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  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse de lafautearousseau...

    "Tout Royaume divisé contre lui-même périra..." dit un texte que Monseigneur de Kerimel, évêque de Toulouse, devrait connaître... Et pourtant ! Pourtant, il ne veut surtout pas que ses séminaristes renvoient une image trop "cléricale" (!) à l'extérieur, il ne veut pas que l'on attire l'attention, préférant, dit-il en substance, "l'intérieur à l'extérieur", "l'invisible au visible"... En soi, en théorie pure, ce n'est pas faux, et dans un  temps "normal", il n'y aurait pas probablement pas grand-chose à redire à cela. Mais, voilà, nous ne vivons pas sur Sirius et, dans notre temps actuel, nous avons à faire face à une puissante offensive tous azimuts de l'Islam militant et conquérant qui, lui, ne rechigne pas, bien au contraire, à se faire visible : dans les rues, dans les piscines, à l'école, partout. La Nature a horreur du vide, c'est bien connu : la raréfaction, dans l'espace public, des signes visibles par tous de notre religion bi-millénaire s'accompagne d'une progression fulgurante de la présence visuelle de l'Islam. "Ôtez le christianisme, vous aurez l'Islam", disait avec raison Chateaubriand. On dirait cette phrase écrite pour Monseigneur de Kerimel !...

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    Cliquez sur l'image pour agrandir le document, puis utilisez le zoom afin de pouvoir lire cette courte - et triste - lettre d'un pasteur (?) à son troupeau...

     

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    1. Dans la ligne de ce qui précède, le Père Danziec alerte ("Père Daneiec" est le pseudonyme du prêtre qui commente l'actualité  dans Valeurs) :

    "• Ordinations suspendues dans le trop conservateur diocèse de Toulon.
    • Port de la soutane interdit aux séminaristes de Toulouse.
    Hummm, comme cela sent bon la charité et l’enthousiasme !!"

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    Cliquez sur les deux images pour les agrandir, puis utilisez le zoom...

    • "Le Vatican" ! C'est, souvent, le meilleur, assez souvent aussi, le pire ! Léon XIII, Pie XI, François...

    • Voici la "réponse" (pour l'instant...) de Monseigneur Rey, évêque de Fréjus et Toulon :

    https://frejustoulon.fr/annonce-de-mgr-rey-concernant-les-ordinations-2022/

     

    1 BIS. D'accord avec Michel De Jaeghere :

    "En voyant la hiérarchie catholique démolir avec méthode le petit reste d'une Eglise en ruines, on songe irrésistiblement aux derniers mots de la lettre adressée aux évêques par Jean Madiran dans "L'hérésie du XXe siècle" : " Vous êtes des misérables"."

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    1 TER. Pour une vision plus complète et globale de "l'affaire" : l'article de Famille chrétienne :

    https://www.famillechretienne.fr/38456/article/rome-demande-au-diocese-de-toulon-de-surseoir-a-ses-ordinations

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    4. Macron à Marseille, avec son Pap NDiaye qui n'est pas le nôtre, et que nous ne reconnaissons pas, puisqu'il organise et/ou participe à des réunions/colloques/séminaires etc... "interdits aux blancs" ? Un déplacement à but uniquement électoraliste, alors que son "bateau gouvernement" est pris dans plusieurs tempêtes en même temps, lui qui n'est même pas encore "entré en action"... 

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    (Dans Valeurs) : "Décidément, Emmanuel Macron adore Marseille à l’approche des élections. Le chef de l’Etat s’est de nouveau rendu dans la cité phocéenne, accompagné de son nouveau ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye. L’occasion de visiter une école maternelle et primaire du quartier Menpenti, dans le 10ème arrondissement, en compagnie du maire socialiste Benoît Payan.

    Cette école est l’une des 59 à avoir été sélectionnées pour expérimenter le projet "École du futur", grâce aux 2,5 millions d’euros supplémentaires alloués via le plan..."

    Plus la réalité est catastrophique, et plus ils emploient de grands mots creux, ces "hommes petits qui criez de grands mots" que nous évoquons, lorsque nous chantons La Royale. L'enseignement s'est effondré, conséquence lointaine mais logique et inéluctable du Collège unique de René Haby et de "la droite" en 1975; écoles, collèges et lycées (sans parler, bien sûr, des Universités) sont devenus des gouffres à milliard pour une transmission des savoirs de plus en plus insignifiante : et Macron nous sort de son chapeau d'illusionniste "l'école du futur" ! Qu'il nous fasse donc une véritable école d'aujourd'hui, qui transmette ici et maintenant, les savoirs, au lieu de cette "chose" monstrueuse et inefficace qu'est devenue la des-Éducation nationale, et cela suffira amplement !...

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    4 BIS. Sur ce sinistre personnage qu'est Pap NDiaye, comment ne pas être d'accord ) 100% avec Goldnadel ? :

    "#PapNdiaye: (rapporté par Finky dans le Fig)« Les insultes et les agressions contre les blancs ne sont pas du racisme car elles ne modifient pas leur trajectoire personnelle étant membre du peuple dominant » J’affirme que ce déni du racisme antiblanc tient d’un racisme écœurant."

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    Question de Barn.b (sur tweeter) :

    "Si on suit son raisonnement, les insultes et agressions racistes d’un arabe envers un noir ne sont pas du racisme car aucun des deux ne domine l’autre ? En fait dans tous les cas seuls les blancs sont racistes ? Il est stupide ou juste raciste en fait ?"

    ndlr : donc, si l'on suit le raisonnement (?) de Pap NDiaye, il est possible de dire à une personne noire "Sale noir" au Sénégal, ce n'est pas du racisme, puisque le peuple dominant est de couleur noire ?... On a bien compris, ou on a tout faux ? C'est plutôt lui qui a tout faux" !!!!!

     

    6. Faux antifas, vrais terroristes... Dans Var Matin, on apprend que, menacés de mauvais avis sur internet par les "antifa", des restaurateurs annulent les réunions politiques d'un candidat d'extrême droite aux législatives à Nice. D'accord avec notre ami Amaury Navarranne :

    "L'impunité des "antifas" est stupéfiante : quelle honte. Et le gouvernement assume donc ce régime de terreur, de menaces et d'intimidation ?! Ce qui arrive à @P_Vardon, comme à ces candidats, toutes tendances confondues, agressés ou attaqués, est inacceptable !"

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    7. Et l'on terminera cette série d'aujourd'hui par un petit sourire. Dans la série, les touiteurs ont de l'humour, nous devons ce sourire d'aujourd'hui à bataille kahlenberg, merci à lui ! :

    "Le problème c'est pas l'Anglais c'est #Lallement"

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    À DEMAIN !

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  • Feuilleton ”Vendée, Guerre de Géants...” (10)

     

    (retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

     

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    Aujourd'hui : Charette ! (1/2)

     

    1.

    "Notre patrie à nous, c’est nos villages, nos autels, nos tombeaux, tout ce que nos mères ont aimé avant nous.
    Notre patrie, c’est notre foi, notre terre, notre roi.
    Leur patrie à eux, qu’est-ce que c’est ? Vous le comprenez, vous ?
    Ils veulent détruire les coutumes, l’ordre, la tradition. Alors qu’est-ce que cette patrie narguante du passé, sans fidélité et sans amour. Cette patrie de billebaude et d’irreligion ? Beau discours, n’est-ce pas ?
    Pour eux la patrie semble n’être qu’une idée : pour nous, elle est une terre…
    Ils l’ont dans le cerveau, nous nous l’avons sous les pieds : c’est plus solide.
    Et il est vieux comme le diable leur monde qu’ils disent nouveau et qu’ils veulent fonder en l’absence de Dieu… Vieux comme le diable…
    On nous dit que nous sommes les suppôts des vieilles superstitions… Faut rire.
    Mais en face de ces démons qui renaissent de siècle en siècle, nous sommes une jeunesse. Messieurs, nous sommes la jeunesse de Dieu, la jeunesse de fidélité ! Et cette jeunesse veut préserver, pour elle et pour ses fils, la créance humaine, la liberté de l’homme intérieur…"

     

    2. Blason des Charette

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    "D'argent au lion de sable soutenu de trois canettes du même ordonnées deux et une."

    Devise : "Combattu, souvent; battu, parfois; abattu, jamais !"

     

    3. Le Château de la Contrie

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    Ce château de style anglais est visible depuis le haut du Bois-Brûlé sur la route d'Ancenis.

    Le 21 avril 1763 naissait dans cette demeure celui qui devait devenir le Général en chef de l'armée catholique et royale, François Athanase Charette de la Contrie.

    Après son épopée fulgurante, il fût exécuté sur la Place Viarme, à Nantes, le 29 mars 1796.

    Une statut de Gaucher a été édifiée en son honneur en 1997. Elle se trouve place Saint-Pierre.

     

    4. La Chabotterie

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    La Chabotterie était au XIVe siècle une propriété Chabot. Le logis actuel date des XVe et XVIe siècles.

    Ce très beau logis, dont la visite est un enchantement, fait bien sentir la douceur de vivre à la campagne, en France, à la fin du XVIIIème siècle.

    Talleyrand ne disait-il pas : "Qui n'a pas vécu dans les années voisines de 1789 ne sait pas ce que c'est que la douceur de vivre..." ?

     

    5. Lettre de Charette sur la mort de Stofflet

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    "J'ai appris avec une peine bien sincère la perte du général Stofflet. Elle afflige tous les braves royalistes. Aussi, ils ne pensent qu'à venger sa mort ...".

    Les lettres de chefs vendéens ou chouans - comme Cadoudal - sont très rares.

    Et celle-ci est d'autant plus rare que, lorsque Charette l'écrit à l'abbé Bernier, une figure de la Vendée militaire, il est traqué par les soldats révolutionnaires, et n'a plus que quelques jours à vivre...

     

    6. Belleville-sur-Vie, Quartier général de Charette...

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    À Belleville-sur-Vie, le QG de Charette a été rénové par la Mairie : c'est maintenant "l'Espace Charrette", installé dans la maison où le chef vendéen avait établi son quartier général.

    L’Espace Charette, ou Manoir de la Jariette, (rue Charette, autrefois appelée rue de la Jariette) est un bâtiment très ancien dont les origines précises ne sont pas connues mais que l’on date du XVIème ou XVIIème siècle.
    Cet espace possède un passé historique assez riche et témoigne de l’évolution de la commune de Belleville, car il fut tour à tour, quartier général de Charette pendant les Guerres de Vendée, puis couvent et enfin École privée Sainte-Anne.

    En 2013, la commune a réhabilité le bâtiment en un espace culturel et associatif tout en y préservant les éléments patrimoniaux : l'escalier central desservant le grenier, le porche d’entrée, la croix en pierre, le clocheton et sa cloche.

    Ce nouvel espace, accessible uniquement aux associations et aux entreprises, propose trois salles spacieuses, claires, nommées en mémoire des généraux des Guerres de Vendée :


    * une grande salle (Bonchamps);

    * une petite salle (Sapinaud); 

    * et une salle de réception (d'Elbée) ornée d'une cheminée massive.

     

    7. La Croix de La Chabotterie

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    Elle marque l'endroit où Charette fut fait prisonnier, le 23 mars 1796, par l'adjudant-général Travot. Le 29 mars, il sera fusillé, à Nantes...

    "Oui, Charette me laisse l'impression d'un grand caractère, je lui vois faire des choses d'une énergie, d'une audace peu commune, il laisse percer du génie." (paroles de Napoléon, rapportées par Emmanuel de Las Cases dans Le Mémorial de Sainte-Hélène)

     

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  • Éphéméride du 29 mars

    29 mars 1967 : Lancement du SNLE Le Redoutable

     

     

     

     

    1796 : Charette est fusillé 

     

    Il avait 33 ans...          

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    Traqué depuis des semaines, Charette est finalement capturé par le général Jean-Pierre Travot le  dans les bois de la Chabotterie (commune de Saint-Sulpice-le-Verdon). 

    Ici : le procès-verbal de son interrogatoire :

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    Napoléon, qui devait par ailleurs qualifier la Guerre de Vendée de Guerre de Géants, a dicté de lui à Las Cases :

     

    "Il me laisse l'impression d'un grand caractère... Je lui vois faire des choses d'une énergie, d'une audace peu communes, il laisse percer du génie...

    ...Mais si, profitant de leurs étonnants succès, Charette et Cathelineau eussent réuni toutes leurs forces pour marcher sur la capitale... c'en était fait de la République, rien n'eût arrêté la marche triomphante des armées royales; le drapeau blanc eût flotté sur les tours de Notre-Dame..." (Mémoires pour servir à l'histoire de France sous Napoléon, écrits à Sainte-Hélène, tome 6, 1825, Paris : Firmin Didot, pp. 221-222.)

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    Drapeau de Charette
     

    Voir notre Feuilleton Vendée, Guerre de Géants... ou, dans notre album Totalitarisme ou Résistance ? Vendée, "Guerres de Géants" , voir la photo Charette fusillé et les neuf photos - précédentes et suivantes - qui lui sont consacrées. 

    Pour Philippe de Villiers, Charette, c'est, tout simplement, "l'anti Robespierre"  : 

    Philippe de Villiers Charette.pdf 

                

    De Charette à Maurras : la continuité...

    1. "Notre patrie à nous, c’est nos villages, nos autels, nos tombeaux, tout ce que nos mères ont aimé avant nous. Notre patrie, c’est notre foi, notre terre, notre roi. Leur patrie à eux, qu’est-ce que c’est ? Vous le comprenez, vous ? Ils veulent détruire les coutumes, l’ordre, la tradition. Alors qu’est-ce que cette patrie narguante du passé, sans fidélité et sans amour. Cette patrie de billebaude et d’irreligion ? Beau discours, n’est-ce pas ? Pour eux la patrie semble n’être qu’une idée : pour nous, elle est une terre… Ils l’ont dans le cerveau, nous nous l’avons sous les pieds : c’est plus solide. Et il est vieux comme le diable leur monde qu’ils disent nouveau et qu’ils veulent fonder en l’absence de Dieu… Vieux comme le diable… On nous dit que nous sommes les suppôts des vieilles superstitions… Faut rire. Mais en face de ces démons qui renaissent de siècle en siècle, nous sommes une jeunesse. Messieurs, nous sommes la jeunesse de Dieu, la jeunesse de fidélité ! Et cette jeunesse veut préserver, pour elle et pour ses fils, la créance humaine, la liberté de l’homme intérieur…" (Charette)
     
    2. "Une patrie, ce sont des champs, des murs, des tours et des maisons...", répond Charles Maurras, un siècle et demi après, sinon exactement avec les mêmes mots, du moins exactement avec la même tonalité. Dans ce très beau texte (notre Grand Texte 38), aux accents très "vendéens" et que l'on voit bien directement inspiré de Charette, Maurras condamne le modèle d'une France hors sol, d'une société liquide, multiculturelle et diversitaire, noyée dans le grand marché mondial, tout cela induit par la Révolution, et la République idéologique qui en est issue.

    Et, comme Charette, avec les mêmes accents, Maurras oppose à cette "politique" (!) une conception radicalement autre : la France réelle, fait d'histoire, fait de naissance et, avant tout, dit-il, phénomène de l'hérédité...

    Ce rapprochement de textes, à un siècle et demi d'intervalle, n'est-il pas puissamment "parlant", comme on dit aujourd'hui, dans le jargon ?...

     
                
    Le 25 juillet 1926, au Mont des Alouettes, l'Action française organisa un immense Rassemblement royaliste : plus de 60.000 personnes...
    Léon Daudet, dans "Une campagne de réunions" (Almanach de l'Action française 1927, page 60) a raconté la journée, consacrant ces quelques mots à Charette :
     
    "...À l'horizon, dans la plaine immense de la Vendée militaire, étincelaient sous le ciel ensoleillé de l'ouest, - mais que modifie à chaque instant le vent venu de la mer - brasillaient les clochers et les villages. Là-bas, c'était le bois de la Chabotterie, que traversa Charette blessé, et prisonnier, Charette, personnification de cette race sublime dont la résistance étonna le monde et continue à étonner l'histoire..."

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    La statue du général, dans sa ville et devant sa maison natale de Couffé. Elle porte l'inscription :

    Général François-Athanase Charette de la Contrie, né le 2 mai 1763 à Couffé - Exécuté à Nantes place Viarme le 29 mars 1796 -

    Avec sa devise :

    "Tant qu'une roue restera, la Charette roulera".
     
     
     • chabotterie.vendee.fr/ 

     •  gvendee.free.fr/

     

     Le jeune Charette reçut une solide formation de marin, et fut nommé Lieutenant de vaisseau : dans notre Album Drapeau des Régiments du Royaume de France, voir la photo "Charette, officier de marine..." et la précédente, "Apparition des Régiments de Marine..."...

     

     

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    1967  : La France lance "le Redoutable"
          
             

    Le premier sous-marin nucléaire français est mis à l'eau dans le port de Cherbourg. Le navire de 7.500 tonnes, possède une capacité d'armement allant jusqu'à 16 missiles.

    Dans la lignée du Redoutable un deuxième sous-marin nucléaire sera lancé en décembre 1969, le Terrible.

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    Les FOST (Forces Océaniques Stratégiques) aujourd'hui :
     
     
     
     

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    1984 : Léopold Sédar Senghor, premier Africain reçu à l'Académie française
     
     
    Élu au 16ème fauteuil de l'Académie le 2 juin 1983, Léopold Sédar Senghor succède au duc de Lévis-Mirepoix, qui succédait lui-même à... Charles Maurras.
    Senghor est le premier Africain à siéger à l'Académie française, qui poursuit ainsi son processus d'ouverture après l'entrée de Marguerite Yourcenar.      

    Poète, écrivain et Chef d'État du Sénégal, il a développé avec l'homme de lettres antillais Aimé Césaire, le concept de négritude, dont le but était de redéfinir le terme fortement péjoratif de nègre et de lui donner un sens positif. 

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse et d'actualité de lafautearousseau...

     
    Samara, l’école de la violence ordinaire...
     
    L'édito politique de Vincent Trémolet de Villers : 
     
    "La France devient un chaos tempéré par de valeureux professeurs, policiers, infirmières, parents qui font ce qu’ils peuvent. Le pouvoir - lui - commente, se contemple et se noie dans les mots quand il devrait protéger nos libertés élémentaires et la vie de nos enfants..."

    (extrait vidéo 3'39)

    https://x.com/vtremolet/status/1776136227386773620

     

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    1. Dans Le Figaro international, une nouvelle preuve de l'urgence qu'il y  a à faire passer le budget militaire à 4% de notre PIB (ce qui, d'ailleurs, et nous l'avons souvent rappelé, ne ferait que le ramener à son niveau de... 1962 et de de Gaulle)...

    Entame de l'article de 

    Menace laser, propulsion nucléaire... Les nouveaux horizons de la guerre spatiale

    ENQUÊTE - Face aux menaces qui planent dans l’exoatmosphère, le Commandement de l’espace a testé lors de son dernier exercice AsterX le potentiel du futur satellite patrouilleur guetteur Yoda.

    Les soldats de l’espace s’entraînent avec des outils qui n’existent pas encore, qui n’en sont qu’à leurs prémices ou qui ne seront disponibles que dans quelques années. La guerre exoatmosphérique est aussi imminente que spéculative et toutes les puissances s’y préparent. Un conseil d’anticipation stratégique a d’ailleurs récemment été consacré à la stratégie spatiale du ministère des Armées pour éclairer les angles morts. Le Commandement de l’espace (CDE), de son côté, explore les possibilités d’action. «Les menaces sont identifiées», confie le général Philippe Adam, le commandant de l’espace, de retour d’AsterX, le principal exercice militaire spatial français qui s’est déroulé début mars. Le défi consiste à pouvoir y répondre."

    Interception de communications, brouillage, menace laser, destruction par un tir de missile, rapprochement en orbite… Contre ces risques existants ou potentiellement réels, l’armée de l’air et de l’espace réfléchit aux outils dont elle aurait besoin…"

     
    La 4e édition de l’exercice spatial militaire Aster X a eu lieu le 7 mars au Centre national d’études spatiales (CNES), à Toulouse. en présence de membres de l’Armée de l’air et de l’espace (AAE) française et de participants venus de différents pays. ED JONES/AFP

     

    2. Le Chef d'état-major de la Marine communique (1/2) :

    "J’ai prononcé aujourd’hui l’admission au service actif du Duguay-Trouin, deuxième sous-marin de la classe Suffren. Plus rapide, plus endurant, plus polyvalent, plus discret. Dans les mains de nos équipages, il deviendra un chasseur hors-pair pour les opérations à venir."

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    Deux SNA (sous-marin nucléaire d'attaque) : fort bien. Il en faut encore deux autres, minimum...

    Qu'est-ce qu'un SNA, et qu'est-ce que le Suffren; qu'apport-t-il par rapport aux classes précédentes :

    https://www.defense.gouv.fr/marine/marins/marins-nucleaires-dattaque-sna-type-suffren

     

    2 BIS.  Le Chef d'état-major de la Marine communique (2/2) :

    "La Marine a fait le choix de la dronisation complète de sa capacité de guerre des mines. Une évolution technologique qui permettra d’être au rendez-vous des combats de demain...
    ...ETI familiale, Exail produit à La Garde des drones navals et sous-marins. Ils seront essentiels dans la guerre des mines, l’une des priorités de notre réarmement : navires-drones de surface, drones de détection/destruction…" (ndlr : ainsi que du ré-armement de nos partenaires actuels, Belgique et Pays-Bas, en attendant les autres, qui ne manqueront pas de se présenter, pendant les longues vacances de l'Oncle Sam !!!...)

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    4. "Là, on a un champion !" déclare Goldnadel (sur tweeter) aterré... C'est vrai qu'il faut préparer les JO, et les médailles, mais enfin, à notre connaissance, il n'y a pas d'épreuve de crétinerie aux JO. C'est d'ailleurs bien dommage, car, pour en revenir au début de cette note, avec un type pareil on aurait la médaille d'or, tranquille !!!!!

    Marine Le Pen est "entourée de membres de l’OAS", déclare, sans rire (un exploit, ne pas rire après avoir sorti une hénaurmité pareille !) ⁦⁦Kader Chibane, du 93⁩, président du Pôle écologiste IDF. En se gardant bien, toutefois - et comme on le comprend ! - de citer les noms, les âges, les professions etc...). Bref, on n'est même plus au niveau zéro de la politique, là, on est au fin fond des fosses abyssales océaniques; on a dépassé, en profondeur, l'épave du Titanic, et de très loin !

    (extrait vidéo 2'17)

    https://x.com/GWGoldnadel/status/1775926646521880766

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    5. Encore et toujours "les drones"... Sur OpexNews :

    "Les hommes du 54e régiment de transmissions, seule unité de l'armée française en charge de la guerre électronique, ont conçu le Badd (Boîtier d'action et de détection de drone). Lorsque le "boîtier détecte un drone, ça peut sonner. On peut imaginer plein de manières d’avertir le soldat. À partir de là, il sort son boîtier, appuie sur un bouton et il peut espérer que le drone parte ou se pose tranquillement avant de lui lâcher sa charge au-dessus de la tête" 

    https://www.francetvinfo.fr/internet/drones/reportage-ca-tient-dans-la-poche-des-soldats-francais-ont-mis-au-point-un-systeme-anti-drones-individuel_6466379.html#xtor=CS2-765

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    6. De SOS CALVAIRES :

    "Ce calvaire a besoin de vous !! Le socle vient tout juste d'être restauré par un maçon, hier. C'est à vous de jouer maintenant ! Soutenez cette restauration et faites un don :

    soscalvaires.org/donations/croi

     

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    7. Et, en cette période de fin de semaine, où l'on peut - un peu plus qu'à l'accoutumée... - consacrer quelques instants à la Culture, arrêtons-nous sur un sujet passionnant, avec Christophe Dickès, qui explique, sur KtoTV :

    "La découverte de l'oeuvre de Serge Gruzinski a été pour moi une véritable révélation. Je me suis précipité sur ses livres absolument incontournables pour qui veut connaître la colonisation de l'Amérique par les Espagnols...
  • Le reconfinement est un piège pour la société française.

    Dans cette tribune, près de 700 universitaires, scientifiques, professionnels de la santé, du droit, de l’éducation et du social, ainsi que des artistes, se déclarent « atterrés » par des discours officiels qui dramatisent indûment la réalité afin de justifier des mesures de confinement risquant hélas de constituer un remède pire que le mal pour la société française.

    Par Laurent Mucchielli, sociologue, directeur de recherche au CNRS

    C’est un secret de polichinelle : le reconfinement était envisagé depuis l’été dernier. La stratégie de communication du ministère de la Santé s’est déployée autour de cette perspective depuis plus de deux mois, de façon à la faire accepter par la majorité de la population le jour J. Les médias « mainstream » lui ont fourni une aide décisive. Ils sont le relais et l’instrument privilégiés de cette communication.

    Et force est, hélas, de constater qu’ils jouent très bien le rôle. S’appuyant mécaniquement sur les chiffres, la communication consiste à ne s’intéresser qu’aux indicateurs les plus alarmants, en changeant d’indicateur, au fil du temps, si celui qu’on utilisait ne permet plus d’envoyer le message espéré. Et si un indicateur a une évolution en dents de scie, la communication se fait uniquement les jours où les chiffres augmentent. Il n’y a qu’un seul message possible.

    Avant-hier, 27 octobre, la manipulation a atteint son comble. La totalité des médias a titré sur les prétendus 523 morts, « du jamais vu depuis le confinement ». Or ce chiffre était faux. Selon Santé Publique France, il y a eu 292 morts à l’hôpital, contre 257 la veille. Mais l’on ajoute les morts en EHPAD qu’une fois tous les 4 derniers jours. Prétendre compter les morts quotidiens ce jour-là revient donc à gonfler artificiellement les chiffres, à la veille de l’allocution annoncée du président de la République, qui a repris à son compte ce chiffre faux. Un détail ? Non, un exemple parmi beaucoup d’autres.

    Une deuxième vague prétendue «plus terrible» encore que la première

    C’est le président du « Conseil scientifique » (M. Delfraissy) qui le dit : arriverait une deuxième vague « plus forte encore que la première » et nous serions déjà dans « une situation critique ». Nous pensons que c’est une manipulation d’un Conseil qui n’est plus scientifique mais politique, et qu’il est urgent de revenir à la raison. Selon les chiffres de Santé Publique France, sur les près de 15 millions de tests effectués à ce jour, 93% sont négatifs. Et parmi les 7% restant de la population testée positive, plus de 85 % ont moins de 60 ans ; il s’agit donc essentiellement de personnes qui ne risquent pas de faire une forme grave de la maladie.

    Au final, moins de1% de la population est donc «à risque» et c’est uniquement elle qu’il faut protéger. Autre façon de le dire : au cours de la période récente (entre le 01/09 et le 20/10, jour où nous avons fait ce calcul), 7 621 098 personnes ont été testées. Sur cette même période, 38 100 individus ont été hospitalisés (0,5%) et 6 593 ont été admis en réanimation (0,09%) avec un test positif au Covid. En d’autres termes, depuis le 1er septembre, sur cet énorme échantillon de la population de 7,6 millions, la probabilité moyenne pour un individu lambda (sans distinction d’âge ou de comorbidité) de ne pas être hospitalisé est de 99,5% et celle de ne pas être admis en réanimation est de 99,91%. Justifier le reconfinement de 67 millions de Français sur cette base s’appellerait un délire.

    On dit alors : « oui mais l’hôpital est submergé par le Covid ». Manipulation encore. D’abord, les tests ayant été généralisés depuis juillet, toute personne entrant à l’hôpital porteuse d’une trace du Covid est comptée comme un « hospitalisé Covid » même si elle vient en réalité pour son cancer ou son hypertension. Et c’est la même chose si elle entre en réanimation ou si elle décède. Ensuite, si les chiffres de l’hospitalisation et de la réanimation augmentent bel et bien, cela n’a rien d’exceptionnel : c’est au contraire ce qui se produit chaque année à la même époque (automne-hiver) mais que nos politiques font semblant d’avoir oublié.

    La vérité est que les gouvernements ne veulent pas investir dans l’hôpital public où l’on maltraite les professionnels et où l’on a perdu près de 70 000 lits en 15 ans alors même que la médecine de ville est saturée et que les services d’urgence voient leur fréquentation augmenter d’année en année. Bien sûr que l’hôpital est en tension, mais ce n’est pas fondamentalement à cause du Covid ! C’est essentiellement à cause de la maltraitance politique dont ce service public est l’objet de manière générale depuis plus de 20 ans, et tout particulièrement depuis que les politiques y ont introduit comme partout une politique du chiffre et de la rentabilité inspirée du management des grandes entreprises.

    Un Alzheimer généralisé s’est-il emparé de nos politiques et des journalistes ? Faut-il rappeler qu’en janvier 2020, à la veille de la crise du Covid, 1 000 médecins dont 600 chefs de service des hôpitaux avaient menacé de démissionner pour dénoncer « un hôpital public qui se meurt » ? Est-ce qu’on ne nous prendrait pas pour des idiots ?

    La vie sociale amputée, la démocratie en péril

    La vérité est que le confinement crée plus de problèmes qu’il n’en résout. Son bilan mondial n’est associé à aucune réduction mesurable de la mortalité tandis que son principal résultat observable est, d’abord de mettre au chômage des centaines de milliers et peut-être demain des millions de personnes, surtout, évidemment, parmi les plus fragiles (emplois précaires, personnes payées à la prestation, etc.), et de menacer de disparition la plupart des petites entreprises, souvent familiales, autres que les commerces de bouche, dont l’activité quotidienne ou saisonnière est la seule source de revenu.

    Gageons que les très grands groupes s’en rachèteront peut-être demain. Ces mesures de confinement ont ensuite pour effet d’amputer la vie sociale de la plupart des liens sociaux autres que familiaux. Un certain fantasme embourgeoisé s’en satisfait, chaque enfant ayant sa chambre pour vivre son intimité, son ordinateur pour rester en contact avec l’école et son smartphone avec forfait illimité pour échanger en permanence avec ses amis, les parents faisant du télétravail, sortant chaque jour faire leur footing dans des rues et des espaces verts « où on entend de nouveau les oiseaux », et se faisant livrer des repas à domicile s’ils ont la flemme de faire à manger ou la peur d’aller se mêler à la populace dans un supermarché.

    Mais de quelle infime proportion de la population cette vie est-elle le quotidien en confinement ? Que le confinement entraine ailleurs déjà des soulèvements et des émeutes de la faim? Qu’il fait exploser les inégalités sociales, les échecs scolaires, les violences intrafamiliales, les troubles psychologiques et les renoncements au soin? Et qui ne comprend que les oiseaux ont bon dos et que ces petits moments de répit procurés par la panique des humains ne sont rien au regard de leur lente extinction ?

    Quant à la démocratie, elle est mise sous cloche. C’est le coup d’état d’urgence permanent. Qu’est-ce qu’une démocratie sans liberté d’aller et venir, de se réunir et de manifester ? Qu’est-ce qu’une démocratie où il n’y a quasiment plus personne dans les hémicycles des assemblées parlementaires ? Qu’est-ce qu’une démocratie où la justice est paralysée ? Qu’est-ce qu’une démocratie où, finalement, il n’y a plus qu’un pouvoir exécutif ? Qu’est-ce qu’une démocratie où tout ceci s’impose par la peur et la culpabilisation, voire la censure et la mise en accusation de quiconque refuse d’y céder ?

    Chacun, en conscience, tirera les conséquences qu’il veut de tous ces dramatiques constats. Nous n’appelons pas à la révolution et nous ne faisons pas de politique partisane. Mais nous voulons dire que nous en avons assez qu’on nous demande de nous comporter comme les moutons de Panurge au nom d’un principe de précaution dénaturé. Nous réclamons qu’on en finisse avec cette panique sanitaire, qu’on donne aux soignants les moyens de remplir leurs missions de santé publique, qu’on cesse de violenter des pans entiers de la société et qu’on sorte de cet état d’urgence permanent pour bâtir démocratiquement une politique sanitaire consensuelle.

    Les près de 700 signataires

    Laurent Mucchielli, sociologue, directeur de recherche au CNRS
    Laurent Toubiana, chercheur épidémiologiste à l’INSERM, directeur de l’IRSAN
    Jean Roudier, professeur de médecine, rhumatologue, directeur de l’unité INSERM UMRs 1097
    Paul Touboul, Professeur de cardiologie à l’université Lyon 1
    Pierre-Yves Collombat, ancien sénateur du Var, ancien vice-président de la commission des lois
    Emmanuel Krivine, chef d’orchestre, directeur honoraire de l’orchestre national de France
    Jean-François Toussaint, professeur de physiologie à l’Université de Paris, ancien président des Etats Généraux de la Prévention
    Marc Rozenblat, président du syndicat National des médecins du sport-santé
    Christian Celdran, Directeur Régional des Affaires Sanitaires et sociales (DRASS) honoraire
    Chantal Brichet-Nivoit, médecin et correspondante de l’Académie d’Ethique à l’Université de Paris
    Dominique Eraud, médecin, présidente de la coordination nationale médicale santé environnement
    Louis Fouché, médecin anesthésiste, réanimateur hospitalier
    Bernard Marsigny, médecin anesthésiste réanimateur hospitalier
    Gilles Perrin, médecin anesthésiste réanimateur
    Bernard Swynghedauw, biologiste, directeur de recherche émérite à l’INSERM
    Gilles Guglielmi, professeur de droit à l’Université Paris II Panthéon-Assas, Directeur du Centre de Droit public comparé
    Éric Desmons, professeur de droit public, université Sorbonne Paris Nord
    Alain Wurtz, professeur émérite de Chirurgie Thoracique, Université de Lille
    Bernard Dugué, ingénieur des Mines, docteur en pharmacologie, docteur en philosophie
    Elizabeth Oster, avocat à la Cour, ancien membre du Conseil National des Barreaux
    Arnaud Rey, chercheur en psychologie au CNRS
    Mathias Delori, politiste, chargé de recherche CNRS
    Alexandra Menant, docteur en biologie, chercheuse au CNRS
    Alain Deville, physicien, professeur émérite à l’Université Aix-Marseille
    Thierry Oblet, Maître de Conférences en Sociologie, Université de Bordeaux
    Éric Plaisance, professeur de sociologie à l’Université Paris Descartes
    Thierry Flaget, Conseiller principal d’éducation
    Marc Cognard, professeur de biologie et physique-chimie en lycée
    Malick Abubakr Hamid Diallo, journaliste
    Virginie Bauer, journaliste-enseignante
    Cesare Mattina, enseignant/chercheur à Aix-Marseille Université
    Nathalie Chapon, Enseignante et Chercheure à Aix-Marseille Université
    Elise Carpentier, professeur de droit public à l’Université d’Aix-Marseille
    Marc Roux, professeur Honoraire de Zootechnie
    Pascale Gillot, Maître de conférences en philosophie, Université de Tours
    Charalambos Apostolidis, Professeur de droit international à l’Université de Bourgogne
    Didier Blanc, Professeur de droit public à l’Université de Toulouse
    Christophe Leroy, Biologiste, Docteur en Biologie Moléculaire et Cellulaire
    Dominique Domergue Anguis, gynécologue
    Evelyne Fargin, professeur de chimie à l’Université de Bordeaux
    David Lepoutre, professeur de sociologie, Université de Paris Nanterre
    Isabelle Vinatier, professeur émérite de sciences de l’éducation à l’Université de Nantes
    Marie Touzet Cortina, Maître de Conférences à l’Université de Bordeaux
    Rose-Marie Castello, médecin du Travail
    Sroussi Hubert, médecin généraliste (Montbéliard)
    Cécile Bourdais, maîtresse de Conférences en Psychologie à l’Université Paris 8 Vincennes à Saint-Denis
    Marie Estripeaut-Bourjac, professeur Émérite à l’Université de Bordeaux
    Rémy Marchal, professeur des universités à l’École Nationale Supérieure d’Arts et Métiers
    Marie-Laure Cadart, médecin et anthropologue
    Jean-Jacques Vallotton, médecin généraliste (39)
    Florence Lair, radiologue libérale, Blois
    Nassim Moussi, Architecte
    Jean-Christophe Besset, Réalisateur
    Luc Petitnicolas, Responsable R&D – Chargé de cours
    Murielle Dellemotte, Médecin du Travail
    Monique Lamizet, médecin
    Bernard Lamizet, ancien professeur d’université à Sciences Po Lyon
    Monique Romagny-Vial, professeur des universités
    Jean-Jacques Robin, Juriste ancien directeur d’établissements médico-sociaux
    Sébastien Aubert, professeur agrégé de Génie Mécanique, Ecole Nationale Supérieure d’Arts et Métiers
    Laurence Maury, psychologue (psychologie sociale et cognitive)
    Isabelle Aubert, Maitre de conférences HDR à l’Université de Bordeaux
    Thierry Gourvénec, pédopsychiatre
    Michèle Leclerc-Olive, chercheure retraitée CNRS-EHESS
    Hélène Banoun, pharmacien biologiste, Docteur ès-sciences pharmaceutiques
    Pierre Grenet, écrivain
    André Cayol, enseignant chercheur retraité de l’Université de Compiègne Sorbonne
    Shanti Rouvier, Docteure en Psychologie Clinique et Psychopathologie
    Jean-Michel de Chaisemartin, psychiatre des Hôpitaux Honoraire
    Gilles Mottet, enseignant artistique compositeur
    Marta Barreda, Médecin généraliste, spécialiste en Santé Publique
    Camille Allaria, Sociologue, chercheuse associée au CNRS
    Pierre Duchesne, Psychanalyste
    Michel Angles, médecin généraliste (12)
    Daniel Robinson, médecin généraliste (Ecully)
    Jean-Pierre Eudier, Chirurgien-Dentiste
    Christian Perronne, médecin infectiologue
    Christine Claude-Maysonnade, avocate (Tarbes)

  • Malika Sorel : « Nos élites mettent en péril un édifice de plus de mille ans »

     

    Par Alexandre Devecchio           

    Après le meurtre revendiqué par Daech d'un policier et de son épouse dans leur maison de Magnanville, Malika Sorel remonte aux sources de la décomposition française. Nos hommes politiques ont méprisé l'Histoire, explique-t-elle, mais celle-ci s'est invitée à leur table [Figarovox 17.06] ... Il en résulte une puissante et lucide analyse critique des hommes, des politiques et de l'idéologie du Système. Contre lequel le sentiment des peuples européens se dresse aujourd'hui toujours davantage.   LFAR

     

    2917551200.jpgSon dernier livre, Décomposition française. Comment en est-on arrivé là ?, vient de se voir décerner le prix littéraire Honneur et Patrie de la Société des membres de la Légion d'honneur. « Honneur » et « patrie », deux mots qui résument parfaitement le parcours de Malika Sorel. Au Haut Conseil de l'intégration comme à travers ses livres, cette patriote incandescente continue de se battre pour empêcher que la France ne se défasse. Lors de son discours de remerciements, elle a longuement cité l'historien et résistant, Marc Bloch : « La France, la patrie dont je ne saurais déraciner mon cœur. J'y suis né, j'ai bu aux sources de sa culture. J'ai fait mien son passé, je ne respire bien que sous son ciel, et je me suis efforcé, à mon tour, de la défendre de mon mieux ». Soixante-quinze ans après l'auteur de L' Étrange Défaite, Malika Sorel redoute que la cohésion nationale vole en éclats. Comme son père spirituel, l'essayiste impute la responsabilité de cette profonde crise existentielle aux élites. Nos dirigeants politiques ne croient plus en la France et c'est le peuple qui paye le prix de ce renoncement.

    Depuis un an, sur fond de tensions culturelles, la France vit au rythme des attentats. Dernier en date, le meurtre, revendiqué par l'État islamique, d'un policier et de sa compagne dans leur maison des Yvelines. Est-ce le symptôme de ce que vous appelez la décomposition française ?

    MALIKA SOREL - Au fondement de la citoyenneté existe un principe de transcendance par le politique. La République avait su maintenir ce fil qui s'élève au-dessus de chaque citoyen et assure ainsi la cohésion de l'ensemble. Ce lien a été défait. Depuis près de quarante ans, l'État a œuvré, de manière directe ou indirecte, à scinder la France en groupes, en communautés. D'un État garant de la cohésion nationale, nous sommes passés à un État qui parle « diversité », « minorités », « communauté musulmane », « banlieues », « territoires de la politique de la ville ». L'État n'a eu de cesse de répondre aux revendications des uns et des autres, dressant parfois sans l'avoir souhaité les uns contre les autres. Les principes républicains ont été pris comme variables d'ajustement, nous entraînant ainsi vers une décomposition assurée. Qui sème le vent récolte la tempête.

    Il aura fallu bien peu de temps à nos élites de commandement pour mettre en péril un édifice que les rois de France et les républiques avaient mis plus de mille ans à bâtir. La cohésion nationale menace désormais de voler en éclats. Nul ne peut prévoir quel sera l'événement déclencheur. Les hommes ont méprisé les leçons de l'Histoire, et comme chaque fois que cela se produit, la voici qui s'invite à table. Il est urgent de retisser le lien de confiance entre le peuple et le politique. Cela ne se pourra tant que les politiques persisteront à refuser de mener les réformes de fond qui s'imposent.

    Comment en est-on arrivé là ?

    La défense de la France n'a pas toujours servi de boussole. Pire, la France s'est parfois trouvée indirectement désignée comme cible. Ce n'est pas autrement qu'il convient d'analyser les campagnes, y compris de la part d'institutions de la République, qui instruisent depuis le début des années 80 un procès à charge contre les Français, accusés d'être des racistes prompts à discriminer les personnes d'origine étrangère. Ce long procès a semé les graines d'un ressentiment dont notre société n'a pas fini de payer le prix. Il convient également d'évoquer l'évolution des programmes scolaires, dont une des conséquences est d'avoir porté atteinte à la transmission d'un héritage culturel partie intégrante de l'identité des Français. Citons la diminution au fil du temps des heures allouées à l'enseignement de la langue française, ou encore la modification d'un certain nombre d'enseignements au prétexte d'adapter notre société à l'évolution du monde. C'est ainsi que nos élèves peuvent se retrouver soumis au feu d'un intense matraquage idéologique dans des domaines tels que l'histoire, la mondialisation et les migrations internationales, l'esclavage et la colonisation présentés le plus souvent comme du fait des seuls Occidentaux - le reste étant plutôt occulté -, le développement durable. Durable, le mot magique ! Tout doit devenir durable, sauf la patrie qui est sommée de s'effacer. Cela concourt à ce que les jeunes générations se construisent une image dépréciée de la France.

    Le peuple n'a-t-il pas lui aussi une part de responsabilité ?

    Bien sûr ! Mais il existe une hiérarchie dans les responsabilités. C'est au politique qu'incombe la mission de veiller sur le maintien de la cohésion nationale, en un mot sur la paix civile. Même si les individus de notre époque pensent, pour beaucoup, tout savoir - c'est l'une des conséquences de l'égalitarisme -, ils ne détiennent pas toutes les informations utiles à la décision et à l'anticipation. Les politiques et la haute administration, si ! La responsabilité des citoyens réside dans le fait qu'ils ont trop longtemps privilégié la politique de l'autruche et, de ce fait, ceux des hommes et femmes politiques qui leur vendaient des chimères. Ils ont balayé les très rares qui leur tenaient un langage de vérité et de responsabilité. Le système politique est verrouillé de l'intérieur par les personnels en place qui cooptent leurs clones, et de l'extérieur par le peuple lui-même.

    Lorsqu'elle leur déplaît, les citoyens des démocraties rechignent à regarder la réalité en face. Comme l'avait prophétisé Alexis de Tocqueville, ils évitent tout ce, et tous ceux, qui pourrait gâcher leurs menus plaisirs. Aussi, tant qu'ils ne sont pas touchés dans leur propre vie, ils préfèrent verser dans le relativisme, voire le déni. Dans nos sociétés devenues individualistes, l'individu tend à primer sur la communauté des citoyens, chacun oubliant que les idéaux dont il tire profit ne peuvent perdurer sans l'engagement quotidien de tous à les porter et à les protéger. Chassez le réel, il revient au galop.

    Depuis les attentats de janvier et de novembre 2015, n'assiste-t-on pas malgré tout à une renaissance du patriotisme dans notre pays ?

    Nous assistons à la renaissance de l'expression du patriotisme qui a longtemps été muselé, en raison des suspicions qui pesaient sur lui depuis la Seconde Guerre mondiale. La présence du Front national, propulsé sur le devant de la scène par François Mitterrand comme l'avait rappelé Roland Dumas, a ensuite servi d'arme de dissuasion. Tout ce que touchait ce parti devenait aussitôt intouchable et infréquentable. Ainsi en a-t-il été du drapeau et de La Marseillaise. Ce n'est que depuis les attentats que les Français ont pu se les réapproprier sans risquer l'opprobre. Souvenez-vous : en 2007, la candidate à l'élection présidentielle Ségolène Royal après avoir fait entonner l'hymne national lors d'un meeting et formulé le souhait que les Français aient « chez eux le drapeau tricolore », avait précisé que cela marquait « une étape historique pour la gauche ». Edifiant !

    Avec les attentats, les Français ont réalisé qu'ils formaient les parties d'un tout, qu'ils appartenaient au même corps, et que c'est leur identité qui était visée. Malgré le matraquage auquel ils sont soumis depuis des décennies, malgré un projet d'Union européenne, qui s'est transformé en machine à broyer les nations considérées comme des obstacles à une intégration plus poussée, le peuple est là, toujours vivant. L'inconscient collectif a resurgi pour guider les Français. Il n'y a là rien d'étonnant puisqu'une grande part de l'identité se transmet au travers des gestes de la vie courante.

    Le continent européen, dans son ensemble, n'a pas connu de trouble majeur depuis la dernière guerre mondiale. C'est pourquoi les citoyens se sont assoupis. Ils ont fini par croire que la paix allait de soi. A présent qu'ils la sentent menacée partout en Europe, ils resserrent les rangs.

    Une serveuse musulmane a été giflée à Nice parce qu'elle servait de l'alcool durant le ramadan. Comme en témoigne cette affaire, les musulmans sont parmi les premières cibles des islamistes. Pourtant, beaucoup hésitent à condamner ces derniers. Comment l'expliquez-vous ?

    Contrairement à ce qui a été répandu en France, les premières cibles n'ont pas été les musulmans, mais des non-musulmans. Il n'est qu'à lire des ouvrages tels que Les Territoires perdus de la République (2002), d'Emmanuel Brenner, ou encore Banlieue de la République (2012), de Gilles Kepel, pour comprendre pourquoi certains quartiers ont été désertés. Dans ce dernier, on lit par exemple le témoignage de Murielle, ancienne militante communiste : « On ne se sent même plus chez nous. On se sent très gênés […] C'est grave.» Nul n'évoque jamais la souffrance de tous ceux qui se sont résignés à quitter des lieux dans lesquels ils avaient passé une partie de leur vie. Le sentiment d'exil sur ses propres terres est bien plus traumatisant que l'exil en terre étrangère. Il n'est qu'à lire les témoignages de dissidents des régimes totalitaires du XXe siècle pour en saisir la mesure.

    De même, la souffrance est vive chez ceux de l'immigration extra-européenne qui ont rejoint l'Europe pour ce qu'elle était, une terre de liberté, et qui sentent à présent cette liberté se dérober sous leurs pieds. Plus l'Etat se révèle faible et montre son impuissance, plus les personnes issues de l'immigration extra-européenne se trouvent dans l'obligation de sacrifier la République face à leur groupe d'origine, dont les pressions vont croissant avec la poursuite de l'immigration. Ces personnes n'ont guère d'autre choix. Les flux migratoires, par leur importance, ont créé les conditions de la formation de répliques des sociétés d'origine sur les terres d'accueil. C'est un phénomène tout à fait naturel et spontané, vrai pour toutes les diasporas, sans arrière-pensée de nuire. Il n'en demeure pas moins que les frictions naissent sitôt que les fondamentaux culturels, qui se traduisent au quotidien en codes de savoir-être et de vivre-ensemble, rencontrent des points d'incompatibilité. Dans le cas qui nous concerne ici, ils sont loin d'être mineurs puisqu'ils touchent à des principes du pacte social et moral qui lie les Français entre eux, comme le respect de l'existence d'une liberté individuelle, donc du droit de choisir sa vie privée ; l'égalité hommes-femmes ; la laïcité, qui est étrangère aux sociétés d'origine, comme l'avait écrit en juin 2003 l'islamologue Mohammed Ibn-Guadi dans une tribune au Figaro, où il exposait que « l'islam a toujours été politique ».

    Les êtres humains ne se résument pas à de simples machines. En migrant, ils emportent avec eux leur système de principes et de valeurs, leur regard sur les autres et le monde. Et c'est humain ! Ce qui est arrivé à Nice, ou à Orlando - même s'il n'y a aucune commune mesure - est une illustration du fait que l'intégration se joue sur le registre de l'identité et non sur les questions d'ordre matériel. Dans un cas comme dans l'autre, c'est l'existence d'une liberté individuelle et d'un libre arbitre qui sont perçus comme invivables et qui peuvent déclencher un torrent de haine et de violence. Respecter les règles de la démocratie exige un lourd apprentissage. Il est préoccupant de voir à quel point cette donnée a été négligée par les élites des terres d'accueil.

    C'est pourquoi, aussi bien la décision d'Angela Merkel d'accueillir massivement des réfugiés en provenance de terres qui n'ont pas vécu les mêmes pages d'histoire culturelle et politique, et ne possèdent pas de ce fait les codes du vivre-ensemble des sociétés européennes, que les prises de position récurrentes du pape François, qui ne cesse de venir fustiger un prétendu égoïsme des Européens et de les exhorter à accueillir davantage de migrants, sont profondément choquantes. Elles témoignent d'un piètre niveau de sensibilité à ce qui advient : une situation dramatique pour tous, migrants et descendants d'immigrés compris. Si l'erreur est humaine, persévérer est diabolique.

    Doit-on craindre un scénario à la Houellebecq ?

    Aujourd'hui, tout comme en Algérie dans les années 90, le passage à l'action est encouragé par la perspective d'une victoire qui n'est plus de l'ordre de l'impossible, d'autant que les rouages de l'Etat et des partis politiques ont d'ores et déjà été investis, de même que des personnalités politiques de tout premier plan.

    Votre livre, Décomposition française. Comment en est-on arrivé là ?, s'est vu décerner mercredi 8 juin le prix littéraire « Honneur et Patrie » de la Société des membres de la Légion d'honneur. Lors de votre discours de remerciements, vous avez cité Victor Hugo : « Tôt ou tard, la patrie submergée flotte à la surface et reparaît. » Malgré la noirceur de votre constat, vous conservez l'espoir. Pourquoi ?

    Les Français aiment la France même s'ils se sont fait une spécialité de la dénigrer, produit d'un certain snobisme qui s'est répandu dans la société. A présent qu'ils ont compris que leur destin était intimement lié au sien, et qu'ils ne lui survivraient pas en tant que peuple, ils vont s'attacher à réparer l'injustice qu'ils ont commise à son égard. C'est donc un engagement pour la justice, et la justice finit toujours par triompher. Victor Hugo le dit : « le vol d'un peuple ne se prescrit pas », et « on ne démarque pas une nation comme un mouchoir ». Les exemples abondent dans l'Histoire qui viennent attester de la justesse de son propos.  

    Alexandre Devecchio

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  • Alain de Benoist : « Hier on avait un métier, aujourd’hui on cherche un emploi »

     

    Par Alain de Benoist et Jean-Paul Brighelli

     

    Dans ce remarquable entretien, la distinction qu'opère Alain de Benoist entre métier et emploi nous paraît essentielle. Métier est de l'ordre du qualitatif. C'était ce que possédaient en propre ceux qui n'avaient rien, les prolétaires de jadis. Emploi est indéterminé, sans substance, sans qualité. C'est tout le reflet du monde moderne ou postmoderne. Cette opposition constitue la trame de la réflexion d'Alain de Benoist, y compris dans les passages où elle peut surprendre. Il faut savoir gré à Jean-Paul Brighelli d'avoir réalisé et publié [Bonnet d'âne & Causeur les 9 & 13.10] ce long et riche entretien qui est aussi un débat, l'amorce d'un débat.  Lafautearousseau   

     

    alain-de-benoist-elements-324x235.jpgJean-Paul Brighelli. Voilà que vous détournez le « grand remplacement » ethnique cher à Renaud Camus par un « grand remplacement » économique : l’ubérisation de l’ensemble des sociétés libérales — française, entre autres. Pouvez-vous expliquer en quoi consiste cette mutation ?

    Alain de Benoist. Le « grand remplacement économique », ce n’est pas tant l’ubérisation que le remplacement de l’homme par la machine, voire par l’intelligence artificielle, à laquelle conduit l’évolution même du travail, évolution dont l’ubérisation ne représente qu’un aspect.

    « On l’oublie trop souvent : le capitalisme, ce n’est pas seulement le capital, c’est également le salariat. C’est aussi le système qui repose sur la force de travail, base de la valorisation du capital, et la transformation du travail concret en travail abstrait, concomitante de la transformation de la valeur d’usage en valeur d’échange. La transsubstantiation du travail en argent, puis de l’argent en capital, produit l’autovalorisation de la valeur. Le travail au sens moderne est une catégorie capitaliste. La généralisation du salariat fut une révolution silencieuse, mais une mutation énorme. Hier on avait un métier, aujourd’hui on cherche un emploi. Le métier et l’emploi, ce n’est pas la même chose. L’avènement du marché où l’on peut vendre et acheter contre salaire de la force de travail implique à la fois la destruction des anciennes formes sociales et la séparation du travailleur d’avec les moyens de production.

    « La contradiction principale à laquelle se heurte aujourd’hui le capitalisme est directement liée à l’évolution de la productivité. Cette contradiction est la suivante. D’un côté, le capital recherche en permanence des gains de productivité lui permettant de faire face à la concurrence, ce qui entraîne des suppressions d’emploi et une diminution du temps de travail global (on produit de plus en plus de choses avec de moins en moins d’hommes). De l’autre, il pose le temps de travail comme seule source et seule mesure de la valeur. La contradiction tient au fait que les gains de productivité aboutissent à supprimer des emplois, alors que c’est justement la forme « emploi » qui a permis au travail d’être le moteur de l’expansion du capital. La contradiction entre le marché actuel du travail et la production réelle de survaleur fait que le système capitaliste est aujourd’hui menacé, non pas seulement d’une baisse tendancielle du taux de profit, mais d’une dévalorisation généralisée de la valeur. 

    « Avec la révolution informatique et le développement de la robotique, la production de richesses se découple par ailleurs toujours davantage de la force de travail humaine, et pour la première fois on supprime davantage de travail qu’on ne peut en réabsorber par l’extension des marchés.

    « L’argument libéral classique est de dire que tout cela n’a rien de nouveau, que le progrès technique a toujours détruit des emplois, mais qu’il en a créé d’autres. On cite l’exemple de la révolte des canuts lyonnais contre les métiers à tisser, celui des luddites anglais ou celui des tisserands silésiens de 1844. On rappelle aussi la façon dont les emplois du secteur tertiaire ont remplacé ceux des secteurs primaire et secondaire. C’est oublier qu’aujourd’hui tous les emplois ne sont pas substituables, et qu’ils le sont même de moins en moins compte tenu de l’importance prise par les connaissances et de l’inégale distribution des capacités cognitives. Si dans le passé un paysan a pu se reconvertir en ouvrier sans grand problème, un ouvrier du bâtiment aura beaucoup plus de mal à se reconvertir en programmateur informatique. C’est pourquoi la robotique détruit aujourd’hui plus d’emplois qu’elle n’en crée.

    « Mais c’est oublier surtout que nous sommes en train de sortir de l’époque où les machines faisaient les choses aussi bien que l’homme pour entrer dans celle où les machines font beaucoup mieux. Cela change tout, car cela signifie que les machines peuvent désormais entrer en compétition avec des fonctions qui ne sont plus seulement manuelles ou répétitives, ce qui pose le problème de la décision : la machine est mieux placée pour décider puisqu’elle peut traiter mieux qu’un humain les informations dont elle dispose. C’est ce qu’avaient déjà biens vu Hannah Arendt et Günther Anders. Voilà pour le « grand remplacement » !

    Vous reprenez le terme de « précariat », introduit en économie alternative par des alter-mondialistes et des anarchistes (italiens à l’origine) à la fin des années 1970 — quelques années à peine après le départ de la crise structurelle dont se nourrit depuis cette époque le libéralisme. En quoi consiste-t-il ?

    La précarité, aujourd’hui, tout le monde la constate autour de soi. Face à la montée d’un chômage devenu structurel (et non plus seulement conjoncturel), la tendance actuelle, parallèlement au remplacement des activités productives par des emplois inutiles, qui sont en dernière analyse des emplois de contrôle, destinés à désamorcer les velléités de révolte sociale, est de chercher à diminuer le chômage en augmentant la précarité. C’est la mise en application du principe libéral : « Mieux vaut un mauvais travail que pas de travail du tout ». D’où l’idée de « flexi-sécurité », qu’il faut comprendre ainsi : la flexibilité c’est pour tout de suite, pour la sécurité on verra plus tard. Le refrain mille fois répété par le Medef est bien connu : plus on pourra licencier facilement, moins on hésitera à embaucher. Mais comment expliquer alors que la précarité ait constamment progressé en même temps que le chômage ?

    « C’est cette montée de la précarité qui a abouti en Angleterre à la multiplication des « travailleurs pauvres » (working poors) et aux contrats « à zéro heure » (on en compte aujourd’hui plus de 1, 4 million), et en Allemagne, depuis les réformes Harz, aux « minijobs » (450 euros sans cotisations et sans couverture sociale) qui, en 2013, concernaient 7 millions de travailleurs, soit près de 20% de la population allemande active, parmi lesquels un grand nombre de retraités.

    « Mais la précarisation, c’est aussi de façon beaucoup plus générale la destruction de tout ce qui dans le passé était solide et durable, et se trouve aujourd’hui remplacé par de l’éphémère et du transitoire. Dans ce que Zygmunt Bauman a très justement appelé la société liquide, tout est à la fois liquéfié et liquidé. Que ce soit dans le domaine professionnel, sentimental, sexuel, éducatif, politique, social ou autre, nous vivons à l’ère du zapping : on « zappe » d’un partenaire à l’autre, d’un métier à l’autre, d’un parti politique à l’autre, comme on « zappe » d’une chaîne de télévision à une autre. Et dans tous les cas, le changement n’aboutit qu’à donner le spectacle du même. On est toujours déçu parce que, sous diverses guises, c’est toujours le même chose qui se donne à voir. L’idéologie du progrès joue évidemment son rôle : avant, par définition, c’était moins bien. Le politiquement correct (qu’il vaudrait mieux appeler l’idéologiquement conforme) joue le sien : en transformant les mots, la « novlangue » transforme les pensées. L’individualisme ambiant fait le reste.

    Un chauffeur de taxi « ubérisé » gagne fort mal sa vie, en moyenne. Serait-ce là l’un de ces « bullshit jobs » nommés pour la première fois par David Graeber pour désigner des « boulots à la con » dans la sphère administrative (privée ou publique) et désormais étendus à l’ensemble de la sphère économique ? À une époque où les employés des grandes surfaces ne sont plus jamais embauchés à temps plein, afin de les tenir en laisse en les faisant vivre avec 800 euros par mois, où un prof débutant touche après 5 à 6 ans d’études 1400 euros par mois, en quoi la précarité concertée est-elle la solution la plus adaptée trouvée par le néo-libéralisme contemporain ?

    Les promesses du « travail indépendant » (l’« ubérisation » de la société) sont de leur côté trompeuses, car la précarité y est la règle plus encore que dans le salariat. Dans le monde post-industriel, qui privilégie les connaissances plus que les machines, chacun se voit convié à « devenir sa propre entreprise » (à être « entrepreneur de soi-même ») pour valoriser ses « actifs incorporels », quitte pour les anciens salariés à devenir des travailleurs multitâches, courant d’une activité à l’autre, cherchant de nouveaux clients tout en s’improvisant juristes ou comptables. L’ubérisation n’est alors qu’un nouveau nom de la parcellisation et de l’atomisation du travail. La précarité devient la règle, car les résultats recherchés se situent sur un horizon de temps de plus en plus court. Plus que jamais, on perd sa vie en tentant de la gagner.
    « Sous couvert de « flexibilité » on recherche des hommes taillables et corvéables à merci, qui doivent sans cesse s’adapter aux exigences d’une économie dont on estime qu’ils doivent être les serviteurs, sinon les esclaves. La généralisation de la précarité, c’est l’avènement de l’homme substituable, interchangeable, flexible, mobile, jetable. C’est l’entière réduction de la personne à sa force de travail, c’est-à-dire à cette part de lui-même qui peut être traitée comme une marchandise. C’est la soumission à l’impératif de rendement, la vente de soi s’étendant à tous les aspects de l’existence.

    Sur l’ensemble du dossier présenté par votre revue, je vous trouve terriblement marxiste — « le facteur économique est bien déterminant en dernière instance ». Peut-on cependant tisser un lien entre la réalité économique à laquelle on est en train de convertir l’ensemble de l’économie mondialisée, et l’homo festivus inventé par Philippe Muray ? Ou si vous préférez, dans quelle mesure l’ubérisation tous azimuts se conforte-t-elle de la société du spectacle — et vice versa ?

    Pas du tout marxiste, mais marxien pourquoi pas ! Deux cents ans après sa naissance, il serait peut-être temps de lire Marx en étant capable de faire le tri entre les nombreuses facettes de sa pensée – en oubliant les « marxismes » et les « antimarxismes » qui n’ont fait qu’accumuler les contresens sur son œuvre. La philosophie de l’histoire de Marx est assez faible, mais il n’y a pas besoin d’être marxiste pour constater, avec lui, que notre époque est tout entière plongée dans les « eaux glacées du calcul égoïste ». Marx est à la fois l’héritier d’Aristote et celui de Hegel. Il a tort de ramener toute l’histoire humaine aux lutte de classes, mais il décrit à merveille celles de son temps. Ce qu’il écrit sur le fétichisme de la marchandise, sur la « réification » des rapports sociaux, sur l’essence de la logique du Capital (sa propension à l’illimitation, au « toujours plus », qui n’est pas sans évoquer le Gestell heideggérien), sur la théorie de la valeur, va très au-delà de ce qu’on a généralement retenu chez lui.

    « L’homo festivus dont parlait le cher Philippe Muray est en effet comme un poisson dans l’eau dans l’économie libérale aujourd’hui déployée à l’échelle mondiale. L’homo festivus ne cherche pas seulement à faire la fête tout en aspirant à se vider le crâne (il ne faut pas se prendre la tête !) grâce aux mille formes de distraction contemporaine, au sens pascalien du terme. Il est aussi celui qui a remplacé le désir de révolution par la révolution du désir, et qui pense que les pouvoirs publics doivent faire droit, y compris institutionnellement, à toute forme de désir, car c’est en manifestant ses désirs, quels qu’ils soient, que l’homme manifeste pleinement sa nature.

    « Cela s’accorde parfaitement à l’idéologie libérale, qui conçoit l’homme comme un être présocial, cherchant à maximiser en permanence son seul intérêt personnel et privé. Comme l’a si bien montré Jean-Claude Michéa, c’est parce que le libéralisme économique et le libéralisme « sociétal » (ou libertaire) sont issus du même socle anthropologique qu’ils ne peuvent à un moment donné que se rejoindre. La société du spectacle, où le vrai n’est plus qu’un moment du faux et où l’être s’efface totalement derrière le paraître, est le cadre idéal de cette rencontre. C’est la société de l’aliénation volontaire, qui croit que les rapports sociaux peuvent être régulés seulement par le contrat juridique et l’échange marchand, mais qui ne débouche que sur la guerre de tous contre tous, c’est-à-dire sur le chaos.

    Vous notez qu’Emmanuel Macron est le chantre de cette ubérisation généralisée. Mais comment diable l’a-t-on élu ? Par un malentendu ? Grâce à l’écran de fumée médiatique ? Par un désir profond d’en arriver à un salaire universel garanti (le seul candidat qui le proposait était Benoît Hamon : un hasard ?) qui permettrait de vivoter dans la précarité sans plus poser de problème à un capitalisme financiarisé qui pourrait alors s’épanouir ? Mais alors, qui achètera les merveilleux produits fabriqués demain par les quelques travailleurs encore en exercice et une noria de machines « intelligentes » ? Bref, l’ubérisation serait-elle le premier pas vers la fin du libéralisme — l’ultime contradiction interne du système ?

    Dans une démocratie devenue elle aussi liquide, Macron a su instrumentaliser à son profit l’épuisement du clivage droite-gauche et l’aspiration au « dégagisme » d’un électorat qui ne supportait plus la vieille classe politique. Il a également compris que l’alternance des deux anciens grands partis de gouvernement ne mettait plus en présence que des différences cosmétiques, et que l’heure était venue de les réunir en un seul. C’est ce qui lui a permis de l’emporter avec au premier tour moins d’un quart des suffrages exprimés.

    « Macron est avant tout un contre-populiste au tempérament autoritaire et à l’ego hypertrophié. Il reprend à son compte le clivage « conservateurs » contre « progressistes », mais c’est pour choisir la seconde branche de l’alternative : réunir les partisans de l’« ouverture » (en clair : les élites libérales de tous bords) contre les tenants de la « fermeture » (en clair : ceux qui s’opposent, instinctivement ou intellectuellement, à l’idéologie dominante). Contre ceux « d’en bas », il est le représentant de la Caste « d’en haut ». On voit bien aujourd’hui qu’il ne supporte pas qu’on lui résiste, qu’il n’aime pas les corps intermédiaires, qu’il est insensible aux aspirations populaires, qu’il n’a rien à dire à la France qui va mal. A un moment où les classes moyennes, menacées de déclassement et de paupérisation, sont en train de rejoindre les classes populaires, il démontre ainsi son intention de construire une « start up nation », en parfaite conformité avec une religion économique qui exige l’absorption du politique par la gouvernance. Cela augure plutôt mal de l

  • Périco Légasse : « Ce n'est pas l'agriculture qu'on assassine, c'est la France qu'on poignarde »

     

    Périco Légasse a réagi à la crise de l'agriculture française  dans un entretien donné à Figarovox [21.01.2016]. Pour lui, celle-ci est le résultat d'une dérive productiviste qui met en danger notre identité nationale. Ainsi, on commence à se rendre compte que le problème agricole français n'est pas seulement économique ou financier et ne se réduit pas à une affaire de management. Il est avant tout identitaire et civilisationnel.  Périco Légasse apporte au moins ici sa pierre à un débat de fond qui concerne au sens plein notre nation. Sauver l'identité française, ce n'est pas seulement la préserver des migrants, mais aussi des maladies de la postmodernité.  LFAR

     

    La production de canards et d'oies va être gelée pendant plusieurs semaines afin de stopper la prolifération de la grippe aviaire. Des éleveurs du Sud-Ouest se mobilisent sur Facebook pour obtenir l'abrogation de cette mesure. « Nous prévoyons de gros mouvements dans le Sud-Ouest. Nous n'avons plus rien à perdre, nous nous battrons jusqu'au bout ». Comprenez-vous et partagez-vous leur colère ?

    Bien sûr. Car la mesure va certes bousculer les grosses coopératives céréalières du Sud-Ouest, propriétaires de marques de foie gras industriel, mais elle va éradiquer le petit et le moyen élevage qui n'ont ni trésorerie ni perspective de rattrapage pour compenser un arrêt d'activité aussi long. Les accusations des petits producteurs contres les gros sont terribles, car ils affirment que ces derniers ont en stock des centaines de milliers de foie gras invendus, conservés au froid, et que pour pouvoir les écouler, il leur faudrait la quasi exclusivité du marché durant quelques mois. Après quoi tout repartirait sur les rails. Au passage, pris à la gorge, quelques centaines de concurrents auront mis la clé sous la porte. D'une pierre deux coups. Cela me semble énorme : à vérifier.

    Comment en est-on arrivé là ?

    Par le besoin de surproduire pour surconsommer, instauré par l'obligation de gagner des parts de marché. Puisqu'il faut faire du profit financier, qui est un devoir structurel croissant, créons des besoins nouveaux dont nous satisferons l'assouvissement. Deux produits symboles, classés autrefois dans le luxe, le saumon fumé et le foie gras, sont devenus les outils de masse de cette opération financière. Le système consumériste auquel est désormais soumise notre société considère que ce qui était l'exception doit devenir la règle, et que les produits rares et chers ont tous vocation à devenir courants et pas chers. Nous en sommes arrivés à un point sordide de financiarisation de notre alimentation par la trilogie que forme l'agro-industrie productiviste, la publicité pro-malbouffe, et la grande distribution. Ces gens-là ont décrété qu'il fallait désormais manger du foie gras partout, et toute l'année, en étranglant le producteur pour obtenir des tarifs de masse. Résultat, des millions de boites, sacs et paquets emplis d'infâmes morceaux de chairs industrialisées pullulent à perte de vue du 1er janvier au 31 décembre dans les grandes surfaces. Comment veut-on, à cette échelle-là, que les conditions d'élevage et de production ne soient pas ignobles? Et comment veut-on que ces produits ne soient pas nocifs pour la santé, dans la mesure où leur prix réduit et accessible en décuple la possibilité d'ingurgitation? Surproduire pour gagner toujours plus !

    Ça c'est pour le consumérisme, mais pour les maladies ?

    Inutile de tourner autour du pot. L'apparition de maladies dans les élevages est la conséquence directe du confinement d'animaux en surnombre. En aquaculture, on prévient le drame en saturant les poissons d'antibiotiques. Idem dans les élevages de poulet intensifs. Le palmipède engraissé échappait à la règle, mais la consommation de foie-gras ayant explosé, il a fallu concentrer davantage pour produire davantage, à moindres coûts. Résultat, le terrain devient favorable aux épidémies. Que la France abandonne au plus vite le productivisme mercantile, financiarisé par un système grandement distribué, et nous verrons que bien des problèmes, majeurs et nationaux, se règleront.

    Cette crise n'est-elle qu'un symptôme d'une crise plus profonde de l'agriculture française ?

    C'est une des manifestations de la logique économique que l'on impose aux agriculteurs pour satisfaire, dans des proportions incompatibles avec les grands équilibres planétaires et la biodiversité, les objectifs financiers que se sont fixés les géants de la part de marché finale absolue. Pourtant, cela fait tellement longtemps que des voix autorisées et concordantes, sur ce site en particulier, annoncent la catastrophe. De n'avoir jamais ni entendu, ni écouté, a conduit la France là où elle en est aujourd'hui: une puissance agricole sinistrée. Quel immense gâchis ! Quand on voit les ressources, les potentiels, les énergies, les volontés, les initiatives et les fabuleuses capacités de ce pays en terme de géo et biodiversité, comment a-t-on pu en arriver là ? Comment a-t-on pu, avec une classe politique si lucide, des dirigeants si motivés, des institutions si efficaces, cumuler autant de bévues, de lâchetés et de renoncements, pour que l'agriculture française, qui devrait être le fleuron de notre enrichissement national, en soit rendue à cet état de ruine…? Ce n'est pas seulement l'agriculture qu'on assassine, c'est la France qu'on poignarde dans le dos.

    Si la rumeur des trois suicides d'agriculteurs en Bretagne ce week-end était fausse, il n'en reste pas moins que le taux de suicide dans cette profession est très important (un tous les deux jours environ). Comment l'expliquez-vous ?

    Les agriculteurs qui se suicident sont ceux qui ont suivi et appliqué à la lettre les consignes de la politique agricole européenne, encouragés en ce sens par les directives de Bruxelles, les chambres d'agriculture et les instances syndicales liées aux lobbies, qui leur ont dit : modernisez-vous en empruntant beaucoup pour surproduire toujours davantage, afin d'obtenir le prix de revient le plus bas possible, et vous resterez les plus concurrentiels sur le marché. Et si une offensive vient vous menacer, elle viendra de si loin que l'Union Européenne constituera un rempart. Ce que l'on n'avait pas prévu, c'est que l'offensive viendrait de l'intérieur de l'Europe, avec des outils européens. C'est notre alliée, et partenaire, l'Allemagne qui, après nous avoir bien « aidés » dans le démantèlement de nos fleurons industriels, a créé des usines porcines dont certaines concentrent 40.000 bestiaux (que l'on ne nous parle plus d'agriculture), avec de la main d'œuvre bulgare ou roumaine payée 3€ de l'heure, pour vendre de la viande de porc 30% moins chère que le moins cher de la production bretonne, à la grande distribution française toujours prête à trahir l'économie nationale pour augmenter ses marges… Bien entendu, les dirigeants de Berlin n'imaginaient rien, ne se doutaient en rien des conséquences. Et à Paris, on se moquait autant des usines à cochons allemandes que l'état-major français de 1940 des panzer divizions, puisqu'il et bien connu que les Ardennes sont infranchissables… Aujourd'hui, le porc allemand est en vente dans les grandes surfaces de Bretagne. Je ne savais pas que nos choix économiques étaient encore fixés par le général Gamelin. Quand on fait de la merde, il y a toujours une possibilité que quelqu'un en fasse une encore moins chère. C'est ça la concurrence libre et non faussée de l'Union Européenne ?

    Les agriculteurs français meurent en silence… Avec-eux est-ce tout un patrimoine qui disparaît ?

    L'agriculture française crève, sous nos yeux, depuis longtemps, d'une forme de libre échange qui n'a finalement qu'un seul but, la financiariser pour augmenter les profits des banquiers du lait, du blé et de la viande. Ça fait un peu gauchiste comme explication, mais il n'est pas besoin de beaucoup gratter pour comprendre que c'est bien ce qui se passe. Du Goldmann Sachs agricole, mais avec du porc et du lait à la place des titres pourris. Plus tu en produis, plus ton exploitation ne vaut rien. Cela dure depuis vingt ans et personne n'a cherché à arrêter le processus puisqu'il est la doxa du moment.

    Souvenons nous, il y a seulement 20 ans, chaque fois qu'une exploitation agricole déposait son bilan, c'était le signe que l'Europe se mettait en place et que l'agriculteur nouveau allait enfin remplacer l'ancien, rivé sur ses archaïsmes, incapable de s'adapter. Une sorte de nettoyage agro-économique annonçant un avenir radieux pour les campagnes françaises. Edgar Pisani, ministre de l'Agriculture du Général et auteur de la loi de modernisation agricole de 1964, a reconnu que l'État a mené cette réforme en toute bonne foi, mais que l'on a jeté l'eau du bain des archaïsmes avec le bébé du patrimoine territorial et environnemental que représentait la paysannerie traditionnelle.

    Aujourd'hui que la courbe des faillites et des suicides agricoles dépasse celle du chômage, on sent comme un malaise au sommet de l'Etat, chez les politiques, à la MSA, au Crédit Agricole et à la Fnsea. Comme pour les cadres de France Télécom, on tremble qu'à Bercy ou à Matignon un haut responsable déclare agacé: « il faut mettre un point d'arrêt à cette mode des suicides ».

    Est-il encore possible de rompre avec les choix productivistes amorcés dans les années 1960 ?

    Heureusement que oui. Et on y viendra inéluctablement, mais ils attendront de passer à 500 suicides par an, et à 45 départements bloqués par les tracteurs. On ne sait jamais, comme on navigue au radar, si la tendance venait à s'inverser, comme celle du chômage, on pourrait continuer comme ça sans rien faire: « Sœur Anne, sœur Anne, ne vois tu rien venir ? ». Si, des corbillards…

    La vision rationnelle des choses, c'est de prendre la réalité en face. D'évaluer les enjeux, les moyens, les besoins et les forces prêtes à entrer en jeu pour arrêter le déclin. Le philosophe Pierre Rabbi, qui n'est ni un gourou, ni un tribun, mais un paysan de bon sens, a écrit quelque chose de fondamental, où se trouve la clé de la solution: « L'agriculture n'est pas faite pour produire, elle est faite pour nourrir ». Phrase immense. Tout est dit, sans violence, sans rejet, sans doctrine. Un véritable programme politique. Comment interpréter, ou plutôt appliquer, le message de Pierre Rabbi ? Il suffit de partir d'un constat, de faire un bilan et de se fixer un objectif. Peut-on enfin décider, sans se coucher devant Bruxelles, d'une politique agricole qui fournisse à la demande française ce que l'offre est à même de produire ? Peut-on se fixer comme objectif que la France nourrisse la France ?

    Par quelle équation ?

    Une équation de base : 66 millions d'habitants en France se nourrissent, en moyenne, trois fois par jour. Cela fait, en gros, 198 millions d'actes alimentaires quotidiens. C'est à dire, on se pose : 5 940 000 000 d'actes alimentaires par mois, soit: 71 280 000 000 (soixante et onze milliards deux cent quatre vingt millions) de repas par an. Je me refuse à croire qu'une telle demande dans la deuxième puissance agricole mondiale ne génère pas le plein emploi à pleine richesse pour l'agriculture et l'agro-industrie françaises. Donc, quand j'apprends qu'un paysan qui travaille 18 heures par jour s'est pendu, je me dis, de deux choses l'une : ou ceux qui dirigent l'agriculture française depuis 40 ans nous mentent, ou ils sont très nuls. Et je ne vise pas Stéphane Le Foll, même si je peux avoir des divergences avec lui, car son programme pour l'agroécologie est la première mesure politique lucide et courageuse que la République Française ait jamais mise en place pour sauver son agriculture. Il faut voir notre agriculture comme un trésor inexploité et non comme une plaie infectée. Les agriculteurs qui s'échappent ou se sont émancipés du système productiviste réussissent, gagnent leur vie et vivent heureux. On devrait peut-être en tirer des conclusions

    Quel genre d'initiative faudrait-il prendre ?

    Par exemple, lancer une campagne nationale pour la consommation de lait et de produits laitiers français de France. Dans les familles, à l'école, dans les entreprises, dans la restauration. Expliquons à ceux qui ne connaissent que le liquide blanchâtre vendu en brique UHT que ce produit souvent importé n'est pas du lait, mais la mort de nos éleveurs. Sauvons le lait de la France ! Jean-Pierre Raffarin s'insurgeait, l'autre jour sur Europe1, du fait que la France importe du lait. « Oui, la France importe du lait » martelait-il à son micro. Ah bon? Etonnante colère. Quand il était Premier ministre, entre 2002 et 2005, la France importait près 4 millions de tonnes de produits laitiers chaque année. Je ne me souviens pas qu'il ait dénoncé le phénomène, ni même regretté, et encore moins tenté de l'inverser. Ou si faiblement. Il est vrai que les choses ne se sont pas arrangées. Les importations de lait sont en hausse de près de 70% entre novembre 2014 et novembre 2015. La première puissance laitière importe 20% de son lait alors que 25 000 exploitations laitières sont au bord du dépôt de bilan. Ubu n'est plus roi, il est empereur de France… Un événement majeur vient de se produire : la lettre envoyée à François Hollande par Bruno Lemaire, qui était ministre de l'Agriculture il y a quarante huit mois, cosignée par 93 parlementaires. Un appel qui commence par « Notre agriculture meurt ». En conclusion, le député de l'Eure demande au président de la république de réunir les chefs d'États européens pour instaurer, entre autres mesures de sauvetage : « La défense de la préférence communautaire pour les produits agricoles européens, contre le dogme de la concurrence libre et absolue qui ruine nos producteurs ». J'imagine l'effet que cette déclaration aurait eu quand il était aux affaires… C'est déjà bien qu'il ose la formuler quand il est dans l'opposition. Comme quoi tous les espoirs sont permis. 

    Périco Légasse est rédacteur en chef de la rubrique vin et gastronomie à l'hebdomadaire Marianne.

    picture-2540921-61yhv5dr.jpgEntretien par

    Journaliste au Figaro et responsable du FigaroVox. Twitter : @AlexDevecchio

  • Pour réintégrer Maurras dans le paysage politique français... : L'entretien avec Le Dauphiné libéré (V/V)...

    lafautearousseau se propose ici de vous faire découvrir Un patriote, nommé Maurras. Maurras est en effet inconnu du grand public, parce que volontairement ignoré par la conspiration du silence, entretenue par le Système pour lequel Maurras n'est pas "dangereux", mais "le seul dangereux", car il en a dénoncé les bases idéologiques et parce qu'il l'a remis en cause dans ses fondements révolutionnaires.

    C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

    Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

    Du début février au 23 mars (fin de la première partie de notre campagne de sensibilisation pour la sauvegarde de la maison de Maurras) nous présenterons divers textes ou documents relatifs à Maurras, sa vie, son oeuvre... 

    Nous avons passé les trois dernières semaines en bonne compagnie, avec Axel Tisserand, d'abord, puis Jean-François Mattéi et sa très belle intervention dans le jardin du Chemin de Paradis, le 1er septembre 2012; puis avec une sorte de reportage, tiré de nos riches archives, sur ce que fut cette journée d'hommage du 1er septembre 2012, à l'occasion du soixantième anniversaire de la mort de Maurras.

    Le rappel de cette journée montre bien ce qu'était la Maison de Maurras jusqu'à ce que la Mairie de Martigues n'en interdise l'accès, ne la "ferme", aussi sournoisement que brutalement; n'érige autour d'elle comme une sorte de Mur de Berlin, aussi réel qu'invisible...

     "Avant", tout le monde pouvait aller admirer le lieu, et  nous ne nous privions pas, à l'Union Royaliste Provençale. Ces jours heureux sont, pour l'instant, révolus. Jusqu'à quand ? C'est toute la question, et la raison de notre protestation, qui ne cessera que lorsque nous aurons obtenu ce que nous demandons :

    1. Des informations claires et précises sur les travaux promis, et un calendrier, même approximatif, concernant le déroulement de ces travaux, qui doivent aboutir à la réouverture de la Maison au public...

    2. Et, en attendant, la remise à disposition du public du libre accès au jardin, sans autres conditions que celles qui prévalent en n'importe quel autre endroit public du pays, selon les règles et normes en vigueur partout...

    Cette semaine - avant-dernière avant que notre Campagne de sensibilisation ne prenne une autre forme, dès le lendemain des élections municipales - nous vous présentons une conséquence directe de cette journée d'hommage du 1er septembre 2012 : Georges Bourquart, journaliste au Dauphiné libéré, nous a écrit trois jours après pour nous demander de lui faire visiter la Maison et le Jardin, et de lui présenter Charles Maurras... (V/V)

     

    MAURRAS PROCES.JPG... et sa condamnation en 1945 ?

    A ce stade, final, de notre conversation, nous avons choisi d'aborder ce thème d'une façon un peu différente de la "traditionnelle", en commençant par parler d'abord... de la Guerre de 14 !

    Nous avons ainsi rappelé à notre interlocuteur quelle avait été la politique de L'Action française lors de la Première Guerre mondiale : sa politique d'union nationale, ou d'union sacrée - surtout lorsque ce fut autour de Clemenceau, l'un des "ennemis de toujours" - ne fit pourtant pas l'unanimité dans ses rangs - et ne la fait toujours pas - puisque certains faisaient remarquer, avec justesse, que ce serait la France, certes, mais aussi la République qui gagnerait la guerre.

    Malgré sa justesse, cet aspect des choses n'ébranla ni Maurras, ni Daudet, ni Bainville, et L'Action française soutint l'effort national, jusqu'à la victoire finale. Ce qui lui valut un prestige considérable, les remerciements officiels de Raymond Poincaré et une estime générale dans le pays, une fois la guerre gagnée.

    Oui, mais voilà : après la Victoire si chèrement acquise, la France pouvait et devait démembrer l'Allemagne. Et lui enlever la rive gauche du Rhin, soit pour la "réunir" à la France, soit pour la laisser devenir une ou plusieurs républiques indépendantes. Le Système, ou le Pays légal ne le fit point et se laissa voler la Victoire par nos "chers Alliés anglo-saxons", malgré les avertissements de Bainville et de L'AF. 

    Puis il y eut la farce de "L'Allemagne paiera" : là aussi, le Système ou Pays légal, et toujours malgré les conseils quotidiens de L'Action française, laissa l'Allemagne non seulement "ne pas payer", mais se relever, prospérer de nouveau, se réarmer, réoccuper la rive gauche du Rhin et, finalement, nous envahir vingt ans après notre Victoire, exactement comme l'avaient prévu Bainville, les grands généraux et les esprits lucides.  

    Quelle différence, alors, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec la fin de la première ! Malgré la justesse des analyses de L'Action française pendant les vingt ans de l'Entre-Deux Guerres, et le sabotage de la position de la France par le Régime, amenant au désastre, on vit au contraire, lorsque la Guerre s'acheva, L'Action française décapitée, le journal interdit, et le royalisme effacé d'un coup du paysage politique ! Phénoménal triturage de la réalité et de la vérité des faits; stupéfiante falsification historique, et fabrication d'une "vérité officielle" fondamentalement mensongère.

    Que s'était-il donc passé ?

    Pourtant, juste avant la guerre, à sa sortie de prison, en 1937, Maurras avait été acclamé dans un gigantesque meeting au Vel d'Hiv' par 60.000 personnes; il venait d'être élu à l'Académie le 9 juin 1938; le mouvement, malgré la dissolution des ligues en 36, restait un mouvement avec lequel il fallait compter; et Maurras jouissait d'un prestige intellectuel considérable, qui dépassait de beaucoup les frontières du territoire national... Alors ?

    maurras,chemin de paradisD'abord, il faut se souvenir qu'au début de la guerre, Maurras - né le 20 avril 1868 - a plus de 71 ans (76 aux débuts de la Libération); il a perdu Jacques Bainville, le sage, trois ans auparavant; et Léon Daudet, qui mourra trois ans plus tard, en 1942 d'une hémorragie cérébrale, commence déjà à ressentir les premiers signes du mal qui l'emportera, et n'était déjà plus le flamboyant Daudet de l'Avant-guerre (de 14) ni de l'entre deux guerres... Maurras n'était donc pas seul, mais le trio historique des grandes heures de L'Action française était disloqué.

    A partir de là, et Georges Bourquart en est convenu, il est facile, aujourd'hui, confortablement assis dans nos salons, et ne risquant strictement rien, de savoir ce qu'il fallait faire, ou pas; dire ou pas etc. puisque l'on sait comment les choses ont fini. Mais, à l'époque ?

    Si l'on a un minimum d'honnêteté intellectuelle et de connaissances historiques, on sait bien que, jusqu'à la fin, plusieurs scénarios étaient possibles. Les révolutionnaires, formidablement poussés par Staline, pouvaient prendre le pouvoir; les Américains, qui avaient imprimé une monnaie spéciale, pouvaient fort bien organiser un régime dont ils auraient tiré les ficelles (et, pourquoi pas, avec Pétain, Lebrun ou Herriot, éventualités qui furent envisagées par les Américains et les Anglais) : il y avait plusieurs sorties de guerre possibles, et ce n'est qu'à la toute fin du conflit que les choses se sont décidées.

    Ce qui est certain, par rapport à la Première Guerre mondiale, c'est la nouveauté radicale que représenta l'intrusion de l'idéologie dans la Seconde. Que Maurras ait mal apprécié, mal évalué, ce fait, comme certains maurrassiens le pensent, cela ne fait de lui ni un coupable, ni un criminel.

    On peut dire que, d'une certaine façon, il a considéré cette Seconde guerre comme la Première, et qu'il a répété la même stratégie d'union nationale - Pétain remplaçant Clemenceau - que durant le premier conflit; rejetant "le clan des yes" comme "le clan des ya", il élabora une ligne de conduite, certes, difficilement tenable, de fait, sur le terrain, mais au moins conforme à l'idée qu'il se faisait de l'union nationale, à préserver absolument.

    On peut juger irréaliste sa position, la juger périlleuse - surtout aujourd'hui... - mais, au moins, n'obéissait-elle aux pas aux intérêts partisans ni à l'esprit de division. Certes, les Allemands - victorieux et maîtres chez nous, à la différence de 14 - occupaient le territoire, accentuaient de jour en jour leur pression, manipulaient de plus en plus la fiction d'un "pouvoir" de plus en plus inconsistant, ce qui rendait chaque jour plus inaudible et plus incompréhensible le soutien que continuait d'apporter Maurras au pouvoir légal, mis en place dans la débandade générale - ne l'oublions pas - par ce qui restait alors des élus de la République.

    Mais, encore une fois, même son supposé irréalisme de fait, ne suffit pas à faire de Maurras un traître, ni de son attitude, en soi, un crime ni un délit. 

    Ni, bien-sûr, à disqualifier sa pensée, son oeuvre politique.

    Le sort ne fut pas favorable à Maurras, la "fortune" lui fut contraire : revenus triomphants, les révolutionnaires ont été d'autant plus haineux et violents contre Maurras qu'ils devaient hurler très, très fort, afin que que leur vacarme assourdissant fasse oublier leur(s) trahison(s) initiale(s) :

    * soutien inconditionnel à l'URSS, s'alliant avec Hitler par le fameux pacte de non agression, qui dura officiellement du 23 août 1939 au 22 juin 1941, soit tout de même près de deux ans !... 

    maurras,chemin de paradis* désertion et fuite de Thorez à Moscou où, arrivé le 8 novembre 39, il restera jusqu'à son amnistie par de Gaulle, en novembre 44. Passer toute la guerre à Moscou, c'éait, évidemment, beaucoup plus "facile" et beaucoup moins périlleux que de rester en France tout ce temps-là...

    * quantité impressionnante de nombreuses personnalités venues du socialisme et du communisme dans la Collaboration (les socialistes Marcel Déat et Pierre Laval, le communiste Jacques Doriot); 

    A partir de là, c'est Vae victis, et l'histoire officielle écrite par les vainqueurs... On fit le procès de Maurras, mais on attend toujours le procès le plus important, celui des responsables de la défaite : ceux qui n'ont pas préparé la France à la guerre qui arrivait et qu'annonçait Jacques Bainville, dès le calamiteux Traité de Versailles, dans L'Action française "pour dans 20 ans"; ceux qui sont restés sourds aux avertissements, du sabotage de la Victoire à l'impréparation de la France face aux revanchards allemands, emmenés par Hitler.

    Un Hitler que Jacques Bainville fut le premier, dès 1930, et dans L'Action française, à dénoncer, comme "l'énergumène" Hitler : voici quelques notes de son Journal (Tome III) : Bainville et l'énergumène Hitler.pdf , dans lesquelles il écrit : "Qui eût dit qu'Adolf Hitler, l'énergumène en chemise brune, recevrait un jour la visite du ministre des Affaires étrangères de Grande Bretagne ?". Ou : "Sir John Simon sera dans quelques jours à Berlin. Il verra Hitler, c'est-à-dire le monstre lui-même..."

    C'est à cette aune que doit être mesurée la condamnation de Maurras, totalement inique si l'on veut bien se souvenir de cette phrase d'Otto Abetz (tout de même, un connaisseur !) :

    "L’Action Française est l’élément moteur, derrière les coulisses, d’une politique anti-collaborationniste, qui a pour objet, de rendre la France mûre le plus rapidement possible, pour une résistance militaire contre l’Allemagne".

    Que Maurras ait été condamné est donc un fait.

    Que cette condamnation soit juste, à l'évidence, non. Mais il eût été naïf d'attendre une juste sentence d'un procès conduit par ses ennemis.  

    Qu'elle signifie que ses idées n'existent plus, qu'il n'ait plus rien à nous dire aujourd'hui, et qu'il doive être rayé de la carte des penseurs, des esprits féconds, des "vivants", encore moins !

    Voici donc l'essentiel de ce qui s'est dit pendant cette heure et demie de discussion courtoise, à bâtons rompus; augmenté de toutes ces choses que nous n'avons pas eu le temps d'ajouter à tel ou tel moment de la conversation, ou que nous n'avons pu qu'effleurer ou évoquer trop rapidement, donc superficiellement; mais qu'il s'impose naturellement de rajouter lorsqu'on passe à la transcription, écrite, du langage parlé.

    De toute évidence Georges Bourquart n'avait pas la place - nous ignorons s'il en avait le désir ou la possibilité - pour tout rapporter; nous, oui : il nous a semblé qu'il aurait été dommage de s'en dispenser. (fin).

    lafautearousseau

  • Bioéthique : La France confrontée à une culture de mort (20), par François Schwerer. Annexes (2/6)...

    L'étude de notre ami François Schwerer s'est donc achevée ce vendredi dernier, 3 février .

    Cet ensemble constitue une véritable somme, aussi bien par son importance que par son intérêt.

    Nous en avons commencé la publication le vendredi 10 janvier, et l'avons poursuivie du lundi au vendredi inclus, comme nous l'avons fait, par exemple, pour l'étude de Pierre Debray, Une politique pour l'an 2000.

    Pour suivre et retrouver ces textes plus commodément, nous avons regroupé la totalité de cette étude, vu son importance, dans une nouvelle Catégorie : François Schwerer - Bioéthique : culture de mort : vous pourrez donc retrouver donc l'ensemble de cette chronique en cliquant sur le lien suivant :

    François Schwerer - Bioéthique : culture de mort...

    Nous avons redonné chaque jour le plan de l'étude, afin que le lecteur puisse correctement "situer" sa lecture dans cet ensemble; voici maintenant le plan des Annexes et textes divers, que nous publierons jusqu'à vendredi prochain, inclus, date finale de la publication de cet importante contribution :

    Annexe 1 : Les lois de bioéthique.

    Annexe 2 : Le projet de loi bioéthique : une horreur peut en cacher une autre.

    Annexe 3 : La loi de bioéthique est essentiellement une loi discriminatoire.

    Annexe 4 : Bioéthique : on a ouvert la boîte de Pandore...

    Annexe 5 : La loi de tous les dangers.

    Annexe 6 : Sondage IFOP pour les AFC / Prière de Jean-Paul II /Quelques statistiques / Lettre pastorale de l'évêque de Bayonne.

    Schwerer.jpg2. Le projet de loi Bioéthique : une horreur peut en cacher une autre (1)

     

    « La future loi de bioéthique, actuellement en préparation, s’oriente vers une rupture radicale avec le sens des limites objectives, inscrites dans la nature, qui fondait jusqu’alors les grands principes du droit. Si la filiation repose sur la volonté, c’est la toute-puissance du désir individuel qui tiendra lieu désormais de principe, ouvrant à toutes les dérives ». (2)

    Le projet de loi bioéthique qui doit être discuté au Parlement à partir du mois de septembre, doit être qualifié de prométhéen puisque le Comité national d’éthique a estimé qu’une grande partie de cette nouvelle loi doit « avoir une influence sur le futur de l’humanité » ! Il « résulte d’une vision totalitaire de la société selon laquelle le Parlement pet, par la loi, tout faire – y compris toucher à la nature même de l’homme » (3). Mais, il est vrai que « le myhe de Prométhée, dans lequel les Grecs voyaient l’expression d’une dangereuse démesure, est devenu un symbole de la dignité humaine » (4).

    De ce texte d’une grande complexité et qui noircit 72 pages, il faut essayer de dégager l’essentiel : la médecine n’a plus pour objet de soigner les personnes, les enfants ne sont plus que des objets pour le plaisir d’adultes irresponsables et les chimères deviennent une réalité. Réduire la discussion de ce texte au seul sujet de la PMA c’est « passer à côté de 80 % de l’intérêt de cette loi », comme l’a expliqué le président du CCNE, Jean-François Delfraissy, devant la Commission spéciale de l’Assemblée nationale, le 28 août 2019.

     

    La dénaturation de l’acte médical

     

    Jusqu’à présent, un acte médical avait officiellement pour but de soigner une pathologie et de soulager une souffrance non voulue. Avec l’article 1er de cette nouvelle loi, ceci vole en éclats. En effet, l’accès à la procréation médicalement assistée qui était jusqu’à présent conditionnée à un critère pathologique d’infertilité est supprimé. Toute femme, en âge de procréer (5), peut y avoir recours, qu’elle vive avec un homme, une autre femme ou seule. La PMA est ouverte à toutes. Comme l’a écrit François-Xavier Bellamy dans le Journal du Dimanche du 15 septembre 2019 : il ne s’agit plus « de réparer nos corps mais de les vaincre ». Acte médical (le M de PMA signifiant « médical »), la PMA n’est plus subordonnée à une cause médicale. Il peut donc désormais y avoir en droit français des actes médicaux sans cause médicale.

     

    (1) : Cette annexe reprend l’article publié dans Politique Magazine de septembre 2019.

    (2) : Père Jacques de Longeaux, www.aleteia.org, 3 septembre 2019.

    (3) : Guillaume de Thieulloy, La Nef, septembre 2019, p. 28.

    (5) : Sylviane Agacinski, « L’homme désincarné », Tracts Gallimard, 2019, p. 4.

    (5) : Mais le 19 septembre 2019, on apprenait qu’en Inde une femme âgé de 74 ans (son mari en ayant 78) venait d’accoucher de deux jumelles… et que les deux époux en avaient fait une crise cardiaque. Le seul commentaire du médecin qui les avait accompagnait : la femme m’a trompé sur son âge ; elle m’avait dit qu’elle n’avait que 60 ans !

     

    Subsidiairement, si l’on peut dire, comme il s’agit d’un acte médical, il sera remboursé par la Sécurité sociale. Quand on sait que l’insémination artificielle des femmes ne réussit pas à tous les coups, le critère d’efficacité retenu pour le remboursement des autres actes médicaux n’a plus lieu d’être.

    Le droit français avance ainsi dans deux directions dont il est difficile de prévoir l’avenir : il peut désormais y avoir des actes médicaux sans cause (ni symptôme) médical ; la Sécurité sociale (pourtant déjà déficitaire) va pouvoir rembourser des actes dont l’efficacité n’est pas garantie (1), en opposition avec le motif mis en avant par Madame Buzyn pour ne plus rembourser l’homéopathie. Le fait que l’acte ainsi remboursé par la Sécurité sociale ne soit pas un acte médical ne gêne pas non plus le ministre de la santé : « La Sécurité sociale rembourse d’autres actes non thérapeutiques nombreux. Je pense notamment à des actes de chirurgie esthétique sur un ressenti subjectif de mal-être ».

     

    L’enfant, « objet » d’un contrat entre adultes irresponsables

     

    Comme il fallait donner les mêmes « droits » aux enfants issus d’une PMA et les enfants nés de relations entre parents qui s’aiment, sans pour autant réécrire complètement le code civil, on a imaginé de dénaturer la filiation en créant une « double filiation maternelle ».  Et, pour préserver cette égalité entre les deux types de filiation, on écrit un nouvel article principiel dans le code civil, dont les conséquences pourront être étendues, en tant que de besoin, par la jurisprudence. Cet article rattache un enfant à la famille de chacun des parents légalement déclaré. La filiation biologique ne devient donc plus qu’un mode de filiation parmi d’autres.

    Pire encore, le projet de loi propose de modifier le code civil pour rendre cette nouvelle forme de filiation inattaquable. Ainsi le nouvel article 342-9 précise : « En cas de procréation médicalement assistée avec tiers donneur, aucun lien de filiation ne peut être établi entre l’auteur du don et l’enfant issu de la procréation ». Et, plus loin, le nouvel article 349-10 prévoit à son tour : « le consentement à une assistance médicale à procréation interdit toute action aux fins d’établissement ou de contestation de la filiation ». Il en résulte en droit que la « parenté d’intention (2) » l’emporte sur le lien biologique. L’enfant est privé du droit fondamental de se faire reconnaître par son père, même si celui-ci l’acceptait.

    L’enfant, ainsi conçu, sera privé de père mais sera légalement le descendant de deux mères, dont il pourra porter les deux noms accolés. Désormais, en France, les femmes jouissent d’un droit à l’enfant, que ne manqueront pas de revendiquer les hommes (la GPA). A l’inverse, comme le veut le rapporteur Jean-Louis Touraine, « il n’y a pas de droit de l’enfant à avoir un père » (3). Pour en arriver là, les deux femmes qui auront un projet parental, devront, avant la naissance du bébé, passer un contrat devant notaire pour acter leur volonté commune. La copie de ce contrat figurera en marge de l’acte officiel d’état civil. Mais en inventant cette « déclaration anticipée de volonté », on met en place un système dans lequel la mère qui accouche n’a pas plus de droit (ni de devoir) vis-à-vis de l’enfant à naître que la compagne du moment. C’est bien ce qu’a confirmé la déléguée chargée de la famille de l’Inter-FGBT : les deux femmes du couple devront être reconnues comme mères, « sans distinction et sans hiérarchie ».

     

    (1) :  En 2016, en France, sur 300 000 embryons « fabriqués », seulement la moitié était « apte à être transférée » et seuls 16,5 % d’entre eux ont conduit à la naissance d’enfants vivants.

    (2) : Il est intéressant de noter que dans le langage orwellien utilisé pour faciliter cette évolution le mot « volonté » a été bani au profit du mot « intention ».

    (3) : Avec la GPA, demain, il n’y aura pas plus de droit de l’enfant à avoir une mère !

     

    Il apparaît aussi clairement que le législateur a conscience du fait que le système qu’il cherche à mettre en place n’a rien de naturel et que personne ne s’en montrera fier. Sinon il n’aurait pas prévu que « le couple ou la femme non mariée accueillant l’embryon et le couple ou la femme non mariée y ayant renoncé ne peuvent connaître leurs identités respectives ». Que se passera-t-il si l’enfant ainsi conçu, devenu adulte, demande à connaître l’identité de ses parents biologiques ? Faudra-t-il le lui refuser de peur que cela n’entraîne la révélation de l’identité des donateurs aux donataires ? Et s’il connaît leur identité faudra-t-il lui interdire de vouloir faire reconnaître sa filiation ?

    Quoi qu’il en soit, vouloir faire dépendre la naissance d’un enfant d’une simple intention de maternité (paternité ?) relève d’un système philosophique proprement inhumain. Monseigneur de Moulins-Beaufort fait remarquer à ce sujet : « On instille l’idée que l’enfant est porté par le projet, le désir et l’intention de ses parents. En ce qui me concerne, je veux bien être l’objet d’un dessein de Dieu, mais pas forcément d’un projet de mes parents, si bien intentionné soit-il. Les chrétiens savent qu’un être humain ne se résume pas à la rencontre des parents, mais qu’il est porteur d’une vocation, d’un appel de Dieu. Remplacer cela par un projet parental, je peine à y voir une promotion de l’humanité… Plus précisément, le projet des parents doit être dépassé par la vocation de chacun. Quand nous serons tous mesurés par les intentions de ceux qui nous ont engendrés, ce sera une grande violence parce que nous n’y répondrons pas totalement ou parce que nous serons déçus d’être prisonniers d’intentions qui ne correspondent pas à ce que nous voulons être » (1).

    (1) La Vie, 5 septembre 2019.

    Dans Famille Chrétienne du 16 septembre 2019, Monseigneur Aupetit a très clairement résumé la nocivité de ce texte. « Avec le projet de loi, on met en avant la seule volonté de ceux qui ont un projet d’enfant. L’enfant devient l’otage du bon vouloir tout-puissant de ceux qui se sont désignés comme ses parents. La différence avec les parents qui adoptent un enfant est que ces derniers n’ont pas voulu le priver de sa filiation charnelle. Priver volontairement un enfant de ses origines est un profond mépris du droit des enfants à connaître et à être élevés par leur père et leur mère comme le demande la Convention internationale des droits de l’enfant de l’ONU (article 7). De plus, il y a un détournement de la médecine et de sa raison d’être qui est de soigner. Il s’agit seulement de faire droit à des désirs particuliers de personnes qui ne sont pas malades ni infertiles. Le médecin devient un technicien du désir, un prestataire de service. Il est indécent que la Sécurité sociale rembourse ce qui n’est pas un soin, alors que, par ailleurs, on supprime le remboursement de médicaments indispensables ».

    Cette loi vient compléter une autre « avancée sociétale » récente. Après avoir considéré qu’une jeune fille de 13 ans pourrait être « consentante » dans des rapports sexuels avec un homme plus âgé, la nouvelle loi vient une fois de plus amputer la responsabilité des parents. En effet, l’article 21 précise que « si la femme mineure non émancipée désire garder le secret » d’une grossesse à laquelle elle désirerait mettre un terme, elle pourra le faire. Bien plus, si elle garde le secret, mais aussi si elle n’obtient pas le consentement de « l’une des personnes investie de l’exercice de l’autorité parentale », elle pourra se faire avorter. « L’interruption de grossesse pour motif médical ainsi que les actes médicaux et les soins qui lui sont liés peuvent être pratiqués à la demande de l’intéressée. Dans ce cas, la mineure se fait accompagner dans sa démarche par la personne majeure de son choix ». Gageons qu’elle trouvera sans difficulté des « personnes majeures » prêtes à l’accompagner dans les centres de planning familial. Mais que reste-t-il de la responsabilité des parents ? Il est intéressant de remarquer que Monique Pelletier, devant le Parlement en 1979 répondait déjà à un député qui voulait, par amendement, étendre l’avortement libre et gratuit pour les mineures sans le consentement de leurs parents : « les Français ne sont pas mûrs pour abdiquer cette parcelle de leur autorité ».

     

    Demain les chimères

     

    Le projet de loi fait aussi évoluer le champ de la recherche embryonnaire. Il commence par distinguer entre la recherche embryonnaire, toujours « encadrée » et la recherche sur les « cellules souches embryonnaires » qui ne feront plus l’objet que d’une simple déclaration. Il s’agit purement et simplement d’une horrible hypocrisie dans la mesure où les cellules souches embryonnaires sont bien issues d’un embryon qu’il a fallu commencer par tuer (1). Il est donc faux d’affirmer comme le fait l’exposé des motifs que la recherche sur les cellules souches embryonnaires ne conduit pas au « même questionnement éthique » que la recherche sur l’embryon. Outre son caractère fallacieux l’argument ne tient pas dans la mesure où tous les progrès qui ont été réalisés grâce à la recherche sur les cellules souches l’ont été à partir de cellules souches pluripotentes induites issues de la peau.

    Pire que tout – si cela est encore possible – le projet de loi vise à modifier hypocritement l’article L.2151-2 alinéa 2 du code de la santé publique. Celui-ci est clairement rédigé depuis la loi du 7 juillet 2011 : « la création d’embryons chimériques est interdite ». Le nouveau projet de loi propose de lui substituer la rédaction suivante : « La modification d’un embryon humain par adjonction de cellules provenant d’autres espèces est interdite ». Cette nouvelle rédaction autorise donc, sans l’avouer, la modification d’embryons animaux par des cellules humaines. Examinant le projet de loi, le Conseil d’Etat a lâchement fait remarquer que cela est pourtant susceptible de « soulever des questionnements éthiques ». Quant au CCNE, il n’a rien proposé d’autre que d’encadrer ces recherches, « en particulier si les embryons chimériques sont transférés chez des femelles et donnent naissance à des animaux chimériques ». Demain, n’en doutons pas, la France autorisera d’ajouter des cellules animales aux embryons humains. La Chine dit l’avoir déjà fait et le Japon l’a officiellement autorisé. Dans

  • Le professeur Raoult concentre la haine de ceux qui entrevoient dans le coronavirus une formidable occasion de faire de

    Comment se passe votre confinement?

    Bien car le travail de philosophe est avant tout une activité de sédentaire qui suppose la solitude et l’isolement. Je lis, j’écris, je travaille. Je tiens un journal de cette pandémie car elle révèle, au sens photographique du terme, l’état de notre civilisation: un chef de l’Etat incompétent, une porte-parole du gouvernement qui avoue mentir pour protéger le chef de l’Etat et qui ne se fait pas faute de beaucoup le protéger, un gouvernement en capilotade, une ministre de la santé démissionnaire qui a menti sur la gravité de l’épidémie elle aussi avant d’assurer qu’elle avait dit la vérité au Président et au Premier ministre, des conflits d’intérêt entre madame Buzyn et son mari, inféodés aux laboratoires, donc à l’argent, et le professeur Didier Raoult, un français leader mondial en matière d’infectiologie,  des annonces contradictoires qui montrent qu’Emmanuel Macron n’est pas un chef, qu’il ne sait pas trancher, décider, prévoir, et qu’il n’est en fait que l’homme de paille de l’Etat maastrichtien. Chacun a vu l’Europe de Maastricht s’effondrer et avec elle le libéralisme toucher le fond: on redécouvre les vertus des frontières, de l’interventionnisme de l’Etat, de la nécessité du service public, des nationalisations. C’est la vengeance de Colbert!

    Le confinement oblige d’une certaine manière les individus à se retrouver avec eux-mêmes. Cela peut-il avoir des vertus?

    Pour des gens vertueux, oui, mais pas pour des gens vicieux. Le confinement c’est très exactement la cage dans laquelle sont des animaux qui tournent en rond alors qu’il leur faut de l’espace… Cette situation oblige à un face-à-face avec soi-même. Il contraint également à un face-à-face avec son conjoint et ses enfants, voire avec les enfants issus de familles recomposées. En temps normal, on peut prendre son mal en patience: il faut tenir le coup pendant un repas, un week-end, un temps d’après le travail effectué à l’extérieur, des respirations sont alors possibles –or, il s’avère que c’est rarement suffisant pour éviter la discorde. Mais le confinement interdit les pauses, les respirations: c’est vingt quatre heures sur vingt quatre, semaines après semaines, pour au moins un mois. Les riches ont de grands appartements lumineux dans les beaux quartiers, mais ils peuvent les quitter pour des maisons de campagne en Normandie, au Pays Basque, à l’île de Ré… Le confinement obéit à la loi de la lutte des classes: il est une épreuve bien plus cruelle pour les gens modestes que pour les riches.

    Comment analysez-vous la pandémie de coronavirus? Celle-ci va-t-elle précipiter l’effondrement de la civilisation occidentale?

    Je m’intéresse aux destins des civilisations car, la notre s’effondrant, c’est toujours intéressant de comparer avec la chute des grandes civilisations –Assur, Sumer, Babylone, Stonehenge, Louxor, Athènes, Rome… Si l’on fait l’histoire de l’histoire, autrement dit l’épistémologie de l’histoire, on voit bien que les interprétations des chutes de civilisation sont souvent des projections personnelles. Récemment, on a activé des lectures écologiques (on a invoqué des périodes de réchauffement ou de refroidissement, des déforestations, des erreurs agronomiques) mais aussi aux famines et aux épidémies. On a dit qu’à la fin du II° siècle de notre ère, la peste antonine a joué un rôle dans l’effondrement de Rome. Il ne saurait y avoir une seule cause à l’effondrement d’une civilisation, mais il est vrai que cette épidémie de coronavirus va générer un effondrement de l’économie dont je vois mal comment l’Occident pourra y répondre!

    Fin janvier 2020, vous évoquiez déjà la situation grave minimisé par la France. Comment expliquez-vous le retard français face à cette crise sanitaire? Pourquoi avoir sous-estimé ce risque? Alors que de nombreux scientifiques nous avaient mis en garde, dont le Professeur Raoult des années auparavant…

    J’ai en effet dit sur un plateau de télévision le 28 janvier que le simple bon sens permettait de s’inscrire en faux contre les discours patelins d’un certain nombre de médecins médiatiques (avec en navire amiral Michel Cymes…) qui minimisaient les choses et parlaient grippette. Pas besoin d’avoir des informations confidentielles, d’être dans les petits papiers des services secrets, d’accéder à des documents secret défense pour conclure une chose simple: la Chine, qui est un dictature, n’a que faire de la mort de dizaine ou de centaine de milliers de ses habitants, c’est quantité négligeable pour elle, d’autant plus que le reste du monde n’en saurait rien. Dès lors, si le gouvernement décide un confinement drastique d’une ville de plus de dix millions d’habitants, c’est qu’il y a non pas péril en sa demeure, mais péril sur son terrain de jeu économique: la planète entière! Il suffisait juste de faire fonctionner une intelligence normale sur ce simple fait pour conclure ce qui s’imposait: ce n’était pas une gripette…

    La crise du coronavirus a révélé les failles d’un système de santé que l’on croyait parmi les meilleurs du monde ainsi que notre extrême dépendance envers la Chine. Comment en est-on arrivé là?

    En France, les personnels de santé étaient en grève bien avant l’arrivée de ce coronavirus. Ils attiraient l’attention du pouvoir sur cette réalité que le système de santé français n’est plus le meilleur du monde –et ce depuis longtemps… Depuis que le marché fait la loi sur ce terrain-là, la santé est un business. C’est Mitterrand qui a ouvert le bal en 1983 et tous les chefs d’Etat depuis, sans aucune exception, ont détruit le système de santé. Ceux, dont je suis, qui combattent le libéralisme pour lequel le marché fait la loi, l’ont dit: le marché ne peut faire la loi à l’hôpital, à l’école, à l’armée, dans la police, la justice, la culture… Grandeur nature, nous voyons ces temps-ci ce que signifie le marché qui fait la loi en matière de soins. Il n’est plus question de santé publique, d’intérêt général et de bien de tous. Le sous-équipement fait qu’actuellement, on trie les malades et l’on envoie les vieux à la mort sous prétexte qu’on manque de matériel pour les sauver. De même, on n’est pas capable de donner aux soignants des masques et des gants alors que Macron a surjoué la carte martiale. Nous serions en guerre mais il n’y a pas d’argent pour fournir en masques les personnels soignants! C’est une honte. Quand il a fallu faire la guerre en Irak pour destituer Saddam Hussein, en Libye pour chasser Khdhafi, ou quand Macron a décidé d’un bombardement cosmétique de la Syrie pour montrer son allégeance aux Etats-Uni : de combien d’hôpitaux nous sommes nous privés en leur préférant des bombes Quand à la dépendance à la Chine, c’est simple: ce pays est un serpent à deux têtes, celle du capitalisme libéral pour la production, celle de la dictature marxiste-léniniste pour la société.  Le libéralisme maastricthien a invité à la délocalisation sous prétexte de  rentabilité. La Chine à des milliards de travailleurs sous-payés, exploités, terrorisés, mis en coupe réglée. Aucun ouvrier européen ne peut être compétitif avec son homologue chinois. Le gouvernement chinois a ainsi concentré des monopoles –une autre façon de conduire la révolution. Je vous rappelle qu’ils ont le monopole des métaux rares. Or, parce qu’ils sont des supraconducteurs avec lesquels on gagne des nanosecondes, l’armement américain est entre les mains des Chinois… Voilà pourquoi Trump fait le malin avec la Corée du Nord mais pas avec la Chine!

    Pourquoi l’Europe est-elle devenue l’épicentre de la crise sanitaire, tandis que des pays théoriquement moins développés, comme la Corée du Sud, la surmontent avec de très faibles pertes humaines et sans confinement généralisé?

    C’est l’idéologie libre-échangiste qui montre ainsi ses limites. Les européistes ont déclaré la haine des frontières et des Etats-Nations, sous prétexte qu’il n’y aurait de vérité que dans le grand marché planétaire. De sorte qu’en France, fin janvier, alors que, pour qui voulait savoir la dangerosité on pouvait la savoir, Macron affrète des avions pour rapatrier des Français exilés en Chine, il organise des quarantaines dans des villages de France sans en avertir les maires au préalable, il laisse atterrir sans contrôle jusqu’à une vingtaine d’avions chinois par jour à Paris en laissant ses passagers nullement contrôlés s’égayer dans tout le pays afin d’y ensemencer potentiellement le virus. Les communicants ont fabriqué cette phrase: "le virus n’a pas de passeports", comme si le virus était dissociable de celui qui le porte et qui, lui, possède bien un passeport… L’impéritie libérale fait que nous avons des bombes atomiques mais pas de masques ni de tests fiables qui étaient les deux piliers d’une autre politique: protéger, tester et confiner ceux qui se seraient avérés positifs. Avec Macron ce fut rien, puis tout, ce qui témoigne en faveur d’un désarroi qui pose problème quand il s’agit du chef d’un Etat si centralisé…

    Que révèlent les polémiques autour de la chloroquine?

    D’une part: la vieille opposition entre Paris et le reste de la France, la tension permanente entre la capitale, qui est étymologiquement la tête, et les provinces dont on peut faire l’économie. Je n’ai pas retenu le nom d’un médecin verbeux et décoré, juste le souvenir de sa tête globuleuse,  qui, sur un plateau de télévision, voulant critiquer le professeur Raoult, disait : "ce monsieur qui travaille loin de Paris". Tout était dit. D’autre part: un autre trait français qui est la haine du succès, le mépris des talents, la rancune contre le génie. Le professeur Raoult est une sommité mondiale, et la chose est dite depuis bien des années, pas seulement depuis un mois. Il propose une solution et ceux qui n’en ont pas et qui, avec leur impéritie politique ont exposé les Français à la catastrophe, pincent du bec comme une duchesse chez Proust pour estimer qu’il n’y pas d’essai en double aveugle, etc. C’est comme si des bégueules sur le Titanic avaient interdit l’usage des canots de sauvetage parce que leur peinture contenait du plomb… Le professeur Raoult a un look de Viking tout juste descendu de son drakkar. Il a conscience de sa valeur, et alors? Tant de gens qui en manquent prétendent tellement en avoir: ce sont eux qui bavent, crachent et salissent. Jusqu’à Daniel Cohn-Bendit passé du gauchisme au macronisme et de la pédophilie au statut de Savonarole de l’idéologie européiste qui, dans le style grossier et avachi qui est sa marque de fabrique, défend ses amis parisiens, les laboratoires, l’argent de l’industrie pharmaceutique. Le professeur Raoult propose de guérir avec un médicament a dix euros: il priverait les laboratoires d’une manne planétaire incroyable. On comprend qu’il puisse déplaire et concentrer la haine de ceux qui entrevoient une formidable occasion de faire de l’argent, l’horizon indépassable de Cohn-Bendit.

    Certains observateurs vont jusqu’à vanter le "modèle chinois". La Chine peut-elle sortir gagnante de la crise?

    On ne sait rien d’autre de la Chine que ce qu’elle veut bien nous dire d’elle. Et vous vous doutez bien qu’elle ne donnera aucune information susceptible de ternir son honneur et qu’en revanche, elle donnera toute autre information, fut-ce au prix d’un contre-vérité, qui contribuera à augmenter sa visibilité positive. On commence à découvrir qu’elle a menti sur les dates du commencement de cette pandémie et sur le nombre de morts. Ce que l’on peut déjà supposer c’est que, lorsqu’il faudra relancer les économies des pays ravagés, il faudra produire et, délocalisations obligent depuis des années, les Chinois produiront vite pour satisfaire la demande mondiale dans les meilleurs délais . Dès lors, oui, elle tirera son épingle économique du jeu.

    Face aux crises, nous ne sommes pas tous égaux. Quels sont les facteurs qui peuvent, ou pas, aider à les affronter?

    Le confinement, déjà, est un grand révélateur de lutte des classe : il y a ceux qui ont des appartements ou des maisons vastes dans les hyper centres des villes et ce sont souvent les mêmes qui disposent des résidences secondaires dans les plus beaux endroits de la province avec vues sublimes, espace, calme et silence, solitude. Et puis il y a les pauvres qui louent dans des quartiers modestes, des pièces aux petites surfaces, sans possibilité de se replier dans de belles propriétés de campagne. Le pouvoir d’achat se retrouve également en jeu quand il faut acheter de quoi faire trois repas par jour pour sa famille: certains peuvent accéder aux bons produits frais, mais coûteux, dans quelques épiceries fines, pendant que d’autres se gavent de nouilles, de riz et de conserves. Enfin, car tout cela se superpose, ceux qui disposent d’une vie intérieure sont privilégiés par rapport à ceux qui n’en ont pas. Quiconque aime lire, écouter de la musique, regarder des films sera plus apte au confinement que les autres. Une sociologie à la Bourdieu montrerait que les propriétaires de beaux appartements dans les hyper centres se nourrissent avec des produits frais et festifs, qu’ils peuvent se replier dans des maisons de campagne où ils relisent, bien sûr, La Recherche du temps perdu, la lecture préférée des bourgeois qui se prennent pour des aristocrates, où il regardent pour la dixième fois l’intégrale des films de Godard, etc.

    Pensez-vous voir après cette crise une montée des nationalismes, une poussée des régimes autoritaires, ou plutôt une mise en place d’une gouvernance mondiale plus efficace, comme cela avait été le cas après la Seconde Guerre mondiale?

    Depuis des années, les tenants de Maastricht ont en effet fabriqué cette Europe comme un rouage dans la machine plus vaste d’un gouvernement planétaire qui n’est rien d’autre que l’Etat total –l’Etat universel pour utiliser l’expression d’Ernst Jünger. Suppression des peuples, abolition des élections, disparition des frontières, gouvernement de prétendus technocrates supposés compétents dans la gestion et prétendument apolitiques: en fait les patrons des GAFA et leurs alliés. L’écologisme est le cheval de Troie de cette idéologie: quoi de mieux en effet que le paradigme de la planète, qui ignore les frontières, pour imposer le modèle de l’Etat total? La virologie entrera dans la course et, pour faire passer la pilule d’un gouvernement du capital par les élites on nous parlera salut de la planète et protection sanitaire des populations mondiales. Mais ce projet rencontrera en face de lui tous ceux qui, peut-être, auront enfin compris que l’Etat maastrichtien, qui vise à l’Empire, est une dictature d’un genre nouveau et qu’il ne faut pas lui laisser plus de pouvoir qu’il n’en a déjà. Le tragique que je suis (non pas pessimiste mais tragique) a tendance à plutôt croire au désordre à venir… En Italie déjà, on pille des magasins de nourriture.

    Quelles seront à votre avis les conséquences politiques, sociales et sociétales du coronavirus? Quelles traces dans nos vies d’après? Quel scénario pour le redémarrage?

    Ce que je viens de vous dire. Mais précisons: l’Europe a failli, et dans les grandes largeurs. Chacun des pays de feu l’Europe a géré son problème national dans son coin. La République tchèque intercepte des masques envoyés en Italie par la Chine. L’Italie est laissée seule à sa détresse. L’Espagne gère dans son coin. Idem pour la France… Ce qu’on nous présentait comme un monstre économique qui combattait dans la même catégorie que… la Chine ou les Etats-Unis apparaît en pleine lumière pour ce quelle est: un tigre de papier –en fait: une vache en carton… L’Europe de Maastricht est morte. Le souverainisme pourrait avoir de beaux jours devant lui.

    Quel sera selon vous le monde d’après le coronavirus? Pensez-vous voyager à nouveau aussi librement qu’avant?

    Nous n’avons pas les moyens de faire les malins devant ce que les virus imposent au vivant: c’est dans l’ordre des choses. On ne découvre ce qui advient qu’après coup, vérité de La Palice. Un virus plus létal pourrait ravager la planète et la vider d’une grande partie des humains. La nature y retrouverait sa pleine forme –il suffit de regarder combien la pollution a disparu depuis deux mois et comment la nature reprend du poil de la bête à toute allure…

    Un conseil de lecture pendant ce confinement pour vos fans au Liban et au Moyen-Orient?

    Un traité de la nature humaine qui est une encyclopédie en la matière: les Fables de La Fontaine.

  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (5)

     

    lfar bleu.jpgNous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

     

    2235704335.jpg1ère partie : l’Homme Masse

    « De Caillaux à Giscard » : le système libéral

    L'homme qui donna au capitalisme une nouvelle vigueur ne se préoccupait pourtant pas, du moins au niveau du discours, de mettre en œuvre les théories de Keynes. Lord Beveridge, quand il publia en 1944 « Full employement in the free society » qui préconisait le « Welfare State » l’Etat Providence prétendait ne se soucier que du bonheur du peuple. Il s'agissait de libérer les individus des « trois craintes », crainte de la maladie, grâce à la sécurité sociale, crainte de la misère, grâce au salaire minimum garanti, crainte du chômage grâce à des interventions de l'Etat, destinées à stimuler la demande.

    Les pieuses dissertations du philanthrope dissimulaient un raisonnement cynique. Il convenait de pousser les gens à consommer des biens produits en grande série. Pour cela, on retirerait de l'argent aux riches afin de donner aux pauvres, sous prétexte de réduire les inégalités sociales. Les riches sont, en effet, de mauvais consommateurs, dans la mesure où ils recherchent le luxe. Ils détournent ainsi une fraction importante des revenus disponibles qu'il importe de redistribuer, au moins partiellement, afin qu'elle serve à l'achat de biens fabriqués en grande série. De plus, l'individu qui craint pour son avenir met de l'argent de côté. Il thésaurise. Keynes a exposé de façon irréfutable que l'épargne qui n'est pas investie, l'or qui se cache dans le bas de laine devient un facteur de déséquilibre. Il ne « travaille pas » et quand il réapparaît dans le secteur économique, il devient un facteur d'inflation puisqu'il correspond à une création de monnaie ex nihilo. On encouragera donc « l'épargne-logement » et d'autres systèmes du même genre afin que les ménages financent leur endettement.

    La production de masse supposant des investissements à long terme, il faut surtout qu'elle soit assurée que la consommation ne fléchira pas et même continuera de croître. Le salaire minimum garanti, la sécurité sociale, les allocations chômage fournissent la garantie que les crises conjoncturelles n'auront désormais qu'une incidence limitée sur les revenus des ménages d'autant que l'Etat va se munir d'un certain nombre d'indicateurs : comptabilité nationale, budget économique prévisionnel. A partir de là, il pourra jouer des deux menaces qui semblent s'annuler : l'inflation et le chômage. Il semblait démontrer, statistiquement, que plus l'inflation augmentait, plus le chômage diminuait et réciproquement. Dans ces conditions, il suffisait de trouver un équilibre entre un taux d'inflation et un taux de chômage également tolérables en favorisant, selon la tendance, l'offre ou la demande, l'investissement ou la consommation.

    Ces « conquêtes sociales » que les syndicats ouvriers se flattent d'avoir « arrachées au patronat » servirent au développement de la société de consommation et fournirent au capitalisme financier de fructueuses occasions de profit. Ainsi les congés payés permirent l'essor des industries du tourisme et du loisir, en élargissant leur clientèle. D'où une rentabilité exceptionnelle des placements bancaires dans ce domaine. Lord Beveridge, avec son pragmatisme de prédicant avait d'ailleurs expliqué aux industriels réticents que l'expansion du capitalisme dépendait de l'extension de l'Etat Providence. Certes, il se heurta à l'opposition du petit patronat, qui craignait, non sans raison, que l'alourdissement des charges sociales ne conduise à une concentration des entreprises, au profit de grands groupes financiers. Ce qui se passa effectivement.

    La massification de la société provoquait la bureaucratisation du syndicalisme, des « permanents » se substituant aux délégués élus, qui n'ont plus qu'un rôle de sous-officiers, afin d'assurer la direction des syndicats. Même là où l'on conserve une apparence de débat démocratique, comme à la C.F.D.T. ou à F.O., ce n'est pas la base qui choisit les permanents mais les dirigeants déjà en place. A la C.G.T., ces pudeurs ont disparu. Progressivement, les dirigeants durent s'entourer de conseillers, juristes et économistes, pour conduire des négociations complexes avec les hauts fonctionnaires de l'Etat et les experts du patronat. Ce beau monde sort des mêmes écoles, touche des salaires équivalents, fréquente le même milieu, noue des liens familiaux. Seule la C.G.T. fait exception, par sa prétention à s'assurer le contrôle exclusif des masses mais le mécanisme de sélection n'est guère différent. Le « centralisme démocratique », que les réformistes reprochent aux communistes, constitue une pratique commune à toutes les organisations, à ceci près que le marxisme-léninisme l'a codifié, la portant à son point de perfection.

    Même si la C.G.T. se donne des objectifs révolutionnaires, dans le quotidien des luttes, il lui faut, comme les autres syndicats, proposer des revendications ponctuelles. Dans la mesure où la révolution mondiale se situe dans le long terme, la C.G.T. si elle veut maintenir son influence sur la masse doit pratiquer un réformisme, sans doute extrême, démagogique autant qu'elle le pourra mais un réformisme tout de même. En effet la masse est incapable de viser le long terme, sinon de façon chimérique — l'utopie. De son mouvement spontané, comme l'avait fort bien compris Lénine, elle ne s'intéresse qu'à l'amélioration de sa vie matérielle. Cela convient parfaitement au capitalisme financier. Plus la vie matérielle de la masse s'améliore, plus elle consomme, plus elle consomme, plus l'industrie produit, plus le grand commerce vend, plus le capitalisme financier gagne d'argent. La collusion des « experts » syndicaux, patronaux ou étatiques exprime cet accord de fond. Les intérêts des divers groupes s'opposent dans le détail. Ils n'en restent pas moins convergents dans la durée. Telle concession que le patronat s'efforcera, avec plus ou moins de bonheur, de refuser, du moins momentanément, afin de satisfaire sa base, petits et moyens entrepreneurs qui craignent les charges qu'elle implique, finira par être accordée ce qui provoquera quelques faillites de P.M.E. mais se traduira globalement par un surcroît de profits.

    En effet, le capitalisme financier, qui contrôle les organisations patronales, ne peut pas avouer qu'il est d'accord, sur le fond, avec les syndicats ouvriers. Cela provoquerait la révolte des P. M. E. Que constate-t-on néanmoins ? Ce sont ses mandataires politiques, élus grâce aux voix de la bourgeoisie, qui ont pris les mesures législatives destinées à la détruire, de Caillaux à Giscard. Millionnaire en francs-or Caillaux avait toutes les apparences du grand bourgeois. Cependant ce fut lui qui, à la veille de la première guerre mondiale, fit voter, grâce à une « majorité d’idées », où les socialistes se retrouvaient aux côtés de députés libéraux ou conservateurs, élus grâce aux caisses électorales du grand patronat, l'impôt sur le revenu. Caillaux ne dissimulait pas qu'il s'agissait de mettre en pratique le principe de l'égalité. Chacun devait contribuer aux besoins financiers de l'Etat selon ses moyens. En fait la progressivité de l'impôt chargeait davantage les classes moyennes que le reste de la population. Symboliquement le nouvel impôt ouvrait, avec prudence, la voie à l'Etat Providence, qui utilisera la fiscalité, puis les prestations sociales, pour redistribuer les revenus, donnant aux uns ce qu'il prenait aux autres.

    Giscard allait mener à son terme le processus. Lui-même reconnaissait qu'au-delà de 40 % les prélèvements obligatoires changeraient la nature de la société. A la fin de son septennat, ils avoisinaient 42 %. La France était effectivement devenue un Etat socialiste. Les Français en tirèrent la conséquence. Ils élirent des socialistes. Désormais, après prélèvements obligatoires, le salaire d'un cadre supérieur, qui travaille parfois quinze heures par jour et qui a fait de longues études, n'était supérieur que de quatre fois à celui du smicard et encore cela semblait beaucoup trop à l'intelligentsia de gauche qui rêvait de réduire encore l'écart.

    Il fallait, pour justifier cette évolution des prétextes vertueux. La réduction des inégalités sociales, confortait les belles âmes. En réalité, comme c'est toujours le cas, la rhétorique moralisante dissimulait un calcul sordide. La faute, dont la bourgeoisie se voyait accusée, ne relevait pas du juste ou de l'injuste mais de la nécessité économique. Elle consommait mal. Elle employait des domestiques, elle s'habillait chez le tailleur ou la couturière, elle occupait ses loisirs à lire, à voyager, à s'occuper de son jardin. Plus grave encore, elle thésaurisait. Rien-là qui soit, du point de vue de l'économiste ou du financier, rentable. Il convenait de transférer les revenus dont elle se servait si mal à la masse qui en ferait meilleur usage.

    Encore qu'elle ait profité de la prospérité générale, son niveau de vie, s'il a augmenté en valeur absolue a effectivement diminué, en valeur relative. Surtout il s'est modifié. Désormais la bourgeoisie, même si elle peut se procurer des produits de meilleure qualité, consomme, comme les autres Français des biens fabriqués en série. Léon Bloy, qui n'avait qu'une bonne, se tenait pour un traîne misère. Maintenant c'est un luxe que seuls s'offrent les plus fortunés mais tout le monde possède des appareils ménagers. Les hôtels se sont transformés en usines à sommeil et le téléviseur a remplacé le petit déjeuner dans la chambre. Le wagon restaurant, a disparu au profit d'une médiocre restauration à la place. Bientôt constatait un chroniqueur gastronomique, il ne restera rien entre Bocuse et le « fast food ». Il n'existe plus une clientèle suffisante pour payer les prix qu'il faudrait pratiquer du fait de l'accroissement des salaires et. des charges sociales. Dans tous les domaines, y compris la table, le quantitatif a remplacé le qualitatif.

    La bourgeoisie a donc été délibérément sacrifiée, non à de nobles principes mais aux exigences de la rentabilité. Son mode de vie a disparu. Comment expliquer qu'une classe, qui, selon les marxistes, détient le pouvoir économique se soit appauvrie, au moins relativement afin d'enrichir la masse, de propos délibéré ? Il faudrait lui attribuer une grandeur d'âme qu'on ne lui reconnaît pas volontiers. De fait, elle a résisté tant qu'elle a pu et Caillaux a eu beaucoup de mal à faire voter l'impôt sur le revenu. Considérons plutôt comment les choses se sont passées. Ce type d'impôt existait, sous des formes différentes, en Prusse, l'einkommensteuer, et en Grande Bretagne, l'income tax. En fait, le Sénat ne se résignera à le voter que le 15 juillet 1914, à la veille de la guerre mondiale et il ne sera vraiment établi que par la loi du 31 juillet 1917. En d'autres termes, seul le retard économique de la France explique qu'il n'ait pas été créé plus tôt. Il coïncide avec l'avènement de la production de masse, imposée par la nécessité d'alimenter le front en armements. La justice sociale n'intervient qu'au niveau du discours. « Le Figaro » du 15 janvier 1914 se trompe-t-il qui soutient que « le ministre (Caillaux) ne peut être que le complice obéissant » de la Haute Banque ? Le bruit ayant couru que le projet d'impôt sur le revenu exonérerait les rentes d'Etat, un superbe coup de bourse, dont Caillaux a peut-être profité, donnera corps à l'accusation. Même si elle n'était pas fondée, les liens de Caillaux avec la haute banque sont notoires. Ne préside-t-il pas deux « crédits fonciers », l'argentin et l'égyptien ?

    Sa généalogie est beaucoup plus instructive. Ancien ministre de Mac Mahon son père a fini président du P.L.M., après être entré, par un brillant mariage, dans. une « dynastie bourgeoise » pour reprendre l'expression de Beau de Loménie, d'ailleurs trompeuse. Ces dynasties-là ne doivent rien à la bourgeoisie, du moins au sens habituel du terme. Elles se moquent bien de ses intérêts. Pourquoi s'en soucieraient-elles ? Elles ne se sont pas enrichies par le travail, l'épargne, l'esprit d'entreprise mais par le pillage de l'Etat. Républicaines plutôt que bourgeoises, elles ont commencé sous le Directoire ou le Consulat leur immense fortune. Du moins Beau de Loménie à force de comparer la composition des assemblées parlementaires, des conseils d'administration, de la haute administration, a-t-il prouvé que certaines familles, qui parfois, comme les Broglie ou les d'Ormesson, s'enracinent dans l'ancienne France ou d'autres sortent d'un lointain ghetto, ont joué, du fait de leur puissance financière, des postes qu'elles n'ont cessé d'occuper, des alliances matrimoniales qu'elles ont nouées, d'un réseau serré de relations mondaines, un rôle parfois déterminant, toujours important dans l'évolution de la société française. Tout ne s'explique sans doute pas par leur influence et Beau de Loménie leur accorde trop de poids. Celui qui leur reste paraît suffisant. En tous cas ni l'impôt sur le revenu ni même celui sur les grandes fortunes ne les ont empêchées de continuer de s'enrichir plus vite que n'augmentaient les prélèvements obligatoires. Elles, du moins, ont préservé leur mode de vie.

    Il n'y a jamais en histoire un principe unique d'explication. Beau de Loménie a trop systématisé. Il a sous-estimé la complexité des comportements et n'a pas tenu assez compte des rivalités internes, des jalousies, des haines parfois, qui déchirent les familles. Néanmoins, il reste que l'existence de groupes sociaux qui vivent en parasites de l'Etat ne saurait être contestée. Elle remonte à la plus haute antiquité. Que l'on se souvienne de la place que tiennent les publicains dans les évangiles. Dès l'origine, l'Etat a jugé commode de confier la perception de l'impôt à des compagnies privées. L'usage s'était perpétué dans l'ancienne France. Nos rois dépendaient des traitants, encore qu'ils en pendaient deux ou trois pour l'exemple, de temps à autre. Ce qui servait de leçon aux survivants pendant quelques années. Louis XIV fut le dernier à user de cette heureuse coutume. Aussi Gaxotte constate-t-il qu'à la veille de la révolution si la France était riche, l'Etat était pauvre. Du puissant fermier général à l'humble maltôtier de sénéchaussée, une caste de gens de finance se nourrissait de sa substance. Dans son « Turcaret », Lesage brossera le portrait de l'un deux, valet brutalement métamorphosé en opulent brasseur d'argent.

    Une autre sangsue saignait l'Etat. En instituant la vénalité des offices François Ier soumettait la justice au pouvoir de l'argent. Les parlements cessaient d'être des assemblées de légistes, fidèles serviteurs de la monarchie. Arguant d'anciens privilèges ils tentaient de la régenter et se posaient en défenseurs des libertés tandis que les féodaux, dont le pouvoir avait été brisé par Richelieu, en conservaient la nostalgie. Ainsi se constituait l'équivalent français de l'établissement britannique. Le Roi faisait obstacle à son ambition. Louis XV entreprit même, avec le chancelier Maupeou et l'abbé Terray de faire l'économie de la révolution, en tentant de constituer une administration de la justice et des finances, indépendantes de l'argent, donc de fonder l'égalité devant l'impôt et devant la loi. Grâce aux intellectuels à gage qu'ils entretenaient, fermiers généraux et parlementaires, se fondant sur l'exemple d'une Angleterre libérale, ameutèrent l'opinion. Louis XVI céda mais dans sa volonté de reconstituer une armée capable de rivaliser avec celle de la Prusse, il institua, pour l'accès aux grades supérieurs, les quatre quartiers de noblesse. Cette mesure ne visait pas la bourgeoisie, que le métier des armes attirait peu mais les financiers qui les achetaient, pour leurs fils. Le commandement effectif était assuré par des nobles sans fortune auxquels tout espoir d'avancement se voyait refusé. Même s'il légua à la France l'armée qui permit les victoires de la Révolution et de l'Empire, ce ne fut pas pardonné au Roi.  •  

    (A suivre - A venir : « De Caillaux à Giscard : Le système libéral » suite)

     

    Lire les articles précédents ...

    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (1)

  • Technocratie et risque européiste, par Philippe Germain.

    La technocrature, maladie sénile de la démocratie : 12/14

    Expectocratie transnationale ?

    On comprend mieux comment l’utopie expertocratiste des technocrates peut diluer le politique au profit des experts. A suivre Taguieff   : «  La dilution de I’idéal démocratique dans des systèmes oligarchiques ou il se réduit à un décor procédural, ainsi que la phagocytose de I ‘espace public par le système médiatique obéissant à des règles spécifiques (mais demeurant pour la plupart implicites), sont indissociables de la formation d’une nouvelle classe élitaire, transnationale, composée de spécialistes de la manipulation des symboles abstraits, identifiables comme des «  experts-entrepreneurs  », dont on peut dire que la démocratie est le moindre de leur souci, n’étant guère à leurs yeux qu’un cadre permettant le fonctionnement optimal du marché mondial, dont ils sont les principaux acteurs et bénéficiaires.1  »

    philippe germain.jpgSi en 2000 Taguieff n’utilise pas le mot, un maurrassien reconnait la Technocratie. Ces techniciens de l’organisation, légitimés par un concours de grande école, sont effectivement les spécialistes de la manipulation des symboles abstraits.

    L’utopie expertocratiste marcherait donc de paire avec une internationalisation de la technocratie. Un tel point de vue ne peut surprendre l’Action française car dès 1933, l’un de ses historiens, le marquis de Roux2 avait révélé la puissance du «  trust du cerveau  », ces technocrates entourant le président américain Roosevelt. En Angleterre ils s’étaient regroupés derrière Keynes tandis qu’en Allemagne Hitler s’appuyait sur les experts de Schacht. Vers 1960, Pierre Debray avait d’ailleurs abordé l’analyse international de la Technocratie par un rapprochement audacieux avec la Nomenklatura communiste. En revanche si pour l’Action française, les différentes technocraties nationales partagent références, état d’esprit, pratiques et surtout identité d’intérêt par la maitrise de la propriété collective des moyens de production, elle peine à conclure à la une confédération des Technocraties formant une classe transnationale.

    Super-classe mondiale ?

    Au cas ou Taguieff en 2000 n’évoquait pas la Technocratie, que serait sa nouvelle classe élitaire transnationale composée des principaux acteurs et bénéficiaires du marché mondial  ? Anticipait-il le concept de «  superclasse  », utilisé par Samuel Huntington et récemment conceptualisé par l’énarque Michel Geoffroy dans son ouvrage La superclasse contre les peuples3  ? Cette superclasse, l’ancien haut-fonctionnaire au ministère de l’Économie et des Finances, la juge mondiale et ouverte car ses membres se renouvellent périodiquement. Elle suit un modèle concentrique à quatre cercles. Au centre, celui de la richesse financière et économique, puis autour le cercle des médias et de la culture, arrive le troisième cercle des organisations non gouvernementales et de la «  société civile  » – c’est-à-dire les groupes sociaux qui appuient les intérêts de la super classe, enfin le dernier cercle de la puissance publique. Le cercle de la richesse dirige, influence et achète les trois autres. Telle est cette superclasse dont les quatre cercles partagent la prétention de bâtir le paradis sur terre et d’y unifier le genre humain. C’est le Nouvel Ordre Mondial nommé par le l’ancien président américain Obama, la «  Nouvelle Elite Internationale4  ».

    A cette grille d’interprétation, plus mobilisatrice que complotiste, l’Action française reproche l’approfondissement insuffisant des processus de formation de la superclasse mondiale. Certes cette grille commente la présence d’étrangers dans les conseils de surveillance et les conseils d’administration chargés des affaires opérationnelles des groupes mais néglige leur comptage prouvant que «  le niveau de mobilité transfrontalière nécessaire à la formation d’une classe ou d’une élite internationale ou transnationale est encore loin d’être atteint5 ».

    Pour l’Action française ce qu’on nomme superclasse s’inscrit dans la continuité de la guerre froide. Son caractère «  mondial  » recouvre simplement la géographie du «  monde-libre  » – de 1945 au moment de la chute du mur de Berlin – dont le centre de gravité est les Etats-Unis. Ces Etats-Unis d’Amérique qui depuis le début du XX° siècle, sous la poussée du courant «  fonctionnaliste6  » financé par la Fondation Rockfeller, promeuvent l’idée «  d’Etats-Unis d’Europe  ». L’histoire de cette influence américaine est maintenant historiquement bien documentée7 mais dès 1947 Maurras avait relevé le bon appétit des américains avouant «  leur ambition de former un Etat Terrien unique dont ils seraient les rois8  ». Depuis l’Action française a combattu cette influence. Son rôle fut non négligeable dans l’échec de la Communauté Européenne de Défense en 1954. Son histoire témoigne d´un travail intellectuel et militant de longue haleine contre les avancées d´une communauté supranationale européenne. Après le drame algérien de 1962, elle s’est opposée à cette extrême-droite qui encourageait la rupture avec le nationalisme français pour inscrire sa stratégie dans le nationalisme européen. Dans les années 2000, ses actions ont dynamisé9  les positions dites «  souverainistes ».

    La Technocratie européenne très concrète

    Plus que dénoncer une classe technocratique transnationale aux contours flous et une superclasse mondiale molle, les maurrassiens luttent10 contre la Technocratie européenne. C’est pourquoi il convient de se retourner sur l’accélération du processus de formation de cette classe européenne. D’abord il y a l’évènement déclencheur, le rapport11 de 1975, d’un organisme international à centre de gravité américain, concentrant les grands patrons en vu de la mondialisation de l’économie. La Trilatérale12. qui s’emploie à définir les critères d’une «  bonne gouvernance  » internationale, y définit les «  Etats-Unis d’Europe  » comme passage obligé pour contenir les Etats-nation du vieux continent incapables de gouverner dans le bon sens. Le moyen  ? Pour reprendre Eric Zemmour, c’est une «  tutelle technocratique de fer serait peu à peu apposée sur les Etats à grand coup de directives et de normes13  ». Et maintenant le déroulé de la formation de cette classe européenne.

    En 1984 le technocrate Jacques Delors lança le Marché unique, permettant à la Commission européenne d’imposer l’idéologie de la concurrence aux Etats. Contrairement à une expertocratie transnationale et une superclasse mondiale, la Technocratie européenne est concrète. Sa formation s’est sur l’hypocrisie de l’élite politique laissant prendre à la Technocratie bruxelloise les décisions impopulaires afin de mieux s’abriter derrière elle. Formation résumée par Eric Zemmour, «  Au fil des ans, un jeu de rôle se mit en place  ; les chefs de gouvernements mettaient en scène leur conflits au cours des «  sommets européens  » médiatisés, défendant leurs «  intérêts nationaux  »  ; mais derrière la mise en scène de ce théâtre, le vrai pouvoir instaurait les règles et les normes qui s’imposaient à tous14  ». En réalité, la Technocratie européenne avait pour elle la continuité pour s’emparer de la réalité du pouvoir. Le gros morceau fut d’imposer le fédéralisme technocratique recommandé par la Trilatérale. En 1992, la France vota d’extrême justesse le OUI au traité de Maastricht. Les pays récalcitrants durent marcher au pas démocratique. Le Danemark ayant voté NON du revoter, tout comme l’Irlande pour avoir refusé le traité de Nice en 2001. Rien ne semblait pouvoir arrêter la Technocratie européenne.

    En 2004 elle adopta à Rome, une nouvelle Constitution. Rédigée par l’énarque français Giscard d’Estaing elle comprenait président du Conseil européen, ministre des affaires étrangères, drapeau, hymne, une devise, des «  lois  » se substituant aux directives et règlements. Le pays réel, portant très affaibli, redressa la tête en 2005 et vota à 54,08 % NON, pour la ratification et la Hollande le rejeta à plus de 60 %.

    La Technocratie européenne ne pouvait rester sur cet échec. Elle fit jouer les ficelles de la démocratie. On inventa la mystification du «  traité simplifié  » dont les amendements reprenaient l’essentiel de la nouvelle Constitution en les soumettant au seul vote du parlement en 2008. Bien joué, puis la crise de l’euro de 2010 permit à la Banque Centrale Européenne de récupérer des pouvoirs régaliens majeurs et en 2013 l’Union bancaire lui attribua la supervision bancaire lui permettant le contrôle de l’Europe. Depuis, l’oligarchie des technocrates européens de la Cour, de la Commission et de la Banque Centrale Européenne dirigent l’Europe et donc la France.

    L’utopie Européiste depuis Napoléon

    Quelle fut l’attitude de la Technocratie française dans la construction européenne ? Utilisons l’histoire et raisonnons par analogie.

    Remontons d’abord à l’utopie européiste de Napoléon. Dans son Mémorial de Saint Hélène, il a évoqué sa volonté d’une fédération des peuples d’Europe car «  une de mes grandes pensées a été l’agglomération, la concentration des mêmes peuples géographiques…  ». Ce qu’il nomme son «  Système  » s’inspire de deux principes  : renforcer la tutelle politique et militaire et assurer l’hégémonie par une politique d’inspiration mercantiliste. L’analogie avec la visée américaine sur l’Europe est immédiate. Son utopie européiste, Napoléon l’a effectivement déployée de Séville à Königsberg, de Lübeck à Reggio de Calabre, de Brest à Lublin. Pendant quinze années, s’appuyant sur une nouvelle haute-administration, Napoléon a construit une Europe avec d’abord une union par un grand marché grâce au blocus continental, ensuite une unification par le droit et enfin une rationalisation administrative.

    De là, passons l’observation de Zemmour sur les technocrates français impliqués depuis 1957 dans la bureaucratie européenne  : «  Ils retrouvaient aussi, souvent sans s’en douter, les reflexes et les ambitions des conseillers d’Etat de trente ans, envoyés par Napoléon dans toute l’Europe pour gouverner et moderniser – aux normes françaises –  : code civil et administration efficace et non corrompue – les royaumes d’alliés de l’Empire français.  A l’époque, l’Empereur jugeait que ces jeunes gens brillants oubliaient un peu trop les intérêts de «  l’ancienne France  », comme on disait alors, au bénéfice de leurs populations d’adoption.15 » Effectivement pendant que Napoléon construisait l’Europe au pas lent de sa Grande Armée cosmopolite, ses haut-fonctionnaires travaillaient à l’extension de la Révolution aux dimensions de l’Europe. La Révolution et ses Lumières devenaient le règne de l’Etranger, d’où leur oubli de la France et son Etat, qu’ils étaient censés servir.

    D’où l’analogie avec ce qu’en 1965 De Gaulle nomma l’ «  aréopage technocratique, apatride », car nous savons que ce sont essentiellement des technocrates français qui mirent en place la Commission de Bruxelles autour de laquelle les lobbies permettraient de faire du «  Business  » en usant de corruption. L’utopie européiste est bien le règne de l’Etranger et à croire Christopher Soames, ancien vice-président de la Commission européenne «  Dans une organisation internationale, il faut toujours mettre un français, car ils sont les seuls à ne pas défendre les intérêts de leur pays  ».

    Un transfert d’allégeance

    Plus les technocrates français s’impliquent dans l’Europe, plus ils opèrent un transfert d’allégeance au détriment de l’omnipotent Etat-providence français. Celui là même qui permet le pillage de la nation à l’élite financière, issue du Directoire. Et c’est bien là le second risque qu’a mal évalué l’Etablissement dans son scénario de substitution de l’élite politique disqualifiée par la Technocratie, avec laquelle pourtant il a souvent établi des liens matrimoniaux.

    Les technocrates français ont pris conscience que les carrières se fabriquent au sein d’organismes internationaux. La technocratie républicaine a donc compris son intérêt à devenir le commis apatride de l’« internationalisation polymorphe du marché  », suivant la belle expression de Taguieff. Ne fantasmons pas sur les liens entre Macron et la Trilatérale. Liens relevés par Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon : «  Ainsi, information peu relayée par les journalistes dans la profusion de sujets qui lui ont été consacrés : Emmanuel Macron a été l’invité du groupe Bilderberg en 2014 entre son départ du secrétariat général de l’Élysée et sa nomination comme ministre de l’économie16. » En revanche interrogeons nous sur ce que feront les technocrates une fois au pouvoir. Si ils se laissaient aller dans le sens de leur utopie européiste il est probable que Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon aient vu vrai en pensant que l’ordre du jour serait «  la dégradation des services publics au bénéfice des investissements privés.  » C’est-à-dire pour l’Etablissement, la fin de la manne financière issue des travaux du service publique.

    De quoi remettre en cause le modèle oligarchique circulaire des dynasties répuplicaines. L’élite financière serait en opposition avec l’élite des technocrates français et l’enjeu de leur lutte devuendrait alors la maitrise de l’élite médiatico-culturelle.

    Du risque à l’opportunité

    Oui, l’élite financière pourrait être «  menacée de succès  » en cas de réussite la candidature Macron à la présidentielle de 2017 car la Technocratie, porte deux tendances utopistes lourdes et compatibles  : l’expertocratie et l’européisme.

    C’est ainsi que si l’un ou les deux risques négligés par l’Etablissement venaient à s’avérer après la prise de pouvoir politique par la Technocratie, leurs conséquences pourraient devenir une opportunité pour la stratégie d’un prince chrétien du XXI° siècle.

    Depuis les années 1970, le sociologue d’Action française Michel Michel, reprenant17 une des clés de la démonstration maurrassie

  • Elite médiatique et coup de force, par Philippe Germain.

    La technocrature, maladie sénile de la démocratie  : (13/14)

    Le coup «  par le haut »

    Au début 2016, pour déployer son scénario dégagiste, l’Etablissement à besoin d’un présidentiable incarnant son projet. Les influenceurs Alain Minc et Jacques Attali lui proposent Emmanuel Macron, Technocrate sortie de l’ENA, banquier d’Affaire, ancien secrétaire-adjoint de l’Élysée et actuel ministre de l’économie. Celui-même qui au mois de mars 2016 présente François Hollande comme « le candidat légitime » de son camp.

    philippe germain.jpgPourtant, un mois après, Macron annonce sa volonté de se présenter à l’élection présidentielle. Minc et Attali ont exécuté la phase décisive du scénario. Une équipe de campagne est discrètement constituée de technocrates issus des cabinets ministériels. Fin aout Macron démissionne du gouvernement. L’acteur du futur «  hold-up démocratique  » est en place.

    La seconde phase du scénario est celle du déblaiement. Celle du «  modèle de révolution gantée  » dirait Charles Maurras. C’est une séquence très courte. En novembre 2016 Macron annonce formellement sa candidature et à la stupéfaction générale, quatorze jours plus tard Hollande renonce à se représenter. Les amateurs de Si le coup de force est possible (1908), reconnaissent dans le président de la République, le Monk permettant à la Technocratie de sauver le pays légal affaibli. Effectivement le désistement du Président de la V° République s’apparente au «  coup n° 1  ». Celui-ci, précise Maurras, est «  frappé d’en haut  » soit par le maitre de l’heure, le chef d’Armée, ou par le chef de l’Etat. Par son renoncement inédit dans l’histoire de la V° République, le chef de l’Etat ouvre la voie au scénario dégagiste des dynasties républicaines.

    Pour Maurras, une révolution par le haut suppose «  un minimum d’action secrète joint à un capital d’efforts antérieurs  ». L’action secrète  ? Probablement celle des commis de l’Etablissement persuadant Hollande qu’il était préférable pour lui de miser sur une réélection en 2021. Le capital d’efforts antérieurs  ? C’est la mise au point par Hollande, d’une cellule clandestine à l’Elysée et d’une «  bande de conspirateurs vigilants  » s’appuyant sur quelques policiers et juges. Ces « comparses d’histoire rodant derrière le théâtre  » permettront de disqualifier l’adversaire conservateur dès le premier tour pour faire profiter Macron au second, de l’effet plafond de verre du national-populisme.

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    Structure clandestine et moralisation

    Comme le centre-gauche, le centre-droit à organisé des primaires pour redorer l’image ternie de l’élite politique. Entre la candidature de Macron et le renoncement de Hollande, «  la Droite et le Centre  » s’est choisi François Fillon comme incarnation.. C’est une surprise car les sondages ont longtemps donné une large avance pour Juppé-Sarkozy et la remontée du vote Fillon a atteint son score le plus haut avec 30  % d’intentions de vote, restant 14,1 points en dessous de son résultat au premier tour. Au second 66,49 % des votes militants se portent sur lui. L’homme a utilisé les catholiques de la Manif Pour Tous – réduite à Sens Commun – pour gagner la primaire de la droite. Les catholiques conservateurs savent se montrer efficaces depuis que leur échec face au mariage homosexuel leur a fait comprendre la nécessité de s’organiser en minorité active. En réalité Fillon est leur faux champion et Mathieu-Bock-Côté peut dire  : «  C’est ainsi qu’on a transformé en certains milieux la candidature de François Fillon en occasion de renaissance conservatrice pour la France. C’était un peu malgré lui : I ‘homme ne s’était jamais reconnu dans cette vocation providentielle de sauveur de la civilisation. On I ‘a pourtant imaginé dans ce rôle… Étrangement, l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy devenait I ‘homme du grand refus. On misait sur lui pour renverser l’époque.1  »

    Pour réaliser la troisième phase de son coup de force démocratique, l’Etablissement va solliciter l’élite médiatique. Celle-ci recevra les dossiers occultes de la «  police politique  » jadis dénoncée par Léon Daudet2. Les accusations seront étayées par une judicature «  aux ordres  », validant le précepte d’Action française  : par tous les moyens, même légaux . Le dossier a déjà été constitué par la structure clandestine montée par l’Elysée qui a la capacité d’orchestrer des affaires judiciaires pour éliminer des adversaires. Cette structure démasquée par l’ouvrage Bienvenue place Beauveau3, articule le service de renseignement financier de Bercy, la Direction des Affaires Criminelles et des Grâces, des magistrats – recevant de l’Elysée des consignes orales – alimentés et épaulés par des d’officiers de police judiciaire en poste à l’Office central de lutte contre la corruption, les infractions financières et fiscales. Comme les choses sont bien faites – ne parlons pas de complot car le mot est réservé aux ennemis du Système –, le patron de Bercy est Michel Sapin, un ami de quarante ans de Hollande ; le coordinateur du renseignement est Yann Jounod, un préfet socialiste ; le patron de la DACG, Robert Gelli, a partagé la chambrée de Hollande et Sapin lors du service militaire. Cette structure, Hollande va la mettre au service du scénario «  dégagiste  », pour éviter qu’un successeur mal intentionné ne cherche à faire un bilan de son quinquennat.

    Le dossier servira de point d’appui au levier de la campagne électorale. Celui-ci a été déterminé par une méthode de la technocratie américaine. Les algorithmes, appliqués sur le Big Data constitué par enquêtes auprès du pays réel, conseillent la moralisation politique comme levier. Pour dégager l’élite politique, ce vieux monde des «  tous pourris  », il faut un «  nouveau monde  » qui moralisera la vie politique. Voilà le levier que l’élite médiatique doit actionner sur le point d’appui des dossiers fournis par la structure clandestine à la judicature aux ordres. Les médias placeront au premier plan les problèmes de morale politique de Fillon en minimisant ceux de Macron. Une fois au pouvoir il sera toujours temps de  renoncer à l’expression «  moralisation de la vie publique  », qui avait quelque chose de noble, de grand, annonçant comme une vaste opération de nettoyage des écuries d’Augias.4 pour le transformer en un vaseux projet de «  loi pour la confiance dans notre vie démocratique  ».

    La prophétie réalisée

    Pour actionner le levier moralisation, les servants seront ceux de l‘artillerie médiatique, les intellectuels de notre époque. Si l’on veut comprendre l’élite médiatique on doit visualiser le documentaire Les nouveaux chiens de garde5 réalisé en 2012. Non pour son évocation d’Alain Minc et de Jacques Attalli mais parce qu’il confirme le bien fondé du livre prophétique (1903) de Maurras L’avenir de l’Intelligence, dans lequel il annonça le temps ou «  les places, le succès ou la gloire récompenseront la souplesse de l’histrion  : plus que jamais, dans une mesure inconnue aux âges de fer, la pauvreté, la solitude, expieront la fierté du héros et du saint  : jeûner, les bras croisés au-dessus du banquet, ou, pour ronger les os, se rouler au niveau des chiens 6 ». Les intellectuels sont bien ces histrions se roulant tellement au niveau des chiens que dans sa présentation Les nouveaux chiens de garde, il les symbolise se jetant sur les sucres lancés… l’élite financière, ces «  maitres de l’Or  ».

    Cette artillerie médiatique sera financée par certaine entreprises et personnalités du monde des affaires, identifiées dans le dossier «  Le Système et ses connivences7  » du mensuel Monde et Vie de Guillaume de Tanouarn, qui ne fait pas mystère de son maurrassisme. Il cite Pierre Bergé, Xavier Niel (Free), Marc Grossman (Célio), Claude Bébéar (Axa), Matthieu Pigasse (Banque Lazare), Marc Simoncini (Meetic), Didier Casas (Bouygues), Alexandre Bompard (Darty, FNAC), Henry Hermand et ceux qui ont placé leurs hommes auprès de Macron  : Drahi (numéricable, SFR) avec Bernard Mourad ( Morgan Stanley), puis Bernard Arnault (LVMH) avec Denis Delmas (TNS Sofres). Avec leur soutien, Macron n’aura pas à bourrer les urnes car les médias vont bourrer le crane des citoyens. Ces médias sont  : La dépêche du Midi, le Groupe Canal+, BFMTV, Libération, L’Express, Stratégies, Le Parisien, les Echos, Les Inrocks, radio nova, Le Monde et l’Obs…. Et Richard Dalleau précise dans Monde&Vie  : «  La majorité des médias est désormais entre les mains de huit grands groupes industriels et financiers, pour qui ils sont de naturels débouchés publicitaires, mais surtout de formidables outils d’influence.8 »

    L’artillerie médiatique

    Sans fantasmer, apprécions la cohérence des dates, quant à la préparation d’artillerie médiatique et juridique contre Fillon. Le Canard enchaîné du 25 janvier 2017 utilise le dossier de la structure clandestine pour affirmer que Penelope Fillon, est rémunérée fictivement pour un emploi d’attachée parlementaire auprès de son mari. Le jour même, le levier de la moralisation de la vie publique est activé par le parquet national financier (PNF) ouvrant une enquête préliminaire pour détournements de fonds publics, abus de biens sociaux. Le 1er février, le dossier permet au Canard de revoir à la hausse les salaires de Penelope et de mentionner une somme versée à deux de ses enfants. Fillon est mis en examen le 14 mars pour « détournements de fonds publics » et « manquements aux obligations de déclaration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique ». Grace au dossier, l’enquête s’étend le 16 mars aux costumes de luxe offerts avec un réquisitoire pour « trafic d’influence ». Les juges nourrissent les médias leurs permettant de discréditer le principal obstacle de l’élite politique entre Macron et l’Élysée. Cela crée un bruit médiatique évitant d’aborder le débat sur les soucis du pays réel. Pour alimenter le spectacle, des manifestation «  citoyennes  » accueillent Fillon dans ces déplacements avec cris, pancartes et concert de casseroles. Si nous suivons Dalleau dans Monde&Vie d’avril 2017  : «  Le traitement médiatique des affaires pendant la campagne aura été particulièrement révélateur de ce soutien [à Macron]. Trafic de médailles, déclaration de patrimoine à trous, frais de bouche de Bercy… la litanie des casseroles macronniennes, sitôt sorties dans la presse, sitôt enterrées par des démentis du candidat pris pour argent comptant par nos confrères donne le vertige…À l’inverse, pour Fillon, pas une semaine sans que Le Canard ne sorte un nouvel épisode du Penelope s’Gate, du Costume s’Gate et pourquoi pas du Caleçon s’Gate. Il fallait en général moins de 24 heures pour que le moindre rebondissement judiciaire aboutisse dans les médias… et là, le sens critique de nos confrères vis-à-vis de la défense était bien affûté.  »

    A la date symbolique du lundi de Pâques, Monseigneur le comte de Paris – s’inscrivant ainsi dans la «  ligne  » protectrice et conservatrice d’Henri V, de Philippe VII, de Philippe VIII, de Jean III – apporte officiellement son soutien au candidat conservateur, «  compte tenu de la gravité de la situation pour notre pays  ». Ce grain de sable de la vieille France n’est pas en mesure d’enrayer le coup n°1. Au premier tour de la présidentielle, les conservateurs atteignent 20,01 % et sont donc dégagés de justesse. C’est l’heure de vérité sur l’état véritable de la guerre culturelle et Mathieu Bock-Cotê explique  : «  La candidature Fillon était aussi perçue comme I ‘aboutissement d’un bouillonnement idéologique de plusieurs années, ayant entrainé la renaissance politique du conservatisme. On se racontait des histoires. Car si la présidence Hollande constituait une image navrante de la gauche, le progressisme n’en conservait pas moins l’hégémonie idéologique. La multiplication des éditorialistes et intellectuels en dissidence avec le politiquement correct témoignait certainement de la contestation de ce dernier mais pas de son effondrement.9  » Pour gagner la Guerre culturelle, la métapolitique est insuffisante et il faut disposer d’une doctrine politique cohérente, issue d’une synthèse idéologique adaptable aux évolutions du temps. Ce n’est pas le cas du conservatisme. L’ouvrage est devant lui. En revanche si nous suivons Bock-Coté  : «  Si l’effondrement de la campagne de François Fillon a été une catastrophe pour le camp conservateur renaissant, il a surtout permis au système médiatique de reprendre le contrôle des termes du débat public qui lui avait échappé. Depuis quelques années, la vie politique avait été à ce point réoccupée par les préoccupations populaires que les médiacrates en devenaient fous. Ils avaient décrété que les aspirations identitaires et sociétales mobilisées dans la vie politique traduisaient des paniques morales encouragées par le machiavélisme populiste. L’immigration, l’identité, la mutation anthropologique : ils voyaient dans ces thèmes émergents la preuve de l’offensive conservatrice qu’il faudrait contenir et renverser. 2017 a permis ce renversement.  » Le jugement est rude mais peut-être salutaire.

    Pôles idéologiques

    Le candidat sorti du chapeau du pays légal atteint 24,01 %. La candidate national-populiste n’est qu’en seconde position avec 21,30 %. L’élite politique socialiste est spectaculairement dégagée avec 6,6 % tandis que la France Indigéniste crée la surprise avec 19,58 %. Il faudra nous interroger sur le pole idéologique qui l’a rallié  ; ce pole que Michel Michel nomme «  le pôle islamiste10  ».

    Le second tour ne va être qu’une formalité compte tenu de l’instrumentalisation de la peur mise au point par certains clubs de pensée et laboratoires d’idées comme Bruegel ( think-tank européiste), la Fondation Jean Jaurès ( du P.S.), Terra Nova (progressiste), mais aussi par des tètes chercheuses comme Jacques Attali (libéral libertaire), Louis Gallois (gauche), Alain Minc (libéral), Laurent Brigogne (patronat). La dernière phase du coup de force démocratique s’appuie obligatoirement sur le combat culturel préparé idéologiquement par une minorité active. Cette minorité soutient l’externalisation des fonctions souveraines de l’État vers des instances supranationales (Union européenne, OTAN, TAFTA, etc.). Son libéralisme/libertarisme s’accorde avec la philosophie contractualiste de ce que l’Action française nomme le «  pôle idéologique des valeurs républicaines  » qui «  réactualise le vieux courant du «  contrat social  » du XVIIIe siècle. Il s’agit d’émanciper l’individu des déterminations qu’il n’a pas choisies  : déterminations sociales, culturelles, familiales, voire «  naturelles  » (cf. la dénonciation des «  stéréotypes de genre  »). Pour ceux-ci, la nationalité française ne se fonde pas sur l’appartenance à un groupe humain déterminé, mais sur l’adhésion aux grands principes du mouvement révolutionnaire : universalisme, égalitarisme, laïcisme… La France est moins la patrie des Français que celle des «  droits de l’Homme  » (avec un H majuscule) 

  • RECONSTRUIRE LA DEFENSE DU TERRITOIRE, par le Général (2s) Vincent Desportes.

    Général (2s) Vincent Desportes (*)
    Ancien directeur de l’Ecole de Guerre

    .
    Il y a quelques semaines, le général Desportes nous alertait sur le risque croissant d’un conflit de haute intensité (voir le numéro 150 d’ESPRITSURCOUF). Poursuivant son analyse, il en vient à souhaiter la résurrection d’un ancien concept, qu’on appelait autrefois la D.O.T., la Défense Opérationnelle du Territoire.

    Nos belles armées ont d’immenses qualités, dont celle de l’excellence. Elles ont quelques défauts, le moindre n’étant pas leur manque d’épaisseur, donc leur manque de résilience et de capacité à durer dès lors que les opérations changeraient de nature, de volume et de rythme.

    Mais elles ont un autre défaut, beaucoup plus grave. Le système de forces est organisé sur un modèle dépassé, dont l’économie générale n’a pas varié depuis un quart de siècle. L’environnement, lui, a changé, profondément. Les risques ont grandi et muté, drastiquement. Pourtant, le modèle d’armée est resté identique, ne subissant que de marginales évolutions, techniques et non stratégiques.

    Nos forces armées doivent changer rapidement d’échelle, à l’instar des menaces, mais également intégrer, non par défaut mais par volonté, la menace directe sur le territoire national, avérée et permanente aujourd’hui, menace qui d’ailleurs s’amplifierait dramatiquement en cas de conflit de haute intensité.

    Il faut donc revaloriser l’idée de défense opérationnelle du territoire. Elle est devenue aujourd’hui un concept creux, sans substance, puisque dépouillé de moyens d’action sérieux. La puissance de nos armées doit au contraire reposer sur une base arrière solide, dotée de forces d’active dédiées à sa protection.


    Des modèles dépassés

    .
    Quel est le problème des armées françaises, qui est en fait celui de la France ? C’est que leur modèle, inchangé depuis la professionnalisation il y a vingt-cinq ans, est fondé sur un monde qui a aujourd’hui disparu.

    Le modèle de la Guerre froide, c’était trois éléments. Un : l’outil central de la dissuasion nucléaire dans ses différentes composantes avec leurs vastes soutiens. Deux : quelques moyens destinés aux opérations extérieures liées, soit à nos responsabilités africaines ou moyen-orientales, soit aux manœuvres de contournement périphériques soviétiques. Trois : un corps de bataille capable d’arrêter (très hypothétiquement) un flux blindé soviétique qui aurait percé les forces alliées dans la « bataille de l’avant », ou bien destiné à être détruit de manière à justifier aux yeux du monde et des générations futures le déclenchement de l’Apocalypse. On conserva quelque temps des forces dites de Défense opérationnelle du territoire, qui avaient toute leur nécessité mais qui, pour préserver l’essentiel supposé et moderniser les parcs et les flottes, furent bientôt offertes en sacrifice aux comptables de Bercy.
    Retournement complet de situation à la chute du mur de Berlin. D’une part l’ennemi n’est plus à « une étape du tour de France », selon l’expression du général De Gaulle. D’autre part, le constat est fait que les armées françaises se battront désormais à l’extérieur du territoire national pour des enjeux qu’il sera difficile de présenter comme vitaux aux citoyens-électeurs. Les présidents Mitterrand (à l’occasion de la Guerre du Golfe) et Chirac prennent acte du fait que le modèle de la conscription est momentanément condamné, d’autant qu’aucune menace ne vise plus directement le territoire national et sa population. En 1996, décision est prise, à juste titre dans les circonstances du moment, de professionnaliser l’armée. Et d’en réduire drastiquement le format. D’abord parce que les temps sont aux illusoires « dividendes de la paix ».  Ensuite parce qu’une armée professionnelle coûte beaucoup plus cher qu’une armée de conscription. Enfin pour préserver les moyens de tenir notre rang, en particulier vis-à-vis de notre grand protecteur d’outre atlantique, dans la course ruineuse à l’hyper-technologie.

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    Une armée professionnelle, mais à effectifs limités. Photo DR

    Année après année nos forces perdent de l’épaisseur, avec deux décrochages terribles sous les présidences Sarkozy et Hollande. Qui pourrait s’y opposer ? Il est impossible de prouver que leur volume est insuffisant pour les opérations somme toute modestes dans lesquelles elles sont engagées. Le modèle est donc celui d’une dissuasion nucléaire réduite mais maintenue, ce qui est parfaitement raisonnable, et d’un corps expéditionnaire à trois composantes – terre, air, mer – apte à mener à bien des engagements interarmées mineurs, mais incapable de conduire des opérations d’ampleur et même de protéger l’intégralité de l’espace national, qu’il soit terrestre ou maritime.


    Un problème de volume

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    Le modèle qui vient d’être décrit n’a pas changé mais, pour leur part, les circonstances ont profondément évolué.


    Il existe d’abord un problème de volume. Nous l’avons dit, nos forces conventionnelles ont d’ores et déjà un format inadapté à la montée des menaces et à la guerre qui vient. Les volumes qui peuvent être engagés à l’instant « T » sont certes à peu près appropriés à nos opérations courantes. Mais ils ne le sont pas du tout à celles que nous pourrions avoir à conduire dans un avenir, peut-être plus proche qu’on ne le pense. Elles manquent d’épaisseur pour être capables de faire face et de durer, d’encaisser le premier choc puis de rebondir afin d’assurer leur mission première de protection de la France et des Français.

    Elles ne sont plus « résilientes » parce que la résilience suppose de l’épaisseur et qu’elles n’en ont pas ; or, la résilience est la vertu capitale des armées qui doivent continuer à opérer dans les pires conditions, lorsqu’autour d’elles plus rien ne fonctionne. Les armées doivent être dissuasives – cela dépasse de très loin la force nucléaire qui n’est qu’une composante du système de dissuasion globale – pour prévenir le danger mais être également capables de s’engager en force dans un conflit de haute intensité. Nous en sommes tellement loin que de simples adaptations incrémentales seraient irréalistes : il faut désormais changer d’échelle.

    On peut jurer comme le ministre de la guerre de Napoléon III à la veille de l’infamante défaite de 1870 : « Nous sommes prêts et archi-prêts. La guerre dût-elle durer deux ans, il ne manquerait pas un bouton de guêtre à nos soldats ». Ou encore affirmer haut et fort à l’instar du Président du Conseil Paul Reynaud en septembre 1939 (au moment où la France, malgré son armée inadaptée à la confrontation imminente, vient de déclarer la guerre à l’Allemagne) : « Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts ». Ces déclarations tonitruantes ne remplacent ni la clairvoyance ni les efforts ; La France, inclinant aisément à la posture de l’autruche en ce qui concerne ses politiques militaires, doit s’en rappeler. Maintenant !


    Un problème de modèle

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    Il y a ensuite ce problème de modèle. Les armées actuelles ont été construites à partir de 1996 sur la présupposition qu’il n’y avait pas, et qu’il n’y aurait pas, de menaces internes, et qu’elles n’auraient donc pas à s’engager sur le territoire national. Sauf à la marge. Dans ce cas, la ponction minime pratiquée sur les forces expéditionnaires n’en affecterait ni les capacités opérationnelles, ni l’entraînement. Ce postulat est faux désormais.

     

    3.jpgD’abord parce que la menace terroriste, loin de s’estomper, a changé de nature. Elle s’est déployée sur l’intégralité du territoire national et pérennisée sous la forme de frappes individuelles imprévisibles. Cette situation conduit aujourd’hui les armées à immobiliser soit directement sur le terrain, soit en réserve immédiate ou stratégique, dix mille hommes environ. Ce prélèvement, bien qu’utile et légitime, diminue d’autant la capacité d’intervention externe. Mais surtout, en ce temps d’opérations extérieures permanentes, altère profondément la capacité à maintenir l’entraînement au niveau qu’exigent les opérations du moment, sans parler de celles, beaucoup plus violentes et massives, qui sont à venir.

    Ensuite, on ne peut imaginer un conflit de haute intensité qui se contenterait d’être un affrontement de laboratoire, hors sol, entre deux forces de haute technologie, un moderne « combat des Trente ». Immédiatement, l’ensemble du territoire national serait affecté. Il deviendrait la proie d’attaques ponctuelles dans la profondeur et le terrain de crises humanitaires volontairement déclenchées par la cyber-altération des réseaux, voire la cible d’éventuelles agressions d’une « 5ème colonne » dont on aurait tort d’affirmer l’impossible émergence.


    Un problème de forces

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    Le gouvernement devrait assurer la défense aérienne et la défense maritime, mais également déployer sur de vastes zones des volumes de forces importants pour assurer l’ordre sur le territoire et la survie des populations, la sauvegarde des organes essentiels à la défense de la nation, le maintien de sa liberté et la continuité de son action.


    Où trouverait-il ces volumes de forces ? Ils n’existent pas ! Deux solutions s’offriraient alors à lui. Ou bien effectuer des prélèvements importants sur le corps expéditionnaire et de ce fait, le rendre inapte à sa mission première alors qu’il n’est pas préparé pour une bataille de haute intensité (les armées de terre, de l’air et la marine ont commencé à « durcir » leurs entrainements). Ou bien « laisser tomber l’arrière », ce qui se traduirait à court terme par l’effondrement de l’avant. Pour sortir de ce dilemme, il faut adapter le modèle.

    Dans une logique purement comptable, nous avions, pendant la Guerre froide, préféré faire l’impasse sur les forces du territoire en niant une menace pourtant avérée, celle des Spetsnaz, ces forces spéciales russes entraînées en nombre et que la doctrine soviétique prévoyait de déployer chez l’ennemi dès le début d’un conflit pour y assassiner les responsables et y semer le chaos et la panique. Notons au passage que ces forces d’élite existent toujours et qu’elles ont récemment fait merveille tant en Géorgie, en Crimée, en Ukraine qu’au Moyen-Orient.

    Peut-on reconduire aujourd’hui la même tromperie ? Porter nos maigres forces au niveau qui leur permettrait de conduire efficacement leurs combats de haute intensité, sans se préoccuper du problème de l’arrière ? Autant imaginer qu’un boxeur peut se passer de ses jambes !


    Nos forces doivent donc être rapidement restructurées autour de trois composantes : nucléaire, expéditionnaire « de haute intensité » avec leurs trois dimensions terre, air, mer, et défense opérationnelle du territoire. Seul ce système ternaire, coordonné avec les remarquables capacités complémentaires de la gendarmerie dans le domaine de la défense intérieure, est adapté à la réalité des menaces, donc à la dissuasion globale, à la résilience et à l’action. C’est possible, pour un coût minimal. Voici comment.


    Quelles forces, quel volume, quel équipement ?

     

    4.jpgL’effet à obtenir est de déployer sur très court préavis des troupes suffisantes, organisées, sur un terrain reconnu afin de pouvoir quadriller, circonscrire, contrôler, éventuellement réduire, ou bien tenir jusqu’à l’arrivée de forces plus puissantes. Il faut donc des forces territoriales, connaissant parfaitement leur terrain (campagne et agglomérations), rustiques et robustes, autonomes, équipées d’un matériel performant mais sans sophistication inutile.

    Le couple cavalerie légère/infanterie motorisée, accompagné de ses appuis organiques (artillerie, génie, transmission) est adapté à ces missions. Ces forces pourraient être regroupées soit en régiments interarmes, soit en régiments d’armes embrigadés, dotés de matériels performants mais rustiques, véhicules 4×4, mortiers, camionnettes et automitrailleuses en particulier. Il serait dans un premier temps raisonnable de disposer dès que possible du volume d’une demi-brigade à deux régiments et leurs appuis pour chacune des sept zones de défense et de sécurité. Elles seraient placées sous le commandement des officiers généraux de zone de défense et de sécurité (OGZDS) pour la conduite de la défense d’ensemble, les cinq zones ultramarines faisant l’objet d’adaptations locales. La force ainsi constituée serait, dans un premier temps, de l’ordre de la vingtaine de milliers d’hommes.

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    Le CENZUB (centre d’entrainement en zone urbaine) dans les camps de Champagne. On y a construit de toutes pièces un gros bourg avec immeubles pour entrainer l’armée de terre aux combats en ville. Photo JPF

    D’où proviendraient ces forces ?

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    La solution la moins onéreuse serait, comme d’habitude en France, de faire appel à des réservistes locaux convoqués régulièrement pour entraînement. C’est parfaitement illusoire. Tous ceux qui ont vécu la chimère des régiments dérivés connaissent ce qu’ils coutaient en temps et en substance aux régiments dérivants. Ils savent que leur valeur opérationnelle était extrêmement faible, voire nulle, qu’ils étaient équipés de matériels le plus souvent parfaitement vétustes et que leurs tableaux d’effectifs étaient aussi indigents que leur entrainement. Par ailleurs, si haute intensité il y a, elle sera par nature brutale, foudroyante, ce qui est incompatible avec les délais de montée en puissance des régiments de réserve.


    Méfions-nous, donc : la France a déjà trop souffert de sa croyance dans les réserves. En 1940, c’était « nous tiendrons ; en cas de percée allemande, il y aura une deuxième Marne ; nous nous rétablirons ; à l’abri de nos casemates, nous monterons en puissance avec nos réserves pendant un à deux ans avant de refaire du Foch jusqu’à la victoire ». Terrible illusion : le 24 mai 1940 à l’aube les chars allemands étaient devant Dunkerque, le 14 juin le gouvernement français était à Bordeaux, le 16 juin Philippe Pétain devenait président du Conseil. On connait la suite. Évacuons l’hypothèse.