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  • Quelle conception de l’écologie ?, par Gérard Leclerc.

    « Jacques Ellul préférait parler de la Création plutôt que de la nature »© analogicus / Pixabay

    Laissons le soin aux commentateurs politiques d’analyser les résultats de la primaire écologique qui sont tombés hier soir, avec la désignation de Yannick Jadot et de Sandrine Rousseau pour la compétition du second tour.

    gerard leclerc.jpgAu-delà des procédures électorales, il est permis de revenir sur le phénomène écologique, avec les multiples questions qu’il pose. Le souci de préservation de la planète et des équilibres naturels est devenu depuis des décennies une des thématiques majeures du débat public. Même s’il demeure des désaccords sur les causes du réchauffement climatique, il n’est plus possible de nier l’importance du sujet. L’Église catholique elle-même ne s’est-elle pas investie dans l’engagement écologique, notamment avec l’encyclique de François Laudato si’ ?

    Le pape avait le mérite d’aborder le sujet sur le fond, en insistant sur une critique philosophique de l’économie contemporaine. Critique qui se fondait elle-même sur une réflexion théologique. Ce en quoi il rejoignait ce précurseur qu’était le penseur français Jacques Ellul. Ellul, qui préférait parler de la Création plutôt que de la nature, la Création correspondant à un dessein divin, et non à une approche souvent panthéiste à l’origine des déviations dangereuses de ce qu’on a appelé l’écologie profonde. La moindre de ses déviations n’étant pas celle d’un anti-humanisme, refusant de reconnaître la place de l’homme comme gardien de cette Création.

    Ellul a joué un rôle important dans la formation de quelques uns des pionniers de l’écologisme politique, tel José Bové. Je ne suis pas sûr, malheureusement qu’il soit le maître à penser actuel de l’échiquier des Verts. Ce qui pourrait expliquer bien des égarements, qui vont à l’encontre de la cause à servir impérativement.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 20 septembre 2021.

  • Un christianisme civilisateur, par Gérard Leclerc.

    Abbaye Notre-Dame de Sénanque

    © Walkerssk / Pixabay

    Au terme du voyage de François en Hongrie et en Slovaquie, il y a sûrement beaucoup à retenir. La richesse des rencontres et des divers enseignements ne saurait être concentrée en quelques formules. Il convient plutôt de lire les documents dans leur intégralité et de les méditer. 

    gerard leclerc.jpgFrançois a la réputation d’être particulièrement direct, sinon provocateur dans ses propos, ce qui donne lieu à des polémiques dans une période fertile en tensions idéologiques. Cependant, pourquoi ne pas prendre François à la lettre, lorsqu’il nous invite à la liberté intérieure ? S’il refuse « une Église où il faut penser tous de la même manière et obéir aveuglément », c’est qu’il estime sans doute qu’on est libre de répondre à ses provocations, mais dans un esprit de foi et dans une véritable fidélité à l’Église : « Que l’annonce de l’Évangile soit libératrice, jamais écrasante, et que l’Église soit signe de liberté et d’accueil ! »

    Je serais tenté de poser une question au pape, fort de la liberté qu’il m’accorde. Lorsqu’il se rapporte à « une riche tradition chrétienne », mais qui « pour la vie de nombreuses personnes aujourd’hui, reste le souvenir d’un passé qui ne parle plus et n’oriente plus le choix de l’existence », je serais tenté d’invoquer un contre exemple. Il se trouve, aujourd’hui, que nombre de personnes, qui n’ont pas la foi, se réclament de ce passé chrétien comme d’une tradition nécessaire, d’une philosophie dont il y a beaucoup à retenir. Que répondre à cela ? Sans doute un christianisme sans la foi constitue-t-il une sorte de scandale spirituel, mais ne peut-il pas constituer une sorte de pierre d’attente, une occasion peut-être providentielle de rebondir pour se poser les questions essentielles ?

    La religion de l’Incarnation a toujours été civilisatrice, et le témoignage d’une civilisation inspirée par la foi ne renvoie-t-il pas à la pure question de la foi qui l’a suscitée ?

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 16 septembre 2021.

     
  • Championne de la radicalité, par Gérard Leclerc.

    Sandrine Rousseau, candidate à la primaire écologiste.

    © Greenbox / CC by-sa

    Hier, je préférais abandonner aux politologues le soin d’analyser les résultats de la primaire des écologistes, pour prendre quelque distance en abordant le fond du problème.

    gerard leclerc.jpgMais la situation avantageuse de Sandrine Rousseau, arrivée seconde et non loin de Yannick Jadot, me pose aussi une question de fond, qui rejoint d’ailleurs celle de l’orientation philosophique de l’écologisme. Sandrine Rousseau incarne, en effet, la radicalité en politique. Elle s’en réclame, elle en est fière, elle en fait l’argument premier de sa propagande. Et ça marche auprès d’un public très sensible à toute une thématique qui fait fureur à l’extrême gauche et qui s’apparente aux courants qui opèrent des ravages dans les universités américaines.

    Le succès de Sandrine Rousseau est plus qu’un avertissement, il doit retenir notre attention sur une évolution qui touche des pans entiers de la société, et nous entraîne dans un climat de guerre civile. Car la lutte proclamée contre les discriminations entraîne à une nouvelle lutte des classes. Lutte assez différente de celle qui régnait sous l’empire du marxisme-léninisme, mais lutte tout de même fondée sur l’exploitation du ressentiment avec des théorisations qui font fureur. Madame Rousseau accomplit ainsi l’alliance de l’écologisme avec ce qu’on appelle la culture woke.

    Ainsi trouve-t-elle la complicité de ce qu’il y a de pire dans l’écologie profonde avec un sectarisme idéologique proche du bourrage de crâne. Quand la candidate verte déclare à Charlie Hebdo qu’il s’agit de s’émanciper des religions monothéistes dites patriarcales afin de retrouver un rapport sacré à la nature, on se dit que ce retour au paganisme nous ménage le retour des fantasmes les plus dangereux.

    Chronique diffusée sur radio Notre-Dame le 21 septembre 2021.

     

  • Paris, mercredi 14 juin...

  • Au cinéma : L’Affaire Abel Trem, par Guilhem de Tarlé

    Infos & horaires pour L'Affaire Abel Trem - Le Sélect - Antony

     

    Mostra de Venise : L’Affaire Abel Trem, un film hongrois de Gabor Reisz, avec Gaspar Adonyi-Walsh (dans le rôle-titre).

    Ave Cesar, morituri te salutant…
    Ne serait-ce que ces quelques mots… qui seraient pourtant bien tombés, mais qu’Abel Trem est incapable de prononcer quand, à l’épreuve orale d’Histoire du baccalauréat, les examinateurs lui demandent d’évoquer Jules César.

    C’est vrai que nous, nous avons La Guerre des Gaules, nous avons Vercingétorix, alors qu’on peut s’interroger sur ce que représente César dans la tête d’un jeune lycéen  hongrois. Sans doute aurait-il été plus loquace sur Kroutchev qui, en 1956, lança les chars russes contre les étudiants de Budapest. D’autant plus qu’Abel arbore à sa boutonnière la cocarde des Hongrois nationalistes, ardents soutiens de Victor Orban.

    L’Affaire Abel Trem …  c’est l’histoire d’un étudiant qui échoue à un examen et en rejette la faute sur son examinateur, un gauchiste sectaire (pardon pour le pléonasme) qui l’aurait « saqué »…

     

    L’Affaire Abel Trem… une charge contre la Hongrie d’Orban où la presse aux ordres condamne un enseignant sans enquêter sur le mensonge  dont il est victime.

    Chacun conviendra qu’une telle situation ne pourrait pas se produire dans notre « République » dont les « valeurs » imposent de faire la chasse aux « fake-news », comme le dit Adèle Van Reeth, Directrice de France Inter : « Nous avons choisi de ne pas donner la parole à des personnes qui contesteraient le fait même du réchauffement climatique, c’est un engagement de Radio France au nom d’une valeur qui est à la hauteur de la mission même qu’on doit accomplir ».

     

    guilhem de tarlé.jpg

  • Douce France républicaine, ou chronique de l'insécurité ordinaire...(3)

              Pour celles et ceux qui penseraient -peut être....- que nous parlons trop souvent des problèmes d'insécurité; ou que nous exagérons quand nous critiquons la politique que mène la république, quand nous disons qu'elle conduit à la banalisation et à l'institutionnalisation de la violence et de la délinquance ordinaire (la pire, donc...); voici -sans autres commentaires- l'article de Sophie Manelli, publié dans le quotidien "La Provence" du lundi 29 octobre, sous le double titre: "Centre-Ville: la police semble bien impuissante face à ces vols à l'arraché. / Pourquoi le port du collier est déconseillé en ville...."

              "Quel est le plus grand aéroport de France? Roissy? Non, la Canebière: deux vols à la minute." (1) Un peu exagérée, la blague qui circule cet an-ci. Mais un peu seulement, car depuis cet été, c'est bien deux agressions....par jour, qui seront constatées dans le centre-ville. Et l'on ne parle ici que d'un type très particulier de vol avec violence. L'arrachage de colliers, chaînes et autres "bouliers marseillais" est, depuis quelques mois, la plaie du centre-ville. Et ce alors même que la délinquance de voie publique affiche une baisse de l'ordre de six pour cent par rapport à l'année dernière. La police a clairement identifié les auteurs de ces délits.

              Il s'agit le plus souvent de jeunes clandestins, en provenance d'Annaba en Algérie, qui affluent depuis la fin juin, sans doute acheminés par un réseau qui transite par l'Italie.

              "A Marseille, ces gamins se spécialisent dans l'arrachage de colliers, certainement avec l'appui de receleurs et de revendeurs locaux", estime un enquêteur, qui a auditionné plusieurs de ces jeunes errants arrêtés en flagrant délit. Leurs victimes, bien ciblées, sont des femmes d'un certain âge, se déplaçant seules, de préférence. Certaines d'entre elles, jetées à terre avant d'être dépouillées, ont eu des membres fracturés. Face à ce fléau, la police ne reste pas les bras ballants. Depuis janvier, 20 opérations de contrôles massifs ont été organisés dans le centre-ville , dont douze à Noailles et Belsunce (la dernière remonte à vendredi, avec soixante trois fonctionnaires mobilisés). Début octobre, une enquête a conduit à l'interpellation de trente deux occupants d'un squat de la rue du Musée. Dix d'entre eux, formellement reconnus par des victimes, ont été placés en garde à vue. Huit ont été écroués. Les vingt deux autres? En séjour irrégulier, ils ont été remis à la police aux frontières. "Mais, comme ils se prétendent mineurs, le Parquet ordonne leur placement en foyer associatif....dont ils s'échappent aussitôt", déplore un fonctionnaire de la PAF.

              Ainsi, "quelques jours à peine après leur arrestation, on a revu la plupart de ces jeunes délinquants à Noailles", confirme un policier.

              Ces adolescents des rues seraient actuellement une cinquantaine à vagabonder à Marseille. Victimes, eux aussi, des chefs de réseaux qui savent que leur jeune âge leur garantit une quasi impunité."

    (1): "Depuis cet été, on en est à deux arrachages de collier par jour" (un policier).....

  • La fuite des capitaux s’invite dans l’immobilier français

     

    par Ludovic Greiling

     

    Il est des chefs d’entreprise qui ne connaissent pas la crise et qui donnent néanmoins l’alarme sur la situation du pays. Thibault de Saint-Vincent est de ceux-là. Dans les réunions publiques de son entreprise spécialisée dans l’immobilier de luxe, il n’hésite pas à montrer l’ampleur du phénomène de fuite des capitaux liée à l’imposition et aux tracasseries administratives en France.

    L’homme sait de quoi il parle : face à l’ampleur du phénomène, Barnes, sa compagnie, a récemment développé une expertise pour les investisseurs français qui souhaitent faire de l’immobilier locatif à l’étranger (où le groupe est également présent). Ces derniers sont chassés par la loi Duflot, explique l’expert, qui publie un billet d’humeur vigoureux.

    « La loi sur l’encadrement des loyers a des conséquences catastrophiques : les propriétaires, écœurés par les nouvelles contraintes, la perte de la rentabilité et l’impossibilité de se séparer d’un mauvais locataire mettent leurs biens en vente pour acquérir à l’étranger ou décident de les louer en saisonnier.

    Plusieurs centaines d’appartements ont déjà disparu du marché locatif traditionnel et si rien ne change, vivre à Paris ne sera plus envisageable pour ceux qui n’ont ni les moyens d’acheter ou qui ne remplissent pas les « bons critères » pour accéder à un logement social. L’exact effet inverse de ce qui est recherché !

    Une ville ne vit que si l’on y vit. Veut-on faire de Paris une ville musée, livrée aux locations saisonnières des touristes ? Souhaite-t-on vider la ville de ses habitants qui pourtant y travaillent, font leurs achats, scolarisent leurs enfants, entretiennent leurs logements ?

    Certes, la ville de Paris lutte contre l’explosion des meublés de tourisme, mais elle serait plus avisée de faire le ménage chez elle.

    Le logement social qui ne cesse de se renforcer à Paris, est imposé sans concertation avec les professionnels et les Parisiens, qui découvrent souvent dans les médias que les occupants des beaux logements sociaux sont loin d’être tous nécessiteux.

    Quant aux plus fortunés, souvent étrangers, la ville lumière n’est que leur pied à terre, le temps d’un court séjour.
    En regardant vers Bruxelles, nos dirigeants y découvriraient un marché locatif fluide et équilibré, grâce notamment à une exonération fiscale de bon sens accordée aux bailleurs.

    Mais nos élus ont souvent la vue courte, aveuglée par l’idéologie. Comme disait Cécile Duflot, « la loi sur le logement est une loi clairement de gauche ». On aurait préféré une loi ni de droite, ni de gauche mais juste efficace ».  Thibault de Saint Vincent, Président de BARNES.   

  • Robert Ménard : « Cette décision de l’État et de l’ARS est absurde ! Ils vont aussi interdire les tests à Mme Hidalgo à

    Source : https://www.bvoltaire.fr/

    Robert Ménard s’est vu interdire de proposer des tests aux personnels des écoles de sa ville. Il s’insurge au micro de Boulevard Voltaire.


    La ville de Béziers ne va pas pouvoir tester le personnel des écoles et des crèches. L’État peut-il empêcher une ville, un maire de tester sa population ?

    C’est incompréhensible, surréaliste et absurde. C’est un vrai problème en termes de sécurité. Cette mesure me semble être de bon sens. On propose gratuitement à tous les enseignants et à tout le personnel éducatif et scolaire de les tester. C’est rassurant pour eux et pour les enfants. Cela ne coûte rien à la Sécurité sociale puisque c’est la ville elle-même qui paye cette prestation.
    Nous avions trouvé un laboratoire qui pouvait les fournir en deux jours. Et aujourd’hui, l’ARS et le préfet nous disent non. Ce sont toujours ces pseudo-arguments scientifiques.
    Il y a quelques semaines, il ne fallait pas proposer de masques en tissu au grand public. Ils pouvaient être même néfastes, nuisibles et dangereux. On nous le disait tout simplement parce qu’il n’y avait pas de masques à distribuer. Quoi qu’en dise le gouvernement, il n’y a pas assez de tests. Quand une commune décide de se passer de l’État et de le faire elle-même comme à Béziers, la seule réponse, c’est non ! C’est monstrueux.

    Quelles sont les excuses que vous ont données l’ARS et la préfecture ?

    Ils nous disent que la doctrine officielle dit qu’on ne va pas tester tout le monde. Or, là, on rentre dans un processus de tests massifs. On a envie de tester massivement tous ceux qui seront en contact avec nos enfants. Cela nous rassure, rassure les enfants et leur parents. Mon rôle de maire est de rassurer. Nous sommes la première ville de France à avoir distribué des masques à tout le monde. À l’entrée des écoles, je ferai prendre la température de tous les enfants. Je me préoccupe de la santé de mes concitoyens.
    Au lieu de m’aider, l’ARS et le gouvernement me mettent des bâtons dans les roues.

    La gestion de crise faite par l’État et par les ARS est-elle inefficace ?

    Qu’on nous fasse confiance ! Pas plus tard qu’hier, Mme Hidalgo, le maire de Paris, a dit qu’elle allait faire la même chose dans ses écoles. Va-t-on le lui interdire ou va-t-il y avoir deux poids deux mesures ? Oui à Paris et non à Béziers ? C’est une autre question…

    Robert Ménard

    Maire de Béziers
    Ancien journaliste. Fondateur de Reporters sans frontières et de Boulevard Voltaire
  • FAMILLE DE FRANCE & PATRIMOINE • LE DOMAINE ROYAL DE DREUX

    052-niv-200x300.jpgLe Domaine royal de Dreux est la résidence officielle de l’héritier de la Maison Royale de France, le Prince Jean de France.

    Le prince Jean et la princesse Philomena ont emménagé au Domaine Royal en mars 2011. Ce domaine est depuis le XIXe siècle intimement lié à l’histoire politique et dynastique de la famille d’Orléans.

    Durant les guerres civiles religieuses, la place de Dreux rejoint le camp des ligueurs catholiques s’opposant au roi Henri IV. En 1593, après trois ans de siège dirigé par Sully, la forteresse tombe. Près de deux siècles plus tard, en 1775, Louis XVI cède le comté de Dreux à son cousin le duc de Penthièvre. Après son décès en 1793, le château de Dreux est mis sous séquestre puis vendu aux enchères.

    Dès la Restauration, la fille du duc de Penthièvre, la duchesse d’Orléans, rachète le domaine et entreprend la construction d’une chapelle, destinée aux sépultures des morts de sa famille. C’est son fils Louis-Philippe qui en achèvera les travaux en 1822. A son accession au pouvoir en 1830, il fait de la chapelle la nécropole de sa famille et de ses descendants. Des travaux d’agrandissement sont à nouveau entrepris, dans un style néo-gothique, et s’achèvent en 1844. Aujourd’hui, on peut y admirer une cinquantaine de tombeaux de la famille d’Orléans, regroupés autour de la sépulture royale.

    chapelle.jpgLe parc de la chapelle royale comporte également un autre bâtiment, l’Evêché, destiné à accueillir le doyen des aumôniers desservant la chapelle. C’est dans ce lieu que sont organisées les réceptions pour la famille de France après les cérémonies célébrées à la chapelle.

    Un autre bâtiment est accolé à l’Évêché. Il s’agit de la demeure privée du duc et de la duchesse de Vendôme et de leurs enfants. Cette demeure surplombe la ville de Dreux.

    Le domaine aujourd’hui : un ancrage dans les territoires

    Monument central, le domaine royal de Dreux est aujourd’hui pleinement intégré dans la vie de la ville et de sa région. La présence du Prince permet une forte synergie avec les autorités, qui n’hésitent pas à l’associer aux grands événements de l’agenda de la ville et de sa région.

    fb_img_1543928753609-300x200.jpgC’est ainsi que le Prince accueille régulièrement les personnalités en visite officielle pour leur faire découvrir la chapelle royale. Attaché à défendre la ville et le département, le Prince a ainsi pu appuyer la candidature de Dreux comme ville étape lors du tour de France 2018. Tout en étant aux côtés des institutions républicaines, la fonction princière manifeste ici toute son efficacité, au service du rayonnement du territoire où elle est enracinée.

    dreux-hiver-506x535.jpgEnfin, la notion de patrimoine y est mise à l’honneur par la famille royale. Dans son versant culturel bien sûr, en faisant vivre et découvrir le domaine, notamment aux populations les moins sensibilisées à l’importance de notre Histoire commune. Mais du point de vue du patrimoine naturel également, puisque le Prince et la Princesse, sensibles au concept d’écologie intégrale, ont choisi d’éduquer leurs enfants au coeur d’une nature mise à l’honneur, avec notamment la présence d’un potager, et de poules qui font la joie des plus jeunes !   ■

    Source : Le Site Officiel de Mgr le Comte de Paris

  • Autour du Prince Jean ! : À Senlis, acte I...(1/3)

    jean d'orléans,jean de france,duc de vendome,prince jean,philomena de tornos,senlis,saint denis,bourbons,orléansDépart tôt le matin (on ne sait jamais...). On prend cette sortie nord de Paris par l'A1, dont on pourra dire tout ce qu'on voudra sauf qu'elle est belle ! Elle ménage toujours, pourtant, ce point de vue saisissant sur l'abbaye de Saint-Denis, haut lieu s'il en est de l'histoire de l'art et de l'histoire de France, et lieu chargé de tant d'émotion...

    Et puis on quitte vraiment la ville, direction Senlis. Les champs, la campagne, les grands arbres. Le temps est beau, jusqu'à ce que l'on passe sous le tunnel au sortir duquel le gris dominera, jusqu'au soir. Dommage...

    Mais il ne pleuvra pas, malgré tout (c'est l'essentiel...) et ce ne sera qu'un gris extérieur : il fera chaud et soleil, toute la journée, dans les coeurs...

    On arrive à Senlis, largement en avance. Encore endormie par certains côtés, la ville, déjà bien réveillée par d'autres, se présente sous son vrai jour, et se donne à voir sans fard, pour ce qu'elle est vraiment: une très agréable ville ancienne, fleurie, où il fait manifestement bon vivre; sans agressions visuelles, sans béton; bref, une ville d'art et d'histoire, où la qualité de vie n'est pas un vain mot...

    Il faudra marcher -heureusement...- car la ville est interdite à la circulation, ce qui est une excellente chose ! Le Service d'Accueil nous oriente vers notre Parc de stationnement, où nous attend une navette qui nous emmènera près de la Cathédrale.

    Disons un mot de ce Service d'Accueil et de ceux qui en étaient chargé. Tout au long de la journée, et sans que l'on puisse faire la moindre exception, ce Service a été parfait, réglant tout au mieux, jouant parfaitement son rôle, à chaque instant. Ces filles et ces garçons, qui ont effectué une tâche pas toujours évidente (comme on dit familièrement...), et parfois même un peu ingrate, ont pris leur rôle très au sérieux, comme il convenait, et se sont acquittés de leur tâche avec efficacité et gentillesse, et le sourire en prime. Qu'ils en soient ici félicités, et remerciés, ainsi que ceux qui ont remarquablement organisé ce Service.

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    On arrive, à pied, à la Cathédrale, en passant par ces rues (ci dessus) où les jolies façades des maisons, construites en belle et bonne pierre, font faire comme un voyage dans le temps. La cathédrale de Senlis ! Elle n'est pas très grande, et même, comparée aux autres, on pourrait presque la qualifier de petite : 76 mètres de long, là où Notre-Dame de Paris mesure presque le double, avec ses 130 mètres... Pourtant, comme elle est belle, comme elle est réussie ! Ses dimensions, somme toutes modestes, lui donnent justement un volume d'où tout excès est banni, et qui respire du coup une harmonie bien particulière, due à ces proportions raisonnables.

    C'est dans ce haut lieu que nous allons vivre une cérémonie réellement inoubliable... (à suivre...)

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  • Bientôt une royaliste au Panthéon ? Ou : comment on réécrit l'Histoire, à propos d'Olympe de Gouges, qui n'était pas rév

    Olympe de gouges tele.jpg

    N'est-elle pas charmante, Louise Bourgoin ? Il semblerait qu'on puisse lui donner le Bon Dieu sans confession, comme on dit, non ? Par contre, pour ce qui est de l'Histoire, nous serions partant, à lafautearousseau, pour nous "occuper d'elle" (en tout bien tout honneur, évidemment, vous l'imaginez...) et lui proposer un stage intensif de remise à niveau, qui s'impose; et lui apprendre, par exemple, qui fut vraiment Marie Gouzes, plus connue sous le pseudonyme qu'elle s'était choisi d'Olympe de Gouges, broyée, comme tant d'autres victimes innocentes,  par la Révolution...

    Dans l'espèce d'hystérie qui s'est emparée d'un peu tout le monde depuis que l'idée a été lancée de "féminiser le Panthéon" - ce lieu dont la crypte sinistre est d'un symbolisme abracadabrantesque, comme le dit Léon Daudet - cet article de La Provence, en date du mois d'avril dernier, est le premier d'une longue série de déclarations et prises de positions aussi comiques que révélatrices.

    Révélatrices de quoi ? Mais, de l'ignorance crasse, de l'inculture générale qui sévit partout, de la consternante "ignaritude" comme pourrait le dire Ségolène, qui sévit chez celles et ceux qui, ne sachant pas, n'en éprouvent cependant pas la moindre gêne pour se mettre en avant, parler de ce qu'ils ignorent et, donc, offrir le spectacle à la fois réjouissant et consternant de ceux qui disent n'importe quoi. Mais, vraiment, n'importe quoi... Même plus des choses "hénaurmes", à la Flaubert, mais, pour en revenir à Ségolène, des "hénaurmitudes"...

    La plus pitoyable, mais aussi celle qui nous a fait passer le meilleur moment, il faut bien le dire, fut Anne Hidalgo, au JT de TF1, le lundi 2 septembre, lorsqu'elle prit parti, elle aussi, pour l'entrée au Panthéon de "la révolutionnaire Olympe de Gouges" : certes, il vaut mieux entendre cela que d'être sourd, mais tout de même ! La candidate socialiste à la Mairie de Paris a gagné ce soir là un surnom : non plus "Anne", mais "bonnet d'âne" Hidalgo... 

    Car, enfin, arrêtons le délire, et sifflons la fin de la récréation : Olympe de Gouges n'ayant jamais existé (pas plus que Stendhal, Georges Sand ou Molière), qui fut en réalité cette Marie Gouzes, qui jugea, on la comprend, que le pseudonyme "Olympe de Gouges" vous avait une autre allure ?

    Royaliste, comme tout le monde, en 1789 (il n'y avait pas dix républicains en France, selon le mot de Saint Just, mais il y avait bien, selon le mot d'Alain Decaux, "26 millions de royalistes"), elle adopta l'enthousiasme des idées nouvelles au moment où, pour tout le monde, cette révolution semblait n'être que l'évolution nécessaire dont avait rêvé, par exemple, un Mirabeau. Mais assez vite, par la suite, révoltée et effrayée par les horreurs dont Marat, Danton, Robespierre et consorts se rendirent coupables, et lucide sur les conséquences de ce qui ne pouvait plus que déboucher sur le Totalitarisme, Marie/Olympe redevint la royaliste qu'elle avait été.

    Elle eut le courage, la noblesse de coeur et la grandeur d'âme de défendre Louis XVI, et rédigea des pamphlets contre Marat et Robespierre. Mais les conventionnels lui interdirent d'aider concrètement Malesherbes à défendre le Roi, au cours de son pseudo-procès. Un tel courage (et il en fallait, en ces temps où la Terreur n'était pas loin !...) ne pouvait bien sûr pas rester impuni : Robespierre la fit guillotiner le 3 novembre 1793, trois semaines après Marie Antoinette, à qui Marie/Olympe avait crânement adressé le préambule de sa "Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne" !...

    Il est attesté qu'elle monta à l'échafaud en faisant preuve d'un grand courage et d'une grande sérénité, illustrant le naufrage des Lumières dans la Terreur...

    Et voilà celle que des journalistes (!) ou une candidate socialiste nous présenteraient comme une révolutionnaire !

    On croit rêver devant une telle ignorance, mais, prenons les choses du bon côté, soyons patients, et vous verrez qu'un jour, "ils" ou "elles" nous proposeront peut-être (qui sait ?)... Maurras, pour le Panthéon !

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    Le supplice d'Olympe de Gouges, gravure d'époque
  • Sur la page FB de nos amis du GAR : aimer la France.

    Aimer la France est une passion que certains voudraient aujourd'hui éradiquer comme une maladie honteuse : or, il n'y a pas de honte à aimer, et aucune à aimer la France en particulier, cette particulière nation historique qui, Français, nous est propre, nés que nous sommes sur sa terre et inscrits dans son histoire et son présent.

    D'autres n'ont pas cette chance natale mais viennent y frayer, parfois s'y joindre et, par leur amour nouveau qui lui redonne toujours quelques couleurs supplémentaires, confirmer la belle formule de Bainville : « Le peuple français est un composé. C'est mieux qu'une race. C'est une nation. »
    Assassiné en janvier 2015 dans les circonstances que l'on sait, l'écrivain Bernard Maris, à qui l'on doit quelques textes forts de dissidence économique et une très belle étude sur Genevoix et Jünger, a laissé en héritage un livre paru la même année et qui s'intitule « Et si on aimait la France » : les longs extraits jadis publiés dans l'hebdomadaire Marianne (17-23 avril 2015) dévoilent quelques aspects de cet amour vrai pour une France qui, si nous n'en voyons pas tous les mêmes attraits et n'en sommes pas tous amoureux de la même manière, n'a jamais cessé d'inspirer les plus nobles sentiments et, parfois, les actions les plus folles.
    S'il n'apprécie guère le Maurras de la « divine surprise », il n'en rend pas moins hommage à bien d'autres qui peuvent agacer les Bernard-Henri Lévy et Clémentine Autain, par exemple, ces cuistres actuels de la « culture de gôche » qui prônent le libéral-nomadisme et refusent l'enracinement. A ceux-là, Maris préfère « les historiens dits de droite, de Bainville à Tocqueville en passant par Pierre Chaunu et Patrick Buisson ». Il poursuit : « Je lis même courageusement le Dictionnaire amoureux de la France de Tillinac, sympathique Gault et Millau de la franchouille, avec Cyrano et d'Artagnan, et Jeanne la Bonne Lorraine, et les nichons de la Pompadour qui donnèrent forme à nos coupes de champagne », et rappelle qu'il a connu « des Français pleins de gaieté. Authier, Lapaque et leur bande, par exemple ». « Et si j'écrivais pour eux ? Pour les désespérés si drôles ? Houellebecq, Cabu, Reiser, Cioran ? » En fait, Bernard Maris écrit pour beaucoup d'autres et, en particulier pour tous les Français et ceux qui, même loin d'elle, aiment la France.
    Il nous rappelle aussi que cet amour de la France n'est la propriété privée de personne mais la possibilité publique de tous : que des anarchistes, que l'on croit parfois sans attaches, soient des passionnés de la France ne nous surprend pas, nous qui avons jadis lu Proudhon et qui savons que ce sont aussi (et entre autres) des anarchistes espagnols qui participèrent, sous les ordres du monarchiste Leclerc, à la Libération de Paris ! Ainsi, Maris évoque, par exemple, François Cavanna comme l'un des « plus grands défenseurs de la France (…), anarchiste, fils de maçon immigré italien, fondateur de Hara-Kiri puis de Charlie-Hebdo, rat d'archives et grand connaisseur de la période des rois dits fainéants, incroyable goûteur et apprêteur de la langue, ennemi radical du point-virgule que j'adore, et le meilleur conteur de l'histoire et de l'architecture de Paris. »
    La France aimée, y compris de ceux qui n'y sont pas nés et qui valent mille fois mieux, bien souvent, que ces libéraux mondialisés de type Jacques Attali ou Pierre Moscovici, ces salopards en costume qui méprisent notre pays, « trop petit » selon eux, ou « trop irréaliste » ! Bernard Maris vante ainsi « Mustapha, algérien, correcteur de son métier, immigré, Mustapha dont la syntaxe est tellement parfaite qu'il en remontrerait au Bon Usage – fait par un Belge, si j'ai bonne mémoire. » Et l'on pourrait y ajouter Max Gallo, Andreï Makine, ou Milan Kundera et, bien sûr, Léopold Sedar Senghor !
    Maurras parlait de la déesse France : elle est, en tout cas, notre éternelle passion, et nous aimons qu'elle soit aimée des nôtres et des autres...
     
  • Au cinéma, la chronique de Guilhem de Tarlé : Napoléon 1er et les femmes.

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    En DVD : Napoléon Ier et les femmes, de Jean-Louis Rémilleux, présenté par Stéphane Bern, avec plusieurs dizaines d’intervenants dont les historiens et écrivains Jean Tulard, Michel de Decker, Max Gallo et Philippe Sollers.

    guilhem de tarlé.jpgPour commémorer à ma manière, en son bicentenaire, la mort de Napoléon (5 mai 1821), et en attendant la réouverture des « lieux de culture » - comme ils disent – j’ai voulu m’encanailler entre le château de Malmaison et l’île de Ste Hélène, passant par Fontainebleau et Compiègne. Reconnaissons d’abord que ces DVD Secrets d’Histoire de Stéphane Bern nous permettent d’émerveiller nos couvre-feux devant un patrimoine extraordinaire, immobilier et mobilier. Dommage que ces longs documentaires, de près de deux heures, particulièrement instructifs et intéressants, aient été réalisés en un seul bloc, sans aucune division en chapitres qui nous permettraient de revenir aisément sur tel ou tel passage digne d’être revu…

    Si l’on rapporte que Napoléon était moins flamboyant au lit que sur les champs de bataille, il n’empêche qu’ « en amour, personne ne résiste à Bonaparte » et qu’il a collectionné les aventures et les maîtresses…. Citons parmi celles-ci Désiré Clary, en 1793 à Marseille, ou Éléonore Denouelle de la Plaigne qui lui donna en 1806 son premier fils naturel. Ce fut d’ailleurs une révélation car, marié civilement depuis 1796 avec la vicomtesse Joséphine de Beauharnais il n’avait eu aucun enfant et se craignait stérile. Celle-ci, Rose Tascher de la Pagerie, née à la Martinique, était veuve du vicomte Alexandre de Beauharnais, guillotiné en 1794. Quand Rose – c’est ainsi que tout le monde l’appelait -  rencontra le « Général Vendémiaire » chez Madame Tallien il tomba sous son charme et, même s’il en divorça en 1809, elle fut sans doute l’amour de sa vie : « comme je ne suis pas tout le monde, je vous appellerai Joséphine ».

    De son premier mariage, Joséphine avait eu deux enfants, Eugène et Hortense.
    Stéphane Czanecki, le propriétaire de la Petite Malmaison, rapporte la légende selon laquelle Joséphine va donner un nom à une plante, ce dont témoigne un visiteur de la grande serre chaude qui se trouvera avec Joséphine quand elle va dire : « voici l’hortensia qui vient tout récemment d’emprunter le nom de ma fille ».
    Hortense, pour sa part, épousa Louis Bonaparte, un frère de Napoléon, et lui donna quatre fils dont Napoléon III et le duc Charles de Morny.

    Après sa victoire de Wagram, et comme condition de paix, Napoléon épousa en 1810 Marie-Louise de Habsbourg-Lorraine, fille de l’empereur d’Autriche François Ier, dont la cousine Marie-Amélie avait épousé un an avant, en 1809, le futur Roi des Français Louis-Philippe. Par ce mariage, Napoléon devenait aussi le petit-fils par alliance de Léopold II, frère de Marie-Antoinette et beau-frère de Louis XVI.
    De cette union de « l’usurpateur » - comme on disait alors – avec « l’ancien monde » - comme on dirait maintenant -  naquit Napoléon II, à savoir l’Aiglon, Roi de Rome et Duc de Reichstadt.

    Entre ces deux mariages – si l’on peut dire – il faut noter l’ « idylle » que Napoléon vécut avec la Comtesse Marie Walewska qui se « dévoua » pour « sauver la Pologne », et dont naîtra en 1810 Alexandre, Comte Walewski, futur diplomate de Louis-Philippe et ministre des Affaires étrangères de Napoléon III.

    Enfin il reste une dernière maîtresse à inscrire au palmarès, durant l’exil de Ste Hélène, la marquise Albine de Montholon dont on dit que son mari, jaloux, a empoisonné Napoléon…

    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et 500 autres sur mon blog Je ciné mate

  • Les hérésies chrétiennes dans le Coran – christologie et mariologie islamiques (3/3), par Annie Laurent

    1A.jpgVoici le troisième et dernier volet qu'Annie Laurent consacre au sujet des hérésies chrétiennes dans le Coran..

    Les deux premiers ont été publiés ici-même, les mardi 31 janvier et lundi 20 mars derniers;

    Vous y avez accès en cliquant sur les deux liens suivants :

     

    Les hérésies chrétiennes dans le Coran (1/3), par Annie Laurent

    Les hérésies chrétiennes dans le Coran (2/3) – l’arianisme, par Annie Laurent...

    Après avoir rappelé les circonstances qui, à la suite de l'arianisme, ont vu surgir de nouvelles hérésies au sein de la chrétienté orientale des premiers siècles (nestorianisme, monophysisme, monothéisme), il reste à présenter leurs applications dans le Coran. Celles-ci mettent en évidence l'importance du fossé doctrinal séparant l'islam du christianisme, en particulier dans les domaines christologique et mariologique : notre sujet d'aujourd'hui...

     
    Jésus et Marie - Miniature persane du XVIème siècle
     

    JÉSUS, SON IDENTITÉ ET SA MISSION

    L’une des illustrations les plus éloquentes du nestorianisme, et plus largement des hérésies christologiques, apparaît dans l’appellation choisie par le Coran pour désigner le Christ : « Issa, fils de Marie ». Il s’agit d’une déformation de son nom biblique, « Yasouh », qui signifie en araméen « Dieu sauve », tandis que le nom arabe ‘Isâ ou Issa (cité 25 fois dans les 93 versets qui le concernent) est dépourvu de toute signification et il n’existait pas avant le Coran. On comprend pourquoi les chrétiens arabophones disent Yasouh, et non pas Issa, lorsqu’ils prient Jésus ou parlent de lui.

    Plusieurs chercheurs évoquent diverses formes de détournement du nom, celles-ci pouvant émaner de milieux messianistes ou gnostiques où l’on aurait inversé la première et la dernière lettre pour le crypter, Yasouh donnant ainsi Esaü (Édouard-Marie Gallez, Le messie et son prophète, Éditions de Paris, 2005, t. 1, p. 171-178).

    Dans une étude sur l’origine de ‘Isâ, Michel Hayek, prêtre et savant libanais maronite (1928-2005), émet l’hypothèse selon laquelle Issa proviendrait de ‘Isâ, forme en vigueur chez les nestoriens ou les jacobites (sur ceux-ci, cf. infra). C’est pourquoi cet auteur ne souscrit pas à l’opinion d’après laquelle le terme ‘Isâ aurait été inventé par Mahomet. « Même si les documents préislamiques ne révèlent aucun témoignage absolument probant à ce sujet, il est hautement vraisemblable qu’il y a eu un chrétien ou plutôt des chrétiens à la base de cette déformation » (« L’origine des termes Isâ Al-Masîh dans le Coran », L’Orient syrien, t. VII, p. 248-252).

    Quant au qualificatif « Messie » (Al-Masîh en arabe), attribué onze fois à Jésus dans le Coran, le P. Hayek note qu’il y est apparu « tardivement » : on le trouve seulement dans les passages correspondant à la deuxième partie de la vie publique de Mahomet, donc datés de Médine (622-632), mais précisément avant sa rupture avec les tribus juives et en plein débat avec des Arabes chrétiens. En se référant aux commentaires de divers chercheurs, l’auteur estime qu’en reconnaissant « en Jésus l’Envoyé d’Allah auprès des Israélites, pour lui [Mahomet] Al-Masîh semble avoir plus le sens de “Christ” que de “Messie ». Et puis, « ce qu’il entendait par Masîh n’est explicité nulle part dans le Coran et demeure inexpliqué dans la tradition exégétique de l’islam après lui » (op. cit., p. 365-382).

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    le père Michel Hayek

     

    D’ailleurs, remarque Hicham Abdel Gawad, doctorant en Sciences des Religions, dans un article sur ce sujet, « lorsque le Coran fait parler Jésus, ce dernier ne se présente jamais autrement que comme Rasûlullah (envoyé de Dieu) ou encore comme Nabî(prophète) ». Le premier titre (Rassoul) est réservé à trois prophètes (Moïse, Jésus et Mahomet) auxquels Dieu aurait donné la mission spéciale de transmettre aux hommes le Livre unique ayant prévalu depuis toujours auprès de Lui (Torah, Évangile puis Coran). Ceux-là sont aussi des Nabîs, car il s’agit de l’appellation générale concernant tous les personnages que le Coran considère comme des prophètes.

    L’auteur cite deux versets :

    • Jésus, fils de Marie, dit : “Ô fils d’Israël ! Je suis, en vérité, le Prophète de Dieu envoyé vers vous (61, 6).
    • Celui-ci [Jésus] dit : “Je suis, en vérité, le serviteur de Dieu” (19, 30).

    À noter que la deuxième parole figure dans un récit où le Jésus nouveau-né s’adresse à la parenté de sa mère Marie (cf. 19, 27-33).

    « À aucun moment le Coran ne fait dire à Jésus : “Je suis le Messie” », souligne aussi H. Abel Gawad (« Déconstruction synthétique du messianisme en islam », Les cahiers de l’Islam, 27 février 2023, p. 1 à 10).

    Jésus se présente d’ailleurs comme étant l’annonciateur et le précurseur de Mahomet, « un Prophète qui viendra après moi et dont le nom sera Ahmad (le Loué) » (61, 6). Selon le Coran, Mahomet, en sa qualité de « Prophète de Dieu », est aussi « le sceau des prophètes » (33, 40), donc celui qui doit achever l’histoire religieuse. D’après le philosophe Rémi Brague, il s’agirait d’une formule empruntée à un texte de Mani, le fondateur du manichéisme (Du Dieu des chrétiens et d’un ou deux autres, Flammarion, 2008, p. 145).  Sur le manichéisme, cf. PFV n° 95.

    Notons également que l’absence du nom « Christ » dans le Coran (même signification que Messie, mais à partir du grec) permet de comprendre pourquoi les disciples de Jésus y sont appelés naçârâs, mot arabe dérivé du syriaque nasrâyâ, qui se traduit en français par « nazaréniens » et non par « chrétiens » comme le font certains traducteurs.

    • Les Nasâras ont dit : “Le Messie est fils de Dieu”. Telle est la parole qui sort de leurs bouches ; ils répètent ce que les incrédules disaient avant eux. Que Dieu les anéantisse ! Ils sont tellement stupides ! Ils ont pris leurs docteurs et leurs moines ainsi que le Messie, fils de Marie, comme seigneurs, au lieu de Dieu. Mais ils n’ont reçu l’ordre que d’adorer un Dieu unique : il n’y a de Dieu que Lui ! (9, 30-31).

    À propos de l’appellation Al-Masîh, on comprend alors pourquoi, du côté musulman, elle est comprise comme un simple surnom ou titre d’honneur. Telle est l’option de commentateurs célèbres du Coran, des anciens comme Fakhr al-dîn-al-Razî (1148-1209), ou des modernes comme Rachid Rida (1865-1935), mais aussi des musulmans en général.

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    l’islamologue Maurice Borrmans

     

    Vu ainsi, « l’islam n’assume nullement l’attente messianique d’Israël ou l’affirmation chrétienne de sa réalisation en sus ». Autrement dit, il s’agit d’un « Messie sans messianisme », souligne l’islamologue Maurice Borrmans (1925-2017), prêtre des Missionnaires d’Afrique, qui relève cependant des particularités dans le chiisme, lequel voit le descendant d’Ali comme un Messie (le Mahdi) à l’image de Jésus (« Messie, messianisme et islam », Communio, n° XIX, 3 – mai-juin 1994, p. 137-157). Sur le chiisme, cf. Mohammed Ali Amir-Moezzi, « Le chiisme et le Coran », Histoire du Coran, Cerf, 2022, p. 1027-1065.

    Au fond, le messianisme en islam ne serait-il pas tout simplement cette religion dans sa dimension politique ?

    À propos de la maternité divine de Marie

    Pour étayer sa condamnation du nestorianisme, le concile œcuménique d’Éphèse (431) – cf. PFV n° 97 – avait aussi et surtout proclamé le dogme de la maternité divine de la Vierge Marie, véritable garantie de la foi au Christ vrai Dieu et vrai homme. Marie fut alors reconnue Theotokos (en grec « qui enfante Dieu »), doctrine que saint Athanase enseignait à Alexandrie. Présent à Éphèse, Nestorius y aurait dit : « Jamais je n’accepterai d’appeler Dieu un bébé vagissant dans une crèche » (cité par Yves Semen, La sexualité selon Jean-Paul II, Presses de la Renaissance, 2004, p. 15). Pour lui, Marie devait être appelée « Mère du Christ » et non « Mère de Dieu ».

    Mais saint Cyrille, deuxième successeur d’Athanase à la tête du diocèse d’Alexandrie, affirmait que « refuser l’expression “Mère de Dieu” revenait soit à nier la divinité de Jésus soit à nier qu’il était l’incarnation de Dieu » (Yves Chiron, Histoire des conciles, Perrin, 2011p. 30-31).

    Yves Chiron — Wikipédia

    Yves Chiron

     

    Nestorius, tout comme les controverses monophysite et monothélite, semblent ainsi avoir inspiré, au moins en partie, le regard que l’islam porte sur la Vierge Marie, qui est étroitement associée à Jésus dans le Livre sacré des musulmans.

    Le Coran accuse les chrétiens d’avoir divinisé Marie ou de l’avoir associée au Dieu Un. Cela revient à nier l’Incarnation, qui reste impensable en islam parce que, à strictement parler, diviniser Marie ou l’associer au Dieu Un revient d’abord à nier la Trinité et ensuite seulement la vérité de l’Incarnation. Et inversement, ne réussissant pas à penser l’Incarnation en vérité, le court-circuit concernant le Christ se reporte sur sa Mère.

    • Ô gens du Livre ! Ne dépassez pas la mesure dans votre religion ; ne dites sur Dieu que la vérité. Oui, le Messie, Jésus, fils de Marie, est le Prophète de Dieu, sa Parole qu’il a jetée en Marie, un Esprit émanant de lui. Ne dites pas “Trois” ; cessez de le faire ; ce sera mieux pour vous. Dieu est unique ! Gloire à lui ! Comment aurait-il un fils ? » (4, 171).
    • Le Messie, fils de Marie, n’est qu’un prophète ; les prophètes sont passés avant lui. Sa mère était parfaitement juste. Tous deux se nourrissaient de mets. Vois comment nous leur expliquons les Signes. Vois, ensuite, comment ils s’en détournent. Dis : “Adorerez-vous, en dehors de Dieu, ce qui ne peut ni vous nuire ni vous être utile ?” (5, 75-76).  
    • Dieu dit : « Ô Jésus, fils de Marie ! Est-ce toi qui as dit aux hommes : “Prenez, moi et ma mère, pour deux divinités, en dessous de Dieu” ? ». Jésus dit : « Gloire à toi ! Il ne m’appartient pas de déclarer ce que je n’ai pas le droit de dire ». Tu l’aurais su, si je l’avais dit. Tu sais ce qui est en moi. Toi, en vérité, tu connais parfaitement les mystères incommunicables » (5, 116).

    Plusieurs passages concernant Marie sont empruntés aux évangiles apocryphes (notamment le Protévangile de Jacques, du IIème siècle, et le Pseudo-Matthieu, du IVème siècle), comme le sont aussi certains épisodes coraniques relatifs à la naissance et à l’enfance de Jésus.

    • Dès le berceau, il [Jésus] parlera aux hommes comme un vieillard ; il sera au nombre des justes (3, 46).
    • Elle [Marie] devint enceinte de l’enfant puis elle se retira avec lui dans un lieu éloigné. Les douleurs la surprirent auprès du tronc du palmier. […] Elle se rendit auprès des siens en portant l’enfant […]. Elle fit signe au nouveau-né et ils dirent alors : “Comment parlerions-nous à un petit enfant au berceau ?”. Celui-ci dit : “Je suis, en vérité, le serviteur de Dieu. Il m’a donné le Livre ; il a fait de moi un Prophète ; il m’a béni, où que je sois” (19, 22-31).

    Selon l’universitaire belge Jan M. F. Van Reeth, « des études modernes ont démontré que cette scène est calquée sur l’Évangile apocryphe de l’Enfance attribué à Matthieu, où nous lisons (chap. 20) : “Quand Marie fut assise, elle regarda vers la cime du palmier et la vie chargée de fruits (…). Alors le petit enfant Jésus (…) dit au palmier : “Penche-toi, arbre, et nourris ma mère de tes fruits !” (…) Le palmier se redressa et d’entre ses racines se mirent à jaillir des sources d’eaux très limpides » (« La christologie du Coran », Communio, n° XXXII, 5-6, sept.-déc. 2007, p. 3-4).

    Joachim Gnilka: Bücher und mehr | Herder.de

    Pour sa part, son confrère allemand Joachim Gnilka (ci dessus, ndlr), spécialiste en exégèse et herméneutique bibliques, présente un ensemble plus vaste d’épisodes coraniques qui empruntent à des textes émanant du judéo-christianisme. Au Protévangile de Jacques, il ajoute l’Évangile de l’Enfance de Thomas, sans doute le plus ancien et le plus populaire récit de l’enfance de Jésus. « Rédigé à l’origine en grec, il a été traduit en

  • Histoire • « Jeanne d’Arc enflamme les cœurs »

     

    Un monumental Dictionnaire encyclopédique de Jeanne d’Arc vient de paraître : travail de fourmi, enquête passionnée, il livre aux curieux une masse impressionnante de documents qui sans cela auraient risqué de tomber dans l’oubli. Entretien avec Pascal-Raphaël Ambrogi.

    Propos recueillis par Philippe Mesnard

    Votre ouvrage est à la fois une œuvre scientifique et un « dictionnaire amoureux de Jeanne d’Arc ».

    Il offre au lecteur ce que l’on sait de Jeanne, ce que l’on a dit d’elle et ce qu’elle a inspiré et inspire encore. Mis à la portée du plus grand nombre ces documents, ces analyses, ces synthèses, ces catalogues, cette anthologie, ce livre qui est tout à la fois, organisé en dictionnaire, sert à chacun ce qu’il savait sans doute déjà et tout ce qu’il n’avait jamais imaginé trouver. Jeanne d’Arc ! Plus on l’étudie, plus l’émerveillement croît.

    Quelle a été votre plus belle découverte en vous lançant dans cette entreprise ?

    Jeanne est une découverte perpétuelle tout comme une source d’inspiration inépuisable. Un personnage historique parmi les plus documentés de l’Histoire, un enjeu, un symbole, un héros. Je n’imaginais pas un tel potentiel d’admiration, de foi et d’énergie créatrice. L’actualité permanente de la « libératrice de la France » ne se traduit pas uniquement par la parution d’ouvrages littéraires ou historiques. C’est dans pratiquement tous les domaines d’expression qu’elle est présente et qu’elle bat aussi souvent des records. Il faut évoquer ici quatorze mille livres, de vint à trente millestatues rien qu’en France, quatre cents pièces de théâtre déjà répertoriées en 1922, cen trente-neuf films ! Des mangas, des morceaux de rock et de hard metal… Ces derniers dans le monde entier au cours des années récentes. Une pièce de théâtre est annoncée pour 2017, une autre pour 2018. Un film sortira à l’automne, consacré à l’enfance de Jeanne. Une statue sculptée par le russe Boris Lejeune pour la ville de Saint-Pétersbourg sera bientôt élevée. Une sienne statue a déjà été placée, en 2013, à Bermont, près du village natal de Jeanne. Une Pietà de Jeanne d’Arc a été placée, en 2006, à l’entrée d’une caserne près de New York : Jeanne porte un soldat mort sur ses genoux. Ce qui est poignant et unique.

    Cet intérêt pour Jeanne n’est pas nouveau. Il remonte en réalité aux heures mêmes de son épopée. C’est là ma plus grande découverte. Nous avons évoqué les nombreux documents contemporains, significatifs à cet égard. Et s’il faut attendre le XIXe siècle pour assister à ce que l’on pourrait qualifier de « frénésie johannique » ou d’« engouement johannique » – entre 1870 et 1900, par exemple, paraissent cent une biographies consacrées à Jeanne d’Arc, destinées au grand public et à la jeunesse – il n’en reste pas moins que le « messie de la France » (a dit Henri Martin) est loin d’être absent de la scène. Il suffit de consulter les articles « Musique », « Poésie » ou « Théâtre » du Dictionnaire encyclopédique de Jeanne d’Arc pour s’en rendre compte. La Ballade contre les Anglais, de 1428, y fait déjà allusion. Évoquons la Ballade des dames du temps jadis, de François Villon. L’article « Musique » mentionne une œuvre pour les XVe et XVIe siècles, trois pour le XVIIe siècle et douze au XVIIIe siècle. L’article « Poésie » recense huit œuvres au XVe siècle, treize au XVIe siècle, vingt au XVIIe siècle, quatorze au XVIIIe siècle. Quant à l’article « Théâtre », il répertorie une pièce du XVe siècle, le Mystère du siège d’Orléans, daté de 1439, deux pour le XVIe siècle, une bonne douzaine pour le XVIIe siècle, et dix-sept pour le XVIIIe siècle. Cette production est donc loin d’être négligeable.

    C’est un Anglais, William Shakespeare, qui relance Jeanne, avec son Roi Henry VI, de 1592. Il en donne une vision scabreuse et va contribuer à répandre le mythe de Jeanne la sorcière. Voltaire, avec La Pucelle d’Orléans, érotise Jeanne, dans les multiples versions de son œuvre, qui connaît un succès fou (cent vingt-cinq éditions entre 1755 et 1835) et est apprise par cœur par certains, y compris à l’étranger. Schiller porte Jeanne à la scène avec la Jungfrau von Orleans, de 1801. Il brode en inventant une idylle amoureuse entre Jeanne et un beau soldat anglais. Schiller s’assurait ainsi un succès durable. Sa pièce est imitée par de nombreux auteurs, tels que Charles-Joseph Loeillard d’Avrigny et Alexandre Soumet en France ; Roberto de Simone, Nicolas Vaccai et Salvatore Vigano en Italie, Destouches en Allemagne ; elle est mise en musique par Max Bruch, Joseph Klein, Leopold Damrosch, Johann Schulz, Carl Wagner, Bernhard Weber en Allemagne ; Manuel Tamayo y Baus en Espagne, Mario Bossi, Giuseppe Verdi en Italie ; Tchaïkovski en Russie ; Ignaz Moscheles, auteur tchèque. Elle est portée au cinéma en RDA, en 1976, se retrouve au Japon dans des manga de Wakuni Akisato et de S. Muchi.

    Nous avons dit que le phénomène se poursuit. Comment l’expliquer ? Jeanne d’Arc est la figure emblématique par excellence de l’héroïne qui défend son pays de l’envahisseur, en même temps qu’il émane d’elle une aura particulière du fait de sa jeunesse (elle entame sa carrière politique et militaire à dix-sept ans !), de sa fraîcheur, de la « trahison » du roi Charles VII aussi et de sa mort atroce, brûlée vive sur un bûcher à Rouen, le 30 mai 1431.
    Jeanne d’Arc bénéficie ainsi d’un capital de sympathie qui perdure et continue d’enflammer les cœurs. Son personnage est aussi entouré d’un certain mystère, du fait que Jeanne est avant tout une mystique. Elle ne prend pas ses ordres auprès des hommes.

    jeanne-darc-418576_1280.jpg« J’ignore la conduite de la guerre », déclare-t-elle. Or, selon l’auteur de la Geste des nobles français, du 6 juillet 1429, dès son arrivée à Chinon, Jeanne décrit à Charles et à son conseil, « les manières de guerroyer des Anglais » avec une telle précision qu’ils en sont fort ébaudis. Elle déclare : « Par l’aide du ciel, je sais chevaucher et conduire une armée. » Comment l’expliquer, si ce n’est qu’elle jouit de l’assistance continuelle de son conseil divin, dont elle parle avec tant d’assurance, qui « lui avait mis dans l’esprit des clartés de tout ce qui regardait la guerre, et lui fournissait, au moment voulu, les suggestions utiles » ? Ce que nul chef chevronné n’a vu ni compris, elle s’en rend ainsi compte et le saisit sur-le-champ.

    Comment expliquer, devant la masse des faits, que d’aucuns cherchent encore à mythifier Jeanne d’Arc en imaginant qu’elle n’est pas morte sur le bûcher ou qu’elle était d’ascendance royale ?

    Jeanne d’Arc, un mythe ? Comment l’expliquer ? Jeanne est un mystère qui balance entre une incarnation – la jeune fille de Domremy, ce « Bethléem de la patrie » – et un mythe désormais universel qu’elle a bien involontairement suggéré et qui la dépasse sans la détruire. Or, contrairement à la plupart des héros dont la mythification n’intervient que tardivement après leur mort, Jeanne fut un mythe vivant, rappelle Colette Beaune. Dès son apparition, le mythe fut consubstantiel à son histoire. La France et les Français attendaient une intervention divine. Jeanne revêtit les habits du Sauveur tant espéré. Sa capture imprima au mythe d’autres formes. Au messianisme triomphal des années 1429 succéda dans son camp l’image de la souffrante puis de la martyre.

    L’épopée de la Pucelle d’Orléans est certes légendaire, en ce sens qu’elle est inscrite de façon indélébile dans l’histoire de l’humanité et qu’elle est devenue une référence universelle. C’est ainsi que nous avons recensé cinquante-quatre femmes qualifiées de Jeanne d’Arc dans trente-trois pays, dont plus d’une au cours des années récentes. Ce sont les Jeanne d’Arc des États-Unis, de Colombie, de Russie, du Japon, de Côte d’Ivoire, de Chine, du Brésil, etc.

    Mais l’épopée de notre héroïne nationale n’est pas une légende au sens d’une construction artificielle bâtie après coup quelques faits épars. Avec Jeanne d’Arc, nous sommes en présence du personnage de l’humanité, après notre Seigneur et la très Sainte Vierge, le plus documenté de tous les temps. Jugeons-en. Enquête théologique à Poitiers, en mars 1429, qui décide le dauphin Charles à faire crédit à la Pucelle, avec un examen de virginité et une enquête à Domremy et à Vaucouleurs. Procès de condamnation de janvier à mai 1431, avec enquête à Domremy et deuxième examen de virginité ; procès de relapse fin mai 1431, condamnant Jeanne à être brûlée vive. Enquête officieuse de 1450, à la demande du roi Charles VII. Enquête officielle à Rouen en 1452. Ouverture en 1455 du procès de nullité de la condamnation, avec enquêtes à Domremy, Vaucouleurs, Orléans, Tours, Paris, Poitiers, Compiègne, Saint-Denis, Sully-sur-Loire, Lyon, soit cent quarante-quatre auditions, le tout aboutissant à casser, en 1456, la première sentence. Puis procès de béatification, avec examen de l’héroïcité des vertus de Jeanne, examen de trois miracles, procès des raisons pouvant s’opposer à la béatification. Engagé en 1869, à la demande Mgr Dupanloup, évêque d’Orléans, il débouche sur la béatification, le 18 août 1909. Procès de canonisation enfin, avec la reconnaissance de trois nouveaux miracles. La cérémonie officielle a lieu en la basilique Saint-Pierre de Rome, le 16 mai 1920. Nous disposons ainsi d’une documentation de première main vraiment unique.

    Documentation d’autant plus exceptionnelle que, vu l’importance politique de la condamnation et de l’exécution de Jeanne d’Arc pour l’Angleterre, le roi Henry VI a pris grand soin de faire rédiger cinq copies authentiques des actes du procès qu’il a envoyées à divers destinataires.

    Nous avons recensé en outre, délaissant les délibérations et les comptes de plusieurs villes, cent cinquante-six documents contemporains parlant des exploits de la Pucelle. Par contemporains, j’entends ceux allant du début de l’épopée, le 22 février 1429, à la sentence de nullité de la condamnation, le 7 juillet 1456. Ils émanent aussi bien du camp Armagnac que des adversaires de Jeanne, ou de simples observateurs, comme les marchands italiens installés en France. « Nous devons d’autant plus prêter foi à tous ces faits, écrira l’Allemand Guido Görres, qu’ils ont été consignés par ses ennemis mortels [certains d’entre eux du moins], qui ont tout fait pour les falsifier et les déformer au détriment de Jeanne : car c’est une preuve irréfutable de son innocence, que, selon les vœux de la Providence, ses persécuteurs devaient donner au monde futur ».

    Citons-en quelques-uns. Le plus ancien document semble être une lettre du 22 avril 1429 d’un ambassadeur de Philippe de Brabant. Notons que Jeanne n’entrera dans Orléans que sept jours plus tard. Nous trouvons des annotations du 9 mai, deux jours après la levée du siège d’Orléans. Le 14 mai, Jean Gerson, chancelier de l’université de Paris, écrit un Traité sur la Pucelle. Vers le 15 mai, le duc de Bedford, régent d’Angleterre, prend des mesures contre les désertions qui se multiplient dans son camp. Le Ditié, un poème de Christine de Pisan, date du 31 juillet. Dès qu’il apprend la prise d’Orléans, l’empereur Sigismond de Luxembourg commande un tableau représentant Comment la Pucelle a combattu en France.

    Tout cela est donc très sérieux et historiquement très sûr. Et absolument unique. Ce qui est de nature à ôter tout doute sur le caractère historique des quatre cent vingt-sept jours de l’épopée de Jeanne, quatre cent vingt-sept jours seulement qui suffisent à rétablir la situation, à faire échec aux Anglais, à libérer Orléans et le royaume de leur présence indésirable, à faire sacrer le roi et lui restituer sa légitimité, et à modifier de fond en comble l’art de conduire la guerre.

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    Pascal-Raphaël Ambrogi et Dominique Le Tourneau, Dictionnaire encyclopédique de de Jeanne d’Arc, éditions Desclée de Brouwer, juillet 2017, 2 012 pages, 49 euros.

    Philippe Mesnard

     

    L’ouvrage est considérable, et le spécialiste y trouvera son compte, mais on sent que vous l’avez conçu pour qu’on s’y plonge, et même s’y perde, au hasard des articles savants et inattendus : « Chesterton », « Mythes », « Entrevue du signe », « Charles Maurras », « Féminisme et Jeanne d’Arc », « Front national », « Mission de Jeanne d’Arc », « Symbole de la Résistance »…

    Le Dictionnaire encyclopédique de Jeanne d’Arc ne se borne pas à relater l’histoire d’une femme tout à fait unique dans l’histoire. Il retrace une histoire qui est celle de la France et qui la déborde même. Il faut bien saisir, en effet, la portée réelle de la mission de l’« Ange de la patrie » (card. Amette).

    En effet, en apparence, entre Charles de Valois et Henri de Lancastre, la querelle est purement dynastique. En réalité l’enjeu est tout autre. En attribuant au sacre une valeur constitutive, Jeanne conteste le principe même du honteux traité de Troyes par lequel, à l’instigation de la reine Isabeau de Bavière, le roi Charles VI avait conclu, en 1420, qu’à sa mort le royaume de France passerait au roi d’Angleterre.

    Ce traité établissait la renaissance du droit païen dans l’ordre de la succession au trône. Il ignorait la consécration religieuse si caractéristique du monarque français : le pouvoir, la direction de l’État devait se transmettre alors comme un bien réel, le monarque adoptant l’héritier de son choix. « Ainsi, ce qui est en jeu, écrira Jean de Pange, c’est le caractère même de la royauté française. Dans l’ancienne tradition dont Jeanne est l’héritière, il n’y a d’autre souverain que le Christ, dont le lieutenant est le Roi Très Chrétien. » Or, poursuit-il, « Jeanne d’Arc s’efforce de réaliser l’idéal de l’Église […]. Sa mission doit donc avoir un caractère universel et dépasse les intérêts du pays auquel elle appartient. Elle ne vient pas pour faire la guerre, mais pour apprendre aux Français à s’aimer. À ses yeux, le rôle du roi est celui d’un médiateur. Comme lieutenant de Dieu, il est beaucoup plus que le souverain d’un pays. Son autorité n’est pas limitée à un territoire. Il représente “la nation très chrétienne”, et par-dessus les frontières de la France, il s’adresse à tous les serviteurs de la foi catholique ».

    D’où l’importance d’un épisode peu connu, appelé la triple donation. Nous sommes à Saint-Benoît-sur-Loire, le 21 avril 1429, vers 16 heures. Jehanne s’adresse à Charles : « Sire, me promettez-vous de me donner ce que je vous demanderai ? » Le dauphin hésite, puis consent. « Sire, donnez-moi votre royaume. » Stupéfait, il hésite de nouveau ; mais, tenu par sa promesse et subjugué par l’ascendant surnaturel de la jeune fille, il répond : « Jehanne, je vous donne mon royaume » (première donation). La Pucelle exige qu’un acte notarié en soit solennellement dressé et signé par les quatre secrétaires du Roi ; après quoi, voyant celui-ci tout interdit et embarrassé, elle dit : « Voici le plus pauvre chevalier de France : il n’a plus rien. » Puis aussitôt, très grave et s’adressant aux secrétaires : « Écrivez : Jehanne donne le royaume à Jésus-Christ » (deuxième donation). Et immédiatement après : « Jésus rend le royaume à Charles » (troisième donation). À partir de ce moment, Charles se décide à entreprendre la campagne du sacre. « Si Charles VII et ses successeurs avaient compris, dira l’historien jésuite Jean-Baptiste Ayroles, ils auraient fait enchâsser le merveilleux parchemin dans l’or et dans la soie ; ils l’auraient entouré de pierres précieuses, car ils n’avaient pas dans leur trésor de diamants comparables. Ils l’auraient relu et médité tous les jours. Non seulement ils seraient aujourd’hui sur le trône, mais l’univers serait dans les bras de Jésus-Christ et ce serait la France qui l’y aurait placé. »

    En outre, l’historien Jules Michelet assurait qu’au cours de l’histoire, la vérité, la foi et la patrie ont eu leurs martyrs. Mais ici, dans le cas de l’« Épée de la France », expression de Mgr Touchet, évêque d’Orléans, une enfant forgea en son cœur l’idée d’exécuter la chose que les hommes ne pouvaient plus faire : sauver son pays.

    Ce constat, celui de l’immense popularité de Jeanne, s’impose aussi à l’étranger. Le monde entier loue avec ferveur la sainte et salue l’héroïne. Elle a inspiré les êtres engagés et les poètes qui voient en elle « le personnage le plus merveilleux, le plus exquis, le plus complet de toute l’histoire du monde », selon l’anglais John Sterling. C’est bien le cœur de Jeanne que l’on sent battre « dans le souvenir reconnaissant du peuple français et de tous les peuples, car, écrit l’allemand Joseph Görres, il appartient à celui-là par le sang et à tous les autres par ses nobles actions ».

    Jeanne relève donc du patrimoine universel de l’humanité. En témoigne le fait que, aujourd’hui encore, elle est la référence reconnue pour les femmes qui luttent pour libérer leur patrie d’un envahisseur ou d’un dictateur, le symbole de la résistance, comme je le rapportais voici un instant. Certes, elles ne sont appelées la Jeanne d’Arc de leur pays que de façon purement analogique. Certaines d’entre elles ont fait le coup de feu et, surtout, aucune n’a reçu une mission divine, ni réuni les conditions à la fois humaines et spirituelles qui font de Jeanne d’Arc un être vraiment d’exception. Mais le fait est que Jeanne se présente aux yeux de tous comme l’archétype de l’ange providentiel.

    Il s’agit d’un dictionnaire à vocation encyclopédique. Le principe qui a présidé à sa rédaction est donc celui de l’universalité au sens de description de tous les domaines dans lesquels Jeanne est présente sous quelque angle que ce soit. C’est pourquoi l’on peut trouver dans le Dictionnaire encyclopédique de Jeanne d’Arc des entrées telles que « Communes » au nom de Jeanne, « Manuels scolaires », « Philatélie », mais aussi d’abondantes citations des discours et panégyriques prononcés lors des fêtes johanniques, à Orléans depuis 1429, à Rouen et à Reims, et un peu partout dans le monde.

    L’on verra également comment l’« Envoyée de Dieu » a été louée et encensée par tous les partis politiques, chacun la revendiquant. Maurice Barrès déclarait déjà, en 1920, l’année de la canonisation de Jeanne et par l’Église catholique et par la République laïque : « Il n’y a pas un Français, quelle que soit son opinion religieuse, politique ou philosophique, dont Jeanne d’Arc ne satisfasse les vénérations profondes. Chacun de nous peut personnifier en elle son idéal. Êtes-vous catholique ? C’est une martyre et une sainte, que l’Église vient de mettre sur les autels. Êtes-vous royaliste ? C’est l’héroïne qui a fait consacrer le fils de Saint Louis par le sacrement gallican de Reims. Rejetez-vous le surnaturel ? Jamais personne ne fut aussi réaliste que cette mystique ; elle est pratique, frondeuse et goguenarde, comme le soldat de toutes nos épopées… Pour les républicains, c’est l’enfant du peuple qui dépasse en magnanimité toutes les grandeurs établies. […] Enfin les socialistes ne peuvent oublier qu’elle disait : “J’ai été envoyée pour la consolation des pauvres et des malheureux.” Ainsi tous les partis peuvent réclamer Jeanne d’Arc. Mais elle les dépasse tous. Nul ne peut la confisquer ».

    Pourquoi accordez-vous une place importante à la spiritualité de Jeanne, dont peu d’historiens parlent ?

    La question de la spiritualité de Jeanne me paraît essentielle, car elle porte sur le point capital de la mission de la « Bonne Lorraine ». La patronne secondaire de la France est avant tout une mystique. C’est parce qu’elle est mystique qu’elle est combattante. C’est parce qu’elle est mystique qu’elle est patriote. Mgr Touchet, évêque d’Orléans, d’exhorter en ces termes : « N’approchez pas de l’incomparable enfant comme on approche d’un être commun ; même comme vous approcheriez de Duguesclin, même comme vous approcheriez de Saint Louis, quoique ceux-ci, à des degrés si différents, s’élèvent si haut au-dessus du vulgaire. Duguesclin est bien Duguesclin, Saint Louis est bien saint Louis, Jeanne est à peine Jeanne. C’est à peine elle qui délivre Orléans, qui triomphe à Patay, qui couronne le roi à Reims. Pour ces œuvres, elle n’est que l’instrument : l’ouvrier, c’est Dieu. Dieu est l’auteur principal de l’épopée qui s’ouvre à Domremy et se clôture à Rouen. Jamais à ma connaissance il ne s’est montré plus clairement dans l’histoire. »

    Jeanne d’Arc n’est, en effet, qu’un exécutant des ordres venus d’En-haut. Au moment d’entreprendre son épopée et de traverser, de Vaucouleurs à Chinon, une région aux mains des Bourguignons, ennemis du dauphin Charles, elle peut déclarer : « Si les ennemis se présentent, moi, j’ai mon Seigneur qui saura m’ouvrir la voie pour arriver au Dauphin, car je suis née pour le sauver. N’ayez peur, mes Frères du Paradis et mon Seigneur m’ont déjà dit depuis quatre ou cinq ans qu’il me fallait guerroyer pour reconquérir le royaume de France. J’agis par commandement. Vous verrez à Chinon comme le Dauphin nous fera bon visage. »

    Et une fois qu’elle a identifié le dauphin caché dans la foule de ses courtisans, elle lui dit avec assurance : « Gentil Dauphin, je suis venue pour donner secours au royaume de France et à vous. Et vous mande le roi du ciel par moi, que vous seres lieutenant à Luy qui est vray roi de France. Employez-moi. La partie sera bientôt allègre. Orléans sera pris… »

    Elle n’agit que « par commandement ». Les visions dont elle est gratifiée, depuis le 13 mai 1424, à l’âge de treize ans, vont se multiplier au point de devenir rapidement quotidiennes. C’est dire que si Jeanne est une paysanne vigoureuse, ayant les pieds bien sur terre, possédant un gros bon sens non dépourvu d’un humour qui éclate en des formules étonnantes, son cœur, sa tête sont déjà au ciel. Elle entretient un commerce habituel avec ses « voix », comme elle les appelle. Elle n’entreprend rien sans leur avis. La seule fois où elle agit de son propre chef et tente de s’évader du château de Beaurevoir, en sautant de la tour dans laquelle elle est enfermée, elle faillit se tuer. Mais le reste du temps, Jeanne s’en remet à ses voix et les consulte en cas de doute.

    Mystique, Jeanne est une âme de prière. Certes, elle ne connaît que le Pater, l’Ave et le Credo. Mais elle peut nous en remontrer par sa foi ardente. Ses concitoyens de Domremy nous livrent des témoignages concordants. Ils déclarent au procès de nullité qu’elle fréquentait souvent l’église, communiait presque tous les mois après s’être confessée, pratiquait dévotions, jeûnes et prières pour les besoins du peuple. Haumette, une amie d’enfance, témoigne : « Que de fois j’ai été chez son père, et couché avec elle, de bonne amitié. […] C’était une bien bonne fille, simple et douce. Elle allait volontiers à l’église et aux lieux saints. […] Elle se confessait souvent. Elle rougissait quand on lui disait qu’elle était trop dévote, qu’elle allait trop à l’église. »

    Elle priait en entendant sonner l’Angélus. Le Fumeux, servant d’autel à Vaucouleurs, devenu prêtre, témoignera qu’il voyait Jeanne le visage levé vers la Sainte Vierge ou prosternée devant le crucifix, comme transfigurée dans son oraison : « J’étais alors jeune clerc, à la chapelle de la Bienheureuse Marie de Vaucouleurs, et j’ai vu souvent Jeanne elle-même, dite la Pucelle, qui venait à ladite église moult dévotement. Dans cette même église, elle entendait les messes matinales, et s’y tenait beaucoup en prière. Je l’ai vue aussi dans la crypte des Voûtes sous ladite église, se tenant à genoux devant la Bienheureuse Marie, tantôt le visage baissé, tantôt le visage droit. » Lorsque les cloches sonnaient le soir, Jeanne se mettait à genoux, et, quand elle était aux champs, elle revenait pour entendre la messe. « Le besoin de prier sans cesse, à toute heure, en tout lieu et en toute circonstance, apparaît comme le trait le plus caractéristique de la vie de la Pucelle dans son pays natal. »

    À Poitiers, l’épouse de Jean Rabuteau, qui l’hébergeait, déclara « qu’elle la voyait tous les jours à genoux pendant longtemps, l’après dinée ; qu’elle la voyait aussi à genoux la nuit ; que le jour, elle se retirait très souvent dans un petit oratoire qui était dans la maison, où elle restait très longtemps en prière ». Marguerite Touroulde, son hôtesse à Bourges, témoigne, elle aussi, que Jeanne se confessait très souvent, aimait la messe, et lui demanda plusieurs fois de l’accompagner à matines, qu’elle pratiquait largement l’aumône et donnait aux indigents, car elle avait été envoyée pour leur consolation.

    La « Patronne du laïcat » (Jacques Maritain) avait demandé au frère Pasquerel, son confesseur, de faire, « pour rassembler les prêtres, une bannière sur laquelle serait peinte l’image de Notre Seigneur crucifié. Une fois faite, Jeanne elle-même chaque jour deux fois, le matin et le soir, lui faisait rassembler les prêtres qui chantaient des hymnes à la Vierge Marie. Avec eux était Jeanne interdisant de se joindre à eux les hommes d’armes s’ils ne s’étaient confessés ce jour, les avertissant qu’à cette condition ils pouvaient assister au rassemblement. » Se rendant de Blois à Orléans, « Jeanne fit rassembler les prêtres derrière leur bannière et précédant l’armée. Ainsi rassemblés, ils passèrent par la Sologne chantant le Veni Creator Spiritus et diverses antiennes. » Essayez d’imaginer la scène. C’est absolument grandiose. « Ainsi avancèrent-ils tout le jour dans les champs et le jour suivant et arrivèrent auprès d’Orléans ». Le convoi passe sans encombre devant les positions ennemies, les Anglais étant comme pétrifiés. C’était le 29 avril 1429.

    À l’heure des vêpres ou au crépuscule, la Pucelle avait pour habitude de se retirer dans une église et d’y faire sonner les cloches pendant une demi-heure, rassemblait les religieux mendiants, se mettait en prière et faisait chanter une antienne à la Vierge Marie. Les jours de fête, elle entendait la grand-messe et participait aux autres offices, se contentant de la messe basse les autres jours, si possible tous les jours. Elle cherchait à amener les gens d’armes à fréquenter eux aussi les sacrements, au moins avant de partir au combat. Partout elle agissait ainsi, aussi bien à Chinon au milieu d’une cour guère portée à ce genre d’exercices, qu’à Poitiers pendant ses interrogatoires, qu’en campagne.

    « La pureté de son idéal, la charité de ses motifs, sa piété parfaitement à la portée de tous, conviennent tout à fait à l’instruction spirituelle de notre époque », dira le cardinal américain Wright. D’où l’article « Sainte laïque », au sens où Jeanne d’Arc peut être donnée comme modèle de sainteté dans la vie ordinaire et dans l’exercice du travail professionnel.

    Benoît XVI devait déclarer que « cette sainte avait compris que l’Amour embrasse toute la réalité de Dieu et de l’homme, du ciel et de la terre, de l’Église et du monde. Jésus est toujours à la première place dans sa vie, selon sa belle expression : “Notre Seigneur premier servi” ».

    C’est sans nul doute ce qui explique la justesse, la finesse et l’exactitude des réponses fournies à ses juges. D’ailleurs, elle s’était confectionné une prière à cet effet : « Très doux Dieu, en l’honneur de votre sainte Passion, je vous requiers, si vous m’aimez, que