Turku, sur la Baltique, dans la lointaine Finlande
Ce que nous écrivions il y a 6 mois (25.08.2017) sur cette extension du domaine de l'action terroriste à toute l'Europe, nous n'avons aucune raison de le modifier ... Au contraire. Nous apprenions hier dimanche qu'un important attentat venait d'être déjoué en Allemagne. De Berlin l'on précisait qu'un réseau avait été découvert et que cinq terroristes avaient été arrêtés. A temps, cette fois-ci. En France, deux semaines plus tôt, l'attentat de l'Aude n'avait pas été évité. Moins de fleurs, moins de bougies cette fois-ci mais plutôt, grâce à l'héroïsme d'un homme, une autre tonalité : une prise de conscience des vertus militaires, remises à l'honneur, certaines heureuses retrouvailles dans le pays, notamment parmi les jeunes, avec le patriotisme, le sens du service de la France, l'attachement au drapeau. Emmanuel Macron, au jour des obsèques du colonel Beltrame aux Invalides, a su retrouver ces accents qui sont ceux du patriotisme et de l'héroïsme français. Et, dans son éloge funèbre, ce que n'avaient pas fait ses prédécesseurs, il n'a pas craint de nommer l'ennemi. Alors, sommes-nous en train de retrouver ces vertus que nous venons de dire ? Bien du chemin reste sans-doute à parcourir. Ce sont, malheureusement, les épreuves qui fondent les renaissances. LFAR
Publié le 25 août 2017 - Actualisé le 9 avril 2018
Ainsi de Barcelone à Rotterdam, en passant par Paris, de l'Espagne aux Pays-Bas, axe historique s'il en est, de Londres à Berlin, de Nice à Birmingham ou à Turku, sur la Baltique, dans la lointaine Finlande, se dessine aujourd'hui toute une cartographie de la nouvelle offensive de l'Islam contre l'Europe, sans plus laisser beaucoup d'espaces, de peuples, d'Etats, à l'écart de la menace, à l'abri des objectifs et des coups islamistes. C'est aujourd'hui le continent européen qui est globalement visé.
L'Europe doit s'y résigner, l'admettre, en prendre conscience : une guerre lui a été déclarée, lui est menée, sans-doute d'un type nouveau à l'ère contemporaine, mais une guerre tout de même, dont le front n'est pas une ligne discernable, dont les combattants ne portent pas l'uniforme d'une armée régulière, sont dissimulés, mobiles, imprévisibles, et peuvent frapper n'importe où, n'importe qui.
Cette guerre, on le sait, peut durer longtemps, elle oppose des adversaires inégaux, les islamistes étant plus déterminés à nous agresser, nous vaincre et nous soumettre, que nous à les mettre hors d'état de nuire, plus sûrs de leur cause que nous de la nôtre.
Dans ce combat, malgré la disproportion des forces en présence - qui est bien-sûr en notre faveur : les terroristes ressortent rarement vivants de leurs entreprises, les forces de l'ordre les tuent presque à tout coup - notre faiblesse pour l'essentiel est de deux ordres :
1. L'extrême fragilité de notre « civilisation » de type postmoderne, déracinée, décervelée, déculturée, atomisée et au sens profond démoralisée, sans fierté, sans convictions, petites ou grandes. Et la liste n'est pas close.
2. L'extrême débilité de nos institutions politiques et des hommes qui les incarnent. (Ce qui inclut les femmes).
A de rares exceptions près, toutes à l'Est, cette constatation vaut pour l'ensemble de l'Europe, à commencer par le semble-couple franco-allemand. La chancelière Merkel - à qui l'on a attribué, y compris parmi nous, bien plus de qualités politiques qu'elle n'en a vraiment - l'a amplement démontré lorsqu'elle a appelé plus d'un million de migrants à entrer en Europe. A la vérité, la médiocrité des dirigeants européens fait presque pitié.
Ainsi, nous ne comprendrons rien à la lutte antiterroriste, nous ne la mènerons pas efficacement, tant que nous ne nous rendrons pas compte que le mal est plus en nous qu'en nos assaillants ; tant que nous continuerons à vociférer stupidement en priorité contre l'islam sans nous apercevoir que le mal principal est d'abord en nous-mêmes.
Cette nécessaire autocritique, nous devons l'accomplir non pas comme une repentance vulgaire, au sens de la doxa, mais au contraire pour retrouver, revivifier, notre fond vrai. Celui qui nous vient de la lointaine Histoire française et européenne, car au delà de la hideuse caricature bruxelloise, l'Europe, aujourd'hui, se retrouve d'une certaine manière unie contre un danger commun, comme il lui est déjà arrivé de l'être, en d'autres temps, sinon pareils, du moins semblables.
Ce n'est pas une équation simple, mais elle est vraie : sans un retournement politique et social profond, qui remette en cause jusqu'à nos démocraties sous leur forme européenne actuelle et nos sociétés version postmoderne, nos chances de sortir, rapidement ou pas, vainqueurs des islamistes sont bien faibles et sans portée. •
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