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Rechercher : qu'est ce que le système ?

  • Civilisation ou animal monstrueux ?

    1A.jpgEntretien menée par la rédaction du magazine d’AF, «  Le Bien Commun  » avec Paul Serey.

    Ce texte d’entretien a été écrit durant le confinement et contrairement à ce qui a été indiqué dans LBC de juin, l’auteur est Paul Serey auteur du “Carrousel des ombres” aux éditions de l’équateur.

    2.jpgLa rédaction : Les modernes se croyaient maîtres et possesseurs de la nature. L’actuelle épidémie n’apporte-t-elle pas la preuve que notre civilisation technicienne n’est qu’un colosse aux pieds d’argile ?

    Paul Serey : Depuis le XVIIème siècle – qu’il soit maudit ! –, à cause de Galilée qui avait pavé la voie, par la faute de Descartes, celui-là même que vous citez, l’homme s’est détaché d’une vision du monde comme Cosmos et a procédé, progressivement et peu à peu géométriquement, à la réification et la quantification de la nature. Maître et possesseur, quel rêve ! Rêve de possédés ! Quels maîtres sommes-nous devenus ! Qu’avons-nous fait de cette nature que nous avons si méticuleusement, scientifiquement, détachée de nous-même ? La nature n’est-elle pas devenue une simple banlieue, une « zone » vouée à la désertification ? Quelle possession que voilà !

    Je crois qu’il est difficile de parler de civilisation aujourd’hui. En désensauvageant la nature, en la mettant en coupe réglée, nous l’avons simplement détruite. Nous sommes orphelins. Nous l’avons traitée en ennemie. Voilà la modernité. Et ce dont nous avons hérité, nous, postmodernes, cette nature plus ou moins maîtrisée, nous l’avons arasée. Car qu’est-ce que la postmodernité, si ce n’est l’abattage de toute verticalité ? Voilà où nous en sommes. Tout est atomisé, effondré ; tout est devenu poussière, cette poussière qui vole au-dessus d’un désert de sable. Nous ne sommes plus maîtres de rien que d’un terrain vague, immense et sans horizon, où nous errons comme les survivants d’une explosion atomique… Est-ce là une civilisation ?

    C’est un oxymore de parler de civilisation technicienne. Comme nous l’a enseigné Ellul, la principale caractéristique de la technique (non pas seulement les machines mais tout ce qui régit le parc humain : technique de l’économie, technique de l’organisation, technique de l’homme) est qu’elle est autonome. Il fut un temps où l’homme maîtrisait son environnement, lorsqu’il considérait les techniques comme des prolongements de ses jambes, de ses bras, de sa langue. Jambes, bras, langue, voyez-vous ? Voyez-vous comme ces prolongements, presque naturels, sont devenus artificiels ? Démesurés et… autonomes ? Et cette autonomie, cette démesure, ne la voyez-vous pas grandir, comme un animal qui grossit et s’étend, un organisme à la fois agile et pesant qui s’étend et absorbe et englobe tout, la nature et l’homme lui-même ?

    C’est un animal monstrueux, qui vit sa propre vie, et dont nous ne sommes que les cellules, emprisonnées dans des organes complexes et dépendants les uns des autres. Ce monstre est une chose vivante. Et comme tout animal complexe, aux organes dépendants, il est extrêmement fragile. C’est ce que nous révèle cette épidémie. Les organes sont atteints, d’un coup, de façon fulgurante. C’est une grippe, et les organes sont grippés. Et c’est tout l’animal qui se retrouve malade soudainement.

    Un colosse aux pieds d’argile, oui ! Et c’est notre plus grand espoir. Qu’il s’effondre ! Qu’il se gangrène ! Qu’il pourrisse et disparaisse !

    Beaucoup de cellules mourront. D’autres seront absorbées par d’autres petits organismes. Elles se réorganiseront, sous une forme plus simple, où elles trouveront plus d’autonomie, ne dépendant plus de ce gros animal pesant et compliqué que nous avons nommé civilisation et qui est notre perte. Encore faut-il que la Bête ne se régénère pas…

    LR : Ce qui n’est pas gagné ! Car on continue à nous parler de progrès technique davantage que de décroissance. La Mégamachine ne risque-t-elle pas d’être paradoxalement renforcée par ses faiblesses ?

    PS : J’ai utilisé l’image d’un organisme vivant. Mais, en réalité, ce n’est qu’un simulacre. C’est un animal mécanique qui a les caractéristiques du vivant. Mais comme je l’ai dit, il est complexe, et sa complexité augmente de jour en jour. Voudrait-on le simplifier qu’on ne le pourrait pas. Il grossit et se complexifie. Et je l’ai dit : de manière autonome. Décroître ? Cela supposerait qu’on puisse maîtriser cet animal. Cela supposerait qu’on en soit maître. Et qui en est maître ? Les Etats ? Les gouvernements ? Les organisations ? Les institutions ? Eh bien, non ! Le système technicien, ou plutôt technologique est son propre maître ! Ceux-là que j’ai cités ne sont que des organes. Ils obéissent. Ils servent la Bête, la Mégamachine. La décroissance est selon moi un doux rêve. C’est être bien naïf que de penser que cela se fera sans conséquences perverses.

    Bien sûr, l’animal pourrait maigrir un peu. On pourrait lui faire perdre, par-ci par-là un peu de graisse, de toxines, ou que sais-je. Mais son fonctionnement, sa logique propre, n’en sera pas entravé. Voudrait-on lui faire perdre du muscle, il se renforcerait par ailleurs. Lui faire perdre une main, l’autre grandira, d’autres doigts lui pousseront. La Mégamachine est bien plus complexe que n’importe quel organisme terrestre. C’est sa fragilité, je l’ai dit. Mais c’est aussi sa force.

    On le voit bien avec la crise actuelle. Un grain de sable – car c’est, me semble-t-il, un grain de sable (d’autres virus, d’autres catastrophes bien pires ont eu lieu par le passé sans engendrer de réactions si terribles) – a grippé la machine. Mais à cet incident la Mégamachine réagit en grossissant. Oui, voyant qu’elle perd le contrôle, il lui faut reprendre ce contrôle sur ses organes, et sur les cellules de son corps attaqué. Les Etats, les gouvernements, les institutions, les administrations, ne font que répondre à cette demande du système. La démocratie est l’organisation qui lui sied le mieux, car elle exige la docilité des cellules. La démocratie exige l’obéissance des citoyens. Et pour s’assurer de cette obéissance, le système a besoin de moyens de contrôle et de coercition.

    On remarquera que la population obéit aux injonctions de l’Etat, sans moufeter. Le système n’est pas mis en danger. Grippé oui, mais sans dommages irrémédiables. Le système craint l’anarchie plus que tout. La démocratie est cette organisation qui contrôle le mieux le risque d’anarchie parce qu’elle organise la soumission volontaire. La dictature peut provoquer des révoltes violentes qui peuvent aller jusqu’à la mise à mort du dictateur. C’est le cas de toutes les monarchies absolues. La démocratie, quant à elle, fait accroire à la population qu’elle est maîtresse de son destin. Tout au plus observons-nous quelques manifestations de rue, quelques heurts, mais jamais rien qui soit vraiment dangereux pour le pouvoir. Néanmoins le pouvoir craint la rébellion. Tout mais pas l’anarchie ! Il faut que tout soit sous contrôle.

    Or la population est en état de choc. Quelques manifestations de colères éclosent ici ou là, mais c’est le choc qui prédomine. Le choc et la peur. Voyant cela, le pouvoir, comme toujours, en profite. C’est le moment où la Mégamachine peut grossir et s’étendre. La population, abrutie par le choc et tremblante de peur est prête, prête à abdiquer un peu de liberté pour sa sécurité, prête à abdiquer le peu d’autonomie qui lui reste pour un peu de réconfort. Elle a besoin d’être rassurée et, pour cela, se laissera contrôler, traquer, pucer ; elle acceptera n’importe quelle intrusion dans sa vie privée si on lui promet que c’est pour son bien. La Mégamachine vit de ses crises. La crise, n’importe quelle catastrophe, est pour elle le moyen d’assurer son emprise, d’asservir un peu plus. La propagande fait déjà rage, et les mesures passent en loucedé.

    LR : Aux critiques de la technique, on objecte systématiquement l’argument-massue des progrès de la médecine. Faut-il se libérer de la médecine pour se libérer de la Machine ?

    PS : La médecine a elle aussi « progressé », c’est un fait. Elle est plus efficace, plus performante. Et tout le monde s’extasie. On en demande encore ! Toujours plus ! Il faudrait éradiquer toutes les maladies, chaque douleur. Du berceau à la tombe, aucune anicroche. Et une vie longue, sans fin. Pourquoi pas l’éternité ! On en rêve. On serait même prêt à se faire greffer toutes sortes de composants électroniques, se faire modifier les gênes, sélectionner ceux de nos enfants à naître, à naître dans un ventre étranger, pourquoi pas. Il me semble néanmoins que la machine a créé beaucoup de ces maladies (cancers, maladies infectieuses – dont le Covid19, pathologies psychiatriques, etc.) contre lesquelles elle lutte si joyeusement, mais passons…

    Bien sûr, il est bon d’être soigné. Le docteur est le mage moderne. C’est l’incarnation du Bien. Le nouveau héros. N’y voyez pas que de l’ironie. Cette façon de voir est ancrée en chacun de nous. Et j’hésite à pousser mon raisonnement jusqu’à son terme.

    Quand je dis qu’il faut détruire la Mégamachine, l’argument médical se met en travers de mon chemin. Qui ne tient pas à sa vie, à la vie de ses proches ? Pourtant, si l’on devait préserver la médecine telle qu’elle se pratique aujourd’hui, alors nous ne pourrions pas nous passer du reste du système technicien. Tout, dans ce système, est interdépendant ! Impossible de conserver ce confort ultime sans conserver, par là même et par exemple, les grands laboratoires pharmaceutiques, l’industrie chimique, l’industrie mécanique qui produit les robots et les ordinateurs, et par conséquent la pétrochimie et la production massive d’électricité et, évidemment, beaucoup d’autres choses !

    Si la Mégamachine devait s’effondrer, il y aurait beaucoup de morts, des millions. Il faudrait à l’homme de nouvelles stratégies pour survivre, s’assurer un minimum de confort, préserver les siens. Fabriquer localement des outils ? Préparer des médicaments en pharmacie, comme cela se faisait autrefois ? Si l’on veut se débarrasser de l’oppresseur, il faudra être prêt à mille sacrifices tout en limitant la casse et en trouvant des solutions alternatives. Voulons-nous cette guerre ? Nous en avons fait, des guerres, contre de terribles oppresseurs, et ceci nous a coûté des millions de vies par le passé. Or ce système qui nous oppresse est-il moins terrible ? Je ne le crois pas. Mais suis-je moi-même prêt à cette guerre ? Je me pose la question.

    LR : Et on craint de connaître la réponse concernant la masse des gens passant leur confinement sur un écran et ne rêvant que d’un « retour à la normale »… Peut-on espérer qu’advienne un jour une (Contre-)Révolution ou est-on condamné à attendre une plus redoutable épidémie, ou autres cataclysmes, pour que le système s’effondre de lui-même ?

    PS : Je ne suis pas très optimiste. Je crois que le système est bien verrouillé. On a habitué les gens à un certain confort et, le voyant si fragile, ils n’auront en tête que de le retrouver. Ce temps de crise est profitable à certains, ceux qui recherchent une solitude qu’ils n’ont jamais eu l’occasion de connaître vraiment, cette solitude qui enrichit, qui est intériorité et contemplation ! Mais la grande masse n’y aura trouvé qu’une occasion supplémentaire de se vautrer dans le divertissement netflixien et pornhubien, dans des jouissances médiocres et un laisser-aller à vomir.

    Je ne parlerais pas de Contre-Révolution, si un bouleversement était possible, mais bien de Révolution. On ne peut se contenter de réaction. Il faut inventer de nouvelles filiations, faire de notre héritage quelque chose de nouveau. Je ne parle évidemment pas d’utopie. On ne fera pas un monde nouveau, en ce sens. Je parle d’avenir, de l’avenir de ce monde que nous connaissons. On n’efface pas le passé d’un coup de manche. Détruire le système technicien, la Mégamachine, oui. Après, il faudra reconstruire à partir de ce qu’il restera, si cela est possible. Ce qui restera, c’est notre héritage spirituel, nos racines, l’amour de notre famille, de nos enfants, de nos parents, de notre patrie, de nos patries, la petite et la grande. La France bien-sûr.

    Quant à moi, je vois un roi, un roi bienveillant et paternel. Et je vois un peuple, un peuple enraciné, conscient, autonome. Je vois un peuple en armes, prêt à se libérer de toute servitude si nécessaire. Je vois des hommes et des femmes libres, avec un travail enrichissant et utile à tous, ancrés sur leur fiefs. Transhumants, pourquoi pas. Je vois des fêtes. Je vois des communautés. Je vois l’Anarchie. L’Anarchie plus un. Le peuple et son roi, sans rien entre les deux.

    Si rien n’advenait cette fois-ci, d’autres catastrophes viendront. Mais il n’est pas dit que la machine ne se renforcera pas. Le seul espoir réside dans les hommes, pris individuellement, dans les communautés, les tribus, les familles. Organisons-nous, et saisissons les occasions que le système ne manquera pas de nous offrir.

    LR : Ce souci (maladif) de la santé est-il lié au refus du Mal, et donc du Bien, dont vous parlez dans votre roman Le carrousel des ombres ?

    PS : Dans Le Carrousel, j’expliquai de façon très littéraire qu’on ne peut concevoir le bien sans le mal. Et que pour avoir un grand bien qu’il faut avoir l’exemple d’un grand mal. Qu’on ne peut concevoir Dieu sans Satan. Que sans Gilles de Rais, Jeanne d’Arc ne serait pas la Sainte qu’on connaît. Qu’à ne plus distinguer le Mal du Bien, on n’avait certes plus de Mal, mais plus de Bien non plus. En gros, on a signé un chèque en blanc à Satan, qui se retrouve maître de nos principautés. Il est visible pourtant, contrairement à Dieu. Le Mal fait du bruit, le bien est silencieux. Nous avons détruit le monde du silence. Et nous ne percevons plus le bruit, tant nous y sommes immergés.

    Nous ne reconnaissons plus le mal parce que nous l’avons nié pour nous débarrasser de Dieu. Nous vivons dans cet Empire du bien, génialement décrit par Muray. Et la maladie fait partie de ces choses que nous ne voulons pas voir, pour les raisons que je viens d’évoquer. Nous ne voulons pas la voir, nous refusons de voir la mort. Il faut à tout prix éradiquer la mort de nos vies et de l’espace public, à tour prix évincer la maladie et la souffrance de nos vies qui sans elles, pourtant, n’ont plus de relief et dont le sens métaphysique se perd dans un vide sidéral. La maladie, la mort, sont des thèmes éternels… ils ressurgiront, ils ressurgissent sous nos yeux.

  • La vraie pandémie dont souffre la France ? Le gaspillage public... par Agnès Verdier-Molinié.

    Agnès Verdier-Molinié à Paris, le 2 février 2021.  — © JOEL SAGET/AFP

    Dans son essai "La France peut-elle tenir encore longtemps ?", l’essayiste libérale pourfend la tentation hexagonale d’une hausse illimitée des dépenses publiques. Le mur de la dette existe...

    Nous sommes d'accord avec l'analyse d'Agnès Verdier-Molinié.

    Nous nous contenterons juste de rappeler que l'on dit toujours "en France", ou "la France", ou "chez nous" mais, pour nous, cette formulation est une erreur : c'est "le Système" qu'il faut dire, pas "la France". Avec la Royauté, nous avions un régime qui était "la flèche du progrès" (expression de Pierre Debray); c'est la République idéologique, instaurée en 1875, qui a transformé ce pays-phare, par et à cause du monstre étatique obèse, impuissant et paralysant qu'il a engendré.

    C'est donc ce Système qu'il faut remettre en cause si l'on veut remettre en ordre.

    Il faut abolir ce Système néfaste, et redevenir ce que nous étions "avant" : "la flèche du progrès.

    Pour cela, il nous faut retrouver l'Institution qui nous est naturelle et consubstantielle, puisque c'est elle qui a fait la France, et qui en a fait le premier pays du monde, au moment où a éclaté la funeste Révolution : notre Royauté traditionnelle...

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    Voici le texte d'Agnès Verdier-Molinié :

    Dans son essai «La France peut-elle tenir encore longtemps?», l’essayiste libérale pourfend la tentation hexagonale d’une hausse illimitée des dépenses publiques. Le mur de la dette existe, affirme-t-elle avant sa rencontre, mercredi soir en vidéoconférence, avec les lecteurs du «Temps».

     

    Les Français aiment les vérités douloureuses. C’est ainsi que le dernier livre d’Agnès Verdier-Molinié – «La France peut-elle tenir encore longtemps?» (Albin Michel) – figure, en pleine crise sanitaire, dans la liste des best-sellers. De quoi faire de cette essayiste une interlocutrice de choix pour les lecteurs du Temps, qui la rencontreront en ligne ce mercredi, entre 18 et 19 heures. Il est encore possible de s’inscrire sur le lien indiqué en fin d’article.

    Le Temps: Votre verdict est sans appel: la France va dans le mur. Son Etat providence est un gouffre qui creuse son endettement à des niveaux insupportables et bientôt périlleux.

    Agnès Verdier-Molinié: J’aimerais que la France, confrontée comme ses voisins européens à d’énormes défis sociaux durant cette crise sanitaire, ne soit pas dans cette situation. Mais la comparaison est sans appel. Je montre dans mon livre que la France est, jusqu’en octobre 2020, le pays qui a emprunté le plus pour faire face à la pandémie. Son endettement public a crû à hauteur de 13% de son produit intérieur brut (PIB), là où celui de l’Allemagne a augmenté de 7,5%, la moitié! Or la situation française, au début de la crise sanitaire, n’avait malheureusement rien à voir avec celle de son voisin allemand. Depuis 2015, notre endettement n’a pas cessé d’augmenter pour atteindre, depuis l’apparition du coronavirus, des besoins de financements inédits à hauteur de 1 milliard d’euros par jour. Ajoutez à cela la tendance actuelle, qui verra 2021 creuser encore un peu plus ce fardeau de la dette avant la présidentielle de 2022. Il est normal, dans ces conditions, de se demander si la France peut tenir encore longtemps…

    Ce «encore longtemps» peut être interprété différemment. Pour vous, il y a urgence. Pour d’autres, justement, il y a de la marge.

    Où est cette «marge»? En 2023, l’année qui suivra celle de l’élection présidentielle, près de 180 milliards d’euros d’emprunts arriveront à échéance et il faudra réemprunter pour les rembourser. Ceux qui prétendent pouvoir attendre nous mentent. Et ceux qui parient sur une possible annulation de la dette covid conduisent le pays dans le mur. Cette annulation n’interviendra pas. Il faudra rembourser les investisseurs internationaux, dont la France dépend de plus en plus pour financer son Etat providence dont l’efficacité est, depuis le début de la pandémie, remise en cause. Nous n’avons jamais autant dépensé pour les services publics. Nous n’avons jamais mis autant d’argent dans la machine. Et pour quel résultat? Les Français sont-ils mieux soignés que la moyenne des Européens? L’hôpital français a-t-il fait la preuve de son extraordinaire efficacité lors de la crise des lits de réanimation? La réalité est que le pays est confronté à un problème terrible de surcoût de ses services publics, que mon institut, la fondation Ifrap (Institut français pour la recherche sur les administrations publiques) évalue à 84 milliards d’euros par an. La seule distribution des dépenses de protection sociale coûte à l’Etat français 42 milliards d’euros. Ce surcoût est devenu intenable, car il plombe les finances publiques et nuit gravement à la qualité de cet Etat providence, devenu bien trop lourd sur le plan administratif pour être performant et remplir ses objectifs de correction des inégalités.

    Et pendant ce temps, pandémie ou pas, la pression fiscale française reste l’une des plus élevées au monde.

    Les Français sont ceux qui paient le plus d’impôts au monde. C’est aussi simple que cela. Ils sont matraqués sur le plan fiscal, comme le prouve l’augmentation des prélèvements obligatoires, passés de 41% du PIB en 2015 à 45% en 2020. Le seuil de tolérance est atteint. La crise des «gilets jaunes», déclenchée fin 2018 par l’augmentation envisagée du carburant diesel, a montré que nous sommes au maximum du consentement fiscal dans le pays. Le plafond d’imposition est atteint. Une goutte de fiscalité supplémentaire peut déclencher des mouvements sociaux incontrôlables. Alors, on fait quoi?

    Vous oubliez le Covid-19, ce rouleau compresseur qu’est la crise sanitaire, la nécessité de parer au plus pressé, d’amortir le choc social…

    Je ne l’oublie pas. J’affirme que le Covid-19 ne peut pas être lu d’une façon unique. Oui, les besoins sont énormes, mais la crise sanitaire fonctionne comme un révélateur. Elle met au jour les dysfonctionnements d’un système de santé français suradministré, épuisé par l’empilement de strates. La France sanitaire est la championne des surcoûts et des inefficiences. Le coût de l’administration de la santé est évalué à 16,5 milliards d’euros sur 235 milliards d’euros de dépenses, près de 7%, alors que de nombreux pays l’ont ramené autour de 3%. Or même devant l’épreuve de la crise, la France ne veut pas se poser certaines questions: celle de la gestion des hôpitaux par des opérateurs privés, celle du statut de la fonction publique hospitalière… On ne peut pas dissocier le problème réel des rémunérations trop basses des infirmières du coût de leur système de retraite, et du nombre d’heures travaillées bien moins important qu’en Allemagne. Dépenser est indispensable en temps de crise. Gaspiller est une faute majeure.

    Gaspiller… Vous y allez fort!

    La France fait face à une tentation redoutable, meurtrière pour son économie: celle de la dépense illimitée. Le plus important est au contraire, d’ici la présidentielle de 2022, de reprendre la main et de fixer un agenda de retour sur des rails financiers acceptables. Faute de quoi les investisseurs internationaux nous le feront payer cher. Bien sûr, mes avertissements apparaissent alarmistes à l’heure des taux d’intérêt négatifs, mais ces derniers sont-ils là pour durer? A quoi cela sert-il de créer sans cesse de nouvelles aides sociales alors que les entreprises sont accablées d’impôts et que la reprise de leur activité, après le confinement, sera souvent rendue impossible par le fardeau fiscal, bien trop lourd, qu’elles devront acquitter? Il n’y a pas d’argent magique. Pas d’argent gratuit. La crise sanitaire ne doit pas tuer ce débat, au profit de chimères sur des dépenses sociales illimitées. La France souffre d’une pandémie de gaspillage public.

    Emmanuel Macron avait promis de «transformer la France». S’il se représente en 2022 pour un second mandat, que direz-vous?

    La France n’a pas été transformée. Les réformes structurelles ont été abandonnées dès le début du quinquennat, ou bien rendues incompréhensibles par leur complexité technocratique, comme ce fut le cas avec la réforme des retraites, aujourd’hui en suspens. Le pays reste victime de sa centralisation excessive et de la concentration des pouvoirs dans les mains de l’exécutif, sans capacité réelle de contrôle du parlement. L’agenda est simple. Il faut remettre la transformation de la France à l’ordre du jour, car elle est indispensable. La pandémie a aggravé l’état de santé du patient français. Elle rend encore plus insupportable sa pathologie de l’endettement comme remède universel.

     

    Agnès Verdier-Molinié est l’invitée du «Temps» ce mercredi 24 février de 18 à 19 heures sur le thème «La France et son Etat providence peuvent-ils tenir longtemps?».

    Pour vous inscrire à la rencontre (en vidéoconférence sur Zoom et sur notre site).

     

    3.jpgRichard Werly

     

     

     

     

    Source : https://www.letemps.ch/

  • Au cinéma : Le monde d'hier, par Guilhem de Tarlé

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    À l’affiche : Le monde d’hier, un film français de Diastème, avec Léa Drucker (Élisabeth de Rancy, Présidente de la République), Denis Podalydès (Franck L’Herbier, secrétaire général de l’Élysée), Benjamin Biolay (Didier Jansen, Premier Ministre), Jacques Weber et Thierry Godard (Luc Gaucher et Willem, candidats, « républicain » et d’ « extrême droite », à l’élection présidentielle).

    guilhem de tarlé.jpgLe monde d’hier… Je n’ai pas lu le livre éponyme de Stefan Zweig, qui raconte l’Europe de 1895 à 1941, avec évidemment l’arrivée d’Hitler au pouvoir, l’antisémitisme et le "suicide de l’Europe", mais c’est bien à cette époque que Diastème veut nous renvoyer en sortant, ces jours-ci, son long-métrage.

    Il s’agit d’un véritable tract cinématographique, un film militant, qui se déroule en France, précisément à trois jours du premier tour d’une élection présidentielle opposant un candidat (autoproclamé) « républicain » à un candidat (qualifié) « d’extrême droite ».

    Sur une plaquette de présentation, le réalisateur dit de « la montée de l’extrême-droite en France » qu’elle est « le plus gros problème de notre société à court terme (…) c’est la mort. ».
    J’ai envie de plagier Molière et la servante des Femmes savantes : « qui veut noyer son chien l’accuse… d’extrême droite » , et je pose la question : qu’est-ce que « l’extrême droite » ?

    J’en ai recherché vainement, dans sa plaquette, une définition … Il cite « Trump, Bolsonaro, la Turquie, la Hongrie, la Pologne et Salvini en Italie »… dont on conviendra que ça ne qualifie en rien une idéologie, une doctrine, un système, une pensée.
    De même, dans son Dictionnaire encyclopédique d’histoire  Mourre qualifie le Front national (FN) d’extrême droite alors que dans son article « Droite » il distingue « plusieurs droites » sans jamais mentionner ladite « extrême droite ». je répète donc la question qu’est-ce que l’« extrême droite » ?

    Diastème parle du fascisme et, dans le film, le Secrétaire général de l’Élysée évoque « une internationale fasciste » !
    « Ben voyons… »
    Cette prétendue synonymie d’ « extrême droite » et « fascisme » m’a toujours étonné, qui ne correspond à aucune réalité historique.
    Ceux-là même qui situent le « social » à gauche et le « national » à droite, situent le fascisme à « l’extrême droite » ; ne devraient-ils pas plutôt le placer à l’extrême centre ?  Ne savent-ils pas que Mussolini était issu du parti socialiste ?

    Quoiqu’il en soit, l’objectif (la « morale ») du film est de nous faire communier dans l’idée qu’un candidat qualifié « d’extrême droite » ne peut pas, ne doit pas être élu : « Il ne reste qu’une seule chose à faire par tous les moyens nécessaires (…) il faut que cette élection n’ait pas lieu ».
    Vous vous féliciterez avec moi de ces propos parfaitement « républicains » et « démocratiques », dans la lignée de ce que disait le « citoyen » Saint-Just : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ».
    Oui, on reste bien dans le monde d’hier, celui de la Terreur révolutionnaire.

    Question : y a-t-il des candidats qualifiés d’ « extrême droite » à l’élection présidentielle des 8 et 24 avril 2022 et, si oui, le coût de réalisation, de production et distribution de ce film de propagande apparaît-il sur les comptes de campagne de l’un des autres candidats ?

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse et d'actualité de lafautearousseau...

     

    Le scandale de l'électricité continue de plus belle : le gouvernement défigure nos paysages à coups d'éoliennes qui saccagent tout (paysages, sols, oiseaux, vie des riverains...) et transforme des zones entières en monstrueux "paysages photovoltaïques" alors que ce double saccage, qui nous coûte énormément d'argent est absolument inutile, puisque nous avons le nucléaire.

    La preuve (ou, plutôt, une preuve supplémentaire) ? À cause du trop-plein d’électricité, "on" a décrété 100 jours d’arrêt forcé à la centrale de Cattenom !

    Eh, oui ! la France produit trop d’électricité ce printemps ! EDF a donc demandé à la centrale nucléaire de Cattenom de stopper son réacteur n° 1 pour une durée de 100 jours. La déconnexion est attendue pour la fin de semaine du 4 mai : de l’inédit sur le parc français.
    Ainsi donc, notre Système de folie et en folie saccage notre pays, à coup de soi-disant "éolien" et "solaire", et surtout à coup de milliards, qui seraient bien mieux employés ailleurs, puisque tous les secteurs manquent d'argent, partout, en France, à l'heure actuelle : de la Santé à l'Armée, en passant par l'ensemble des infrastructures du pays...
    Le prochain rechargement de combustible de l’unité 1 est désormais calé en mars 2025. D’ici là, il faut économiser le carburant du réacteur.  Photo Philippe Neu

     

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    1. "Emmanuel Macron ou le fédéralisme honteux" : l'édito politique de Vincent Trémolet de Villers sur Europe 1 : 

    "Les discours d'@EmmanuelMacron disent "souveraineté", "indépendance", "puissance" pour habiller son projet impérial de la sémantique rassurante de l'Etat-Nation. Comme si Chat GPT faisait un texte fédéraliste avec les mots de Philippe Seguin : c'est du fédéralisme honteux..."
     

    2. À propos d'Atos, et de l'État qui s'engage, enfin, au rachat des activités stratégiques (sur OpexNews) : 

    "L'Etat a certes signé une lettre d'acquisition en son nom, mais il compte intégrer au tour de table les industriels français. Airbus, #Thales, #Dassault et MBDA pourraient faire partie de ce consortium..."

    Emmanuel Macron à Bergerac le 11 avril pour l'inauguration d'Eurenco. Lors du déjeuner, le président à évoquer avec les patrons de la défense le cas Atos.

     

    3. Qu'est-ce que c'est que cette stupidité, et qui donc a eu cette idée géniale...ment débile ? Évidemment d'accord avec Marion Maréchal ! :

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    4. De Fabien Bouglé (sur tweeter, et sur un nouveau coup bas de nos ennemis allemands) :

    "La guerre économique de l'Allemagne  contre la France continue ! "L’Allemagne s’oppose à Iris2, le «Starlink européen» jugé trop favorable à la France"
     
    Mais, qu'est-ce que "l'Iris 2" ?  Tout est expliqué dans cet article, publié en février dernier :

     

    5. De Pierre Gentillet, sur Sud Radio :

    "Je vous donne rendez-vous à nouveau à Belâbre place principale à 10h samedi 11 mai pour manifester contre l’installation d’un centre pour migrants en plein cœur de la commune. Belâbre est à quelques Kilomètres de Châteauroux, là où Matisse a été poignardé par un afghan. Nous ne voulons pas jouer aux dés avec nos proches en accueillant des gens dont nous ne savons rien !"
     
    (extrait vidéo 1'10)
     
     
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    6. Nicolas Bay a gagné le procès que lui avait intenté monsieur Médine, prétendu "artiste" (?) ou "chanteur" (?) ou "rappeur" (?) ou on ne sait quoi, mais vrai ami des islamistes et des Frères musulmans...

    "Le jugement du procès m’opposant au rappeur Médine a été rendu. Il m’attaquait en diffamation pour avoir déclaré qu’il était « proche de la mouvance islamiste des Frères musulmans ». Médine est donc débouté et je suis relaxé ! Ils ne nous feront jamais taire."

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    7. Dans Le Parisien « Une vocation » : après la finale des Championnats de France, ce joueur pro de volley deviendra… prêtre. Ludovic Duée, joueur de l’équipe de volley de Saint-Nazaire, a annoncé à Ouest-France qu’il allait rentrer dans les ordres...

    https://www.leparisien.fr/sports/une-vocation-apres-la-finale-des-championnats-de-france-ce-joueur-pro-de-volley-deviendra-pretre-23-04-2024-3HGGJ5L5YZFEDHWMVA6A56J7VI.php

    Ludovic Duée a annoncé la semaine dernière qu'il veut entrer dans les ordres. Icon Sport/Herve Bellenger

     

     

    À DEMAIN !

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  • Réédition contextualisée de ”Mein Kampf” ? Oui, bien sûr ! Il ne manque que la dédicace...

     
     
    Le sacrifice d'un million et demi de jeunes Français... pour que le Système, la République idéologique nous "donne" Hitler, vingt ans plus tard !

    Voici une proposition de dédicace, par lafautearousseau :

    À Georges Clemenceau.

    En refusant de démembrer l'Allemagne, comme le demandaient l'Action française et les Patriotes de tous bords - alors qu'il a démembré l'Autriche-Hongrie - il nous a "donné" Hitler, vingt ans plus tard, comme l'avait prévu Jacques Bainville.

    Le sacrifice d'un million et demi de jeunes Français a ainsi été stérilisé par la République idéologique, le Pays légal, le Système dont Clemenceau était le chef.

    Hitler ? Mein Kampf ?

    Clemenceau et le Système responsables et coupables !

  • L'Europe dont les peuples ne veulent plus, par Hilaire de Crémiers*

    Le verdict populaire est sans appel. L’Europe qui était de moins en moins crédible, ne l’est plus du tout, mais tout sera fait pour maintenir le système et continuer dans la même voie. Quant à Hollande, il est devant une crise institutionnelle majeure.

     

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    François Hollande peut-il durer ? Tous les éléments sont contre lui...

     

    Le résultat des élections européennes était prévisible et depuis fort longtemps. Certains se croient obligés maintenant de s’en offusquer. Ils n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes. L’Europe s’est faite contre les peuples ; les peuples votent contre l’Europe : il fallait s’y attendre.

    Et d’abord par l’abstention, ce qui facilite les interprétations des commentateurs patentés, mais qui est, en fait, un vote de refus et qui, de plus, est clair et net. Pas seulement en France, mais dans toute l’Europe. à quoi s’ajoutent toutes les listes dont les programmes récusent l’Europe officielle, le Front national en tête, puisque tel est le fait qui explose à la figure des gouvernants. L’ensemble regroupe une majorité qui dit ouvertement « non » à ce qui se fabrique à Bruxelles.

     

    Signification du vote

     

    Si ce refus signifie un évident rejet d’un projet qui devient de plus en plus une abstraction de technocrates et de politiciens, il manifeste en revanche une adhésion profonde à des réalités charnelles, vivantes, nationales qui font l’histoire et donnent un sens à la vie sociale. 

    Les peuples veulent rester eux-mêmes et n’acceptent plus d’être méprisés. Ce vote n’a pu s’exprimer dans toute la limpidité de son contenu positif. Et pour cause. L’objet sur lequel il portait est par nature abscons. 

    L’Europe est devenue une machine administrative incontrôlable et, de plus, une machine partisane dont la représentation n’a aucun caractère de véracité. Les peuples en sont concrètement absents. Aussi pareil scrutin n’est qu’un système de plus qui s’ajoute aux systèmes déjà existants et dont les élus sont censés contrôler un autre système, celui de la « gouvernance européenne » d’une complexité qui frise l’absurdité quand il s’agit de politique, avec ses domaines de compétence aux contours indistincts et donc trompeurs entre le régime dit « communautaire » et ce qu’il est convenu d’appeler encore « l’intergouvernemental ». Il est des gens qui vivent de ce « machin » et dont le combat quotidien consiste à grignoter des parts de pouvoir de l’un sur l’autre.

    Cette Europe est littéralement monstrueuse ! Ainsi l’ont voulue les apprentis-sorciers qui ont imaginé, au fur et à mesure de sa construction, cette maison de fous où se côtoient des fonctionnaires d’administrations aux vues totalitaires et incohérentes, des économistes sans responsabilités réelles et, du coup, d’autant plus dictatoriaux dans leurs prescriptions, des politiciens en mal de carrière et qui jouent d’autant plus aux matamores, des prébendiers de la technostructure européenne où sévit l’art de prendre les places – après Barnier, le tour de Moscovici est venu ! –, des malins qui ont fait de ce qu’ils appellent pompeusement l’aventure européenne, leur affaire personnelle, enfin des vagabonds de toutes sortes qui se sont donnés de l’importance, de l’influence et, fort judicieusement, des rémunérations en s’assurant des postes et en usant des groupes de pression qui vivent de, par et pour l’Europe. Ajoutez quelques belles âmes aux élans mystiques de démocrates-chrétiens qui couvrent d’une rhétorique fuligineuse et prétendument spirituelle cet affreux mélange de mercantilisme, d’affairisme, de politicaillerie et de cynisme, qui s’est doté non d’un véritable droit mais d’un appareil juridique aussi immoral qu’implacable, comme toute entité de type idéologique.

    Telle est la réalité de l’Europe aujourd’hui et c’est d’une évidence telle que les gens de bon sens ne veulent plus de cet univers kafkaïen. Il fallait faire l’Europe autrement. C’eût été possible, mais, aujourd’hui, c’est raté et c’est trop tard. Ni Guaino ni Wauquiez n’y changeront rien, malgré leurs éloquentes protestations : ils sont, d’ailleurs, traités de renégats par ceux qui tiennent les rênes de leur parti. L’Europe-diktat, c’est la formule obligatoire, forcée à gauche comme à droite dans les partis dits de gouvernement.

    En dépit de tout, malgré le dégoût manifeste des peuples, dans le mépris total des réflexions de bon sens des meilleurs chroniqueurs, il est interdit de remettre en cause les dogmes de la religion européenne, à quoi il faut tout sacrifier.

     

    Quoi derrière l’Europe ?

     

    Et, pourtant, qui ne voit que la machine échappe à tout le monde. Les Anglais pragmatiques n’ont qu’une idée, la quitter, après en avoir tiré tous les profits possibles et y avoir instillé leur conception du droit privé et du droit des affaires qui annihile notre propre droit de civilisés latins. Les juristes intelligents et honnêtes – ça existe encore – savent parfaitement de quoi il retourne.

    Les Allemands ne se sentent bien dans une telle Europe qu’en y préservant leur propre souveraineté de peuple allemand que leur Cour constitutionnelle établit naturellement en norme supérieure ; ils imposent en conséquence aux autres peuples leur conception de droit public, leur méthode d’organisation économique et de direction budgétaire. L’Allemagne a opéré sa réunification par décision souveraine sur un seul et unique mark, et ce grâce à l’Europe ; et l’euro n’est rien d’autre que sa propre monnaie. Tant que l’Europe servira les intérêts allemands, en particulier à l’Est, l’Allemagne la soutiendra, comme dans l’entre-deux-guerres avant qu’Hitler ne donnât un tour violent à ses revendications. Car Hitler rêvait aussi d’Europe unifiée !

    Les autres peuples d’Europe ont cru dans l’Europe bruxelloise comme à une sorte de songe heureux d’enrichissement facile que l’abus des fonds structurels semblait justifier jusqu’au moment du retournement de situation. Car qu’est la richesse sans le travail ? La Grèce en est le plus bel exemple.

    Quant aux Français – on leur serinait cette leçon –, ils s’imaginaient que l’Europe était leur affaire, leur grande idée, une transposition au niveau international de leur conception républicaine, socialiste autant que libérale, jacobine autant que libertaire, ce modèle que, d’après leur doctrine officielle, le monde entier leur enviait : quoi de plus réjouissant, en effet, dans le genre de conception qui anime nos politiciens et leurs intellectuels stipendiés, que de réglementer, oui, comme en France, encore réglementer, toujours réglementer afin de supprimer toutes les libertés particulières si gênantes et ainsi instaurer l’Égalité dans la Liberté. C’était ça, l’Europe d’abord et aussi ! Le socialisme français ferait l’Europe libérale et l’Europe libérale se plierait aux concepts du socialisme français ! Giscard, Mitterrand, Chirac, Jospin, Sarkozy, Hollande, même combat !

    Quel mécompte ! Schengen, Maastricht, Amsterdam, Lisbonne, ce ne fut successivement que des tours de passe-passe manigancés par des politiciens sans scrupule pour, d’une matrice mal formée, accoucher leur invivable idée européenne aux forceps. Et concrètement la France a été flouée et ses intérêts les plus certains sacrifiés : la voici envahie, jetée dans le chômage,  désindustrialisée, appauvrie, vendue, rackettée.

    Voilà déjà douze ans que dans ces colonnes il était écrit que l’Europe exploserait à cause de ses contradictions et, en particulier, que l’approfondissement et l’élargissement poursuivis concurremment se révéleraient une impossible gageure. Rien n’ouvre les yeux des dirigeants français qui se sont mis à l’abri, quant à eux, des conséquences néfastes de leurs décisions qu’ils continuent d’inscrire et d’accumuler dans le fatras inepte des pétitions de principe qui leur servent de conception politique. Tant que leurs comptes seront garnis en fin de mois, ils ne comprendront rien : ils ne connaissent pas la vie des Français. Il est même des élus aujourd’hui pour le dire. Salutaire prise de conscience !

    Alors que la France crève littéralement du régime des partis, ainsi qu’à peu près tous les pays d’Europe, il faut encore que ce système devienne une norme européenne, comme une prétendue panacée démocratique. Les pays ne sont plus représentés ; la représentation est livrée aux partis ! Il est vrai que pareil système a toujours fait bon ménage avec la pire des technocraties qui n’a rien à en redouter : le réel seul lui fait peur. Rien ne pourra arrêter cette machine folle, sauf l’abîme.

    Le vote partisan, même national, n’est malheureusement pas une solution. Que peuvent faire quelques députés européens ? Rien. Rien ne sera donc fait. Sauf que tout ira de mal en pis.

     

    Hollande vers la fin ?

     

    Dans sa ridicule situation, Hollande a trouvé un « truc » de plus pour tenter d’occuper le terrain : la réforme territoriale que Valls est chargé de mettre en œuvre. Mal conçue, de manière technocratique, pour complaire aux « lobbies » européens, elle sera mal faite et ne visera qu’à supprimer des réalités françaises dont tout ce personnel politicien se contrefiche pourvu que se maintienne son système à lui.  

    De quel droit ce petit monde de gens sans culture, sans attache familiale, sans enracinement historique, sans foi, sans autre loi que leur République abstraite, sorte de déesse qui justifie tous leurs abus de droit et leur passion déréglée du pouvoir, se permet-il de décréter l’existence ou la non-existence des régions de France, de nos provinces, de nos pays ? La France et ses provinces existaient avant eux. Sont-ils nos maîtres à ce point qu’ils en décident en fonction de leurs intérêts électoraux ? Questions financières ? Voire : il est à parier que les machineries qu’ils vont construire coûteront encore plus cher, comme il arrive à chaque fois qu’ils prétendent réformer. En vérité, la centralisation comme la décentralisation sont en France des échecs depuis des décennies pour l’unique raison qu’elles ne sont plus que des instruments du régime des partis. Tout fonctionnaire un peu sagace, tout élu sincère qui se dévoue à sa tâche, le sait parfaitement. Notre décentralisation est devenue aussi monstrueuse que notre centralisation. Hollande ni Valls ni les autres qui ne sont que des hommes de parti, ne résoudront rien. Il faudrait des hommes de gouvernement et, pour l’heure, ça n’existe pas sur le marché des politiciens.

    En revanche, ces politiciens sans morale continuent imperturbablement à détruire la famille française – c’est toujours en cours –, à faire de l’éducation un levier de pouvoir pour leur domination, à corrompre les mœurs et, pire encore, les esprits. Ce qu’ils veulent, une société à leur image qui légitime un pouvoir à leur image : leur pouvoir. De fait les armes du pouvoir sont à leur service. Rien n’est pour eux plus jouissif que de voir les Français, et souvent les meilleurs gens du monde, être obligés d’obéir et de collaborer à leur œuvre de perdition : au nom de l’intérêt national ! Au nom de la France ! Jusqu’à quand ?

    Hollande pour tenir en haleine un pauvre peuple désarçonné, et alors que la France est déjà en déflation, prend le ton prophétique d’un grand pontife en extase : « la courbe du chômage va s’inverser, la croissance est là, les impôts vont baisser ». Le tout assorti de janotismes qui émaillent si habituellement ses discours et qui ajoutent au grotesque de sa mauvaise comédie. Le président devrait méditer sur le sort réservé dans la Bible aux faux prophètes. Le sage Montaigne avertissait : « C’est don de Dieu que la divination : voilà pourquoi ce devrait être une imposture punissable d’en abuser… Ceux qui manient les choses sujettes à la conduite de l’humaine suffisance sont excusables d’y faire ce qu’ils peuvent ; mais ces autres qui nous viennent pipant des assurances d’une faculté extraordinaire qui est hors de notre connaissance, faut-il pas les punir de ce qu’ils ne maintiennent l’effect de leur promesse, et de la témérité de leur imposture ? » (Essai, I, XXXI).

    Hollande n’est qu’au début de sa punition. Hélas, ce sera dur pour tout le monde.  

     

    * Analyse politique parue dans le numéro 130 (juin 2014) de Politique magazine

  • Jean-Frédéric Poisson : « La prolifération de l’islam ne se nourrit que de la faiblesse de notre propre conviction à déf

    Jean-Frédéric Poisson a été député et maire de Rambouillet dans les Yvelines. Un territoire qui, une fois de plus, a été endeuillé par l’égorgement d’une fonctionnaire de police dans les locaux du commissariat. Quelques mois avant, le même département avait connu l’assassinat du couple de policiers de Magnanville et l’égorgement de Samuel Paty.

    Qui sont les responsables ? Nos principes républicains sont-ils taillés pour faire rempart à la menace islamiste ? La fermeture des frontières suffirait-elle à protéger les Français ?

    Réponses de Jean-Frédéric Poisson au micro de Boulevard .

    Vendredi, la ville de Rambouillet se retrouvait endeuillée. Un clandestin tunisien tout juste régularisé a égorgé une fonctionnaire de police de 49 ans, mère de deux enfants, au sein du commissariat de Rambouillet. C’est la première fois qu’une telle chose se produit dans cette ville.

    C’est la première fois, et si la preuve devait être faite que cela peut maintenant frapper n’importe où n’importe quand et sur n’importe qui, on le savait déjà. On se considère toujours comme un peu à l’écart de ces coups du sort. Il faut avoir en tête que le département des Yvelines n’est pas, non plus, n’importe quel département. C’est le département qui a envoyé le plus grand nombre de en Irak et en Syrie. Dans ce département, il y a des foyers de de l’ conquérant très actifs, des agressions régulières contre les forces de l’ordre et des actes de répétitifs. Les Yvelines ne sont donc pas un département aussi calme et aussi tranquille que ce que nous pourrions croire. Ce département est très bigarré, dans lequel l’ conquérant est extrêmement présent. Les Yvelines ne sont pas épargnées par tout cela. On aurait préféré rester à l’écart de cette folie.

     

    Selon vous, qui est responsable de ce qui s’est passé, vendredi, à Rambouillet ?

    La très belle chanson de Bob Dylan « Qui a tué Davey Moore » est l’histoire d’un boxeur mort sur le ring. Son entraîneur, son adversaire et l’arbitre n’ont pas fait attention et il est mort. Il y a une forme de dilution de la responsabilité. Personne ne peut prétendre sérieusement qu’aucune mesure ne garantira jamais qu’un de cette nature puisse se reproduire. Personne ne peut empêcher quelqu’un de déterminé de donner la mort à quelqu’un d’autre. Pour autant, cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas traiter les causes. Je vois deux types de causes.

    La première, c’est la complaisance que nous continuons d’avoir à l’égard de l’islam conquérant, de l’islam tout court comme système politique et comme idéologie. Dans le cœur de l’islam sont inscrits des ferments de violence. Dans la politique de l’islam est inscrite la volonté de dominer tous les esprits et de soumettre, dans la loi islamique, tous les comportements individuels. Dans la diplomatie des États musulmans est inscrit le projet de faire dominer la charia en Europe.

    Le président Erdoğan n’est que le porte-voix d’un certain nombre de pays sunnites qui veulent faire régner la loi islamique sur l’Occident. Nous ignorons tout cela et n’avons pas pris la mesure de ce bras de fer de engagé par l’islam à notre encontre. Nous faisons comme si cette percussion n’existait pas, qu’elle était aimable et comme si elle pouvait être résolue, atténuée ou amortie par des accommodements raisonnables. On nous dit que ces fameux accommodements raisonnables pourraient améliorer la situation. Je n’y crois pas du tout.

    Autant je crois que le dialogue avec les musulmans est indispensable, autant je pense que la conciliation avec l’islam est impossible.

     

    Marine Le Pen face à Gérald Darmanin avait pris grand soin de dissocier l’islamisme et l’islam.

    Cela n’existe pas. Je suis curieux de savoir ce qu’il y a derrière ces termes. Il y a une différence entre l’islam et les musulmans. Il y a l’islam comme système et doctrine d’un côté et, de l’autre côté, le rapport qu’entretiennent les croyants à ce système et à cette doctrine. Politiquement, vous pouvez travailler sur la doctrine si vous engagez un combat culturel contre les idées. C’est cela qui n’existe pas, en France. Malgré les annonces et les coups de menton, la détermination sans faille, etc., on ne voit toujours pas de grands courants orientalistes renaître en France et toujours pas de soutien à ceux qui engagent une critique rationnelle de l’islam en tant que système.

    Par ailleurs, il y a ce qui est à faire contre les foyers de résonance de cet islam conquérant. La loi contre le séparatisme a essayé d’engager deux ou trois choses assez timides. Je ne suis pas certain qu’elles produiront des effets. C’est bien sur cette relation entre les musulmans et le système intellectuel qu’est l’islam qu’il faut travailler. La distinction islam/islamisme n’a aucun sens !

     

    Ce message porté par les gens du printemps républicain démontre que la République telle qu’elle est vue et interprétée aujourd’hui n’est peut-être pas armée pour lutter contre cet islamisme radical ?

    C’est un formidable signe de faiblesse. Quel plus grand signe de faiblesse que de vouloir faire taire celui qui ne pense pas comme vous ? Trouvez-vous que cette attitude est une attitude de force ?

    Pensez-vous que c’est l’attitude de quelqu’un qui est sûr de ses propres principes et qui est à l’aise avec sa propre doctrine ?

    Quelle est cette République, paraît-il, de la tolérance, de la liberté d’expression, de la liberté de croyance et de la liberté d’association ? Quelle est cette République qui, tout d’un coup, se met à interdire ?

    Plus on renonce à traiter cette question et plus on est obligé d’entrer sur un régime d’interdiction, de privation et de contrainte pour expliquer aux musulmans qu’ils ne pensent pas droit.

    On est en train de se rendre compte que ces fameuses valeurs de la République ne veulent rien dire. Pour beaucoup de Français, c’est du vent ! Les valeurs de la République répétées en particulier aux Français musulmans ne leur parlent pas. Je ne dis pas que cela ne parle à personne, je dis simplement que cela n’a aucune efficacité sur le plan de la capacité à refaire corps et à essayer de vivre les uns à côté des autres et, encore mieux, les uns avec les autres.

    Au fond, plus on est faible sur les finalités que l’on doit poursuivre, plus on doit devenir fort sur les procédures et les méthodes. Lorsque vous êtes forts sur les fins que vous poursuivez et lorsque vous savez les énoncer clairement, vous avez besoin de moins de procédures. Je peux comprendre l’agacement des gens qui voudraient voir interdire, une fois pour toutes, le voile dans l’espace public. Mais au nom de quoi ? Je me mets à la place de certains musulmans. Pourquoi des personnes pourraient porter des voiles sur la tête lorsque des processions sont faites dans la rue pour des fêtes religieuses chrétiennes, alors que les femmes musulmanes ne le peuvent pas ? On va me dire que c’est à cause de la civilisation.

    Si vous imaginez la variété des raisons pour lesquelles les femmes musulmanes se mettent à porter le voile, vous seriez surpris. Il n’y a pas qu’une logique de soumission. Il y a aussi une logique de protection, de pudeur et d’affirmation identitaire. C’est parce que nous avons renoncé à notre idéal de civilisation que les gens vont chercher ailleurs. Au fond, la prolifération de l’islam et sa capacité à s’installer en France durablement ne se nourrissent que de la faiblesse de notre propre conviction à défendre notre civilisation.

     

    D’un point de vue très pragmatique, que faudrait-il mettre en place ? Est-ce que la fermeture des frontières et les contrôles d’immigration sont efficaces ?

    Il faut faire tout cela en ayant conscience que ce sont des signaux politiques et que cela ne va rien régler du jour au lendemain. Comme je le disais tout à l’heure, le meurtrier de Rambouillet est en France depuis dix ans. Même si vous fermez les frontières maintenant, cela ne réglera rien pour ceux qui sont déjà rentrés. Mais c’est un signal politique et l’affirmation d’une volonté. Si, effectivement, vous cessez les naturalisations pendant un temps, vous envoyez un signal politique. Si vous décidez de faire une vraie bagarre aux clandestins, et peu importe que vous n’en expulsiez que 2 ou 3 %, cela envoie tout de même des signaux politiques. Cela ne traite pas la question des attentats terroristes, mais cela envoie des messages à ceux venant des pays étrangers qui pourraient considérer qu’ils peuvent être les bienvenus en France. Cela ne peut plus être le cas.

    L’attentat de vendredi est encore une manifestation qui fait suite aux dizaines d’agression, toutes les semaines, sur tout le territoire, contre les forces de police. Un de mes amis m’expliquait que, dans la métropole lyonnaise, les forces de l’ordre sont agressées presque tous les soirs. La seule réponse du gouvernement est de dire « on sera ferme ». Mais lorsqu’on est ferme comme au tribunal de Créteil, lorsque les criminels de Viry-Châtillon ont été blanchis pour certains d’entre eux par la , ce n’est pas formidable en termes d’efficacité. Au fond, c’est la réflexion sur les causes de cette violence et sur la désespérance qui atteint le peuple français et sur le fait que nous sommes en train de toucher la limite d’un système matérialiste et d’un système de consommation. Nous sommes en train de toucher la limite de la vision individualiste du corps . Tout cela n’engendre que de la violence. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas de régulation spirituelle, et je ne parle même pas de religion. Nous avons renoncé à notre ferment de civilisation, donc nous n’avons plus de régulation spirituelle. Par conséquent, la violence s’installe.

    Il y a quelque chose de presque mécanique. C’est une constante historique que nous voyons à peu près partout. Qui s’apprête à traiter ce sujet politique ? Qui s’apprête à placer le débat sur ce bon niveau politique ? Les autres sont des enjeux de gestion. Je ne suis pas contre la fermeture des frontières, je l’approuve. Je suis d’accord pour que l’on arrête de naturaliser. Je ne peux pas être accusé de complaisance à l’égard de l’islam comme doctrine. Mais la racine de tout cela est le fait que nous ne savons plus qui nous sommes. Nous sommes diversement entendus. Peut-être que, cette fois-ci, nous le serons un peu plus et, malheureusement, la fois d’après, encore davantage.

     

    Jean-Frédéric Poisson

    Président de VIA | la voie du peuple, candidat à l'élection présidentielle de 2022
  • L'injonction légitime de Philippe de Villiers au monde politico-médiatique

    Source Boulevard Voltaire

     

    Philippe de Villiers est ancien ministre, député et président de la Vendée. Il est également le fondateur du Puy du Fou, et l’auteur d'un nouveau livre, Le moment est venu de dire ce que j’ai vu, ouvrage qui revient sur trente ans de vie politique. Mais c'est l'engagement actuel de Philippe de Villiers qui compte désormais. Ce qu'il réalise à tous égards de merveilleux au Puy du Fou. Ses grands récits historiques. Sa réflexion et sa parole sur la France. Engagement qui se situe hors du Système et résolument contre lui. « A la maurrassienne » aurait dit Boutang. LFAR   

     

    Ce livre dénonce un monde politique putréfié… Avez-vous admiré un seul homme politique ? 

    Tous ceux qui ont dit la vérité sont partis, de gré ou de force. Seuls les menteurs sont restés. 

    Ceux qui n’ont cessé de répéter qu’avec plus de musulmans il y aurait moins d’islamistes, avec moins de frontières plus de sécurité, avec plus d’Europe plus de prospérité… Ceux qui prétendent aujourd’hui qu’Assad est le danger numéro un parce qu’ils sont vendus au Qatar et à l’Arabie saoudite… 

    J’ai admiré des gens dans ma vie, qui avaient une colonne vertébrale et donc une pensée, une logique, une droiture. Pas dans la classe politique française. 

    J’ai quitté la vie politique parce que je considérais alors que la parole métapolitique était plus efficace. Je ne supportais plus le protocole compassionnel qui régit la vie politique : qui pleure le plus est le mieux élu… Les hommes politiques sont devenus des visiteurs de crash, des sous-stars du show-biz qui ne vivent que du mensonge et de la dissimulation.  

    Avec le temps, je me suis dit que j’avais un message à faire passer aux jeunes pour les encourager à devenir une génération de dissidents. 

    Comment devient-on un dissident ? 

    Un jour, Soljenitsyne m’a dit : « Vous, les Européens, êtes dans une éclipse de l’intelligence. Vous allez souffrir. Le gouffre est profond. Vous êtes malades. Vous avez la maladie du vide », mais il a également ajouté : « Le gouffre s’ouvrira à la lumière, de petites lucioles dans la nuit vacilleront au loin […] Aujourd’hui, les dissidents sont à l’Est, ils vont passer à l’Ouest. »  

    Les dissidents sont ceux qui marchent à tâtons dans la France effondrée sur elle-même et submergée de l’extérieur : ils cherchent les murs porteurs. 

    Les hommes politiques refusent de trouver des solutions parce qu’ils sont vendus au mondialisme qui nécessite la destruction de tous les attachements vitaux.  

    La dénonciation de la mondialisation est un sujet important de votre livre…  

    Derrière les mensonges, j’ai vu la haute trahison. Cette conjonction inouïe entre les intérêts de certains et l’idéologie des autres. D’un côté la recherche d’un marché planétaire sans frontière, de l’autre l’idéologie d’un homme nomade, désaffilié, désexué, atomisé. 

    Depuis Mai 68, le « no frontière » des libéraux s’est associé au « no limite » des libertaires pour desceller toutes les pierres angulaires.  

    C’est, par exemple Giscard, fil spirituel de Cohn-Bendit, qui a organisé le chassé-croisé destructeur entre l’avortement de masse et l’immigration de masse. Un jour, mon ami Jérôme Lejeune m’a dit : « Ne lâchez pas sur l’avortement, c’est la vie qui commande tout. » L’avortement a servi de passeport à toutes les transgressions qui ont peu à peu permis la déshumanisation du monde par l’effacement planifié du visage de l’homme.  

    Les élites mondialisées que je dénonce ont abattu tous les murs porteurs de la France.  

    Lorsque j’aborde la question de l’Europe, je m’arrête sur la pensée de Jean Monnet : son but n’était pas de créer une superpuissance mais de déconstruire les nations pour offrir l’Europe au marché planétaire de masse. 

    Pour faire advenir le consommateur compulsif recherché par les marchés américains, il fallait tout détruire : la famille, la nation, les frontières… Il faut maintenant reconstruire, entièrement. 

    La réponse doit être radicale, et se concentrer sur deux réalités : la famille et la patrie charnelle, qui sont nos attachements vitaux. 

    Par où commencer cette reconstruction ? 

    Il y a aujourd’hui deux mots interdits que sont la patrie et la nation.  

    La patrie est la terre des pères, la paternité. La nation, c’est la naissance, la maternité… 

    Comment êtres frères sans père ni mère ? 

    Le drame que subit la France est double : ils ont attaqué la famille, et la famille des familles qu’est la nation. Cette dernière est un héritage, il faut le réaffirmer : la nation se reçoit, elle ne se choisit pas ! 

    Il faut affronter ces élites mondialisées qui n’ont cessé de détruire le peuple réel, la communauté nationale, la haute mémoire, la famille et finalement la France.  

    Vous avez vous-même quitté la politique dégoûté… Que faire, concrètement ? 

    Ils veulent fabriquer des atomes urbains et manipulables, à nous de former des générations de tempéraments autonomes, s’exercer à l’insurrection de l’esprit ! 

    Il faut multiplier les isolats de la résistance, créer des écoles hors contrat, lancer des associations indépendantes qui développent des pensées droites et assurent la transmission, la réaffiliation et l’enracinement. 

    Il faut défendre le caractère sacré de la vie, la filiation comme repère, la nation comme héritage, les frontières comme ancrage et le rêve français comme fenêtre sur le monde.  

    Nous sommes revenus au temps des catacombes et chacun doit veiller à sa petite luciole, pour que la flamme ne s’éteigne surtout pas. Ceux qui n’ont plus d’espoir sont ceux qui n’ont plus de solution. 

    Quand je vois ce qu’est devenu le Puy du Fou qui était exactement créé dans cet esprit d’indépendance, je réalise que c’est faisable ! Cette dissidence-là finira par faire exploser le système. 

    Un mot pour la fin ? 

    J’ai été un homme politique, je ne le suis plus et ma parole est libre. J’ai écrit avec une plume de feu, n’en pouvant plus de voir la France mourir.  

    Je suis heureux là où je suis aujourd’hui, je n’ai pas besoin de notoriété mais il faut comprendre ce livre comme un appel aux avilisseurs de tous bords : reprenez-vous, ne touchez plus à la France, cessez de la massacrer ! 

    J’ai quitté la vie électorale mais la passion de la France, aujourd’hui souffrance, ne m’a jamais quitté. 

    Ce livre n’est pas une démonstration, c’est un battement de cœur.  

    Propos recueillis par Charlotte d’Ornellas

     

    Le moment est venu de dire ce que j’ai vu

     

  • L’inceste, la domination et les militants politiques, par Natacha Polony.

    "Répondre à ce défi immense qu’est la protection des enfants passe par une action politique, à travers des structures adaptées et une mobilisation de tous les acteurs."
    © Hannah Assouline

    "Au cœur de la démarche de Camille Kouchner, il y a cette question du silence. Silence imposé à la victime, son frère, et à elle-même. Silence choisi des autres, à partir du moment où les faits sont révélés", analyse Natacha Polony à propos des accusations de viol incestueux contre Olivier Duhamel.

    Il se dégage de cette histoire une odeur insoutenable. Celle de la lente décomposition savamment recouverte pour en cacher la laideur. Les révélations de Camille Kouchner sur Olivier Duhamel feront sans doute se délecter ceux qui y verront l’occasion d’une revanche contre un milieu pétri de certitudes et de bonne conscience, dans l’entre-soi de ces réseaux de pouvoir où l’on perpétue le système à coups d’ostracisme idéologique. Mais dans un pays où 10 % des adultes disent avoir été victimes d’inceste, réduire cette affaire au procès d’un clan, d’un milieu social ou d’une époque est non seulement réducteur mais aussi profondément irrespectueux pour les victimes de ces actes. Plus essentiel serait de comprendre les mécanismes qui aboutissent à des chiffres aussi effarants.

    Au cœur de la démarche de Camille Kouchner, il y a cette question du silence. Silence imposé à la victime, son frère, et à elle-même. Silence choisi des autres, à partir du moment où les faits sont révélés. Et sans doute ce livre est-il essentiel pour les innombrables victimes d’inceste, emmurées dans le silence parce qu’il n’est rien de pire que de briser la famille, d’être celui par qui le scandale arrive. Le mouvement qui, depuis quelques années, « libère la parole » a ceci d’indispensable qu’il permet de renverser cette mécanique mortifère de la honte et de la culpabilité.

    Rapport de domination

    Encore faut-il comprendre comment se joue l’articulation entre l’abus lui-même, la mécanique de honte qui se met en place et, enfin, la structure d’une société longtemps patriarcale et dont certains estiment qu’il faudrait y voir le nœud du problème. Le récit de Camille Kouchner, comme en son temps le livre de Vanessa Springora, le Consentement, met en lumière le rapport de domination qui s’instaure entre un enfant – ou un adolescent – et un adulte charismatique – ou narcissique. Une domination qui permet l’abus et le silence.

    Mais, dans une époque où la notion de domination est devenue l’unique prisme à travers lequel se lisent les rapports humains, il est nécessaire de comprendre ce qu’implique cette domination-là, celle qu’exerce un adulte sur un enfant, ou un frère sur un autre frère, et qui va jusqu’à l’inceste. Dans Libération l’anthropologue Dorothée Dussy explique que « le cœur de l’ordre social est le fonctionnement incestueux de la famille » pour finalement conclure que « la banalisation des violeurs dans la société » serait un tabou. « Continuer de penser que c’est une pathologie, ou que les incesteurs [sic] sont fous, empêche de comprendre les mécanismes et dépolitise la question. »

    Le débat est essentiel. Parce qu’on ne fera pas diminuer le nombre d’incestes si l’on échoue à décrypter les mécanismes qui les rendent possibles. La tendance actuelle dans les sciences sociales est de favoriser une interprétation systémique des violences et des dominations, quelles qu’elles soient. C’est ce que nous montre le discours de cette anthropologue. Pour le dire plus simplement : le patriarcat donnerait aux hommes toute licence pour exercer leur domination sur les femmes et les enfants et en faire leurs jouets, de sorte que l’ensemble de la société participerait à cette « culture du viol » qui banaliserait ces abus.

     

    La domination entre êtres humains ne se réduit pas à une mécanique sur laquelle on pourrait plaquer des concepts simples 

     

    C’est oublier la dimension complexe de l’être humain qui en fait le jeu, non seulement de structures politiques, mais aussi de pulsions individuelles liées à un vécu. L’effacement total de la psychanalyse dans la psychologie actuelle et la prééminence des sciences sociales sous influence des courants de pensée anglo-saxons tendent à nier les aspects multiples de la domination. Or quiconque s’intéresse aux rapports humains comprend qu’il est par exemple des mères abusives et dominatrices qui, certes, ne commettront pas d’inceste, mais à propos desquelles la psychanalyste Caroline Eliacheff et la sociologue Nathalie Heinich ont pu parler d’« inceste platonique » (dans leur essai Mères-filles : une relation à trois, Albin Michel). Il existe aussi des femmes charismatiques, ou narcissiques, ou perverses. Pourquoi évoquer ces réflexions ? Parce que la domination entre êtres humains ne se réduit pas à une mécanique sur laquelle on pourrait plaquer des concepts simples. Et parce qu’il n’y a pas une sorte unique de dominants, les mâles, mais une multitude de sortes, qui détruisent autrui par une multitude de moyens.

    combat contre le silence

    Répondre à ce défi immense qu’est la protection des enfants passe par une action politique, à travers des structures adaptées et une mobilisation de tous les acteurs, par un combat contre le silence, grâce au récit et grâce à l’action indispensable de la justice, seule capable de permettre des discours nuancés et contradictoires dont peut sortir une éventuelle vérité. Enfin, par un travail d’approfondissement de la complexité humaine. Le danger des discours militants qui fleurissent aujourd’hui, c’est de passer à côté de cette complexité, et de croire qu’il suffirait de mettre à bas un « système » pour en finir avec la perversité, le narcissisme et l’écrasement des faibles, quels qu’ils soient, par les puissants, quels qu’ils soient. La littérature, voyage vertigineux dans la noirceur humaine, nous apprend (comme parfois la psychanalyse) ce que les slogans politiques et les outrances militantes ne nous offrent pas : la possibilité, peut-être, de penser l’être humain dans toutes ses dimensions, pour espérer en tirer, qui sait, un progrès.

    Source : https://www.marianne.net/

  • Gang des barbares : De la clémence pour les complices (avec même deux acquittements !...) à la perpète bidon pour l'ilot

               Que dire, et quelle(s) leçons politique(s) tirer de la lamentable equipée du non moins lamentable ilote Youssef Fofana et de sa non moins lamentable bande de malfaisants ? Et du verdict temporaire qui clôt momentanément le procès, puisqu'il y a appel... ?

                On s'arrêtera sur deux points.

    YOUSSOUF FOFANA.jpg

                D'abord, l'on constatera, une fois de plus, que la perpetuité réelle -qui existe dans plusieurs droits européens- existe bel et bien, en France, mais pour les victimes seulement. Les coupables -ici l'ilote- n'ont que des perpètes bidon, qui font rigoler tout le monde et auxquelles personne ne croit: avec le jeu mécanique des remises de peine, dans quinze ans, il est dehors. Nous demanderons donc, à nouveau, l'instauration de la perpetuité vraie dans le droit français, et son application effective, comme -répétons-le- cela se fait dans de nombreux pays européens. De plus, nous demanderons également à nouveau qu'une fois condamnés, les délinquants étranger ne pèsent pas sur nos finances déjà bien délabrées; n'encombrent pas des prisons déjà bien sur-saturées; bref, qu'une fois condamnés, ils aillent se faire emprisonner chez eux. Et pour des immigrés récents, qu'on les déchoie de la nationalité française dont ils ne se sont pas montrés dignes, et qu'on les expulse aussi.

                Mais tout cela on l'a déjà dit cent fois. Et l'on reste dans le cadre de cette sordide affaire.

                Par contre, on peut sortir du cadre de cette affaire, et prendre un peu de rcul. Il y a alors une leçon plus politique de l'évènement, et cette leçon vient de ce qu'il nous permet de constater une supercherie. Nous a-t-on assez rebattu les oreilles avec la séparation des pouvoirs. Eh, bien, justement, l'affaire lamentable de l'ilote Fofana vient, une nouvelle fois, de mettre en évidence qu'ils 'agit d'une mystification, et que cette brillante construction intellectuelle que le système était censé nous avoir apporté, n'existe tout simplement pas, et qu'elle reste ce qu'elle est: une brillante construction intellectuelle. Mais certainement pas une réalité. On vient d'en avoir une nouvelle preuve : le gouvernement, par l'entreprise du Ministère de le Justice, a demandé au Parquet de faire appel, ce qu'il a fait etc... etc...

                Deux siècles après la grande Révolution, censée régénérer toute chose, cela fait un peu long. Le système n'était pas parfait non plus sous les Rois ? Et le problème de l'indépendance de la Justice n'était pas réglé ? Certes ! Mais on n'avait pas fait alors, justement, de Révolution, on n'avait génocidé personne en promettant que, se fondant sur la Raison, on allait voir ce que l'on allait voir....

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    La simplicité biblique de ce schéma est-elle corroborée par les faits ?
    Suffit-il d'affirmer qu'une chose est pour qu'elle soit ?

                Force est de constater que, deux siècles après, dans ce domaine, rien n'a changé vraiment. Et l'intérêt de ce procès est donc d'avoir mis une nouvelle fois cela en pleine lumière, en montrant bien sur un point essentiel, l'imperfection du système actuel. Et d'avoir provoqué un grand étonnement et un grand scandale chez certains. Pensez donc, ils viennent de découvrir l'eau tiède ! La Justice n'est pas indépendante ! Mais quand l'a-telle été ?

                Si l'on voit bien un pouvoir exécutif indépendant, tirant sa légitimité de l'élection du président; et un pouvoir exécutif lui aussi indépendant, tirant sa légitimité de l'élection des députés; on ne voit pas du tout le troisième pouvoir, celui des juges, tirer une légitimité semblable aux deux premières. Les juges sont-ils élus par le peuple souverain ? Évidemment, non ! Il faut donc bien qu'ils soient nommés par quelqu'un, et dépendent d'une structure, quelle qu'elle soit. Laquelle dépend, forcément d'un des deux autres pouvoirs, en l'occurrence du premier pouvoir, l'exécutif.

                On dira, nous l'avons vu, que cette constatation n'est pas nouvelle. Certes. Mais c'est bien l'un des mérites de ce procès que de l'avoir, une fois de plus étalé au grand jour: contrairement à tous les beaux discours qu'on nous sert périodiquement sur la beauté et la perfection des institutions, elles ne sont pas si parfaites que cela. Tant s'en faut...

                Alors, toujours la même question, à propos de la Révolution: deux siècles après, sur plusieurs points sensibles et fondamentaux -ici le pouvoir  judiciaire- qu'est-ce qui a vraiment changé ? Et, tout ça, pour ça ?.....

  • Natacha Polony: « Qui a peur du peuple souverain ? »

     L'analyse de Natacha Polony

    Natacha Polony revient sur l'affaire « Onfray » et le durcissement du débat entre ceux qui défendent la construction européenne et ceux qui sont favorables à une restauration des souverainetés nationales. Mais le triomphe des premiers n'est plus assuré. Il y a aujourd'hui toute une pléiade d'intellectuels qui n'acceptent plus volontiers le formatage de la pensée dominante. Qui, à leur tour, la mettent en accusation, la contestent, la réduisent à la défensive. Avec l'assentiment de larges pans de l'opinion. Reste la question de savoir si le sentiment populaire profond, instinctif, vital, peut être réellement souverain dans un Système passé maître dans l'art et la manière d'organiser son conditionnement. Reste l'incomplétude d'une telle démocratie. Telle que Macron l'a signalée. Et reste enfin, selon nous, à se demander si la souveraineté du peuple n'a pas pour condition incontournable, au moins en France, l'existence d'un souverain de chair et d'os qui en soit l'incarnation et qui, dans toute sa profondeur historique, la garantisse. Cela, pour nous, s'appelle un roi. Nous excusera-t-on de poser la question ? LFAR 

     

    XVMbd3235a0-219b-11e5-93d6-2261d4e29204 - Copie.jpgLe crime de Michel Onfray, de Jacques Sapir ou de quelques autres intellectuels cloués au pilori porte un nom : le souverainisme.

    Pourquoi tant de violence ? C'est ce que se demande sans doute l'observateur des médias, le lecteur de journaux, devant la tempête qui agite la France intellectuelle ou, plutôt, devant les éruptions de patrons de presse et de journalistes clouant au pilori des intellectuels français coupables, au choix, de « déraper », de « faire le jeu du FN » ou carrément de se rapprocher dudit parti. La une de Libération a lancé le bal, suivie par celle du Monde. Mais il a fallu quelques jours pour qu'apparaissent sous la plume des grands censeurs les raisons profondes de leur détestation. Le mot, désormais, se promène d'éditorial en tribune libre, comme un nouvel acte d'accusation. Il obsède Laurent Joffrin, mais il incarnait déjà depuis quelque temps le mal absolu dans les envolées d'un Franz-Olivier Giesbert. Oui, le crime de Michel Onfray, de Jacques Sapir ou de quelques autres porte un nom : souverainisme.

    Le mot a longtemps désigné des groupuscules idéologiques, les perdants de l'Histoire, ceux que l'adoption du traité de Maastricht avait condamnés à la marginalisation politique. Car la promesse allait s'accomplir. Avec Maastricht, la paix en Europe, la croissance et le plein emploi, le progrès s'imposant partout, et jusque dans ce monde post-communiste rejoignant dans l'euphorie le camp de la liberté. Et puis il y a eu 2005. La victoire inattendue d'un « non » dont on n'a pu étouffer la voix qu'en expliquant qu'il avait douteusement mêlé « non de gauche » et « d'extrême droite », qu'il était finalement xénophobe, rance, nauséabond, réactionnaire, populiste (autant de mots dont on a voulu nous habituer à croire qu'ils étaient synonymes). Et tout à coup ces derniers jours, les tenants du meilleur des mondes européens, qu'ils soient libéraux-sociaux ou sociaux-libéraux, s'aperçoivent que les mouvements de plaques tectoniques du monde intellectuel, qui voit tomber dans le camp du Mal de plus en plus de penseurs pourtant classés à gauche, s'expliquent par la résurgence de l'idéologie honnie, le souverainisme, ou plutôt par l'échec de leur propre modèle, construit en opposition.

    Donc, le souverainisme conduit sur les rives du Front national. Qu'on soit éditorialiste à France Inter ou à L'Obs, au Point ou à Médiapart, cela semble une évidence. Sans que jamais il ne soit nécessaire de définir les termes du débat. Dans le cas du souverainisme, il est pourtant intéressant de revenir aux mots. Celui de souveraineté, par exemple, qui constitue le pilier de la démocratie et de la République. Le peuple, nous disent les pères de la République française, doit être son propre souverain, c'est-à-dire maître de son destin. Ce qui implique une souveraineté individuelle et collective. Souveraineté des individus, suffisamment instruits pour pouvoir former leur jugement sans dépendre d'autrui - d'où la position cruciale de l'école dans l'édifice républicain - et souveraineté de la nation qui mène librement la politique voulue par le peuple comme assemblée de citoyens.

    Voilà donc ce qui leur fait si peur! Le peuple souverain ! Alors, on ergote sur ce qu'est le peuple, on laisse entendre, crime atroce, qu'il pourrait être entendu dans une acception identitaire, xénophobe, en effaçant opportunément toute l'histoire politique et intellectuelle française qui fait du peuple une entité politique et non pas ethnique. On brandit le danger du nationalisme pour mieux diaboliser l'idée de nation, là encore, un concept, dans la tradition française, purement politique (il serait presque étonnant de lui voir préférer celui de « patrie », étymologiquement la « terre de nos pères »).

    L'idée que le peuple doit avoir consenti tout abandon de souveraineté en échange d'une protection (par exemple, la préférence communautaire qui devait prévaloir à l'origine contre l'ouverture à tous les vents de la mondialisation) scandalise visiblement ceux qui, sous couvert d'expertise et de gouvernance, ont réinventé l'oligarchie censitaire. Les mêmes, d'ailleurs, qui ont, des années durant, orchestré la destruction de l'école et interdit aux futurs citoyens tout espoir d'émancipation intellectuelle. On se souvient qu'en 2005, ils nous expliquaient qu'un référendum était inutile car le texte était trop complexe pour être compris des électeurs… Bientôt, ils nous expliqueront que le peuple est trop faible d'esprit pour voter.

    Tenter avec acharnement de renvoyer le souverainisme, notamment de gauche, vers le Front national, relève du réflexe de survie : face à un système qui s'effondre, qui détruit l'industrie, désormais l'agriculture, et finalement les savoir-faire français, un système qui dévalorise le travail et détruit le pacte moral entre les citoyens et la République et le lien qui les unit à la France, qui crée du malheur et désormais de la violence, il n'y a plus que cela : brûler quelques sorcières pour éviter d'entendre les foules qui grondent. 

    Natacha Polony - Le Figaro            

     

  • C’est la République qui a besoin du peuple et non l’inverse, par Thierry Thodinor

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    Ces lignes parues dans Boulevard Voltaire parlent d'elles-mêmes. Elles marquent cette lassitude qui enfle en tous secteurs de l'opinion française envers ce que l'auteur nomme assez justement la psalmodie des psaumes républicains. Et cette lassitude n'émane plus seulement des milieux royalistes traditionnels. Elle s'étend très au delà et s'enracine désormais dans une critique de fond qui n'attache plus grand prix aux valeurs républicaines. Réaction conservatrice ? Oui si l'on entend pas là non pas la conservation du Système mais des valeurs françaises historiques, qui ont leurs racines au plus profond de notre Histoire.  LFAR  

     

    1ce8893583be9880419f94b50f0a838b.jpgLa guerre aux peuples est déclarée. Des bas-fonds des réseaux mafieux aux élites affidées de Wall Street, un seul mot d’ordre : tous les hommes sont des immigrés.

    De fait – et cela est conforme à l’histoire du monde -, avant d’être esclave, on est généralement immigré (populations vaincues ou razziées). Pour fabriquer des immigrés, il convient de liquider les identités collectives : les esclaves de Cosmopolis ont un destin d’épaves narcissiques.

    Une caste d’apparatchiks issue des incubateurs élitaires anglo-saxons se charge de la besogne avec entrain. Sa feuille de route : maintenir l’illusion démocratique, surveiller les masses, punir les déviants.

    Pour faire d’un peuple résistant – rejet récurrent des réformes structurelles et de la colonisation de peuplement en France, refus de la mise en esclavage pour dette en Grèce – un immigré de l’intérieur, on doit s’attaquer à son système de représentations.

    Ainsi, dans le cas français, la réforme des collèges et l’abandon de Palmyre, c’est tout un : c’est le spectacle de notre annihilation culturelle sous l’œil badin d’élites « fonctionnelles et dénationalisées ».

    L’ubuesque « ennemi des riches » qui a annexé la République invente la cité chimérique du vivre ensemble, lui insufflant « l’esprit » d’une unité nationale en carton-pâte après la farce unanimiste du 11 janvier 2015.

    Et de psalmodier les psaumes républicains :

    • Destruction de la culture populaire française et de ses marqueurs (préjugés, stéréotypes) identitaires = Liberté !

    • Désastre scolaire = Égalité !

    • Chaos migratoire = Fraternité !

    La République française utilise ce qui lui reste de souveraineté pour démoraliser son peuple :

    • Surveillance généralisée de la population combinée à une politique pénale accommodante pour les délinquants ;

    • Propagande immigrationniste diffusée en boucle dans les médias du service public ;

    • Politique de peuplement et relégation de la France européenne dans les périphéries de la détresse sociale (cf La France périphérique, de Christophe Guilluy).

    Mais au-delà de son système de représentations, c’est à la substance même du peuple de France qu’est déclarée la guerre. Faisant fi de la volonté populaire, un préfet de la République distribue les droits d’asile aux émeutiers africains de Calais tandis que le ministre Cazeneuve encourage les clandestins à demander l’asile en France (« C’est la meilleure chance pour eux », déclare-t-il).

    Du nord au sud du pays, les arrivées en masse de clandestins sèment le chaos impunément. De l’école à la prison, les maux qui accablent la société française sont les symptômes d’un fait anthropologique majeur : la France se tiers-mondise et perd sa substance européenne.

    Or, un peuple, c’est avant tout une origine commune ; la loi du sang permet l’émergence de la philia aristotélicienne, cette amitié confiante qui fonde et maintient la cohésion de la Cité. En revanche, la forme républicaine du gouvernement est accessoire ; c’est la République qui a besoin du peuple et non l’inverse.

    L’impératif catégorique de l’État est d’offrir à son peuple les conditions de sa perpétuation : sécurité physique, autonomie alimentaire, sanctuarisation du territoire. Si la République n’est plus apte à assumer cette tâche, alors elle n’est plus qu’un fétiche institutionnel, une divinité laïque putréfiée qui trouvera sa place dans les poubelles de l’Histoire.

    Devant la nécessité anthropologique de l’identité, les formes encore indécises d’un communautarisme européen émergent et le désir de sécession s’affirme. Les Français doivent remonter le fleuve de leur histoire : le seul souvenir d’un Bayard ou d’un Saint Louis pulvérisera irrémédiablement la légitimité des usurpateurs. En renouant avec sa tradition de résistance à l’oppression, le peuple français rendrait un service signalé au monde ; les parasites qui prospèrent sur le malheur des peuples ne s’en relèveraient pas.

    - Fonctionnaire international - Boulevard Voltaire

     

  • Le cas Macron … Le vote Macron (?) … Réactions reçues hier lundi sur Lafautearousseau 

     

    823330531.jpgVoici des commentaires significatifs, dont certains remarquables, reçus hier sur LAFAUTEAROUSSEAU. Soit au lendemain du premier tour de l’indigne présidentielle en cours. Les royalistes ne se sentiraient-ils pas impliqués, pas intéressés par ces événements ? On constatera ici tout le contraire.   LFAR 

     

    2002 c'est fini !

    Écrit par : jlesalvignol

     

    Vous avez aimé Hollande ! vous adorerez Macron ! Hollande a dit lui-même qu'il avait fait un bon travail de destruction mais ce n'était pas tout à fait achevé. Macron finira le job et de toute façon à la prochaine élection les étrangers pourront voter et ce qui reste des autochtones iront jouer à la pétanque dans des réserves.

    Écrit par : BDM

     

    Bonjour, Votre analyse des conséquences de la Révolution et de la proclamation de la République sur la situation de notre pauvre France, je ne peux que la partager totalement. Mais... Mais est-il assuré que l'élection d'Emmanuel Macron serait "une impasse calamiteuse » ? Vous connaissez, mieux que le citoyen lambda que je suis, les sympathies royalistes d'E Macron. Il veut entre autres créer une dynamique du centre qui affaiblisse l'opposition droite-gauche née lors du procès de Louis XVI. Réussira-t-il ? Je n'en suis pas sûr...Je ne parie pas sur son succès. Mais ne peut-on pas le souhaiter...en tremblant ?

    Écrit par : NOEL Hugues

     

    Le candidat Macron est allé salir la France à Alger en l'accusant de '' crimes contre l'humanité '', il affirme qu'il n'y a ni culture française ni art français. Il s'est montré pour ce qu'il est, un pantin larbin de la finance apatride, de la mondialisation libérale, de l'invasion migratoire, en un mot un ennemi de la France. Sous ses dehors branchés et rassembleurs c'est un homme dangereux, qui une fois élu sera un acteur acharné de l'abaissement de notre pauvre pays. Il ne reste plus qu'à compter sur un parlement qui ne le suive pas, mais ce seraient alors cinq années de paralysie. Une campagne affligeante, une élection manipulée par des journalistes vendus et des juges à la botte du pouvoir socialiste (et je n'ai aucune sympathie pour Fillon en disant cela) serait-ce la démocratie qui se montre sous son vrai jour ? Règne de l'opinion soumise aux passions de l'instant, indifférence au Bien commun, c'est le vrai visage du Système. Pauvre France.

    Écrit par : Jean de Maistre

     

    Macron est un marché de dupes, organisé et sponsorisé par le système qu'il dit vouloir dénoncer. Il est la personnification des fausses transgressions, celles admises par toutes les consciences qui aiment à se baigner indécises dans leurs propres contradictions. Macron ne représente aucun changement, il n'en n'est que l'illusion, celle d'une immobilité "En marche" déclamée jusqu'à la nausée, que le système infuse à ceux qui aiment à le dénoncer, pour surtout ne pas le changer. Il est la somme de toutes les peurs des faibles, qui demandent à ce qu'on les protège de l'effort de penser, Il sera probablement élu, et avec les félicitations larmoyantes des media supermarchés, qui voient en lui l'alpha et l'oméga d'une continuité de facilité et de médiocrité récompensée. Il ne faudra en aucun cas compter sur lui pour changer la France, Il sera comme un théâtreux en représentation de lui-même, dans une pièce écrite par d'autres, où le cosmétique prendra le pas sur l'arithmétique, danseur plutôt que calculateur, émietteur plus que créateur, vendeur plus que concepteur. Tout cela n'aura qu'un temps celui, de plus en plus court, des idiots utiles qui réalisent leur infortune d'avoir été trompés une fois de plus, au pire pour rien, au mieux pour presque rien. Sapere Aude disait Kant. Tout un programme.

    Écrit par : Jean-François Ravel d'Estienne

     

    12170997.jpgIl faut tout de même reconnaître à Macron un immense talent. Jamais je n'avais entendu des discours aussi vides. Il parle avec conviction, alignant les phrases mélodieuses, mais totalement dépourvues de sens. Résumer un discours de Macron, c'est vouloir tamiser du vent. Et il est capable de parler des heures sans jamais prononcer autre chose que des lieux communs, des banalités, des insignifiances, des flatus vocis. Son visage s'anime, sa voix enfle, ses mains suggèrent des concepts absents. Un sourire aux lèvres, les yeux agrandis, il hypnotise son public avec du néant.

    Écrit par : Antiquus

     

    Notre famille politique ne peut que voter Marine Le Pen au second tour ou alors elle veut se suicider et la fin de la France en même temps. Quant à ce que dit plus haut Noël HUGUES, il répond à encore un enfumage de Macron qui comme tout le monde le sait ratisse au plus large même chez de Villiers et les royalistes, il serait fou de se laisser prendre à ce piège

    Écrit par : Jean-Pierre Lussan

     

    Les Français sont des girouettes ils vont élire MACRON et dans 6 mois, ils vont encore râler et se lamenter comme ils l'ont fait après chaque élection. Qu'est devenu l'enthousiasme suite à l'élection de François HOLLANDE, 6 mois après plus rien

    Écrit par : Sétadire

     

    Je pense au tyran de Syracuse pour lequel priait une vieille femme. Nous avons dû supporter Hollande 5 ans avec ses lois assassines et ses ministres incompétents graves ; (Personnellement je l'aurais éjecté, mais on m'a expliqué que toute résistance faisait le jeu de ces mauvais gouvernants). On va probablement avoir encore pire dans l’inconsistance satisfaite d'elle-même Et après qui aura-t-on de (plus pire !) Alors que nous reste -il à espérer ? "Les riches disait un pauvre Brahmane dans le film Pather Pancali (entendons les puissants) ils ont beau avoir le pouvoir ils n'ont pas de talent (pour durer, accoucher de choses durables) et belles) Nous les connaissons ces" riches "pour lesquels les portes des médias s'ouvrent. Ils ont un nom. Bâtissons en durée et à l’occasion, le plus vite possible débarrassons nous d’eux. Comment ? Posons-nous la question ....

    Écrit par : henri

     

    Je suis certain que Macron est le candidat que la France mérite. Il ne la décevra pas.

    Écrit par : bastet

     

    À lire LFAR et certains de ses commentateurs c'est un apaisement. Tout comme la citation de Gustave Thibon de ce jour. Les hasards de la naissance m'ont fait élever ailleurs que chez vous. Assez fausse et injuste éducation qui très jeune m'a écarté des dogmes de la gauche. Chercher, trouver l'intelligence et la lucidité ne fut pas facile. Pour en arriver à contester profondément l'égalitarisme. Non pas que je serais très au-dessus ! Mais que d'autres sont bien bas, intoxiqués par des décennies de télévision, de " loisirs" débiles, et bien sûr d'éducation dite nationale, et ce n'est pas seulement NVBelkacem... Abasourdi par la quantité de masse qui a pu voter Macron. En effet, @ bastet, il ne les décevra pas. Mais ce n'est pas la France, pour laquelle ils ne veulent que susciter le mépris, ces " riches" comme l'écrit @Henri, ces médias..., ces 21 % dont les motivations ne sont pas respectables, " être du côté des gagnants " de la roulette russe. Et y compris au niveau des politicards ne voyant que leur pouvoir à conserver. Pas forcément corrompus financièrement, comme Mr Poisson mais profondément décevant. Et étroit, si bête.

    Écrit par : Dany posey  

  • La bombe de 2017 ? Le sondage qui tue : chronique d’un désastre annoncé… L'analyse de Dominique Jamet

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    Si nous devions voter demain, Marine Le Pen arriverait en tête des intentions de vote avec 26% des suffrages exprimés.

    Excellente et perspicace analyse de Dominique Jamet, dans Boulevard Voltaire du 1er août. Elle rejoint celle de François d'Orcival qui annonce dans Valeurs actuelles que les législatives de 2017 auront lieu à la proportionnelle intégrale ... Nous doutons fort qu'une grande coalition à l'allemande, sous une présidence Sarkozy (conséquence d'une assemblée élue à la proportionnelle intégrale), donnerait, en France, des résultats bien fameux, alors que même en Allemagne cette solution est toujours un pis-aller. Quant à l'hypothèse qu'aucun observateur n'envisage, pour l'instant, l'élection de Marine Le Pen, à quoi conduirait-elle ? Les Français sont ce qu'ils sont : ils brûlent très vite ce qu'ils ont adoré, sont rapidement déçus, regardent, en un rien de temps, vers une nouvelle "alternance". La vérité - à quoi personne ne pense, ou n'ose envisager - est que, pour échapper à ce chaos mortel des luttes et des ambitions, la France doit sortir du Système et instaurer, au sommet de l'Etat, une autorité pérenne non partisanne. Une autorité qui relativise et remette les partis, les clans, les ambitions, à leur place. Leur place qui ne doit plus être la première.   

    Lafautearousseau

    Un sondage, peut-on fonder une prévision sur un sondage ? Une enquête d’opinion, faut-il le rappeler, n’est, suivant la formule consacrée, que la photographie des sentiments et des intentions d’un échantillon supposé représentatif de la population en un moment donné et n’aura jamais la valeur d’une consultation électorale en grandeur réelle. Nous n’en sommes encore, même si le temps nous paraît long, qu’à peine à la moitié du quinquennat en cours, à près de trois ans de l’élection présidentielle programmée pour avril-mai 2017. Enfin, nous ne sommes pas assurés que les candidats qui se présenteront alors seront bien ceux qu’envisage le sondage IFOP dont Marianne fait état dans son dernier numéro.

    Ces réserves faites et ces précautions prises, ce sondage n’en constitue pas moins un événement politique d’importance, et de nature, au cœur de l’été 2014, à faire frissonner de plaisir ou de peur les intéressés. Si nous devions voter demain, Marine Le Pen arriverait en tête des intentions de vote avec 26 % des suffrages exprimés, devant Nicolas Sarkozy (25 %), François Hollande (17 %), François Bayrou (13 %) et Jean-Luc Mélenchon (13 %). C’est donc un 21 avril bis qui priverait le candidat socialiste de l’accès au second tour, avec cette différence par rapport à 2002 que la candidate du Front national ne le distancerait pas d’un petit point, mais d’une dizaine.

    Si Nicolas Sarkozy hésitait encore à tenter l’aventure – ce qui est peu probable –, il ne peut que trouver un puissant encouragement dans des résultats qui semblent lui garantir d’être qualifié pour la finale et donc, selon toute vraisemblance, de l’emporter bien qu’avec une marge sensiblement inférieure à celle – miraculeuse – du miraculé Chirac, « escroc » et « Supermenteur », plébiscité par une panique moutonnière dont il ne tint par la suite aucun compte. Sarkozy, pour sa part, serait bien avisé cette fois de faire une campagne « républicaine » qui lui assurerait un bon report des voix du centre et de la gauche.

    François Hollande, quant à lui, n’a pas lieu de se réjouir. Certes, le score promis à Manuel Valls (17 %) ou à Arnaud Montebourg (10 %) dans le cas où soit l’un soit l’autre se porteraient candidats, met le président actuellement en fonction à l’abri de la concurrence, mais seulement parce qu’il faudrait être suicidaire pour lui disputer l’honneur de porter les couleurs du désastre annoncé. Maigre consolation : le candidat élu en 2012 a d’ores et déjà échoué et il entraîne dans sa chute le parti qui l’a porté au pouvoir.

    L’éternel optimiste qu’est M. Hollande peut toujours rêver d’un effondrement du Front national dont on ne voit pas ce qui pourrait le susciter aujourd’hui, ou espérer que l’UMP se divise, éclate et commette l’erreur de présenter plusieurs candidats. C’est ignorer que si Nicolas Sarkozy remet la main sur son parti, il mettra tout le monde d’accord. Il peut imaginer que, face au danger, la gauche plurielle retrouvera le chemin de l’unité, mais le fossé créé entre le Front de gauche et l’ami de la bonne finance est trop profond pour se combler et l’on ne voit pas pourquoi les dirigeants et les électeurs déçus ou écœurés par la trahison permanente dont M. Hollande est à leurs yeux le symbole voleraient au secours de la défaite. Pas plus qu’on ne voit s’inverser d’ici 2017 – à supposer que l’attelage tienne jusque-là – les courbes du chômage, de l’impopularité et du déclin.

    Le tempérament du chef de l’État le porterait sans doute, perdu pour perdu, à se contenter de voir venir et de durer. Mais ce serait sans compter sur la pression, qui devrait se faire de plus en plus lourde et insistante, de ses propres camarades et amis qui, à la lumière des catastrophes passées et dans la perspective de la catastrophe à venir, feront tout pour sauver les meubles et les acquis.

    L’équation est simple : dans le système qui est le nôtre, où les législatives ont désormais lieu dans le sillage et dans la logique de la présidentielle, si le mode de scrutin actuel est maintenu, les députés socialistes, de près de 300 qu’ils sont aujourd’hui reviendront à 70, comme en 1993, et seront pour cinq ans au moins exclus du pouvoir et de ses avantages. Si du majoritaire on passait à la proportionnelle, l’Assemblée élue en 2017 se répartirait en trois blocs à peu près équivalents : le Front national (s’il s’appelle encore ainsi), l’UMP (si elle n’a pas changé de nom) et la gauche autour du PS (s’il n’a pas été rebaptisé d’ici là comme le souhaitait Manuel Valls), disposant chacun d’environ 200 élus. Ce qui pourrait mener, sous la houlette de M. Sarkozy, à la constitution d’une grande coalition à l’allemande, qui serait chez nous le dernier avatar et l’ultime recours d’un système et d’appareils à bout de souffle dont les Français ne veulent plus. La dernière pause avant le saut dans l’inconnu.

     

  • La guerre monétaire se renforce

     

    par Ludovic Greiling

    En incluant le yuan dans son panier de référence, le Fonds monétaire international a consacré une devise qui n’est pas issue de la sphère américaine. Une grande première en soixante-dix ans, dont les conséquences pourraient être aussi importantes qu’inattendues pour notre finance et notre économie.

    La situation monétaire de la planète est en train de changer. Pour la première fois depuis la création du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale en 1945, une devise qui n’est pas issue de la zone d’influence américaine a reçu une consécration mondiale.

    Ainsi le FMI a-t-il décidé fin novembre d’inclure le yuan chinois dans ses opérations. Jusqu’ici, seuls le dollar américain, l’euro (auparavant, le mark et le franc), la livre sterling et le yen japonais servaient de référence au Droit de tirage spécial – DTS – la devise particulière émise par l’institution basée à New-York. Au 1er octobre 2016, le yuan fera partie du lot, et pas qu’un peu : il sera inclus dans le panier utilisé par le FMI à hauteur de 11 %, contre 8 % chacun pour le yen et pour la livre. Seuls l’euro (31 %) et le dollar américain (42 %) sont considérés comme plus importants que la monnaie chinoise dans les transactions mondiales. Une vraie consécration que Pékin a pourtant appréciée avec discrétion tant ses espoirs étaient importants.

    Yuan-dollar, la guerre en coulisses

    Qu’est-ce qu’un Droit de tirage spécial du FMI ? « C’est la monnaie mondiale émise par le FMI, et qu’il distribue à ses pays membres [en cas de demande de prêts]. C’est simplement un autre type de monnaie, comme le dollar ou l’euro, qui n’est adossée à rien. La seule petite différence, c’est que les DTS ne peuvent être utilisés que par des pays, et non des particuliers. Mais les pays peuvent échanger leurs DTS contre des dollars ou des euros (au sein du FMI, via un mécanisme de transactions secret) », explique l’analyste spécialisé Jim Rickards dans sa lettre financière Intelligence stratégique. Le panier de monnaies dans lequel va être intégré le DTS ne constitue qu’une simple base de calcul pour estimer la valeur de la devise du Fonds monétaire international. Le DTS n’est pas adossé à un panier de devises, mais seulement calculé par rapport aux cours du dollar, de l’euro, du yen, de la livre et l’an prochain du yuan, selon les pondérations décrites plus haut. A quoi sert le FMI ? L’organisme a longtemps prêté à ses pays-membres en dollars seulement. Il a donc participé à la domination du billet vert à travers la planète, car cette monnaie ne peut in fine qu’être réinvestie dans la finance états-unienne. Mais la contestation de ce système – notamment par le général de Gaulle – a poussé le FMI à créer sa propre devise en 1969. En général peu utilisée (le FMI est d’abord prompt à prêter en dollars), elle a néanmoins connu des pics de demande lors des grandes crises de liquidité de 1972, 1980 et 2009. « L’élite au pouvoir ne les fait intervenir [les DTS] que lorsqu’il lui semble que le système monétaire international s’effondre », analyse Jim Rickards.

    L’entrée du yuan dans le panier du Fonds monétaire international destiné au calcul du DTS est donc avant tout symbolique. Elle n’obligera pas dans l’immédiat des banques centrales à acquérir de la devise chinoise. « Elle ne change pas immédiatement notre système actuel de taux de change », a souligné le vice-gouverneur de la Banque centrale de Chine. Mais elle pourrait inciter à terme les gérants internationaux à utiliser davantage le yuan dans leurs transactions. Déjà, la devise chinoise est la première monnaie utilisée dans le commerce de la zone Asie-Pacifique, remarquait l’agence de notation Fitch le mois dernier. « Le renminbi [autre nom du yuan] est toujours en course pour devenir une monnaie mondiale majeure, mais cela dépend de la détermination des autorités dans l’ouverture du marché », souligne l’analyste Robert Koepp de l’entreprise Economist Corporate Network.

    Le FMI va-t-il perdre la main ?

    Les gérants de fonds ne seront définitivement preneurs de la devise chinoise que quand ils pourront l’échanger plus facilement contre des actifs libellés dans cette monnaie. Ce sont donc des actifs chinois qu’ils recherchent en premier lieu. C’est pourquoi le pays a entamé ces deux dernières années une certaine libéralisation de son marché des capitaux pour faciliter l’entrée d’argent étranger. Ainsi Pékin a-t-il donné la possibilité aux entreprises étrangères d’emprunter en yuans sur la place offshore de Hong Kong ou a-t-il lancé un contrat à terme libellé en yuans sur le pétrole. « Le duel monétaire entre la Chine et les états-Unis est un sujet absolument majeur, et il est scruté à la loupe par les agents financiers », souligne l’ancien consultant de la banque Lazard, Antoine Brunet, selon qui les discussions acharnées au FMI ont provoqué une guerre commerciale depuis cet été (voir encadré).

    Dans son combat, Pékin est bien aidé par la Russie, qui a déclaré ouvertement la guerre au dollar américain depuis la mise en place de sanctions financières par Washington en 2014. En exhortant les pays du monde à ne plus utiliser le billet vert dans leurs transactions lors du G20 de Brisbane, en affirmant ouvertement qu’il serait prêt à émettre des obligations d’état libellé en yuans en juin dernier, le Kremlin a donné un sérieux coup de pouce à la devise chinoise.

    La décision récente du Fonds monétaire international, défavorable au dollar, pourrait donc étonner. Mais certains observateurs avancent qu’il cherche ainsi à ne pas être pris de court par deux établissements concurrents récemment lancés : la Banque des pays émergents poussée par la Russie, qui est en train de finaliser son capital de départ, et la Banque asiatique d’infrastructures et de développement créée par Pékin en 2014. Cette dernière a attiré plusieurs pays européens – dont la France – à son tour de table, et elle a annoncé qu’elle effectuerait prochainement son premier prêt … en yuans.