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  • Livres & Actualité • Alain de Benoist contre le libéralisme (et ce qu’il a fait de nous)

     

    Par Jean-Paul Brighelli

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgNous avons mis en ligne, vendredi, une vidéo dans laquelle Alain de Benoist présente lui-même le livre qu'il vient de publier, Contre le libéralisme.

    Voici ce qu'en a pensé Jean-Paul Brighelli. Nous avons dit souvent aimer son style, son humour, son expression directe et sans ambages, son érudition, son bon sens, son non-conformisme et jusqu'à la verdeur de son langage. Cette excellente recension - parue sur son blog le 25 février - ne manque pas à la règle. Voici !  LFAR  

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    Tous les hommes ne sont pas interchangeables

    Seule l’extrême densité de l’actualité m’a fait retarder le compte-rendu déjà écrit du dernier livre d’Alain de Benoist, Contre le libéralisme.

    FIC147777HAB0-768x1234.jpgUne actualité si épaisse qu’elle a permis le déferlement de la sottise la plus élémentaire, non pas celle supposée des « gilets jaunes », qui n’en sont pas encore à formaliser l’ensemble de leurs revendications, et auxquels il est un peu vain de reprocher en bloc les bêtises de quelques-uns, mais celle des commentateurs : faut-il qu’ils aient peur pour qu’on lise sous la plume de gens ordinairement mieux avertis (Jean-François Kahn ou Jacques Julliard, par exemple) des pauvretés idéologiques d’un tel calibre… Cela me rappelle les éructations de la bonne madame Sand au moment de la Commune (lire absolument Les Ecrivains contre la Commune, de Paul Lidsky) : la « socialiste » de Nohan a soudainement craint que le peuple dont elle chantait les louanges tant qu’il fermait sa gueule ne vienne dévaster sa gentilhommière… Que voulez-vous, le peuple braille, gueule, éructe, et parfois même coupe des têtes. Et parfois, il n’a pas tort de le faire : nous exaltons la Révolution chaque mois de Juillet selon un rite magique – pour qu’elle ne se reproduise pas.

    Nous ne sommes pas des Alain Minc

    Contre le libéralisme donc… Entendons-nous : Alain de Benoist n’a rien contre l’idée que son boulanger ou son menuisier soient des entrepreneurs libéraux — tant qu’ils ont du talent. Un homme qui cite si souvent Ayn Rand (si vous n’avez pas vu le Rebelle, de King Vidor, empressez-vous !) n’a rien contre l’expression du génie, de l’individu porté à son plus haut point d’incandescence. Mais il s’agit ici de l’individuation libérale, l’assurance fournie par le libéralisme actuel que la médiocrité de chacun pourra s’exprimer sans contrainte, pourvu que chacun soit libre de consommer, c’est-à-dire au fond d’être asservi à l’objet, à l’avoir, faute d’être, qui est au cœur de son ouvrage. L’autre versant, c’est l’économisme, c’est-à-dire la tendance à remplacer le politique par un prêt-à-porter financier : « It’s the economy, stupid ! » beuglait James Carville, l’organisateur de la campagne de Clinton en 1992 — en écho au « There is no alternative » de Thatcher — « affirmation impolitique par excellence ». Ou à l’idée que, comme le proclame Alain Minc, « le capitalisme ne peut s’effondrer, c’est l’état naturel de la société ». L’illibéralisme contemporain, la pensée alter-mondialiste, le souverainisme sous toutes ses formes, nourrissent leurs critiques et leurs révoltes de ces affirmations péremptoires qui font les beaux jours des banques, mais pas les nôtres.

    Loana, c’est Jeremy Bentham

    Qu’est-ce que l’individu libéral ? « La culture du narcissisme, la dérégulation économique, la religion des droits de l’homme, l’effondrement du collectif, la théorie du genre, l’apologie des hybrides de toute nature, l’émergence de « l’art contemporain », la télé-réalité, l’utilitarisme, la logique du marché, le primat du juste sur le bien (et du droit sur le devoir), le « libre choix » subjectif érigé en règle générale, le goût de la pacotille, le règne du jetable et de l’éphémère programmé, tout cela fait partie d’un système contemporain où, sous l’influence du libéralisme, l’individu est devenu le centre de tout et a été érigé en critère d’évaluation universel. »

    C’est ce qu’il y a de bien avec les philosophes (et beaucoup moins avec les penseurs d’opérette qui se répandent en éditos chiasseux), c’est qu’ils savent poser un problème, pour en détortiller les nœuds dans les pages suivantes. Alain de Benoist montre avec une grande rigueur le lien qui unit Jeremy Bentham et John Stuart Mill à Loana ou à Macron (dont Marcel Gauchet dit qu’il est « le premier vrai libéral, au sens philosophique du terme, à surgir sur la scène politique française »).

    « L’immigration se résume à une augmentation du volume de la main d’œuvre et de la masse des consommateurs »

    Comment ? protestent déjà les demi-habiles (rappelons au passage que le demi-habile pascalien est, comme le « presque intelligent », un gros connard qui se croit habile). Vous êtes contre la liberté ? Oui — chaque fois que, comme l’explique Pierre Manent, le règne sans partage des droits individuels fait automatiquement périr l’idée de bien commun. L’idée quantitative de l’individu, qui finalement renonce à être pourvu qu’on le laisse avoir, explique par exemple l’accueil que le libéralisme fait à l’immigration incontrôlée : « Le libéralisme, explique Alain de Benoist, aborde cette question dans une optique purement économique : l’immigration se résume à une augmentation du volume de la main d’œuvre et de la masse potentielle des consommateurs grâce à des individus venus d’ailleurs, ce en quoi elle est positive. Elle se justifie en outre par l’impératif de libre circulation des hommes, des capitaux et des marchandises, et permet aussi d’exercer une pression à la baisse sur les salaires des autochtones ». Et d’ajouter : « On raisonne ainsi comme si les hommes étaient interchangeables ». L’idéologie des Droits de l’homme, appliquée de façon aveugle, finit par nier ces droits mêmes. Carton plein pour le vendeur d’i-phones et autres babioles onéreuses et jetables – mais pour nous ?

    Un exemple qui a surgi au fil de ma lecture — et c’est toujours bon signe quand un livre agite en vous des idées. On propose plusieurs dates pour la fin de l’empire romain : 410, avec le sac de Rome par les Wisigoths d’Alaric, ou 455 avec les Vandales de Genséric, ou 476, avec l’abdication du dernier empereur, Romulus Augustule. Mais pour moi, le début de la fin, c’est, en 212, l’édit de Caracalla, faisant de chaque habitant de l’Empire un citoyen romain. Ce n’était plus la peine désormais de chercher (souvent en servant dans l’armée) à devenir romain. Et on eut très vite recours à des Barbares pour remplacer les citoyens qui pouvaient dès lors se contenter de péter dans leurs toges. On leur avait donné un droit, et supprimé les devoirs. Le reste n’est qu’histoire des cataclysmes et de la décadence, comme le peignait Thomas Couture. 

    Que la liberté de consommer soit un asservissement est une évidence qui n’échappe qu’aux libéraux, pour qui « la liberté est en fait avant tout liberté de posséder. » Caracalla, le premier, en banalisant le « citoyen », a proclamé l’avènement de l’individu — rendant, du coup, le plaisir vulgaire et la citoyenneté obsolète.

    Y a-t-il de l’espoir ? Eh bien oui : le système est en train d’atteindre ses limites. « À l’endettement du secteur privé s’ajoute aujourd’hui une dette souveraine, étatique, qui a augmenté de manière exponentielle depuis vingt ans, et dont on sait parfaitement qu’un dépit des politiques d’austérité, elle ne sera jamais payée. » Plus vite on la dénoncera, plus vite nous récupèrerons le droit d’être des individus ré-organisés en société, unus inter pares, comme on disait à l’époque où « aristocratie » n’était pas un vain mot. Et nous balaierons les oligarques qui se prennent pour des élites auto-proclamées.

    Quant à savoir où se situe Alain de Benoist dans l’échiquier politique… Un homme qui cite souvent Jean-Claude Michéa ne peut être tout à fait mauvais. Mais j’imagine que Jacques Julliard et Jean-François Kahn doivent penser qu’il est le diable — contrairement aux esprits éclairés qui lisent ou écrivent dans son excellente revue, Eléments, en vente dans tous les kiosques.  

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    Jean-Paul Brighelli
    Enseignant et essayiste, anime le blog Bonnet d'âne hébergé par Causeur
  • Sur le Cercle d'Artagnan, le patriarcat, un avenir souhaitable ?, par Sylvain Durain.

    Deuxième conférence du cercle lillois d'Artagnan. Dans cette conférence, Sylvain Durain, auteur de "le sang du père" nous expose son analyse comparée entre le système matriarcal sacrificiel et le système patriarcal.
    Dernier ouvrage « Ce sang qui nous lie » : https://editionsduverbehaut.fr/produi...

  • C’est décidé, Marlène Schiappa veut créer des QSR : « quartiers sans relous » !, par Gabrielle Cluzel.

    À l’occasion de la Semaine internationale du harcèlement de rue, a annoncé son grand plan : « créer des QSR ». L’acronyme en jette, fait sérieux, innovant, mais est un peu obscur. Mais qu’est-ce au juste qu’un QSR ? « Un Quartier Sans Relous »

    gabrielle cluzel.jpegAh. Et qu’est-ce, au juste, qu’un relou ? « Verlan de lourd, qui est sans finesse, ou pénible, ennuyeux », lit-on dans le Larousse. Ah.

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    De la même façon qu’il y a des villages fleuris, Marlène Schiappa se fait donc fort de créer des enclaves où tout ne sera qu’esprit délié, délicatesse, subtilité, aphorismes spirituels et conversations de haut vol. On s’y croira dans le salon littéraire de Madeleine de Scudéry. On pourra même décerner, au printemps, le prix du plus beau QSR, relayé par le 13 h de TF1. Maintenant que Jean-Pierre Pernaut a cédé, en sus, sa place à une femme, ce sera spécialement indiqué. La question se pose quand même de savoir si, dans une Ah. Et qu’est-ce, au juste, qu’un relou ? « Verlan de lourd, qui est sans finesse, ou pénible, ennuyeux », lit-on dans le Larousse. Ah. inclusive ouverte à la , interdire de séjour des individus au motif que leur humour à deux balles ou leurs ricanements idiots font lever au ciel les yeux de ces dames est tout à fait constitutionnel. Car la lourdophobie n’est-elle pas à l’esprit ce que la grossophobie est au corps ?

    Soyons très clairs : le relou est aussi vieux que le penchant non partagé. Le Misanthrope est relou – rien de pire que la face de carême d’un soupirant atrabilaire et agoraphobe qui boude ou vous fait une scène dès que vous taillez un bout de bavette à quelqu’un d’autre -, Cyrano de Bergerac est relou – quoi de plus énervant que le regard de chien fidèle d’un amoureux transi qui, en plus, en se mourant d’amour pour vous, a le don de vous culpabiliser -, Pierre de Ronsard est relou – y a-t-il pire goujaterie que vous faire remarquer sournoisement, par dépit, à quel point vous regretterez ses avances quand vous serez bien vieille le soir à la chandelle ? Mais est-ce le Misanthrope, Cyrano de Bergerac ou Pierre de Ronsard qui font presser le pas des filles dans les rues sombres ?

    Est-ce seulement les Bronzés Thierry Lhermitte, Gérard Jugnot ou Blanc, chacun dans leur style grands relous devant l’Éternel, ou bien encore le primeur inoffensif qui, sur le marché, complimente bruyamment la timide étudiante pour son joli sourire, l’agaçant parfois, la consolant peut-être aussi, lorsque elle a loupé ses partiels ou rompu avec son fiancé ?

    Non, le danger n’est pas le « relou » – mot (déjà) ringard et euphémique qui évite la cible – dont les maladresses peuvent être horripilantes mais ne sont pas angoissantes ni salissantes comme les propos orduriers, les gestes humiliants que certains s’autorisent, soit dans la rue, parce qu’ils n’ont pas été pétris (puisqu’on en parle) par la civilisation de Ronsard, de Molière ou de Rostand – et que l’on ne se débarrasse pas de ses mœurs, du regard que l’on vous a appris à porter sur les femmes, aussi simplement que de vieilles frusques en passant la frontière -, soit dans les couloirs feutrés du pouvoir, parce que boomers biberonnés au « jouir sans entraves », ils font semblant de prendre pour une joyeuse sexuelle partagée un assouvissement égoïste compulsif.

     

    Gabrielle Cluzel

    Ecrivain, journaliste
  • Franck Ferrand et Denis Tillinac, en ”tontons flingueurs” des niaiseries ”républicaines”. Et, en prime, Simone Weil, pou

    POLITIQUEMENT CORRECT.jpgSale temps pour les tabous, les mythes creux, les "ridicules légendes" (pour reprendre le mot de Bainville) de la mythologie républicaine idéologique, sur laquelle se fonde le pouvoir vermoulu, usé jusqu'à la corde, qui échoue lamentablement, partout et dans tous les domaines, mais qui préside, hélas, au lent et continu abaissement de la France.

    Un abaissement qui n'est dû qu'à lui, ce Système que nous dénonçons, car la France possède tous les atouts pour redevenir ce qu'elle était "quand notre organisation naturelle et historique fonctionnait", comme dit Maurras.

    Mais voilà : si "le roi est nu", nous ne sommes plus seuls à le dire... Et, dans cette seule semaine écoulée, Denis Tillinac, d'abord, a brisé un tabou en déclarant : "Les valeurs républicaines, ça n'existe pas !".

    Puis, très peu de jours après, c'est Franck Ferrand qui, à son tour, jouait le briseur de tabou : "Être "républicain", qu'est-ce que ça veut dire ?... que signifie ce terme, si crânement revendiqué par le premier venu ? Rien, ou pas grand-chose..."

    Enfin, comme un bonheur - et, à fortiori, deux - n'arrive jamais seul, voici que sort un Cahier de l'Herne, consacré à Simone Weil. Edouard Huber, qui le présente dans le dernier numéro de Famille chrétienne en extrait un fort intéressant "En finir avec les droits de l'homme", tiré des premières lignes du livre de la philososphe, L'Enracinement, dans lequel Simone Weil désigne les "obligations envers l'être humain" comme un fondement de la vie sociale plus réel que les "droits"... 

    Bref, une semaine faste - ou néfaste, selon le "camp"... - et l'intérêt de regrouper en une seule page ces trois textes, pour la commodité de leur diffusion, qui doit évidemment être la plus large possible... 

     

     

    I. Tiré du Cahier de l'Herne sur Simone Weil, présenté par Edouard Huber : "En finir avec les droits de l'homme ?" :

    Droits de l'homme.pdf

    simone weil l'herne.jpg

     

    II. Franck Ferrand : "Être républicain, qu'est-ce que ça veut dire ?" :

    FRANCK FERRAND.jpgC'est le mot à la mode: dans les médias, ces temps-ci, les bonnes choses sont qualifiées de "républicaine", les mauvaises, d'"antirépublicaines". "C'était un grand républicain", proclame ainsi - parmi cent exemples - un communiqué de l'Elysée, publié à l'occasion de la mort de Maurice Faure.
    Mais de quoi parle-t-on, au juste?
    Quelqu'un pourrait-il m'expliquer en quoi le fait d'être "républicain" ou "républicaine" constituerait, en soi, un brevet de vertu ?
    Déjà, cela supposerait qu'on définisse clairement la notion, d'autant plus répandue qu'elle est complexe à cerner. Aux Etats-Unis, être Républicain traduit une appartenance politique. En Espagne, dans les années 1930, cela relevait d'un engagement fort. Mais en France, de nos jours, que signifie ce terme, si crânement revendiqué par le premier venu? Rien, ou pas grand-chose - n'en déplaise aux tribuns, aux éditorialistes, aux analystes qui, à tous vents, en usent et en abusent.
    Qu'on permette à l'historien de souligner, pour commencer, que la forme républicaine d'un gouvernement n'a jamais garanti son caractère démocratique.
    Même de nos jours, une république n'est pas forcément une démocratie: la dictature en vigueur à Pékin porte le nom de "République populaire de Chine"; or, l'idée ne viendrait à personne de louer ses mœurs politiques! Le chef de l'Etat y est désigné à huis clos par le Parti, et s'il existe bien un parlement élu, celui-ci ne se réunit qu'une fois l'an et ne dispose d'aucun pouvoir concret… A l'inverse, une démocratie n'est pas obligatoirement une république: le Royaume-Uni sans doute est la plus emblématique des vieilles démocraties ; or son régime est bel et bien monarchique, même si la reine n'y détient de pouvoir qu'honorifique, et si son premier ministre est issu d'un parlement élu au suffrage universel direct.

    J'irais jusqu'à rappeler que, selon un classement international établi en décembre 2013 par l'association autrichienne The Democracy Ranking en fonction du plus ou moins grand respect des droits humains au sein de 115 Etats souverains, les deux premiers (la Norvège et la Suède) sont des monarchies, et les deux derniers (le Yémen et la Syrie), des républiques ! Que, dans les vingt "meilleurs élèves", onze relèvent d'un roi, d'une reine ou d'un empereur, alors que dix-huit des vingt plus mauvais affichent hautement leur dénomination républicaine - la France elle-même ne venant du reste qu'à la seizième place…

    Allons-nous cesser pour autant d'entendre notre personnel politique employer, à l'envi, le terme «républicain» en lieu et place de "démocrate", "pluraliste", "équitable" ou simplement "respectueux des institutions" ?

    Je crains que non, hélas, tant le suivisme et la facilité se sont depuis longtemps imposés dans ses rangs.


     

    III. Denis Tillinac : "Libérez-vous ! Bazardez les fausses valeurs de la gauche !...". "..Les valeurs républicaines, ça n'existe pas !..."

    (extraits d’une interview de Denis Tillinac par Patrice de Méritens,  parue dans le Figaro Magazine)

    TILLINAC.JPGPatrice de Méritens (PM) : Etes-vous prêt, comme Eric Zemmour ou Ivan Rioufol, à devenir la cible de la presse de gauche bien pensante ? 

    Denis Tillinac (DT) : Je n’ai pas encore eu cet honneur, mais je ne désespère pas. Compte tenu de l’état de tension hystérique des moralistes de la gauche officielle, plus rien ne peut étonner. Mais comme tout ce qui est excessif est insignifiant, cela n’aura aucune importance. La bien-pensance s’affole parce qu’elle sait que les présupposés soixante-huitards sont en perdition. On juge l’arbre à ses fruits : deux générations de gosses déstructurés, une mémoire collective ruinée. une culture humaniste en déshérence, des classes moyennes de moins en moins civilisées, autant de conséquences directes de l’antipédagogie et du matraquage idéologique que nous subissons depuis des décennies.

    Nous sommes désormais le dos au mur avec,  juste devant nous, un précipice sans mémoire, sans arrière-pays spirituel, un vide qui fait peur. 

    PM : Faudra-t-Il donc être réac pour retrouver le bonheur ? 

    DT : Par provocation, oui ! Tout comme dans la démonologie médiévale, "réac" désigne le visage diabolisé de l’Autre, la figure de ceux que le pouvoir actuel récuse : une France qu’il prétend nier, mais qui se réveille, avec des livres d’historiens, des essais de philosophes, des manifestations populaires. De façon anarchique et désordonnée, sans doute, mais dans une perspective de rejet de l’ordre moral socialo-gaucho-bobo, avec cette honte de soi, ce reniement de tous nos ancrages. Il faut les retrouver en cultivant sans complexe le goût du terroir, le sentiment patriotique, la fierté de notre culture. autrement dit. retrouver l’amour de soi et de ce dont on procède.

    Le nouvel ordre bobo s’y oppose, en confondant égalité et équivalence. Un homme n’est pas une femme,  "l’animus" décrit par Jung n’est pas "l’anima", les deux coexistent à l’intérieur de chaque personne. Pas question d’avaliser une idéologie qui prétend fondre les invariants de notre nature dans un improbable hermaphrodisme. La parité a quelque chose de grotesque, voire d’humiliant.

    PM : Reste que l’égalité est désormais inculquée dès l’école… 

    DT : L’école a perdu sa fonction d’instruction au profit d’un formatage des esprits par l’Etat, alors que l’éducation des enfants devrait au premier chef être du ressort des familles. Vincent Peillon incarne cette volonté idéologique de fabriquer des individus hors-sol et anonymes, lâchés dans un openfield mondial. Plus d’ancrage, plus de référence à un genre, à un lieu, à une mémoire, plus d’attache, tous pareils, « tous à poil », comme  on dit dans la nouvelle pédagogie bobo.

    Degré zéro et table rase. L’idéal du "socialisme" de la Terreur en 1793. Peillon exprime ce nihilisme avec sa gaucherie et son arrogance. Même tyrannie du conformisme dans le reproche adressé à Finkielkraut de faire état des Français de souche, lesquels, quoi qu’on dise, représentent 80 % de nos concitoyens. Diaboliser un écrivain aussi intelligent et nuancé que Finkielkraut est la preuve de l’essoufflement d’un système qui persiste à croire qu’en élaguant le langage on changera la réalité.

    J’ai d’ailleurs, également eu droit à ma part de diabolisation de la part d’un journaliste des lnrockuptibles : "Tillinac suinte le Français de souche !" L’autochtone est donc haï en tant que tel, en des termes de répulsion physique franchement racistes. Comme si l’identité n’était respectable que si elle est celle de l’étranger ou de l’immigré. Or l’autochtone ne pourra accueillir l’Autre que s’il est bien dans sa peau et si l’on cesse de le culpabiliser en permanence.

    MP : D’où vient cette radicalisation de la gauche ?

    DT : Christiane Taubira a proclamé à la tribune de l’Assemblée nationale qu’avec ses nouvelles lois sociétales, particulièrement le mariage pour tous, le gouvernement allait accomplir une véritable révolution de civilisation. La gauche fut longtemps si assurée de son emprise idéologique qu’elle affectait la tolérance, mais les marches pour tous ont marqué le réveil d’une France plutôt provinciale, catholique au sens culturel du terme, et qui revendique sa mémoire. Des gens peu politisés dont la volonté affirmée était de refuser ce bouleversement.

    Editeur à Paris, dans le VIème arrondissement, je connais nombre d’homosexuels qui trouvaient le pacs suffisant, que leurs préférences sexuelles et affectives n’avaient pas à devenir un marqueur qui les réduirait, et qu’ils n’avaient pas envie d’être identifiés à des types en string et talons aiguilles paradant sur des chars.

    Quant à l’homoparentalité, on peut raisonnablement être réservé. L’adoption par un couple homosexuel est peut-être préférable à l’Assistance publique, mais une généralisation serait dangereuse. Je crois à la nécessité d’un père, d’une mère, au complexe d’Oedipe et à tout ce qui s’ensuit…

    Face aux marches pour tous, qu’ils ont enfin perçues comme une vague de fond, nos modernes soixante-huitards réagissent par la crispation.

    D’où, sur un fond de naufrage économique, cette agressivité croissante, symptôme d’une débâcle. Leur raidissement et leur hâte à légiférer sont facteur de discorde civile : il existe dans notre pays un problème foncier de légitimité depuis la Révolution. Une France épie l’autre, l’ostracisme, la méprise, et veut sa destruction. Ces deux hémisphères idéologiques en sont venus à se détester. Il serait du devoir du président de la République de les pacifier en mettant un terme aux oukases de ses "amis". Jusqu’à quand serons-nous pris dans cet engrenage ? Certains jours,  je me dis que le nihilisme doctrinaire est un cauchemar, qu’une telle atteinte au bon sens ne saurait durer et que nous allons nous réveiller.

    Le réac est celui qui accepte le monde dans sa réalité, sa munificence, son ambivalence - sa diversité,  justement : les hommes et les femmes, la mémoire et l’aspiration au progrès, l’individuel et le collectif. Il n’y a pas d’universalisme sans terrier : on n’atteint l’universel que par le biais de la singularité.

    MP : Comment définiriez-vous la philosophie de la réaction ?

    DT :  "Réaction", le mot lui-même n’a pas bonne mine, laissant au mieux présumer la ganache rétro, la chaisière insatisfaite, le rentier confit dans l’aigreur et, au pire, le beauf obtus bouffeur de romanos, d’intellos, de clodos, d’homos ou d’écolos. Du réac au facho, la frontière sémantique est incertaine, aucune douane ne la contrôle.

    Dans son acception originelle, la réaction désigne l’adhésion à un ordre ancien, antérieur à la Révolution, brillamment incarné par des penseurs et écrivains tels que de Maistre, Tocqueville. Balzac, Barbeyd’Aurevilly, Flaubert, Villiers de L’Isle-Adam, Taine, Renan, Péguy, Barrès ou Bloy…

    Plutôt que d’évoquer une philosophie, j’évoquerai les conditions de possibilité d’un système de valeurs sans lequel on ne saurait vivre en société : le sens de l’honneur, l’élévation, la distinction, la mémoire, les hiérarchies, l’harmonie, l’éternité, le tragique, la noblesse, la pudeur, la désinvolture. Autant d’invariants dont aucune civilisation ne peut faire l’économie, sauf à s ‘effondrer.

    La réaction est inhérente à l’écrivain confronté à la fuite du temps, qui essaie de construire à sa façon de l’éternité : Pascal. évidemment, qui pose l’équation métaphysique; Chateaubriand, parce qu’il est à la confluence de l’ancien et du nouveau monde, anticipant l’avenir et le charriant dans son style gothique flamboyant.

    Depuis l’ère industrielle, la plupart des artistes n’aiment pas leur époque. parce que vulgaire, brutale et métallique. D’autres. avec plus ou moins de mansuétude, s’attachent à la transcrire. Je serais plutôt de ceux qui cherchent toujours, en deçà comme au-delà de ma propre existence, un mirifique âge d’or. Le monde moderne est né avec la mélancolie de Dürer…

    MP : Quittons la France : que vous inspire la votation sur l’immigration en Suisse ? 

    DT : Avec près de 30% de travailleurs étrangers venus particulièrement de l’Union européenne, la Suisse est le plus grand pays d’immigration du continent. C’est un très vieux peuple. Il s’est construit par des équilibres cantonaux qui pourraient être mis à mal par trop d’immigrés. Le fait que le problème du seuil se soit posé n’a donc rien de surprenant et l’on serait malvenu de considérer les Suisses comme des xénophobes. Assénant leurs leçons de vertu et d’économie, certains pays voisins l’ont dénigrée. Ainsi. notre docte ministre des Affaires étrangères…

    Mais en quoi un pays aussi mal dans sa peau et aussi piteusement gouverné que le nôtre peut-il se permettre de faire la morale avec une telle arrogance à un peuple dont les vertus démocratiques sont bien plus anciennes et bien mieux assumées que les nôtres ? 

     

     

    TERREUR BASTILLE.jpgMP : Et que faites-vous des valeurs républicaines ? 

  • Journal d’été, par Hilaire de Crémiers (I/II)

    hilaire[1].jpg(Directeur de Politique magazine, Hilaire de Crémiers propose également, sur son Blog, de courtes vidéos dans lesquelles, en 4 à 5 minutes, il explique et commente l'actualité nationale et internationale (politique, économique, religieuse, "sociétale"...); ainsi que des analyses fouillées sur l'oeuvre de Charles Maurras; et des textes ou des vidéos sur la crise, la politique, la politique religieuse...)

    Voici ses réflexions, intitulées "Journal d'été", qui paraîtront dans le prochain numéro de La Nouvelle Revue universelle...

    Quels sont les événements importants de ces derniers mois d’été ? En dehors des nouvelles ordinaires qui ornent de leur banalité la médiocrité de notre quotidien politique, économique et social, et en dehors des faits divers tragiques qui suscitent l’intérêt éphémère de l’univers médiatique, le temps de compter les morts et les blessés, juste le temps de compter !

    Le Pape François ou la parole libérée.

    pape_francois_vatican.jpgLes politiciens en quête de gloire éphémère et de popularité évanescente n’y peuvent rien. Malgré toute leur communication, la vedette sur l’affiche leur a encore été ravie. Le pape, toujours et encore le Pape ! Le nouveau comme ses prédécesseurs l’emporte en prestige, en audience et, par-dessus tout, en qualité de discours et d’écoute sur tout ce qui peut se proclamer et s’annoncer dans le monde. Et il l’emporte de beaucoup ; et, encore plus, de très haut !

    Ce que le successeur de Pierre, revêtu d’humilité et enveloppé de la seule aura christique et ecclésiale, dit en toute simplicité à trois millions de jeunes rassemblés sur la célèbre plage de Rio, aucun chef de parti à travers le monde n’en est capable, n’en a même l’idée. Ce lui est impossible, hors de portée. Et heureusement !

    Les politiciens ne savent plus, et depuis longtemps, que parler argent, répartition de richesses qu’ils ne créent pas, idéologie à la mode, sauce socialiste ou libérale, c’est du pareil au même, aussi factice que totalitaire, et tandis que les droits les plus élémentaires des personnes sont bafoués, ils promeuvent à coup de discours démagogiques le droit de n’importe qui à n’importe quoi, une sorte de droit de tous à tout sauf au vrai, au bien et au beau ; ce que les politiciens savent le mieux faire et le plus efficacement, c’est, en invoquant l’évolution de la société qu’eux-mêmes provoquent, favoriser les vices qui offrent à de pauvres gens qu’ils frustrent des vrais biens spirituels, les compensations misérables d’un matérialisme niais et pervers qui achèvent de les tuer moralement et physiquement. Que veulent dire au juste ces innombrables « il faut », « on doit » qui scandent leurs discours en leur donnant une allure morale : des prescriptions de quatre sous qui n’ont rien de moral, des obligations qui n’en sont pas, des impératifs catégoriques à prétention économique et sociale qui n’engagent personne et surtout pas eux. C’est toujours l’argent des autres qui payent les générosités de leur fallacieuse et dispendieuse solidarité. Rien de plus hypocrite !

    En face le Pape – et François sait que son discours est de portée politique – parle aux jeunes de foi, d’espérance et de charité, et son langage est immédiatement pratico-pratique. La générosité à laquelle il appelle, est effective ; elle exige le don total de soi, don non à soi-même, non à sa carrière – fût-elle ecclésiastique, il l’a précisé – ni à l’argent ni au pouvoir, mais au Christ et pratiquement à l’autre. Un ordre social pourrait alors renaître où la justice ne serait plus un vain mot ni la charité qui s’en distingue, une satisfaction de compensation à une injustice fondamentale.

    Ainsi l’évêque de Rome – c’est le titre qu’il revendique et qui, en effet, le spécifie – délivre-t-il son enseignement aussi simple que direct, sans besoin d’autre appareil – pas même ecclésial, pas même curial – que l’affirmation de sa foi qui fonde sa légitimité. C’est bien ainsi et mieux que toutes les combinaisons de partis et d’appareils, fussent-ils, répétons-le, ecclésiastiques ! 

    pape francois jmj copacabana.JPG

    Largement plus de trois millions de jeunes sur la plage de Copacabana : avec celle des JMJ de Manille, autour de Jean-Paul II, la plus grande foule de l'histoire de l'humanité... 

     

     

    La révolution franciscaine.

    Il est allé très loin. S’en est-on rendu compte suffisamment ? Il a osé dire aux jeunes d’être « révolutionnaires », de se « révolter » contre le faux ordre mondial – et qui se veut « moral » – que les hommes (et les femmes !) de pouvoir et d’argent des oligarchies qui nous gouvernent, prétendent imposer à l’encontre des lois de la nature, de la vie, de la conscience, à l’encontre des conditions mêmes du vrai bonheur qui ne saurait s’établir sur les débris de la réalité. « Révoltez-vous », a lancé le Pape. Et il a précisé : « Allez à contre-courant » d’une société de mort. Bravo ! Voilà ce qui s’appelle réagir.

    Il a tout dit en quelques mots : « Cette civilisation mondiale est allée au-delà des limites ». Il s’est expliqué : « Dans cet humanisme économiste qui nous a été imposé dans le monde, s’est développée une culture du rebut… » Et il répète ce qu’il dit depuis le début de son pontificat : « Tout est soumis au culte du dieu argent ». La société moderne élimine tout le reste, enfants à naître, jeunes, vieillards, pauvres et exclus en tous genres. Et évidemment le Christ. L’homme n’est plus qu’un sujet et un objet de consommation, jetable comme le reste, « au nom de l’efficacité et du pragmatisme ».

    Il faut y opposer la foi, « mettre la foi » en nous et dans le monde. Et la foi « ne se passe pas au mixeur » ! Quelle parole ! Une révolution copernicienne est à opérer, « celle qui nous enlève du centre et met Dieu au centre. ». Car « la foi est révolutionnaire et moi je demande à chacun de vous aujourd’hui : es-tu prêt, es-tu prête à entrer dans toute cette onde révolutionnaire de la foi ». Dans un autre discours, le pape François s’est exclamé : « Ayez le courage d’aller à contre-courant de cette culture ! » Et il propose comme modèle le combat des Maccabées. C’est clair, non ? C’est ce qui s’appelle une entrée en résistance. Et au nom de la Vérité qui est le Christ. Il tiendra le même langage de fermeté aux évêques, aux prêtres, aux religieux, aux séminaristes. « Il faut vaincre l’apathie en donnant une réponse chrétienne aux inquiétudes sociales et politiques ».

    Il s’agit d’un véritable engagement que propose François, presque en son nom personnel : il n’y a pas à « regarder la vie du balcon »…Et voici ce qui résume finalement le mieux tout son message : « Dans la culture du provisoire, du relatif, beaucoup prônent que l’important, c’est de jouir du moment, qu’il ne vaut pas la peine de s’engager pour toute la vie, de faire des choix définitifs « pour toujours », car on ne sait pas ce que nous réserve demain. Moi, au contraire, je vous demande d’être révolutionnaires, je vous demande d’aller à contre-courant, oui, en cela je vous demande de vous révolter contre cette culture du provisoire. »

    Telle est la théologie de la libération du Pape ! Se libérer du péché d’adhésion, de ralliement à des structures qui peuvent être dites justement structures de péché, de ce système qui nous emprisonne malgré son apparence libéralo-libertaire et qui est le pire de tous les « meilleurs des mondes ».

    La vérité se trouve au bout de cette rébellion qui ne peut être que permanente, contre ces structures d’oppression mentale et de misère morale autant que matérielle dont les lois impies enserrent les peuples qui n’en peuvent mais, en ne leur dispensant dès la petite enfance que des programmes de mort et de haine, en ne cherchant qu’à détruire et supprimer tout ce qui relève de la vie : le mariage, la famille, l’enfance, la vieillesse, l’éducation, le patrimoine vrai et réel, la vie sociale, les mœurs, les métiers, les simples bonheurs des gens, les nations, les héritages spirituels et moraux des peuples. Comme le Pape a raison ! Que cette dénonciation est juste !

    ARGENT.JPGPratiquement, comment faire ? D’abord il n’y a aucun compte à tenir et surtout dans sa vie personnelle, au plus intime de soi, de cette législation de mort, de ce pouvoir de corruption, stigmatisé comme tel par le Pape François à de nombreuses reprises, pouvoir dont il dit qu’il est né de la corruption et qu’il ne puise sa force que dans la corruption. Premier devoir : rompre spirituellement avec « ça ». La vraie liberté, elle est là. Là, le salut de demain. Se débarrasser, d’abord intérieurement, puis ensuite extérieurement de cette superstructure, mentale autant que politique, qui s’est imposée presque, pour ainsi dire, comme norme universelle, où argent – le malhonnête argent – et pouvoir – le malhonnête pouvoir – font bon ménage, où hommes d’argent – du malhonnête argent – et hommes de pouvoir – du malhonnête pouvoir – se retrouvent partout et toujours de connivence pour déverser sur les électeurs, dits citoyens, indéfiniment la même mortelle logomachie dans les mêmes forums, s’autorisant des mêmes institutions nationales et internationales qui sont devenues des machines partisanes à leur service puisque leurs appareils les ont entièrement envahies pour les transformer en relais de pouvoir. Oui, d’abord pour soi, pour sa propre hygiène mentale et morale, faire comme si ce monde de perversité n’existait pas, penser et agir dans sa vie autrement comme si le prétendu pouvoir de ces oligarchies n’avait aucune influence sur nous, voilà le premier pas et ce premier pas est immense.

     

    La leçon pour la France.

    C’est exactement le sens qu’il convient de donner au mouvement qui a dressé une saine partie du peuple de France contre la stupidité du mariage dit pour tous et les effroyables conséquences sur la moralité publique et sur la conception même de la filiation et de l’humanité qui en seront l’inéluctable suite. Les hommes et les femmes de gouvernement et leurs sbires qui ont fait passer une telle loi, sont littéralement indignes de gouverner. Qu’ils imposent leurs fantasmes à leurs pareils si ça leur chante, mais pas au peuple de France en tant que tel. C’est un abus et même une usurpation de pouvoir. Quelle est leur autorité pour légiférer sur ce qui ne saurait relever de leur juridiction ? à moins qu’ils ne se prennent pour des dieux ! C’est devenu une loi de la République, clament les parangons du système. Et voilà prêts à céder des hommes politiques qui pourtant n’étaient point favorables à une telle loi, mais qui sont tout à coup timorés devant la violence du système, voilà prêts à se rallier une fois de plus des évêques- pas tous heureusement, loin de là ! – sans force morale, complices de la confortable bien-pensance officielle et entraînés par la facilité de la prétendue adaptation au monde, à l’encontre même des paroles de Benoît XVI et de François qui affirment hautement que « la première urgence » dans le corps épiscopal, « c’est le courage » ! « Le courage de contredire les orientations dominantes est aujourd’hui particulièrement urgent pour un évêque ». Alors, qu’est-ce que cette couardise ?

    republique ideologique.JPGEt puis, la République est-elle donc une déesse ? Faut-il y sacrifier ? La mettre au-dessus du bon sens, de la conscience, du droit, de la justice et, enfin, pour les croyants, de Jésus-Christ ? Le problème, en France, est là. Qu’est-ce que cette République ? La république, en bon latin, c’est la chose publique. Ce ne devrait pas être une idéologie. Il y a là une conception totalitaire qui n’a fait et ne fait que du mal à la France réelle. Comment ne pas le voir ? L’idéologie qui se couvre du mot « République » en est-elle pour autant plus digne de croyance ? « Je dois tout à la République », disent certains. Mais non, vous devez tout à vos parents et à vos éducateurs et aux honnêtes gens que vous avez rencontrés.

    Cahuzac aussi était un homme de la République ; c’en était même un grand-prêtre ; il avait tous ses grades maçonniques, il tenait le langage convenu des hommes de pouvoir ; et qui peut dire que les motifs de son action n’étaient pas parfaitement républicains ? Qui pourrait en jurer ? Il est à noter qu’il n’est pas en prison, alors qu’un autre qui ne présenterait pas les mêmes estampilles, y serait jeté illico, et pour bien moins que ce que l’ex-ministre du budget a commis. Alors, ce républicain de Cahuzac, fallait-il le croire au motif qu’il incarnait la République ? Car il l’incarnait fort bien, avec le verbe haut, le menton énergique, la vertu dans les tripes. Et les autres du même acabit, particulièrement ses anciens comparses, amis, congénères ? Tous ceux qui se sont ligués, hommes d’argent et de pouvoir, pour mettre cette loi du prétendu mariage pour tous en priorité du programme hollandais ?

    D’ailleurs, cette loi n’est jamais qu’une loi et quelle autorité si extraordinaire faut-il accorder à des lois que des majorités changeantes font et défont au gré des circonstances, comme les lois sur les retraites par exemple ? À moins que cette loi-là précisément soit à part. En fait, oui. Elle a été votée dans l’esprit même que le Pape François a si vivement critiqué et condamné ; c’est l’esprit d’une certaine oligarchie qui a décidé de refaçonner le monde à l’image de ses fantasmes financiers, « sociétaux », idéologiques dont elle fait une question de pouvoir. Une question essentielle et existentielle pour elle ! (suite et fin lundi...).

  • Navigation sélective sur le Net : échos des Blogs, des Pages Facebook, et d'ailleurs...

     capture d'ecran blog.jpg

     

     Sur les Blogs, sur Facebook ou  ailleurs... :  

     

    1. D'Eric Zemmour : UMP et PS dans l'impasse : ZEMMOUR UMP PS DANS L IMPASSE.jpg

    2. (De Jean-Dominique Merchet) Une majorité de Français ne souhaite pas une baisse du budget de la Défense : http://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/majorite-francais-ne-souhaite-pas-baisse-budget-defense-12915

    2. BIS  (idem) : Comment les iondustriels de la Défense ont fait reculer le gouvernement : http://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/comment-industriels-defense-ont-fait-reculer-gouvernement-12882

    4. Bâclage et bricolage : la réforme régionale (du Blog de Patrice de Plunkett) : Bâclage et bricolage.pdf

    5. Qu'est-ce que la Traité transatlantique ?... Voyez "Treat the Treaty" : http://treatthetreaty.org/fr 

    6. Dans le blog Investig'action (Michel Collon) : Lybie : sommet Hollande pour masquer le fiaso : http://www.michelcollon.info/Libye-Sommet-Hollande-pour-masquer.html

  • Le grain de sel de Scipion : Hollande parle bien français

    grain de sel 1.jpgJe ne m’en étais pas aperçu en l’écoutant parler mais, finalement, notre président Normal Ier maîtrise très bien la langue française.

    Ainsi nous a-t-il annoncé en 2012 une nette amélioration de la situation économique à l’horizon 2013 et, récemment encore, il affirmait percevoir les signes d’une sortie de crise à l’horizon 2014.

    Or, en français, qu’est-ce que l’horizon sinon une ligne imaginaire qui recule au fur et à mesure que l’on avance…

    Patience, donc, mes amis !                                   

     

  • Le ”Barnum Hollande” du Bourget, ou l'insulte faite aux français....

            Qu'est-ce qui était le plus consternant, sur les écrans, ce dimanche après-midi : entendre le (boni)menteur oser dire ce qu'il a dit - c'est-à-dire, de fait, promettre encore la Lune, et même un peu plus... - ou voir ce public applaudir à tout rompre ?

            Ce qu'on n'osera même pas appeler un "discours" était pourtant tellement "hénaurme", avec ses promesses tellement grand-guignolesques ! Et il y en a - oui, encore... - qui y ont cru; et qui y croient...

            Déverser un tel tombereau de promesses, dans les circinstances actuelles, ce n'est plus seulement ridicule, c'est indécent, c'est presqu'obscène.....

            Qui a dit que la bêtise humaine était la seule chose qui pouvait donner une idée de l'infini ?....... 

    hollande bonimenteur.jpg 

  • Jean-François Balmer, qui ”joue” Henri IV, explique ”sa bonne image dans l'histoire”...

    HENRI IV BALMER.jpgD'un entretien entre le comédien et Philippe Faner, nous extrayons ces deux questions/réponses :

    - PF : Qu'est-ce qui vous a intéressé dans le rôle qu'on vous a proposé ?

    - JF B : La vie du roi Henri IV est une espèce de roman de tous les siècles. Ce qui est passionnant, c'est de redire tous les mots qu'il a dits. On n'arrive pas à croire que tout cela date de 400 ans. L'auteur n'a rien changé de ses paroles. Il était déjà suivi par Twitter ou Facebook ou je ne sais quoi...

    - PF : Pourquoi a-t-il gardé, selon vous, une aussi bonne image dans l'histoire ?

    - JF B : A mon avis, la raison est simple : c'est un roi qui était pour la paix. Il voulait démanteler les conflits, arrêter de faire la guerre après l'avoir pratiquée avec beaucoup d'appêtit...

  • JOYEUX NOËL !...

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    Crèche à Saint-Saturnin-lès-Avignon

     

           Elle est sans conteste, dans son domaine, l'une des expressions les plus abouties des traditions et de la culture populaire, mais, au fond, qu'est-ce que la Crèche ?

            On pourrait écrire des pages et des pages sur le sujet. Voici un unique site, qui permettra, à lui seul, de bien progresser dans la compréhension du sujet : celui de la crèche de Saint-Saturnin lès Avignon, dans le Comtat Venaissin, en Provence.

            http://crechesaintsaturnin.perso.sfr.fr/tract.html        

    saint saturnin.jpg

    A 10 km à l'est d'Avignon, au pied de la colline du Puy, Saint-Saturnin...

  • Clip de fin pour l'affaire de Juvignac ?

            Le vendredi 5 Novembre, à 12h12, on apprenait que la justice venait de rendre une ordonnance de Non-lieu dans l'affaire de Juvignac. On se souvient qu'il y a un an, un professeur a été mis en examen pour le meurtre de l’un de ses anciens étudiants.

            Le jeune homme s’était introduit chez lui, menaçant de le brûler vif avec sa femme et son fils. La légitime défense a été reconnue et la juge d’instruction a prononcé le non lieu.

            La famille de la victime annonce qu'elle va faire appel de la décision.

            Qu'est-ce qu'elle veut ? La Légion d'honneur à titre posthume ?.....

  • Ouverture du procès de Youssef Fofana et de son Gang des barbares...

    YOUSSEF FOFANA.jpg

                 La douleur des gens, cela se respecte. Nous ne sommes pas des charognards, et ne désirons pas profiter de quoi que ce soit pour appuyer ou défendre nos thèses. Si nous citons donc, sans la commenter, une phrase de la mère d'Ilan Halimi, en réponse à la question d'un journaliste, ce n'est pas pour l'exploiter, mais parce que, à sa façon, elle fait réfléchir; et qu'il semble qu'elle devrait interpeller quelque part, comme on dit dans le jargon...

                -Qu'est-ce que nous dit cette affaire de la société dans laquelle on vit ?

                -Il y a vingt ans, cette histoire n'aurait pas pu avoir lieu. Il y avait une union sacrée des minorités. Ou alors elle aurait entraîné un million de gens dans la rue. C'est l'échec de la République.

  • Aux Tartuffes et autres arnaqueurs du soi-disant ”anti-racisme”...

              Retrouvé, au hasard d'une lecture d'été, ce passage de Lévi-Strauss. A ceux qui l'avaient accusé de racisme à propos de Race et Culture (1971), il avait répondu :

              " En banalisant la notion même de racisme, en l'appliquant à tort et à travers, on la vide de son contenu et on risque d'aboutir à un résultat inverse de celui qu'on recherche. Car qu'est-ce que le racisme ? Une doctrine précise (...). Un : une corrélation existe entre le patrimoine génétique d'une part, les aptitudes intellectuelles et les dispositions morales d'autre part. Deux : ce patrimoine génétique est commun à tous les membres de certains groupements humains. Trois : ces groupements appelés "races" peuvent être hiérarchisés en fonction de la qualité de leur patrimoine génétique. Quatre : ces différences autorisent les "races" dites supérieures à commander, exploiter les autres, éventuellement à les détruire. "

  • Aux Mercredis de la NAR : #11 - Frédéric Rouvillois pour son livre ”Dictionnaire du conservatisme”.


    Mercredi 10 janvier, aux “Mercredis de la NAR” nous recevions Frédéric Rouvillois sur le livre “Dictionnaire du conservatisme”.

    Agrégé de droit public et professeur de droit constitutionnel, Frédéric ROUVILLOIS a dirigé avec Olivier Dard et Christophe Boutin la publication du « Dictionnaire du conservatisme » (Éditions du Cerf) que Gérard Leclerc a présenté dans le numéro 1135 de « Royaliste ».

    Mais “qu’est-ce que le conservatisme ?” Le mot est problématique et la référence au conservatisme mérite d’autant plus discussion qu’il s’agit d’un objet politique introuvable dans notre pays. La France n’a pas connu au XXe siècle de partis conservateurs se déclarant comme tels et le conservatisme est y fut toujours connoté de façon négative. Il est vrai qu’il n’y a pas de doctrine conservatrice et que le conservatisme ne recouvre pas un mouvement unifié mais recoupe ou semble recouper d’autres courants. Quels rapports le conservatisme entretient-il avec le libéralisme, avec le traditionalisme, avec les droites françaises, avec l’écologie ? Est-il un phénomène de mode ou faudra-t-il apprendre à compter avec lui ?

  • Frédéric Rouvillois au Figaro : « Le mot ‘République' est à la fois vide et sacré »

     

    Dans Être (ou ne pas être) républicain, Frédéric Rouvillois,  professeur de droit et historien, décortique les sens contemporains d'un mot dont Le Figaro nous dit qu'il est de plus en plus galvaudé dans le discours politique et médiatique. Le débat sur la République, sur ses valeurs, sur la pertinence de la forme républicaine de l'Etat, sur la dialectique république ou monarchie, semble en effet devoir se prolonger et s'approfondir ... A vrai dire, cette sorte de contestation de la République, de ses valeurs, et même de ses fondements les plus essentiels par la remise en cause des Lumières, semble être devenue latente, voire banale, dans le débat politique français. Après tout, les déclarations Macron de cet été pointant l'incomplétude de notre démocratie et constatant qu'il manque un Roi n'ont peut-être été qu'un épiphénomène d'une tendance plus lourde. Souhaitons-le à la France.   Lafautearousseau

             

    frederic-rouvillois.jpgQu'est-ce que la République : un régime, une période de l'histoire de France, un mythe ?

    Mon livre n'est pas un traité de philosophie politique qui partirait de Platon, passerait par Rome et traverserait l'Atlantique pour analyser la constitution américaine. C'est une réflexion sur l'utilisation compulsive dans le discours public du mot « République ». Un recueil établi par Marianne au lendemain du 11 janvier sur les grands textes au sujet de la « République » illustrait à merveille ce fourre-tout qu'est le mot « république » : on y trouvait des écrits allant de Platon, chez qui la République est une utopie totalitaire, à Jean-François Kahn, en passant par Élisabeth Badinter et Charles de Gaulle qui était monarchiste !

    Selon l'article 89 alinéa 5 de notre Constitution, « la forme républicaine du Gouvernement ne peut faire l'objet d'une révision.» Mais personne ne sait au juste en quoi consiste cette « forme républicaine » : est-ce l'absence de monarchie ? La souveraineté ? Le système de sécurité sociale mise en œuvre après la guerre ? C'est un mot sans consistance, un trou noir qui paralyse la pensée et empêche tout débat profond sur les idées politiques.

    Après les attentats de janvier, le mot « République » a retrouvé une consistance. Pourquoi en temps de crise ce mot a-t'il pris autant de place dans le discours public ?

    En moment de crise, on a besoin de se rattacher à une idole, ou à un doudou. La République est un peu les deux pour les Français déboussolés. Autrefois, on parlait de France ou de Nation, mais aujourd'hui, par européisme et « antifrontisme », on n'ose plus employer ces mots. Pourtant, la république et la France ne se confondent pas.

    En période difficile, on se tourne vers le sacré, et la République tend à devenir une religion de substitution. Lors de la première moitié du XXe siècle, le gouvernement faisait célébrer des messes pour la nation, aujourd'hui, il psalmodie l'adjectif « républicain » comme un remède miracle aux fractures françaises.

    La « République » est devenue un sacré ultime, un mot à la fois inconsistant et intouchable, qu'il suffit de lancer pour glacer les oppositions, figer le débat. C'est un mot qui n'admet pas de répliques. Un tabou. On ne peut pas ne pas être républicain. Invoquer la République, c'est donner un coup de phare au lapin qui traverse la route.

    Pourtant, sous la Troisième république, le mot semblait avoir un contenu bien précis et substantiel…

    Dans son livre sur de Gaulle, Peyrefitte raconte comment celui-ci était fasciné par la manière dont la troisième République a travaillé à imposer ce mot comme un absolu indiscutable, à travers toute un système d'ingénierie sociale : manuels d'histoire, enseignement primaire et secondaire, presse. La religion républicaine concevait l'éducation comme un système de formatage destiné à républicaniser le pays.

    La Troisième République correspond à la période de construction d'une « légende républicaine », qui est un « mythe » au sens de Georges Sorel : quelque chose dont la véracité historique importe peu, mais qui peut faire sens. Régis Debray en parle avec beaucoup de lyrisme. Ce mythe d'un pseudo âge d'or de la République et de ses libertés a été remis en cause par Jean-Pierre Machelon dans La République contre les libertés, qui montrait qu'en réalité la Troisième République était sur certains plans extrêmement liberticide, notamment en matière de liberté religieuse et éducative. Ainsi, la loi de 1901 autorise la liberté d'association mais oblige les congrégations religieuses à se faire reconnaître par la loi, ce qui arrive rarement à une époque où le Parlement est foncièrement anticlérical. Ce mythe repose aussi sur une vision tronquée de la laïcité qui était à l'époque un anticléricalisme virulent et fanatique, et non pas la simple neutralité de l'Etat. Le mythe du Progrès est aussi consubstantiel à la légende républicaine : l'idée qu'on passerait « de l'ombre à la lumière » - expression utilisée lors de l'élection de Mitterrand en 1981 - est paradigmatique du discours républicain. La thématique de l'acquis intangible et d'un effet de cliquet permanent est liée à cette vision du Progrès : on ne peut pas retrouver en arrière, un monde ante-républicain est inenvisageable.

    On associe souvent le mot « républicain » à la défense de la laïcité. Pourquoi ?

    Il n'y a pas de lien nécessaire entre la laïcité et la République. Les États-Unis sont un modèle de république où la laïcité n'existe pas. En France, la laïcité est une notion incantatoire, floue, et surtout tardive. Ce n'est qu'en 1946 qu'elle se voit reconnaître une valeur juridictionnelle. C'est un amendement communiste, déposé par le député stalinien Étienne Fajon, qui fait entrer la laïcité dans la titulature de la République française qui devient « laïque ». La Troisième République n'est pas fondée sur la laïcité. Le mot est très peu utilisé à l'époque, et n'est employé que de manière agressive, comme dans l'article de Fernand Buisson (idole républicaine de Vincent Peillon) intitulé « la religion laïque ». La laïcité y est présentée comme une contre-religion de la raison. Comme toutes religions, elle a ses rites : le baptême républicain est d'ailleurs encore pratiqué dans certaines mairies de gauche : on dépose un bonnet phrygien sur la tête du nouveau-né lors d'une cérémonie !

    La droite française a pris le nom de « Républicains »: que vous inspire ce choix  ? La République est-elle de gauche ou de droite ?

    L'utilisation du mot « républicain » dans la dénomination des partis politiques est répandu, de l'extrême gauche à l'extrême droite de l'échiquier politique, et ce depuis au moins 1890. Sous la Troisième république, le parti Franciste de Marcel Bucard, ouvertement fasciste, réclame une « forme républicaine de gouvernement ». Au début de la IVème République, le Parti républicain de la liberté est ultra conservateur, tandis que l'Union des nationaux indépendants et républicains rassemble les pétainistes, et le Rassemblement des gauches républicaines, les anciens Croix de feu du colonel de La Rocque! On le voit bien, le mot « républicain » n'a aucune signification politique et a pu se faire récupérer par la gauche comme par la droite. Que la droite ait décidé de se baptiser ainsi n'a rien d'étonnant. On peut y voir un coup de chapeau à la droite américaine, mais aussi et surtout une volonté de rassembler avec le mot le moins clivant qui soit. L'adjectif « patriotes » est par exemple beaucoup plus marqué.

    On oppose souvent la République au communautarisme, mais la république n'est-elle pas une forme de communauté ?

    Il y a une affinité historique et sémantique entre la République, au sens de res publica, la chose publique, et la communauté, ce qui rassemble. La République française, telle qu'elle a été mythifiée à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle prétend dépasser les communautés dans une religion de substitution. Mais dès l'Ancien régime, on parlait de « républiques » pour désigner les communautés régionales. On peut tout à fait définir la République comme « communauté ». Henri IV et François 1er parlaient de « République française ». Maurras parlera dans le même sens de la « République de Martigues ». Mais un autre usage du mot « république » est celui qui le lie à la souveraineté. C'est le sens que lui donnait Jean Bodin en 1576 dans son livre Les Six livres de la République. Il définit la république par la souveraineté, et l'identifie à l'État, c'est-à-dire l'appareil qui s'exerce sur une population définie dans un lieu donné, par un pouvoir souverain, c'est-à-dire qui n'a personne au-dessus de lui. C'est dans ce double sens, de communauté ou de souveraineté, qu'on l'a utilisé jusqu'à la Révolution, et sa mythification en religion de substitution.

    Vous dites que le mot « républicain » paralyse actuellement le débat public. Vous parlez même d'archaïsme castrateur. Pourquoi ?

    On parle d'« exception française ». On devrait plutôt parler d'une forme d'« autisme républicain ». On utilise ce mot en refusant de prendre en compte le fait qu'on ne sait pas ce qu'il veut dire, en s'interdisant de voir le reste du monde (où la monarchie britannique est plus garante des droits et des libertés que la République de Corée), et en oubliant qu'il y a eu une France avant la République. Charles Péguy l'avait bien compris, qui tentait de faire comprendre que la France n'était pas née le 14 juillet 1789, et encore moins le 22 septembre 1792 (date de proclamation de la République). Ce qu'exprime sa formule devenue célèbre « La République, notre royaume de France ».   

    9782204105439-5617d14d3d0a1.jpgFrédéric Rouvillois est professeur de droit public et écrivain. Il a publié de nombreux ouvrages sur l'histoire des idées, notamment L'Invention du progrès, aux origines de la pensée totalitaire (CNRS Éditions, 2010), ainsi que des essais sur la politesse, le snobisme et les institutions, et plus récemment Une histoire des best-sellers (Flammarion, 2011) et Crime et utopie, une nouvelle enquête sur le nazisme, a été publié chez Flammarion. Son dernier livre Être (ou ne pas être) républicain est publié aux Editions du Cerf (240 p, 14 euros). 

    Entretien réalisé par Eugénie Bastié