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Me Régis de Castelnau : « Jean-Luc Mélenchon entretient des rapports curieux avec le réel ».

Jean-Luc Mélenchon voit des complots partout : instrumentalisation d’attentats en vue de l’élection présidentielle, sabotage d’Orange, vidéo de Papacito et jusqu’à cette gifle donnée au Président Emmanuel Macron qu’il interprète comme un signe de cette violence d’.

Analyse de Régis de Castelnau au micro de Boulevard Voltaire

https://soundcloud.com/bvoltaire/regis-de-castelnau-5

Le président de la Insoumise, Jean-Luc Mélenchon a été pris en flagrant délit de complotisme pour reprendre les éléments de langage de mes confrères. Concrètement, où va Mélenchon et que signifie ce feuilleton ?

Je pense que Mélenchon a un vrai problème, celui de la ligne qu’il a adoptée fin 2017 début 2018. Il avait fait une superbe campagne présidentielle. J’assume avoir voté pour lui en 2012 et en 2017. Cette campagne qui l’avait amené de 10 % à 20 % était une campagne républicaine de gauche. Par la suite, il a changé et a pris un virage que l’on va qualifier d’indigéniste. Il a substitué la lutte pour les couches populaires à la lutte des races. Il a donc été de toutes les mauvaises combines. Il a été à la fameuse manifestation du 10 novembre et a adopté tout un tas de positions avec une fameuse surenchère islamophile un peu curieuse.

Aujourd’hui, il se lance dans une campagne présidentielle. Il est confronté à l’état de l’opinion française. Je ne dirais pas que cette opinion lui est hostile, mais elle est sur des positions aux antipodes des siennes. Lorsque vous regardez la fameuse étude IFOP sur le vote de , vous verrez qu’elle est aux antipodes des positions défendues par Jean-Luc Mélenchon. J’ai tendance à penser que cette ligne politique ne lui convient pas pour se déployer. Par conséquent, cela l’amène à investir des champs clientélistes ,et à essayer d’inventer un certain nombre de complots le concernant.

Il est très intéressant de voir les réactions de ceux qui le soutiennent. Il ne faut pas se tromper, il y a un gros désarroi dans la France Insoumise. Beaucoup de militants le soutiennent complètement. Il suffit de voir les discours. J’ai entendu dire : “on nous attaquait parce qu’on était les plus dangereux pour Emmanuel Macron ou parce que le grand capital et l’oligarchie ont peur de notre programme l’Avenir en commun”… programme que personne ne connaît. Ce n’est pas cela le débat, même si ce programme mériterait peut-être d’être discuté. C’est plutôt la personnalité de Jean-Luc Mélenchon et surtout ses accointances avec une ligne indigéniste qui ne convient pas à l’électorat.

 

 

La deuxième phase de cette polémique est le contre-feu allumé par Jean-Luc Mélenchon suite à une vidéo sortie par l’humoriste Papacito. Une vidéo dans laquelle Papacito, le youtubeur spécialiste des armes se met en scène en train d’abattre un mannequin identifié comme « gauchiste ».

Jean-Luc Mélenchon en a profité pour sortir toute une dialectique comme quoi il était menacé de mort et que le vrai danger était les idées d’extrême droite incarnées par ce Papacito.

Depuis 2015, on en oublierait presque que des centaines de Français sont morts sous les coups des terroristes islamistes sans que la France Insoumise ne se soit perdue dans les superlatifs à ce sujet-là.

Je voulais compléter ce que je disais concernant la situation actuelle de Jean-Luc Mélenchon. La caractéristique de sa sortie à France Inter sur l’organisation d’attentats et de faits divers graves pour pouvoir les instrumentaliser dans les campagnes électorales nous montre qu’il entretenait des rapports curieux avec le réel. Sa comparaison entre l’affaire du fameux « Papy Voise » et Merah est épouvantable. Il a vraiment une difficulté avec le réel.

Il a prétendu que la grande panne d’Orange était un complot et un sabotage volontaire destiné à disqualifier le service public de télécommunication d’Orange pour permettre sa privatisation. Or, la privatisation a eu lieu en 2004 et a été initiée par Lionel Jospin en 1997 dans des gouvernements où Mélenchon était ministre. Il dit de faire un sabotage pour permettre la privatisation d’une société qui est privatisée depuis 20 ans par ses amis. Au bout d’un moment, cela finit par devenir grotesque.

On retrouve ce rapport particulier au réel avec l’affaire Papacito. J’ai regardé la vidéo et je peux vous dire qu’elle est nulle, déplaisante et pas drôle. Présenter cela comme un appel au meurtre et comme les barbares sont aux portes n’est pas vraiment sérieux…

Cette fois-ci, il monte en épingle quelque chose pour prétendre qu’il y a une formidable tentative nazie qui déferle sur la France. Cela caractérise un rapport réel et une tentative d’essayer de le faire passer comme la réalité.

 

Emmanuel Macron s’est pris une gifle pendant son tour de France dans la Drôme. Jean-Luc Mélenchon a interprété cette gifle comme un signe visible de cette violence d’extrême droite qu’il a dénoncée pendant deux jours. Que dire ?

D’abord, ce n’est pas sérieux. Il le prend comme une bénédiction. C’est bien joli, mais ce genre d’incident n’est pas banal. Je dirais qu’Emmanuel Macron est un président particulier. On est depuis quatre ans dans une espèce de simulacre. Emmanuel Macron est le fruit d’une opération de grand style menée par les grands intérêts dans ce pays. Il est également arrivé au pouvoir grâce à un coup d’État judiciaire. S’il n’y avait pas eu toute l’opération montée par le pôle financier et par le pôle d’instruction financier, François Fillon serait président de la République. Ce de légitimité pèse sur lui. Depuis le début de son mandat, il a laissé s’installer dans ce pays le chaos, y compris dans la façon dont la pandémie a été gérée. Je pense que ce président suscite une détestation extraordinaire.

Je crains que beaucoup d’opposants à Emmanuel Macron suscitent un rejet voire une haine. Beaucoup ne le diront pas, mais sont ravis de ce qu’il vient de se produire. Je voudrais que l’on sorte du simulacre. Jean-Luc Mélenchon, vient nous présenter cela comme le critère lié à un déferlement d’une violence politique d’extrême droite sur la France. Incontestablement, dans la perspective de l’élection présidentielle de 2022, le pays est à cran. Il sort du confinement psychologiquement affaibli. Je dois dire que la façon dont se comporte le président de la République en faisant cette pantalonnade invraisemblable avec les deux influenceurs à l’Élysée affaiblit la fonction. En violant la loi française sur le financement des campagnes électorales, il va faire la retape pour son parti aux et départementales. Où est-on ?

 

Commentaires

  • M. Macron est au bout du rouleau. Pas moins que M. Mélenchon. Deux handicapés de la politique, deux complices en vérité, qui ne sont ni l'un ni l'autre en situation psychologique équilibrée. A Marseille, on les appellerait des "fadas" (Et selon l'humeur, des "salauds"). Tout cela est désolant. Il est loisible de leur adresser nos condoléances. Ce que je fais ici même.

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