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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1162

  • EXISTE-T-IL UNE RELÈVE AU SEIN DE LA CLASSE POLITIQUE ?

    Par Yves Morel 

    000_oj60h_mini-3064323.jpgCette question, dont nous faisons un titre, mérite examen. On serait tenté, de prime abord, d’y répondre par la négative, au regard de l’insigne médiocrité de notre personnel politique et de la déliquescence continue de notre nation, dans tous les domaines. Pourtant, quelques signes semblent démentir un peu cette vision pessimiste de la situation, et autoriser un timide début d’espoir pour l’avenir.

    Comme c’est souvent le cas, ces signes se trouvent dans la jeunesse, en l’occurrence la nouvelle génération d’hommes et de femmes politiques qui commence à éclore. Certes, il convient de ne pas nourrir trop d’illusions à ce sujet. Le jeunisme ambiant, qui sévit dans le microcosme politicien comme ailleurs, et l’arrivée au pouvoir de Macron ont provoqué l’irruption, au sein du gouvernement, de l’Assemblée nationale, et des instances dirigeantes des partis, de toute une palanquée de godelureaux et de péronnelles qui n’ont rien à nous offrir de mieux que leurs aînés. Mais on relève tout de même quelques exceptions tant soit peu encourageantes, dans les formations politiques les plus diverses.

    Jordan Bardella, révélation du Rassemblement national

    16780767.jpgJordan Bardella est, à ce jour celui qui suscite la plus grande curiosité. Ce benjamin de la classe politique (il a seulement 23 ans) a, depuis sa désignation à la tête de la liste du Rassemblement national pour les européennes, montré qu’il n’était pas un simple produit de la com, qui gagne toute la classe politique. Très bien informé des questions débattues durant cette campagne, doué d’une assez grande facilité d’élocution et d’une grande capacité argumentative, il est la révélation de cette compétition électorale. Au risque d’exagérer, on peut affirmer qu’il représente l’espoir de la réunification du peuple français. Né en Seine-saint-Denis (le tristement célèbre « 9.3 »), issu d’une très modeste famille d’origine italienne, ayant passé sa jeunesse dans une cité HLM exposée aux incivilités, à la délinquance et à la violence en même temps qu’abreuvée de propagande communiste, il a pourtant fait le choix de ne pas céder à la pente naturelle de l’engagement à gauche. Au contraire, dès l’adolescence, il voit l’espoir du changement dans le camp adverse. Dès 2013, à peine âgé de 18 ans, il prend la direction du FN de son département, et, en 2015, à moins de 20 ans, il se voit élu conseiller régional d’Île-de-France. Il connaîtra pourtant la défaite aux départementales de 2015 et aux législatives de 2017. Très actif, il trouve encore le temps de lire et de s’instruire, puisant certaines de ses idées dans l’œuvre de Christophe Guilluy, le géographe des milieux péri-urbains qui critique les effets de la mondialisation sur les classes populaires. À ses yeux, la solution aux difficultés des plus pauvres ne réside pas dans une surenchère socialiste et révolutionnaire telle que la pratique l’extrême gauche, mais dans une critique raisonnée de la mondialisation. Ce qui l’amène à une critique de la politique monétaire de la BCE, et à demander la réorientation de la politique économique européenne dans la sens de la lutte contre le chômage et la maîtrise par les États de leur pleine souveraineté en matière de défense de leur industrie et de leur action sociale. Son modèle est Matteo Salvini. Il le loue d’avoir contesté la politique migratoire européenne, les directives économiques de Bruxelles, et d’avoir remis en cause le CETA. Pour autant, il ne donne pas dans les rodomontades du chef de la Ligue du Nord. Il s’inscrit dans le sillage de la politique d’ouverture de Marine Le Pen, sans servilité, et il conteste la politique du président de la République sur la base de critiques pertinentes et précises. Affirmant représenter, au RN, « la fibre sociale », revendiquant la modestie de son origine familiale, il ne donne pas, pour autant dans un populisme grossièrement populacier, et il montre, de par ses déclarations émues sur la tragédie de l’incendie de Notre-Dame, et le passé millénaire de la France, que, pour lui, la défense de l’identité de notre nation ne se confond pas avec une franchouillardise de comptoir.

    François-Xavier Bellamy, nouvelle conscience de la droite républicaine ?

    000_1FY2ET.jpgFrançois-Xavier Bellamy, tête de liste des « Républicains », illustre, lui aussi, cette évolution. Professeur agrégé de philosophie, il a eu le courage de faire justice de certains présupposés à l’origine de la décadence que nous connaissons. En cela, il a fait œuvre de penseur plus que d’homme politique. Dans son livre Les déshérités (2014), il a montré que la crise de l’éducation et de l’enseignement dont nous souffrons depuis cinquante ans tient au refus de la transmission culturelle et morale, et il fait remonter l’origine de ce refus à Descartes, avec sa « table rase », Rousseau, père de l’anti-culture et de la révolte contre la civilisation, et Bourdieu, qui a assimilé à l’excès transmission et culture de classe. Dans Demeure (2018), il discerne le vice rédhibitoire de notre monde moderne dans le culte du changement, conçu comme une fin en soi, et dénonce l’institution d’un monde fluide, dénué de repères et d’ancrage culturel, prolongeant ainsi la description faite trente ans plus tôt (mais dans une perspective moderniste) par Lipovetsky de « l’empire de l’éphémère » et de « l’ère du vide ». Bellamy refuse de passer sous les fourches caudines morales imposées à la droite depuis des décennies. Au rebours des attitudes stéréotypées de la droite « républicaine » depuis une quarantaine d’années, il s’est prononcé en faveur de la tradition, de la morale, du mariage traditionnel, de la famille, d’un contrôle strict de l’immigration, de la primauté de l’instruction et de la transmission culturelle sur l’ « éducation », et s’est prononcé contre le TAFTA et le CETA, contre le refus bruxellois des formes de patriotisme économique, contre la permissivité, le mariage pour tous, la PMA et la GPA. Cela sans véhémence ni propos emberlificotés, avec netteté, franchise et clarté. Espérons que ce jeune intellectuel, encore bien peu présent sur le terrain politique, et encore inexpérimenté, puisse exercer une influence salutaire sur son camp.

    Adreien Quattenens, l’enfant prodige de la France insoumise

    7789298157_adrien-quatennens-depute-de-la-france-insoumise.jpgLe simple souci d’honnêteté oblige à reconnaître que les signes encourageants (jusqu’à un certain point, ne rêvons pas trop) de renouveau de la classe politique au plan des nouveaux venus ne se trouvent pas uniquement à droite. La gauche en présente également quelques-uns.

    Le plus représentatif semble bien être Adrien Quattenens, ce jeune député LFI de 28 ans du Nord depuis deux ans. Ce conseiller clientèle EDF, militant du parti de gauche depuis 2013, membre de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, s’est illustré dès ces débuts par son offensive contre la réforme du Code du Travail réalisée par Macron, Philippe et Muriel Pénicaud. Le 10 juillet 2017, parlant pendant une demi-heure à l’Assemblée nationale, il a pourfendu ce projet de loi et tenté de faire adopter une motion de rejet préalable. Par la suite, il a eu l’occasion de s’exprimer à la télévision et à la radio, et a toujours révélé une élocution aussi aisée qu’abondante, une aptitude argumentative remarquable, sa capacité à aller d’emblée au cœur des problèmes, des réflexions intelligentes et pertinents et, dans ses prestations audiovisuelles, une énergie visible mais exempte des outrances d’un Mélenchon, lequel n’est qu’un bateleur d’estrade. En revanche, la tête de liste LFI aux européennes, Manon Aubry, ne semble pas dotée des mêmes qualités.

    C’est dans l’opposition que la jeunesse recèle des espoirs de renouveau

    En somme, l’opposition de droite et de gauche semble recéler des talents parmi ses jeunes figures, ce qui nous change des trentenaires du gouvernement Philippe, à commencer par l’inénarrable Marlène Schiappa, la fausse intellectuelle bobo-féministe, libérale-libertaire et mondialiste, ou l’incroyable Julien Denormandie, lequel, il y a peu, affirmait que la ville de Paris intra muros ne renfermait que 50 SDF (!!!). Cela est, jusqu’à un certain point, encourageant. Cela dit, nous sommes encore loin d’une véritable régénération de notre classe politique et de notre politique tout court.   ■    

    Docteur ès-lettres, écrivain, spécialiste de l'histoire de l'enseignement en France, collaborateur de la Nouvelle Revue universelle 

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  • Le Figaro du jour ... Ah ! oui les organismes publics inutiles parlons-en ! Mais pas que ...

     

    Il y a aussi les ONG qui jouent contre les intérêts français et sont subventionnées pour cela. Des journaux sans lecteurs qui ne vivent que de fonds publics. Et des syndicats sans adhérents qui bénéficient éhontément des mêmes fonds publics. Sans compter une multitude de subventions attribuées par clientélisme à ce que Pierre Patrick Kaltenbach* appelait ironiquement des « associations lucratives sans but ». Mettre tout cela sur la sellette, voilà ce qu'il faudrait !  LFAR

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    * Magistrat à la Cour des Comptes, décédé en 2014,
    auteur de l'ouvrage ci-dessus
  • UN FRANCO-MAROCAIN DECHU DE LA NATIONALITE FRANCAISE : LE MILLION ! LE MILLION !

    Mohamed el Hafiani n’est plus français. Cet homme de 36 ans, né au Maroc, avait acquis la nationalité française après avoir vécu et travaillé de longues années dans le Loiret. Il vient d'en être déchu, annonce un décret publié au Journal officiel le 29 mai. La raison ? Sa condamnation, en 2014, à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs en vue de commettre un acte terroriste. Selon Le Point, il sera très bientôt expulsé du territoire.

    Pour mémoire, la déchéance de nationalité s’applique aux individus ayant "acquis la qualité de Français", et uniquement pour des motifs spécifiques, dont la trahison ou le terrorisme. Dans ces cas, la déchéance n'est encourue que si les faits reprochés se sont produits dans un délai de quinze ans après l'acquisition de la nationalité. Elle est, en revanche, inapplicable si elle a pour effet de rendre apatride, ou pour les personnes nées avec la nationalité française.


    Selon nous, cette loi doit être considérablement modifiée et durcie, en vertu du vieil adage : aux grands maux, les grands remèdes ! et afin de permettre la déchéance/expulsion de dizaines de milliers d'indésirables sur notre sol ("indésirables", pour rester polis), étant bien entendu que l'arrivée permanente sur notre sol d'éléments instables (là aussi, pour rester polis) doit cesser...

  • Les européennes, le referendum dont Macron ne voulait pas

     

    296519203 - Copie.jpgUne tribune de Régis de Castelnau

    Nous savons les idées de Régis de Castelnau éloignées des nôtres. Peut-être bien opposées sur de nombreux sujets. Mais nous trouvons fort à propos les réflexions qu'il vient de publier dans Causeur [22.05]. Même si nous devrions en discuter ou rejeter un certain nombre.  LFAR   

     

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    Voulez-vous oui ou non faire battre Emmanuel Macron ?

    Les élections européennes sont massivement considérées par les Français comme sans intérêt. Il est vrai que leur portée institutionnelle et opératoire est indiscernable.

    Le fonctionnement de la formidable usine à gaz qu’est devenue l’Union européenne reste tout à fait opaque, et ne persiste que le sentiment confus d’avoir affaire à une bureaucratie lointaine, où le parlement élu au suffrage universel n’est là que pour faire joli. Et comme d’habitude on va aller voter, ou pas, pour des raisons de politique intérieure. Et cette fois-ci, les enjeux du scrutin du 26 mai prochain sont sur ce point particulièrement intéressants.

    Ce que révèlent les européennes

    Revenons sur celui du 25 mai 2014 pour rappeler que le Front national y fut premier avec près de 25 % des suffrages exprimés, laissant l’UMP quatre points derrière et le PS à 14 %. Si cette « victoire » du FN, contrairement aux avertissements des Cassandre, n’a pas abouti à l’instauration d’un régime fasciste dans notre pays, elle a eu d’importantes conséquences politiques. Se sont imposées alors plusieurs évidences.

    Tout d’abord que la catastrophe Hollande rendait impossible sa réélection. Ensuite que Marine Le Pen serait au deuxième tour de la présidentielle 2017, mais ne pourrait l’emporter au deuxième. Que le candidat de droite qualifié avec elle serait assuré d’être président. Il fallait donc se préparer, et pendant que l’UMP, qui avait pourtant un boulevard devant elle, trouvait astucieux d’organiser une primaire imbécile, les grands intérêts représentés par l’alliance de la haute fonction publique d’État et de l’oligarchie économique mettaient semble-t-il en branle le processus qui allait aboutir à l’installation d’Emmanuel Macron à l’Élysée.

    Des élections nationales

    Nous ne reviendrons pas en détail sur ce qui s’est passé, mais cette illégitimité initiale a évidemment nourri aussi la crise politique et institutionnelle très grave que connaît la France depuis maintenant six mois. Elle voit un président solitaire mener une politique contraire aux intérêts du pays, brader son patrimoine, instrumentaliser justice et police pour protéger ses amis et mettre en œuvre une répression sans précédent depuis la guerre d’Algérie. Sans oublier le plus inquiétant : l’instauration systématique de dispositifs répressifs portant atteinte aux libertés publiques fondamentales.

    C’est bien dans ce contexte national qu’interviennent les prochaines élections européennes. Qui auront pour seul enjeu politique la réalisation d’un sondage grandeur nature et la cristallisation d’un rapport de force politique en France. Emmanuel Macron, se jetant personnellement dans l’arène, a consacré le caractère binaire du choix, où le verdict au soir du 26 mai sera simple pour lui : gagnant ou perdant.

    Le Rassemblement national en Marche ?

    Soit la liste dirigée par la calamiteuse Nathalie Loiseau termine première, et dans ce cas le président de la République se sentira renforcé et légitimé pour reprendre de plus belle la politique mise en œuvre depuis deux ans – avec poursuite du démantèlement de l’État-providence, aggravation de la crise sociale et dérives liberticides.

    Soit la liste LREM est seconde ou – on ne sait jamais – troisième, et dans ce cas Emmanuel Macron essuiera une vraie défaite. Rapport de force, perspectives nouvelles et étape franchie dans la marche pour effacer les conséquences de l’opération de 2017, et fermer le plus tôt possible la parenthèse de l’installation au sommet de cet homme.

    Essayons d’imaginer les conséquences politiques d’une telle situation. Il n’y a pas actuellement de front anti-Macron et c’est bien le problème. S’il s’agit de le constituer, le Rassemblement national (RN) est et restera une force incontournable. Certes, il y a l’objection non négligeable selon laquelle le RN et Macron seraient des jumeaux symétriques, et que le président, rêvant de rejouer avec son meilleur ennemi le match de 2017 en 2022, ferait tout pour le mettre en avant.

    En est-on si sûr ? N’est-ce pas là enrober ses échecs des formules consolatrices ? Car enfin, si le pouvoir, comme l’avait fait François Mitterrand avec le Front national en 1983, cherchait à valoriser le Rassemblement national, on en trouverait quelques traces. Or, que constate-t-on, sinon le traitement judiciaire pas vraiment tendre infligé au RN par la justice. À base de convocations chez le psychiatre, de saisies des dotations d’État, de perquisitions et collections de mises en examen qui relèvent d’un singulier acharnement. Notons aussi la confortable mansuétude judiciaire dont semblent bénéficier les amis d’Emmanuel Macron.

    Quelle défaite pour Emmanuel Macron ?

    Il y aurait ensuite une différence majeure entre 2017 et 2022 avec une offre similaire. Macron a révélé son projet de dévastation sociale, de liquidation de la souveraineté et de répression des libertés. Le peuple français en a fait l’expérience. Tout le monde sait bien, Marine Le Pen et ses amis en tête, qu’elle ne peut l’emporter dans cette configuration, sauf avec la constitution d’un rassemblement qui serait tout autre chose que le RN tout seul. D’ici 2022, reclassements et changements sont inéluctables.

    Alors comment se présente le scrutin du 26 mai pour ceux qui combattent la politique du président de la République ? Comme un choix à deux branches :

    Faut-il voter contre Macron ? Si oui, n’importe quel choix hors de LREM fera l’affaire.

    Faut-il battre Macron ? Le mettre en minorité et lui faire subir une lourde défaite politique, porteuse d’avenir ? Dans ce cas il n’y a pas 36 solutions…

    Front républicain ?

    S’il reste – en termes de fonctionnement et d’organisation – une épicerie familiale déplaisante, le RN, tout en n’étant pas un parti de masse, bénéficie d’un électorat populaire solide. Qui représente un Français sur quatre, voire sur trois. Ce sont ceux-là qui comptent et il serait peut-être opportun d’arrêter de les insulter et de les diaboliser pour commencer à les écouter. Et aussi à leur parler.

    Ceci n’est pas un appel à voter pour la liste conduite par Jordan Bardella, ni un ralliement à un mouvement ou une renonciation au « no pasaran » qui a structuré les engagements d’une vie. Pas même une information sur ce que fera l’auteur dans l’isoloir. Mais un appel à la réflexion à partir de l’exposé de la réalité d’une situation politique particulière, conséquence de l’opération de 2017. Faut-il choisir de refuser cette évidence ? De faire d’un aveuglement une vertu cardinale ? Est-il vertueux de s’inventer des périls imaginaires pour ne pas affronter des menaces bien réelles ? Il vaut mieux participer au combat de l’époque en se donnant les moyens de le livrer. Ce n’est qu’à cette condition que l’avenir politique reste ouvert. Le 26 mai il ne s’agira pas de voter contre Macron, mais bien de battre Macron. Ce qui nous engagera ensuite, assurés de nos priorités, de construire une force qui évite aussi bien un ralliement au RN qu’une sortie de l’histoire politique.   

    Régis de Castelnau
    Avocat
  • GRANDS TEXTES (42) : La cathédrale effondrée, par Pierre Debray

     

    (choisissez dans cette liste de nos Grands Textes celui - ou ceux... - que vous souhaitez lire, et accédez-y directement en quelques secondes : il vous suffit de cliquer sur le lien hypertexte attaché à chacun d'entre eux...)

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    Pierre DEBRAY au Rassemblement Royaliste des Baux de Provence

     

     

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgLa métaphore de la cathédrale effondrée est descriptive de la France de 1962 - date de parution de l'ouvrage portant ce titre. En voici l'avant-propos.

    Mais la métaphore de la cathédrale effondrée s'impose bien plus encore à notre réflexion sur la réalité d'aujourd'hui, encore empirée.

    Cette réflexion ne contredit pas les doctrines initiales de l'Action française. Pierre Debray le montre : elle les actualise, conformément à la méthode maurrassienne.

    La déchéance du Pays réel réclame désormais qu'il soit presque intégralement reconstruit et impose au Politique d'abord !  des conditions, une temporalité différentes de ce qu'elles furent vers l'année 1900.

    Les nouvelles générations qui auront la charge de prolonger l'Action française et le royalisme français, sont aujourd'hui familières de ces problématiques.

    Ce 42ème grand texte - choisi pour son actualité - montre aussi que leurs aînés avaient très tôt ouvert la voie, avec une extrême lucidité. 

    Lafautearousseau     

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  • Pierre Debray tribun : « Pour une monarchie sans nostalgie et sans folklore ... flèche du progrès »

    Provence : Rassemblement Royaliste de Montmajour [1969 - 1970 - 1971] 

    images mm.jpgANNÉE DEBRAY. À  notre connaissance, il y a peu d'enregistrements audio ou vidéo de Pierre Debray. En voici un qui est un discours au Rassemblement Royaliste de Montmajour (1969). Debray y exprime des idées essentielles. Toujours actuelles.

     

    Pierre Debray from U.R.P. on Vimeo

    L'un des intérêts de lafautearousseau ce sont ses archives qui sont à la disposition de tous : de ses lecteurs, de la jeunesse militante qui étudie et réfléchit, des universitaires et des chercheurs, qui sont nombreux à venir y puiser. Ces archives ne sont pas réunies ici par hasard. Elles procèdent du militantisme de l'équipe qui, aujourd'hui, propose ce quotidien.

    Trois rassemblements royalistes ont été organisés à l'abbaye de Montmajour, près d'Arles : en 1969 - 1970 et 1971. Cet enregistrement date de 1969.     

    Pendant ces 6'47", il faut parfois tendre l'oreille. On est en plein air... Il y a cinquante ans cette année. Mais le propos en vaut la peine ! 

  • Lu dans Le Bien Commun un entretien avec Axel Tisserand : Pour Maurras, naturellement

    Entretien avec Axel Tisserand 

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    Propos recueillis par Gabrielle Monthélie. Pouvant ouvrir à un débat entre maurrassiens et au-delà. 

    Axel Tisserand continue son travail d’exploration de la pensée de Charles Maurras et publie ces jours-ci, aux éditions Téqui, un livre qui fera date : Actualité de Charles MaurrasIntroduction à une philosophie politique pour notre temps.  

    Maurras ne va pas de soi. Interdit de commémoration, voué aux gémonies, il impressionne par la persistance de l’influence qu’on lui prête tout en bannissant son nom. Vouliez-vous rétablir un ordre juste sur son œuvre en écrivant ce livre ?

    Il est vrai que Maurras n’est aussi souvent cité qu’à proportion qu’il est honni. Déjà, en 2012, ouvrant un colloque pour les 60 ans de sa mort, je remarquais : « L’aversion à l’égard de Maurras est inversement proportionnelle à son éloignement historique. Plus il devient une figure de l’histoire, plus il est honni. Nous sommes passés d’une condamnation de sa doctrine à une damnation de tout ce qu’il représente… ou plutôt de tout ce qu’on lui fait endosser, de ce à quoi on le réduit. » J’ai pu reprendre ce propos, mot à mot, dans l’introduction de mon livre, puisque, en 2018, le 150e anniversaire de la naissance du Martégal l’a montré, la situation ne s’est pas améliorée, bien au contraire : cet anniversaire a donné lieu à des anathèmes médiatiques et des palinodies officielles, qui n’ont honoré ni le politique ni l’intelligence. Le fantôme de Maurras continue de hanter la mémoire nationale. Comme un remords ? On sait que Maurras, de l’aveu même de ses adversaires les plus intelligents (Mauriac ou Étiemble, et ne parlons pas de l’admiration que lui vouait le résistant Jean Paulhan) a été condamné pour des raisons strictement politiques. Allez sur le site de l’INA visionner le court reportage de janvier 1945 sur le procès de Lyon : le commentaire est édifiant. Quand on sait, en plus, que le dossier d’accusation fut confié à un faussaire…

    Ce que j’ai voulu, c’est non seulement en finir, sur des points cruciaux, avec le « mannequin Maurras », mais, plus encore, mettre en valeur la dimension anthropologique de sa philosophie politique, une dimension d’une actualité criante à l’heure du transhumanisme et de l’homme augmenté, c’est-à-dire… privé de son humanité. En quelque sorte, poursuivre dans la même veine que le Un autre Maurras de Gérard Leclerc, même si la comparaison peut paraître présomptueuse. C’est la raison pour laquelle j’ai également décidé de confronter la pensée de Maurras à plusieurs intellectuels contemporains importants, pour mieux montrer toute l’actualité de sa pensée.

    Yves Floucat, dans sa préface, précise qu’on aurait pu s’étonner du choix d’un disciple de Maritain pour cette tâche. Notre dossier thématique du mois est d’ailleurs consacré au dialogue entre Maritain et Maurras. Vous évoquez les critiques adressées aujourd’hui par certains catholiques aux idées inspirées par le Martégal : pensez-vous que l’absence de dépassement de la confrontation entre les deux auteurs soit un frein à la réflexion politique pour les catholiques ?

    Yves Floucat, dans la préface généreuse dont il a bien voulu m’honorer, note ce paradoxe apparent, puisque, grand thomiste, il a été également, comme il l’écrit lui-même, « profondément marqué par la pensée de Jacques Maritain ». C’est qu’on ne retient des relations intellectuelles entre Maritain et Maurras que le divorce, à l’initiative du premier, en raison des sanctions pontificales de décembre 1926 – parler de condamnation est un abus de langage, puisqu’il n’y a eu, comme l’observe Yves Floucat, « aucun texte magistériel […] de la main de Pie XI ». D’ailleurs, les sanctions furent levées en 1939 sans que l’Action française renonce à aucun point de sa doctrine. En 1927, Maritain fut même chargé de justifier ces sanctions sur le plan doctrinal, lui qui, quelques mois plus tôt, avait publié un livre, Une Opinion sur Charles Maurras, montrant en quoi être d’Action française n’était pas incompatible avec la foi catholique. Ne revenons pas sur cet épisode douloureux ni sur les raisons pour lesquelles Maritain a choisi alors, contrairement à Bernanos, l’obéissance jusqu’à brûler ce qu’il avait jusque-là, sinon adoré, du moins justifié. Comme l’écrit fort justement Yves Floucat, « peu nombreux sont ceux qui ont relevé que son rejet de la démocratie rousseauiste, commandant selon lui l’idéologie démocratiste moderne, était resté intact » dans la pensée de Jacques Maritain. C’est une évidence : la rencontre entre Maurras et Maritain, au début du XXe siècle, loin d’être un malentendu, reposait sur un fond commun : Aristote et Thomas d’Aquin. C’est sur ces deux penseurs que, dans une perspective différente, l’une politique, l’autre théologique, Maurras et Maritain se sont rencontrés. Le dialogue a été interrompu mais rien n’interdit de le reprendre. Comme l’écrivait déjà en 2011 Yves Floucat, dans le numéro 55 de Liberté politique : « Il est légitime (audacieux, hasardeux ou utopique diront peut-être certains) de se demander si le moment n’est pas venu, pour les disciples du “Paysan de la Garonne” comme pour ceux de l’auteur de l’Enquête sur la monarchie, de renoncer à tous les apriorismes réciproques et de revisiter avec discernement et un juste esprit critique l’œuvre de leur maître. […] Face à la dérive subjectiviste et relativiste programmée des démocraties selon un horizon idéologique « droit-de-l’hommiste », ils pourraient trouver, dans le seul souci de la justice sociale et du bien commun, quelques points d’entente essentiels.

    Ils s’accorderaient sur un antilibéralisme et un antidémocratisme qui, tout en revalorisant les principes d’autorité, de légitimité, de souveraineté, de représentation de la nation dans ses diverses composantes, et d’incarnation du pouvoir, les conjugueraient harmonieusement aux libertés concrètes, et attribueraient ainsi – comme un Pierre Boutang, authentique disciple fidèle et inventif de Maurras, avait su le faire – sa véritable place au consentement populaire ». Rien à ajouter.

    Vous insistez dans vos recherches sur l’importance de la politique naturelle dans le legs maurrassien. Mais Maurras ajoute-t-il vraiment quelque chose à ce que les thomistes ont développé avant et après lui ?

    Maurras, je viens de le dire, se situe explicitement dans la tradition aristotélo-thomiste. Jean-Louis Lagor (Jean Madiran) avait montré, au sortir de la guerre de 1945, la compatibilité entre le thomisme et la pensée maurrassienne dans un travail remarquable que Maurras avait salué dans une longue lettre-préface. Mon objectif est différent : j’ai souhaité montrer combien la pensée du Martégal est imprégnée, pour le fond comme pour la forme, d’aristotélo-thomisme. Maurras n’a pas pour dessein d’ajouter quelque chose au legs de cette tradition mais de la relire pour son temps, et pour le nôtre, après la rupture anthropologique des Lumières et la volonté de créer un homme nouveau que partagent toutes les versions de la modernité totalitaire – non seulement le communisme ou le national-socialisme, mais le libéralisme contractualiste, qui en est, de ce point de vue, la matrice. Les sociétés occidentales, avec la remise en cause de toute loi naturelle et la volonté non plus de créer un homme nouveau mais de dépasser l’humanité elle-même, en vivent les ultimes conséquences. Pour Maurras, agnostique, il s’agit, avec l’empirisme organisateur, « compromis laïc », d’édifier une philosophie provisoire, au sens cartésien du terme, dont il observe qu’elle correspond en tout point aux exigences de la doctrine sociale de l’Église et aux présupposés thomistes. Ainsi Maurras admet-il ouvertement que le compromis qu’il suggère, par une sorte de ruse métaphysique, est compatible en tout point avec la philosophia perennis.

    Vous décidez d’affronter la douloureuse question de l’antisémitisme maurrassien. Ne fallait pas plutôt mettre cette question sous le boisseau ?

    Il ne faut jamais rien mettre sous le boisseau ! Comme l’Évangile nous l’enseigne, c’est même totalement inutile ! Du reste, d’une manière totalement anachronique et réductrice, Maurras est devenu aujourd’hui un écrivain « antisémite », voire le paradigme de l’écrivain antisémite, alors qu’il était connu auparavant pour être le doctrinaire du nationalisme intégral, c’est-à-dire de la monarchie. Il fallait donc aborder la question de front, ce que j’ai essayé de faire. Je ne saurais trop remercier Pierre-André Taguieff pour la lecture attentive qu’il a bien voulu faire de mon chapitre sur la question, de ses observations et des textes qu’il m’a fait connaître. Oui, Maurras était antisémite, oui, son antisémitisme est la conjonction de l’antijudaïsme chrétien et de l’antisémitisme social propre au XIXe siècle, qui n’a épargné aucune tradition politique de l’époque. Non, Maurras n’a jamais professé un antisémitisme racial – le racisme lui a toujours fait horreur – , non l’antisémitisme n’est pas central dans sa doctrine. Comparer Drumont et Maurras est, de ce point de vue, un contresens complet. L’enkystement intellectuel de Maurras sur la question antisémite permet, paradoxalement, de le localiser dans sa doctrine, pour mieux l’en extirper. L’antisémitisme n’a produit dans sa pensée aucune métastase : il ne constitue pas, aux yeux de Maurras, une explication du monde, contrairement à Drumont. Son antisémitisme est intégré à la question des quatre États confédérés, qui est un refus, avant l’heure, des effets délétères du communautarisme. On peut, on doit regretter cet enkystement sur la question de l’antisémitisme : on ne saurait s’en servir pour condamner dans son ensemble l’œuvre de Maurras pour la simple raison que, de son vivant même, on a pu être maurrassien sans être antisémite : Bainville, qui déclarait devoir tout à Maurras, excepté la vie, en est un exemple frappant. C’est d’ailleurs Maurras qui a éloigné le jeune Bainville de toute tentation raciste. C’est l’antitotalitarisme qui est central chez Maurras : c’est pourquoi j’ai aussi écrit un long chapitre sur sa lecture d’Antigone, figure qui l’a accompagné toute sa vie.

    Vous intitulez votre conclusion : « l’aïeul absolu ». Alors, Maurras, prophète du passé ?

    Cette expression est de Pierre Boutang, dans Aspects de la France, à la mort de Maurras. Aïeul ici reprend le sens latin de pater, qui signifie non seulement le père mais aussi le fondateur. Maurras est avant tout, absolument, un fondateur : il a fondé une école et consacré toute sa vie à édifier une défense et illustration des conditions de la pérennité de la France.
    « Le combat qu’il soutint fut pour une Patrie, / Pour un Roi, les plus beaux qu’on ait vus sous le ciel. » Il n’y a donc là aucune allusion à un passé qui serait mort, enterré, passé, comme on le dit d’une couleur. Du reste, je cite ce mot de Maurras dans Romantisme et Révolution : « Ce n’est pas parce que la Révolution a prétendu au sceptre de la raison que la contre-révolution devrait le lui céder pour se confiner dans une vérification a posteriori qui ne prophétiserait que le passé. » D’ailleurs, on ne saurait à la fois reprocher à Maurras son modernisme, comme cela a été parfois fait de sa conception de la monarchie comme nationalisme intégral et ne voir en lui qu’un homme tourné vers le passé à moins de considérer a priori que toute défense de la monarchie après 1870 fait de vous un prophète du passé. Maurras a inventé, au sens archéologique du terme, c’est-à-dire découvert, les lois qui, après avoir été à son commencement, commandent la pérennité de la France.

    À l’heure des élections européennes, que vous inspire Maurras ?

    Rappelons-nous ses mots, dans Votre Bel Aujourd’hui  : « Je ne dis pas du tout comme les Allemands que ma Patrie soit le vrai, le beau, le bien. Mais mon culte de la patrie me met naturellement en règle avec les grands objets de la connaissance du beau et du bien. » C’est en cela que le nationalisme peut ouvrir sur l’universel. Dépasser les nations, aujourd’hui, c’est lui tourner le dos. Ne nous laissons pas duper par les faux prophètes d’une Europe qui n’a jamais existé.  

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    Le Bien Commun, n°7 mai 2019

  • Une lecture indispensable, recommandée

    UNE ESPÉRANCE POUR LA FRANCE : LA MONARCHIE

    Préface du prince Jean de France
    Éd. REGALIA, 2013, 120 pages, 6 €
    Commandes à
    LIBRAIRIE DE FLORE
    10, rue croix-des-petits-champs 75001 Paris
    Highlights info row image  09 83 42 38 16

  • Allemagne : vers une sortie furtive de l’euro ?

    Un schéma pour mieux comprendre ! Source : Banque de France, direction des Infrastructures de marché et des Systèmes de paiement

    par Olivier Pichon

    C’est l’Allemagne qui risque de quitter l’Union européenne, en sortant d’abord de l’eurosystème qui oblige à assumer les dettes des pays les plus pauvres, dont le risque de défaut est élevé. Ce sont des choses un peu arides, un peu complexes mais déterminantes. Qu'il faut savoir. 

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    Nul n’ignore désormais que l’euro, qui devait « corseter l’Allemagne » dans les vues de Mitterrand, lui a profité au-delà de toute attente.

    Le rapport du think tank allemand d’inspiration libérale Centrum für Europaïsche Politik montre que l’Allemagne, avec l’euro, a littéralement aspiré la richesse du sud (Politique Magazine, n° 179).

    On sait aussi que, du côté italien, la possibilité d’une sortie de l’euro est loin d’être exclue et que des économistes éminents en parlent (Stiglitz, Gave, Delamarche, et, pour le Portugal, Ferreira do Amaral).

    9788807173516_quarta.jpg.444x698_q100_upscale.jpgUn romancier italien en a même écrit le scénario : le président du conseil italien informera le directeur de la Banque Centrale Européenne que son pays a décidé de reprendre sa souveraineté monétaire et de donner naissance à la « Nouvelle lire ». Sergio Rizzo : 02.02.2020. La Notte che uscimmo dall’euro (2 février 2020. La Nuit où nous sommes sortis de l’euro), éd. Feltrinelli.

    Target 2, une cible… atteinte !

    Mais ce scénario, pour spectaculaire qu’il soit, masque une réalité plus subreptice, à bas bruit, et cela nous vient d’outre-Rhin. C’est là qu’intervient une institution, bien hermétique au grand public, Target. Il s’agit des dettes et créances entre banques centrales de l’eurosystème. Dans la zone euro, chaque banque centrale peut créer des euros et s’engage à reconnaître pour siennes les créances sur les autres banques centrales de la zone euro à un euro pour un euro. Target 2 désigne le système qui permet de transférer des sommes importantes entre pays de la zone mais, à la différence d’un transfert international, il n’y a pas de garanties d’or et de devises, les autorités monétaires écrivent ces créances dans un livre justement appelé soldes Target 2, sans nantissement aucun. Un pays qui sortirait de l’eurosystème serait alors tenu de régler ces soldes par l’or et les devises. Comme il n’en aurait pas les moyens, il serait donc contraint de faire défaut sur sa dette. L’Italie, par exemple, dispose de ressources en or très inférieures à sa dette (son stock d’or est de 19,8% de ses dettes Target).

    Or nous savons que l’Allemagne détient près de 1000 milliards de créances sur les pays du « club Méditerranée ». Ce mouvement est un pari, à la fois sur la baisse de la valeur des créances par les détenteurs de capitaux des pays du sud et leur appréciation une fois « logés » en Allemagne. En cas de défaut sur la dette, l’Allemagne ferait payer une partie des 1000 milliards à sa population. Faire payer les moins riches des pays riches pour les plus riches des pays moins riches, il est peu probable que l’Allemagne l’accepte. Mais la dette impayée serait aussi répartie entre les pays restant dans l’euro, la France hériterait donc un supplément de dette d’environ 35% de ces 1000 milliards !

    Sortie furtive* ? L’Allemagne à la manœuvre.

    L’Allemagne pourrait demander désormais que les nouvelles dettes Target ne puissent se contracter que contre une garantie saisissable par le créancier : cela se nomme collatéralisation, ce que nous pratiquons tous dès lors que nous empruntons par hypothèque. Mais, hic jacet lepus, la collatéralisation des Target provoquerait aussitôt l’apparition de cours de marchés variables entre les euros émis par les différentes banques nationales de la zone, certaines créances en euros seraient donc plus recherchées, donc les euros seraient plus chers. Cela signe tout simplement la fin de l’euro, car nous retrouvons la logique monétaire internationale.

    La proposition de garanties pour les dettes (collatéralisation) fut faite dès 2012, par le président de la Bundesbank, Weidman, le piège de la proposition étant qu’une banque centrale transférant des fonds via Target devrait donc nantir ce transfert et, en cas d’impossibilité, le transfert serait refusé. La proposition fut écartée par Draghi, qui avait senti le danger.

    hcp_20150609_150_std.jpgVoilà maintenant que l’IFO (Institut für Wirtschaftsforschung) de Munich, institut de recherche économique responsable du Geschäftsklimaindex, l’indicateur très influent du moral des patrons en Allemagne, et donc du climat des affaires, exige que le gouvernement de Berlin intervienne auprès de la BCE « contre une utilisation illégale et excessive des soldes Target ». L’idée de Weidman suit son chemin, le journal Die Welt s’en est emparé et met les pieds dans le plat. Dans ses colonnes, les deux économistes Sinn et Gerken préconisent un plan de remboursement des dettes Target selon un échéancier… en or, étant entendu qu’on ne peut rembourser des dettes Target avec d’autres dettes Target. Au total 154 économistes allemands ont signé un manifeste préconisant la collatéralisation des dettes. Le conseil économique de la CDU (Wirtschaftsrat) réclame lui aussi la collatéralisation.

    On imagine que le SPD y est hostile, mais il est mal en point. Le grand « parti populaire » de gauche de jadis ne rassemble plus que 13,5 % des intentions de vote, loin derrière l’Union chrétienne (CDU/CSU) ; il est au coude-à-coude avec l’AfD, à 13 %. Bernd Osterloh, le président du Betriebsrat (conseil des salariés) de Volkswagen (290 000 salariés), un personnage central du syndicat de l’industrie IG Metall, traditionnellement proche du SPD, multiplie les attaques contre le parti dont il est membre. Il l’accuse de ne pas suffisamment défendre les intérêts des ouvriers face aux mesures écologiques (diesel et électrique) et face à l’UE, un comble ! On voit mal le syndicat accepter aussi de payer pour les pays du sud. La logique hégémonique allemande pourrait prévaloir, s’il s’agit d’intérêts vitaux, au prix du sacrifice de l’euro.

    France : silence assourdissant sur la question

    Certes le projet allemand se fait à bas bruit et personne, en France, dans les grands médias, ne le répercute, de peur sans doute d’accélérer le processus de décomposition de l’euro, ou par enfermement idéologique. Les médias et les politiciens continuent à réciter le catéchisme de l’euro. Dans cette hypothèse, il n’y aura pas de grand soir, l’union monétaire se mourra en silence par une série de glissements techniques, quelque chose comme la technique du voleur chinois, et personne n’en aura prévenu les Français.

    Sauf si quelques dirigeants français s’apercevaient – contrairement à la plupart des souverainistes qui, en attendant, veulent rester dans l’euro – que la France a tout intérêt à quitter l’euro le plus tôt possible. Si, en effet, la Banque de France est encore membre de l’eurosystème au moment du défaut de l’Italie, ou d’un autre pays, elle devra, comme indiqué plus haut, assumer une partie de leur dette. Dans le cas où elle coupe les ponts avec l’eurosystème, les pertes ne seront partagées que par ceux qui sont restés. On peut imaginer que l’Allemagne ne resterait pas non plus passive.

    400px-Chauveau_-_Fables_de_La_Fontaine_-_02-10.pngAinsi après avoir joué cavalier seul sur la question de l’immigration, eu égard à son vieillissement et à son manque de main d’œuvre, la puissance hégémonique allemande joue aussi la sortie de la « solidarité » monétaire, non sans quelque raison. Alors que, sur le plan politique, l’ère Merkel est en train de se clore, le modèle allemand, fondé sur une orthodoxie budgétaire doublée d’un mercantilisme fort, est arrivé au bout de sa logique, et de sa logique européenne aussi. « C’est assez qu’on ait vu par là qu’il ne faut point agir chacun de même sorte. » La Fontaine, L’âne chargé d’éponges et l’âne chargé de sel.

    Dès 2012, Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, l’avait dit : « Ce sont les premiers qui quitteront l’euro qui s’en sortiront le mieux ! » Les Anglais n’étaient pas dans l’euro, mais le bruit et la fureur qui accompagnent le Brexit dissimulent les véritables enjeux de demain. IIs sont, à la veille de ces élections européennes, d’une ampleur que les peuples sont loin de percevoir. 

    * La formule est de Vincent Brousseau, ancien membre de la BCE et conseiller de F. Asselineau pour l’UPR.

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  • Fondamentaux d'Action Française • Le nationalisme intégral

    Publié le 21 mars 2016 - Actualisé le 22 mai 2019

    Par Stéphane Blanchonnet

    3411685988.jpgLe « nationalisme intégral » n'a jamais désigné autre chose pour Maurras que la monarchie elle-même, en tant qu'elle répond « intégralement » aux attentes des nationalistes français. Toute autre interprétation, notamment celle qui en ferait l'expression d'un nationalisme exacerbé, est erronée ou malveillante.

    Le grand mérite de Maurras est d'avoir réussi, à l'aube du XXème siècle, à opérer la synthèse de la contre-révolution et du nationalisme. Le « nationalisme intégral » est à la fois le symbole et le résultat de cette synthèse. Le propre de l'Action française est ainsi de rappeler la formule traditionnelle, royale, d'un ordre spécifiquement français dans le contexte et avec le vocabulaire de la politique moderne.

    À la lumière de ce qui précède, l'erreur d'interprétation évoquée plus haut se révèle être un contresens radical. En effet, le « nationalisme intégral » est un nationalisme modéré, tempéré par la tradition, un nationalisme en quelque sorte vacciné contre les dérives du césarisme, du fascisme ou du totalitarisme. Ces formes de « nationalitarismes » (terme forgé par les maurrassiens pour s'en distinguer) répondent à des logiques (légitimité charismatique, divinisation du peuple et de la volonté générale) fondamentalement étrangères au modèle de la monarchie traditionnelle et décentralisée que nous défendons.   

    Repris de À rebours

  • Éric Zemmour : « Ces mythes qui font vibrer les dirigeants de l’Union européenne (mais pas leurs peuples) »

     

    thUKZO41O8.jpg « Une civilisation unique, exceptionnelle et menacée qu’il faut défendre » : Éric restitue à la question européenne sa véritable dimension. Et resitue l'élection du parlement européen à sa place qui est relative. Les enjeux sont bien supérieurs et la partie se jouera bien au-delà du 26 mai.  [Le Figaro du 17.05). Un bel article. À lire absolument.  LFAR 

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    « J’appelle européenne toute terre qui a été successivement romanisée, christianisée et soumise, quant à l’esprit, à la discipline des Grecs. »

    Paul Valery 

    Airbus, Erasmus, L’Auberge Espagnole... Les partisans de l’Union européenne ont inventé des slogans, des mantras. Mais la tragique réalité de l’Histoire ramène les Européens à ce qu’ils sont vraiment : une civilisation.

    Ils reviennent à chaque élection, à chaque débat, à chaque controverse. C’est ce qui reste quand les partisans de l’Union eupéenne ont tout essayé, tout tenté, tout oublié. Des mantras, des slogans qui parlent au cœur et réchauffent l’âme. Mais qui ne résistent guère à la raison. Des Airbus comme s’il en pleuvait. Des Airbus du rail, des Airbus des piles électriques, des Airbus de tout et de rien, l’important est de prononcer le mot magique. Le mot, mais pas la réalité. Car Airbus constitue tout ce qu’abhorre la Commission de Bruxelles: des accords entre deux gouvernements (la France et l’Allemagne), auxquels se joignent deux autres (l’Angleterre et l’Italie) ; des aides d’Etat comme s’il en pleuvait ; pas de concurrence et du protectionnisme à tout-va ; la France en leader technique et économique. Bref, l’horreur absolue. Qui serait quasi impossible aujourd’hui. Même chose pour Arianespace, d’ailleurs.

    Mais peu importe, l’Europe, c’est la paix. Et le nationalisme, c’est la guerre, ajoutent ceux qui se souviennent de l’ultime testament de François Mitterrand. Pourtant, la réalité historique dit autre chose. Comme le rappelle justement Hubert Védrine, l’ancien conseiller diplomatique de ce même Mitterrand, «l’Europe n’est pas la mère de la paix, mais sa fille». C’est la fin de la Seconde Guerre mondiale et la ruine des protagonistes européens - Allemagne, mais aussi Angleterre et France - qui les a obligés à se soumettre tous trois au protectorat américain. Ce sont les Etats-Unis, et plus particulièrement le secrétaire d’Etat de l’époque, John Foster Dulles, qui ont forgé la construction européenne. L’Europe et l’Otan sont deux organisations sœurs et ont la même mère: l’Amérique. Les trois Grands européens, «empires humiliés», comme dit Peter Sloterdijk, se sont terrés sous le parapluie nucléaire américain pour se protéger de la menace soviétique. La paix, c’est d’abord la peur de l’apocalypse nucléaire. L’Angleterre, la France et l’Allemagne achevaient ainsi trois siècles de lutte pour l’hégémonie européenne et mondiale, commencée sous le règne de Louis XIV, poursuivie avec la guerre de Sept Ans (1756-1763) et les guerres de la Révolution et de l’Empire, avant que l’Allemagne, unifiée en 1870, ne vienne prendre la place de la France en grand hégémon continental. Ce sont donc les tentatives réitérées de constituer un empire européen, et l’opiniâtreté britannique à l’empêcher, qui sont à l’origine de toutes les guerres européennes, et non l’existence de ces nations.

    Mais foin d’histoire, foin de guerres, foin de nations et de peuples ; l’important, ce sont les individus, le bonheur et l’amour. C’est le dernier message: celui de la jeunesse, d’Erasmus, de L’Auberge espagnole. Le plus médiocre argument et le plus facile. Celui qui incarne le mieux le désir de sortie de l’Histoire qui anime une partie du projet européen.

    640_gettyimages-105216388.jpgMais le retour des grandes nations, des énormes vagues migratoires, du djihadisme, ramène les Européens à la tragique réalité de l’Histoire et de ce qu’ils sont: une civilisation. « J’appelle européenne toute terre qui a été successivement romanisée, christianisée et soumise, quant à l’esprit, à la discipline des Grecs », disait Paul Valéry. Une civilisation unique, exceptionnelle et menacée qu’il faut défendre.     

    Éric Zemmour

  • Vincent Lambert • Le Comte de Paris : « Personne n’a à juger de la dignité de la vie d’un de nos concitoyens »

    Monseigneur le comte de Paris a publié hier le message suivant

    168205_419268338107770_1930754385_n.jpg« Vincent Lambert, personne lourdement handicapée, va être aujourd'hui abandonné par la société et le corps médical, par l'arrêt de son alimentation et de son hydratation. 

    Pensons aux autres personnes dans sa situation. Être privé de la capacité de marcher, de communiquer et de se nourrir seul ne peut être un motif de condamnation.

    Depuis l'abolition de la peine de mort, personne n'a à juger de la dignité de la vie d'un de nos concitoyens, quelle que soit son « utilité» présumée. C'est pourtant ce qui se passe aujourd'hui. 

    Soutenons les personnes qui, par la recherche, la médecine, l'accompagnement, ne laissent aucun des membres de notre société sur le bord de la route. Pour que l'État reste au service des plus faibles. » 

    Domaine Royal, le 20 mai 2019

    Le Prince a a joint à ce billet publié sur Facebook, le lien de cet article du Figaro

     
    LEFIGARO.FR
  • EUROPÉENNES 2019 : LE NOUVEAU CLIVAGE PERSISTE ET SIGNE

    Par Rémi Hugues

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    Alors que se termine la campagne des élections européennes cru 2019, le premier scrutin intermédiaire de dimension nationale de l’ère Macron (les élections dites partielles ayant d’ailleurs été très rares), un enseignement peut déjà être tiré. Il concerne la structuration du système politique français issue du « collapse » de 2017.           

    Les résultants des études d’opinion suggèrent que l’opposition nationale fait jeu égal avec la majorité présidentielle, chacune réunissant un cinquième des sondés ayant l’intention de se déplacer au bureau de vote le 26 mai prochain. La République en marche (L.R.E.M.) et le Rassemblement national (R.N.) en tête, au même niveau : il y a du suspense dans l’air, comme en 2014. Lors des dernières européennes, la droite et le Front national se tiraient la bourre avec un étiage similaire dans les sondages (la première devançant la seconde d’une très courte tête), avant que celle-ci creuse l’écart de façon nette le jour du vote, rassemblant le quart du corps électoral. Pour la première fois de son histoire le mouvement lepéniste pouvait se targuer d’être le premier parti de France. « Bis repetita ! » souhaitent de tout cœur les caciques du RN.

    Quelle que soit la formation qui arrivera en tête, le rapport de force qui se dessine confirme qu’un nouveau clivage s’est substitué au clivage gauche / droite, qui depuis les débuts de la Vème République opposait le socialo-communiste aux gaullistes et leurs alliés chrétiens-démocrates. La singularité commune au président Macron et à Marine Le Pen est d’avoir posé, dans notre époque caractérisée par la mondialisation et la crise économique, la fin de la pertinence de ce clivage gauche / droite, d’avoir diagnostiqué son obsolescence.

    6884814_mafg_1000x625.jpgAinsi a surgi le « et-en-même-temps-de-gauche-et-de-droite » du premier, face « au ni droite ni gauche, Français » de la seconde. Dès les lendemains de l’élection présidentielle de 2012, dans les colonnes de « Trop libre »[1], je mettais en évidence que ledit clivage était en train de devenir obsolète, dépassé, archaïque, et qu’à sa place émergeait le clivage libéral / souverainiste.

    Le 26 avril 2012, d’abord : « Ce double clivage territorial – est/ouest et centre/périphérie – peut être vu comme la matérialisation en termes géographique du nouveau clivage qui caractérise la France électorale du XXIème siècle, structuré autour des thèmes de la mondialisation, de la question européenne et du libéralisme culturel : celui qui oppose ʽʽlibérauxʼʼ et ʽʽsouverainistesʼʼ, par-delà la coupure traditionnelle droite/gauche. »[2] 

    Puis le 9 mai 2012 : « clivage, qui depuis le referendum de 2005 pourrait bien être le plus opérant dans la vie politique française : celui qui oppose ʽʽlibérauxʼʼ (...) et ʽʽsouverainistesʼʼ (...) sur les questions de la mondialisation, du libre-échange et de la construction européenne. »[3]           

    Il est à noter que dautres nomment différemment ce clivage né de la mondialisation et de la crise : « ouverts » contre « fermés », « progressistes » contre « populistes », « mondialistes » contre « patriotes »... en la matière il existe une grande variété de vocables !

    Mais au-delà de la question – décisive s’il en est – de la terminologie, ce qu’il importe c’est de constater que ce nouveau clivage ne cesse de s’affermir, laissant, d’une part, une gauche éparpillée façon puzzle entre plusieurs mouvements, qui, au mieux, frôlent les 10 %, et d’autre part, une droite réduite à incarner le « parti catholique » afin d’attirer les voix de la bourgeoisie traditionnelle de province vieillissante ; lesquelles forces de l’ « ancien monde » jouent en dernière instance le rôle de supplétifs de la majorité présidentielle au second tour, dont l’avènement est résulté de la synthèse des deux.

    XVM52b7d548-65b4-11e9-8e63-23165fe113f9.jpgDépouillés de leurs oripeaux antilibéraux, de leur mystique propre, une foi messianiste dans le peuple pour lune et un amour fou de la nation pour l’autre, il ne leur restait que l’idéal libéral de l’ordre en mouvement, du tout-marché, du tout-Europe, du tout-à-l’égo, du tout-pour-la-disparition-de-la-France, idéal incarné de manière chimiquement pure par le pouvoir macronien.

    En négatif de cette synthèse s’inscrit celle de la France d’avant, qui s’accorde sur un certain nombre de points, que l’on pourrait agréger autour de la notion orwellienne de Common decency, de « décence commune », notion à laquelle pourrait adhérer autant un Étienne Chouard qu’un Patrick Buisson. Le pays réel en somme, qui estime que l’effort, le mérite, le travail, ne sont pas assez valorisés tout en défendant le dimanche chômé, le repos dominical. Qui s’émeut des onze vaccins obligatoires à trois ans et des cours d’éducation sexuelle prodigués dès l’école primaire. C’est cette France qui soutient le « mouvement des gilets jaunes », qui ne répugne pas par principe à payer l’impôt, mais qui a bien compris que ce qui nous est prélevé ne sert pas à assurer un fonctionnement optimal des services publics mais à alimenter le train de vie dispendieux d’une caste xénophile, soucieuse de servir les gnomes de la City et de Wall Street, ces « spéculateurs » dans le sens que donnait à ce terme Vilfredo Pareto dans son Traité de sociologie générale[4], qui parient à la baisse sur l’actif France, sponsorisant toute action publique ayant pour seuls bénéficiaires les sans-papiers (ou migrants), érigés en nouvelle classe messianique au détriment des catégories populaires et de la fraction paupérisée de la classe moyenne, qui usent du vote contestataire comme d’un défouloir, un moyen de faire la nique à l’élite établie.   

    macron_et_le_pen_jeudi_27.04-3025235.jpgS’il faut se risquer à un pronostic quant au vainqueur du 26 mai prochain – exercice ô combien périlleux ! –, je dirais que la liste conduite par Jordan Bardella est celle qui arrivera en tête. En mars 2018, L’humanité Dimanche mentionnait un sondage IFOP réalisé en décembre 2017 plaçant LREM en pole position avec 26 % des suffrages, suivi par le FN avec 17 %[5]. La dynamique, on le voit, par rapport à maintenant, est clairement du côté du parti rebaptisé depuis RN.

    Séparés alors par un écart de dix points, les deux partis sont aujourd’hui au coude-à-coude : pour l’observateur attentif, une telle évolution du rapport de force signifie que la liste de la ministre Loiseau sera battue. Si cela s’avère exact, le journaliste Benjamin Köning de l’hebdomadaire communiste avait vu juste en signant un article intitulé « Front national. Pourquoi il est loin d’être mort. » Réponse le 26 mai au soir...   

     

    [1]Un blog rattaché à une fondation financée indûment par nos impôts que pilotent deux fidéicommis de la maison Rothschild, Nicolas Bazire et Grégoire Chertok, administrateurs donc, outre leur activité professionnelle principale, de la chiraco-sarkozyste Fondapol.
    [2]http://www.trop-libre.fr/la-vague-rose-s%E2%80%99arrete-a-l%E2%80%99est/
    [3]http://www.trop-libre.fr/le-front-national-avant-garde-de-la-%C2%AB-nouvelle-classe-ouvriere-%C2%BB-2/
    [4]Les spéculateurs sont les « possesseurs d’actions de sociétés industrielles et commerciales […]. Il y aura aussi les propriétaires de bâtiments, dans les villes où l’on fait des spéculations immobilières; de même les propriétaires de terres, avec la condition semblable de l’existence de spéculations sur ces terres; les spéculateurs à la Bourse; les banquiers qui gagnent sur les emprunts d’Etat, sur les prêts aux industries et aux commerces. Ajoutons toutes les personnes qui dépendent de celles-là : les notaires, les avocats, les ingénieurs, les politiciens, les ouvriers et les employés qui retirent un avantage des opérations indiquées plus haut. En somme, nous mettons en- semble toutes les personnes qui, directement ou indirectement, tirent un profit de la spéculation, et qui par différents moyens contribuent à accroître leurs revenus, en tirant ingénieusement parti des circonstances. », Vilfredo Pareto, Traité de sociologie générale, vol. II, Lausanne / Paris, Payot & Cie, 1919, p. 1431. Dans cet ouvrage, le sociologue exprime avec un brin d’ironie son scepticisme vis-à-vis de la démocratie représentative, analyse que je partage entièrement : « Qui est ce dieu nouveau qu’on appelle ʽʽSuffrage universelʼʼ ? Il n’est pas mieux défini, pas moins mystérieux, pas moins en dehors de la réalité que tant d’autres divinités, et sa théologie ne manque pas plus qu’une autre de contradictions patentes. Les fidèles du ʽʽSuffrage universelʼʼ ne se laissent pas guider par leur dieu ; ce sont eux qui le guident, qui lui imposent les formes sous lesquelles il doit se manifester. Souvent, tandis qu’ils proclament la sainteté de la majorité, ils s’opposent par  ʽʽobstructionʼʼ à la majorité, même s’ils ne sont qu’une petite minorité ; et tout en encensant la déesse Raison, ils ne dédaignent nullement, en certains cas, le secours de la ruse, de la fraude, de la corruption. », ibid., p. 1396. Gustave Mirbeau était bien inspiré quand il en appelait à la « grève des électeurs ».
    [5]N° 599, 1-7 mars 2018.

    A lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même ...

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  • L’extrême centre, le populisme des élites

     

    296519203 - Copie.jpg C'est, selon son habitude, à une fine analyse que Roland Hureaux se livre ici [Causeur - 20.05]. Nous sommes familiers de sa pensée politique depuis qu'il fut l'un des participants du colloque d'Action française du 7 mai 2016, à Paris. On parle souvent des populismes, de droite ou de gauche, comme de menaces extrémistes ; moins de celle incarnée par l’idéologie libérale majoritaire. Roland Hureaux considère que la menace qu'incarne l’extrême centre s’avère pourtant plus dangereuse et mériterait d’être reconsidérée… Il nous paraît avoir bien raison.    LFAR

    Par Roland Hureaux

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    « Il se fait passer pour raisonnable mais présente les dangers de toutes les idéologies ».

    C’est une chose entendue chez les gens de bon ton, dans les classes dirigeantes occidentales : il faut se méfier des extrêmes, ils sont dangereux. L’extrême droite évoque le spectre du nazisme (à supposer que le « parti socialiste national des travailleurs allemands » d’Hitler ait été vraiment de droite), l’extrême gauche le spectre du stalinisme ou du maoïsme.

    Non seulement, ils sont dangereux, mais ils véhiculent, dit-on, des sentiments mauvais, « nauséabonds »: ils sont le parti de la haine.

    Le peuple et son contraire

    Le populisme, qui ambitionne d’exprimer le sentiment populaire, porte généralement des idées jugées extrémistes en particulier quand il remet en cause l’ordre libéral international ou encore la construction européenne ou l’euro : il sent mauvais. Pour tout dire, comme son nom l’indique, il sent le peuple. Il faut s’en méfier comme de la peste. Dans notre géographie idéologique, les personnes convenables ne sauraient se mêler à lui.

    Face aux extrêmes, les centristes de toute nature sont, eux, des gens bien élevés : ils s’inscrivent dans le « cercle de la raison » tracé par Alain Minc. Ils ne rejettent ni l’euro ni l’Europe de Bruxelles, pas même l’Otan ou le libre-échange, encore moins la mondialisation, nécessairement heureuse. Pour parler comme Karl Popper, ils sont partisans de la  société ouverte et non de la  société fermée. La société, c’est comme le visage qu’il vaut mieux  avoir ouvert que fermé.

    L’illusion de la modération

    Les hommes du centre représentent une idéologie libérale très convenable. Dangereuse illusion.

    D’abord parce que le rattachement des idées de la droite ou de la gauche fortes aux totalitarismes du passé, que généralement ces courants récusent, est hasardeuse. Une personnalité aujourd’hui aussi peu contestée que le général De Gaulle fut, tout au long de sa carrière, suspectée, voire accusée de menées fascistes ; nous mesurons aujourd’hui l’absurdité de ce procès.

    Ensuite et surtout parce que le libéralisme auxquels se réfèrent les gens convenables a, lui aussi, pris au fil des ans le caractère d’une idéologie ; c’est cette idéologie que nous appelons l’extrême centre.

    L’extrême centre, une idéologie comme les autres

    Une démarche idéologique se reconnait à plusieurs caractères : des idées trop simples, comme par exemple la suppression de la propriété privée ou le libre-échange universel, avec souvent des effets collatéraux désastreux : l’oppression totalitaire ou la régression économique dans le cas du libéralisme européen. Au bout, le rejet des peuples : hier les dissidents, aujourd’hui les gilets jaunes.

    Mais il est un caractère de l’idéologie qui, plus que les autres, ne trompe pas, c’est l’intolérance, le refus de conférer quelque respectabilité que ce soit aux positions adverses. Car toute idéologie est un projet messianique : l’ambition de transformer radicalement  la condition humaine, par la suppression de tel ou tel fondamental anthropologique : la propriété, la nation, ou l’instauration de la démocratie libérale. L’opposition aux idéologies n’est pas une opinion parmi d’autres ; elle est tenue par ses partisans pour un obstacle à une ambition  mirifique. Les ennemis du communisme  étaient des « vipères lubriques ». Ceux du libéralisme, assimilé à tort ou à raison aux constructions supranationales sur lesquelles repose l’Occident : Otan, Union européenne, etc. sont relégués dans les ténèbres extérieures où ont sombré  les gens infréquentables. Infréquentables, c’est-à-dire qu’aucun débat n’est permis avec elles. Dix prix Nobel d’économie ont contesté la pertinence de l’euro ; il n’est néanmoins pas permis d’en débattre ; sur l’euro, l’intimidation des opposants est telle que le Parti communiste  et le nouveau Front national (Rassemblement national) n’osent plus le remettre en cause.

    La menace fantôme

    Cette véhémence contre les opposants a son volet national. L’idéologue a besoin d’adversaires diaboliques. Porteur d’une vision eschatologique qui doit faire passer des ténèbres à la lumière, il ne supporte pas d’être mis en échec. La moitié néo-conservatrice (ou ultralibérale) de l’opinion américaine, qui a  soutenu Hillary Clinton, n’a toujours pas digéré la victoire de Trump, voué aux gémonies : l’idéologie amène la grande démocratie américaine au bord de la partition. La même véhémence a aussi un volet  international : porteuse d’un projet universel, l’idéologie ne supporte pas non plus les résistances extérieures à son projet universel. A intervalles réguliers, l’idéologie dominante occidentale désigne un bouc émissaire tenu pour l’ennemi de l’humanité et lui fait la guerre ; elle a besoin de produire des monstres pour se justifier : de Bachar el Assad à Vladimir Poutine, pour ne prendre que de récents exemples. Ceux qui, aux Etats-Unis et en Europe occidentale sont les plus agressifs vis-à-vis de la Russie sont, sur le plan intérieur,  des centristes.

    Le bilan des guerres des vingt dernières années est accablant : elles ont fait des centaines de milliers de morts. Aucune pourtant n’a été déclarée par des extrémistes, presque toutes par des idéologues du « mainstream ». En tous les cas, en Europe au moins, elles ont reçu le soutien de courants centristes et le désaveu de ceux que l’on taxe d’extrémisme.

    On dira que Bush fils et son âme damnée Dick Cheney, responsables de la  guerre d’Irak (2003) étaient des extrémistes – peut-être mais les Clinton, Obama et leurs émules  européens  qui  ont soutenu leurs entreprises : Blair, Hollande, Macron, Merkel, Juncker étaient tenus à des degrés divers pour des modérés.

    Les moins démocrates d’entre tous ?

    A l’inverse, les présidents américains qui sont passés pour des hommes de la droite dure, Nixon, Reagan et jusqu’ici Trump n’ont, à la différence des précédents,  déclenché aucune guerre mais, au contraire, en ont terminé plusieurs.

    Quand la secrétaire d’Etat américaine Madeleine Albright dit en 1996 que le renversement de Saddam Hussein méritait qu’on lui sacrifie la vie de plus de 500 000 enfants irakiens, elle exprime l’opinion d’une centriste.

    Avant même de faire des guerres, certains centristes s’avèrent des gens dangereux : le chercheur américain David Adler n’a-t-il pas montré que l’électeur du centre, aux États-Unis, était le moins attaché à la défense de la démocratie ? Ce qui est assez logique s’agissant d’un idéologue certain d’avoir raison et donc intolérant à toute opposition. 

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    Roland Hureaux
    est essayiste
  • Affaire Vincent Lambert • Après un dernier coup de théâtre

     

    Si l'on met à part les motivations voire les passions religieuses ou antireligieuses, la science médicale elle-même, ou encore le débat juridique, reste, peut-être, en dernière analyse, la liberté des familles de décider pour la vie ou la mort de leurs proches dans des circonstances extrêmes ou ultimes. Il est possible de penser, sous ce simple point de vue, que personne d'autre n'a à en décider. Nous n'allons pas au-delà de cette perspective.  LFAR