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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Le forum de Davos ”et nous, et nous, et nous”, les révolutionnaires...

    argent roi.jpgLa dernière "édition" du rituel Forum de Davos demanderait de longs développements, et nous y reviendrons un peu plus longuement la semaine prochaine. Disons seulement quelques mots là-dessus dès maintenant...

    Dire sottement "Mon ennemi, c'est la finance !..." ? Crier, encore plus sottement "A bas l'Argent !" ? Voilà qui ferait peut-être "plaisir" à certains, qui croiraient faire oeuvre utile en éructant de telles sornettes, alors que la seule chose à faire, le seul service à rendre, n'est pas de critiquer l'Argent, qui, comme tout - et on le sait depuis la langue d'Esope... - peut être la meilleure ou la pire des choses; mais d'expliquer à l'opinion comment et pourquoi nous en sommes arrivés à l'Âge de fer que nous vivons aujourd'hui, c'est-à-dire à la toute puissance des forces de l'Argent. Et à proposer la révolution qui consisterait à remettre l'Argent à sa place, en rendant le pouvoir à ce que Maurras appelait les forces du Sang : voilà la seule révolution qui vaille, et d'ailleurs la seule révolution qui soit, et c'est nous, les royalistes, et nous seuls, qui en sommes les tenants. 

    Aujourd'hui, il n'y a qu'une alternative : être conservateur du Système, et de son des-ordre installé, lui qui a établi l'Argent comme maître unique et absolu de tout; ou bien être révolutionnaire de ce des-ordre, donc royalistes, c'est-à-dire instaurer un pouvoir politique où l'autorité suprême serait totalement affranchie des puissances de l'Argent, et qui le contraindrait à rester dans sa sphère - légitime cette fois... - où il pourrait enfin (re)devenir utile et profitable au Bien commun...

    Deux courts passages, en attendant une réflexion plus approfondie sur ce sujet :

    1. D'Anatole France (tiré de son Histoire contemporaine, Tome II, Le mannequin d'osier, Calmann-Lévy, 1925, page 105) : "...On goûte un plaisir philosophique à considérer que la Révolution a été faite en définitive pour les acquéreurs de biens nationaux et que la Déclaration des droits de l'homme est devenue la charte des propriétaires. Ce Pauquet, qui faisait venir ici les plus jolies filles de l'Opéra, n'était pas chevalier de Saint-Louis (1). Il serait aujourd'hui commandeur de la Légion d'honneur et les ministres des finances viendraient prendre ses ordres. Il avait les jouissances de l'argent; il en aurait maintenant les honneurs. Car l'argent est devenu honorable. C'est notre unique noblesse. Et nous n'avons détruit les autres que pour mettre à la place cette noblesse, la plus oppressive, la plus insolente et la plus puissante de toutes..."

    1925 ? Ou aujourd'hui ?...

    (1) : Dans le livre, "Monsieur Bergeret", le personnage central, loge dans l'hôtel Pauquet de Sainte-Croix, ancienne demeure - délabrée quand il s'y trouve - d'un ancien financier du Roi...

    l'express argent.jpg2. De Charles Maurras, dans L'Action française du 1er Août 1921 : "L’Argent, en tant qu’argent, celui qui remplit sa fonction, honnête ou neutre, de simple Argent, ne m’inspire aucun sentiment d’hostilité, non plus que d’amitié ni d’envie. Je le voudrais bien à sa place. Je sais que, en démocratie, forcément, il monte trop haut. Le vertige démocratique le condamne à l’usurpation, parce qu’il ne peut trouver de contrepoids en démocratie...

    ...On voit à quoi servait l’Argent dans cette économie (sous la Royauté, ndlr); il servait à servir. Il servait à entrer dans les services de l’État, services où il était discipliné et traité suivant ses œuvres nouvelles. L’Argent devenait chose morale et sociale, il se chargeait de responsabilités définies qui l’introduisaient et le maintenaient sur un plan différent du sien. C’est que l’État était alors constitué en dehors et au dessus de l’Argent...

  • Éphéméride du 19 août

    1984 : Première Transat Québec - Saint-Malo

     

     

     

     

    1524 : Les "Dames" de Marseille repoussent l'assaut des Impériaux 

     

    19 aout,barrès,pascal,daguerre,daguerreotype,transat quebec saint malo,landes ete 1949,du sommerard,aven d'orgnac,robert de jolyLe Connétable de Bourbon vient de trahir le roi de France et s'est mis au service de Charles Quint et d'Henri VIII (voir l'Éphéméride du 18 juillet).

    À partir du premier juillet, remontant d'Italie où il se trouve avec son armée, il commence l'invasion de la Provence : venant de Gênes, après avoir traversé Nice, il s'empare successivement de Fréjus, de Brignoles et de Saint Maximin.

    Après qu'Honoré Puget lui ait remis les clés des portes d'Aix, le 7 août 1524, le connétable prend - un peu vite... - le titre de Comte de Provence et commence le siège de Marseille, le 19 août 1524. 

    Mais la ville va lui résister, et, au moment où le courage des hommes flanchera - comme à Beauvais avec Jeanne Hachette... - ce seront les femmes de la ville qui se précipiteront sur les remparts, se regroupant sur un bastion qui fut nommé "Bastion des Dames"; et la tradition a conservé les noms de quelques unes d'entre elles : Vento, la Mûre, Fortia, Cauvet, Bausset, Roquevaire...

    le 29 septembre, Bourbon ordonnera la retraite - qui se fit en désordre -  vers l'Italie.

    C'est en l'honneur de ces Dames combattantes de Marseille, et pour commémorer ce haut fait d'armes, qu'un boulevard porte leur nom aujourd'hui, le Boulevard des Dames. Il est situé juste à côté de la place de la Joliette, l'endroit où Jules César, mille ans auparavant, avait établi son camp, pour assiéger la ville : Julii statio ("le camp de Jules").

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    "Actibus immensis urbs fulget massiliensis" (C'est par des actions grandioses que resplendit la ville de Marseille) dit la fière devise latine de la ville.

    Pour laquelle Frédéric Mistral proposa la transcription suivante, en provençal :

    "Toustèms, pèr si grand fa, resplediguè Marsiho" (Toujours, par ses hauts faits, Marseille a brillé)

    Et, comme dans toute la France, tout au long de son histoire, les femmes ont toute leur place dans ces "actions grandioses"

     

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    1662 : Mort de Pascal

     

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    De Chateaubriand, Génie du christianisme, troisième partie, II, 6 :

    "Il y avait un homme qui, à douze ans, avec des barres et des ronds, avait créé les mathématiques; qui, à seize ans, avait fait le plus savant traité des coniques qu'on eût vu depuis l'antiquité; qui, à dix-neuf ans, réduisit en machine une science qui existe tout entière dans l'entendement; qui, à vingt-trois ans démontrera les phénomènes de la pesanteur de l'air, et détruisit une des grandes erreurs de l'ancienne physique; qui, à cet âge où les autres hommes commencent à peine de naître, ayant achevé de parcourir le cercle des sciences humaines, s'aperçut de leur néant, et tourna ses pensées vers la religion; qui, depuis ce moment jusqu'à sa mort, arrivée dans sa trente-neuvième année, toujours infirme et souffrant, fixa la langue que parlèrent Bossuet et Racine, donna le modèle de la plus parfaite plaisanterie comme du raisonnement le plus fort, enfin, qui, dans les courts intervalles de ses maux, résolut par abstraction un des plus hauts problèmes de géométrie et jeta sur le papier des pensées qui tiennent autant du dieu que de l'homme : cet effrayant génie se nommait Blaise Pascal..."

    http://www.alalettre.com/pascal-bio.php

     

     

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    1839 : Apparition du Daguerréotype

     

    Lors d’une séance officielle à l’Institut de France, Louis-Jacques-Mandé Daguerre divulgue le premier procédé photographique qu’il est parvenu à mettre au point avec son associé, Nicéphore Niépce.

    Surnommé "daguerréotype", ce procédé consistait à fixer l’image positive obtenue dans la camera obscura sur une plaque de cuivre recouverte d’une émulsion d’argent et développée aux vapeurs d’iode.

    À partir de 1850, le daguerréotype sera remplacé par le procédé négatif/positif sur papier qui permet la reproduction de l'image.

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    Daguerre, daguerréotype de 1844 
     
     
     
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    1842 : Mort d'Alexandre du Sommerard

     

    19 aout,barrès,pascal,daguerre,daguerreotype,transat quebec saint malo,landes ete 1949,du sommerard,aven d'orgnac,robert de jolyGrand royaliste, et grand amateur d’art, Alexandre du Sommerard est aux origines du Musée de Cluny :
     
     
     
    et aussi du Musée d’Écouen :
     
     

          (ci contre, son portrait par Frédéric Millet)    

     

    Alexandre du Sommerard, était consterné par l’entreprise de destruction systématique du Patrimoine national entrepris par la Révolution. On sait que, directement ou indirectement, la Révolution - puis l’Empire et la IIIème République naissante… - ont fait disparaître entre le quart et le tiers de notre Patrimoine artistique : "Les Vandales du Vème siècle n'ont jamais brisé tant de chefs-d'œuvre." disait-il, hélas à juste titre…

    Heureusement maître d'une fortune considérable, celui qui avait pris pour devise "more majorum" ("d’après la coutume des ancêtres") passa sa vie à rechercher et réunir les chefs-d'œuvre, et c'est pour installer sa précieuse collection, trop à l'étroit dans son hôtel de la rue de Ménars, qu'il loua pour sa vie l'Hôtel de Cluny.

    À sa mort, l'hôtel et la collection, appartenant à sa veuve, furent achetés par l'État : le 1er juillet 1843, la Chambre vota l’achat de l’hôtel et des collections, puis la création du "Musée des thermes et de l’hôtel de Cluny" (ci dessous) fut sanctionnée par la loi du 24 juillet 1843. Son fils Edmond fut, jusqu’à sa mort, conservateur du Musée national de Cluny : lorsqu’il mourut, en 1885, la collection comprenait 10.351 objets.

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    C’est, en partie, pour contenir des trésors venant de ce Musée que Malraux prit, en 1964, la décision – heureuse - d’affecter le château d’Écouen (ci dessous) au Musée national de la Renaissance

    19 aout,barrès,pascal,daguerre,daguerreotype,transat quebec saint malo,landes ete 1949,du sommerard

     
     

             19 aout,barrès,pascal,daguerre,daguerreotype,transat quebec saint malo,landes ete 1949,du sommerard,aven d'orgnac,robert de joly

     

     

     

    1862 : Naissance de Maurice Barrès 

     

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    • http://arnaud.aurejac.free.fr/barres.htm

     

    Et, dans notre album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet , voir la photo "L'amitié pour Barrès"

     

     

     

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    1935 : Robert de Joly découvre l'Aven d'Orgnac

     

    "Puits naturel formé en région calcaire par dissolution ou effondrement de la voûte de cavités karstiques" (définition d'un "aven" donnée par le Larousse) l'Aven d'Orgnac se trouve au sud du plateau calcaire des gorges de l’Ardèche.

    On y a créé en 1988 un Musée Régional de Préhistoire et, depuis 2004, le site est labellisé Grand Site de France.

    19 aout,barrès,pascal,daguerre,daguerreotype,transat quebec saint malo,landes ete 1949,du sommerard

    http://www.orgnac.com/

     

     

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    1937 : Dans L'Action française, la genèse de "Mes idées politiques", de Charles Maurras...

     

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  • Recompositions

     

    Par François Marcilhac

     

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    La recomposition de la classe politique ne fait que commencer, en ce début d’année 2018. À gauche, le Parti socialiste voit chaque jour un nouveau candidat se déclarer pour le prochain congrès qui devrait désigner, en avril, à Aubervilliers, le nouveau Premier secrétaire. Najat Vallaud-Belkacem ayant renoncé à se présenter et s’étant, comme son clone du centre-droit, Nathalie Kosciusko-Morizet, retirée provisoirement de la vie politique, la députée Delphine Batho est pour l’heure la seule femme, aux côtés des députés Olivier Faure et Luc Carvounas, de Stéphane Le Foll, député et ancien ministre, et d’Emmanuel Maurel, député européen, avant que Julien Dray, dinosaure mitterrandien, ne franchisse bientôt lui aussi le pas, à prétendre à la direction d’une organisation qu’il serait prématuré de déclarer moribonde. Si le PS est dans cet état, c’est non pas parce que la tradition sociale, laïque et républicaine de gauche, qu’il était censé incarner, est morte, mais bien parce qu’il n’a plus su la représenter, s’étant contenté, de 2012 à 2017, de gérer les affaires courantes pour Bruxelles et Mme Merkel. Le mariage pour tous, c’est bien maigre comme bilan, quand l’industrialisation du pays continue de s’effondrer, le chômage d’augmenter, la pauvreté de s’aggraver, l’immigration et l’insécurité de peser toujours davantage sur le pays réel.

    La vocation de l’Action française

    Il est vrai que le Parti socialiste a connu d’autres creux dans son histoire  : Gaston Defferre fait 5  % – moins qu’Hamon en 2017 – à la présidentielle de 1969, ce qui n’empêche pas, douze ans plus tard, Mitterrand de succéder au centriste Giscard. Or douze ans, à l’échelle de l’histoire d’un pays, ce n’est rien, ou presque. Du moins lorsque la nation n’est pas menacée d’une disparition programmée. Ou qu’elle n’a pas à affronter un tragédie nationale. Dans le cas contraire, c’est beaucoup. Beaucoup trop  ! En disant cela, nous ne pensons évidemment pas au temps nécessaire au PS pour se refaire, puisque les patriotes que nous sommes n’attendent rien de lui  : internationaliste, européiste, immigrationniste, sociétaliste, communautariste, écologiste au sens le plus démagogique du terme, dépourvu de tout projet industriel pour la nation, le PS n’a, d’une certaine façon, pas besoin de se refaire puisque son programme est appliqué à la tête de l’État. Et que sa tendance libérale-libertaire, devenue majoritaire en son sein depuis 2005 – le débat sur le traité constitutionnel européen fut décisif en la matière – a fait sa mue dans cette République en marche qui a réussi à concilier son projet avec celui d’un centre qui lui a toujours fait les yeux doux. Macron a réussi ce que Valls a lamentablement échoué à réaliser  : la création d’une force centripète neutralisant une gauche et une droite de conviction. Tel avait été le projet de Giscard en 1974, mais celui-ci dépendait encore trop de l’électorat gaulliste pour pouvoir voler de ses propres ailes, ce que Chirac lui a rappelé tout d’abord en démissionnant en 1976 puis en le faisant battre en 1981. Las pour la droite  ! C’est Chirac qui, ensuite, faisant une politique de centre après avoir succédé à Mitterrand, en trahissant – une vocation chez lui – les espoirs que la campagne menée sur le thème de la fracture sociale avait suscités, a lui-même scié la branche sur laquelle il était assis en se coupant de son électorat populaire de droite et en offrant au centre l’hégémonie. En quelque sorte, c’est Chirac qui a réalisé le plan de Giscard, l’imposture sarkozyste n’ayant réussi que provisoirement à freiner la progression d’un FN qui recueillait les déçus de la droite parlementaire tout autant que ceux de la gauche.

    Telle est la situation dont Wauquiez hérite, au lendemain d’une élection tout à fait honorable à la tête des Républicains  : la recomposition annoncée du mouvement à droite voit les barons du centrisme partir ou se mettre en congé les uns après les autres. Le dernier en date  : le Macron-compatible Juppé qui vient d’annoncer qu’il ne paiera pas sa cotisation l’année prochaine. Nous nous demandions dans un précédent éditorial si le costume ne serait pas trop grand pour Wauquiez  : à savoir s’il comprendrait que ces départs sont, pour lui, la chance historique de rompre définitivement avec le chiraquisme, dont l’impasse politique a fini d’écarter la droite parlementaire du retour aux affaires. Il est évidemment encore trop tôt pour le dire, et une nomination maladroite ici ou là (notamment celle du centriste et déplorable Leonetti à la tête du Conseil national du mouvement, lequel détermine, dans l’intervalle des sessions du Congrès, les orientations politiques) n’augure rien de bon sans toutefois hypothéquer l’avenir.

    Un boulevard devant Wauquiez

    C’est que Wauquiez, entre un PS inaudible au moins jusqu’en mai prochain, une France insoumise qui se discrédite devant les Français en devenant le canal politique, au Parlement, de l’islamo-gauchisme et un Front national qui s’abîme dans des considérations nombrilistes plutôt que de porter la voix du pays réel – seule Emmanuelle Ménard, qui n’a du reste pas sa carte au FN, est activement présente à l’Assemblée –, oui, Wauquiez a devant lui un boulevard, s’il le veut, pour recréer un grand mouvement de droite populaire. Car la question n’est pas déjà, ni peut-être du tout, de savoir si, à terme, il convient de parier pour une alliance, au moins électorale, entre la droite parlementaire et un FN rénové. La question est de savoir si Wauquiez saura prendre sa part de l’essentiel, à savoir dans la renaissance d’une droite de conviction, c’est-à-dire qui n’ait plus honte d’elle-même, et d’achever ainsi le cycle né, il y a cinquante ans, avec 1968. Il a toujours existé, à droite, et c’est heureux, différentes sensibilités – plus ou moins sociales, étatistes, conservatrices –, mais toutes doivent s’appuyer sur un même socle  : indépendance de la nation, respect de la loi naturelle, s’agissant notamment de la famille, partage d’une même culture fondée sur plus de quinze siècles de christianisme. Face à la politique mortifère de Macron, dont l’embellie dans les sondages ne fait que traduire le vide actuel de la vie politique française, il est nécessaire de créer une dynamique patriotique forte  : les préoccupations politiciennes viendront prendre leur part du phénomène – et le dénaturer – bien assez tôt. L’essentiel est de créer cette dynamique, pour changer la donne politique, condition du renouveau. Savoir se hisser au niveau des intérêts vitaux de la nation est la marque des hommes d’État. Malheureusement, il n’est pas certain que la République, qui en a évidemment déjà fourni dans son histoire, soit encore capable de le faire.

    Nos princes toujours parmi nous

    Nous disions plus haut qu’il avait fallu douze ans au Parti socialiste pour renaître au siècle dernier. Nous ne sommes pas certain que les patriotes aient encore douze ans devant eux pour agir  : que sera la France en 2030  ? Quel visage lui auront donné l’Europe, l’immigration, le communautarisme, le reniement de sa culture, les réformes sociétales, son déclin industriel et agricole  ? Les royalistes ne sont pas de meilleurs patriotes que les républicains  ; ils sont des patriotes plus conséquents. Définissant la monarchie comme le nationalisme intégral, ils ont compris que c’est en écartant le pouvoir suprême de la compétition qu’on assure au pays les conditions de l’indépendance et de la prospérité – la seconde n’allant pas sans la première. Or nos princes, descendants des quarante rois qui en mille ans ont fait la France, sont toujours parmi nous. Ils ne demandent qu’à servir, puisque c’est leur raison d’être. Ce serait folie que de ne pas faire appel à eux. L’Action française en tout cas n’a pas d’autre vocation que d’en convaincre les Français.    

  • SOUTENEZ, PARTICIPEZ ! ACTIVITÉS DES ROYALISTES ET/OU DU PAYS RÉEL DANS TOUTE LA FRANCE...

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    Cette page est ouverte à tous, lafautearousseau se voulant "la maison commune" de tous les royalistes, de toute obédience (RN/CRAF, NAR, GAR, DEXTRA, indépendants/"électrons libres"...)

    Aux deux seules conditions que l'on soit dans la double fidélité à l'école de pensée de l'Action française et à notre Famille de France, à laquelle nous sommes particulièrement attachés...

    Mais elle est aussi ouverte à d'autres groupes, pas forcément royalistes, ou exclusivement royalistes, qui mènent des actions allant dans le sens de la défense du Bien commun : le Collectif Nemesis / Jeunesse, si tu savais-Poussières d'étoiles / Baguette Musette / le Cercle d'Artagnan / Les Chemises blanches...

    Envoyez-nous les annonces et/ou les visuels de réunions de rentrée, Cercles d'études et de formation, Cafés politique/actualité/histoire, manifestations diverses etc...

    • Conférences, Réunions, Cercles de formation, Manifestations diverses... dans la France entière...

     

     

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    • EN MARCHE POUR LA VIE ! Paris, 17 janvier 2021...

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    https://enmarchepourlavie.fr/2020/07/23/rendez-vous-le-17-janvier-2021-pour-le-plus-grand-evenement-provie-de-france/

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    Jeudi 15 Octobre à 20h00, l'Action française Bordeaux vous invite à son cercle Léon de Montesquiou pour une conférence dont le thème sera les écolo-tartuffes.

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    Vendredi 16 Octobre à 19h00, l'Action française Lyon vous invite à une conférence dont le thème sera le nationalisme animée par Clément Lesur.

    Pas d'action sans formation, pas de formation sans action !

    Attention places très limitées, inscription en message privé ou par e-mail !

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    La réunion de rentrée de la section toulousaine d'Action française - Restauration Nationale aura lieu le Samedi 17 Octobre à 11h00.

    Malgré une annonce tardive liée à la situation sanitaire, ce sera l'occasion pour nous de vous présenter notre bilan, nos projets ainsi que de nous réunir autour de différentes discussions menées par nos intervenants ainsi qu'autour d'une conférence de Pierre de Meuse retransmises sur le discord Institut d'Action française (https://discord.gg/t8tqz4Q).

    Plus d'informations par MP ou par mail !

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    L’Action française Annecy (section Haut-Savoyarde) vous invite à sa réunion de rentrée militante le Samedi 17 Octobre à 17h00. 

    A cette occasion, elle présentera ses projets.

    Vous pouvez vous inscrire jusqu'au 11 Octobre par mp ou par mail.

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    Avec la participation de :

    Serge Latouche, économiste, professeur d’université, principal théoricien de la décroissance en France et auteur de Le pari de la décroissance, Fayard, 2010.

    Olivier Rey, philosophe, essayiste, mathématicien, auteur notamment de Leurre et malheur du transhumanisme, Desclée de Brouwer, 2018.

    Patrice Vermeulen, administrateur général des affaires maritimes (2S), a été également directeur régional de l’environnement de Corse et directeur territorial de l’Office national des forêts d’Auvergne-Limousin.

     

    Avec la participation de :

    Serge Latouche, économiste, professeur d’université, principal théoricien de la décroissance en France et auteur de Le pari de la décroissance, Fayard, 2010.

    Olivier Rey, philosophe, essayiste, mathématicien, auteur notamment de Leurre et malheur du transhumanisme, Desclée de Brouwer, 2018.

    Patrice Vermeulen, administrateur général des affaires maritimes (2S), a été également directeur régional de l’environnement de Corse et directeur territorial de l’Office national des forêts d’Auvergne-Limousin.

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    • CERCLE DE FLORE PARIS

     

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    Site Officiel : https://www.actionfrancaise.net/recherche/cercle+de+flore

    Page FBhttps://www.facebook.com/cercle.de.flore/

     

     à 20h,

    10 rue Croix des Petits Champs, 75001 Paris, Metro 1 et 7 : Palais Royal - Musée du Louvre.

    PAF : 5€ (conférence) 10  (conférence + buffet)

     

    Nous aurons l'honneur de recevoir  le Vendredi 16 Octobre prochain à 20h00, nous aurons l'honneur de recevoir François Bousquet pour une conférence dont le thème sera  Biopolitique du coronavirus

    Un buffet suivra la conférence, dans le respect évident des gestes barrières.

    Le Vendredi 16 Octobre à 20h00
    10 rue Croix des Petits Champs, 75001 Paris
    Métro 1 et 7 : Palais Royal - Musée du Louvre
    PAF : 10 € (conférence + buffet)

    https://www.facebook.com/events/767147070525624/

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    • CERCLE DE FLORE LYON

     

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    Page FB : https://www.facebook.com/cercledeflorelyon/

     

     

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    • URBVM

     

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    Site Officiel : https://urbvm.fr/

     

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    • Les Mardis de Politique magazine

     

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    Chaîne Vidéos : https://www.youtube.com/channel/UCYlZgfsklLOeodytYauQONQ

    https://www.youtube.com/user/Politiquemag

     

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    • Le Café Actualité d'Aix-en-Provence

     

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    • Le Café Histoire de Toulon

     

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    Pages FB : https://www.facebook.com/publegraal/

     

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    https://www.facebook.com/profile.php?id=100014739032951

     

  • 200 ans après...

              Comparons les deux cents premières années de la Royauté, et les deux cents (premières) années écoulées depuis la révolution: pour avoir une idée du bilan de l'oeuvre des Rois, prenons Bouvines (1214) comme référence par rapport à 987 (élection d'Hugues Capet, "début réel" de la Royauté), ce qui nous donne une période de 223 ans; et pour avoir une idée de l'oeuvre de la république, partons de 1792 (proclamation de la république/abolition de la Royauté) jusqu'à l'élection de Nicolas Sarkozy (2007), ce qui nous donne une période de 215 ans: comparons donc l'état de la France à la fin de ces deux périodes, sensiblement égales dans le temps, et nous verrons que cela se révélera très instructif...En 987, c'est très simple, la France, au sens où on l'entend aujourd'hui, n'existe pas: Hugues Capet règne sur un territoire exigu (en gros, l'Ile de France; encore doit-il y composer avec des seigneurs puissants et turbulents...); tous ses vassaux sont bien plus riches et plus puissants que lui (Flandres, Normandie, Bourgogne....); c'est d'ailleurs cette faiblesse qui fait sa force, puisque nul ne peut imaginer que ce roitelet de quinzième catégorie puisse représenter le moindre danger pour "l'établissement" féodal...

              Or, 223 ans et 6 Rois plus tard, Philippe Auguste remporte la victoire de Bouvines, c'est la naissance du sentiment national, la France existe bel et bien, elle est forte et puissante -quoiqu'encore très incomplète...- et l'art Roman puis l'art Ogival (ou Français, improprement appelé "gothique"...) la couvrent de ce "blanc manteau d'églises" qui sont l'une des caractéristiques de ses paysages et de son âme profonde; à l'intérieur du Royaume, les Capétiens se sont affranchis de la féodalité, et ils ont crée cet Etat Royal, moderne, qui va leur permettre -à eux, les plus faibles d'hier- de l'emporter sur les féodaux -eux les plus forts-; et, surtout de continuer à creer la France....; certes, la vie est dure pour le petit peuple, "la France d'en bas", mais elle l'est encore plus ailleurs en Europe; la France est en train de devenir "la Douce France"; et l'esclavage est déjà aboli de fait depuis longtemps sous Philippe Auguste (il durait encore, en Russie, au début du XX° siècle!...).

              Donc, à moins d'être d'une absolue mauvaise foi, force est de constater que les 200 premières années de la Royauté sont bénéfiques et positives: pour nous, c'est "la Royauté prouvée par l'Histoire" en quelque sorte! Qu'en est-il pour la République? Là, c'est l'inverse: on part du pays le plus grand, le plus riche, le plus peuplé, le plus puissant; la France est "LA" superpuissance de l'époque; tout le monde parle français, et c'est l'Académie de Berlin qui met au concours, en 1784, la question des "Raisons de l'Universalité de la Langue Française"; on bâtit "à la française" de Saint Petersbourg à Washington, et l'Europe se couvre de "petits Versailles"; l'art et l'esprit français s'étendent partout; un Roi français régne en Espagne et sur plus de la moitié de l'Amérique; où en sommes-nous en 2007, 215 ans après? Une seule phrase nous évitera les longs discours: encore candidat, le président Sarkozy s'écria un jour, durant sa campagne électorale: "Non, la France ce n'est pas fini!"; il n'est pas impossible, d'ailleurs, que ce thème soit l'un de ceux qui l'aient fait élire, car il reparlait aux Français de la France, de ses deux mille ans d'Histoire chrétienne, de son âme; il se rendait au Mont Saint Michel; il exaltait la grandeur, la fierté, la beauté "d'être français"...

              Mais précisément, aussi sympathique et positif soit-il, ce thème est révélateur de l'état dans lequel la république à mis la France, 200 ans à peine après avoir été instaurée: celui ou celle qui, sous Louis XV ou Louis XVI, se serait écrié "Non, la France ce n'est pas fini!", celui-là ou celle-là aurait été immédiatement interné à l'hôpital psychiatrique le plus proche, où l'on se serait empressé de lui passer la camisole de force, et de le bourrer de sédatifs et autres tranquillisants!....Oui, quand loin des discours et des idéologies on regarde froidement et lucidement l'état de la France 200 ans après 1792, lorsqu'on constate ce "grand bond en arrière", cet épouvantable désastre -national et international-, nous affirmons que si la Royauté était déjà "prouvée par l'Histoire" deux cents ans à peine après son instauration, la République, elle, est condamnée par l'Histoire, par les faits, par la simple constatation du réel, deux cents ans après qu'elle ait assassiné Louis XVI, acte fondateur des Totalitarismes modernes....

  • Dans votre quotidien, cette semaine...

    LAFAUTEAROUSSEAU sans inscription.jpg       * Comme chaque lundi, on commencera la semaine avec Louis-Joseph Delanglade et son regard sur l'actualité, qu'elle soit nationale ou internationale : note claire, nette et précise, en quarante lignes, rédigée le dimanche, pour "coller" au maximum à l'actualité, on ne peut donc en annoncer le sujet, mais on sait qu'elle sera là... 

           * Plus que 4 contributions au débat que nous avons ouvert : "POUR UNE REFLEXION DE FOND SUR LE "MARIAGE POUR TOUS".  On lira celle de Danielle Masson, mardi, Paradoxe et mensonges du mariage pour tous, avant les trois dernières : Fabrice de Chanceuil, Michel Maffesoli et Eric Zemmour. 8 contributions sont déjà publiées : - l'article donné par Jean-François Mattéi au Figaro, sous le titre Mariage pour tous et homoparentalité , - l'entretien de Jean Sévillia avec Chantal Delsol , - Thibaud Collin : " Un acte de résistance du pays que l’Elysée doit entendre ", - Hilaire de Crémiers "Manif pour tous ! Et maintenant ?" ; - Sylviane Agacinsky, "Métamorphoses de la différence"; ; - la vidéo du discours choc du député Brunot Nestor Azerot à l'Assemblée; - Daniel GODARD: "Une supercherie linguistique doublée d’un mensonge".  ; - Bertrand Vergely : La question du mariage gay apporte dix remarques... : avec ces douze contributions, l'essentiel aura été dit, sera consultable facilement, d'un simple clic, et fournira ainsi à tous un excellent instrument de réponse aux partisans des "nuées" dangereuses, imposées à la France par un Système qui dénature la Société...

            * La chronique économique de François Reloujac, Un accord historique, vraiment ?, sera consacrée au "dialogue social apaisé" que le gouvernement voudrait voir s'instaurer, afin de réduire le chômage. Il y a, hélas, loin de la coupe aux lèvres !...

           * Mercredi ou Jeudi, vous pourrez visionner la vidéo de notre Café politique de Marseille du samedi 9 mars, cinquième volet de notre Enquête sur la République, mené par Hilaire de Crémiers : L'Europe a l'arrêt, la Crise, la famille menacée, le discrédit des institutions, le déclin civilisationnel ...  : la République en échec ?  Le mois prochain, ce sera Jean-François Mattéi qui, le samedi 6 avril, traitera de L'avènement programmé de la sous culture...

    DAUDET ASSEMBLEE.jpg             * La parution de notre 20ème Album :Maîtres et témoins...(III) : Léon Daudet. se poursuivra vendredi avec 17 photos, "les sièges du mouvement, et portraits des premiers ditigeants..." mention spéciale pour le Café de Flore, d'où s'élevèrent, dit Maurras, "les premières et bien bruyantes rumeurs de notre Action française."; et pour le 42 rue du Bac, où logeait la "revue grise", avant qu'elle ne devienne la "revue bleue", puis "L'Action française" quotidienne; le 3 rue Chaussée d'Antin, jusqu'en 1912, "le premier local habité tout en haut (deux étages) par l'Action française à ses débuts" avec son "antique ascenseur" qui "ne rompit pas une seule fois" malgré les "déambulations perpendiculaires" quotidiennes...; le 17 rue Caumartin, "étroit mais logeable", de 1912 à 1916, d'où partit "toute une génération de Camelots du Roi, formés à la discipline patriotique de Maurras et qui fut fauchée au premier rang.", les étudiants étant au 33 rue Saint André des Arts; puis le 12/14 rue de Rome : "L'Action française était maintenant une puissance avec laquelle la République - et donc sa police politique -  devaient compter. Nous entrions dans la zone vraiment dangereuse...". C'est là que fut assassiné Marius Plateau et que Léon Daudet d'enferma, après l'assassinat de son fils Philippe, dans des locaux devenus une sorte de Fort Chabrol...; enfin, le 1 rue Boccador, "somptueux et commode, où l'on pourrait facilement tenir des réunions de cinq à six cents personnes...". 
            Après les sièges du mouvement, neuf "portraits" de dirigeants : Henri Vaugeois, Léon de Montesquiou (mort en héros à la guerre), Jacques Bainville, Lucien Moreau, Marius Plateau (assassiné rue de Rome par l'anarchiste Germaine Berton, qui avait vainement tenté de tuer, auparavant, Maurras puis Daudet), Robert de Boisfleury, Bernard de Vesins, Louis Dimier et Maurice Pujo...

            

  • Samedi 1er septembre, Martigues, Chemin de Paradis : mieux qu'un ”devoir de mémoire”, un ”bonheur de mémoire”...

    (Pour ceux qui ne connaissent pas la maison du Chemin de Paradis, voici un album de 125 photos, Une visite chez Charles Maurras) 

     

    maurras,martigues,chemin de paradis"Parlement, Mistral et Durance sont les trois fléaux de la Provence" : tous les Provençaux connaissent bien le dicton, et le redoutent, ce satané mistral, ce "vent furieux" contre lequel nul ne peut rien, et dont Maurras lui-même écrit (dans "Les collines battues du vent", dédié "A Jacques Bainville") : "... à voix basse, comme un Ancien, je prie le vent furieux d'épargner, ce soir, ma colline..."

    Ce vent furieux, ce mistral, qui est pourtant, toujours pour Maurras, "la sixième beauté de Martigues..." s'était malheureusement invité depuis la veille, du Rhône jusqu'au Var. Il n'aura, malgré tout, pas gâché la fête, même si on ne l'avait pas invité, et qu'on s'en serait bien passé...

    Voici donc, avant la vidéo et nos commentaires sur l'hommage à Maurras, et les réactions qu'il a suscitées, un rapide mais fidèle compte-rendu de la journée, soigneusement imaginée dans ses moindres détails depuis longtemps déjà : c'est pour cela qu'elle a été si réussie.

            (Illustration : Le "Coup de Mistral", santon créé en 1952 par Paul Fouque).

    Dès le début, il avait été prévu que la journée se déroulerait en deux lieux, et en cinq parties : la première partie à Roquevaire, sur la tombe familiale des Maurras; les quatre autres à Martigues.

    maurras,martigues,chemin de paradis1. A Roquevaire : Tandis que Nicole Maurras était déjà à Martigues, pour accueillir les participants, Dominique Paoli réunissait autour d'elle, dès 9 heures, celles et ceux qui avaient souhaité, et pu, se rendre à Roquevaire, devant le caveau de la famille Maurras.

    Elle était entourée, entre autres (on comprendra que nous ne pourrons citer tout le monde, et on nous en excusera...) d'Hilaire de Crémiers, directeur de Politique magazine et Délégué général de la Restauration nationale, accompagné de son épouse; d'Yves-Henri Allard, de Joël Broquet...

    Il n'y a pas si longtemps, Pierre Navarranne, lors de son passage de témoin à Philippe Lallement, à Toulon, rappelait combien de fois nous nous étions retrouvés, en ce lieu symbolique, n'omettant jamais de réciter le Je vous salue Marie, dont Maurras avait écrit la transcription en provençal :

    Te saludo Mario, plèno de gràci,

    Lou Sègne Mestre es emé tu.

    Benesido siés entre touti li fèmo,

    E benesi lou fru dou ventre tiéu, Jésus.

    Santo Mario,

    Maïre de Diéu,

    Prègo per nàutri, li pecadou,

    Aro, e  dins l'ouro de la mor nostro.

    Ansin siègue.

     

     

    maurras,martigues,chemin de paradis2. A Martigues (I), la Messe : La Messe était prévue à 11h15. Pour honorer sa promesse d'être à Martigues ce 1er septembre, d'y célébrer et d'y prononcer l'homélie - ce qu'il fit - l'Abbé Guillaume de Tanouärn, en Pologne la veille, dut prendre trois avions ! Pas plus que l'homme n'est maître du mistral, il n'est maître des contraintes horaires et des retards...

     

    On attendit donc le célébrant, occasion de se retrouver entre vieux amis et d'accueillir de nouveaux venus, de nouveaux visages : on venait de Paris (Georges Rousseau et son épouse...), de Nice (Gérard de Gubernatis...), de Perpignan, du Languedoc (Henri Bec et son épouse, Pierre Daudé...), d'Aix, de Ventabren, de Marseille... et bien sûr, de Martigues : avec la présence des Anciens (des "Avi", comme les chantait Mistral), on côtoyait ceux qui avaient connu Maurras, pour qui il n'était que "Charles", tout simplement; et ces anciens retrouvaient trois frères, les petits-fils de leur ami et parent Émile, qui fut l'un des neuf fondateurs de la section d'Action française de Martigues : Tradition, transmission...

     

    Enfin l'abbé de Tanouärn  arriva, célébra et prononça son homélie : il y évoqua, entre autres, la grande et belle figure de l'abbé Penon - qui devait devenir évêque - et qui tendit la main au tout jeune Charles, atteint d'une très sévère déficience auditive (voir le bel ouvrage d'Axel Tisserand : Dieu et le roi : Correspondance entre Charles Maurras et l'abbé Penon (1883-1928) - Privat).

     

     

    maurras,martigues,chemin de paradis2. A Martigues (II), le repas de "midi" : "De midi", mais presque à l'heure espagnole !

     

    Heureusement, Martigues n'est pas si grande, et le restaurant est à un jet de pierre de "la cathédrale" (c'est ainsi que les martégaux appellent, volontiers, l'église de l'Île, ou de la Madeleine) : une trentaine de mètres, tout au plus, sur ce magnifique "miroir aux oiseaux", quai Brescon, qui est le quai natal de Charles Maurras. Celui-ci est né dans une maison très étroite, située exactement à l'autre extrémité (ouest) de ce quai, dont vous voyez ici l'extrémité est, et qui s'étire en forme de parenthèse, regardant vers le sud...

     

    La centaine de convives ne put ni manger en terrasse, évidemment (sauf quelques amis arrivés un peu après, comme Danièle et Michel Masson...), ni même prolonger ce bon moment, vu le retard pris par la Messe; il n'empêche : répartis en une douzaine de tables, par groupes de six à douze, dans ce restaurant à plusieurs niveaux à l'intérieur, le temps du déjeuner fut fort chaleureux, et Nicole Maurras, passant de table en table pour s'assurer que tout allait bien, voyait qu'effectivement, "tout allait bien"... 

     

     

    maurras,martigues,chemin de paradis2. A Martigues (III), dans le jardin du Chemin de Paradis : Heureusement, la partie du jardin où était prévue l'évocation forme un espace relativement protégé : la sono a pu ainsi "tenir", malgré le "vent furieux", et les paroles être entendues, et enregistrées.

    C'est un Jacques Trémolet de Villers lyrique et chaleureux qui prit la parole en premier : venu en voisin de sa chère Corse, il enchanta l'auditoire en présentant avant tout et surtout, et d'abord, Maurras poète, car Maurras était poète, et il était poète parce qu'il aimait, comme le dit également Thibon dans l'extrait magistral que donne de lui le récent Cahier de l'Herne...

    On ne s'étendra pas ici sur les interventions, puisque vous les écouterez dans la vidéo qui vient; et vous pourrez même lire la deuxième d'entre elles, celle de Jean-François Mattéi : lui qui, d'habitude, improvise, s'en est tenu, cette fois-ci, à ses notes; et, comme il nous l'avait promis samedi, il vient de nous envoyer le scripte de sa magistrale réflexion, dans la quelle il rebondissait sur les propos de Jacques Trémolet de Villers et se livrait également à une fine analyse des neuf contes du livre de Maurras Le Chemin de paradis.

    A la suite de Jean-François Mattéi, Jean-Baptiste Donnier se montra, une fois de plus, clair et rigoureux, comme il nous y a habitués à chacun des Cafés politiques où il est intervenu.

    Enfin, il appartenait à Hilaire de Crémiers de conclure, en revenant lui aussi sur ces neuf contes du Chemin de Paradis, dont on sait qu'il en propose une analyse très fine et très érudite (analyse que nous relayons dans l'une de nos Pages).

     

     

    maurras,martigues,chemin de paradis2. A Martigues (IV), à la Villa Khariessa : où règne le souvenir de Maurice Pommé, fervent admirateur et disciple fidèle de Maurras.

    Les meilleures choses ont une fin. En l'occurrence, le mot "hélas" est - hélas - le seul qui convienne ! Il a bien fallu finir par se résoudre à quitter ce jardin presqu'enchanté, ces intervenants enchanteurs.

    La dernière séquence avait été programmée Villa Khariessa, et permit à tous de se retrouver une dernière fois - pour cette fois... - de partager encore quelques instants d'amitié, de sympathie, de bonheur simple, dû à la réussite de cette journée que l'on venait de vivre. 

    On était tout au bord de l'Etang de Berre, à un jet de pierre de ces "deux frères" qu'évoque Maurras dans son magnifique poème Où suis-je ? : "..de la conque de Fos aux Frères de La Mède / Laissez-moi chanter : Je suis vous !"

     

    C'est d'ailleurs "en poésie", et par ce poème, Où suis-je ?, puisque l'on a tant parlé de Maurras poète, que nous finirons notre récit de cette magnifique journée. On mesurera encore mieux la beauté de ce poème lorsqu'on y verra la force d'âme de l'homme : Maurras écrit ce poème en 1945, après avoir été injustement condamné; il sait qu'il ne reverra plus jamais "son" Martigues, sa maison, son jardin... Mais il écrit : 

    Ce petit coin me rit de toutes de les lumières
    De son magnifique soleil ;
    Ô mon Île natale, ô jardin de Ferrières,
    Qui fleurira sur mon sommeil,

    C’est peu de vous crier que mon cœur vous possède,
    Mon Martigues plus beau que tout,
    De la conque de Fos aux Frères de la Mède,
    Laissez-moi chanter : Je suis Vous !

    Mes cinq arpents de fruits, de fleurs, d’herbes arides,
    De pins dorés, de cyprès noirs,
    Et ma vieille maison que nul âge ne ride,
    Est-il besoin de vous revoir ?

    Que l’agave, métèque aux écorces barbares,
    Dise à sa fleur qui le tuera
    D’arborer notre deuil tant qu’une grille avare
    De ses barreaux nous couvrira !

    Mais vous, mes oliviers, vous, mon myrte fidèle,
    Vous, mes roses, n’en faites rien ;
    Je n’ai jamais quitté nos terres maternelles,
    Frères, Sœurs, vous le savez bien !

    Vous vous le murmurez au secret de vos branches,
    Nous sommes nés

  • 16 Décembre 1914 ... Le vieillard Clemenceau

    clem.jpgLe gouvernement est rentré à Paris sans tambours ni trompettes. On sait que le Conseil des ministres se tient de nouveau à l'Elysée, mais le Président est invisible. La Chambre se réunit le 22. La question est de savoir s'il y aura interpellations, discours, effets de tribune, ou si, comme au Reichstag, on se contentera de voter les crédits demandés par le gouvernement. Il y a environ cent vingt députés mobilisés sur six cents. Ceux-là ont reçu un congé, mais il leur est interdit de siéger en uniforme pour ne pas éclipser leurs collègues civils. C'est tristement mesquin...

    En dépit de la trêve et de l' « union sacrée », la politique de parti ne chôme pas. Le vieillard Clemenceau essaie d'une intrigue contre Millerand. Clemenceau - qui a le type physique du mongol destructeur et l'esprit nihiliste - serait enchanté de retrouver comme jadis, lorsqu'il était tombeur patenté des ministères, le concours des conservateurs pour causer un peu de ce gâchis où il se plaît. Maurras écrit ce matin à son sujet un article d'une grande force :

    « M. Clemenceau continue sa campagne contre le ministre de la Guerre; démasquée depuis dimanche, elle revêt ce ton de rancune personnelle qui donne quelquefois un petit intérêt aux propos du sénateur du Var. Son article d'hier, composé dans un charabia intolérable, découvre çà et là quelques phrases presque lisibles aux endroits où il est question d'attraper "celui qui commande à tout le monde", et "l'homme investi" de "pouvoirs extraordinaires", qui paraît vouloir oser se dérober à ses observations et à ses conseils incohérents. Critiquant le service de santé, les postes, l'habillement et rencontrant sans doute, de temps à autre, une vérité comme on peut rencontrer une aiguille dans une botte de foin, M. Clemenceau demande par deux fois qu'on l'en remercie, qu'on ne soit pas ingrat et par dessus tout qu'on lui reconnaisse "le droit de hausser son ambition à signaler à l'impuissance des tout puissants la nécessité des réformes dont les détourne une bien fâcheuse politique de la volonté". Ce pathos signifie qu'au bidet qu'il juge perclus, M. Clemenceau rêve ardemment de substituer son roussin ataxique. Conseillons-lui de repasser à un autre moment. Le pays n'a pas le loisir de renverser des ministres comme entre 1880-1892 ni de se payer une crise d'Etat comme entre 1897 et 1899.

    On considère tout d'abord qu'en thèse générale un changement à la tête des administrations de la guerre ne vaudrait rien. On constate ensuite que le titulaire actuel est estimé de beaucoup de gens compétents.

    On se rend compte, en dernier lieu, que son adversaire n'est pas un être sans valeur, car il représente au contraire une haute valeur négative, un pouvoir de division, de décomposition et de ruines tout à fait hors de pair. Sa longue carrière politique est d'un radical opposant qui, ayant tout réduit en miettes, se trouva un beau jour prié de reconstruire et de recoller; son ministère de trois ans fut une honte. Quelques unes des principales mesures qui ont affaibli notre armée datent de son passage aux affaires. Si nous avons moins d'officiers et moins de soldats, si nos soldats sont moins exercés, si nos canons se sont trouvés moins nombreux, nos munitions moins abondantes, le ministère de 1906-1909 en est largement responsable. Les années qui suivirent continuèrent à montrer M. Clemenceau sous un aspect d'agitateur et d'agité sans boussole. Son attitude était devenue si scandaleuse dans la période critique de la fin août que tous les esprits indépendants se joignirent à nous pour demander que cet embusqué politique fût sommé de choisir entre le Conseil de guerre et le Conseil des ministres. Mais il serait trop tard aujourd'hui pour ce dernier poste. Ses incartades lui ont enlevé toute autorité de gouvernement. Il devrait être mis une bonne fois en demeure ou de se taire, ou d'avoir à répondre de ses infractions aux lois qu'il a faites. Quand dix départements sont occupés par l'ennemi, il est inadmissible que l'ordre public, condition de la défense nationale, puisse être à la merci de l'humeur d'un particulier moins qualifié que tout autre pour troubler la tâche héroïque de nos armées ou le patient travail de nos administrations militaires*.»

    Voilà la haute conception de la politique nationale qu'a toujours eue et que nous a apprise Maurras. La ligne où l'Action française s'est trouvée naturellement placée pendant la guerre aura prouvé que ce n'était pas par un vain mot que vous diriez n'être d'aucun parti, sinon du parti de la France. 

    Guillaume II est sérieusement malade. La Woche, un grand journal illustré allemand, a donné une photographie du Kaiser qui en dit long sur son état physique et moral. L'Empereur a vieilli de dix ans depuis la guerre. Le Dr Lesage m'apprend que le médecin qui a été appelé au palais royal de Berlin est un spécialiste du cancer. Guillaume II a-t-il la même maladie que son père, ou bien, en grand névropathe qu'il est, craint-il de l'avoir ?... Il est difficile de calculer en ce moment l'influence que la mort de l'Empereur pourrait avoir en Allemagne et sur la guerre. 

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    * L'évolution du jugement de Maurras sur Clemenceau a été bien décrite par Pierre Boutang, Maurras, la destinée et l'oeuvre, Plon, 1984, pages 442-448, qui distingue quatre jugements successifs : 1898 - 1907 - 1917/18 - 1919/21.

  • Archipelisation ou libanisation ?, par Philippe Germain.

    La technocrature, maladie sénile de la démocratie  : (18/20)

    La combinatoire apocalyptique

    Il faut à la France une alternative aux trois hypothèses d’assujettissement aux partis de l’étranger soutenu par les clans des Yes, des Da et des Hajal. L’alternative devra être française, en un mot  : souveraine.

    philippe germain.jpgUne alternative et non pas une quatrième hypothèse prospective car, comme pour les pôles idéologiques, il est probable qu’aucun des clans ne l’emportera sur les deux autres. Il faut donc nous attendre à ce que les trois hypothèses se combinent dans une proportion encore impossible à définir. C’est l’alternative à cette combinatoire qui est indispensable à la France. Cette combinatoire sera apocalyptique car «  sur le territoire de la France une société nouvelle s’organisera, qui ne sera plus française, même si elle se souvient vaguement d’en avoir reçu l’héritage 1 ».

    En revanche, « Ne désespérons tout de même pas.  » conseillait le romancier royaliste Jean Raspail dans le Figaro du 17 juin 2004. En cela il rejoignait le maurrassien « Tout désespoir en politique est une sottise absolue  ». Il y présentait sa vision de l’avenir français : « Assurément, il subsistera ce qu’on appelle en ethnologie des isolats, de puissantes minorités, peut-être une quinzaine de millions de Français et pas nécessairement tous de race blanche qui parleront encore notre langue dans son intégrité à peu près sauvée et s’obstineront à rester imprégnés de notre culture et de notre histoire telles qu’elles nous ont été transmises de génération en génération. »

    Célèbre pour sa stupéfiante prophétie romancée du Camp des Saints de 1973, Raspail annonçait aux lecteurs du Figaro, une future «  communauté de la pérennité française  » s’appuyant «  sur ses familles, sa natalité, son endogamie de survie, ses écoles, ses réseaux parallèles de solidarité, peut-être même ses zones géographiques, ses portions de territoire, ses quartiers, voire ses places de sûreté et, pourquoi pas, sa foi chrétienne, et catholique avec un peu de chance si ce ciment-là tient encore  ». La communauté de la pérennité française de Raspail, cohabiterait avec une communauté musulmane démographiquement expansioniste et avec une communauté déclinante des français de souche acceptant le nouveau moule « citoyen » de 2050.

    Fini le romantisme du camp des saints tirant ses dernières cartouches. Jean Raspail rejoignait la combinatoire apocalyptique de Pierre Debray, envisageant comme son maitre Maurras, la démocratie fermant l’histoire de France.

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    Grand remplacement  ? Libanisation  ?

    Anticipant les contestations, Raspail prenait soin de justifier sa vision en citant le discours de Laurent Fabius au congrès socialiste de Dijon, le 17 mai 2003 : « Quand la Marianne de nos mairies prendra le beau visage d’une jeune Française issue de l’immigration, ce jour-là la France aura franchi un pas en faisant vivre pleinement les valeurs de la République… » L’ancien premier ministre socialiste allait très loin. Rêvait-il àlors à un grand remplacement du type de celui opéré par les colons anglais du Canada éliminant les «  nations premières  »  ? Etait-il alors acquis à la thèse du grand mouvement démographique annoncé en 1974 par le président Boumediene  : « Aucun nombre de bombes atomiques ne pourra endiguer le raz de marée constitué par les millions d’êtres humains qui partiront un jour de la partie méridionale et pauvre du monde, pour faire irruption dans les espaces relativement ouverts du riche hémisphère septentrional, en quête de survie. »  ? Pour sa part, l’Action française se refuse à minimiser la question dune «  une immigration de masse pouvant se trouver à l’origine d’une substitution de population2  ». Elle ne craint pas d’utiliser l’expression «  immigration-invasion  » là ou Pierre Debray utilisait le terme «   d’invasion barbares  ». En revanche la combinatoire faisant cohabiter les trois hypothèses d’américanisation, de pouvoir blanc et de soumission lui semble s’apparenter à autre chose qu’au scénario du Grand remplacement présenté par Renaud Camus en 2010.

    L’Action française ne se satisfait pas plus de la notion de «  libanisation  » de la France, suivant l’expression introduite dans le vocabulaire politique, trente ans auparavant par Jean-Marie Le Pen. Là aussi, même si on peut imaginer que l’état-major de l’Armée de Terre travaille sur ce scénario prospectif, l’Action française n’envisage pas une guerre inter-religieuses comme se fut le cas au Liban à partir de 1976. En revanche, de la notion de «  libanisation  », l’Action française retient bien la «  partition  » géographique de territoires entre différentes populations. La République n’a-t-elle pas déjà perdue certains territoires  ? La partition entre les territoires des métropoles urbaines et ceux de la France périphérique n’est-elle pas admise par tous, depuis les très sérieux travaux du géographe Christophe Guilly dans son ouvrage novateur Fractures françaises ? Mieux, la partition de notre nation, envisagée par l’Action française n’est-elle pas confortée par les travaux du sociologue de Jérôme Fourquet sur L’archipel français  ?

    De l’archipellisation à la partition

    La France se trouve-t-elle déjà confronté à un séparatisme comme l’a affirmé le Président de la République le 18 février 2020  ? Le séparatisme, précise le dictionnaire Larousse est l’Attitude, tendance à sortir d’un ensemble national et à former une entité politique distincte de l’État d’origine.

    Ce qui est certain c’est que la notion de partition semble se trouver confortée par les travaux détaillés et nuancés de Jérôme Fourquet. A partir d’un ensemble d’études d’opinions illustrées par une série de cartes, il montre comment la nation française, jadis structurée par la tradition chrétienne et « l’Église rouge » communiste, est aujourd’hui multiethnique et de facto multiculturelle dans ce qu’il nomme une «  archipelisation  » par des poches de populations, avec leur habitus, leur culture et leur comportement électoral.

    Fourquet se veut rassurant dans la mesure ou dans un archipel, toute île possède une autonomie mais maintient ses capacités d’échanges avec les îles environnantes.

    La dynamique d’archipelisation signifierait donc que la société n’est pas totalement communautarisée et donc pas encore en voie de partition. C’est-à-dire que son territoire ne serait pas encore divisé en plusieurs régions dotées de régimes politiques différents. C’est ce que nous allons devoir vérifier pour bâtir une alternative politique adaptée aux besoins de la France.

    Germain Philippe ( à suivre)

    1 Pierre Debray, Une politique pour le XXI° siècle – Une action française au service de l’avenir, Editions de Flore, 2019, p.203.
    2 François Marcilhac et François Bel-Ker, Immigration  : esclavage moderne, Editions de Flore, juin 2019, p.4.

  • L'aventure France en feuilleton : Aujourd'hui (197), ”De Strasbourg à Cologne...” : II (b), Rhénanie...

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    (suite et fin du document précédent).

    De Jacques Bainville, deux articles parus dans L'Action française, et regroupés dans l'ouvrage "L'Allemagne", Préface de Albert Rivaud, Plon, 1945.

    1. Séparatistes.

    Quand la nouvelle est venue qu'une heure après l'évacuation de Mayence les "séparatistes" étaient assassinés dans les rues, nous avons demandé : "Il y en avait donc ?"

    Cette question n'était pas aussi absurde qu'elle pourrait en avoir l'air, puisque leur existence avait été niée par les Prussiens d'abord et, à leur suite, par tous ceux qui, en France, regardaient et voulaient regarder comme indéfectible et comme intangible l'unité allemande proclamée à Versailles le 18 janvier 1871, anniversaire du jour où le premier roi de Prusse avait été couronné à Koenigsberg.
    C'est maintenant de l'histoire rétrospective. Il se passera sans doute de longues années avant que reviennent des circonstances aussi favorables à une autre libération de la Rhénanie que celle du 30 juin. Mais on aurait le droit de répéter ici le mot fameux. Quels auraient été les complices de l'autonomie rhénane ? "Tout le monde, répondraient Dorten ou les autres qui ont tenu bon (ceux qui n'ont pas été assassinés), tout le monde, si j'avais réussi."
    Pour réussir, il a manqué, du côté de la France et des alliés, l'appui des uns, l'intelligence des autres. Car c'est un fait que depuis l'armistice et jusqu'en 1923 l'autonomisme avait trouvé en Rhénanie des dispositions et des disponibilités qui dépassaient toutes les espérances.
    La Berliner Tribune, petit journal indépendant, bizarre bocca della verita qui paraît sur les bords de la Sprée, demande crûment : "Qui étaient les séparatistes ?" Il rappelle ce que l'on savait tout de même un peu. Il apprend ce qu'on ne savait pas.
    Le 1er février 1919, une assemblée de députés et de maires des pays rhénans, réunie à Cologne, nommait un comité pour la proclamation d'une République allemande occidentale. En faisaient parti le bourgmestre de Cologne, Adenauer, et huit députés, parmi lesquels Kaas, Trimborn, Sollmann, dont la Berliner Tribune souligne les noms parce que ce sont des noms particulièrement connus dans la politique allemande. Suivait, le 11 mars, la déclaration de Dorten signée par de nombreuses personnalités.
    Si le séparatisme était une trahison, alors que de traîtres ! écrit ironiquement l'audacieuse feuille de Berlin. Parmi eux, il y a eu de tout, non seulement des catholiques, mais des démocrates (le professeur Eckert), des socialistes (le député au Reichstag Meerfeld). La liste est longue. On y voit toute la notitia dignitatum de la hiérarchie allemande, le Staatsekretoer, ausser Dienst, l'Oberburgmeister, le Studienrat, le Landgerichtsrat, etc... Il ne manque même pas le Polizei-proesident, qui s'appelait Zoergiebel.
    Mais parmi toutes ces étoiles brillait un astre destiné à devenir de première grandeur. Pour la fin, pour la bonne bouche, après avoir dénombré, selon le rite homérique, les héros de l'autonomie rhénane, la Berliner Tribune a gardé celui qui était hier encore ministre des Finances et qui a signé les accords de La Haye, le professor doktor Moldenhauer.
    Après ce coup envoyé à l'impopulaire auteur de "l'impôt de sacrifice", la Berliner Tribune tire l'échelle. Nous aussi.


    L'Action française, 12 juillet 1930.



    2. Au pays rhénan.

    Pendant un voyage trop rapide sur la rive gauche du Rhin, nous avons lu le discours de Maurice Barrès à la Chambre. Comme la force et la vérité, sur les lieux mêmes, en étaient sentis ! Voilà le véritable point de vue français, doctrinal et réel, historique et pratique. De grandes possibilités, pour nous, pour l'Europe, pour les allemands eux-mêmes, sont ouvertes là-bas. Si elles doivent être perdues, le mauvais passé reviendra. C'est la guerre qui s'éternise.
    Du haut du grand Feldberg, près de la limite où finit la zone occupée, on découvre deux pays. D'une part, cette vallée rhénane où nos soldats sont répandus, faisant bon ménage avec le paysan. De l'autre, Francfort qui ne sait si elle doit désirer l'occupation ou la craindre. Au-delà toute cette Allemagne en gestation d'on ne sait quoi d'inconnu ou de déjà trop connu. Au Feldberg, se trouve le rocher où, selon Wagner et la légende, Brunehilde a dormi son sommeil enchanté. Brunehilde, c'est l'Allemagne vaincue. Au terme de l'occupation, si nous n'y prenons garde, un Siegfried prussien viendra la réveiller.
    Cette dualité, on la touche du doigt dans les villes du Rhin. Il y a une Rhénanie où cheminent les idées d'indépendance, où l'occasion paraît bonne de renvoyer le Prussien chez lui. Mais dans ce pays rhénan, le Prussien reste encore. Il est fonctionnaire, négociant, maître d'école. Il surveille et il terrorise l'habitant, et lui aussi, pour le compte du gouvernement de Berlin, poursuit un travail sourd. Le laisserons-nous agir ? Déjà, il murmure à l'oreille de ses sujets rhénans que l'occupation ne sera pas éternelle, que les Français s'en iront et qu'alors les "traîtres" pourront trembler.
    Ces "traîtres", ils ont déjà reçu un nom, et un nom éloquent, dans la presse berlinoise. Ce sont les Franzoeslinge, les "fransquillons", ceux qui réservent bon accueil aux français parce que les moeurs françaises , les idées françaises leur sont plus sympathiques que la rudesse de Berlin. Il y a un esprit rhénan qui se ranime, qui ne demande qu'à se manifester librement. Ce pays a été annexé à la Prusse, il y a un siècle, sans droit, sans raison, sinon que sa richesse tentait les gens du domaine sablonneux qui commence au-delà de l'Elbe. Exploités, pressurés, vexés dans leurs sentiments, les Rhénans s'étonnent d'une chose : c'est que les Alliés ne comprennent pas leur position par rapport à la Prusse, c'est que le fameux droit des peuples à disposer d'eux-mêmes leur soit refusé et qu'il le leur soit surtout avec une brutalité particulière dans la zone occupée par les Américains, représentants du Décalogue de M. Wilson.
    "Je suis loin de méconnaître que la mauvaise humeur des provinces occidentales contre la Prusse repose sur des faits," écrivait récemment dans le Vorwoerts un ami d'Ebert, de Müller et de Scheidemann. Ce que les dirigeants du Reich ne méconnaissent pas, c'est-à-dire l'existence d'un problème linksrheinisch, d'un problème de la rive gauche du Rhin, les Alliés ont l'air de l'ignorer prodigieusement. Les dirigeants du Reich, dès l'heure de la défaite, s'étaient attendus à deux choses. D'abord, qu'un vent d'indépendance soufflerait sur le Rhin, parmi ces "Prussiens forcés", qui, à l'exemple de leur Henri Heine, aspireraient à devenir des "Prussiens libérés". Ensuite, que la Prusse serait appelée à rendre gorge, à restituer ce qu'elle avait pris au cours des siècles par la violence et contre le voeu des habitants.
    Le souffle libérateur s'est bien levé sur le Rhin. Pourquoi les Alliés ne laissent-ils pas ce mouvement, légitime à tous les points de vue, s'étendre comme il lui plaît ? Quelques hommes hardis et lettrés de cette élite qui, dans tous les pays, est à la tête des réveils nationaux ou régionalistes, ont entrepris d'animer chez leurs concitoyens le sens renaissant de la patrie rhénane. A leur mode, avec leurs moyens, ils font ce qu'ont fait tour à tour Irlandais et Tchèques, Polonais et Catalans. Si le docteur Dorten et ses amis continuent à se heurter au mauvais vouloir et à l'inintelligence des Alliés, s'ils ne réussissent pas à affranchir leur pays du joug prussien, à organiser le plébiscite qu'ils demandent, savez-vous ce qui se passera ? Ils se décourageront. Ils quitteront leur pays où, après le départ de nos troupes et le retour des Prussiens, ils seraient condamnés pour haute trahison, bien qu'ils demandent simplement et sincèrement, selon la tradition et l'histoire, la formation d'une Allemagne fédérale et déprussianisée. Après eux, l'espérance rhénane retombera.
    En 1866, le Hessois Dalwigk et le Bavarois Pfordten sollicitaient l'appui de la France contre la Prusse. Napoléon III traita leurs ouvertures d' "excitations" et Bismarck put annexer à son aise. Aujourd'hui, le Nassovien Dorten est mis en prison par les Américains. Les fédéralistes allemands sont abandonnés par les orateurs officiels de la Chambre française. Napoléon III règne toujours.
    On peut se représenter, dans ces conditions, l'effet que le discours de M. Tardieu aura produit en Allemagne. Il ne sera pas perdu pour les Prussiens.
    -Quoi, diront les Rhénans, l'unité allemande, réalisée par le fer et par le feu, est sacrée ? Alors, la paix sanctionne les annexions, l'oeuvre de la force, puisque, nous et les Hanovriens, nous avons été conquis, puisque Bavarois, Wurtembergeois, Saxons ont été battus par les armes avant de s'unir à la Prusse. Il ne nous reste donc qu'à honorer les statues de Bismarck et de Guillaume 1er"
    Et les Prussiens, de leur côté, affirmeront avec plus d'énergie ce qu'ils répétaient déjà :
    - Vous voyez bien que nous sommes les maîtres légitimes, reconnus, consacrés par la Conférence de Paris. La France elle-même le proclame. Et vous comprenez bien que si les Français n'osent rien faire pour les provinces rhénanes, s'ils les abandonnent à la Prusse, c'est qu'ils ne sont pas vainqueurs."
    Ce propos est textuel. Il circule, comme un mot d'ordre, chez les fonctionnaires prussiens trop nombreux qui demeurent en pays occupé. Leur propagande même, leur activité sournoise, leur utilisation de tout ce qu'on décide et de tout ce qu'on prononce de fâcheux à Paris : ce sont les signes de leur inquiétude. Car ils savent que, dans les pays rhénans, la Prusse est prise entre deux feux, le catholicisme d'une part et le socialisme de l'autre. Tient-on à rassurer la domination prussienne et à lui donner des arguments et des armes ?
    Il faut dire à la France : attention. Nous sommes en train de passer à côté d'une occasion unique. Si l'Allemagne ne se fédéralise pas par sa région occidentale, elle restera subjuguée par sa mauvaise partie, sa partie orientale et prussienne. Alors, qu'y aura-t-il de changé en Europe ? Qu'y aura-t-il d'amélioré ? Le jour où j'ai quitté Mayence, on parlait d'un coup des indépendants à Ludwigshafen. On apprenait aussi qu'un wagon rempli de fusées d'obus, soigneusement dissimulées, venait d'être découvert par nos inspecteurs dans une gare, prêt à partir pour une usine de guerre de l'autre côté du Rhin. Rhénanie nettoyée de la Prusse ou guerre éternelle. Nous avons le choix.


    L'Action française, 4 septembre 1919.

     

    Pour retrouver l'intégralité du feuilleton, cliquez sur le lien suivant : L'aventure France racontée par les Cartes...

     

    lafautearousseau

  • Carte blanche à Jaco.....

            Comme Antiquus, DC, Thulé et bien d'autres (savez-vous que le nombre des commentateurs s'élève à plusieurs centaines, sur lafautearousseau ?...), Jaco nous fait l'amitié de poster, assez régulièrement, ses points de vue sur tel ou tel sujet et, plus particulièrement, sur tel ou tel commentaire, ce qui nous vaut des joutes intéressantes et toujours positives. 

            Le mardi 3 mai dernier, nous avons publié une note inspirée à la fois par le mariage princier d'Angleterre et par l'émission d'une heure sur France inter, du dimanche 1er mai consacré à la Monarchie (Une Royauté, oui, mais pour quoi faire ? Ou : à pays divers, Royautés diverses....).

            Jaco a donc envoyé ses réflexions et celles-ci nous ont paru devoir être publiées, aussi, sous forme de note. C'est ce que nous faisons.

            Carrément. 

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    La note ci-dessus évoque, au fond, deux questions en partie distinctes : le mariage anglais et une énième réflexion sur ce que devrait être et à quoi pourrait servir une royauté en France.

    Sur le premier point, il me semble assez clair que les Français en général et les royalistes en particulier ne font pas l'effort de considérer l'Angleterre pour ce qu’elle est, c'est-à-dire selon sa nature propre. Ils la jugent à travers le prisme français. Cela me paraît une erreur. Ainsi, pour un Français, y compris certains royalistes, le mariage du prince William n’a été que « strass et paillettes ». Pour la grande majorité du peuple britannique, y compris ceux du Commonwealth, ce mariage s’est, au contraire, déroulé selon les rites séculaires de la tradition anglaise, dont, ainsi, il manifeste la pérennité et affirme sa foi dans l’avenir, ce qui est le propre d’un mariage. La monarchie en est le symbole, et, probablement, bien plus que cela, qui est déjà beaucoup. Les royalistes français qui ont dénigré ce mariage se sont, à mon sens, trompés. C’est pourquoi, je suis davantage d’accord avec ce qu’en ont dit lafautearousseau ou Jean-Philippe Chauvin, ou, encore, Action française Provence, que ce qu’en ont dit, avec un rien d’aigreur, les Manants du Roi.

    La monarchie anglaise (ou espagnole, ou autre) peut-elle servir de modèle à ce que pourrait être une royauté en France ? Evidemment non. Non pas en raison de l’un de ces jugements de valeur dont Français et royalistes sont si volontiers coutumiers, mais tout simplement parce qu’elle est anglaise. Parce qu’elle est l’élément supérieur d’un ensemble d’institutions typiquement britanniques qui, bien évidemment, n’ont pas d’équivalent français. Elles ont un équilibre qui leur est propre et la question de leur exportation, en France ou ailleurs, ne se pose même pas. Alors, pourquoi le fait-on ?

    Lafautearousseau soulève, enfin, la question des rapports entre le politique et la société civile, dont on connaît le triste état actuel. (Je veux dire : le triste état des deux). Maurras a d’abord cru pouvoir reconstruire la société française « par le bas ». C’est le sens du « régionalisme » ou, plutôt, du fédéralisme de son premier engagement, dans un esprit très mistralien que Mistral n’a jamais désavoué. Mais, dit-il, quelque part, « ce fut l’illusion de notre jeunesse, car on ne construit pas sous un bombardement ». Maurras voulut, alors, refaire un Etat qui ne soit pas destructeur mais, au contraire, par son « action politique préalable » créateur de l’ordre social. C’est le sens, si souvent incompris, du « politique d’abord » qui n’était, pour Maurras, qu’une nécessité « préalable ». Je pense, pour ma part, que nous devons tenir compte, aujourd’hui, des évolutions que nos sociétés française et européenne ont connues depuis l’époque de la première Action française, où, en effet, la restauration de l’Etat aurait probablement suffi à la revitalisation de la société civile, encore à peu près en ordre. De sorte que, comme dit Boutang, aujourd’hui, « le Prince ne suffirait pas ». Le Politique ne suffirait pas. Je ne donne qu’un exemple, mais il est, à mon sens, essentiel, car il touche au fondement même de toute société : En 1914, il y a, en France, 5% de divorces ; il y en a 10% en 1970 ; et plus de 50%, en 2011 ! C’est pourquoi, je crois que le politique, s’il peut être, naturellement, un facteur essentiel de reconstruction sociale, n’y suffira plus. Et c’est aussi pourquoi Boutang appelle, comme, je crois, nous devrions le faire, à une metanoia (intellectuelle, morale, spirituelle et politique) de l’ensemble de la société française, notamment dans ses élites.

  • Feuilleton : ”Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu”... : Léon Daudet ! (83)

     

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     (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

    Aujourd'hui : Ils "étaient", ils "faisaient" l'Action française"...

    Portraits (I) : Henri Vaugeois (1)...

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    ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

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    De Paris Vécu, 2ème Série, Rive gauche, pages 236/237/238 :

    "...Boulevard Edgar Quinet habita, pendant plusieurs années, notre bien cher ami Henri Vaugeois, fondateur de l'Action Française.
    De là, il passa au Boulevard du Montparnasse, et, du Boulevard du Montparnasse, à l'avenue de l'Observatoire.
    Aussi sa silhouette, son rire, sa voix, son enthousiasme sont-ils liés pour moi à ce coin de Paris, auquel il était profondément attaché.
    Il joignait à une âme de feu, à un coeur débordant, un esprit d'une merveilleuse logique, et il entraînait et convainquait les individus comme les foules.
    Ses yeux, expressifs et dorés, rappelaient, disait ma femme, ceux des abeilles et, comme les abeilles, il extrayait, de tous les aspects de la vie, un miel délicieux.
    La passion de la France l'animait et aussi celle de notre Prince en exil, du duc Philippe, comme il disait.
    La pensée qu'une telle force, et venue du fond des âges, était perdue pour la Patrie plongeait Vaugeois dans une indignation telle qu'en l'exprimant il devenait cornélien.
    Il avait, quelques années auparavant, fondé la Patrie Française, en compagnie de Dausset et de Syveton; puis Maurras l'avait converti au Roi.
    Sa mort, et celle de Léon de Montesquiou, ont été deux pertes irréparables, non seulement pour notre Cause, mais pour le pays.
    J'ai vu de mes yeux, dans des réunions que nous donnions, un peu partout, à Paris et en France, avant la guerre, des auditoires, hostiles, ou indifférents, au début, retournés et emballés par "frère loup", comme nous l'appelions.
    Il pouvait opérer, dans les milieux ouvriers notamment, des conversions fulgurantes, immédiates.
    À Grenoble il parla, pendant deux heures et demie, devant une assistance composée surtout d'électriciens, d'abord gouailleuse et outrageante, peu à peu attentive et domptée. Lemaître n'en revenait pas. À la sortie, plusieurs de nos adversaires révolutionnaires vinrent serrer la main de Vaugeois : "Vous êtes un homme, m'sieur Vaugeois."
    Oui, c'était un être viril, d'une rare énergie, mais qui savait avoir, avec cela, des délicatesses de femme.
    Vaugeois aimait, comme moi, les aspects des fortifications, des remparts de terre "murant Paris", aujourd'hui disparus ou en train de disparaître, qu'a si bien rendu le peintre J-F Raffaelli, prédécesseur d'Utrillo, et supérieur à lui, je pense, pour l'expression, désolée mais colorée, des paysages de banlieue.
    Souvent, pendant la belle saison, ou en automne, j'allais prendre Vaugeois, 141, boulevard du Montparnasse, ou au petit restaurant d'en face, et nous partions à pied, par la rue Lecourbe, à laquelle il trouvait de surprenantes beautés, bien qu'elle me parût en vérité assez banale.
    Nous arrivions ainsi à la ligne des boulevards extérieurs, Victor, Lefèvre, Brune, et à nos chères fortifs.
    Cette promenade avait un tout autre caractère, selon qu'on la faisait en semaine ou le dimanche..."

  • Quand Jean Raspail répond aux questions de François Davin et Pierre Builly...

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    Jean Raspail répond aux questions de François Davin et Pierre Builly   

     

    Nous l'avons connu d'abord par ses livres. Aux Baux 76, nous l'avons entendu nous dire sa confiance dans une certaine remise en cause des conformismes intellectuels régnants. Et son espérance rejoignait la nôtre sans qu'il fût besoin que Jean Raspail appartînt à l'Action Française : ce discours figure dans Boulevard Raspail, son dernier livre. 

    On appréciera le tour très libre, très peu formel, de l'entretien qu'il a accordé à François Davin et Pierre Builly. 

    Si Jean Raspail laisse des questions sans réponse c'est que notre famille d'esprit n'a que peu de goût pour les idéologies et les systèmes. Sur les réalités à défendre, l'accord ne va-t-il pas de soi ?

     

     

     : une de vos anciennes chroniques du Figaro m'a particulièrement marqué. Elle date d'environ deux ans, s'intitulait « les signes noirs » et me paraissait assez bien refléter ce que vous pensez, ce que vous dites, ce que vous avez mis dans le « Camp des Saints » ce que vous avez exprimé dans la « Hache des Steppes » et dans le « Jeu du Roi ». Au-delà de la péripétie électoraliste, au-delà du jeu des forces politiques proprement dites, ce que nous pourrions appeler le pays légal, il y a un danger, un risque de déliquescence pour la société française dans toutes ses composantes qui étaient jusque-là restées organisées : par exemple l'éducation, la justice, l'armée, etc. ...

     

    Jean Raspail : Si ma mémoire est bonne, j'ai écrit à ce moment-là, et je le crois toujours, que peu à peu des hiérarchies parallèles se sont établies au sein de toutes les organisations sociales : l'armée, l'enseignement, la Justice, l'Eglise. Il me semblait que personne ne le disait à ce moment-là. J'ai eu un petit peu d'avance sur les autres. Pas tout seul d'ailleurs.

     

     : En effet, vos livres et vos chroniques ont fait irruption dans le marécage, pratiquement les seuls à l’époque. Aujourd'hui il y a beaucoup de monde qui évoque ces sujets.

     

    J. R. : Actuellement les signes dont j'ai parlé me semblent connus de l'opinion, qu'il s'agisse de l'opinion modérée ou majoritaire, comme vous voudrez, ou même, peut-être, d'une partie de la gauche. Ce qui est étonnant aujourd'hui, c'est qu'il n’y a pas de réaction réelle. Tout se passant au niveau politique, plus rien ne se passe au niveau - comment dirais-je ? - des âmes, comme si les pouvoirs en place ne prenaient pas en compte l'âme de la nation. Et cela c’est ce qu’il va falloir essayer de dire. Je prétends par exemple que la jeunesse est complètement abandonnée à elle-même. Il y a des tas de gens qui s'occupent d'elle, les sports, par exemple, ne sont pas mal gérés, l’Education nationale représente un budget énorme … Je mesouviens qu'Herzog me disait, alors qu'il était Secrétaire d'Etat à la Jeunesse et aux Sports, que l'argent ne lui manquait pas pour construire des piscines ou des stades, qu'il y en avait partout mais que c'était l'âme qui manquait pour y aller. Il en est ainsi dans tous les domaines. Or, à moins de ne plus être en démocratie libérale, est-ce qu'un gouvernement pourrait avoir un pouvoir sur les hommes ? 

     : Est-ce que la nature de la démocratie libérale n'est pas de susciter autour d'elle des contre-pouvoirs ?

     

    J. R. : Certainement cela tient à la nature de la démocratie libérale. D'ailleurs, j'en parle dans les chroniques que j'écris actuellement. J'en ai déjà fait trois. Il en paraît une par mois. J'ai écrit « jeunesse et démocratie », « rites et démocratie », « patrie et démocratie ». Après je ferai « races et démocratie », « Famille et Démocratie », etc. ... toute une série pour savoir où la démocratie peut être bonne... Personnellement, je ne suis pas fasciste, je ne considère pas qu'une démocratie est forcément mauvaise.

     

     : Tout dépend de ce que vous entendez par démocratie.

     

    J.R. : C'est ce que j'essaie de définir. Pour clarifier ma pensée, disons simplement que je ne suis pas du tout un théoricien, que j'essaie d'être un écrivain qui réfléchit sur les problèmes de ce temps.

     

     : Vous ne résolvez encore rien. Vous dites : on connaît les signes mais il y aura une nouvelle étape à franchir. Connaîtrait-on les causes de ces signes, que l'on connaîtrait le remède. Mais le remède ne sera connu que lorsqu'on aura une version claire des causes. Que faire pour en sortir ? Jusqu'à présent vous ne voyez pas le comment.

     

    J.R. : Ce qui est embêtant. Il semblerait qu'en ce moment la fameuse distinction de Maurras entre le pays réel et le pays légal n'est plus vraie. Le pays profond ou réel n'est pas du tout traversé par les mêmes courants de sentiment, d'enracinement. On se trouve devant un pays, il n'est pas le seul d'ailleurs, qui était jusqu'à il y a, au fond, peu de temps, industrialisé à 5%. Aujourd'hui le pays réel ou profond, ça ne veut plus dire grand-chose quand on voit par exemple Sarcelles ou n'importe quoi d'autre, toutes ces immenses banlieues ou cette région parisienne où vivent quand même 25% des Français. Je connais bien mon village en Provence que j'habite six mois de l'année. Je suis certain que c'est le pays réel. J'entends mes socialistes au bistrot. Ils feraient rougir Rocard et Mitterrand. Quant au pays profond, il n'est plus tellement profond. Il est devenu d'une effroyable superficialité; on ne sait plus trop par quel bout le prendre.

     

    : Oui, mais vous dites que la solution ne paraît pas résider dans le libéralisme avancé.

     

    J.R. : Probablement pas.

     

     : Vous dites je vois les signes, j'étudie les signes ...

     

    J.R. : Je crois que c'est le privilège de l'écrivain. Comme il n'a pas d'œillères, il a plus de liberté pour juger les choses d'un peu haut. Il n'est pas obligé de rédiger un article de journal tous les jours.

     

     : Votre héros du « Jeu du Roi » en vient à sortir du monde et à se créer un royaume intérieur. Je crois percevoir en lui un fond de découragement ou de pessimisme. Est-ce un peu vous ou uniquement un personnage ?

     

    J.R. : Il y a une certaine : ambiguïté du personnage. Tous les romanciers vous le diront, il y a une part probablement de l'auteur, on ne sait pas très bien où elle est, elle peut se trouver un peu partout. Ce n'est pas explicable. D'autre part un romancier n'écrit pas une histoire que mène uniquement un désir démonstratif. Vous avez vu Dutourd dernièrement. Vous lui avez parlé de Mascareigne. Eh bien ! Il a répondu la même chose. 

    Je ne pense pas que mon héros soit pessimiste dans cette histoire. Je pense que l'univers qu'il trouve ne lui convient pas : il s'en est fabriqué un autre et comme en l'occurrence ce jeune garçon puis cet

  • C'est aussi tout cela (tous ceux-là...) ”la France” : Dans les Ephémérides, cette semaine....

    Pour "quoi", et dans quel esprit, nous "faisons mémoire"... :

    Charles Maurras : "...je mets quelque chose au-dessus d'elle (l'espérance) c'est la mémoire, la sainte et grande mémoire d'un beau passé, quand il est plein de gloire et fort de vertu, car c'est avec lui que l'on fabrique un avenir solide, et des races vivaces"

    Jean de la Varende : "...le souvenir porte en soi une vitalité supérieure, et nous ramène à cette notion suprême : la chaîne, dont nous ne sommes qu’un maillon".

    Pourquoi des Ephémérides.pdf

    Table des Matières Ephémérides - Premier semestre.pdf

     Table des Matières Ephémérides - Second semestre.pdf

        Musique dans les Ephémérides.pdf

     

           Voici ce que vous trouverez cette semaine dans les Ephémérides :       

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    · Dimanche : 1653 : Découverte à Tournai de la tombe de Childéric 1er, père de Clovis. 1798 : Mort en déportation de Guillaume-Alexandre Tronson du Coudray, défenseur de Marie-Antoinette. 1955 : Premier vol de la Caravelle (débuts de l'aventure aéronautique: Concorde, Airbus, Ariane, EADS.....)

    · Lundi : Évocation : Quand la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais a reçu, au XIII° siècle, son extraordinaire vitrail du Miracle de Théophile.

    · Mardi : 1067 : Dédicace de Saint Martin des Champs, site sur lequel s'élève aujourd'hui le Conservatoire National des Arts et Métiers. 1346 : Ordonnance de Brunoy, première Réglementation forestière française. 1825 : Sacre de Charles X. 1935 : Lancement du paquebot Normandie. 1942 : Port de l'étoile jaune obligatoire en zone occupée.

    · Mercredi : 1431 : Martyre de Jeanne d'Arc. 1631 : Création de La Gazette de France. 1778 : Mort de Voltaire. 1858 : Alexandre II inaugure la cathédrale Saint Isaac de Saint Petersbourg, oeuvre d'Auguste Ricard de Montferrand. 1952 : Premier spectacle Son et Lumière, à Chambord. 1996 : Les têtes des sept moines trappistes de Tibhirine sont retrouvées....

    · Jeudi : 1864 : Fin des travaux de restauration de Notre-Dame de Paris par Viollet-le-Duc. 1868 : Première Course cycliste, à Saint-Cloud. 1911 : Naissance de Maurice Allais. 2003 : Dernier vol commercial pour Concorde.

    · Vendredi :  987 : Élection d'Hugues Capet.

    · Samedi : 177 : Martyre de Pothin, Blandine et des autres martyrs de Lyon.... 1665 : Le Bernin arrive à Paris. 1793 : Arrestation des Girondins. 1836 : Naissance d'Emile Guimet.

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  • Du ralliement à la République, au ralliement au monde, par Hilaire de Crémiers.

    De Léon XIII à François, le cœur du problème est là, jamais abordé.

    Le pape Léon XIII en février 1892 décida, en publiant l’encyclique Au milieu des sollicitudes écrite en français et pour les Français, d’exhorter les catholiques de France à abandonner des querelles politiques jugées périmées, vaines et par nature diviseuses sur la question du régime et sur la forme du gouvernement.

    hilaire de crémiers.jpgSelon le texte pontifical longuement mûri et habilement préparé depuis des années, notamment par le fameux toast d’Alger du cardinal Lavigerie, il fallait privilégier l’union de tous sans esprit de retour pour favoriser l’émergence d’une force politique qui s’installerait résolument dans le cadre des institutions existantes de la République que l’Église ne saurait doctrinalement condamner puisqu’elles constituaient l’ordre établi. Cette union souhaitée et attendue porterait le projet social de la paix civique, de la réconciliation nationale, de la concorde des cœurs grâce à un programme législatif ordonné au bien commun, non plus conçu dans une ambiance de guerre civile et de lutte anticléricale. Tel était le sens général de l’encyclique qui devait être reçu comme une consigne pour ainsi dire obligatoire.

    Cette façon nouvelle d’envisager la politique s’appuierait en conséquence sur la large majorité des croyants et des honnêtes gens. Elle ne pourrait que l’emporter. Quant aux partis républicains, ils perdraient par le fait même leur raison de refuser à l’Église de donner ses conseils et aux catholiques de parvenir aux affaires.

    Le calcul, en effet, était simple. La France de l’époque, essentiellement rurale et provinciale, était catholique à plus de 95 % : baptême, communion, mariage, enterrement. L’anticléricalisme agressif et obsessionnel était minoritaire, même s’il s’était répandu, lors de la Commune particulièrement, dans les couches populaires livrées à elles-mêmes ; il se concentrait en des cercles politiques restreints dont le but était en réalité la conquête du pouvoir. Conquête de tout le pouvoir et de tous les pouvoirs encore nombreux et diversifiés dans les provinces, par l’élimination systématique des adversaires cléricaux, monarchistes, conservateurs, catholiques sociaux, ou modérés en manque d’objectifs et de chefs.

    Il suffisait donc de se placer sur le même terrain et l’affaire, en quelque sorte, était mathématiquement gagnée. La France était une République parlementaire. L’évolution des institutions après 1875 et 1877 permettait d’envisager, a contrario de ce qui se passait, un choix démocratique favorable à un programme commun de bon sens que la seule évidence du bien imposerait dans les consciences des citoyens et, en conséquence, dans les résultats des votations. L’enchaînement des « donc » donnait au raisonnement de ceux qui prenaient parti pour un tel ralliement, l’allure d’une logique inaltérable.

    Les deux chambres dans un tel cas de figure majoritairement composées d’honnêtes gens puisqu’élus eux-mêmes par des honnêtes gens, ne produiraient que des « bonnes » lois ; et les gouvernements issus de telles majorités parlementaires veilleraient à imprimer une « bonne » direction à la politique. La France était encore sous le concordat de 1801. Elle reprendrait sa politique traditionnelle d’entente avec le Saint-Siège et de soutien de la papauté, illustrée encore sous la IIe République et même sous Napoléon III, quoique de façon beaucoup plus contradictoire et aléatoire en raison des principes qui déterminaient la politique extérieure de l’Empereur.

    Léon XIII caressait même l’idée, comme l’a montré le professeur Roberto de Mattei dans son étude Le ralliement de Léon XIII, L’échec d’un projet pastoral (Les éditions du Cerf, 2016), de recouvrer les états pontificaux – au moins en partie – et d’assurer ainsi son pouvoir temporel auquel il ne renonçait pas. Dans une Europe dont la quasi-totalité des États était monarchiques – et presque tous, sinon tous, sous influence maçonnique –, Léon XIII imaginait une République française chrétienne qui serait la fille chérie du Saint-Siège dans la suite historique et mystique d’une France fille aînée de l’Église. En raison du renouveau catholique du XIXe siècle, la France était alors la grande pourvoyeuse de missionnaires à travers le monde. Elle rayonnait.

    Une manœuvre désastreuse

    D’origine libérale incontestable, mais expert en sciences ecclésiastiques et théologiques, restaurateur d’un thomisme universitaire de bon aloi en promouvant l’Aquinate au rang de docteur commun de l’Église, pape d’une doctrine parfaitement exacte tant de foi que de morale – que dirait-il aujourd’hui ? –, de plus homme de culture et latiniste distingué, écrivant lui-même ses encycliques d’un style précis et recherché à la Sénèque, il pensait – à l’inverse de son prédécesseur Pie IX, le pape du Syllabus – que l’Église n’avait rien à perdre à s’ouvrir aux temps modernes, y compris dans sa réflexion sur les institutions à propos desquelles il avait longuement disserté, tant sur la question sociale que sur les questions relatives à l’autorité, à la liberté et, d’une manière générale, au pouvoir. Il assumait cette puissante synthèse avec jubilation – cela se sent dans ses écrits et ses bons mots ; il était un homme d’esprit. Tout en poursuivant sa politique, il dénonçait la maçonnerie, prônait le rosaire et le culte du Sacré-Cœur.

    Il s’entourait d’hommes à sa dévotion. Son secrétaire d’État, le cardinal Rampolla, était dans sa mouvance et mettait son habileté diplomatique au service de son idée politique. De même Léon XIII écartait tout ce qui pouvait faire obstacle à sa conception. Le cardinal Pitra, bénédictin français renommé pour sa science et son érudition, avant même le ralliement de 1892, pour avoir émis des doutes sur la politique pontificale, subira la vindicte papale et devra se démettre de son chapeau. L’infaillibilité pontificale définie solennellement par Pie IX pour garantir le magistère spirituel du pontife romain, sortait des limites précises du dogme, tant dans la forme qui requérait un enseignement ex-cathedra, que dans le fond qui ne pouvait concerner que la foi et les mœurs.

    Un zèle imprudent doublé d’une passion politique inavouée fit de l’obéissance aux consignes pontificales une affaire de foi et de morale, ce que bien évidemment elles n’étaient pas. La religion était mise au service d’une politique, dans un confusionnisme qui n’était pas sans rappeler certains élans révolutionnaires de 1848 et les élucubrations prophétiques d’un Félicité de Lamennais. Alors apparurent les abbés démocrates qui, au nom de l’évangile, se mirent à vaticiner sur l’avenir d’une nouvelle société dont la perfection démocratique serait l’achèvement de la révélation chrétienne. Le salut était inversé.

    L’histoire pourrait être poursuivie, instructive plus qu’aucune autre. En bref, cette politique fut un échec total. Le catholicisme fut divisé plus que jamais. Les « ralliés » furent obligés d’entrer dans le jeu incessant des concessions républicaines. La coalition des honnêtes gens ne se forma jamais. Les élections furent toutes perdues dans leur ensemble. Les radicaux s’emparèrent peu à peu de la totalité de la République. L’Église fut persécutée, les congrégations chassées, l’enseignement fut pris en main par l’État républicain, les lois furent votées toujours dans le même esprit de destruction systématique des traditions nationales et chrétiennes. La démocratie chrétienne avait fonctionné en faveur de la démocratie – ou de ce qu’on mettait sous ce nom –, et non de l’œuvre divine de Jésus-Christ. En 1905, la rupture du concordat par la loi de Séparation, doublée de toutes les humiliations légales qui l’accompagnèrent, dont celle des Inventaires, fut l’aboutissement concret de cette politique. Le rêve de Léon XIII d’une république chrétienne à sa dévotion s’achevait dans une laïcisation générale de la société. Laïcité républicaine à laquelle l’Église de France après un siècle de combats et d’hésitations a fini par se rallier logiquement, en l’élevant au rang de principe cardinal de sa doctrine existentielle. La cause première et finale de son existence n’étant plus le Verbe incarné à qui appartient toute souveraineté, selon la parole de l’Apôtre, elle se contente d’être une concession de l’État républicain qui la tolère dans les limites de la vie privée. Et à la condition qu’elle soit sage et républicaine. Le président Macron aux Bernardins, il y a deux ans, a rappelé fermement cette doctrine à l’énoncé de laquelle les évêques de France n’ont pu qu’opiner.

    Une erreur magistrale

    Il y a une logique dans cette histoire dont Léon XIII se croyait affranchi par la supériorité de son esprit et de sa vision. La République n’était pas une simple forme de gouvernement. Elle s’érigeait elle-même depuis l’origine en Absolu, comme en font foi les discours des conventionnels. Il n’y a pas de place pour deux Absolus. En ralliant la République, l’Église institutionnelle ralliait une religion, et cette religion est par constitution exclusive : elle ne connaît que sa propre règle qu’elle décrète, de plus, universelle. Le compromis ne suffit pas, la soumission est exigée. Faut-il rappeler les paroles d’un Clemenceau ou d’un Viviani ? Aujourd’hui, ce qui pourrait s’appeler l’islam républicain – car au fond qu’est-ce d’autre que ce corpus doctrinal pseudo-révélé par les Grands Ancêtres ? – a réussi à réduire le catholicisme à la portion congrue de la dhimmitude, et il s’en flatte. Cependant il aura fort à faire dans les années qui viennent avec le Coran des islamistes ; il vient ainsi dans l’histoire des heures de vérité qui font éclater tous les sophismes. Coran républicain contre Coran islamiste, qui va gagner ?

    Lorsque Léon XIII meurt en 1903, la crise si manifeste en France s’est étendue au monde entier. L’Église est ravagée par deux idées qui tentent de la dominer : le ralliement au siècle oblige à repenser la religion dans son ensemble selon les critères de la modernité, philosophiques et scientifiques, en fait rationalistes, c’est ce qu’on appelle « le modernisme » ; le même ralliement pousse l’Église à épouser les forces sociales et politiques en gestation dans le monde pour animer de son esprit l’avènement d’une humanité nouvelle, c’est ce qu’on appelle « le progressisme ». L’Église du XXIe siècle n’a pas résolu la crise doctrinale et pastorale ouverte au début du XXe siècle par cette double tentation, plus prégnante de nos jours que jamais.

    Pie X, avec la fermeté de sa foi, dénonça ce péril mortel. Il fulmina avec toute l’autorité du Magistère contre l’une et l’autre hérésie, la première dans son encyclique Pascendi en 1907, la seconde dans la lettre pontificale Notre charge apostolique, écrite en français, en 1910, qui condamnait ceux qui osaient « faire entre l’évangile et la Révolution des rapprochements blasphématoires. » La foi – et donc la charité – l’emportait sur les stratégies politiques !

    Avec Pie XI, après la Grande Guerre, la même ambiguïté que sous Léon XIII régna au Vatican. Le pape publiait encyclique sur encyclique où il exposait longuement la doctrine de l’Église, y compris sur la royauté du Christ, et, en même temps, il traitait avec les puissances séculières, avec la République française dès 1922, avec le Mexique persécuteur des Cristeros, avec Mussolini, avec Hitler, en sous-main avec l’Union soviétique ; il aurait dit qu’il était prêt à traiter avec le diable… évidemment pour le bien de l’Église !

    En France où il prétendait reprendre la main en politique avec son Action catholique, il fut amené à condamner l’Action française, le journal et le mouvement de ce nom, au motif que le chef et le maître en était Charles Maurras qui n’avait pas la foi. Cette affaire politique constitue paradoxalement un chapitre essentiel de l’histoire contemporaine. Curieux, n’est-ce pas ? Comme l’a démontré définitivement Philippe Prévost dans son étude sur La condamnation de l’Action française, cette décision qui cassait le mouvement royaliste en plein essor, n’était que d’ordre politique. Les conséquences en furent incalculables comme celles du ralliement ; ce fut en fait un second ralliement où l’autorité pontificale, invoquée à tort et à travers et parée des vertus de l’infaillibilité qu’elle ne saurait revêtir en un tel domaine, servait de prétexte pour justifier une politique, pratiquement celle qui mena une décennie plus tard à la Deuxième Guerre mondiale et, pour la France, au désastre de 1940. Le plus grossier des sophismes consistait à accuser l’Action française de se servir de la religion pour renforcer sa politique, au moment précis où, en fait, sa condamnation religieuse entrait à l’évidence dans une stratégie politique. Le voleur crie au vol. L’honneur de Maurras fut, en revendiquant l’autonomie de la politique, de sauver ainsi l’indépendance de la religion. Un jour, ce sera dit et démontré !

    Alors, comme précédemment, le modernisme et le progressisme refleurirent de plus belle, entraînant des changements radicaux dans le clergé, avec sanction à l’appui. Le cardinal Billot, le théologien de Pie X, dut remettre son chapeau de cardinal. « Hora et potestas tenebrarum », murmura-t-il en sortant de l’audience pontificale.

    Pie XII releva la condamnation de l’Action française dès son élection en 1939. Il essaya de reprendre la tradition de Pie X qu’il éleva sur les autels. Mais le ver était dans le fruit.

    Lorsque le concile Vatican II fut convoqué en 1962 par Jean XXIII, la question se posa immédiatement de savoir s’il s’agissait d’un concile doctrinal dans la suite de Vatican I centré sur la foi de l’Église face aux erreurs modernes, marxisme et libéralisme entre autres, ou d’un concile pastoral d’ouverture au monde. Et immédiatement la réponse préparée d’avance par un groupe de connivence fut la révolution pastorale. « C’est notre révolution d’octobre », disait le dominicain Congar, expert au Concile.

    Le combat de la foi

    Quoiqu’on pense par ailleurs des textes du concile dont les formulations verbeuses et indéfiniment redondantes ne relèvent en rien, absolument rien, des formules dogmatiques, toujours précises et brèves, qui concluaient les conciles que l’Église a retenus – pas tous ! – pour l’explicitation de sa foi et qui définissent à la lumière de la Tradition et de l’écriture, la vérité révélée, sachant que c’est Dieu qui révèle et qui est l’objet même de la révélation, et non le monde, il apparaît de toute façon abusif d’en faire le fondement de la doctrine ecclésiale. Et, pire encore, de prétendre l’établir comme une révélation « nouvelle » qui fonderait une « nouvelle » Église chargée d’annoncer cette « nouvelle » foi. Il est des phrases conciliaires qui font frémir par leur impudence. Toujours la même ambiguïté. Ce qu’on appelle l’esprit du concile fit le reste. 60 ans après les résultats sont là. Un désastre sans précédent. Le ralliement à la République est devenu un ralliement au monde dans le même esprit de stratégie politique : se faire accepter ! Il ne s’agit pas de juger des hommes qui peuvent être admirables de dévouement ; il n’est question que de doctrine dont la perversité se traduit dans la dégradation de la foi et de la morale. On sait à quel point aujourd’hui le problème de l’Église est là et nulle part ailleurs.

    Deux papes, Jean-Paul II et Benoît XVI – mais déjà avant eux Paul VI dans la deuxième partie de son pontificat –, ont essayé de réinscrire l’après-concile dans la continuité de la tradition magistérielle. « L’herméneutique de la continuité », disait Benoît XVI dont l’intelligence lumineuse avait esquissé tant pour l’Église que pour les peuples un chemin de foi véritable. Il ne fut pas suivi. Un Vatican trop pourri, une lâcheté trop générale. Tout ce que l’on sait ne peut que soulever un immense dégoût.

    Et voilà que F