-D'accord avec Gabriel Robin : Booba et Kaaris doivent migrer définitivement vers Miami !
Filmé par des touristes ébahis, et certains plus opportunistes qui n’ont pas hésité à monétiser leurs vidéos dans le plus pur esprit « start up nation » cher à Emmanuel Macron, le « combat » entre les deux groupes de vedettes a eu lieu dans une salle d’embarquement du hall 1 du terminal ouest de l’aéroport d’Orly, provoquant les retards de sept vols et de nombreux dégâts matériels dans un duty-free, ainsi que le transfert de voyageurs vers une autre salle d’embarquement. Le groupe gérant l’aéroport a d’ailleurs décidé de porter plainte en réaction pour« trouble à l’ordre public » avec préjudice d’image et financier, mais aussi « mise en danger de la vie d’autrui », les événements ayant empêché la mise en place d’un périmètre de sécurité autour d’un bagage abandonné… À côté de la plaque comme toujours, Gérard Collomb a déclaré, confit de mollesse : « Si deux rappeurs peuvent éviter de provoquer un embouteillage dans tout un aéroport, ce serait bien ».
Ouba Booba Ouba Booba ! Les images parlent d’elles-mêmes, rendant futiles les analyses sur les motivations des protagonistes. Pourquoi s’abaisser à déterminer ce qui a provoqué l’explosion de violence ? Pourquoi tenter de savoir qui des deux rappeurs étaient en état de légitime défense et qui est l’agresseur ? Manifestement, les deux hommes « s’affrontent » tant pour de lamentables motifs d’égo que pour des raisons bassement mercantiles, la « street cred » étant un critère de qualité dans ce genre vulgaire et commercial de rap que « Booba et Kaaris » affectionnent. Le personnage de « gangster » – carnavalesque, cela va de soi – importe donc tout autant que la « musique » binaire et les paroles des « artistes ».
Le commentaire de cette « affaire » aurait pu se limiter à ces quelques observations factuelles, si nous ne vivions pas dans l’Occident 2.0 où tout semble se valoir et où la hiérarchie n’existe plus. Ainsi, on a lu, ça et là, parfois dans de grands titres de presse et sous la plume de personnalités prétendument « sérieuses », que cette bagarre générale de collégiens n’était pas sans rappeler des précédents, comme le coup de feu tiré par Verlaine sur Rimbaud, qui inspira à ce dernier Une saison en enfer, chef d’œuvre du patrimoine littéraire français. D’aucuns ont même comparé la rivalité entre « Booba et Kaaris » – deux surnoms que je n’oserais pas donner à des animaux domestiques sans rougir – aux grandes rivalités entre musiciens du passé, faisant des deux portiers de bar les Mozart et Salieri de la France de 2018 !
Sommes-nous tombés si bas que nous confondions la musique avec des hymnes pour adolescents décérébrés qu’on passe sur les parkings de supermarchés ? Souvenons-nous que dans son numéro 567, La Nouvelle Revue française n’hésitait pas à convoquer Genet et Céline pour « décortiquer » la prose de Booba, preuve d’une méconnaissance insigne du rap et d’un mépris tout germanoprantin de l’ordre et des ordres, l’écriture une chanson n’étant pas un travail aussi fastidieux que l’écriture d’un roman. Pauvre Céline dont l’œuvre est sans cesse évaluée à l’aune de celles d’abrutis qui utilisent trois mots d’argots dans leurs textes…
Pour prendre un peu d’altitude en ce mois d’août, on essaiera d’éviter Booba. Pourquoi ne pas aborder le Tripitaka ou la vie de Bouddha, racontée par Hermann Hesse dans son roman Siddhartha (dont le héros n’est pas le Bouddha Gautama mais un émule et un homonyme suivant un cheminement spirituel sensiblement similaire) destiné aux Européens méconnaissant l’histoire de ce fondateur d’une hérésie majeure de l’hindouisme ? Les deux religions nées dans le sous-continent indien partagent une doctrine – trop complexe et trop vaste pour qu’il soit possible ici d’en donner une juste définition – que feraient bien de méditer « Booba et Kaaris » : l’ahimsa, soit l’action ou le fait de ne causer nuisance à nulle vie. Qu’ils soient bienveillants avec la France et nous épargnent leur présence en migrant définitivement à Miami. ■
Commentaires
Pourquoi tous ces rappeurs ont-ils des têtes de marchands de crack ? La réponse est sans doute simple : parce que tous les marchands de crack ont des têtes de rappeurs. L'écho donné par les médias à cette vulgaire affaire de voyous de banlieue est le signe de la racaillisation de la société française. C'est la sous-culture de ghetto importée des USA qui s'implante en France, faite de vulgarité, de violence, de culte de l'apparence (que serait un rappeur sans la chaîne en or d'un kilo autour du cou qui fait partie de l'uniforme imposé ?), et des pires valeurs de notre monde en déconfiture, l'argent.facile, l'hyperconsommation, la pornographie. Certains bobos, toujours prêts à tomber dans le premier panneau venu, voient cette engeance rappeuse comme contestataire alors qu'elle n'est que le reflet le plus fidèle du monde de la frime et de l'argent tant vanté par Macron. On s'étonne même que ces deux énergumènes n'aient pas encore été invités à l'Élysée, ils y seraient à leur place. Aux USA quand deux voyous du rap règlent leurs comptes, c'est à coups d'armes à feu, l'autre jour, ça a été à coups de pied et de poing, c'est pour le moment la seule différence.
Je ne suis pas sur qu'ils seraient acceptés à MIAMI. Je les vois plutôt aller à New York ou Los Angeles là où et née cette prétendue musique. Autant j'aime le jazz de la Nouvelle Orléans, autant je déteste le rap ,dont l'origine est la haine des Blancs
Contente de pouvoir vous relire monsieur G. ROBIN .
et cette fois ne nous abandonnez plus
Si l'on revient dans le temps , il y eût les zazous , les blousons noirs avec leurs chaînes à vélo ; une certaine jeunesse voulant toujours scandaliser les adultes . La nouveauté c'est que ce monde , ancienne génération , regimbait alors qu' aujourd'hui il laisse faire s'il ne s' extasie pour rester " dans le coup " . Nous avons donc les nouveaux jeunes ( glissement sémantique du mot qui mériterait d'être relevé ) .