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Que sont nos banlieues devenues ? Le cas des Beaudottes, à Sevran.....

          C'est -hélas, puisque l'actualité nous l'a en quelque sorte imposé...- le titre d'une des Catégories de ce blog: "Banlieues: des bombes à retardement...". Et nous avions déjà posé la question: "Que sont nos banlieues devenues ?....." à propos du Clos Saint Lazare, cité et zone de non-droit de la Seine Saint-Denis : c'était juste après la parution dans Le Figaro magazine du 16 juin 2007 d'un article mi ahurissant, mi terrifiant racontant l'éxécution en plein jour, et devant ses parents, d'un jeune trafiquant de la cité par d'autres jeunes trafiquants de la même cité (1) ...

          Voici aujourd'hui une autre illustration de ce même phénomène, avec l'article édifiant publié par Léna Mauger, dans Le Nouvel Observateur du jeudi 8 mai (n°2270). Il est inutile de redire ce que nous avons déjà dit mille fois (2), nous et aussi beaucoup d'autres, comme ici Le Nouvel Obs, pourtant peu suspect d'être à la pointe des critiques contre une certaine immigration, devenue une véritable bombe à retardement.....

         

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          Il est simplement heureux de voir qu'au moins il y a un peu partout de la lucidité, et une certaine prise de conscience d'un des problèmes majeurs qui se posent maintenant à la France, suite la folle politique initiée depuis 1975.....

Les Beaudottes à Sevran
Capitale du deal
Fin avril, la police a ratissé la cité. Sans résultat... Voici pourquoi ce quartier de Seine-Saint-Denis s'est transformé en imprenable «supermarché» de la drogue

          Les habitants conseillent aux visiteurs de venir avant 9 heures du matin, parce que plus tard, «c'est risqué, ça deale trop». Mais aujourd'hui, les trafiquants sont sur le qui-vive aux aurores. Dans une tour blanche rénovée, à l'entrée de la cité, derrière le rond-point de l'avenue Dumont-d'Urville, un «cagoulé», un adolescent dont on ne voit que les yeux, accueille les journalistes à sa manière. Il me coince dans l'ascenseur, une chaîne d'antivol à la main. «Vous allez voir quelqu'un ? Vous cherchez quoi ? Vous êtes de la police ?»Les présentations sont faites, il descend. Au pied du bâtiment, d'autres cagoulés tiennent les murs, prêts à frapper pour protéger leur zone de trafic. Premier contact. Bienvenue aux Beaudottes. Située à vingt minutes de Paris et à dix minutes de Roissy en RER, à l'intersection des autoroutes A1, A3 et de plusieurs nationales, cette cité sensible de Sevran, petite ville de Seine-Saint-Denis, est une plaque tournante du trafic de drogue en Ile-de-France. Sur ce territoire où plus de 38% de la population a moins de 25 ans, une trentaine de délinquants dictent leur loi. Une poignée de trafiquants, contre 10 000 habitants. Des petits «parrains» contre de paisibles familles en HLM. Des jeunes, qu'aucun adulte, pas même une armada de CRS, ne semble capable d'ébranler. Dans une note, rédigée il y a quelques semaines, les Renseignements généraux parlent de «situation explosive». Les Beaudottes ou la cité interdite.

Hiérarchie quasi mafieuse

          Mère célibataire, Sabrina (3) est revenue vivre il y a quelques mois dans la cité où elle a grandi. «Au début, les jeunes me posaient plein de questions, dit-elle. Mais comme je viens d'ici, ils m'ont vite acceptée.» Pourtant, dans son HLM, Sabrina n'invite ni famille ni amis. «Les trafiquants surveillent tout. Ils savent où je bosse, ils connaissent tout de ma vie. Ils sont super bien organisés, c'est flippant.» Au bas de l'échelle, il y a les «chouff», les guetteurs, âgés de 13-14 ans, et payés 50 euros par jour. Au-dessus, les cagoulés, les dealers, qui peuvent toucher quotidiennement jusqu'à 5 000 euros. Et, au milieu, ceux qui planquent la came et l'argent. Cette hiérarchie quasi mafieuse est la colonne vertébrale d'un trafic qui, selon des sources policières, rapporterait entre 50 000 et 100 000 euros. par mois. Chaque jour, près de 200 voitures : immatriculées dans toute l'Ile-de-France -; revendeurs du «93», mais aussi mères de famille, cadres en costard... s'arrêtent au coeur de la zone de trafic : le 6 allée La Pérouse, la «tour infernale» et la rue Francis-Garnier. Le noyau dur d'un business de «semi-gros». Une triangulaire stratégique, d'où les jeunes voient arriver les policiers et leur jettent des parpaings depuis les toits. C'est là qu'ils font leur deal au grand jour. Ils y vendent cannabis, cocaïne et héroïne, dans les couloirs, sous le nez des habitants. «Quand je passe, je dis à mes enfants de ne pas regarder, raconte Sabrina. Parfois on ne peut pas rentrer. Les cagoulés bloquent les portes avec des Caddie. On doit attendre dehors qu'ils finissent leurs affaires.» Aux Beaudottes, les ouvriers de maintenance viennent à 8 heures du matin, avec des chiens. Et les pompiers sortent escortés par des policiers...
Dans cette cité gangrenée par le chômage (40% des jeunes sont touchés), les trafiquants sont les rois du pétrole, et se comportent comme tels. «Ils n'ont aucun respect pour rien, se plaint Paul, bagagiste à Roissy.
Ils cassent tout, chient dans les ascenseurs, les couloirs sont pleins de préservatifs. (...) Seul, le jeune, il tremble. Mais à plusieurs, c'est une meute. S'ils savent que tu as parlé à un journaliste, ils peuvent te flinguer.»Le mois dernier, Paul s'est fait agresser à coups de matraque et de bombe lacrymo. Il n'a pas porté plainte par peur des représailles. Comme les autres habitants, il a accepté de me parler à deux conditions : qu'on se rencontre en dehors de la cité, «loin des yeux des voyous», et sous couvert d'anonymat.

A 200 km/h vers l'Espagne

          Le quartier vit dans un état de psychose. Et pour faire régner la loi du silence, les trafiquants, quasiment tous enfants de la cité, issus de l'immigration maghrébine, donnent des coups de main à la population, portent les courses... «Mais quand ils te rendent un service, tu sais qu'un jour ils exigeront quelque chose en retour, explique Sabrina. On est pris en otage, on n'est pas libre.» «Tu es avec eux ou tu es mort», explicite un jeune garçon, qui a fait le chouff l'été dernier. «C'est eux les chefs, ils sont riches.» Pour gouverner, les dealers paient aussi des «nourrices» : des familles qui cachent la drogue et l'argent pour 1 500 euros par mois.
Pourquoi la police n'arrête-t-elle pas ces trafiquants si bien localisés ? «Comment estil possible qu'on laisse une poignée de délinquants régner sur tout un quartier ?», résume
Thérèse, une retraitée, aux Beaudottes depuis trente ans, qui n'ose plus sortir de chez elle. En réalité, quasiment toutes les polices coopèrent ici : la sécurité publique, la brigade anticriminalité et les CRS, qui font près de deux opérations «coup de poing» par semaine. Le nombre d'interventions a doublé entre 2006 et 2007, passant de 180 à 500. En parallèle, un groupe local de traitement de la délinquance antidrogue, associant mairie, partenaires sociaux, bailleurs, sous la direction du procureur de Bobigny, lutte contre le trafic. Sans compter les hélicoptères qui survolent le quartier la nuit, presque l'état d'exception... Et pourtant, la dernière grosse descente a encore fait un flop. Mercredi 23 avril, vers 20 heures, 350 policiers bouclent le quartier. L'objectif est d'investir huit halls identifiés comme points de vente réguliers et une douzaine d'appartements vides pouvant servir de planque. Butin de l'opération : quatre personnes en garde à vue, 800 grammes de cannabis, un 22 long rifle et un gilet pare-balles...
Les Beaudottes, forteresse imprenable ? «Des enquêtes sont en cours, nous avons des informations précises sur les trafics», répond le parquet, qui souligne par ailleurs que les affaires de stupéfiants élucidées ont augmenté de 194% entre 2006 et 2007, et de 40% au premier semestre 2008. Il y a un an et demi, un réseau a même été démantelé. Mais dans ce secteur où la nature a horreur du vide et où la drogue fait vivre des familles entières, les trafiquants ont été remplacés en moins de 48 heures. Et la situation s'est détériorée. Depuis, les jeunes se disputent les marchés des autres quartiers de Sevran, Rougemont et Pont-Blanc-Monceleux. Dans la nuit du 9 au 10 février, Brahmin, 25 ans, a été tabassé à mort lors d'un règlement de comptes. «On est face à une nouvelle génération de trafiquants, explique Jérôme Pierrat, auteur de «la Mafia des cités» (4). Des mecs qui ne sont plus les petits dealers de fin de chaîne, mais des «go fast» qui font le circuit commercial eux-mêmes. Ils filent à 200 kilomètres/heure en Espagne ou aux Pays-Bas où ils bourrent leurs bagnoles de drogue. Du coup, on a une explosion des équipes.» Comment agir face à ces nouveaux «parrains» ? «Le problème, dit un policier haut placé, c'est qu'il faut dix fois plus de moyens qu'il y a dix ans. Nous, on peut intervenir en matière de sécurité, il n'y a pas de zone de non-droit. On est présent, on travaille et on en paie le prix. Mais la cité cumule tellement de handicaps que d'autres acteurs doivent intervenir. Les associations, les médiateurs, les parents...»

Demain, c'est Mexico

          Les Beaudottes ressemblent finalement à beaucoup d'autres banlieues rongées par l'économie souterraine : Stains en SeineSaint-Denis, Pablo-Picasso à Nanterre, les Biscottes à Lille... Des cités paupérisées, à forte population d'origine étrangère dont 80% des jeunes n'arrivent pas au bac, et dont la géographie se prête au trafic : malgré sa rénovation, il y a deux ans, les Beaudottes, avec ses tours de 17 étages, ses parkings et ses appartements vides, est un refuge idéal pour les dealers. Mais tout n'y est pas si sombre. Le centre social Marcel-Paul et la bibliothèque fonctionnent, les jeunes n'ont pas détruit la petite salle de sport. «Il y a huit maternelles, un collège, un centre médico-psychologique, un centre de loisirs, rassure Anne-Claire Garcia, directrice des projets sociaux. Mais on manque d'animateurs et de moyens.» Une impasse face à laquelle le maire déclare son impuissance : «Sevran a 30% d'argent de moins qu'une ville de 50 000 habitants en Ile-de-France, explique Stéphane Gatignon (PC), élu depuis 2001. La normalité, pour les jeunes, c'est la débrouille, la violence et le pognon. Comment ils s'en sortiraient sans le système D ? Nous, ça fait des années qu'on parle de réseaux mafieux. J'ai dit au préfet : si on ne fait rien, demain c'est Mexico.» Aujourd'hui, les derniers acteurs sociaux sont très inquiets : fin mars, tous les concierges des Beaudottes sont partis. Agressés dix-huit fois en deux ans, les onze gardiens ont fini par démissionner, abandonnant définitivement le territoire aux trafiquants.

(1): Voir la note "Que sont nos banlieues devenues ?....." (1 et 2), dans la Catégorie "Banlieues: l'art de vivre ( ! ) républicain....."
(2): Voir les notes des Catégories "Banlieues: des bombes à retardement...", "Banlieues: l'Art de vivre ( ! ) républicain...", et "Douce France républicaine...ou : Chronique de l'insécurité ordinaire....".
(3): Tous les noms ont été changés.
(4): Denoël, 2006.

Commentaires

  • aux beaudottes il ya pas de tour a 17 etages tout ce que vous racontez c'est du pure menssonge

  • Tout ce qu'on ferait pas pour nous faire élire Sarközy une nouvelle fois ou Le Pen. Le Nouvel Obs qui avait sorti cet article travaille en réalité pour la droite et les oligarques.
    Les mecs qui dealent sont des mecs qui n'ont pas d'emplois et quand le système nous marginalise, on doit bien bouffer quand même. Je condamne le trafic de drogue, mais je le comprends néanmoins.
    PS : Votez FN ou UMP en 2012, vous verrez comment la France coulera économiquement !

  • "Dealer" ne semble pas être une activité due à
    une absence d'emplois ou à une nécessité de "survivre"
    sinon, nous aurions 5 millions de dealers en France.

    Lorsque dès le plus jeune âge, il n'y a pas d'éducation,
    d'encadrement approprié, mais une culture de la drogue et
    de l'argent, largement répandue et initiée, dans certaines
    parties de banlieue dans une population plutôt minoritaire,
    ceux qui dealent ont surtout intérêt à le faire, pour des
    raisons non pas de survie (la France n'est pas un pays en
    développement, les minima sociaux et les prestations
    sociales existent, mais si elles sont insuffisantes) mais de
    gains rapides, importants et sans efforts, qui rapportent
    bien plus que le travail. Cela devient davantage une
    dépendance, mais aussi un choix de vie dans lequel
    certains se complaisent en se trouvant de fausses
    excuses, dès lors qu'ils sont pris la main dans le sac.

    Il appartient aux politiques de faire le ménage en
    rétablissant l'ordre dans les cités concernées et en
    donnant aux jeunes, initialement victimes, les moyens de
    retrouver leur dignité dans des missions d'intérêt public
    valorisantes et rémunératrices.

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