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  • Les leurres de la société civile

    Le nouveau gouvernement affiche une moitié de personnes issues de la « société civile ». /Reuters

     

    823330531.jpgFrançois d'Orcival a eu raison de dénoncer « les leurres de la société civile » et de les dénoncer au moment opportun. C'est à dire au moment  où le Système - ce que les maurrassiens appellent aussi Pays légal - pour surmonter ses crises,  met en avant la société civile et fait monter jusqu'à lui, en fait en les intégrant,  quelques membres de ladite société civile. Cette dernière ainsi sollicitée, mise à contribution, en fait récupérée, ne doit pas être confondue avec ce qui subsiste du Pays réel. S'il en est un,  celui-ci se compose de Français dans leurs familles, leurs métiers, leurs villes ou leurs régions. Et qui, sous sa forme actuelle, sont à mille lieues des rouages nauséabonds du Système. 

    Ce qu'écrit François d'Orcival [Figaro magazine du 20.05] mérite d'être lu - en particulier par les lecteurs de Lafautearousseau - raison pour laquelle nous reprenons ci-dessous cet article in extenso.   LFAR

     

    francois-d-orcival-direct-8.jpgLa « société civile » est de retour, le summum de la démocratie, la France d'en bas, nous les citoyens, les « vrais gens ». Elle prolifère par temps politique : l'année dernière, celle des primaires de la droite et de la gauche, nous avions eu droit à une « primaire citoyenne » qui a avorté ; à la présidentielle, sur les 61 candidats inscrits au Conseil constitutionnel qui prétendaient aux parrainages, une quarantaine se revendiquaient de la société civile, autant de zozos retournés depuis dans l'anonymat. Et sur les onze candidats finalement retenus, cinq ont recueilli 91 % des voix... Eh bien, revoilà la société civile pour les législatives !19 000 de ces « citoyens » se sont présentés pour obtenir l'investiture de La République en marche - Emmanuel Macron en a retenu 1 sur 33 ! Et naturellement les plus « politiques ».
    Il n'y a pas de société civile opposée à une société militaire, religieuse ou étatique. C'est pourtant un phénomène qui s'est construit contre une classe politique (aujourd'hui on dit « politico - médiatique ») ressentie comme trop homogène, par ses origines sociales, intellectuelles et professionnelles. Jean-Pierre Chevènement et ses deux complices (Gomez et Motchane) n'avaient pas tort quand ils dénoncèrent, il y a cinquante ans, fin 1967, « l'énarchie ou les mandarins de la société bourgeoise ». Six mois plus tard, et sans savoir qu'ils préfiguraient la « société civile », quelques milliers d' « enragés» levaient les barricades de Mai 68 en signe de révolte contre le pouvoir. Avant que celui-ci ne reprenne la main.

    Certes, Mai 68 n'est pas resté sans suite. On a vu la « société civile », à travers ses réseaux, lobbies, cercles et clubs, en un mot sa floraison d'associations, pénétrer lentement les institutions, jusqu'à gangrener le coeur de l'Etat. Pour autant, la société civile reste un leurre ; il n'y a que les naïfs pour s'improviser « politiques », comme si la politique n'était pas un apprentissage, des procédures, un métier. La société civile permet surtout aux seuls détenteurs du pouvoir de faire croire au citoyen qu'il est le coq quand il n'est que le dindon d'une farce préparée par les chefs. C'est tout leur talent de savoir ainsi renouveler les têtes et les troupes pour les conduire, en bon ordre, à voter comme il faut. 

  • Premiers pas

     

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    On ne saurait reprocher à M. Macron d’avoir voulu redonner un peu de la gravité qui convient à l’exercice du pouvoir.

     

    De ses premiers pas, M. Legrand (France Inter) a pu dire justement : « Il a su s’imprégner de la sacralité de la fonction, et (pour l’instant du moins) revêt bien cet habit si particulier, parfois problématique, du monarque républicain. »

     

    Certes, les élections législatives de juin seront déterminantes pour la suite du quinquennat. Certains signaux, plus ou moins explicites, ont cependant été déjà envoyés. D’abord, évidemment, ceux de la campagne présidentielle du nouveau chef de l’Etat. On a bien compris que l’axe de sa pensée politique est de permettre à la France, en « optimisant » ses atouts, d’avoir toute sa place dans le village mondial libéral considéré comme le nouvel horizon indépassable. M. Macron se propose donc de réformer, comme voulait le faire déjà M. Giscard d’Estaing en 1974. En utilisant, pour parler comme les journaleux, des éléments de langage que ce dernier doit approuver (« libérer les énergies », « exigence et bienveillance », « pragmatisme », etc.) et qui font dire à M. Gattaz  qu’« on est sur un nuage ».

     

    Mais la campagne présidentielle, encore présente dans les esprits, l’a aussi montré : M. Macron ne peut pas ignorer le contexte partisan dans lequel s’inscrit forcément sa présidence. Si le gouvernement de M. Philippe comprend beaucoup de ministres reconnus pour être plutôt compétents, la distribution des portefeuilles relève quand même d’un subtil équilibre politicien - « On est chez Darty » remarque plaisamment M. Legrand. M. Macron se place ainsi dans la continuité de ce que d’aucuns appellent « le système ». D’ailleurs, pour M. Zemmour (RTL), « Macron fait en grand ce que Sarkozy avait fait en tout petit. » Son souci manifeste de réduire les deux vieux partis (LR et PS),  pour conforter ainsi un centre majoritaire réunissant « deux Français sur trois », réaliserait là encore le voeu de MM. Giscard d’Estaing et Bayrou réunis.

     

    Le dynamisme de M. Macron, son volontarisme et son optimisme, l’apparence transpartisane qu’il se donne volontiers, peuvent paraître sympathiques. Son côté gaullien, « jupitérien » selon lui, le fait qu’il veuille être l’homme de la circonstance (« Aujourd’hui, le temps est venu pour la France de se hisser à la hauteur du moment », allocution du 14 mai) pourraient même susciter un certain consensus. Mais ce ce n’est pas avec des mots qu’on réglera les vrais problèmes de la France - à commencer par sa souveraineté et son identité, lesquelles conditionnent tout le reste dans la mesure où ce sont elles qui donnent sens à tout le reste. « Macron, c’est que de la com » (M. Corbière, CNews). « Macron, c’est Henri IV » (M. Bern, Le Parisien). Voilà certainement deux exagérations. La réalité se chargera, et assez vite, de montrer ce qu’il en est. 

  • Atlantico est-il encore le site libéral des origines ? Il pose - ici - un vrai problème ... A méditer

     

    En outre, Atlantico ajoute à son titre le judicieux commentaire suivant :  

    Avec une proportion de 46% de Français qui s'estiment être des perdants de la mondialisation, ce qui est le plus mauvais score après l'Italie (53%), la France semble bien plus fragile sur cette question que l'élection d'Emmanuel Macron ne pouvait le laisser supposer.
  • Notre conseil : Suivre les travaux de Clarifier, les études d'Annie Laurent ...

     

    Les actes terroristes commis en France depuis 2015 par des musulmans se réclamant de leur religion, ainsi que le départ au Proche-Orient de tant de jeunes fanatisés pour y participer au djihad suscitent bien des interrogations sur le statut et le rôle des imams.

    Régulièrement, l’Etat s’empare de ce sujet, mais les échecs succèdent aux échecs.

    Il y a pourtant urgence à trouver des solutions capables d’assurer la paix dans notre pays.

    Nous avons donc pensé utile de nous interroger sur cette question délicate à laquelle Annie Laurent consacre deux Petites Feuilles vertes.

    La première, n° 49définit l’identité et les attributions de l’imam ;

    la seconde, n° 50 dresse un état des lieux de la situation des imams en France et préconise les mesures à adopter pour leur intégration.

    Bonne lecture !

    François Dary

    Président de CLARIFIER

    13 mai 2017

  • Culture • Loisirs • Traditions

  • Rire ou sourire un peu ... même s'il n'y a pas vraiment de quoi

    La une qui fait polémique ... Mais ils ont tous tellement été Charlie ... Pas nous ! 

  • Le prince Jean de France a fêté vendredi dernier 19 mai, son 52ème anniversaire

    Le prince Jean, lors de son entretien au colloque du Cercle de Flore le 13 mai 2017 

     

    Vendredi 19 mai 2017, S. A. R. le prince Jean de France, duc de Vendôme, a célébré son cinquante-deuxième anniversaire. Le prince Jean de France est le fils du chef de la Maison de France, Monseigneur le comte de Paris et de Son Altesse Royale la princesse Marie-Thérèse d’Orléans, duchesse de Montpensier. Descendant direct des Rois Saint Louis, Henri IV, Louis XIII et bien sur du Roi Louis-Philippe, le prince descend également par sa mère du roi Charles X et de son fils le duc de Berry.

    Héritier des quarante rois qui ont fait la France, le prince Jean, assume pleinement la tradition de dévouement de sa famille au service de la France et des Français d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Il se définit comme prince chrétien et prince français. À Amboise, en 1987, année de la célébration du millénaire capétien, le Prince Jean a été titré duc de Vendôme par son grand-père, le comte de Paris. 

    Source La Couronne

    Lafautearousseau présente tous ses vœux au prince Jean, duc de Vendôme.

  • Histoire • Rois de France, de Balzac : La « secte » des Encyclopédistes, la décomposition morale - élites et société - au XVIIIe siècle [II]

     

    C'est en 1837 que Balzac publia Rois de France, un ouvrage concis fort intéressant, consacré aux six derniers « Louis » rois de France, de Louis XIII à Louis XVIII. Malheureusement peu réédité par la suite, cet ouvrage était devenu, de ce fait, indisponible, depuis 1950.

    Notre confrère Péroncel-Hugoz a pris l'heureuse initiative de faire rééditer Rois de France, au Maroc, par les Editions Afrique Orient. Nos lecteurs peuvent d’ailleurs lire Péroncel-Hugoz ici-même, régulièrement, puisqu’il nous fait l’amitié de sa participation – très appréciée – à Lafautearousseau.

    Nous donnerons quatre extraits de Rois de France - des « bonnes feuilles » - dans nos prochaines parutions du week-end. 

     

    415470906.jpg1er extrait : La « secte » des Encyclopédistes, la décomposition morale - élites et société - au XVIIIe siècle [pages 75 à 79]

    « Les idées réformatrices se sont généralisées, et, comme il arrive toujours, elles ont été exagérées par leurs adeptes jusqu'aux derniers excès. Il ne s'agit plus que de l'anéantissement de tous les principes qui ont jusque-là régi les sociétés. La ridicule monstruosité de ses doctrines est comme un bouclier pour la nouvelle secte : car c'est bien une véritable secte avec ses chefs, ses affiliations, ses enthousiastes, ses martyrs, sa perfidie et sa vitalité puissante ; singulière secte, toutefois, dont la doctrine n'est qu'une négation de toutes les autres ! On se demandait ce qu'ils feraient quand ils auraient tout détruit, comme si ceux qui détruisent peuvent jamais réédifier. On peut rire des utopies créatrices, mais non des autres. Comme autrefois le protestantisme, la secte philosophique avait su conquérir le patronage de la noblesse. C'était dans les châteaux et dans les hôtels appartenant aux petits-neveux des compagnons de Coligny, que les théories nouvelles, écloses sous la lampe et dans la poudre des cabinets des penseurs, venaient revêtir un vernis de bel air et se mettre à la mode. Les nouveaux prêcheurs savaient aussi persuader aux Grands que tout l'honneur des réformes serait pour eux.

    C'est ainsi qu'ils obtinrent l'abolition de la Société des Jésuites, dont nous ne pouvons réviser ici l'interminable procès, mais qui se recommandait pour les connaissances universelles dont elle était dépositaire. Ces religieux avaient élevé, pour ainsi dire, toute la génération d'alors ; mais l'ingratitude ne devait point effrayer les hommes du dix-huitième siècle, et la condamnation que les Jésuites subirent est presque une absolution aux yeux des hommes réfléchis. Les parlements concoururent aussi à la chute de cette société puissante ; cependant, ils n'étaient point les alliés constants des philosophes, par lesquels ils se trouvaient dépassés ; dans cette circonstance, ils n'avaient été dirigés que par une opposition dogmatique. 

    Pendant le règne de Louis XV, l'attitude indécise de la magistrature est non moins remarquable. Elle aussi a senti la monarchie s'effondrer dans ses fondements : tantôt elle poursuit son système d'opposition et de patient agrandissement, cherchant à se soumettre toutes les autres institutions du royaume ; tantôt, voyant ces institutions menacées, elle sent que si elles sont renversées, elle périra elle-même, et alors elle se présente pour les défendre. Malgré son maintien agissant, l'institution des parlements fut la première qui tomba, et ce fut le pouvoir royal qui la renversa, se privant ainsi lui-même d'une barrière puissante contre des ennemis plus dangereux, barrière dans laquelle il devait seulement se garder de s'emprisonner. Les philosophes battirent des mains quand ils virent la chute de ce formidable corps. C'est à la fin de l'année 1770 que fut frappé ce coup d'Etat, déterminé par des querelles particulières, et non par une pensée politique. Louis XV, à cette occasion, fit preuve d'une vigueur qu'on regrette de ne pas l'avoir vu déployer plus souvent et dans des occasions plus importantes...

    ...Ce fut à cette époque que l'on put apprécier à quel point l'esprit national était déchu en France. La nouvelle d'une défaite n'excitait plus, comme aux nobles temps de la monarchie, le deuil et la colère publiques, mais plutôt une joie maligne. La nation avait fait scission avec la couronne ; le roi n'était plus l'Etat. Dès que les choses étaient ainsi, la nation et le roi devaient être ennemis, jusqu'au jour où l'un des deux disparaîtrait devant l'autre. Tous les anciens ressorts étaient brisés ; chacun, sentant vaguement qu'une dissolution générale était proche, avait jeté là les préjugés et les idées antiques que ses pères lui avaient transmis, et dont ses fils avaient pu répudier, de gré ou de force, l'héritage. Les prêtres avaient oublié la religion, les militaires la discipline, les magistrats la justice, et les femmes la pudeur. La noblesse, à laquelle il eût appartenu de rappeler le roi et la nation à leurs devoirs respectifs et de reconstituer la monarchie, ne formait plus un corps assez compact et assez puissant pour rien tenter. A part quelques protestations isolées, on voit les seigneurs se laisser maîtriser entièrement par leurs habitudes, et se borner à rester à la tête du mouvement qui s'opère, sans examiner où ils vont et sans réfléchir que pour être les premiers, ils ne donnent point inévitablement l'impulsion.

    La monarchie recueillait les fruits des mesures prises par Richelieu et par Louis XIV pour l'abaissement du corps de la noblesse. Par leurs alliances et par leurs habitudes citadines, les gentilshommes s'étaient trouvés confondus avec la bourgeoisie et les anoblis, sans conserver aucune démarcation, ni politique ni morale. Ils n'avaient donc plus droit à des privilèges et à des distinctions devenues purement traditionnels. Leur position était des plus difficiles, également insoutenable pour eux et pour la nation. En faisant alliance avec les hommes d'intelligence et d'idées, ils avaient eux-mêmes commis une faute contre leurs propres intérêts. Ils ne virent point qu'ils n'étaient pour ceux-ci qu'un instrument. Après avoir ruiné toutes les institutions dont ils étaient les défenseurs-nés, et sur lesquelles ils s'appuyaient, pensaient-ils qu'on les épargnerait ? Cherchaient-ils en la raillant à se faire pardonner leur domination, réelle autrefois et devenue depuis honorifique ? Espéraient-ils conserver des insignes qui cessaient d'exprimer des idées et des faits ? Ou bien pensaient-ils que toute cette guerre si active n'était qu'un jeu et comme un tournoi de la pensée, qui remplaçait pour leur caractère inquiet les tournois de la lance et de l'épée ? Cette dernière idée fut sans doute la plus générale ; c'était celle qui devait dominer, mais bien souvent interrompue par de terribles pressentiments. 

    A voir cette société brodée, poudrée et musquée, dont Watteau nous a laissé un si aimable portrait, qui eut pu croire qu'elle portât dans ses flancs la plus grande et la plus furieuse révolution que l'histoire puisse raconter ? Comment tant d'énergie et de colère pouvaient-elles couver sous cette enveloppe d'esprit, de galanterie et de gaieté ? Mais on eut frémi peut-être en écoutant plus sérieusement les discours avinés et parfumés qui se tenaient dans les petites maisons, dans ces jolis petits appartements dorés et soyeux, entre une débauche des tables et une débauche amoureuse. Quelle audace dans la parole des gens d'esprit, comme on les appelait alors ! Quelle imprudente folie dans les applaudissements des seigneurs ! Et souvent aussi, que de haine dans le persiflage mielleux des premiers ! Et que de dédain dans la familiarité des seconds ! Les bourreaux et les martyrs auraient déjà pu se deviner... » 

    A lire dans Lafautearousseau … 

    Histoire • Rois de France, de Balzac, republié par Péroncel-Hugoz : Présentation [I]

    et aussi  ...

    Sortie au Maroc de « ROIS DE FRANCE suivi de NAPOLEON » , essai de Balzac paru en 1837 et indisponible depuis 1950

  • Société & Actualité • « Société civile » : un trompe-l'oeil

     

    Une analyse de Patrice de Plunkett

    dans son blog, le 20.05 - Et nous sommes d'accord ...

     

    hqdefault.jpgLa Macronie représente surtout la France d'en-haut : ce qu'à Bruxelles on appelle « société civile » depuis un certain rapport de la Commission. Coup d'œil sur ce gouvernement et ces candidats :   

    Qu'est-ce que «la société civile » ?  Aucune définition précise n'en est donnée ; c'est une expression variable dont le sens dépend du lieu, du moment et de l'interlocuteur. Et pour cause : c'est une arme déguisée. L'expression est apparue dans les années 1980, au moment où pointait la grande offensive néolibérale contre « l’Etat ». L'universitaire liégeois Gautier Pirotte analyse cette genèse stratégique dans l'étude qu'il a publiée en 2008 à La Découverte : le mythe d'une « société civile » fut lancé pour persuader l'individu que ses potentialités étaient « bloquées » par « les rouages d'un Etat extrêmement présent ». En 2001, la Commission de l'UE publie un Livre blanc de la gouvernance européenne qui fait avancer d'un cran l'opération : la « société civile », affirme-t-il, sera le pilier de la construction de l'Union ; un pilier de la « gouvernance » destinée à faire pièce aux Etats politiques. Les analystes anti-libéraux ripostent aussitôt que cette « gouvernance » (terme emprunté au management) n'est autre qu'une « manière de gérer le néo-libéralisme » en réduisant le rôle des instances politiques au nom d'une émancipation de la « société civile ». Mais les « instances politiques » n'ont pas été capables de discerner le péril ; ou, l'ayant discerné, s'en sont fait le complice pour des raisons coulissiers...

    Faite principalement au nom de « l’expertise » (autre élément de langage néolibéral), l'OPA de M. Macron sur l'Etat se fait également au nom de la « société civile ». Plus de la moitié des 526 candidats LREM aux législatives en sont déclarés « issus ». Parmi eux, peu d'employés et de chômeurs ; moins de 10 % de membres des professions intermédiaires (alors qu'ils sont 30 % de la population) ... Mais beaucoup de médecins, d'avocats d'affaires, de cadres du privé et de hauts fonctionnaires ! 68 % des candidats LREM viennent des professions supérieures (comme dans l'Assemblée sortante, mais avec deux fortes progressions : le nombre de « consultants » et de « conseillers en communication », et le nombre de diplômes de grandes écoles jusque chez les rares candidats d'origine étrangère : par exemple celui de la 6e du 93, Alexandre Aïdara, qui a fait Centrale et l'ENA. La « société civile » en Macronie, c'est un club.  

    C'est donc - déplore Libération - le « miroir déformant » d'une société « sans chômeurs ni retraités ou presque, sans ouvriers », et où les seuls « représentants de la diversité » faisaient déjà partie de la France d'en-haut... Selon la formule de notre blog avant-hier, le pays qui va mal sera représenté par le pays qui va bien. Exactement comme auparavant. Mais d'un pied plus léger, bien sûr. Et quelle prestance chez notre jeune Président ! der Junge, comme dit la chancelière. 

    Patrice de Plunkett : le blog

  • Culture • Loisirs • Traditions

  • Histoire • Rois de France, de Balzac, republié par Péroncel-Hugoz : Présentation [I]

     

    C'est en 1837 que Balzac publia Rois de France, un ouvrage concis fort intéressant, consacré aux six derniers « Louis » rois de France, de Louis XIII à Louis XVIII. Malheureusement peu réédité par la suite, cet ouvrage était devenu, de ce fait, indisponible, depuis 1950.

    « 1837 est une des plus glorieuses années de Balzac, celle où il publie également Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau », écrit dans sa préface notre confrère Péroncel-Hugoz, qui a pris l'heureuse initiative de faire rééditer Rois de France, au Maroc, par les Editions Afrique Orient. Nos lecteurs peuvent d’ailleurs lire Péroncel-Hugoz ici-même, régulièrement, puisqu’il nous fait l’amitié de sa participation – très appréciée – à Lafautearousseau.

    Nous donnerons quatre extraits de Rois de France, des « bonnes feuilles », dans nos prochaines parutions du week-end :

    I. La « secte » des Encyclopédistes et la décomposition morale des « élites » et de la société au XVIIIème siècle ;
     
    II. Les erreurs de Louis XVI face à la Révolution ;

    III. L'infanticide perpétré à l'encontre du petit roi Louis XVII ;

    IV. Louis XVIII.

    On verra que, même si l'on n'est pas forcément d'accord sur l'intégralité de ce qu'écrit Balzac, et même si l'on peut, parfois, être surpris par ce qui pourrait apparaître comme de la naïveté (les Prussiens auraient voulu « délivrer » Louis XVI ?) des tonalités, des analyses, des développements que l'on verra par la suite chez un Bainville, chez un Maurras sont déjà là, exprimées par Balzac, dès 1837... 

    A lire demain dans Lafautearousseau … 

    La « secte » des Encyclopédistes et la décomposition morale des « élites » et de la société au XVIIIe siècle [I]

    et aussi  ...

    Sortie au Maroc de « ROIS DE FRANCE suivi de NAPOLEON » , essai de Balzac paru en 1837 et indisponible depuis 1950

  • Livres & Action Française • Antoine Schwérer, de la Royale à l'Action française : l'amiral de la Ligue

     

    Par Journal d'un eurosceptique désabusé

    Un historien nous invite à la rencontre de l'amiral Schwérer, qui devint président de la Ligue d'Action française à l'issue d'une brillante carrière militaire.

    Nos lecteurs se souviennent-ils de l'amiral Schwérer (1862-1936) ? Jean-Noël Grandhomme, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Lorraine-Nancy, vient de lui consacrer un article dans la revue Guerres mondiales et conflits contemporains. Breton d'origine alsacienne, Antoine Schwérer entre à l'École navale en 1878 ; la marine à voile disparaît sous ses yeux : « entre les bâtiments de guerres modernes et ceux sur lesquels j'étais embarqué en 1880 », écrit-il dans ses Souvenirs, « il y a certainement plus de différences qu'entre ces derniers et ceux du temps de Louis XIII, et à cette transformation du matériel a correspondu un changement complet des habitudes, du caractère et de la mentalité du personnel ».

    Avec l'amiral Lacaze

    Jean-Noël Grandhomme retrace un parcours jugé « brillant ». En 1894, par exemple, à bord du croiseur Dubourdieu, il est chargé de dresser une carte générale du magnétisme terrestre. En 1914, alors que la guerre vient d'être déclarée, il négocie les accords franco-britanniques confiant à la Royale la direction des opérations en Méditerranée. L'année suivante, il commande des canonnières sur le front. Puis il devient chef de cabinet de l'amiral Lacaze, ministre de la Marine. Au cours du premier semestre 1917, comme le rapporte Jean-Noël Grandhomme, « la Marine […] joue un rôle important dans les affaires d'Orient et elle contribue au transport en France des contingents russes qui y sont envoyés par le tsar » ; « pourtant, Lacaze est de plus en plus ulcéré par les critiques systématiques de certains députés, notamment socialistes ». Alors que ce dernier donne sa démission, « Schwérer se solidarise évidemment avec lui ». Sa carrière se poursuit néanmoins jusqu'en 1924, où il est placé dans la deuxième section (réserve).

    C'est alors qu'il rejoint l'Action française. Un moment républicain, il n'aura jamais été démocrate, confiera-t-il par la suite. Candidat malheureux aux élections législatives, où triomphe le Cartel des gauches, il se retrouve bientôt « au cœur d'un nouveau combat, contre un adversaire inattendu : l'Église ». En novembre 1926, lors d'un congrès de la Ligue, il explique que « les croyants d'Action française, […] parfaitement soumis à l'autorité religieuse du souverain pontife […], à tous les ordres qu'il leur donnera en ce qui concerne leur religion, prennent leurs directives politiques en dehors du Vatican ». À son décès, en 1936, Mgr Mignen, archevêque de Rennes, lui refuse des obsèques religieuses : « aucune mansuétude n'est de mise pour celui qui a en quelque sorte brandi l'étendard de la révolte anti-papale », souligne Jean-Noël Grandhomme.

    Un travail à poursuivre

    L'amiral Schwérer aura présidé la ligue d'Action française cinq ans durant, après avoir succédé à Bernard de Vesins en 1930. « Maurras sait gré de sa fidélité au compagnon des bons et des mauvais jours », rapporte encore l'historien, qui se montre quant à lui moins élogieux : « son militantisme passionné, qui l'a conduit à se retrouver dans le dernier carré, seul contre tous, ou presque – y compris le clergé et le prétendant – a un côté pathétique, ou chevaleresque, selon le point de vue qu'on adopte », écrit-il notamment. Son article ne nous éclaire guère quant aux ressorts de cet engagement. Il ne révèle rien non plus du caractère de l'amiral Schwérer. De fait, « bien qu'il ait été l'un des acteurs importants de la controverse autour de la Jeune École, un expert reconnu dans l'affaire des poudres de la Marine (à l'origine de près de trois cent cinquante morts dans plusieurs accidents avant-guerre), un "poilu" sur le front de Champagne et le plus proche conseiller d'un grand ministre de la Marine, Schwérer est aujourd'hui presque complètement oublié », constate Jean-Noël Grandhomme. Aurait-il entrepris de réparer une injustice ? 

  • Société & Actualité • Macron le militaire sur les Champs-Elysées: trois hypothèses pour une remontée. En Marche ou au pas ?

     

    Jérôme Leroy

    De la politique ? Oui mêlé de métapolitique, de réflexions sur des sujets de société. Avec le style, l'intelligence, la perspicacité, l'humour de Jérôme Leroy. Tout ce qui touche aux armées est aussi d'ordre régalien (royal) et intéresse aussi les royalistes, qui sont des patriotes, à titre particulier. [Paru dans Causeur le 18.05].  LFAR

     

    1620021216.jpgOn a beaucoup glosé sur la remontée des Champs-Elysées, dont même l’habileté des cadreurs avait du mal à cacher à quel point les rangs des spectateurs étaient clairsemés, par le président Macron à bord d’un très martial command-car.

     

     

     

    Que l’on nous permette, sur cette scène inaugurale du quinquennat, trois hypothèses.

    Hypothèse 1: Emmanuel Macron appartient à cette génération qui n’a pas eu à faire son service militaire et ça lui manque. « J’appartiens à cette génération de Françaises et de Français, dont l’arrivée à l’âge adulte s’est confondue avec la professionnalisation de nos armées et la suspension de la conscription. Aussi n’ai-je pu faire mon service militaire », a-t-il déclaré à plusieurs reprises en parlant de sa biographie. La restauration d’un service militaire universel et de courte durée est d’ailleurs au programme de La République en marche.

    Hypothèse 2:  Du haut de son command-car, il nous dit: « Je vous préviens, je suis le chef des armées et je vais engager mes troupes sur tous les fronts atlantistes au nom du Vrai, du Beau et du Bien. » Car l’atlantisme a toujours été la ligne de la politique étrangère des pays libéraux et européens, vraiment libéraux et vraiment européens, pas comme ces Français encore infectés par le gaullisme malgré les présidences de Giscard, Mitterrand, Sarkozy et Hollande (on fera une petite exception pour Chirac qui a su dire non à la guerre en Irak en 2003).  Au premier chef de ces pays modèles en politique étrangère, il y a bien sûr l’Allemagne, si chère au cœur du nouveau président.  Il faut donc que la France elle aussi s’aligne sur les Etats-Unis comme autrefois les démocraties populaires s’alignaient sur le grand frère soviétique.

     

    Hypothèse 3, dite de l’indice sémiologique : « Oui, je vous ai bien eus, je viens de réussir en moins de deux ans un coup d’Etat parfait, selon un scénario pensé et réalisé par le capitalisme financiarisé et ses principaux relais qui vont pouvoir en finir, grâce à moi et à mon allure moderne,  avec l’exception française, son jacobinisme, son état providence, son goût pour l’égalité.  Ceci est un putsch, d’un genre nouveau, mais on sait en Europe, depuis la Grèce de 2015, qu’il n’y a plus besoin de chars pour renverser un régime. »

    L’hypothèse 1 est purement psychologique, l’hypothèse 2 purement politique, l’hypothèse 3 pourrait être qualifiée de complotiste, mais doit tout de même être l’occasion de nous rappeler qu’il existe deux erreurs en matière de complot: en voir partout, ce qui est une pathologie dangereuse et n’en voir nulle part, ce qui est d’une naïveté qui confine à la bêtise à moins d’être totalement ignorant en matière d’histoire. Le command-car du président Macron serait donc à la fois la satisfaction d’une frustration, le signe politique de nouvelles allégeances françaises et le clin d’oeil presque amusé à des commanditaires tout aussi amusés.

    La vérité est sans doute composée, en des proportions variables, des trois hypothèses précédentes. En tout cas, c’est ce qu’il faudrait avoir en tête pour qui voudrait écrire un roman, dans quelques années,  sur cette prise du pouvoir qui, dès qu’on aura un peu pris de recul, apparaîtra comme proprement invraisemblable dans un pays comme le nôtre. Même en tenant compte de sa désorientation,  de ses fractures profondes et de la propagande inégalée et la ferveur hagiographique délirante en la faveur de l’Elu par les médias « mainstream ». 

    Jérôme Leroy
    écrivain.

  • Un nouveau gouvernement fort peu nouveau, fort peu crédible : ceux qui ont voté Macron, ne venez pas vous plaindre !

     

    Mur-bleu gds.jpgDe quoi accouche la montagne de « promesses Macron » ? De rien de bien spécial, de bien particulier, de bien nouveau. En fait, d'une minuscule et ridicule petite souris. D'un gouvernement improbable de dosage / équilibre / combinazione : tout ce dont les Français ne veulent plus et que Macron avait promis d'abolir !

    - L'ingérable / imprévisible / intenable Hulot à l'écologie : la bonne nouvelle c'est qu'on est quasiment certain que Notre-Dame-des-Landes ne se fera pas !

    - Incompréhensible : Le Drian seul vrai bon ministre de Hollande / seul vendeur de Rafales viré des Armées. L'efficacité à la Macron ? On tremble !

    - Loufoque : le dernier des caïmans (Bayrou) et sa comparse Sarnez ministres ! Macron avait promis de renouveler et rajeunir : chapeau l'artiste !

    Comme le disaient déjà les Romains : « Parturiunt montes : nascetur ridiculus mus ! »