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  • Moscou-Maroc : un axe gagnant

    Le roi Mohammed VI et le président russe Vladimir Poutine lors de la dernière visite du souverain à Moscou, en 2002.

     

    Par Péroncel-Hugoz

     

    A la veille du deuxième voyage royal en Russie, notre confrère Péroncel-Hugoz jette un regard géopolitique sur les relations maroco-russes.

     

    peroncel-hugoz 2.jpgTout récemment, je me suis trouvé, dans un vol Royal Air Maroc, à côté d’un quadra marocain en train de lire l’excellente (et peu « correcte politiquement » …)  nouvelle revue française « Conflits ». Nous avons engagé la conversation à partir de cette publication, et de là nous avons évoqué le prochain sommet Poutine-Mohamed VI, prévu en Russie. Quelle a été alors ma déception de constater que ce cadre libéral à l’esprit curieux ignorait l’ancienneté des relations entre l’Empire des Romanoff et celui des Alaouites, puisqu’elles remontent à 1777 lorsque le sultan Mohamed III Ben Abdallah et la tsarine Catherine II la Grande se mirent d’accord, par diplomates interposés, pour s’ouvrir mutuellement leurs ports respectifs. Une chose rare à l’époque. 

    Dans cet esprit, la Russie impériale inaugura un consulat à Tanger en 1897 et, après la Révolution bolchévique de 1917, nombre de Russes blancs, fidèles au tsar, vinrent offrir leurs services à Moulay Youssef et au maréchal Lyautey. Des églises orthodoxes furent édifiées à Rabat et Casablanca. Dans la nécropole chrétienne de Ben-M’sik, à Casa, on peut voir aujourd’hui un carré russe où sont ensevelis plusieurs hauts personnages de la ci-devant Russie tsariste, militaires ou civils. 

    Mais revenons à mon voisin d’avion : s’il ignorait l’accord russo-chérifien de 1777, il en savait long en revanche sur la complémentarité maroco-russe actuelle : l’immense Russie, peu riche en agrumes, tomates et légumes verts* a d’autant plus besoin de ceux du Maroc que l’Union européenne, appliquant les ordres de Washington,  a cessé ses exportations agricoles vers la Russie, coupable, figurez-vous, d’avoir récupéré sa Crimée, comme dans le passé la France récupéra l’Alsace-Lorraine et le Maroc le Sahara atlantique … 

    La Russie de son côté peut être un réservoir inépuisable de touristes pour plages, palmeraies et djebels de Chérifie. Et les voyageurs russes sont réputés pour leur côté fêtard et dépensier, ce qui n’est pas le cas, loin de là, de tous les hivernants ou estivants venus d’Europe occidentale … 

    « Last not least », comme dirait Shakespeare, la troisième rencontre Mohamed VI- Poutine (Moscou 2016, après Casablanca 2006 et Kuala-Lumpur 2003) vient à point nommé pour montrer à l’hégémonique Washington (et à son suiveur Paris) la volonté d’indépendance de la diplomatie marocaine. N’oublions pas que le président Vladimir Poutine, suspect aux yeux de l’Euro-Amérique pour avoir renoué avec une conduite souveraine dans les relations internationales, a été en quelque sorte mis en quarantaine par la Maison-Blanche, l’Elysée et le 10 Downing Street ; le chef du Kremlin a été ainsi traîné dans la boue par nombre de médias occidentaux dont certains sont allés parfois jusqu’à le comparer à un « nouvel Hitler » ( sic) … 

    Sur ce fond géopolitique, alourdi par les arrière-pensées et une bonne part de mauvaise foi des Occidentaux, la clarté du nouvel axe Maroc-Moscou qui se dessine, apporte un peu d’espoir de renouveau et de fraîcheur sur une partie du théâtre international.    •

    * Lors de sa réception par le roi, en 2006, au palais de Casablanca, le convive Poutine redemanda deux fois d’un tajine aux artichauts … 

    Peroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 11.03.2016

  • Guerre totale

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Lundi 7 mars, attaque surprise des combattants de l’Etat islamique contre la petite ville tunisienne de Ben Guerdane, toute proche de la frontière libyenne. Pendant quelques heures, les islamistes prennent le contrôle de la circulation et de la population avant d’être tués ou mis en fuite par les forces de l’ordre. Les assaillants, c’est prouvé, savaient où ils mettaient les pieds : une majorité de Tunisiens, dont certains originaires de Ben Guerdane même et disposant de relais et de complicités sur place. L’attaque, parfaitement organisée, s’inscrivait dans un plan d’ensemble, leur objectif, selon M. Essid, Premier ministre de Tunisie, étant d’« instaurer une wilaya ». Les optimistes diront qu’après tout ils ont échoué, les réalistes que, prospérant sur un terreau démographique inépuisable, cela recommencera : « il y aura d’autres attaques de ce genre […]. Les militaires s’attendent au pire » prévient ainsi Mme Chettaoui, députée tunisienne.

    On peut tirer à chaud deux leçons de l’événement. La première relève de la géopolitique. Si, au vu de nos moyens et de nos intérêts, notre engagement militaire en Irak et en Afghanistan n’était pas souhaitable, si notre politique syrienne est un échec évident, si notre intervention en Libye aura eu les conséquences catastrophiques que l’on sait, il est vital de soutenir la Tunisie. En effet, derrière la Tunisie il y a une Algérie à l’avenir douteux et un Maroc dont le point fort reste l’institution monarchique : imagine-t-on les conséquences dramatiques d’une vague islamiste qui se répandrait au Maghreb pour le plonger dans le chaos ? Des centaines de milliers, voire des millions, de nouveaux candidats à l’immigration; une poussée énorme de la fièvre islamiste sur notre propre territoire. 

    Car, justement, la seconde leçon concerne la France elle-même. Ce qui s’est passé à Ben Guerdane pourrait bien s’y produire directement. Des gens connaissant les lieux, des armes de guerre, des individus « radicalisés », des complicités jusque dans l’armée et la police (où, si l’on en croit certaines notes pourtant étiquetées « confidentielles », le fondamentalisme progresse) : il n’est peut-être pas si lointain le jour où le drapeau noir flottera, même pour quelques heures, sur une « cité » ou un « quartier ». Ce jour-là on regrettera peut-être le traitement socio-psychologique que les bonnes âmes « humanistes » appliquent à l’engagement islamiste. Déradicaliser, même en jouant sur les mots, n’est pas éradiquer : il faudra bien finir par admettre que tout(e) « Français(e) » (quels que soient son âge et son « origine ») qui, de près ou de loin, collabore ou cherche à collaborer avec l’ennemi est un ennemi et le traiter en conséquence, c’est-à-dire d’abord l’empêcher de nuire (…). 

    Essid affirme que la Tunisie est en « guerre totale contre le terrorisme ». La France doit et conforter son propre engagement à ses côtés et se donner à elle-même des moyens plus importants et plus adaptés. Ne comptons pas pour cela sur l’Union européenne. Schengen est un fiasco et Mme Merkel, son accord avec le « Grand Turc » le prouve, ne cherche qu’à sous-traiter au prix fort un mode de fonctionnement plus « convenable » dans la gestion de la migration-invasion qui accable et islamise l’Europe.  

    Encore et toujours, le salut sera d’abord national. 

     

  • Institutions & Démocratie • Drame de l’impuissance !

     

    Avons-nous encore un Etat ? Hormis quelques circonstances de haute tension qui permettent de décider d'autorité de proclamer l'état d'urgence, avons-nous encore un gouvernement ? Contesté, méprisé, sans base populaire, le Système politico-médiatique a-t-il encore prise sur le cours des choses ? Sur France inter, Bernard Guetta pleure presque chaque jour que Dieu fait sur l'effondrement de ses rêves les plus chers : L'Union Européenne, les printemps arabes, la démocratie partout, la paix universelle ... La géopolitique réelle trahit la géopolitique légale et elle en meurt de tristesse. Il s'agit là de l'extérieur. A l'intérieur, c'est Thomas Legrand qui est, sur la même radio, le grand prêtre du Dogme et du Système. Il fallait bien cette symétrie. Et voici que, malgré son obstination et sa logique à œillères, Thomas Legrand ne peut plus ignorer le déclin, inexorable, semble-t-il, du Système. Il en résulte des chroniques matinales de profonde déploration, à la tonalité dépressive, qui constatent l'atmosphère de fin de règne, en matière politique et institutionnelle. Telle celle du 10.03 que nous reproduisons ici parce qu'elle est typique du climat régnant et qu'il est somme toute assez délectable d'entendre cette litanie de causes perdues, pour ceux que l'effondrement du Système ne ferait pas pleurer... LFAR   

     

     

    Le texte de Thomas Legrand

    Oui, il parait maintenant évident que la loi El Khomri sera au mieux (pour ses promoteurs) diluée dans un compromis de type édredon à réformes. Mais l’impuissance du Président se manifeste aussi avec l’affaire de la déchéance de nationalité. Vous vous souvenez que les députés avaient largement adopté un texte de compromis (pas édredon celui-là) qui prévoyait la déchéance de nationalité sans référence à la bi-nationalité, contre les terroristes condamnés, quitte à créer quelques apatrides. Le caractère indivisible de la citoyenneté était préservé, au moins, dans la Constitution. C’était, dès lors, au tour du Sénat de se prononcer. Il faut que les sénateurs votent exactement le même texte que les députés afin que le Président puisse convoquer le Congrès à Versailles pour modifier la Constitution. Le vote au Sénat va avoir lieu dans les prochains jours mais déjà la commission des lois du palais du Luxembourg a largement modifié le projet. Elle réintroduit par exemple la notion de bi-nationalité. Du coup, tout laisse penser que la déchéance sera enterrée. 

    Donc, là, c’est la droite qui bloque le texte…

    La droite sénatoriale, oui. Et derrière ce blocage, il faut voir l’influence de la primaire, et plus particulièrement de la guerre Fillon/Sarkozy. Nicolas Sarkozy ne veut  pas que son camp fasse obstacle à la déchéance, mesure réclamée de longue date par l’UMP puis LR. François Fillon, lui, veut faire échec à la réforme et à Nicolas Sarkozy. Il veut briser ce compagnonnage de circonstance et d’intérêt entre l’ancien et l’actuel président. Les amis de Fillon, très représentés au Sénat, ont donc suivi son conseil et désobéi à Sarkozy en proposant une mouture inacceptable par l’Assemblée. Si la stratégie des sénateurs fillonnistes, décidée en commission, se confirme en séance – et ce sera vraisemblablement le cas- la réforme de la déchéance, annoncée solennellement à Versailles par le président le 16 novembre, sera définitivement enterrée ! Manuel Valls aura raison de dire que c’est à cause de la droite. Mais, au passage, ce qui est paradoxale c’est que les sénateurs (donc la droite) bloquent le texte en proposant aux députés (donc aux socialistes) une mouture très proche de ce que proposait le président au départ ! Le plus absurde dans cette histoire, c’est que c’est en partie à cause de cette affaire de déchéance (qui a choqué les forces vives de la gauche) que le lien entre François Hollande et le cœur électoral de sa majorité a été rompu. Alors qu’au bout du compte l’extension de la déchéance ne se fera même pas ! Mais cette histoire a largement nourri le contexte très défavorable et de défiance, dans lequel la Loi-travail risque de s’échouer. On en arrive à ce que le Président et le premier ministre usent à ce point leur crédit, même pas en raison de ce qu’ils font mais simplement de ce qu’ils annoncent et n’arrivent pas à faire. C’est le comble de l’impuissance qui ne fait que conforter cette idée, selon laquelle, après 12 ans du Roi fainéant Chirac, 5 ans de vaine agitation sarkozienne et 4 ans de Hollande inopérant, notre façon de faire de la politique, sans doute nos institutions, sont exténuées… au bout du rouleau.

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Société • Grossièreté des politiques : SOS Education écrit à « la » ministre ... Bravo !



    logo_sos copie.jpg« Madame la ministre,


    Mes élèves à moi apprennent à dire "wesh", "nique", "encule", "salope" dès le primaire.

    Mes élèves à moi grandissent très souvent dans des familles où les parents ne parlent pas français, et où le summum de la réussite consiste à passer manager chez KFC.

    Mes élèves à moi n'écoutent pas Boris Vian et Desproges, ignorent l'existence de Bach et Mahler. Mes élèves à moi n'ont droit qu'à Booba, La Fouine, Orelsan et Gradur.

    Mes élèves à moi doivent passer dix minutes sur chaque vers de Du Bellay pour espérer comprendre quelque chose. Parce que leur référentiel principal, c'est Nabila et Touche pas à mon poste.

    Mes élèves à moi poussent dans un environnement où les filles doivent dès la 6eme s'habiller et se comporter en bonhommes, ou se voiler, si elles veulent avoir la paix.

    Mes élèves à moi découvrent le porno bien avant d'avoir la chance de rencontrer Balzac.

    Nos élèves, madame la ministre, comprennent que s'ils veulent s'en sortir, accéder aux postes que leurs talents et un travail acharné leur feraient mériter, ils doivent d'abord se défaire de leur codes vestimentaires et langagiers, découvrir les pronoms relatifs, atteindre le pluriel et le passé simple, se reposer sur le subjonctif. Ils savent, croyez-moi, madame, que si je m'escrime à leur faire répéter dix fois une phrase avec la bonne syntaxe et le ton juste, c'est parce que je refuse que nos lâchetés et nos faiblesses fassent d'eux ce que la société imagine et entretient : des racailles, des jeunes privés d'avenir car privés d'exigences, de langue, de style, de beauté, de sens, enfin.

    Nous luttons quotidiennement au milieu de nos gosses de REP et REP+ contre les « salope ! », « sale chien ! », « tu m'fous les seum !». Nous luttons pour leur donner une noble vision d'eux-mêmes quand tout pousse au contraire à faire d'eux des êtres hagards, décérébrés, violents. Nous tentons de leur transmettre le Verbe, dans un monde qui ne leur offre qu'Hanouna et Ribéry. Nous ne passons pas nos journées à jouer les thuriféraires de la pensée unique, rue de Grenelle, nous. Nous ne nous faisons pas de courbettes entre deux numéros de cirque à l'Assemblée Nationale. Nous avons les pieds dans la boue, une boue qui nous donne quelquefois la nausée, tant nous sommes seuls, et isolés, et décriés, tant notre tâche paraît ridicule et vaine.

    Quand donc, à la radio, madame la ministre, vous lâchez votre « bruit de chiottes », en bonne petite bourge qui ne voudrait pas avoir trop l'air d'être loin du petit peuple, qui ne voudrait surtout pas faire le jeu de cet abominable élitisme dont tout le monde sait que notre société crève, n'est-ce pas, quand donc vous vous soulagez verbalement, ce n'est pas tant votre fonction que vous abîmez : c'est notre travail auprès des élèves, nos mois d'épuisement et leur espoir, nos années de travail et leurs efforts, nos séances passées à essayer de leur dire que ce n'est pas parce que ce monde-ci est laid qu'il faut lui ressembler.

    Vous avez réussi, en quelques mois, à démontrer avec éclat votre conformisme, votre arrogance, votre paresse intellectuelle. Nous n'ignorions rien de tout cela. Désormais, nous savons que vous êtes aussi vulgaire. On ne vous mettra pas de 0/20, puisque vous avez aussi décidé que l'évaluation, c'était mal, péché, Sheitan, vilainpasbeau. Vous aurez simplement gagné le mépris absolu de milliers d'enseignants qui bien souvent, eux aussi, quand ils sont un peu à bout, aimeraient en lâcher une bonne grosse bien vulgaire, en classe, mais se retiennent, par souci d'exemplarité. »

    Je crois que l'on ne saurait mieux dire... n'hésitez pas à faire suivre ce message à vos amis ! 


    Claire Polin
    Présidente de SOS Éducation 

    [Merci à Jean-Louis Faure] 

  • Chants • Vers un Folk-Song traditionaliste ?

     

    1103938102.jpgVoici, ce dimanche, sous forme numérique, le carnet de chants dont l'introduction a pour titre : Vers un Folk-Song traditionaliste ? 

    Les anciens, des années 1970 et suivantes, y retrouveront, simplement, la matière de leurs veillées, de leurs repas, de leurs rencontres d’autrefois. Et, bien-sûr, des Camps Maxime Real del Sarte. Souvent, ils connaissaient ce vaste répertoire – le connaissent encore - presque entièrement par cœur.

    Mais, aussi ce carnet peut sans-doute être utile à la génération d’Action française d’aujourd’hui. Il n'est pas indifférent, nous semble-t-il, que la connaissance, la pratique de ces chants, du moins les plus beaux, soient transmises et maintenues.

    Nous avons conservé à ces pages militantes leurs imperfections d’origine, caractéristiques des techniques de l’époque (1972) : maquettes papier, stencils électroniques, tirage à la ronéo … Traits tordus, lettres baveuses, transparences : on ne s’en étonnera pas. Mais par delà tout cela, de très anciens refrains se sont trouvés ainsi ressuscités ; les illustrations sont choisies avec goût ; les textes sont beaux, parfois superbes ; l’ensemble à l’image des multiples talents de l’auteur de ce travail.

    Les chants eux-mêmes sont de qualité inégale ; certains s’expriment avec la violence propre à leur époque ; nous n’en reprendrions pas aujourd’hui tous les termes, toutes les outrances ; mais ils reflètent une histoire, des luttes et, même, des illusions passées ; d’autres sont purement de circonstance, sans valeur pérenne : sauf pour l'anecdote, leur intérêt est passé ; il reste les très beaux chants puisés aux sources de la Tradition, celle qui ne passe pas. « La fuente permanece » disent nos amis espagnols. La source demeure. Chacun, dans ce très grand nombre de chants (autour de 80), fera le tri de ceux qui ressortent de cette permanence française.   

    Signalons, enfin, que cet épais carnet de 115 pages est bourré de citations qui ajoutent à l'épaisseur historique, politique, française des plus beaux de ces chants et les relient, précisément, à notre tradition. On aura grand intérêt à les lire, à les graver dans nos mémoires. 

     

    2301381958.2.jpg Liens

    Vers un Folk-Song traditionaliste ?

    C H A N T S 

    (Peut être téléchargé et imprimé)

     

     

  • Livres • A propos de la Grande Guerre

     

    par CS 

     

    DeGaulle.jpgDe Gaulle ou la possible reddition

    Et si cette blessure était la plus intime du général de Gaulle et qu’il avait eu du mal à l’accepter ? La blessure ? Sa capture par les Allemands lors de la bataille de Verdun le 2 mars 1916, alors qu’il se trouve près du Fort de Douaumont à la tête de ses hommes. Est-ce une capture ou bien une reddition ? L’auteur ne tranche pas. Il essaie de reconstituer le fil des événements. Il essaie de savoir ce qui s’est passé. Comme certains supposent, le Capitaine De Gaulle, appartenant alors à la 10e Compagnie du 33e Régiment d’Infanterie a-t-il hissé le drapeau blanc ? Ou bien cette capture est-elle consécutive à un combat féroce auquel le futur chef de l’Etat aurait été blessé ?

    Le Général lui-même s’est expliqué sur cet épisode qui s’est passé pendant l’enfer de Verdun (plus de 300 000 morts) et qui lui a valu 50 mois de captivité dans différents oflags. Il n’en a tiré aucune gloire et a même cru, pendant un moment, que sa carrière en serait brisée. Toujours est-il que cette captivité lui a permis de lire, d’écrire, de structurer sa pensée et ainsi de devenir l’un des protégés du maréchal Pétain avec lequel il prendra ses distances pour une distance de droit d’auteur. Une distance qui prendra des allures de rupture

    A travers ce livre bien documenté, l’ancien journaliste Jean-Baptiste Ferracci, tord le cou à quelques fausses idées, notamment celle qui veut que Philippe De Gaulle ait eu Philippe Pétain comme parrain, même si l’hommage du capitaine au Maréchal est évident. Il ouvre surtout un débat qui n’est pas près de se refermer. Un ouvrage fouillé, intéressant et parfois troublant. 

    De la capture à Verdun à la rupture avec Pétain / Une autre histoire de Charles de Gaulle. Jean-Baptiste Ferracci, éditions de Paris, 130 pages, 18 euros.

    Poilus.jpgBouquin Poilus

    Roselyne Bachelot, Dominique de Villepin, Michel Rocard, Jean-Yves Le Drian et certainement bien d’autres hommes et femmes politiques doivent leur engagement dans la vie publique à la Première Guerre mondiale. Car la plupart d’entre eux ont connu leurs grands-pères, ces Poilus qui ont fait la Marne, Verdun, les Dardanelles, le Chemin des Dames. Tous ou presque ont vu leur enfance bercée par ces récits de guerre, ces histoires souvent terribles et tout aussi souvent tues qui ont forgé leurs convictions.

    C’est à une véritable enquête que se sont livrés les deux journalistes, Caroline Fontaine et Laurent Valdiguié, réussissant le tour de force de faire replonger certains de ces puissants gouvernants dans les archives de leur famille, quitte à ce qu’elles découvrent la vérité sur des secrets bien gardés. C’est le cas de l’actuel ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian dont un des grands-pères est « mort de boisson » mais qui s’est révélé être un valeureux soldat. Tout aussi inattendue est l’histoire d’un des deux grands-pères de Michel Rocard qui a croisé le chemin d’Hermann Goering. Plus cruelle et compréhensible est celle d’un des aïeux de Cécile Duflot (son arrière-grand-père) qui répétait souvent : « Au cul ! Vous pouvez vous les foutres au cul les médailles ». Une certitude : tous ceux qui ont répondu aux demandes des auteurs sont fiers de leurs ancêtres et reprennent leur héritage à leur compte. Nous voilà rassurés. 

    Mon grand-père était un
 poilu – Caroline Fontaine et Laurent Valdiguié, éditions Tallandier, 240 pages, 18,90 euros.

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Obsèques de Gérard de Gubernatis, ce lundi à Nice

    Gerard_De_Gubernatis_1970-71.jpgLes obsèques de Gérard de Gubernatis seront célébrées ce lundi 14 mars à 14 heures en la Cathédrale Sainte Reparate de Nice.

    Lire Gérard de Gubernatis, c'était un Camelot du Roi : il vient de nous quitter

  • Société • « La grille idéologique des nouvelles féministes les empêche de se saisir des vrais combats »

     

    Par Eugénie Bastié 

    Le 8 mars a été célébré la « journée de la femme ». Trente ans après la mort de Simone de Beauvoir, le féminisme a-t-il encore un sens ? La philosophe Bérénice Levet déplore - dans un fort intéressant entretien donné à Figarovox [08.03] - qu'il soit devenu aveugle aux nouveaux dangers qui guettent la femme, et notamment le communautarisme islamique.      

     

    2960413950.jpgNous célébrons le 8 mars la « journée de la femme ». Trente ans après la mort de Beauvoir, le féminisme a-t-il encore un sens, ou a-t-il au contraire accompli ses promesses ?

    Si le féminisme a encore un sens, ce n'est surtout pas celui que lui attachent les néo-féministes, tributaires d'une grille idéologique qui les empêche de se saisir des seuls vrais combats qu'il y aurait encore à mener. L'égalité et la liberté sont acquises pour les femmes en France. Comment peut-on encore parler, ainsi que le font certains, d'un fondement patriarcal de notre société ? Qu'est-ce qu'une société patriarcale ? Une société où la femme dépend entièrement de l'homme, une société où la femme est assignée à résidence et vouée aux tâches domestiques. Or, si ce monde n'est pas tout à fait derrière nous, si patriarcat il y a encore en France, il se rencontre exclusivement dans les territoires perdus de la République. Là, en effet, les principes d'égalité, de liberté, d'émancipation des femmes sont foulés au pied par les hommes. Là, en effet, certaines femmes sont maintenues dans un état de minorité. Mais ce ne sont pas nos mœurs qui sont coupables mais bien l'importation, sur notre sol, de mœurs étrangères aux nôtres. En sorte que si le féminisme a encore un sens, c'est en ces territoires qu'il doit porter le fer or les femmes qui ont le courage de se dresser contre le patriarcat, contre les interdits prescrits par les autorités religieuses, et dont les frères, les fils se font les implacables sentinelles, se retrouvent bien seules.

    En dehors d'Elisabeth Badinter, qui sait faire prévaloir l'exigence de vérité et le principe de réalité sur toute idéologie, qui ose nommer les seuls ennemis des femmes aujourd'hui en France ?

    Les statistiques sont là pour nous montrer que les inégalités salariales subsistent entre hommes et femmes. La lutte contre les stéréotypes permet-elle selon vous de réduire les inégalités réelles ?

    Ne nous laissons pas intimider par le discours ambiant et ces statistiques qu'on ne manque jamais d'exhiber - la seule arme capable d'impressionner à notre époque, disait Hannah Arendt - qui voudraient nous faire croire que les femmes restent d'éternelles victimes de la domination masculine. Vous parlez des inégalités réelles, mais en dehors des inégalités salariales qui en effet persistent, mais dont les femmes triompheront sans tarder et sans qu'il soit nécessaire qu'une quelconque loi intervienne, quels autres exemples pourriez-vous invoquer ? Aucun. Les dernières élections municipales à Paris mettaient aux prises trois femmes et c'est Anne Hidalgo qui dirige la capitale. Qui a été élu à la tête de l'île de France lors des élections départementales de décembre 2015 ? Valérie Pécresse. Le seul parti politique qui puisse s'enorgueillir de gagner des électeurs est dirigé par une femme, Marine Le Pen et a pour figure montante sa nièce, Marion Maréchal Le Pen. Qui préside à la destinée de France-Culture, de France 2 télévision ou de la Ratp ? Respectivement, Sandrine Treiner, Delphine Ernotte, Elisabeth Borne. Qui vient d'être nommé à la direction du Centre Européen de Recherche Nucléaire ? Fabiola Gianotti. Il faut donc en finir avec cette rhétorique féministe de l'assujettissement.

    L'expression « inégalités réelles » que vous avez employée m'évoque la dernière trouvaille sémantique de notre président de la République qui excelle en ce domaine. A la faveur du dernier remaniement ministériel, le chef de l'Etat a ainsi créé un secrétariat d'Etat à l'égalité réelle - on se croit revenu au temps du marxisme et du combat contre l'égalité formelle, il est vrai que François Hollande doit donner des gages à l'aile gauche de son parti et à ses satellites.

    Il semble que l'objectif primordial des féministes soit de « mettre la femme au travail » et de lui faire réussir sa carrière. La femme qui n'exerce pas de profession pour éduquer ses enfants appartient elle au passé ?

    Tout porte à le croire tant la femme au foyer est aujourd'hui dévalorisée socialement. Les femmes y ont-elles gagné en troquant une injonction contre une autre ? Hier, assignées au foyer, aujourd'hui sommées de travailler…Qu'on me comprenne bien, je ne milite en aucune façon pour un retour des femmes dans la sphère domestique, l'indépendance économique est une immense conquête, elle est la condition même de la liberté. Mais cela ne doit pas nous interdire de nous interroger sur les conséquences quant à l'éducation des enfants, de ce désinvestissement par les deux sexes de l'espace familial.

    Avec la naissance, les parents ne donnent pas seulement la vie, ils font entrer l'enfant dans un monde, c'est-à-dire dans un monde vieux, qui le précède, un monde de significations qu'il faut lui transmettre, lui donner à aimer. Il convient donc de l'y escorter, or, requis par leur carrière, leur épanouissement personnel, les parents se sont délestés de cette tâche. « Les parents modernes, écrit le grand sociologue Christopher Lasch, tentent de faire en sorte que leurs enfants se sentent aimés et voulus ; mais cela ne cache guère une froideur sous-jacente, éloignement typique de ceux qui ont peu à transmettre à la génération suivante et qui ont décidé, de toute façon, de donner priorité à leur droit de s'accomplir eux-mêmes ».

    La crise de la transmission est telle et la déréliction d'une jeunesse abandonnée à elle-même devient si éclatante, que peut-être y aura-t-il un retour de bâton. Que les parents renoueront avec leur responsabilité de parents. Sinon mieux vaut renoncer à mettre au monde des enfants.

    Sous l'impulsion de l'idéologie du genre, il semble que désormais l'horizon du féminisme ne soit plus l'égalité mais l'interchangeabilité…

    Le féminisme s'est égaré en adoptant les postulats du Genre. En ratifiant ce petit vocable, en apparence inoffensif, qui s'est imposé afin de marquer une scission parfaite entre le donné biologique et anatomique (que prend en charge le mot sexe) et l'identité sexuée et sexuelle, qui serait purement culturelle (que désigne le mot Genre), le féminisme s'est littéralement désincarné. Rappelons en un mot l'enjeu de cette théorie. « On ne naît pas femme, on le devient » disait Simone de Beauvoir. Le Genre considère que l'auteur du Deuxième sexe est demeurée comme en retrait de sa propre intuition et en poursuit la logique à son terme : si l'on ne naît pas femme, pourquoi le deviendrait-on ? Si l'identité sexuée et sexuelle est sans étayage dans la nature, dans le corps, dans l'incarnation, bref si tout est culturel, pourquoi ne pas s'essayer à tous les codes, jouer de toutes les identités. Les partisans du Genre se grisent ainsi de l'obsolescence de l'identité ou de la « flexibilité sexuelle » (le Gender fluid) dont les grandes marques de luxe seraient les promoteurs au travers de leur collection de mode.

    Partant, éduquer différemment son enfant selon qu'il naît dans un corps féminin ou un corps masculin, transmettre les normes, les codes que notre civilisation attache à chacun des deux sexes est assimilée à de l'assignation identitaire, du « formatage ». Que l'humanisation de l'homme ait partie liée avec l'inscription dans une humanité particulière nous est devenu inintelligible, que ces codes, ces significations partagées cimentent une société, nous est indifférent. Le Genre travaille assurément à l'interchangeabilité des deux sexes mais plus énergiquement encore, à la désidentification. La nov-éducation, acquise aux postulats du Genre et promue par notre ministre de l'Education nationale, entend parachever un processus commencé dans les années 1970. Après la désidentification religieuse et la désidentification nationale, il s'agit désormais d'accomplir la désidentification sexuée et sexuelle.

    Les féministes ont tardé à s'indigner pour le scandale de Cologne. Au moment où éclatait l'affaire en Allemagne, elles se mobilisaient contre l'absence de femmes dans la sélection du festival d'Angoulême. Que révèle selon-vous ce deux-poids deux mesures ?

    Elles ont plus que tardé, elles sont demeurées muettes et quand elles sont sorties de leur silence, elles ont pris le parti de ne pas s'indigner, comme Clémentine Autain, ou alors à front renversé, à l'instar de Caroline de Haas qui a rageusement invité ceux qui avait l'outrecuidance de rendre publics les faits, à aller « déverser leur merde raciste ailleurs ». Ce deux-poids deux-mesures - qu'on se souvienne également du traitement réservé à Dominique Strauss-Kahn - révèle la déroute du féminisme, son incapacité à être au rendez-vous, son inutilité et son irresponsabilité. Une chasse ouverte aux femmes se produit au cœur de l'Europe, - 766 plaintes sont déposées à la police, dont 497 pour agression sexuelle - et les égéries du néo-féminisme restent impassibles.

    Leur mutisme tient d'abord, mais la chose a suffisamment été dite, au fait que les prédateurs étaient musulmans et qu'entre deux maux - la violence faite aux femmes et le risque d'alimenter le racisme, de « faire le jeu du Front National », - les néo-féministes n'hésitent pas un instant. Elles sacrifient les femmes. La barbarie peut croître, leur conscience est sauve : elles restent du côté de ceux qu'elles ont définitivement rangés dans le camp des opprimés, des réprouvés, des damnés de la terre.

    Leur résistance vient aussi, et ce point me semble décisif bien qu'il ait été peu ou pas relevé, de ce que ces faits les obligeraient à se désavouer elles-mêmes. De quel récit vivent-elles ? De celui de l'éternelle domination des femmes par les hommes. A les suivre, tout resterait à faire, l'égalité, la liberté ne seraient que formelles. Lorsque Kamel Daoud écrit: « Ce que je jalouse dans l'Occident, la seule avance qu'il a comparé à nous, c'est dans le rapport des femmes », elles doivent s'étrangler. Or, si ces événements nous révoltent, c'est pour leur sauvagerie, naturellement, mais non moins pour l'offense faite à nos mœurs en matière de relation homme/femme, des mœurs taillées dans l'étoffe de l'égalité et de la liberté, et notre art de la mixité des sexes : les femmes habitent l'espace public sans hantise de voir les hommes se jeter sur elles comme de proies.

    D'aucuns, comme Kamel Daoud ou Claude Habib, ont vu dans le réveillon cauchemardesque de Cologne le symbole d'un choc des civilisations. Partagez-vous ce constat ?

    Il faut le dire, ces pratiques barbares ne sont pas même d'un autre âge. L'Occident n'a jamais connu de telles mœurs. Jusqu'au XXe siècle, les femmes étaient certes en état de minorité juridique par rapport à leur époux, mais elles n'étaient pas de la chair livrée à l'hallali des hommes. Les hommes ont été « polis » par les femmes, ils ont appris à dompter le désir que l'autre sexe leur inspire, à emprunter tours et détours. Ils n'ont pas exigé que l'objet de leur concupiscence se voile de la tête au pied pour ne pas céder sans délai à la tentation, ils ont appris les règles de la galanterie. Et dans notre imaginaire, il n'est rien qui évoque les scènes décrites par les victimes de Cologne sinon L'Enlèvement des Sabines tel que peint par Poussin qui a su rendre magistralement les sentiments que les femmes allemandes ont dû éprouver le soir de la Saint-Sylvestre, cette peur panique qui s'empare des femmes prises au piège, dans un guet-apens. Bref, ces actes portent atteinte à l'un des biens les plus précieux de notre civilisation, la condition des femmes.

    Nos féministes ne veulent y voir qu'une version, paroxystique certes, d'une menace qui pèserait en permanence sur les femmes. Autrement dit la différence ne serait que de degré, nullement de nature. Or, si ces actes nous terrorisent au sens fort, c'est parce que nous savons qu'ils ne sont pas le fait de quelques hommes particulièrement brutaux et/ou avinés en cette nuit de Saint-Sylvestre, mais qu'ils sont pratiques communes dans les pays du Maghreb et du Moyen-Orient dont ces hommes sont originaires. Ce type d'agression sexuelle de masse a un nom en arabe, Taharrush gamea .Le procès en islamophobie intenté à Kamel Daoud pour avoir eu le courage d'établir un lien entre les agressions sexuelles de Cologne et les mœurs dans lesquelles les agresseurs ont grandi est hautement significatif de la cécité et de l'irresponsabilité à laquelle l'idéologie confine.

    Oui il s'agit bien d'un choc des civilisations, et, ce qui me semble capital, rappel de ce que nous sommes une civilisation et une civilisation qui, après avoir été accablée de tous les maux, accusée de tous les péchés, n'a guère à rougir d'elle-même. Rappel également et spécialement sur ce chapitre des relations entre les hommes et les femmes, de ce que toutes les civilisations ne se valent pas.   

    Eugénie Bastié   

    Bérénice Levet est docteur en philosophie et professeur de philosophie à l'Ecole Polytechnique et au Centre Sèvres. Son essai La Théorie du genre, ou le monde rêvé des anges, préfacé par Michel Onfray, vient de paraître en livre de poche.         

  • Littérature • Rendez-nous les Hussards ! Une certaine idée de la France

    Antoine Blondin et Jacques Laurent (Photos : SIPA)


    Ils avaient la fronde chevillée au stylo-plume et ils vont refaire parler d'eux en cette année 2016, selon  Thomas Morales, dans cette excellente chronique - que nous avons aimée - parue dans Causeur [06.03]. Pour ceux qui n'ignorent pas leur filiation, littéraire et en quelque façon politique, l'évocation des hussards nous rappelle aussi les maîtres de notre esprit et de notre goût. L'expression est de Charles Maurras.  LFAR

     

    thomas morales.pngNous entrons dans une ère de commémorations intensives. En 2016, nous fêtons Verdun mais aussi les 25 ans de la disparition d’Antoine Blondin (1922-1991) et d’André Fraigneau (1905-1991), Kléber Haedens (1913-1976) nous a quittés voilà quarante ans, les éditions de la Thébaïde ressortent vingt-six ans près L’Orange de Malte du camarade Jérôme Leroy et Finkie a fait l’éloge de Félicien Marceau à l’Académie. Les Hussards vivants ou morts, ce grand fourre-tout idéologique, cette famille recomposée où les individualités seront toujours plus fortes que le groupe, ont le vent en poupe. Le 3e Prix des Hussards sera même décerné courant mars par un jury aussi hétéroclite que tonique.

    La droite buissonnière bruisse d’impatience de célébrer ses écrivains chéris. Les vieux anars ne sont pas mécontents de voir, à nouveau, tous ces auteurs réprouvés pointer le bout de leur nez dans les rayonnages. Il paraîtrait même que de vrais cocos frappés au marteau et à la faucille jubilent intérieurement. Lassés par la théorie du genre et la macronisation de l’économie, ils gardent un assez bon souvenir de leurs lectures jadis interdites. Excepté Roger Vailland, la littérature rouge des années 50 était plutôt glaçante, voire carrément emmerdante. Si les odes au camarade Staline ne font plus recette, les mots d’Antoine Blondin, de Roger Nimier ou de Jacques Laurent ramassent toujours la mise au comptoir et dans le boudoir. Comme dirait Audiard, le prix s’oublie, la qualité reste. Seuls les libraires trouvent cette renaissance quelque peu nauséabonde car les stylistes pensent mal et se vendent encore plus mal.

    Foutraque et enivrant

    Nos champions de l’irrévérence n’ont jamais été solidaires de personne. L’humanisme et la bien-pensance leur donnent la nausée, les politiques la colique et les professeurs des aigreurs d’estomac. Toute leur vie, ils auront été d’insupportables réfractaires. Les manuels scolaires ont fini par carrément les effacer de l’histoire littéraire. De la mauvaise herbe à faucher mais qui a tendance à repousser à chaque génération. Le plaisir de lecture se niche dans ce chiendent-là. Un point commun rassemble pourtant tous ces énergumènes non-encartés et non-alignés. Au-delà de la variété de leur style, chacun s’exprimant selon son propre tempo, ils écrivent ou écrivaient tous dans un français gouleyant. De nos jours, une telle prouesse est considérée comme suspecte. En trente ans, l’université a seulement réussi à déconstruire la phrase. On l’a compris, la mauvaise réputation des Hussards, les originels comme les « néo » des années 80, tient en partie à leur positionnement politique brouillon. Car qu’ils soient de gauche, de droite ou des extrêmes, ils ont la fronde chevillée au stylo-plume. On leur dit de marcher droit, ils titubent. Nos diplômés du dernier rang sont en fait à l’image de notre pays. Foutraque et enivrant. En 1975, trois d’entre eux avaient collaboré à un beau livre intitulé La France que j’aime aux Editions Sun.

    Cette histoire vagabonde de notre pays était présentée par Kléber Haedens, légendée par Antoine Blondin et racontée par Cécil Saint-Laurent. Nos trois athlètes de la géographie déployaient des trésors d’inventivité et d’érudition pour faire aimer notre nation. Dans sa préface, Kléber annonçait la couleur : « Beaucoup de Français portent en eux une France à la fois réelle et imaginaire, décrassée des impuretés de la vie, dure et brillante, dorée par le feu de l’Histoire ». Cécil Saint-Laurent enfonçait le clou : « Dépêchez-vous, touristes, de profiter de la France. Car sans le savoir, ce que vous aimez en elle c’est qu’elle tienne son unité de couleur d’une diversité de nuances. Ce merveilleux naturel est en péril. Il est absolument contraire aux normes du monde actuel ». Ces affreux jojos qui passaient pour des réacs étaient les enlumineurs de notre territoire. Et puis, Antoine Blondin, de sa gloriole flamboyante venait dégoupiller quelques formules pétillantes : « Les villes et les villages de la Bourgogne centrale sont coiffés de velours côtelé » ou « En Normandie, les hommes et les chevaux se tiennent par le bras à tous les âges de la vie ». Cette poésie du verbe nous manque cruellement.   

    Thomas Morales
    est journaliste et écrivain

     

    Chez les bouquinistes :

    La France que j’aime de Haedens, Blondin et Saint-Laurent aux Editions Sun.

    L’Orange de Malte de Jérôme Leroy (préface de Sébastien Lapaque et lettre inédite de Michel Mohrt à l’auteur). Aux éditions de la Thébaïde.

  • Grands auteurs • Où Octave Mirbeau juge l'électeur moyen ...

     

    375px-Mirbeau-La_Greve_des_Electeurs.pngL'électeur moyen ... « ce bipède pensant, doué d’une volonté, à ce qu’on prétend, et qui s’en va, fier de son droit, assuré qu’il accomplit un devoir, déposer dans une boîte électorale un quelconque bulletin ».

    « Les moutons vont à l’abattoir. Ils ne se disent rien, eux, et ils n’espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera, et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l’électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des Révolutions pour conquérir ce droit. »

     

    Octave Mirbeau

    La Grève des électeurs

    Le Figaro, 28 novembre 1888

     

  • Gérard de Gubernatis, c'était un Camelot du Roi : il vient de nous quitter

     Gérard de Gubernatis aux Baux de Provence, aux côtés de Gustave Thibon 


    Gerard_De_Gubernatis_1970-71.jpgGérard de Gubernatis est décédé hier, à Nice. Il avait 91 ans. Il a été une grande figure de l'Action française à partir des années 1960. Et c'est avec tristesse, regret, amitié pour ses proches, que nous avons appris sa disparition.  

    Avec une certaine nostalgie aussi pour cette période de l'histoire de l'Action française à laquelle il a pris part, avec sa fougue, son talent, son ardeur qui constituaient cette puissance d'entraînement qui enthousiasmait les foules réunies chaque année, pendant plus de trente-cinq ans, à Montmajour ou aux Baux de Provence, lors de nos rassemblements royalistes de chaque été.

    Brillant avocat, un temps président de l'Union des Jeunes Avocats de France, ancien bâtonnier du Barreau de Nice, Gérard de Gubernatis a occupé une place importante dans sa profession. D'autres que nous diront ce que fut par ailleurs l'homme politique, à la personnalité passionnée, qui fut conseiller municipal de Nice et conseiller régional.   

    Pour quelques uns d'entre nous, il représente surtout de puissants souvenirs de jeunesse qui sont des souvenirs d'Action française. Ceux des séminaires de formation qu'il animait en Provence, des conférences qu'il faisait. Plus tard, l'image que nous garderons de lui est celle de l'orateur très aimé des publics de nos rassemblements. Il les concluait généralement, après Thibon, Michel de Saint-Pierre, Pierre Debray ou Jean Raspail : « Camelots, mes amis ...» et il appelait à l'action.

    Lafautearousseau et la Fédération Royaliste Provençale dont il fut vice-président, présentent à sa nombreuse famille leurs condoléances et l'assurance de leur fidélité à la mémoire de Gérard de Gubernatis.  •

     

  • La Monarchie que nous voulons

     

    Au moment même où nous voyons se réunir, réfléchir, agir, une nouvelle génération d'Action française courageuse, ardente et décidée, qui réveille, en un sens, des énergies plus anciennes, il est bon que l'Action française rappelle et pose ses fondamentaux. S'il y a lieu de les discuter, de les actualiser, sans en renier le fond, il sera toujours temps, ensuite, une fois nos principes posés, d'en débattre et d'en décider. Dans la tradition et dans l'esprit de l'Action française.

    Mardi dernier [08.03], nous avons publié une réflexion utile de Stéphane Blanchonnet* sur ce quadrilatère maurrassien repris des premières publications de Maurras sur la monarchie à réinstaurer pour le salut de la France : Dictateur et Roi, prélude à son Enquête sur la Monarchie, ouvrage qui, publié en l'année 1900, ouvrait le XXe siècle. Voici ce même quadrilatère maurrassien vu par Sébastien L. dans le cahier d'Action française n°3, supplément au n° 2177 d'Aspect de la France du jeudi 31 janvier 1991. Il y a donc 25 ans. L'article porte le titre : La Monarchie que nous voulons. Le rédacteur de ce texte est un jeune militant d'Action française [20 ans, tout juste] de cette période. Il y pose, avec pertinence, nos fondamentaux, selon nous, pérennes.  Lafautearousseau  

     

    MAURRAS 7.JPG« Oui ou non l'institution d'une monarchie traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire et décentralisée est-elle de salut public ? »

    La question que pose Maurras au début de son enquête sur la Monarchie écarte les présupposés, les sentiments et les préjugés. Elle est concise, direct et rationnelle, car c'est sur le terrain de la raison, celui-même sur lequel se croit fondée la démocratie que le Martégal défend et batit la Monarchie. Aujourd'hui, alors que six quarts de siècle nous séparent de la dernière expérience monarchique et que l'idée royale a été systématiquement défigurée par les républicains, nous devons défendre nos idées, retrouver ce ton maurrassien clair, dense, précis, presque socratique, qui seul imposera la monarchie face aux nuées démocratiques. Ainsi avons-nous utilisé le « quadrilatère » maurrassien (une monarchie traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire, décentralisée) pour esquisser, en esprit puis en acte, LA MONARCHIE QUE NOUS VOULONS.

     

    Une Monarchie Traditionnelle

    Pour commencer, il semble indispensable de rappeler que la Monarchie n'a jamais été un modèle fixe, un prêt-à-porter ; elle a su au contraire s'incarner dans différents registres tout en gardant l'esprit qui était le sien. C'est cette continuité à travers les changements nécessaires qui caratérise le vrai sens de la tradition qui, d'après Paul Valéry, « n'est pas de refaire ce que les autres ont fait mais de retrouver l'esprit qui a fait ces choses et qui en ferait de toutes autres en d'autres temps ». Ainsi, nous ne voulons pas restaurer une monarchie figée en un XVIIIéme siècle oublié, mais rétablir ce qui est d'abord un principe, principe d'autorité, de responsabilité et d'unité, et qui saurait s'incarner dans notre propre réalité économique, politique, culturelle et sociale.

    Une Monarchie héréditaire

    L'hérédité du pouvoir est sans doute le principe qui a été le plus attaqué depuis trois siècles. Pourtant que représente-t-il réellement lorsque l'on a écarté toute la mythologie méritocratique ? Il apparaît que l'hérédité a ce premier avantage d'éliminer la compétition pour le pouvoir, c'est-à-dire la radicalisation des conflits d'intérêts. Elle assure ainsi un Etat fort, indépendant et arbitre capable d'entreprendre des réformes administratives, économiques et sociales ou de laisser des libertés aux citoyens, sans craindre d'être toujours renversé. L'hérédité permettra à la nation d'être enfin gouvernée et non plus seulement gérée à court terme comme c'est le cas en république. De plus, le pouvoir étant à l'origine indépendant des forces d'argent, il peut gouverner sans, et même contre elles, et seul le roi héréditaire a pu châtier les Semblançay et les Fouquet que le régime actuel eût laissé courir. Enfin, l'hérédité assure la médiation active du peuple avec ses propres racines historiques : la nation, c'est la naissance, c'est-à-dire la reconnaissance d'une continuité historique.

    Une Monarchie antiparlementaire

    La tradition et l'hérédité étant posées, on pourrait être tenté d'y ajouter une institution parlementaire censée assurer la représentation populaire.

    « A d'autres cette demi-royauté bourgeoise et parlementaire plus décrépite encore s'il le faut » s'écriait Maurras. Le parlementarisme, qui suppose l'existence de partis, est le contraire même de la monarchie qui est faite pour unir. D'ailleurs, le parlementarisme au niveau de l'Etat ne représente personne puisqu'il ne repose pas sur les réalités économiques, politiques et sociales mais sur le jeu formel des partis.

    La Monarchie, au contraire, chercherait une représentation du pays réel par de multiples assemblées locales, culturelles et professionnelles souveraines en leur ordre et capables de défendre les intérêts de leurs membres. Nous n'en voulons en effet absolument pas au vote.

    « L'ancienne France votait beaucoup, précise Maurras, cela est oublié. Cela reste vrai tout de même. On y votait pour quantité d'objets pour lesquels le Français moderne reçoit avec respect le choix et les volontés des bureaux ». Ce à quoi nous en voulons, c'est au système qui regroupe arbitrairement les individus en fonction de leurs opinions ou de leurs options métaphysiques dans le cadre de partis peu adaptés à la juste détermination de l'intérêt général. Et c'est pourquoi nous luttons pour la restauration d'une monarchie antiparlementaire où, les Français pourront, grâce à de multiples assemblées fédérées par un pouvoir indépendant, être représentés dans leurs intérêts tangibles et concrets, et ainsi passer du stade d'administrés abrutis et atomisés, à celui de citoyens responsables et actifs.

    Une Monarchie décentralisée

    Nous avons parlé de représentation d'intérêts locaux ; en effet antiparlementarisme et décentralisation sont deux caractères indissolublement liés. Nous sommes antiparlementaires parce que partisans d'une renaissance des collectivités locales. Cette volonté de promouvoir les richesses et les diversités de notre pays de façon intégrale est une composante essentielle de notre nationalisme. Nous voulons laisser s'organiser le pays réel en multitude de républiques locales, autonomes et souveraines, compénétrées les unes les autres et capables de prendre en main leur avenir. Mais ces communautés ne peuvent rester liées entre elles sans un tiers-pouvoir. Comme l'expliquait Pierre-André Taguieff, « il doit y avoir un troisième membre qui doit être “hors jeu” en quelque sorte. C'est la monarchie comme pouvoir transcendant, d'où la nécessité que le roi ne soit pas élu ou choisi, mais qu'il vienne d'ailleurs, qu'il soit inconditionnel ».

    Voici posées les grandes lignes de la monarchie que nous voulons, c'est-à-dire la monarchie française adaptée à notre temps.

    N'oublions pas cependant que « l'objet vrai de l'Action française, ce n'est pas, à bien dire, la monarchie, ni la royauté, mais l'établissement de cette monarchie, l'acte d'instituer cette royauté ». Seul notre engagement militant prouvera la possibilité d'une telle restauration, et même son imminence si elle est servie par des citoyens actifs, prêts à mourir avec joie, avec bonheur, pour notre Sire le roi de France. 

    * Le Quadrilatère maurrassien vu par Stéphane Blanchonnet.

    Merci à Philippe Lallement qui nous a transmis ce texte.