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  • HISTOIRE & ACTUALITE • Madagascar, vous y croyez encore, vous ?

     

    Alain Foulon, directeur de ECO AUSTRAL, la revue économique de référence dans l'Océan Indien. où les lignes qui suivent sont parues, réfléchit ici sur l'histoire aussi bien que sur la situation actuelle de Madagascar. Alain Foulon représente le Partenariat Eurafricain (PE) pour l'ensemble de la région. ECO AUSTRAL, basé à Maurice a une liberté de ton et d'analyse que nous vous laissons le soin d'apprécier

     

    348195-1.pngCeux qui connaissent bien Madagascar et son Histoire (peut-on d'ailleurs connaître un pays sans connaître son Histoire ?) ont pu se rendre compte de l’étrange rapport entre l’enthousiasme  que peut susciter cette île-continent, avec ses énormes ressources inexploitées, et les désillusions et déceptions qu’elle peut susciter chez les mêmes personnes. On ne peut s’empêcher de penser à la boutade du général de Gaulle : « Madagascar est un pays d’avenir ... et qui le restera ».

    Ma réflexion est évidemment alimentée par les derniers événements politiques avec ces 115 députés sur 151 (soit plus des deux tiers prévus par la Constitution) qui ont voté, dans la nuit du 26 mai, en faveur de la déchéance du président Hery Rajaonarimampianina. Le pays et ses bailleurs de fonds - qui commencent à rire jaune - sont maintenant suspendus à la décision de la Haute cour constitutionnelle. Mais le président pourrait aussi ne pas attendre et prononcer dissolution de l’Assemblée nationale. Nul doute qu’il consulte ses réseaux, dont ceux de la franc-maçonnerie et imagine un maximum de coups à l’avance en bon joueur d'échecs ou de fanoroma, cette espèce de jeu de go malgache. Dissoudre l’assemblée, c'est donner l’opportunité à l’ancien président Marc Ravalomanana, qui est déjà revenu sur la scène, d’y prendre plus de poids à l'occasion de nouvelles élections. Ce dernier veut de toute évidence revenir au pouvoir le plus vite possible ... et sans doute régler leur compte à ceux qui l'ont fait partir ou ont profité de son départ. Cela ne peut qu'inquiéter les bailleurs de fonds et les investisseurs. Mais cela montre aussi les choix irréfléchis de la soi-disant communauté internationale ou plutôt de certaines puissances occidentales qui, au nom de la « démocratie », pratiquent un véritable néo-colonialisme. Et, comme ces néo-colonialistes ne comprennent pas grand-chose à l’histoire et à la culture d'un pays comme Madagascar, le résultat est bien souvent désolant.

    Cette réflexion est d'autant plus opportune qu'il y a exactement I20 ans, en 1895, la République française faisait officiellement de la Grande Île un protectorat, sous la contrainte militaire, après dix ans de protectorat déguisé contre lequel luttait la reine Ranavalo III. Deux ans plus tard, cette dernière était déportée à La Réunion, puis en Algérie où elle mourra, alors que la Gonade Île était devenue une colonie en 1896. La République française mettait fin à un mouvement d'unification du pays sous l’impulsion des Mérinas (l’ethnie la plus importante à laquelle appartenait Ranavalo) qui ressemblait fort à la façon dont s'était construite la France. Si je dis la «  République française »  et non la France à propos de l’auteur de cette œuvre funeste, c'est qu’une monarchie n'aurait pas eu la mauvaise idée de renverser et de déporter une reine, et puis, surtout, ce sont les républicains et plus précisément la gauche française qui soutenaient le colonialisme à l’époque, alors que la droite y voyait surtout du gaspillage d’argent. Mais les républicains socialistes, persuadés de leur supériorité, voulaient apporter la « Lumière » au reste de l’humanité et, en particulier, à ces peuples « archaïques » du Sud. Une reine, avec suffisamment de fortune personnelle pour se prémunir contre la corruption, et avec un pouvoir absolu entre les mains c'est sans doute ce qu'il faudrait aujourd'hui à Madagascar pour enfin décoller. Et non pas une démocratie occidentale qui ne fait que générer toujours plus de califes.

    En version moderne, nous dirons qu'il faudrait à Madagascar un Lee Kum Yew, cet homme de poigne qui a fait d'un petit village de pêcheurs - Singapour - ­une puissance économique de premier plan. Dommage que Marc Ravalomanana ait raté le coche en se perdant dans les conflits d’intérêts et dans un appétit pour les affaires qu'il aurait dû faire taire en venant au pouvoir. En a-t-il tiré des leçons qu'il appliquera s’il revient à la tête de l’Etat ? Ou bien sera-t-il guidé seulement par le désir de se venger ?  Peut-il d’ailleurs revenir au pouvoir ? L’armée, qui l'a fait tomber, le laissera-t-elle faire ? Et si oui, quand et comment y reviendrait‑il ? À l’occasion d'une crise ou de l’élection présidentielle de de 2018, sachant qu'Andry Rajoelina n'a pas dit son dernier mot et s’est déjà positionné pour cette élection et qu'Hery Rajaonarimampianina est un bon joueur d’échecs ? Avant de répondre à ces questions, on devrait s’arracher bien des cheveux et perdre des illusions. Pour ceux qui en ont… 

    (Cet article nous a été signalé par Joël Broquet que nous remercions).

     

  • HISTOIRE • Pourquoi le comte de Chambord renonça-t-il, en 1873, à une restauration alors annoncée comme imminente ?

    Le comte de Chambord, par le baron Louis-Auguste Schwiter. Photo © AFP

    L'analyse de Christian Brosio, dans Valeurs actuelles 

     

    Pourvu que leur motivation ne soit pas la nostalgie, le folklore, une sorte de jeu sans conséquence, ce qui est parfois le cas, la véritable grande affaire des royalistes, ceux d'aujourd'hui, comme ceux de toutes les époques, ce fut toujours, selon l'expression des plus anciens des Camelots du Roi, de faire le Roi. D'établir la monarchie. Les occasions ont existé, même si, jamais encore, elles n'ont abouti. Les plus sérieuses, dans un pays comme le nôtre, sont celles qui se seraient passées selon ce que De Gaulle appelait un processus régulier. Naturellement dicté par les circonstances et les nécessités. Du temps du Comte de Chambord, il se fût encore agi d'une restauration. Christian Brosio nous dit ici comment et pourquoi elle fut ratée. Et son explication nous paraît être plutôt à l'honneur du Comte de Chambord. Ceux parmi nos lecteurs qui sont historiens feraient oeuve uile s'ils nous donnaient leur avis ...  LFAR

     

    Tout semblait prêt, en cet automne 1873, pour une restauration.

    Le 8 février 1871, cinq mois après le désastre de Sedan, le suffrage universel avait élu une Assemblée comptant 400 royalistes. Mais ceux-ci étaient divisés entre “orléanistes”, tenants des Bourbons-Orléans, représentés par Philippe, comte de Paris, petit-fils de Louis-Philippe, et “légitimistes”, fidèles à la branche aînée des Bourbons, incarnée par Henri, comte de Chambord, petit-fils de Charles X et sans descendance.

    L’obstacle de cette division paraissait aplani depuis que, lui ayant rendu visite, le 5 août 1873, dans son exil de Frohsdorf, en Autriche, le comte de Paris avait salué en son cousin Chambord « le représentant du principe monarchique en France ». Arrivé secrètement à Paris le 9 novembre, Henri s’est installé à Versailles où siégeait l’Assemblée. Avec l’intention, le moment venu, de se faire acclamer par elle sous le nom d’Henri V. Ce moment ne vint jamais. Pourquoi ?

    Selon une opinion largement admise, la faute en reviendrait au comte de Chambord lui-même. Notamment en refusant le drapeau tricolore au profit du drapeau blanc. Ce “grand refus” a laissé de lui l’image d’un prince passéiste. Une image fausse, forgée par ses ennemis. Autrement dit par les “conservateurs”, le “parti de l’ordre” incarné par une grande bourgeoisie et une fraction de l’aristocratie imprégnées des “valeurs” du capitalisme manchestérien. Thiers, le fusilleur de la Commune, fut l’un de leurs hérauts. Leur modèle : un régime oligarchique —monarchique ou républicain — tenant le peuple à distance par le suffrage censitaire. Voilà ce qu’ils mettaient derrière le drapeau tricolore. Voilà ce que refusait Henri V, promoteur, au contraire, du suffrage universel et d’une monarchie renouvelée, sociale, fédérative et décentralisée. Salué par Proudhon, le comte de Chambord s’était vu, en revanche, reprocher par Guizot ses « liens d’intimité avec les factions anarchiques ». C’est ainsi que, le 20 novembre 1873, l’Assemblée, manoeuvrée par Albert de Broglie, prorogea de sept ans le mandat de Mac-Mahon à la tête de l’État plutôt que d’acclamer Henri V.   

                

    Christian Brosio - Valeurs actuelles

  • Retour à l'actualité, demain lundi ...

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • CULTURE & HISTOIRE • Le Puy du Fou, des racines et des rêves, saga ...

     

    Nous avons aimé cet excellent reportage de Valeurs Actuelles sur le Puy du Fou. Plus qu'un reportage en vérité. Il s'agit, ici, de rendre un compte exact de l'esprit, de l'âme, de ce lieu unique. En piste pour l'aventure ... Il faut y aller !   

     

    Malheur à celui qui, devant Philippe de Villiers, parle de "parc d'attractions" à propos de "son" Puy du Fou. L'oeil tournoie comme celui de ces rapaces que l'on aperçoit, au loin, survoler les spectateurs pétrifiés du "Bal des oiseaux fantômes". Puis il vous fixe, comme prêt à foncer sur sa proie. « Parc d'attractions ? On n'est pas chez Mickey Mouse ! » Ici, pas dé manèges mais des « spectacles vivants ». Et surtout, insiste-t-il, « une âme ». Ce mot lui plaît. Il y revient : « Nous sommes des donneurs d'âme. » C'est, selon lui, au-delà des performances techniques inouïes qui ont valu au Puy du Fou d'être consacré à deux reprises meilleur parc du monde, ce qui explique, dans ses profondeurs, l'extraordinaire succès de ce qui n'était, il y a trente ans, qu'un banc de terre abandonné faisant face à un château en ruine du XVIe siècle devant lequel Villiers, alors âgé de 28 ans, avait un jour garé sa 4L. Puis s'était mis à rêver...

    Ses près de 2 millions de visiteurs annuels (le deuxième parc français en termes de fréquentation après Disneyland Paris), le Puy du Fou les doit en effet aussi, et peut-être d'abord, à cet amour glorifié de la France éternelle que l'on n'apprend plus dans les livres d'histoire et qui, ici, est entré fièrement et joyeusement en résistance contre les fausses idoles, les dérives et les effacements volontaires de ce temps. « Nous sommes le "Malet et Isaac" en lutte contre les déconstructions, scolaire et autres, explique son fondateur, un verre de pastis à la main, avant de passer à table. Le Puy du Fou, c'est le parc de l'enracinement. La mondialisation sauvage déracine les peuples, mais il y a une chose que l'on ne peut pas déraciner, c'est justement notre besoin vital d'enracinement. Sans racines, pas de sève, donc pas de vie. Et sans passé, pas d'avenir. » Peu lui chaut, comme on disait autrefois, l'hostilité furieuse des "pseudo-modernes", dénonçant dans les 50 hectares du parc, comme le fait le Monde diplomatique, « une vision passéiste et une mémoire qui est loin d'être innocente ». Villiers assume. En bloc. « En venant ici, dit-il, les Français viennent retrouver la grandeur perdue de la France.» Manière de résumer, en une phrase, sa vision de l'histoire et celle du présent...

    C'est d'abord la Vendée, son peuple et sa mémoire sacrifiée que le Puy du Fou a voulu célébrer.

    Avant même les spectacles consacrés aux Gaulois fondateurs, à Jeanne d'Arc boutant les Anglais, aux mousquetaires de Richelieu ou aux poilus de 1914-1918 ; avant, aussi, de rendre hommage, dans leurs villages dédiés du parc, à cette France du rude Moyen Âge, de l'éblouissant XVIIIe et du nostalgique XIXe, c'est d'abord la Vendée, son peuple et sa mémoire sacrifiée que le Puy du Fou a voulu célébrer.

    Dans sa Lettre ouverte aux coupeurs de têtes (Albin Michel, 1989), Villiers, fils d'un Lorrain et d'une Catalane, tombé amoureux de cette terre et de son histoire, s'en était longuement expliqué : « La Vendée, écrivait-il n'a pas eu droit à des obsèques... Mais à faire silence, on prend un risque : le risque du temps. Pas le temps officiel, très court, celui-là, qui recouvre les exactions, mais le temps officieux, le temps des familles qui découvrent les charniers, le temps des médaillons qui piste les mensonges, le temps qui crie justice et porte plainte devant la mémoire collective, le temps qui recompose les filiations et reconstitue les chemins de traverse de l'histoire chuchotée à la veillée... »

    Pour "Les amoureux de Verdun", les visiteurs deviennent eux-mêmes des poilus. 

    Au commencement de tout, en 1978, fut donc Jacques Maupillier, le paysan vendéen héros de la fameuse "Cinéscénie" (plus de 10 millions de spectateurs depuis sa création !) inventée par Villiers pour conter à travers les siècles, avec la voix de Philippe Noiret, la tumultueuse et glorieuse destinée française. « Son patronyme, explique Villiers, c'est celui de nos coteaux : Mau-léon, Mau regard, Mallièvre, Maulé-vrier... Maupillier, ce n'est pas un métayer, c'est un mythe. Ce n'est pas un état civil, c'est un état d'âme... Jacques Maupillier se réincarne à chaque génération. Il rassemble en lui le père et le fils, les joies et les peines, les rêves et les deuils de la même famille.» 

    C'est sur lui, et les désormais 3 200 figurantsde la "Cinéscénie", presque tous bénévoles, qu'a été bâti ce qui allait devenir l'incroyable saga du Puy du Fou. Onze ans plus tard, en 1989, le Grand Parc ouvre ses portes. Il accueille aujourd'hui dix-sept spectacles, du colossal "Signe du triomphe" dans des arènes gallo-romaines, clôturé par une course de char digne de Ben Hur, , au plus intimiste "Monde imaginaire de La Fontaine", dont les textes sont dits par Lorànt Deutsch et Gérard Depardieu. La saison prochaine verra un retour aux sources vendéennes avec l'ouverture d'une nouvelle attraction (même si Villiers n'aime pas le mot) : "Le dernier panache", consacré à l'épopée du général Charette, le chef-martyr des chouans.  

    Là encore, plus que jamais, c'est l'ancien président du conseil général du département qui est à la manoeuvre. À ses côtés, deux incontournables : son fils Nicolas, qui lui a succédé à la présidence de l'association du Puy du Fou, et son directeur général, Laurent Albert, ex-premier salarié du site. Trois ans, en moyenne, sont nécessaires pour faire aboutir un projet. Pour "Les amoureux de Verdun", le dernier-né, les visiteurs deviennent eux-mêmes des poilus en traversant la plus grande tranchée du monde secouée par les bombardements et en assistant, à côté d'eux, aux assauts plus vrais que nature des soldats reconstitués en images 3D.

    L'esprit qui souffle sur ce petit bout de terre est un drapeau qui claque au vent frais.

    Près d'un siècle et demi d'écart entre le martyre vendéen et la boucherie des tranchées, mais, pour Villiers, une leçon commune à toutes les époques : « Même lorsqu'on marche dans des paysages désespérés et calcinés, il reste l'espérance française. » Il faut, pour le comprendre, l'entendre parler, quelques instants plus tard, comme un enfant émerveillé des centaines de brevets d'innovation déposés par le Puy du Fou, de ses 24 écoles (gratuites) de cavaliers, d'acrobates, de cascadeurs, ou encore de ses projets à l'étranger (Pays-Bas, Russie, Chine...) qui le font s'envoler, chaque semaine, à l'autre bout du monde. L'esprit qui souffle sur ce petit bout de terre générant aujourd'hui un chiffre d'affaires de 70 millions d'euros par an (entièrement réinvestis) n'a rien de la molle bannière en berne ou du triste chant du cygne décrit par certains ; c'est un drapeau qui claque au vent frais, un clairon qui sonne dans le matin.

    Révérer le passé n'est pas être passéiste. Comment, sans cela, expliquer le succès acquis sans la moindre subvention publique depuis trente ans ?

    Résolument moderne, à des années-lumière des caricatures, la "Cinéscénie" fondatrice l'était déjà. Sur un petit carnet, rêvant devant les débris du château du Puy du Fou incendié sous la Révolution, et aujourd'hui entièrement rebâti, le jeune Villiers avait déjà fixé ses objectifs : « Rompre avec la philosophie du"son et lumière". En finir avec ces récits désuets et langoureux qui se contentent de passer un pinceau sur les donjons et vous expliquent d'une voix chevrotante sur fond de ruine : "Cette année-là, en 1292..."». Tout un symbole : des drones, l'année prochaine, permettront de fixer dans les airs de nouveaux décors. Mais l'âme, elle, restera la même. 

    Arnaud Folch et Claire Brulon

     

    Pratique : En piste pour l'aventure

    Horaires

    Grand Parc : 10 à19 heures ou 10 à 21 heures.

    Cinéscénie : début à 22 h 30 en juin et juillet, à 22 heures en août et septembre.

    Tarifs

    Grand Parc : à partir de 30 euros (adulte) et à partir de 20 euros (enfant).

    Grand Parc + Cinéscénie : à partir de 47 euros (adulte) et à partir de 29 euros (enfant).

    Pour 10 euros supplémentaires, profitez du Pass Émotion et bénéficiez d'un placement préférentiel dans les tribunes des six grands spectacles du Grand Parc.

    Séjour parc + hôtel : à partir de 54 euros à La Villa gallo-romaine et à partir de 59 euros aux îles de Clovis. 

    Y aller

    En voiture : autoroute A87, sortie n° 28.

    En train : gare TGV d'Angers (une heure et demie de Paris) + navette (environ une heure et demie). Aller-retour : 20 euros par personne ; aller simple :12 euros.

    Rens. : www.puydufou.com - Tél. : 0.820.09.10.10.

     

  • Expositions • Héros de jeunesse : La bande dessinée belge s’invite cet été à Paris

    Tintin au Tibet 

     

    Ce sont de bien agréables images, un bien intéressant reportage, que nous propose (01.07.2015) l'excellent site de TV Libertés  et que nous avons plaisir à soumettre aux lecteurs de Lafautearousseau ce week-end d'été. Elles nous ramènent à nos enfances, du moins une partie d'entre elles. Redde mea principa ...   

    Anne-Laure Blanc a visité deux expositions familiales en compagnie de David Miège, dessinateur de presse :

    « Le Musée imaginaire de Tintin », au Musée en herbe (75001), jusqu’au 31 août

    « L’âge d’or de la bande dessinée belge » au Centre Wallonie – Bruxelles (75004), jusqu’au 4 octobre.

     

     

    TV Libertés

     

  • MEDAS • Les Guignols : Bolloré en faveur d’un Canal Peluche

     

    Par Jany Leroy, auteur pour la télévision

     

    La vague de protestation suscitée par la menace de disparition des « Guignols » est motivée par une sorte de nostalgie du temps où les regarder faisait du bien. Aujourd’hui, qui pourrait citer un sketch ou une réflexion de marionnette ? 

    De la grande époque des « Guignols », il ne reste pas grand-chose. Au fil des années, l’ensemble de la chaîne a lentement glissé vers un consensus de bon aloi auquel les marionnettes n’ont pas échappé. Devenu politiquement correct, le programme ne crée plus l’évènement. Le temps des « tout à fait Thierry » repris par la France entière est révolu. À force de bien-pensance, Canal plus a perdu le contact avec l’homme de la rue. Trop conforme. Trop comme il faut. La pensée lisse est ennuyeuse.

    La vague de protestation suscitée par la menace de disparition des « Guignols » est motivée par une sorte de nostalgie du temps où les regarder faisait du bien. Aujourd’hui, qui pourrait citer un sketch ou une réflexion de marionnette ? Les personnages en latex ont sombré avec le paquebot Canal dans les abysses de la conformité calibrée.

    Dans cette affaire, bien plus inquiétante est la motivation de cette possible décision. Les déclarations de Vincent Bolloré sur le sujet laissent pantois. « Se moquer de soi-même, c’est bien. Se moquer des autres, c’est moins bien » déclare-t-il sans rire. À ceux qui pensaient que le fond était atteint, l’homme propose donc de creuser. Forte de cette consigne, preuve d’une grave incompétence artistique, la direction de Canal Plus se doit de plancher sur un anti-Guignol dans lequel chaque homme politique sera magnifié, encensé, loué… Cirage à foison, coulée de miel sur le plateau, De Caunes déguisé en abeille… Il y a concept sous roche.

    Après le militantisme pro « Hollande-Sarko » du « Petit journal » camouflé sous l’estampille « humour moderne », voici peut-être venu le temps de la propagande à découvert. Hollande petit papa des peuples, Sarkozy mon ami comme tu es beau, Marine Le Pen tu es la haine, etc. Un refrain à chanter tous les soirs à l’unisson avec les animateurs de la chaîne rebaptisée Canal Peluche (Canal Pluche pour les puristes).

    L’homme d’argent de Vivendi ne semble pas se rendre compte que, mise en pratique, sa conception de l’humour entrainerait une chute vertigineuse d’audience et par voie de conséquence un de ces manque-à-gagner qui vous contraint de laisser le yacht au port au moins pendant deux jours sans bouger tellement le fuel est hors de prix et que là, on peut plus suivre.

    Et le plaisancier d’enfoncer le clou : « C’est parfois un peu trop de dérision. » Gratuite ! omet-il d’ajouter. La dérision pour la dérision fatigue son téléspectateur. Quitte à regarder une chaîne dite décalée, l’animal veut du vrai vent qui souffle. Du qui décoiffe. Pas une simple brise d’été pour midinette en manque d’après shampoing. Sur ce registre, la chaîne n’a fait que décevoir. Qu’aller de mal en pis. De l’Apathie béni oui-oui jusqu’à l’indigestion, de l’invité « Druckerisé », du sous Ruquier de samedi soir maussade.

    Ah non, n’en jetez plus ! Assez de dérision facile, de sourires entendus, de blagues convenues… Du neuf ! Du sol au plafond. Changez tout. Repartez de zéro. Voilà, résumé en peu de mots, tout ce que Bolloré ne fera pas. Les soirs d’été sur le pont de son bateau de plaisance resté à quai, il songera à racheter une chaîne de la Corée du Nord. Au moins des gens qui savent rigoler sans se moquer de personne…  

     

    Jany Leroy - Boulevard Voltaire

     

  • GUERRE DE CIVILISATION, par François Marcilhac

     

    500021990.jpgAlors que François Hollande, apprenant l’attentat terroriste commis vendredi 26 juin à côté de Grenoble contre une usine chimique, n’a su qu’ânonner « la nécessité de porter des valeurs et de ne pas céder à la peur, jamais »,...

     

    ... Manuel Valls, face à cette première décapitation sur le sol français — les islamistes franchissant, par cet acte culturel, un cran symbolique supplémentaire dans la guerre qu’ils mènent sur notre vieille terre chrétienne contre tout ce qu’elle représente —, a préféré, et à juste titre, parler dimanche 28 [1] de « guerre de civilisation », indisposant du reste plus son propre camp qu’une droite qui a vu dans ce propos un hommage du vice socialiste à la vertu sarkozyste. Il a eu d’ailleurs entièrement raison d’ajouter aussitôt, de peur de ne pas être compris, qu’il ne s’agit pas d’« une guerre entre l’Occident et l’islam » et qu’il n’est pas devenu un disciple d’Hutington. L’Occident, en effet, du moins en ce sens-là, loin d’être une réalité géopolitique, n’est qu’une arme idéologique de destruction massive des Etats-Unis dont la barbarie apparemment plus douce est pareillement dirigée contre la civilisation incarnée par nos vieilles nations européennes... Un « Occident » dont, néanmoins, la politique actuelle du gouvernement français favorise les entreprises, qu’il s’agisse, entre autres exemples, de son opposition à la Russie ou de sa soumission, via l’Europe, dans les négociations sur le traité transatlantique.

    La France, chrétienne en son essence, n’est pas en guerre contre l’islam, encore moins contre ses propres ressortissants musulmans, mais, comme l’affirme Aymeric Chauprade, contre le « totalitarisme islamique » et ceux « qui vivent à l’extérieur ou chez nous, profitent d’ailleurs des largesses de notre État-providence tout en étant hostiles à ce que nous sommes, à nos valeurs, à notre civilisation. » [2] Nous ne sommes évidemment pas les seuls menacés et cette guerre est mondiale, comme l’a montré, le même jour, l’attentat commis en Tunisie et visant principalement des touristes. C’est que de nombreux pays européens ont pratiqué et continuent de pratiquer la même politique, qui risque même d’aller s’aggravant sous des prétextes compassionnels, après avoir déstabilisé, à la demande de l’« Occident », une Afrique du Nord et un Proche et Moyen Orient qui n’en demandaient pas tant ! Oui, la cause des attentats est bien « à rechercher dans la mise en place d’une politique étrangère déplorable [...], dans une immigration incontrôlée et incontrôlable, dans une justice complaisante ainsi que dans la destruction de tous les repères traditionnels de notre société. » [3]

    Le terme de civilisation a un mérite : celui d’obliger à nommer les choses et à ne plus se contenter de la vaine opposition entre des « valeurs républicaines » et un « terrorisme » également hors-sol. Notre civilisation, c’est tout ce que nous sommes depuis plusieurs millénaires, même lorsque certaines de nos valeurs sont devenues folles, et cette barbarie a un visage, celui d’un fanatisme qui se réclame d’une religion et par rapport auquel les fidèles de cette même religion doivent impérativement et clairement se positionner en cessant de prétendre qu’ils sont les premières victimes. Ainsi, le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) a osé relativiser l’horreur de l’attentat en affirmant dans un communiqué que « le vrai danger réside du côté de ceux qui utilisent ces événements pour déverser leur haine contre une partie de la population qui est, de fait, celle qui paye le plus lourd tribut face au terrorisme. » Le Gouvernement peut-il encore considérer comme interlocuteur crédible un « collectif » qui ose prétendre que le danger n’est pas le djihadisme mais une « islamophobie » largement fantasmée et qui, fort heureusement du reste, ne compte encore aucune victime, décapitée ou non ? La désinformation à laquelle s’emploie le CCIF a-t-il pour objectif le désarmement moral de la nation ? Inutile de dire à qui profiterait celui-ci...

    Qu’importe qu’on ne puisse savoir si les propos de Manuel Valls, qui rompent avec l’éternel refrain sur LA République, expriment la conviction, toute neuve, d’une France qu’on ne peut réduire à une idéologie ou à un régime politique, ou ne sont qu’éléments de langage concoctés par ses communicants. Il avait déjà évoqué une attaque contre « l’essence même de la France » pour commenter la tentative d’attentat contre deux églises de Villejuif. L’essentiel, en effet, n’est pas que le Premier ministre soit sincère mais qu’il se soit cru obligé de parler ainsi. Que lui, ou ses communicants, comprennent qu’il se suffit plus d’évoquer les « valeurs de la république » sous forme d’incantation magique pour mobiliser les Français contre une entreprise barbare qui menace l’existence même de la nation. Ne rêvons pas ! Nous n’en avons pas fini d’en souper, de ces valeurs, et Valls sera le premier à nous les resservir lorsqu’il s’agira de politique politicienne. Mais c’est un fait : sous ce mot de « civilisation », ambigu, peut-être, mais dont l’ambiguïté même a pour mérite de sortir de la référence plavlovienne à la République, c’est de nouveau la France en son être qui perce, ou tout du moins, l’aveu que le recours à une idéologie — la République, la laïcité — ne peut plus suffire à vaincre dans une guerre cruciale.

    Les récents propos de Marion Maréchal-Le Pen, qui ne comprend pas « cette obsession pour la République » et, condamnant la tendance qui « voudrait que la République efface la France », affirme que « la République ne prime pas sur la France », constituent une divine surprise. Sommes-nous à un tournant, provoqué par la véritable indigestion que la « République » commence de provoquer chez les Français, et que seuls ne ressentent pas quelques ringards confits en dévotion ? Une indigestion qui n’est que la révélation d’une imposture : celle d’une religion de substitution ayant cru trouver dans la mondialisation un nouveau ressort pour faire disparaître définitivement un peuple français réel, trop réel. Nos compatriotes se réveillent et, avec eux, le meilleur de l’élite politique. Tant mieux ! 

     

    L’Action Française 2000

    - [1] au Grand Rendez-vous d’Europe 1, Le Monde et i-Télé
    - [2] Entretien donné à Boulevard Voltaire ce 29 juin.
    - [3] Communiqué de l’Action française du 27 juin
    - [4] Entretien à la revue Charles

  • Pourquoi l'immigration massive doit cesser

    Par Mathieu Bock-Côté*      

    Le maire de Palerme a appelé ce jeudi à l'instauration de la libre circulation des clandestins dans l'UE. Mathieu Bock-Côté rappelle que les peuples ne sont pas interchangeables et constituent des réalités historiques qu'il faut préserver.   

    Touche pas à mon pote. C'était le slogan de l'antiracisme des années 1980. Il abolissait la distinction entre le citoyen et l'étranger et résorbait le lien politique dans la simple amitié privée. L'humanité étant une, les frontières distinguant les groupes nationaux seraient arbitraires. Il faudrait saisir chaque occasion d'en finir avec elles, en les déconstruisant comme en les transgressant. Qu'importe que l'immigrant soit légal ou illégal, officiellement le bienvenu ou clandestin. Il forçait la nation à se déprendre de son ethnocentrisme, à s'examiner de l'extérieur et à célébrer la différence rédemptrice. D'ailleurs, au fil du temps, le clandestin est devenu le sans-papier. Il ne se définissait plus par sa présence illégale mais par un manque à combler. 

    Ces jours-ci, les clandestins sont devenus des migrants. Singulier euphémisme correspondant au grand récit mis de l'avant par la mondialisation selon lequel nous serions tous des immigrants. Et comme hier, nous entendrons probablement bientôt touche pas à mon migrant. Le terme masque bien mal une véritable déferlante migratoire qu'il n'est pas permis de nommer sans quoi on se fera accuser de céder au fantasme de la submersion démographique. Évidemment chaque immigré porte une histoire singulière. Mais c'est à l'échelle de l'histoire qu'il faut saisir ce phénomène, qui prend l'allure d'une révolution démographique appelée à changer le visage d'un vieux monde faisant semblant de s'en réjouir en chantant la célébration des différences. 

    Les élites européennes adhèrent à un humanitarisme qui ne veut plus voir le monde qu'à travers une vision fondamentaliste des droits de l'homme. Évidemment, aucune communauté n'est définitivement close. Chacune est transcendée par une certaine idée de l'universel. Le christianisme nous disait déjà de tous les hommes qu'ils étaient égaux devant Dieu, et les droits de l'homme ont sécularisé cette noble idée. Faut-il néanmoins rappeler que les peuples ne sont pas tous interchangeables entre eux, quoi qu'en pensent ceux qui veulent définir les peuples simplement par leur adhésion à des valeurs universelles? Un peuple n'est pas une construction juridique artificielle: c'est une réalité historique profonde qui a un droit à la continuité. 

    Il ne s'agit pas de penser, comme le suggèrent certains esprits aussi inquiets qu'excessifs, en termes de conquête de l'Europe par l'islam. À tout le moins, on parlera pour l'Europe d'une immigration de peuplement subie qui engendre des crises sociales de plus en plus nombreuses. Il faut aller au-delà de la seule crise des migrants, qui ne fait que radicaliser la question de l'immigration. Mais ces populations nouvelles ne s'assimilent ni ne s'intègrent vraiment et se constituent souvent en contre-sociétés qui deviennent aisément hostiles aux pays dans lesquelles elles s'installent. Elles arrivent dans les pays européens sans avoir l'intention d'en prendre le pli. Naturellement, les populations locales se sentent dépossédées et se crispent. 

    Nul besoin d'aller jusqu'à prophétiser un choc des civilisations pour constater que des mœurs trop fortement contrastées peuvent difficilement cohabiter sur un même territoire sans que ne s'installe une crise permanente. Évidemment, les explications de ces conflits sont aussi nombreuses que contradictoires. À droite, on a tendance à l'expliquer par l'incompatibilité culturelle entre les populations étrangères et la société d'accueil. À gauche, on accuse surtout cette dernière de ghettoïser les immigrés et d'en faire les victimes d'un système discriminatoire à grande échelle. C'était la formule aussi dangereuse que toxique de Manuel Valls qui a accusé la France de pratiquer l'apartheid contre ses immigrés. Mais plus personne ne croit vraiment que tout va bien. 

    Évidemment, il n'y a pas de solution simple, même si certains se réfugient derrière la complexité de la situation pour justifier leur inaction. Le fait est pourtant que les nations européennes devront envoyer d'une manière ou d'une autre un message clair: les vagues massives de clandestins qui entrent par effraction dans leurs frontières ne sont pas les bienvenues et sont appelées, tôt ou tard, à être refoulées. L'immigration massive doit cesser, et plus encore quand elle prend le visage de ces derniers mois. Cela ne veut pas dire qu'il faille railler toute sensibilité humanitaire en y voyant de la sensiblerie humanitariste. D'ailleurs, quoi qu'en disent les cyniques, les pays européens déploient des efforts significatifs et admirables pour sauver le plus de vies possibles. 

    Le fantasme universaliste qui pousse la civilisation européenne à se mirer exclusivement dans l'idéal d'une humanité réconciliée l'empêche de comprendre ses intérêts spécifiques. Elle en vient à se désarmer politiquement et psychologiquement pour ne plus se voir qu'à la manière d'un espace plat sans identité particulière appelé à accueillir la planète entière. Il n'est plus bien vu, aujourd'hui, d'évoquer la figure de la décadence. On veut y voir une catégorie réservée à la pensée réactionnaire et aux obsédés du déclin. C'est peut-être à sa lumière, néanmoins, qu'il faudrait penser la crise actuelle d'une civilisation renonçant à défendre ses frontières en bonne partie parce qu'elle ne voit plus au nom de quoi et en quel droit elle le ferait.

     

    * Mathieu Bock-Côté est sociologue (Ph.D). Il est chargé de cours à HEC Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal ainsi qu'à la radio de Radio-Canada. Il est l'auteur de plusieurs livres, parmi lesquels «Exercices politiques» (VLB, 2013), «Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois» (Boréal, 2012) et «La dénationalisation tranquille: mémoire, identité et multiculturalisme dans le Québec post-référendaire» (Boréal, 2007).

    Mathieu Bock-Côté - Figarovox

     

  • Bernanos, c'était un Camelot du Roi ...

     

     

    La sensibilité française, en 1789, était déjà formée depuis longtemps, et cent cinquante ans d’apparente réaction contre le passé ne suffisent pas à modifier profondément nos réactions morales, notre conception particulière du devoir, de l’amour, de l’honneur. De sorte que le rythme profond de notre vie intérieure n’est en rien différent de celui d’un contemporain de Louis XVI.

    En ce sens on peut dire que tous les Français sont monarchistes comme moi. Ils le sont sans le savoir. Moi, je le sais.

     

    Georges BERNANOS
    Nous autres Français (1939)

     

  • Les habits neufs du Président Juncker ... vus par Régis de Castelnau dans Causeur

     

    Nous sommes d'accord avec l'analyse qui suit. Nous entendrons par démocratique ce qui tient au sentiment profond des peuples et à la souveraineté des Etats. Et non pas ce qui tient de la démocratie idéologique à la française, au régime des partis, à la tyrannie de la doxa politico-médiatique, au Système ... LFAR

     

    J’ai appris qu’on surnommait « Juncker the drunker » le Président de la Commission Européenne. Surnom que sa jovialité active à base, d’embrassades, de claques affectueuses, et de mimiques intempestives semblent justifier. Il paraît que Tsipras avait prévenu François Hollande et Angela Merkel avant l’annonce du référendum. Mais pas Jean-Claude Juncker, « qui plongé dans un profond sommeil n’avait pas décroché ». En pleine montée de la tension dans la crise grecque, le président de la commission, probablement autour de 3 g, ronflait comme un sonneur. Finalement réveillé, il est arrivé tard pour exprimer chagrin et déception. Son vin gai est devenu triste. 

    Il est vrai que l’Union Européenne semble assez dévêtue, et le Président de la Commission avec. Jérôme Leroy a exprimé la surprise que l’on pouvait ressentir devant la violence des réactions du mainstream face à une démarche de simple bon sens démocratique. Celle d’un Premier ministre grec ayant reçu un mandat et souhaitant le faire revalider par son peuple. Et pour aussi sortir de l’ambiguïté et de la contradiction qui consiste, ce qui n’est pas nouveau concernant la Grèce, à vouloir le beurre et l’argent du beurre. Rester dans l’Europe et dans l’euro, et ne pas rembourser tout ou partie de la dette. 

    Mais les profiteurs s’inquiètent et jappent. Le retour de la politique et du fonctionnement démocratique par la fenêtre, ça provoque des courants d’air. Et ils ont peur de prendre froid. Cette brave Madame Lagarde, dont on apprend qu’elle a corrigé et raturé au stylo rouge les propositions grecques, ce qui en dit long sur son sens des convenances, n’a rien trouvé de mieux que de proférer cette énormité : « le référendum est illégal ». Pardon Madame? Contraire au droit européen? Ce dernier n’a rien à voir là-dedans, il s’agit d’une négociation entre un groupe informel (l’Eurogroupe) et le gouvernement d’un État pour tenter de trouver des solutions à une crise d’endettement. Cette négociation n’obéit à aucune règle juridique particulière que la Grèce aurait violée. Voulez-vous dire alors que le référendum serait illégal en droit interne grec ? Cette consultation ne concerne que les Grecs. De quoi vous mêlez-vous? Vous pouvez considérer qu’elle est inopportune, déloyale ou immorale, mais pourquoi proférer cette insanité ? 

    Parlons justement un peu de droit. Économistes,  financiers, politologues monopolisent le débat, ce qui est bien normal. Les juristes sont très discrets. C’est dommage, car en se référant au droit, on peut peut-être un peu approcher la réponse à la vraie question: « Quelle partie est-elle en train de se jouer ? » 

    La Grèce est en état « de cessation des paiements ». Son niveau d’endettement est tel qu’elle ne peut plus faire face. Lorsque quelqu’un se trouve dans cette situation, il est soumis à des procédures fondées sur des règles et des principes stricts. Dont l’objectif prioritaire est de le sauver. L’ensemble des dettes sont gelées jusqu’à la mise en place « d’un plan de redressement », permettant l’apurement d’une partie du passif et la poursuite de l’activité. Ce qui veut dire que les créanciers vont se manger des pertes. Et pour eux ce sera ça ou rien. Pour la période d’observation jusqu’à l’adoption du plan de redressement, les dirigeants sont flanqués de mandataires qui les surveillent et assument une partie de leurs responsabilités. 

    La notion de « période suspecte », permet de fixer la date de l’état de cessation de paiement. En remontant assez loin dans le temps. En conséquence, tout ce qui a été payé par la structure en difficulté pendant cette période doit lui être remboursé et « rapporté à la masse des créanciers ». Si ces règles étaient appliquées à la Grèce, cela pourrait créer quelques situations amusantes. Et en particulier jeter un éclairage sur la magouille Trichet/DSK de 2011. Alors que la Grèce était déjà manifestement insolvable, le FMI en violation de ses statuts lui a prêté  l’argent qui a servi à rembourser les banques françaises et allemandes lourdement exposées. Prêter de l’argent à une entreprise en difficulté porte un nom : « le soutien abusif ». En conséquence, la responsabilité des prêteurs est lourdement engagée. Usant d’un mauvais jeu de mots, on peut dire que DSK s’il n’a, bien sûr jamais été proxénète, est quand même « un souteneur… abusif ». Dont la responsabilité devrait être engagée. 

    Car, et c’est une autre des caractéristiques des procédures de faillite, on recherche les responsabilités. Celles des créanciers, celles des dirigeants dans la déconfiture. Banqueroute, faillite frauduleuse sont des délits dont la sanction permet d’appeler les auteurs en comblement du passif. En ce qui concerne la Grèce, non seulement il n’y a aucun moyen juridique de revenir sur le passé, mais il est quasiment interdit d’en parler. Qui a fait entrer la Grèce dans l’euro où elle n’avait rien à faire ? Qui a prêté, qui a dépensé ? No comment. 

    Ces principes juridiques et toutes ces procédures ne sont pas réservés aux seules entités privées. En France par exemple, les collectivités territoriales qui pourtant s’administrent librement en application de la Constitution ne peuvent pas fonctionner avec des budgets en déséquilibre. Si c’est le cas, le préfet, assisté par la Chambre Régionale des Comptes prend la main sur la compétence financière. Fixe les recettes (impôts et taxes) et engage les dépenses. Cette souveraineté limitée fonctionne jusqu’au retour à l’équilibre. Cela peut être ainsi parce que la France est un État unifié, ce que l’UE n’est en aucun cas. Ni de près ni de loin. Et c’est là que réside le nœud du problème. 

    J’avais dit dans ces colonnes ou se situait à mon sens la contradiction. Qui vient de se révéler brutalement dans toute sa nudité. Pas parce que le méchant Juncker et ses comparses eurocrates refusent le référendum. Mais parce que l’UE NE PEUT PAS l’accepter.  L’UE n’est pas un organisme démocratique. Elle n’est pas anti-démocratique, mais a-démocratique. Conçue comme telle par ses fondateurs et leurs continuateurs. Précisément, par méfiance vis-à-vis des peuples, pour faire échapper toute une série de questions à la délibération démocratique. La démocratie, c’est la moitié des voix plus une qui gouverne. Pour que la moitié moins une accepte, il faut qu’elle sache qu’elle pourra défaire ce que la majorité précédente a fait si elle même arrive au pouvoir. Dans l’UE, l’essentiel de ce qui devrait en relever est ossifié dans des traités à valeur constitutionnelle non modifiables. Circulez, il n’y a plus rien à débattre. 

    Sur le plan de la théorie constitutionnelle, c’est un drôle de monstre juridique quand même. Ni un État unifié, voire fédéral, ni une fédération ou un simple groupe d’États. Au-delà de la puissance de sa bureaucratie, l’Union n’est pas non plus une tyrannie, le prétendre au-delà de l’effet de tribune, ne serait pas très sérieux. On parle beaucoup du mandat démocratique dont disposerait Tsipras, beaucoup moins de celui, tout aussi démocratique dont dispose Merkel. Et on voit là, le retour du politique, où chacun défend fort normalement les intérêts de son pays. Sauf qu’il y a un rapport de force est que c’est l’Allemagne qui domine. Par sa puissance économique obtenue essentiellement par l’euro qui n’est qu’un Mark étendu. 

    Mais alors les rêveurs vont nous poser la question, comment faire pour que l’Europe puisse être démocratique. Et redevenir un idéal pour les peuples ? Malheureusement… 

    L’Europe des 28 constitue-t-elle l’espace pertinent de la délibération démocratique, une nation européenne avec un peuple européen ? Non. Une culture, une histoire, une civilisation, oui. Pas une nation. J’obéis aux normes que produit mon pays, parce que je n’ai pas le choix. Dans les rapports entre Etats, ce n’est pas la même chose. En dernière instance, les États-nations font ce qu’ils veulent, et les pouvoirs de Bruxelles n’existeront que tant que les nations qui composent l’Union le décideront. 

    Écoutons Charles de Gaulle que l’on interrogeait à propos du silence du traité de Rome sur la possibilité de sortie d’un pays : « C’est de la rigolade ! Vous avez déjà vu un grand pays s’engager à rester couillonné, sous prétexte qu’un traité n’a rien prévu pour le cas où il serait couillonné ? Non. Quand on est couillonné, on dit : “Je suis couillonné. Eh bien, voilà, je fous le camp ! ” Ce sont des histoires de juristes et de diplomates, tout ça. » (1). 

    On a qualifié de « moment gaullien » le choix par le Premier ministre grec du référendum. Que dire du choix conscient d’une éventuelle sortie de la zone euro et même de l’Union. On comprend que Juncker puisse se sentir trahi par Tsipras qui, jouant le rôle du petit garçon dans le conte d’Andersen, vient de lui dire qu’il était tout nu. 

     

    1. C’était de Gaulle d’Alain Peyrefitte – Tome II.

    * Photo : Virginia Mayo/AP/SIPA. AP21758038_000002.

    Régis de Castelnau - Causeur

     

  • C'est la fin ! Par georges Rousseau

     

    08 et 09.2012 034.jpgUn observateur attentif des réalités françaises ne manquerait pas de remarquer que plusieurs éléments, et non des moindres, des problèmes de notre pays, montrent qu'on est arrivé à la fin d'une époque, sur le plan des institutions, sur le plan économique et sur celui de la politique étrangère. 

     

    La fin de la Ve République 

    Le raccourcissement de sept ans à cinq ans de la durée du mandat du Président de la République a changé la nature du régime ! La « monarchie républicaine » imaginée par le général de Gaulle il y a quarante-cinq ans, n'est plus : nous sommes revenus au régime des partis de la Mme République. Car, dans l'idée du général, l'élection du Président de la République au suffrage universel direct et ce, pour une durée excédant largement celle d'une législature, devait lui donner une forte légitimité et une large indépendance face aux partis politiques. A partir du moment où la durée du mandat du chef de l'État est la même que celle des députés à l'Assemblée nationale et que l'élection du premier ne précède que de trois mois l'élection des seconds, ces élections sont liées et, dès lors, le Président n'est pas le chef de la nation, mais seulement celui du parti dominant. On arrive donc exactement au contraire de ce que voulait de Gaulle !

    Et cette entreprise de démolition n'est pas la première. Car, comme l'écrit François de Closets dans un livre récent : « Le général était parti en guerre contre un parlementarisme débilitant qu'il détestait et qui, d'ailleurs, le lui rendait bien. Il n'était pas sitôt disparu que les partis reprirent à leur profit la configuration binaire imposée par la constitution de 1962 ». Et les premiers à le trahir, comme ils l'avaient déjà trahi en ce qui concerne l'Europe, ont été les dirigeants du parti qu'il avait lui-même formé. Car dès l'instant qu'on est en République, on ne sait rien faire sans les partis, au moins en France...

    Ils viennent même d'aller plus loin dans la démolition de la vision gaullienne de laVe République, car le Président n'est plus désigné par le peuple. En effet, la vraie désignation du chef de l'Etat n'est plus faite directement par l'ensemble des électeurs, mais découle d'une élection primaire, où il est choisi par quelques dizaines de milliers de personnes appartenant à un ou des partis politiques ! Comme le remarquait Hilaire de Crémiers dans une récente conférence : jamais le Président de la République n'a été désigné par aussi peu de gens !

    En réalité, il semble que nos dirigeants, qu'ils appartiennent au Parti Socialiste ou à l'UMP, pardon : aux Républicains, n'aiment pas le peuple, qu'au fond ils méprisent... On dirait qu'ils le craignent et préfèrent prendre leurs décisions en petits comités...D'ailleurs, ils traitent avec mépris de « populistes » ceux de leurs adversaires qui attirent les suffrages des électeurs des classes populaires !

    Ainsi, la V' République ne s'est pas terminée par un coup d'état, comme la première et la seconde, ni après une terrible défaite militaire comme la troisième République, ni encore dans les soubresauts dramatiques découlant de la guerre d'Algérie comme la quatrième, mais par des combinaisons partisanes ! Alors qu'on ne cesse de nous rebattre les oreilles des « valeurs de la République », on constate que la réalité s'en éloigne de plus en plus. Elle est chouette la démocratie !

    La fin de la croissance

    Depuis 2008, début de la crise financière mondiale, l'évolution du Produit Intérieur Brut de la France a été, soit négative, soit positive mais à des niveaux très faibles, très souvent inférieurs à 1 % et ne dépassant en aucun cas 1,7 %. En clair, nous sommes durablement dans une période de très faible croissance...

    Par exemple, la Commission européenne prévoit qu'en 2015, la hausse du P.I.B. en France sera de 1,1 %, contre 1,9 en Allemagne. Or, contrairement à d'autres pays européens, la population de la France augmente, résultat d'une bonne démographie et d'une immigration importante. Il faudrait donc que la croissance française soit supérieure, pour qu'elle puisse faire diminuer le chômage. Rappelons que le chômage total atteint cette année 3.500.000 personnes, auquel il convient d'ajouter le chômage partiel qui s'élève à 1.500.000 personnes.

    Autre facteur négatif : la baisse de la productivité depuis les années 1990. La Direction du Trésor indiquait récemment dans une note que : « les gains de productivité par tête en France passent sous la moyenne de l'OCDE ». En cause, la baisse du nombre d'heures travaillées qui est passé, en pourcentage, de 100 en 1976 à 79 en 2012. Ajoutons le vieillissement du matériel : « La France, notait un économiste, est derrière l'Italie, le pays où le stock de capital a le plus vieilli... » Machines peu modernes, retard en robotique, tout ceci nuit à l'efficacité du travail ! 

    Certes, une certaine imélioration a été constatée au début de l'année 2015, et cette éclaircie inespérée a ranimé l'espoir de certains que cette reprise permettrait à la croissance française de repartir en avant. Ce relatif regain de l'activité provient de ce qu'on a appelé : « l'alignement des planètes », à savoir la baisse du prix du pétrole, la baisse de l'Euro et la baisse des taux d'intérêts. Or, le premier élément (la baisse du prix du pétrole) a déjà partiellement disparu, puisque le prix du baril de Brent, qui était tombé à 40 dollars, est remonté maintenant à 60 dollars. Le second élément, la baisse de l'Euro, est aussi en voie de disparition. Quant au dernier ,le niveau quasiment nul des taux d'intérêts, élément totalement injustifié et qui représente un risque mortel pour un pays croulant sous le poids des dettes comme la France, il commence sérieusement à disparaître, le taux des emprunts de l'État français ayant déjà été multiplié par quatre depuis quelques semaines.

    Le pauvre François Hollande se croyait sauvé par son parapluie miraculeux : les cycles économiques, ces théories exposées vers 1900 ! Cycle de Kondratiev de cinquante ans, cycles décennaux de Juglar, ou même les mini-cycles de Kitchin de deux ans ... qui tous se déroulaient uniformément, avec une phae économique ascendante, suivie d'un retournement de tendance et d'une phase dépressionnaire, et de nouveau d'une reprise économique. Le malheur, c'est que la situation à l'époque où ces théories ont été élaborées, n'était pas du tout la même que celle que nous connaissons aujourd'hui. En 1900, les frontières étaient, en ce qui concerne la circulation des marchandises, presque toutes fermées hermétiquement. Les monnaies, à l'époque toutes métalliques (or, argent...), ne circulaient pas facilement. Quant aux nouvelles, elles mettaient le temps d'un bateau à vapeur, ou parfois à voile, pour aller de New-York au Havre, ou pire, de Tokyo à Marseille ! De nos jours, toutes les frontières sont ouvertes aux marchandises du monde entier, on peut aller spéculer librement sur les bourses de toute la planète, et les nouvelles et les capitaux circulent à la vitesse de la lumière grâce à Internet. Il s'ensuit que la théorie des cycles, qui était parfaitement exacte autrefois, ne signifie plus grand-chose aujourd'hui !

    La fin de la politique étrangère de la France

    La politique étrangère menée par les gouvernements français qui se sont succédés au pouvoir depuis huit ans a cessé d'être celle d'un état indépendant défendant ses intérêts nationaux, ce n'est plus la politique étrangère de la France !

    Nicolas Sarkozy a ouvert le bal en se mettant outrageusement à la remorque des Américains. 

    Tournant le dos à une décision historique du général de Gaulle, il a décidé que la France ferait de nouveau partie des centres de commandement militaire de l'OTAN. Or l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord, fondée pour défendre ses membres contre la menace soviétique, n'a plus de raison d'être depuis que l'U.R.S.S. a disparu. L'OTAN n'est plus que le paravent de l'expansionnisme des Etats-Unis.

    Mais il y a plus grave. Se fondant sur des arguments « droit-de-l'hommistes », le président Sarkozy a soutenu la causes des révolutionnaires du « Printemps arabe »  

    en Tunisie, puis en Lybie. Bien que Kadhafi, autrefois proche des terroristes, ait mis beaucoup d'eau dans son vin et se soit rapproché des États occidentaux, notamment de la France, Nicolas Sarkozy a décidé d'intervenir militairement dans ce pays. Les résultats de cette intervention sont catastrophiques ! En effet, Kadhafi éliminé, la Lybie s'est retrouvée écartelée entre différentes factions rivales, chacune représentant une région, une tribu ou un groupe religieux... Depuis lors, une terrible guerre civile ravage le pays et détruit ses richesses ! Quant aux armes modernes que nous avons généreusement distribuées pour faire pièce à Kadhafi, elles se sont comme par miracle retrouvées entre les mains d'islamistes radicaux au Sahel : d'où la guerre au Mali et maintenant dans toute l'Afrique sub-saharienne ! 

    François Hollande a remplacé Nicolas Sarkozy en 2012. Mais la politique suivie par le gouvernement socialiste s'est révélée être aussi mauvaise que celle du gouvernement UMP.

    En Europe, elle a purement et simplement emboitée le pas aux Américains. Notamment, la position de la France aurait dû s'écarter radicalement de l'attitude agressive des États-Unis et de l'Union européenne face à la Russie sur le problème ukrainien. La France aurait dû tenter de trouver sur le terrain diplomatique une solution plus réaliste et correspondant aux intérêts des parties en cause. Ne parlons pas des négociations en vue de la conclusion d'un accord commercial transatlantique, dans lesquels nous sommes loin d'avoir défendu énergiquement nos intérêts...

    De même, en Syrie, à seule fin de faire tomber le « dictateur » Bachar el-Assad, qui pourtant ne demandait qu'à s'arranger avec les puissances occidentales, la France a fourni de nombreuses armes à de prétendus groupes « démocrates », qui se sont retrouvées comme par hasard entre les mains des islamistes radicaux. De même, les interventions aériennes que la France, toujours à la remorque des Etats-Unis, a déclenché contre le DAESH islamique, se limitent au territoire irakien. Résultat, le DAESH règne maintenant en maître sur la moitié de la Syrie !

    Ce bref résumé montre que nos dirigeants, de droite comme de gauche, mènent une politique ne prenant pas en compte, comme elle le devrait, le seul intérêt national. Décidément, il est temps de changer de régime ! 

     

    Restauration Nationale 

     

  • Nuit, Silence et Amulettes… par Champsaur

    A Fort Meade, au plus près des oreilles de la NSA

     

    Etonnements, indignations, imprécations, tartufferie et cris d'orfraies ont suivi les pseudo « révélations » de Libération et Médiapart, Edwy Plenel et Laurent Joffrin réunis. Et dans cette affaire, tout est posture et gesticulation. Les grandes oreilles ne se sont pas ouvertes d'hier, pour les besoins de la communication et de la réclame des protagonistes.

    Le jeudi 14 novembre 2013, nous avions publié dans Lafautearousseau une note fort intéressante signée Champsaur et qui avait pour titre : « Nuit, Silence et Amulettes…  ».

    L'actualité nous y ramène. Extraite des riches archives de notre site, cette étude nous paraît tout aussi pertinente qu'elle l'était il y a deux ans. LFAR 

     

    L’auteur a passé une quinzaine d’années dans les Services Spéciaux français, dans des activités opérationnelles, SDECE nom changé en DGSE. C’est donc perplexes et éberlués que nous sommes nombreux à avoir observé le déluge sur des activités de la NSA, sigle ne signifiant nullement Nuit, Silence et Amulettes, mais National Security Agency.

     

    Ce département de la communauté du renseignement américain est très connu des professionnels ainsi que de la littérature spécialisée, ce qui représente au niveau international beaucoup de monde. Même s’il ne l’est pas du grand public …

     

    Et donc cette vague d’étonnements, de surprises feintes, d’indignations théâtrales, d’affabulations accusatrices ont certes occupé des pages et des heures de média, mais sans que l’on perçoive le but de cette agitation, qui de toute évidence ne modifiera pas l’utilisation intensive de moyens techniques sophistiqués pour la promotion des intérêts des États Unis d’Amérique.

      

    http://www.liberation.fr/monde/2013/06/26/a-fort-meade-au-plus-pres-des-oreilles-de-la-nsa_914019

     

    Les Services Spéciaux ont toujours cajolé des devises ronflantes. La DGSE affiche un Nox generat lumen, ou Ad augusta per angusta. La NSA américaine « They serve in silence ».

    Il est très cocasse de lire ou d’écouter des anciens des Services français, ayant vaguement tenu des postes de responsabilités, venir doctement offrir des explications, alors qu’ils furent plutôt inexistants lorsqu’ils étaient en fonction… 

    Un peu de vocabulaire

    Une série de synonymes : codage et code secret, chiffrement et chiffre, encryptement, cryptologie, les mêmes mots pour désigner l’action rendant illisible un message. Une fonction d’un service d’écoute est de « décrypter » le signal intercepté. C’est donc la course entre l’épée et le bouclier. Il est important de souligner que la France possède depuis l’origine de cette fonction (vers 1900) les meilleurs spécialistes des codes secrets, spécifiquement en la personne des mathématiciens des laboratoires de mathématiques de Normale Sup et de l’X, tel Jacques Stern.  

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     Jacques Stern

     

    http://www2.cnrs.fr/presse/communique/947.htm 

     

    Classifié : c’est la mention attribuée à une information qui décide de son niveau de confidentialité et du droit à son accès, protégé par la Loi. Les échelles de classification sont variables selon les pays. Peu d’industries en sont pourvues.

    Les natures du signal à transmettre, il n’y en a que trois : voix, texte ou image.

    Les supports : il n’y en a que deux, le fil (aujourd’hui la fibre optique), et les ondes, transitant majoritairement par satellites.

    Il n’y a que trois manières de récupérer du renseignement, ce que Richard Nixon appelait les Arts de la nuit :

      Par source humaine (donc un agent qui trahit; un de nos maîtres nous enseignait que recruter un agent, c’est fabriquer un traitre);

      Par intrusion clandestine dans des locaux;

    •  Enfin par moyens techniques, autrement appelés interceptions.

    En dernière analyse, il n’y en a pas d’autres. 

    Un peu d’histoire

    La NSA américaine fut créée formellement en Novembre 1952, en agrégeant plusieurs services d’écoutes qui fonctionnaient depuis l’entrée en guerre des États-Unis.

    (Lienhttp://fr.wikipedia.org/wiki/National_Security_Agency)

     

    1367797017.jpgAvec le Projet Manhattan (fabrication de l’arme atomique), la nécessité apparut de renforcer la protection du secret contre l’espionnage soviétique dès le début des recherches (1942). Un des résultats le plus connu fut l’arrestation et l’exécution des espions soviétiques Julius et Ethel Rosenberg (photo), les États Unis préférant essuyer une violente campagne des relais de Moscou plutôt que de dévoiler la source de leurs informations (en l’espèce les interceptions radio).

    Notons que la NSA n’a jamais réellement caché la puissance de ses moyens et son efficacité. L’action la plus spectaculaire vers le public ayant été en Juillet 1995 la déclassification de quelques archives (autour de 2.900 télégrammes soviétiques du KGB vers des illégaux aux USA, une goutte d’eau) de l’opération Venona, avec parfois des pseudonymes transparents (confirmation que Pierre COT était un agent soviétique), et d’autres conservant leur mystère (un ou une collaboratrice immédiate de De Gaulle à Alger en 1943, source soviétique, et identité connue des seuls Américains).

    (Lien : http://fr.wikipedia.org/wiki/Projet_Venona)

    Au cours des cinquante dernières années la proportion de renseignements obtenus par moyen techniques a considérablement augmenté, représentant par exemple 90% de la production de la DGSE. La raison en est la facilité, moins dangereux que les deux autres procédés. De surcroit intercepter des ondes ne relève pas de l’atteinte à la vie privée. D’où la considérable montée en puissance de la NSA. Qui se chiffre par son budget. On répertorie seize services de renseignement américains pour un budget de 53 milliards $ (soit presqu’exactement la totalité du budget de la défense français; à noter que l’activiste américain Steve Aftergood avance le montant de 75 milliards $ …). Dans cette enveloppe la NSA pèse 11 milliards $, ce qui est absolument considérable (soulignons la disproportion avec le budget total de la DGSE soit 780 millions $, plus 73 millions $ de fonds spéciaux)

    La France est suspendue aux Services américains pour son propre renseignement, autant qu’elle est une cible.

    4179073374.jpgLa lutte contre le terrorisme avancé par Washington, est un prétexte éventé depuis longtemps. Les quelques affaires dites françaises, proposées au public par nos Services dans ce domaine (DCRI) viennent de chez eux. Nous savons depuis bien longtemps que la mission de la NSA est le renseignement politique et économique dans le seul intérêt des États Unis d’Amérique, avec une surveillance tout azimut. En Mars 2000 le patron de la CIA, James Woosley (photo), déclarait dans le Wall Street Journal que le renseignement américain espionnait tous les concurrents pour des raisons économiques.

    Une bonne synthèse du bond technologique accompli ces dernières années par la NSA est toute entière dans la revue « Wired » de Mars 2012, détaillant la construction d’un gigantesque centre de stockage et de traitement dans l’Utah :

    http://www.wired.com/threatlevel/2012/03/ff_nsadatacenter/all/ 

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Utah_Data_Center

     

    Il faut être très clair qu’il n’y a aucune possibilité de légiférer pour contrôler cette activité qui n’empiète qu’à la marge sur la vie privée. Un appel via un téléphone portable suit un circuit très complexe dont une branche est par nature en transmission radio, donc ouvertement accessible.

    Cette montée en puissance considérable de la NSA va de pair avec le développement des « data centers » où la France et l’Europe ont un retard dommageable, voire auront d’énormes difficultés à en retrouver la maitrise, si jamais…

     

    La réponse de la France à cette situation est médiocre et relève du coup de menton. Ce fut à partir de 2003 une agitation pusillanime autour du concept foireux de « l’intelligence économique », et du « patriotisme économique », beaucoup de salive, beaucoup de papiers, beaucoup de temps perdu. Alors que les Américains ont créé les structures simples pour distribuer au mieux le produit du renseignement industriel et commercial vers leur tissu économique, la France n’a cessé de se pénaliser en s’interdisant de fournir la maigre moisson de ses Services à ses entreprises. Les plus acharnés à organiser cette frontière sectaire entre l’activité économique privée et l’État, n’ont pas eu la décence de se taire depuis que les media glosent abondamment sur les activités de la NSA. Sans le talent de John Le Carré.

    Les cris de chat huant poussés par certaines autorités de la France peuvent laisser penser que les fonctionnaires ne lisent pas les journaux ! Alors qu’est public le budget de la défense américain qui est égal à la somme des budgets de la défense de tous les autres pays du monde.

    Rien n’est confidentiel dans ce qui est écrit ici et la littérature professionnelle à la disposition du public est particulièrement copieuse.   •