LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1579
-
-
14 Octobre 1914 ... La popularité du roi Albert est immense
Le gouvernement belge, qui d'Anvers était venu à Ostende, a demandé asile à la France et est venu s'établir au Havre. L'Etat belge n'est plus qu'un symbole, la Belgique presque tout entière (sauf une enclave où l'on se bat, en Flandre occidentale) étant occupée et administrée par les Allemands.
Le ministère anticlérical de M. Viviani a fort bien reçu le ministère clérical de M. de Broqueville, qui continuera de signer des décrets en France. Cela n'est encore rien. Mais, si l'armée belge doit évacuer Ostende, Albert 1er, qui est resté jusqu'ici avec elle, devra à son tour venir sur le territoire français, et il y sera roi comme ses ministres y sont ministres. Nous aurons un roi en république. Curieuse situation et qui, dans l'extraordinaire confusion de toutes choses à laquelle nous assistons, peut prêter à d'étranges métamorphoses. En tout cas, la popularité du roi Albert est immense à Paris et à travers tout le territoire français. u
-
Enquête aux pays du Levant, par Louis-Joseph Delanglade
A voir les images télévisées de Kobané, ville kurde de Syrie, drapeau noir de l’armée islamique sur certains bâtiments et chars turcs massés de l’autre côté de la frontière, on se félicite que la France ne soit pas allée trop loin dans son engagement : on peut juger symboliques, voire dérisoires, les quelques frappes de nos Rafale, limitées au seul territoire irakien, mais c’est très bien ainsi car, si pour des raisons intérieures et extérieures évidentes et déjà évoquées dans ces colonnes, la France ne pouvait se récuser, elle n’a manifestement pas les moyens ni même sans doute aucun intérêt à aller au-delà.
Il nous sera peut-être possible, avec, c’est un fait, le soutien logistique non négligeable (indispensable ?) des Etats-Unis, de « sécuriser » au mieux les territoires de certains des pays issus des ex-A.O.F. et A.E.F. (Afrique-Occidentale et Afrique-Equatoriale françaises). En revanche, on peut raisonnablement penser qu’une victoire sur « l’Etat islamique » n’est pas pour demain et que la « coalition » s’est engagée dans un processus qui risque de durer (très) longtemps et de coûter très cher.
M. De Villepin souligne fort justement que l’islamisme, « considéré ici comme une barbarie, est brandi là-bas comme un étendard ». M. Frachon, directeur éditorial du Monde, va jusqu’à affirmer qu’on peut contenir ou affaiblir « l’Etat islamique » mais qu’on ne peut le vaincre. Admettons-le en effet : on pourra tuer des (dizaines de) milliers d’islamistes, d’autres sont déjà nés qui les remplaceront - avec l’aide, même inavouée, de certains Etats sunnites. Qui pis est, ces islamistes sont déjà partout dans ce Proche-Orient décomposé, même au Liban, dans la montagne à la lisière de la Syrie.
De toute façon, une solution de long terme ne peut être que politique. On en est très loin, pour la seule et bonne raison que les Américains, et dans une moindre mesure les Européens, ont fait tout ce qu’il ne fallait pas faire depuis vingt-cinq ans : deux guerres qui ont eu raison de l’Irak de Saddam Hussein et, aujourd’hui, une politique activement hostile à la Syrie de M. Assad. Or, c’est bien en Irak et en Syrie que prospère « l’Etat islamique ». La nécessaire restauration de l’Etat syrien et de l’Etat irakien sera(it) une oeuvre de longue haleine : cette restauration, pour souhaitable qu’elle soit, n’est peut-être tout simplement pas/plus possible, vu l’absence évidente, chez les « Occidentaux », de toute vision stratégique et tout simplement vu l’état de décomposition extrême dans lequel se trouve le Levant post-colonial.
L’Iran, réintégré de facto dans le jeu international, et la Turquie, spectatrice intéressée de la bataille pour Kobamé, pourraient bien être les gagnants à terme, en saisissant au moment voulu les opportunités qui ne manqueront pas de se présenter - celui-là en Irak, celle-ci dans le « Kurdistan ».
L’Iran et la Turquie, les deux Etats « forts » et d’ailleurs non arabes. u
-
Toute identité n'est pas à proscrire, simplement, il faut en changer ! Tel est le projet.
-
13 Octobre 1914 ... Les Allemands ont réoccupé Lille
Les Allemands ont réoccupé Lille : cet évènement est traité d'épisode sans importance. - Etrange ! On m'avait pourtant appris, au collège, que l'entrée des impériaux à Lille en 1792 avait été considérée comme quelque chose de très grave. On a changé bien des points de vue et révolutionné bien des choses même depuis la révolution... u
Sans la neutralité belge, le roi Georges V ... *
Les actes dictés par une haute conception de la politique ne manquent jamais de trouver, un jour ou l'autre, leur récompense. Il n'y avait eu, jadis, que trop d'étourdis dans notre pays, pour reprocher à Louis-Philippe de n'avoir pas annexé purement et simplement la Belgique. Il n'y avait pas eu trois douzaines de Français pour comprendre la nature du chef-d'oeuvre qu'était la neutralité belge. Il aura fallu la guerre de 1914 pour faire sentir à tout ce qui n'est pas incurablement ignorant et léger ce que le duc de Broglie a appelé "le dernier bienfait de la monarchie". Dans les grands évènements, les peuples s'aperçoivent mieux que les générations dépendent les unes des autres, que le passé gouverne l'avenir, que le raisin vert mangé par les pères agace les dents des enfants, et qu'au point de vue militaire comme au point de vue diplomatique, l'imprévoyance reçoit son châtiment, la prévoyance son salaire.
L'histoire dira certainement que la Monarchie de 1830, avec toutes ses imperfections, toute ses faiblesses, a sauvé la France de 1914 : sans une Belgique indépendante, l'ennemi n'eût pas été retenu plus de quinze jours devant Liège, retard qui a ruiné tous ses plans; sans la neutralité belge, le roi Georges V, les conservateurs anglais et l'aristocratie whig n'eussent pas trouvé la raison péremptoire qui devait jeter dans cette grande guerre l'Angleterre radicale et pacifiste. u
* Journal de Jacques Bainville (1901/1918) - Tome I - Plon 1948
-
Messes à la mémoire de la reine Marie-Antoinette, guillotinée le 16 octobre 1793
= Lyon : samedi 11 Octobre, 10h30, Eglise Saint Georges, Quai Fulchiron (5ème).
= Nîmes : jeudi 16 octobre, 19H00, Chapelle Sainte Eugénie.
= Grenoble : jeudi 16 octobre, à 18h, Collégiale Sint André.
Nous annoncerons de même les messes qui nous seront signalées. u
-
Réunion du Cercle algérianiste de Marseille, jeudi 16 octobre, avec l'amiral Hervé Giraud
Réunion du Cercle algérianiste de Marseille
Le jeudi 16 octobre2014, dans les salons de la Maison des travaux publics et du bâtiment, 344 boulevard Michelet 13009 - Marseille
Conférence de l’amiral Hervé Giraud :
« Justice et vérité – le général Giraud : Le libérateur oublié »
Accueil : à partir de 17h - Conférence: à 18h.
Inscriptions préalables avant le 14 octobre 2014 auprès de :
= Serge Domenech 04 42 02 60 04 - e-mail : domenech_serge@orange.fr
= Michèle Pepe 04 91 93 30 41 - e-mail: michelepepe68@yahoo.fr
= Participation aux frais à régler sur place : 8€ - Apéritif kémia : offert.
Dîner à 20h (facultatif) : 35€ (conférence + apéritif inclus)
-
...
-
Retour vers cet été : Images du Camp Maxime Real del Sarte 2014
Cette vidéo, que nous avons plaisir à diffuser, ce dimanche d'automne, ce sont des images du camp d’Action Française de cet été. Des images d'une jeunesse somme toute plutôt joyeuse, des images plutôt encourageantes, malgré les perspectives très sombres de l'actualité. Le Camp Maxime Real del Sarte est aussi bien un moment de formation intellectuelle et politique que d’apprentissage de techniques militantes. Où l'Action française se soucie d'abord d'elle-même, de la pertinence de sa politique, de la nécessité, pour la France, de sa présence et de son action; où elle réunit sa jeunesse, où elle se préoccuppe de transmettre, où elle prépare son avenir, où elle s'organise et se renforce elle-même; ce qu'elle se doit de faire en priorité. C'est, au sens le plus étendu, en s'organisant, en travaillant à l'unité de toutes ses composantes, en grandissant, elle-même, qu'elle peut le mieux servir la France. Lafautearousseau u
-
Le prix des Impertinents contre l’hostilité médiatique : Entretien avec Jean Sévillia
La proclamation du prix des Impertinents 2014 aura lieu le 3 novembre.
Vous êtes à l’origine du prix des Impertinents. Depuis combien de temps ce prix existe-t-il, et pourquoi l’avoir créé ?
Nous avons créé le prix des Impertinents avec quelques amis, en 2009, avec une idée simple. Si la pensée dominante bénéficie du soutien du système médiatique, nombreux sont les francs-tireurs intellectuels qui sont édités sans difficulté – car il existe plus de liberté d’esprit qu’on le croit dans le monde de l’édition – mais dont les livres ont du mal à percer en raison de l’hostilité qu’ils rencontrent sur le plan médiatique.
Le prix des Impertinents se donne, par conséquent, pour but de soutenir des auteurs et des livres dont la pensée s’inscrit à contre-courant du politiquement correct et des tabous médiatiques. En 2009, notre premier prix a couronné Voyage au bout de la révolution, de Pékin à Sochaux (Fayard), les souvenirs de Claire Brière-Blanchet, une maoïste repentie. En 2010, nous avons donné le prix à Michèle Tribalat, la courageuse démographe, pour Les Yeux grand fermés (Denoël), un essai sur l’immigration. En 2011, un an avant qu’il ne soit la cible d’une campagne de diabolisation, à l’écrivain Richard Millet pour Fatigue du sens (Éditions Pierre-Guillaume de Roux). En 2012 à Denis Tillinac, qu’on ne présente pas, pour Considérations inactuelles (Plon). Et en 2013 à Shmuel Trigano, un universitaire auteur d’un livre qui a été une vraie découverte : La Nouvelle Idéologie dominante (Éditions Hermann).
Qu’est-ce qui différencie ce prix des autres prix littéraires décernés chaque année ?
Le prix des Impertinents est parfaitement indépendant, et échappe à toutes les combines et arrière-pensées commerciales qui caractérisent trop de prix. Il a surtout valeur de symbole, puisqu’il n’est pas doté. Comment évaluerait-on, d’ailleurs, la liberté d’esprit ? Notre seule aide matérielle vient du Montparnasse 1900, une sympathique brasserie parisienne qui accueille nos débats et nous reçoit chaque année avec le lauréat pour la remise du prix. Le prix des Impertinents est surtout le reflet de la qualité de son jury, que j’ai l’honneur de présider, et qui réunit des écrivains, des essayistes et des journalistes qui ont en commun de ne pas aimer les idées toutes faites, mais qui représentent autant de personnalités diverses, dont les avis peuvent diverger sur de nombreux sujets : Christian Authier, Jean-Marc Bastière, Bruno de Cessole, Jean Clair, Gabrielle Cluzel, Louis Daufresne, Chantal Delsol, Paul-François Paoli, Rémi Soulié, François Taillandier et Éric Zemmour.
Quels sont les essais que vous avez retenus cette année et sur quels critères de sélection fondez-vous votre choix ?
Chacun des membres du jury peut proposer un ou plusieurs titres qu’il a repérés. Nos avis se recoupent souvent, mais pas toujours. Nous visons à la fois le fond et la forme, en privilégiant quelque peu le fond toutefois, puisque nous récompensons des essais et non des romans. Nous venons d’arrêter notre première sélection. Je ne peux pas la commenter, car je laisserais deviner mes préférences. Je me contenterai donc de vous en donner la liste par ordre alphabétique d’auteur : Nicolas Baverez, Lettres béninoises (Albin Michel) ; François-Xavier Bellamy, Les Déshérités (Plon) ; Christophe Guilluy, La France périphérique (Flammarion) ; Pierre de La Coste, Apocalypse du progrès (Perspectives libres) ; Gabriel Matzneff, Les Nouveaux Émiles de Gab la Rafale (Léo Scheer) ; Denis Moreau, Pour la vie ? Court traité du mariage et des séparations (Seuil) ; Philippe Nemo, Ésthétique de la liberté (PUF). Le 20 octobre, nous arrêterons une liste de trois titres. Et le 3 novembre, ce sera le vote final et la proclamation du prix. u
Entretien réalisé par Gabrielle Cluzel.
Source : Boulevard Voltaire
-
Rire ou sourire un peu ... même s'il n'y a pas vraiment de quoi
Chrétiens d'Orient
Source : Figaro magazine. Signé Nicolas VIAL
-
Information ...
A lire demain matin, lundi, à ne pas manquer :
ENQUÊTE AUX PAYS DU LEVANT
par Louis-Joseph Delanglade.
-
12 Octobre 1914 ... C'est à Aristide Briand que l'on attribue l'attitude la plus ferme
Aristide Briand (Pastel de Marcel-André Baschet - Paris, musée du Petit-Palais)
Un récit que l'on répand et qui prend plus de corps de jour en jour attribue un rôle considérable à l'Angleterre dans le gouvernement des affaires de la France.
D'abord il se confirme qu'il y a eu, pendant tout le mois d'août, des intrigues nouées entre les financiers et les pacifistes en vue d'amener une paix rapide avec l'Allemagne. Celle-ci se fût contentée de l'entrée de ses troupes à Paris et d'une indemnité, assez lourde sans doute, mais eût peut-être rendu Metz. Nous abandonnions la Belgique et nos alliés. C'était le plan de Joseph Caillaux. Il fut même question, à un moment donné, d'introduire Caillaux dans le ministère pour négocier avec l'Allemagne. Poincaré acceptait s'il ne proposait pas lui-même cette solution.
Selon les rumeurs que l'on entend, la combinaison aurait échoué pour différents motifs. Selon les uns, le généralissime, plutôt que de laisser entrer les Allemands à Paris sans combattre, aurait offert sa démission. Selon les autres, Joffre aurait obéi aux instructions du gouvernement en reculant jusqu'à la Marne sans combat et n'aurait pris l'offensive que sur l'ordre du gouvernement dont les dispositions avaient changé. Pour l'opinion publique, Joffre est un jour le sauveur de la patrie et, le lendemain, il est tout près de passer pour un traître. Cela est de tous les temps.
Ce qui paraît certain, c'est que l'intervention du gouvernement anglais s'est bien produite et s'est fait sentir à un moment donné. L'intervention russe aussi. On affirme que, lorsque l'ambassadeur d'Angleterre fut mis au courant du projet d'entente avec l'Allemagne, il tourna le dos avec mépris. Quant à Isvolski*, il menaça de repartir immédiatement pour la Russie. D'autre part, on assure que non seulement le général French mais encore Lord Kitchener lui-même auraient parlé sévèrement aux membres du gouvernement républicain.
Enfin c'est à Aristide Briand que l'on attribue l'attitude la plus ferme. C'est lui qui aurait parlé le plus vigoureusement contre la capitulation proposée par la finance et le radicalisme.
Quant au président Poincaré, il a, dans tous ces récits, le rôle le plus effacé et le plus piteux. Un témoin m'affirme qu'il a été sifflé en entrant l'autre jour à l'Elysée, à son passage à Paris. Où sont les acclamations, où sont les espérances de janvier 1913 ! u
* Alexandre Isvolski (1856-1919), ministre des Affaires étrangères russe de 1906 à 1909, date à laquelle il fut nommé ambassadeur à Paris. Il y demeura toute la guerre, puis après la révolution de 1917, en exil et fut délégué des partis contre-révolutionnaires.
-
...
-
Duel d'anthologie Zemmour - Cohn-Bendit : c'est avec Zemmour qu'on n'est pas couché !
Théophane Le Méné a donné de cette émission, pour Figaro Vox, un récit fidèle, vivant, aux remarques et commentaires d'un ton toujours juste. Vous pourrez le lire ici.
Eric Zemmour est, depuis la sortie du Suicide français, sur tous les plateaux de télévision, sur toutes les radios, il est de tous les débats, sur toutes les chaînes, sur tous les sites et blogs de la toile, il fait la une des quotidiens, la couverture des hebdomaires, la matière de quantité d'articles. En vérité, il est devenu incontournable. Il est partout invité parce qu'il assure l'audience des émissions auxquelles il participe. Et de ce succès, largement mérité et, sans-doute, pour lui, libérateur, il fait, partout, sans concession, l'usage que l'on sait. Il est en train de devenir une réfrence intellectuelle et d'acquérir une autorité politique indéniables. Et sa politique consiste, en tous points, dans la défense de l'héritage français. On ne peut que lui en savoir gré. Lafautearousseau u
Tout avait pourtant si bien commencé. Laurent Ruquier arbitrait joyeusement, Léa Salamé et Aymeric Caron s'aimaient, Cécile Duflot performait et Bernard Kouchner s'enthousiasmait sur lui-même en même temps qu'il jouait sa scène de colère habituelle. Ainsi repartait l'émission «On n'est pas couchés» pour une nouvelle saison, dans la joie et la bonne humeur. Elle annonçait une année paisible, loin des tracas quotidiens. Et puis il a fallu qu'Eric Zemmour s'invite samedi dernier et nous ressasse ses vieilles rengaines: le monde, ce vieux rafiot à la dérive, la société postmoderne et ses déclinaisons multiculturelles, multisexuelles. En somme qu'il nous raconte à nouveau que la France se meurt et qu'avant c'était mieux. Une complainte qu'il avait même osé poser sur le papier dans un ouvrage au titre saisissant: «Le suicide français».
Cette intervention cathodique en aurait laissé plus d'un coi si l'on n'avait pu compter sur la présence salvatrice d'invités de marque, précisément soucieux de se démarquer d'un journaliste coupable de s'obstiner à nommer les choses, surtout quand elles sont déplaisantes. Car c'est bien de ce crime dont on juge Eric Zemmour coupable: ne pas voir dans l'embrasement des banlieues une manifestation festive de la diversité, ne pas voir dans la mort symbolique du père la fin d'une oppression séculaire, ne pas voir dans l'avènement du féminisme et des revendications des minorités la désinfection d'une France moisie.
Il fallait du dur pour porter l'estocade. Bien loin de la noblesse du duel à fleuret moucheté, ce fut l'ensemble des invités, sans exception, qui eurent droit à leur petit morceau de Zemmour. Daniel Cohn-Bendit joua de son capital sympathie et gueulard pour acculer dans les cordes celui qui représente son exact contraire: on n'en retint rien. La comédienne québécoise Anne Dorval essaya d'arracher quelques larmes en évoquant l'amour, la condition des femmes et tutti quanti: une engeance qui règne un peu partout comme une mélodie trop écoutée dont on n'arrive plus à se défaire. Même Michel Denisot, dont on connait la propension à ne pas mettre les mains dans le cambouis par une platitude légendaire, hasarda quelques piques en même temps qu'il racontait ses histoires à Avoriaz ou dans la poissonnerie de Gérard Depardieu qui borde la rue des Saint-Père. Puis vint le tour d'Aymeric Caron. Le plus célèbre des végétariens allait enfin pouvoir montrer qu'il avait des crocs et plastronnait, fier comme Artaban de montrer à son prédécesseur qu'il pouvait donner la réplique, malgré une inculture assumée et une hargne qui la mettait en exergue. Alors il attaqua sur les chiffres, les sources, s'attachant bien sûr à ce qu'Eric Zemmour ne puisse répondre. On a beau multiplier quelque chose par zéro, le résultat est toujours nul. Il eut mieux fait de lire le livre. Léa Salamé ne fut pas en reste. Sûrement, celle qui arbitra un temps le débat hebdomadaire entre Domenach et Zemmour, voulait-elle montrer qu'elle entrait dans la cour des grands. En parfaite réductrice, elle en vint à réduire Zemmour à sa judéité non acceptée ; en cause, sa vision de l'histoire de Vichy. Une étudiante en première année de psychologie aurait sûrement fait mieux. Un étudiant d'histoire en première année l'aurait volontiers corrigée.
La fin de l'émission arriva. Les arbitres de l'élégance retourneraient bientôt à leurs quartiers du boulevard Saint-Germain, rassurés d'avoir pu, ce soir, redonné un coup de rose à la sombre réalité qu'avait osé peindre Eric Zemmour.
Le sourire bright, le teint bronzé et la verve éloquente, on peut railler ce que dit Eric Zemmour sur les plateaux et s'imaginer que si le peuple pense mal, il faut changer le peuple. Mais l'histoire grecque est là pour nous rappeler ce qu'il en coûte de ne pas écouter certains présages. Eric Zemmour, sans aucun doute, est la Cassandre de notre siècle. Et la guerre de France ne doit pas avoir lieu.
Home FIGARO VOX Vox Medias