UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Immigration - Insécurité - Anti racisme - Page 128

  • Alexandra Lavastine : mon jour d'après le 13 novembre dans un quartier sensible de Seine-Saint-Denis

     

    Passionnant récit d'Alexandra Laignel-Lavastine

    La journaliste et philosophe Alexandra Laignel-Lavastine, qui habite en Seine-Saint-Denis, a interrogé les jeunes de son quartier dès le matin du 14 novembre. Si leurs propos ne reflètent pas l'opinion majoritaire dans ce département, ils traduisent une réalité dérangeante.   

    Alors qu'en ce lugubre matin du samedi 14 novembre, la France était en état de choc et le monde glacé d'effroi, comment les jeunes de mon quartier, dans le 93, avaient-ils vécu, eux, les carnages de la nuit? Un vague espoir m'avait saisi: et si les tueurs islamistes venaient, par ce bain de sang, de s'aliéner un peu leurs admirateurs de banlieue, généralement fascinés par leurs «exploits guerriers»? Dans cet univers clos et à la dérive, où la fêlure morale est souvent vertigineuse, le principe qui prédomine est en effet celui de la valeur contraire. Les décapitations en ligne, les prières de rue et le voile intégral horrifient ou dérangent? Ils «kiffent» puisqu'ils «niquent la France». Mais cette fois? Se pouvait-il que les images atroces des tueries les laissent de marbre et ne suscitent pas l'ombre d'un écœurement ou d'une identification aux victimes? En s'en prenant au public jeune et festif d'un concert de rock ; pis, en ciblant les spectateurs d'un match de foot, leur passion, de surcroît au Stade de France, situé à quelques encablures de là et où ils auraient tous pu se trouver, les tueurs de Daech n'avaient-ils pas commis une erreur d'appréciation? J'avoue que je m'attendais au moins à un vague: «Là quand même, ils abusent!». Je descends au bistrot du coin vers 10 heures.

    Première surprise: rien n'y laisse deviner qu'une tragédie vient de frapper le pays. La télé est pourtant allumée au-dessus du comptoir, le film des événements passe et repasse en boucle. La clientèle, exclusivement masculine, regarde du coin de l'œil, mais personne ne semble concerné. J'interroge le patron, les yeux rougis par l'absence de sommeil, un sympathique arabe chrétien qui se définit comme «assyro-babylonien»: «J'y crois pas», me dit-il à voix basse. Depuis que j'ai ouvert à 8 heures, les gens parlent de tout et de rien, mais surtout pas de ce qui vient de se passer. C'est biz as usual: circulez, y'a rien à voir. Je m'attable avec Malik* en train de boire son café, le visage fermé. Je lui dit qu'il a une mine fatiguée et qu'il y a de quoi après les massacres horribles des dernières heures. «Pourquoi horribles?», me lance-t-il d'un air hostile, «tu crois quand même pas ce qu'ils nous racontent!». Ma crédulité lui fait même «pitié»: «Réfléchis trois secondes: un musulman, ça tue pas. Tuer, chez nous, c'est haram. C'est marqué dans le Coran». Je tente la carte bobo nunuche bien-pensante: l'islam est certes une religion-de-tolérance-et-de-paix, mais il peut y avoir de mauvais musulmans, des fanatiques qui le déforment et s'en servent à de vilaines fins politiques. «C'est quoi ces conneries?», poursuit-il. «Un communiqué, ça se fabrique, c'est comme les images: tout est bidon». Et comme un musulman ne peut donc être un meurtrier, il faut bien que «y'ai un truc derrière tout ça». Le raisonnement est implacable. Aussi brillant que celui d'Emmanuel Todd et d'une bonne partie de la doxa de gauche politiquement correcte, pour qui il ne s'agissait déjà plus, quatre mois après «Charlie», de combattre l'islamisme, mais le «laïcisme radical» porté par les néo-réactionnaires, très vite tenus, en toute indécence, pour les coupables indirects des crimes de janvier.

    Entre temps, les copains de Malik sont arrivés et ils se mêlent à la conversation. Nidal, passablement agressif, renchérit: «La vérité, de toute façon, on l'a connaît: c'est un complot contre nous et contre l'islam, comme avec Merah et le reste». Le reste? Un autre m'éclaire de façon assez prévisible en m'expliquant que les chambres à gaz seraient une «invention sioniste», le 11-Septembre un complot du Mossad et le massacre de Charlie-Hebdo un coup monté de la DCRI. «Tu vois, les Kouachi. J'ai un copain qui les connaissait bien. Il m'a dit que le deuxième frère était mort en 2009. C'est pas une preuve, ça? Le but, c'est de salir les musulmans». Avant, m'expliquent-ils, ils ne disposaient que de la version officielle que leur servaient «les médias». Désormais, ils possèdent un savoir inaccessible au profane: «On peut plus nous enfumer». À ce propos, je leur demande quels sont leurs sites préférés: Dieudonné, Soral, Médiapart, oumma.com, les Indigènes de la République? Ils ne comprennent pas le sens de ma question: «Internet, quoi, YouTube. Tu connais YouTube?». Je n'insiste pas, voyant que la notion même de source leur échappe. Je me résigne aussi assez vite à laisser de côté la question de la vraisemblance dudit complot — la paranoïa conspirationniste étant par définition immunisée contre tout démenti en provenance des faits —, pour m'intéresser aux chefs d'orchestres cachés: un complot, mais orchestré par qui? «Justement, on le saura jamais», dit Kevin d'un air grave et dubitatif. «Tu déconnes!», s'énerve Réda qui prend à son tour la parole avec véhémence: «T'sé quoi Madame, avec tout mon respect: les gros salauds, les barbares, les criminels qu'faudrait régler à la kalach, c'est les Juifs! Mais ça, tu pourras pas l'écrire dans ton journal vu qu'ils contrôlent tout». Vraiment tout? «Nan, en fait, seulement 80 %», estime Kamel, plus raisonnable et qui dispose de chiffres plus… exacts. Son voisin, un peu gêné devant moi, tient lui aussi à… nuancer: «Les Juifs, enfin les sionistes plutôt. C'est eux les grands caïds. Même l'Etat français est une marionnette entre leurs mains». Tous acquiescent avec vigueur et considèrent, pour de mystérieuses raisons, que seul Poutine, «un mec génial», pourrait nous «sauver».

    Les trois mots magiques — «Juif», «sioniste» et «complot» — étant lâchés, ces vocables ont aussitôt pour effet d'échauffer le groupe, toujours aussi peu disposé, autour de midi, à verser une larme de compassion, même une toute petite, envers les morts et les blessés de la nuit. Une insensibilité et une indifférence absolues. Tandis que je songe à la réflexion d'Hannah Arendt sur le fait que c'est aussi dans le vide de la pensée et l'incapacité d'être ému que la barbarie se déploie, voilà que Toufik infléchit avec succès la discussion sur les francs-maçons, «les alliés du grand caïd» qui, manifestement, les passionnent. Et d'ajouter: «De toute façon, en France, c'est simple: si tu fais pas partie d'une loge, t'as pas de boulot». Son pote le coupe: «Faut pas oublier non plus Sarko et sa bande qui, après avoir vendu cinq tonnes d'or aux Américains pour une bouchée de pain, se sont tous tirés à Tel-Aviv». Son voisin complète: «Même les Français en ont marre, ils sont plus chez eux avec ces Juifs pourris. Or on a quand même le droit de se sentir chez soi, c'est normal!». J'ose faire remarquer que Nicolas Sarkozy a pourtant l'air de se trouver physiquement à Paris. «Ben c'est normal, vu que c'est Rockefeller qui dirige BFM et iTélé». J'admet que je n'y avais pas pensé… De toute façon, «ils sont tous islamophobes, faut arrêter de nous stigmatiser», conclut un autre.

    Là, il me sidère: ces jeunes esprits déstructurés, abreuvés aux discours de haine et aux fantasmes complotistes, ont en même temps très bien capté le prêt-à-penser du jour et l'intérêt qu'ils pouvaient en retirer, entre chantage à l'islamophobie, vulgate du padamalgame (les procès en dérive «néo-réac», ils ne connaissent pas encore) et complaisance victimaire. Il est vrai que l'axiome de Malik — «Un musulman, ça tue pas» — rejoint le principe intangible de la bien-pensance contemporaine, à savoir que le Mal ne saurait en aucun cas surgir du camp du Bien, celui des anciens «damnés de la terre». D'où l'exploit d'Edwy Plenel qui, en 2013, osait encore parler d'un «terrorisme dit islamiste».

    C'est ainsi que sans ces territoires occupés de la pensée progressiste, toute à son déni idéologique du réel, Les Territoires perdus de la République*, un livre qui réunissait dès 2002 les témoignages alarmés de professeurs du secondaire, aurait pu permettre de faire — à temps? — le bon diagnostic. La gauche, dont la lâcheté fut affligeante, a préféré le bouder et le considérer comme raciste: comment osait-on constater une offensive salafiste dans certains quartiers? Scandaleux. Résultat: la France enregistre quinze ans de retard à l'allumage face à la menace représentée par un islam qui se radicalise. À se demander où réside le plus horrifiant. Dans cette perte absolue de repères parmi une jeunesse pourtant née et éduquée en France? Ou dans le manque de courage de nos élites somnambules qui, de renoncements en capitulations, ont contribué à accuser cette fracture qu'il était jusqu'à présent de mauvais goût de vouloir voir et sur laquelle il était donc de bon ton de ne rien savoir. Tragique. Au début des années 2000, mes interlocuteurs étaient encore enfants. Nos milliers de djihadistes de fabrication locale — dont les massacreurs du 13 novembre —, l'étaient aussi. 

    * 220 pages, 18 €.

    * Les prénoms ont été changés

    XVMbffe1f82-8e20-11e5-99b8-4bd51d8f92b3-100x150.jpgAlexandra Laignel-Lavastine a fait ses études à l'Université Paris Sorbonne-Paris IV puis au Centre de formation des journalistes (CFJ), avant de se consacrer à une carrière d'essayiste, d'universitaire et d'éditeur, collaborant aussi, depuis 1987, à de nombreux médias écrits et audiovisuels, dont Le Monde (près de 250 articles, portraits et chroniques de 1998 à 2009, accessibles via le site du quotidien), Libération, Le Monde des débats, Philosophie Magazine... Elle est l'auteur d' un livre de combat sur les enjeux de l'après Charlie, intitulé La Pensée égarée (Grasset, Prix de la Licra, mai 2015)* et sous titré «Islamisme, populisme, antisémitisme: essai sur les penchants suicidaires de l'Europe». La chronique d'une catastrophe annoncée en même temps qu'une invitation à décréter l'état d'urgence intellectuel.

    Alexandra Laignel-Lavastine  - FigaroVox          

             

  • Pire que nos ennemis terroristes : cet ennemi intérieur, le reniement de soi

     

    Notre pays vient de vivre des heures tragiques dont il sait qu'elles ne sont pas terminées, dont il sait qu'elles se reproduiront et que la menace de leur renouvellement, leur renouvellement même, se prolongeront longtemps encore. Probablement des années. Peut-être une décennie. Peut-être davantage.

    Les Français ont pris conscience de cette situation de guerre. Et donc de l'existence d'un ennemi. On n'a pas pu leur refaire cette fois-ci  le coup de Charlie ... Mais les mêmes (politiques et médias) tentent déjà de leur inoculer que ce que nous devrions défendre ce serait la société du divertissement, du brassage festif des cultures et des populations, la société du caprice et du plaisir... Au sens vulgaire.   

    Les trois articles que nous publions plus loin, signés Denis Tillinac (Valeurs actuelles), Madeleine Bazin de Jessey (Le Figaro) et Jean-Paul Brighelli (Causeur), chacun selon son registre, appellent au contraire les Français à une sorte de retour sur eux-mêmes en rupture avec l'idéologie que nous venons de nommer.

    Denis Tillinac en donne le sens : « Il y a pire que nos ennemis terroristes : cet ennemi tapi dans l'ombre de nos consciences, le reniement de soi.»

    Le souci de Madeleine de Jessey, ce sont les jeunes français, y compris ceux qui sont issus de l'immigration : « Ils avaient besoin d'histoire et de modèles identificatoires, nous leur avons appris à haïr notre passé à travers des séances d'auto-flagellation permanentes qui les ont entretenus, pour les uns, dans une culpabilité étouffante, et pour les autres, dans une victimisation haineuse.» 

    Jean-Paul Brighelli s'insurge que l'on puisse appeler kamikaze les tueurs aveugles du 13 novembre. Alors que le Japon contemporain remet à l'honneur les valeurs de sa tradition : « Ce mouvement de balancier a permis l’exaltation de ces jeunes gens prêts à mourir pour l’empereur. Et le suicide de Mishima par seppuku en 1970 n’est jamais que l’ultime démonstration des valeurs traditionnelles du Japon en résistance à l’ère du base-ball et de la vulgarité américaine. (...) Aucun rapport en tout cas avec ce qui vient de se passer : à Paris, ce n’étaient pas des « vrais croyants » affrontant des « croisés », comme ils aiment le dire. C’étaient juste des connards sanguinaires.»

    La détermination, le courage, le professionnalisme, la rigueur, la technique impeccable des hommes du RAID est indéniable. Eux aussi risquent leur vie. Comme nos pilotes qui bombardent Raqa jusqu'où ils volent avec sans-doute le meilleur avion du monde. Ce sont de légitimes motifs de fierté.

    C'est de leur régime politique que les Français n'ont pas de raisons d'être fiers. Et de l'idéologie qui le sous-tend. Une constante de ce régime à travers l'histoire est que la France y est  toujours mal défendue. Ce n'est pas ici notre sujet que d'analyser les errements, les retards, l'incohérence de notre politique sécuritaire, de notre politique de l'immigration, de notre politique étrangère. Que d'erreurs ! Que de temps perdu ! Sous ce malheureux quinquennat, tandis que la crise économique sévissait, que le monde devenait infiniment plus dangereux, que montaient en France même les risques liés à l'immigration et au terrorisme, que de temps a été passé, d'importance donnée, aux réformes sociétales imposées par le gouvernement et les lobbies ! Il s'agissait de déconstruire les bases de la société française...

    Tous comptes faits, l'Action française de jadis - et celle d'aujourd'hui - avait raison d'affirmer que la France se défait sans roi. C'est bien à quoi nous assistons et c'est aussi assez exactement ce qu'a déclaré Emmanuel Macron, au mois de juin dernier. C'est ce qu'écrivait, hier mercredi, ici même, Hilaire de Crémiers : « Il vient un temps où les sociétés pour survivre doivent se donner des institutions adaptées. La vraie réforme est à faire à ce niveau. » 

     

  • Discours prémonitoire avant les attentats du 13 novembre ...

    « Le grand Bainville »

     

    Une intervention plus qu'actuelle d'Eric Zemmour devant la 17e chambre correctionnelle
     

    XVM46b79742-8908-11e5-8758-aadd64fa74f8.jpgC’était il y a près de cent ans. La Première Guerre mondiale venait de s’achever. Le traité de Versailles avait été signé. Un grand économiste, le plus grand de son temps, l’Anglais John Maynard Keynes, publiait un ouvrage, Les Conséquences économiques de la paix, pour expliquer que la France et les vainqueurs avaient été trop durs envers l’Allemagne vaincue, et qu’en particulier celle-ci ne pourrait jamais payer les énormes réparations pécuniaires réclamées. Un grand historien français, journaliste de profession, Jacques Bainville, lui répondit dans un livre intitulé Les Conséquences politiques de la paix. Il expliqua au contraire que le traité de Versailles avait été, selon sa célèbre formule qu’on apprenait naguère dans les cours d’histoire, « trop mou pour ce qu’il avait de dur et trop dur pour ce qu’il avait de mou ». Mais cet affrontement de points de vue sur le traité de Versailles n’intéresserait plus aujourd’hui que les historiens si, dans son livre, Jacques Bainville n’avait, avec une prescience extraordinaire, annoncé tous les événements qui conduiraient à la guerre, la remilitarisation de la Rhénanie, l’Anschluss avec l’Autriche, le dépeçage de la Tchécoslovaquie, le pacte germano-soviétique et l’attaque de la Pologne, avant celle de la France et de l’Angleterre.

    Jacques Bainville prophétisait ces événements en 1920 alors même qu’Hitler n’était encore qu’un peintre raté. À l’époque, Bainville fut violemment attaqué par les Anglais et Keynes bien sûr, mais aussi et surtout par la gauche. Sa proximité avec l’Action française en faisait une cible facile. Il fut moqué, insulté, accusé d’être germanophobe, xénophobe, belliciste. Toute la gauche l’accusait de monter les Français contre les Allemands, de pousser à une nouvelle guerre, d’être un criminel, alors qu’il voulait seulement mettre en garde ses compatriotes contre les illusions et la naïveté. Il en tira une leçon que je vous livre : « Les démocraties ont coutume de reprocher à ceux qui ont prévu les événements de les avoir causés. »

    Et encore, le grand Bainville ne savait pas qu’on pouvait être attaqué pour des mots qu’on n’avait pas prononcés, qu’on n’avait même pas entendus. Il ne savait pas qu’on pouvait être renvoyé par un de ses employeurs, en l’occurrence i>Télé, parce que des propos prononcés dans un journal italien n’avaient pas l’heur de plaire ni à la directrice de l’antenne ni à la rédaction. Il ne savait pas que l’expression liberté d’opinion ne valait que pour les dessinateurs de Charlie Hebdo. Il ne connaissait pas les beautés cachées de la loi Pleven, des délices et poisons de l’incitation à la discrimination et à la haine raciale. Il ne savait pas, l’heureux homme qui vivait dans une République qui respectait encore les libertés fondamentales, qu’on pouvait être traité comme un délinquant parce que ses idées ne plaisaient pas au pouvoir.

    Il ne savait pas que la gauche, la gauche bien-pensante, la gauche humaniste, si bienveillante et pacifique, si laïcarde et anticléricale, avait rétabli subrepticement le délit de blasphème, qui avait été aboli à la Révolution. Oui, le délit de blasphème ! Bien sûr, il ne s’agit plus de condamner le chevalier de La Barre parce qu’il n’a pas ôté son chapeau devant une procession catholique. Mais il s’agit de condamner quiconque n’ôterait pas respectueusement son chapeau devant la nouvelle religion, la nouvelle doxa antiraciste, celle de l’identité heureuse, comme dit un ancien Premier ministre, celle du pas d’amalgame, celle de l’islam modéré, religion d’amour et de paix, celle de l’intégration harmonieuse dans le respect des différences.

    Oui, tous ceux qui ne croient pas en cette nouvelle religion, tous ceux qui n’ont pas la foi doivent se taire ou être condamnés.

    Ou plutôt, pour que la masse continue à se taire, il faut que certains soient condamnés. J’ai l’honneur, je dis bien l’honneur, d’être devenu une cible privilégiée. La cible privilégiée parce que mes livres ont beaucoup de succès, parce que mes interventions sont regardées, écoutées. Mes adversaires croient que je suis un danger parce que je convaincrais les Français alors que ce sont les Français qui reconnaissent en moi ce qu’ils pensent tout bas. Illusions du nominalisme !

    Quand l’historien Georges Bensoussan dit dans Le Figaro : « Nous sommes en train d’assister en France à l’émergence de deux peuples, au point que certains évoquent des germes de guerre civile », que dit-il de différent de moi ? Quand il évoque le témoignage de policiers, d’élus, de mé decins aux urgences, « le sentiment que deux peuples sont en train de se former, côte à côte, et qui se regardent souvent avec hostilité, ce sentiment-là est aujourd’hui partagé par beaucoup », pourquoi lui et tous ces témoins ne sont pas traînés comme moi devant ce tribunal ?

    Il y a quelques mois, lors d’un autre procès – puisque je passe, désormais, une partie de ma vie au palais de justice -, la représentante du parquet me demandait si ma première condamnation, il y a quatre ans, m’avait conduit à changer mes méthodes de travail. Je lui renverrai aujourd’hui sa question : est-ce que la relaxe dont j’ai bénéficié dans une récente affaire a conduit le parquet à changer ses méthodes de travail ? Est-ce que le parquet s’est remis en cause ? Est-ce qu’il a décidé de ne plus se mêler de la vie des idées en France ? Est-ce qu’il a enfin décidé de ne plus instrumentaliser une loi pleine de belles intentions pour en faire une arme politique ? Est-ce qu’il a enfin compris que son rôle était non pas de criminaliser les opinions dissidentes mais de protéger les citoyens contre les voyous, et accessoirement de respecter la liberté de pensée et d’opinion en France, un de nos acquis les plus précieux hérités des générations précédentes ? Est-ce que ces messieurs-dames du parquet ont admis, enfin, qu’ils n’étaient pas là pour imposer l’idéologie politique de leur ministre, aussi charismatique soit-elle, de leur syndicat, aussi impérieux soit-il, ou plus prosaïquement leurs propres convictions politiques, aussi légitimes soient-elles ?

    Quand le ministre de la Justice – madame Taubira, pour ne pas la nommer -, avertit dans une interview qu’il faudra compter de plus en plus avec les « gens comme nous, car ils seront de plus en plus nombreux », que fait-elle d’autre sinon opposer une partie des Français à une autre, séparés par l’origine, la race, la religion ? Est-ce que le parquet a dit quelque chose ? Quand le Premier ministre parle d’apartheid, ne fait-il pas référence à la séparation géographique de deux peuples, selon le modèle des Blancs et des Noirs en Afrique du Sud ? Séparation géographique, raciale, culturelle, avec chacun ses règles, ses lois. Je n’ai pourtant pas entendu une plainte du parquet.

    Quand le parquet cessera-t-il de servir de relais à des lobbys antiracistes qui vivent du racisme, ou du prétendu racisme (et encore : de manière hémiplégique), comme d’autres vivent de la défense des baleines ou des ours ? Jusqu’à quand le parquet alimentera-t-il une logique liberticide qui rappelle les régimes totalitaires communistes, qui permet à n’importe quelle association de signaler à la police des opinions dissidentes, afin que le parquet, au nom de la défense de l’État et de la société, ne poursuive les affreux dissidents ?

    À toutes ces questions, je connais déjà la réponse. Le parquet s’est empressé de faire appel de la décision de relaxe dont j’ai bénéficié il y a quelques semaines. Et m’a poursuivi pour mes propos dans le Corriere della Sera. Je préfère prévenir respectueusement le parquet et la cour : rien ne m’empêchera de continuer à dire ce que je crois, même si j’ai bien compris que rien n’arrêtera le ministère public dans sa volonté de me faire taire. J’ai bien conscience aussi d’être le pot de terre contre le pot de fer. Mais un jour, j’en suis convaincu, l’Histoire donnera raison au pot de terre, comme elle l’a donné au grand Bainville, et le pot de fer aura honte. Mais il sera trop tard. 

    Source : Boulevard Voltaire / Marc Rousset

  • Robert Ménard : « On ne peut pas accepter qu’on nous refasse le coup de Charlie une deuxième fois ! »

     

    Entretien avec Robert Ménard, sur Boulevard Voltaire

    Il préconise un certain nombre de mesures « très dures » selon son interlocuteur. Elle sont justifiées. Il a raison. Mais il va plus loin. Au fond des choses lorsqu'il dit comme nous, hier dimanche : «  Il faut réarmer mentalement le peuple français.». Oui, il faut reconstruire le moral du pays. Avec Robert Ménard, sur tous ces sujets : accord complet ! Saluons-le, il a du courage !  Lafautearousseau

    Robert Ménard, maintenant, on fait quoi ?

    François Hollande a dit hier soir que la France allait être « impitoyable ». J’aimerais que ce soit le cas. Qu’on ne reste pas dans le commentaire, dans le pathos. Un chef d’État, lorsqu’il parle à la nation au lendemain d’un massacre comme celui d’hier, n’a pas le droit de tromper ses concitoyens.

    Alors, que faire ? D’abord, nous avons des services secrets. Il faut leur donner le feu vert : élimination systématique n’importe où dans le monde des islamistes directement mêlés aux attaques d’hier soir. Il ne faut pas « neutraliser » ces gens. Il faut les abattre.

    Ensuite, il faut vider l’eau du bocal. Que les commandos islamistes ne soient pas comme des poissons dans l’eau. Arrestation immédiate de tous les islamistes fichés S. Pas de places en prison ? Ce n’est pas le sujet. Nous sommes en guerre. Création de camps de prisonniers.

    Fermeture immédiate de toutes les mosquées mêlées à l’activité islamiste radicale. Expulsion des imams et des fidèles étrangers liés à ces mosquées radicales.

    Surveillance ou arrestation de ceux naturalisés ou convertis.

    Expulsion effective et immédiate des immigrés provenant de régions en guerre qui n’auront pas obtenu le statut de réfugié. Cesser d’importer la guerre. Là encore, ne pas renforcer de milieux où les islamistes peuvent être comme des poissons dans l’eau.

    Sur un plan municipal, le maire que je suis constate qu’une fois encore les polices municipales ont été appelées en renfort hier soir. On ne peut pas exposer nos hommes sans leur donner des moyens de riposte identiques à leurs collègues nationaux : pistolets-mitrailleurs, pouvoir d’investigation. C’est un minimum.

    Ce sont des mesures très dures…

    Il en faudra sans doute d’autres. Mais que veut-on ? Attendre un autre attentat pour les prendre ? Pour autant, ces mesures ne sont pas suffisantes en elles-mêmes. Il faut réarmer mentalement le peuple français. Il faut des chefs à la tête de notre pays. Il faut cesser de parler cette novlangue qui tue l’instinct de combat. Je le redis : parler comme le font tous les officiels depuis hier soir de « neutralisation », c’est se moquer du monde. Avoir peur des mots est indécent au regard des morts d’hier soir.

    Commençons par nommer l’ennemi : l’islamisme. Cet islamisme qui, aux yeux de centaines de millions d’individus dans le monde, est le vrai islam. On ne parle pas d’un groupuscule de 5.000 types fanatiques. On parle d’un courant fondamentaliste, majoritaire à certains endroits, dans l’islam. Avez-vous entendu dire cela depuis hier ? Non. C’est donc la preuve que la classe politique comme les médias n’ont rien appris.

    Dans ce contexte, faites-vous confiance à François Hollande ? Que pensez-vous de l’unité nationale demandée par la classe politique ?

    Unité dans le combat, oui. Unité pour masquer les responsabilités, pour anesthésier les consciences, non ! On ne peut pas accepter qu’on nous refasse le coup de Charlie Hebdo une deuxième fois.

    Si le gouvernement prend des mesures comme celles que j’évoque plus haut, alors, oui, on pourra aller vers l’unité. Nous en avons besoin car nous sommes en guerre. Mais parce que nous sommes en guerre, nous ne pouvons pas accepter une unité du mou, du flou et de la sidération. Rassembler le Congrès lundi. Pourquoi faire ? Quel ordre du jour ?

    Il se tient aujourd’hui une grande réunion internationale sur la Syrie. Pensez-vous que ces attentats vont infléchir notre diplomatie ?

    Je ne le sais pas. En tous les cas, ils fournissent à Laurent Fabius un prétexte pour enfin changer de position. Cela fait deux ans que je dis qu’il faut aider Bachar El Assad à écraser les islamistes. Tous les idiots utiles de la bien-pensance médiatique s’y refusaient. Bachar fait la guerre à ceux qui nous font la guerre.

    Face à nos ennemi, nous ne devons plus hésiter et rejoindre la Russie dans une alliance pour liquider le plus possible d’islamistes là-bas. Avant qu’ils ne viennent ici. 

    Maire de Béziers
    Ancien journaliste, fondateur de Reporters sans frontières et de Boulevard Voltaire
     
  • Pour une réaction de fond !

     

    Hormis la vision concrète de l'horreur, la vague terroriste qui vient de submerger Paris ne nous a rien appris que nous ne sachions déjà. Rien, ni sur le nombre des victimes, ni sur le mode opératoire des terroristes, qui n'ait été prévu, analysé, annoncé. L'on savait que de nouveaux attentats se préparaient. On le sait aujourd'hui aussi pour demain, ou après-demain... Qu'ils puissent prendre une encore plus grande ampleur, mettre en œuvre des moyens plus terrifiants encore que ceux utilisés hier, on le sait aussi. Et que cette guerre, fût-elle asymétrique, ou précisément parce qu'elle l'est, soit faite pour durer, qu'elle ait la possibilité d'enrôler pendant longtemps encore de nouveaux combattants à travers le vaste monde islamique, qu'elle puisse donc s'étaler sur plusieurs décennies, n'est hélas pas une hypothèse absurde.

    La France est-elle humainement, moralement, intellectuellement, techniquement, militairement et politiquement - nous voulons dire institutionnellement - armée, pour la mener, la soutenir, y triompher ? Comment ne pas se poser ces questions de fond lorsqu'on observe la société française, la vie politique française ? C'est à dire, en bref, lorsqu'on constate notre extrême fragilité ? Quelques jours de sursaut, quelques discours martiaux, lorsque tout semble s'effondrer, ne peuvent cacher le vide sidéral du continuum politique et social français.

    Si l'on n'a pas conscience de cette question de fond, rien n'est possible. On pourra toujours attendre et réclamer de nos dirigeants des actes forts, un regain d'autorité, une inflexion majeure de notre politique étrangère, ou de notre politique d'immigration, comme Nicolas Sarkozy l'a fait hier matin, le passage à l'acte se fera attendre, sera d'apparence, sera fait de demi-mesures.

    Réclamons donc sans illusion cette réaction de l'immédiat. Acceptons-en l'augure improbable. Tout ce qui pourra être décidé de positif pour la sécurité de la France et des Français sera malgré tout bon à prendre.

    Mais tentons surtout d'envisager ce que pourrait, devrait être une réaction de fond. Sur le double plan moral et politique.

    Au lendemain des attentats de janvier, la préoccupation du pays légal tout entier - politique et médiatique - fut d'abord de préserver la communauté musulmane de toute réaction hostile. On s'est dits Charlie et l'on ne s'est pas battu pour la France, pour le peuple français, mais pour une très contestable et, au sens plein, dérisoire liberté d'expression. La réaction nationale qui était possible fut ainsi fourvoyée. Ce fut l'esprit Terra Nova qui nous a valu presque un an de matraquage permanent, multiculturaliste, universaliste, antiraciste (c'est à dire anti-blancs), immigrationniste, sansfrontiériste, etc. Ce corpus idéologique, utopique et destructeur, où l'identité nationale est moquée, la fierté nationale tournée en ridicule, l'Histoire de France oubliée, la repentance, la culpabilisation érigées en méthode pédagogique, ce corpus idéologique omniprésent doit être pourchassé, combattu, abandonné, si l'on veut avoir quelque chance de gagner la guerre qui nous est faite. On ne mène pas à la bataille, encore moins à la victoire, un pays dont on sape le moral, les racines, la fierté, l'identité. Nous savons que toute identité évolue, s'approprie, s'enrichit d'apports extérieurs pour les incorporer à ce qu'elle a de substantiel et de pérenne. Il sera temps, secondairement, de chanter les louanges des dits apports extérieurs. L'urgence est aujourd'hui, prioritairement, de rendre aux Français le sens et la fierté de leur identité pérenne. Ce pourrait être la mission, d'ailleurs déjà heureusement entreprise, de ce courant d'intellectuels qui s'opposent aujourd'hui avec  pertinence - mais encore trop faiblement - à la déconstruction du pays, de sa culture, de son essence. Nous pensons en particulier à ce courant de journalistes, écrivains, historiens, universitaires et politiques, que l'on nomme néo-réacs ou néo-conservateurs.  De nombreux Français, aujourd'hui, attendent beaucoup de leur action.   

    Au delà de la lutte idéologique pour le moral français, pour l'identité française, la seconde question essentielle qui se pose est celle de la validité ou non de notre Système politique et institutionnel, de son adaptation ou inadaptation aux temps dangereux dans lesquels nous sommes entrés. Quelques jours d'union nationale cèderont vite la place dans le monde politicien aux obsessions électorales, à l'esprit de parti. Aux grands enjeux nationaux, oubliés aussitôt le danger passé, vite oublié lui aussi, succèdera l'obsession des échéances électorales, les régionales, qu'elles aient lieu ou non à la date prévue, la présidentielle de 2017 et, pourquoi pas ?, de 2022. L'existence de la nation se retrouvera sacrifiée aux intérêts de parti et à l'ambition des personnes. L'activité politique se ramènera à leurs jeux et à leurs luttes. La question du régime a été posée à de multiples reprises ces derniers mois dans la presse, dans le débat public. Par de nombreuses personnalités. Y compris par un ministre de la République en exercice. L'un des principaux. Le plus jeune et le plus brillant. Oui, notre devoir de Français responsables est de poser, de rouvrir la question du régime qu'il faudrait à la France.

    C'est cela qu'en d'autres temps eût proposé la grande voix de l'Action Française. C'est cela qu'à notre plus modeste échelle, nous proposons aujourd'hui.

     

    Lafautearousseau

     

  • Les assassins sont-ils parmi nous ?

     

    Le lundi 22 avril 2013, sous la signature de Louis-Joseph Delanglade, nous avons publié l'article qui suit. Le sujet en était le terrorisme islamiste, dans un contexte, il est vrai, différent de celui que Paris vient de vivre. On observera toutefois que les questions posées, les critiques exprimées, les paramètres considérés, sont - dans leur substance - inchangés. C'est en raison de sa pertinence qu'il nous a paru intéressant de republier cet article. Son titre était à la forme interrogative. Dans la note qui suit, Dominique Jamet, deux ans et demi plus tard, reprend de son côté ce même titre. Sauf qu'il est, cette fois-ci, à la forme affirmative. Les idées, sans-doute, cheminent ainsi. LFAR

    Envoyer un corps expéditionnaire au Mali ou sous-traiter une libération d’otages au Nigeria a, paradoxalement, quelque chose de rassurant : l’ennemi islamiste est loin et clairement identifié (les djihadistes d’Aqmi dans le premier cas, la secte Boko Haram dans le second). L’attentat de Boston nous rappelle opportunément que la réalité peut être plus désagréable. Perpétré, semble-t-il, par deux frères, de confession musulmane, issus d’une famille originaire de Tchétchénie, et s’inscrivant dans une liste déjà longue (Paris 1995, New York 2001, Madrid 2004, Londres 2005, Moscou 2010, etc.), il confirme que le terrorisme islamiste urbain reste le mode opératoire le plus efficace et donc le plus dangereux.  

    Parce qu’il est un tenant de l’idéologie multiculturaliste et qu’il cherche à éviter toute forme de « stigmatisation » (c’est-à-dire de mise en cause directe de l’islam-isme), M. Durpaire – consultant que l’on voit et entend trop souvent sur toutes les chaînes de radio et de télévision - se plaît à souligner que les frères Tsarnaev auraient été de bons Américains. Ainsi ne serait-il plus possible de pointer du doigt une quelconque nébuleuse terroriste internationale et faudrait-il seulement voir dans l’attentat de Boston un problème intérieur. Mais son analyse, vicieuse, fait long feu et se retourne contre lui. 

    En effet, s’il est vrai que les frères Tsarnaev pouvaient sembler (d’après tous les témoignages recueillis) bien « intégrés », voire « américanisés » - et, de toute façon, en situation parfaitement régulière – on doit alors se demander comment il peut se faire qu’ils en soient arrivés à une telle extrémité. « Pourquoi, se demande M. Obama, de jeunes hommes qui ont grandi et étudié ici, dans notre communauté et dans notre pays, en sont-ils venus à une telle violence ? »  

    M. Mudd, expert en terrorisme à la New America Foundation, répond que le scénario de « radicalisation » des frères Tsarnaev est en fait courant et que leur histoire est banale. Cela signifie que, dans toutes les grandes villes d’Occident, vivent des jeunes gens qui leur ressemblent : immigrés ou enfants d’immigrés, toujours musulmans, et constituant ainsi un formidable vivier pour l’internationale islamiste. Des milliers de Mohamed Merah, des milliers de Tamerlan et Djokhar Tsarnaev – apparemment bien « gentils » (l’adjectif est souvent revenu dans la bouche des témoins de Boston) – dormiraient donc parmi nous. Effrayant. 

    On sait que des centaines de jeunes combattants venus d’Europe se trouvent aux côtés des groupes islamistes extrémistes en Syrie (par exemple, des images diffusées sur Internet montrent des individus parlant néerlandais entre eux). Beaucoup ont été identifiés. Comment sera « géré » le retour de ces djihadistes ? Russes et Américains coopèrent déjà dans le domaine du terrorisme islamiste international. Qu’en est-il en Europe ? Pourquoi n’en parle-t-on pas davantage en France ? Serait-ce un sujet tabou ? Des armes de guerre circulent dans nos « cités », des « jeunes » se forment au combat en Afghanistan ou en Syrie. Rien de sérieux, au-delà d’une certaine surveillance, n’a jamais été entrepris par les autorités compétentes. Et quand surgit un Merah, on nous le présente comme un « loup solitaire ». 

    Faudra-t-il attendre qu’une famille de sept personnes soit prise en otage ici même, sur le territoire national ? 

  • Les assassins sont parmi nous…

     

    L'analyse de Dominique Jamet

    Nous développons dans notre note précédente notre position de fond, après le carnage survenu dans la nuit de vendredi à samedi, à Paris.  Par ailleurs, nous partageons évidemment la pertinente analyse de Dominique Jamet, qui suit. LFAR

     

    3312863504.jpgParis a connu sa nuit la plus sanglante, la plus meurtrière depuis la Deuxième Guerre mondiale. Une nuit de massacre, de sang et de mort.

    Lorsque les quatre tueurs ont fait irruption dans la salle de concert du Bataclan, un témoin, un survivant, rapporte qu’ils ont crié « Allahou akbar ! ». L’un d’entre eux a prononcé quelques phrases où il était question de la Syrie. Puis ils ont ouvert le feu. Ils ont tiré aveuglément sur la foule des spectateurs. Ils ont tiré dans le tas. Au nom de Dieu. De leur Dieu. Le Dieu du carnage.

    Ça devait arriver. On le savait. On ne savait ni où ni quand ni comment. On ne connaissait ni le lieu ni le jour ni l’heure, mais on le savait. C’est arrivé. Paris a connu sa nuit la plus sanglante, la plus meurtrière depuis la Deuxième Guerre mondiale. Une nuit de massacre, de sang et de mort.

    Les précautions prises, les mesures adoptées en vertu du plan Vigipirate, poussé à l’écarlate, n’ont servi de rien, et pas plus les malheureux soldats qui patrouillaient trois par trois au pied de la tour Eiffel ou dans les halls d’Orly et de Roissy que les vigiles qui priaient courtoisement les dames d’ouvrir leur sac à l’entrée des grands magasins. La veille encore, le ministre de l’Intérieur se félicitait de la vigilance qui avait permis à la police de déjouer un vague projet d’attentat contre la base navale de Toulon. Pendant ce temps, dans le secret le plus absolu, quelques dizaines de fanatiques armés jusqu’aux dents dont l’enquête nous dira s’ils étaient fichés comme « radicalisés », dangereux, déjà partis ou revenus de Syrie, mettaient la dernière touche à la préparation de leur raid sauvage.

    La France avait pris le parti, avec les moyens dont elle dispose, de participer aux opérations de bombardement menées depuis des mois dans le ciel de l’Irak et de la Syrie par l’étrange coalition qui poursuit dans le désordre et l’inefficacité des buts compliqués et des ennemis variables au Moyen-Orient. On annonçait à son de trompe au début de cette semaine le départ pour la région de notre unique porte-avions flanqué d’une frégate britannique et d’un bâtiment belge. Pouvions-nous imaginer que nos actions qui, pour limitées qu’elles soient, frappent à quatre heures d’avion de Paris les positions djihadistes et leurs alentours, resteraient indéfiniment sans réplique ? Pouvions-nous imaginer que Daech ou Al Qaida, qui disposent en Europe d’une cinquième colonne infiltrée dans la population n’exerceraient aucune représaille contre notre pays ? Ce n’est ni dans leur caractère ni dans leurs habitudes.

    Nous nous sommes impliqués dans un conflit qui ne connaît ni trêve ni frontières, où l’adversaire ne fait aucune distinction entre le front et l’arrière, entre militaires et civils, entre innocents et coupables. Nous nous retrouvons, hébétés, en première ligne. Nous avons vécu la nuit dernière, pour la première fois, une situation qui est depuis des années le quotidien de Bagdad, de Kaboul, de Beyrouth, de Damas ou de Mogadiscio dont nous suivons distraitement le martyre à travers les quelques lignes et les quelques secondes que veulent bien leur accorder nos médias dès lors que le nombre des victimes d’un attentat y dépasse les dizaines.

    La guerre que nous nous flattions de tenir à distance nous a rattrapés. Elle est sur nous, nous sentons son haleine brûlante sur nos villes, nos aéroports, nos gares, nos stades, nos théâtres, nos cinémas, nos cafés, nos restaurants, nos écoles, nos collèges, nos lycées, nos facultés, nos stades, nos métros, nos commissariats, nos avenues, nos rues. Les cibles sont partout, nous sommes tous des cibles et les assassins sont parmi nous, prêts à frapper où ils veulent, quand ils veulent. Il faut nous rendre à l’évidence : nous ne pouvons faire la guerre au loin et avoir la paix chez nous.

    Le gouvernement, dans l’urgence, a décrété l’état d’urgence. Il a décidé, face au terrorisme, de reprendre le contrôle de nos frontières que la grande invasion pacifique des migrants ne lui avait pas paru justifier. Face à la réalité de la menace terroriste, il a dans les faits, en cas de flagrant délit, rétabli la peine de mort rayée de notre droit, et il ne se trouvera personne, espérons-le, pour le lui reprocher. Peut-être va-t-il se décider à mettre hors d’état de nuire les quelques milliers d’individus repérés et fichés comme dangereux, peut-être va-t-il se décider à donner le coup de pied qui s’impose dans la fourmilière salafiste, à incarcérer ou à expulser les prêcheurs de haine, les propagandistes de la soumission, les adeptes de la violence et d’une manière plus générale tous ceux qui, vivant en France ou titulaires de papiers français, sont dans leur tête et se conduisent dans leurs actes comme de fidèles ressortissants du califat des Barbares. Peut-être comprendra-t-il enfin que les islamistes ne nous offrent le choix qu’entre la soumission et la guerre et que, tout compte fait, s’il faut faire la guerre, il vaut mieux, comme disait le vieux Louis XIV, la faire à nos ennemis qu’à nos enfants.

    Passé le moment de la stupeur, le temps du deuil et l’appel à l’unité nationale, que nos dirigeants prennent et assument leurs responsabilités, et qu’ils sachent qu’ils seront jugés aux actes. 

     - Boulevard Voltaire
     
  • Ce que nous écrivions le 8 janvier 2015 s'applique à ce lendemain de carnage à Paris !

     

    « Quand on laisse entrer chez soi, en un laps de temps relativement court, des millions d’immigrés venus d’un autre continent, nés d’une civilisation radicalement différente, guidés par les mirages d’un niveau de vie que leur misère originelle rend terriblement attrayants et qui n’ont que peu de sens et de respect de ce que sont les mœurs, les lois, les traditions du pays où ils arrivent, quand on en a soi-même largement perdu l’amour et la pratique, il n’ya pas de quoi être étonnés des troubles et des violences qui se produisent inéluctablement. C’est la première réflexion qui nous vient à l’esprit après les évènements tragiques d’hier, à Paris. Il y a longtemps, ici, en effet, que nous mettons en garde contre la politique d’immigration de la France, devenue plus périlleuse encore du fait de la crise économique et du laxisme de nos gouvernants. Du fait, aussi, d’un certain nombre de nos erreurs - de graves erreurs - en matière de politique étrangère. Il y a longtemps que nous signalons à quel point notre République vit sur une poudrière et qu’il peut arriver un temps où le travail de nos services de sécurité ne suffira plus à empêcher la multiplication des violences et des attentats. Ce temps est peut-être arrivé et il ne faut pas manquer d’en rechercher les causes, d’en marquer les responsabilités. Certes, tous les musulmans de France ne sont pas des terroristes. Loin de là. Nombre d’entre eux sont probablement en voie d’intégration. Et le réalisme devrait conduire, si nous en sommes capables, à les y aider, à les y encourager. Mais les risques de l’immigration massive demeurent ; elle est un terreau porteur de terribles dangers. Et, en tout cas, tous les terroristes qui menacent aujourd’hui la France le font au nom de l’Islam. »     

     

    Lafautearousseau

  • Immigration massive • Calais : les renforts de police coûtent plus de 150.000 euros par jour

     

    Source : Le Figaro actualités

  • Les « Illusions perdues » de Malika Sorel

     

    CHRONIQUE D'ÉRIC ZEMMOUR, publiée dans l'édition du 12 novembre 2015 du Figaro 

    « Un réquisitoire contre la politique d'immigration suivie depuis trente ans par la droite comme par la gauche. Un témoignage de l'intérieur du système. Implacable. » Il s'agit de Décomposition française, le dernier ouvrage de Malika Sorel-Sutter, en librairie à dater du 16 novembre. Et il s'agit surtout de la trahison des élites politiques françaises. Trahison d'une ampleur inimaginable. Qui fait frémir. Et pourrait bien finir par entraîner de la part du peuple français dans ses profondeurs, au fur et à mesure qu'il en aura pris la pleine conscience, une réaction de rejet qui, comme l'a déclaré Nicolas Dupont-Aignant, hier matin, aux journalistes de France-Inter, en balayera tous les protagonistes. Ce qui nous différencie de Zemmour ? C'est que - sans nier que la République a pu en différentes circonstances, incarner le patriotisme français - l'universalisme, le multiculturalisme, l'utopie d'un peuple hors sol et hors Histoire, sont, selon nous, l'essence même de ce régime et n'en sont pas des accidents. Mais cela est un autre débat. Lafautearousseau

     

    XVM46b79742-8908-11e5-8758-aadd64fa74f8.jpgUn réquisitoire contre la politique d'immigration suivie depuis trente ans par la droite comme par la gauche. Un témoignage de l'intérieur du système. Implacable.

    Théorie du complot. Complotistes. On connaît la rengaine. Dès qu'un livre, un article, un propos mettent en cause les élites, politiques, économiques, artistiques, médiatiques, la réplique cingle, immédiate et imparable : « Théorie du complot. Complotiste. » L'ouvrage de Malika Sorel est une réplique à la réplique ; la preuve par neuf - à la fois témoignage et analyse - de la réalité : « L'un de nos malheurs réside dans le fait que beaucoup de nos élites ne sont pas fières de la France… Ce que j'ai observé chez nos élites est plutôt le résultat d'un cocktail de désinvolture, de cynisme, et d'indifférence envers la nation. »

    Le livre de Malika Sorel n'est pas sans défauts. Il est foisonnant ; hésitant entre l'ordre chronologique et thématique, entre témoignage personnel et analyse théorique ; accumulant extraits d'émissions de radio ou de télévision, citations, anecdotes, dans un style qui manque parfois d'élégance. Un air de déjà-vu, déjà lu, qui gâche l'originalité du propos. Mais l'essentiel est ailleurs. Il se dégage de cet ouvrage une sincérité, une authenticité, qui n'empêche nullement la hauteur de vue. Cette femme, née en France, de parents algériens, ayant passé son enfance en Provence, a reçu une brillante formation scientifique d'ingénieur. Elle aurait pu être Malika, après Rachida, Rama, Fadela, Najat, ou Myriam, toutes ces femmes dont nos présidents raffolent et font des ministres et des vedettes médiatiques.

    Mais Malika n'a pas voulu jouer ce jeu pervers de victimisation et de discrimination positive, de casting et de carriérisme. Elle a souhaité, Malika, devenir française à l'ancienne, en s'assimilant. Mal lui en a pris. Nos élites ne mangent plus de ce pain-là : « Dans la bouche de nos élites politiques, médiatiques et intellectuelles, le terme “populaire” ne renvoie plus aux Français de souche, tout comme “jeunes” ne désigne pas leurs enfants ou petits-enfants.» Malika a cru que Villepin serait son grand homme, avant de l'entendre reprendre l'antienne de la victimisation. Elle a vu Nicolas Sarkozy tenter de détruire la République indivisible, avant que Simone Veil ne lui interdise in extremis sa réforme constitutionnelle qui aurait inscrit la diversité dans le marbre. Elle a été membre du Haut Conseil à l'intégration que le gouvernement Ayrault supprimera pour défense excessive de la laïcité. Elle a entendu une conseillère du président Hollande lui jeter d'un ton rogue : « Nous avons besoin d'optimisme.»

    Malika avait tout faux, puisqu'elle croyait en la France qu'elle aimait d'amour. « Il y a dans l'assimilation une dimension magique, comme dans l'amour. » Malika a assisté à des comités interministériels où chacun rivalisait d'inventivité immigrationniste ; où les Français étaient sommés de s'habituer aux mœurs des étrangers ; où l'immigration était présentée comme la solution à tous nos maux. Où les professeurs, policiers, médecins, les médias, avaient intérêt à améliorer leur « interculturalité ». Elle a écouté les commissaires européens comme les représentants des États membres vanter une Europe multicultuelle comme l'avenir radieux du continent européen ; et réclamer que les programmes scolaires de tous les pays s'y adaptent. On comprend mieux, à la lire, où a été puisée la réforme des programmes de Najat Vallaud-Belkacem. Elle a entendu une élue socialiste demander au premier ministre qu'on « décloisonne les femmes de polygames » pour qu'elles vivent plus à l'aise dans des appartements séparés. Elle a entendu Jean-Louis Borloo manger le morceau du « grand remplacement » : «Il faut bien que les Français, on ait en tête une chose, c'est que l'avenir du pays se joue là, dans les banlieues. Pourquoi ? Parce que le taux de natalité de ces quartiers est deux fois plus élevé que sur le reste du territoire national. »

    Elle a vu les auteurs d'un rapport gouvernemental effacer subrepticement une phrase tirée de l'enquête Pisa 2012 : « Plus préoccupants encore, les écarts entre les élèves issus de l'immigration et les autres demeurent très importants, même corrigés des variables socio-économiques.» Et faire comme s'ils n'avaient pas entendu que dans les concours d'accès à la fonction publique : « C'est à l'écrit sur copies anonymes que les élèves de l'immigration échouent.» Et pas du fait des discriminations à l'oral ! Elle a compris que c'était pour cette (fausse) raison pourtant que Sarkozy avait supprimé l'épreuve de culture générale de nombreux concours administratifs. Elle a observé « la crème de la crème » du Conseil d'État, faire assaut de subtilité juridique pour autoriser le voile à l'école, pour les élèves d'abord, et puis pour leurs mères qui accompagnent les sorties scolaires, ou permettre aux maires de contourner la loi de 1905 pour construire toujours plus de mosquées. Elle a entendu Erdogan recommander à ses nationaux immigrés de bien conserver des prénoms turcs pour leurs enfants alors que la France n'exigeait plus des prénoms français sur son territoire. Elle a entendu Éric Besson, officiellement ministre de l'Identité nationale d'un gouvernement de droite, proclamer en 2010 : « La France n'est ni un peuple, ni une langue, ni un territoire, ni une religion, c'est un conglomérat de peuples qui veulent vivre ensemble. Il n'y a pas de Français de souche, il n'y a qu'une France de métissage. »

    Malika a tout compris. Nos élites ont mis au rencart le peuple français, pour une utopie universaliste de citoyens du monde. « Nous vivons la mise en minorité progressive du peuple autochtone sur ses propres terres. C'est le simple jeu de l'arithmétique, et cela, les élites politiques le savent… Nous ne sommes plus dans un régime de solidarité nationale, mais dans celui, imposé par le haut, d'une solidarité internationale… Politique du dernier arrivé, premier servi. » Non, ce n'est pas un complot, c'est pire, c'est la réalité. Malika est venue, a vu, et a été vaincue. Mais au moins, au bout de cet itinéraire, qui pourrait s'intituler « Illusions perdues », Malika sait. Elle sait que nos élites savaient. Et qu'elles ont voulu ce que, désormais, nous savons. 

    Eric Zemmour            

    XVMac64e222-8889-11e5-bfab-291bb0afd212-200x300.jpg

    Décomposition française, Malika Sorel-Sutter, Fayard, 310p, 18 €, en librairie le 16 novembre

  • Retour sur le dernier livre de Pierre Manent : apprendre à vivre avec l'islam ?

     

    Nul ne conteste la qualité, l'intelligence des travaux de Pierre Manent. Nous en traiterons avec respect. Toutefois son dernier petit livre, Situation de la France, soulève, comme il l'avait lui-même prévu, de nombreuses et fortes réserves. La courte recension qu'en a fait Anne Bernet, publiée dans Lafautearousseau le 8 novembre dernier, a été suivie de substantiels commentaires, desquels nous dégageons celui de Jean-Louis Faure qui a été, à juste titre, qualifié de remarquable et réjouissant de lucidité. Qu'en pensons-nous, nous-mêmes ? Comme nombre d'intellectuels catholiques, avec différentes nuances (Frédéric Rouvillois, François Huguenin...), Pierre Manent tente ce qui nous apparaît comme une improbable et périlleuse conciliation entre identité française et accueil de l'Islam. Y croit-il vraiment lui-même ? En tout cas, il ne (se) cache pas la difficulté de l'entreprise, cette sorte de ligne idéale qu'il définit et qu'il propose. « ... Dans un pays de marque chrétienne… c’est un chef d’œuvre d’imagination et de modération qu’il est demandé aux uns et aux autres de réaliser … c’est cette opération suprêmement délicate que nous avons à conduire ensemble … ».  Nous craignons simplement que la recherche d'un idéal si improbable fasse surtout courir au pays un risque supplémentaire, n'accrédite des illusions sans lendemain mais non sans conséquences et n'affaiblisse notre volonté identitaire. Dirons simplement que nous partageons sur l'essentiel l'analyse de Jean-Louis Faure, reproduite ci-après. LFAR    

    Le commentaire de Jean-Louis Faure 

    Donc Mme Bernet est tombée sous le charme. Une phrase pour dire qu’il n’existe pas encore de peson pour mesurer l’intelligence …

    Ce que je lis chez Pierre Manent :

    L’explication-valise d’une Europe intellectuellement diminuée par l’assassinat industriel des juifs. Ce qui est à peine excusable chez le pseudo historien Paxton au café du commerce, est inacceptable sous la plume d’un grand historien des idées politiques tel que Manent. L’assassinat industriel de populations fut une méthode de gouvernance du léninisme et du stalinisme, dans des proportions jamais vues dans l’Histoire, sauf en Vendée sous la terreur jacobine (voir Nicolas Werth, « la route de Kolyma » ; et « l’ivrogne et la marchande de fleurs »).

    La colonne vertébrale de ce petit travail est toute dans cette remarque: « … nous observons l’extension et la consolidation du domaine des mœurs musulmanes plutôt que son rétrécissement ou son attiédissement dans notre pays. Ce fait social est aussi le fait politique majeur que nous avons à prendre en compte. Le prendre en compte, c’est d’abord consentir à admettre que sur ce fait nous n’avons que très peu de pouvoir. Nos concitoyens musulmans sont désormais trop nombreux, l’islam a trop d’autorité, et la République, ou la France, ou l’Europe trop peu d’autorité pour qu’il en soit autrement. Je soutiens donc que notre régime doit céder, et accepter franchement leurs moeurs puisque les musulmans sont nos concitoyens. Nous n’avons pas posé de conditions à leur installation, ils ne les ont donc pas enfreintes … ».

    Tout est dit, À HURLER. « … compromis avec les musulmans français en vue de leur intégration complète dans notre société politique … ». Comment peut on se bercer d’une telle utopie ? De Lois, point de mention. Quant à appeler les catholiques à l’aide, c’est un gag que malheureusement plusieurs évêques dispensent volontiers.

    Intérêt de cet opuscule ? Alimenter un débat lâchement passé sous le tapis par un personnel politique qui a trahi sa mission, représenter le peuple.

    Michèle Tribalat a longuement détaillé pourquoi l’intégration à la française est un échec. Les musulmans n’ont que faire du respect des lois, tout en s’enfermant dans leur communauté par un réflexe endogame. Partant, tout parallèle avec un Français de souche est une pure provocation, comme les musulmans en usent dans un État faible, devenu évanescent. Ceux qui préfèrent se coucher ne manquent pas, et n’ont jamais manqué, hélas, parmi nos évêques. La dhimitude a de beaux jours devant elle.

    Quant à la raison au pays de l’islam, le pape Benoit XVI a dit à Ratisbonne ce qu’il fallait en penser. Manent cultive la posture intellectuelle de l’école de Raymond Aron, merveilleuse pour passer des diplômes de philosophie mais souvent loin du réel. C’est le cas ici. Le summum de l’obscurantisme est quand la discussion sur le sujet dérape en opposition droite – gauche. Comme s’il s’agissait d’une question politique. En dernière analyse, c’est le ressenti du peuple qui s’impose, ce fut toujours le cas dans l’Histoire.

    Pierre Manent écrit dans le cadre de sa fonction, analyse philosophique de la politique et de la société. Pure théorie donc, qui a un intérêt intellectuel patent, indéniable. Mais totalement coupé de la réalité, avec une construction de ce que pourraient être les temps futurs. C’est charmant mais réservé à ses agrégatifs. 

    Je persiste à croire et à savoir que l’on ne négocie pas avec l’islam. Ce corpus n’est pas intégrable dans la liturgie judéo-chrétienne de l’Europe. En suivant Manent nous partons vers des contresens qui vont nous couter cher. Dans une conférence récente, Bernard Lugan mettait en garde contre le contresens autour du mot «réforme». Chez les adeptes de l’islam, il s’agit d’un retour à la pureté des textes du Coran, des hadiths, et non d’une remise en cause comme purent la conduire Luther et Calvin. Manent n’est pas orientaliste.

    Quant à la laïcité est il nécessaire de revenir sur le sujet ? Les analyses sur ce que fut cette démarche strictement française et strictement politique, sont copieuses, didactiques et complètes. Rien à ajouter aujourd’hui, sinon que la situation de 1900 était sans rapport avec celle des années 2000 …

    Le Figaro des 13 et 14 octobre nous a proposé en deux parties un échange de haute tenue entre Manent et Finkielkraut. A l’instar de plusieurs autres critiques de ce petit travail AF pointe plusieurs assertions totalement inacceptables. A vrai dire on termine ces 170 pages en ressortant frustrés, l’impression d’être trompés sur la marchandise. Manent use (et abuse ?) de sa position de grand intellectuel français reconnu de l’école de Raymond Aron pour embrasser beaucoup de notions tel un inventaire à la Prévert en trop peu de pages, sous le titre ambitieux «Situation de la France». Avec selon nous de nombreuses approximations, sinon erreurs. Mais le plus sidérant est de parler de l’islam en Europe et en France tout au long du livre, sans jamais venir à ce qu’est l’islam. Son histoire, son corpus, ses dogmes, son organisation, et en définitive le totalitarisme consubstantiel à cette doctrine. Il revient à plusieurs reprises sur la séparation de César et de Dieu, en oubliant que cette préoccupation est très ancienne dans l’histoire de l’Humanité. L’illumination du Gautama Boudha, 500 ans avant notre ère fut d’écarter les Bramanes de la gestion de la cité. Ce conflit permanent entre deux des trois fonctions identifiées par Dumézil se régla autant dans un calme relatif (cas du boudhisme) que par le feu et le fer. Il ne se pose pas en islam car la doctrine religieuse dirige toute la société, sa structure, sa morale, ses tribunaux, la cellule familiale, l’obligation du patronyme. Et donc disserter sur l’islam en France sans convoquer dans la discussion, le principal intéressé est surréaliste.
    Les dizaines d’ouvrages d’exégètes sur la nature de la doctrine rendent vaine la tentative de l’assimiler. C’est l’islam qui donne le tempo et qui à terme règnera en maitre. Naïveté ou dangereuse rêverie ? Ce sont nos églises que l’on démolit, et c’est Boubakeur qui réclame 2.000 mosquées. C’est la totalité du corps médical qui est confronté au mépris de la Loi et de l’hygiène. C’est la provocation permanente qui s’est installé dans l’éducation dite nationale, c’est le Code Civil qui est en permanence foulé aux pieds. C’est une société en totale régression qui prospère désormais sous nos yeux. Nous partageons la réserve de Manent sur la laïcité, et l’évidence de son inutilité. Notion « à la française » qui n’a aucune signification dans aucun autre pays, et dont les fondements avaient éventuellement un sens à la fin du XIXème siècle au Palais Bourbon. Imagine-t-on aujourd’hui la lettre de Jules Ferry aux instituteurs ? Dans un débat organisé par Finkielkraut chez France Culture, la réponse que firent les deux invités, d’abord Jacques Julliard, ensuite Dominique Reynié, est un modèle du genre. Pas une seule fois le mot islam ou musulman n’est prononcé tout au long de leur absconse logorrhée.

    A vrai dire, cette lecture inspire les pires inquiétudes. Dans une première partie Pierre Manent décrit la rencontre entre un pays faible et l’islam fort. Une langue riche mais compliquée pour nous parler d’un islam rigoriste et dominateur, ce que savent tous les orientalistes. Les ouvrages savants sur l’islam ne manquent pas dans les bibliothèques françaises.. Où l’on y découvre très vite que les cinq piliers (jamais cités) ne se discutent pas. Et plus loin Pierre Manent poursuit, toujours dans une langue tarabiscotée pour nous dire que la laïcité ne règle rien, ce que sait tout orientaliste ayant vécu en pays arabo-musulman, dès lors que religion et séculier sont indissociables, et que la première dirige le second.

    Nous partageons son analyse que cette religion très sectaire (c’est moi qui le dis) s’implante dans une Europe qui est devenue un désert spirituel, et la France en particulier. Pierre manent nous décrit une 3ème République comme un état fort, mais à aucun moment ne fait mention de la Loi et du Droit. Ne regarder la place de l’islam dans notre société que sous un angle philosophique ou sociologique sans évoquer l’obligation d’entrer dans le corps des Lois, nous expose au minimum à un développement séparé, à supposer que les autochtones, les Français de souche, l’acceptent. Loin de l’assimilation, plutôt une vague intégration (la nuance est faite par Michèle Tribalat). Dans une incantation qui nous laisse sans voix, Manent termine par « … Trouver leur place dans un pays de marque chrétienne … c’est un chef d’œuvre d’imagination et de modération qu’il est demandé aux uns et aux autres de réaliser … c’est cette opération suprêmement délicate que nous avons à conduire ensemble … ».

    Ce qui s’appelle rêver éveillés ! 
     

    Quelques liens critiques sur le travail de Pierre Manent

    http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/10/05/31003-20151005ARTFIG00304-pierre-manent-islam-de-france-mode-d-emploi.php

    http://www.wukali.com/Situation-de-la-France-l-essai-non-marque-de-Pierre-Manent-2235#.Vhk0c_-hfIU

    http://www.slate.fr/story/107855/compromis-musulmans-france-manent

    Et une analyse du livre très intéressante, car simple et claire de Pierre Le Vigan publiée dans Polemia.

    http://www.polemia.com/situation-de-la-france-de-pierre-manent/?utm_source=La+Lettre+de+Pol%C3%A9mia&utm_campaign=444b2e572c-lettre_de_polemia&utm_medium=email&utm_term=0_e536e3990e-444b2e572c-57836697

  • Maurras : « Ce pays-ci n'est pas un terrain vague ... » Quoiqu'on en dise à Rome ou à Paris, c'est ce qui doit guider notre politique de l'immigration !

     

    L’hospitalité 

     

    Il s'agit de savoir si nous sommes chez nous en France ou si nous n'y sommes plus ; si notre sol nous appartient ou si nous allons perdre avec lui notre fer, notre houille et notre pain ; si, avec les champs et la mer, les canaux et les fleuves, nous allons aliéner les habitations de nos pères, depuis le monument où se glorifie la Cité jusqu'aux humbles maisons de nos particuliers. Devant un cas de cette taille, il est ridicule de demander si la France renoncera aux traditions hospitalières d'un grand peuple civilisé. Avant d'hospitaliser, il faut être. Avant de rendre hommage aux supériorités littéraires ou scientifiques étrangères, il faut avoir gardé la qualité de nation française. Or il est parfaitement clair que nous n'existerons bientôt plus si nous continuons d'aller de ce train. (…) Ce pays-ci n'est pas un terrain vague. Nous ne sommes pas des bohémiens nés par hasard au bord d'un chemin. Notre sol est approprié depuis vingt siècles par les races dont le sang coule dans nos veines. La génération qui se sacrifiera pour le préserver des barbares et de la barbarie aura vécu une bonne vie.

    (…) La jeune France d'aujourd'hui est en réaction complète et profonde contre ce double mal. Elle rentre chez elle. Ses pénates intellectuels, ses pénates matériels seront reconquis. Il faut que l'ouvrier français, le savant, l'écrivain français soient privilégiés en France. Il faut que les importations intellectuelles et morales soient mises à leur rang et à leur mérite, non au-dessus de leur mérite et de leur rang. L'étiquette étrangère recommande un produit à la confiance publique : c'est à la défiance du pays que doit correspondre au contraire la vue de tout pavillon non français. Qu'une bonne marque étrangère triomphe par la suite de cette défiance, nous y consentons volontiers, n'ayant aucun intérêt à nous diminuer par l'ignorance ou le refus des avantages de dehors, mais l'intérêt primordial est de développer nos produits en soutenant nos producteurs. Le temps de la badauderie à la gauloise est fini. Nous redevenons des Français conscients d'une histoire incomparable, d'un territoire sans rival, d'un génie littéraire et scientifique dont les merveilles se confondent avec celles du genre humain.   

     

    Charles Maurras 

    L’Action française, 6 juillet 1912

     

  • Immigration massive : Les ratés de la méthode Merkel

     

    L'analyse de Frédéric Pons

    Frédéric Pons mène dans Valeurs actuelles une suite de remarquables analyses géopolitiques marquées par une grande connaissance des dossiers et par une approche des grandes questions toujours réaliste et de bon sens. Nous suivons ses chroniques avec attention. Telle celle qui suit qui traite de l'Allemagne et des migrants. Sujet évidemment crucial. LFAR

    Les électeurs sont de plus en plus nombreux à redouter l'ampleur de l'immigration.

    frederic_pons_2.jpgAngela Merkel est en train de payer cher son excès d’empathie de septembre pour les migrants clandestins, puis sa volte-face un mois plus tard, et sa visite controversée au premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, le 18 octobre, à Istanbul. L’accueil des migrants fait de plus en plus débat en Allemagne. En découvrant l’ampleur du flux migratoire attendu dans leur pays — jusqu’à 1,5 million de réfugiés seront accueillis —, l’opinion allemande se retourne. Le succès des manifestations anti-immigrés à Dresde, chaque lundi soir, et la poussée dans les sondages des libéraux populistes du mouvement Alternative pour l’Allemagne illustrent ce retour à la réalité. La cote de popularité de la chancelière est à son plus bas niveau en plus de trois ans.

    La méthode Merkel ne fonctionne plus comme avant. Elle lui avait pourtant bien réussi depuis son arrivée au pouvoir en 2005, pour faire tout accepter à ses partenaires, jusqu’à la sortie du nucléaire en 2011 ou au plan d’aide à la Grèce en 2012-2013. Sa coalition tangue. Les dirigeants des trois partis qui la composent (la CDU, chrétienne-démocrate, le SPD, social-démocrate, et la CSU, chrétienne-sociale) ont même dû débattre de ce dossier en urgence, le 1er novembre. Horst Seehofer, le ministre-président de Bavière, CSU, critique ouvertement sa “politique de la porte ouverte”. La droite réfléchit au gel, pendant deux ans, du regroupement familial pour ceux qui ne bénéficient pas du droit d’asile ni de la Convention de Genève pour les réfugiés. La gauche s’y oppose, par la voix du vice-chancelier, le social-démocrate Sigmar Gabriel. La CSU veut aussi créer des camps de transit aux frontières allemandes, pour faciliter l’examen des dossiers et renvoyer les faux réfugiés, au nom de « l’avenir de l’Europe », prévient Volker Kauder, le président du groupe CDU-CSU au Bundestag. Ce ton nouveau s’explique par la pression des électeurs, de plus en plus nombreux à redouter l’appel d’air de la politique Merkel : 200 000 migrants supplémentaires sont en attente en Grèce ou en Italie, avant-garde des 2 à 5 millions encore entassés en Turquie, en Jordanie, au Maghreb. Près de 10 000 migrants arrivent chaque jour en Allemagne.

    Frédéric Pons   

     

  • LIVRES • L’intelligence de Pierre Manent

     

    par Anne Bernet

     

    anne bernet.pngLes événements de janvier 2015 auront été un terrible révélateur de la crise fondamentale à laquelle notre pays et nos institutions se trouvent confrontés. Ils ont souligné, avec la présence sur notre sol d’un ennemi de l’intérieur prêt à frapper partout et à n’importe quel moment, l’incapacité absolue de nos dirigeants à trouver une réponse à un problème qui conduira, à moyen terme, si l’on n’y remédie pas très vite, non à la fin du « vivre ensemble » dont on nous rebat les oreilles, mais à l’éclatement pur et simple de notre société.

    Entre nos compatriotes juifs envisageant de quitter une nation à laquelle ils n’ont plus le sentiment d’appartenir et où ils se sentent en danger, une communauté musulmane politiquement ectoplasmique, sauf pour revendiquer plus de privilèges, indifférente au djihadisme, incapable d’envisager une adaptation de l’Islam aux nécessités françaises, et des Français exaspérés qui n’acceptent pas de disparaître, la rupture sera tôt ou tard consommée et irréparable. Comment en sommes-nous arrivés là ? Reste-t-il un moyen d’échapper au pire ?

    Pierre Manent prévient d’emblée que les solutions qu’il préconise fâcheront tout le monde. Elles méritent pourtant d’être lues, pesées, réfléchies attentivement car, si elles ne sont pas fatalement applicables, elles contiennent cependant d’excellentes pistes de réflexion. Surtout, cet essai met en évidence l’inadéquation des idéologies à bout de souffle de nos politiciens avec les enjeux de l’heure et l’urgence de rompre avec une pensée unique qui conduit, c’était d’ailleurs son but, à la mort des nations en général et de la nôtre en particulier. Un livre intelligent, ô combien, alors que l’intelligence semble faire si cruellement défaut à nos dirigeants. 

    412DbWHr-3L__SX349_BO1,204,203,200_.jpg

    Situation de la France, de Pierre Manent, Desclée de Brouwer, 175 p., 15,90 euros. 

  • CINEMA • Les patries de cœur de Cheyenne Carron

     

    par Raphaël de Gislain

    Nul doute que ce film ne bénéficiera d’aucun relais officiel ni d’aucune promotion d’envergure. En dehors du Balzac à Paris, sa diffusion sera sûrement réduite. Il faudra pourtant tout faire pour le voir quitte à le commander en cliquant ici.

    Patries est de ces films portés de bout en bout par une lumière, par une clarté qui transcendent littéralement leur sujet. Il aborde de front l’un des tabous qui fait trembler les adeptes du prêt-à-penser, le racisme anti-blanc, thème dont il s’empare avec une humanité qui envoie valser les utopies de bonne conscience, assenées à longueur d’Intouchables dès qu’il est question de banlieue et d’intégration au cinéma.

    L’histoire est celle d’une famille « de race blanche » qui quitte la campagne pour venir s’installer dans une périphérie dévastée par la crise. Le père est aveugle, la mère travaille et Sébastien, le fils, essaye de se faire des amis. Ils veulent croire à un nouveau départ. Le jeune homme sympathise avec Pierre, un Camerounais qui tente de le faire entrer dans son cercle.

    Mais il se heurte au rejet, puis à la menace, puis à la violence du groupe… Cheyenne-Marie Carron signe ici son meilleur film, réalisé, comme les précédents, de façon totalement indépendante, en marge du CNC et de ses subventions. Bien plus abouti que L’Apôtre, dont la forme laissait à désirer, la maîtrise de l’image y est réelle, le noir et blanc épousant idéalement la réflexion, portée par un ton libre et naturel qui flirte avec le documentaire.

    Le propos dépasse la simple confrontation culturelle ; il souligne l’échec des politiques d’intégration menées depuis trente ans en insistant sur une idée essentielle : les immigrés ne doivent pas être traités comme des enfants abandonnés ; des racines, une culture, une patrie les imprègnent. Une part de leur mal-être provient de l’ambition naïve et illusoire d’une assimilation républicaine totale, source d’inévitables conflits identitaires.

    Les déchirures apparaissent au sein de cette famille camerounaise, si belle à l’écran, qui a tout sacrifié pour venir en France. A la différence de ses sœurs, le fils ne pense qu’à retrouver le pays de ses ancêtres qui gronde en lui mais qu’il ne connaît pas. La France n’est pas nécessairement cet Eldorado qu’elle a la prétention d’incarner… 

    Patries, de Cheyenne-Marie Carron, en salles et en DVD ici.