Place Colette Paris Ier
Location - Téléphone : 08 25 10 16 80
Du 20 Septembre au 17 Février
Le Tartuffe de Molière
Dans une nouvelle mise en scène audacieuse de Galin Stoev, artiste d'origine bulgare, qui travaille entre la Belgique, la France et la Bulgarie.
Metteur en scène d'origine bulgare, Galin Stoev vit et travaille entre la Belgique, la France et la Bulgarie. Il a déjà collaboré avec la Comédie-Française où il a monté en 2007, La Festa de Spiro Scimone, en 2008, Douce Vengeance et autres sketchesde Hanokh Levin et L'Illusion Comiquede Corneille et dernièrement en 2011 Le Jeu de l'amour et du hasard de Marivaux.
Du 26 Septembre au 2 Décembre
AntigonedeJean Anouilh
Enfin le grand auteur est de retour avec une mise en scène Marc Paquien, déjà connu dans ce théâtre où il a présenté Les affaires sont les affaires d'Octave Mirbeau, ainsi que La Voix humaine de Jean Cocteau, précédée de La Dame de Monte-Carlo de Jean Cocteau et Francis Poulenc.
Pièce sur la résistance et ses contradictions au travers d'un grand mythe de la tragédie antique illustré par Sophocle.
Du 8 Octobre au 14 Janvier
Un chapeau de paille d'Italied'Eugène Labiche
Giorgio Barberio Corsetti, est un metteur en scène de réputation européenne qui a travaillé autant en Italie qu'au Portugal ou en France, et a été directeur de la section théâtre de la Biennale de Venise de 1999 à 2001.
Chef-d'œuvre du théâtre comique, cette pièce marquée par un destin loufoque est la consécration de l'art du quiproquo
Du 17 Octobre au 16 Décembre
Dom Juan ou Le Festin de Pierre de Molière
La mise en scène est de Jean-Pierre Vincent, ancien administrateur de la Comédie Française (1983-1986) il a déjà monté de nombreuses pièces classiques et créations dans ce théâtre.
Du 29 Novembre au 1erMars
La double inconstance de Marivaux
Mise en scène par Anne Kessler, Sociétaire de La Comédie Française, dont la formation et l'expérience nous révèlera les aspects secrets et protéiformes de ce grand auteur.
Du 17 Décembre au 22 Mars
Le Misanthrope de Molière
Dans une mise en scène de Clément Hervieu-Léger, entré dans la troupe en 2005 il nous présente une pièce en vers, parfois controversée. Cette pièce de Molière est une confrontation entre le naturel et une Cour sophistiquée et surannée.
Dans la salle du Vieux-Colombier. Un théâtre chargé d'histoire !
21, rue du Vieux-Colombier,Paris VIème
Location - Téléphone : 01 44 39 87 00/01
Du 17 Septembre au 26 Octobre
Trahisons d'Harold Pinter
Dans une mise en scène de Frédéric Bélier-Garcia, qui après avoir enseigné la philosophie s'est consacré à la mise en scène de théâtre, d'opéra ainsi qu'à l'écriture de scénarios.
Harold Pinter, Comédien, scénariste, dramaturge anglais, a reçu le Prix Nobel de littérature en 2005. La cruauté et le réalisme de ses œuvres ont été qualifiés de "Théâtre de la Menace".
Les relations du couple sont au cœur de ses pièces. On se souviendra de La Collection (1961) et de L'Amant (1962). Trahisons renoue avec ses thèmes de prédilection : le mari, la femme, l'amant et la destruction de ce trinôme.
Du 12 Novembre au 1erJanvier
George Dandin de Molière
Entré en 2007 à la Comédie Française et nommé sociétaire en 2011, le metteur en scène, Hervé Pierre, s'attache à retrouver dans cette pièce, son côté farce avec musique et danse sans ignorer la profonde humanité des personnages.
Studio-Théâtre, un plateau pour la découverte.
Galerie du Carrousel du Louvre
Place de la Pyramide-Inversée
99, rue de Rivoli, Paris Ier
Location - Téléphone : 01 44 58 98 58
Du 27 Septembre au 2 Novembre
Cabaret Barbara
Direction artistique de Béatrice Agenin
Le parcours de la dame en noir qui jouait du piano. Monique Serf, dite Barbara.
(1930-1997), auteur, compositeur et interprète, réapparaît dans le cadre intime du Studio-Théâtre. Son parcours, du cabaret jusqu'à devenir l'icône de la Chanson française est évoqué, par petites touches, avec poésie et émotion. Béatrice Agénin, pensionnaire puis sociétaire de la Comédie-Française de 1974 à 1984, a monté ce spectacle avec le talent et la sensibilité qu'on lui connaît.
Du 4 Octobre au 2 Novembre
Si Guitry m'était conté
Interprété par Jacques Sereys, mise en scène Jean-Luc Tardieu.
Sacha Guitry, homme de théâtre et de cinéma, renaît au cours de ce portrait nourri d'anecdotes. Sa passion des femmes et son regard cynique sur la société de son temps et celui d'antan, nourrissent une œuvre trop souvent qualifiée de fantaisie. Ce spectacle permet d'apprécier une certaine profondeur et humanité de ce poète mondain, grand écrivain qui donna avec élégance une certaine idée du bonheur.
Cerise sur le gâteau, Jacques Sereys, sociétaire honoraire de la Comédie-Française, interprète ce personnage hors norme avec son talent et sa maestria. La mise en scène est assurée par Jean-Luc Tardieu, complice et compagnon depuis dix ans de cet exceptionnel acteur.
Du 20 Novembre au 4 Janvier
La Petite Fille aux Allumettes d'Hans Christian Andersen
Dans une mise en scène d'Olivier Meyrouw.
Voyage dans l'univers merveilleux d'un écrivain de contes, évocation aussi de l'humanité dans un cadre onirique.
Un théâtre qui monte en puissance ! - Le Théâtre de Poche-Montparnasse
75, boulevard de Montparnasse, Paris 6ème
Réservations : 01 45 44 50 21
ww.theatredepoche-montparnasse.com
Places : 10 /35 €
Le journaliste, écrivain et chroniqueur théâtral, Philippe Tesson, en compagnie de sa fille, Stéphanie a repris le lieu mythique du théâtre de Poche Montparnasse animé auparavant par la talentueuse famille des grands acteurs Bierry. Il est à présent doté de deux salles, le Poche et le Petit Poche.
Après une saison brillante dont on a beau apprécié le Legs, de Marivaux, pièce chantée avec Bernard Menez et Estelle Andrea, et du remarquable Voltaire Rousseau, avec Jean-Paul Farré et Jean-Luc Moreau, une nouvelle saison s'annonce brillante. Elle devrait faire date par son choix de pièces et d'interprètes de premier plan.
Au Poche
À partir du 2 septembre 2014
Chère Eléna de Ludmilla Razoumovskaïa
Avec Myriam Boyer dans le rôle d'Elena. Une très grande actrice dans une mise en scène de Didier Long.
La pièce fut créée en 1981 à Tallinn, capitale de l'Estonie, en plein univers communiste, elle rencontra un grand succès mais fut interdite dès 1983 en raison de son caractère subversif par les autorités soviétiques.
A 21h du mardi au samedi et dimanche à 15h
Du 4 septembre au 2 novembre
L'entretien de M. Descartes avec M. Pascal le Jeune de Jean-Claude Brisville.
La confrontation des deux des plus grands intellectuels français interprétés par Mesguich, père et fils. Duel ou psychanalyse ?
A 19h du mardi au samedi et dimanche à 17h30
Du 4 Novembre au 1er mars
Fratricide
De Dominique Warluzel
Mise en scène, Delphine de Malherbe
Avec Pierre Santini, Jean-Pierre Kalfon et Bertrand Nadler
Un affrontement entre deux acteurs ou plutôt deux monstres de la scène.
A 19h du mardi au samedi et dimanche à 17h30
Au Petit Poche
Du 9 septembre au 9 novembre 2014
Le Médecin malgré luide Molière, dans une mise en scène de Brice Borg.
Une farce en apparence, un drame dans la réalité.
A 19h du mardi au samedi, dimanche 17h30
Jusqu'au 26 octobre 2014
Stupeur et Tremblements d'Amélie Nothomb
Adaptation, mise en scène et interprétation, de Layla Metssitane
A 21h du mardi au samedi et dimanche à 15h
Du 28 Octobre au 11 Janvier
Huis Clos
De Jean-Paul Sartre
Mise en scène, Daniel Colas
Avec Marianne Épin, Daniel Colas, Mathilde Penin, Philippe Rigot
La distribution brillante devrait contribuer à rajeunir cette pièce un peu usée. (Avis personnel et subjectif du rédacteur sur cette œuvre)
A 21h du mardi au samedi et dimanche à 15h
Du 12 Novembre au 14 janvier
Aucassin et Nicolette
Chantefable anonyme du XIIIème siècle
Traduction et conception, Stéphanie Tesson
Avec Brock et Stéphanie Tesson
A 19h du mardi au samedi et dimanche à 17h30
Les huit pages centrales du numéro de ce mois sont consacrées à ce sujet, sous forme d'un dossier comprenant : Quelle population, pour quelle Europe ? (de Jean-Baptiste d'Albaret); Politique migratoire : un paradoxe français (d'Alexis Theas); et Pour une politqiue à l'endroit (de Christian Tarrente).
Pour son Editorial, le Magazine a chois de revenir sur l'agitation sociale de ces dernières semaines, sous le titre Les marchands d'illusion :
![POLITIQUE MAGAZINE NOVEMBRE.jpg](http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/00/2296380041.jpg)
Les marchands d’illusions
Grèves, défilés, blocages, la litanie des surenchères ouvriéristes, l’exception française ne cesse de faire des siennes ! Tous les pays de la vieille Europe, confrontés à la crise et au lancinant problème des retraites, ont pris la mesure de la situation et adopté des mesures drastiques. En France, une gauche rétrograde, faisant fi de l’intérêt national, tente de se refaire une santé en attisant une vindicte populaire aveugle et sourde, totalement imperméable à ce qui se passe à ses frontières.
Notre pays est la seule nation européenne où l’âge légal de départ à la retraite est établi à 60 ans. Il s’agit de 65 ans dans 15 des autres membres de l’Union et de 61 à 63 ans dans les 11 pays restants. Avec le passage, outre-Rhin, de 65 à 67 ans d’ici 2029, de même aux Pays-Bas d’ici 2025, et 68 ans entre 2021 et 2046 en Grande-Bretagne.
Par extraordinaire, l’avancement à 60 ans de l’âge de la retraite aurait-il créé des emplois ? Non, au contraire, le chômage a augmenté comme lorsque l’on a développé les pré-retraites. La première des injustices ne serait-elle pas de laisser les retraites non financées, de continuer à vivre à crédit en reportant le fardeau sur les générations futures ? Travailler deux ans de plus – une réforme à minima – est un effort plus que raisonnable. À moins de préférer que les Français soient surtaxés et les pensions diminuées de 15 % à l’horizon 2018.
Cela fait vingt ans qu’il est question de cette réforme des retraites que la gauche s’est bien gardée d’entreprendre. Toujours ce recul devant l’épreuve de la modernité d’une gauche gardienne du temple sacré des droits acquis et pratiquant avec emphase le déni des réalités du monde. Plus facile de rejouer ce psychodrame révolutionnaire interminable en tentant de s’imposer par la sédition dans la rue soutenue par les affidés des médias, quand la droite est aux responsabilités !
Alors que la France subit le contrecoup d’une crise mondiale extrêmement grave, qui pourrait faire croire sérieusement que, seuls en Europe, les socialistes français pourraient conjurer par la magie du verbe des réalités démographiques purement arithmétiques ?
La société a changé, l’État-providence a vécu et les bourgeois socialistes d’une gauche française autiste sont incapables de s’élever à la hauteur de la situation. De vrais marchands d’illusions !
Et ce ne sont pas les cheminots, dockers et autres agents de la fonction publique, fers de lance d’une contestation violente et irresponsable, bénéficiaires de statuts spéciaux pérennes, qui sont légitimes dans cette affaire. Plus que de grogne sociale, il s’agit là d’agitation politique.
Pour tous ces trublions de gauche, rêvant du Grand Soir, la bataille des retraites n’est qu’un prétexte, l’occasion d’en découdre en surfant sur un anti-sarkozysme pathologique. Toute honte bue, la gauche n’hésite même pas à instrumentaliser la jeunesse. Une jeunesse à juste titre déboussolée, en perte de repères et d’avenir, qui a tout à perdre d’une retraite qu’elle financera sans en tirer profit. Obligés de payer la retraite précoce de leurs parents, la dépendance de leurs grands-parents et une dette publique forte de plus de 2 000 milliards d’euros, ces jeunes, bernés par l’égoïsme sacré de leurs aînés, enfants gâtés des Trente Glorieuses, seraient mieux inspirés en se rebellant contre leurs mentors.
Quant à ces bataillons minoritaires d’extrémistes de Sud et autre CGT qui bloquent ports, dépôts de carburants et raffineries pour paralyser l’économie nationale, ce sont non seulement des irresponsables, soucieux surtout de préserver des intérêts hors de saison, mais des saboteurs, car, sans carburant, les entreprises sont mises à mal et les conteneurs qui ne peuvent accoster à Marseille, se tournent vers Gênes, Anvers, Rotterdam, voire Barcelone.
La comédie dure depuis vingt ans pour le plus grand bonheur de nos concurrents. Proprement scandaleux, quand on sait qu’un grutier gagne entre 4 et 5000 euros brut mensuels pour 20 heures d’astreinte hebdomadaire dont 12 de travail effectif. Alors oui, on comprend certaines délocalisations !
Habitués à vivre sous les ailes protectrices d’un modèle social avantageux bâti après 1945, trop de nos compatriotes acceptent mal sa remise en question. Il faudra pourtant bien s’adapter aux exigences modernes. C’est la rigueur ou la faillite avec, à terme, la perte pour la France de sa souveraineté.
Sous les yeux éberlués et moqueurs de nos partenaires, les Français, ou plutôt ceux qui parlent en leur nom, étalent leur refus congénital de toute réforme et leur inculture économique. Tout serait plus facile si on cultivait le consensus et le sens de l’intérêt national de préférence à cette lutte des classes archaïque et stérile. Il est vrai que les médias sont investis par la gauche. Enfin, des syndicats peu représentatifs suscitent forcément la surenchère. Quant au Parti socialiste, prisonnier de dogmes périmés, il n’a n’a jamais pris vraiment le virage social-démocrate. ■
![](http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/02/2310891709.jpg)
Par Laurence Daziano
Depuis la fin de la Guerre froide, les relations entre l'Europe et la Russie demeurent tendues. Dans cette tribune publiée par Figarovox [11.08] Laurence Daziano, montre comment dans le contexte international actuel l'intérêt de l'Europe est de retrouver le chemin de l'entente avec Moscou. Lafautearousseau partage ce point de vue. En revanche, nous n'avons pas la même confiance que Laurence Daziano dans la solidité - retrouvée grâce à l'élection d'Emmanuel Macron ? - du couple franco-allemand. Ceci en raison des disparités qui n'ont cessé de se creuser entre les deux partenaires et de fortes oppositions d'intérêt. De même la vision très européenne si ce n'est européiste de Laurence Daziano pour réaliser l'entente euro-russe à juste titre proposée ici, nous paraît irréaliste. Et pas très gaullienne, non plus, comme en témoigne la référence à Jean Monnet. Si ce rapprochement doit évidemment entraîner l'ensemble européen, à commencer par l'Allemagne, peut-être devrait-il revenir à la France d'en prendre l'initiative, d'y avoir un rôle moteur et déclenchant. Une politique euro-russe à la française, d'initiative française, que la rencontre de Versailles, au lieu de n'être qu'un symbole, aurait préfigurée et qui, alors, prendrait un vrai sens. Qu'attend Macron pour aller à Moscou ? LFAR
Depuis près de dix ans, l'accroissement des tensions géopolitiques fait peser une épée de Damoclès sur l'Union européenne : crise financière de 2008, crise migratoire, conflit ukrainien, Brexit, élection de Donald Trump à la Maison Blanche qui achève de faire diverger les vues de Washington et de Bruxelles sur de nombreux dossiers. Ce retour en force du fait géopolitique s'est également concrétisé dans une montée inédite des tensions entre les Occidentaux et la Russie depuis la fin de la Guerre froide.
Cependant, une conjonction de trois facteurs pourrait permettre aux Européens de retrouver, positivement, le chemin d'un destin propre, en quelque sorte une « voie gaulliste » entre l'Ouest et l'Est. D'abord, les « révolutions atlantiques » de Washington et Londres redonnent aux Européens la maîtrise de leur propre destin, y compris en termes sécuritaires. Ensuite, l'élection d'Emmanuel Macron à l'Elysée, qui a stoppé la vague populiste en Europe, ainsi que la probable réélection d'Angela Merkel à la chancellerie, en septembre 2017, redonnent à l'Europe le moteur qui lui manquait : un couple franco-allemand solide. Enfin, la Russie, qui est arrivée à garantir ses objectifs stratégiques en Ukraine et en Syrie, comprend désormais qu'une politique extérieure forte doit également reposer sur une croissance économique solide, à la veille des élections présidentielles de 2018.
En mai dernier, Angela Merkel ne disait pas autre chose en déclarant, au lendemain du sommet du G7 de Taormina : « Les temps où nous pouvions totalement nous reposer sur d'autres sont en partie révolus. Nous, les Européens, nous devons vraiment prendre en main notre propre destin ». L'élection d'Emmanuel Macron a également consacré une nouvelle impulsion en Europe, en lançant des réformes tant attendues par Berlin et en recevant Vladimir Poutine à Versailles pour discuter, à nouveau, avec notre partenaire russe.
Inversement, la promulgation le 2 août dernier des sanctions américaines contre la Russie a convaincu les Européens qu'il fallait définir une nouvelle voie stratégique. Washington vient de prendre, contre l'avis de Bruxelles, une série de sanctions qui pourraient toucher les entreprises européennes. Ces nouvelles sanctions, contre la Russie notamment, permettraient à Washington de prononcer des amendes, des restrictions bancaires et l'exclusion des appels d'offres outre-Atlantique à l'encontre des sociétés européennes qui participeraient à la construction de pipelines russes ou qui utiliseraient le dollar comme monnaie de transaction avec la Russie. De facto, ces sanctions interdiraient aux entreprises européennes, engagées dans des projets d'infrastructures en Russie, de poursuivre leur activité aux Etats-Unis.
La France, déjà échaudée par les sanctions contre BNP Paribas, qui avait dû payer 9 milliards d'euros au Trésor américain en 2014 pour échapper à des poursuites judiciaires, a des intérêts à défendre. Washington utilise les sanctions comme une législation extraterritoriale au détriment des entreprises européennes et au profit des intérêts américains. Ces nouvelles sanctions visent de nombreuses entreprises énergétiques européennes ainsi que les projets de gazoduc à l'instar de Nord Stream 2. Financé en partie par Engie, Nord Stream 2 doit acheminer du gaz russe en Europe via l'Allemagne, alors que les Américains projettent d'exporter leur gaz de schiste, à un coût supérieur, en Europe.
Dans ce contexte, l'Union européenne, sous l'impulsion du couple franco-allemand, devrait retrouver le chemin d'un dialogue franc et constructif avec Moscou, avec qui nous partageons de nombreux intérêts politiques, économiques, commerciaux et énergétiques, et faciliter les initiatives en ce sens.
Dans un premier temps, la reprise de ce dialogue pourrait se dérouler à l'occasion d'un sommet «E - Russie » qui adopterait une feuille de route autour de projets concrets pour créer, comme l'avait déclaré en son temps Jean Monnet, des solidarités de fait. Ces solidarités « de fait » concerneraient la réalisation des projets énergétiques communs, mais également les coopérations des industries agro-alimentaires et l'industrie spatiale. Dans ce cadre, l'UE devrait être favorable aux coopérations commerciales en cours, comme Nord Stream 2 et Yamal, et non subordonner leur réalisation à des considérations exclusivement politiques.
Dans un second temps, les relations russo-européennes pourraient être approfondies à l'occasion de la tenue d'une nouvelle Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE) qui, en 1975, fut à l'origine de la détente et de la perestroïka. Cette conférence, qui pourrait se tenir à Helsinki comme la première, pourrait aborder la question d'un accord commercial de libre-échange UE - Russie, ainsi que la coopération sécuritaire. Bruxelles et Moscou pourraient signer un nouvel Acte final d'Helsinki, permettant de parachever une détente sécuritaire et l'édification de solidarités concrètes dans un espace géographique commun qui se dresserait de Brest à Vladivostok. •
Laurence Daziano
Maître de conférences en économie à Sciences Po, Membre du conseil scientifique de la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol).
Lorsque les Français, manipulés comme jamais, ont élu par défaut un jeune beau parleur, immature et inexpérimenté, il y avait toutes les raisons d’être révolté par le procédé employé contre celui qui était alors le meilleur candidat, et inquiet de suites de ce choix. Les Français n’ont pas élu M. Macron, mais refusé que Mme Le Pen soit présidente. Pour celle-ci, l’approche plus lente du pouvoir et les échecs paraissent une bonne école qui permet d’envisager plus sérieusement son éventuelle élection. En 2017, elle n’était pas en phase avec la réalité ressentie par les Français. Désormais, c’est son vainqueur et la troupe disparate qu’il a conduite au pouvoir qui paraissent ignorer le réel.
![](http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/02/3105641936.jpg)
Il paraîtrait donc que la France se porte mieux…. Enfin, mieux que ses voisins. Pourtant, son taux de chômage est à 8,6% au troisième trimestre et a augmenté de 0,1% arrêtant une tendance baissière depuis 2015, qui a touché tous les pays, ceux qui sont en-dessous de la moyenne européenne, comme l’Allemagne, à 4,9% ou le Royaume-Uni, à 3,9% ou ceux qui comme la France, sont au-dessus : l’Espagne à 13,9% ou l’Italie à 9,7%, qui peut, elle-aussi, se vanter d’avoir descendu la marche des 10%. Le commerce extérieur est l’outil comparatif le plus sûr des performances nationales : en cumulé, sur les quatre derniers trimestres, entre le quatrième trimestre 2018 et le troisième trimestre de 2019, le solde commercial s’établit à -58,3 milliards d’euros, en hausse de 5,3 % sur douze mois. Si on peut se féliciter de la création de très petites entreprises, on doit s’inquiéter bien davantage du recul de notre industrie. Combien de nos entreprises industrielles les plus prestigieuses sont-elles passées sous pavillon étranger comme Technip ou Alstom, entreprises dans lesquelles, d’ailleurs, l’Etat et la volonté politique avaient joué un rôle majeur ? Que l’actuel locataire à titre gratuit de l’Elysée ne soit pas étranger à ce processus n’a rien de rassurant. La vente des bijoux de famille ou plutôt des poules aux oeufs d’or, comme Aéroport de Paris ou la Française des Jeux peut plaire légitimement à ceux qui souhaitent voir l’Etat s’occuper prioritairement de ses missions régaliennes, mais elle doit inquiéter si elle n’est qu’un expédient en vue de réduire la dette et les déficits à court terme tout en diminuant les recettes à plus long terme et en augmentant donc les impôts du même coup ! Les fameux investissements étrangers, s’ils consistent à prendre le contrôle d’entreprises françaises, des concurrents à éliminer, ou à faire de juteuses opérations d’acquisitions suivies de vente, comme les Chinois l’ont fait avec l’Aéroport de Toulouse, sont-elles de bonnes affaires pour la France ? Que l’ombre du « chef » de l’Etat plane sur ces dossiers devient carrément angoissant ! Quant à la dette, elle vient de repasser le seuil des 100% du PIB, en dépit des promesses et des obligations européennes….
Ce non-respect des critères européens de la part de celui qui se fait le chantre du fédéralisme et prétendait en poursuivre la construction en dit long sur les divagations d’une politique qui a perdu sa boussole. Après Aix-la-Chapelle, que reste-t-il du fantomatique « couple » franco-allemand qui n’a jamais été aperçu que de ce côté du Rhin ? Le Brexit va faire sortir le Royaume-Uni du port et a permis à un homme d’Etat britannique de sortir du rang. Les gouvernements conservateurs nous tournent le dos, et les progressistes dont nous sommes les plus proches, espagnols en Europe ou canadiens ailleurs, sont aussi ceux pour qui « progressiste » doit se traduire par « décadent ». Les multiples occasions où le président français par le geste ou la parole a tenu à rappeler qu’il appartenait à cette gauche-là, empressée à dénigrer la colonisation et à valoriser les rappeurs qui insultent notre pays, devraient ouvrir les yeux des électeurs qui se disent « de droite » et votent pour ça.
Des quartiers entiers échappent à l’ordre et à la loi : ils ont fait flamber les voitures pour marquer leur territoire le 31 Décembre. Comment peut-on minimiser ces faits criminels que certains qualifient de traditions ? Ils participent avec leurs rougeoiements nocturnes à cette descente aux enfers dont la France offre le triste spectacle aux yeux du monde entier, avec ses manifestations constantes, sa violence permanente, ses grèves suicidaires provoquées par une réforme mal préparée et devenue inutile à force de concessions. Chaque samedi devient l’occasion d’une répression excessive qu’on aimerait davantage voir se déployer contre les vrais délinquants. Mais de nouvelles lois, loin de prétendre améliorer notre sécurité, restreignent sans cesse notre liberté d’expression, en interdisant de pointer les problèmes les plus urgents, les risques les plus évidents, comme celui de voir notre identité nationale submergée à force d’immigration et de soumission, ou encore en censurant une campagne en faveur de la procréation naturelle. Comment M. Macron peut-il se prétendre le garant de l’unité nationale, alors que depuis son élection, il a systématiquement écarté les unes des autres les îles de l’archipel français ?
«Plutôt que d’accorder une primauté indépassable aux libertés individuelles et aux intérêts particuliers, la France, au nom de l’intérêt général interdit un vêtement qui fracture la communauté nationale.» MIGUEL MEDINA/AFP
Source : https://www.lefigaro.fr/vox/
Le Washington Post a récemment comparé le port du masque et celui du voile intégral. La chercheur Sophie de Peyret juge cette rhétorique dangereuse. Elle rejoint en effet la thèse des tenants du djihad culturel pour qui le voile intégral est un vêtement comme un autre, souligne-t-elle.
![](http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/02/3655806653.31.jpg)
Décidément, il est peu de dire que la question du voile intégral demeure un inépuisable sujet d’incompréhension entre la France et les États-Unis. Dans un long article publié le 10 mai, le Washington Post s’est ironiquement ému du traitement accordé aux musulmanes voilées sur le sol français à l’heure où le masque s’impose à tous.
Tout les distingue le masque et le voile dans la motivation des porteurs et plus encore dans la finalité de la démarche.
D’un côté, le port de la burqa ou de tout autre vêtement qui dissimule le visage est pénalement répréhensible dans l’espace public français. De l’autre, le port du masque y est encouragé, voire imposé, dans certains lieux, tels que les transports notamment, pour lutter contre la propagation du Covid-19. Le journaliste, moqueur, conclut rapidement à une incohérence typiquement française tandis que les personnalités interrogées évoquent quant à elles «une lecture asymétrique», «arbitraire», voire «discriminatoire», une «schizophrénie»… N’en jetez plus!
Néanmoins, cette analyse américaine revient à comparer des carottes et des choux-fleurs. Certes, carottes et choux-fleurs sont l’un et l’autre des légumes, tout comme masques et burqas sont l’un et l’autre des morceaux d’étoffe qui dissimulent le visage. Il serait alors tentant de les comparer. Pour autant, tout les distingue non seulement dans la motivation des porteurs mais plus encore dans la finalité de la démarche et dans les incidences sur la société. La comparaison constitue un contresens doublé d’une faute.
Le masque, qui s’impose à tous sans distinction de sexe ou de religion, n’est le miroir d’aucune idéologie.
Ici, le voile intégral qui relève d’une décision délibérée d’interpréter, de pratiquer et de manifester sa religion, qui réduit l’individu à son appartenance religieuse et qui sépare l’homme de la femme, la musulmane de la non-musulmane (ou de la mauvaise musulmane) dans une acception rigoriste de l’islam. Et là, le masque qui s’impose à tous sans distinction de sexe ou de religion, et qui n’est le miroir d’aucune idéologie si ce n’est celle de se protéger d’un mal invisible et planétaire.
Plus largement, cet article suscite deux autres formes de remarques. La première concerne la thèse défendue par l’auteur et les personnes interrogées dans l’article - dont le moins que l’on puisse dire, est qu’ils ne brillent pas par la diversité des points de vue. Cette thèse rejoint dangereusement celles des mouvements communautaristes et des promoteurs d’un djihad culturel qui tentent d’imposer une lecture salafiste et de faire passer le voile intégral pour un vêtement comme un autre.
En plaçant sur un pied d’égalité un masque à visée sanitaire et un voile à portée politico-religieuse, feignant de ne pas y voir de différence, le Washington Post s’aligne, l’air de ne pas y toucher, sur les propos de prêcheurs radicaux tels qu’Hani Ramadan (directeur du Centre Islamique de Genève) qui, s’appuyant sur un hadith, affirmait en mars dernier que «l’une des causes de la maladie est le fait que les hommes se livrent ouvertement à la turpitude comme la fornication et l’adultère». Elle alimente les messages qui fleurissent sur certains forums et réseaux sociaux où l’on peut lire que la pandémie frappant l’Occident n’est que juste retour des choses: ceux qui ont pénalisé la burqa et fait la promotion des mœurs dissolues sont aujourd’hui contraints de tous se couvrir, de garder leurs femmes à la maison, de fermer leurs bistrots et de bannir les contacts physiques de leurs habitudes. Idriss Sihamedi, fondateur de l’association Barakacity, s’est ainsi publiquement réjoui: c’est «la première fois de ma vie que je peux dire à une femme qui veut me serrer la main «non» dans la joie et la bonne humeur. Ça fait bizarre de voir que des choses halal deviennent normales»…
Dans la logique anglo-saxonne, les cultures, les comportements et les identités sont d’égale importance.
Le second type de remarque nous emmène vers la philosophie politique. Dans la conception française, une large place est accordée aux notions d’universalisme des droits, de primauté de l’intérêt général ou de non-reconnaissance des groupes et des communautés. En revanche, les pays d’inspiration anglo-saxonne privilégient une approche multiculturaliste, selon laquelle différentes entités minoritaires culturellement hétérogènes sont juxtaposées sur un même territoire sans qu’il leur soit demandé d’abandonner leurs particularités. Dans ce système où les cultures, les comportements et les identités sont d’égale importance, tous sont fondés à revendiquer des droits et tous sont voués à évoluer de manière parallèle et donc non-miscible.
De cette divergence essentielle naissent des conceptions bien différentes. À l’automne 2018, Emmanuel Macron rappelait que «nous ne sommes pas 66 millions d’individus séparés mais une nation qui se tient par mille fils tendus» : l’addition des intérêts particuliers ne constitue pas l’intérêt général. Il faut parfois en passer par des mesures exigeantes et contraignantes, consentir à renoncer à certains particularismes pour s’approprier un projet national plus grand que soi, pour s’incorporer à un tout qui dépasse l’individu.
Le port du masque manifeste une volonté de vivre. Ensemble, quand les circonstances le permettront.
Ainsi, ce que le journaliste du Washington Post qualifie de contradictoire et d’incohérent, se révèle en définitive très logique. Tout ne se vaut pas. Plutôt que d’accorder une primauté indépassable aux libertés individuelles et aux intérêts particuliers, la France, au nom de l’intérêt général interdit un vêtement qui fracture la communauté nationale. C’est bien au nom de ce même intérêt supérieur qu’il encourage le port du masque.
Dans son article, le journaliste américain rappelle la position des législateurs français qui, lors des travaux préparatoires à la loi de 2010, considéraient que «la dissimulation du visage dans l’espace public manifeste le refus de vivre ensemble». En l’espèce, le port du masque manifeste surtout la volonté de vivre tout court. Ensemble, quand les circonstances le permettront.
Sophie de Peyret est chercheur associé à l’Institut Thomas More. Elle a notamment publié le rapport L’islam en France, le temps des solutions. 35 propositions pour agir maintenant.
Jean-Luc Mélenchon voit des complots partout : instrumentalisation d’attentats en vue de l’élection présidentielle, sabotage d’Orange, vidéo de Papacito et jusqu’à cette gifle donnée au Président Emmanuel Macron qu’il interprète comme un signe de cette violence d’extrême droite.
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Analyse de Régis de Castelnau au micro de Boulevard Voltaire
https://soundcloud.com/bvoltaire/regis-de-castelnau-5
Le président de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon a été pris en flagrant délit de complotisme pour reprendre les éléments de langage de mes confrères. Concrètement, où va Mélenchon et que signifie ce feuilleton ?
Je pense que Mélenchon a un vrai problème, celui de la ligne qu’il a adoptée fin 2017 début 2018. Il avait fait une superbe campagne présidentielle. J’assume avoir voté pour lui en 2012 et en 2017. Cette campagne qui l’avait amené de 10 % à 20 % était une campagne républicaine de gauche. Par la suite, il a changé et a pris un virage que l’on va qualifier d’indigéniste. Il a substitué la lutte pour les couches populaires à la lutte des races. Il a donc été de toutes les mauvaises combines. Il a été à la fameuse manifestation du 10 novembre et a adopté tout un tas de positions avec une fameuse surenchère islamophile un peu curieuse.
Aujourd’hui, il se lance dans une campagne présidentielle. Il est confronté à l’état de l’opinion française. Je ne dirais pas que cette opinion lui est hostile, mais elle est sur des positions aux antipodes des siennes. Lorsque vous regardez la fameuse étude IFOP sur le vote de Marine Le Pen, vous verrez qu’elle est aux antipodes des positions défendues par Jean-Luc Mélenchon. J’ai tendance à penser que cette ligne politique ne lui convient pas pour se déployer. Par conséquent, cela l’amène à investir des champs clientélistes ,et à essayer d’inventer un certain nombre de complots le concernant.
Il est très intéressant de voir les réactions de ceux qui le soutiennent. Il ne faut pas se tromper, il y a un gros désarroi dans la France Insoumise. Beaucoup de militants le soutiennent complètement. Il suffit de voir les discours. J’ai entendu dire : “on nous attaquait parce qu’on était les plus dangereux pour Emmanuel Macron ou parce que le grand capital et l’oligarchie ont peur de notre programme l’Avenir en commun”… programme que personne ne connaît. Ce n’est pas cela le débat, même si ce programme mériterait peut-être d’être discuté. C’est plutôt la personnalité de Jean-Luc Mélenchon et surtout ses accointances avec une ligne indigéniste qui ne convient pas à l’électorat.
La deuxième phase de cette polémique est le contre-feu allumé par Jean-Luc Mélenchon suite à une vidéo sortie par l’humoriste Papacito. Une vidéo dans laquelle Papacito, le youtubeur spécialiste des armes se met en scène en train d’abattre un mannequin identifié comme « gauchiste ».
Jean-Luc Mélenchon en a profité pour sortir toute une dialectique comme quoi il était menacé de mort et que le vrai danger était les idées d’extrême droite incarnées par ce Papacito.
Depuis 2015, on en oublierait presque que des centaines de Français sont morts sous les coups des terroristes islamistes sans que la France Insoumise ne se soit perdue dans les superlatifs à ce sujet-là.
Je voulais compléter ce que je disais concernant la situation actuelle de Jean-Luc Mélenchon. La caractéristique de sa sortie à France Inter sur l’organisation d’attentats et de faits divers graves pour pouvoir les instrumentaliser dans les campagnes électorales nous montre qu’il entretenait des rapports curieux avec le réel. Sa comparaison entre l’affaire du fameux « Papy Voise » et Merah est épouvantable. Il a vraiment une difficulté avec le réel.
Il a prétendu que la grande panne d’Orange était un complot et un sabotage volontaire destiné à disqualifier le service public de télécommunication d’Orange pour permettre sa privatisation. Or, la privatisation a eu lieu en 2004 et a été initiée par Lionel Jospin en 1997 dans des gouvernements où Mélenchon était ministre. Il dit de faire un sabotage pour permettre la privatisation d’une société qui est privatisée depuis 20 ans par ses amis. Au bout d’un moment, cela finit par devenir grotesque.
On retrouve ce rapport particulier au réel avec l’affaire Papacito. J’ai regardé la vidéo et je peux vous dire qu’elle est nulle, déplaisante et pas drôle. Présenter cela comme un appel au meurtre et comme les barbares sont aux portes n’est pas vraiment sérieux…
Cette fois-ci, il monte en épingle quelque chose pour prétendre qu’il y a une formidable tentative nazie qui déferle sur la France. Cela caractérise un rapport réel et une tentative d’essayer de le faire passer comme la réalité.
Emmanuel Macron s’est pris une gifle pendant son tour de France dans la Drôme. Jean-Luc Mélenchon a interprété cette gifle comme un signe visible de cette violence d’extrême droite qu’il a dénoncée pendant deux jours. Que dire ?
D’abord, ce n’est pas sérieux. Il le prend comme une bénédiction. C’est bien joli, mais ce genre d’incident n’est pas banal. Je dirais qu’Emmanuel Macron est un président particulier. On est depuis quatre ans dans une espèce de simulacre. Emmanuel Macron est le fruit d’une opération de grand style menée par les grands intérêts dans ce pays. Il est également arrivé au pouvoir grâce à un coup d’État judiciaire. S’il n’y avait pas eu toute l’opération montée par le pôle financier et par le pôle d’instruction financier, François Fillon serait président de la République. Ce déficit de légitimité pèse sur lui. Depuis le début de son mandat, il a laissé s’installer dans ce pays le chaos, y compris dans la façon dont la pandémie a été gérée. Je pense que ce président suscite une détestation extraordinaire.
Je crains que beaucoup d’opposants à Emmanuel Macron suscitent un rejet voire une haine. Beaucoup ne le diront pas, mais sont ravis de ce qu’il vient de se produire. Je voudrais que l’on sorte du simulacre. Jean-Luc Mélenchon, vient nous présenter cela comme le critère lié à un déferlement d’une violence politique d’extrême droite sur la France. Incontestablement, dans la perspective de l’élection présidentielle de 2022, le pays est à cran. Il sort du confinement psychologiquement affaibli. Je dois dire que la façon dont se comporte le président de la République en faisant cette pantalonnade invraisemblable avec les deux influenceurs à l’Élysée affaiblit la fonction. En violant la loi française sur le financement des campagnes électorales, il va faire la retape pour son parti aux élections régionales et départementales. Où est-on ?
Il est inutile d'ajouter quoi que ce soit à ces deux documents que publie Le Figaro à propos du déclin annoncé des ports français en général, et du blocage de celui de Marseille en particulier.
Le Président Sarkozy a beaucoup parlé de rupture, avant de se faire élire et depuis qu'il est élu. Il tient là une occasion inesperée de rompre avec l'héritage empoisonné de 1945, lorsque le pouvoir politique céda aux révolutionnaires l'Enseignement, les Ports, EDF, les Transports... obligé qu'il était de compter avec la puissance immense - à l'intérieur - des révolutionnaires français, aidés - à l'extérieur - par la puissance non moins immense de Staline...
Il est juste de reconnaître que ces deux puissances, associées et additionnées, contraignaient de Gaulle à manoeuvrer, à la Libération. Il ne pouvait donc probablement pas faire autre chose que ce qu'il a fait, en 45. Mais il aurait pu - et dû... - supprimer en 58 les privilèges exorbitants qu'il avait été contraint d'accorder 13 ans auparavant : le contexte était radicalement différent, et lui était beaucoup moins défavorable....
Et, en tout état de cause, on ne voit vraiment pas aujourd'hui pourquoi, 65 ans après 45, un gouvernement - de droite qui plus est... - continue à tolérer une telle anomalie.
Alors, vous avez dit rupture ?.....
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Port bloqué, économie asphyxiée... : désolant !
1/2 : La CGT bloque le premier port de France depuis trois semaines. Les patrons en colère cherchent des solutions alternatives.
La réforme portuaire devait rétablir la compétitivité des ports français. Elle est en train de les tuer à petit feu. Une centaine de salariés CGT du Grand Port maritime de Marseille (GPMM) bloque depuis le 27 septembre les terminaux pétroliers et, par intermittence, le terminal à conteneurs des bassins intérieurs de la ville. Le syndicat majoritaire refuse l'application de la réforme votée en juillet 2008 qui prévoit le transfert au privé des activités d'exploitation des ports, principalement les grues et leurs conducteurs. La CGT veut préserver sa majorité syndicale dans le GPMM et donc son pouvoir sur le port. Or la réforme, en transférant au privé les activités d'exploitation, la privera des plus importants bataillons de syndiqués. D'où son obstination à réclamer que les 220 salariés qui doivent être transférés dans la filiale créée pour regrouper les terminaux pétroliers conservent des feuilles de paie du GPMM.
Conséquence: une soixantaine de bateaux et leurs équipages sont bloqués en mer. Et vendredi, en réaction à la libération par les CRS d'un dépôt pétrolier bloqué par des grévistes, la CGT a fermé les accès routiers au port. Ces actions perturbent considérablement l'activité économique de la région. Selon l'UMF, le syndicat patronal du port, elles font perdre trois emplois directs et 350.000 euros par jour sur le terminal à conteneurs de Marseille et 1,5 million par jour sur les terminaux pétroliers. Soit 30 millions en trois semaines. Pour les armateurs, l'immobilisation d'un porte-conteneurs coûte plus de 50.000 euros par jour.
Conteneurs bloqués
«Ça fait plus de trente ans que ça dure. L'État ne doit pas laisser une poignée de cégétistes détruire le port», tempête Jean-Luc Chauvin, président de l'Union patronale des Bouches-du-Rhône. Christian Dellaporta, patron d'ERS, une société spécialisée dans le déménagement de cadres expatriés, a vu son activité chuter de 40% ces trois derniers mois. «J'ai des clients qui attendent depuis l'été leur déménagement d'Amérique ou d'Asie, raconte-t-il. Des conteneurs sont bloqués dans d'autres ports et aucun armateur ne veut venir en ce moment à Marseille.» Le fabricant de peinture Thierry Fabre espérait se remettre à flot après une année 2009 difficile grâce à un gros contrat avec les États-Unis. Son premier conteneur est resté sur les quais pendant un mois et le deuxième, pour éviter Marseille, devait être acheminé par le rail jusqu'au Havre où il devait prendre la mer. Hélas, la grève de la SNCF l'a bloqué à Paris. Il doit le faire expédier par la route. Total: un surcoût de 1300 euros pour une cargaison de 40.000 euros. Thierry Fabre peste d'«être livré aux caprices de 36 grutiers surpayés bloquant l'activité économique de toute une région».
Certains patrons tournent le dos au port phocéen. «Nous avions déjà décidé fin août de faire passer les deux tiers de nos flux par d'autres ports; aujourd'hui, c'est la totalité, regrette Christian Métadier, directeur général adjoint de Canavèse, un des leaders français des fruits et légumes frais. Marseille est en grève permanente, c'est ingérable. Les tarifs de fret sont 20% plus élevés qu'à Anvers. Et en plus, le coût de déchargement du conteneur est 15% plus cher pour un service qui peut prendre jusqu'à une semaine contre 4 heures à Anvers!»
Du deuxième au quatrième rang européen
En trente ans, Marseille a déjà rétrogradé du deuxième rang des ports européens au quatrième. Pis, pour les conteneurs, le segment de marché qui a explosé, il est désormais douzième. «Beaucoup de mes clients sont excédés et ne veulent plus passer par Marseille. Ils ont décidé de ne pas y revenir», se désole Véronique Dagan, président de Technotrans, organisateur de transport, qui s'inquiète pour l'avenir de sa société et de ses 48 employés.
L'armateur Marfret a carrément arrêté sa ligne desservant l'Algérie qui achemine 200 conteneurs par semaine vers ce pays. Il a également dérouté sa ligne des Caraïbes à Sète. «C'est un vrai problème, explique Raymond Vidil, président de Marfret. L'essentiel de ce qu'on achète pour la vie courante vient de Chine mais la moitié ne transite déjà plus par nos ports.»
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Le beaujolais nouveau transitera par Anvers
Paroxystique, la situation de Marseille témoigne de la perte de compétitivité de l'ensemble des ports français face à leurs concurrents belges, espagnols ou italiens. «En 1997, un million de conteneurs transitaient par Le Havre, deux millions par Anvers. En 2010, Le Havre a certes doublé de taille, mais celle d'Anvers a été multipliée par quatre», détaille Christian Leroux, président de l'Union maritime et portuaire de France (Umepf).Face aux mouvements sociaux, «un Chinois ne cherchera même pas à comprendre: il expédiera sa cargaison vers Rotterdam ou Anvers. D'ailleurs, la campagne du beaujolais nouveau risque de partir d'Anvers».
Les détournements de trafic (importations ou exportations françaises réalisées à l'étranger) s'élèveraient à 25% du volume total. Les responsables du puissant port d'Anvers enfoncent le clou. La mission de Danny Deckers, conseiller commercial, est justement d'attirer les Français, deuxièmes clients derrière les Allemands. «Nous sommes devenus importants pour les industriels français, témoigne-t-il. En vingt-cinq ou trente ans, nous n'avons eu qu'une journée de grève. C'est un argument commercial!» Des sociétés comme Leroy Merlin «dépotent» leurs conteneurs en Belgique avant d'envoyer la marchandise en France. Décathlon s'est installé près du port d'Anvers où transitent aussi les produits de grands noms de la VPC. «95% des importations du groupe Mulliez passent par Anvers», note Christian Leroux.
Des armateurs tels que CMA- CGM refusent ce déclin annoncé des ports français. Le groupe a multiplié les prises de participations via sa filiale Terminal Link dans les terminaux d'une trentaine de ports dont LeHavre, Marseille ou Dunkerque. «Nos concurrents étrangers se concentrent sur des ports qui font rarement grève, explique Nicolas Sartini, directeur central groupe lignes Asie-Europe. Nous, nous sommes fidèles et privilégions l'efficacité des ports français.»
2/2 : «Nous sommes face à un comportement archaïque» Entretien avec Jacques Pfister, président de la CCI de Marseille Provence.
LE FIGARO - Que vous inspirent les grèves actuelles à Marseille ?
Jacques Pfister - Que ce soit sur le port ou pour les poubelles, nous sommes face à un comportement archaïque des syndicats. Ils ont une guerre de retard. Grâce à une situation monopolistique, la CGT sur le port et FO à la ville prennent Marseille en otage en toute impunité.
Nous en avons marre que ce territoire, qui est en train de se prendre en main pour essayer de se redresser, soit le champion du monde des villes qui ne marchent pas et des poubelles de la honte.
Comment analysez-vous la situation sur le port ?
Le port est triplement pris en otage: au niveau national, comme ces gens sont impunis et ne prennent aucun risque, ils n'hésitent pas à en rajouter, ils n'ont plus le sens des mesures. Ces nantis en sureffectif qui gagnent 4000 euros par mois pour 18 heures de travail hebdomadaire et partent à la retraite à 55 ans dans le cadre du plan amiante veulent continuer à partir à 55 ans. Je demande solennellement au directeur du port qu'on ne leur paie pas les jours de grève. Au niveau local, la CGT, qui a pourtant toutes les garanties et tous les parachutes possibles, bloque la réforme pour sauver la mise. Il y a un compte à rebours. La réforme des ports a été négociée, votée au Parlement et acceptée par une large majorité. Elle doit être mise en application par le port d'ici à la fin de mars, sinon on revient à la situation initiale. Nous demandons les transferts au privé avant la fin de l'année. Rien n'empêche de le faire. Enfin, il y a au port un conflit entre la CGT agonisante des bassins est (NDLR, ceux situés dans la ville) et la CGT des bassins de Fos, qui est plus entreprenante et plus positive sur cette réforme car elle comprend le développement qu'on peut en attendre.
Et pour les terminaux pétroliers ?
Là aussi, c'est un scandale. Ces terminaux devaient comme les autres passer au privé. La CGT a réussi à obtenir du gouvernement qu'une filiale, où le GPMM sera majoritaire, soit créée. Et maintenant, ils se mettent en grève pour qu'elle soit à 100% GPMM.
Pouvez-vous chiffrer l'impact de ces grèves ?
C'est difficile pour le moment, mais il s'agit de plusieurs dizaines de millions d'euros, en pénalités pour le GPMM, pour les pétroliers, en manque à gagner de chiffre d'affaires pour les entreprises, et en pénalisation pour les entreprises qui ne savent plus où se trouvent leurs conteneurs… Et pour l'image de la ville et du port, c'est désastreux! Le port est à un tournant. Le jour où la SNCM disparaîtra, car cela finira par arriver au train où vont les choses, le jour où l'activité conteneurs disparaîtra des bassins est, c'est ce qui se profile avec le genre de conflit qu'on est en train de vivre, ces derniers seront livrés à la plaisance et aux paquebots de croisière!
Le narcissisme de Macron n’a pas de limite. N’aimant pas les critiques, il accuse les Français d’être un peuple de procureurs, et lui-même se mue en procureur de l’Armée française en accusant celle-ci d’assassinat. Né 15 ans après la fin de la “Guerre d’Algérie”, et ayant par ailleurs soigneusement évité de faire son service militaire, voilà quelqu’un qui n’a pas hésité à porter l’uniforme, à savoir la combinaison de pilote, qu’il n’est nullement, sur la base aérienne d’Istres.
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Dénué de la moindre expérience militaire, il est “le chef des Armées” et rabroue vertement le Général Pierre de Villiers, Chef d’Etat-major des Armées. Celui-ci avait rempli pleinement son rôle en réclamant pour les soldats français les moyens de leurs missions. Ses états de service, sa compétence, sa rigueur professionnelle méritaient le respect. Les morts dans les véhicules, insuffisamment protégés et touchés par des attentats au Sahel, n’ont que trop vérifié les exigences légitimes du Général. Le tout récent président élu dans des conditions douteuses n’a cependant pas hésité à l’humilier publiquement et à le conduire à la démission.
Dès avant son élection, en Février 2017, lors d’un déplacement en Algérie, il avait commencé une mise en accusation systématique de son propre pays. Il avait alors osé désigner la colonisation comme un “crime contre l’humanité”. Comment les Français ont-ils pu élire celui qui s’était alors rendu indigne des fonctions qu’il ambitionnait ? Un homme politique ne critique pas son pays dans un pays étranger. S’il le fait pour des motifs de séduction électoraliste envers les Algériens ayant acquis la nationalité française, souvent en gardant la leur, c’est encore plus méprisable. S’il le fait en raison de la lecture idéologique de l’histoire qui est celle de son camp, la gauche “progressiste”, il souligne à quel point il ne peut représenter tous les Français, notamment les descendants des victimes de la rébellion, militaires, Pieds-Noirs et Harkis, dont les malheurs sont ainsi effacés par un “crime contre l’humanité” qui les rend davantage coupables que victimes. S’il le fait par une fatuité pétrie d’ignorance, cela ne fait que confirmer l’erreur de confier la responsabilité la plus haute du pays à un jeune fonctionnaire sans autre expérience que bancaire. La colonisation est un phénomène historique qui a consisté pour une puissance techniquement et donc militairement plus avancée à s’emparer de territoires avec des buts différents : étendre son activité commerciale, acquérir des ressources, implanter une population excédentaire, accroître ses forces. Le corollaire de ce mouvement “naturel”, c’est l’invasion : lorsqu’une puissance décline, des peuples plus vigoureux l’envahissent et trouvent là aussi le moyen d’acquérir des richesses et des terres. Les Romains ont colonisé le pourtour méditerranéen et une bonne partie de l’Europe occidentale. Souvent avec brutalité, ils ont installé la “Paix romaine”, à l’origine d’une civilisation brillante, riche de travail et d’échanges, construisant routes et villes. Qui pourrait s’en plaindre ? Les grandes invasions qui ont suivi ont accumulé les destructions. Où est le crime contre l’humanité ? Ni d’un côté, ni de l’autre, car les acteurs de l’histoire ne font ni de la morale ni du droit, ils vivent dans les passions et les contraintes. Ce que semble ignorer un énarque qui récite sa leçon.
La colonisation française n’a pas eu l’importance ni la cohérence de la britannique collectionnant les territoires dont les autochtones ont été remplacés par des colons, exploitant les richesses du sous-sol, trouvant de vastes débouchés pour ses marchandises et reliant l’ensemble par des bases assurant la sécurité de l’Empire. La France après avoir perdu en grande partie ses premières colonies a reconstitué un empire au XIXe siècle, surtout pour retrouver un prestige que ses désastres militaires lui avaient fait perdre, pour y puiser des renforts, et pour exporter sa pensée “libératrice”. Rien de criminel : telle exaction commise est compensée par l’effort en infrastructure, en soins médicaux ou en éducation. L’Algérie en est un bon exemple comme elle est aussi un excellent résumé de l’incohérence de nos gouvernements qui n’ont jamais vraiment choisi entre peuplement, assimilation et attentisme, jusqu’au moment où la démographie, décuplée par la médecine du colonisateur, et la religion du colonisateur précédent, ont exacerbé les différences et précipité l’inéluctable. Lorsque les troupes de Charles X prennent Alger, c’est une satisfaction pour l’Europe entière enfin débarrassée d’un nid de pirates esclavagistes. Lorsque les Pieds-Noirs et les musulmans favorables à la France quittent l’Algérie sous la menace du massacre dans les conditions les plus horribles, les Juifs, présents dans ce pays depuis des siècles, les suivent. Où sont les crimes contre l’humanité ?
Lorsque les terroristes font exploser des bombes ou mitraillent des civils à Alger, l’Armée a reçu du gouvernement de la IVe République l’ordre de “terroriser les terroristes”, de les éradiquer, et elle en a pris les moyens en remportant la bataille d’Alger. Cinq ans plus tard, cette victoire est devenue inutile : beaucoup de Français d’Algérie ont été assassinés dans des conditions atroces. Le silence devant ce gâchis devenu inévitable serait seul décent. Mais l’élégance morale de M. Macron a d’autres caprices : il prend parti et le fait contre son pays en reconnaissant des assassinats de la part de l’armée française comme si celle-ci ne luttait pas avant tout contre des assassins. L’irresponsabilité du geste est à peine croyable : les demandes d’excuses d’un gouvernement qui vit de la légende de la libération nationale contre l’occupant français ne seront jamais satisfaites. Quant à la repentance française, elle alimentera chez de nombreux jeunes d’origine algérienne le sentiment de leur identité victimaire propre à justifier leur séparatisme. On ferait mieux d’enseigner les efforts en matière de santé, d’éducation de développement consentis par la France dans ses département algériens, mais c’est trop demander à un homme dont la suffisance n’a d’égales que ses insuffisances.
Source : https://www.christianvanneste.fr/
Les Trente Glorieuses le furent-elles vraiment ? Dès les années 1960, le théologien Joseph Ratzinger en repère les écueils. Le journaliste Peter Seewald retrace dans une biographie1 du futur pape Benoît XVI ce qui l’attend dans ces années de grand tumulte à l’extérieur comme à l’intérieur de l’Église.
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En 1964, Joseph Ratzinger est, à 37 ans, le plus jeune des conseillers du concile Vatican II qui s’est ouvert à la demande du pape Jean XXIII deux ans plus tôt. Pour lui, il s’agit surtout de libérer la théologie de carcans qui l’ont emprisonnée au fil du XIXe siècle et de donner un nouveau souffle à l’Église dans ce formidable besoin de renouveau qui se fait sentir dans l’Allemagne dévastée de l’après-guerre. Sur fond de déchirement de l’ancien Reich – le mur de Berlin est construit en 1961 –, il caresse un temps l’espoir de réunir les chrétiens, « frères séparés ».
Proche collaborateur du cardinal de Cologne, qui a fini par devenir un personnage-clé du Concile, il est aussi très lu – et en allemand – par le pape Paul VI qui remplace Jean XXIII à la mort de ce dernier en 1963.
L’embarcation de saint Pierre prend l’eau…
Mais les faits sont là, inquiétants : des forces extérieures au Concile se sont mises en mouvement qui en dénaturent le sens, au nom même d’un « esprit du Concile » dont commencent à se prévaloir des théologiens plus ou moins réputés et des journalistes qui vont très rapidement politiser toute question religieuse.
Le danger avait été prévu par Jean XXIII dès octobre 1961 lorsqu’il avait mis en garde contre « le malheur dont résulterait une présentation erronée des résultats et des buts poursuivis [par le Concile] par manque d’information complète et par manque de discrétion et d’objectivité… » Tout devait donc être fait « pour en diffuser la vraie lumière ». Le pape émérite confiera en 2013 : « Depuis 1965 [année de clôture du Concile], j’ai ressenti comme une mission de clarifier ce que nous voulions en réalité et ce que nous ne voulions pas »,
Joseph Ratzinger donne un premier signal d’alerte le 14 juillet 1966 dans un discours qu’il prononce à Bamberg pour le Katholikentag (congrès catholique) : « Disons-le ouvertement, il règne un certain malaise, un sentiment de désillusion et de déception… Pour certains le Concile a fait encore trop peu… mais pour d’autres il a été objet de scandale ; à leurs yeux, l’Église a donné de la valeur au vide spirituel d’une époque avec, pour conséquence de cette furieuse obstination, l’éclipse de Dieu sur terre. Bouleversés, ceux-ci voient vaciller ce qui était le plus saint à leurs yeux et se détournent d’un renouveau qui semble dissoudre la chrétienté et en déprécier les valeurs là où il aurait été nécessaire d’avoir plus de foi, d’espérance et d’amour ». Avec le recul, il estime qu’il a été peu écouté.
Sur le moment, les médias soulignent la discorde chez les catholiques et nombre d’évêques allemands se sentent piqués au vif par le conseil de Joseph Ratzinger de recentrer la foi sur les témoignages fondamentaux que sont l’Écriture Sainte, les Pères de l’Église, les dogmes, la liturgie et les saints.
Mais Joseph Ratzinger n’est pas le seul à s’inquiéter. Du côté du cardinal Frings, même son de cloche : avec un « profond effroi », il constate que l’on invoque l’esprit du Concile pour développer une ligne révolutionnaire dans l’Église. « Ils parlent tous du Concile mais n’ont pas lu les textes », déplore-t-il avant d’enfoncer le clou le 25 janvier 1968 : « La réforme de la liturgie n’a pas supprimé le latin mais a donné la possibilité d’une voie secondaire par l’emploi de la langue maternelle à côté de cette voie principale qu’est le latin ». D’après son biographe, le vieux cardinal se serait plaint de ne pas avoir été autant secoué sous les nazis que dans cette époque de l’après-Concile.
Le pape Paul VI manifeste la même préoccupation. « La fumée de Satan s’est infiltrée dans les fissures du temple de Dieu. Le doute s’est immiscé dans notre conscience et il est entré par les fenêtres qui devaient rester ouvertes à la lumière », déclare-t-il dans une allocution le 21 juin 1972. En France, ces inquiétudes sont relayées par certains théologiens proches de Ratzinger, comme le père de Lubac. Mais la boîte de Pandore est ouverte.
… et essuie de nouvelles vagues
À la vitesse de l’éclair, la propagation du marxisme et du maoïsme par les milieux intellectuels, universitaires et médiatiques déclenche une contestation à l’intérieur même de l’Église.
En Allemagne, une légende vise spécifiquement le professeur Ratzinger alors en poste à l’université de Tübingen : devant la tournure des évènements en 1968, il aurait pris peur et se serait enfui. Une fable inventée de toutes pièces par le théologien suisse Hans Küng qui ne cessera de jalouser son collègue en profitant de la mansuétude de celui-ci à son égard.
La réalité est bien différente : non seulement Joseph Ratzinger a compris le danger dès le milieu des années 60, mais il a entretenu d’excellents rapports avec ses étudiants de Tübingen puisqu’il excellait dans l’art de la confrontation des idées. Il avait choisi d’ailleurs ce haut-lieu du protestantisme pour cela :
« La Faculté de Tübingen a toujours été une faculté qui aimait les conflits, se souvient-il, là n’était pas le problème. Le problème était vraiment cette tâche que l’époque nous a assignés et l’irruption du marxisme et de ses promesses. » Avec un risque de « destruction de la théologie qui évoluait vers une politisation dans le sens d’un marxisme messianique ». « Fondée sur l’espérance biblique […] la ferveur religieuse était maintenue mais Dieu était écarté et remplacé par l’action politique des hommes ».
Toujours à propos de Tübingen, il voit « l’existentialisme se propager et la révolution marxiste conquérir toute l’université jusqu’à l’ébranler dans ses fondements ». « J’ai vu la face cruelle de cette piété athéiste, la terreur psychologique, la perte de toute retenue dans la critique de toute prise de position morale jugée comme un reste de bourgeoisie dès lors que cela servait le but idéologique ». Particulièrement insupportable à ses yeux, cette idéologie « portée au nom de Dieu et qui utilise l’Église comme son instrument [est] prête à sacrifier toute l’humanité à son faux dieu ». Mais à la question de savoir si les révoltes étudiantes avaient été un traumatisme pour lui, le pape émérite répond clairement : « absolument pas ».
Ce qui l’inquiète surtout, c’est la perte de la foi qu’il constate chez les jeunes et, de façon générale, chez l’ensemble des catholiques. En 1968, il publie Introduction à la chrétienté qui, à sa grande surprise, est un succès : en quelques mois, pas moins de dix éditions sortent de presse.
Le 3 avril 1969, le pape Paul VI impose un nouveau Missel tout en interdisant le Missel romain qui existait jusqu’alors avec la messe en latin à laquelle les fidèles étaient accoutumés. C’est une levée de boucliers. Et pour Joseph Ratzinger, un signal : « Que l’on pose cette interdiction comme une réalisation totalement nouvelle en rupture avec l’histoire, et qu’ on fasse ainsi apparaître la liturgie non comme une création vivante en pleine croissance, mais comme le produit d’un travail savant de juristes compétents, cela nous a extraordinairement affligés ».
Il insistera plus tard sur ce problème, fondamental à ses yeux, de la liturgie : « Je suis convaincu que la crise de l’Église que nous traversons aujourd’hui repose au fond sur la désagrégation de la liturgie… » Ce en quoi il s’oppose à toute la nouvelle vague de théologiens, au premier rang desquels l’incontournable Hans Küng.
En octobre 1969, Joseph Ratzinger part pour l’Université de Regensburg en Bavière. Il écrit un nombre impressionnant de lettres, 30 000, jusqu’à sa nomination épiscopale, à ses amis et collègues. C’est là qu’il va tenter d’apporter des réponses à la crise religieuse et culturelle de son époque en s’appuyant sur sa notoriété, qui est devenue mondiale.
Avis de tempête
Le 14 septembre 1970, il prononce un discours intitulé « la situation de l’Église aujourd’hui, espoirs et dangers », pour le jubilé des soixante ans de sacerdoce du cardinal Frings. Le jour de la fête de la Sainte-Croix, devant 800 prêtres et des hommes politiques de tous bords, il compare la situation de l’Église à celle qu’elle était en 375. Saint Basile avait alors vu l’Église comme un bateau en pleine tempête. À l’appui de ce texte du IVe siècle qu’il juge incroyablement moderne et très adapté à ce que vit l’Église, Joseph Ratzinger déclare : « Certainement, l’Église a donné l’impression autrefois d’être figée et uniforme. Mais, aujourd’hui, ceux qui souhaitaient plus de diversité et de mouvement sont effrayés de voir de quelle manière leurs vœux se sont accomplis ». Il parle de « bouleversements spirituels » et du « combat des évêques autour de l’affirmation centrale de la foi […] ayant apporté un sentiment d’insécurité inconnu jusque-là ». Jamais aucun homme d’Église de ce rang n’avait tenu des propos aussi précis et offensifs.
Son combat, il le poursuit cette année-là sur les ondes en donnant sa vision de l’Église en l’an 2000 : « De la crise d’aujourd’hui découlera une Église de demain qui aura beaucoup perdu. Elle sera petite […] avec un nombre réduit de pratiquants, elle perdra beaucoup de ses privilèges dans la société. Elle sera beaucoup plus forte comme communauté libre, elle connaîtra d’autres formes de prêtres et de chrétiens éprouvés qui feront profession d’être prêtres [il pense à cette époque à la possibilité de consacrer des viri probati]. […] Mais à leurs côtés, le prêtre sera plus que jamais indispensable ».
Le 4 juin 1970, il prononce un véritable plaidoyer pour « son » Église : « Pourquoi est-ce que je suis encore dans l’Église ?». Il y compare l’Église du Christ à la lune qui brille mais dont la lumière vient d’un Autre, et qu’il faut aimer malgré ses rides et ses cicatrices. En 1972, il songera à la possibilité d’un remariage pour les divorcés à des conditions très strictes. Il proposera que les personnes ne pouvant communier reçoivent la bénédiction du prêtre mains croisées sur la poitrine. Enfin en 1973, à la radio, il parlera de la « maîtrise totale de la vie et de la mort et de la disparition de la différence entre l’homme et la femme », comme des deux problèmes qui se poseront dans une société où les changements vont de plus en plus vite.
Il ne cesse pour autant d’écrire : co-fondateur et co-auteur de la revue de théologie Communio, il publie de nombreux articles qui s’éloignent de la tendance progressiste de la revue Concilium créée en 1965.
Ratzinger à la barre
Un beau matin de mars 1977, le nonce apostolique Guido del Mestri vient rendre visite à Joseph Ratzinger qui vient d’achever les cours du semestre. Les deux hommes parlent de choses et d’autres et, en partant, le nonce lui glisse une lettre cachetée qu’il doit, lui dit-il, prendre le temps de lire tranquillement. C’est sa nomination par le pape Paul VI à l’évêché de Munich et Freising, place forte de l’Église catholique. Pour lui c’est « une surprise, oui, un choc », car non seulement il ne s’y attend pas mais, à 50 ans, il compte pouvoir se consacrer à son œuvre théologique. Il va même demander conseil à son confesseur lequel, contre toute attente, lui conseille d’accepter. Il passe une nuit de prière, et confie à son assistant : « Je dois vous faire part de quelque chose d’effrayant qui se passe. Je viens de recevoir une demande de nomination à l’évêché de Munich. Et je l’ai acceptée ».
À l’annonce officielle, le 25 mars 1977, Hans Küng ne peut s’empêcher d’éructer : « Il reste à espérer que malgré son œuvre défaillante, Ratzinger sera oublié tout comme le cardinal Ottaviani dont les jeunes théologiens se souviennent à peine ». Le 23 mai 1977, Joseph Ratzinger arrive à Munich tout auréolé de sa réputation ; il est reçu par les autorités de tous bords politiques. Pour la première fois dans l’histoire de l’Église allemande, la cérémonie est retransmise en direct à la télévision huit jours plus tard.
Pour son blason, il choisit des symboles étranges qui unissent à ses yeux la tradition et la modernité : le maure et l’ours, choisis depuis un millénaire par les évêques de Freising, auxquels il ajoute la moule, symbole du pèlerinage éternel et de la recherche de la sagesse, référence à son cher maître le grand saint Augustin.
Une deuxième surprise l’attend : le nonce lui annonce l’intention du Pape de le nommer cardinal à Rome le 27 juin suivant.
Pour le nouvel évêque de Munich, la tâche n’est pas de tout repos dans sa Bavière natale car il rencontre l’hostilité de nombreux prêtres, professeurs et médias locaux. Dans un contexte de déchristianisation accélérée (l’Église allemande perd un tiers de ses catholiques pratiquants de 1967 à 1973), il est un des rares intellectuels de sa génération à dénoncer pendant les cinq années de son épiscopat une « pollution intellectuelle de l’environnement » se manifestant notamment par « le nombre croissant d’enfants avortés », une « brutalisation de la société par les médias de masse », enfin une « époque caractérisée par l’incapacité de croire et l’incapacité de se réjouir ».
« Si nous ne retrouvons pas une part de notre identité chrétienne, martèle t-il alors d’une façon prophétique, nous ne serons pas en mesure de répondre aux exigences de l’heure. Une humanité qui se détacherait de Dieu disparaîtrait et de cette façon ne serait plus dans la liberté mais dans l’esclavage. »
Illustrations : Dans le monde entier, des églises sont vandalisées, saccagées, profanées, incendiées. Mais surtout, elles sont vides, désaffectées, vendues…
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Source : https://www.politiquemagazine.fr/