Un capitaine sans boussole sur un bateau ivre ! par Christian Vanneste
Lorsque les Français, manipulés comme jamais, ont élu par défaut un jeune beau parleur, immature et inexpérimenté, il y avait toutes les raisons d’être révolté par le procédé employé contre celui qui était alors le meilleur candidat, et inquiet de suites de ce choix. Les Français n’ont pas élu M. Macron, mais refusé que Mme Le Pen soit présidente. Pour celle-ci, l’approche plus lente du pouvoir et les échecs paraissent une bonne école qui permet d’envisager plus sérieusement son éventuelle élection. En 2017, elle n’était pas en phase avec la réalité ressentie par les Français. Désormais, c’est son vainqueur et la troupe disparate qu’il a conduite au pouvoir qui paraissent ignorer le réel.
Il paraîtrait donc que la France se porte mieux…. Enfin, mieux que ses voisins. Pourtant, son taux de chômage est à 8,6% au troisième trimestre et a augmenté de 0,1% arrêtant une tendance baissière depuis 2015, qui a touché tous les pays, ceux qui sont en-dessous de la moyenne européenne, comme l’Allemagne, à 4,9% ou le Royaume-Uni, à 3,9% ou ceux qui comme la France, sont au-dessus : l’Espagne à 13,9% ou l’Italie à 9,7%, qui peut, elle-aussi, se vanter d’avoir descendu la marche des 10%. Le commerce extérieur est l’outil comparatif le plus sûr des performances nationales : en cumulé, sur les quatre derniers trimestres, entre le quatrième trimestre 2018 et le troisième trimestre de 2019, le solde commercial s’établit à -58,3 milliards d’euros, en hausse de 5,3 % sur douze mois. Si on peut se féliciter de la création de très petites entreprises, on doit s’inquiéter bien davantage du recul de notre industrie. Combien de nos entreprises industrielles les plus prestigieuses sont-elles passées sous pavillon étranger comme Technip ou Alstom, entreprises dans lesquelles, d’ailleurs, l’Etat et la volonté politique avaient joué un rôle majeur ? Que l’actuel locataire à titre gratuit de l’Elysée ne soit pas étranger à ce processus n’a rien de rassurant. La vente des bijoux de famille ou plutôt des poules aux oeufs d’or, comme Aéroport de Paris ou la Française des Jeux peut plaire légitimement à ceux qui souhaitent voir l’Etat s’occuper prioritairement de ses missions régaliennes, mais elle doit inquiéter si elle n’est qu’un expédient en vue de réduire la dette et les déficits à court terme tout en diminuant les recettes à plus long terme et en augmentant donc les impôts du même coup ! Les fameux investissements étrangers, s’ils consistent à prendre le contrôle d’entreprises françaises, des concurrents à éliminer, ou à faire de juteuses opérations d’acquisitions suivies de vente, comme les Chinois l’ont fait avec l’Aéroport de Toulouse, sont-elles de bonnes affaires pour la France ? Que l’ombre du « chef » de l’Etat plane sur ces dossiers devient carrément angoissant ! Quant à la dette, elle vient de repasser le seuil des 100% du PIB, en dépit des promesses et des obligations européennes….
Ce non-respect des critères européens de la part de celui qui se fait le chantre du fédéralisme et prétendait en poursuivre la construction en dit long sur les divagations d’une politique qui a perdu sa boussole. Après Aix-la-Chapelle, que reste-t-il du fantomatique « couple » franco-allemand qui n’a jamais été aperçu que de ce côté du Rhin ? Le Brexit va faire sortir le Royaume-Uni du port et a permis à un homme d’Etat britannique de sortir du rang. Les gouvernements conservateurs nous tournent le dos, et les progressistes dont nous sommes les plus proches, espagnols en Europe ou canadiens ailleurs, sont aussi ceux pour qui « progressiste » doit se traduire par « décadent ». Les multiples occasions où le président français par le geste ou la parole a tenu à rappeler qu’il appartenait à cette gauche-là, empressée à dénigrer la colonisation et à valoriser les rappeurs qui insultent notre pays, devraient ouvrir les yeux des électeurs qui se disent « de droite » et votent pour ça.
Des quartiers entiers échappent à l’ordre et à la loi : ils ont fait flamber les voitures pour marquer leur territoire le 31 Décembre. Comment peut-on minimiser ces faits criminels que certains qualifient de traditions ? Ils participent avec leurs rougeoiements nocturnes à cette descente aux enfers dont la France offre le triste spectacle aux yeux du monde entier, avec ses manifestations constantes, sa violence permanente, ses grèves suicidaires provoquées par une réforme mal préparée et devenue inutile à force de concessions. Chaque samedi devient l’occasion d’une répression excessive qu’on aimerait davantage voir se déployer contre les vrais délinquants. Mais de nouvelles lois, loin de prétendre améliorer notre sécurité, restreignent sans cesse notre liberté d’expression, en interdisant de pointer les problèmes les plus urgents, les risques les plus évidents, comme celui de voir notre identité nationale submergée à force d’immigration et de soumission, ou encore en censurant une campagne en faveur de la procréation naturelle. Comment M. Macron peut-il se prétendre le garant de l’unité nationale, alors que depuis son élection, il a systématiquement écarté les unes des autres les îles de l’archipel français ?