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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Le Nationalisme intégral.

    Ce texte qui n’a pas pris une ride, trou­vé sur le site : « Maurras.net » date de 1908 et bien qu’écrit dans un contexte de ten­sion six ans avant la grande guerre , ou plu­tôt à cause de cela, doit ins­pi­rer aux mili­tants actuels qui peuplent à nou­veau nos cercles et per­ma­nences, une pro­fonde et saine réflexion sur l’état d’esprit de l’Action fran­çaise,depuis sa créa­tion, qui reste inchan­gé. (NDLR)

    Obs­cu­ré­ment, mais patiem­ment, avec la per­sé­vé­rance de la pas­sion, voi­là bien des années que l’Ac­tion fran­çaise tra­vaille : elle n’a jamais ces­sé de redire qu’elle s’a­dresse au Peuple fran­çais tout entier. 

    Elle l’a dit dans sa Revue. Elle l’a ensei­gné dans son Ins­ti­tut. Elle l’a crié dans ses réunions et sur ses affiches. En tête du jour­nal des­ti­né à pro­pa­ger quo­ti­dien­ne­ment sa pen­sée, l’Ac­tion fran­çaise a le devoir de répé­ter qu’elle n’a jamais fait appel à un par­ti. Vous sen­tez-vous Fran­çais ? Trai­tons des affaires de France au point de vue des seuls inté­rêts du pays. Voi­là le seul lan­gage que nous ayons tenu. Ce sera notre lan­gage de tous les jours. Il ne s’a­git pas de mettre en avant nos pré­fé­rences per­son­nelles, nos goûts ou nos dégoûts, nos pen­chants ou nos volon­tés. Nous pre­nons ce qu’il y a de com­mun entre nous — la patrie, la race his­to­rique — et nous deman­dons au lec­teur de se pla­cer au même point de vue fraternel. 

    Ni les rangs sociaux, ni la nuance poli­tique ne nous importent. La véri­té se doit d’a­van­cer dans tous les milieux. Nous savons qu’il y a par­tout du patrio­tisme et que la rai­son peut se faire entendre par­tout. Quelles que soient les dif­fé­rences des mœurs ou des idées, il existe des prin­cipes supé­rieurs et des com­mu­nau­tés de sen­ti­ment plus pro­fondes : là dis­pa­raît l’i­dée de la lutte des classes ou de la lutte des par­tis. Toutes nos conclu­sions poli­tiques dérivent de ce prin­cipe fon­da­men­tal : il faut que notre France vive, et de cette ques­tion posée non point par nous mais par les cir­cons­tances : com­ment la pré­ser­ver de toutes ces forces de mort ?  #

    Assu­ré­ment, comme nos cama­rades de la presse natio­na­liste et conser­va­trice, nous mène­rons de notre mieux la guerre à l’a­nar­chie. Si tout patriote fran­çais nous est ami, si toute idée sérieuse nous paraît digne d’exa­men et de dis­cus­sion, nous ne ferons aucun quar­tier aux idées, aux hommes, aux par­tis qui conspirent contre l’in­té­rêt du pays. Vive l’u­ni­té natio­nale ! Péris­sent donc tous les élé­ments divi­seurs ! Nous n’é­par­gne­rons ni cette anar­chie par­le­men­taire qui annule le pou­voir en le divi­sant, ni l’a­nar­chie éco­no­mique dont l’ou­vrier fran­çais est la plus cruelle vic­time, ni l’a­nar­chie bour­geoise qui se dit libé­rale et qui cause plus de mal­heurs que les bombes des libertaires. 

    Nous com­bat­trons, comme nous le fîmes tou­jours, cette anar­chie cos­mo­po­lite qui remet à des étran­gers de nais­sance ou de cœur le gou­ver­ne­ment de la France, l’a­nar­chie uni­ver­si­taire qui confie l’é­du­ca­tion des jeunes fran­çais à des maîtres bar­bares, les­quels, avant d’en­sei­gner par­mi nous, devraient eux-mêmes se polir au contact de la civi­li­sa­tion, de l’es­prit et du goût de la France. Nous mon­tre­rons dans la clar­té qui suf­fit à leur faire honte, les plaies d’a­nar­chie domes­tique, tuant l’au­to­ri­té des pères ou l’u­nion des époux, et, la pire de toutes, l’a­nar­chie reli­gieuse achar­née à dis­soudre l’or­ga­ni­sa­tion catho­lique ou ten­tant de refaire contre l’É­glise une uni­té morale en la fon­dant sur des Nuées. 

    Allons au fond du vrai : parce que, au fond, ce qui nous divise le plus est le régime répu­bli­cain et parce que cet élé­ment divi­seur par excel­lence est aus­si celui qui orga­nise, qui règle et qui éter­nise l’ex­ploi­ta­tion du pays qu’il a divi­sé, l’Ac­tion fran­çaise appelle tous les bons citoyens contre la République. 

    Mais, dit-on, quelques-uns croient encore à la Répu­blique. — Pos­sible : ils se font rares. Ces der­niers croyants per­dront vite leur foi dès qu’ils nous auront accor­dé quelques minutes de l’at­ten­tion et de la réflexion qu’un élec­teur doit accor­der à la chose publique. Sans y pas­ser huit heures par jour, comme Louis XIV, tout Fran­çais intel­li­gent com­pren­dra bien que ce qu’il y a de mieux à faire est de don­ner sa démis­sion de sou­ve­rain et de se déchar­ger des besognes d’É­tat sur quel­qu’un de plus apte et de plus com­pé­tent. L’é­vi­dence lui fera dire, comme à l’un des plus grands amis de l’Ac­tion fran­çaise : « quand je songe que j’ai été répu­bli­cain, je me battrais. » 

    Ce regret si noble est d’un ancien radi­cal qui lut­ta contre le second Empire et la poli­tique du maré­chal 1. Et nous pour­rons citer des regrets du même ordre éma­nant d’an­ciens libé­raux, ou d’an­ciens col­lec­ti­vistes, ou d’an­ciens démo­crates plé­bis­ci­taires. Ne les appe­lez pas conver­tis de l’Ac­tion fran­çaise : ils sont des conver­tis du bon sens fran­çais. Nos véri­tés poli­tiques ne sont tirées d’au­cun fonds d’i­ma­gi­na­tion qui nous soit per­son­nel. Elles vivent dans l’âme de nos audi­teurs et de nos lec­teurs. La seule chose dont on puisse se pré­va­loir ici, c’est d’a­voir obli­gé le lec­teur patriote à décou­vrir au fond de ses propres pen­sées et de ses propres sen­ti­ments éle­vés au maxi­mum de la conscience lucide… — Quoi donc ?  — La néces­si­té d’un recours au Roi.

    Qui veut bien quelque chose en veut la condi­tion. La condi­tion de ce qu’on veut quand on réclame le res­pect de la reli­gion, ou la paix sociale, ou la res­ti­tu­tion de la France aux Fran­çais, cette condi­tion préa­lable, c’est le Roi. Pas de Roi, pas de puis­sance natio­nale, pas de garan­tie pour l’in­dé­pen­dance de la nation. Pas de Roi, pas d’an­ti-maçon­nisme effi­cace, pas de résis­tance à l’é­tran­ger de l’in­té­rieur, pas de réformes bien conduites ni sérieu­se­ment appliquées. 

    C’est en cela pré­ci­sé­ment que réside le natio­na­lisme inté­gral. Il met en ordre les pro­blèmes fran­çais, il per­met de les com­prendre, et ce qu’ils peuvent offrir de contra­dic­toire sans lui s’ac­corde en lui par­fai­te­ment ; par exemple, un Pou­voir cen­tral très fort et des Villes, des Pro­vinces, des Cor­po­ra­tions entiè­re­ment libres, au lieu de se détruire comme en Répu­blique, se prêtent un appui réci­proque et se conso­lident par l’o­pé­ra­tion de la monarchie. 

    C’est un fait ; nous le ferons voir. Mais c’est un autre fait que beau­coup de gens en sont frap­pés. C’est un troi­sième fait que, en tout temps, nos Princes, du fond de leur exil, ont sen­ti cet accord et l’ont ins­crit dans leur pro­gramme, qui n’a pas été fait pour les besoins de nos polé­miques de 1908. Nos que­relles du mois cou­rant seraient réglées par l’ap­pli­ca­tion d’un prin­cipe posé, posé voi­ci dix, vingt ou qua­rante ans, dans une lettre du comte de Cham­bord, du comte de Paris ou de Mon­sei­gneur le duc d’Orléans. 

    Les Fran­çais à qui cette évi­dence devien­dra claire feront hon­neur à la viva­ci­té d’es­prit de leur race. Ensemble, diront-ils, nous avons fait une sot­tise noire en nous sépa­rant de nos Rois : puisque rien de sérieux ne sau­rait se faire sans eux, le plus simple est de nous dépê­cher de les rap­pe­ler, et avec eux, de nous remettre le plus tôt pos­sible au travail. 

    À ce lan­gage de bon sens, on n’ob­jecte que la pru­dence des timides, ceux qui tremblent que la monar­chie ne signi­fie « pour le public » le gou­ver­ne­ment des nobles et des curés (simple sot­tise de pri­maires), ou ceux qui (moins igno­rants et plus impru­dents) savent com­bien ce pré­ju­gé est faux, mais qui en craignent la puis­sance. Nous ne crai­gnons, pour notre part, aucune puis­sance d’er­reur. Notre devoir est de les réduire l’une après l’autre en leur oppo­sant l’é­vi­dence. Mais une évi­dence mili­te­ra, dès l’a­bord, en notre faveur : c’est le recru­te­ment du per­son­nel de l’Ac­tion française. 

    Ceux que le natio­na­lisme inté­gral ral­lia nous sont venus de toutes les classes et de tous les mondes. Ces hommes qui, depuis des années, tra­vaillent, sans un désac­cord, à la même œuvre de recons­ti­tu­tion natio­nale, sont le pro­duitsd’é­du­ca­tions et de milieux aus­si dif­fé­rents que les Jésuites et la Sor­bonne, le bar­reau et l’ar­mée, l’Union pour l’Ac­tion morale et la Gazette de France. On pour­rait dire qu’ils ne s’ac­cordent sur rien, hors de la poli­tique, et que, en poli­tique, ils s’ac­cordent sur tout. Car non seule­ment leur poli­tique éco­no­mique ou mili­taire, mais leur poli­tique morale, leur poli­tique reli­gieuse est une. On a remar­qué, dans leurs rangs, des hommes étran­gers à la foi du catho­li­cisme. On n’en signale pas un seul qui n’ait mille fois décla­ré que la poli­tique reli­gieuse de notre France est néces­sai­re­ment catho­lique et que le catho­li­cisme fran­çais ne peut être sou­mis à un régime d’é­ga­li­té banale, mais y doit être hau­te­ment et res­pec­tueu­se­ment pri­vi­lé­gié. De sorte que l’ac­cord intel­lec­tuel et moral déter­mi­né par le natio­na­lisme inté­gral de l’Ac­tion fran­çaise peut être envi­sa­gé tout à la fois comme le der­nier mot de la tolé­rance et comme le triomphe du Syllabus. 

    Et ces deux aspects ne sont pas contra­dic­toires. Nous appor­tons à la France la Monar­chie. La Monar­chie est la condi­tion de la paix publique. La Monar­chie est la condi­tion de toute renais­sance de la tra­di­tion et de l’u­ni­té dans notre pays. C’est pour l’a­mour de cette uni­té, de cet ordre, que com­mence aujourd’­hui notre guerre quo­ti­dienne au prin­cipe de la divi­sion et du mal, au prin­cipe du trouble et du déchi­re­ment, au prin­cipe républicain. 

    À bas la Répu­blique ! et, pour que vive la France, vive le Roi ! 

    Hen­ri Vau­geois,
    Léon Dau­det,
    Charles Maur­ras,
    Léon de Mon­tes­quiou,
    Lucien Moreau,
    Jacques Bain­ville,
    Louis Dimier,
    Ber­nard de Vesins,
    Robert de Bois­fleu­ry,
    Paul Robain,
    Fré­dé­ric Dele­becque,
    Mau­rice Pujo.1. Patrice de Mac Mahon. (n.d.é.)

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Dans notre Éphéméride de ce jour... : la Commune de Paris

    1871 : Début de la Commune de Paris

     

    De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre XXI, La Troisième République

    1AAAAAAA.jpg"...Parmi les conditions que Bismarck (ci contre) avait posées, il en était une qui était grave, et c'était la seule qui ne lui rapportât rien. Il avait exigé pour les troupes allemandes une entrée solennelle dans Paris. Rien n'était plus propre à surexciter les Parisiens, après les souffrances et l'énervement du siège, dans le trouble dont était frappée la vie de cette immense cité. L'explosion révolutionnaire qui s'y préparait était mêlée de beaucoup d'éléments. L'humiliation du défilé, bien que limité aux Champs-Élysées et d'une durée de quelques heures seulement, compta parmi les causes de la Commune. Presque tous les députés de Paris avaient voté contre la paix. Paris était pour la République, pour la guerre révolutionnaire. Paris était hostile à cette Assemblée de "ruraux" dont les sentiments conservateurs et pacifistes étaient si différents des siens. Les traditions de 1793, les souvenirs de 1830 et de 1848 n'avaient pas disparu : les débuts de Delescluze, un des chefs de la Commune, dataient des journées de Juillet.

    La Révolution "patriote" s'associait d'ailleurs bizarrement à l'Internationale socialiste, la vieille conception jacobine de la Commune à des idées de fédéralisme communal fort éloignées de la République une et indivisible. Le fonds général, c'était l'esprit d'émeute dans une population qu'on avait armée pour le siège et qui avait gardé ses armes, parce que le gouvernement n'avait eu ni la volonté ni la force de les lui enlever.

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    Le déroulement chronologique de la Semaine sanglante...

     

    L'insurrection que l'on voyait venir commença le 18 mars lorsque l'ordre eut été donné de reprendre les canons de la garde nationale. Mais une autre circonstance s'était produite et elle donne à ces événements une curieuse ressemblance avec ceux de la Révolution. L'Assemblée, d'abord réunie à Bordeaux, avait décidé de siéger, non dans la capitale dont l'agitation était redoutée, mais à Versailles, comme les États généraux de 1789. On avait même proposé Bourges ou Fontainebleau.

    Cette marque de méfiance fut interprétée à Paris comme l'annonce d'une restauration ou d'un coup d'État. Une grande partie des gens paisibles 1AAAAA.jpgavait déjà quitté la ville, remplie d'une masse oisive et armée où affluaient aussi des aventuriers de toute sorte. Quant aux forces régulières, il était inutile de compter sur elles pour maintenir l'ordre. Elles existaient à peine et leur esprit était mauvais : celles qui furent envoyées à Montmartre pour reprendre les canons (ci contre ) fraternisèrent avec la foule et abandonnèrent le général Lecomte, fusillé quelques heures plus tard avec un ancien général de la garde nationale, Clément Thomas. Alors éclata ce qui couvait depuis longtemps. Après quelques jours d'incertitude et de confusion, l'insurrection prit forme par la création d'un gouvernement de la Commune qui rompit avec celui de Versailles. Ce n'était plus une émeute. C'était la guerre civile et plus grave qu'aux journées de Juin.

    La Commune a singulièrement frappé les esprits. Elle a laissé une horreur profonde. C'est elle cependant qui a consolidé le régime républicain, d'abord, comme nous l'avons déjà dit, parce que la République se montra capable de rétablir l'ordre, ensuite parce que, dès les premiers symptômes de l'insurrection, qui avaient paru également dans quelques grandes villes, Thiers avait cessé de ménager la droite, s'étant convaincu que la République était nécessaire pour calmer les esprits. Tel était le vrai sens de son mot : "La République est le régime qui nous divise le moins."

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    Adolphe Thiers photographié par Nadar 

     

    En attendant, il fallait battre les insurgés. Thiers, s'inspirant des leçons de l'histoire et de l'expérience de la réaction européenne en 1848, notamment de la méthode employée à Vienne par le général Windischgraetz, avait résolu de livrer Paris aux révolutionnaires pour les y enfermer et les y écraser ensuite. Ce plan réussit, parce que l'insurrection avorta dans les autres grandes villes et parce que la France voulut la répression et la soutint. Il y fallut deux mois pendant lesquels Paris connut une nouvelle Terreur par l'exécution ou le massacre des otages, au nombre desquels se trouva l'archevêque de Paris. Le 21 mai seulement, après un véritable siège, les Versaillais entrèrent dans la capitale. Pendant une semaine encore, la semaine sanglante, les fédérés, les communards furent refoulés de quartier en quartier, tandis qu'ils allumaient des incendies pour arrêter les soldats, brûlaient les Tuileries (ci dessous), l'Hôtel de Ville, laissant croire que la révolution détruirait Paris plutôt que de se rendre. Dans les deux camps, l'acharnement fut extrême.

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    Voir notre Éphéméride du 17 mai, sur la terrible prédiction de Louise Michel : "Paris sera à nous, ou n'existera plus !..."; mais aussi l'Éphéméride du 13 décembre, où l'on rend hommage à l'héroïsme de Martian de Bernardy et de tous ceux qui, avec lui, sauvèrent les collections du Louvre de la folie barbare des révolutionnaires...

     

     

    La rigueur de cette répression n'avait jamais été égalée. Il y eut dix-sept mille morts, des exécutions sommaires, plus de quarante mille arrestations. Les conseils de guerre prononcèrent des condamnations jusqu'en 1875. Quelques chefs de la Commune furent exécutés, d'autres déportés, parmi lesquels Rochefort. Et, loin de nuire à la République, cette sévérité la consolida. Elle apparut comme un régime à poigne, un régime d'autorité, qui avait renversé la règle de 1789, de 1830, de 1848, qui n'avait pas admis que Paris imposât une révolution à la France..."

     

     

    Alors, que penser de "La Commune" ?...

     

     

    • Pour Maurras, "La Commune" fut une des premières tentatives d’union des forces révolutionnaires de droite et de gauche en vue d’un syndicalisme à la fois socialiste et nationaliste…

           

    Voilà donc le(s) paradoxe(s) de la Commune :  à côté de révolutionnaires qui se plaçaient dans la droite ligne de ceux de 93, on trouvait des représentants des vrais socialistes français, héritiers de Proudhon. Or les bourgeois versaillais traitaient dédaigneusement de "Communards" la totalité de leurs adversaires, englobant indistinctement dans leur même détestation tous les tenants de la Commune, alors que certains incarnaient une tradition politique qui, comme l’a rappelé Alain de Benoist, "impliquait à la fois le refus de l’exploitation du travail, de l’égoïsme prédateur et du nihilisme jouisseur, en même temps qu’un certain conservatisme moral, le sens de l’honneur et de la parole donnée, le goût de la loyauté, de l’entraide et de la solidarité".

    Une telle conception, forgée dans les luttes contre la bourgeoisie – grande bénéficiaire de la révolution - et héritière du Compagnonnage,  transcendait le clivage artificiel gauche-droite, conçu pour couper les peuples en deux – pour le plus grand profit des usuriers cosmopolites...

    1AA.jpgD’où l’indulgence de Maurras – qui aurait souhaité plus de discernement… - pour cette troupe qui ne méritait pas l’écrasement ; et dans laquelle il voyait "une des premières tentatives d’union des forces révolutionnaires de droite et de gauche en vue d’un syndicalisme à la fois socialiste et nationaliste"

    Éric Zemour, à propos de la Commune, dans son livre Mélancolie Française, écrit, un peu dans un même esprit, les lignes suivantes :

    "...Après Sadowa, Napoléon III vit le danger et réclama le retour de la conscription. Le Corps Législatif lui refusa, avec une véhémence que permettaient les libertés récentes octroyées par "l’Empire libéral" et la faiblesse d’un empereur malade, les moyens d’affronter à armes égales la machine de guerre que Bismarck s’apprêtait à lancer sur des chemins de fer flambant neuf.

    Le "tyran" se révéla moins puissant qu’un premier ministre anglais. Il y perdrait son trône. Les républicains, ceux-là mêmes qui l’avaient empêché au Corps Législatif de défendre le pays, lui succédèrent. Tenteraient une dernière fois de "chausser les bottes de 1792"..."

    1A.jpgEn vain. Jusqu’en 1914, la IIIème république ne pourra faire oublier son pêché originel : avoir été portée sur les fonds baptismaux par le chancelier Bismarck. Des décennies plus tard, dans La Grande Peur des bien-pensants, Georges Bernanos, impitoyable, évoquera encore ces liens troubles entre Bismarck, la défaite française et l’avènement de la république :

    "Il est sûr que la capitulation de Sedan fit la fortune du parti républicain. On se rappelle le cri fameux : "les armées de l’empereur sont battues". Alors, "ces parvenus du 4 septembre ne virent pour eux de salut que dans un véritable soulèvement de la passion nationale, une sorte de guerre d’indépendance, à l’espagnole, où le nouveau régime trouverait sa consécration."

    Bernanos n’avait rien oublié ni pardonné : "lorsque ce résultat leur parut atteint et qu’ils se trouvèrent face à face, devant les barricades de la Commune, avec ce même peuple qu’une prodigieuse mise en scène avait fini par prendre aux entrailles, ils le rafraîchirent avec du plomb".            

    Zemour nous offre, ainsi, en prime, du grand Bernanos !  

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse de lafautearousseau...

    Dans Le Point : cette affaire de corruption qui fait tanguer la très riche Mairie de Martigues... et, accessoirement, si l'on peut dire, nous ramène à Charles Maurras, ostracisé dans sa propre ville, comme "interdit d'existence", par le biais de sa Maison, qu'il a pourtant léguée à sa ville, et qui est, comme lui, "interdite d'accès".

    Maurras, injustement, hypocritement ostracisé...

    https://www.lepoint.fr/faits-divers/a-martigues-une-affaire-de-corruption-fait-tanguer-la-municipalite-26-08-2022-2487427_2627.php

    Nous n'allons pas, ici, entrer dans le détail de cette affaire, qui nous importe assez peu, et que Justice et Police tenteront de démêler : il y a toujours eu des "affaires", depuis que le monde est monde, il y en avait hier, sous les Rois, leur nombre s'est considérablement accru sous la République idéologique, mais il y en aura encore demain si, d'aventure, et comme nous le souhaitons, Jean IV monte sur le trône...

    Par contre, nous allons profiter de cette "affaire" pour amplifier, si possible, notre protestation quotidienne contre l'ostracisme scandaleux, l'interdit insensé jeté, à Martigues, sur la très belle Bastide du Chemin de Pardis, la maison de Maurras.

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    Ce très beau monument civil de la Ville (l'un des plus beaux) est tout simplement fermé à tous depuis des années ! Où voit-on cela ? Quelle commune ignore-t-elle à ce point son patrimoine, et le laisse se dégrader lentement, rongé de l'intérieur par l'humidité (pierres et poutres) "jusqu'à ce que mort s'ensuive" : mort par écroulement, tout simplement.

    La thèse officielle, qui - bien évidemment - ne tient pas est que Maurras est "M. le Maudit", car la doxa lui reproche deux choses, et déclare donc qu'il faut l'effacer des mémoires : "Damnatio memoriae" ! :

    • son collaborationnisme pendant la deuxième Guerre;

    • son antisémitisme;

    Plus personne ne reprend sérieusement la première accusation, aussi aberrante que ridicule (ou l'inverse, comme on voudra...);

    Par contre, au nom de la seconde, la Mairie maintient, d'une façon haineuse et sectaire, mais surtout profondément stupide, sa volonté d'effacer de fait la mémoire de Maurras, en commençant par interdire tout pélerinage ou simple visite du lieu où il est né et a vécu.

    Cette attitude est insensée, et intenable. Elle est aussi devenue grotesque.

    Quand on sait où se trouve l'antisémitisme aujourd'hui, il serait en effet presque risible de faire le parallèle entre cette accusation portée par une Mairie officiellement PCF et ce même PCF membre de la NUPES, elle-même chapeautée par LFI, dont l'électorat musulman militant (70% des musulmans ont voté Mélenchon) pratique ouvertement un antisémitisme de fait aussi débridé que décomplexé : en témoigne (un exemple entre mille !...) la récente invitation du travailliste Corbyn - antisémite furieux et, pour cette raison, exclu de son parti - par deux élues LFI...

    La première accusation derrière laquelle "on" se retranchait pour ostraciser/effacer Maurras est, donc, tombée depuis bien longtemps; la seconde - qui ne "tenait" pas d'avantage - tombe de toutes les façons d'elle-même, aujourd'hui, quand on voit comment c'est la gauche et l'extrême-gauche (dont le PCF, volens nolens, allié/affilié à la Nupes) qui "pratique" l'anti-sémitisme, "au niveau de sa base", comme on dit dans le jargon...

    Comme nous l'avons dit au début, l'affaire actuelle "qui fait tanguer la Mairie" ne nous intéresse donc pas, en tant que telle, puisqu'elle relève de la Police et de la Justice. Nous saisissons simplement l'occasion pour rappeler aux dirigeants de la Ville le proverbe africain bien connu : "Quand le singe monte au cocotier, il faut qu'il ait les fesses propres !" 

    Alors, assez de moraline, messieurs de la très riche Mairie de Martigues, et commencez donc par balayer devant votre porte, où les immondices s'accumulent, avant de donner des leçons (hypocrites) à la terre entière...

    Puis, rendez aux Martégaux, à tous les Français, à tous ceux qui sont épris de culture, l'accès à cette magnifique Bastide, en commençant par la restaurer à fond, ce qui coûtera cher, vu l'état de délabrement avancé dans lequel vous l'avez laissé tomber...

    Tant que cela ne sera pas fait, nous continuerons notre campagne calme ("force tranquille", aurait dit... Mitterand !) en protestant quotidennement contre un état de fait qui ne peut plus, ne doit plus durer :
     
     
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    1. La situation à l'École ? "Elle était alarmante, elle devient effrayante..." avec l'arrivée d'ne culture qui est "hostile à la nôtre". D'accord avec Jonathan Siksou :

    "La situation était alarmante, elle est désormais effrayante. On subit une certaine conséquence du multiculturalisme. Avec le salafisme, on ne parle pas d’une culture différente, mais d’une culture hostile à la nôtre" 

    (extrait vidéo 1'27)

    https://twitter.com/CNEWS/status/1563523051228041217?s=20&t=Tdhu2m2YoNZIRSxc1Z2ZqA

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    2. La vérité sur la dette de la France, et sur les vrais "responsables et coupables" de cette dette abyssale : les maîtres du Pays légal, du Système, qui ruine et déclasse la France; qui la tue à petit feux...

    (extrait vidéo 1'38)

    https://twitter.com/polactus/status/1563588394097455105?s=20&t=YU3DTQfutHoNJOwpAmSYjw

     

    3. L'Union pour la Réintégration des Soignants  communique :

     
    "Il est essentiel de soutenir les #PompiersSuspendus et #SoignantsSuspendus  Ces personnes ont toujours été là lorsque nous avions besoin d'elles, à nous maintenant de soutenir leur cause et de faire monter ces # en tendances  Abonnez-vous sur Twitter, soutenez-nous"

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    3 BIS. À ce propos, et c'est à noter : la mobilisaiion et la protestation payent ! Le soutien aussi ! Le Tribunal de Basse Terre vient d'ordonner au CHU de Guadeloupe de ré-intégrer les Soignants suspendus, avec effet rétroactif depuis octobre 2021.

    Les soignants concerné tienront une conférence de presse ce lundi 29 Août...

    Les personnels de santé pourront «s'orienter vers un nouveau métier» via une «cellule d'accompagnement et de reconversion professionnelle», a indiqué le ministère des Outre-mer.
     

    5. Trouvé sur tweeter, pas mal...

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    5 BIS. ...Celle-ci non plus, n'est pas mal...

  • GRANDS TEXTES (30) : Napoléon, par Jacques Bainville

    Voici les dernières lignes du dernier chapitre du Napoléon  de Jacques Bainville.

    "A égale distance de tout parti pris, nous avons essayé d'écrire son histoire naturelle... Nous voudrions - écrit-il dans son Avant-propos - comprendre et expliquer la carrière de Napoléon Bonaparte, en établir l'enchaînement, retrouver les motifs qui l'ont poussé, les raisons qu'il a pu avoir de prendre tel parti plutôt que tel autre. Nous avons tenté de discerner les causes générales et particulières d'une fortune qui tient du prodige et d'évènements qui semblent forgés par un conteur oriental...".

    Comprendre et expliquer, plutôt que d'accorder une place prépondérante au récit des évènements - en l'occurrence, pour Napoléon, les batailles... : tout Bainville est là.

    Comme dans ses autres livre majeurs : L'Histoire de France, L'Histoire de deux peuples, continuée jusqu'à Hitler, La troisième République, Les conséquences politiques de la paix, Bismarck...  

    On verra une fois de plus, dans ces quelques pages qui clôturent son Napoléon, comment Bainville, selon le mot si juste du Duc de Levi-Mirepoix "...faisait, à la fois, de l’histoire un théorème par la logique de la pensée et une oeuvre d’art par la pureté de son style" (duc de Lévis Mirepoix, discours de réception a l’Académie, éloge de Maurras).

            En Annexe, la "brochure" de Chateaubriand, De Buonaparte et des Bourbons, et de la nécessité de se rallier à nos princes légitimes pour le bonheur de la France et celui de l'Europe 

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    "...S'il n'était que le soldat heureux devenu roi, il serait un entre mille. L'Empire romain, le monde asiatique regorgent de cas comme le sien. Mais le sien est unique aux temps modernes et sous nos climats. Un officier d'artillerie qui, en quelques années, acquiert plus de puissance que Charlemagne et coiffe la couronne de Charlemagne, de telles étapes brûlées à toute vitesse, ce phénomène parut, à juste titre, prodigieux au siècles des lumières, dans une Europe rationaliste, en France surtout, où les débuts des autres "races" avaient été lents, modestes, difficiles, où les anciennes dynasties avaient mis plusieurs générations à se fonder. Les contemporains de Napoléon n'étaient pas moins éblouis de la rapidité que de la hauteur de son ascension. Nous le sommes encore. Lui-même, en y pensant, s'émerveillait un peu bourgeoisement, quand il disait à Las Cases qu'il faudrait "des milliers de siècles" avant de "reproduire le même spectacle". 

    Un spectacle qu'il a regardé, lui aussi, quand il en a eu le temps. Il ne tirait pas vanité d'être un grand capitaine. La guerre - "un art immense qui comprend tous les autres" - il savait la faire comme on sait jouer aux échecs, "un don particulier que j'ai reçu en naissant", et il se flattait que ce ne fût pas sa seule faculté. Le pouvoir, il l'a aimé, mais "en artiste" - il tient au mot qui le définit si bien - et il ajoutait : "Je l'aime comme un musicien aime son violon". Le plus étrange est qu'on lui demande encore ce que, de son temps, "l'école du possible" lui reprochait déjà de ne pas donner. Pourquoi ne s'est-il pas modéré ? Pourquoi n'a-t-il pas été raisonnable ? On s'est fait, on persiste à se faire de Napoléon une idée si surhumaine qu'on croit qu'il dépendait de lui de fixer le soleil, d'arrêter le spectacle et le spectateur au plus beau moment.

     

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    2 avril 1810 : Napoléon épouse Marie-Louise d'Autriche. 17 ans auparavant, la Révolution a guillotinée Marie-Antoinette parce que Reine et "autrichienne"; et le Roi, parce que roi, alors qu'elle donne maintenant du "Sire" à Napoléon, son "sabre". Et le mariage est "catholique" : le 18 avril 1802, jour de Pâques, le nouveau "Sire" avait réuni dans la cathédrale Notre-Dame de Paris tous les dignitaires du régime pour un Te Deum solennel : c'était la première fois que la cathédrale était rouverte au culte, depuis la Terreur. Le général Delmas, a qui Napoléon demandait son avis sur la beauté de la cérémonie, lui répondit : "Il n'y manque que les 100.000 hommes qui se sont fait tuer pour supprimer tout cela..."

     

           

    Lui-même, qu'a-t-il été ? Un homme tôt revenu de tout, à qui la vie a tout dispensé, au-delà de toute mesure, pour le meurtrir sans ménagement. La première femme n'a pas été fidèle, la seconde l'a abandonné. Il a été séparé de son fils. Ses frères, ses soeurs l'ont toujours déçu. Ceux qui lui devaient le plus l'ont trahi. D'un homme ordinaire, on dirait qu'il a été très malheureux. Il n'est rien qu'il n'ait usé précocement, même sa volonté. Mais surtout, combien de jours, à sa plus brillante époque, a-t-il pu soustraire au souci qui le poursuivait, au sentiment que tout cela était fragile et qu'il ne lui était accordé que peu de temps ? "Tu grandis sans plaisir", lui dit admirablement Lamartine. Toujours pressé, dévorant ses lendemains, le raisonnement le conduit droit aux écueils que son imagination lui représente, il court au-devant de sa perte comme s'il avait hâte d'en finir.

    Son règne, il le savait, était précaire. Il n'a aperçu de refuge certain qu'une première place dans l'histoire, une vedette sans rivale parmi les grands hommes. Quand il analysait les causes de sa chute, il revenait toujours au même point : "Et surtout une dynastie pas assez ancienne." C'était la chose à laquelle il ne pouvait rien. Doutant de garder ce trône prodigieux, alors même qu'il ne négligeait rien pour le rendre solide, il reposait sa pensée sur d'autres images. Daru n'admettait pas que sa vaste intelligence se fût fait des illusions : "Il ne m'a jamais semblé qu'il eût un autre but que de ramasser, durant sa course ardente et rapide sur la terre, plus de gloire, de grandeur et de puissance qu'aucun homme n'en avait jamais recueilli." Mme de Rémusat confirme pour le sens religieux ce que disait Daru pour le sens pratique : "J'oserais dire que l'immortalité de son nom lui paraissait d'une bien autre importance que celle de son âme."    

     

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    Beaucoup ignorent, ou font semblant d'ignorer, que si Napoléon a pu faire ce qu'il a fait - militairement s'entend - c'est parce qu'il a disposé de l'excellent "outil" qu'était l'armée de la monarchie, et de ses avances technologiques : ici, le fameux canon de Gribeauval, qui donna à l'artillerie française de nombreuses années de large supériorité sur ses adversaires...

    Sans oublier, bien sûr, la démographie : la France était, à l'époque où il naissait un million d'enfants par an, la Chine de l'Europe : Napoléon n'a vécu et vaincu - jusqu'à ce qu'il perde tout - que par les réserves immenses accumulées sous les Rois et qu'il a dilapidées, lui qui se flattait, devant un Metternich consterné, d'avoir "trois cent mille hommes de rente..."...

     

          

    On a fait de Napoléon mile portraits psychologiques, intellectuels, moraux, porté sur lui autant de jugements. Il échappe toujours par quelques lignes des pages où on essaie de l'enfermer. Il est insaisissable, non parce qu'il est infini, mais parce qu'il a varié comme les situations où le sort le mettait. Il a été aussi peu stable que ses positions successives. Son esprit, qui était vaste, était surtout souple et plastique. Il avait des limites pourtant. Peut-être ne remarque-t-on pas assez que, fécond en prophéties, du reste contradictoires, Napoléon n'a prévu ni les machines ni le machinisme. Ses anticipations ne tiennent aucun compte du développement des sciences appliquées. Pour la guerre elle-même, il n'a pas songé à des engins nouveaux, il l'a faite avec les moyens, les instruments de Gribeauval et de Suffren. Ni le bateau à vapeur de Jouffroy, ni celui de Fulton n'ont retenu son attention.

    Grand lecteur d'Ossian, amateur de tragédies et du Discours sur l'histoire universelle, la mémoire garnie de vers qu'il s'applique à lui-même dans les occasions pathétiques, faiseurs de mots sur l'amour dont s'honoreraient Chamfort et Rivarol, son tour d'esprit est peut-être avant tout littéraire et, par là, un peu néronien. Cependant il se penche comme personne sur le détail des choses. Comptable méticuleux, il sait le nombre des caissons qu'il a dans ses parcs d'artillerie comme il sait la valeur de l'argent. C'est un maniaque du contrôle et de la statistique qui tient avant tout à l'exactitude. Mais des témoins sérieux rapportent qu'il affirmait volontiers des chiffres en l'air. Ainsi chacun de ses portraits est faux par quelque endroit et l'on peut lui faire tout dire parce qu'il a presque tout dit. On l'a appelé Jupiter-Scapin, on a répété le "comediante-tragediante" jusqu'à la fatigue.

    Mais il disait de lui-même qu'il n'y a pas loin du sublime au ridicule et, si l'on veut le prendre tout entier, ce n'est pas encore par ce côté-là. Ce n'est pas non plus par ses origines italiennes ou corses. S'il a eu une vendetta avec le duc d'Enghien, il n'en a pas eu avec Fouché ni bien d'autres qu'il a epargnés, fussent-ils Bourbons. Si l'on admet que, selon les moeurs de son île natale, il a été l'esclave du clan, on ne comprend plus qu'il ait excepté Lucien et Louis, ni que Louis et Lucien, nourris du même lait que leur frère, se soient retranchés de la tribu. Enfin s'il est proposé tant d'explications de Napoléon, s'il en est tant de plausibles, s'il est permis de le concevoir de tant de manières, c'est parce que la mobilité et la diversité de son esprit ont été égales à la variété, peut-être sans exemple, des circonstances de sa vie.

     

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    Dans le Mémorial de Sainte Hélène, Emmanuel Las Cases revient plusieurs fois sur les propos tenus par Napoléon sur le Bailli : "Oh ! pourquoi cet homme n’a-t-il pas vécu jusqu’à moi, ou pourquoi n’en ai-je pas trouvé un de sa trempe, j’en eusse fait notre Nelson, et les affaires eussent pris une autre tournure, mais j’ai passé tout mon temps à chercher l’homme de la marine sans avoir pu le rencontrer..."

     

     

           

    Sauf pour la gloire, sauf pour l' "art", il eût probablement mieux valu qu'il n'eût pas existé. Tout bien compté, son règne, qui vient, selon le mot de Thiers, continuer la Révolution, se termine par un épouvantable échec. Son génie a prolongé, à grands frais, une partie perdue d'avance. Tant de victoires, de conquêtes (qu'il n'avait pas commencées), pourquoi ? Pour revenir en-deçà du point d'où la République guerrière était partie, où Louis XVI avait laissé la France, pour abandonner les frontières naturelles, rangées au musée des doctrines mortes. Ce n'était pas la peine de tant s'agiter, à moins que ce ne fût pour léguer de belles peintures à l'histoire. Et l'ordre que Bonaparte a rétabli vaut-il le désordre qu'il a répandu en Europe, les forces qu'il y a soulevées et qui sont retombées sur les français ? Quant à l'Etat napoléonien, qui a duré à travers quatre régimes, qui semblait bâti sur l'airain, il est en décadence. Ses lois s'en vont par morceaux. Bientôt on sera plus loin du code Napoléon que Napoléon ne l'était de Justinien et des Institutes, et le jour approche où, par la poussée d'idées nouvelles, l'oeuvre du législateur sera périmée.

    Imaginatif, puissant créateur d'images, il sentait cette fuite des siècles. Las Cases lui demandait pourquoi, avec le réveille-matin de Potsdam, il n'avait pas emporté à Sainte-Hélène l'épée de Frédéric. "J'avais la mienne", répondit-il en pinçant l'oreille de son biographe et avec ce sourire qu'il rendait si séduisant. Il savait qu'il avait éclipsé le grand Frédéric dans l'imagination des peuples, qu'on répéterait son histoire, qu'on verrait ses portraits aux murs, son nom aux enseignes jusqu'à ce qu'il fût remplacé lui-même par un autre héros. Ce héros n'est pas venu. L'aventurier fabuleux, l'empereur au masque romain, le dieu des batailles, l'homme qui enseigne aux hommes que tout peut arriver et que les possibilités sont indéfinies, le démiurge politique et guerrier reste unique en son genre.

    Pour le développement de l'humanité, peut-être, dans la suite des temps, Ampère comptera-t-il plus que lui. Peut-être l'ère napoléonienne ne sera-t-elle plus qu'un bref épisode de l'âge qu'on appellera celui de l'électricité. Peut-être enfin, apparu dans une île du Levant pour s'éteindre dans une île du Couchant, Napoléon ne sera-t-il qu'une des figures du mythe solaire. Presque aussitôt après sa mort, on s'était livré à ces hypothèses et à ces jeux. Personne ni rien n'échappe à la poussière. Napoléon Bonaparte n'est pas protégé contre l'oubli. Toutefois, après plus de cent ans, le prestige de son nom est intact et son aptitude à survivre aussi extraordinaire que l'avait été son aptitude à régner.

    Quand il était parti de Malmaison pour Rochefort avant de se livrer à ses ennemis, il avait quitté lentement, à regret, ses souvenirs et la scène du monde. Il ne s'éloignera des mémoires humaines qu'avec la même lenteur et l'on entend encore, à travers les années, à travers les révolutions, à travers des rumeurs étranges, les pas de l'empereur qui descend de l'autre côté de la terre et gagne des horizons nouveaux.

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    1814 : les Cosaques campent sur les Champs-Elysées; ils y reviendront l'annnée suivante, après les funestes "Cent jours" :

    "Sauf pour la gloire, sauf pour l' "art", il eût probablement mieux valu qu'il n'eût pas existé. Tout bien compté, son règne, qui vient, selon le mot de Thiers, continuer la Révolution, se termine par un épouvantable échec. Son génie a prolongé, à grands frais, une partie perdue d'avance."

     

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    Annexe : Texte intégral de la "brochure" de Chateaubriand, "De Buonaparte et des Bourbons", publiée le 31 mars 1815

                 De Buonaparte et des Bourbons.....pdf

               

    "...L'avenir doutera si cet homme a été plus coupable par le mal qu'il a fait que par le bien qu'il eût pu faire et qu'il n'a pas fait....Il a plus corrompu les hommes, plus fait de mal au genre humain dans le court espace de dix années que tous les tyrans de Rome ensemble, depuis Néron jusqu'au dernier persécuteur des chrétiens....Né surtout pour détruire, Bonaparte porte le mal dans son sein...."

    Louis XVIII déclara que cette "brochure", comme l'appelait Chateaubriand, lui avait plus profité qu'une armée de cent mille hommes.... 

    Elle est divisée en trois parties: la première est de loin la plus longue (presque les deux tiers), la plus féroce et, disons-le, la plus réussie; elle traite "De Buonaparte et des Bourbons, et de la nécessité de se rallier à nos princes légitimes pour le bonheur de la France et celui de l'Europe."; la deuxième et la troisième parties -nettement plus courtes, donc- traitent respectivement "des Bourbons" et "des Alliés". 

     

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  • A DROITE TOUTE ?

    Pourquoi les jeunes sont passés à droite (une analyse du Figaro)

     

    Par François Marcilhac 

     

    500021990.jpgLe Reich pour mille ans, la société communiste universelle réalisant l’histoire, le village mondial l’abolissant — mais réaliser ou abolir l’histoire n’est-ce pas la même chose, puisque c’est refuser dans l’un et l’autre cas sa dimension tragique ? : les utopies sont destinées à mourir. 

    La première a disparu dans la catastrophe mondiale qu’elle avait engendrée ; la deuxième, qui ne tenait plus que par la rouille de sa propre corruption et de son propre mensonge, s’est effondrée sur elle-même, et déjà, celle qui se vante de lui avoir succédé, se fissure de toutes parts. Le XXIe siècle sera bien celui du retour de l’histoire, ou plus exactement, car elle ne s’est évidemment jamais absentée, celui du retour de la conscience pleine et entière que l’humanité ne peut pas échapper à l’histoire. L’ « Occident » avait inventé l’utopie, qui lui servit de prétexte pour apporter les Lumières à l’humanité et l’y asservir sous prétexte de l’émanciper : le reste du monde, tant qu’il ne put échapper à sa domination matérielle, fit semblant d’y croire. Avec, d’un côté, le reflux colonial, et, de l’autre, la disparition de l’enfer soviétique, le message occidental, dont le matérialisme millénariste s’était substitué à l’eschatologie chrétienne, s’est dissous : les nations ont partout repris leur droit. Les nations européennes sont évidemment les dernières à recouvrer le chemin de l’histoire, sclérosées qu’elle sont encore par cet ersatz d’utopie qu’est l’Union européenne. Mais le défi migratoire, la confrontation avec un islam bien concret, alors que les peuples européens avaient cru pouvoir réduire la religion à l’état d’ectoplasme, ou encore le retour des logiques nationales, dont la Russie donne un solide exemple, tout, aujourd’hui, concourt à ouvrir les yeux des Européens, notamment des Français.

    Dans Le Figaro du 25 septembre dernier, Natacha Polony se demande pourquoi Libé ou Le Monde s’en prennent avec une telle violence à des intellectuels pourtant de gauche qui constatent le retour du refoulé et en prennent acte, sans nécessairement s’en réjouir. Et de juger que « le crime de Michel Onfray, de Jacques Sapir ou de quelques autres intellectuels cloués au pilori porte un nom : le souverainisme ». Elle a raison de pointer cette haine du « peuple souverain » de la part d’une France oligarchique de gauche — « le libéralisme est de gauche » a récemment rappelé Emmanuel Macron — qui a toujours méprisé un peuple que le projet européen a l’immense avantage de neutraliser, englué qu’il serait dans ce que la philosophe Chantal Delsol caractérise comme une « idiotie » impardonnable aux yeux des cosmopolites : le désir d’enracinement. Mais il faut comprendre que le mythe du « peuple souverain » n’a été, lui-même, depuis la Révolution, que le mensonge derrière lequel l’oligarchie s’est dissimulée pour priver le pays réel de ses droits réels, le premier de ces droits — et le dernier visé — étant précisément celui de vivre dans une pays libre et souverain, c’est-à-dire indépendant. Il est amusant, à ce titre, que Natacha Polony écrive dans le journal qui n’est que le pendant « de droite » de Libé et du Monde : que je sache, Le Figaro, s’agissant notamment du « non » des Français au traité constitutionnel, a témoigné du même mépris que ses confrères « de gauche » pour le « peuple souverain », un mépris que nous avons le droit de qualifier de classe, les intérêts de l’oligarchie ignorant les frontières tant politiques que nationales.

    Le vrai crime de Michel Onfray, de Jacques Sapir ou encore de Christophe Guilluy se penchant sur la France périphérique, est précisément de commencer à s’apercevoir, contre leur propre tradition idéologique, à la faveur notamment, mais pas uniquement, d’une réalité migratoire qu’ils se mettent à interroger, que derrière un peuple souverain conceptuel, hors-sol, existe un peuple de chair, qui s’interroge, qui souffre, voire qui refuse sa disparition programmée. Et qui le traduit dans les urnes. D’autant que, contredisant les fausses niaiseries cosmopolites et renforçant la problématique liée à l’identité française, « l’attitude des migrants est d’autant plus troublante que ceux-ci semblent refuser l’intégration, et même manifester un certain mépris pour la population autochtone », remarque Vincent Tournier, politologue, dans Le Figaro du 24 septembre, commentant un récent sondage (Elabe pour Atlantico) selon lequel 35% des 18-24 ans se positionnent à droite et 17% seulement à gauche. En 2012, les jeunes s’étaient surtout portés sur François Hollande, qui, durant sa campagne, avait fait de la jeunesse la «  priorité  » numéro un de son quinquennat. Il est vrai que, une fois président, il en a été de son amitié pour la jeunesse comme de son inimitié pour la finance : trois ans après son élection, la finance est toujours au pouvoir et la jeunesse toujours au chômage. « Dans le même temps, les crispations sont très fortes au sujet de la place de l’Islam en France et ce n’est pas sans conséquences sur l’attachement aux racines ou à l’héritage judéo-chrétien de la France, davantage revendiqué qu’il y a quelques années », commente pour sa part le politologue Yves-Marie Cann (Atlantico, 23 septembre). Et ce au moment où d’autres intellectuels de l’établissement, comme Pierre Manent, dénoncent l’inanité de la laïcité et des valeurs républicaines pour répondre au défi existentiel auquel nous sommes confrontés.

    Ainsi cette droitisation de la France, voire cette droitisation de la droite, qui touche principalement la jeunesse, doit être analysée comme une lame de fond de la société, destinée à renverser les réflexes pavloviens que l’élite politique, intellectuelle et médiatique croyait définitivement ancrés chez les Français, notamment chez les jeunes qu’on avait pensés, par paresse intellectuelle, surtout depuis 1968, nécessairement de gauche et béatement « ouverts sur le monde » et à toutes les révolutions sociétales — ce qu’a contredit la jeunesse de La Manif pour tous. Parmi les politiciens, Sarkozy a été le premier à le comprendre mais également à trahir l’espérance d’un changement non seulement de discours mais aussi de politique. Car la « droite » n’a plus à offrir que des décennies de trahison morale et intellectuelle au profit d’une gauche conquérante qui l’avait à ses propres yeux ringardisée.

    A nous de révéler la contre-révolution spontanée que le mot maladroit de « droitisation » révèle derrière son masque politicien. Et de la répandre dans toutes les sphères de la société.

    François Marcilhac - L’Action Française 2000

     

  • Qui est Taha Bouhafs, condamné pour “injure publique à raison de l’origine” ?, par Marie d'Armagnac.

    Le 28 septembre 2021, le tribunal correctionnel de Paris a donc condamné le militant indigéniste Taha Bouhafs « pour injure publique à raison de l’origine » à l’encontre de Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat de police Unité SGP-FO. 

    1.jpgLe tribunal a estimé que Bouhafs s’était « volontairement fondé sur son origine (celle de Linda Kebbab), à laquelle il l’a réduite, pour l’assigner à une place peu valorisante, voire dégradante ». Frappé d’une amende de 1.500 euros et de 200 euros de dommages et intérêts à verser à la victime (qui annonce reverser la totalité à des œuvres sociales de la police), Taha Bouhafs va faire appel du jugement.

    Sur fond d’affaire Traoré

    Que s’est-il passé, le 2 juin 2020 ? Taha Bouhafs participe à la manifestation interdite « Justice pour Adama » organisée par le clan Traoré une semaine après la mort de George Floyd, aux États-Unis. La ficelle est grossière : rapprocher les événements américains et le mouvement Black Lives Matter des « violences policières » qui seraient commises par les forces de l’ordre françaises. Rappelons, à toutes fins utiles, qu’une expertise a exonéré la gendarmerie de toute responsabilité dans la mort d’Adama Traoré. Le lendemain, Linda Kebbab réagit en dénonçant ce rapprochement : « Le fond du problème, c’est cette affaire, avec cette jeune fille, la sœur d’Adama Traoré, dont je comprends la colère et la souffrance d’avoir perdu son frère, qui se saisit d’une affaire américaine qui n’a absolument rien à voir, ni dans son histoire, ni dans son fond, ni dans sa technicité. » En retour, Taha Bouhafs la qualifie « d’ADS, Arabe de service ». Linda Kebbab porte plainte pour injure publique à caractère raciste.

    L’audience, qui s’est tenue en juin dernier, a duré dix heures. Le Figaro en a fait un compte rendu très éclairant car il met en lumière les secousses telluriques qui traversent la société française : les Français d’origine immigrée maghrébine et nord-africaine et leur rapport avec la France. En clair, les assimilés pour qui la France est leur patrie et qu’ils veulent, à ce titre, servir, et ceux pour qui la France et toutes les institutions qui la représentent ne sont que des ennemis à combattre dont il faut se venger au nom d’une vision largement fantasmée de l’Histoire. Ainsi, Taha Bouhafs enfonce le clou au procès : « Linda Kebbab est une syndicaliste qui fait de la politique et utilise son origine pour invisibiliser le racisme dans la police. » Sans vergogne, les avocats de Taha Bouhafs renchérissent : « Monsieur Bouhafs parle de Madame Kebbab en tant que syndicaliste de police. Il n’a aucune animosité personnelle. Le problème, c’est qu’elle tient un discours qui utilise son origine pour protéger une institution raciste » (Me Arié Alimi). « Linda Kebbab a été mandatée pour fermer les yeux sur les actes racistes dans la police » (Me Yassine Bouzrou). Réponse de Linda Kebbab : « Vous êtes censé lutter contre le racisme mais vous assignez les gens » et clame, d’un ton définitif, « Je ne suis pas une indigène, je suis française ! »

    Deux grands-pères membres du FLN

    Âgé de 24 ans, Taha Bouhafs, arrivé en France à 4 ans, possède la double nationalité française et algérienne. Ses deux grands-pères étaient membres du FLN, sa famille ne lui a sans doute pas appris à aimer et servir la France. Quittant l’école à 16 ans, il s’engage tôt dans le militantisme politique : contre la loi El Khomri, contre Parcoursup, toutes les causes sont propices à la contestation. L’homme qui a filmé Alexandre Benalla frappant des manifestants le 1er mai 2018 « s’est d’abord fait remarquer en 2017 en tant que plus jeune candidat aux élections législatives, à 19 ans, sur une liste La France insoumise » à Grenoble, raconte Libération.  Il est battu mais « continue son engagement chez LFI, où il est souvent vu aux côtés des députés Eric Coquerel et Danièle Obono », poursuit Libération. Il est proche du Parti communiste, de la France insoumise et participe à toutes les mobilisations de l’extrême gauche. Auprès de CheckNews (Libération), Danièle Obono loue celui qu’elle considère «comme un ami, comme un camarade ; et pour son intervention publique comme un journaliste ». Le 20 avril 2018, en pleine évacuation par la police de la faculté de Tolbiac, on le voit tenter de forcer un cordon policier, puis injurier les forces de l’ordre. Dans son livre, Gardienne de la paix et de la révolte, Linda Kebbab raconte comment Bouhafs sur le plateau de Cyril Hanouna (C8) lui lance : « La révolte populaire sera toujours violente jusqu’à ce que vous (les policiers) tombiez ». La tirade ne choque personne sur le plateau, pas même un avocat de la Ligue des droits de l’homme présent ce jour-là, remarque Linda Kebbab.

    Proche du Comité Adama (en pour Adama Traoré), il participe à la manifestation contre l’islamophobie, en novembre 2019, aux côtés de Marwann Muhammad : il est la parfaite expression d’un islamo-gauchisme revendiqué. Celui qui se déclare « journaliste militant », « applique, sur les réseaux sociaux, les nouvelles modalités d’une agit-prop 2.0 particulièrement redoutable qui s’articule selon quatre phases : provocation – répression – victimisation – solidarité. Avec ses 41.300 abonnés Twitter (115 300 aujourd’hui, ndlr), les partages de ses tweets hyper-réactifs démultiplient l’effet de cette stratégie militante » peut-on lire sous la plume de Barbara Lefebvre, dans les colonnes du Figaro.

    Emporté par son zèle, il assure en avril 2018, lors d’une manifestation à l’université de Tolbiac, qu’un étudiant est dans un état grave et précise, sur Twitter, que « les CRS avaient épongé le sang pour ne laisser aucune trace ». Des faits vite démentis qui marqueront, pour de nombreux observateurs, son rapport aléatoire à la réalité. « Taha Bouhafs a tenté de faire redéfinir par la justice la notion de racisme en politisant l’audience, parfois proche du meeting indigéniste : les magistrats ont su garder le cap », déclarait à l’AFP Me Thibault de Montbrial, avocat de Linda Kebbab, à la sortie du tribunal. Est-ce véritablement un coup d’arrêt au racisme et à l’assignation à carcérale pratiqués par Bouhafs et consorts ? L’avenir le dira.

     

    Marie d'Armagnac

    Journaliste et auteur
  • Deux ou trois choses sur « La cause du peuple », de Patrick Buisson

     

    Mur-bleu gds.jpgHilaire de Crémiers et Jean-François Kahn ont été d'accord tous les deux pour louer l'ouvrage que nous vous avions déjà présenté ici-même, et au sujet duquel nous avons donné, le dimanche 18 décembre, une assez courte vidéo de 22', où Patrick Buisson s'exprime pour Boulevard Voltaire.

    C'est « un chef d’œuvre », écrit Jean-François Kahn ; et Hilaire de Crémiers affirme - avec raison - que « le commentaire s’élève jusqu’à la philosophie politique à laquelle sont malheureusement étrangers tous les protagonistes de ce mauvais drame. C’est une leçon. Au-delà de Bernanos et de Péguy, il y a du Maurras et du Bainville dans ce livre magistral. »

    C'est que ce livre ne se contente pas d'être une chronique historique, celle du quinquennat d'un président « ondoyant, fluctuant, versatile là où il eût fallu rigueur, constance et cohérence ». A ce sujet, on ne soulignera jamais assez l'importance (pour le pire) qu'a eue l'arrivée de Carla Bruni, bobo de gauche s'il en est, et incarnation de cette mouvance jusqu'à la caricature, dans les « cercles » de l'ex président : nous l'avons écrit, et c'est sans doute là que réside l'une des explications (bien sûr, pas la seule, ni même la principale) des changements entre le Sarkozy « d’avant » et celui « d’après » Carla Bruni...

    Chronique historique, ce livre est aussi un programme politique. C'est dans le « non » au référendum de 2005 - « non » à la Constitution européenne - que Patrick Buisson voit, et date, le réveil des classes populaires, oubliées et tenues pour rien par ce que l'on appelle - on se demande bien pourquoi - « les élites ». Avec Richelieu, Vergennes, Talleyrand... on pouvait parler d'élites. Pense-t-on, sans rire, que les actuels ministres des différents quinquennats puissent leur être comparés ? Si seul surnage un Hubert Védrine - pour ce qui est des Affaires étrangères - c'est bien parler par antiphrase que d'employer le terme « élite » pour les ministres qui conduisent, si mal, les affaires de la France. Finkielkraut a d'ailleurs relevé, avec raison, l'inculture ambiante et dominante... 

    Ce souci qu'ont les classes populaires de leur destin, cette certitude de le voir bafoué par les dirigeants, ce sursaut et cet intérêt pour la mémoire collective, ressentie par elles comme vitale et garante de la cohésion nationale : voilà ce qu'a saisi Patrick Buisson dès les premières années du XXIème siècle ; et ce qu'il aura tenté de faire partager à Nicolas Sarkozy. Parler de Jeanne d'Arc, poser au Mont Saint Michel, évoquer ce temps où « la France se couvre d'un blanc manteau d’églises » ... c'est aussi cela qui explique la vraie victoire de 2007, et le siphonage des voix du Front national. Comment, alors, en est-on arrivé à l'échec de 2012 ? C'est que le quinquennat a contredit bon nombre de ces promesses, et c'est là que l'on retrouve, sans aucun doute - même si c'est sans l'exagérer - l'action contraire à toutes ces idées de Carla Bruni, de son monde, de son milieu, de son influence. 

    Un exemple, cité par Patrick Buisson : la Manif pour tous, où il voit le clivage entre «la France qui défile » et « la France qui se défile », Nicolas Sarkozy et ses proches ne prenant aucune part à ce mouvement qui avait tout d'une lame de fond ; et qui, à ce titre, symbolisa parfaitement le divorce total entre les électeurs « de droite » (même si le mouvement ne pouvait être intégralement circonscrit à un parti, ni à une tendance...) et ceux qui, censément, les représentaient.

    « La droite qui défila s'insurgeait contre la tyrannie de ce nouveau Mammon libéral-libertaire... La droite qui se défila s'enfonçait, quant à elle, dans le relativisme moral, ne voyant aucun inconvénient à sous-traiter à la gauche le volet sociétal du libéralisme » : tout est dit...

    Curieusement, François Fillon - qui, lui non plus n'avait pas défilé, et s'était défilé, lors de LMPT - raflera, trois ans plus tard, les voix de cette France méprisée, lors de la récente primaire de la droite et du centre...

    « Et nunc, reges, intelligite, erudimini... » : et maintenant, rois, comprenez, instruisez-vous... 

    Patrick-Buisson-La-cause-du-peuple-240x352.jpg

    A lire ou relire, voir ou revoir dans Lafautearousseau ...

    Patrick Buisson : « La percée idéologique à laquelle nous assistons aura un jour une traduction politique. »

  • De vendredi à dimanche : Salon du Livre de Blois.....

    Editions Hugues de Froberville

    33, rue saint Lubin

    41000 Blois

    06 74 07 27 92

    Communiqué

    Salon du livre de Blois

     

    Des auteurs et des animations que nous vous recommandons

     

    ·        de nombreux signataires d’ouvrage sont attendus sur le stand 132  des éditions Hugues de Froberville

     

    §   le prince Jean d’Orléans, (vendredi 15 octobre de 13h30  à 17H30) signera son ouvrage « un prince français » ;

     

    §   François Marin Fleutot (samedi 16 et dimanche 17 octobre de 10h à 13h et de 14h30 à 17h30) signera son ouvrage «les royalistes dans la résistance » ;

     

    §   Rolande Colas (samedi et dimanche après-midi) signera son ouvrage « paysans et artisans en région Centre » ;

     

    §  Serge Plénier (dimanche de 14h30 à 17h30) signera son ouvrage « histoire de la langue bretonne ».

     

    Sur le stand des éditions Robert Lafont

    §  Emmanuel de Waresquiel (vendredi de 14h à 16h) signera son ouvrage « une femme en exil : Félicie de Fauveau : artiste amoureuse et rebelle »

    §   A la bibliothèque abbé Grégoire (dimanche 17 octobre de 14h à 15h30) et au stand de « Québec éditions » le même jour de 15h30 à 16h30

    §  Eric Thierry signera son ouvrage sur les débuts de la Nouvelle France

     

    Sur l’espace jeunesse du Salon du livre

     

    §  Jean-Paul Gourevitch, auteur des ouvrages Ulysse.com, Pompéi.com et Pharaons.com,  anime un débat intitulé : « vérité historique et fiction romanesque dans le roman historique pour la jeunesse » Vendredi De 17h30 à 18h30 (De 9 à 13 ans). Il signera ses ouvrages.

     

    A l’occasion d’une apéritif, vendredi à 18h une délégation du Carrefour des Acteurs Sociaux  accueillera les maires de la région CENTRE désireux de s’associer à la campagne « Québec dans la ville »

  • A PARIS, AUJOURD'HUI : MARCHER CONTRE LA PMA !

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    (COMMUNIQUÉ)

     

    L’Action Française rappelle son opposition radicale à la PMA et incite les manifestants à montrer leur force au gouvernement.

    L’Action Française vous invite à manifester ce Dimanche 6 octobre contre le Projet de Loi Bioéthique qui libéralise la PMA, banalise le traitement des embryons comme des produits, jetables ou commercialisables, fige l’eugénisme barbare à l’encontre des enfants atteints de trisomie et prétend instaurer par amendement la légalisation de facto de la GPA en France.

    L’Action Française rappelle son opposition radicale à la PMA et incite les manifestants à montrer leur force au gouvernement d’Emmanuel Macron. La nature comme l’exercice de son pouvoir lui interdisent formellement toute manipulation juridique sur les familles françaises. Manifester contre la libéralisation de la PMA c’est souligner que la République Française est à la merci de tous les maux et à l’origine de toutes les démissions en travaillant contre l’unité familiale, principe générateur de la cohésion d’une Nation.

    Prisonnière d’une coterie qui impose un bouleversement anthropologique historique, la République grave dans sa constitution des mensonges éhontés. Véritable « Ferme aux Animaux », elle prétend qu’un père n’est plus un père, qu’une famille éclatée est plus souhaitable qu’une famille soudée, qu’un enfant préparé dans un laboratoire construira le même monde qu’un enfant né de l’amour charnel de ses deux parents. La République manie l’utopisme jusqu’au crime. Et au crime le plus insupportable puisqu’il est dirigé contre les Innocents.

    L’Action Française félicite les 21 associations coalisées pour organiser cette manifestation. Elle rappelle que nos familles se doivent à la perpétuation de la Nation et que la participation manifestation de Dimanche est un devoir familial, civique et politique

    • PARIS, ce dimanche 6 Octobre :

    Marche contre la PMA 

     

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  • Dans votre quotidien, cette semaine...

    LAFAUTEAROUSSEAU sans inscription.jpg       Au plus près de l'actualité, on parlera évidemment, dès lundi, de "la manif pour tous", en évitant de s'en tenir aux seules images et aux seuls chiffres, mais en combattant les idées fausses du désordre établi par des idées qui fondent, au contraire, la sociéte sur des bases saines parce que naturelles : on donnera, bien sûr, chiffres et photos, mais on ira à l'essentiel : "étant réellement d'opposition", comme le dit Léon Daudet, nous proposerons - c'est notre rôle... - "la subversion du Système", car c'est lui qui détruit, depuis 1875, la Société française, et dans tous les domaines; ce n'est pas d'aujourd'hui, et ce n'est pas seulement sur la famille, qu'il est malfaisant, pernicieux, destructeur...

            Le regard sur l'actualité que jette chaque semaine Louis-Joseph Delanglade sera, évidemment, pour sa part, consacré à ce qui se passe au Mali...

            On reviendra avec Laurent Wetzel, qui a animé le troisième volet de notre Enquête sur la République, car - après avoir participé en début d'année à un "Mercredi de la NAR" - il vient d'accorder un très intéressant entretien à Royaliste...

               "D.C.", fidèle lecteur et commentateur assidu du Blog, nous a fait parvenir un article de Marianne sur une période cruciale de notre histoire, dont les analogies avec la nôtre sautent aux yeux; en le lisant, nous l'avons instinctivement rapproché de ce que - le jour de la Fête Nationale de Jeanne d'Arc, le 12 mai dernier - Alain Bourrit disait de cette période, de Jeanne d'Arc, de Charles VII et de l'extraordinaire retournement politique qu'avait opéré ce roi, faisant ou refaisant, en quelques décennies, d'un pays réduit à peu de chose, envahi et ruiné, l'une des premières nations d'Europe. On se reportera, si on le désire, à la vidéo de cet exposé (Café politique de Lafautearousseau, à Marseille, vidéo publiée le 21.05.2012).

                 On passera un bon moment avec Fabrice Lucchini, on relèvera deux ou trois "perles" parmi les déclarations, faits et gestes des Princes qui nous gouvernent, on citera Finkielkraut et... Depardieu !, Scipion portera ses deux grains de sel...

            * On gardera le samedi, comme on en a pris l'habitude maintenant, pour une note en deux parties :

    1. D'abord, une revue des Blogs, de Facebook, des magazines  et d'ailleurs;

    2. Et, ensuite, on donnera les liens que des lecteurs ont envoyés : N'hésitez pas à nous faire parvenir des liens sur des sujets qui vous ont paru importants...

               * "L'Album Daudet" est en voie d'achèvement : 206 photos pour l'instant, dont 203 pour lesquelles les commentaires sont rédigés; nous en commencerons la publication dès la fin du "21 janvier", en feuilleton, comme nous l'avons fait cet été pour "L'aventure France racontée par les cartes", car cette façon de faire a plu, semble-t-il, et elle permettra de "démarrer", sans attendre encore trop longtemps... Consacré à Léon Daudet, on verra qu'il sera, aussi, une contribution à la vulgarisation de la connaissance de l'histoire vraie de l'Action française, cette extraordinaire "aventure"...

    THIBON 5.jpg        * On aura, évidemment, les Ephémérides, car c'est "tout cela, tous ceux-là, aussi, la France" : de la mort de Caius Marius, exterminateur en Provence des Cimbres et des Teutons, à la mort de Gustave Thibon... en passant par : la création de l'Université de Paris; la Croisade des Albigeois; la Provence qui devient française; la Constituante, qui crée 80 "départements carrés" !; la découverte de la Terre Adélie; la proclamation de l'Empire allemand... Sans oublier les naissances du futur "bon roi René", Saint Simon, Van Loo, Ingres et Cézanne; ni la mort de Suger, génial inventeur de l'art ogival à Saint-Denis.      

                                               En plus de la Table des Matières (pour les 366 jours de l'année, les Ephémérides proposent, en permanence L'Album des Ephémérides : L'aventure France racontée par les Cartes (200 photos)...

  • Paris, ce 11 novembre...

        

    La Restauration nationale

    Action française

     

    APPEL À TOUS LES PATRIOTES

     

    Comme le 11 novembre 1940, nous craignons aujourd’hui – suite aux interdictions qui nous furent faites de rendre hommage à Jeanne d’Arc en mai puis à nos anciens pour la Toussaint – qu’il soit à nouveau défendu aux Français d’honorer les morts de la Grande guerre le 11 novembre 2023.

    Chaque année la préfecture autorise cette manifestation. Mais à ce jour, sans réelle surprise, aucune réponse n’a encore été apportée alors que notre déclaration remonte à trois semaines, selon la méthode déjà éprouvée qui consiste à nous signifier abusivement l’interdiction à la dernière minute, rendant difficile sinon impossible toute réaction de notre part.

    Octobre 1940 : pour ne pas déplaire aux occupants allemands, les commémorations de la victoire de 14-18 sont interdites. Dès début novembre, un tract manuscrit aux étudiants et lycéens circule, appelant à manifester devant la tombe du Soldat inconnu le 11 novembre au soir :

     

    « Étudiant de France,

    Le 11 novembre est resté pour toi jour de Fête Nationale.

    Malgré l'ordre des autorités opprimantes, il sera Jour de Recueillement.

    Tu n'assisteras à aucun cours, tu iras honorer le Soldat Inconnu à 17 h 30

    Le 11 novembre 1918 fut le jour d'une grande victoire

    Le 11 novembre 1940 sera le signal d'une plus grande encore

    Tous les étudiants sont solidaires pour que

    Vive la France. »

     

    L’Action Française appelle tous les patriotes à venir rendre hommage à ceux qui ont bravé l’interdiction des nazis et de leurs serviteurs français. Nous honorerons nos morts de la Grande guerre ainsi que le premier acte de résistance en 1940, le 11 novembre 2023 à 19h30, devant la plaque commémorative située au 156, avenue des Champs Élysées, avec le drapeau français.

     

     Vive la France !

     
     
     
  • De Barcelone à Rotterdam ...

    Turku, sur la Baltique, dans la lointaine Finlande 

     

    2293089609.14.jpgCe que nous écrivions il y a 6 mois (25.08.2017) sur cette extension du domaine de l'action terroriste à toute l'Europe, nous n'avons aucune raison de le modifier ... Au contraire. Nous apprenions hier dimanche qu'un important attentat venait d'être déjoué en Allemagne. De Berlin l'on précisait qu'un réseau avait été découvert et que cinq terroristes avaient été arrêtés. A temps, cette fois-ci. En France, deux semaines plus tôt, l'attentat de l'Aude n'avait pas été évité. Moins de fleurs, moins de bougies cette fois-ci mais plutôt, grâce à l'héroïsme d'un homme, une autre tonalité : une prise de conscience des vertus militaires, remises à l'honneur, certaines heureuses retrouvailles dans le pays, notamment parmi les jeunes, avec le patriotisme, le sens du service de la France, l'attachement au drapeau.  Emmanuel Macron, au jour des obsèques du colonel Beltrame aux Invalides, a su retrouver ces accents qui sont ceux du patriotisme et de l'héroïsme français. Et, dans son éloge funèbre, ce que n'avaient pas fait ses prédécesseurs, il n'a pas craint de nommer l'ennemi. Alors, sommes-nous en train de retrouver ces vertus que nous venons de dire ? Bien du chemin reste sans-doute à parcourir. Ce sont, malheureusement, les épreuves qui fondent les renaissances.  LFAR 

     

    Publié le 25 août 2017 - Actualisé le 9 avril 2018

    En deux mots.jpgAinsi de Barcelone à Rotterdam, en passant par Paris, de l'Espagne aux Pays-Bas, axe historique s'il en est, de Londres à Berlin, de Nice à Birmingham ou à Turku, sur la Baltique, dans la lointaine Finlande, se dessine aujourd'hui toute une cartographie de la nouvelle offensive de l'Islam contre l'Europe, sans plus laisser beaucoup d'espaces, de peuples, d'Etats,  à l'écart de la menace, à l'abri des objectifs et des coups islamistes. C'est aujourd'hui le continent européen qui est globalement visé. 

    L'Europe doit s'y résigner, l'admettre, en prendre conscience : une guerre lui a été déclarée, lui est menée, sans-doute d'un type nouveau à l'ère contemporaine, mais une guerre tout de même, dont le front n'est pas une ligne discernable, dont les combattants ne portent pas l'uniforme d'une armée régulière, sont dissimulés, mobiles, imprévisibles, et peuvent frapper n'importe où, n'importe qui. 

    Cette guerre, on le sait, peut durer longtemps, elle oppose des adversaires inégaux, les islamistes étant plus déterminés à nous agresser, nous vaincre et nous soumettre, que nous à les mettre hors d'état de nuire, plus sûrs de leur cause que nous de la nôtre. 

    Dans ce combat, malgré la disproportion des forces en présence - qui est bien-sûr en notre faveur : les terroristes ressortent rarement vivants de leurs entreprises, les forces de l'ordre les tuent presque à tout coup - notre faiblesse pour l'essentiel est de deux ordres : 

    1. L'extrême fragilité de notre « civilisation » de type postmoderne, déracinée, décervelée, déculturée, atomisée et au sens profond démoralisée, sans fierté, sans convictions, petites ou grandes. Et la liste n'est pas close. 

    2. L'extrême débilité de nos institutions politiques et des hommes qui les incarnent. (Ce qui inclut les femmes). 

    A de rares exceptions près, toutes à l'Est, cette constatation vaut pour l'ensemble de l'Europe, à commencer par le semble-couple franco-allemand. La chancelière Merkel - à qui l'on a attribué, y compris parmi nous, bien plus de qualités politiques qu'elle n'en a vraiment - l'a amplement démontré lorsqu'elle a appelé plus d'un million de migrants à entrer en Europe. A la vérité, la médiocrité des dirigeants européens fait presque pitié.

    Ainsi, nous ne comprendrons rien à la lutte antiterroriste, nous ne la mènerons pas efficacement, tant que nous ne nous rendrons pas compte que le mal est plus en nous qu'en nos assaillants ; tant que nous continuerons à vociférer stupidement en priorité contre l'islam sans nous apercevoir que le mal principal est d'abord en nous-mêmes. 

    Cette nécessaire autocritique, nous devons l'accomplir non pas comme une repentance vulgaire, au sens de la doxa, mais au contraire pour retrouver, revivifier, notre fond vrai. Celui qui nous vient de la lointaine Histoire française et européenne, car au delà de la hideuse caricature bruxelloise, l'Europe, aujourd'hui, se retrouve d'une certaine manière unie contre un danger commun, comme il lui est déjà arrivé de l'être, en d'autres temps, sinon pareils, du moins semblables.   

    Ce n'est pas une équation simple, mais elle est vraie : sans un retournement politique et social profond, qui remette en cause jusqu'à nos démocraties sous leur forme européenne actuelle et nos sociétés version postmoderne, nos chances de sortir, rapidement ou pas, vainqueurs des islamistes sont bien faibles et sans portée.  

     Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien suivant :

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • -D'accord avec Gabriel Robin : Booba et Kaaris doivent migrer définitivement vers Miami !

    Crédit : @DR  

    Filmé par des touristes ébahis, et certains plus opportunistes qui n’ont pas hésité à monétiser leurs vidéos dans le plus pur esprit « start up nation » cher à Emmanuel Macron, le « combat » entre les deux groupes de vedettes a eu lieu dans une salle d’embarquement du hall 1 du terminal ouest de l’aéroport d’Orly, provoquant les retards de sept vols et de nombreux dégâts matériels dans un duty-free, ainsi que le transfert de voyageurs vers une autre salle d’embarquement. Le groupe gérant l’aéroport a d’ailleurs décidé de porter plainte en réaction pour« trouble à l’ordre public » avec préjudice d’image et financier, mais aussi « mise en danger de la vie d’autrui », les événements ayant empêché la mise en place d’un périmètre de sécurité autour d’un bagage abandonné… À côté de la plaque comme toujours, Gérard Collomb a déclaré, confit de mollesse : « Si deux rappeurs peuvent éviter de provoquer un embouteillage dans tout un aéroport, ce serait bien ».

    kaaris-booba_exact1024x768_l.jpgOuba Booba Ouba Booba ! Les images parlent d’elles-mêmes, rendant futiles les analyses sur les motivations des protagonistes. Pourquoi s’abaisser à déterminer ce qui a provoqué l’explosion de violence ? Pourquoi tenter de savoir qui des deux rappeurs étaient en état de légitime défense et qui est l’agresseur ? Manifestement, les deux hommes « s’affrontent » tant pour de lamentables motifs d’égo que pour des raisons bassement mercantiles, la « street cred » étant un critère de qualité dans ce genre vulgaire et commercial de rap que « Booba et Kaaris » affectionnent. Le personnage de « gangster » – carnavalesque, cela va de soi – importe donc tout autant que la « musique » binaire et les paroles des « artistes ».

    Le commentaire de cette « affaire » aurait pu se limiter à ces quelques observations factuelles, si nous ne vivions pas dans l’Occident 2.0 où tout semble se valoir et où la hiérarchie n’existe plus. Ainsi, on a lu, ça et là, parfois dans de grands titres de presse et sous la plume de personnalités prétendument « sérieuses », que cette bagarre générale de collégiens n’était pas sans rappeler des précédents, comme le coup de feu tiré par Verlaine sur Rimbaud, qui inspira à ce dernier Une saison en enfer, chef d’œuvre du patrimoine littéraire français. D’aucuns ont même comparé la rivalité entre « Booba et Kaaris » – deux surnoms que je n’oserais pas donner à des animaux domestiques sans rougir – aux grandes rivalités entre musiciens du passé, faisant des deux portiers de bar les Mozart et Salieri de la France de 2018 ! 

    Sommes-nous tombés si bas que nous confondions la musique avec des hymnes pour adolescents décérébrés qu’on passe sur les parkings de supermarchés ? Souvenons-nous que dans son numéro 567, La Nouvelle Revue française n’hésitait pas à convoquer Genet et Céline pour « décortiquer » la prose de Booba, preuve d’une méconnaissance insigne du rap et d’un mépris tout germanoprantin de l’ordre et des ordres, l’écriture une chanson n’étant pas un travail aussi fastidieux que l’écriture d’un roman. Pauvre Céline dont l’œuvre est sans cesse évaluée à l’aune de celles d’abrutis qui utilisent trois mots d’argots dans leurs textes…

    Pour prendre un peu d’altitude en ce mois d’août, on essaiera d’éviter Booba. Pourquoi ne pas aborder le Tripitaka ou la vie de Bouddha, racontée par Hermann Hesse dans son roman Siddhartha (dont le héros n’est pas le Bouddha Gautama mais un émule et un homonyme suivant un cheminement spirituel sensiblement similaire) destiné aux Européens méconnaissant l’histoire de ce fondateur d’une hérésie majeure de l’hindouisme ? Les deux religions nées dans le sous-continent indien partagent une doctrine – trop complexe et trop vaste pour qu’il soit possible ici d’en donner une juste définition – que feraient bien de méditer « Booba et Kaaris » : l’ahimsa, soit l’action ou le fait de ne causer nuisance à nulle vie. Qu’ils soient bienveillants avec la France et nous épargnent leur présence en migrant définitivement à Miami.    

  • À la découverte du fonds lafautearousseau (58) : 1054, la séparation de Rome et de Constantinople...

    lafautearousseau, c'est plus de 28.000 Notes ou articles (et autant de "commentaires" !), 21 Albums, 49 Grands Textes, 33 PDF, 16 Pages, 366 Éphémérides...

     

    Il est naturel que nos nouveaux lecteurs, et même certains plus anciens, se perdent un peu dans cette masse de documents, comme dans une grande bibliothèque, et passent ainsi à côté de choses qui pourraient les intéresser...

    Aussi avons-nous résolu de "sortir", assez régulièrement, tel ou tel de ces documents, afin d'inciter chacun à se plonger, sans modération, dans ce riche Fonds, sans cesse augmenté depuis la création de lafautearousseau, le 28 février 2007...

    Aujourd'hui :  1054, la séparation de Rome et de Constantinople...

    (tiré de notre Éphéméride du 16 juillet)

    (retrouvez l'ensemble de ces "incitations" dans notre Catégorie :

    À la découverte du "Fonds lafautearousseau")

     

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    1054 : Humbert de Moyenmoutier dépose la Bulle d'excommunication du Patriarche de Constantinople sur l'autel majeur de Sainte Sophie 

     

    De Michel Mourre (Dictionnaire Encyclopédique d'Histoire, pages 2245/2246) :

    "Cardinal français. Originaire de Lorraine ou de Bourgogne, moine bénédictin à l'abbaye de Moyenmoutier, il devint le secrétaire de Bruno de Toul, qui, devenu le pape Léon IX, l'appela à Rome et le fit cardinal (1050). Il fut avec Hildebrand (futur Grégoire VII) l'un des plus actifs artisans de la réforme de l'Église au milieu du XIème siècle. En 1054, il fut envoyé comme légat pontifical  à Constantinople, où son manque de diplomatie contribua à rendre définitif le schisme byzantin."

    16 juillet,concordat,napoleon,pie vii,tunnel du mont blanc,de gaulle,montlhéry,jeanne de chantal

    C'est l'Empereur Justinien qui fit édifier la basilique Sainte-Sophie (du grec Ἁγία Σοφία / Hagía Sophía, qui signifie "sainte Sagesse", "Sagesse Divine", en turc Ayasofya) ; lorsqu'il pénétra dans l'édifice, enfin terminé, et stupéfait par tant de splendeur, il s'écria "Je t'ai surpassé, Salomon !", faisant allusion à la magnificence du Temple de Jérusalem.

    C'est pourtant dans ce monument si splendide qu'eut lieu - en 1054 -  l'épisode peut-être le plus tragique de l'histoire de l'Eglise chrétienne... 

    http://medieval.mrugala.net/Architecture/Turquie,_Istanbul,_Basilique_Sainte-Sophie/Turquie,_Istanbul,_Basilique_Sainte-Sophie.htm

     

    1A.jpgPour comprendre le rôle respectif des uns et des autres, dans ce drame de la séparation de l'Église chrétienne, il faut replacer les choses dans le cadre du pontificat de Léon IX (ci contre, le seul pape alsacien de l'histoire, voir l'Éphéméride du 19 avril), profondément pénétré par les idées réformatrices du milieu ecclésiastique lotharingien, et qui s'appliqua à rétablir la discipline religieuse.

    Dès son élection, décidé à engager une intense réflexion sur ce que devait être la réforme de l'Église - ce qui aboutira à la réforme Grégorienne... -  Léon IX s'entoura de ces prélats lotharingiens acquis aux idées réformatrices : Humbert de Moyenmoutier, Hugues Candide, Frédéric de Lotharingie (futur pape Étienne IX); et de deux moines italiens : Pierre Damien et Hildebrand (futur Grégoire VII), les faisant tous cardinaux.

    Mais, parallèlement, et indépendamment de ces sujets, la mésentente cordiale entre Rome et Byzance ne faisait que s'amplifier. Ulcérés par la politique pontificale en Italie du Sud, où ils avaient des intérêts, les Byzantins, sous le patriarcat de Michel Cérulaire (1043-1058), s'éloignèrent de plus en plus de Rome. Et les rancoeurs se cristallisèrent à l'occasion d'une controverse sur l'usage des azymes dans la communion (les Latins se servaient d'hosties non fermentées pour célébrer l'Eucharistie, contrairement à l'usage traditionnel conservé par les Grecs qui employaient du pain ordinaire). Léon IX fit entreprendre la réfutation des traités grecs sur ce problème, et sur l'ensemble du contentieux qui opposaient Romains et Byzantins : dans son Dialogus, Humbert de Moyenmoutier écarta les assertions des Grecs, condamna le mariage des prêtres en usage en Orient depuis l'Antiquité, accusa les Byzantins d'hérésie parce qu'ils n'admettaient pas le Filioque et les menaça d'excommunication...

    16 juillet,concordat,napoleon,pie vii,tunnel du mont blanc,de gaulle,montlhéry,jeanne de chantalCe dialogue mal engagé s'acheva tout aussi mal lors de la légation romaine à Constantinople, malgré les efforts de l'empereur Constantin IX Monomaque (ci contre) : les légats Humbert, Frédéric et Pierre d'Amalfi excommunièrent le patriarche et ses partisans (16 juillet 1054); Michel Cérulaire riposta par une excommunication générale des Latins...

    Cette rupture ne doit cependant pas être exagérée : au départ, elle n'était pas plus grave que bien d'autres schismes précédents, finalement sans conséquences majeures ni pérennes; mais, du fait des circonstances, la séparation devint définitive et entraîna les autres patriarcats orientaux ainsi que les peuples convertis au christianisme par les Grecs (Serbes, Bulgares, Russes, Roumains)...

    C'est donc, en quelque sorte, un concours de circonstances malheureux qui consolida une des frontières religieuses les plus durables qui aient été.

    Au moment où le schisme fut consommé, Léon IX était déjà mort (19 avril 1054), et rien ne permet de voir dans cette rupture entre l'Orient et l'Occident une action calculée d'Humbert de Moyenmoutier ou des lotharingiens de l'entourage de Léon IX (même si rien ne permet de dire le contraire) :

    est-ce que, de part et d'autre, on savait où on allait (c'est-à-dire au schisme définitif) ?...

    •  ou est-ce que, parce qu'il était bilingue, Humbert s'est vu confier une mission de dispute théologique qu'il a menée avec application, en conformité avec son engagement de réformateur "intraitable" et qui - par manque de diplomatie de part et d'autre... - a finalement dégénéré, sans que nul n'en ait perçu dès l'abord les conséquences ?

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  • Le scandale social des maillots aux deux étoiles.

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

     

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    Le capitalisme mondial est-il moral ?

    En fait, la question ne se pose plus depuis longtemps pour ceux qui en tirent le plus grand profit et, particulièrement, par le moyen d'une indifférence marquée à la question sociale, désormais grande absente des réflexions néolibérales et peu évoquée dans nos sociétés de consommation : il est vrai que le principe même de celles-ci insiste plus sur la consommation et sa croissance, véritable aune et condition de la santé d'une économie quand elle ne devrait être, en une société humaine, qu'un élément d'appréciation et éventuellement d'amélioration des conditions de vie des personnes et des familles. 

    Ainsi, tout à la joie de la victoire sportive de l'équipe de France de balle-au-pied, peu de journalistes et d'économistes ont signalé l'indécence de l'équipementier de celui-ci, une multinationale états-unienne au patronyme grec signifiant la victoire. En effet, Nike va bientôt mettre en vente pour le grand public et au prix de 140 euros un maillot frappé des deux étoiles de champion de monde, maillot dont le coût de production, selon le Journal du Dimanche(22 juillet 2018), équivaut à... 3 euros ! Comme le souligne Le canard enchaîné, voici une belle « culbute en or », au seul bénéfice de la multinationale peu regardante, pourrait-on croire naïvement, sur les conditions sociales de la production de ces maillots. 

    argent-foot-illustration_428x321__llf3yo (1).jpgDans son édition du 25 juillet, le journal satirique précise un peu les choses et renseigne sur ce qui permet d'atteindre un si bas niveau de coût pour un si grand profit envisagé : « La fabrication en masse de la tunique bleue (…) ne sera pas vraiment made in France, mais... made in Thailand. » Rien que cette simple phrase nous indique que la victoire des Bleus n'est pas forcément une bonne affaire pour l'industrie textile française qui, pourtant, aurait bien besoin d'un bon bol d'air, et que cette importation d'un maillot fabriqué loin de la France sera plus coûteuse sur le plan environnemental et commercial que ce qu'il pourra rapporter à la France : coût environnementalen fonction des milliers de kilomètres qui sépareront le lieu de production de l'espace de consommation, et qui se traduit par une pollution atmosphérique loin d'être négligeable en fin de compte ; coût commercial car cela fera encore pencher un peu plus la balance du commerce extérieur du côté du déficit, déjà beaucoup trop lourd pour notre économie ; mais aussi coût social car, en privant nos industries textiles locales de cette commande, cette fabrication « mondialisée » en Thaïlande fragilise un peu plus l'emploi français dans cette branche d'activité... Et que l'on ne nous dise pas que cette fabrication lointaine est ce qui permet de vendre « à bas coût » (sic !) ces maillots aux deux étoiles si longtemps espérées : non, elle permet juste de dégager de plus grands profits pour la multinationale et ses actionnaires, un point c'est tout ! L'on touche là à « l'hubris », à la démesure du capitalisme (1) et de ses « élites », incapables de retrouver la juste mesure qui, tout compte fait, est la condition de l'équilibre et de la bonne santé de nos sociétés ordonnées. 

    Mais au-delà du coût social proprement français, il est juste aussi de s'intéresser à celui qui, plus lointain, ne peut néanmoins nous laisser indifférent : Le Canard enchaîné nous livre quelques informations supplémentaires qui devraient indigner tout homme soucieux de son prochain. Ainsi en Thaïlande, la production se fera « plus précisément dans le nord-est du pays, où les salaires dans les ateliers de production (180 euros par mois) sont inférieurs à ceux de la capitale (250 euros) ». Ces salaires sont évidemment à comparer au prix final de ce maillot à la vente en France et, aussi, aux salaires ouvriers des pays européens et de la France, considérés comme « trop élevés » par ceux qui touchent des millions d'euros annuels pour « diminuer les coûts » et qui, souvent, sont les mêmes, qui n'ont à la bouche que le mot de compétitivité pour mieux servir leur cupidité... Quand les profits de quelques uns se font sur le dos de beaucoup, et sans volonté d'un minimum de partage des richesses produites, il y a là quelque chose d'insupportable pour le cœur comme pour l'esprit, et qui devrait provoquer une juste et sainte colère dans toute société normalement et humainement constituée. Mais, la Société de consommation repose sur une sorte d'addiction à la consommation elle-même, sur cette tentation permanente et toujours renouvelée dans ses objets, sur la possession individualisée qui en fait oublier les autres et la mise en commun, sauf en quelques espaces dédiés et pour quelques services de plus en plus marchandisés et privatisés... Du coup, les consommateurs n'ont guère de pensée pour les producteurs, et le mécanisme de séparation,voire de complète ségrégation entre les deux catégories, fonctionne comme une véritable protection du Système en place. D'ailleurs, le mécanisme de la Société de consommation valorise, en tant que tels, les consommateurs, quand les producteurs eux-mêmes, à quelque échelle qu'ils se trouvent mais surtout quand ils sont au bas de celle-ci, sont de plus en plus la variable d'ajustement, celle qui est la plus pressurée et la moins médiatisée : les classes ouvrières et paysannes font les frais d'une telle société où la marchandise à vendre et le profit à en tirer l'emportent sur le travail qui a permis de la fabriquer et, éventuellement, de la qualifier. Le problème, dans les pays dits « en développement », c'est que l'on a réussi à convaincre ces classes laborieuses (et ce qualificatif me semble particulièrement approprié ici) que leur condition misérable d'aujourd'hui est le passage obligé vers le statut de consommateurs de plein droit... Ce sont des classes sacrifiées mais, surtout, des classes sacrificielles, persuadées que leur sacrifice du jour est l'annonce d'un sort meilleur pour leurs enfants, ce qui n'est pas entièrement faux (si l'on se place dans le temps de deux ou trois générations) sur le plan des conditions de travail et de vie, mais s'accompagne d'une aliénation à la consommation, à l'argent qui en fixe le degré quantitatif et sur lequel le sort de chacun semble désormais indexé... 

    Ce que signale aussi l'article du Canard enchaîné, c'est l'absence de droit syndical et la limitation effective du droit d'expression et de manifestation dans le cadre du travail dans les usines de Thaïlande, qui rappellent les entraves à la défense des droits du travail et des travailleurs mises en place, en France, par la Révolution française elle-même à travers ses lois antisociales de 1791, du décret d'Allarde à la loi Le Chapelier, interdisant toute association ouvrière et tout droit de grève ou de manifestation aux ouvriers... « La devise dans ces usines ? « Réduction des minutes passées par ouvrier sur chaque maillot, automatisation et films ultratendus », rapporte l'ONG Clean Clothes. En prime, interdiction pour tout employé de communiquer sur les conditions de travail et d'adhérer à un syndicat. » En somme, une forme d'esclavage salarié pour faciliter les profits de l'entreprise états-unienne, milliardaire en bénéfices... 

    frise-13.jpgDoit-on se contenter d'un tel constat et laisser prospérer une telle attitude d'entreprise ? Si les consommateurs seront malheureusement toujours pressés d'acquérir ce fameux maillot aux deux étoiles, il n'est pas obligatoire de l'acheter pour qui se soucie d'éthique sociale. Mais, au-delà, sans doute faudrait-il que l’État, pour inciter la multinationale à changer de pratiques et d'état d'esprit, introduise dans le Droit social quelques mesures propres à empêcher des marges trop importantes au détriment des conditions sociales des producteurs de base. Une forme de « taxe sociale sur la profitabilité et pour l'équilibre social » calculée en fonction des marges bénéficiaires dégagées par une entreprise multinationale étrangère (mais pourquoi pas française aussi ?) pourrait être envisagée, entre autres. Ou, pourquoi pas une obligation pour la multinationale d'installer dans le pays de vente une partie de la production destinée au marché local ? En fait, ce ne sont pas les propositions et les idées qui manquent, mais bien plutôt la volonté politique de les proposer, de les mettre en place et de les appliquer. 

    La République n'est pas, ne peut être sociale en France, comme l'histoire nous le prouve depuis ses origines révolutionnaires, et, si cela est évidemment regrettable, ce n'est pas une raison pour ne rien faire : le royalisme social n'est pas l'attente de la Monarchie pour agir, mais la volonté et l'action sociale pour changer les choses, « même en République », tout en rappelant que la Monarchie politique serait plus efficace pour imposer aux féodalités économiques, même étrangères, de respecter les principes de la nécessaire justice sociale, colonne vertébrale de la société ordonnée française. En cela, la Monarchie active « à la française »,ne peut se contenter de « gérer la crise » mais se doit d'incarner, dès le jour de son instauration, « le sceptre et la main de justice », la décision politique et l'équilibre social...    

    * Une démesure structurelle ou conjoncturelle ? Je penche de plus en plus pour le premier qualificatif, au regard de l'histoire contemporaine et du cadre mental dans laquelle elle se déploie. 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin