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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Sur TV Libertés, KGB - DGSE : Au cœur des services secrets – Sergueï Jirnov & François Waroux ds Le Samedi Politique.


    Les agents secrets ont toujours su attiser les fantasmes, plus encore lorsque l’on évoque les célèbres services du KGB et de la DGSE. Avec Sergueï Jirnov (ex-officier du KGB membre de la direction "S") et François Waroux (ex-officier traitant de la DGSE), nous plongeons dans un monde inconnu, fascinant et souvent inquiétant.

    Dans leur ouvrage, "KGB - DGSE : deux espions face à face" (disponible ici:

    https://www.tvlibertes.com/produit/se... ), les deux anciens "espions", officiant naguère dans deux camps adverses, échangent au fil d’un discours souvent concordant. Ils reviennent sur les actions illégales commises par les services dans le secret et l’impunité et racontent cette vie d’usurpateurs qu’ils ont vécu pendant de longues années.

    A deux voix, ils évoquent les aspects politiques de leur service, d’un KGB intrinsèquement lié au Parti communiste de l’ex-URSS, à une DGSE, stable au-delà des alternances.

    Avec un humour souvent piquant pour ne pas dire acide, Sergueï Jirnov et François Waroux racontent leurs missions d’infiltration, des bancs de l’ENA pour l’un, aux ambassades pour l’autre. Ils détricotent avec amusement le mythe des espions hollywoodiens et portent un regard sur l’éthique de leur ancien métier souvent anéantie par une prétendue raison d’Etat qui ne rechigne pas devant les complots.

    L’occasion de faire un retour détonnant sur de grands scandales comme le Rainbow Warrior, l’implication de la CIA dans la formation des terroristes islamistes en Afghanistan ou au Pakistan et les liens de Mohammed Merah avec la nouvelle DGSI… Un entretien passionnant de bout en bout.

  • Au Cinéma : Les Banshees d’Inisherin, par Guilhem de Tarlé

    1A.jpgArts & Ciné : Les Banshees d’Inisherin, un film iralndais (VOST) de Martin McDonagh, avec Brendan Gleeson, Colin Farrel et Kerry Condon (Colm Doherty, Padraic Suillebhain et sa sœur Siobhan).

    Inisherin est une île de la côte ouest irlandaise, à l’exact opposé mais sur la même latitude que Dublin. Quant aux Banshees, ce sont des fées dont les plaintes sont annonciatrices de la mort d’un proche.
    Sans autre rapport que peut-être la difficulté du « vivre ensemble, le film se déroule sur fond de guerre civile ce qui situe l’action dans les années qui suivent la naissance de l’État libre d’Irlande (1921).

    Le seul intérêt de ce long-métrage (2h) me paraît dans le beau paysage de cetteguilhem de tarlé.jpg région de l’Irlande. Il raconte une amitié brisée entre des personnages quelque peu dégénérés… Le critique du quotidien régional lui attribue 3 étoiles (très bon), ce qui aurait dû m’alerter surtout que son commentaire aligne les expressions toutes faites de celui qui n’a rien à dire : « mise en scène inspirée, script au cordeau essentiellement construit sur des non-dits »… Amen !

    Je modérerais quand même mon propos en signalant que mon épouse a bien aimé… C’est vrai qu’on ne s’ennuie pas.

  • ”Claire, le prénom de la honte” : le témoignage coup de poing de Claire Koç sur une intégration acquise de haute lutte,

    La journaliste Claire Koç (EYES AND PIX / FAURE LIONEL)

    Cette journaliste, née en Turquie il y a trente sept ans, a grandi en France. Elle raconte aujourd’hui son parcours du combattant pour s’insérer dans la société française contre la volonté de sa famille, qui l’a reniée.

    7.jpgA 37 ans, Claire Koç est aujourd'hui journaliste à France Télévisions et travaille à Paris. Mais pour en arriver là, l'adolescente, puis la jeune femme, a dû rompre avec une famille qui ne voyait pas son émancipation d'un bon oeil...  Claire, le prénom de la honte, de Claire Koç, son témoignage, est paru aux éditions Albin Michel.

    Elle est née Çigdem - prononcez [tchidème] -, dans une famille alévie de l’est de la Turquie qui a fui les persécutions en venant en France. La petite fille, d’abord à Rennes, puis à Strasbourg, découvre la France à travers l’école et la télévision. Les grands messes du 20 heures, les films du dimanche… Sa mère est femme de ménage, son père est ouvrier, et elle passe une enfance tranquille. En apprenant le français à l’école, elle va vite servir de traductrice et aider sa famille.

    Mais il y a aussi ces classes d’ELCO (enseignement langue et culture d'origine), où elle apprend le turc, et surtout où ce professeur leur donne sous couvert de cours de langue des cours de religion en disant aux élèves : "Attention les enfants, il ne faut rien dire à vos professeurs français, sinon ils vont me renvoyer en Turquie à cause de vous."  La jeune Çigdem aimerait plutôt apprendre des choses sur le pays où elle vit, mais elle n’ose le dire, craignant les coups des autres camarades prompts à lever le poing.

    La liberté dans les livres

    Sa famille vit alors une "assimilation douce", souhaitant laisser les "bigots" à l’extérieur de l’appartement, achetant au supermarché des tranches de jambon sous cellophane qui traînent dans le réfrigérateur.

    Dans les années 1990, l’arrivée de la télévision par satellite marque un premier séisme : d’un seul coup, la famille va se mettre à vivre à l’heure turque. Finies les émissions en français où parents et enfants pouvaient s’acclimater à la langue, désormais les programmes turcs abreuvent le foyer. L’adolescente d’alors y voit un clair basculement dans le communautarisme, avec un islam rigoriste qui pointe le bout de son nez dans le quartier. Désormais, la famille vivra selon les préceptes du pays d’origine. Eux pourtant persécutés en Anatolie, y retourneront chaque année, et se replieront revenus en Alsace dans la tradition la plus stricte. Une tradition, où la femme se doit d'être invisible.

    Pour Çigdem, c’est le début de l’angoisse. La jeune fille est tiraillée entre la volonté d’être acceptée dans sa famille, et sa soif de découverte, de livres, d’éducation. Orientée vers un lycée professionnel, elle finira par passer le bac. Le début de la liberté. Sa libération, elle la date symboliquement à 2008 : désormais devenue Française, elle décide de s’appeler Claire. Un simple changement de prénom qui va lui coûter cher. Car la rupture avec sa famille est consommée. Claire se construira seule, à la force du poignet, pour accomplir son rêve : devenir journaliste à Paris.

    Un rare plaidoyer contre les obscurantismes

    Aujourd’hui femme active, mariée et maman, Claire Koç a voulu dans cet essai en forme de coup de poing nous réveiller collectivement. "L’assimilation, en somme, est possible, la France la permet", dit-elle. "Encore faut-il la vouloir." Et elle n’épargne personne : ni sa famille à qui elle ne trouve aucune autre excuse que celle de la bêtise, ni les "bobos bien-pensants" parisiens qui veulent systématiquement la renvoyer à son identité d’immigrée, "parce que c’est cool". Ni l’école qui ne permet plus cette émancipation en ayant renoncé à ses grands principes républicains en se laissant gangrener par le communautarisme religieux, ni les associations de quartier assistant les familles, les assignant ainsi à leur place de "victimes" plongées dans le ressentiment, ni certains militants de gauche qui plutôt que de libérer les jeunes de la religion les envoient tout droit dans les bras des bigots…

    Aujourd’hui apaisée, Claire Koç raconte ce parcours en ayant cependant encore le sentiment d'être en permanence ramenée à ses origines dans une France qui valorise le multiculturalisme plutôt que l'universalisme, alors qu'elle voudrait juste clamer "son amour à la France qui lui a permis d’être libre". Elle a voulu pousser l’assimilation jusqu’à se convertir au catholicisme, tout en regrettant la disparition des "hussards noirs de la République", comme si elle avait besoin de retrouver le confort d’une autre identité… Son livre, en tout cas, est un rare plaidoyer pour la liberté et l’intégration, contre le communautarisme et tous les obscurantismes. 

    "Claire, le prénom de la honte", de Claire Koç, paru aux éditions Albin Michel le 10 février 2021, 203 pages, 17,90€.

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    Extrait : "Çigdem - prononcez [tchidème] - a été mon prénom pendant 25 ans. Depuis 2008, je suis devenue "officiellement" Française. J'ajoute volontiers des guillemets car je n'avais jamais ressenti le besoin de prouver à quiconque ma francité, jusqu'au jour où les remarques incessantes de mon entourage me sont devenues insupportables. Leurs commentaires me renvoyaient systématiquement à ce que mon prénom, les traits et la couleur de mon visage évoquent dans l'imaginaire collectif : la Turquie, et non la France. Ce que je désirais intimement et profondément ne comptait pas. Aspirer à être Française était grotesque, futile et incompréhensible à leurs yeux. Si j'ai souhaité m'assimiler c'était également pour m'émanciper de ce carcan identitaire qui étouffe toujours une grande partie de la jeunesse française issue de l'immigration, celle-là même à qui l'on répète inlassablement sa chance d'avoir une double culture. Or, c'est faux, posséder une double culture n'est pas une richesse, c'est un tiraillement permanent. D'un côté, votre famille attend que vous fassiez le choix de votre pays d'origine - avec tout ce que cela implique culturellement et religieusement -, tandis que, de l'autre, vous grandissez et évoluez dans un milieu qui vous inculque les valeurs de la République. Sans compter les bien-pensants qui s'acharnent à vous réduire à votre identité originelle, qu'ils magnifient, allez savoir pourquoi. Moi, je suis Française parce que j'aime la France, et c'est très précisément ce qu'on me reproche."

    Source : https://www.francetvinfo.fr/

  • L’affaire GameStop : un populisme boursier, par Olivier Pichon.

    Brusquement, le peuple se mit à jouer massivement en Bourse. Les professionnels ricanèrent puis perdirent de l'argent. Ils supplièrent alors le législateur de mettre bon ordre à cette prise de pouvoir démocratique. La justice de Biden s'empressa d'obéir, et Wall Street se rasséréna.

    GameStop est le nom d’un distributeur américain de jeux vidéo, propriétaire en France de l’enseigne Micromania. L’entreprise en elle-même n’est pas du plus haut intérêt, au surplus elle était en disgrâce boursière.

    3.jpgAvec l’état d’urgence sanitaire, la plupart des Américains sont restés chez eux, ils ont utilisé le chèque Trump de 1 200 dollars auprès de Robinhood, courtier en ligne pour s’adonner au boursicotage en ligne. Les Américains n’ont jamais eu les préventions des Français pour le marché financier, il y a là quelque chose de consubstantiel à leur culture.

    Robin des Bois contre le shérif de Nottingham ?

    Nous sommes assez loin de l’histoire de Robin des Bois sous Jean sans Terre : il s’agissait alors du monopole de la violence publique pour l’appropriation des richesses ; outre-Atlantique, c’est plutôt le capitalisme de connivence qui tend vers le monopole d’extraterritorialité, mais nous sommes dans la sphère privée, l’État ne jouant que le rôle d’auxiliaire par le truchement de la FED. C’est alors qu’une sorte de « lutte des classes » s’est accomplie sur le théâtre du marché financier, la classe moyenne (voire lower middle class, le bas de la classe moyenne dans la terminologie de la sociologie américaine) contre les « gros », les fonds spéculatifs qui se gavent d’argent dans la planète financière, non sans un certain cynisme, en partie grâce au quantitative easing (QE), le fameux assouplissement monétaire dont la FED se fait le grand dispensateur. Mais cette lutte s’est accomplie dans le champ du numérique, sans bruit, sans fureur et le sang n’a pas coulé.

    Bien entendu, là encore, les réseaux sociaux (principalement Reddit) ont joué leur rôle : cette classe moyenne est ultra-connectée, et dans ce monde individualiste une « solidarité numérique » s’est reconstituée pour s’attaquer aux hedges funds, considérés comme responsables de la crise de 2008 et ses conséquences sur l’emploi mais surtout l’immobilier avec la saisie pour ces gens de leur maisons devenues sans valeur, tandis que le crédit pour les acquérir continuait de courir.

    Depuis mars 2015, le courtier Robinhood a lancé une application destinée aux « millenials » (personnes nées entre 1980 et 2000) qui permet d’acheter et de vendre des actions sans dépôt minimum et sans frais de courtage. Robinhood compte désormais 13 millions de clients.

    Nouveau type d’activisme boursier

    Cette action atteste que la sphère financière ne saurait échapper à la politique, dont elle a toujours prétendu être indépendante, voire étrangère. Ces petits porteurs ont décidé d’acheter massivement les titres de cette firme GameStop, et ils ont mis à mal les fonds spéculatifs qui pratiquaient la vente à découvert. C’est une première et, dans le contexte américain actuel, beaucoup en font une lecture politique : ce serait du « trumpisme » ! Si l’on veut bien considérer que Biden avait la planète financière pour lui.

    L’envolée extraordinaire du cours de GameStop apparaît d’abord comme le succès des petits porteurs en ligne qui ont réussi, pour certains, à empocher des millions en quelques jours, mais aussi à mettre à genoux les plus grands fonds spéculatifs qui pratiquaient la spéculation à la baisse, en leur faisant perdre des milliards de dollars. On peut citer Melvin Capital ou Citron Research qui opèrent à partir de paradis fiscaux. Le schéma classique en finance consiste à acheter une action et à attendre que son prix augmente pour la revendre et se faire une marge. Mais certains investisseurs pratiquent la vente à découvert, aussi appelée shorting, c’est-à-dire qu’ils s’intéressent, à l’inverse, aux actions dont le cours baisse. Ce mécanisme de vente à découvert comporte toutefois un grand risque. Car si un grand nombre de personnes misent sur cette stratégie et décident d’acheter une action de petite valeur, le prix de celle-ci, en raison d’une forte demande, finit par augmenter au lieu de baisser. Et les investisseurs qui pratiquent le shorting se retrouvent donc endettés, au lieu de s’enrichir. Les hedge funds pariaient sur la faillite d’une entreprise, ils ont dû en payer la note salée. Du poil arraché aux loups de Wall Street ! Elon Musk s’en est réjoui en qualifiant les hedge funds de « déboires du siècle ».

    Que s’est-il passé ?

    Le titre GameStop a atteint des sommets, soit une augmentation de presque 50 fois son prix initial, obligeant les fonds à cesser leur spéculation à la baisse et à racheter les actions au prix fort afin d’éviter des pertes colossales, une situation appelée « liquidation forcée », et à perdre en tout 13 milliards de dollars. Le gouvernement américain et un régulateur fédéral enquêtent pour déterminer si la flambée fin janvier du prix de certains titres à Wall Street, dont celui de GameStop, s’apparente à de la manipulation, a rapporté le Wall Street Journal. Étrange discours puisque nous sommes dans la manipulation avec ou sans GameStop ! Il n’est pas non plus exclu que cette masse de nouveaux investisseurs soit elle-même manipulée : l’application Robinhood est issue de la Fintech, le sérail de la haute finance, et mise en cause pour des manipulations des cours de l’or.

    Quelles leçons tirer ?

    Tout d’abord, revenir sur l’idée de l’efficience des marchés et leur rationalité : nous en sommes très loin, la ruée des petits porteurs est un phénomène fortement mimétique. De part et d’autre, on a voulu ignorer qu’on ne peut pas, dans la vraie vie, emprunter un bien et le revendre : sur les marchés financiers, c’est possible par le mécanisme des ventes à découvert, gageons que celles-ci ne seront pas supprimées à l’avenir et que « l’exubérance boursière » (Greenspan, ancien président de la FED, qui parle d’or) va continuer jusqu’au prochain krach. La question est aussi de savoir si cela reflète bien la valeur des entreprises et l’investissement dans la sphère productive. De leur côté, Elizabeth Warren et Bernie Sanders, à la gauche de Biden, réclament une enquête du régulateur américain contre des « activités illégales et le comportement scandaleux des fonds d’investissement ».

    La conclusion de l’affaire est arrivée, avec le retournement de la situation par Robinhood elle-même : l’application utilisée par les apprentis spéculateurs pour leur raid a sifflé la fin de la croisade anti-Wall Street, elle a finalement bloqué, de façon illégale, apeurée par la panique de Wall Street[1], son application d’achat et de revente d’actions GameStop. Certains petits porteurs se sont enrichis, d’autres ont perdu, l’égalité n’est pas inscrite au fronton de Wall Street, mais voilà que le sheriff commence à s’intéresser à l’affaire : pratiques anticoncurrentielles, conflits d’intérêt, de quoi nourrir les plaideurs qui sont légion dans une société dont la judiciarisation est à son zénith ; les avocats, plus que « les gueux de Wall Street », seront assurément gagnants dans cette affaire. L’avenir nous dira si l’Amérique a vécu un épisode de démocratisation de la Bourse ; si les choses se passent comme à la présidentielle, on peut déjà en douter.

     

    Illustration : Keith Gill, qui se surnomme FuckingDeepValue ou Roaring Kitty, est un analyste financier américain normal. C’est lui qui a sans doute déclenché une jubilatoire frénésie d’achat de l’action GameStop.

     

    [1]  « En effet, le modèle économique de Robinhood implique un contrat passé avec Citadel, un fonds d’investissement propriétaire d’un autre hedge fund, Melvin Capital, qui est l’un des acteurs de Wall Street qui a le plus perdu d’argent lorsque la communauté Reddit s’est mobilisée. Citadel a certes renfloué Melvin, mais il aurait aussi fait pression sur Robinhood pour le forcer à couper les ordres. » Numerama, 3 février 2021

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Crise du covid-19 : quels impacts potentiels sur le système économique mondial ?, par le Cercle Jean Bodin (Lyon).

    La crise sanitaire internationale induite par la pandémie du covid-19 donnera lieu à une crise économique et financière majeure. Cette analyse n’aura pas pour objectif de faire l’inventaire statistique de la récession économique internationale ; sur ce point, chacun pourra se documenter en sources de presse diverses sur l’état des économies nationales impactées par le covid-19. La chute constante des cours boursiers mondiaux en est l’un des témoins immédiats.
     
    L’objectif de cette analyse sera de se projeter sous un angle « méta-économique » et de réfléchir aux conséquences de fond que pourrait – devrait-on plutôt dire « devrait » - engendrer la crise du coronavirus sur la logique du système économique mondial, de son architecture. Comme toute crise, celle du covid-19 se traduira par des continuités. Cependant, elle pourra aussi donner aussi lieu à des ruptures majeures dans la manière de considérer la logique fondamentale du système économique international.

    ÉLÉMENTS PRÉLIMINAIRES - Quelle est l’architecture actuelle du système économique international ?

    Le système économique mondial repose sur plusieurs paramètres structurants, dont certains seront énumérés ci-après.
    1. Un étalon monétaire qui est lui-même une monnaie, à savoir le dollar ; ce dernier repose à son tour sur au moins deux piliers que sont, d’une part, la puissance militaire américaine comme garantie financière du référentiel états-unien, ainsi que le cours du baril de pétrole (qui, quant à lui, engage une multitude d’Etats exportateurs et importateurs de pétrole) ;
    2. Un système d’économie intégré à l’échelle mondiale, répondant du principe de la division internationale du travail (DIT), ainsi que de la libre circulation (bien que relative) des marchandises et des hommes ; ce dernier, d’inspiration économique libérale, pose que chacune des puissances économiques du monde se positionne sur le marché économique international en fonction de ses avantages comparatifs optimaux. C’est ce qui conduit certains pays, voire certaines régions, à se positionner comme les « usines du monde » - en proposant une main d’œuvre à bas coût et des standards sociaux et environnementaux très réduits – et d’autres à se structurer autour de l’économie de service, dont la valeur ajoutée intellectuelle et innovante justifie des coûts de vente plus élevés (c’est le cas des pays très développés) ;
    3. Une prédominance de l’économie financière sur l’économie industrielle, notamment en Europe et aux Etats-Unis. Ce point est plus difficile à percevoir pour quiconque n’a pas vécu la problématique de l’investissement en entreprise. La capacité d’une société à investir dans son appareil productif, dans sa RDI ou dans ses compétences humaines, conditionne sa pérennité sur le long terme. Aujourd’hui, la logique économique aux Etats-Unis et en Europe repose sur un recours le plus limité possible à l’intervention des banques centrales en soutien à l’économie, ce qui a pour conséquence directe le recours inévitable et nécessaire à l’emprunt bancaire comme levier de financement majoritaire des entreprises et, surtout, immédiat pour les entreprises. Le terme d’“immédiat” a son importance car la plupart des dispositifs de co-financement public français, par exemple, ont pour défaut énorme de prendre la forme d’un crédit d’impôt ou d’une subvention différée dans le temps, tandis que l’emprunt bancaire se traduit le plus souvent par un prêt financier immédiat injectable rapidement dans le patrimoine circulant de l’entreprise.
    Cette prédominance de l’économie financière sur l’économie industrielle engendre plusieurs problèmes de fond pour les acteurs de l’économie productive (c’est-à-dire non financière et spéculative). Nous en citerons notamment deux :
    o Un problème d’horizon de rentabilité, d’abord, puisque les investisseurs financiers se positionnent sur des logiques de rentabilité à très court terme (environ 5 ans) qui peuvent entrer en contradiction avec les enjeux de moyen et de long terme sous-tendus par le développement d’une innovation de rupture ; avec, également, l’horizon de rentabilité plus long propres à certains secteurs d’activités. Ils peuvent même poser des questions d’incompatibilité « de nature » pour certains secteurs économiques : par exemple la production de navires de croisière dont le taux de rentabilité très faible tend à limiter l’intérêt objectif d’un investisseur financier, raison pour laquelle la plupart des chantiers navals du monde sont des actifs publics ;
    o Un problème d’endettement bancaire puisque en limitant considérablement le prêt public et en refusant tout recourt à l’inflation stratégique, les acteurs économiques se voient systématiquement contraints de se financer via des prêts à intérêts et aux impératifs de remboursement assez restreints dans le temps.
    Il n’est toutefois pas question ici de critiquer l’existence même des banques et du financement privé qui possède, par ailleurs, plusieurs atouts, au premier rang desquels la réactivité que ces leviers de financiers sont capables de mettre en œuvre pour débloquer des disponibilités aux entreprises. Ce qui est cependant mis en exergue ici est la polarisation considérable de notre système financier qui est quasi-intégralement supporté par de l’endettement privé et paraît très peu hétérogène. La structure de l’endettement des entreprises est très peu diversifiée aujourd’hui.
    Ces quelques paramètres structurants sont loin d’être exhaustifs mais ils permettent finalement de comprendre la manière dont s’articule fondamentalement notre système économique et commercial international à travers :
    • Une problématique de compétitivité depuis longtemps étendue à l’échelle mondiale, dont chacun a pu voir les effets à son échelle avec les épisodes de délocalisations industrielles, dans les pays très développés ;
    • Une logique économique fondamentalement orientée autour de la rentabilité et de l’optimisation des coûts ; ce point pourrait paraître un lieu commun mais il ne l’est pas. Par exemple, des économistes considèrent actuellement l’importance de repenser la finalité première du système économique mondial, lequel pourrait être conditionné par d’autres critères que celui de la rentabilité à tout prix. Parmi ces indicateurs capables de supplanter celui de la rentabilité pourraient figurer : l’innovation, l’empreinte environnementale, la favorisation des circuits économiques locaux, etc.
    Le cadre global du système économique mondial ayant été sommairement exposé, seront désormais balayés plusieurs éléments d’analyse prospective sur les effets que pourrait engendrer la crise sanitaire et économique issue du covid-19.

    QUELLES CONSÉQUENCES POTENTIELLES POUR LE SYSTÈME ECONOMIQUE MONDIAL ?

    1 - SUR LE PLAN ECONOMIQUE, FINANCIER ET COMMERCIAL
     
    1.1 - Tout d’abord, la crise économique sous-jacente à la crise sanitaire sera l’exact inverse de ce que nous avons connu lors de la crise économico-financière de 2008. En 2008, une crise financière et spéculative a conduit de nombreux acteurs financiers à faire faillite ; la faillite de ces derniers a appauvri en financements l’ensemble des acteurs de l’économie productive (économie « réelle »). Aujourd’hui, c’est le schéma diamétralement opposé qui se produit. La crise sanitaire oblige les Etats à engager des mesures légitimes de confinement et d’interruption d’activité de production, étendues à l’échelle nationale, ce qui met littéralement en pause toute l’économie productive réelle. Et précisément c’est de cette mise en pause de l’économie réelle que démarre la crise des marchés financiers que nous connaissons en ce moment.
     
    1.2 - La mondialisation totale est en train de montrer ses limites objectives. Elle a pu constituer un facteur de développement économique considérable pendant plusieurs dizaines d’années mais elle se heurte désormais à des problèmes tout aussi considérables. En effet, l’accroissement de la démographie mondiale s’accompagnera inexorablement de nouvelles crises virales, de plus en plus fréquentes. C’est la raison pour laquelle, d’ailleurs, certains pays asiatiques comme la Chine ou la Corée du Sud ont affiché une meilleure préparation que nos pays européens à la pandémie du covid-19 ; ces derniers ont déjà expérimenté des crises virales majeures dans le passé, notamment la crise du SARS en 2003. Puisque des pandémies seront statistiquement de plus en plus probables, l’ensemble des acteurs économiques engagera certainement une réflexion quant à la viabilité stratégique d’une chaîne de sous-traitance établie intégralement en Asie, principal foyer géographique de départ des épidémies. Dans l’analyse du rapport coûts/bénéfices, il est probable que l’avantage comparatif d’une production en Chine soit amenée à être ré-évaluée par les acteurs économiques et industriels, au profit d’une répartition plus calculée et hétérogène des chaînes de sous-traitance, capables d’encaisser la propagation d’un virus en assurant une continuité de la production minimale. Par exemple, en positionnant stratégiquement des sites de production dans plusieurs régions du monde plutôt qu’une seule, les acteurs économiques se garantiraient cette continuité de production minimale, considérant, de fait, qu’une pandémie n’affecte pas au même moment tous les continents de la planète. De fait, tandis que l’Europe va devenir le premier foyer mondial du Covid-19, la Chine commencera peu à peu à retrouver son ordre de marche.
     
    1.3 - Sur le plan financier, la France vient d’annoncer le lundi 16 mars un fonds de garantie étatique de 300 milliards d’euros pour soutenir l’économie nationale dans la crise. Ce paramètre doit être observé de très près car il constitue un changement notable du paradigme politico-monétaire français, voire européen. Le fait que l’Etat se déclare en volonté et en capacité de venir soutenir directement l’économie nationale peut être l’une des ruptures majeures à l’un des paramètres structurants de notre système économique et financier, tel qu’évoqué en introduction.
    Le soutien de l’Etat à l’économie nationale est aussi un critère déterminant à prendre en compte car, sans lui, on peut considérer qu’une partie difficilement quantifiable de notre tissu PME risque de déclarer faillite dès l’été 2020. Pour illustration, l’endettement consolidé total des entreprises[1] de type PME représentait plus de 400 milliards d’euros en France en 2017. Pour les ETI, il était supérieur à 500 milliards d’euros la même année. La France est le deuxième pays, derrière le Japon, en termes de taux d’endettement des entreprises, lequel représente 74% de son PIB en 2019[2]. Cela signifie, de deux choses l’une :
    • que les entreprises françaises, sont extrêmement endettées ;
    • et, par conséquent, qu’un arrêt total d’activité pendant environ deux mois (c’est ce qui est envisageable compte tenu des mesures de confinement) est de nature à conduire à des situations critiques de trésorerie pour une proportion considérable d’entreprises, y compris d’ailleurs des grandes entreprises.
    Un simple calcul : en supposant que l’endettement à court terme représente en moyenne 25% (estimation arbitraire) du total des dettes d’une entreprise de type PME, cela signifie que le montant total de l’endettement à court terme total encouru par les PME françaises aujourd’hui pourrait être d’au moins 100 milliards d’euros. Pour rappel, en règle comptable l’endettement à court terme est un emprunt contracté pour un remboursement sur moins de 2 ans. Sauf action majeure et rapide de l’Etat, de nature à bouleverser la logique du système économique et monétaire européen (par exemple, une politique de création monétaire d’urgence) on peut s’attendre à ce que des dizaines de milliers d’entreprises soient en faillite dans les prochaines semaines. Et il n’est question ici que des seules PME...
     
    1.4 - Par ailleurs, certains secteurs ou niches d’activités vont très certainement connaître une croissance importante dans les années à venir ; c’est notamment le cas des secteurs de l’hygiène, de l’analyse microbiologique en environnements divers, de la transformation numérique de l’entreprise, de la formation en ligne, des technologies de l’information et de la communication en général, et bien d’autres. Ces derniers seront portés par un regain d’intérêt mondial, conséquence direct du covid-19.
     
    1.5 - Autre élément notable, on a pu constater que la crise mondiale du Covid-19 a été l’occasion pour la Russie d’affirmer sa stratégie de puissance en se rendant plus compétitive sur le marché des ressources énergétiques. On peut d’ailleurs considérer que la chute du prix du pétrole peut-être à la fois au tenant et à l’aboutissant de la crise financière globale que traverse aujourd’hui le monde : au tenant, car elle contribue initialement à l’incertitude des acteurs financiers et donc à la contraction générale des investissements ; et à l’aboutissant car le cours du baril pétrolier est l’un des piliers fondamentaux du système monétaire international (cf. introduction).
    La crise pétrolière en cours fragilise d’ailleurs considérablement les pays ultra-dépendants à l’or noir, au premier rang desquels l’Algérie et le Venezuela, déjà à l’agonie économiquement. Il faudra prendre en considération que ces deux pays, pour ne citer qu’eux, constituent des pivots géostratégiques majeurs pour leurs régions respectives et qu’une crise politique interne est de nature à déséquilibrer le nord de l’Afrique et de l’Amérique latine.
     
    2 - SUR LE PLAN SOCIOLOGIQUE
     
    2.1 - On aura pu observer des différences considérables de discipline et d’intégration du risque viral entre les pays et les peuples touchés par le Covid-19 ; on constate, par exemple, une très nette différence de réaction de la population entre la Corée du Sud et la France, où le dimanche 16 mars des milliers de français décidaient de profiter du beau temps, de se promener le long des berges ou d’organiser des pique-niques dans les parcs, contrevenant avec allégresse à toutes les communications désespérées des services de santé nationaux.
     
    2.2 - Certains problèmes majeurs liés à la psychologie des foules, à prendre en compte dans l’analyse des crises future et leur gestion.
    Par exemple, l’épisode de fuite urbaine qui s’est produit à Wuhan et qui a entraîné la dissémination de plusieurs millions de chinois s’échappant de la ville de Wuhan avant sa mise en quarantaine. Cet épisode s’est reproduit exactement à l’identique à Paris où une partie notable de la population a quitté la capitale entre le dimanche 16 et le lundi 17 mars, pour aller s’installer en province et à la campagne ; en faisant, du même coup, courir un risque différé énorme aux territoires et aux populations les moins fournis en moyens médicaux, notamment d’urgence. Nous en constaterons les effets d’ici quelques jours lorsque des centaines de cas de coronavirus seront déclarés dans des territoires provinciaux jusqu’alors relativement épargnés.
    Autre exemple de problème de psychologie des foules, les épisodes de ruée vers les grandes surfaces que nous avons connus, alors que les acteurs agro-alimentaires (maraîchers, grands distributeurs) semblent confirmer sur le terrain que nous ne serons absolument pas en situation de pénurie. Ceci alors que la France figure comme l’un des rares pays du monde à pouvoir afficher une véritable autosuffisance aliment
  • En réponse à vos courriels : ”Pourquoi soutenez-vous La Manif pour tous ?”...

    Lancée il y a à peine plus d'un an, notre Page Facebok "La Faute à Rousseau Royaliste" vient de dépasser les 2015 "Amis". L'un de ces tous derniers "amis", étudiant à Strasbourg, nous connaissant à peine puisqu'il vient juste de nous découvrir, nous demande : "Pourquoi soutenez-vous "La Manif pour tous ?" , et ce qu'il peut répondre, et donner comme arguments, à ceux avec qui il mène des débats passionnés sur le sujet... Nous ne pouvons que lui répondre ce que nous écrivons ici, depuis le début du mouvement, c'est-à-dire depuis début janvier; certes, pour beaucoup de nos lecteurs, cela a été dit : au moins trouveront-ils là - si besoin était... - confirmation de notre engagement et assurance quant à la continuité de notre soutien à ce mouvement de fond; et nous renvoyons notre lecteur - comme tout le monde, du reste, ceux qui nous connaissent comme ceux qui nous découvrent - à la consultation de notre Page, dans laquelle chacun trouvera une ample moisson d'arguments : 

    Douze réflexions pour une contribution de fond sur "le mariage pour tous"

    Demain, nous publierons la vidéo de la très bonne intervention de Jacques Trémolet de Villers sur ce sujet lors du récent hommage à Jeanne d'Arc, tenu à Paris les samedi 11 et dimanche 12 mai derniers...

    Pourquoi s'associer pleinement à « La Manif pour tous » ? 

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    VINGT TROIS.JPGOn sait que nous nous sommes associés pleinement à la campagne lancée, courageusement, par l'Eglise Catholique de France et par divers mouvements ou associations, contre le projet de loi dit du "mariage pour tous". On sait que nous soutenons, et avons soutenu, les manifestation, locales ou d'ampleur nationale, depuis le 13 janvier dernier.

    Le cardinal André Vingt-Trois, à l'occasion du 15 août dernier, a fait dire, dans toutes les églises de France, une "prière pour la France", s'élevant, en fait, contre ce projet; le pape Benoît XVI avait encouragé cette initiative; qu'elle a été confirmée par la Conférence Episcopale réunie par la suite  à Lourdes. De fait, L'Eglise, pourvu qu'elle le veuille, qu'elle y lance toutes ses forces, possède encore - on a eu, on aura, sans-doute, encore, l'occasion de le vérifier - une capacité considérable de mobilisation et d'influence. Souhaitons qu'elle l'utilisera toujours à fond et, dans ce cas, soutenons-là avec la même force.

    Les autres grandes religions, avec les nuances qui tiennent à leur spécificité, se sont exprimées dans le même sens. En particulier, le Grand Rabbin de France, Gilles Bernheim – faisons fi de l’actuelle tourmente dans laquelle il se trouve, en nous en tenant aux seules idées… -  a publié un document remarquable, opposé à un projet de loi qui, selon lui, consiste à « priver des enfants d’un droit essentiel, avoir un père et une mère et non un parent 1 et un parent 2". En l'occurrence, cette conjonction des grandes religions, présentes sur notre sol, peut être utile à la France. Qu'elles s'opposent ensemble à un projet de pure déconstruction sociale, imposé en force par une minorité et un gouvernement indifférent au Bien Commun, est une nouveauté importante. Ces autorités spirituelles se déterminent en fonction de préceptes religieux, issus des Ecritures, mais aussi de considérations morales, anthropologiques et sociétales.

    la manif pour tous.jpgDu simple point de vue politique qui est le nôtre, qui ne méconnaît nullement ces hautes raisons, le projet de loi gouvernemental est une atteinte supplémentaire à la cohésion, à la stabilité, et à la structure même, la plus fondamentale, de notre société, et aux conditions du Bien Commun. C'est la raison majeure pour laquelle nous nous opposons, nous aussi, au projet gouvernemental, et pour laquelle nous conseillons à nos amis de participer aux manifestations régionales et locales depuis le 13 janvier, comme à toutes les actions qui seront menées par la suite, pourvu qu'elles soient sérieusement, raisonnablement organisées, et sans risque de tomber dans ce genre d'excès ou d'outrances qui finissent par nuire à la cause défendue.

    Nous ajouterons, quant à nous, que se battre sur l'unique et ultime front (ultime, pour combien de temps ?) d'une opposition déterminée au "mariage homosexuel", si justifiée soit-elle, serait tout à fait insuffisant. Si, en effet, "la famille est la base de la nation", il y a déjà bien longtemps que la stabilité des familles françaises n'est plus une réalité, bien longtemps que cette stabilité est fortement atteinte, bien longtemps que la société nationale se dissout, s'atomise, au profit d'un individualisme de plus en plus accentué, avec tous les très graves désordres sociétaux qui en découlent. A terme, c'est notre capacité à transmettre notre culture et notre civilisation qui est en question. Nous voyons déjà, tous les jours, et en toutes sortes de domaines, les inquiétants effets de cette dissolution des familles françaises. C'est donc sur une ligne très en amont de la seule question du "mariage homosexuel" que nous devons situer le front de nos campagnes et de nos actions. Celui de la reconstruction de la famille française, sans quoi l'avenir national sera, de toute façon, compromis. 

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  • La rentrée théâtrale à Paris : des spectacles à ne pas rater par Bruno Stéphane-Chambon

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    Le rideau rouge s'ouvre sur une belle rentrée pour la Comédie Française et le Théâtre de Poche-Montparnasse.

    Madame Mayette-Holtz, administratrice générale de la Comédie Française, a présenté en juin dernier par deux fois le programme de la prochaine saison théâtrale. La Salle Richelieu était comble, ce qui prouve l'intérêt des amateurs et professionnels pour cette prestation très médiatisée.   

    Pour mettre en scène les chefs d'œuvre annoncés, de nombreux artistes de l'extérieur ont été sollicités. Toutefois, Madame Mayette-Holtz, a aussi privilégié la participation d'acteurs de la troupe, pensionnaires, sociétaires actuels ou honoraires, afin de monter les grands classiques et des créations. Cette politique permettra d'exploiter au mieux le savoir faire et le talent de nos comédiens de " l'Illustre Théâtre " sur les planches des trois lieux dont il dispose.

     Dans la salle mythique de la Salle Richelieu

    Place Colette Paris Ier

    Location - Téléphone : 08 25 10 16 80

     

    Du 20 Septembre au 17 Février

    Le Tartuffe de Molière

    Dans une nouvelle mise en scène audacieuse de Galin Stoev, artiste d'origine bulgare, qui travaille entre la Belgique, la France et la Bulgarie.

    Metteur en scène d'origine bulgare, Galin Stoev vit et travaille entre la Belgique, la France et la Bulgarie. Il a déjà collaboré avec la Comédie-Française où il a monté en 2007, La Festa de Spiro Scimone, en 2008, Douce Vengeance et autres sketchesde Hanokh Levin et L'Illusion Comiquede Corneille et dernièrement en 2011 Le Jeu de l'amour et du hasard de Marivaux.

    Du 26 Septembre au 2 Décembre

    AntigonedeJean Anouilh

    Enfin le grand auteur est de retour avec une mise en scène Marc Paquien, déjà connu dans ce théâtre où il a présenté Les affaires sont les affaires d'Octave Mirbeau, ainsi que La Voix humaine de Jean Cocteau, précédée de La Dame de Monte-Carlo de Jean Cocteau et Francis Poulenc.

    Pièce sur la résistance et ses contradictions au travers d'un grand mythe de la tragédie antique illustré par Sophocle.

    Du 8 Octobre au 14 Janvier

    Un chapeau de paille d'Italied'Eugène Labiche

    Giorgio Barberio Corsetti, est un metteur en scène de réputation européenne qui a travaillé autant en Italie qu'au Portugal ou en France, et a été directeur de la section théâtre de la Biennale de Venise de 1999 à 2001.

    Chef-d'œuvre du théâtre comique, cette pièce marquée par un destin loufoque est la consécration de l'art du quiproquo

    Du 17 Octobre au 16 Décembre

    Dom Juan ou Le Festin de Pierre de Molière

    La mise en scène est de Jean-Pierre Vincent, ancien administrateur de la Comédie Française (1983-1986) il a déjà monté de nombreuses pièces classiques et créations dans ce théâtre.

    Du 29 Novembre au 1erMars

    La double inconstance de Marivaux

    Mise en scène par Anne Kessler, Sociétaire de La Comédie Française, dont la formation et l'expérience nous révèlera les aspects secrets et protéiformes de ce grand auteur.

    Du 17 Décembre au 22 Mars

    Le Misanthrope de Molière

    Dans une mise en scène de Clément Hervieu-Léger, entré dans la troupe en 2005 il nous présente une pièce en vers, parfois controversée. Cette pièce de Molière est une confrontation entre le naturel et une Cour sophistiquée et surannée.

    Dans la salle du Vieux-Colombier. Un théâtre chargé d'histoire !

    21, rue du Vieux-Colombier,Paris VIème

    Location - Téléphone : 01 44 39 87 00/01

    Du 17 Septembre au 26 Octobre

    Trahisons d'Harold Pinter

    Dans une mise en scène de Frédéric Bélier-Garcia, qui après avoir enseigné la philosophie s'est consacré à la mise en scène de théâtre, d'opéra ainsi qu'à l'écriture de scénarios.

    Harold Pinter, Comédien, scénariste, dramaturge anglais, a reçu le Prix Nobel de littérature en 2005. La cruauté et le réalisme de ses œuvres ont été qualifiés de "Théâtre de la Menace".

    Les relations du couple sont au cœur de ses pièces. On se souviendra de La Collection (1961) et de L'Amant (1962). Trahisons renoue avec ses thèmes de prédilection : le mari, la femme, l'amant et la destruction de ce trinôme.

    Du 12 Novembre au 1erJanvier

    George Dandin de Molière

    Entré en 2007 à la Comédie Française et nommé sociétaire en 2011, le metteur en scène, Hervé Pierre, s'attache à retrouver dans cette pièce, son côté farce avec musique et danse sans ignorer la profonde humanité des personnages.

    Studio-Théâtre, un plateau pour la découverte.

    Galerie du Carrousel du Louvre

    Place de la Pyramide-Inversée

    99, rue de Rivoli, Paris Ier

    Location - Téléphone : 01 44 58 98 58

     Du 27 Septembre au 2 Novembre

    Cabaret Barbara

    Direction artistique de Béatrice Agenin

    Le parcours de la dame en noir qui jouait du piano. Monique Serf, dite Barbara.

    (1930-1997), auteur, compositeur et interprète, réapparaît dans le cadre intime du Studio-Théâtre. Son parcours, du cabaret jusqu'à devenir l'icône de la Chanson française est évoqué, par petites touches, avec poésie et émotion. Béatrice Agénin, pensionnaire puis sociétaire de la Comédie-Française de 1974 à 1984, a monté ce spectacle avec le talent et la sensibilité qu'on lui connaît.

    Du 4 Octobre au 2 Novembre

    Si Guitry m'était conté

    Interprété par Jacques Sereys, mise en scène Jean-Luc Tardieu.

    Sacha Guitry, homme de théâtre et de cinéma, renaît au cours de ce portrait nourri d'anecdotes. Sa passion des femmes et son regard cynique sur la société de son temps et celui d'antan, nourrissent une œuvre trop souvent qualifiée de fantaisie. Ce spectacle permet d'apprécier une certaine profondeur et humanité de ce poète mondain, grand écrivain qui donna avec élégance  une certaine idée du bonheur.

    Cerise sur le gâteau, Jacques Sereys, sociétaire honoraire de la Comédie-Française, interprète ce personnage hors norme avec son talent et sa maestria. La mise en scène est assurée par Jean-Luc Tardieu, complice et compagnon depuis dix ans de cet exceptionnel acteur.

    Du 20 Novembre au 4 Janvier

    La Petite Fille aux Allumettes d'Hans Christian Andersen

    Dans une mise en scène d'Olivier Meyrouw.

    Voyage dans l'univers merveilleux d'un écrivain de contes, évocation aussi de l'humanité dans un cadre onirique.

     

    Un théâtre qui monte en puissance ! - Le Théâtre de Poche-Montparnasse

    75, boulevard de Montparnasse, Paris 6ème

    Réservations : 01 45 44 50 21

    ww.theatredepoche-montparnasse.com

    Places : 10 /35 €

    Le journaliste, écrivain et chroniqueur théâtral, Philippe Tesson, en compagnie de sa fille, Stéphanie a repris le lieu mythique du théâtre de Poche Montparnasse animé auparavant par  la talentueuse famille des grands acteurs Bierry. Il est à présent doté de deux salles, le Poche et le Petit Poche.

    Après une saison brillante dont on a beau apprécié le Legs, de Marivaux, pièce chantée avec Bernard Menez et Estelle Andrea, et du remarquable Voltaire Rousseau, avec Jean-Paul Farré et Jean-Luc Moreau, une nouvelle saison s'annonce brillante. Elle devrait faire date par son choix de pièces et d'interprètes de premier plan.

    Au Poche

    À partir du 2 septembre 2014

    Chère Eléna de Ludmilla Razoumovskaïa

    Avec Myriam Boyer dans le rôle d'Elena. Une très grande actrice dans une mise en scène de Didier Long.

    La pièce fut créée en 1981 à Tallinn, capitale de l'Estonie, en plein univers communiste, elle rencontra un grand succès mais fut interdite dès 1983 en raison de son caractère subversif par les autorités soviétiques.

    A 21h du mardi au samedi et dimanche à 15h

    Du 4 septembre au 2 novembre

    L'entretien de M. Descartes avec M. Pascal le Jeune de Jean-Claude Brisville.

    La confrontation des deux des plus grands intellectuels français interprétés par Mesguich, père et fils. Duel ou psychanalyse ? 

    A 19h du mardi au samedi et dimanche à 17h30

    Du 4 Novembre au 1er mars

    Fratricide

    De Dominique Warluzel

    Mise en scène, Delphine de Malherbe

    Avec Pierre Santini, Jean-Pierre Kalfon et Bertrand Nadler

    Un affrontement entre deux acteurs ou plutôt deux monstres de la scène.

    A 19h du mardi au samedi et dimanche à 17h30

    Au Petit Poche

    Du 9 septembre au 9 novembre 2014

    Le Médecin malgré luide Molière, dans une mise en scène de Brice Borg.

    Une farce en apparence, un drame dans la réalité.

    A 19h du mardi au samedi, dimanche 17h30

    Jusqu'au 26 octobre 2014

    Stupeur et Tremblements d'Amélie Nothomb

    Adaptation, mise en scène et interprétation, de Layla Metssitane

    A 21h du mardi au samedi et dimanche à 15h

    Du 28 Octobre au 11 Janvier

    Huis Clos

    De Jean-Paul Sartre

    Mise en scène, Daniel Colas

    Avec Marianne Épin, Daniel Colas, Mathilde Penin, Philippe Rigot

    La distribution brillante devrait contribuer à rajeunir cette pièce un peu usée. (Avis personnel et subjectif du rédacteur sur cette œuvre)

    A 21h du mardi au samedi et dimanche à 15h

    Du 12 Novembre au 14 janvier

    Aucassin et Nicolette

    Chantefable anonyme du XIIIème siècle

    Traduction et conception, Stéphanie Tesson

    Avec Brock et Stéphanie Tesson

    A 19h du mardi au samedi et dimanche à 17h30

     

  • Nation, migrations, mondialisation : Politique Magazine de Novembre.....

            Les huit pages centrales du numéro de ce mois sont consacrées à ce sujet, sous forme d'un dossier comprenant : Quelle population, pour quelle Europe ? (de Jean-Baptiste d'Albaret); Politique migratoire : un paradoxe français (d'Alexis Theas); et Pour une politqiue à l'endroit (de Christian Tarrente).

            Pour son Editorial, le Magazine a chois de revenir sur l'agitation sociale de ces dernières semaines, sous le titre Les marchands d'illusion : 

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    Les marchands d’illusions 
     
            Grèves, défilés, blocages, la litanie des surenchères ouvriéristes, l’exception française ne cesse de faire des siennes ! Tous les pays de la vieille Europe, confrontés à la crise et au lancinant problème des retraites, ont pris la mesure de la situation et adopté des mesures drastiques. En France, une gauche rétrograde, faisant fi de l’intérêt national, tente de se refaire une santé en attisant une vindicte populaire aveugle et sourde, totalement imperméable à ce qui se passe à ses frontières. 
     
            Notre pays est la seule nation européenne où l’âge légal de départ à la retraite est établi à 60 ans. Il s’agit de 65 ans dans 15 des autres membres de l’Union et de 61 à 63 ans dans les 11 pays restants. Avec le passage, outre-Rhin, de 65 à 67 ans d’ici 2029, de même aux Pays-Bas d’ici 2025, et 68 ans entre 2021 et 2046 en Grande-Bretagne. 
     
            Par extraordinaire, l’avancement à 60 ans de l’âge de la retraite aurait-il créé des emplois ? Non, au contraire, le chômage a augmenté comme lorsque l’on a développé les pré-retraites. La première des injustices ne serait-elle pas de laisser les retraites non financées, de continuer à vivre à crédit en reportant le fardeau sur les générations futures ? Travailler deux ans de plus – une réforme à minima – est un effort plus que raisonnable. À moins de préférer que les Français soient surtaxés et les pensions diminuées de 15 % à l’horizon 2018. 
     
            Cela fait vingt ans qu’il est question de cette réforme des retraites que la gauche s’est bien gardée d’entreprendre. Toujours ce recul devant l’épreuve de la modernité d’une gauche gardienne du temple sacré des droits acquis et pratiquant avec emphase le déni des réalités du monde. Plus facile de rejouer ce psychodrame révolutionnaire interminable en tentant de s’imposer par la sédition dans la rue soutenue par les affidés des médias, quand la droite est aux responsabilités ! 
     
            Alors que la France subit le contrecoup d’une crise mondiale extrêmement grave, qui pourrait faire croire sérieusement que, seuls en Europe, les socialistes français pourraient conjurer par la magie du verbe des réalités démographiques purement arithmétiques ? 
     
            La société a changé, l’État-providence a vécu et les bourgeois socialistes d’une gauche française autiste sont incapables de s’élever à la hauteur de la situation. De vrais marchands d’illusions ! 
     
            Et ce ne sont pas les cheminots, dockers et autres agents de la fonction publique, fers de lance d’une contestation violente et irresponsable, bénéficiaires de statuts spéciaux pérennes, qui sont légitimes dans cette affaire. Plus que de grogne sociale, il s’agit là d’agitation politique. 
     
            Pour tous ces trublions de gauche, rêvant du Grand Soir, la bataille des retraites n’est qu’un prétexte, l’occasion d’en découdre en surfant sur un anti-sarkozysme pathologique. Toute honte bue, la gauche n’hésite même pas à instrumentaliser la jeunesse. Une jeunesse à juste titre déboussolée, en perte de repères et d’avenir, qui a tout à perdre d’une retraite qu’elle financera sans en tirer profit. Obligés de payer la retraite précoce de leurs parents, la dépendance de leurs grands-parents et une dette publique forte de plus de 2 000 milliards d’euros, ces jeunes, bernés par l’égoïsme sacré de leurs aînés, enfants gâtés des Trente Glorieuses, seraient mieux inspirés en se rebellant contre leurs mentors. 
     
            Quant à ces bataillons minoritaires d’extrémistes de Sud et autre CGT qui bloquent ports, dépôts de carburants et raffineries pour paralyser l’économie nationale, ce sont non seulement des irresponsables, soucieux surtout de préserver des intérêts hors de saison, mais des saboteurs, car, sans carburant, les entreprises sont mises à mal et les conteneurs qui ne peuvent accoster à Marseille, se tournent vers Gênes, Anvers, Rotterdam, voire Barcelone. 
     
            La comédie dure depuis vingt ans pour le plus grand bonheur de nos concurrents. Proprement scandaleux, quand on sait qu’un grutier gagne entre 4 et 5000 euros brut mensuels pour 20 heures d’astreinte hebdomadaire dont 12 de travail effectif. Alors oui, on comprend certaines délocalisations ! 
     
            Habitués à vivre sous les ailes protectrices d’un modèle social avantageux bâti après 1945, trop de nos compatriotes acceptent mal sa remise en question. Il faudra pourtant bien s’adapter aux exigences modernes. C’est la rigueur ou la faillite avec, à terme, la perte pour la France de sa souveraineté. 
     
            Sous les yeux éberlués et moqueurs de nos partenaires, les Français, ou plutôt ceux qui parlent en leur nom, étalent leur refus congénital de toute réforme et leur inculture économique. Tout serait plus facile si on cultivait le consensus et le sens de l’intérêt national de préférence à cette lutte des classes archaïque et stérile. Il est vrai que les médias sont investis par la gauche. Enfin, des syndicats peu représentatifs suscitent forcément la surenchère. Quant au Parti socialiste, prisonnier de dogmes périmés, il n’a n’a jamais pris vraiment le virage social-démocrate.
     

  • Oui, l'Europe et la Russie peuvent se réconcilier

     

    Par Laurence Daziano 

    Depuis la fin de la Guerre froide, les relations entre l'Europe et la Russie demeurent tendues. Dans cette tribune publiée par Figarovox [11.08] Laurence Daziano, montre comment dans le contexte international actuel l'intérêt de l'Europe est de retrouver le chemin de l'entente avec Moscou. Lafautearousseau partage ce point de vue. En revanche, nous n'avons pas la même confiance que Laurence Daziano dans la solidité - retrouvée grâce à l'élection d'Emmanuel Macron ? - du couple franco-allemand. Ceci en raison des disparités qui n'ont cessé de se creuser entre les deux partenaires et de fortes oppositions d'intérêt. De même la vision très européenne si ce n'est européiste de Laurence Daziano pour réaliser l'entente euro-russe à juste titre proposée ici, nous paraît irréaliste. Et pas très gaullienne, non plus, comme en témoigne la référence à Jean Monnet. Si ce rapprochement doit évidemment entraîner l'ensemble européen, à commencer par l'Allemagne, peut-être devrait-il revenir à la France d'en prendre l'initiative, d'y avoir un rôle moteur et déclenchant. Une politique euro-russe à la française, d'initiative française, que la rencontre de Versailles, au lieu de n'être qu'un symbole, aurait préfigurée et qui, alors, prendrait un vrai sens. Qu'attend Macron pour aller à Moscou ?    LFAR

     

    Depuis près de dix ans, l'accroissement des tensions géopolitiques fait peser une épée de Damoclès sur l'Union européenne : crise financière de 2008, crise migratoire, conflit ukrainien, Brexit, élection de Donald Trump à la Maison Blanche qui achève de faire diverger les vues de Washington et de Bruxelles sur de nombreux dossiers. Ce retour en force du fait géopolitique s'est également concrétisé dans une montée inédite des tensions entre les Occidentaux et la Russie depuis la fin de la Guerre froide.

    Cependant, une conjonction de trois facteurs pourrait permettre aux Européens de retrouver, positivement, le chemin d'un destin propre, en quelque sorte une « voie gaulliste » entre l'Ouest et l'Est. D'abord, les « révolutions atlantiques » de Washington et Londres redonnent aux Européens la maîtrise de leur propre destin, y compris en termes sécuritaires. Ensuite, l'élection d'Emmanuel Macron à l'Elysée, qui a stoppé la vague populiste en Europe, ainsi que la probable réélection d'Angela Merkel à la chancellerie, en septembre 2017, redonnent à l'Europe le moteur qui lui manquait : un couple franco-allemand solide. Enfin, la Russie, qui est arrivée à garantir ses objectifs stratégiques en Ukraine et en Syrie, comprend désormais qu'une politique extérieure forte doit également reposer sur une croissance économique solide, à la veille des élections présidentielles de 2018.

    En mai dernier, Angela Merkel ne disait pas autre chose en déclarant, au lendemain du sommet du G7 de Taormina : « Les temps où nous pouvions totalement nous reposer sur d'autres sont en partie révolus. Nous, les Européens, nous devons vraiment prendre en main notre propre destin ». L'élection d'Emmanuel Macron a également consacré une nouvelle impulsion en Europe, en lançant des réformes tant attendues par Berlin et en recevant Vladimir Poutine à Versailles pour discuter, à nouveau, avec notre partenaire russe.

    Inversement, la promulgation le 2 août dernier des sanctions américaines contre la Russie a convaincu les Européens qu'il fallait définir une nouvelle voie stratégique. Washington vient de prendre, contre l'avis de Bruxelles, une série de sanctions qui pourraient toucher les entreprises européennes. Ces nouvelles sanctions, contre la Russie notamment, permettraient à Washington de prononcer des amendes, des restrictions bancaires et l'exclusion des appels d'offres outre-Atlantique à l'encontre des sociétés européennes qui participeraient à la construction de pipelines russes ou qui utiliseraient le dollar comme monnaie de transaction avec la Russie. De facto, ces sanctions interdiraient aux entreprises européennes, engagées dans des projets d'infrastructures en Russie, de poursuivre leur activité aux Etats-Unis.

    La France, déjà échaudée par les sanctions contre BNP Paribas, qui avait dû payer 9 milliards d'euros au Trésor américain en 2014 pour échapper à des poursuites judiciaires, a des intérêts à défendre. Washington utilise les sanctions comme une législation extraterritoriale au détriment des entreprises européennes et au profit des intérêts américains. Ces nouvelles sanctions visent de nombreuses entreprises énergétiques européennes ainsi que les projets de gazoduc à l'instar de Nord Stream 2. Financé en partie par Engie, Nord Stream 2 doit acheminer du gaz russe en Europe via l'Allemagne, alors que les Américains projettent d'exporter leur gaz de schiste, à un coût supérieur, en Europe.

    Dans ce contexte, l'Union européenne, sous l'impulsion du couple franco-allemand, devrait retrouver le chemin d'un dialogue franc et constructif avec Moscou, avec qui nous partageons de nombreux intérêts politiques, économiques, commerciaux et énergétiques, et faciliter les initiatives en ce sens.

    Dans un premier temps, la reprise de ce dialogue pourrait se dérouler à l'occasion d'un sommet «E - Russie » qui adopterait une feuille de route autour de projets concrets pour créer, comme l'avait déclaré en son temps Jean Monnet, des solidarités de fait. Ces solidarités « de fait » concerneraient la réalisation des projets énergétiques communs, mais également les coopérations des industries agro-alimentaires et l'industrie spatiale. Dans ce cadre, l'UE devrait être favorable aux coopérations commerciales en cours, comme Nord Stream 2 et Yamal, et non subordonner leur réalisation à des considérations exclusivement politiques.

    Dans un second temps, les relations russo-européennes pourraient être approfondies à l'occasion de la tenue d'une nouvelle Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE) qui, en 1975, fut à l'origine de la détente et de la perestroïka. Cette conférence, qui pourrait se tenir à Helsinki comme la première, pourrait aborder la question d'un accord commercial de libre-échange UE - Russie, ainsi que la coopération sécuritaire. Bruxelles et Moscou pourraient signer un nouvel Acte final d'Helsinki, permettant de parachever une détente sécuritaire et l'édification de solidarités concrètes dans un espace géographique commun qui se dresserait de Brest à Vladivostok.  

    Laurence Daziano

    Maître de conférences en économie à Sciences Po, Membre du conseil scientifique de la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol).

  • Un capitaine sans boussole sur un bateau ivre ! par Christian Vanneste

    Lorsque les Français, manipulés comme jamais, ont élu par défaut un jeune beau parleur, immature et inexpérimenté, il y avait toutes les raisons d’être révolté par le procédé employé contre celui qui était alors le meilleur candidat, et inquiet de suites de ce choix. Les Français n’ont pas élu M. Macron, mais refusé que Mme Le Pen soit présidente. Pour celle-ci, l’approche plus lente du pouvoir et les échecs paraissent une bonne école qui permet d’envisager plus sérieusement son éventuelle élection. En 2017, elle n’était pas en phase avec la réalité ressentie par les Français. Désormais, c’est son vainqueur et la troupe disparate qu’il a conduite au pouvoir qui paraissent ignorer le réel.

    3309368304.jpgIl paraîtrait donc que la France se porte mieux…. Enfin, mieux que ses voisins. Pourtant, son taux de chômage est à 8,6% au troisième trimestre et a augmenté de 0,1% arrêtant une tendance baissière depuis 2015, qui a touché tous les pays, ceux qui sont en-dessous de la moyenne européenne, comme l’Allemagne, à 4,9% ou le Royaume-Uni, à 3,9% ou ceux qui comme la France, sont au-dessus : l’Espagne à 13,9% ou l’Italie à 9,7%, qui peut, elle-aussi, se vanter d’avoir descendu la marche des 10%. Le commerce extérieur est l’outil comparatif le plus sûr des performances nationales : en cumulé, sur les quatre derniers trimestres, entre le quatrième trimestre 2018 et le troisième trimestre de 2019, le solde commercial s’établit à -58,3 milliards d’euros, en hausse de 5,3 % sur douze mois. Si on peut se féliciter de la création de très petites entreprises, on doit s’inquiéter bien davantage du recul de notre industrie. Combien de nos entreprises industrielles les plus prestigieuses sont-elles passées sous pavillon étranger comme Technip ou Alstom, entreprises dans lesquelles, d’ailleurs, l’Etat et la volonté politique avaient joué un rôle majeur ? Que l’actuel locataire à titre gratuit de l’Elysée ne soit pas étranger à ce processus n’a rien de rassurant. La vente des bijoux de famille ou plutôt des poules aux oeufs d’or, comme Aéroport de Paris ou la Française des Jeux peut plaire légitimement à ceux qui souhaitent voir l’Etat s’occuper prioritairement de ses missions régaliennes, mais elle doit inquiéter si elle n’est qu’un expédient en vue de réduire la dette et les déficits à court terme tout en diminuant les recettes à plus long terme et en augmentant donc les impôts du même coup ! Les fameux investissements étrangers, s’ils consistent à prendre le contrôle d’entreprises françaises, des concurrents à éliminer, ou à faire de juteuses opérations d’acquisitions suivies de vente, comme les Chinois l’ont fait avec l’Aéroport de Toulouse, sont-elles de bonnes affaires pour la France ? Que l’ombre du « chef » de l’Etat plane sur ces dossiers devient carrément angoissant ! Quant à la dette, elle vient de repasser le seuil des 100% du PIB, en dépit des promesses et des obligations européennes….

    Ce non-respect des critères européens de la part de celui qui se fait le chantre du fédéralisme et prétendait en poursuivre la construction en dit long sur les divagations d’une politique qui a perdu sa boussole. Après Aix-la-Chapelle, que reste-t-il du fantomatique « couple » franco-allemand qui n’a jamais été aperçu que de ce côté du Rhin ? Le Brexit va faire sortir le Royaume-Uni du port et a permis à un homme d’Etat britannique de sortir du rang. Les gouvernements conservateurs nous tournent le dos, et les progressistes dont nous sommes les plus proches, espagnols en Europe ou canadiens ailleurs, sont aussi ceux pour qui « progressiste » doit se traduire par « décadent ». Les multiples occasions où le président français par le geste ou la parole a tenu à rappeler qu’il appartenait à cette gauche-là, empressée à dénigrer la colonisation et à valoriser les rappeurs qui insultent notre pays, devraient ouvrir les yeux des électeurs qui se disent « de droite » et votent pour ça.

    Des quartiers entiers échappent à l’ordre et à la loi : ils ont fait flamber les voitures pour marquer leur territoire le 31 Décembre. Comment peut-on minimiser ces faits criminels que certains qualifient de traditions ? Ils participent avec leurs rougeoiements nocturnes à cette descente aux enfers dont la France offre le triste spectacle aux yeux du monde entier, avec ses manifestations constantes, sa violence permanente, ses grèves suicidaires provoquées par une réforme mal préparée et devenue inutile à force de concessions. Chaque samedi devient l’occasion d’une répression excessive qu’on aimerait davantage voir se déployer contre les vrais délinquants. Mais de nouvelles lois, loin de prétendre améliorer notre sécurité, restreignent sans cesse notre liberté d’expression, en interdisant de pointer les problèmes les plus urgents, les risques les plus évidents, comme celui de voir notre identité nationale submergée à force d’immigration et de soumission, ou encore en censurant une campagne en faveur de la procréation naturelle. Comment M. Macron peut-il se prétendre le garant de l’unité nationale, alors que depuis son élection, il a systématiquement écarté les unes des autres les îles de l’archipel français ?

  • «La comparaison du masque et du voile fait le jeu du salafisme», par Sophie de Peyret.

    «Plutôt que d’accorder une primauté indépassable aux libertés individuelles et aux intérêts particuliers, la France, au nom de l’intérêt général interdit un vêtement qui fracture la communauté nationale.» MIGUEL MEDINA/AFP

    Source : https://www.lefigaro.fr/vox/

    Le Washington Post a récemment comparé le port du masque et celui du voile intégral. La chercheur Sophie de Peyret juge cette rhétorique dangereuse. Elle rejoint en effet la thèse des tenants du djihad culturel pour qui le voile intégral est un vêtement comme un autre, souligne-t-elle.

    Décidément, il est peu de dire que la question du voile intégral demeure un inépuisable sujet d’incompréhension entre la France et les États-Unis. Dans un long article publié le 10 mai, le Washington Post s’est ironiquement ému du traitement accordé aux musulmanes voilées sur le sol français à l’heure où le masque s’impose à tous.

     

    Tout les distingue le masque et le voile dans la motivation des porteurs et plus encore dans la finalité de la démarche.

     

    D’un côté, le port de la burqa ou de tout autre vêtement qui dissimule le visage est pénalement répréhensible dans l’espace public français. De l’autre, le port du masque y est encouragé, voire imposé, dans certains lieux, tels que les transports notamment, pour lutter contre la propagation du Covid-19. Le journaliste, moqueur, conclut rapidement à une incohérence typiquement française tandis que les personnalités interrogées évoquent quant à elles «une lecture asymétrique», «arbitraire», voire «discriminatoire», une «schizophrénie»… N’en jetez plus!

    Néanmoins, cette analyse américaine revient à comparer des carottes et des choux-fleurs. Certes, carottes et choux-fleurs sont l’un et l’autre des légumes, tout comme masques et burqas sont l’un et l’autre des morceaux d’étoffe qui dissimulent le visage. Il serait alors tentant de les comparer. Pour autant, tout les distingue non seulement dans la motivation des porteurs mais plus encore dans la finalité de la démarche et dans les incidences sur la société. La comparaison constitue un contresens doublé d’une faute.

     

    Le masque, qui s’impose à tous sans distinction de sexe ou de religion, n’est le miroir d’aucune idéologie.

     

    Ici, le voile intégral qui relève d’une décision délibérée d’interpréter, de pratiquer et de manifester sa religion, qui réduit l’individu à son appartenance religieuse et qui sépare l’homme de la femme, la musulmane de la non-musulmane (ou de la mauvaise musulmane) dans une acception rigoriste de l’islam. Et là, le masque qui s’impose à tous sans distinction de sexe ou de religion, et qui n’est le miroir d’aucune idéologie si ce n’est celle de se protéger d’un mal invisible et planétaire.

    Plus largement, cet article suscite deux autres formes de remarques. La première concerne la thèse défendue par l’auteur et les personnes interrogées dans l’article - dont le moins que l’on puisse dire, est qu’ils ne brillent pas par la diversité des points de vue. Cette thèse rejoint dangereusement celles des mouvements communautaristes et des promoteurs d’un djihad culturel qui tentent d’imposer une lecture salafiste et de faire passer le voile intégral pour un vêtement comme un autre.

     

    En plaçant sur un pied d’égalité un masque à visée sanitaire et un voile à portée politico-religieuse, feignant de ne pas y voir de différence, le Washington Post s’aligne, l’air de ne pas y toucher, sur les propos de prêcheurs radicaux tels qu’Hani Ramadan (directeur du Centre Islamique de Genève) qui, s’appuyant sur un hadith, affirmait en mars dernier que «l’une des causes de la maladie est le fait que les hommes se livrent ouvertement à la turpitude comme la fornication et l’adultère». Elle alimente les messages qui fleurissent sur certains forums et réseaux sociaux où l’on peut lire que la pandémie frappant l’Occident n’est que juste retour des choses: ceux qui ont pénalisé la burqa et fait la promotion des mœurs dissolues sont aujourd’hui contraints de tous se couvrir, de garder leurs femmes à la maison, de fermer leurs bistrots et de bannir les contacts physiques de leurs habitudes. Idriss Sihamedi, fondateur de l’association Barakacity, s’est ainsi publiquement réjoui: c’est «la première fois de ma vie que je peux dire à une femme qui veut me serrer la main «non» dans la joie et la bonne humeur. Ça fait bizarre de voir que des choses halal deviennent normales»

     

    Dans la logique anglo-saxonne, les cultures, les comportements et les identités sont d’égale importance.

     

    Le second type de remarque nous emmène vers la philosophie politique. Dans la conception française, une large place est accordée aux notions d’universalisme des droits, de primauté de l’intérêt général ou de non-reconnaissance des groupes et des communautés. En revanche, les pays d’inspiration anglo-saxonne privilégient une approche multiculturaliste, selon laquelle différentes entités minoritaires culturellement hétérogènes sont juxtaposées sur un même territoire sans qu’il leur soit demandé d’abandonner leurs particularités. Dans ce système où les cultures, les comportements et les identités sont d’égale importance, tous sont fondés à revendiquer des droits et tous sont voués à évoluer de manière parallèle et donc non-miscible.

    De cette divergence essentielle naissent des conceptions bien différentes. À l’automne 2018, Emmanuel Macron rappelait que «nous ne sommes pas 66 millions d’individus séparés mais une nation qui se tient par mille fils tendus» : l’addition des intérêts particuliers ne constitue pas l’intérêt général. Il faut parfois en passer par des mesures exigeantes et contraignantes, consentir à renoncer à certains particularismes pour s’approprier un projet national plus grand que soi, pour s’incorporer à un tout qui dépasse l’individu.

     

    Le port du masque manifeste une volonté de vivre. Ensemble, quand les circonstances le permettront.

     

    Ainsi, ce que le journaliste du Washington Post qualifie de contradictoire et d’incohérent, se révèle en définitive très logique. Tout ne se vaut pas. Plutôt que d’accorder une primauté indépassable aux libertés individuelles et aux intérêts particuliers, la France, au nom de l’intérêt général interdit un vêtement qui fracture la communauté nationale. C’est bien au nom de ce même intérêt supérieur qu’il encourage le port du masque.

    Dans son article, le journaliste américain rappelle la position des législateurs français qui, lors des travaux préparatoires à la loi de 2010, considéraient que «la dissimulation du visage dans l’espace public manifeste le refus de vivre ensemble». En l’espèce, le port du masque manifeste surtout la volonté de vivre tout court. Ensemble, quand les circonstances le permettront.

     

    Sophie de Peyret est chercheur associé à l’Institut Thomas More. Elle a notamment publié le rapport L’islam en France, le temps des solutions. 35 propositions pour agir maintenant.

  • Me Régis de Castelnau : « Jean-Luc Mélenchon entretient des rapports curieux avec le réel ».

    Jean-Luc Mélenchon voit des complots partout : instrumentalisation d’attentats en vue de l’élection présidentielle, sabotage d’Orange, vidéo de Papacito et jusqu’à cette gifle donnée au Président Emmanuel Macron qu’il interprète comme un signe de cette violence d’.

    Analyse de Régis de Castelnau au micro de Boulevard Voltaire

    https://soundcloud.com/bvoltaire/regis-de-castelnau-5

    Le président de la Insoumise, Jean-Luc Mélenchon a été pris en flagrant délit de complotisme pour reprendre les éléments de langage de mes confrères. Concrètement, où va Mélenchon et que signifie ce feuilleton ?

    Je pense que Mélenchon a un vrai problème, celui de la ligne qu’il a adoptée fin 2017 début 2018. Il avait fait une superbe campagne présidentielle. J’assume avoir voté pour lui en 2012 et en 2017. Cette campagne qui l’avait amené de 10 % à 20 % était une campagne républicaine de gauche. Par la suite, il a changé et a pris un virage que l’on va qualifier d’indigéniste. Il a substitué la lutte pour les couches populaires à la lutte des races. Il a donc été de toutes les mauvaises combines. Il a été à la fameuse manifestation du 10 novembre et a adopté tout un tas de positions avec une fameuse surenchère islamophile un peu curieuse.

    Aujourd’hui, il se lance dans une campagne présidentielle. Il est confronté à l’état de l’opinion française. Je ne dirais pas que cette opinion lui est hostile, mais elle est sur des positions aux antipodes des siennes. Lorsque vous regardez la fameuse étude IFOP sur le vote de , vous verrez qu’elle est aux antipodes des positions défendues par Jean-Luc Mélenchon. J’ai tendance à penser que cette ligne politique ne lui convient pas pour se déployer. Par conséquent, cela l’amène à investir des champs clientélistes ,et à essayer d’inventer un certain nombre de complots le concernant.

    Il est très intéressant de voir les réactions de ceux qui le soutiennent. Il ne faut pas se tromper, il y a un gros désarroi dans la France Insoumise. Beaucoup de militants le soutiennent complètement. Il suffit de voir les discours. J’ai entendu dire : “on nous attaquait parce qu’on était les plus dangereux pour Emmanuel Macron ou parce que le grand capital et l’oligarchie ont peur de notre programme l’Avenir en commun”… programme que personne ne connaît. Ce n’est pas cela le débat, même si ce programme mériterait peut-être d’être discuté. C’est plutôt la personnalité de Jean-Luc Mélenchon et surtout ses accointances avec une ligne indigéniste qui ne convient pas à l’électorat.

     

     

    La deuxième phase de cette polémique est le contre-feu allumé par Jean-Luc Mélenchon suite à une vidéo sortie par l’humoriste Papacito. Une vidéo dans laquelle Papacito, le youtubeur spécialiste des armes se met en scène en train d’abattre un mannequin identifié comme « gauchiste ».

    Jean-Luc Mélenchon en a profité pour sortir toute une dialectique comme quoi il était menacé de mort et que le vrai danger était les idées d’extrême droite incarnées par ce Papacito.

    Depuis 2015, on en oublierait presque que des centaines de Français sont morts sous les coups des terroristes islamistes sans que la France Insoumise ne se soit perdue dans les superlatifs à ce sujet-là.

    Je voulais compléter ce que je disais concernant la situation actuelle de Jean-Luc Mélenchon. La caractéristique de sa sortie à France Inter sur l’organisation d’attentats et de faits divers graves pour pouvoir les instrumentaliser dans les campagnes électorales nous montre qu’il entretenait des rapports curieux avec le réel. Sa comparaison entre l’affaire du fameux « Papy Voise » et Merah est épouvantable. Il a vraiment une difficulté avec le réel.

    Il a prétendu que la grande panne d’Orange était un complot et un sabotage volontaire destiné à disqualifier le service public de télécommunication d’Orange pour permettre sa privatisation. Or, la privatisation a eu lieu en 2004 et a été initiée par Lionel Jospin en 1997 dans des gouvernements où Mélenchon était ministre. Il dit de faire un sabotage pour permettre la privatisation d’une société qui est privatisée depuis 20 ans par ses amis. Au bout d’un moment, cela finit par devenir grotesque.

    On retrouve ce rapport particulier au réel avec l’affaire Papacito. J’ai regardé la vidéo et je peux vous dire qu’elle est nulle, déplaisante et pas drôle. Présenter cela comme un appel au meurtre et comme les barbares sont aux portes n’est pas vraiment sérieux…

    Cette fois-ci, il monte en épingle quelque chose pour prétendre qu’il y a une formidable tentative nazie qui déferle sur la France. Cela caractérise un rapport réel et une tentative d’essayer de le faire passer comme la réalité.

     

    Emmanuel Macron s’est pris une gifle pendant son tour de France dans la Drôme. Jean-Luc Mélenchon a interprété cette gifle comme un signe visible de cette violence d’extrême droite qu’il a dénoncée pendant deux jours. Que dire ?

    D’abord, ce n’est pas sérieux. Il le prend comme une bénédiction. C’est bien joli, mais ce genre d’incident n’est pas banal. Je dirais qu’Emmanuel Macron est un président particulier. On est depuis quatre ans dans une espèce de simulacre. Emmanuel Macron est le fruit d’une opération de grand style menée par les grands intérêts dans ce pays. Il est également arrivé au pouvoir grâce à un coup d’État judiciaire. S’il n’y avait pas eu toute l’opération montée par le pôle financier et par le pôle d’instruction financier, François Fillon serait président de la République. Ce de légitimité pèse sur lui. Depuis le début de son mandat, il a laissé s’installer dans ce pays le chaos, y compris dans la façon dont la pandémie a été gérée. Je pense que ce président suscite une détestation extraordinaire.

    Je crains que beaucoup d’opposants à Emmanuel Macron suscitent un rejet voire une haine. Beaucoup ne le diront pas, mais sont ravis de ce qu’il vient de se produire. Je voudrais que l’on sorte du simulacre. Jean-Luc Mélenchon, vient nous présenter cela comme le critère lié à un déferlement d’une violence politique d’extrême droite sur la France. Incontestablement, dans la perspective de l’élection présidentielle de 2022, le pays est à cran. Il sort du confinement psychologiquement affaibli. Je dois dire que la façon dont se comporte le président de la République en faisant cette pantalonnade invraisemblable avec les deux influenceurs à l’Élysée affaiblit la fonction. En violant la loi française sur le financement des campagnes électorales, il va faire la retape pour son parti aux et départementales. Où est-on ?

     

  • Ils sont les nouveaux privilégiés du nouvel Ancien Régime, et veulent tout bloquer, comme en 1789, pour défendre leurs i

                Il est inutile d'ajouter quoi que ce soit à ces deux documents que publie Le Figaro à propos du déclin annoncé des ports français en général, et du blocage de celui de Marseille en particulier.

                Le Président Sarkozy a beaucoup parlé de rupture, avant de se faire élire et depuis qu'il est élu. Il tient là une occasion inesperée de rompre avec l'héritage empoisonné de 1945, lorsque le pouvoir politique céda aux révolutionnaires l'Enseignement, les Ports, EDF, les Transports... obligé qu'il était de compter avec la puissance immense - à l'intérieur - des révolutionnaires français, aidés - à l'extérieur - par la puissance non moins immense de Staline...

                 Il est juste de reconnaître que ces deux puissances, associées et additionnées, contraignaient de Gaulle à manoeuvrer, à la Libération. Il ne pouvait donc probablement pas faire autre chose que ce qu'il a fait, en 45. Mais il aurait pu - et dû... - supprimer en 58 les privilèges exorbitants qu'il avait été contraint d'accorder 13 ans auparavant : le contexte était radicalement différent, et lui était beaucoup moins défavorable....

                Et, en tout état de cause, on ne voit vraiment pas aujourd'hui pourquoi, 65 ans après 45, un gouvernement - de droite qui plus est... - continue à tolérer une telle anomalie.

                Alors, vous avez dit rupture ?.....

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    Port bloqué, économie asphyxiée... : désolant !

        1/2 : La CGT bloque le premier port de France depuis trois semaines. Les patrons en colère cherchent des solutions alternatives. 

                 La réforme portuaire devait rétablir la compétitivité des ports français. Elle est en train de les tuer à petit feu. Une centaine de salariés CGT du Grand Port maritime de Marseille (GPMM) bloque depuis le 27 septembre les terminaux pétroliers et, par intermittence, le terminal à conteneurs des bassins intérieurs de la ville. Le syndicat majoritaire refuse l'application de la réforme votée en juillet 2008 qui prévoit le transfert au privé des activités d'exploitation des ports, principalement les grues et leurs conducteurs. La CGT veut préserver sa majorité syndicale dans le GPMM et donc son pouvoir sur le port. Or la réforme, en transférant au privé les activités d'exploitation, la privera des plus importants bataillons de syndiqués. D'où son obstination à réclamer que les 220 salariés qui doivent être transférés dans la filiale créée pour regrouper les terminaux pétroliers conservent des feuilles de paie du GPMM.

                Conséquence: une soixantaine de bateaux et leurs équipages sont bloqués en mer. Et vendredi, en réaction à la libération par les CRS d'un dépôt pétrolier bloqué par des grévistes, la CGT a fermé les accès routiers au port. Ces actions perturbent considérablement l'activité économique de la région. Selon l'UMF, le syndicat patronal du port, elles font perdre trois emplois directs et 350.000 euros par jour sur le terminal à conteneurs de Marseille et 1,5 million par jour sur les terminaux pétroliers. Soit 30 millions en trois semaines. Pour les armateurs, l'immobilisation d'un porte-conteneurs coûte plus de 50.000 euros par jour.

    Conteneurs bloqués

                «Ça fait plus de trente ans que ça dure. L'État ne doit pas laisser une poignée de cégétistes détruire le port», tempête Jean-Luc Chauvin, président de l'Union patronale des Bouches-du-Rhône. Christian Dellaporta, patron d'ERS, une société spécialisée dans le déménagement de cadres expatriés, a vu son activité chuter de 40% ces trois derniers mois. «J'ai des clients qui attendent depuis l'été leur déménagement d'Amérique ou d'Asie, raconte-t-il. Des conteneurs sont bloqués dans d'autres ports et aucun armateur ne veut venir en ce moment à Marseille.» Le fabricant de peinture Thierry Fabre espérait se remettre à flot après une année 2009 difficile grâce à un gros contrat avec les États-Unis. Son premier conteneur est resté sur les quais pendant un mois et le deuxième, pour éviter Marseille, devait être acheminé par le rail jusqu'au Havre où il devait prendre la mer. Hélas, la grève de la SNCF l'a bloqué à Paris. Il doit le faire expédier par la route. Total: un surcoût de 1300 euros pour une cargaison de 40.000 euros. Thierry Fabre peste d'«être livré aux caprices de 36 grutiers surpayés bloquant l'activité économique de toute une région».

                Certains patrons tournent le dos au port phocéen. «Nous avions déjà décidé fin août de faire passer les deux tiers de nos flux par d'autres ports; aujourd'hui, c'est la totalité, regrette Christian Métadier, directeur général adjoint de Canavèse, un des leaders français des fruits et légumes frais. Marseille est en grève permanente, c'est ingérable. Les tarifs de fret sont 20% plus élevés qu'à Anvers. Et en plus, le coût de déchargement du conteneur est 15% plus cher pour un service qui peut prendre jusqu'à une semaine contre 4 heures à Anvers!»

    Du deuxième au quatrième rang européen

                En trente ans, Marseille a déjà rétrogradé du deuxième rang des ports européens au quatrième. Pis, pour les conteneurs, le segment de marché qui a explosé, il est désormais douzième. «Beaucoup de mes clients sont excédés et ne veulent plus passer par Marseille. Ils ont décidé de ne pas y revenir», se désole Véronique Dagan, président de Technotrans, organisateur de transport, qui s'inquiète pour l'avenir de sa société et de ses 48 employés.

                L'armateur Marfret a carrément arrêté sa ligne desservant l'Algérie qui achemine 200 conteneurs par semaine vers ce pays. Il a également dérouté sa ligne des Caraïbes à Sète. «C'est un vrai problème, explique Raymond Vidil, président de Marfret. L'essentiel de ce qu'on achète pour la vie courante vient de Chine mais la moitié ne transite déjà plus par nos ports.»

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    Le beaujolais nouveau transitera par Anvers

                Paroxystique, la situation de Marseille témoigne de la perte de compétitivité de l'ensemble des ports français face à leurs concurrents belges, espagnols ou italiens. «En 1997, un million de conteneurs transitaient par Le Havre, deux millions par Anvers. En 2010, Le Havre a certes doublé de taille, mais celle d'Anvers a été multipliée par quatre», détaille Christian Leroux, président de l'Union maritime et portuaire de France (Umepf).Face aux mouvements sociaux, «un Chinois ne cherchera même pas à comprendre: il expédiera sa cargaison vers Rotterdam ou Anvers. D'ailleurs, la campagne du beaujolais nouveau risque de partir d'Anvers».

                Les détournements de trafic (importations ou exportations françaises réalisées à l'étranger) s'élèveraient à 25% du volume total. Les responsables du puissant port d'Anvers enfoncent le clou. La mission de Danny Deckers, conseiller commercial, est justement d'attirer les Français, deuxièmes clients derrière les Allemands. «Nous sommes devenus importants pour les industriels français, témoigne-t-il. En vingt-cinq ou trente ans, nous n'avons eu qu'une journée de grève. C'est un argument commercial!» Des sociétés comme Leroy Merlin «dépotent» leurs conteneurs en Belgique avant d'envoyer la marchandise en France. Décathlon s'est installé près du port d'Anvers où transitent aussi les produits de grands noms de la VPC. «95% des importations du groupe Mulliez passent par Anvers», note Christian Leroux.

                Des armateurs tels que CMA- CGM refusent ce déclin annoncé des ports français. Le groupe a multiplié les prises de participations via sa filiale Terminal Link dans les terminaux d'une trentaine de ports dont LeHavre, Marseille ou Dunkerque. «Nos concurrents étrangers se concentrent sur des ports qui font rarement grève, explique Nicolas Sartini, directeur central groupe lignes Asie-Europe. Nous, nous sommes fidèles et privilégions l'efficacité des ports français.»

     

          2/2 : «Nous sommes face à un comportement archaïque»  Entretien avec Jacques Pfister, président de la CCI de Marseille Provence.

     

    LE FIGARO - Que vous inspirent les grèves actuelles à Marseille ?

    Jacques Pfister - Que ce soit sur le port ou pour les poubelles, nous sommes face à un comportement archaïque des syndicats. Ils ont une guerre de retard. Grâce à une situation monopolistique, la CGT sur le port et FO à la ville prennent Marseille en otage en toute impunité.

    Nous en avons marre que ce territoire, qui est en train de se prendre en main pour essayer de se redresser, soit le champion du monde des villes qui ne marchent pas et des poubelles de la honte.

    Comment analysez-vous la situation sur le port ?

    Le port est triplement pris en otage: au niveau national, comme ces gens sont impunis et ne prennent aucun risque, ils n'hésitent pas à en rajouter, ils n'ont plus le sens des mesures. Ces nantis en sureffectif qui gagnent 4000 euros par mois pour 18 heures de travail hebdomadaire et partent à la retraite à 55 ans dans le cadre du plan amiante veulent continuer à partir à 55 ans. Je demande solennellement au directeur du port qu'on ne leur paie pas les jours de grève. Au niveau local, la CGT, qui a pourtant toutes les garanties et tous les parachutes possibles, bloque la réforme pour sauver la mise. Il y a un compte à rebours. La réforme des ports a été négociée, votée au Parlement et acceptée par une large majorité. Elle doit être mise en application par le port d'ici à la fin de mars, sinon on revient à la situation initiale. Nous demandons les transferts au privé avant la fin de l'année. Rien n'empêche de le faire. Enfin, il y a au port un conflit entre la CGT agonisante des bassins est (NDLR, ceux situés dans la ville) et la CGT des bassins de Fos, qui est plus entreprenante et plus positive sur cette réforme car elle comprend le développement qu'on peut en attendre.

    Et pour les terminaux pétroliers ?

    Là aussi, c'est un scandale. Ces terminaux devaient comme les autres passer au privé. La CGT a réussi à obtenir du gouvernement qu'une filiale, où le GPMM sera majoritaire, soit créée. Et maintenant, ils se mettent en grève pour qu'elle soit à 100% GPMM.

    Pouvez-vous chiffrer l'impact de ces grèves ?

    C'est difficile pour le moment, mais il s'agit de plusieurs dizaines de millions d'euros, en pénalités pour le GPMM, pour les pétroliers, en manque à gagner de chiffre d'affaires pour les entreprises, et en pénalisation pour les entreprises qui ne savent plus où se trouvent leurs conteneurs… Et pour l'image de la ville et du port, c'est désastreux! Le port est à un tournant. Le jour où la SNCM disparaîtra, car cela finira par arriver au train où vont les choses, le jour où l'activité conteneurs disparaîtra des bassins est, c'est ce qui se profile avec le genre de conflit qu'on est en train de vivre, ces derniers seront livrés à la plaisance et aux paquebots de croisière!

  • Macron, procureur sans titre de son pays et de son armée !, par Christian Vanneste.

    Le narcissisme de Macron n’a pas de limite. N’aimant pas les critiques, il accuse les Français d’être un peuple de procureurs, et lui-même se mue en procureur de l’Armée française en accusant celle-ci d’assassinat. Né 15 ans après la fin de la “Guerre d’Algérie”, et ayant par ailleurs soigneusement évité de faire son service militaire, voilà quelqu’un qui n’a pas hésité à porter l’uniforme, à savoir la combinaison de pilote, qu’il n’est nullement, sur la base aérienne d’Istres. 

    christian vanneste.jpgDénué de la moindre expérience militaire, il est “le chef des Armées” et rabroue vertement le Général Pierre de Villiers, Chef d’Etat-major des Armées. Celui-ci avait rempli pleinement son rôle en réclamant pour les soldats français les moyens de leurs missions. Ses états de service, sa compétence, sa rigueur professionnelle méritaient le respect. Les morts dans les véhicules, insuffisamment protégés et touchés par des attentats au Sahel, n’ont que trop vérifié les exigences légitimes du Général. Le tout récent président élu dans des conditions douteuses n’a cependant pas hésité à l’humilier publiquement et à le conduire à la démission.

    Dès avant son élection, en Février 2017, lors d’un déplacement en Algérie, il avait commencé une mise en accusation systématique de son propre pays. Il avait alors osé désigner la colonisation comme un “crime contre l’humanité”. Comment les Français ont-ils pu élire celui qui s’était alors rendu indigne des fonctions qu’il ambitionnait ? Un homme politique ne critique pas son pays dans un pays étranger. S’il le fait pour des motifs de séduction électoraliste envers les Algériens ayant acquis la nationalité française, souvent en gardant la leur, c’est encore plus méprisable. S’il le fait en raison de la lecture idéologique de l’histoire qui est celle de son camp, la gauche “progressiste”, il souligne à quel point il ne peut représenter tous les Français, notamment les descendants des victimes de la rébellion, militaires, Pieds-Noirs et Harkis, dont les malheurs sont ainsi effacés par un “crime contre l’humanité” qui les rend davantage coupables que victimes.  S’il le fait par une fatuité pétrie d’ignorance, cela ne fait que confirmer l’erreur de confier la responsabilité la plus haute du pays à un jeune fonctionnaire sans autre expérience que bancaire. La colonisation est un phénomène historique qui a consisté pour une puissance techniquement et donc militairement plus avancée à s’emparer de territoires avec des buts différents : étendre son activité commerciale, acquérir des ressources, implanter une population excédentaire, accroître ses forces. Le corollaire de ce mouvement “naturel”, c’est l’invasion : lorsqu’une puissance décline, des peuples plus vigoureux l’envahissent et trouvent là aussi le moyen d’acquérir des richesses et des terres. Les Romains ont colonisé le pourtour méditerranéen et une bonne partie de l’Europe occidentale. Souvent avec brutalité, ils ont installé la “Paix romaine”, à l’origine d’une civilisation brillante, riche de travail et d’échanges, construisant routes et villes. Qui pourrait s’en plaindre ? Les grandes invasions qui ont suivi ont accumulé les destructions. Où est le crime contre l’humanité ? Ni d’un côté, ni de l’autre, car les acteurs de l’histoire ne font ni de la morale ni du droit, ils vivent dans les passions et les contraintes. Ce que semble ignorer un énarque qui récite sa leçon.

    La colonisation française n’a pas eu l’importance ni la cohérence de la britannique collectionnant les territoires dont les autochtones ont été remplacés par des colons, exploitant les richesses du sous-sol, trouvant de vastes débouchés pour ses marchandises et reliant l’ensemble par des bases assurant la sécurité de l’Empire. La France après avoir perdu en grande partie ses premières colonies a reconstitué un empire au XIXe siècle, surtout pour retrouver un prestige que ses désastres militaires lui avaient fait perdre, pour y puiser des renforts, et pour exporter sa pensée “libératrice”. Rien de criminel : telle exaction commise est compensée par l’effort en infrastructure, en soins médicaux ou en éducation. L’Algérie en est un bon exemple comme elle est aussi un excellent résumé de l’incohérence de nos gouvernements qui n’ont jamais vraiment choisi entre peuplement, assimilation et attentisme, jusqu’au moment où la démographie, décuplée par la médecine du colonisateur, et la religion du colonisateur précédent, ont exacerbé les différences et précipité l’inéluctable. Lorsque les troupes de Charles X prennent Alger, c’est une satisfaction pour l’Europe entière enfin débarrassée d’un nid de pirates esclavagistes. Lorsque les Pieds-Noirs et les musulmans favorables à la France quittent l’Algérie sous la menace du massacre dans les conditions les plus horribles, les Juifs, présents dans ce pays depuis des siècles, les suivent. Où sont les crimes contre l’humanité ?

    Lorsque les terroristes font exploser des bombes ou mitraillent des civils à Alger, l’Armée a reçu du gouvernement de la IVe République l’ordre de “terroriser les terroristes”, de les éradiquer, et elle en a pris les moyens en remportant la bataille d’Alger. Cinq ans plus tard, cette victoire est devenue inutile : beaucoup de Français d’Algérie ont été assassinés dans des conditions atroces. Le silence devant ce gâchis devenu inévitable serait seul décent. Mais l’élégance morale de M. Macron a d’autres caprices : il prend parti et le fait contre son pays en reconnaissant des assassinats de la part de l’armée française comme si celle-ci ne luttait pas avant tout contre des assassins. L’irresponsabilité du geste est à peine croyable : les demandes d’excuses d’un gouvernement qui vit de la légende de la libération nationale contre l’occupant français ne seront jamais satisfaites. Quant à la repentance française, elle alimentera chez de nombreux jeunes d’origine algérienne le sentiment de leur identité victimaire propre à justifier leur séparatisme. On ferait mieux d’enseigner les efforts en matière de santé, d’éducation de développement consentis par la France dans ses département algériens, mais c’est trop demander à un homme dont la suffisance n’a d’égales que ses insuffisances.

    Source : https://www.christianvanneste.fr/

  • Joseph Ratzinger, le capitaine au long cours, par Blandine Delplanque.

    Les Trente Glorieuses le furent-elles vraiment ? Dès les années 1960, le théologien Joseph Ratzinger en repère les écueils. Le journaliste Peter Seewald retrace dans une biographie1 du futur pape Benoît XVI ce qui l’attend dans ces années de grand tumulte à l’extérieur comme à l’intérieur de l’Église.

    En 1964, Joseph Ratzinger est, à 37 ans, le plus jeune des conseillers du concile Vatican II qui s’est ouvert à la demande du pape Jean XXIII deux ans plus tôt. Pour lui, il s’agit surtout de libérer la théologie de carcans qui l’ont emprisonnée au fil du XIXe siècle et de donner un nouveau souffle à l’Église dans ce formidable besoin de renouveau qui se fait sentir dans l’Allemagne dévastée de l’après-guerre. Sur fond de déchirement de l’ancien Reich – le mur de Berlin est construit en 1961 –, il caresse un temps l’espoir de réunir les chrétiens, « frères séparés ».

    Proche collaborateur du cardinal de Cologne, qui a fini par devenir un personnage-clé du Concile, il est aussi très lu – et en allemand – par le pape Paul VI qui remplace Jean XXIII à la mort de ce dernier en 1963.

    L’embarcation de saint Pierre prend l’eau…

    Mais les faits sont là, inquiétants : des forces extérieures au Concile se sont mises en mouvement qui en dénaturent le sens, au nom même d’un « esprit du Concile » dont commencent à se prévaloir des théologiens plus ou moins réputés et des journalistes qui vont très rapidement politiser toute question religieuse.

    Le danger avait été prévu par Jean XXIII dès octobre 1961 lorsqu’il avait mis en garde contre « le malheur dont résulterait une présentation erronée des résultats et des buts poursuivis [par le Concile] par manque d’information complète et par manque de discrétion et d’objectivité… » Tout devait donc être fait « pour en diffuser la vraie lumière ». Le pape émérite confiera en 2013 : « Depuis 1965 [année de clôture du Concile], j’ai ressenti comme une mission de clarifier ce que nous voulions en réalité et ce que nous ne voulions pas »,

    Joseph Ratzinger donne un premier signal d’alerte le 14 juillet 1966 dans un discours qu’il prononce à Bamberg pour le Katholikentag (congrès catholique) : « Disons-le ouvertement, il règne un certain malaise, un sentiment de désillusion et de déception… Pour certains le Concile a fait encore trop peu… mais pour d’autres il a été objet de scandale ; à leurs yeux, l’Église a donné de la valeur au vide spirituel d’une époque avec, pour conséquence de cette furieuse obstination, l’éclipse de Dieu sur terre. Bouleversés, ceux-ci voient vaciller ce qui était le plus saint à leurs yeux et se détournent d’un renouveau qui semble dissoudre la chrétienté et en déprécier les valeurs là où il aurait été nécessaire d’avoir plus de foi, d’espérance et d’amour ». Avec le recul, il estime qu’il a été peu écouté.

    Sur le moment, les médias soulignent la discorde chez les catholiques et nombre d’évêques allemands se sentent piqués au vif par le conseil de Joseph Ratzinger de recentrer la foi sur les témoignages fondamentaux que sont l’Écriture Sainte, les Pères de l’Église, les dogmes, la liturgie et les saints.

    Mais Joseph Ratzinger n’est pas le seul à s’inquiéter. Du côté du cardinal Frings, même son de cloche : avec un « profond effroi », il constate que l’on invoque l’esprit du Concile pour développer une ligne révolutionnaire dans l’Église. « Ils parlent tous du Concile mais n’ont pas lu les textes », déplore-t-il avant d’enfoncer le clou le 25 janvier 1968 : « La réforme de la liturgie n’a pas supprimé le latin mais a donné la possibilité d’une voie secondaire par l’emploi de la langue maternelle à côté de cette voie principale qu’est le latin ». D’après son biographe, le vieux cardinal se serait plaint de ne pas avoir été autant secoué sous les nazis que dans cette époque de l’après-Concile.

    Le pape Paul VI manifeste la même préoccupation. « La fumée de Satan s’est infiltrée dans les fissures du temple de Dieu. Le doute s’est immiscé dans notre conscience et il est entré par les fenêtres qui devaient rester ouvertes à la lumière », déclare-t-il dans une allocution le 21 juin 1972. En France, ces inquiétudes sont relayées par certains théologiens proches de Ratzinger, comme le père de Lubac. Mais la boîte de Pandore est ouverte.

    … et essuie de nouvelles vagues

    À la vitesse de l’éclair, la propagation du marxisme et du maoïsme par les milieux intellectuels, universitaires et médiatiques déclenche une contestation à l’intérieur même de l’Église.

    En Allemagne, une légende vise spécifiquement le professeur Ratzinger alors en poste à l’université de Tübingen : devant la tournure des évènements en 1968, il aurait pris peur et se serait enfui. Une fable inventée de toutes pièces par le théologien suisse Hans Küng qui ne cessera de jalouser son collègue en profitant de la mansuétude de celui-ci à son égard.

    La réalité est bien différente : non seulement Joseph Ratzinger a compris le danger dès le milieu des années 60, mais il a entretenu d’excellents rapports avec ses étudiants de Tübingen puisqu’il excellait dans l’art de la confrontation des idées. Il avait choisi d’ailleurs ce haut-lieu du protestantisme pour cela :

    « La Faculté de Tübingen a toujours été une faculté qui aimait les conflits, se souvient-il, là n’était pas le problème. Le problème était vraiment cette tâche que l’époque nous a assignés et l’irruption du marxisme et de ses promesses. » Avec un risque de « destruction de la théologie qui évoluait vers une politisation dans le sens d’un marxisme messianique ». « Fondée sur l’espérance biblique […] la ferveur religieuse était maintenue mais Dieu était écarté et remplacé par l’action politique des hommes ».

    Toujours à propos de Tübingen, il voit « l’existentialisme se propager et la révolution marxiste conquérir toute l’université jusqu’à l’ébranler dans ses fondements ». « J’ai vu la face cruelle de cette piété athéiste, la terreur psychologique, la perte de toute retenue dans la critique de toute prise de position morale jugée comme un reste de bourgeoisie dès lors que cela servait le but idéologique ». Particulièrement insupportable à ses yeux, cette idéologie « portée au nom de Dieu et qui utilise l’Église comme son instrument [est] prête à sacrifier toute l’humanité à son faux dieu ». Mais à la question de savoir si les révoltes étudiantes avaient été un traumatisme pour lui, le pape émérite répond clairement : « absolument pas ».

    Ce qui l’inquiète surtout, c’est la perte de la foi qu’il constate chez les jeunes et, de façon générale, chez l’ensemble des catholiques. En 1968, il publie Introduction à la chrétienté qui, à sa grande surprise, est un succès : en quelques mois, pas moins de dix éditions sortent de presse.

    Le 3 avril 1969, le pape Paul VI impose un nouveau Missel tout en interdisant le Missel romain qui existait jusqu’alors avec la messe en latin à laquelle les fidèles étaient accoutumés. C’est une levée de boucliers. Et pour Joseph Ratzinger, un signal : « Que l’on pose cette interdiction comme une réalisation totalement nouvelle en rupture avec l’histoire, et qu’ on fasse ainsi apparaître la liturgie non comme une création vivante en pleine croissance, mais comme le produit d’un travail savant de juristes compétents, cela nous a extraordinairement affligés ».

    Il insistera plus tard sur ce problème, fondamental à ses yeux, de la liturgie : « Je suis convaincu que la crise de l’Église que nous traversons aujourd’hui repose au fond sur la désagrégation de la liturgie… » Ce en quoi il s’oppose à toute la nouvelle vague de théologiens, au premier rang desquels l’incontournable Hans Küng.

    En octobre 1969, Joseph Ratzinger part pour l’Université de Regensburg en Bavière. Il écrit un nombre impressionnant de lettres, 30 000, jusqu’à sa nomination épiscopale, à ses amis et collègues. C’est là qu’il va tenter d’apporter des réponses à la crise religieuse et culturelle de son époque en s’appuyant sur sa notoriété, qui est devenue mondiale.

    Avis de tempête

    Le 14 septembre 1970, il prononce un discours intitulé « la situation de l’Église aujourd’hui, espoirs et dangers », pour le jubilé des soixante ans de sacerdoce du cardinal Frings. Le jour de la fête de la Sainte-Croix, devant 800 prêtres et des hommes politiques de tous bords, il compare la situation de l’Église à celle qu’elle était en 375. Saint Basile avait alors vu l’Église comme un bateau en pleine tempête. À l’appui de ce texte du IVe siècle qu’il juge incroyablement moderne et très adapté à ce que vit l’Église, Joseph Ratzinger déclare : « Certainement, l’Église a donné l’impression autrefois d’être figée et uniforme. Mais, aujourd’hui, ceux qui souhaitaient plus de diversité et de mouvement sont effrayés de voir de quelle manière leurs vœux se sont accomplis ». Il parle de « bouleversements spirituels » et du « combat des évêques autour de l’affirmation centrale de la foi […] ayant apporté un sentiment d’insécurité inconnu jusque- ». Jamais aucun homme d’Église de ce rang n’avait tenu des propos aussi précis et offensifs.

    Son combat, il le poursuit cette année-là sur les ondes en donnant sa vision de l’Église en l’an 2000 : « De la crise d’aujourd’hui découlera une Église de demain qui aura beaucoup perdu. Elle sera petite […] avec un nombre réduit de pratiquants, elle perdra beaucoup de ses privilèges dans la société. Elle sera beaucoup plus forte comme communauté libre, elle connaîtra d’autres formes de prêtres et de chrétiens éprouvés qui feront profession d’être prêtres [il pense à cette époque à la possibilité de consacrer des viri probati]. […] Mais à leurs côtés, le prêtre sera plus que jamais indispensable ».

    Le 4 juin 1970, il prononce un véritable plaidoyer pour « son » Église : « Pourquoi est-ce que je suis encore dans l’Église ?». Il y compare l’Église du Christ à la lune qui brille mais dont la lumière vient d’un Autre, et qu’il faut aimer malgré ses rides et ses cicatrices. En 1972, il songera à la possibilité d’un remariage pour les divorcés à des conditions très strictes. Il proposera que les personnes ne pouvant communier reçoivent la bénédiction du prêtre mains croisées sur la poitrine. Enfin en 1973, à la radio, il parlera de la « maîtrise totale de la vie et de la mort et de la disparition de la différence entre l’homme et la femme », comme des deux problèmes qui se poseront dans une société où les changements vont de plus en plus vite.

    Il ne cesse pour autant d’écrire : co-fondateur et co-auteur de la revue de théologie Communio, il publie de nombreux articles qui s’éloignent de la tendance progressiste de la revue Concilium créée en 1965.

    Ratzinger à la barre

    Un beau matin de mars 1977, le nonce apostolique Guido del Mestri vient rendre visite à Joseph Ratzinger qui vient d’achever les cours du semestre. Les deux hommes parlent de choses et d’autres et, en partant, le nonce lui glisse une lettre cachetée qu’il doit, lui dit-il, prendre le temps de lire tranquillement. C’est sa nomination par le pape Paul VI à l’évêché de Munich et Freising, place forte de l’Église catholique. Pour lui c’est « une surprise, oui, un choc », car non seulement il ne s’y attend pas mais, à 50 ans, il compte pouvoir se consacrer à son œuvre théologique. Il va même demander conseil à son confesseur lequel, contre toute attente, lui conseille d’accepter. Il passe une nuit de prière, et confie à son assistant : « Je dois vous faire part de quelque chose d’effrayant qui se passe. Je viens de recevoir une demande de nomination à l’évêché de Munich. Et je l’ai acceptée ».

    À l’annonce officielle, le 25 mars 1977, Hans Küng ne peut s’empêcher d’éructer : « Il reste à espérer que malgré son œuvre défaillante, Ratzinger sera oublié tout comme le cardinal Ottaviani dont les jeunes théologiens se souviennent à peine ». Le 23 mai 1977, Joseph Ratzinger arrive à Munich tout auréolé de sa réputation ; il est reçu par les autorités de tous bords politiques. Pour la première fois dans l’histoire de l’Église allemande, la cérémonie est retransmise en direct à la télévision huit jours plus tard.

    Pour son blason, il choisit des symboles étranges qui unissent à ses yeux la tradition et la modernité : le maure et l’ours, choisis depuis un millénaire par les évêques de Freising, auxquels il ajoute la moule, symbole du pèlerinage éternel et de la recherche de la sagesse, référence à son cher maître le grand saint Augustin.

    Une deuxième surprise l’attend : le nonce lui annonce l’intention du Pape de le nommer cardinal à Rome le 27 juin suivant.

    Pour le nouvel évêque de Munich, la tâche n’est pas de tout repos dans sa Bavière natale car il rencontre l’hostilité de nombreux prêtres, professeurs et médias locaux. Dans un contexte de déchristianisation accélérée (l’Église allemande perd un tiers de ses catholiques pratiquants de 1967 à 1973), il est un des rares intellectuels de sa génération à dénoncer pendant les cinq années de son épiscopat une « pollution intellectuelle de l’environnement » se manifestant notamment par « le nombre croissant d’enfants avortés », une « brutalisation de la société par les médias de masse », enfin une « époque caractérisée par l’incapacité de croire et l’incapacité de se réjouir ».

    « Si nous ne retrouvons pas une part de notre identité chrétienne, martèle t-il alors d’une façon prophétique, nous ne serons pas en mesure de répondre aux exigences de l’heure. Une humanité qui se détacherait de Dieu disparaîtrait et de cette façon ne serait plus dans la liberté mais dans l’esclavage. »

     

    Illustrations : Dans le monde entier, des églises sont vandalisées, saccagées, profanées, incendiées. Mais surtout, elles sont vides, désaffectées, vendues…

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/