Au cinéma : Le monde d'hier, par Guilhem de Tarlé
À l’affiche : Le monde d’hier, un film français de Diastème, avec Léa Drucker (Élisabeth de Rancy, Présidente de la République), Denis Podalydès (Franck L’Herbier, secrétaire général de l’Élysée), Benjamin Biolay (Didier Jansen, Premier Ministre), Jacques Weber et Thierry Godard (Luc Gaucher et Willem, candidats, « républicain » et d’ « extrême droite », à l’élection présidentielle).
Le monde d’hier… Je n’ai pas lu le livre éponyme de Stefan Zweig, qui raconte l’Europe de 1895 à 1941, avec évidemment l’arrivée d’Hitler au pouvoir, l’antisémitisme et le "suicide de l’Europe", mais c’est bien à cette époque que Diastème veut nous renvoyer en sortant, ces jours-ci, son long-métrage.
Il s’agit d’un véritable tract cinématographique, un film militant, qui se déroule en France, précisément à trois jours du premier tour d’une élection présidentielle opposant un candidat (autoproclamé) « républicain » à un candidat (qualifié) « d’extrême droite ».
Sur une plaquette de présentation, le réalisateur dit de « la montée de l’extrême-droite en France » qu’elle est « le plus gros problème de notre société à court terme (…) c’est la mort. ».
J’ai envie de plagier Molière et la servante des Femmes savantes : « qui veut noyer son chien l’accuse… d’extrême droite » , et je pose la question : qu’est-ce que « l’extrême droite » ?
J’en ai recherché vainement, dans sa plaquette, une définition … Il cite « Trump, Bolsonaro, la Turquie, la Hongrie, la Pologne et Salvini en Italie »… dont on conviendra que ça ne qualifie en rien une idéologie, une doctrine, un système, une pensée.
De même, dans son Dictionnaire encyclopédique d’histoire Mourre qualifie le Front national (FN) d’extrême droite alors que dans son article « Droite » il distingue « plusieurs droites » sans jamais mentionner ladite « extrême droite ». je répète donc la question qu’est-ce que l’« extrême droite » ?
Diastème parle du fascisme et, dans le film, le Secrétaire général de l’Élysée évoque « une internationale fasciste » !
« Ben voyons… »
Cette prétendue synonymie d’ « extrême droite » et « fascisme » m’a toujours étonné, qui ne correspond à aucune réalité historique.
Ceux-là même qui situent le « social » à gauche et le « national » à droite, situent le fascisme à « l’extrême droite » ; ne devraient-ils pas plutôt le placer à l’extrême centre ? Ne savent-ils pas que Mussolini était issu du parti socialiste ?
Quoiqu’il en soit, l’objectif (la « morale ») du film est de nous faire communier dans l’idée qu’un candidat qualifié « d’extrême droite » ne peut pas, ne doit pas être élu : « Il ne reste qu’une seule chose à faire par tous les moyens nécessaires (…) il faut que cette élection n’ait pas lieu ».
Vous vous féliciterez avec moi de ces propos parfaitement « républicains » et « démocratiques », dans la lignée de ce que disait le « citoyen » Saint-Just : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ».
Oui, on reste bien dans le monde d’hier, celui de la Terreur révolutionnaire.
Question : y a-t-il des candidats qualifiés d’ « extrême droite » à l’élection présidentielle des 8 et 24 avril 2022 et, si oui, le coût de réalisation, de production et distribution de ce film de propagande apparaît-il sur les comptes de campagne de l’un des autres candidats ?