UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1580

  • 30 août 1914 ... Ah ! la République !... Ah ! l'Empire !

     187091.jpg

    Bataille de Saint-Privat, 18 août 1870 - Peinture de Alphonse de Neuville

    Quinze ou vingt familles de réfugiés belges, soixante personnes en tout, sont arrivées ici. Les notables du bourg appréhendaient que la population ne leur fît pas un accueil très chaud. En temps ordinaire, la fourmi normande n'est pas prêteuse. Elle s'est montrée admirablement empressée et généreuse avec les malheureux exilés.  

    Ce sont des ouvriers mineurs ou métallurgistes, de petits commerçants, de petits propriétaires cultivateurs, tout le pays wallon vu comme dans un microcosme. Placides, les hommes fument d'énormes pipes. Ils paraissent las de raconter les horreurs dont ils ont été les témoins et failli être les victimes. Aucune emphase, aucun goût de nous dire : "C'est pour vous sauver, pour la France que nous avons fait cela, que nous nous sommes mis en travers de l'invasion."

    Une femme, avec un flegme extraordinaire, nous fait un récit de son odyssée, tragique dans le décousu et la pauvreté de l'expression :

    - Nous sommes du village du Châtelet, dit-elle avec l'accent et les locutions belges. Comme il y avait la guerre, nous avions fait des provisions de riz et de café. Aujourd'hui ce sont les Prussiens qui les mangent. Ce peuple-là, voyez-vous, il n'y a rien à faire avec lui... Ils commettent des barbaries qu'on ne pourra jamais tout dire... Mais les soldats français, on les suivrait au bout du monde, tellement qu'on se sent en sûreté avec eux... Voilà qu'une nuit, au Châtelet, les cloches de l'église sonnent et tout le monde se réveille...  "Sauve qui peut", qu'on crie de tous les côtés... Les soldats français nous disent : "Venez vite, mais n'ayez pas peur, les Prussiens ne sont pas encore là..." Si nous étions restés, nous aurions été fusillés comme tant d'autres. Les Prussiens pillent et violent les femmes... Ils leur font enlever leur robe et tout et veulent qu'elles les servent ensuite à table... Ah ! la guerre, c'est quéqu'chose !..."

    Ce "ah ! la guerre, c'est quéqu'chose !" sert de refrain au lamentable récit, vient en scander les épisodes les plus affreux.

    -Nous avons suivi les soldats français dans leur retraite... Parfois nous rampions avec eux, nous nous cachions derrière les haies... Nous dormions sous leur protection, à la belle étoile. Une nuit il y a eu alerte; les chevaux ont pris peur et nous ont piétinés. L'un d'eux est passé au-dessus de moi sans que ses sabots m'aient touchée... C'est bien miracle... Enfin, une fois arrivés en France, on nous a mis en chemin de fer... Nous étions des cents et des cents... On s'étouffait dans les fourgons... Dans le nôtre, deux femmes ont accouché au milieu de la nuit, sans lumière, sans secours, sans pouvoir remuer... Je crois qu'une mère et son enfant sont morts...

    Et elle répète encore, avec la vision de ces horreurs dans les yeux, la formule de sa mélopée qui résume toute sa vision du drame : "Ah ! la guerre c'est quéqu'chose !"

    Ce soir, L... est arrivé de Paris avec ses enfants. On n'a commencé à comprendre la situation véritable qu'à partir du moment où, par un communiqué du ministère de la guerre, le public a su que "nous tenions de la Somme aux Vosges". De la Somme aux Vosges, s'est-on répété avec stupéfaction. Si les Allemands sont sur la Somme aujourd'hui, ils seront donc devant Paris dans deux semaines ?

    Comment reproduire tous les "on-dit" que les voyageurs nous apportent ? C'est un flot dont on pourrait à peine rendre le murmure. On dit que la banque de France a transporté son numéraire à Bordeaux et qu'elle y sera bientôt suivie par le gouvernement. On dit que le général Percin est à la prison du Cherche-Midi pour avoir voulu rendre sans combat la place de Lille. On dit que la nouvelle poudre Turpin a été acceptée par le ministère de la Guerre depuis qu'il est avéré que les Allemands violent la convention de La Haye, se servent de balles explosives et de baïonnettes dentelées : c'est une poudre asphyxiante qui tue des milliers d'hommes à la fois, et l'injection d'un contrepoison suffit à immuniser nos propres soldats. On dit que le fusil allemand est meilleur que le fusil Lebel, mais que nos fantassins chargent l'ennemi avec trop d'ardeur et gênent le feu de notre artillerie. On dit que nous avons remporté une grande victoire à Péronne. On dit qu'un général n'aurait pas transmis une certaine dépêche et que, par sa faute, toute l'armée française a dû se replier. On dit que les soldats qui partent pour le feu demandent des médailles bénites...    

    Surtout on commence à dire ! "Ah ! la République !..." du ton de sombre reproche et de malédiction dont on commençait à dire il y a quarante-quatre ans : "Ah ! l'Empire !"

    Bien qu'un aéroplane allemand ait, dimanche à midi, jeté trois bombes sur Paris du côté de la gare de l'Est (une femme a été tuée dans la rue des Vinaigriers), L... rapporte l'impression que l'état moral de la ville reste excellent; de la tristesse, sans doute, et qui se lit sur les visages, de l'accablement qui se voit, mais pas de surexcitation, pas de nerfs. On réfléchit... La raison s'exerce et domine... Un sérieux règlement de comptes d'annonce pour les idées et les principes de la démocratie.

    Ce qui geint, ce qui s'affole, ce qui murmure, ce qui reconstruit les plans des généraux, se lamente sur le haut commandement, ce sont les vieillards, les témoins de 1870, qui sont dans l'état d'esprit nihiliste de la défaite sans espoir, du désastre inévitable, de la chute dans le noir et le néant voulue par une aveugle destinée. Les générations nouvelles refusent d'écouter ce langage-là, se bouchent les oreilles, et, dans les familles, on tient pour négligeables les propos funèbres des vieillards à qui l'on a déjà donné ce surnom : grand-père Panique...

    1914-le-destin-du-monde-de-max-gallo-927903138_ML copie.jpg

     

     

     

     

     

     

     

  • Notre hypohèse est que le "coup d'Etat" de Valls échouera et qu'il ne sortira pas la France de la crise

     manuel-valls-valls-premier-ministre-1280.jpg

    On nous excusera de parler de coup d'Etat. Le terme est excessif et n'est que repris d'un titre du Figaro. Excessif et néanmoins en partie fondé : il est vraisemblable que Manuel Valls a imposé le limogeage d'Arnaud Montebourg à François Hollande, lequel, selon son habitude, et même selon sa nature, eût sans-doute préféré temporiser. Temporiser, biaiser, mentir, comme toujours. Mais Valls ne lui a sans-doute pas laissé le choix; De Gaulle eût dit : il lui a mis le marché en mains. ("C'est lui ou moi"). Et le départ du Premier Ministre, c'eût été pire ! Coup d'Etat évident, provocation nette, aussi, vis à vis du parti socialiste, de son idéologie, de ses courants, de son électorat et ... de ses élus à l'avenir, aujourd'hui, plus qu'incertain. En dévoilant clairement, brutalement, sa ligne dite social-libérale, en nommant à la succession d'Arnaud Montebourg, Emmanuel Macron, jeune surdoué notoirement plus libéral que socialiste, en se rendant à Jouy en Josas à l'université d'été du Medef, pour y déclarer combien il aime le monde de l'Entreprise, Valls n'a certes commis aucun crime. Sauf celui de rompre avec l'orthodoxie socialiste et avec le mythe de l'unité du parti.  En fait, il a imposé la ligne qu'il avait défendue lors de la primaire socialiste. Primaire qu'il avait largement perdue; primaire, d'ailleurs, qui n'a cessé de se prolonger depuis l'élection de François Hollande à la présidence de la République; primaire qui en est la trame, qui empoisonnera son quinquennat (?) jusqu'à la fin. Fin dont, aujourd'hui, nul ne peut plus prévoir la date. Nous l'avons dit : c'est le retour, désormais, du plein régime des partis; des tractations et des majorités introuvables; des gouvernements éphémères. A Gauche, d'ailleurs, comme à Droite. Et c'est l'une des raisons, politique, celle-là, pour lesquelles notre hypothèse est que Manuel Valls échouera et ne sortira pas la France de la crise. 

    Une autre raison essentielle est l'extrême fragilité de notre économie. Non pas, nécessairement, à cause de la situation interne des entreprises, encore moins de leur incompétence. Mais bien plutôt à raison des boulets dont l'économie française prise dans son ensemble, doit supporter l'impossible charge. Il s'agit donc d'une fragilité plus systémique que conjoncturelle. De cette fragilité, les paramètres sont connus : le lourd service de la dette et ses aléas, nos dirigeants vivant dans l'angoisse perpétuelle, toujours dissimulée, d'une attaque des marchés et de l'augmentation des taux d'intérêt, laquelle ferait aussitôt exploser budgets et prévisions de réduction de dépenses; le coût global d'un chômage exceptionnellement élevé, en hausse récurrente, supporté par la collectivité nationale; le taux des prélèvements obligatoires, fondamentalement trop important en France pour permettre un véritable retour à la croissance; le déficit devenu chronique de notre commerce extérieur (- 70 milliards en France / + 200 milliards en Allemagne !) qui manifeste, en la matière, le dramatique décrochage de la France; sans-doute, aussi, rarement avancé, difficilement chiffrable sans contestation, le coût de l'immigration massive, certainement très lourd, très probablement supérieur au service de la dette ... De fait, les grands secteurs économiques sont tous en crise : production industrielle, commerce, bâtiment, tourisme... C'est pourquoi, là encore, notre hypothèse est que l'actuel et quelque peu pathétique recours du gouvernement Valls au patronat et aux entreprises pour sortir le pays de la crise, échouera, n'atteindra pas l'objectif. A soi seules, les entreprises n'en ont plus les moyens. Leur concours sera de faible effet.

    C'est que la crise dont nous parlons n'est plus seulement politique ni économique. Elle est structurelle et sociale. Les tenants de l'économique d'abord, qui primerait tout, selon nous ont tort. Il n'y a pas de santé économique possible sans le substrat de la santé politique et sociale. Sans un niveau éducatif, culturel et professionnel suffisant, sans cohésion sociale, sans un minimum d'accord et de cohérence dans l'ordre moral, sans confiance dans son pays, sans conscience d'appartenance à une communauté, une identité stable et définie, sans une jeunesse au travail, sans un Etat qui assume cet ensemble, le fasse sien et, en quelque sorte, le dynamise, il n'y a pas de retour à la santé possible pour l'économie non plus.

    C'est, nous le savons bien, ce qui accroît la difficulté et repousse assez loin les limites du problème français. Mais faut-il se cacher les réalités, au risque de ne résoudre vraiment jamais rien ? Remettre en question les fondements mortels de notre régime politique, remettre en cause ce que, par extension, nous nommons aussi le Système, n'est pas dans la vocation de Manuel Valls, ni de son gouvernement. Et c'est pourquoi notre hypothèse est que Manuel Valls échouera, qu'il ne sortira pas la France de la crise.

    Il y faudra d'autres idées, d'autres principes d'autres moyens et d'autres circonstances.

    Lafautearousseau

  • 29 août 1914 ... "Plus que jamais, il s'agit du salut général." (Léon DAUDET)

    Reçu la réponse de Léon Daudet à ma lettre pessimiste. Il est toujours à La Roche, où il se remet de son accident d'automobile, et, malgré sa tête et sa jambe blessée, il garde sa belle humeur, sa belle confiance. "L'attente nous torture, dit-il, et je vois par votre lettre que vous êtes logé à la même enseigne, à cette différence que je m'attache désespérément à l'espérance. Nous jouons tellement notre peau et, qui pis est, celle du pays !... Oui, il y a les institutions. Mais il y a aussi quelque chose qui compte à la guerre, en dehors de la préparation qui, chez nous, a persisté malgré le régime, - exemple la mobilisation si bien réussie. Ce quelque chose, c'est un tempérament anciennement guerrier qui se réveille. Je parle en dehors de toute métaphysique. Vous vous rappelez nos causeries sur la guerre en Touraine, au dîner de Loches. Cela était déjà terriblement dans l'air. Pourquoi, espèce de diable, n'avez-vous pas voulu prendre une deuxième bouillabaisse à Marseille ? Ô brusques tournants de la vie ! J'en suis pour ma part obsédé. Il est clair que, quel que soit le sort des armes, - et je persiste à l'espérer favorable, - il va venir une vague de nationalisme qui emportera tout. C'est de la physiologie élémentaire. Plus que jamais, il s'agit du salut général."  

    A Charleroi, les Allemands ont bouché des puits de mine ensevelissant tout vifs les ouvriers mineurs qui étaient au fond de la fosse. Quelle réponse à l'Internationale ouvrière et à la fameuse devise des congrès du parti : "Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !" Le socialisme international finit en farce tragique.

     

    Castelnau%20photo%201.jpg

    Le général de Castelnau a cinq fils aux armées. Le plus jeune, Xavier, a été tué sous ses yeux. Le père, détournant ses regards, a continué de donner les ordres dont le salut d'une armée dépendait. On n'a rien vu de plus beau en aucun temps.

    Les familles nobles et les familles militaires françaises - parias d'hier - commencent à payer, comme toujours, leur magnifique tribut à la mort des champs de bataille. Je vois sur la liste de ce jour le premier nom connu. C'est Roger de Feué (?), tué à Nomény d'une balle au front. Il était, quand je l'ai connu, voilà déjà une dizaine d'années, un garçon aimable, espiègle, qu'on sentait ardent à aimer la vie et dont le jeune et beau rire sonne encore à mon oreille...

    Je suis très frappé de l'impression persistante de tous ceux qui doivent à leur âge d'avoir vu l'autre guerre, - on ne dira plus désormais en parlant de celle-là "la guerre" tout court, - et qui, en lisant les journaux, ne cessent de répéter : "Comme en 1870 !" Les communiqués officiels entortillés, les explications que l'on donne des mouvements de "concentration en arrière", etc, sont pour ceux-là du déjà lu, comme les paroles de confiance excessive des quinze premiers jours étaient du déjà entendu.    

     

    1914-le-destin-du-monde-de-max-gallo-927903138_ML copie.jpg

  • André Malraux : « L’Europe défend encore les valeurs intellectuelles les plus hautes du monde »

    andre_malraux.jpg

    « L’Europe défend encore les valeurs intellectuelles les plus hautes du monde. Et pour le savoir, il suffit de la supposer morte. Si, sur le lieu qui fut Florence, sur le lieu que fut Paris, on en était au jour où « s’inclinent les joncs murmurants et penchés », croyez-vous véritablement qu’il faudrait un temps très long pour que ce qu’ont été ces lieux illustres se retrouve dans la mémoire des hommes comme des figures sacrées ? »

     

    André Malraux, Appel aux intellectuels, Discours de la salle Pleyel, le 5 mars 1948

     

  • Nouvelles photos de la Famille royale de France

    unnamedr.jpg

     

    la-famille-royale-de-france2.jpg

     

    Le magazine italien Oggi vient de publier sur son site internet un reportage photographique réalisé chez le duc et la duchesse de Vendôme à la suite de la naissance de la princesse Louise-Marguerite d'Orléans. Dans ce reportage on  découvre S.A.R. le prince Jean de France et son épouse la princesse Philomena au sein du Domaine Royal de Dreux avec leurs trois enfants, le prince Gaston, la princesse Antoinette et la  princesse Louise-Marguerite d'Orléans. (Copyright photos : Oggi)

    Alors que la France s'enfonce un peu plus chaque jour dans une crise - profonde et multiple - dont les effets poussent de plus en plus les Français à désesperer de leur avenir, la famille royale de France représente, par delà les images, la stabilité et la pérennité de la Nation et son possible recours. Avec la Famille de France, c'est tout le peuple français, dans son ensemble, qui replonge au coeur de ses racines, dans lesquelles il peut trouver la force de poursuivre l'aventure et d'affronter les périls qui l'assaillent.

    Source : la-couronne

  • 28 août 1914 ... L'élimination d'une demi-douzaine de radicaux du type vulgaire

    628px-Guesde_1908.jpg

    A la suite d'incidents encore obscurs, mais graves et sur lesquels courent d'étranges rumeurs, reconstitution du ministère Viviani par l'élimination d'une demi-douzaine de radicaux du type vulgaire et la rentrée de Millerand, de Delcassé, de Briand et de Ribot. C'est un gouvernement qu'on appelle déjà de "défense nationale". L'autre était donc impropre à cette défense ? L'apparition de Marcel Sembat et de Jules Guesde dans cette société de modérés prouve que l'Elysée et peut-être tout le personnel républicain continuent de redouter une Commune. Il est remarquable que, du côté français autant que du côté allemand, les têtes sont hantées par l'analogie avec 1870...

    Dans cette occasion, on pense à ce qu'eût été le rôle de Jaurès s'il n'eût pas été abattu par le révolver d'un assassin. Il n'eût pas manqué d'être appelé à faire partie du ministère, et il y eût pris peut-être la place de Gambetta, celle de l'irréalisme et de l'éloquence. Guesde, tout théoricien qu'il est, a dans la cervelle beaucoup moins de nuées que Jaurès et ne parle que de ce qu'il connaît. Sembat a de la clarté et du bon sens. Comment se tirera-t-il, dans ses fonctions nouvelles, de son dilemme : Faites un roi, sinon faites la paix ? 

    Le gouverneur de Paris, général Michel, est remplacé par le général Gallieni, de qui on attend plus d'énergie pour les éventualités que l'on redoute. Le général Michel manquait de prestige et d'autorité; on s'en apercevait aux libertés que prenait déjà la presse, aux discussions et aux tons des discussions des journaux, à ces éditions criées à toute heure à travers Paris et qui énervaient le public sans rien lui apprendre. Le préfet de police, Hennion, créature de Caillaux, s'en va aussi. Qu'est-ce que cela veut dire ?

    En fin il est clair que le gouvernement est inquiet et prévoit des évènements graves. Ceux qui se souviennent de l'autre guerre se rappellent que l'accent, la physionomie des journaux, la manière de présenter les choses étaient exactement les mêmes en 1870.

    Un convoi de prisonniers allemands que l'on conduisait à Dinan a passé près d'ici. L'assurance des officiers, le monocle dans l'œil, de somptueux cigares dans la bouche et disant à tout propos que leurs camarades seraient bientôt à Paris, a fait impression sur les ruraux, les a intimidés.  

    Illustration : Jules Guesde, caricature. 

    1914-le-destin-du-monde-de-max-gallo-927903138_ML copie.jpg

     

     

     

  • Islamisme - L’évêque chaldéen de Mossoul prévient les Européens : "Vous aussi vous êtes en danger"

     1037317548.jpg

    Lundi dernier (25.08) nous avons commenté la tribune de David Cameron au Daily Telegraph (17.08), s'inquiétant du risque que courent « les rues anglaises » d’être « bientôt à la merci des djihadistes  ». L'essentiel de notre commentaire tenait dans notre titre : "L’Europe commence à réagir, mais pour l’instant sans grande cohérence et mollement, à la menace islamiste, intérieure et extérieure".

    Voici qu'un reportage réalisé à Erbil, au Kurdistan irakien, par le journaliste italien Lorenzo Cremonesi pour le Corriere della Sera (19.08), nous donne à lire les déclarations de Mgr Amel Nona, archevêque chaldéen de Mossoul, l'ancienne Ninive,  qui a dû fuir à Erbil, avec des dizaines de milliers de chrétiens. 

    Nous en reproduisons ici quelques passages significatifs : 

    " Nos souffrances d’aujourd’hui constituent le prélude de celles que vous Européens et chrétiens occidentaux subirez aussi dans un proche avenir, si vous n'y prenez pas garde ; l'islam n'est pas une religion de paix ; rappelez-vous les paroles de saint Jean Paul II ". 

    " J’ai perdu mon diocèse. Le lieu physique de mon apostolat a été occupé par les radicaux musulmans qui veulent que nous nous convertissions ou que nous mourions. Mais ma communauté est toujours vivante (…) Je vous prie, essayez de nous comprendre. Vos principes libéraux et démocratiques ne valent rien ici. Vous devez repenser notre réalité au Moyen-Orient. Parce que vous accueillez dans vos pays un nombre toujours plus grand de musulmans, vous aussi vous êtes en danger. Combien de djihadistes ont vu le jour chez vous ! Vous devez prendre des décisions fermes et courageuses, même au prix de contredire vos principes de terre d'asile où seraient vécues la liberté, l'égalité et la fraternité. Vous pensez que tous les hommes sont égaux (…). L’islam ne dit pas que tous les hommes sont égaux. Vos valeurs ne sont pas les leurs. Si vous ne le comprenez pas à temps, vous deviendrez victimes de l’ennemi que vous avez accueilli chez vous ".

    Notre réflexion : il serait bon, utile, et politiquement important que Mgr Amel Nona communique son expérience à ses confrères français et européens, au Pape lui-même, et qu'il les persuade de la réalité des dangers qu'il signale. Mais là, nous avons affaire à un tout autre discours. Et ce n'est pas au bénéfice de nos sociétés.

     

  • ça l'fait pas !

    keenv-ca_va_le_faire_s.jpg

    Entendu ces jours derniers  à la radio, un journaliste spécialisé dans le septième art qui y allait de son commentaire élogieux sur la sortie d'un film certainement douteux et concluait son propos par un vibrant "Je suis sûr que ça va l'faire" !

    Voilà donc comment s'expriment désormais nos journalistes "culturels", dans une langue décadente, à l'image de tous les éléments constitutifs de notre société qui calque ses "standards" sur le degré zéro de la nullité.

     

    1318608586296.jpg

     

     

  • Emmanuel Macron, philosophe, musicien, banquier, énarque ... le Jacques Attali nouvelle génération ?

    776df1ac-4445-11e2-b921-b6b40fe51cdd-493x328.jpg

    Au cœur de la campagne présidentielle, en apprenant que François Hollande proposait une taxe à 75% sur les très hauts revenus, il aurait manqué de s'étouffer :

    « C'est Cuba sans le soleil ! »

    avait-il lâché en petit comité.

  • Crise politique ! Crise de régime ! Crise économique et financière ! Crise de société ! Crise morale ! Crise identitaire ! Tout cela se combine, au seul détriment du pays

     Arnaud-Montebourg-et-Manuel-Valls.jpg

    Ainsi les évènements vont leur cours - rapide ces jours-ci ! - conformément à ce que nous annonçons, analysons et prévoyons depuis plusieurs années. Hilaire de Crémiers, notamment, en a démonté les mécanismes profonds dans Politique magazine, et nous n'avons cessé d'y faire écho, dans lafautearousseau.

    Ce qui nous apparaît très clairement, c'est que nous n'avons pas affaire à une simple crise politique - ni d'ailleurs économique - banale, dont on sort comme d'un accès de fièvre passager. Nous avons affaire à une crise profonde où divers éléments interagissent qui menacent et même remettent en question, nos institutions, notre économie, nos finances, publiques et privées, notre organisation sociale, notre identité nationale et, au delà, notre civilisation elle-même, dont on ne peut se dissimuler qu'elle est déjà gravement atteinte.

    A l'instar des détestables pratiques de la IVème République, le ministère Valls, le second, déjà, du demi-quinquennat de François Hollande, n'aura pas tenu cinq mois. La popularité de Manuel Valls, élevée à son arrivée à Matignon, s'est effondrée (-20%). La fragilité de sa majorité, la fronde qui trouble ses rangs, le manque criant de cohésion gouvernementale, la lutte des égos (dont le sien) en vue de la prochaine présidentielle, ont miné son action. Et François Hollande - qui n'est, en effet, plus qu'un roi nu, avec seulement 17% de satisfaits - l'entraîne dans sa chute, comme, d'ailleurs, il entraîne celle des élus socialistes. Lesquels ne l'ignorent pas...

    Cette crise est systémique : certes, elle tient aux conditions particulières de l'élection de François Hollande, candidat à la présidence de la République à l'issue d'une primaire où il fut âprement combattu : les rivalités qui s'y sont opposées -  à lui, principalement - ont tout simplement perduré au sein du gouvernement et rien ne nous dit - tout au contraire - qu'elles vont s'effacer; mais la situation est due, pour l'essentiel, à l'érosion des Institutions de la Vème République, aux pratiques nouvelles que le quinquennat a induites, au retour du plein régime des partis, et, en fin de compte, à l'élection du président de la République elle-même, devenue le véritable poison de la vie politique française.

    Ainsi nous voici face à une crise politique et institutionnelle majeure et, en quelque sorte, face à l'inconnu. Le ministère que Valls va former, sans les écologistes, du moins en tant que tels, sans les ministres frondeurs, sans le Front de Gauche, peut-être même sans les radicaux, trouvera-t-il une majorité durable au Parlement ? Ne risque-t-il pas d'être tout simplement renversé, à la plus prochaine occasion ? Dominique Rousseau, constitutionnaliste de renom, l'affirme : "On ne peut plus exclure que le gouvernement soit renversé par une majorité au Parlement. Et que le président doive envisager une dissolution de l’Assemblée. La crise n’est pas terminée, elle commence". En effet, car que se passera-t-il en cas de victoire (probable) de l'opposition ? Son état présent n'est pas plus brillant que celui du camp d'en face. Dans tous les cas de figure (cohabitation, démission de François Hollande) la guerre des chefs, à son tour, déchirera la Droite.  La France, comme en 1958, se trouvera face à une crise de régime.

    Rappelons simplement que nous vivons, aussi, une crise économique et financière majeure. Elle exclut, pour l'heure, comme conséquence pleinement justifiée, la confiance des Français. Ce qui est à craindre, sous l'angle économique et financier, c'est que les difficultés de la France à se gouverner n'entament aussi celle de nos partenaires étrangers, n'éloignent les investisseurs, ne ruinent la crédibilité de notre pays et, en dernier lieu, ne lassent les prêteurs de consentir à la France des taux d'intérêts notoirement faibles.

    Dans ce cas, crise politique, institutionnelle, économique et financière de première ampleur feraient leur jonction. Et pour sortir la France de ce mauvais pas, il faudra trouver des hommes d'une tout autre trempe que François Hollande et inventer ou réinventer un tout autre régime que celui qui l'aura conduite à de pareilles extrémités.

    Lafautearousseau

     

  • 26 août 1914 ... La responsabilité du vieux Habsbourg

     Franz.jpg

    Elle est magnifique la terre de nos provinces de l'Ouest. On y retrouve en ce moment l'état d'esprit de confiance absolue qui était celui de Paris voilà quinze jours. Les hommes ici sont partis d'assez bon cœur en déclarant que la guerre était inévitable, qu'il fallait en finir,, mais en couvrant de malédictions l'empereur François-Joseph...

    Pauvre Jacques Bonhomme, va te battre, ta carte d'électeur dans ta poche à côté de ta feuille de mobilisation, comme la notion de la guerre "inévitable" cohabite dans ton esprit avec l'idée de la responsabilité du vieux Habsbourg.

    Va te battre, pauvre dix-millionième de souverain, comme tu t'es toujours battu sous les monarchies, les empires et les républiques, en recherchant les raisons obscures des fatalités qui pèsent sur toi.   

     

    1914-le-destin-du-monde-de-max-gallo-927903138_ML copie.jpg

     

     

     

  • Des retours attendus, dans nos colonnes

     Bandeau FINAL au 11 copie - Copie.jpg

    t  Les lundis de Louis-Joseph Delanglade (politique intérieure et extérieure généralement alternées) reprendront début septembre.

    Cependant, vous pouvez consulter les chroniques déjà parues. (Présentation renouvelée)..

    Une icône permante y conduit. (Colonne de gauche, partie haute, en page d'accueil).

    (Chronique ouverte le 20 novembre 2012). 

    Grain de sel avec bordure.jpg

    t  Dès demain, reprendront aussi les toujours très appréciés grains de sel de Scipion. Peut-être Scipion profitera-t-il encore de cette fin d'été pour quelques voyages, et donc l'on attendra parfois un peu le retour de ses grains de sel. Merci à lui !  

     

  • L’Europe commence à réagir, mais pour l’instant sans grande cohérence et mollement, à la menace islamiste, intérieure et extérieure

    Jihad-In-Islam3.jpg

    Dans une tribune donnée au Sunday Telegraph (17.08.2014), le Premier ministre britannique, David Cameron, a prévenu, à fort juste titre, du risque que courent « les rues anglaises » d’être « bientôt à la merci des djihadistes » ; et il appelle donc à agir "pour endiguer l'assaut" de l'État islamique qui pourrait prochainement "cibler les rues du Royaume-Uni".  

    Cameron considère que les djihadistes de l'État islamique (EI) en Syrie et en Irak, représentent une menace directe pour le Royaume-Uni, qui doit donc employer toutes ses "capacités militaires" pour arrêter leur avancée.  

    Il précise que la Grande Bretagne ne devrait pas pour autant déployer de troupes en Irak, mais, il n’hésite pas à compléter son propos en ajoutant qu’elle doit aussi réfléchir à la possibilité de coopérer avec l'Iran pour combattre la menace djihadiste. Voilà donc Téhéran désormais en odeur de sainteté à Washington, Londres et Paris ! Et il en sera bientôt de même, pour de semblables raisons, de Damas et, même de Bachar el Assad, que nous combattons sottement depuis deux ou trois ans. ! La valse des alliances, de fait leur renversement, devient, décidément, très rapide. Elle va, de fait, au rythme des urgences et des nécessités.     

    David Cameron explicite ainsi sa politique : " Je reconnais que nous devrions éviter d'envoyer des armes pour combattre, ou dans un but d'occupation, mais (…)  notre sécurité peut être garantie seulement si nous employons toutes nos ressources - aide, diplomatie, nos aptitudes militaires" ; ajoutant que le Royaume-Uni devait coopérer avec des pays comme l'Arabie saoudite, le Qatar, l'Égypte, la Turquie « et peut-être même avec l'Iran ».  

    Un évêque anglican de haut rang, Nicholas Baines, évêque de Leeds, a aussitôt vilipendé cette politique, dans une lettre au journal The Observer, que l'archevêque de Canterbury, Justin Welby, n’a pas manqué d’approuver. Ainsi, dans ces affaires, les autorités religieuses chrétiennes jouent souvent contre leur camp, et se satisfont de soutenir les Chrétiens d’Orient en voie d’extermination, sans paraître s’inquiéter des menaces qui pèsent, aussi, à terme pas forcément très lointain, sur les peuples européens eux-mêmes, chez eux ! 

    Il est bien clair qu’avec ses millions d’immigrés, la France s’est créée un risque supplémentaire – combiné à nombre d’autres facteurs, nous le savons bien - de voir voler en éclats ce qui lui reste d’ordre et de paix civile. Les rues françaises risquent, elles aussi, et peut-être bien davantage que les rues anglaises, d’être ciblées par le terrorisme islamique et de se trouver à sa merci. Il y a beau temps, ici, que nous le disons sur tous les tons.

  • 25 août 1914 ... Le sang-froid est à l'ordre du jour

    UFF_chantiers 2.jpg

    Un train bondé : l'exode commence, mais avec un grand calme. Un mot suffit pour apaiser les inquiétudes des femmes. Le sang-froid est à l'ordre du jour... Les voies sont gardées par des territoriaux armés d'un fusil Gras, sans uniforme. Un képi et un brassard : quelquefois le brassard seul sur la blouse ou le veston révèlent le militaire. Plus on avance vers l'Ouest, plus le relâchement s'accuse. Je comprends que ce spectacle ait alarmé de vieux soldats comme L...-S...

    A Bernay, nous précédons un train de blessés. Majors, infirmières, Croix-Rouge sont sur le quai de débarquement pour les recevoir. Beaucoup de bonne volonté, de dévouement, mais si peu d'organisation ! On sent l'improvisation, l'inachevé qui doit s'étendre à la pharmacie de l'ambulance. Quelques voyageurs, choqués de ce spectacle d'incurie en plein air disent : "C'est une foire." Mot dur, mais vrai : tout est en plein vent, avec des moyens de fortune. Je me représente ce que peut être en ce moment l'équivalent de Bernay à cent kilomètres à l'Ouest ou à l'Est de Berlin, la gare imposante, les quai monumentaux, l'ordre et l'alignement parfaits... les moindres détails prévus, la machine sanitaire fonctionnant aussi bien que la machine militaire. Peut-être avons-nous atteint en 1914 le degré d'organisation auquel les Allemands étaient parvenus en 1870. C'est bien juste et j'en doute encore. 

    A Lison, je cause avec le territorial qui garde le passage à niveau. Il n'est pas mécontent de son "fusil Gras transformé", et il en regarde le canon avec une certaine complaisance. Puis, dans le jargon du Cotentin, il répète presque inintelligiblement ce qu'il a lu dans son journal ou entendu de l'instituteur : que ce n'est pas le soldat prussien qui est un méchant homme, mais l'officier. Et il ajoute, après un moment de silence où est remontée une rancune : "P't'êt'ben l'sous-officier aussi."  

     

    1914-le-destin-du-monde-de-max-gallo-927903138_ML copie.jpg

     

     

     

  • Lecture pour cette fin de vacances : Odysseus, les rêves d'Ulysse, de Valerio Manfredi

    77023e6deecebeaa80d6791fff37b1a0_LivreOdysseus.jpg

    par Ludovic Greiling

    On peut s'agacer de la manie du monde moderne à personnaliser systématiquement les récits les plus épiques de notre civilisation. Mais dans son roman Odysseus, qui narre à la première personne les aventures du grand Ulysse, Valerio Manfredi réussit à faire rêver dans le respect du cycle homérique.

    Le livre est une invitation au voyage dans le temps, dans l'espace et dans le rêve. Il s'ouvre sur une grande carte de la Grèce et de l'Asie mineure, se poursuit par une courte préface par laquelle l'auteur réussit à nous entraîner dans les temps reculés. Odysseus - le nom grec d'Ulysse - nait dans l'une des nombreuses royautés de la Grèce archaïque. Il n'a jamais connu son géniteur. Le ton est donné dès la première page. « Le soir, avant de m'endormir, je demandais à ma nourrice :

    - Mai, il est où, mon père ?

    - Il est parti avec d'autres rois et des guerriers à la recherche d'un trésor, loin, très loin.

    - Et il revient quand ?

    - Je ne sais pas. Personne ne le sait. Quand on part en mer, on ne sait pas quand on revient ».

    Des années plus tard, Odysseus sera engagé, de l'autre côté des flots, dans une guerre épique. La bataille de Troie immortalisée par Homère montre avec une force exceptionnelle l'amour, la beauté, l'honneur, la destinée, mais aussi la mort et la souffrance. Le roman de Valerio Manfredi - archéologue de formation - ne déroge pas à la règle.

    Le texte, traduit de l'italien, a été travaillé pour rendre (ou du moins donner à penser) l'atmosphère archaïque. Il a du souffle. « La langue que j'emploie vise à transporter le lecteur dans le respect de la tradition homérique. Dans la mesure du possible, elle privilégie une syntaxe simple, renonçant aux constructions sophistiquées et aux concepts trop abstraits », décrit-il dans une postface bienvenue.

    Le roman se termine par la chute de Troyes et les préparatifs du retour. Mais l'histoire est loin d'être terminée. On attend la suite.

    Odysseus - les rêves d'Ulysse, de Valerio Manfredi (éd. JC Lattès,  21,50 euros)

     

    Source Politique magazine (Site)