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  • Société • La tyrannie des minorités

     

    PAR MATHIEU BOCK-CÔTÉ

    Cette tribune [20.07] - d'une pertinence toujours égale - est l'une de celles que Mathieu Bock-Côté donne sur son blogue du Journal de Montréal. Il aura été depuis quelques temps déjà, non seulement un observateur lucide des évolutions politiques dans les pays dits encore occidentaux mais aussi de leur situation sociétale qui n'est pas de moindre importance.  L'esprit de ces chroniques, comme de celles qu'il donne au Figaro, est, au sens de la littérature et de l'histoire des idées, celui d'un antimoderne, même s'il n'est pas sûr qu'il accepterait cette qualification. Il s'est imposé, selon nous, comme un esprit de première importance.  LFAR 

     

    2760774407.2.jpgLa scène se passe à Londres, mais elle pourrait se dérouler n’importe où ailleurs en Occident.

    Le métro de Londres a décidé de changer sa manière de s’adresser à ses usagers. Il remplacera le traditionnel « Mesdames et Messieurs » par quelque chose comme « Bonjour tout le monde ». Adieu Ladies and Gentlemen !

    Pourquoi ?

    Transphobie

    Parce qu’il a cédé à la frange radicale de la mouvance LGBT qui considérait que le vocabulaire d’usage dans le métro était trop genré.

    La formule « Mesdames et Messieurs » consacrerait le règne du masculin et du féminin, ce qui exclurait ceux qui, pour une raison ou pour une autre, ne s’identifient à aucun des deux sexes. La rectitude politique triomphe.

    Mais quelle est la signification de ce délire ?

    On notera d’abord que ce changement témoigne du progrès de l’idéologie trans.

    Comme je l’écrivais dans cette chronique récemment, l’idéologie trans consiste à prendre la condition des trans comme nouvelle norme et à l’imposer à l’ensemble de la société.

    Notre société a décidé de s’ouvrir aux gens qui ont un trouble de l’identité sexuelle. C’est très bien. Elle les soutient et les accompagne dans leur quête.

    Mais doit-on, au nom de cette ouverture, censurer la presque totalité des repères de l’immense majorité de la population ?

    Père, mère, monsieur, madame, garçon, fille, ces mots sont-ils vraiment de trop ? Faut-il vraiment construire une société aseptisée ?

    On nous demande avec raison de faire preuve de courtoisie envers l’infime partie de la société qui se sent étrangère à son sexe de naissance.

    Mais il faudrait aussi faire preuve de courtoisie à l’endroit du commun des mortels et ne pas confondre la norme et la marge.

    On notera aussi que le moindre caprice idéologique des minorités radicales s’impose rapidement à nos dirigeants.

    Les différentes minorités autoproclamées, qui aiment se faire passer pour des victimes, sont de plus en plus tyranniques. Elles avancent leurs revendications et accusent d’intolérance ceux qui ne se soumettent pas immédiatement.

    Par exemple, on peut être assurés que si le métro de Londres avait clairement dit non à ceux qui voulaient gommer la référence à Mesdames et Messieurs, ses dirigeants auraient été accusés de « transphobie ».

    Officiellement, ce terme désigne ceux qui seraient intolérants envers les trans. Dans les faits, il sert très souvent à stigmatiser médiatiquement ceux qui ne se plient pas devant les injonctions de l’idéologie trans.

    Majorité

    Osons une question un peu sensible : qui croit que ces lobbies représentent vraiment ceux dont ils se réclament ?

    Ce n’est pas parce qu’un groupuscule se déclare représentant d’une partie de la population qu’il la représente vraiment.

    Dans le cas présent, on peut être à peu près certain que l’immense majorité de la population n’avait aucun problème avec le vocabulaire traditionnel du métro de Londres.

    L’heure est peut-être venue de résister aux lobbies victimaires. Il y a des limites à toujours se coucher par peur d’avoir une mauvaise réputation.

    N’est-ce pas Mesdames ? N’est-ce pas Messieurs ? 

    MATHIEU BOCK-CÔTÉ

  • Retour à Barcelone : Ce qu'en pense Mathieu Bock-Côté

     

    Par  Mathieu Bock-Côté

    Cette tribune [24.08] est de celles que Mathieu Bock-Côté donne sur son blogue du Journal de Montréal. Il revient ici avec de justes réflexions et des inquiétudes, bien-sûr, fondées, sur la tragédie de Barcelone et du terrorisme en général, dont nous avons nous-mêmes traité par deux fois. [Voir liens en fin d'article].   LFAR  

     

    501680460.5.jpgOn a peu parlé, ou du moins, trop peu parlé des attentats de Barcelone.

    Quinze personnes sont mortes, plus d’une centaine sont blessées. Pourtant, une fois la nouvelle connue, nous sommes vite passés à autre chose.

    Peut-être est-ce parce que nous sommes désormais habitués à la violence islamiste ? Autour de dix morts, on ne veut y voir qu’un fait divers. À cinquante morts, on est prêt à s’y intéresser quelques jours. 

    Nous sommes blasés. Nous ne parvenons même plus à nous révolter. Certains s’en réjouissent : ce serait une manière de vaincre le terrorisme que de faire comme s’il n’existait pas.

    C’est la stratégie de l’autruche.

    Terrorisme

    Et pourtant, cet attentat marque une étape supplémentaire dans la guerre de l’islamisme contre l’Occident.

    Il nous rappelle d’abord une chose : tous les peuples sont visés. Même les Catalans le sont. Personne ne peut se croire à l’abri.

    Et les islamistes misent aussi sur le meurtre de masse. Ils sont dans une logique d’éradication. Hommes, femmes, enfants, tous peuvent crever, s’ils sont d’Occident.

    Quand une voiture fonce dans une masse humaine, elle ne fait pas de discrimination : elle écrase sans nuance.

    Mais il y avait quelque chose de plus dans cet attentat. Les terroristes avaient aussi prévu de s’en prendre à la Sagrada Familia, la cathédrale mythique de Barcelone.

    On aura beau tout faire pour relativiser les événements, il faut en convenir : dans la tête des islamistes, c’est une guerre de religion qui se mène. Il s’agit de conquérir l’Europe, de la soumettre, d’y imposer l’islam et d’éradiquer les traces du christianisme.

    Dans leur esprit, il s’agit de nous imposer leur Dieu, de nous y soumettre. Pour eux, le terrorisme n’est qu’un moyen. D’ailleurs, bien des islamistes le condamnent, mais espèrent néanmoins établir une domination globale. C’est une question de stratégie.

    Pourquoi détruire une cathédrale ? Pour humilier l’Europe, et pour faire comprendre aux Européens qu’ils ne sont plus chez eux. Pour faire comprendre qu’une civilisation doit disparaître et qu’une autre doit s’édifier sur les ruines d’un vieux monde épuisé.

    On nous dira que les islamistes ont peu de chances de réussir leur coup. Ce qui est certain, c’est qu’ils peuvent faire d’immenses dommages à notre civilisation et semer la terreur partout où ils passent.

    Je crains qu’un jour, ils ne parviennent à dynamiter la Sagrada Familia, Notre-Dame de Paris ou la cathédrale de Strasbourg. Un jour, ils détruiront un symbole sacré de notre civilisation.

    Occident

    Comment réagirons-nous ?

    La question, dès lors, semble simple, même si elle ne l’est pas.

    Au nom de quoi pouvons-nous nous battre ? Au nom des seuls droits de l’individu ? C’est terriblement insuffisant.

    Au nom de notre prospérité ? Cela manque d’âme.

    Au nom d’une religion ? Ce n’est plus possible. La foi est chose intime. Nous ne sommes plus au temps des croisades.

    Au nom d’une civilisation, de son histoire, de son héritage, des peuples qui l’habitent ? Oui. Mais encore faut-il la comprendre. Encore faut-il vraiment réapprendre à l’aimer.  

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

    Lire aussi dans Lafautearousseau ...

    De Barcelone à Rotterdam ...

    Barcelone : « No tinc por »

  • Géopolitique • L'Afrique Réelle : le numéro d'août 2017 est paru

     

    Sommaire

    Actualité :

    Mali : la France entre Barkhane et le G5 Sahel

    Dossier Rwanda : Allons-nous enfin savoir qui sont les assassins du président Habyarimana ?

    - Le curieux missile du Kivu

    - Que contient le dossier du juge Herbaut, successeur du juge Trévidic ?

    Livres :

    Sétif, encore et encore...

     

    Editorial de Bernard Lugan

     

    1275257356.jpgFace au chaos libyen qu’ils ont provoqué, s’obstinant à nier le réel et encalminés dans le néocolonialisme démocratique, les « Occidentaux » ont prétendu reconstruire la Libye autour d’un fantomatique gouvernement d’ « Union nationale ». Présidé par M. Fayez Sarraj, ce GUN est en réalité l’otage des milices islamistes de Tripolitaine et des Frères musulmans de Misrata. 

    Face à cette politique « hors sol », la Russie a déroulé un plan reposant sur les rapports de force militaires. Sa conclusion fut le voyage que le général Haftar - l’homme avec lequel la « diplomatie » européenne refusait de parler directement -, effectua à Moscou les 27 et 28 novembre 2016. 

    Du jour au lendemain, les nains politiques de l’UE réalisèrent alors que le « rebelle obstacle à la démocratisation de la Libye » était en réalité le maître de la Cyrénaïque, qu’il disposait de la seule force militaire du pays, qu’il contrôlait 85% de ses réserves de pétrole, 70% de celles de gaz, 5 de ses 6 terminaux pétroliers, 4 de ses 5 raffineries, et qu’il avait l’appui de la confédération tribale de Cyrénaïque ainsi que celui des tribus kadhafistes de Tripolitaine[1].

    Le 25 juillet 2017, le président Macron a organisé une rencontre entre Fayez Sarraj et le général Haftar, ce dernier voyant ainsi sa stature internationale confortée. Les deux hommes ont conclu un accord non signé et non ratifié. 

    Que peut-il en résulter alors que le général Haftar est le maître de la Cyrénaïque quand Fayez Sarraj ne contrôle même pas Tripoli et vit sous la menace permanente des milices ? 

    Les deux hommes se sont engagés à organiser des élections. Certes, mais la Libye a déjà connu plusieurs scrutins qui n’ont à aucun moment permis d’avancer sur le chemin de la paix. De plus, comme le Conseil des tribus n’a pas été partie prenante à cet accord, si Seif al-Islam Kadhafi n’y est pas associé d’une manière ou d’une autre, il demeurera lettre morte.

    *

    La situation s’aggrave au Mali où, en dépit de l’accord de paix, les groupes armés signataires s’entretuent. Le climat sécuritaire du pays est plus mauvais aujourd’hui qu’il y a quatre ans, quand le président IBK a été élu. A l’insécurité dans le nord, s’ajoute en effet le centre du pays où, pudiquement, les observateurs parlent de « violences communautaires » pour ne pas dire  guerre ethno-tribale, l’islamisme n’étant ici que la surinfection d’une plaie ethnique.

    *

    Les Casques bleus de la mission de paix au Congo (Monusco) ont mis la main sur un missile sol-air récupéré sur une milice du Kivu armée par Kigali. Il porte les mêmes numéros de série et a été fabriqué à la même date (avril 1987), que les deux missiles qui ont abattu l’avion présidentiel rwandais le 6 avril 1994. Ces éléments sont contenus dans un rapport officiel de la Monusco dont le rédacteur demande qu’il soit transmis au P5 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité) ou au P3 (les trois membres occidentaux du conseil de sécurité), à défaut, aux autorités judiciaires françaises en charge de l’enquête concernant l’attentat du 6 avril 1994. 

    Ce rapport a maintenant plus de 10 mois. Si l’ONU ne l’a pas encore transmis au juge Herbaut, cela démontrerait une fois de plus que certaines puissances ne veulent toujours pas, 22 ans après l’attentat qui fut le déclencheur du génocide du Rwanda, que la vérité soit faite sur son (ses) commanditaire(s).  

     

    [1] Pour tout ce qui concerne les tribus de Libye et leurs alliances, voir de Bernard Lugan Histoire de la Libye des origines à nos jours

     

    Bernard Lugan site officiel

  • Les islamistes d'Al Nosra chassés du Liban

    Combats dans la région d'Ersal 

     

    Par Antoine de Lacoste

     

    2966618915.2.pngDepuis plusieurs années, une poche islamiste s'était constituée dans la montagne libanaise appelée Antiliban, à cheval sur la frontière syrienne, à quelques kilomètres du beau site antique de Baalbek. De là, le Front al Nosra (rebaptisé depuis Fatah al Cham) se sentait suffisamment sûr de lui pour faire des incursions dans la Plaine de la Bekaa. Il y avait affronté l'armée libanaise, tuant et faisant prisonnier plusieurs de ses soldats. Il faut noter que des éléments de Daesh étaient venus lui prêter main forte ; il décapitera deux soldats libanais...

    Al Nosra avait ainsi pris le contrôle en août 2014 de la petite ville d'Ersal, à majorité sunnite, la mettant en coupe réglée : exécutions de récalcitrants, application de la charia, trafics d'armes et de drogue. La panoplie habituelle des islamistes sunnites.

    Trop faible, l'armée libanaise n'était pas en capacité d'intervenir et l'armée syrienne avait autre chose à faire. Elle n'aurait de toute façon pas été la bienvenue. Après de longues négociations, Al Nosra avait finalement accepté de se retirer dans les montagnes sur la promesse que l'armée libanaise ne l'attaquerait pas.

    Tout a changé il y a quelques jours avec l'intervention du Hezbollah. Libéré de plusieurs fronts en Syrie, en particulier à Alep et à l'Ouest de Damas, il a décidé de reconquérir Ersal afin de garder la main mise sur la Plaine de la Bekaa à majorité chiite.

    La prise de la ville fut aisée car les combattants de Fatah al Cham restés sur place ont refusé le combat et se sont réfugiés dans les montagnes. Mais le Hezbollah était décidé à en finir et a attaqué l'ensemble du réduit islamiste. Dans le même temps l'armée libanaise prenait position dans Ersal pour éviter toute mauvaise surprise. L'aviation syrienne est également intervenue pour fixer les troupes islamistes et faciliter l'intervention du Hezbollah. L'histoire ne dit pas si le Liban a donné son accord pour des bombardements syriens sur son sol, mais le Hezbollah constituant depuis longtemps un Etat dans l'Etat, cela ne change malheureusement plus grand chose pour ce qu'il reste d'Etat libanais.

    L'issue de la bataille fut favorable : Al Nosra a perdu une cinquantaine d'hommes et les chiites une dizaine (leurs noms et leurs photos figurent toujours dans la presse libanaise chiite afin d'honorer les « martyrs »).

    Mais les islamistes se sont repliés dans un dernier petit réduit montagneux de neuf kilomètres carrés avec quatre prisonniers. Pour les récupérer sains et saufs, le Hezbollah a dû négocier. Un accord semble avoir été trouvé pour que les derniers combattants sunnites soient acheminés vers la Province d'Idleb, au Nord-Ouest de la Syrie. C'est déjà là que se concentrent tous les islamistes syriens (hors Daech) après les multiples redditions des derniers mois.

    C'est un tournant important dans la guerre qui oppose la Syrie aux islamistes. En effet de nombreuses poches d'insurgés sunnites subsistent ici et là dans les montagnes séparant la Syrie du Liban. Ces petits sanctuaires permettaient aux islamistes d'être à l'abri et de recevoir régulièrement des armes et des renforts. La perte de la plus importante de ses poches va probablement en entraîner d'autres.

    La Syrie n'aura plus à craindre des attaques surprises venant des montagnes libanaises et le Liban sera débarrassé de la présence d'Al Nosra sur son sol.  •

  • Restaurer l'État ? Cela a bien mal commencé ...

    Publié    le 21.06.2017 - Réactualisé le 22.06.2017

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgC'est sans-doute une très mauvaise retombée de la campagne présidentielle qui a malencontreusement conduit Emmanuel Macron à faire de la loi de moralisation de la vie politique la priorité du début de son quinquennat. Moins de morale lui eût évité des ratés, si l'on peut dire au démarrage, qui auront, bien-sûr, des conséquences de long terme. 

    Ce n'est jamais tant de « morale » ou, pire, de moraline, dont un Etat a besoin, mais de compétence, d'efficacité, de continuité, d'autorité, et d'une ligne politique juste et claire. 

    Il y eut dans notre Histoire de très grands ministres, d'admirables serviteurs de l'Etat, qui amassèrent à son service d'immenses fortunes et qui firent de la France le premier pays d'Europe. L'exemple type en est Mazarin, ce qu'Éric Zemmour a rappelé â juste titre. Les rois de France, avec sagesse, veillaient seulement à ce que les largesses que s'octroyaient leurs ministres fussent tout aussi largement compensées par de bien plus grands services rendus â la France. 

    A l’inverse, les médias ont réussi à imposer à l'opinion commune un néo-moralisme dans lequel les esprits politiques ne tomberont pas mais qui entrave l'Etat et le contraint à de ridicules contorsions. 

    En 48 heures, après l'exfiltration avant-coureuse de Richard Ferrand, trois autres ministres, les ministres de la Défense, des Affaires européennes, et le Garde des Sceaux ont dû, eux aussi, quitter un gouvernement où ils n'auront fait qu'un passage assez ridiculement bref (35 jours). 

    Leurs malversations n'ont même pas visé un enrichissement personnel.  Elles ont plus modestement consisté à faire payer sur fonds du parlement européen des permanents de leur parti. Il y a de plus grands crimes ! Les frais de fonctionnement des partis, surtout lorsqu’ils sont sans militants, ne sont pas faciles à financer ! Ces gens-là ne sont en vérité que des contrevenants modestes. 

    S'il faut encore un Etat à la France - nécessité d'évidence - il sera certes souhaitable que ses acteurs se comportent aussi honnêtement que possible, mais il sera surtout indispensable de soustraire l'État à la tyrannie dialectique des médias, des spécialistes de l'investigation - dont l'honnêteté n'est pas prouvée - et de magistrats dont la quête de puissance est de toujours. 

    Restaurer l'État n'est pas acquis. Même si Emmanuel Macron parvient à en relever l'apparence. Pour y installer un minimum de moralité, le mieux serait qu'il y ait à sa tête un homme qui n'ait pas lui-même acheté son pouvoir - son élection - avec l'argent de très puissants soutiens. Ce n’est pas, on le sait, le cas d’Emanuel Macron. 

    Quant à doter la France d'un État ayant autorité, compétence, efficacité, continuité, pour sortir la France du cycle de son déclin, l'on voit bien que cela est de plus en plus difficile, irréaliste et improbable, dans le Régime qui est censé être le nôtre. Emmanuel Macron a certainement sous-évalué l’état de délabrement, de pourrissement, d’épuisement du Système qu’il a voulu, en même temps, renverser et sauver. La crise politique actuelle est bel est bien, dans son fond, une crise de régime.  

    Emmanuel Macron sera-t-il seulement capable de réagir au chaos gouvernemental qu'il a - au moins en partie - lui-même créé, autrement qu'avec de vieilles recettes politiciennes ? A la Bayrou, Sarnez et autres … Ce sera assez intéressant que d'observer ses réactions des prochaines heures. 

    Quelle politique mènera Emmanuel Macron à travers le gouvernement à ses ordres, nommé hier soir ? Telle est la question. Reste aussi l'encombrante présence extérieure mais bien réelle et éminemment politicienne de François Bayrou, désormais, quoiqu'il en ait dit, en embuscade. Bayrou, l'Embusqué *.  

    * Titre d'un article de Charles Maurras à propos de Clémenceau  [L'Action française, du 27 août 1914]. 

  • Élections Législatives : la Berezina des vieux partis politiques

     

    Par Jean-Baptiste Forray    

    Jean-Baptiste FORRAY, auteur de La République des apparatchiks (Fayard, 2017), analyse ici avec humour, réalisme et lucidité, les raisons d'un naufrage [Figarovox, 12.06].  Le triomphe de La République en marche aux législatives risque d'entraîner la disparition des vieux partis politiques. Comme dirait Houellebecq, « nous n'aurons rien à regretter ». LFAR

     

    Réduits à de simples syndicats d'intérêts électoraux, le PS et Les Républicains ont oublié de penser, précipitant leur chute.

    C'est la chute finale ! Aux législatives, une débandade historique attend le PS et Les Républicains. Une Bérézina qui jette une lumière crue sur l'incurie des vieux partis, privés de chef, de militants et de projet. Au sommet de leurs organigrammes, se déploie l'empire du vide. Pour acheter la paix sociale, leurs hiérarques lèvent des armées mexicaines. Le nec plus ultra ? La direction du PS, qui se compose de 75 secrétaires nationaux et secrétaires nationaux adjoints aux intitulés parfois aussi flous que ronflants: « Préparation de l'avenir », « Croissance bleue », « Mobilisation des acteurs de quartier »… Les Républicains, aux dernières nouvelles, recensent 58 secrétaires nationaux, 20 délégués nationaux et 12 délégués classiques.

    Pour la matière grise, mieux vaut aller chercher ailleurs. En dehors d'une poignée de communiqués et de vagues notes, la production, dans ces partis zombies, flirte dangereusement avec le zéro. Bien sûr, le PS attire encore une brochette d'intellos : Matthias Fekl, Emmanuel Maurel et Guillaume Bachelay chez les quadras. Mais qui, parmi leurs camarades solfériniens, lit encore Jaurès ? Qui ose se plonger dans les abysses de Marx ? Le parti de Blum et Mitterrand traverse une éclipse intellectuelle. Dans les couloirs de la rue de Solferino, on ne trouve plus guère de Michel Rocard apte à résumer la controverse idéologique entre Lénine et le pape de la social-démocratie, Karl Kautsky ou à remonter aux sources du réformisme d'Édouard Bernstein. Qu'elle est loin, la gauche joyeuse des années 1970 ! Le PS ressemblait, alors, à une ruche bourdonnante, à des lieues de la politique professionnelle. Près de cent commissions d'études et de réflexion carburaient à plein régime. Au sein du « groupe des experts », les profs de droit côtoyaient les économistes, les scientifiques, les avocats. Aujourd'hui, c'est le désert… La commission internationale, l'appel aux spécialistes des sciences sociales, tout cela a été bazardé. Les professionnels de la profession politique qui tiennent la boutique n'en ont cure.

    Les idées ne gouvernent définitivement plus ce monde. Victimes de l'indigence de leurs apparatchiks, Les Républicains sous-traitent leur production intellectuelle à des think tanks. Lors des « rendez-vous du projet », ces laboratoires d'idées tiennent le haut du pavé. À la tribune, se relaient l'Institut Montaigne, l'Institut de l'entreprise, la Fondation Concorde et l'IFRAP. Dans la salle, personne ne bouge un cil. Les « rendez-vous du projet » se déroulent en pleine semaine, le mercredi matin. L'assistance se limite à une escouade de cheveux blancs et d'apparatchiks rivés sur leur smartphone. Le carré médias est, pour ainsi dire, vide.

    Le choc des ambitions a depuis longtemps anéanti l'ambition affichée de l'UMP : s'affirmer, non comme un parti unique, mais comme la confédération des droites. Démocrates-chrétiens, gaullistes et libéraux devaient s'unir sans se renier. Un vœu pieux. Toutes ces composantes ont été noyées dans un gloubi-boulga indigeste. Le premier parti de droite a changé trois fois de nom en moins de quinze ans. Il a oublié son histoire en cours de route..

    Dans le même temps, la formation des derniers militants est laissée en jachère. Le PS propose bien quelques sessions du type « comment animer une réunion de section » ou « Comment prendre la parole quand on n'a rien à dire ? », traduit méchamment l'ancien rédacteur en chef de la Revue socialiste Laurent Bouvet.

    Les partis ne savent plus à quel saint se vouer. Afin de raccrocher les wagons de la société civile, l'UMP de Jean-François Copé proposait du coaching pour retrouver un emploi. Le PS surfe sur la vague de l'économie du partage. Sa fondation Jean Jaurès, dans un rapport, évoque des prêts de livre. Elle préconise aussi des cours du soir ainsi que… des gardes d'enfant. À quand le ménage et le repassage ? 

    Jean-Baptiste Forray           

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    Journaliste, Jean-Baptiste FORRAY est l'auteur de La République des apparatchiks

  • B.D. • Du nouveau chez Glénat : Saint-Exupéry, le seigneur des sables

    C’est aux tous premiers pas d’Antoine de Saint-Exupéry dans l’aviation civile que Pierre-Roland Saint-Dizier et Cédric Fernandez nous convient. En ce mois d’octobre 1926, le futur héros de l’Aéropostale et de la Seconde Guerre mondiale, disparu en juillet 1944 à bord de son P-38 au-dessus de la Méditerranée, rejoint un immeuble cossu de Paris où il a rendez-vous. Il y rencontre le directeur général de la compagnie Latécoère (future Aéropostale) pour un entretien d’embauche. Ce dernier lui indique que le directeur d’exploitation des lignes, Didier Daurat, recherche un second pour des tâches administratives. Or le jeune Antoine de Saint-Exupéry (26 ans) ne rêve que de voler. Refus catégorique du directeur général qui ne recherche que des pilotes expérimentés ayant fait leurs preuves au combat… Néanmoins, Saint-Exupéry rejoint Toulouse pour y rencontrer Didier Daurat qui met en garde le jeune homme, certes plein de fougue mais forcé de ronger son frein. Avant d’être pilote, Saint-Ex’ devra apprendre le métier de mécanicien et surtout y faire ses preuves.

    Cet album, de très belle facture, met en lumière une période méconnue de Saint-Exupéry, celle qui couvre les années 1926 à 1929, pendant lesquelles il a été mécanicien et ensuite pilote entre Toulouse-Montaudran et Dakar. Il y fait la connaissance de deux autres figures emblématiques de l’aviation : Jean Mermoz et Henri Guillaumet. Les deux co-auteurs mettent également en valeur le séjour trop méconnu de Saint-Ex’ au Cap Juby (Maroc) où il passe 18 mois à, notamment, améliorer les relations de la compagnie avec les dissidents maures et les Espagnols. Signalons que cet album est soutenu par la Fondation Saint-Exupéry, association qui vient en aide à des jeunes en difficulté.

    Saint-Exupéry, le seigneur des sables – Pierre-Roland Saint-Dizier et Cédric Fernandez – Editions Glénat – 56 pages – 14,50 euros.

    Le Garage de Paris

    L’album fleure bon les années 50, celles de la nationale 7, de l’Aronde, de la Dauphine ou encore de la 4CV. Il est admirablement bien mis en scène par les deux auteurs qui sont également les héros de cette bande-dessinée. Aucun narcissisme dans cet exercice, seulement l’envie de faire découvrir et partager la passion de l’automobile. L’histoire débute dans un petit garage de Charente : le garage de Paris. Les deux auteurs-« héros » discutent avec l’hôte des lieux qui leur fait découvrir une petite caverne d’Ali-Baba : Coupé Peugeot 204 et Peugeot 404, une 4CV… La magie fait le reste et les auteurs nous font revivre de nombreuses voitures de légende, ayant toute connu une grande popularité en leur temps : la R8 Gordini la Panhard Dyna Z, la Peugeot 203, la Jeep (du Tour de France), l’inusable Citroën 2 CV, l’incomparable Traction 11 BL etc… Si le lecteur non averti peut être parfois rebuté par un langage technique pointu, il n’en reste pas moins que cette bande-dessinée nous transporte sur les routes de France comme dans un film de Jacques Tati. Le plus drôle est que la réalité a récemment rattrapé la fiction puisque quelques semaines après la parution de cet album, Artcurial a mis en vente le 6 février dernier une collection de voitures rares découvertes dans un garage des Deux-Sèvres. Celles-ci y somnolaient depuis une cinquantaine d’années. Parmi elles des Bugatti, des Delahaye, des Delage, des Maserati et même la Ferrari bleue de légende qu’Alain Delon conduisait dans les années 60.

    Sans doute, les voitures du Garage de Paris sont-elles moins prestigieuses mais elles restent tout aussi intéressantes à (re)découvrir. On attend la suite de cet album avec impatience. 

    Le garage de Paris – Tome 1 – Dugomier et Bruno Bazile – Editions Glénat – 48 pages – 13,90 euros.

     

      -  Politique magazine

     

  • LE MOT DU PRÉSIDENT DE LA RESTAURATION NATIONALE : Un nouveau départ

    2920517656.jpgLe compte à rebours à commencé. Celui des "présidentielles" bien-sûr. Dans tous les camps, c’est presque devenu un boulot à plein temps. Sarkozy rebondit. "Ressuscite", disent même certains sans peur du ridicule. Juppé, le vieux qui veut jouer au jeune, déclare ne pas sentir la naphtaline et le prouve en se disant favorable à tout ce qu’il y a de plus avancé en matière sociétale. Comme Giscard le disait naguère de son libéralisme… Comme Raymond Barre, « le meilleur économiste de France », tentait en 1981 de refaire surface après une longue plongée, Juppé, « le meilleur d’entre nous », montre qu’il n’a rien perdu de sa superbe… mais beaucoup de ses certitudes. « Les partis politiques ne meurent jamais du trop plein de débats, du trop plein d’idées, du trop plein de personnalités fortes », minimise Sarkozy. Il verra bien ! Les Dati, Guaino, Wauquiez, Peltier rentreront sans doute dans le rang et continueront à faire matelas commun à l’UMP, mais rêveront à part d’une « droite des valeurs ». Que fera Mariton ? Ou Jean-Frédéric Poisson, du Parti Chrétien Démocrate, lequel doit penser tous les matins en se rasant qu’il pourrait bien participer à la primaire à droite ? Alors que la maison brûle, que s’accentue la déconstruction de nos forces vives et que se multiplient les plus folles dispositions gouvernementales, voilà à quel jeu, imposé par le système, joue la nouvelle opposition, à vrai dire pas si nouvelle, ni novatrice. On se borne à tabler sur le bilan désastreux de la gauche au pouvoir et à chercher qui sera la vedette principale. Mais pour faire quoi après ? A gauche on mise sur la déstabilisation de la droite, en faisant raisonner le bruit de toutes les casseroles possibles, réelles ou imaginaires. On - c’est-à dire Valls - songe aussi à la rénovation, exercice imposé par le délabrement de la popularité du président et du PS. Rude tâche à vrai dire que de dissiper une mélancolie de plus en plus chiffonnée par les ans. Des deux côtés de notre système hémiplégique on s’émeut de voir Marine Le Pen promise au second tour de la présidentielle. Cela pourrait bien être pourtant la planche de salut : celui qui arrivera au second tour face au FN n’aurait plus qu’à souffler dans la trompe du sursaut républicain pour emporter la mise. Ces grandes manoeuvres et petits calculs, ces ambitions personnelles et ce mépris du peuple réel ne sont pas une plongée dans les eaux profondes du dévoiement politicien. Ils ne sont qu’une nouvelle oscillation de cet éternel mouvement de fébrilité consubstantiel à nos institutions électives. Ils sont moins d’ordre anecdotique et conjoncturel que le corollaire de nos pratiques constitutionnelles. Le mal est donc plus profond que celui qu’on pourrait attribuer à la seule perversité de quelques hommes ou femmes.  

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    C’est pourquoi une réflexion profonde est nécessaire sur la question de l’État. C’est l’honneur de l’Action française d’y avoir incité tous ceux que préoccupe l’avenir de la France. Cette tâche est toujours la nôtre. Le colloque Vauban qui s’est tenu le 6 décembre à Paris doit être regardé comme un nouveau départ, presque comme un acte fondateur. De l’écho que nous donnerons à ce qui est entrepris ici, dépendra la renaissance d’une espérance. La situation de la France est d’une telle gravité, et les Français traînent une telle mélancolie en matière politique, qu’il est à la fois urgent et porteur de faire entendre la solution du projet royal. Chacun comprend de façon de plus en plus patente qu’attendre le salut public des tribulations politico-partisanes n’est pas ce qui est le plus rationnel. En 1958 De Gaulle écrivait : « Vais-je saisir l’occasion historique que m’offre la déconfiture des partis pour doter l'État d’institutions qui lui rendent, dans une forme appropriée aux temps modernes, la stabilité et la continuité dont il est privé depuis 169 ans ? Sans nul doute voilà le but que je poursuis et que je dois atteindre ». Peu importe ce que l’on pense de De Gaulle. L’important est que l’enjeu soit formulé et serve de ligne d’action. Le but n’a pas été atteint, car l’histoire est souvent faite d’occasions manquées. Il arrive aussi, heureusement, qu’il y en ait de réussies, même parmi les plus ambitieuses. Encore faut-il y travailler ! La déconfiture des partis est, comme en 1958, une réalité. Devenus des émigrés de l’intérieur, ils n’ont rien appris puisqu’ils ont tout oublié. Nous nous souvenons, nous, de ce qui peut être ferment d’avenir.

    Bernard Pascaud

  • Musée des Confluences : la blancheur de l’éléphant, par Olivier d'Escombeau

     

    Au croisement du Beaujolais et du Bourgogne, ou plutôt du Rhône et de la Saône, se dresse désormais un musée gigantesque. Le musée des Confluences où une souris, le conseil général du Rhône, vient d’accoucher d’une montagne. La culture et le patrimoine lyonnais n’en sortent pas grandis.

    La grandeur vue par les petits

    Si vous êtes automobiliste, vous ne pourrez par le rater. En traversant Lyon, non loin du débouché du tunnel de Fourvière, un immense amas de verre et d’acier s’apprête à bondir sous vos roues. C’est le dernier-né des grands musées de province. Plus haut que le Mucem de Marseille, plus cher que le Louvre Lens, plus audacieux que le Centre Pompidou Metz, voici le dernier éléphant blanc sorti tout armé des poches des contribuables lyonnais qui les ont, il est vrai, profondes. Il devait coûter 60 millions d’euros. La somme a juste suffi à ses fondations avec un coût final de 255 millions d’euros ; hors taxes, bien sûr. C’est le testament du conseil général du Rhône bientôt fondu dans la métropole de Lyon.

    Comment une institution qui s’est illustré, honorablement pendant deux siècles de rang dans l’art subtil du vin d’honneur a-t-elle pu engendrer pareille ineptie culturelle, budgétaire, architecturale ? Même l’inauguration a été un fiasco à faire rêver un scénariste de comédie : le préfet de région en vacances, le président du conseil régional excusé, le ministre de la Culture empêché, le président de la République au bois (à Chambord exactement) et, seule représentante du gouvernement, la fidèle Najat Vallaud-Belkacem, muette. Quel tour de force pour inaugurer un musée en chantier, au personnel tout aussi désemparé que celui du Restaurant Royal du film de Jacques Tati, Playtime.

    Culture et brocante

    Ce musée s’inscrit, selon la typologie consacrée, dans la catégorie des musées dits « de civilisation ». Il rassemble en une synthèse approximative le squelette de mammouth et le Minitel, le masque primitif sénoufos et les météorites, une femme âgée de 25 000 ans reconstituée et un camion Berliet. On gage que les écoliers, cible privilégiée de l’institution, apprécieront.

    Le gigantisme stupide que l’on croyait l’apanage des hommes politiques nationaux et des administrations centrales trouve ainsi une nouvelle terre d’élection du côté de Perrache. Quant aux potentats locaux, ils n’ont rien oublié mais ils n’ont rien appris. Alors que les errements initiaux du Centre Pompidou ou de la Bibliothèque nationale de France ont été jugulés, ainsi que le montrent des projets nationaux récents comme le musée des Arts premiers ou le nouveau centre des Archives nationales. Leurs coûts ont été plutôt maîtrisés, leur fonctionnement est correct, leur utilité sociale reconnue.

    Ce péché de grandeur consommé, le paysage culturel lyonnais laisse bien d’autres dossiers en souffrance. Les élus locaux semblent plus attachés à leurs propres métastases culturelles qu’aux legs engrangés par leurs prédécesseurs. À bas bruit, un autre patrimoine s’étiole, se disperse. Ainsi le musée Gadagne, consacré à l’histoire locale et aux marionnettes, se cherche un avenir bien incertain, la Fondation Napoléon Bullukian vend, au profit d’un projet immobilier de standing, son siège historique et disperse ses collections pourtant léguées à la Ville, le musée Malartre du château de Rochetaillée, autre legs, s’oriente vers la réimplantation de sa rarissime collection d’automobiles anciennes dans une banlieue périphérique, « emblème de la diversité ».

    Ainsi le musée des Confluences à Lyon, « ogre mégalo » selon Télérama, est-il en train d’écraser de sa seule ombre le patrimoine local. Lyon capitale de la Résistance ? À d’autres. 

     

    Olivier d'Escombeau - Politique magazine

  • Daesh intra muros, par Louis-Joseph Delanglade

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    Ces lignes ont été écrites quelques heures avant que l'« Etat islamique » ne lance, contre la France, les menaces extrêmes que l'on sait. Et elles ont été immédiatement suivies de la capture d'un otage Français, en Algérie. Il est clair que cet homme risque la mort. Ces menaces ne font que rendre plus pertinentes encore les réflexions qui suivent, et notamment leur conclusion. Lafautearousseau ♦  

    Malgré moult bonnes raisons de ne pas y aller (ne pas s’engager dans une « guerre » qui ne résoudra rien, laisser les Américains s’occuper du chaos dans lequel ils ont eux-mêmes plongé le pays en 2003, ne pas risquer une goutte de sang français pour une entreprise vaguement « droit-de-lhommiste », économiser une armée qui n’en peut mais des coupes budgétaires, etc.), M. Hollande a donc donné l’ordre de procéder à des frappes aériennes en Irak. Convenons qu’il y aurait eu quelque inconséquence à ne pas le faire et qu’il est bon que la technologie militaire française s’affiche avec succès.  

    En revanche, l’exécutif a tort de refuser de prendre la vraie mesure de cette guerre qui ne veut pas dire son nom mais qui couve déjà sur notre propre sol. Sans être des modèles, les Anglo-Saxons ont au moins le mérite de nommer et de cibler l’ennemi islamo-terroriste (« patriot act » aux Etats-Unis, durcissement de la législation au Royaume-Uni, opération policière d’envergure en Australie). Ici, les mesures envisagées sont aussi dérisoires qu’inappropriées, et d’ailleurs toutes « préventives » (interdiction administrative de sortie du territoire, confiscation des passeports et cartes d’identité, blocage administratif de sites internet). Pour ce qui est de la répression, on fera confiance à l’arsenal juridique traditionnel ! 

    Voici, à titre d’exemple, l’histoire de deux Français, plus tout à fait comme les autres, MM. Farès et Nemmouche. M. Farès, « franco-marocain », recruteur jihadiste patenté, proclame sur Facebook : « Oui je suis terroriste et fier de l'être !!! C'est un ordre suprême d’Allah », avant d’être appréhendé sur les chemins qui mènent en Mésopotamie. Revenu de Syrie et/ou d’Irak, où il aurait été le geôlier peu amène de quelques uns de ses « compatriotes », M. Nemmouche, « franco-algérien », planifie et exécute méthodiquement la tuerie perpétrée au Musée juif de Bruxelles. Les services de M. Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, ont ainsi dénombré un petit millier (c’est donc un chiffre plancher) de Français (ou d’étrangers résidant en France), partis « faire le jihad ». Parmi eux, une proportion non négligeable de femmes et de mineurs. 

    Est-ce cela qui émeut MM. Valls et Hollande ? Toujours est-il qu’en haut lieu, ce que l’on déplore explicitement, c’est que ces gens-là courent un grand risque - certains (une trentaine) seraient même morts… Compassion ? A quand une marche blanche en leur mémoire et une cellule de soutien psychologique pour les survivants ? 

    Combien reviendront ? Combien sont-ils encore ici même ? Si tous les « jihadistes » ne sont pas des Farès ou des Nemmouche, tous peuvent le devenir. Le sacro-saint principe de précaution exige donc de les considérer tous comme des ennemis potentiellement très dangereux et de les traiter tous comme tels. Du fait de notre engagement en Irak, tout « Français »convaincu de participation à lentreprise de guerre contre les armes de la France que constitue le « jihad » devrait être passible de la peine habituellement infligée en pareil cas. Les frappes de nos avions Rafale pourraient ainsi permettre dinitier une véritable politique de guerre à lislamisme intérieur.  u

     

  • Quand un vieil événement de jeunesse d'Action Française militante à Marseille (février 1968 !) ressurgit dans l'actualit

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    Insigne des Camelots du Roi

    Voilà, en effet, qui rappellera au moins aux royalistes marseillais des souvenirs d'une jeunesse d'Action française dont le militantisme fut très intense. Cette jeunesse militait, avec les couleurs et la tonalité de la période 68, comme l'avaient fait les générations d'A.F. précédentes, et comme elle le fait aujourd'hui encore. Ces lignes proviennent du site Action Française Provence. Les documents joints - anciens - ne sont pas faciles à lire. (Cliquer sur les images pour les agrandir). 

    Nous sommes quelques-uns à Lafautearousseau à avoir organisé la réunion dont il est ici question et à avoir vécu l'après-midi et la soirée mouvementées qui viennent de ressurgir dans les débats du conseil d'arrondissement du 7ème secteur de Marseille que préside Stéphane Ravier... Pour nous, il s'agit d'un moment de la petite histoire de l'Action Française.   

     

    Les séances du conseil d'arrondissement du 7ème secteur de Marseille (13ème-14ème arrondissements) sont toujours de grands moments depuis la victoire du Front National Stéphane Ravier. L'opposition de gauche, menée par l'élu du Front de Gauche Samy Johsua, ancien dirigeant trotskyste, critique continuellement le maire et, voulant le pousser à la faute, lui reproche à toute occasion de ne pas être un vrai démocrate.

    Le jeudi 12 février, le sénateur-maire FN a été amené à faire un petit rappel historique du comportement de son adversaire. Le site du quotidien communiste « La Marseillaise » rapporte ainsi ce qui s'est passé : 

    « Puis, se délectant par avance sous l’œil de la caméra, il lance : « M. Johsua, je vais vous faire un cadeau. » Et il lit : « Une réunion de royalistes attaquée par des communistes. Cinq blessés. Ça ne vous rappelle rien ? »

    « 1790 ? », rétorque l’opposant dans un sourire. Stéphane Ravier poursuit sa lecture. Il s’agit d’un article du Méridional relatant un affrontement vieux de plusieurs dizaines d’années auquel Samy Johsua aurait pris part. «Ce qui est écrit est faux, la réunion ne s’est pas tenue parce que nous l’avons empêchée. Darquier de Pellepoix, commissaire aux affaires juives sous Pétain, devait y prendre la parole. Je suis vieux maintenant mais si c’était à refaire je le referai ! », martèle Samy Johsua évoquant son origine juive et les horreurs de la guerre. » 

    La présence possible du collaborateur que fut Darquier est une pure invention car cet individu s'était réfugié en Espagne en 1945 et ne remit jamais les pieds en France. Mais M. Johsua a été pris à contrepied et a répliqué n'importe comment, en laissant parler ses obsessions.

    Le tract (image ci-dessous) distribué alors dans les lycées, facs et rues de Marseille, mentionnait comme seul orateur de cette réunion du 24 février 1968 le journaliste et ancien résistant Pierre Debray (qui n'hésita pas à faire le coup de poing contre les agresseurs). 

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    En tout cas, l'élu du Front de Gauche s'est glorifié de cet acte en disant: "si c’était à refaire je le referai !". L'extrême-gauche donne des leçons de démocratie mais ne les applique pas et ne renie pas ses agressions physiques, même 47 ans après. Sa méthode est toujours la même : stigmatiser systématiquement tous ceux qui ne s'inclinent pas devant ses insultes et sa violence.

    L'article paru dans le quotidien Le Méridional-La France du dimanche 25 février 1968 montre le comportement démocratique de ces gens qui ne regrettent jamais leurs erreurs.  

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    Nota bene : après la raclée reçue à la salle Mazenod, les gauchistes n'attaquèrent plus jamais une réunion royaliste à Marseille. Et, bien entendu, à l'inverse de ce que Samuel Johsua déclare à Stéphane Ravier, la réunion eut lieu, après l'éviction des perturbateurs... 

  • MONARCHIES • Dans Figarovox : Lettre de James Bond à la Reine d'Angleterre

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    À l'occasion du 63e anniversaire de son accession au trône d'Angleterre, le célèbre espion 007rend hommage à sa reine et au flegme tout british dont elle fit preuve, notamment lors d'une excursion mouvementée.

    Par David Brunat, écrivain et conseiller en communication.

     

    Your Majesty,

    Rendue publique il y a peu, l'histoire a fait le tour du monde et des chancelleries. En 1997 ou 1998, au sortir d'un déjeuner en votre château de Balmoral, vous proposâtes à votre hôte, le roi d'Arabie saoudite Abdallah, une innocente excursion en voiture dans la campagne environnante. Le souverain wahhabite accepta du bout des lèvres, mais sa réserve se mua en épouvante lorsqu'il vous vit vous installer à la place du conducteur et démarrer un solide 4 x 4.

    Chacun sait en effet que dans le pays dudit souverain, le beau sexe n'a pas le droit de conduire, en vertu peut-être du peu galant adage: «Femme sur un tapis volant, mort au prochain tournant (surtout s'il est pris à la corde).» Et tandis que le roi d'Arabie, serrant les fesses à mesure que la voiture prenait du champ, roulait peut-être dans son esprit des pensées misogynes et peu amènes à votre endroit, Votre Majesté appuyait tant et si bien sur le champignon qu'il finit, tremblant, par vous enjoindre de ralentir.

    Quelle leçon! So smart! So discreet! Quelle manière élégante d'allier la politique et la mécanique et de dire son fait à votre passager sans élever la voix ni déroger au royal sang-froid.

    Malgré le panache et le self control dont je me crois bien doté, j'avoue n'avoir jamais fait preuve d'une égale maîtrise, du même flegme, d'une semblable élévation au cours des très nombreuses course-poursuites que mes fonctions m'ont amené à entreprendre à Votre Service au volant de mes légendaires Aston Martin. Vous m'épatez, Ma'am !

    Vous conduisez votre Royaume comme vous pilotez vos véhicules et tenez les rênes de vos chevaux: sans aucune faute, sans nul écart ni dérapage. Je suis certain que vous n'auriez fait qu'une bouchée de mes ennemis - un coup de volant autoritaire pour remettre Goldfinger ou le Docteur No à leur place, une virée en 4 x 4 pour montrer au Spectre ou à Hugo Drax qui est le patron…

    J'eus un chaste et respectueux coup de coeur pour vous, déjà, lorsque je vous vins chercher à Buckingham pour vous emmener aux Jeux Olympiques qui se tenaient dans la capitale de votre Royaume. J'avais été ébloui par votre port, votre grâce et l'espèce d'humour allègre qui émanait de chacun de vos gestes.

    L'exploit de Balmoral met à son comble l'admiration que je vous porte et qui est, je crois, bien partagée dans tout l'Empire britannique.

    Je trinque à votre santé avec un gin mêlé de Dubonnet avec deux glaçons et des tranches de citron, le cocktail préféré de Votre Majesté, et vous souhaite un excellent anniversaire de règne (NDLR: Elizabeth II est montée sur le trône le 6 février 1952).

    Votre très humble et très obéissant Sujet,

    James.   

     

    FIGARO VOX  Culture  David Brunat 

     

  • BLOGS & SOCIETE • Le djihadisme : un humanisme, par Aristide Renou*

    Aristide  

     

    Des réflexions et de l'humour sur un sujet grave ...

    La suggestion de créer, pour les « Français » de retour de djihad, des centres de « déradicalisation » ressemble fort à l’un de ces lapsus qui révèlent sur vous bien plus que vous ne voudriez en dire. L’une des prémisses fondamentales du progressisme affleure à la surface de cette proposition : le postulat de la bonté essentielle de l’être humain. Alors que le conservateur est, entre autres choses, celui qui voit en l’homme une créature dangereuse, seulement à demi-sociable, le progressiste croit en la fraternité naturelle du genre humain et considère la paix et la coopération comme la condition normale de l’humanité.

    Dans le débat public, cela donne au progressiste un certain ascendant moral sur le conservateur, qui sera caricaturé comme un misanthrope aigri, rempli de préjugés d’un autre âge ; mais, intellectuellement, cela place aussi le progressiste dans une position inconfortable. Dans la mesure où l’histoire des peuples apparaît plutôt comme le vaste recueil de toutes les folies, de tous les vices et de toutes les horreurs dont l’homme est capable que comme la marche fraternelle et paisible du genre humain vers un avenir radieux, le progressiste doit expliquer pourquoi la condition normale de l’humanité n’est pas sa condition habituelle.

    Une des manières les plus simples de l’expliquer est de supposer que, au fond d’eux-mêmes, les hommes sont tous des sociaux-démocrates en devenir : gentils, coopératifs, tolérants, craignant la guerre par-dessus-tout, et que seules des circonstances malheureuses les empêchent d’exprimer leur bonté native.

    L’aveuglement

    Dès lors, tous les comportements qui ne correspondent pas à cette fiche de poste deviennent des « problèmes sociaux », des aberrations provoquées par la société elle-même et qui ne peuvent donc pas vraiment être imputées à ceux qui les commettent. Sûrement, quelque chose doit expliquer ces horreurs, quelque chose qui permette de disculper leurs auteurs. En voyant, sur les réseaux sociaux, des hommes masqués et vêtus de noir égorger d’autres hommes aux mains liées dans le dos au nom d’Allah, le progressiste frissonne intérieurement. Mais, à part lui, il soupire aussi : « Voilà ce qui arrive lorsque de jeunes déshérités n’ont pas accès aux services sociaux adéquats… »

    Certains progressistes concéderont, peut-être, la responsabilité individuelle des auteurs de ces actes, mais s’empresseront de leur trouver de nobles motifs : soif d’idéal, révolte contre l’injustice, besoin de retrouver ses « racines », etc. Dans un cas comme dans l’autre, l’important pour traiter ces comportements aberrants sera de bien être persuadé qu’ils sont aberrants. Ce que l’on pourrait faire, concrètement, pour « déradicaliser » des assassins fanatiques n’est pas le plus important puisque, comme tous les hommes, ils sont essentiellement bons. Et cette bonté ne demande qu’à réapparaître, pourvu qu’on leur montre un peu de sollicitude. D’ailleurs, n’ont-ils pas dû beaucoup souffrir pour s’éloigner autant de leur nature et en arriver à de telles extrémités ?

    C’est ainsi que le progressiste, qui se flatte d’aimer la diversité humaine, finit par ne voir dans les autres hommes que d’innombrables exemplaires de lui-même, qui ne diffèrent que par leurs vêtements ou leurs spécialités culinaires. C’est ainsi que le progressiste, qui se veut le défenseur de l’humanisme, de la tolérance, de la paix et de la démocratie, finit par trouver des excuses et des justifications à la barbarie, au fanatisme, à la violence et à la tyrannie. C’est ainsi que le progressiste, qui s’enorgueillit d’être du côté des « victimes », finit par porter toute sa compassion et sa sollicitude du côté des criminels et des bourreaux.

    Plutôt que de huer ou de ridiculiser ceux qui ont émis cette idée des centres de « déradicalisation », nous devrions les remercier : il est rare que la face sombre du progressisme se laisse voir aussi nettement. 

     

    * Retrouvez Aristide Renou sur son blog 

  • 23 août 1914 ... Léon Daudet : Je vis dans une mortelle angoisse en attendant l'issue de la bataille

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    D'une lettre à Léon Daudet : "...Pour tout vous dire, mon cher ami, je vis dans une mortelle angoisse en attendant l'issue de la bataille. Nous avons eu raison sur tant de points que j'ai peur que nous n'ayons raison jusqu'au bout, - et ce bout je n'ose même pas écrire le nom qu'il porte à la guerre... En somme, n'est-ce pas, c'est Viviani et LLoyd George, deux avocats radicaux-socialistes, qui font campagne contre un Etat dont la guerre est "l'industrie nationale". La situation, en dernière analyse se réduit à cela. Et nous voici à l'heure du grand jugement pour les hommes et pour les idées, pour les caractères et pour les institutions. Tuba mirum spargens sonum. Seulement, c'est le canon qui est la trompette formidable.

    Vous ne pouvez vous représenter l'aspect de Paris depuis trois semaines. Dans l'espace d'un jour, toutes les nuances se succèdent : espérance, inquiétude, colère, abattement, retour à la confiance. C'est la mobilité d'un visage de femme..."

    Aujourd'hui, c'est une crispation qui se voyait sur ce visage. L'entrée des Allemands à Bruxelles a introduit le peuple de Paris dans des pensées graves. On comprend que l'ennemi marche vers la frontière du Nord. On commence à s'étonner un peu que nous l'ayons laissé descendre si bas...

    La vérité est, paraît-il, que les Anglais ont retardé l'action. Leur débarquement a été lent. Ils marchent, encombrés d'un nombreux bagage : ils ont jusqu'à de tables à thé et de la glace pilée pour le whisky, me disait quelqu'un tantôt. 

    Le même, bien informé des choses maritimes, ajoutait que la marche de l'escadre anglaise était entravée par le nombre prodigieux de mines que les Allemands ont semées dans la mer du Nord. En outre Heligoland est devenue une île de feu et de flamme dont on ne peut approcher et qui menace les plus puissants dreadnoughts. Les Anglais regrettent amèrement aujourd'hui d'avoir cédé cette île aux Allemands contre je en sais plus quel morceau de Zanzibar... En réalité, l'Anglais a usurpé sa réputation. Il est imprévoyant et impolitique. Il vit au jour le jour, sans grand dessein, sans idées générales. Il nous a laissé battre en 1870 et il doit faire la guerre à nos côtés aujourd'hui, ce n'est pas économique. Il a laissé venir le moment de cette guerre sans s'être créé l'armée qu'il lui eût fallu pour la soutenir dans de bonnes conditions. L'histoire n'admirera pas cela non plus.

    Les blessés soignés à la Croix-Rouge, nous dit Mme de Mac-Mahon, racontent l'impression d'horreur et d'angoisse qu'ils ont ressentie en se voyant tomber sur le champ de bataille, redoutant d'être achevés sinon torturés par les Allemands. Cette guerre prend un caractère si atroce de peuples et de races que les républicains eux-mêmes s'en aperçoivent. Messimy a déclaré qu'il ne s'agissait plus de la "guerre en dentelles". Nous n'avons donc pas fait de progrès, et l'humanité non plus, depuis Fontenoy ?

    On parle d'une invention terrible de Turpin, un explosif incomparable que les avions jetteraient du haut des airs et qui serait capable d'anéantir des milliers d'hommes d'un coup. Mais de quoi ne parle-t-on pas ? Et quelle fable ne trouverait créance parmi deux millions de Parisiens qui attendent  l'issue d'une terrible bataille ? 

     

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  • 17 septembre 1914 ... Le général Joffre a de l'estomac et de l'autorité

     

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    Encore une journée de flottement. On m'assure que, de nouveau, pendant ces dernières vingt-quatre heures, le gouvernement a été démoralisé, le président Poincaré lui-même donnant de mauvaises nouvelles à ses visiteurs. Le général Joffre a de l'estomac et de l'autorité pour conserver son sang-froid et sa méthode, et ne pas se laisser influencer par les alarmes d'en haut - à moins qu'à ses yeux le gouvernement ne compte plus.

    La vérité sur la situation est, dit-on, que les Allemands avaient préparé des retranchements très sérieux derrière eux et qu'ils ont pu se mettre à l'abri des lignes puissamment fortifiées après avoir dû battre en retraite. En ce moment, ils prépareraient dans les mêmes conditions d'autres défenses (ils y feraient travailler de force nos populations), en sorte qu'il faudra livrer plusieurs batailles pour les chasser de France. L'insuffisance de notre grosse artillerie rendrait cette suite d'opérations plus lente et plus pénible. 

    En somme, nous nous trouvons toujours en présence d'un ennemi que sa longue et minutieuse préparation à la guerre et s préparation rendent redoutable et qui par là réussit à tenir en échec une armée d'une qualité infiniment supérieure. La preuve est faite et refaite désormais.

    Il est évident aussi que nous n'avons échappé à la catastrophe complète que grâce à la résistance de la Belgique. Le plan de l'Allemagne en a reçu un coup dont il ne s'est pas relevé, parce que l'Allemand ne sait pas improviser, parce qu'il n'a pas de génie. Il supplée à ces lacunes par l'ordre, l'autorité, la régularité, l'action de l'autorité. Mais, que les projets préparés de longue main soient dérangés, personne n'y est plus. Jusqu'ici cette guerre de 1914 aura consisté, de leur part, dans une irruption en France, accompagnée de la dévastation de dix ou douze départements; dans une marche sur Paris subitement détournée vers le sud-est; dans une retraite sur l'Aisne et la Meuse; enfin ils en sont à l'heure qu'il est à faire une guerre défensive - dans l'Argonne : une "promenade militaire" qui a coûté à l'Allemagne des milliers et des milliers d'hommes et son prestige de peuple invincible.  

    Ce soir, dans un groupe, le sénateur Lintilhac, dont le visage rasé, puissant et expressif d'Auvergnat fait songer au masque de Guitry, citait ce mot d'un commandant qui à un combat de ces derniers jours, voyant son bataillon hésiter, avait prononcé, le révolver au poing, ces paroles dignes de Tacite : "Ici, la gloire; là, la honte. Ici et là, la mort si vous reculez."

    Parmi beaucoup d'autres choses, le sénateur Lintilhac expliquait encore que notre aile droite et notre aile gauche faisaient al manœuvre dite du volet, en se refermant sur el centre allemand, qui allait être obligé de reculer. Il affirmait que, aujourd'hui 17 septembre, le nombre des blessés français soignés en France était de 85.000 et que nos pertes avaient été si importantes à la bataille de la Marne qu'il avait fallu ensevelir à la hâte une grande quantité de nos morts sans retirer leur médaille d'identité. Enfin il ajoutait que le gouvernement de la République était résolu à ne pas faire la paix que la bête allemande ne fût abattue.

    Lintilhac confirme les nombreuses défaillances des municipalités et des autorités civiles dans les régions envahies. C'est autour de leurs évêques et de leurs curés que se sont groupées les populations, à Meaux notamment où Mgr Marbot, resté seul, a été admirable. A Soissons, c'est une femme, Mme Macherez, qui a pris les fonctions de maire. Maurras a fait à ce propos un article très fortement intitulé : "Récit des temps mérovingiens". En effet nous avons fait un bond de plus de mille ans en arrière dans l'histoire. Et une dépêche des Catalans espagnols félicite le général Joffre d'avoir vaincu les barbares aux champs catalauniques. u   

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