procèdent de l'idéologie révolutionnaire, qui nous paraissent devoir être contestées. Sur le plan intellectuel, c'est bien la remise en cause de cette idéologie qui constitue le bouleversement en cours. Et, comme l'écrit Houellebecq, si la défaite de cette pensée-là devait se confirmer, nous n'aurions rien à regretter. Lafautearousseau

     

    XVM09b7b140-a025-11e5-a950-99f8533f98fa.jpgAprès le premier tour des élections régionales, nous avons assisté à un retour du Front républicain face au FN. Quel est le sens politique de ce front contre front ?

    Nous assistons à un chantage plus effréné que jamais concernant ces « valeurs républicaines » qui, bien souvent, servent de mantra à des hommes politiques en mal d'inspiration. Et comme d'habitude c'est la gauche qui demande des comptes à la droite, comme si elle était la dépositaire de la quintessence républicaine. Ce qui est intéressant dans l'affaire est l'incroyable mauvaise foi d'un camp politique que la défaite historique qu'il vient de subir ne rend pas plus modeste. Qui a, ces dernières années, bradé les symboles républicains auxquels les Français sont, dans leur ensemble, attachés, sinon la gauche ? Souvenons-nous des sifflets du stade de France lors du fameux match France Algérie, en 2002. La gauche écolo-socialo communiste de l'époque, acquise au thème de la repentance coloniale, y était allée de sa « compréhension ». Quelques semaines plus tard, Jean Marie Le Pen accédait au second tour des présidentielles. Souvenons-nous des régulières railleries des Verts concernant les défilés du 14 juillet ou des protestations de Mme Dominique Voynet contre La Marseillaise ce « chant guerrier archaïque ». Souvenons-nous des milliers de supporters algériens, notamment à Marseille et à Paris qui, durant le dernière coupe du monde de football, ont brandi leur drapeau en clamant leur identité algérienne alors qu'ils sont, pour beaucoup, Français de droit. Protestation ou étonnement à gauche ? Mais vous rêvez. A l'époque, Mme Aurélie Filippeti avait même trouvé sympathique ces débordements. Et elle ne fut pas la seule. De son côté, le philosophe Alain Badiou, icone de la gauche intellectuelle, ne s'est pas gêné, au lendemain de l'attentat contre Charlie hebdo pour exprimer tout le mépris que lui inspirent le drapeau tricolore et l'idée de république française dans une tribune du Monde, parue le 28 janvier 2014. C'est un secret de polichinelle : la gauche - à l'exception de Jean Pierre Chevènement, Le Drian et quelques autres - n'aime pas une République française toujours trop française à son goût.

    Après les attentats du vendredi 13 novembre, la gauche s'est cependant réapproprié certains symboles: le drapeau, la Marseillaise et même l'idée de frontière …

    François Hollande et Manuel Valls ont été habiles sur ce plan là. Hollande est un maître de l'ambivalence et sa culture politique n'est peut être pas très éloignée de celle d'un Jacques Chirac. L'un et l'autre ont en commun cet habillage républicain qui peut toujours servir en état de crise. Du reste on ne voit pas très bien ce qu'il aurait pu faire d'autre. Les symboles républicains, depuis le drapeau jusqu'à la Marseillaise, rassurent les Français. D'un autre côté il est aussi un fossoyeur du principe républicain, notamment quand il revient agiter le thème du droit de vote des étrangers, une sorte de chiffon rouge symbolique qui affaiblit l'idée même de citoyenneté nationale.

    Pour la gauche et même une partie de la droite, l'idée de la préférence nationale défendue par le FN exclut ce parti du champ républicain

    Certains s'insurgent contre toute idée de préférence nationale, laquelle serait par nature anti républicaine. Ils oublient que la République radicale socialiste a, entre les deux guerres, renvoyé des dizaines de milliers d'ouvriers italiens ou polonais dans leurs foyers avec l'accord de la CGT qui souhaitait réserver l'emploi aux travailleurs français. Ils oublient le fameux décret-loi du 2 mai 1938 sur la police des étrangers signé par le président du conseil Edouard Daladier et le garde des sceaux Paul Reynaud, tous deux membres du part radical qui œuvra durant le Front populaire. Le rapport au président de la République française stipulait ceci: « Et tout d'abord la France ne veut plus chez elle d'étrangers « clandestins », d'hôtes irréguliers: ceux-ci devront dans le délai d'un mois fixé par le présent texte, s'être mis en règle avec la loi, ou s'ils préfèrent, avoir quitté notre sol ». Dans le décret lui-même il était écrit ceci: « Pour déceler et identifier les étrangers clandestins et ceux qui ne sont pas en règle, il nous aura paru indispensable d'étendre à tout logeur professionnel ou bénévole l'obligation de déclarer qu'il héberge un étranger. Rien de vexatoire dans une telle obligation, simple mesure d'ordre dont on aperçoit toute la portée pratique, comme toute l'efficacité ». La délation n'est plus anti républicaine quand c'est la gauche républicaine qui l'instaure. De même: la déchéance de la nationalité n'est plus antirépublicaine dès lors que c'est François Hollande qui la propose. Dans ce pays il suffit que la gauche mette en œuvre une disposition proposée par la droite pour qu'elle devienne aussitôt compatible avec les « valeurs républicaines ». C'est une chance quand on prétend donner aux autres des leçons de valeurs. Mais n'est-ce pas à la droite, aujourd'hui, de demander des comptes aux socialistes sur ce qu'ils ont fait de la République ?

    La gauche de la troisième République se reconnaitrait-elle dans la gauche d'aujourd'hui ?

    Je ne crois pas car il y a eu la rupture de Mai 68. La gauche hollandaise est acquise aux thèmes sociétaux de la post modernité, notamment la parité des sexes et le mariage pour tous. On imagine mal Pierre Mendès France ou Guy Mollet défiler pour le mariage gay. En réalité la gauche hollandaise a vidé le principe républicain de sa substance. La république chère à Mendès France, pour évoquer celui qui fut une des grandes figures de la gauche française au XXe siècle, était indissociable de la souveraineté nationale et d'une certaine conception de la vertu.

    Une certaine presse de gauche accuse les intellectuels d'avoir basculé à droite. La gauche conserve-t-elle vraiment l'hégémonie culturelle ?

    La gauche est entrain de perdre l'hégémonie culturelle et cela constitue un événement de la plus grande importance. Et ce pour la première fois depuis la Libération ! Il ne va plus de soi désormais qu'un intellectuel soit de gauche en France, ce qui constitue un changement inoui. Le lien, quasiment génétique, entre la gauche et l'intelligentsia est en train de rompre. D'où l'affolement de la gauche institutionnelle. Elle a déjà égaré le monde ouvrier en route et voilà qu'elle se retrouve sans ténors intellectuels ! Qui plus est, comme je l'explique dans mon prochain essai, la république des bons sentiments, le dernier grand penseur que la gauche pouvait revendiquer, à savoir Michel Foucault, dont l'œuvre entre dans la Pléiade, fut un des plus grands fossoyeurs de la gauche, aussi bien républicaine que social démocrate ou marxiste. Michel Foucault a déconstruit les fondamentaux du progressisme qui reposent sur la croyance au Progrès et en la Raison. Pour lui la notion de valeur républicaine n'avait aucun sens. Ni celle de nation et encore moins celle d'Etat. Les grands thèmes sociétaux, notamment celui de la théorie du genre ou du mariage pour tous, lui doivent beaucoup. A gauche on se croit intelligent en se référant en même temps à Michel Foucault, qui a ruiné toute idée de morale et aux valeurs républicaines, qui sont très moralisatrices. Si la droite politique était tant soit peu intellectualisée elle enfoncerait le clou et renverrait la gauche politique à son néant philosophique.

    Sur le plan intellectuel les lignes bougent, sur le pan politique c'est plus compliqué …

    Les politiques sont en retard sans doute. La droite politique n'a pas pris la mesure du bouleversement en cours et Eric Zemmour a raison de dire qu'ils sont, pour beaucoup, incapables de penser par eux mêmes, sans l'autorisation normative de la gauche. D'où la surenchère réthorique sur les « valeurs républicaines », ce bouche trou de la pensée. Alain Juppé va vers la gauche et liquide les fondamentaux du gaullisme quand les Français se radicalisent à droite, c'est étonnant quand on y pense !

    Les élections régionales vont-elles accoucher d'une recomposition ou d'un grand brouillage idéologique ?

    Il est possible qu'un bouleversement se produise au niveau des Républicains car je ne vois pas comment faire tenir ensemble une base qui pense majoritairement comme Nadine Morano et des notables qui ont une peur bleue d'être réprouvés par les médias. Churchill plaisantait avec Staline au Kremlin qui est un des plus grands criminels du XX e siècle, mais eux ont peur de discuter avec les responsables du Front national, on croit rêver ! 

    Paul-François Paoli est chroniqueur littéraire au Figaro et essayiste. Son dernier essai Quand la gauche agonise paraît le 25 janvier 2016 aux Editions du Rocher

    PROPOS RECUEILLIS PAR ALEXANDRE DEVECCHIO

     Alexandre Devecchio             

  • Idées • Eric Zemmour : « L'homme qui n'aimait pas notre Révolution »

     

    Par Eric Zemmour

    Une réédition remarquable du classique de Burke. Depuis deux siècles, les droits de l'homme sont devenus  notre religion. Pour le meilleur et pour le pire. Surtout pour le pire, d'ailleurs, comme on le voit aujourd'hui. Deux remarques à propos de cette brillante recension d'Eric Zemmour [Figarovox - 2.11]. La première est que le terme conservateur - que revendiquent très couramment les intellectuels appelés souvent néo-réacs - n'a plus le sens péjoratif qu'il avait jadis dans les milieux royalistes ou patriotes (« c'est un mot qui commence mal ...»), il ne se rattache plus à l'idéologie libérale ou bourgeoise de la droite parlementaire, il signifie plutôt attachement à ce que nous aurions appelé en un temps, au sens profond, la Tradition.  A conserver ou à retrouver. Notre seconde remarque est une réserve lorsque Zemmour écrit que « les libertés anciennes ont été détruites en France par la monarchie elle-même ». Ce qu'il peut y avoir de vrai dans cette affirmation doit, selon nous, être fortement relativisé : rien de comparable entre les libertés anciennes que la monarchie a pu détruire et l'œuvre du rouleau compresseur idéologique du jacobinisme révolutionnaire encore à l'œuvre aujourd'hui. Les plus ultras partisans de la décentralisation et des libertés se satisferaient volontiers aujourd'hui des libertés de toutes sortes dont était toujours hérissée la France à la veille de la Révolution.  Lafautearousseau    

     

    522209694.4.jpgC'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes ; dans les grands textes du passé qu'on comprend le mieux la situation politique contemporaine. La dernière réédition du classique Réflexions sur la Révolution en France d'Edmund Burke l'atteste une nouvelle fois avec éclat. Il faut dire que le travail éditorial est admirable : préface brillante de Philippe Raynaud ; appareil critique exhaustif et passionnant ; sans oublier divers discours ou lettres de Burke qui attestent que, jusqu'à sa mort en 1797, celui-ci n'a jamais cessé de ferrailler contre notre Révolution.

    On se souvient de la thèse de Burke : les « droits de l'homme » n'existent pas ; il ne connaît que les « droits des Anglais ». On songe aussitôt à Joseph de Maistre, qui, lui non plus, n'avait jamais rencontré d'« hommes », mais des Italiens, des Russes et même, grâce à Montesquieu, des Persans. Ce ne sera pas la seule fois que le libéral conservateur anglais se retrouve sur la même ligne que le réactionnaire savoyard. Pas la seule fois qu'il inspirera tous les conservateurs avec son éloge chaleureux des « préjugés ».

    Pour Burke, les libertés sont un héritage, un patrimoine hérité de ses ancêtres. De sa tradition et de son Histoire. Burke est le premier à prendre « la défense de l'Histoire contre le projet révolutionnaire de reconstruction consciente de l'ordre social », nous explique notre préfacier didactique. Cette querelle dure jusqu'à nous. Nous vivons encore sous l'emprise de ces révolutionnaires qui ne se lassent jamais de « faire table rase du passé », pour qui tout est artificiel, tout peut être construit par volonté et par contrat, même la nation, même la famille, jusqu'au choix de son sexe désormais.

    Burke comprend tout de suite les potentialités tyranniques du nouveau quadrilatère sacré des concepts à majuscule : « Philosophie, Lumières, Liberté, Droits de l'Homme » ; et les violences de la Terreur qui s'annoncent, « conséquences nécessaires de ces triomphes des Droits de l'Homme, où se perd tout sentiment naturel du bien et du mal ». Burke tire le portrait, deux siècles avant, de nos élites bien-pensantes contemporaines qui n'ont que le mot « République » à la bouche, pour mieux effacer la France : « Chez eux, le patriotisme commence et finit avec le système politique qui s'accorde avec leur opinion du moment » ; et de ces laïcards qui réservent toute leur fureur iconoclaste au catholicisme, quel qu'en soit le prix à payer : « Le service de l'État n'était qu'un prétexte pour détruire l'Église. Et si, pour arriver à détruire l'Église, il fallait passer par la destruction du pays, on n'allait pas s'en faire un scrupule. Aussi l'a-t-on bel et bien détruit. »

    Burke est le père spirituel de tous les penseurs antitotalitaires du XXe siècle, en ayant pressenti que les hommes abstraits des « droits de l'homme » désaffiliés, déracinés, arrachés à leur foi et à leur terre, hommes sans qualités chers à Musil, seraient une proie facile des machines totalitaires du XXe siècle.

    Mais Burke, avec son œil d'aigle et sa prose élégante, est aussi passionnant par ses contradictions et ses limites. Burke parle d'abord aux Anglais de son temps. Il n'est pas un conservateur comme les autres. Il a pris le parti des « Insurgents » américains contre l'Empire britannique. C'est un libéral qui croit en une société des talents et des mérites. Mais il combat ses propres amis qui soutiennent les révolutionnaires français au nom d'une démocratisation des institutions anglaises. Burke se fait le chantre des inégalités sociales et rejette la conception rousseauiste de la participation des citoyens au pouvoir. Il n'est pas républicain ; il n'admet pas que la souveraineté nationale assure la liberté des citoyens. Il donne raison à Napoléon, qui écrira dans quelques années à Talleyrand : « La Constitution anglaise n'est qu'une charte de privilèges. C'est un plafond tout en noir, mais brodé d'or. »

    Il décèle avec une rare finesse l'alliance subversive entre gens d'argent et gens de lettres, qui renversera en France l'aristocratie d'épée et l'Église. Burke a déjà deviné ce que Balzac décrira. Mais il faut, à la manière des marxistes d'antan, lui rendre la pareille : Burke est l'homme de l'aristocratie terrienne anglaise qui s'est lancée dans l'industrie au XVIIIe siècle et entend bien soumettre politiquement les classes populaires pour permettre les conditions de « l'accumulation capitaliste ». Il défend une authentique position de classe. Mais sa position de classe donnera la victoire à l'Angleterre dans la lutte pour la domination mondiale.

    Burke est un conservateur libéral ; il accepte l'arbitrage suprême du marché ; il est proche d'Adam Smith et est le maître de Hayek. Mais comme tous les conservateurs, son éloge nostalgique de « l'âge de la chevalerie », de « l'esprit de noblesse et de religion », son émotion devant les charmes de Marie-Antoinette seront emportés comme fétu de paille par la férocité du marché, ce que Marx appelait « les eaux glacées du calcul égoïste ». Il ne veut pas voir ce que Schumpeter reconnaîtra : le capitalisme détruit « non seulement les arrières qui gênaient ses progrès, mais encore les arcs-boutants qui l'empêchaient de s'effondrer ».

    Burke est anglais et sa réponse est anglaise. Mais la Révolution de 1789 est française. La monarchie anglaise n'a pas eu la même histoire que la monarchie française. Les libertés anciennes ont été détruites en France par la monarchie elle-même. D'abord pour émanciper le roi de l'Église et des féodaux, puis, pour arracher le pays aux guerres de Religion. La Glorious Revolution de 1688 s'est faite au nom de la religion protestante et de la défense des libertés aristocratiques.

    Deux histoires, deux conceptions de la liberté. Mais Burke préfigure et annonce le sempiternel regret des libéraux français et de toutes nos élites depuis deux siècles : que la France ne soit pas l'Angleterre. Ce regret n'a jamais été consolé ni pardonné: après avoir tenté pendant deux siècles de corriger le peuple de ses défauts ; après s'être efforcées de l'angliciser, de l'américaniser, de le « protestantiser », les élites hexagonales ont fini par abandonner le peuple français à son indécrottable sort « franchouillard » et le jeter par-dessus bord de l'Histoire. Au nom de l'universalisme et des droits de l'homme. Burke avait eu raison de se méfier. 

    Réflexions sur la révolution en France. Edmund Burke, Les Belles Lettres, 777 p., 17 €.

    Eric Zemmour           

  • Syrie : les dessous de l’intervention russe

    Photo: Sipa

    Entretien avec Fabrice Balanche

    L'entretien qui suit avec Fabrice Balanche - entretien paru dans Causeur - prolonge très utilement la chronique de Péroncel-Hugoz qui précède.  

    Spécialiste de la Syrie, notamment de la région côtière alaouite, Fabrice Balanche est directeur du Groupe de Recherches et d’Etudes sur la Méditerranée et le Moyen-Orient à l’université de Lyon-2. Il analyse les raisons de l’intervention russe en Syrie et décrypte le grand jeu à l’œuvre dans ce pays… dont la France est exclue.

    Daoud Boughezala. Depuis son déclenchement la semaine dernière, la campagne de bombardements russes en Syrie a provoqué une escalade de tensions avec la Turquie et l’ensemble de l’OTAN. Que cherche Poutine en bombardant les groupes d’opposition armés syriens ?

    Fabrice Balanche. Vladimir Poutine a deux objectifs en Syrie. D’une part, installer durablement les troupes russes dans la région alaouite, sur la côte méditerranéenne. D’autre part, renforcer Bachar Al-Assad en vue de futures négociations sur l’avenir du pays. Les groupes d’opposition armés, des dernières brigades de l’Armée syrienne libre à Daech, sont frappés par Moscou non pas en fonction de leur idéologie, mais de la menace qu’ils représentent pour accomplir ces objectifs. C’est pour cette raison que l’aviation russe a, jusqu’à présent, peu ciblé Daech, dont le territoire se situe à l’Est de la Syrie, mais davantage, Al-Nosra et les groupes alliés de la branche syrienne d’Al-Qaïda, ce qui représente en nombre plus de 80% des rebelles. Les 20% restants se trouvent surtout dans le sud de la Syrie, où le soutien américain les oblige à demeurer « fréquentables » sur le plan idéologique.

    Les vives protestations de l’OTAN signifient-elles que l’Occident, France en tête, soutient tacitement les groupes d’opposition armée à Assad autres que l’Etat islamique, fussent-ils alliés ou affiliés à Al-Qaïda ?

    François Hollande a demandé à Vladimir Poutine de ne frapper que Daech, comme le fait la coalition occidentale. Hormis quelques bombardements en juillet 2014 sur Al-Nosra et Ahrar es-Sham, les Etats-Unis évitent de s’en prendre aux deux piliers de «  l’Armée de la conquête », une coalition islamiste financée par l’Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie en vue de faire tomber Bachar Al-Assad. Cette coalition a enregistré d’importants succès au printemps dernier en s’emparant de la province d’Idleb et en menaçant Lattaquié, dans la région alaouite. Les Occidentaux espéraient que cela amènerait Bachar Al-Assad à négocier en position de faiblesse et à abandonner le pouvoir, comme le réclame François Hollande. L’intervention russe met fin à leurs espoirs. L’Occident pensait naïvement qu’il suffirait d’entretenir un conflit de basse intensité en Syrie pour affaiblir l’armée syrienne. C’était sans compter le désastre humanitaire et ses conséquences en termes de migrations pour l’Europe, les attaques terroristes qui se multiplient et le déploiement de troupes russes et iraniennes en Syrie. Car il était évident que les deux alliés de Bachar Al-Assad que sont la Russie et l’Iran allaient finir par intervenir directement.

    En ce cas, pourquoi la Russie a-t-elle tant tardé à s’engager militairement sur le terrain syrien ?

    La Russie attendait que le moment soit favorable sur le plan géopolitique. Les Etats-Unis sont en position de faiblesse à l’extérieur car ils entrent en campagne électorale. Barack Obama a tout fait pour désengager les Etats-Unis d’Irak et d’Afghanistan, ce n’est pas pour se lancer dans une aventure militaire en Syrie. Quant aux Européens, ils sont tétanisés par le flux de réfugiés et le risque terroriste. Ils souhaitent que le conflit s’arrête quelle que soit l’issue, y compris le maintien au pouvoir de Bachar Al-Assad, pour une période de transition politique, qui est évidemment appelée à durer. L’accord sur le nucléaire iranien a été entériné, ce qui laisse plus de marge de manœuvre à Téhéran pour également intervenir en Syrie et en Irak, comme en témoigne l’annonce d’une coordination du entre Téhéran, Bagdad, Damas et Moscou contre Daech, prélude à une coalition concurrente de celle mise en place par les Etats-Unis.

    Sur le plan intérieur, le gouvernement syrien est fragilisé, son armée fatiguée est réduite par des pertes qu’elle ne parvient pas à compenser par les recrutements. Et au niveau local, la menace d’une attaque des rebelles sur Lattaquié, au nord de la côte méditerranéenne où précisément la Russie veut installer ses bases militaires, a obligé Vladimir Poutine à réagir. Il fallait aussi que Bachar Al-Assad soit en position de faiblesse pour qu’il accepte les conditions russes, car jusqu’à présent, même s’il était dépendant de la Russie pour son approvisionnement militaire, il refusait l’installation des troupes russes sur son territoire : question de fierté.

    Paradoxalement, à mesure qu’il se recroqueville sur son pré carré territorial (la fameuse “Syrie utile” de Damas à Lattaquié), le régime syrien semble regagner en respectabilité internationale. Néanmoins, les différentes conférences de la paix entre Damas et l’opposition  pacifique ont-elles une chance d’aboutir à une pacification sur le terrain ?

    L’opposition pacifique syrienne vit dans un monde virtuel, complètement déconnecté de la réalité du terrain, sans aucun levier sur les groupes militaires. Pourquoi Damas négocierait-il avec ces groupes ? Ceux-ci sont soutenus à bout de bras par les Occidentaux, la Turquie et les pétromonarchies qui ont besoin de conserver une opposition politique pour d’éventuelles négociations. Devant l’impossibilité de trouver une alternative politique à Bachar Al-Assad et face à la menace djihadiste, le principe de réalité s’impose à beaucoup de pays, tel l’Allemagne, en première ligne de la vague migratoire venue de Syrie. Désormais, l’Occident veut préserver les institutions syriennes et ramener le calme dans le pays. Le maintien d’un conflit de basse intensité, comme le souhaite la France, est devenu beaucoup trop coûteux pour l’Union Européenne, car c’est cette dernière qui accueille les réfugiés syriens et non les pétromonarchies du Golfe qui financent la rébellion. Mais pour pouvoir traiter avec Bachar Al-Assad, il faut redorer son image, il en va de la crédibilité des dirigeants, qui après l’avoir conspué, vont devoir renouer officiellement avec lui.

    Rétrospectivement, les anathèmes d’Assad contre ses opposants, qu’il a assimilés à des “terroristes” dès le début de la crise au printemps 2011, se sont révélées être des prophéties autoréalisatrices : grâce à l’expansion de l’État islamique, le pouvoir syrien se pose en ultime recours. Laurent Fabius n’a-t-il pas raison de faire de Daech et de Damas des alliés objectifs ?

    La politique de Laurent Fabius sur la Syrie est un échec total. Il a eu tort sur toute la ligne. C’est pour cette raison qu’il a été quelque peu dessaisi du dossier par le Président de la République début septembre. Notre ministre des Affaires étrangère réécrit l’histoire de la crise syrienne pour justifier ses positions. Il affirme ainsi  que si nous avions bombardé Damas en septembre 2013, les rebelles modérés auraient pris le pouvoir et Daech n’aurait jamais existé. Hubert Védrine dans une excellente tribune dans Libération a répondu que rien n’était moins sûr. Je partage tout à fait son avis : nous aurions tout simplement eu Daech à Damas. Le communautarisme et le salafisme radical ne sont pas nés en 2011, sous l’impulsion d’un régime machiavélique. Ils sont constitutifs de la société syrienne et ne demandaient qu’à s’exprimer au grand jour. Certes, Bachar Al-Assad a joué avec ce qui lui permettait de fragmenter l’opposition. Mais si Damas et Daech sont des alliés objectifs, dans ce cas Israël et le Hamas le sont également, sans oublier les Etats-Unis et la Russie, et en son temps François Mitterrand et Jean-Marie Le Pen. Ce genre de raccourci est indigne d’un ministre des Affaires étrangères. Cependant, après avoir affirmé pendant deux ans que Bachar Al-Assad avait créé Daech, prétendre aujourd’hui qu’ils ne seraient plus que des alliés objectifs témoigne d’une certaine inflexion de la diplomatie française ! 

    Entretien par Daoud Boughezala, rédacteur en chef de Causeur.

     

  • LES LAMBEAUX DE LA RÉPUBLIQUE, par François Marcilhac *

     

    500021990.jpg« Suave mari magno turbantibus aequora ventis / E terra magnum alterius spectare laborem » : qu’on ne compte pas sur moi pour présenter des excuses à Najat Vallaud-Belkacem de commencer mon éditorial par deux vers latins, des plus célèbres, du reste, et de refuser, en sus, de les traduire.  

    Pour ceux qui ignorent la langue de Lucrèce — ce qui n’est pas en soi un déshonneur —, il leur suffira de les taper sur leur moteur de recherche préféré...

    Je ne dirai pas non plus que c’est Sarkozy qui me les inspire, trop empêtré qu’il est dans son prosaïsme politicien, mais, comme l’auteur au début de son long poème sur La Nature, le déchaînement même des éléments, en l’occurrence des événements politiques pour l’observateur, que chacun sait impartial, de la chose républicaine que je suis... Quels événements ? Eh bien, la naissance du dernier avatar de la droite parlementaire qui n’en finit pas, depuis qu’elle a abandonné tout patriotisme, de changer de défroque à intervalles réguliers — au gré de ses compromissions, des affaires et des ambitions de ses dirigeants. Ou plus exactement encore, le psychodrame auquel cette naissance a donné lieu : pensez ! Voilà que la désormais feue UMP est devenue Les Républicains, préemptant ainsi, pire, s’appropriant, s’arrogeant, monopolisant, confisquant, pour évidemment mieux les pervertir, « les principes de la République qui sont », comme chacun sait, du moins comme le savent les signataires du recours en nullité, qui a échoué, du nouveau nom de l’UMP, et comme le révèle, aussi, toute l’histoire de nos cinq républiques, « la vertu et l’exemplarité » [1]. Oui, qu’il est doux, de la terre ferme du royalisme de regarder l’immense labeur des républicains de toute obédience se disputant sur les flots déchaînés de leurs luttes intestines les lambeaux de l’idée républicaine, devant des Français, au pire indifférents, au mieux médusés de voir nos hommes politiques à ce point en phase avec leurs préoccupations. Comme nous le signalions déjà dans notre précédent éditorial, nos compatriotes sont 65 % à ne plus être sensibles aux termes « République » et « valeurs républicaines ». Qu’importe ? L’autisme des représentants de l’oligarchie n’est plus à démontrer.

    Alors que l’immigration ne cesse d’exploser, vérifiant jour après jour le roman visionnaire de Jean Raspail, l’enseignement d’être, par la droite et la gauche réunies, depuis quarante ans méthodiquement détruit, notre économie de s’enfoncer dans le marasme et le chômage d’exploser : fin avril, la France comptait 3 536 000 chômeurs, une hausse de 0,7% par rapport à mars — sur un an, elle est de 5,1% —, le 30 mai, au congrès des Républicains, où, d’ailleurs, s’étaient déplacés deux fois moins de militants que prévu, Sarkozy n’a rien trouvé de mieux que d’accuser la gauche de « trahir la République ». Et notre Robespierre made in USA de s’exclamer, avec un doigt vengeur : « A ceux qui nous accusent de confisquer la République, nous répondons que, s’ils ne l’avaient pas trahie, s’ils ne l’avaient pas abandonnée, s’ils ne l’avaient pas abaissée, nous n’aurions pas besoin aujourd’hui de la relever ». A quoi, Manuel Valls qui, lui, n’a jamais tenté de « confisquer » la république à son profit, de répondre d’Italie — il est loin le temps où nos hommes d’Etat s’interdisaient de commenter la vie politique française de l’étranger —, que ces propos « blessent inutilement le pays »... Mais le pays, Valls, s’en f... de ces querelles d’hérésiarques ! Ce qu’il voit, c’est que la France s’effondre et il attend de ceux qui sont théoriquement chargés de la diriger qu’ils la redressent !

    Outre l’historien et ancien secrétaire d’Etat Jean-Noël Jeanneney s’indignant de cette tentative d’affirmer « un monopole, qui rejette tous les autres hors de ce nom lumineux » (Le Monde du 4 mai) — ses desservants ont toujours conçu la République comme un objet religieux, d’où l’impossible « laïcité à la française » —, le plus significatif est l’appel qu’avaient lancé des intellectuels tels que Marcel Gauchet, toujours dans Le Monde [2] contre cette captation d’héritage par un Sarkozy chez lequel le tropisme américain n’expliquerait pas tout. « Si nous sommes républicains, c’est justement parce que la République en France, est [...] la possibilité donnée à chacun de s’associer avec d’autres pour faire valoir ses idées, son projet de société, ses propositions pour faire avancer la réalisation de valeurs communes. En un mot, un régime de partis. » Tout est dit. L’impossibilité pour la République de se concevoir autrement que comme le « régime des partis », dont la forme la plus achevée est le régime d’assemblée — un régime auquel veulent revenir tous les projets de VIe république — montre que la tentative du général de Gaulle d’en finir, en république, avec la suprématie des partis, laquelle se rappela à son souvenir dès décembre ... 1965, c’est-à-dire dès la première élection du chef de l’Etat au suffrage universel, était d’avance vouée à l’échec. Le ballottage du général sanctionna leur triomphe.

    Certes, la situation a évolué : si les partis sont toujours les courroies de transmissions d’intérêts privés et le lieu de satisfaction d’ambitions personnelles, eux-mêmes se trouvent aujourd’hui neutralisés par une oligarchie supranationale. L’Europe a modifié la donne, mais en ne faisant qu’aggraver la soumission du politique et du bien commun — la res publica en son sens originel — à des impératifs décrétés ailleurs que dans les instances des partis politiques français — d’où la grande ressemblance des politiques menées. C’est pourquoi, poursuivre en déclarant que « les Républicains sont l’ensemble des Françaises et des Français attachés à la forme républicaine et démocratique, expression naturelle de la souveraineté nationale », c’est mentir deux fois sur ce qu’est cette « souveraineté nationale », par ailleurs fort abstraite. On sait fort bien que la « nation » souveraine, originellement conçue contre le Roi, n’a jamais exercé le moindre pouvoir et que le régime représentatif fut toujours celui des factions ; on sait aussi que ces mêmes partis ont dissous la souveraineté de la nation par rapport à l’étranger et que les socialistes comme nos nouveaux « Républicains » s’accommodent fort bien, pour les avoir eux-mêmes adoptés ou fait adopter, de tous les traités qui, depuis Maëstricht en 1992, Lisbonne en 2008 et le traité budgétaire en 2011, font de cette « souveraineté nationale », qu’on l’entende en son sens « républicain » ou, plus simplement, comme synonyme de souveraineté de la France, une image du passé. Alors que la monarchie capétienne fut le régime du « Roi empereur en son royaume », ne se reconnaissant aucune autorité temporelle extérieure, la république est bien celle d’une « souveraineté nationale », qui, de par les traités, est aujourd’hui « partagée » — une contradiction dans les termes —, c’est-à-dire soumise aux intérêts de l’étranger — qu’il soit politiques, financiers ou les deux à la fois.

    La vraie césure n’est plus — n’a jamais été, du reste — entre la droite et la gauche, entre, demain (?), des « Républicains » (l’UMP), des « Démocrates » (le PS) et des « Patriotes » (le FN). Il est entre ceux qui, favorables au « régime des partis », sont attachés à « la forme républicaine et démocratique, expression naturelle » de l’oligarchie, et ceux qui veulent que la nation recouvre, avec le Roi souverain, sa vraie souveraineté. 

    [1] http://noussommeslesrepublicains.or...
    [2] Le Monde du 24 avril 2015 

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    François Marcilhac - L’AF 2000

  • JEUNESSE : LA FAILLITE MORALE DE LA GAUCHE

    par François Marcilhac 

    500021990.jpgJusqu’où la gauche descendra-t-elle ? Je ne parle ni des sondages ni des élections partielles, mais de sa faillite morale. Il ne s’agit pas des nombreuses affaires dans lesquelles elle est engluée. Le candidat Hollande, en 2012, avait fait de la jeunesse sa priorité.  

    Quatre ans plus tard, le gouvernement socialiste, incapable d’offrir un emploi aux jeunes Français, cherche à les appâter en libéralisant l’usage de la drogue. Fumez, vous ne penserez plus que votre avenir est bouché ! Qui dira après cela que Hollande, à douze mois de la prochaine présidentielle, ne fait pas à nouveau de la jeunesse sa priorité ? D’autant qu’un drogué est rarement inscrit au chômage et cherche plus rarement encore du travail. Il n’apparaît dans aucune statistique de Pôle Emploi : c’est gagnant-gagnant ! Alors que le Premier ministre annonçait en parallèle, le 11 avril dernier, une série de mesures en faveur de l’insertion professionnelle des jeunes pour un coût de 400 à 500 millions d’euros par an, Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement, a souhaité sur BFM TV que « le Parti socialiste ouvre un débat sur la fin de la prohibition » du cannabis. Certes, ce médecin de profession reconnaît que le cannabis « est une très mauvaise chose pour la santé publique, en particulier chez les jeunes », mais, compte tenu de sa large consommation, « il faut peut-être aller vers des mécanismes de légalisation contrôlée ».

    Qu’en termes délicats ces choses-là sont dites ! Comme si la solution était de baisser les bras en encadrant le mal ! Comme si l’augmentation de la consommation de drogue n’était pas l’effet d’une situation anxiogène dû avant tout à la crise et au délitement social ? Est-ce d’ailleurs un effet du hasard si, dans le même temps et alors que l’ouverture, voulue elle aussi par le pouvoir socialiste, d’une salle de shoot dans le Xe arrondissement de Paris, adossée à l’hôpital Lariboisière, fait toujours débat, la Fédération française d’addictologie recommande dans un rapport rendu public lundi 18 avril 2016 que la consommation de drogue soit également permise dans les centres d’accueil pour toxicomanes ? Ce qui aboutirait à une dépénalisation de fait non plus seulement de la consommation des drogues prétendument douces, telles que le cannabis, mais aussi des stupéfiants les plus dévastateurs.

    Que la gauche en soit arrivée là en dit long sur sa déliquescence morale. Quelle déchéance que de ne proposer comme horizon à la jeunesse de son pays que la libéralisation du cannabis, l’ouverture de salles de shoot et l’assistance avec la création, dès 18 ans, d’un revenu minimum d’existence, en remplacement, au nom d’un égalitarisme simpliste, du maquis actuel des minima sociaux. Oui, la gauche paniquée par la perspective en 2017 d’un nouveau 21-Avril, ne gouverne plus : elle fait campagne, tous azimuts, cherchant à raccrocher, par tous les moyens, même nauséabonds, des électorats qu’elle croyait captifs et qu’elle voit lui échapper. La dégradation préméditée de l’instruction, à laquelle préside Najat Vallaud-Belkacem, certes entamée par ses prédécesseurs de droite et de gauche, mais accélérée de manière méthodique par l’actuel gouvernement, est une composante de cette politique en direction à la fois de la jeunesse et de certaines « communautés ». Un peuple mal instruit est plus malléable, notamment à ces discours de haine qui, sous couvert de vivre-ensemble, sont ceux du communautarisme militant.

    Même si cela n’a pas profité au candidat socialiste aux régionales en Île-de-France, il est toutefois patent que la gauche cherche à communautariser, voire à racialiser de plus en plus sa propagande, opposant la France « périphérique », constituée des Français de souche et des immigrés assimilés, à la « diversité », soutenue par ces dhimmis masochistes qui ont les moyens de s’enfermer dans leurs beaux quartiers et espèrent que leur argent leur assurera durablement la tranquillité au sein du grand remplacement civilisationnel qu’ils ont d’ores-et-déjà acté. Il en est des spots « Tous unis contre la haine » prétendant dénoncer le racisme comme des 2 000 affiches visant à condamner les discriminations à l’embauche : en insultant, tout en l’inventant comme catégorie économique et sociale, le « Français blanc » comme profiteur et raciste, ces deux campagnes gouvernementales en cours cherchent, par un racialisme grossier, à créer cet apartheid mental que Valls a infusé dans le discours politique en janvier 2015, dans le seul but d’opposer de manière irrémédiable deux électorats : d’un côté les Français périphériques jugés irrécupérables car désormais tournés vers le FN, de l’autre, la « diversité », électorat de remplacement en cours de constitution.

    Cette politique racialiste et communautariste de la gauche est d’autant plus violente qu’il lui faut réparer deux bévues qui lui ont aliéné un électorat qui lui avait été acquis en 2012 : sa politique étrangère de lutte contre le terrorisme islamiste entamée dès janvier 2013 au Mali, comme la politique sociétale — mariage pour tous, théorie du genre enseignée à l’école. Comme quoi, contrairement à ce que pensent des esprits courts au FN, qui risque de s’en mordre les doigts en 2017, la gauche sait, elle, qu’il n’y a pas de sujets « bonsaïs » en politique. Comment ne pas voir également que les propos de mars 2015 de Vallaud-Belkacem sur le porc comme « aliment confessionnel » étaient un message communautariste envoyé à certains jeunes ?

    Rien ne dit évidemment que cette tactique abjecte réussira. Les « quartiers » sont d’autant moins revenus dans le giron de la gauche qu’elle en a perdu de nombreux et que la droite molle et le centre tiennent désormais le même discours et pratiquent la même politique. Hollande, qui dévisse dans les sondages, a peur : plus généralement la jeunesse, quelles que soient ses origines, lui échappe. Celle qui vote destine ses voix en majorité à la droite parlementaire ou au Front national. La gestion des manifestations, notamment de lycéens, contre la loi El-Khomri, comme celle de Nuit Debout sur la place de la République à Paris, pâle reflet des Indignados espagnols du début des années 2010, est délicate. Il s’agit d’éviter avant tout la constitution d’un Podemos français.

    Les violences policières, encouragées par le pouvoir et occultées par les médias aux ordres lorsqu’elles étaient dirigées contre les pacifiques Manif pour tous ou autres Veilleurs, pourraient, cette fois largement médiatisées, faire à gauche le jeu des dissidents. C’est pourquoi le pays légal ferme les yeux, partout en France, sur les nombreux actes de vandalisme des antifâ et autres gauchistes qui, largement infiltrés, lui ont toujours servi de police supplétive. Laisser libre cours au vandalisme — les commerçants de Nantes, Rennes ou Paris en font régulièrement les frais —, dans l’espoir d’en rendre responsable et de réprimer l’adversaire qu’on jugera utile de désigner, les patriotes, évidemment, qu’on prétend en toute bonne conscience « citoyenne » interdire d’expression : cette politique d’une gauche aux abois est vieille comme la République. A Marseille, les locaux de l’Action française ont été ces jours derniers plusieurs fois vandalisés et nos militants menacés de mort par les idiots utiles du système, sans que cela inquiète autrement la police, voire avec une certaine complaisance des médias de l’oligarchie. L’évocation récurrente par le gouvernement d’un risque de guerre civile n’a rien d’innocent. Pour la gauche, sera « républicain » tout ce qui permettra son maintien au pouvoir. 

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    L’ACTION FRANÇAISE 2000

  • François Lenglet: « Notre continent n'est pas armé pour les intempéries actuelles »

    Pour le journaliste économique, auteur de La Fin de la mondialisation (éd. Fayard), l'Europe est démunie face à la conjonction des crises économique, migratoire et terroriste [Entretien Figarovox du 16.03]. Où en sommes-nous donc pour qu'une personnalité aussi avisée, médiatisée, professionnellement liée au politiquement correct, tienne de tels propos, se livre aux analyses qu'on va lire ? C'est nous semble-t-il que si « le vent souffle où il veut », comme il a été rappelé hier, joliment, dans nos commentaires, il ne souffle plus désormais sur le monde dans le sens qui était annoncé. Finkielkraut l'a dit : « nous vivons la fin de la fin de l'Histoire », cette utopie vulgarisée par Francis Fukuyama, japonais américanisé, il y a un quart de siècle. L'Histoire est évidemment de retour (n'étant jamais partieet le monde actuel bouillonne de conflits et de tragédies. Sans-doute sommes-nous aussi entrés dans un processus de fin de la mondialisation -  selon la thèse de Lenglet soi-même. Enfin, le mouvement de dislocation de l'UE, ici décrit par François Lenglet, est déjà en marche, ce qui n'est pas nécessairement, peut-être au contraire, une cause supplémentaire d'affaiblissement de l'Europe réelle. Deux réactions seulement au propos lucide de François Lenglet : la première est que nous ne voyons pas en quoi le Brexit changerait grand chose aux rapports utiles pouvant exister déjà entre France et Grande Bretagne : pour elle, dedans ou dehors est à peu près du pareil au même... La seconde tient à l'optimisme - à notre sens imprudent - de François Lenglet quant au renouvellement paisible de l'Allemagne ou Germania, par l'immigration. Nous verrons bien si ce renouvellement sera ou non paisible. De premiers signes apparaissent qui démentent cette hypothèse selon nous hasardeuse et même contraire aux enseignements de l'Histoire. Sinon ... accord assez général avec les présentes analyses de François Lenglet. Là aussi : signe des temps ! Lafautearousseau    

     

    XVM020cc0f8-eb9c-11e5-9545-c2bafd267b1f.jpgPour soutenir la croissance en berne de l'Europe, la Banque centrale européenne (BCE) vient d'abaisser le taux principal à 0%, s'attirant ainsi les foudres de Berlin. L'Europe n'est-elle pas déjà beaucoup endettée ?

    Ces politiques monétaires non conventionnelles sont des palliatifs. Elles ont permis de différer l'explication finale, c'est à dire le défaut de paiement quasi généralisé dans la zone euro et l'explosion de l'union monétaire. Mais elles n'ont rien réglé. Les dettes continuent de s'accumuler, alors que le pouvoir de la BCE s'affaiblit - c'est comme l'héroïne, il faut augmenter les doses à chaque fois. Et il est possible qu'on le fasse jusqu'à l'overdose, c'est-à-dire la crise de confiance à l'égard  de l'euro, non pas venant des marchés financiers, mais des acteurs de l'économie réelle, qui chercheront à s'en débarrasser. Le risque est donc plus élevé que jamais, même si les marchés financiers ne le perçoivent pas. Pour prolonger l'action de la BCE,  des voix éminentes nous enjoignent de « réformer » le marché du travail des pays membres. Mais c'est complètement illusoire de penser que la flexibilité ramène mécaniquement la croissance. Elle ne fait qu'augmenter la réactivité  de l'emploi à la conjoncture, à la hausse comme à la baisse. Si la conjoncture reste hostile, il n'y aura pas de miracle avec les réformes du marché du travail.

    Il y a pourtant des pays qui recréent  de l'emploi massivement, l'Espagne par exemple.

    Oui, l'Espagne a créé plus d'un million d'emplois, mais elle en avait détruit quatre pendant la crise. La France, sur la même période, en a détruit 700 000 seulement, alors que l'économie française est deux fois plus importante que celle de l'Espagne ! Même après une bonne année 2015, l'Espagne reste loin de son niveau d'emploi et de PIB d'avant la crise. Le seul exemple de reprise réussie en zone euro est l'Irlande, qui a fait près de 8 % de croissance en 2015. Mais c'est un pays tourné massivement vers l'export, et il a consenti des sacrifices inouïs, comme la baisse du salaire d'embauche des jeunes de 30 %. Sans compter sa politique fiscale non coopérative, qui siphonne les investissements du continent. De ce point de vue, l'Irlande est un flibustier.

    Le redressement économique de la Grèce est-il sur la bonne voie ?

    Non. La Grèce entame sa neuvième année de récession consécutive. Jamais un pays n'a connu une telle punition, sinon lors de guerres ou d'épidémies. Le pays s'enfonce dans la nuit, sans aucune perspective de redressement. Il va bientôt quémander un nouveau plan d'aide et l'annulation de ses engagements, comme tous les dix-huit mois. Son « sauvetage » aura coûté plusieurs centaines de milliards d'euros, en pure perte. Le pays est exactement dans le même cas de figure que l'Afrique francophone d'il y a vingt ans, plombée par un franc CFA qui était bien trop fort pour elle, et à qui l'on demandait des plans d'ajustement structurels stupides et inopérants. Il faut évidemment que  la Grèce sorte de l'euro, qu'elle dévalue et qu'elle convertisse sa dette en drachme, ce qui permettra de l'amoindrir, tout en restant dans l'Europe. Il faudrait rétablir une sorte  de SME, qui permettrait à la BCE de stabiliser le cours de la nouvelle drachme face à l'euro et d'éviter la panique. Faute de cela, le pays va se vider de ses ressources qualifiées, et devenir un parc d'attractions estival pour les Allemands, soutenu à grands frais. C'est triste.

    La sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne sera-t-elle le coup de grâce porté au continent ?

    Pas forcément. Il y a deux scénarios. Le mauvais, c'est que l'Angleterre nous laisse dans un tête-à-tête  avec l'Allemagne, alors que la France décroche au plan économique par rapport à son voisin. Nous avions fait l'union monétaire pour ceinturer  la puissance allemande, et elle l'a au contraire consacrée... Par ailleurs, nous perdrions beaucoup au départ  de Londres. La France et le Royaume-Uni ont fait leur révolution au même moment, industrielle pour les Anglais, politique pour les Français, deux événements jumeaux, au tournant  du XVIIIe siècle, qui ont forgé les outils  de l'essor de l'Occident. Ils se pensent dans le monde de la même façon, comme deux anciens empires. Enfin, par-delà l'agacement réciproque, Paris et Londres sont des partenaires militaires et stratégiques naturels l'un pour l'autre. Comme l'a dit récemment Manuel Valls, les deux pays ont toujours été côte à côte lors des désastres sanglants du XXe siècle. Ce n'est pas rien.

    Et l'autre scénario ?

    Ce serait le bon : que la sortie du Royaume-Uni conduise les autres membres à s'interroger sur cette Europe en crise : est-ce que cela vaut toujours  le coup ? À quelles conditions ? Et que voulons nous faire désormais ensemble ? L'ère de la bonne volonté européenne automatique est révolue. C'est la France qui va avoir le plus de mal à cette révolution mentale, car si elle n'a plus  la perspective européenne comme futur, elle redevient une puissance moyenne sur le déclin. Alors que l'Allemagne a au moins une stratégie de remplacement, avec la consolidation de son hinterland,  à l'est, en plein essor. Elle peut devenir  le centre d'une « Germania » industrielle, tout à la fois pacifique et puissante, renouvelée progressivement par l'immigration.

    La survie de l'Europe passe-t-elle par un système à deux vitesses, avec un noyau dur (mené par le couple franco-allemand) et des satellites ?

    Le statu quo est en effet difficilement envisageable. Parce que la construction européenne est un navire de beau temps, qui a été conçu et fabriqué pour naviguer dans une période de calme tout à fait inhabituel, la fin du siècle dernier. Il n'est pas armé pour les intempéries actuelles, comme la simultanéité des crises économique, migratoire, terroriste...  La meilleure preuve, c'est que l'on est revenu en quelques semaines seulement sur la libre circulation des personnes, avec le rétablissement des frontières nationales. Tout comme sur celle des capitaux, en Grèce et à Chypre. Alors, y a-t-il une stratégie de substitution à l'Europe actuelle qui soit collective ? C'est ce que vous appelez l'Europe à deux vitesses. Ce serait le retour à l'Europe  des Six, ou celle des Douze. Ce serait souhaitable, mais ce n'est pas le plus probable. La tentation va être forte  d'en revenir aux frontières nationales. 

    Entretien par Marie-Laetitia Bonavita            

  • Après le colloque du 7 mai, le rendez-vous de Béziers : Défendre l'héritage

     La Galerie des Rois au portail de Notre-Dame

     

    Par François Marcilhac

    Cet article a été rédigé avant le colloque d'Action française du 7 mai dernier, à Paris. Il reste d'une parfaite actualité. Et clairement utile dans le contexte des débats préélectoraux en cours.  LFAR

     

    500021990.jpgNous sommes entrés dans une année périlleuse. Périlleuse pour le pays. Si les minorités, heureusement fort rares dans l’histoire de France, ont constitué la faiblesse de la royauté, dont nous n’avons jamais été les charlatans, rappelait Maurras, en revanche, parmi les nombreuses faiblesses, constitutives, elles, de la république, il y a les récurrentes années électorales dont le catastrophique Chirac, pour se faire réélire en 2002, a encore accru la fréquence en passant du septennat au quinquennat.  

    UN RÉGIME DÉSASTREUX

    Et si toutes les régences ne furent pas catastrophiques, toutes les années électorales, elles, le sont puisque même le président ne pense plus qu’à l’élection. Quand un pays ne connaît pas de crise économique ni ne souffre d’une dette abyssale, quand il a gardé toute sa souveraineté extérieure et intérieure, qu’il n’est soumis ni à un directoire étranger qui décide pour lui ni à la désagrégation de son peuple et de sa civilisation sous l’effet d’un raz-de-marée migratoire ordonné par ce même directoire et organisé par des élites « nationales » qui ont trahi, quand pâturage et labourage demeurent les deux mamelles de sa prospérité et que l’industrie assure indépendance économique et travail, quand l’Etat ne prémédite pas l’analphabétisation du peuple et, qu’enfin, les fondements de la société ne sont pas méthodiquement sapés au nom d’un individualisme pathologique devenue l’idéologie officielle, alors oui, il peut se payer le luxe de vivre en République, du moins pour un court laps de temps, car il finit rapidement par le payer.

    MENACES SUR LA COMMUNAUTÉ NATIONALE

    Mais nous qui y vivons depuis plusieurs générations et qui devons à ce régime l’état désastreux dans lequel se trouve la France, nous ne pouvons que voir se profiler avec angoisse cette nouvelle année électorale. Aux cadeaux qu’au prétexte d’une fausse reprise la majorité socialiste a commencé à faire à des électorats qui ne lui sont plus aussi fidèles qu’auparavant — fonction publique en général, enseignants —, à la baisse d’impôt annoncée pour 2017, aux reculades, comme sur la loi El Khomri, qu’Hollande pratique sous la menace du désordre orchestré par sa propre gauche, mais qu’il doit savamment doser aux exigences de la Commission européenne, de Merkel et du MEDEF pour lesquels ce projet de loi dans son état initial n’était qu’un minimum, à la soumission toujours accrue, mais rétribuée, de notre diplomatie, qui est discréditée, il est à craindre, comme le montrent de récentes campagnes racialistes, que nous évoquions dans le précédent numéro, que le pays légal n’ajoute une politique de fuite en avant envers la « diversité ». Ces communautés étrangères, encouragées par lui à la fois à s’installer sur notre sol et à ne pas s’assimiler, ne sont-elles pas appelées à devenir un électorat de substitution, génération après génération par le droit du sol mais immédiatement par le bradage organisé à grande échelle de la nationalité française ?

    ACTUALITÉ DE LA QUESTION INSTITUTIONNELLE : NOTRE COLLOQUE DU 7 MAI

    Autant dire que jamais la question institutionnelle — ramener l’héritier — n’a été plus actuelle et que jamais non plus conduire une politique de salut public pour sauvegarder l’héritage n’a été un devoir plus urgent. Or l’Action française, en ce mois de mai, ce double mois de Marie et de Jeanne, les deux patronnes de la France, sera sur les deux fronts.

    Nous serons tout d’abord sur le front institutionnel avec notre colloque du 7 mai, dont le thème est : « Je suis royaliste, pourquoi pas vous ? ». Question actuelle comme le montre, depuis plus d’un an maintenant, cette interrogation sur les « valeurs de la république », dont l’évocation telle des mantras ne peut plus que « saouler », effectivement, jusqu’aux patriotes républicains les plus sincères, dans la faillite de tout ce sur quoi la république a prétendu se fonder : une « liberté » qui est celle de la finance et des voyous, mais qui prive les citoyens de leurs droits fondamentaux : vivre en sécurité, s’exprimer sans crainte du juge, élever dignement ses enfants dans le respect des valeurs fondamentales de notre société ; une « égalité », qui tolère 5 millions de chômeurs, la préférence étrangère, et l’arrogance de l’oligarchie ; une « fraternité » où le gouvernement favorise le communautarisme le plus haineux et cherche à diviser les Français en promouvant un racialisme d’Etat ; la laïcité, enfin, quatrième mousquetaire de la trinité républicaine, pensée comme une arme de destruction massive des racines tant chrétiennes que gréco-romaines de la France. Complicité objective des mondialistes et des terroristes de l’Etat islamique qui se pense lui aussi comme mondial, dans cette guerre à mort déclarée au christianisme, dont les valeurs s’opposent radicalement tant au règne du consumérisme matérialiste qu’à l’enfer islamiste. D’un côté on massacre les « croisés », de l’autre on s’en prend à l’identité catholique de nos compatriotes en assimilant le prêtre au pédophile et en taisant les centaines d’actes antichrétiens commis en France, comme pour les banaliser.

    FAIRE ÉMERGER UNE PAROLE NATIONALE

    Les calomnies commanditées que ces mêmes media déversent toujours plus fréquemment depuis plusieurs mois sur l’Action française relèvent de la même haine idéologique et prouve que l’oligarchie nous a identifiés avec raison comme l’ennemi irréductible de tout ce qu’elle représente. Nous sommes en effet en France le seul lieu politique de débat véritable, comme le montre encore le riche éventail de nos invités à notre prochain colloque, ce que ne supportent absolument pas ceux qui veulent continuer, surtout à un an de la présidentielle, d’enfermer le débat politique dans ces échanges sans surprise entre politiciens de « gauche » et de « droite » d’accord sur l’essentiel : la France et les Français ont fait leur temps. Parce que notre seul souci est l’intérêt du pays — « Tout ce qui est national est nôtre » —, nous dialoguons avec tous ceux qui ont le courage de partager la même exigence. Certes, ce faisant, nous cherchons bien sûr à promouvoir nos solutions, que résume, sans l’y réduire, le retour du Roi, mais nous nous attelons aussi, en période de crise, à faire émerger une parole nationale riche de la diversité d’élites partageant un seul a priori  : le devoir sacré pour tout politique est de défendre exclusivement les intérêts de la France et des Français. On comprend que seuls les meilleurs acceptent de dialoguer avec nous, quand ils ne sont pas déjà chez nous.

    URGENCE DU COMBAT DE SALUT PUBLIC : PRÉSENT À BÉZIERS

    Actualité de la question institutionnelle, mais aussi urgence du combat de salut public. Robert Ménard, en organisant les rendez-vous de Béziers s’inscrit dans cette démarche de rassemblement, craignant à juste titre qu’un caporalisme étroit, contraire à l’esprit de débat, et qui n’est, bien souvent, que la manifestation d’un manque profond d’assurance, ne finisse par nuire à la victoire du camp national qui peut avoir sa chance en 2017. Cette tentative est nécessaire pour définir une stratégie de salut public : d’où ma présence. Depuis trois ans, dans les différentes couches de la population, même chez certains intellectuels de gauche, les yeux commencent à s’ouvrir. Une jeune génération est plébiscitée par les Français dès lors qu’elle affirme, sans complexe, des valeurs nationales et traditionnelles, faisant apparaître comme ringards des aînés qui en sont encore à courir après les derniers relents de Mai-68. Oui, nous vivons une époque formidable. Tout d’abord, évidemment, au sens étymologique : notre époque est terrifiante. Mais elle est aussi grosse de promesses exceptionnelles, si nous nous en donnons les moyens. 

    L’ACTION FRANÇAISE 2000