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  • L’Union agonise ? Vive l’Europe !

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Les temps sont durs pour les idéologues utopistes qui persistent à confondre l’Europe avec la toujours plus improbable Union européenne. « Je n’aime pas Bruxelles. J’aime le Royaume-Uni », répète volontiers M. Cameron. Voilà qui tranche de façon salutaire avec les propos calamiteux de M. Guetta qui, fustigeant la « lâcheté » de gouvernements européens accusés de ne pas en faire assez pour les « migrants », conclut piteusement qu’« on voit mal comment une telle débandade ne déboucherait pas sur un « Brexit » et comment l’addition de ces deux échecs n’en précipiterait pas d’autres »  (France Inter, vendredi 26). Il est pourtant bien naturel que plus personne ne veuille de ce que M. Géli (Le Figaro) appelle un « espace de libre circulation à l'échelle du continent, devenu ticket d'entrée gratuite pour les réfugiés du Moyen-Orient et […] les exilés économiques venus de partout. » L’Union s’est en fait définitivement décréditée en acceptant et même en favorisant par l’attitude irresponsable de Mme Merkel ce que les peuples ressentent comme une invasion déguisée. Ce sursaut populaire et légitime de méfiance et d’hostilité prouve que les vieilles nations ne veulent pas mourir et même qu’elles sont les seules composantes de ce que devrait être la véritable Europe. Le péché originel de l’Union est de l’avoir oublié, en voulant croire que France ou Italie, Pologne ou Espagne pouvaient être considérées comme des Etats aux frontières géométriques et à l’Histoire inconsistante.  

    Certains peuvent bien penser que le « Brexit » ne changerait pas fondamentalement la situation des Britanniques, lesquels n’ayant jamais été complètement dedans ne seront sans doute jamais complètement dehors. De fait, l’important est plutôt dans les conséquences immédiates pour l’unité des vingt-huit au regard de l’alternative proposée. Première possibilité, la Grande-Bretagne sort par souci d’indépendance nationale (« Les lois qui gouvernent les citoyens de ce pays sont décidées par des politiciens d'autres nations qui n'ont pas été élus et que nous ne pouvons pas mettre à la porte », rappelle le garde des Sceaux, M. Gove), ce qui constituerait un précédent pour le moins fâcheux : on évoque déjà ainsi un possible « Czexit », comprenez un retrait de la République tchèque, si l’on en croit le Premier ministre, M. Sobotka (« Si la Grande-Bretagne quitte l’UE, [il y aura] un débat sur le retrait de la République tchèque », Agence CTK). Seconde possibilité, la Grande-Bretagne reste, grâce à ce que M. Cameron prétend avoir obtenu en matière de « préférence nationale », ce qui, pour le coup, constituerait une onde de choc encore plus dangereuse pour l’Union car plus question alors de menacer au nom de prétendues valeurs les pays qui rejettent la programmation d’une immigration invasive (comme la Pologne, la Tchéquie, la Slovaquie ou encore la Hongrie dont le Premier ministre, M. Orbán a d’ores et déjà annoncé un référendum sur les quotas de migrants). 

    Une Union européenne qui, dans les deux cas se déferait : pour une fois, M. Guetta pourrait avoir raison dans ses prédictions; et ce serait tant mieux, tant il est évident que l’Union n’est qu’une grossière caricature et que l’Europe ne peut avoir d’existence que sur la base de son essence même c’est-à-dire les nations qui la composent. 

     

  • Disparition de Boutros Boutros-Ghali : un scribe égyptien qui incarna le rêve français

     

    Ancien membre du cabinet de l'Egyptien Boutros Boutros-Ghali, Paul-Marie Coûteaux* rend hommage à l'intellectuel francophile que fut cet ancien secrétaire général de l'ONU, dans une intéressante tribune pour Figarovox.[26.02]. On pourra en discuter certains points et, sans-doute, en apprécier le fond.  LFAR

     

    imagesIFB2VAG7.jpgAprès tant et tant de voyages, de combats et d'épreuves, Boutros Boutros-Ghali eut l'ultime consolation de mourir au Caire, dans son pays, parmi les siens ; malgré les atteintes de l'âge, il était toujours, à 94 ans, débordant d'esprit, de cœur et d'un goût insatiable pour le travail, qui firent de ce grand scribe d'apparence frêle et d'une impeccable élégance, une personnalité connue et respectée dans le monde entier, en particulier dans l'univers francophone, en France et bien entendu en Egypte.

    Copte (ce mot, désignant les Chrétiens d'Egypte veut dire en fait Egyptien - en grec Aeguptios), il eut pour grand père un Premier ministre (Pacha) qui, seul de ses coreligionnaires à occuper de si hautes fonctions, se signala par sa francophilie, introduisant notamment des pans entiers du code civil français dans la législation égyptienne avant d'être assassiné par un fanatique musulman ; son père, Youssef, élevé chez les dominicains de Sorèze, appartenait à cette génération où, en signe d'indépendance, on s'adressait au mandataire anglais en français. Boutros fit des études de droit, en bonne partie à Paris, avant de devenir professeur d'université puis ministre d'Etat aux Affaires étrangères sous la présidence d'Anouar El Sadate qu'il aida à mener une politique de paix avec Israël, enfin vice-Premier ministre. En 1991, le soutien des pays non alignés qui appréciaient qu'il se soit fait, de conférences internationales en colloques de juristes, le chantre d'un monde bipolaire, celui de la plupart des pays d'Afrique et de la France lui valurent d'être élu Secrétaire général des Nations Unies ; ceci à la barbe des Anglo-Saxons, pris par surprise grâce à l'habilité d'une diplomatie française plus vigilante qu'on ne croit - et notamment à l'action de l'ambassadeur de France Alain Dejammet. Après un mandat ambitieux mais tumultueux au cours duquel, profitant de la fin de la guerre froide qui l'avait longtemps bloquée, il tenta de donner à l'Organisation universelle un rôle conforme à sa Charte, et après s'être heurté à de multiples reprises à la politique de Washington et son intraitable ambassadrice Madeleine Albright, il fut le seul Secrétaire général auquel un second mandat fut refusé : en 1996, alors que 14 des 15 membres du Conseil de Sécurité votèrent pour sa réélection, un contestable véto états-unien en décida ainsi.

    A 75 ans, cet infatigable travailleur que les distractions ne distrayaient guère, ne posa pas pour autant son sac : élu en octobre 1997 Secrétaire général de l'Organisation de la Francophonie, organisation trop mal connue qui pourrait jouer un grand rôle si seulement la France la prenait (et se prenait elle-même) au sérieux, il s'attacha à en faire un ensemble politique capable de faire entendre sur la scène internationale, en une autre langue, une autre voix. C'était le prolongement naturel et l'on pourrait dire familial d'une des missions qu'il se donna à l'ONU qu'il voulut arracher à l'unilinguisme - pour avoir eu l'honneur d'être sa plume à New-York, où il s'appliquait, à la différence de biens des officiels français, à parler « dans l'autre langue de travail » aussi souvent qu'il le put, je témoigne que cet engagement faisait plus que grincer les dents locales… Sur l'enjeu de la bataille linguistique dont j'ai alors vu chaque jour l'acuité, l'Egyptien avait dit l'essentiel à l'écrivain Peroncel-Hugoz : « Le français est la langue du non-alignement ».

    Il est regrettable que la France, déplorablement peu représentée à ses obsèques le 18 février, ne se soit pas davantage associée au touchant hommage que lui rendit une Egypte arrachée à la dictature islamiste soutenue par les Etats-Unis et actuellement remise sur sa voie nationale par le général Sissi. Car c'est sans nul doute la grandeur d'un personnage que tout, l'héritage familial, la stature de grand juriste international et la culture très parisienne prédisposaient à incarner une troisième voie, celle du « tout politique » opposée à la fois au « tout religieux » et au « tout marché » dont les excès conjugués mettent le feu à la terre entière - troisième voie qui est aujourd'hui tout l'enjeu de la francophonie et serait, si elle le voulait encore, la mission de la France dans le monde. Copte, il éprouva très tôt le fanatisme religieux, que seuls contiennent la raison, la démocratie et le droit. Juriste, fait professeur honoris causa par 18 universités sur quatre continents (aucune aux Etats-Unis), il crut au droit pour régler les relations entre les nations. Dans un mémorable discours prononcé non sans audace au Québec en 1992, il affirma que les souverainetés nationales (protégées, mais aussi coordonnées, pour ce qui dépasse leurs marges d'action, par une Organisation universelle, et par ce qu'il nommait « les ententes régionales », sujet de sa thèse) demeuraient la pierre angulaire d'un monde en ordre, et autant que possible en paix : on le vit dans le grave épisode de l'établissement de relations diplomatiques avec Israël, qu'il relate dans un de ses livres, « Le Chemin de Jérusalem » où l'on voit sa confiance, que nous avons bien tort d'avoir perdue, en une solution politique au conflit israëlo-arabe, contre les divers faucons et les fondamentalismes, deux fanatismes qui ne sont qu'apparemment des adversaires. Penseur, mais aussi artisan infatigable de l'équilibre mondial qui le porta à défendre sur toutes les scènes le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, sans peur d'affronter droit dans les yeux la super-puissance, il fut une sorte de gaulliste mondial. Sur cet immense et multiforme effort pour humaniser le monde, lisons la très complète biographie que lui a consacrée l'an dernier Alain Dejammet (éd. Alain Bonnier), et saluons la mémoire d'un vieux scribe égyptien qui fut l'une des plus belles incarnations du rêve français. 

    Paul-Marie Coûteaux           

    Paul-Marie Coûteaux est directeur des Cahiers de l'Indépendance. Il fut le conseiller de Boutros Boutros-Ghali de 1991 à 1993. 

  • Neuvième année bientôt en cours ... Comment allons-nous ?

     

    Depuis sa création [28.02.2007], nos lecteurs se sont toujours intéressés à la progression de Lafautearousseau et en ont été tenus informés. Nous continuerons de le faire, notre lectorat constituant, au moins dans sa plus grande part, une désormais assez vaste communauté d'idées, dont l'amitié d'esprit, parfois l'amitié tout court, sont le ciment.

    Disons tout d'abord que Lafautearousseau continue de progresser régulièrement. Et plutôt que de donner une série de chiffres comme nous l'avons fait souvent, précisons simplement, pour marquer une tendance plutôt qu'un instantané, qu'au cours des trois derniers mois [novembre, décembre et janvier] l'audience de Lafautearousseau a été de 15% supérieure à celle des trois précédents. 

    Ce dont nous voudrions faire part ici, c'est de trois faits précis, significatifs et récents :

    kathedrale-lodz-polen-37077012.jpg Le premier atteste de l'intérêt que suscite Lafautearousseau hors de nos frontières, que ce soit de la part de Français expatriés, ou d'étrangers qui, d'une certaine façon, se rattachent à notre famille de pensée ou souhaitent s'en informer. Nos outils statistiques nous indiquent l'ensemble des pays, nombreux et dans le monde entier, d'où nous sommes regardés et lus. Mais il y a parfois intérêt et de plus adhésion. Ainsi, la liste des localités d'où des dons nous sont parvenus, mentionne désormais la ville de Lodz, en Pologne, d'où un citoyen polonais, nous a adressé récemment un chèque de soutien d'un montant non-négligeable. Qu'il en soit remercié. Et surtout remercié de nous avoir manifesté ainsi son adhésion aux idées que nous tentons d'illustrer ici, dans la tradition du royalisme français et dans un esprit d'Action française. 

    philippe%20de%20saint%20robert%205.jpg Un autre soutien nous a touchés. Il est lui aussi récent et nous est précieux parce qu'il émane d'un homme dont nous respectons depuis longtemps l'œuvre, le style et la pensée : il s'agit de Philippe de Saint Robert qui, avec sa participation pour Lafautearousseau, nous a adressé ces simples mots : « Bravo pour votre site et, surtout continuez ». Inutile de dire que, venant de lui, nous en sommes honorés. [Philippe de Saint Robert - Wikipédia]

     

    aubagne20vielle20ville.jpg D'un lecteur ami ancien résidant à Aubagne, nous recevons, aussi, avec un chèque d'un montant qui n'avait rien de modeste, les lignes suivantes qui nous touchent encore : « le 26 janvier, Chers amis, Voici, ci-joint, ma modeste contribution au développement de votre site d'informations que je lis chaque jour avec un immense plaisir. Je vous souhaite une excellente année 2016, pleine de santé et de bonheur pour vous et vos familles. Longue vie au site lafautearousseau ! Avec mes amitiés ». Nos remerciements et nos amitiés.

    Ajoutons pour conclure que c'est, à ce jour, de 61 villes et localités réparties sur tout le territoire français, que des dons nous sont parvenus. On peut en consulter la liste, tous les jours sur Lafautearousseau. Elle rend compte à la fois de l'intérêt de nos lecteurs pour notre quotidien et de son implantation nationale. 

    Le lecteur tirera des quelques informations qui précèdent les conclusions qui lui paraîtront convenir. Quant à nous, elles nous encouragent à poursuivre notre travail, souvent très prenant, pour réaliser au quotidien un site qui nous semble faire œuvre vraiment utile.  Lafautearousseau  •

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Patrimoine • Chantier de rénovation à la Maison Louis XIV de Saint-Jean-de-Luz

     

    C'est Sud-Ouest qui rend compte de cette restauration d'un élément précieux du patrimoine de Saint-Jean-de-Luz et de la côte basque.

    Il s'agit d'une magnifique demeure du XVIIe siècle, Lohobiague-enea, plus connue sous le nom de Maison Louis XIV, située près du port, dans le centre névralgique de Saint-Jean-de-Luz, la place Louis XIV.

    Elle fut construite en 1643 par un riche armateur, Joannis de Lohobiague, dont la famille possédait plusieurs bateaux de pêche et pratiquait la Course. Caractérisée par ses 2 tourelles d’angle coiffées de toits en ardoise, sa façade principale en pierre, de style classique, est dite façade Louis XIII.

    9 juin 1660 … Lohobiague-Enea est intimement liée au mariage de Louis XIV avec Marie-Thérèse d’Autriche, Infante d’Espagne, puisque c’est dans cette maison que logea le jeune monarque pendant plus d’un mois. On peut Imaginer l’activité de la maison durant toute cette période : Louis XIV y vivait en suivant les règles de l’Etiquette, et messagers, seigneurs, courtisans ou hommes d’Eglise entraient et sortaient régulièrement.

    Actuellement, elle appartient toujours aux descendants de l’armateur qui l’ouvrent aux visiteurs une partie de l’année et qui ont su conserver précieusement le mobilier.

    Sur la restauration en cours, Sud-Ouest a publié une information détaillée [10.02]dont nous reprendrons un passage. Une confirmation de plus de la passion des Français pour leur patrimoine historique.

     

    logo-sud-ouest.jpg.pngDans combien de générations de Luziens faudra-t-il recommencer ? Aucun des vivants d'aujourd'hui ne devrait, en tout cas, avoir l'occasion d'assister à une opération semblable à celle qui s'est jouée mardi sur la plus célèbre des demeures de Saint-Jean-de-Luz, Lohobiague Enea.

    Les travaux d'entretien et de rénovation de la Maison Louis-XIV, bâtie en 1643 ne s'achèvent jamais vraiment. Chaque année, Henry Leremboure, l'héritier passionné de la famille Lohobiague, programme avec les services de l'État un plan des opérations à effectuer sur le Monument historique (les propriétaires financent 35 % des travaux ; la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) 40 % ; le Département 15 % et la Ville 10 %). Elles sont plus ou moins importantes, plus ou moins visibles, plus ou moins complexes selon les crus. « Cette fois on a fait le ravalement de la façade sud, côté port. Mais surtout, on a eu l'autorisation de restaurer le garde-corps en fer du balcon de la place Louis-XIV. »

     

  • Economie & Littérature • Codex laboris

     

    par Ph. Delelis

     

    J’avais suivi mon maître de stage, Guillaume, Conseiller d’État, jusqu’à l’Hôtel du Châtelet, rue de Grenelle. A peine une demi-heure après notre arrivée, un fonctionnaire légèrement voûté nous avait fait pénétrer dans les entrailles du ministère du travail. Sous sa direction, nous avions arpenté galeries et corridors jusqu’au bureau de Georges, le chef de bureau de la réglementation. Il était aveugle mais je n’osais attribuer son caractère taciturne à ce léger handicap car, d’une part, c’était interdit par la loi et, d’autre part, il y avait beaucoup de contre-exemples. Mon maître rappela le but de la mission que lui avait confiée le gouvernement : il fallait radicalement simplifier le droit du travail. À cet effet, il avait proposé le texte suivant au Premier ministre :

    Art. 1er – Le code du travail est abrogé à compter du [Compléter].

    Art. 2 – À compter de la date mentionnée à l’article 1er, Le code civil régit les relations de travail.

    Son projet avait été refusé, mais l’idée générale avait séduit : il devait trouver une autre manière de parvenir sensiblement au même résultat. Il s’avéra rapidement que Georges n’avait pas les mêmes vues sur le sujet (si j’ose m’exprimer ainsi) :

    « Le Code est le résultat d’une longue sédimentation, à raison d’une centaine de pages supplémentaires tous les ans, on ne le modifie pas comme ça. C’est très compliqué.
    – C’est justement pour cela qu’il faut tout changer en une fois. Un contrat est un contrat. On verra plus tard s’il faut des ajustements. »

    umberto-eco-fleur-pellerin.jpgCe dialogue de sourds (si j’ose m’exprimer ainsi) aurait pu durer longtemps mais Georges y mit brusquement fin et, saisissant sa canne blanche, nous invita à le suivre. Par une porte dérobée située derrière son bureau nous accédâmes à un escalier étroit et escarpé menant à une grande bibliothèque plongée dans la pénombre. Les murs étaient couverts de livres jusqu’au plafond. Derrière des pupitres faiblement éclairés, des fonctionnaires se tenaient debout, penchés sur des feuillets qu’ils corrigeaient à la plume d’oie.

    « Regardez, voici le Code en pleine évolution. Mes légistes conçoivent ses modifications en fonction des demandes passées, présentes et futures des partenaires sociaux, des ministres, du Premier ministre, du Président, des professeurs de droit social et quelquefois des parlementaires. »

    Georges nous guida jusqu’au centre de la pièce où un magnifique lutrin soutenait un gros ouvrage aux pages non assemblées.

    « C’est le texte consolidé. Lorsque les nouvelles dispositions sont adoptées, on vient les recopier ici. »

    Mon maître se pencha sur l’ouvrage avec le respect qu’éprouvent tous les collectionneurs de livres d’heures et d’incunables.

    « Allez-y, Guillaume, admirez ce chef d’œuvre de plus près, feuilletez le Code… »

    Le Conseiller enfila un gant à sa main droite et commença à tourner les pages. Au bruit, Georges avait compris la manœuvre de Guillaume. Tout en poursuivant son examen, ce dernier demanda avec une feinte indifférence :

    « Les pages sont empoisonnées, n’est-ce-pas ?
    – Comment l’avez-vous deviné ?
    – 1000 pages et 1 million de chômeurs en 1990, 3500 pages et 3 millions de demandeurs d’emploi en 2016. Je veux bien qu’il y ait d’autres explications mais quand même, la plus simple est que ces pages soient empoisonnées. Cela expliquerait aussi que personne ne puisse toucher au code du travail sans graves conséquences. »

    Il fallait être aveugle pour ne pas s’en apercevoir, pensais-je, mais je chassais immédiatement de mes pensées ce dicton aussi illégal que déplacé.

    Georges poussa un cri de rage et renversa le lutrin, ce qui précipita les pages sur le sol. S’agenouillant, il craqua une allumette mais le papier ne prit pas feu. Il essaya à nouveau, voulant absolument détruire les preuves du forfait, toujours sans succès. L’un de ses clercs vint à lui et l’aida à se relever.

    « Ça ne brûlera pas, Monsieur. Le papier est ignifugé. Classé A2 à la suite de la dernière délibération du comité technique ministériel… »

     

    In Memoriam Umberto Eco   

  • Livres • Nouveautés BD

     

    par CS

     

    Dilemma

    Dilemma-227x300.jpgÉgypte, 1937. Un jeune archéologue, Michael Dorffman, retrouve dans une grotte des codex attribués à des philosophes de la Grèce antique : Platon, Diogène, Aristote et Xénophon. La découverte est aussi fascinante que prodigieuse car ces écrits contiennent les visions de ces célèbres philosophes sur l’avenir, en particulier sur cette Seconde Guerre mondiale qui s’annonce. De retour sur le sol allemand, Michael Dorffman ne s’imagine pas que sa découverte va susciter de nombreuses convoitises, en particulier de la part du régime nazi au pouvoir depuis déjà quatre ans et qui fourbit ses armes. Les adversaires des nazis s’intéressent aussi à ces écrits. Le jeune archéologue, ses proches et les codex se retrouvent au cœur de la mêlée. Les deux camps veulent mettre la main sur ces codex pour connaître l’avenir et pourquoi pas pour lui faire emprunter d’autres chemins.

    Entre la Bande-dessinée et le roman graphique, cet ouvrage de 140 pages nous fait plonger dans une histoire uchronique pleine de d’aller-retour entre l’Antiquité et l’entre-deux guerres. La question de fond reste la même : L’avenir est-il écrit, peut-on changer le futur ? Jusqu’à quel point notre avenir est-il écrit ? Pour les bouddhistes, il l’est jusqu’à la moindre virgule. Le monde occidental, plus cartésien, pense que ce sont les hommes qui font l’Histoire même s’ils acceptent une part de déterminisme…

    L’auteur, Frédéric Seron dit « Clarke », nous livre un bon thriller historique qui a la particularité d’avoir deux fins possibles. Quelle que soit la version achetée, l’autre fin est disponible en ligne sur le site du Lombard qui signe ici un joli coup éditorial, pour le moins original. Le lecteur ne se voit pas contraint d’acheter les deux albums.

    Dilemma – Scenario et dessins : Clarke – Editions Le Lombard – 140 pages – 19,99 euros.

     

    Le Garage de Paris – Tome 2

     

    Garage-de-Paris-225x300.jpgAprès un premier tome qui avait été remarqué par la critique (http://www.politiquemagazine.fr/du-nouveau-chez-glenat/), Dugomier et Bazile récidivent en présentant dix nouvelles histoires de voitures populaires. Au nouveau de ce deuxième album : la DS 23 à injection électronique qui aurait pu avoir une autre destinée si elle n’avait été commercialisée en plein choc pétrolier. Le lecteur retrouve également la Dauphine, produite en 1962 et première voiture française à dépasser les deux millions d’exemplaires ; la 404 rouge tango que l’on peut croiser encore sur les routes africaines ; le Type H Citroën de 1955 en version épicier ambulant, fabriqué à plus de 450.000 exemplaires et dont quelques exemplaires subsistent encore ; la mythique Facel Vega dans laquelle Albert Camus et Michel Gallimard trouveront la mort en janvier 1964.

    Les histoires sont bien conçues et reflètent aussi bien l’esprit du constructeur que celui de l’utilisateur. Elles fourmillent d’anecdotes intéressantes et lancent quelques clins d’œil. Ainsi apprend-on que le célèbre dessinateur Franquin, auteur de Gaston Lagaffe, était un fan de DS.

    Les deux auteurs font une concession et une entorse aux voitures mythiques françaises en accordant leurs faveurs à la Jaguar Type E, immortalisée par Louis de Funès dans Le Petit baigneur en lui faisant gagner de nombreux centimètres, mais aussi la célèbre Mini qui connaît depuis quelques années une seconde jeunesse. Entre tendresse et nostalgie, les deux auteurs férus et passionnés d’archives rares nous font revivre l’âge d’or des ces véhicules un peu oubliés. Un album à mettre entre toutes les mains. 

    Le garage de Paris – Tome 2 – Dugomier et Bruno Bazile – Editions Glénat – 48 pages – 13,90 euros.

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Livres • Littérature politique ...

     

    par Ph. Delelis

     

    Les livres des hommes politiques occupent une place de plus en plus considérable dans les librairies. Pas une semaine sans que ne soit mis sur table tel ou tel ouvrage historique, anecdotique, académique, programmatique. C’est là le hic.

    Pourquoi tant d’arbres sacrifiés pour l’édification des masses sur la situation et l’avenir du pays par ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ne sont pas étrangers à l’état dans lequel il se trouve ? Plusieurs réponses possibles.

    1° Prouver qu’ils savent écrire. Improbable. Le style est généralement déplorable et l’usage de « plumes », dans ce genre littéraire, est très largement répandu. Rares sont ceux qui peuvent justifier avoir écrit eux-mêmes leurs ouvrages. A cette fin, certains conservent les manuscrits ou les fichiers horodatés sur leur ordinateur personnel, au cas où on leur les demanderait, mais – hélas – cela ne se produit jamais car les versions imprimées ne sont pas vendues.

    2° Prouver qu’ils savent lire. Explication plus raisonnable même si un journaliste politique avouait récemment qu’il lui arrivait d’interviewer des auteurs qui ne s’étaient pas lus eux-mêmes. Ils se trouvaient fort étonnés des idées qu’on leur prêtait.

    3° Prouver qu’ils savent se repentir. Souvent inutile : à peine commise, l’erreur était évidente pour le commun des mortels, c’est-à-dire les citoyens qui prennent les transports en commun, payent leurs factures sur leurs propres deniers, ne bénéficient pas de logements de fonction, etc. Bref, rien de semblable avec l’Homo Politicus à la française mais une capacité bien plus grande de discernement des bêtises.

    4° Prouver qu’ils savent réfléchir. C’est important mais avouons-le, relativement facile quand on a sous les yeux des tonnes d’exemples de ce qu’il ne faut pas faire. Passer de l’idée à la promesse, et surtout de la promesse à l’action, voilà qui est plus complexe et ne se trouve pas dans les livres (ou alors les ouvrages de repentance évoqués plus haut, mais ça ne fait pas avancer le schmilblick*).

    5° Prouver qu’ils peuvent envahir. Les médias, au minimum, les esprits et les cœurs si tout va bien. C’est bien sûr la clé de la motivation. Etre ou ne pas paraître, là est la question médiatique et politique. C’est le livre-prétexte aux émissions mêlant divertissement et politique : « Nous allons lire une anecdote désopilante extraite de votre livre, mon cher Maurice, puis entendre le dernier slam de Grand Corps Malade sur le cimetière de Saint-Denis et vous pourrez ensuite commenter les deux simultanément ».

    6° Prouver qu’ils peuvent réussir. Les ventes deviennent un indicateur avancé des futurs scrutins. C’est le livre-tremplin : passera ou passera pas les 20 000 exemplaires ? 100 000 ? 200 000 ? (vendus, pas tirés, pas mis en place : la précision est quelquefois importante). Pour les éditeurs, c’est le livre-alibi : « Nous avons publié beaucoup d’essais cette année, c’est important pour notre rôle dans la cité ».

    Le livre politique a de multiples fonctions mais, après Chateaubriand, Hugo et de Gaulle, il faut bien reconnaître que « littérature politique » n’est plus qu’un oxymore. 

    * Terme inventé par Pierre Dac dans les années 50 pour désigner un objet totalement inutile. 

  • Société • Fronde contre la loi El Khomri : l'individualisme 2.0 remplace la bonne vieille manif

     

    Après le lancement d'une pétition en ligne par la militante Caroline de Haas, la mobilisation des jeunes contre la loi El Khomri s'étend sur la toile avec le mot-clé #OnVautMieuxQueCa. Mathieu Slama décrypte ici pour Figarovox [26.02] le premier mouvement social exclusivement sur internet. Mathieu Slama est spécialiste de la communication de crise. Mais nous avons aussi noté qu'il est un excellent observateur des évolutions sociétales et que sa position critique à l'endroit de la modernité va souvent au fond des choses. De quoi débattre ...  LFAR

     

    Après le lancement d'une pétition en ligne par la militante Caroline de Haas sur Change.org, qui a recueilli 508 000 signatures, des Youtubeurs ont réagi à la loi El Khomri. Dans une vidéo mise en ligne, mercredi 24 février, une dizaine de vidéastes interpellent les internautes sur « les menaces que représente le projet pour les travailleurs ». Ils invitent ceux qui les regardent à partager leur témoignage. La contestation s'organise désormais à travers le web et les réseaux sociaux. Que cela révèle-t-il ? Est-ce totalement inédit ?

    Mathieu Slama : C'est à ma connaissance le premier cas de contestation sociale exclusivement (pour le moment) sur Internet. Avec plusieurs initiatives qui se combinent: à la fois sur Facebook, sur Twitter, sur YouTube et sur Change.org (site qui recueille des pétitions que chacun peut soumettre ou signer). Le mouvement prend une ampleur inédite sur Internet: la pétition sur Change.org en est à l'heure où je vous parle à plus de 600 000 signatures., la vidéo sur YouTube en est à plus de 100 000 vues et sur Twitter le mouvement est devenu viral.

    On constate sur Twitter que le mouvement prend souvent la forme de témoignages sur les déboires liés la recherche d'un emploi ou encore aux conditions de travail, quasi-systématiquement sur un ton mélangeant l'ironie et l'indignation. Or on sait bien que sur les réseaux sociaux, l'ironie et l'indignation sont les deux modes d'expression privilégiés par les internautes. Ajoutons à cela la dimension très politique et symbolique du sujet, l'impopularité sidérante du gouvernement et le fait que c'est la jeunesse qui s'implique: tout est réuni pour un mouvement viral.

    Notons également que des leaders syndicaux et des personnalités influentes, comme Jean-Luc Mélenchon (qui montre une nouvelle fois son talent pour la communication), ont relayé le mouvement sur les réseaux sociaux, lui donnant un coup de pouce supplémentaire.

    Ce qui est inédit est donc le caractère exclusif sur Internet. On se rappelle du mouvement de la Manif pour tous qui avait beaucoup utilisé les réseaux sociaux mais de manière complémentaire au mouvement dans la rue.

    Ce qui est intéressant, et on y reviendra, c'est que ce mouvement intervient alors que, hors Manif pour tous, les manifestations et grèves sur les questions sociales sont de moins en moins suivies. Les syndicats n'arrivent plus à mobiliser dans la rue alors que le climat social est désastreux. Cela dit quelque chose de l'époque. Les dernières grandes manifs dans les rues sur des questions sociales datent, sauf erreur de ma part, de la réforme des retraites de la fin du quinquennat Sarkozy.

    La mobilisation des jeunes rappelle le mouvement anti-CPE, mais sous une forme totalement différente …

    La similitude réside dans les thèmes de la revendication: l'emploi et la jeunesse. Le lien est donc évident, et d'ailleurs rappelé sur les réseaux sociaux. Lors des manifestations anti-CPE, le mode d'expression était classique: manifestations dans les rues, blocages d'universités… Les réseaux sociaux n'existaient pas à l'époque.

    Les contributions, texte et vidéo, publiées sous le mot-clé #OnVautMieuxQueCa, seront agrégées et partagées par ces vidéastes. Le rituel collectif de la manif est remplacé par des vidéos individuelles. Cela n'a-t-il pas un côté narcissique ?

    Plutôt que narcissique, ce mouvement est avant tout individualiste, là où la manifestation « classique », dans la rue, a toujours deux objets : la revendication bien-sûr, mais aussi le mouvement collectif lui-même et l'émulation qu'il suscite. Cette dérive individualiste est vieille comme la démocratie (déjà Tocqueville dans la première moitié du XIXe siècle s'en inquiétait) mais elle est préoccupante car elle participe d'une ambiance générale, aggravée par Internet. Rappelons que dès la fin des années 90, en réaction à l'émergence des premières pétitions en ligne, plusieurs chercheurs avaient alerté sur de nouvelles formes de mobilisation qui s'écartaient du militantisme collectif au profit de l'engagement individuel. Plus récemment, on se rappelle du débat autour du «  Je » du slogan viral « Je suis Charlie »… La Manif pour tous avait suscité un espoir justement parce qu'il s'agissait d'un mouvement collectif, d'autant plus qu'il s'agissait d'un mouvement engagé non pas au nom d'intérêts individuels mais au nom d'une certaine idée de la vie commune. Mais sur les questions sociales, la dimension collective et tous les symboles qu'elle charrient sont en train, comble de l'ironie, de s'effacer au profit de l'individu. En d'autres termes : les luttes sociales sont à leur tour récupérées par l'individualisme et le libéralisme contemporains. Je ne suis pas sûr que Marx ou Proudhon auraient apprécié cette mutation…

    Mais au final tout cela est-il si surprenant ? Internet et les réseaux sociaux ont envahi toutes les sphères de la vie en société, participant du grand mouvement individualiste des sociétés occidentales. Il n'y a pas de raison que les mouvement sociaux soient épargnés par ce phénomène.

    Une dernière question, et non des moindres, se pose à nous: comment évaluer la réelle mobilisation sur Internet et ce qu'elle représente? Publier un tweet sur les réseaux sociaux derrière un écran d'ordinateur est une action «indolore»: elle n'engage pas à grand-chose. Descendre dans la rue est déjà un engagement plus fort, qui témoigne d'une toute autre intensité de mobilisation. A cet égard il sera intéressant d'observer la manière dont ce mouvement se traduit ou non dans la rue.

    Toutes proportions gardées, le mouvement rappelle-t-il les printemps arabes ?

    Les printemps arabes se sont certes appuyés sur les réseaux sociaux, mais ils se sont traduits par des mouvements très concrets, dans la rue, avec parfois des conséquences terribles. Et du point de vue de l'importance historique, la comparaison n'est pas vraiment possible.

    En revanche l'enjeu de cette mobilisation contre la loi El-Khomri n'est pas petit, et on espère qu'il relancera de manière salutaire le débat qui est en train de renaître sur la condition humaine au travail. On a en effet observé ces derniers mois des débats très importants sur le «burnout» au travail ou encore sur l'horreur du management, cette religion moderne du capitalisme si bien analysée par un penseur comme Pierre Legendre. Pour comprendre les dérives de notre modernité et ses conséquences sur notre conception de l'homme, ces questions-là sont essentielles.

    Le gouvernement a lui-même tenté d'utilisé le web pour répondre ?

    Un compte Twitter de la loi El Khomri a été créé (l'idée étant de «personnaliser» cette loi), avec un premier message qui a été tourné en dérision par les internautes. Résultat, des comptes parodiques ont été créés, comme par exemple un compte «déchéance de la nationalité» ou encore «loi Renseignement». Précisons également que la ministre du Travail a répondu en ligne à la pétition sur le site de Change.org, signe qu'elle a conscience de l'importance que le mouvement prend sur Internet et de la nécessité d'y répondre sur le même terrain.

    Mais soyons réalistes: la bataille de la communication est perdue d'avance pour le gouvernement. C'est d'abord un problème d'émetteur: comment le gouvernement, dont la parole doit en principe traduire une forme d'autorité et de gravité (surtout sur un tel sujet), pourrait-il être audible là où règnent la dérision, la moquerie et la légèreté, Internet? Si l'on ajoute à cela l'impopularité du gouvernement, la défiance des Français et notamment des jeunes vis-à-vis des responsables politiques et le climat social très défavorable, il est évident que le gouvernement ne remportera pas ce combat, du moins pas sur le terrain de la communication

     

    picture-2540921-61yhv5dr.jpgEntretien par

    Journaliste au Figaro et responsable du FigaroVox. Twitter : @AlexDevecchio

  • Militantisme • Où les jeunes-gens d'A.F. Provence se font les porte-voix du Marseille populaire

     

    Les jeunes militants d'Action française Provence sont-ils les indignés de la Tradition, les défenseurs des racines, les tenants d'une réaction populaire contre les fausses élites ? Après avoir chahuté à Aix les élus PS universellement soupçonnés de corruption par la population de la région, voici qu'ils viennent de marquer leur désaccord de fond avec la politique menée à Marseille par la municipalité où dominent les Républicains. Pourquoi et comment l'ont-ils fait ? Ils s'en sont expliqués dans un communiqué que nous reprenons ici. Le lecteur se fera son idée. Il n'est pas sûr que, sur le fond, il s'en trouve beaucoup pour ne pas leur donner raison.  LFAR

     

    Ce mercredi 24 février 2016, les Jeunes Républicains des Bouches-du-Rhône organisaient une conférence sur le thème « Bâtir le Marseille de demain ». Entre autres têtes d’affiche confortablement installées, étaient présents pour présenter leurs réalisations et leurs objectifs, Laure-Agnès CARADEC, Présidente d’Euroméditerranée et adjointe au Maire déléguée à l’urbanisme, Philippe DEVEAU, Président du BTP 13, Roland CARTA, architecte du MUCEM et Caroline POZMENTIER vice-présidente de la Région PACA.

    Nous, militants d’Action française, avons décidé de nous rendre sur place afin de dénoncer cette réunion de l’entre-soi, mais aussi afin de pointer du doigt le manque de cohérence des réalisations architecturales et le mépris affiché des acteurs de l’urbanisme vis-à-vis des doléances adressées par la population marseillaise. Nous avons, pour l’occasion, conféré aux « Républicains » le diplôme de la mascarade politique et nous nous sommes rassemblés au pied de leur permanence afin d’attirer leur attention sur l’ensemble de nos désaccords. Cette action bon enfant a rencontré le malaise et la violence de l’ensemble de l’auditoire à coup de gestes agressifs et d’insultes. Il n’est pas de bon ton de critiquer le marasme de la politique de Gaudin.

    Il faut dire que leur ville de demain n’est pas Marseille, c’est le grand cimetière en béton des mégalopoles modernes. La cité populaire et ses habitants décrits par Pagnol sont les premières victimes des arrangements hideux de ces faux experts attirés par le relativisme tout azimut pis, par la laideur elle-même. S’ils le pouvaient, nos Républicains marseillais vendraient la Bonne-Mère aux Qataris fanfaronnant que l’âme de leur ville soit convoitée par ceux qu’ils pensent être les acteurs économiques les plus tendance du futur. Ce rassemblement du pays légal sur le dos du peuple a rencontré l’opposition du pays réel, celui de jeunes gens déterminés à ne pas laisser Marseille être vendue au Diable.

    A coup de Progrès, de Modernité, nos adversaires voudraient nous faire croire que nous ne sommes plus dans le coup. Or, ce sont eux qui s’apprêtent à recevoir le retour de bâton des Marseillais qui souffrent d’une ville sale, où l’insécurité ne baisse pas, de constructions de logements sans aucune logique, de dégradations et de tags en tout genre. Ce soir, l’Action française s’est faite le porte voix du Marseille populaire, celui que veulent les Marseillais et qui fait tant rêver les touristes.   

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  • Union européenne : Citoyenneté à vendre

     

    par François Reloujac

     

    Le 15 février dernier, Jean-Pierre Robin expliquait dans le cahier économique du Figaro que les États étaient « de plus en plus nombreux à monnayer leur citoyenneté ». En sous-titre de son article il écrivait : « La nationalité est une marchandise comme les autres, constate le FMI ».

    Et pour illustrer son propos, le journaliste donnait quelques exemples chiffrés. Pour devenir maltais, le tarif semble élevé : 1,15 millions d’euros d’investissement plus un versement de 650 000 euros à un Fonds national et social de Développement. Pour obtenir un passeport chypriote, il faut payer un peu plus cher : 2,5 millions d’euros. Mais, si Malte oblige le postulant à résider au moins six mois par an dans l’île, aucune obligation de la sorte ne pèse sur celui qui veut acquérir le droit de cité à Chypre.

    « Près de la moitié des pays de l’Union européenne, dont la plupart en zone euro, ont adopté depuis 2009 de tels systèmes en faveur des investisseurs immigrants », selon la terminologie du FMI ! La France s’y est mise aussi : il suffit de débourser la modique somme de 10 millions d’euros. Pour ce prix-là, il n’est pas précisé si les autorités nationales exigent de connaître exactement l’origine des fonds. Comme la majorité des « investisseurs immigrants » accueillis au Portugal ou au Royaume-Uni par exemple seraient d’origine chinoise, il n’est pas douteux que ce contrôle serait chose aisée.

    Le débat qu’a connu la France à l’époque de Giscard d’Estaing sur le droit du sang ou le droit du sol paraît quelque peu surréaliste à l’époque où nous en sommes au droit du fric. Aujourd’hui on se demande comment un simple magistrat pourrait prononcer sans arrière-pensée la déchéance de nationalité d’un individu qui aurait investi une somme pareille.

    La volonté de vivre ensemble, le partage de traditions communes, la responsabilité de la vie publique, la solidarité nationale ont désormais laissé la place à une valeur marchande. Et lorsque l’on investit ainsi dans un État membre de l’espace Schengen on peut venir s’installer dans n’importe quel État signataire de cet accord. Sans compter que celui qui en a les moyens peut s’acheter ainsi trois, quatre, cinq nationalités, ou plus. Rien n’interdit non plus aux personnes ayant de mauvaises intentions d’acheter des nationalités dans des pays qui ne sont pas liés par des accords d’extradition mutuelle.

    Le journaliste du Figaro nous apprend qu’en la matière, « les États-Unis et le Royaume-Uni ont été les précurseurs ». On s’en serait douté ! « Dès 1990 et 1994, ils ont respectivement lancé des « programmes de résidence » et pour des seuils d’investissement plutôt modestes (500 000 dollars et 1 million de livres) ».

    La seule chose qui étonne vraiment quand on découvre ce marchandage, c’est que ni le FMI, ni la BCE, ni l’eurogroupe n’ait songé à l’imposer à Alexis Tsipras pour aider la Grèce à rembourser ses créanciers. Peut-être avaient-ils peur que les Grecs ne cassent les prix et que cela donne des idées aux Espagnols ou aux Italiens. On pourrait aussi suggérer à François Hollande de faire déposer un projet de loi pour étendre à cette marchandise la pratique des soldes biannuels. Avec 70 % de remise, on aurait peut-être du succès. 

  • Analyse & ironie : Méritons-nous Bruno Le Maire ?

     

    Par Dominique Jamet

    De son côté, dans un article de  Causeur titré « Un conformiste nommé Le Maire » [24.02], David Desgouilles rapporte les singuliers propos que Bruno Le Maire, a tenus aux journalistes, à l'issue de sa réunion de lancement de campagne de mardi dernier : « Attablé avec les autres journalistes dans un restaurant de Vesoul, quelques petites heures après sa déclaration de candidature, votre serviteur l’écoute expliquer à quel point la notion de nation constitue l’angle de sa campagne. Il n’invoquera pas la République. « Les gens » n’y croient plus. Elle n’a pas tenu ses promesses. Donc, il faut leur donner de la nation. »  Il faut leur donner de la nation... Tout est révélé de Bruno Le Maire dans ce propos de pur cynisme et absolue désinvolture. Tout est dit du désenchantement des Français pour la République. Tout est exprimé qui justifie l'ironie dont use ici Dominique Jamet. LFAR    

     

    3312863504.jpg« T’as voulu voir Vesoul et on a eu Le Maire », aurait pu chanter Jacques Brel. Car ce n’est ni à la télévision, ni à la radio, ni à l’AFP, ni à Honfleur, ni à Vierzon, mais depuis la préfecture de la Haute-Saône (14.573 habitants au dernier recensement) que Monsieur Le Maire, à l’occasion d’un meeting, a déclaré sa flamme à Madame la France, mettant ainsi fin à l’insoutenable suspense qu’il entretenait depuis un peu plus de deux ans.

    Du coup, dans son élan, l’ancien ministre de l’Agriculture ne s’est pas contenté d’annoncer qu’il prenait rang parmi les nombreux partants déjà inscrits ou à venir pour la grande primaire de la droite et du centre. Sautant une marche, il a bien précisé, à l’intention de ceux qui auraient pu encore en douter, qu’il était « candidat pour devenir président de la République française ». Une décision, pour reprendre ses propres termes, « simple, forte, inébranlable ».

    Pourquoi, donc, avoir tant tardé à rendre publique une résolution qui, depuis longtemps, semblait aussi patente que le secret de Polichinelle, aussi visible que le nez au milieu de la figure de Cyrano ? Très simplement parce qu’au porteur d’un tel projet, la moindre sagesse, le plus élémentaire bon sens, la prudence et la modestie conseillent et même imposent de s’assurer qu’il est à la hauteur de son ambition. « Je suis dans une démarche d’humilité », confiait Bruno Le Maire au journal Le Parisien, le 12 septembre 2015. D’où une hésitation bien compréhensible.

    Aussi bien n’est-ce qu’après avoir pris conseil de lui-même, dans le secret de sa conscience et de sa salle de bains, que Bruno Le Maire a osé franchir le pas, ainsi qu’il l’a confié avec une désarmante ingénuité. C’est devant sa glace, face à lui-même ou à son double, que l’élu de l’Eure a senti venir la sienne, comme dans les contes. « Miroir, petit miroir magique », demandait-il, « ne suis-je pas trop jeune ? » Jusqu’au jour où le miroir, tel un oracle chiraquien, lui a répondu : « Tu as l’âge pile-poil, ton moment est venu. » « Miroir, petit miroir magique, ai-je l’expérience nécessaire pour postuler à la magistrature suprême ? » Et le miroir, de guerre lasse, a fini par lui dire : « Tu es l’homme qu’il faut à l’endroit que tu sais. » Il ne pouvait plus se dérober à son destin et à nos suffrages.

    Qu’on n’aille pas croire que l’enfance et la jeunesse de Bruno Le Maire ont été faciles. Combien de fois, pris d’un sentiment de révolte, n’a-t-il pas reproché à ses parents, qui n’y étaient pas pour rien, de l’avoir trop bien réussi ! Quoi de plus irritant, lorsqu’on se cherche des défauts, de ne s’en trouver aucun, ou si véniel, comme ces vedettes du show-business qui, interviewées dans les magazines féminins, finissent, après s’être longuement et vainement interrogées, par confesser être parfois impatientes ou avoir un faible pour le mille-feuille de chez Angelina.

    D’autres, moins gâtés par Dieu et la nature, auraient enflé de la tête aux chevilles. Bruno Le Maire a victorieusement lutté contre la tentation de la mégalomanie. Il est le premier à savoir que rien ne lui est dû, que ce n’est pas gagné, et qu’il y a encore loin de la coupe aux lèvres et de Vesoul à la rue du Faubourg-Saint-Honoré. Comme il le déclarait au Point la semaine passée : « Mon intelligence est un obstacle. » Et, tout récemment, lors d’un déjeuner de presse : « Mon problème, c’est que j’ai les yeux trop bleus pour la télévision. »

    Ces deux inconvénients seront-ils rédhibitoires ? On se refuse à le croire. Bruno Le Maire a-t-il les yeux trop clairs et la tête trop bien faite ? La question n’est évidemment pas là, mais bel et bien de savoir s’il n’est pas trop bien pour la France, trop beau pour être vrai ? Méritons-nous Bruno Le Maire ?

     
    Journaliste et écrivain
    Il a présidé la Bibliothèque de France et a publié plus d'une vingtaine de romans et d'essais. Co-fondateur de Boulevard Voltaire, il en est le Directeur de la Publication
     
  • La Semaine de MAGISTRO, une tribune d'information civique et politique

     

    MAGISTROAdossée à des fondamentaux politiques avérés, Magistro, une tribune critique de bon sens, raisonnée et libre, d'information civique et politique.         

    A tout un chacun

    Annie LAURENT Journaliste, essayiste, conférencière, spécialiste du Proche-Orient, de l'Islam et des chrétiens d'Orient  L'Islam et la sexualité

    Ivan RIOUFOL    Journaliste politique    Branle-bas de combat

    François-Xavier BELLAMY    Professeur de philosophie en classes préparatoires    "Les jeunes rêvent à l’amour durable mais n’y croient pas"

    Du côté des 'élites' 

    "L'ambition dont on n'a pas les talents est un crime" Chateaubriand (Lettre à Madame Récamier)

    Ivan RIOUFOL Journaliste politique  La colère américaine, leçon pour la France

    Eric ZEMMOUR Journaliste politique  Quand l’Etat français se fracasse à Calais 

    Eric ZEMMOUR  Journaliste politique  Hollande, Ponce Pilate de l’état de droit

    En France

    Jean-Paul THONIER  Officier, général de corps d'armée (2S) Opération SENTINELLE : Halte à la casse de l’Armée de Terre !

    Eric DENECE  Directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R)  Coup dur pour l’antiterrorisme

    Jean SALVAN  Officier, général de corps d'armée (2S) Déjà vaincus ?

    Avec l'Europe

    Gérard-François DUMONT  Recteur, démographe, Professeur à la Sorbonne  "Sur le volet sécuritaire, Schengen est déjà mort"        

    De par le monde

    Françoise THIBAUT  Professeur des universités, essayiste, historienne  L'année du singe

    Jean SALVAN  Officier, général de corps d'armée (2S)  La fin des illusions en Syrie et ailleurs ?

                                                                                         
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