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  • El-Azhar entre politique et religion, par Annie Laurent.

    Annie_Laurent.jpgAnnie Laurent poursuit - dans la Petite Feuille Verte - son étude sur El-Azhar, dont nous avons relayé déjà les deux premiers numéros(El-Azhar, Vatican de l'islam ? puis El-Azhar, « phare de l’islam sunnite »).

    Elle s'intéresse ici à la ligne doctrinale suivie par cette institution au cours des dernières décennies. Loin d’ouvrir la voie à une rénovation de la pensée islamique, comme pouvaient le laisser entrevoir les travaux d’intellectuels musulmans à partir du début du XXème siècle et jusqu’à nos jours, l’approche d’El-Azhar est demeurée centrée sur une vision conservatiste. En témoignent notamment les contraintes et sanctions disciplinaires que cette institution impose aux « nouveaux penseurs ».

    Annie Laurent s’arrête ici au seuil de la révolution qui s’est déroulée en Egypte en 2011, dans le contexte des « printemps arabes ». La prochaine Petite Feuille Verte exposera la manière dont El-Azhar a vécu cet événement, en particulier l’arrivée au pouvoir du militant Frère Musulman, Mohamed Morsi, en 2012, suivie du coup d’Etat du maréchal Abdelfattah El-Sissi, en 2013. Elle présentera aussi les réponses apportées par El-Azhar aux exigences du président égyptien en vue d’une réforme de l’islam.

    El-Azhar, Vatican de l’islam ?, par Annie Laurent

    El-Azhar, "phare de l’islam sunnite", par Annie Laurent

    El-Azhar entre politique et religion

    « Depuis sa création et de par sa place centrale dans la société égyptienne et dans la ville du Caire, El-Azhar a hébergé différentes mouvances politiques et religieuses. Dans l’entre-deux-guerres, elle est devenue le centre de la lutte entre les Anglais, les leaders nationalistes et la nouvelle monarchie du roi Fouad. Ensuite, les Frères musulmans prirent de plus en plus d’importance au sein de l’université et celle-ci devint le foyer de manifestations politiques et idéologiques » (Oriane Huchon, Les clés du Moyen-Orient, 21 avril 2017).

    De fait, tout au long de son histoire, l’institution a souvent été mêlée à la vie politique et aux débats idéologiques de l’Égypte et du monde islamique. Le XXème siècle, époque où les pays arabo-musulmans, libérés de la tutelle ottomane, cherchaient à réorganiser l’Oumma, tandis qu’émergeait au Levant l’attrait pour les États-nations imités des modèles occidentaux, n’a pas échappé à ces interférences.

    EL-AZHAR ET LA MODERNITÉ

    C’est en partie des rangs d’El-Azhar qu’est issu le « réformisme », terme qui peut être source de confusion. En effet, fondé au Caire en 1883, ce mouvement est souvent considéré comme le promoteur d’une modernisation de la pensée islamique. En réalité, freinant l’élan émancipateur inauguré par certains intellectuels musulmans à la même époque, le « réformisme » a œuvré à la restauration de la religion « authentique », purgée des « innovations blâmables » (bidaâ), formule désignant les éléments étrangers qui s’y étaient greffés (cf. PFV n° 64-65). C’est ce qu’illustrent propos et actions de ses principaux responsables.

    Mohamed Abdou, pilier du « réformisme »

    Mohamed Abdou

    Diplômé d’El-Azhar, Mohamed Abdou (1849-1905) fut d’abord journaliste puis cadi (juge) et mufti (consultant en droit). Dans son Traité de l’unicité divine (1897), il recommandait le retour aux sources tout en démontrant que l’islam est une religion éminemment raisonnable. « Toutefois, elle [la raison] doit s’incliner devant Dieu seul et s’arrêter aux limites posées par la religion », écrivait-il (cité par Faouzia Charfi, Sacrées questions, Odile Jacob, 2017, p. 81).

    « En cette fin de XIXème siècle, où des appels à la Nahda [Renaissance] du monde arabe commencent à se manifester dans les domaines politique et culturel, c’est une Nahda religieuse que prône Mohamed Abdou » (Robert Solé, « Réformer l’islam », Ils ont fait l’Égypte moderne, Perrin, 2017, p. 109).

     

    Mustafâ El-Marâghi et l’exclusivisme islamique

    Mustafâ El-Marâghi

    La restauration du califat, dont le siège aurait été au Caire, désirée par Mustafâ El-Marâghi (1881-1945), deux fois recteur d’El-Azhar au XXème siècle (cf. PFV n° 80), ne pouvait s’accommoder de la reconnaissance de partis politiques non religieux pour lesquels il « affichait le plus profond mépris » (Francine Costet-Tardieu, Un réformiste à l’université El-Azhar, Khartala, 2005, p. 121).

    Ainsi, il combattit le mouvement nationaliste Wafd (Délégation en arabe), laïcisant, libéral et très populaire fondé en 1918 par Saad Zaghloul. Vainqueur des élections législatives en 1924 (195 élus sur 214 sièges), ce parti parvint au pouvoir en 1926. Il sera dissous par Nasser en 1953.

    Le Wafd attirait en son sein de nombreux coptes, ce qui lui valait d’être discrédité par ses adversaires, parmi lesquels Marâghi. Dans un discours prononcé le 11 février 1938, ce dernier s’en prit aux chrétiens : « Ceux qui veulent séparer la religion de la vie sociale sont en vérité les ennemis de l’islam […]. Ils veulent vous dominer et faire disparaître ce qui subsiste de la grandeur de l’islam, du culte musulman. Vous vous êtes fiés à leur amitié, allant ainsi à l’encontre du Livre de Dieu » (Ibid., p. 129-130). Lors de la campagne électorale qui suivit, les oulémas déclareront dans leurs sermons qu’« un vote pour le Wafd est un vote contre l’islam » (ibid., p. 131).

    Le réformisme a ouvert la voie à l’islamisme, dont la matrice est représentée par les Frères musulmans (FM), fondés en 1928 à Ismaïlia par l’Égyptien Hassan El-Banna avec un double objectif : restaurer le califat et établir un Etat islamique appliquant la charia. Sur les FM, cf. Olivier Carré et Gérard Michaud, Les Frères musulmans, Gallimard, coll. Archives, 1983 ; Gilles Kepel, Le Prophète et Pharaon, La Découverte, 1984.

     

    Youssef El-Qaradaoui, diplômé d’El-Azhar et Frère musulman

    Youssef El-Qaradaoui

    Né en Egypte en 1926, Qaradaoui « est le fils de ce courant intellectuel musulman qui a voulu depuis les années trente régler ses comptes avec la civilisation occidentale dans ses deux dimensions, libérale et socialiste », écrit Amin Elias dans un article consacré au parcours de ce prédicateur très influent sur les réseaux sociaux (Confluences Méditerranée 2017/4, n° 103, p. 133-155).

    Dès l’âge de 16 ans, Qaradaoui choisit de devenir un « soldat » de la cause islamique en adhérant aux FM dont il avait rencontré le fondateur. Cela ne l’empêcha pas d’être admis à la faculté des sciences religieuses d’El-Azhar où il entra en 1950. Il y déploya une activité de militant, créant en 1953 avec plusieurs amis le « Comité de la Renaissance d’El-Azhar » dont l’objectif était de « réveiller la conscience islamique, créer une nouvelle génération capable de comprendre l’islam et de mener le combat pour sa cause, à rassembler les fils d’El-Azhar autour de cette cause sublime ». En 1973, il a soutenu une thèse de doctorat portant sur les sciences du Coran et de la Sunna.

    Auteur de plusieurs livres, dont Islam versus laïcité (Le Caire, 1980), Qaradaoui a fondé à Londres en 2004 l’Union internationale des savants musulmans (UISM) dont il est le président et qui œuvre à rétablir le califat « sous une forme moderne », apte à tenir un rôle de magistère concurrent d’El-Azhar. Il a également créé le Conseil européen de la Fatwa (décret politico-religieux) et de la Recherche, largement financé par l’émirat de Qatar. Établi à Dublin, ce Conseil dispense des enseignements et des conseils aux musulmans résidant en Europe.

    Ce n’est qu’en 2013, avec l’arrivée au pouvoir du maréchal Sissi, que Qaradaoui, impliqué aux côtés des FM dans la révolution égyptienne de 2011, a été déchu de son poste de membre du Comité des savants d’El-Azhar.

     

    CENSURES ET CONDAMNATIONS D’INTELLECTUELS

    El-Azhar a une longue pratique de la censure et des sanctions contre les auteurs novateurs ou iconoclastes. En voici quelques exemples :

    Ali Abderrazik

    Ali Abderrazik (1888-1966). Dans son essai L’islam et les fondements du pouvoir (Le Caire, 1925 ; traduction française aux éd. La Découverte, 1994), ce titulaire d’un doctorat d’El-Azhar préconisait la séparation du temporel et du spirituel. Il contestait le caractère sacré du califat, d’abord parce qu’il est ignoré par le Coran, ensuite parce qu’il lui semblait inadapté aux temps nouveaux. « Ce sont les manuels du fiqh (jurisprudence) qui ont créé une équivoque à ce sujet », remarque le Père Henri Lammens dans son commentaire de l’œuvre d’Abderrazik (L’islam, croyances et institutions, Dar el-Machreq, Beyrouth, 1943, p. 145). Dès la parution du livre, Abderrazik fut exclu d’El-Azhar, décision approuvée par le gouvernement égyptien du roi Fouad 1er qui cherchait alors à restaurer le califat.

    Mohammed Khalafâllah

    Mohammed Khalafâllah (1916-1998). Dans son travail sur l’analyse du texte du Coran, cet étudiant égyptien d’El-Azhar soulignait l’importance « que l’exégète ne reste pas esclave d’une lecture littéraliste mais qu’il ait le souci de saisir le signifié au-delà du signifiant ». Le jury lui interdit de soutenir sa thèse au motif que celle-ci remettait en cause le dogme du Coran incréé et une fatwa émise par des savants religieux l’accusa d’apostasie, accusation qui visa aussi le superviseur de son travail, le cheikh Amin El-Khûli. Tous deux furent interdits d’enseigner les sciences coraniques (Cf. Rachid Benzine, Les nouveaux penseurs de l’islam, Albin Michel, 2004, p. 162-172).

    Nasr Abou Zeid

    Nasr Abou Zeid (1943-2010). Cet universitaire égyptien, dont les travaux s’inscrivent dans la ligne de Khalafâllah et Khûli, estimait que « le lien entre études coraniques et étude

  • Face aux censeurs «  Répondre par la transmission et l’enracinement  », par Véronique Jacquier.

    « Il revient aux catholiques de protéger bec et ongles “ce blanc manteau d’églises”, qui couvre si merveilleusement notre belle terre de France.  »

    © Christel Sagniez

    L’historien Jean-Christian Petitfils fustige une «  cancel culture  » qui se répand jusque dans l’Université et rappelle l’importance de la transmission et de l’enracinement. Entretien.

     

    5.jpgQuel regard l’historien que vous êtes porte-t-il sur la «  cancel culture  » ?

    Jean-Christian Petitfils : Initiée en France après la mort tragique de George Floyd en mai 2020 par des associations antiracistes ou des groupuscules de «  défense noire africaine  », la campagne passionnelle et outrancière destinée à abattre les statues, à débaptiser les lycées, les places et les rues portant le nom de grands hommes de notre Histoire, soupçonnés d’esclavagisme ou de colonialisme, est au cœur de cette «  culture de l’effacement  » qui se répand dans le monde occidental.

    Dans ce délire idéologique, où le souci de la vérité historique ne pèse pour rien, on ne sait trop lesquels sont le plus à blâmer, indigénistes, ultra-féministes, militants antiracistes et décoloniaux, islamo-gauchistes, qui ne rêvent que de déconstruire l’histoire de notre pays, ou les hommes politiques et les édiles tétanisés qui mettent genou à terre et se prêtent complaisamment aux injonctions terroristes des discours antiblancs.

    Y a-t-il des statues qu’il serait légitime de déboulonner ?

    Sans doute a-t-on exalté par le passé des individus qui ne le méritaient guère. Le mieux dans ce cas est de condamner leurs statues à l’oubli plutôt que d’agir «  à chaud  » sous l’injonction des manipulateurs. Sinon, où arrêter le curseur ? Quelles victimes choisir ? Jeanne d’Arc, récupérée par l’extrême droite ? Jean-Baptiste Colbert, pour avoir ordonné la rédaction du Code noir ? Louis XIV, pour l’avoir signé ? Voltaire, pour son antijudaïsme enragé ? Napoléon, pour avoir rétabli en 1802 l’esclavage en Guadeloupe et à Saint-Domingue ? Le maréchal Bugeaud, partisan et acteur de la «  terre brûlée  » en Algérie ? Le colonialiste Jules Ferry pour son mépris des «  races inférieures  » ? Charles de Gaulle, qualifié intensément «  d’esclavagiste  » et dont des statues ont été vandalisées ?

    Quels sont les précédents dans l’histoire ?

    Ces précédents, très nombreux, semblent constitutifs de l’histoire de l’humanité. Certains pharaons n’ont-ils pas fait marteler les effigies et les cartouches de leurs prédécesseurs ? Les chrétiens n’ont-ils pas détruit, pour la bonne cause disaient-ils, les idoles païennes, sans se soucier de la culture des peuples indigènes ?

    Faut-il rappeler aussi la grande crise iconoclaste de l’empire romain d’Orient, à partir de Léon III l’Isaurien (VIIIe siècle), qui, interprétant strictement l’interdit biblique de toute image divine, ordonna la destruction massive des icônes du Christ et de la Vierge. Cette crise dura plus d’un siècle.

    La fureur iconoclaste reprit – avec quelle âpre intensité ! – dans l’Europe du XVIe siècle au moment de la Réforme. La déprédation de l’art statuaire catholique s’accompagna de nombreux massacres. Durant les guerres de Religion, le mouvement s’intensifia en France, chaque camp cherchant à éliminer l’autre par la pierre renversée et le sang versé.

    Sous la Révolution, l’abbé Grégoire créa un mot pour dénoncer le phénomène : «  le vandalisme  ». Par fanatisme idéologique, haine de la religion ou de la monarchie, on détruisit des églises, des chapelles, on incendia des châteaux, on abattit des statues de rois, de princes, d’évêques, on vida jusqu’aux tombeaux royaux de Saint-Denis… «  Du passé faisons table rase  », clamera plus tard l’Internationale.

    Plus près de nous, le monde garde en mémoire les sinistres exactions de la Révolution culturelle chinoise, la destruction en 2001 des bouddhas de Bâmiyân en Afghanistan ou la démolition en 2012 des mausolées de Tombouctou au Mali. Personne, en revanche, ne pleure le déboulonnage des statues des dictateurs : Hitler, Staline, Mao, Ceausescu, Saddam Hussein… Heureusement.

    Les réseaux sociaux changent-ils la donne dans cette volonté de tout effacer ?

    Ces prodigieux moyens de communication à travers la planète sont aussi d’affreuses caisses de résonance de la bêtise humaine. Ils placent sur un même plan la vérité et le mensonge, contribuent souvent à disqualifier toute pensée scientifique ou érudite, à véhiculer les formes les plus odieuses du complotisme, à infuser dans la société la pratique du lynchage. Chacun est appelé à faire justice soi-même. L’inculture prodigieuse qui s’y véhicule, la totale méconnaissance des faits historiques, le refus hystérique de toute nuance ne font en effet qu’aggraver le phénomène. Les modérateurs des réseaux sociaux eux-mêmes s’en donnent à cœur joie pour censurer les comptes de ceux qui expriment des opinions non conformes à la pensée dominante.

    Derrière la «  cancel culture  » : le rêve d’un monde parfait ?

    Je dirais plutôt l’aspiration de ceux qui prétendent incarner le camp du Bien et de la Morale à un monde totalitaire. Par son schéma explicatif réducteur, qui tend à tout ramener à l’exploitation esclavagiste de la terre, la «  cancel culture  » ne fait que contribuer à l’ensauvagement de la société.

    Toutes ces vagues d’indignation ne sont pas à condamner, tant s’en faut : bien évidemment la dénonciation du racisme avéré, des violences sexuelles et sexistes, ou de l’inceste, est en soi légitime.

    Encore ne faut-il pas s’abandonner à la calomnie. En matière d’antiracisme, il serait dangereux de mettre la France à l’heure américaine. Les cultures, les traditions, les attitudes diffèrent. On ne peut en tout cas que condamner la prétention délétère de certains à vouloir se faire justice, à refuser par principe la présomption d’innocence, à tuer par la rumeur.

    Ce mouvement est-il plus dangereux qu’à d’autres moments de l’histoire ?

    L’historien se doit de relativiser, car de fait on a connu pire dans le passé. Il est inquiétant néanmoins de voir se coaguler progressivement tous ces mouvements racialistes, ultra-féministes au sein de l’Université française. Les «  gender, racial and decolonial studies  », comme on dit outre-Atlantique, que dénonce le politologue Pierre-André Taguieff dans son Imposture décoloniale, science imaginaire et pseudo-antiracisme (éd. de l’Observatoire), se multiplient. Gare aux opposants ! La «  cancel culture  », bras armé du mouvement, et ses procédés sectaires d’intimidation ne sont pas loin. Sylviane Agacinski et Alain Finkielkraut en savent quelque chose.

    Ces boursouflures intellectuelles vindicatives, sans valeur scientifique, mais en quête de légitimité académique, peuvent-elles accoucher d’une idéologie cohérente ? On peut en douter, car l’indigence et la diversité de ces clameurs de haine, la racialisation des luttes ne présentent sûrement pas la même cohésion intellectuelle que le marxisme-léninisme d’autrefois.

    Ce dévoiement n’en produit pas moins des ravages sur les cerveaux influençables. «  Le nombre de thèses qui traitent à Sciences Po du privilège blanc, de la fragilité blanche, du racisme systémique, écrivait récemment Pascal Bruckner, est impressionnant.  » À la longue, il sera difficile de faire fi de la vérité historique. À Fort-de-France, des énergumènes ont abattu la statue de Joséphine de Beauharnais, alors que – tous les historiens sérieux en conviennent – elle n’a joué aucun rôle dans la décision de Bonaparte de rétablir l’esclavage.

    À la Guadeloupe, on a détruit les deux statues de Victor Schoelcher : la perversion atteint là son summum, car cet homme généreux a passé la plus grande partie de sa vie à défendre la cause abolitionniste et a été à l’origine de l’abrogation de l’esclavage dans les colonies françaises en 1848. Son seul tort évidemment est d’avoir été un «  mâle blanc  », occultant de ce fait la révolte libératrice des Noirs. Il en va de même d’ailleurs du grand Abraham Lincoln dont la statue a été déboulonnée à Boston.

    Procède-t-il d’un sentiment exacerbé de victimisation ?

    Par son caractère subversif et épidermique, la culture de l’effacement utilise à plein ce sentiment, prétexte à toutes les revendications des minorités. Il faut être victime aujourd’hui pour être entendu et avoir un droit légitime à la parole.

    S’il s’inscrit ainsi davantage dans la politique de l’émotion que dans la quête sereine de la justice, ce mouvement, il ne faut pas l’oublier, trouve ses racines intellectuelles dans les philosophies déconstructivistes de Jacques Derrida, Gilles Deleuze ou Michel Foucault, cette French Theory de la domination et des inégalités qui fait fureur dans les campus américains et nous revient aujourd’hui en boomerang.

    Comment répondre à cette rancœur entretenue ?

    Dénoncer les phénomènes de meutes et de manipulation ne suffit pas. Encore faut-il enseigner correctement l’histoire ou la littérature de notre pays, user de pédagogie, faire appel à la raison, au respect de l’autre, insister en effet sur la notion de transmission et d’enracinement. Vaste programme assurément, pour lequel les chrétiens ont un rôle essentiel à jouer, car le christianisme est la religion de l’Amour, alors que la «  cancel culture  » n’est que celle de la destruction et de l’intolérance.

    Les statues de saints dans nos églises ont aussi souffert d’une forme d’effacement…

    Mises en valeur pendant des siècles, particulièrement après la Contre-Réforme tridentine, à dessein d’aider le petit peuple catholique à célébrer le culte des saints, ces statues n’ont pas eu bonne presse dans les années postconciliaires. On a en mémoire ces curés, aiguillonnés par un néo-jansénisme purificateur et ravageur, qui se sont débarrassés allègrement de nombre d’entre elles ainsi que de maints objets de culte ou de piété – alors que ceux-ci appartenaient aux associations cultuelles définies par la loi de 1905 –, le tout pour le plus grand bonheur des antiquaires.

    Brader le patrimoine religieux (vente d’abbayes pour en faire des hôtels de luxe, d’églises…) procède-t-il d’une culture de l’effacement ?

    Ce n’est pas le même phénomène, pas plus d’ailleurs que les nombreuses dégradations, sacrilèges d’églises ou de calvaires, mais cela revient au même. Il est à craindre, pour tout dire, que le mouvement de destruction des chapelles et églises s’intensifie, car l’État a mis l’entretien de ces bâtiments à la charge des communes. Or, celles-ci sont souvent désargentées et peu enclines à préserver le patrimoine. Bref, il revient aux catholiques de veiller à protéger bec et ongles «  ce blanc manteau d’églises  », comme disait le moine Raoul Glaber au XIe siècle, qui couvre si merveilleusement notre belle terre de France.

     

     

    Jean-Christian Petitfils, Histoire de la France, Fayard, 1 152 pages, 29 €.

     

     

     

    Source : https://www.france-catholique.fr/

  • Les prédateurs de la République, par Hilaire de Crémiers.

    Pourquoi se scandaliser, quand le scandale est au cœur même de la République ?

    Les prédateurs font l’actualité. Pas de jour qui passe sans un nouveau scandale. Le plus étonnant est de voir que, parmi les personnes qui se scandalisent le plus, il en est qui revendiquent encore plus hautement la liberté sexuelle, et singulièrement pour les femmes et les jeunes filles : liberté de faire ce qu’elles veulent, de se comporter comme elles l’entendent, de se livrer à n’importe quelle pratique.

    hilaire de crémiers.jpgAvec droit à l’avortement et, s’il le faut, maintenant jusqu’à neuf mois, jusqu’à l’infanticide qu’il serait question de prochainement légaliser.

    Que les hommes se permettent le n’importe quoi vis-à-vis des femmes et des filles qui acceptent et exigent pour elles-mêmes le droit au n’importe quoi, n’y a-t-il pas là comme un jeu de conséquences auquel il paraît assez vain de prétendre se soustraire ? Toutes les dames et demoiselles de chez nous – et de toutes les conditions – sentent parfaitement ces nuances. La dignité du comportement suppose des mœurs qui n’existent que par l’assentiment commun à certaines règles d’honnêteté dans les rapports humains dont notre civilisation française et chrétienne était la garante.

    La morale libertaire

    Il n’est question que de respect, que de respecter l’autre. Voilà une phrase entendue mille fois. Chacun réclame le respect en sa faveur. Encore faut-il être respectable. Ceux qui enjoignent aux autres à grands cris de les respecter dans leurs choix personnels les plus douteux et les plus malfaisants, au simple motif que c’est leur choix, tuent toute notion de respect et donc de respectabilité. Qualifier cette dernière de bourgeoise ne change rien à l’affaire. La vérité est qu’ils s’en moquent éperdument ; ce qui compte pour eux, c’est eux-mêmes et leur anarchie érigée en dogme. Ils veulent établir la loi de leur non-loi. Et que leur soient reconnues par principe la suprématie et l’intangibilité de leur droit. D’où l’émiettement juridique et social, qui caractérise de plus en plus la société d’aujourd’hui.

    Rejeter la civilisation, en bafouer publiquement les principes, en transgresser en toutes occasions les règles les plus fondamentales, n’est certes pas une bonne manière d’assurer la rectitude et l’élégance de la conduite en société. Et ceux qui se font gloire de professer de telles doctrines et d’adopter de telles attitudes ne sauraient ensuite en réprouver les effets inéluctables.

    C’est une des grandes contradictions de notre vie moderne. Ces notions d’élémentaire logique sont en train de disparaître, parce qu’elles embarrassent de plus en plus ceux qui dirigent la vie politique. Faut-il le dire aussi ? Il en a été de même, et depuis trop longtemps, dans l’ordre ecclésiastique où un progressisme et un modernisme de mauvais aloi se sont érigés en magistère supérieur à toute la doctrine antérieure. Même si aucun milieu n’est indemne de déviations et de dépravations – ce qui fait que personne ne peut juger personne du haut de sa suffisance –, il n’en reste pas moins qu’il est facile aujourd’hui de mesurer les graves répercussions d’un tel laxisme. La complaisance pour le hors-norme est devenue la norme, sous prétexte d’adaptation aux évolutions qui ont été sciemment induites a priori et qui sont jugées a posteriori comme inévitables. Ces procédés faciles d’une prétendue modernité entraînent des effets si désastreux qu’un retour au simple bon sens ne pourra que s’avérer nécessaire, du moins dans les sociétés, y compris ecclésiales, qui veulent survivre.

    Il est devenu de mode d’incriminer l’Amérique et les campus américains, mais le mal est bien de chez nous. L’université française était malade dès avant 1968. S’en souviennent ceux qui la fréquentaient dans les années 60. Le marxo-freudisme y régnait en maître avec les philosophes de la déconstruction. Faut-il rappeler que les chefs révolutionnaires de l’après-guerre ont été formés en Sorbonne et que le maoïsme était le dernier cri de la pensée avancée, celle que l’UNEF et tous les courants révolutionnaires imposaient dans les amphithéâtres avec la complicité de l’administration ?

    Sartre et Simone de Beauvoir menaient la danse. Roland Barthes, spécialiste revendiqué de Sade et grand sémiologue de la contestation, avec ses épigones, faisait florès. Des générations ont été formées dans cette ambiance intellectuelle. Celle de Macron aussi : un Paul Ricœur donnait dans les mêmes billevesées dialectiques et morales !

    C’est en vertu des mêmes présupposés que la France va devoir aujourd’hui subir la barbarie de l’écriture inclusive. « L’islamo-gauchisme » qui alimente tant de polémiques ces derniers temps, n’est que l’un des fruits venimeux de la même secte vicieuse, qui a su s’emparer des leviers de pouvoir dans une France abandonnée par ses élites qui ne croient plus en elle. C’est ce qu’explique fort bien Eric Zemmour ; pareillement Michel Onfray et tous ceux qui protestent énergiquement contre cette mainmise sur notre pays et sur son avenir.

    Il ne faut pas croire qu’il ne s’agit là que d’épiphénomènes. L’affaire d’Olivier Duhamel est éclairante. Voilà un homme, un grand bourgeois, qui conseillait les acteurs de la politique, qui veillait sur la formation des futures élites, qui obtenait la présidence du Siècle, le cercle huppé des hommes de pouvoir et d’argent, et qui se croyait au-dessus de toutes les règles de la plus simple moralité. Cela en dit long sur l’état réel de la société française. Pourriture intellectuelle, pourriture morale. Tel est le verdict. Jusqu’au sommet.

    Une idéologie ignoble

    Le quotidien Présent a consacré son dernier numéro Hors série – qui se trouve dans les kiosques – à La gauche pédo-criminelle, les porcs et les ogres du camp du bien. Indépendamment des dénonciations tous azimuts qui englobent toutes sortes de personnes de tous genres et de toutes catégories et au-delà du fait qu’il se rencontre dans tous les milieux des pervers et qui osent même se réclamer pour certains d’un goût esthétique, voire d’une expression littéraire, tel un Matzneff, il n’empêche que c’est la gauche, bien gauchardement gauchiste, qui s’est distinguée dans la prétendue lutte – gagnée d’avance, étant donné l’entreprise systématique de destruction des mœurs –, en faveur de la libération sexuelle.

    Tout est dit dans le dossier de Présent, notamment sur la philosophie de la chose, s’il est permis de s’exprimer ainsi ! Elle relevait d’une morale dire libérée qui se recommandait de Sartre, de Marcuse et d’Althusser, entre autres. Elle a prospéré dans les années 70 et triomphé dans les années 80. L’avantage de cette morale néo-marxiste et néo-freudienne, qualifiée justement de libertaire, c’est qu’elle n’obligeait à rien ceux qui s’en recommandaient, sauf à la promouvoir, et qu’elle leur permettait de juger tous les autres d’après les critères les plus exigeants d’une hyper-morale politique qui distinguait entre le bien, nécessairement de gauche, et le mal, non moins nécessairement de droite. Il était convenu que l’oppression n’était jamais de gauche, seule la droite étant essentiellement oppressive. Quelle droite, d’ailleurs ? La question mérite d’être posée.

    Et, de fait, c’est la grande et petite presse de gauche qui mena ce qu’elle appelait son grand combat, et, plus spécifiquement encore, pour la promotion de la pédophilie, autre nom de la pédérastie. Libération, Le Monde, L’Obs, les journaux soi-disant satiriques, tous estampillés de gauche, s’illustrèrent dans cette lutte d’émancipation des règles de la morale bourgeoise.

    Tribunes et pétitions s’y succédaient, des années 70 aux années 2000, y compris de pédocriminels comme Dugué, condamné comme tel, pour revendiquer cet affranchissement jusqu’à l’apologie de la pédophilie, jusqu’à nier l’âge d’une majorité sexuelle, discussion qui fut reprise il y a quatre ans devant le Parlement ! Et encore aujourd’hui ! Tous les noms de la gauche morale et bien-pensante se retrouvaient dans ces listes, de Jean-Paul Sartre à Louis Aragon, de Jack Lang à Bernard Kouchner, d’André Glucksman à Roland Barthes, de Gilles Deleuze à Guy Hocquenghem, de Philippe Sollers à Michel Foucault, sans oublier le professeur de morale politique qui délivre ses leçons à l’Europe entière et qui est le vaillant soutien de Macron, Daniel Cohn-Bendit. Tout cela sous la houlette de Serge July et de Laurent Joffrin, bourgeois, fils de bourgeois, déguisés en soldats du peuple. Cette presse n’a pas été financée pour rien par des Berger, des Niel, des Pigasse, des Drahi et autres. Ils ont soutenu et financé la campagne de François Hollande avec le bizarre financier Jean-Jacques Augier, ami et trésorier du candidat, à charge pour Hollande de faire passer en priorité la loi dite du mariage pour tous. Et, pour Macron, maintenant, de faire passer la suite, toute la suite ; et pour l’Union européenne de l’imposer à tous ses membres.

    Tel est le cœur de la République. Il n’a pas changé. Même s’il est agité de remous divers en raison des innombrables scandales. C’est toujours sa loi interne qui l’unifie et la coalise, celle qui justifie l’accession au pouvoir, le pacte qui relie tous ceux qui en vivent et qu’il faut bien qualifier de prédateurs de la République.

    Quelle affliction de lire le livre de Camille Kouchner, La familia grande (Seuil) ! Tout est décrit de ce milieu qui se croit libre et fait pour commander aux autres, mais quelle responsabilité dans les dégâts qui ne sont pas seulement familiaux, mais aussi bien nationaux.

    Quelle affliction, pire encore, de lire le livre d’un Jean-Pierre Jouyet, L’Envers du décor (Albin Michel). Voilà un homme qui se dit chrétien, catholique pratiquant, qui a occupé les postes les plus importants comme haut fonctionnaire et qui a joué sa partie et sa carrière, sans s’en rendre compte sans doute, avec cette gauche-là et dont le meilleur ami qui l’a vraisemblablement abusé, reste François Hollande, lui-même fils de famille catholique, sorti des bons collèges comme tant d’autres, devenu, dans le cadre républicain, un homme de pouvoir sans scrupule, un prédateur de la République. Jouyet a contribué à faire Macron, il le reconnaît, même s’il s’en repent aujourd’hui. Car il ne voit que trop que la France fout le camp.

    Mais quand donc ces gens-là comprendront-ils qu’il faut rompre le pacte d’une telle République qui n’est plus, pour parler comme le pape Jean-Paul II, qu’une structure de péché ? Le plaisir du pouvoir pour ça ?

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Notre-Dame, deux ans après l’incendie, son avenir se dessine déjà, par Caroline Becker.

    Anne-Christine POUJOULAT / AFP

    Deux ans déjà ont passé depuis l'incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris et sidéré la France entière dans la nuit du 15 au 16 avril 2019. Cette nuit-là, le cœur des Français a battu à l’unisson. De l’incroyable élan de générosité qui a soulevé le monde, à la redécouverte d'un sanctuaire millénaire et la formidable énergie mise en œuvre pour le rebâtir, retour sur deux années incroyables et les enjeux qui restent à venir.

    C’est une image que le monde n’a pas oublié. Le lundi 15 avril 2019, peu avant 19h, les premières images de Notre-Dame de Paris en feu circulent. Le monde entier, sous le choc, croit assister à la disparition du sanctuaire le plus célèbre de France. Heureusement, l’héroïsme des pompiers, soutenus par la prière fervente des croyants, parvient à venir à bout des flammes. Au petit matin, Notre-Dame est lourdement blessée mais sauvée. 

    Deux années ont passé depuis ce dramatique incendie, marquées par des moments forts mêlant joie et incertitude, mais l’espérance est désormais revenue dans le cœur des Français. En témoigne la fière allure de Notre-Dame de Paris qui, jour après jour, panse ses plaies avec une rapidité incroyable malgré la double contrainte liée au plomb et à la crise sanitaire. Ce résultat, on le doit à l’investissement de toutes les équipes sur le terrain qui, dès le lendemain de l’incendie, ont retroussé leurs manches pour consolider Notre-Dame de Paris. On le doit aussi à tous les généreux donateurs de France et du monde entier qui ont participé, chacun à la hauteur de ses moyens, à la reconstruction de la cathédrale. Deux ans après l’incendie, cette générosité ne s’est pas estompée, comme en témoigne Christophe Rousselot, délégué général de la Fondation Notre-Dame : « Depuis janvier 2021, nous avons reçu 750 dons. Certains sont des donateurs récurrents ». Fait notable, ils sont nombreux, presque plus de la moitié, à donner pour le fonds spécifique, le « Fond cathédrale de Paris », destiné exclusivement au réaménagement intérieur de la cathédrale, qui reste avant tout un sanctuaire. Signe, sans doute, de l’importance de la restauration de la liturgie pour de nombreux donateurs. En tout, ce sont 340.000 donateurs issus de 150 pays qui ont donné pour la restauration de Notre-Dame de Paris jusqu’à aujourd’hui, permettant ainsi de recueillir 883 millions d’euros de dons. Vendredi 7 mai, une vente aux enchères en faveur de la cathédrale, organisée à Drouot par la Fondation, sera l’occasion de poursuivre ce grand élan de générosité. 

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    La pose des échafaudages intérieurs, débutée en octobre 2020, se poursuit dans la nef

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    Visite de la chapelle Notre-Dame de Guadalupe.

    En parallèle de ces premières études, des appels d’offres ont déjà été lancés afin d’accélérer la phase de restauration qui va débuter au cours de l’hiver prochain. L’appel d’offres pour la première campagne de nettoyage du plomb dans la cathédrale est en cours. Celui pour la restauration du grand orgue a aussi été engagé a confirmé Olivier Latry, l’un des quatre organistes de la cathédrale qui sort, ce 15 avril un ouvrage en hommage à l’orgue de Notre-Dame. « Le facteur d’orgue devrait être choisi avant l’été et les travaux commenceront tout de suite », a-t-il précisé à Aleteia. Démonté en fin de l’année dernière, les 8.000 tuyaux qui le composent ont été entreposés en caisse dans un endroit tenu secret. 

    Il faudra attendre encore quelques semaines pour connaître le calendrier précis des travaux. Aux dernières nouvelles, l’Établissement public en charge de la restauration analyse actuellement les diagnostics réalisés par l’architecte Philippe Villeneuve et l’ensemble de son équipe. Une fois réalisé, cet examen permettra de finaliser le programme d’ordonnancement des travaux et de fixer le budget à venir. 

    De la restauration des pierres à la restauration de la liturgie

    Au sauvetage des pierres centenaires de la cathédrale, s’ajoute celui des pierres vivantes. En étroite collaboration avec les acteurs du Patrimoine, le diocèse de Paris réfléchit activement à la réouverture de Notre-Dame de Paris pour permettre le retour du culte dès 2024. Car maintenir la dimension spirituelle de Notre-Dame est l’une des priorités de l’archevêque de Paris, Mgr Aupetit, qui l’a maintes fois prouvé en organisant, depuis deux ans, des temps spirituels forts afin de rappeler au monde que la cathédrale est et demeure, avant tout, un lieu de culte catholique. On se rappelle, avec émotion, de la toute première messe célébrée deux mois après l’incendie dans l’une des chapelles du chœur, ou encore la vénération de la couronne d’épines, l’année dernière, jour du Vendredi saint. Cette année, l’archevêque a tenu à célébrer le Jeudi saint. Mgr Aumonier, représentant du diocèse pour le chantier de la cathédrale, confiait il y a quelques jours à Aleteia l’importance de continuer à faire monter la prière dans l’édifice : « Le cœur de la reconstruction c’est la célébration liturgique. La cathédrale n’est pas un musée, c’est un lieu de prière qui a été construit pour cela. »

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    Les tuyaux de l’orgue ont été retirés un à un. Seuls les grands tuyaux de façade, difficilement démontables, seront nettoyés sur place.

    Source : https://fr.aleteia.org/

    Merci à ALETEIA, qui "fait le point" sur cet avenir qui se dessine déjà pour Notre-Dame...

  • Éphéméride du 18 janvier

     Les Hospices de Beaune, aujourd'hui

     

     

    1462 : Mort du Chancelier Nicolas Rolin 

     

    Grande figure politique de la Bourgogne et de la France du XVème siècle, il fut chancelier de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, durant 40 ans.

    Fondateur du célèbre Hospice de Beaune, il fut un homme politique clairvoyant et intelligent : il sut gagner la confiance du duc de Bourgogne, Jean sans Peur, qui lui décerna le titre de conseiller et fit de lui son avocat au parlement de Paris. Après l'assassinat de Jean sans Peur, par des Armagnacs, en 1419, il se mit au service de Philippe le Bon, qui le nomma Chancelier de Bourgogne en 1422.

    Après l'épopée de Jeanne d'Arc, Rolin jugea la cause anglaise perdue et incita Philippe le Bon à quitter la famille des Lancastre pour celle des Valois et à obtenir les faveurs de Charles VII, ce que fit Philippe le Bon lors du congrès d'Arras (1435), où le chancelier Rolin était le porte-parole du duc et de la duchesse de Bourgogne.

    C'est lui qui commanda la célébrissime Vierge du Chancelier Rolin, aujourd'hui unique oeuvre de Jan Van Eyck que possède la Louvre : 

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    Sur la fondation des Hospices de Beaune, le 4 août 1443, voir notre Éphéméride du 4 août ; et l'Éphéméride du 1er janvier, jour où ces Hospices ont reçu leur premier patient.

    Et, sur les causes profondes de la guerre entre la France et la Maison de Bourgogne, voir l'Éphéméride du 24 juin et l'Éphéméride du 3 octobre

     

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    1641 : Naissance de François Michel le Tellier, marquis de Louvois

     

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    http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Fran%C3%A7ois_Michel_Le_Tellier_seigneur_de_Chaville_marquis_de_Louvois/130507

     

    Voir aussi le court article Louvois dans l'excellente présentation de Louis XIV, la Cour du Roi soleil...

     

     

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    1650 : Début de la Fronde des Princes

     

    De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre XII, Les leçons de la Fronde :

    "On a pris l'habitude de regarder la Fronde comme un épisode romanesque et même galant à cause des belles dames qui s'en mêlèrent. Ce fut, en réalité, la poussée révolutionnaire du dix-septième siècle. Ce "grand siècle" n'est devenu celui de l'ordre qu'après avoir passé par le désordre. Il a eu, vers son milieu, une fièvre, une éruption répandue sur plusieurs pays d'Europe. Nous avons déjà vu le roi d'Espagne aux prises avec des mouvements d'indépendance en Catalogue et au Portugal. À Naples, le pêcheur Masaniello prit le pouvoir et son histoire frappa les imaginations. À Paris, dans les rues, au passage d'Anne d'Autriche, on criait : "À Naples !" Mais rien ne saurait se comparer à l'impression que produisit la révolution d'Angleterre. L'exécution de Charles 1er, beau-frère de Louis XIII, semblait annoncer la fin des monarchies. Le rapport de ces événements avec les troubles qui éclatèrent en France n'est pas douteux.

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    Retour de Louis XIV dans Paris, après la fin de la Fronde
     
     

    On retrouve dans la Fronde les éléments ordinaires dont les révolutions se composent. L'effort et la fatigue de la guerre de Trente Ans y entrèrent pour une part. Richelieu avait demandé beaucoup au pays et tout ce qui avait été contenu sous sa main de fer se libéra sous Mazarin. Il se fit une alliance des grands qu'il avait contraints à la discipline nationale, et de la bourgeoisie qui avait souffert dans ses intérêts d'argent. Pour une autre part, et non la moindre, il y eut le jansénisme, cette Réforme sans schisme, qu'on a pu appeler "la Fronde religieuse". Les pamphlets contre Mazarin et les polémiques avec les jésuites, les "mazarinades" et les Provinciales (bien que légèrement postérieures) partent du même esprit. Un admirateur de la Fronde l'a appelée "la guerre des honnêtes gens contre les malhonnêtes gens". Si elle avait réussi, on lui aurait certainement reconnu les caractères intellectuels et moraux d'une révolution véritable.

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    Deux représentations de Louis XIV terrassant la Fronde, par Gilles Guérin :
    Statuette, Paris, musée Carnavalet (ci dessus)... 

       

    Lorsque les troubles éclatèrent, au commencement de 1648, l'année du traité de Westphalie, le gouvernement était depuis plusieurs mois en conflit avec le Parlement qui déclarait illégales quelques taxes nouvelles. La raison du mécontentement était toujours la même : la guerre, l'action extérieure, l'achèvement du territoire coûtaient cher. Le Trésor était vide. Il fallait emprunter, imposer, quelquefois "retrancher un quartier" de la rente, ce que les bourgeois prenaient mal comme on s'en douterait si la satire de Boileau ne l'avait dit. Mazarin, tout aux grandes affaires européennes, laissait les finances et la fiscalité au surintendant. Lorsque les choses se gâtaient, il se flattait de les arranger par des moyens subtils. Il eut le tort, quand le Parlement adressa au pouvoir ses premières remontrances, de ne pas voir qu'il s'agissait de quelque chose de plus sérieux que les cabales d'Importants dont il était venu à bout au début de la régence. La résistance du Parlement faisait partie d'un mouvement politique. On demandait des réformes. On parlait de liberté.

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    ... et sculpture, à Chantilly, dans le Musée Condé
     

    Surtout on en voulait à l'administration laissée par Richelieu, à ces intendants qu'il avait créés et qui accroissaient l'autorité du pouvoir central. Les hauts magistrats recevaient des encouragements de tous les côtés. Les concessions par lesquelles Mazarin crut les apaiser furent donc inutiles. Le Parlement s'enhardit, et bien qu'il n'eût que le nom de commun avec celui de Londres, l'exemple de la révolution anglaise ne fut pas sans échauffer les imaginations. En somme le Parlement de Paris, le plus souvent soutenu par ceux des provinces, prétendait agir comme une assemblée souveraine et, au nom des antiques institutions et libertés du royaume, limiter l'autorité de la monarchie, singulièrement renforcée sous la dictature de Richelieu. Les Parlements deviennent dès ce moment-là ce qu'ils seront encore bien plus au dix-huitième siècle : un centre de résistance au pouvoir et d'opposition aux réformes, d'agitation et de réaction à la fois, un obstacle à la marche de l'État..."

     

     

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    1695 : Louis XIV institue la première Capitation

     

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    "...Louis XVI eût-il réussi, financièrement et psychologiquement, la même opération en 1780 - au coeur de la guerre d'Amérique - la monarchie capétienne était sauvée..." (François Bluche)

    (Pour la seconde Capitation, instaurée le 14 octobre 1710, voir l'Éphéméride du 14 octobre...)

      

    De François Bluche, Louis XIV, Fayard, pages 747 à 750 (extraits) :

    Les sujets de Sa Majesté en coupe et en élévation

    ...Le 18 janvier 1695, une déclaration du Roi instaurait en France une capitation, une redevance annuelle par tête, impôt nouveau chez nous, assez révolutionnaire (puisque la noblesse y était soumise) bien qu'imité de l'Europe centrale. Saint-Simon pense que le contrôleur Pontchartrain ne l'a instaurée qu'à contrecoeur, n'a été qu'un éditeur malgré lui. On ne peut en dire autant de Louis XIV. Il a suivi pendant toute l'année 1694 les préparatifs et modalités de la capitation. Si les riches paient, si les nobles crachent au bassinet, le Roi l'a plus qu'accepté, il l'a voulu.

    Cette particularité qui rattache le nouvel impôt à un dessein économique et social, à une politique globale, suffirait à marquer l'exceptionnelle importante de la capitation. On y trouve aujourd'hui un autre intérêt. Car, non content de renflouer, en pleine guerre, les caisses du trésor public, l'impôt de capitation de ce mois de janvier 1695 nous instruit sur l'ancien régime français et sa structure, la politique sociale de Louis XIV et sa réussite...

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    Ce ne sont pas trois ordres (clergé, noblesse, tiers état), ou deux camps (privilégiés et roturiers, riches et pauvres, dominants et dominés) qui sont taxés, mais vingt-deux "classes" de contribuables. Elles ne regroupent pas moins de 559 rangs, correspondant à des dignités, des états, des grades des métiers. La première, qui comprend notamment la famille royale, les ministres et les principaux financiers, est taxée 2.000 livres; la deuxième, celle des ducs et du premier président, paie mille livres; la huitième, qui compte en son sein les maréchaux de camp et les conseillers au Parlement, est imposée pour 200 francs; la quinzième, où figurent les greffiers des présidiaux et les rentiers des villes moyennes, paie 40 livres. La dernière, celle des simples soldats et des petits domestiques, n'est taxée qu'à une livre. La capitation n'étant ni impôt sur le capital, ni impôt sur le revenu, mais imposition du rang, son tarif est une véritable radiographie de la société française, saisie aux deux tiers d'un grand règne.  

    La population du royaume n'est ni société d'ordres fondée sur le protocole, ni société de classes réglée sur l'argent. La division de la nation en trois ordres n'est plus une réalité sociale (même si un noble est élégamment décapité là où un roturier est vulgairement pendu). C'est pourquoi la première classe de capitation englobe un bon nombre de financiers roturiers. La hiérarchie des fiefs de dignité n'a plus de sens, à l'exception de l'éminente primauté des maisons ducales. Les marquis, comtes, vicomtes et barons sont démocratiquement mis au même rang : le Roi les a laissé placer en septième classe, où ils accompagnent, non moins démocratiquement, les receveurs des tailles et les contrôleurs des postes. Quant aux "gentilshommes n'ayant ni fief ni château" - ce qui est un peu le niveau de Cadet Rousselle -, le contrôleur général les a mis en dix-neuvième classe, auprès des appariteurs d'université, des cabaretiers, des garde-chasse !..."   

     

     

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    1701 : Le Grand électeur de Brandebourg se proclame Roi de Prusse

     

    On sait - et Jacques Bainville écrit qu'ils ne le trompaient pas... - que les dernières années de Charlemagne furent assombris par de funestes pressentiments concernant l'avenir de son Empire, à cause de ces peuplades venues du Nord sur leurs drakkars, dont on lui parlait...

    18 janvier,fronde,bainville,louis xiv,banque de france,napoleon,louvois,pontmain,becquerelLouis XIV eut la même réaction lorsqu'on lui apprit que, de sa propre et seule autorité, le Grand Électeur de Brandebourg - qui était roi, en Prusse... - venait de se proclamer Roi de Prusse : c'était une atteinte aux Traités de Westphalie, ce chef-d'oeuvre de Richelieu et de la Royauté française qui, morcelant l'Allemagne en une multitude de micros États indépendants ("la croix des géographes", disait-on...), et en nous donnant légalement le moyen d'intervenir dans leurs querelles annihilait le péril germanique, et assurait la prépondérance française en Europe; avec, en prime, l'assurance de ne plus

  • Éphémérides du mois de mai : Table des Matières...

    3788544541.jpg1 : 1402 : Début de l'expédition de Jean de Béthencourt. 1449 : Institution par les Orfèvres parisiens de l’Offrande du May à Notre-Dame de Paris. 1569 : Charles IX lance la coutume du muguet du premier mai. 1635 : Pose de la première pierre de la Chapelle de la Sorbonne. 1633 : Naissance de Vauban. 1802 : Fondation de l'École militaire de Saint Cyr. 1822 : Inauguration du Pont de pierre de Bordeaux. 1909 : Délimitation de l'aire de production du Cognac. 1957 : Millénaire de la Foire du Trône...

    2 : 1519 : Mort de Léonard de Vinci. 1598 : Paix de Vervins. 1688 : Paix d'Aix-la-Chapelle (Lille devient française). 1684 : La Fontaine entre à l'Académie française. 1808 : Soulèvement du peuple de Madrid contre les Français, et début de la Guerre d'Espagne... 1841 : La Ville de Paris offre une épée, pour son baptême, au fils du Duc d'Orléans, Philippe VII. 1857 : Mort d'Alfred de Musset. 1888 : Naissance de Maxime Real del Sarte.

    : 1324 : Première remise du Prix des Jeux Floraux de Toulouse. 1753 : Naissance de Jeanne-Renée de Bombelles. 1766 : Création de l'Agrégation. 1803 : La cession de la Louisiane aux États-Unis devient définitive. 1822 : Inauguration du Canal Saint-Martin. 1902 : Naissance d'Alfred Kastler. 1908 : Inauguration de la statue de Notre-Dame du Liban, à Harissa. 1925 : Décès de Clément Ader, père de l'aviation. 1938 : Début du voyage de Maurras en Espagne, "chez Franco"... 1958 : Réouverture du Musée de la Chartreuse de Douai. 2002 : Lancement du satellite SPOT 5.

    : Évocation: Les Chambiges, père et fils (Martin et Pierre), constructeurs de cathédrales, élèvent à Beauvais (cathédrale Saint-Pierre) le choeur ogival le plus haut du monde: 46 mètres 77. L'autoroute "A 13" (première autoroute française) déclarée d'utilité publique...

    : 1492 : Fondation d'Ajaccio : achèvement de la construction du Bastion fortifié. 1789 : Ouverture des États Généraux. 1821 : Mort de Napoléon. 1912 : Naissance de Gérald Van der Kemp, le "sauveur" de Versailles...

    6 : 1211 : Lancement de la construction de l'actuelle cathédrale de Reims. 1309 : Mort de Charles II d'Anjou, premier "chroniqueur" du Carnaval... 1576 : Paix de Beaulieu (fin de la 5ème Guerre de religion). 1682 : Louis XIV s'installe définitivement à Versailles. 1697 : Pointis s'empare de Carthagène.  1717 : Pierre Premier, Tsar de toutes les Russies, entame une visite de deux mois en France. 1794 : Mort de Suzanne Necker. 1871 : Naissance de François-Auguste-Victor Grignard. 1994 : Inauguration du Tunnel sous la Manche.

    7 : 1274 : Ouverture du Second Concile de Lyon. 1463 : Grand incendie de Toulouse. 1794 : Adoption du culte de l'Être Suprême. 1866 : Naissance d'Arthème Fayard, fils. Aux origines de L'Histoire de France de Jacques Bainville...  1945 : Signature de la reddition inconditionnelle de l'Allemagne nazie. 1954 : Chute de Dien Bien Phu. 1990 : Les Gorges du Verdon deviennent un Site national protégé.

    : 1429 : Jeanne d'Arc libère Orléans. 1794 : Lavoisier guillotiné. 1837 : Mort de Jules Dumont d'Urville. 1902 : Éruption de la Montagne Pelée. 1921 : Premier Cortège de la Fête nationale de Jeanne d'Arc et du Patriotisme...

    9 : 1769 : Bataille de Ponte Novu. 1789 : Mort de Jean-Baptiste Vaquette de Gribeauval. 1836 : Naissance de Ferdinand Monoyer. 1927 : Disparition de Nungesser et Coli. 1950 : Création de la CECA. 

    10 : 1752 : Guettard formule l'hypothèse selon laquelle les Puys d'Auvergne sont, en réalité, d'anciens volcans... 1774 : Mort de Louis XV / Avènement de Louis XVI. 1788 : Naissance d'Augustin Fresnel. 1807 : Mort de Rochambeau. 1871 : Traité de Francfort-sur-le-Main : la France perd l'Alsace-Lorraine... 1927 : Première sortie en mer pour le Béarn, premier porte avions français... 1938 : Création de "The Cloister" (le "Musée des cloîtres"), à New-York. 2016 : Réouverture de la Galerie des Carrosses de Versailles.

    11 : Vers 477 : Célébration de Saint Mamert, premier des trois "Saints de glace"... 1258 : Traité de Corbeil : Louis IX acquiert "les citadelles du vertige"... 1696 : Décès de La Bruyère. 1708 : Mort de Jules-Hardouin Mansart. 1745 : Victoire de Fontenoy. 1759 : Naissance de Jean-Baptiste Cléry. 1896 : Mort d'Henri Cernuschi, et legs de ses collections à la Ville de Paris. 1946 : Loi de "Dévolution des Biens de Presse" : l'imprimerie ultra-moderne de "L'Action française" légalement volée par l'Humanité... 2016 : Première exposition organisée sur Masséot Abaquesne...

    12 : 1003 : Mort de Sylvestre II. 1588 : Journée des Barricades à Paris. 1842 : Naissance de Jules Massenet. 1845 : Naissance de Gabriel Fauré. 1925 : Mort du Général Mangin. 1930 : Première traversée sans escale de l'Atlantique Sud par Jean Mermoz. 1968 : Ouverture du Parc animalier de Thoiry. 1972 : Création du Parc Régional naturel de Corse. 2018 : ré-ouverture au public du Hameau de Marie-Antoinette, intégralement restauré...

    13 : 1753 : Naissance de Lazare Carnot, organisateur du Génocide vendéen. 1908 : Inauguration du château du Haut-Kœnigsbourg restauré. 1958 : Putsch d'Alger...

    14 : 841 : Incursions vikings. 1506 : Louis XII proclamé Père du peuple. 1610 : Assassinat d'Henri IV. 1643 : Mort de Louis XIII. 1952 : Champs de Bataille classé Monument historique.

    15 : 1685 : Le Doge de Gênes est à Versailles pour demander pardon à Louis XIV... 1703 : Décès de Charles Perrault. 1768 : La Corse devient française. 1842 : Mort de Las Cases, rédacteur du Mémorial de Sainte-Hélène. 1859 : Naissance de Pierre Curie. 1954 : Mort de Maxime Real del Sarte.

    16 : 1509 : Consécration de la cathédrale Saint Jean Baptiste de Perpignan. 1770 : Le Renversement des Alliances en action: mariage du duc de Berry (futur Louis XVI) et de Marie-Antoinette d'Autriche. 1920 : Canonisation de Jeanne d'Arc. 1951 : Mort "en service commandé" de François Hussenot, inventeur des "boîtes noires"...

    17 : 1642 : Fondation de Montréal. 1838 : Mort de Talleyrand. 1871  : "Paris sera à nous ou n'existera plus" : Louise Michel donne une parfaite interprétation de l'esprit révolutionnaire... 1903 : Frédéric Mistral fonde la Fèsto vierginenco. 1953 : En activité de fait depuis 1931, la Patrouille de France reçoit son nom.

    18 : 1236 : Blanche de Castille fonde l'Abbaye de Maubuisson. 1302 : Les "Mâtines de Bruges"... 1514 : François Premier épouse Claude de France. 1559 : Grand incendie de Bourges. 1875 : Bénédiction de la Croix de Provence, sur la montagne Sainte Victoire. 1922 : Charles Laveran, Prix Nobel de Médecine. 1959 : Jean XXIII institue Notre-Dame des Cyclistes... 1961 : Fin du stockage de l'eau dans le lac artificiel de Serre-Ponçon. 1990 : Inauguration de la ligne TGV Paris-Lille. 1991 : Ouverture du Centre national de la mer Nausicaa, à Boulogne-sur-mer. 2007 : Mort de Pierre-Gilles de Gennes. 2009 : le Comte de Paris reçoit la Légion d'honneur, "à titre militaire"...

    19 : 804 : Mort d'Alcuin. 1051 : Henri 1er épouse Anne de Kiev. 1303 : Mort d’Yves Hélory de Kermartin, Saint Yves. 1364 : Sacre de Charles V. 1643 : Victoire de Rocroi. 1939  : À Madrid, Franco préside le Défilé de la Victoire, célébrée dans L'Action française... 2007 : Les Journées des Plantes de Courson fêtent leur vingt-cinquième anniversaire...

    20 : 1677 : Établissement du devis pour le Pont-canal du Répudre, le premier construit en France. 1692 : Guerre de la Ligue d'Augsbourg, Tous les Bourbons au front ! 1799 : Naissance de Balzac. 1861 : Acquisition de la Collection Campana. 1983 : Découverte du Virus du Sida. 1997 : Lancement du "projet Guédelon".

    21 : 1539 : Édit de Chateauregnard, premier essai de Loterie nationale. 1681 : Ouverture au trafic du Canal du Midi. 1810 : Mort du Chevalier d'Éon. 1854 : Fondation du Félibrige. 1871 Début de la Semaine sanglante (Commune de Paris). 1911 : Mort de Georges Fabre. 1917 : Le Spirit of St. Louis de Charles Lindbergh effectue la première traversée aérienne de l'Océan Atlantique, de New York à Paris, en solitaire et sans escale. 2022 : Inauguration de "l'escalier en fer à cheval" de Fontainebleau, intégralement restauré...

    22 : 1679 : Denis Papin présente le premier autocuiseur. 1679 : Début des travaux à Marly. 1807 : Mort de l'abbé Henri Essex Edgeworth de Firmont, le dernier confident de Louis XVI. 1808 : Naissance de Gérard de Nerval. 1818 : Ouverture de la première Caisse d'Épargne et création du "Livret A". 1871 : Bergeret, "incendiaire en chef" des Tuileries, commence sa sinistre besogne... 1885 : Mort de Victor Hugo. 1935 : Premier enregistrement de "Tout va très bien, Madame la Marquise..."

    23 : 1430 : Jeanne d'Arc prisonnière à Compiègne. 1431 : Création de l'Université de Poitiers. 1498 : Naissance de Sampiero Corso. 1648 : Décès de Louis Le Nain. 1790 : Naissance de Jules Dumont d'Urville. 1850 : Naissance de Jean-Baptiste Penon. 1908 : Naissance d'Hélène Boucher. 1937 : Mort de John D. Rockfeller. 1960 : Mort de Georges Claude. 1962 : Le paquebot de la Transat, "Ville de Marseille", débarque les premiers réfugiés d'Algérie à Marseille...

    24 : 1096 : Consécration de Saint Sernin de Toulouse. 1250 : Charte de Saint Louis aux Maronites du Liban. 1524 : Grand incendie de Troyes. 1871 : Le feu aux monuments de Paris (Commune de Paris). 1887 : Naissance de Jean de la Varende. 1935 : Premier Pèlerinage officiel des Gitans aux Saintes-Maries-de-la-Mer.

    25 : 1693 : Décès de Madame de La Fayette. 1720 : La Grande peste à Marseille. 1839 : Naissance de Clément Rodier. 1856 : Naissance de Louis Franchet d'Esperey. 1888 : Mistral récite l'Ôde à la Race Latine à Montpellier. 1923 : Premières Vingt-Quatre heures du Mans. 1941 : Première célébration de la Fête des Mères.

    26 : 1445 : Charles VII crée les premières compagnies de l'Armée permanente. 1602 : Naissance de Philippe de Champaigne. 1942 : Début de la bataille de Bir-Hakeim. 2003 : Lancement de Galileo.

    27 : 1653 : Découverte à Tournai de la tombe de Childéric 1er, père de Clovis. 1797 : Gracchus Babeuf est guillotiné. 1798 : Mort en déportation de Guillaume-Alexandre Tronson du Coudray, défenseur de Marie-Antoinette. 1955 : Premier vol de la Caravelle (débuts de l'aventure aéronautique: Concorde, Airbus, Ariane, EADS.....). 2015 : La Résistance royaliste à l'honneur : la Ville de Paris donne à l'une de ses places le nom de Jacques et Mireille Renouvin...

    28 : Évocation : Quand la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais a reçu, au XIIIème siècle, son extraordinaire vitrail du Miracle de Théophile. Célébration de Saint Germain de Paris...

    29 : 1067 : Dédicace de Saint Martin des Champs, site sur lequel s'élève aujourd'hui le Conservatoire National des Arts et Métiers. 1346 : Ordonnance de Brunoy, première Réglementation forestière française. 1698 : Naissance de Bouchardon. 1825 : Sacre de Charles X. 1827 : Naissance de Léon Edoux; aux origines du mot "ascenseur"... 1927 : 30.000 participants au Rassemblement Royaliste de Barbentane. 1935 : Lancement du paquebot Normandie. 1942 : Port de l'étoile jaune obligatoire en zone occupée.

    30 : 1431 : Martyre de Jeanne d'Arc. 1631 : Création de La Gazette de France. 1778 : Mort de Voltaire. 1858 : Alexandre II inaugure la cathédrale Saint Isaac de Saint Petersbourg, oeuvre d'Auguste Ricard de Montferrand. 1952 : Premier spectacle Son et Lumière, à Chambord. 1996 : Les têtes des sept moines trappistes de Tibhirine sont retrouvées...

    31 : 1864 : Fin des travaux de restauration de Notre-Dame de Paris par Viollet-le-Duc. 1868 : Première Course cycliste, à Saint-Cloud. 1878 : Louis II de Bavière lance la construction d'une réplique de Versailles : Herrenchiemsee... 1911 : Naissance de Maurice Allais. 1987 : Ouverture du Futuroscope de Poitiers. 2003 : Dernier vol commercial pour Concorde. 2013 : Première remise du Prix Maurice Allais de Science Economique... 

     

    Et pour les Éphémérides des mois d'Avril et de Juin :

    Éphémérides du mois d'avril...

    Éphémérides du mois de Juin... 

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  • Documents pour servir à une Histoire de l'URP (53) : Quelques informations sur Le Commandant Dromard, premier Président

    (retrouvez notre sélection de "Documents..." dans notre Catégorie "Documents pour servir à une histoire de l'URP"...)

     

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    Ci-dessus, photo du Commandant Dromard, parue dans L'Almanach d'Action française pour l'année 1928 (page 347)

     

    On n'a malheureusement pas autant d'informations qu'on le souhaiterait sur le Commandant Dromard, qui fut le premier Président de notre Union Royaliste Provençale.

    Pourtant, son nom fut écrit des dizaines de fois dans L'Action française, lors des compte-rendus des grands Rassemblements royalistes (de Barbentane, le 29 mai 1927 ou de Roquemartine, le 5 août 1934, ci-dessus) ou des autres manifestations marseillaises et provençales, comme la double inauguration de la statue de Jeanne d'Arc, en haut de La Canebière, en 1942 et 1943 (voir ici, pour 1942, et ici, pour 1943).

    J'avais demandé à Pierre Chauvet - qui lui succéda à la tête de l'URP - et à Jean Lavoëgie - qui fut Chef des Camelots dans la "Dixième zone", la nôtre... - de me parler de lui; ainsi, bien entendu, qu'à mon père, Camelot marseillais de toujours : tous les trois, avec leurs mots à eux, différents mais se rejoignant sur le fond, me firent la même réponse : Dromard fut un serviteur fidèle et zélé de notre Cause, un Président actif et infatigable, toujours assidu à sa tâche, mais sans jamais d'accroc ni de dispute ou problèmes d'aucune sorte, ni de pas de côté, ni d'action(s) ou de décision(s) controversée(s). Tout entier donné à sa Cause, il ne vivait que pour servir : les gens heureux n'ont pas d'histoire, dit le dicton...

    Finalement, n'est-ce pas le plus beau des éloges que l'on puisse faire d'un Président de Fédération ? Pendant trente ans, du lendemain de la Guerre à sa mort, le premier mai 1950, il a servi, fidèlement, infatigablement, toujours là, toujours présent et actif, et le rappeler suffit pour lui rendre hommage, même si manquent photos et documents...

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    (cliquez sur le document pour l'agrandir)

    Louis, Francois, Marie Joseph Dromard fut nommé Chevalier de la Légion d'Honneur le 2 août 1920; puis promu Officier le 30 juin 1939...

    Il mourut le premier Mai 1950, à Marseille, où il demeurait (au 64, Boulevard Rabatau)

    (comme pour notre précédente livraison, traitant de L'Ordre Provençal, nous mettons en fin de cette note deux liens intéressants, en ceci qu'ils fournissent un grand nombre de noms, dates et lieux, personnalités; le tout mêlé dans un ensemble parfois un peu long, ennuyeux, voire "poussiéreux" : le lecteur en usera comme bon lui semble; pour notre part, nous en avons extrait certains des renseignements suivants...)

    François Davin

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    Ci-dessus et ci-dessous : après le Rassemblement royaliste de Roquemartine, le 5 Août 34, raconté dans le numéro de de L'Action française du mardi 7 août 34...

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    On trouvera dans les liens en bas de page les informations suivantes :

    "...Les années 1919-1922 voient une « réaction » du mouvement sous l’impulsion de quelques hommes nouveaux. Le plus important, celui qui allait réorganiser la section marseillaise et la diriger jusqu’à sa mort en 1950, étendant son influence sur le département puis la région, dans une fidélité totale au maître de Martigues, n’était pas d’origine provençale. Organisateur sérieux et compétent, d’une grande disponibilité il avait pour nom Louis Dromard.

    Né à Besançon le 15 juin 1878, ce fils d’un monteur de boîtiers de montres, profondément catholique, avait fait ses études chez les Eudistes qui dirigeaient le collège catholique de la capitale franc-comtoise; il avait préparé ensuite Saint-Cyr où il était entré en 1898. Sorti lieutenant en 1900, il avait démissionné en 1903 pour des raisons plus personnelles que politiques.

    Il s’était vu offrir une situation de courtier en graines oléagineuses dans le grand port méditerranéen. Il « descendit » donc vers le Sud, s’y associa avec un certain Devos, s’y maria, eut sept enfants, dont deux morts jeunes, et il ne quitta plus sa nouvelle patrie.

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    (cliquez sur le document pour l'agrandir)

     

    Parti en 1914 comme capitaine d’infanterie de réserve, il était revenu de la guerre avec une blessure, la Croix de guerre et le grade de commandant qui devait la plupart du temps accompagner son nom.

    Pour le seconder, on trouve deux disciples d’Esculape : le docteur Gilles qui, né à Marseille en 1860, habitait dans la banlieue ouvrière de Saint-Henri, et le docteur Roubion qui, né en octobre 1873 à Aups dans le Var, demeurait près de la gare Saint-Charles. Le premier assumera jusqu’en 1926 le secrétariat de la section tandis que le second va prendre, à partir de l’été 1920, la direction locale de « l’union des corporations françaises » et coiffer un groupe d’« études sociales ».

    Le Commandant Dromard habitait - on l'a dit - au 64, Boulevard Rabatau, à un jet de pierre de l'actuel Stade Orange Vélodrome...

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    Sur le document ci-dessus, on voit, à gauche, la signature du Commandant Dromard, "le récipiendaire" (à droite, celle du Général Délégué; cliquez sur le document pour l'agrandir...

     

    En 1942 et 1943, on inaugura à Marseille, sur la parvis de l'église des Réformés, en haut de La Canebière, la belle statue de Jeanne d'Arc, qui s'y trouve toujours. Naturellement, en sa qualité de président du Comité Jeanne d'Arc, le Commandant Dromard - assisté du jeune Pierre Chauvet qui devait lui succéder à sa mort, huit ans plus tard - prit toute sa part, qui fut importante, dans le mouvement qui conduisit à l'installation de cette statue : dans les deux compte-rendus de L'Action française qui rapportent l'évènement, le Commandant Dromard y est appelé "Inspecteur général de L'Action française" ! Bigre ! :

    • Documents pour servir à une Histoire de l'URP (50) : Dimanche 10 Mai 1942, Marseille : première inauguration de la statue de Jeanne d'Arc aux Réformés, en haut de La Canebière...(Acte 1)

    • Documents pour servir à une Histoire de l'URP (50) : Dimanche 9 Mai 1943, Marseille : deuxième inauguration de la statue de Jeanne d'Arc aux Réformés, en haut de La Canebière...(Acte 2)

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    En septembre 1934, le Commandant Dromard fit partie des quatre cents "heureux" qui accompagnèrent le Dauphin, futur Henri VI, lors de la croisière du Campana; avec Maurras, Pujo, Calzant, Lacour, Gaudy...; puis il accompagna Maurras pour le traditionnel banquet annuel de Martigues, et la non moins traditionnelle visite de Maurras à Manosque : toutes choses dont nous parlerons très bientôt, ici-même, et qui permettent, là-aussi, de glaner de précieux renseignements sur le Commandant Dromard, car L'Action française en parla, de cette croisière du Campana, durant tout le mois de septembre, surtout sous la plume alerte de Georges Gaudy, qui rapporte un grand nombre d'anecdotes savoureuses ou émouvantes, telle celle-ci (dans l'AF du 25 septembre 34) :

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    En octobre 1907 fut créé dans la cité phocéenne un groupe d’études, bientôt transformé en section d’Action française. Son président était Paul Vernet, sous-directeur de la compagnie de navigation Cyprien Fabre. En avril 1908, Aix vit naître à son tour une section présidée par Urvoy de Closmadeuc, breton devenu méridional par son mariage avec une de Foresta; à la même époque apparut la section d’Avignon avec l’avocat Joseph Amic et le commandant Barre.

    Le 5 mars 1909, tous les militants marseillais accueillirent la marquise de Mac Mahon. Un mois auparavant, le 25 janvier 1909, les Camelots du Roi avaient "chahuté" une représentation au théâtre du Gymnase : vingt-sept d’entre eux furent interpellés, dont l’un, l'étudiant Joseph Lambert, 24 ans, sera le premier responsable des Camelots du Roi...

    L’Action française participa à l’Union sacrée, pendant toute la Guerre : les sections, souvent formées d’hommes jeunes, vont payer un lourd tribut au conflit. Dès août 1914, deux membres notoires de la section marseillaise sont tués au sein du XVème Corps d’armée : le commandant Marnas dont le fils était l’un des animateurs du groupe des lycéens et le lieutenant de chasseurs alpins Emmanuel Court de Payen descendant d’une longue lignée de "savonniers du Roi".

    Rassemblement royaliste à Barbentane, le 29 mai 1927

     

    Ils sont bientôt suivis en septembre par deux autres héritiers de vieilles familles "blanches" : Pierre Abeille et Guy de Lombardon-Montezan. Au total, rien que dans la cité phocéenne 46 ligueurs vont être tués ou blessés soit un bon tiers de la section. Aix compte neuf morts parmi lesquels Jean de Monval, fils et petit-fils de membres du comité légitimiste, Pierre Jourdan fils de notaire qui, à peine sorti du collège catholique, avait contribué au lancement en 1911 de la revue Les Quatre Dauphins, et Lionel des Rieux, quadragénaire, descendant des « seigneurs d’Orange », poète et condisciple de Maurras, que Bainville appréciait tant; Bainville qui aimait à citer l'alexandrin de Lionel des Rieux, parlant de Mistral :

    "Sous un toit de Maillane, Homère vit encore..."

    À Maillane, patrie de l’ "Homère provençal", on dénombre quatorze morts sur quarante ligueurs, à Saint-Rémy treize sur cinquante…

    C'est dans ce contexte qu'eut lieu, après la Guerre, la ré-organisation du mouvement, et qu'intervint, en Provence, le Commandant Dromard...

    En avril 1920, Marcel Viel, avocat de 36 ans, seul survivant des orateurs nîmois d’avant-guerre, s’est inscrit au barreau de Marseille et devient vice-président de la section. Au même moment un autre Gardois, Jules Servent, se voit confier la reconstitution d’un groupe de Camelots et d’une équipe de Commissaires.

    Simultanément les femmes et les filles de ligueurs retrouvent des organisations plus anciennes où, au devoir traditionnel de charité, s’ajoutent des activités plus politiques : conférences et surtout rôle non négligeable dans la collecte des souscriptions et des abonnements. Les jeunes filles se reconstituent sous l’impulsion de Marguerite de Ribbe nommée déléguée régionale en 1919... 

    De 1922 à 1926, l’Action française continue sa progression : au mois de mars 1922, Jean-Austin Brunel, issu de la petite bourgeoisie catholique de Nîmes, se voit confirmer au poste de secrétaire de la "Dixième zone" zone, qui regroupe la Provence et les départements languedociens du Gard et de l’Hérault. Au congrès national qui a lieu dans la deuxième semaine de juin 1922, il passe en revue les sections et insiste sur le réveil du Comtat venaissin : "...La section de Cavaillon, réduite à 28 membres en 1919, a retrouvé le quorum (c’est-à-dire au moins 40 membres) sous la conduite de Charles Fraisse, commandant dans la réserve et confiseur dans le civil... Avignon reste un point fort avec 75 ligueurs et un groupe actif de camelots et étudiants confié à Henri Lavalade, jeune cheminot, et Xavier Larue, journaliste. En Vendée provençale, il signale "qu’Arles se reconstruit sous l’impulsion de maître Doutreleau et que Saint-Rémy atteint 50 ligueurs sous l’autorité respectée du marquis de Lagoy". À Maillane Frédéric Mistral neveu est très actif mais il est d’abord "régionaliste"...

    Jean-Austin Brunel salue aussi l’importance prise par la section de Nice, sous la direction de Georges Sauvan, propriétaire terrien, de l’avocat Prosper Capdevielle avec l’appui du comte d’Estienne d’Orves... Dans cette « terre de mission » qu’est encore le Var, la section de Toulon va naître en janvier 1923 sous l’impulsion de personnalités venues de l’extérieur : le rentier stéphanois Antoine Richard et le capitaine de frégate en retraite Félix Ollivier, originaire de Tournay (Charente) mais marié depuis 1898 à une Toulonnaise... Simultanément quelques ligueurs se regroupent à Draguignan, Brignoles et Hyères autour de trois propriétaires terriens : le baron de Rasque de Laval, le colonel des Portes de la Fosse et le comte de David-Beauregard.

    Vers la même époque Jean de Saporta, dont la famille a de fortes attaches à Aix et à Saint-Zacharie, non loin de Roquevaire, réussit à partir du château du Rousset qu’il possède près de Gréoux-les-Bains à "implanter quelques graines dans le sol rocailleux des Basses-Alpes". Dans cette phase d’expansion, les élections de mai 1924 marquées par la victoire du Cartel des gauches, après la belle Chambre Bleu-horizon, sont plutôt un facteur favorable dans la mesure où elles ne peuvent que décevoir tous ceux qui pensaient avoir trouvé en 1919 une "bonne République conservatrice"...

    Pour mieux faire entendre la voix du "salut national", la section phocéenne décide de lancer en octobre 1924 un bulletin mensuel intitulé l’Ordre marseillais, qui deviendra très vite L'Ordre Provençal. Nous avons évoqué (trop) rapidement cela dans notre livraison précédente :

    Documents pour servir à une Histoire de l'URP (52) : Marseille, 19 Novembre 1933, Grande réunion et Grand Banquet médical autour de Maurras et Georges Claude...

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    Deux liens à consulter, si le coeur vous en dit... :

    https://books.openedition.org/septentrion/39273?lang=fr

    https://books.openedition.org/psorbonne/69669?lang=fr

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  • Les 60 Messes pour Louis XVI 2012 recensées....

    Les Messes pour Louis XVI ne doivent pas être de pure commémoration.....

          Les Messes pour Louis XVI, dites partout en France, et même à l'étranger, depuis son exécution, ne doivent pas être de pure commémoration. Elles doivent aussi, elles doivent surtout, pour aujourd'hui, nourrir le processus de dérévolution dont la France a besoin pour renouer avec son Histoire, se replacer dans le droit fil de sa trajectoire historique et, s'il se peut, reprendre, un jour, sa marche en avant.

          Pendant bien des années, en effet, tous les 21 janvier, les Messes pour Louis XVI étaient, essentiellement, commémoratives.

          Les dernières de cette longue série, que l’Action française était presque seule à maintenir, ne réunissaient plus, du moins en province, malgré une fidélité admirable des participants, que peu de monde; elles étaient plutôt tristes; souvent, le célébrant ne disait pas un mot du roi Louis XVI; ces Messes avaient un air de naufrage du grand souvenir qui les motivait.

          Les choses ont bien changé depuis déjà quelques années. 

          Il nous semble qu'elles ont basculé, pour un certain nombre de raisons assez identifiables, autour des années 1987, 1989 et 1993 ... 

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      1987, c'était le millénaire capétien où le comte de Paris eût l'heureuse initiative de titrer, avec solennité, ses petits-fils Jean et Eudes, ducs de Vendôme et d'Angoulême ; de désigner le prince Jean comme devant reprendre le flambeau de la Famille de France, de la tradition royale. Par là, il semble qu'il rouvrait à l'espérance monarchique un horizon nouveau ...

           1989, ce fut l'échec patent des commémorations de la Révolution.

          1993, deuxième centenaire de l'exécution de Louis XVI, ce fut, grâce à l'action de quelques uns (Jean Raspail, Marcel Jullian, Jean-Marc Varaut ...) l'occasion d'un procès en règle de la Révolution, de ses horreurs, de l’exécution du Roi et de la Reine, du martyre de Louis XVII, de la Terreur, du génocide vendéen ...  

          Quelques uns encore (Jean-Marc Varaut, Alain Besançon, Jean-François Mattéi) ont développé l’idée que cette révolution était la matrice des horreurs révolutionnaires et totalitaires qui ont marqué tout le XXème siècle. Ainsi, le rejet de la Révolution commençait à s’inscrire dans notre modernité. Et aboutissait, de facto, à la remettre en cause.

          Au cours des années qui ont suivi, la redécouverte progressive de notre histoire monarchique par un certain nombre d’intellectuels, mais aussi dans la presse, les médias, et, finalement, une frange non négligeable de l’opinion française, s’est faite, de plus en plus, de façon non plus négative, mais positive.

          De fait, notre hypothèse étant qu’un certain basculement de ce que Barrès nommait « les puissances du sentiment » s’est produit, en France, à partir de 1987 jusqu’à aujourd’hui, l’on ne peut plus parler ni de la Révolution ni de notre passé monarchique, après, comme on en parlait avant…  

          Ce n’est sûrement pas une coïncidence, si, simultanément, dans toute la France, les Messes du 21 janvier ont pris, de façon a priori surprenante, un nouveau visage. Les assistances sont devenues nombreuses, ferventes, priantes ; les prêtres sont devenus sensibles à l’exemplarité du Roi et de la Reine, au sort indigne infligé à Louis XVII, aux conséquences sociales, politiques et, même, religieuses de la Révolution. Ces Messes ont cessé d’être des Messes d’enterrement. Elles ont retrouvé un sens. La liturgie y est, souvent, redevenue très belle et la présence des Princes, à Paris, comme en Province, donne à ce qu’elles commémorent une incarnation qui pourrait être utile au temps présent.

          C’est ainsi que les Messes pour Louis XVI contribuent symboliquement et performativement à ce que nous appelons le processus de dérévolution. Processus dont la France a besoin pour rompre le cycle schizophrène qui, depuis deux siècles, l’a coupée d’elle-même.

          Nous avons la chance historique – pour la première fois depuis fort longtemps – que les Princes de la Maison de France, y soient, à titre éminent, partie prenante.  

          Si nous savons contribuer à activer et amplifier ce processus, tout simplement, nous serons utiles, non à notre propre plaisir, mais à notre Pays.

          Nous publierons ici la liste de toutes celles dont nous aurons connaissance.... 

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    Albert Camus, L’homme révolté (La Pléiade, pages 528/529) : 


    "Le 21 janvier, avec le meurtre du Roi-prêtre, s’achève ce qu’on a appelé significativement la passion de Louis XVI.  Certes,  c’est un répugnant scandale d’avoir présenté, comme un grand moment de notre histoire, l’assassinat public d’un homme faible et bon. Cet échafaud ne marque pas un sommet, il s’en faut. Il reste au moins que, par ses attendus et ses conséquences, le jugement du roi est à la charnière de notre histoire contemporaine. Il symbolise la désacralisation de cette histoire et la désincarnation du Dieu Chrétien. Dieu, jusqu’ici, se mêlait à l’histoire par les Rois. Mais on tue son représentant historique, il n’y a plus de roi. Il n’y a donc plus qu’une apparence de Dieu relégué dans le ciel des principes.

    Les révolutionnaires peuvent se réclamer de l’Evangile. En fait, ils portent au Christianisme un coup terrible, dont il ne s’est pas encore relevé. Il semble vraiment que l’exécution du Roi, suivie, on le sait,  de scènes convulsives, de suicides ou de folie, s’est déroulée tout entière dans la conscience de ce qui s’accomplissait. Louis XVI semble avoir, parfois, douté de son droit divin, quoiqu’il ait refusé systématiquement tous les projets de loi qui portaient atteinte à sa foi. Mais à partir du moment où il soupçonne ou connaît son sort, il semble s’identifier, son langage le montre, à sa mission divine, pour qu’il soit bien dit que l’attentat contre sa personne vise le Roi-Christ, l’incarnation divine, et non la chair effrayée de l’homme. Son livre de chevet, au Temple, est l’Imitation de Jésus-Christ. La douceur, la perfection que cet homme, de sensibilité pourtant moyenne, apporte à ses derniers moments, ses remarques indifférentes sur tout ce qui est du monde extérieur et, pour finir, sa brève défaillance sur l’échafaud solitaire, devant ce terrible tambour qui couvrait sa voix, si loin de ce peuple dont il espérait se faire entendre, tout cela laisse imaginer que ce n’est pas Capet qui meurt, mais Louis de droit divin, et avec lui, d’une certaine manière, la Chrétienté temporelle. Pour mieux affirmer encore ce lien sacré, son confesseur le soutient dans sa défaillance, en lui rappelant sa « ressemblance » avec le Dieu de douleur. Et Louis XVI alors se reprend, en reprenant le langage de ce Dieu : « Je boirai, dit-il, le calice jusqu’à la lie ». Puis il se laisse aller, frémissant, aux mains ignobles du bourreau."   

    * LUNDI 16 JANVIER :

    * Bayonne : Mgr. Marc AILLET, Évêque de Bayonne, Lescar et Oloron célèbrera la Messe pour le roi Louis XVI et pour la France à 19 heures en la cathédrale de Bayonne. Nous nous retrouverons à 20 h 15 dans un restaurant bayonnais proche de la cathédrale (prix du repas : 20 €). Contact : louis.angulo@experts-comptables.fr

    * VENDREDI 20 JANVIER :

    * Lyon : 18h30, à l’église Saint-Denis à la Croix-Rousse, métro Hénon. La Messe sera suivie d’un pot et de la traditionnelle Galette des rois. Contact : 06 82 83 92 00
     
    *Pau : 19h, en l'église Saint-Martin de Pau.

    * SAMEDI 21 JANVIER :

    * Belgique :

        - Bruxelles :  11h00, Messe de Requiem pour le roi célébrée par Monseigneur Gilles Wach, Eglise Conventuelle du Couvent Sainte Anne, Avenue Léopold Wiener 26 B - 1170 Bruxelles.

        -  Rixensart (1330) : 11h00, en l'église de la Sainte-Croix, au château des Princes de Mérode.

    * Paris : - 12h, le Cercle de l’Oeillet Blanc vous invite à participer à la messe qui sera célébrée en l’église Saint–Germain–l’Auxerrois à la mémoire de la mort du Roi Louis XVI. Monseigneur Ravel, Evêque aux Armées, officiera....

                 - 11h, Paroisse Saint Eugène-Sainte Cécile, 4 rue du Conservatoire, 75009.

                 - 18h30, Saint-Nicolas du Chardonnet, 23 rue des Bernardins, 75005.

                 - 19h00, Centre Saint-Paul, 12, rue Saint-Joseph – 75002.

    * Agen : 9h, église Sante Foy.

    * Avignon :  18h, en la chapelle de la Sainte Croix (Pénitents gris), 8 rue des Teinturiers.

    * Beaune : 9h, Cloître Notre-Dame.

    * Bergerac : 15h30, en l’église Saint-Jean, rue Clairat à Bergerac (24100)

    * Béziers : 18h00, Chapelle des Pénitents Bleus, rue du 4 Septembre.

    * Bordeaux : à 19h, en l'église Saint Bruno.

    * Caen : à 11h, Chapelle Saint-Pie X 16, rue de Vaugueux - Degrés du Sépulcre.

    *Carcassone : 18h, église Saint Vincent.

    * Coligny : 10h, à Coligny (01270).

    * Dieppe : 9h30, en l'église Saint Jacques.

    * Dijon : 11h, église de St Bernard de Fontaines lès Dijon.

    * Fabrègues : 18h30, Prieuré Saint François de Sales, 1 rue Neuve des Horts.

    * Fontainebleau : 19h, au Carmel.

    * Grenoble : 11h, Collégiale Saint-André.

    * La Gaubretière : 11h, Prieuré de la Sainte Famille de La Gaubretière, Ramberge 85130. 

    * Lanvallay : 11h00, Prieuré Sainte-Anne, Lanvallay 22100.

    * Le Puy en Velay: 10h30, en l'église de Ceyssac (43000).

    * Lille : 11H, CHAPELLE 26 rue d'Angleterre (Vieux LILLE).

    * Limoges : 11h15, église Saint-Michel-des-Lions, rue Adrien Dubouché. A 12H30, reaoas au Restaurant “Croquenbouche " en  face du “Grain de sel”, 14 rue Haute-Cité. Pour participer au déjeuner, il  faut  s’inscrire   obligatoirement (le lundi  16 janvier au plus tard)  auprès d'Alain Rougevin-Bâville (Tél (Rép): 05-55-35-90-72) Courriel: alain.rougevin-baville@wanadoo.fr

    * Louailles (Sarthe) : 11h00, en l’église, route de La Flèche, 72300. Après la messe déjeuner-débat à 12 h 30, salle polyvalente de Vion (3,5 km de Louailles) animé par Jacques Trémolet de Villers, sur le thème « La crise actuelle, agonie d’un régime ou aurore d’un royaume ? ». (Général : 17€ -Autre : 8 € (étudiants, ecclésiastiques, chômeurs)

    * Marseille : 19h, Basilique du Sacré-Coeur, 81 Avenue du Prado (8ème - Métro : Castellane ou Périer).

    * Montpellier : 18h, Chapelle des Pénitents bleus, rue des étuves.

    * Mulhouse : 11h, église Saint Etienne.

    * Nancy : - 17h30, église Saint-Pierre, avenue de Strasbourg.

                  - 18H30, Chapelle du Sacré-Coeur, 65 rue du Maréchal Oudinot.

    * Nantes : 9h30, à Saint Clément. 12H15 dépôt de gerbe à la statue Louis XVI.

                   Invitation_21_janvier_2012.doc

    * Nice : - 10h, (avec la chorale des Pénitents Rouges), Chapelle du Saint Suaire.

                - 18h30, en la Chapelle de la Visitation-Sainte-Claire, située au bout de la rue Sainte-Claire (perpendiculaire à la rue Saint-François), dans le Vieux-Nice.         

    * Nîmes : 11h, Eglise Sainte Perpétue.

    * Orléans : 11h,Eglise Notre-Dame de Recouvrance, 10 rue Notre-Dame de Recouvrance.

    * Perpignan : 18h30, Prieuré du Christ-Roi.

    * Poitiers :  8 h 30, en l'église Notre-Dame-la-Grande.

    * Port-Marly : 8h45, église Saint Louis du Port Marly, 78160 Marly-le-Roi.

    * Reims : 11h en l'Eglise Notre Dame de France, 8 rue Edmé Moreau.

     

    * Roullet : (11km au sud-ouest d'Angoulême)18h30.

    * Saint-Denis : 12h, en la Basilique.

    * Thiberville : 17h30, en l'église du Planquay. La messe sera célébrée par Monsieur l'abbé Michel, recteur. Eglise du Planquay (à Thiberville, prendre la direction Orbec sur 5 Km - Dans le Planquay, 1ère à droite). 

  • Malika Sorel : « Nos élites mettent en péril un édifice de plus de mille ans »

     

    Par Alexandre Devecchio           

    Après le meurtre revendiqué par Daech d'un policier et de son épouse dans leur maison de Magnanville, Malika Sorel remonte aux sources de la décomposition française. Nos hommes politiques ont méprisé l'Histoire, explique-t-elle, mais celle-ci s'est invitée à leur table [Figarovox 17.06] ... Il en résulte une puissante et lucide analyse critique des hommes, des politiques et de l'idéologie du Système. Contre lequel le sentiment des peuples européens se dresse aujourd'hui toujours davantage.   LFAR

     

    2917551200.jpgSon dernier livre, Décomposition française. Comment en est-on arrivé là ?, vient de se voir décerner le prix littéraire Honneur et Patrie de la Société des membres de la Légion d'honneur. « Honneur » et « patrie », deux mots qui résument parfaitement le parcours de Malika Sorel. Au Haut Conseil de l'intégration comme à travers ses livres, cette patriote incandescente continue de se battre pour empêcher que la France ne se défasse. Lors de son discours de remerciements, elle a longuement cité l'historien et résistant, Marc Bloch : « La France, la patrie dont je ne saurais déraciner mon cœur. J'y suis né, j'ai bu aux sources de sa culture. J'ai fait mien son passé, je ne respire bien que sous son ciel, et je me suis efforcé, à mon tour, de la défendre de mon mieux ». Soixante-quinze ans après l'auteur de L' Étrange Défaite, Malika Sorel redoute que la cohésion nationale vole en éclats. Comme son père spirituel, l'essayiste impute la responsabilité de cette profonde crise existentielle aux élites. Nos dirigeants politiques ne croient plus en la France et c'est le peuple qui paye le prix de ce renoncement.

    Depuis un an, sur fond de tensions culturelles, la France vit au rythme des attentats. Dernier en date, le meurtre, revendiqué par l'État islamique, d'un policier et de sa compagne dans leur maison des Yvelines. Est-ce le symptôme de ce que vous appelez la décomposition française ?

    MALIKA SOREL - Au fondement de la citoyenneté existe un principe de transcendance par le politique. La République avait su maintenir ce fil qui s'élève au-dessus de chaque citoyen et assure ainsi la cohésion de l'ensemble. Ce lien a été défait. Depuis près de quarante ans, l'État a œuvré, de manière directe ou indirecte, à scinder la France en groupes, en communautés. D'un État garant de la cohésion nationale, nous sommes passés à un État qui parle « diversité », « minorités », « communauté musulmane », « banlieues », « territoires de la politique de la ville ». L'État n'a eu de cesse de répondre aux revendications des uns et des autres, dressant parfois sans l'avoir souhaité les uns contre les autres. Les principes républicains ont été pris comme variables d'ajustement, nous entraînant ainsi vers une décomposition assurée. Qui sème le vent récolte la tempête.

    Il aura fallu bien peu de temps à nos élites de commandement pour mettre en péril un édifice que les rois de France et les républiques avaient mis plus de mille ans à bâtir. La cohésion nationale menace désormais de voler en éclats. Nul ne peut prévoir quel sera l'événement déclencheur. Les hommes ont méprisé les leçons de l'Histoire, et comme chaque fois que cela se produit, la voici qui s'invite à table. Il est urgent de retisser le lien de confiance entre le peuple et le politique. Cela ne se pourra tant que les politiques persisteront à refuser de mener les réformes de fond qui s'imposent.

    Comment en est-on arrivé là ?

    La défense de la France n'a pas toujours servi de boussole. Pire, la France s'est parfois trouvée indirectement désignée comme cible. Ce n'est pas autrement qu'il convient d'analyser les campagnes, y compris de la part d'institutions de la République, qui instruisent depuis le début des années 80 un procès à charge contre les Français, accusés d'être des racistes prompts à discriminer les personnes d'origine étrangère. Ce long procès a semé les graines d'un ressentiment dont notre société n'a pas fini de payer le prix. Il convient également d'évoquer l'évolution des programmes scolaires, dont une des conséquences est d'avoir porté atteinte à la transmission d'un héritage culturel partie intégrante de l'identité des Français. Citons la diminution au fil du temps des heures allouées à l'enseignement de la langue française, ou encore la modification d'un certain nombre d'enseignements au prétexte d'adapter notre société à l'évolution du monde. C'est ainsi que nos élèves peuvent se retrouver soumis au feu d'un intense matraquage idéologique dans des domaines tels que l'histoire, la mondialisation et les migrations internationales, l'esclavage et la colonisation présentés le plus souvent comme du fait des seuls Occidentaux - le reste étant plutôt occulté -, le développement durable. Durable, le mot magique ! Tout doit devenir durable, sauf la patrie qui est sommée de s'effacer. Cela concourt à ce que les jeunes générations se construisent une image dépréciée de la France.

    Le peuple n'a-t-il pas lui aussi une part de responsabilité ?

    Bien sûr ! Mais il existe une hiérarchie dans les responsabilités. C'est au politique qu'incombe la mission de veiller sur le maintien de la cohésion nationale, en un mot sur la paix civile. Même si les individus de notre époque pensent, pour beaucoup, tout savoir - c'est l'une des conséquences de l'égalitarisme -, ils ne détiennent pas toutes les informations utiles à la décision et à l'anticipation. Les politiques et la haute administration, si ! La responsabilité des citoyens réside dans le fait qu'ils ont trop longtemps privilégié la politique de l'autruche et, de ce fait, ceux des hommes et femmes politiques qui leur vendaient des chimères. Ils ont balayé les très rares qui leur tenaient un langage de vérité et de responsabilité. Le système politique est verrouillé de l'intérieur par les personnels en place qui cooptent leurs clones, et de l'extérieur par le peuple lui-même.

    Lorsqu'elle leur déplaît, les citoyens des démocraties rechignent à regarder la réalité en face. Comme l'avait prophétisé Alexis de Tocqueville, ils évitent tout ce, et tous ceux, qui pourrait gâcher leurs menus plaisirs. Aussi, tant qu'ils ne sont pas touchés dans leur propre vie, ils préfèrent verser dans le relativisme, voire le déni. Dans nos sociétés devenues individualistes, l'individu tend à primer sur la communauté des citoyens, chacun oubliant que les idéaux dont il tire profit ne peuvent perdurer sans l'engagement quotidien de tous à les porter et à les protéger. Chassez le réel, il revient au galop.

    Depuis les attentats de janvier et de novembre 2015, n'assiste-t-on pas malgré tout à une renaissance du patriotisme dans notre pays ?

    Nous assistons à la renaissance de l'expression du patriotisme qui a longtemps été muselé, en raison des suspicions qui pesaient sur lui depuis la Seconde Guerre mondiale. La présence du Front national, propulsé sur le devant de la scène par François Mitterrand comme l'avait rappelé Roland Dumas, a ensuite servi d'arme de dissuasion. Tout ce que touchait ce parti devenait aussitôt intouchable et infréquentable. Ainsi en a-t-il été du drapeau et de La Marseillaise. Ce n'est que depuis les attentats que les Français ont pu se les réapproprier sans risquer l'opprobre. Souvenez-vous : en 2007, la candidate à l'élection présidentielle Ségolène Royal après avoir fait entonner l'hymne national lors d'un meeting et formulé le souhait que les Français aient « chez eux le drapeau tricolore », avait précisé que cela marquait « une étape historique pour la gauche ». Edifiant !

    Avec les attentats, les Français ont réalisé qu'ils formaient les parties d'un tout, qu'ils appartenaient au même corps, et que c'est leur identité qui était visée. Malgré le matraquage auquel ils sont soumis depuis des décennies, malgré un projet d'Union européenne, qui s'est transformé en machine à broyer les nations considérées comme des obstacles à une intégration plus poussée, le peuple est là, toujours vivant. L'inconscient collectif a resurgi pour guider les Français. Il n'y a là rien d'étonnant puisqu'une grande part de l'identité se transmet au travers des gestes de la vie courante.

    Le continent européen, dans son ensemble, n'a pas connu de trouble majeur depuis la dernière guerre mondiale. C'est pourquoi les citoyens se sont assoupis. Ils ont fini par croire que la paix allait de soi. A présent qu'ils la sentent menacée partout en Europe, ils resserrent les rangs.

    Une serveuse musulmane a été giflée à Nice parce qu'elle servait de l'alcool durant le ramadan. Comme en témoigne cette affaire, les musulmans sont parmi les premières cibles des islamistes. Pourtant, beaucoup hésitent à condamner ces derniers. Comment l'expliquez-vous ?

    Contrairement à ce qui a été répandu en France, les premières cibles n'ont pas été les musulmans, mais des non-musulmans. Il n'est qu'à lire des ouvrages tels que Les Territoires perdus de la République (2002), d'Emmanuel Brenner, ou encore Banlieue de la République (2012), de Gilles Kepel, pour comprendre pourquoi certains quartiers ont été désertés. Dans ce dernier, on lit par exemple le témoignage de Murielle, ancienne militante communiste : « On ne se sent même plus chez nous. On se sent très gênés […] C'est grave.» Nul n'évoque jamais la souffrance de tous ceux qui se sont résignés à quitter des lieux dans lesquels ils avaient passé une partie de leur vie. Le sentiment d'exil sur ses propres terres est bien plus traumatisant que l'exil en terre étrangère. Il n'est qu'à lire les témoignages de dissidents des régimes totalitaires du XXe siècle pour en saisir la mesure.

    De même, la souffrance est vive chez ceux de l'immigration extra-européenne qui ont rejoint l'Europe pour ce qu'elle était, une terre de liberté, et qui sentent à présent cette liberté se dérober sous leurs pieds. Plus l'Etat se révèle faible et montre son impuissance, plus les personnes issues de l'immigration extra-européenne se trouvent dans l'obligation de sacrifier la République face à leur groupe d'origine, dont les pressions vont croissant avec la poursuite de l'immigration. Ces personnes n'ont guère d'autre choix. Les flux migratoires, par leur importance, ont créé les conditions de la formation de répliques des sociétés d'origine sur les terres d'accueil. C'est un phénomène tout à fait naturel et spontané, vrai pour toutes les diasporas, sans arrière-pensée de nuire. Il n'en demeure pas moins que les frictions naissent sitôt que les fondamentaux culturels, qui se traduisent au quotidien en codes de savoir-être et de vivre-ensemble, rencontrent des points d'incompatibilité. Dans le cas qui nous concerne ici, ils sont loin d'être mineurs puisqu'ils touchent à des principes du pacte social et moral qui lie les Français entre eux, comme le respect de l'existence d'une liberté individuelle, donc du droit de choisir sa vie privée ; l'égalité hommes-femmes ; la laïcité, qui est étrangère aux sociétés d'origine, comme l'avait écrit en juin 2003 l'islamologue Mohammed Ibn-Guadi dans une tribune au Figaro, où il exposait que « l'islam a toujours été politique ».

    Les êtres humains ne se résument pas à de simples machines. En migrant, ils emportent avec eux leur système de principes et de valeurs, leur regard sur les autres et le monde. Et c'est humain ! Ce qui est arrivé à Nice, ou à Orlando - même s'il n'y a aucune commune mesure - est une illustration du fait que l'intégration se joue sur le registre de l'identité et non sur les questions d'ordre matériel. Dans un cas comme dans l'autre, c'est l'existence d'une liberté individuelle et d'un libre arbitre qui sont perçus comme invivables et qui peuvent déclencher un torrent de haine et de violence. Respecter les règles de la démocratie exige un lourd apprentissage. Il est préoccupant de voir à quel point cette donnée a été négligée par les élites des terres d'accueil.

    C'est pourquoi, aussi bien la décision d'Angela Merkel d'accueillir massivement des réfugiés en provenance de terres qui n'ont pas vécu les mêmes pages d'histoire culturelle et politique, et ne possèdent pas de ce fait les codes du vivre-ensemble des sociétés européennes, que les prises de position récurrentes du pape François, qui ne cesse de venir fustiger un prétendu égoïsme des Européens et de les exhorter à accueillir davantage de migrants, sont profondément choquantes. Elles témoignent d'un piètre niveau de sensibilité à ce qui advient : une situation dramatique pour tous, migrants et descendants d'immigrés compris. Si l'erreur est humaine, persévérer est diabolique.

    Doit-on craindre un scénario à la Houellebecq ?

    Aujourd'hui, tout comme en Algérie dans les années 90, le passage à l'action est encouragé par la perspective d'une victoire qui n'est plus de l'ordre de l'impossible, d'autant que les rouages de l'Etat et des partis politiques ont d'ores et déjà été investis, de même que des personnalités politiques de tout premier plan.

    Votre livre, Décomposition française. Comment en est-on arrivé là ?, s'est vu décerner mercredi 8 juin le prix littéraire « Honneur et Patrie » de la Société des membres de la Légion d'honneur. Lors de votre discours de remerciements, vous avez cité Victor Hugo : « Tôt ou tard, la patrie submergée flotte à la surface et reparaît. » Malgré la noirceur de votre constat, vous conservez l'espoir. Pourquoi ?

    Les Français aiment la France même s'ils se sont fait une spécialité de la dénigrer, produit d'un certain snobisme qui s'est répandu dans la société. A présent qu'ils ont compris que leur destin était intimement lié au sien, et qu'ils ne lui survivraient pas en tant que peuple, ils vont s'attacher à réparer l'injustice qu'ils ont commise à son égard. C'est donc un engagement pour la justice, et la justice finit toujours par triompher. Victor Hugo le dit : « le vol d'un peuple ne se prescrit pas », et « on ne démarque pas une nation comme un mouchoir ». Les exemples abondent dans l'Histoire qui viennent attester de la justesse de son propos.  

    Alexandre Devecchio

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  • Sur le blog de Michel Onfray, ” voici venu le temps des assassins”.

    Ce virus risque de précipiter la mort de plus que des hommes… Il accélère le processus de décomposition de nos fausses démocraties qui montrent dans la lumière aveuglante des scialytiques hospitaliers ce qu'elles sont véritablement: de véritables autocraties libérales -pour ne pas dire des dictatures.

    A l'heure où j'écris, une loi dite d'urgence permet à l'employeur d'imposer à son salarié de prendre ses congés pendant la durée du confinement. Le sénat a limité la disposition à six jours ouvrables et l'Assemblée nationale a confirmé la chose en commission! Quel humanisme! Quelle humanité! Quelle générosité! Quelle grandeur d'âme!

    Ce sont les mêmes élus du peuple qui, il y a peu, crachaient sur la douleur de parents qui avaient perdu un enfant et auxquels il était refusé l'aumône de quelques jours de congés supplémentaires afin qu'ils puissent tenter de faire face, un peu, au malheur.

    Quand les gilets-jaunes se sont dirigés un samedi vers l'Assemblée nationale pour y faire entrer enfin le peuple, même symboliquement, ils visaient juste: car le peuple n'est pas dans cette enceinte dans laquelle on ne trouve plus que des politiciens professionnels qui prétendent le représenter mais qui se contentent de jouir du pouvoir et de ses avantages.

    Ce qui veut dire que la facture de cette épidémie, qui va être terriblement salée, va être partagée entre les pauvres et ... les pauvres -ne parlons pas des assureurs dont le métier consiste toujours à échapper aux remboursements des dommages par des finasseries contractuelles. Les riches y échapperont car leur argent est déjà ailleurs, inaccessible à ce qui reste d'un pouvoir d'État qui, de toute façon, sous régime maastrichtien, ne leur cherchera pas noise!

    Macron et les siens, les maastrichtiens de droite et de gauche, n'ont en effet pas décidé de réquisitionner les fortunes planquées dans les paradis fiscaux. Pas question que les riches paient alors qu'ils ont constitué leurs fortunes en fraudant le fisc, ce qui veut dire: en ne payant pas l'impôt avec lequel on peut, entre mille autres choses, construire des hôpitaux et les maintenir en état de marche... Tout citoyen français qui dispose d'un compte en Suisse ou dans un quelconque paradis fiscal doit être tenu pour responsable de la mort de qui n'aura pas pu bénéficier d'un respirateur hospitalier, responsable et coupable. On lira la liste de quelques-uns de ces assassins en appendice.

    Il serait pourtant légitime de dénoncer enfin ce qui a mis la santé publique dans cet état que des soignants se trouvent dans l'obligation de trier les vieux à l'entrée des services d’urgence, une terrible responsabilité qui réactive une pratique de sinistre mémoire: à droite ceux qui vont vivre, à gauche ceux qui vont mourir. Le personnel hospitalier n'a pas fait autant d'années d'études pour sélectionner dans un genre de Jugement Dernier dont ils seraient les dieux des élus à sauver et des damnés à tuer! Ils n'ont pas vocation à travailler dans un abattoir! Il en va pour eux d'une insupportable souffrance psychique, mentale et spirituelle qui s'ajoute à leurs fatigues professionnelles, à leur épuisement. Eux ne disposent pas de ces pitoyables cellules psychologiques qui sont envoyées sur place pour toute une classe, comme quand une diarrhée de cantine envoie six enfants d'une école en observation hospitalière pour une demi-journée...  

    Car, ceux qui tuent, ce ne sont pas ceux qui, sur le terrain, sont obligés de tourner le pouce vers le bas en présence d'un corps trop atteint, de poumons ravagés comme jamais, ce ne sont pas ceux qui, sans masques, se retrouvent au contact de la mort, ce ne sont pas ceux qui, couverts de sang et de bave, de morve et des postillons des grabataires, touchent et portent ces corps comme la piéta le corps de son enfant mort, mais ceux qui, dans les bureaux, depuis des années, ont rayé des lignes comptables sur des budgets sous prétexte de rentabilité.

    Ce genre de criminel tue avec un silencieux: en fermant les hôpitaux après avoir estimé qu'ils perdaient de l'argent ou qu’ils ne dégageaient pas assez de bénéfices; en donnant l'ordre de privilégier les actes rentables, au risque de les multiplier sans raisons véritables; en décrétant que, dans les petites villes de province, ces structures de proximité sont trop dangereuses sous prétexte que les chirurgiens n'y effectuent pas assez d'actes pour être professionnels et efficaces; en incitant les hôpitaux à développer l'activité ambulatoire parce qu'elle réduit la durée des séjours, ce qui expose les malades aux complications faute de suivi; en traitant par le mépris l'appel au secours des personnels soignants qui manifestent depuis plus d'un an et à qui Macron promet d'agir sans procéder autrement qu'en saupoudrant ici ou là, mais sans jamais entamer la véritable révolution qui consisterait à découpler la santé publique du critère de rentabilité.

    Ce qui doit primer dans un hôpital n'est pas qu'il soit rentable, mais qu'on y soigne tout le monde, riches et pauvres. De même, ce qui doit primer dans une école n'est pas qu'elle soit rentable, mais qu'on y fasse triompher l'instruction publique sans distinctions sociales. Mais aussi: ce qui doit primer dans la police ou dans l'armée n'est pas qu'elles soient rentables, mais qu'elles disposent des moyens d'assurer partout l'ordre public et républicain. Et l'on pourrait ajouter à la liste la culture, le renseignement, la justice, etc.

    La République, c'est cela: le souci de l'intérêt général et du bien public avant l'intérêt privé de quelques-uns, d'un groupe ou d'une aristocratie de milliardaires. Hélas, le marché a gangrené la totalité du corps social au point qu’il a évincé la politique et qu'il se fait passer pour une politique, pour la seule politique d'ailleurs: or, il n 'est pas une politique mais le seul intérêt du Capital.

    Voilà pourquoi Macron, qui ne connait que ce logiciel, ignore ce qu'est la politique et se retrouve chef de l'État alors qu’il n'a pas quarante ans -c'est d'ailleurs pour cette raison, son innocence, que l'État profond a tout mis en oeuvre pour le placer là où il se trouve, c'est un formidable pantin désarticulé, un pion jadis rutilant, un second couteau ébréché. Voilà aussi pourquoi, dans cette situation exceptionnelle, il décide tout et le contraire de tout, n'importe quoi, c'est le triomphe historique du "en même temps"! On ne craint pas le virus mais on le craint, on ne confine pas mais on confine, on ne ferme pas les frontières mais on les ferme, on ne sort pas mais on peut sortir pour voter, on ne porte pas de masques, c'est inutile, mais on en fait fabriquer des millions, etc...

    Dès lors, quand Ségolène Royal, tout au gonflement de sa propre baudruche, attaque Olivier Veran, l'actuel ministre de la santé , pour sa responsabilité passée, elle oublie juste de dire qu'avant de grossir le rang des macroniens, ce monsieur vient lui aussi, comme tant d'autres, du Parti socialiste, dont elle fut la candidate aux présidentielle, et que ce Parti socialiste n'a plus de socialiste que le nom depuis qu'en 1983 un certain François Mitterrand l'a jeté à la poubelle afin de pouvoir rester au pouvoir -ce qui lui a d'ailleurs plutôt bien réussi puisqu'avec cette forfaiture il a effectué deux septennats qui ont initié la casse de tout ce qui était public, hôpital compris, et qu'on lui doit aussi, comme autre héritage notable, d'avoir a mis la famille Le Pen au-devant de la scène politique...

    Nous avions des millions de masques, nous n'en avons plus, où sont-ils passés? Guéguerre picrocholine pour savoir si c'est à l'impéritie passée de la "gauche" qu’on doit cette pénurie ou à celle de la "droite": mais c'est au deux, à la droite maastrichtienne et à la gauche maastricthienne qui, l'une et l'autre, en même temps comme dirait l'autre, copines comme cochonnes, ont mis la France dans cet état: merci Mitterrand! Merci Chirac! Merci Sarkozy! Merci Hollande! Merci Macron! Car ce sont eux qui ont rendu possible cette incroyable monstruosité que, dans cet hôpital public qu’ils ont tué pour en faire des usines à fric, le résultat soit qu'on trie les gens pour diriger les malades les plus atteints, dont les vieux, vers les pompes funèbres, pour ne soigner que les cas les moins préoccupants.  De sorte qu'avec ces hôpitaux libéraux, le plus malade est le plus vite mort.

    L'hôpital libéral, c'est un nouveau concept orwellien: on pourrait imaginer des slogans peints sur les murs de ces usines de mort que sont devenus ces hôpitaux-là, nos hôpitaux: "Plus vous serez malade, plus vite on vous expédiera au fond du trou!". Ou bien, sur la porte du bureau des personnels soignants: "Aux urgences, évitez ce qui est urgent". Au bureau des soignants: "Aux mourants, prodiguez la mort". Au bureau du comptable: "Un bon patient est un client à tondre". Et puis, à l'entrée du funérarium, ceci : "Aux morts, Maastricht reconnaissant", car l'action des PFG doit se trouver bigrement en hausse.

    Un dernier mot: chaque soir, au journal de vingt-heures, les journalistes, qui disposent ainsi de leur séquence "vivre-ensemble" (c'est leur moment homéopathique positif) nous montrent les gens qui, aux fenêtres, applaudissent le personnel soignant en faisant des pitreries, en tapant sur des casseroles, en chantant, en criant. Ils manifestent, nous dit-on, leur solidarité avec ces héros de notre époque qui bravent la mort dans leur métier! Très bien, très bien... Tout cela est vrai.

    Mais combien, parmi ceux-là, postillonnant du haut de leurs balcons, gavés par la propagande maastrichtienne, ont voté pour des candidats qui, droite libérale et gauche libérale confondues, ont justement fabriqué cet hôpital kafkaïen où l'on contraint de pauvres soignants à distribuer la mort ou à conférer la vie en vertus de plans de route décidés depuis un quart de siècle par cette Commission européenne, qui n'est pas élue, et qui impose sa loi, aujourd’hui dans le sang et les larmes, les glaires et les crachats, aux sujets de l'Empire maastrichtien?

     Combien?

    Je n'ai pour ma part pas envie d'aller sur mon balcon pour bêler avec les moutons. Je pense à ces gens formidables, en effet, qui m'ont sauvé d'un infarctus quand j'avais vingt-huit ans, qui ont été près de moi lors de mes deux AVC, qui ont si bien accompagné ma compagne pendant les dix-sept années de son cancer et de ses chimiothérapies avant qu'elle finisse par mourir, et qui, de fait, méritent notre profond salut. Mais pas depuis dix jours...

    J'ai plutôt envie de pleurer sur ce qu'est devenue la France tuée par ces assassins qui, eux, se portent bien...

    Michel Onfray



    Appendice 1:
    Dans la Notice Wikipédia intitulée "Évadés fiscaux", on peut lire ceci :"Challenges a fourni dès juin 2013 une liste de 86 contribuables apparaissant sur cette liste et faisant l'objet de poursuites. On comptait notamment Nina Ricci, Arlette Ricci, Jean-Claude Guidicelli, Simon Benharrous. Le 27 janvier 2014, le journal Le Monde a publié d'autres noms, dont Christian Karembeu, les frères Christian et François Picart, Alain Afflelou, Cédric Klapisch, Gérard Miller, Michel Tubiana, et Richard Prasquier. Tiens tiens, Gérard Miller, psychanalyste chez Drucker et Drucker chez les psychanalystes!

    Arlette Ricci, héritière des parfums Nina Ricci, est condamnée le 13 avril 2015 à trois ans de prison dont un ferme et un million d'euros d'amende, pour fraude fiscale, blanchiment de fraude fiscale et organisation frauduleuse d'insolvabilité pour échapper à l'impôt".

    Appendice 2

    Français établis fiscalement à l'étranger

    Sportifs:
    – Jean Alesi, réside en Suisse

    – Marion Bartoli, réside en Suisse

    – Julien Benneteau, réside en Suisse

    – Arnaud Boetsch, réside en Suisse

    – Arnaud Clement, réside en Suisse

    – Nicolas Escudé, réside en Suisse

    – Guy Forget, réside en Suisse

    – Richard Gasquet, réside en Suisse

    – Jean-Claude Killy, réside en Suisse

    – Henri Leconte, réside en Suisse

    – Sébastien Loeb, réside en Suisse

    – Paul-Henri Mathieu, réside en Suisse

    – Gaël Monfils, réside en Suisse

    – Christophe Moreau, réside en Suisse

    – Amélie Mauresmo, réside à Genêve en Suisse

    – Stéphane Peterhansel, réside en Suisse

    – Cédric Pioline, réside en Suisse

    – Alain Prost, réside en Suisse

    – Fabrice Santoro, réside en Suisse

    – Florent Serra, réside en Suisse

    – Gilles Simon, réside en Suisse

    – Jo-Wilfried Tsonga, réside en Suisse

    – Vincent Rives, réside en Irlande

    – Jean-Philippe Gatien , réside au Delaware aux Etats Unis

    Chanteurs:

    – David Hallyday, réside en Suisse

    – Patricia Kaas, réside en Suisse

    – Florent Pagny, réside en Patagonie (Argentine)

    – Michel Polnareff, réside aux Etats-Unis

    – Yannick Noah, réside aux USA (le « personnage préféré des français… !!!)

    Acteurs

    – Daniel Auteuil, réside en Belgique

    – Emmanuelle Béart réside en Belgique

    – Laetitia Casta, réside au Royaume-Uni

    – David Habibi, réside au Canada

    – Alain Delon, résident et citoyen Suisse

    Auteurs:

    – Anne Marie Mitterrand (3), réside en Begique

    – Christian Jacq, réside en Suisse

    – Marc Levy, réside au Royaume-Uni

    Patrons et Actionnaires

    – Jacques Badin (Carrefour) réside à Bruxelles en Belgique

    – Thomas Bata (marque de chaussures Bata) réside en Suisse

    – Famille Baud (dont Jean Baud), (marques Franprix et Leader Price), résident en Suisse

    – Lotfi Belhassine, (président d’Air Liberté), réside en Belgique. Il a fui la France car l’ISF représentait 93% de ses revenus

    – Claude Berda, (AB Groupe), réside à Cologny en Suisse

    – Des membres de la famille Bich (Groupe Bic) résident en Suisse

    – Michèle Bleustein-Blanchet, une des héritières de Publicis, réside à Cologny en Suisse

    – Corinne Bouygues, réside à Genève en Suisse

    – Pierre Castel, PDG du groupe Castel Frères (Cristalline, Thonon, Vichy Célestins, 33 export, Saint-Yorre) réside près du Lac Leman en Suisse

    – Des membres de la famille Mulliez (Auchan, Décathlon, Mondial Moquette, Norauto et Kiabi), résident en Belgique

    – Georges Cohen, groupe Sogeti, (informatique et armement), réside en Suisse

    – Bernard Darty, fondateur de Darty, réside en Belgique

    – Jean-Louis David, fondateur des salons de coiffure, réside en Suisse.

    – Des membres de la famille Defforey, à l’origine de la société Carrefour, résident en Belgique

    – Des membres de la famille Despature, dont Paul-Georges Despature, propriétaire des marques Damart et Somfy, résident en Suisse et en Belgique

    – Paul Dubrulle, (co-créateur du Groupe Accor) et ancien sénateur-maire de Fontainebleau, réside à Cologny en Suisse

    – Des membres de la famille Ducros résident à Cologny en Suisse

    – Pierre-François Grimaldi (iBazar), réside en Belgique

    – Eric Guerlain, (Groupe Christian Dior), réside en Grande-Bretagne

    – Daniel Hechter, créateur réside en Suisse

    – Philippe Hersant, (groupe Hersant presse) réside en Belgique

    – Philippe Jaffré, (ancien président dElf)

    – Robert Louis-Dreyfus et des héritiers Louis-Dreyfus (Groupe Louis-Dreyfus, Olympique de Marseille) résident à Zurich en Suisse

    – Des membres de la famille Mimram, dont Jean-Claude Mimram, (Compagnie sucrière sénégalaise…) résident à Gstaad en Suisse

    – Alexandra Pereyre de Nonancourt et des membres de la famille, (propriétaire des champagnes Laurent-Perrier), résident en Suisse

    – Denis Payre (1), (fondateur de Business Objects), réside en Belgique ou il a démarré une nouvelle société, Kiala, qui a embauché 100 personnes

    – Des membres de la famille Peugeot, (Groupe PSA), résident en Suisse

  • De la loi Pleven (1972) à la loi Avia, en passant par les lois Gayssot et Taubira : 50 ans de lois liberticides en Franc

    (Vu sur le blog de Marc Rousset : http://marcrousset.over-blog.com/ )

    Source : https://www.breizh-info.com/

    De la loi Pleven (1972) à la loi Avia votée en 2020, en passant par les lois Gayssot et Taubira : retour sur 50 ans de lois liberticides en France, restreignant chaque année qui passe un peu plus la liberté d’expression, sur pression à chaque fois de minorités entendant imposer une vérité officielle, des tabous et, surtout, voulant interdire tout débat réel et sérieux qu’il soit politique, philosophique, religieux,  scientifique, dans le pays.

    Des lois liberticides votées portées majoritairement par des députés de gauche ou de centre-droit, mais sur lesquelles jamais une majorité de droite n’est revenue malgré des gesticulations opportunistes au moment de voter ces lois. Pourtant, une loi s’abroge comme elle se vote…

    La liberté d’opinion, liberté fondamentale, était déjà biaisée en France depuis la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 qui énonce en son article 10 que « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses. Pourvu que [sa] manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ». Il suffisait dès lors d’établir un trouble à l’ordre public légalement, pour balayer toute liberté d’opinion… ce à quoi des députés se sont attachés depuis 50 ans…

    Rappelons tout d’abord que la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse contenait déjà plusieurs dispositions sanctionnant notamment les injures et les diffamations.

    1972 : René Pleven sabre la liberté d’expression en France

    Le , le garde des Sceaux René Pleven présente son projet de loi aux parlementaires. L’idée vient du député socialiste René Chazelle. René Pleven annonce fièrement : « Avec ce texte, la France sera, à ma connaissance, le premier pays du monde à avoir une définition aussi extensive de la discrimination dans ses lois pénales ». La loi est rapidement votée à l’unanimité des députés.

    Le délit de « provocation publique » à la haine raciale institué par l’article 1er de la loi de 1972 est passible d’au plus un an d’emprisonnement et/ou 45 000 euros d’amende. Il a été inséré à l’article 24 alinéa 5 de la loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881.

    La provocation publique à la haine raciale est définie comme visant certaines personnes ou groupes de personnes « à raison de leur origine ou leur appartenance ou non appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée ». Le même article de loi réprime par ailleurs, et de la même façon, ceux qui « auront provoqué à la discrimination, […] ou à la violence ». La provocation peut être indirecte et, élément nouveau, ne nécessite pas d’être effectivement suivie d’effet pour être punissable.

    Autre innovation essentielle, les associations constituées depuis au moins cinq ans et luttant contre les discriminations ont le droit de porter plainte et de se constituer partie civile ; « toute association légalement constituée s’autoproclamant représentative de tel ou tel intérêt ou de telle ou telle communauté » y est autorisée et ceci même en l’absence de plainte individuelle préalable. Dès avril 1973, la LICRA, représentée par les avocats de gauche Robert Badinter et Gérard Rosenthal, obtiendra la première condamnation en la matière. Le juteux business de l’antiracisme pouvait débuter…

    Par ailleurs est créée la contravention de provocation « non publique » à la haine raciale, définie par le premier alinéa de l’article R. 625-7 du Code pénal, passible d’une amende au plus de 1 500 euros, qui peut être portée à 3 000 euros en cas de récidive (contravention de 5e classe).

    Selon Éric Zemmour, qui a été condamné à plusieurs reprises à la suite de plaintes reposant sur cette loi, c’est une régression juridique. La nouvelle loi condamne les intentions et non plus les faits. Elle transgresse le principe général du droit selon lequel « la loi pénale est d’interprétation strictement restrictive ». La référence à la nation étend également l’application de la loi du racisme à la xénophobie. Ce glissement introduit un principe de non-discrimination entre Français et étrangers et interdit toute préférence nationale en matière d’emploi, de logements, d’aides…

    1990 : Le communiste Jean-Claude Gayssot impose l’histoire officielle

    La loi no 90-615 du  tendant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe, dite loi Gayssot est la première des lois mémorielles françaises imposant une histoire officielle sous peine de poursuites devant les tribunaux à l’imitation des régimes totalitaires.

    Elle réprime la contestation de l’existence des crimes contre l’humanité qui furent définis dans le statut du Tribunal militaire international de Nuremberg. La plupart des débats portant sur cette loi, lors de son adoption et ultérieurement, mettent en avant une possible atteinte à la liberté d’expression et à la liberté de recherche historique en général.

    L’article premier de cette loi prolonge la loi Pleven et énonce que  toute discrimination fondée sur l’appartenance ou la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion est interdite , la France ayant ratifié la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale de l’ONU de 1965.

    Cette loi Gayssot innove par son article 9, qui qualifie de délit la contestation de l’existence des crimes contre l’humanité, tels que définis dans le statut du Tribunal militaire international de Nuremberg, qui ont été commis soit par les membres d’une organisation déclarée criminelle en application de ce statut, soit par une personne reconnue coupable de tels crimes. Cet article 9 introduit en effet dans la loi de 1881 sur la liberté de la presse un article 24 bis dont voici le premier alinéa :

    « Seront punis des peines prévues par le sixième alinéa de l’article 24 ceux qui auront contesté, par un des moyens énoncés à l’article 23, l’existence d’un ou plusieurs crimes contre l’humanité tels qu’ils sont définis par l’article 6 du statut du tribunal militaire international annexé à l’accord de Londres du  et qui ont été commis soit par les membres d’une organisation déclarée criminelle en application de l’article 9 dudit statut, soit par une personne reconnue coupable de tels crimes par une juridiction française ou internationale. »

    L’article 6 (c) de ce statut définit les crimes contre l’Humanité :  l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation, et tout autre acte inhumain commis contre toutes populations civiles, avant ou pendant la guerre, ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux, lorsque ces actes ou persécutions, qu’ils aient constitué ou non une violation du droit interne du pays où ils ont été perpétrés, ont été commis à la suite de tout crime entrant dans la compétence du Tribunal, ou en liaison avec ce crime.

    L’article 24 bis stipule que les auteurs d’actes de discrimination sur l’origine ethnique, la religion ou la race d’un tiers peuvent encourir une peine d’un an d’emprisonnement et d’une amende de 45 000 €. Il punit d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende ceux qui auront contesté l’existence d’un ou plusieurs crimes contre l’humanité tels qu’ils sont définis par l’article 6 du statut du tribunal militaire international de Nuremberg.

    Parmi les hommes politiques opposés à l’époque à cette loi, on peut citer Dominique Perben, Pascal Clément, François Fillon, Gilles de Robien, Jean-Louis Debré, Pierre Mazeaud, Jacques Chirac, Jean Foyer, Jacques Toubon, Alain Peyrefitte et Simone Veil. Jamais, alors qu’ils sont revenus au pouvoir dans la foulée, ils ne sont revenus sur cette loi.

    2001 : Christiane Taubira rajoute l’esclavage à la liste des sujets interdits

    La loi sur la liberté de la presse va prendre encore une claque en 2001, avec la députée guyanaise Christiane Taubira, qui portera quelques années plus tard celle sur le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels. Elle entend imposer cette fois-ci une histoire officielle et pénalement condamnable en cas de contestation à propos de l’esclavage.

    La loi du  tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité dite loi Taubira reconnaît ainsi comme crime contre l’humanité des traites et des esclavages pratiqués à partir du XVe siècle sur les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes. La loi est adoptée par le Parlement le  et promulguée le .

    Chaque article de la loi légifère sur un objet :

    • Article 1 : la reconnaissance des traites et des esclavages comme crime contre l’humanité.

    • Article 2 : l’insertion de ces faits historiques dans les programmes scolaires et le développement des recherches scientifiques s’y rapportant. L’article ne donne pas de directive sur l’orientation du traitement de ce fait historique.

    • Article 3 : un projet de requête en reconnaissance de ce crime contre l’humanité auprès du Conseil de l’Europe, des organisations internationales et de l’Organisation des Nations unies.

    • Article 4 : modifie la loi no 83-550 du  relative à la commémoration de l’abolition de l’esclavage. Instaure un comité composé de « personnalités qualifiées » et de « représentants d’associations défendant la mémoire des esclaves ». Ce dernier point peut être lu comme une restriction aux associations qui ont explicitement mis dans l’objet de leurs statuts une obligation de « défense de la mémoire des esclaves ». Ce qui impose de connaître très précisément l’objet « mémoire des esclaves ». Or cet objet est lui-même désigné comme sujet de recherches à l’article 2.

    • Article 5 : modifie la Loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, chapitre V, Des poursuites et de la répression.

    Dans la foulée, pour rajouter cette fois-ci une histoire officielle au sujet du génocide arménien, le 1er juillet 2016, l’Assemblée nationale adopte en première lecture un amendement au projet de loi égalité et citoyenneté sanctionnant d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende la négation ou la banalisation d’un crime contre l’humanité. Le texte paraît au Journal officiel le 28 janvier 2017, et ces dispositions sont intégrées à l’article 24 bis de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. Bien que la France ait reconnu le génocide des Arméniens par la loi du 29 janvier 2001, en effet la négation du génocide n’était pas punissable en tant que telle, mais certains fossoyeurs de la liberté d’expression en ont décidé autrement.

    2020 : Laetitia Avia, mandatée pour traquer « la haine » sur Internet

    En ce mois de mai 2020, « la boucle » vient d’être bouclée, avec cette-fois ci la loi dite « contre la haine » sur Internet. La notion de haine étant tellement large qu’on pourra y inclure juridiquement tout et n’importe quoi. Cette loi est portée par Laetitia Avia et le CRIF, loi encore une fois contestée à droite, mais dont à nouveau rien n’indique qu’en cas d’accession au pouvoir elle sera abrogée.

    En 50 ans, les députés français auront donc interdit, sous peine de sanctions pénales, que l’on parle sans langue de bois ni tabous des conséquences de l’immigration ou que l’on puisse mettre en place des lois en faveur des citoyens Français d’abord. Tout en interdisant les statistiques ethniques. Les députés français ont imposé aux historiens et à l’Éducation nationale une histoire et une pensée officielle. Avec l’émergence d’Internet, ils viennent d’acter une loi qui permettra à des employés d’entreprises étrangères de se substituer à des juges nationaux pour décider ce qui est « de la haine sur Internet » et ce qui ne l’est pas.

    50 ans de restriction de la liberté d’expression donc, sous la pression constante de lobbys et de groupes communautaires qui, bien que minoritaires, ont réussi à mettre en place ce qui s’apparente à une tyrannie des minorités, au détriment de la démocratie, au détriment de la majorité silencieuse, car contrainte légalement au silence.

    En 2020 en France, nous avons le droit de parler et de débattre de tout. Sauf de tout ce qui est interdit… Vaste programme…

    YV

    Crédit photo : DR
    [cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine – V

  • Retour sur la peine de mort, par Par Michel Yves Michel (socio­logue).

    55 % des Fran­çais sont par­ti­sans de la peine de mort ; ça vous don­ne­rait presque l’envie de deve­nir démo­crate… L’opinion publique quand elle est pour l’avortement des bébés devient « volon­té géné­rale » ; mais elle est popu­lisme négli­geable quand elle penche pour l’élimination de Marc Dutroux. Or le popu­lisme est mépri­sable quand il ne coïn­cide pas avec « l’opinion auto­pro­cla­mée éclai­rée » expri­mée par les médias.

    Le Pape Fran­çois a déci­dé de reti­rer du caté­chisme de l’Eglise catho­lique la pos­si­bi­li­té d’appliquer la peine de mort.

    Cela res­semble un peu à un ral­lie­ment à l’esprit du temps où la mort est deve­nue “la nou­velle por­no­gra­phie” selon le mot de l’historien Phi­lippe Ariès. On sait bien que cela existe mais on (se) le cache.

    On cache la mort aux enfants qui n’ont plus guère l’occasion de voir un cadavre, on ne se met plus “en deuil”, on conseille à ses amis tou­chés par la mort d’un proche de se dis­traire pour “pen­ser à autre chose”.

    L’usage de la cré­ma­tion se répand, ce qui, si j’ose dire, signi­fie : faire dis­pa­raître le cadavre insi­gni­fiant…

    Une asso­cia­tion cré­ma­tiste (si, il y a des mili­tants pour ça !) s’était inven­té comme slo­gan : ”c’est quand même mieux de lais­ser la terre aux vivants”,  sans s’apercevoir que la terre est faite de déchets orga­niques, de morts qui font vivre les vivants…

    Jadis, il exis­tait des “confré­ries de la bonne mort” où les par­ti­ci­pants devaient se pré­pa­rer à l’épreuve ; aujourd’hui on conseille­ra à celui qui se pré­oc­cu­pe­ra de ce des­tin, d’aller voir un psy­chiatre.

    Même dans les céré­mo­nies reli­gieuses on tend à par­ler du défunt de son vivant, mais on prie de moins en moins pour son salut post-mor­tem…

    C’est dans ce contexte du tabou de la mort qu’il faut repla­cer le thème de l’interdit de la peine de mort.

    Pour­quoi relan­cer le débat sur la peine de mort, appa­rem­ment usé dont on ne pour­ra débus­quer l’en­jeu qu’en dépla­çant la ques­tion : pour­quoi la peine de mort,  aujourd’hui si lar­ge­ment réprou­vée par les beaux esprits, a‑t-elle été la norme qua­si una­ni­me­ment accep­tée dans toutes les socié­tés autres que la nôtre et reste ple­bis­ci­tée par l’opinion  ? Au point que les archéo­logues recon­naissent qu’il y a des humains dès lors qu’il y a des rites funé­raires.

    J’en recher­che­rai la réponse dans une intui­tion de Bau­de­laire qui, au siècle der­nier, s’in­ter­ro­gea aus­si sur le dépla­ce­ment cultu­rel qui ren­dait déjà incom­pré­hen­sible la peine capi­tale : « La peine de mort est le résul­tat d’une idée mys­tique, tota­le­ment incom­prise aujourd’­hui. La peine de mort n’a pas pour but de sau­ver la socié­té, maté­riel­le­ment du moins. Elle a pour but de sau­ver (spi­ri­tuel­le­ment) la socié­té et le cou­pable… Bien que le sacri­fice soit par­fait, il faut qu’il y ait assen­ti­ment et joie de la part de la vic­time. Don­ner du chlo­ro­forme à un condam­né à mort serait une impié­té, car ce serait lui enle­ver la conscience de sa gran­deur comme vic­time et lui sup­pri­mer les chances de gagner le para­dis ». (“Mon cœur mis à nu”).

    Goût du para­doxe ? Cruau­té d’un dis­ciple de Joseph de Maistre ?

    Sus­pen­dons pour­tant les réac­tions de notre sen­si­bi­li­té « moderne » pour remar­quer que l’histoire a lais­sé la trace d’un cer­tain nombre d’exé­cu­tions exem­plaires où le cou­pable était par son sacri­fice récon­ci­lié avec sa com­mu­nau­té, avec ses dieux, et avec lui-même, réin­té­gré dans sa digni­té.

    Pen­sons à l’étonnant pro­cès de Gilles de Rais où « Barbe-Bleue » est par­don­né et embras­sé par les parents des enfants qu’il avait tor­tu­rés. Pen­sons à la Bal­lade des pen­dus de Fran­çois Vil­lon. 

    Est-il insi­gni­fiant qu’un sup­pli­cié de droit com­mun — le” bon” lar­ron — soit le pre­mier homme à qui la porte du salut ait été ouverte. Ouverte par le sup­plice- même du Christ ?

    Au moment où l’an­thro­po­lo­gie contem­po­raine redé­couvre l’im­por­tance des « sacri­fices » (cf. Georges Bataille et René Girard : « La vio­lence et le sacré »), pou­vons-nous encore nous défendre de ces concep­tions — si étranges pour nous — en les qua­li­fiant de men­ta­li­té archaïque ou bar­bare ?

    Au contraire, la désué­tude de la peine de mort où tendent nos socié­tés indus­trielles pro­mé­théennes n’est-elle pas l’un des symp­tômes de la désa­cra­li­sa­tion qui nous atteint ?

    Dans les socié­tés tra­di­tion­nelles, la peine de mort témoi­gnait de ce qui dépasse la vie elle- même, de ce qui dans “l’homme passe l’homme” (Pas­cal).

    Non que la vie n’y soit pas une valeur, mais une valeur par­mi d’autres, dans une hié­rar­chie de valeurs qui consti­tuait d’ailleurs la vie comme valeur.

    Sommes-nous encore capables de com­prendre ce drame trop exo­tique, le “hara-kiri” de Mishi­ma Yukio, en 1970, au Grand Etat-Major de Tokyo ? Non ! Comme l’a­vait com­pris Nietzsche, les valeurs (« ce qui vaut la peine de » c’est-à-dire du sacri­fice) sont des dieux. Et la « mort de Dieu » inau­gure le nihi­lisme que les socio­logues, dans leur jar­gon, appellent ano­mie.

    Îl est donc nor­mal que, dans ce monde où l’homme ne recon­naît pas ce qui le dépasse, tous ceux dont les exi­gences intel­lec­tuelles ou morales vont au-delà de la réac­tion ins­tinc­tive un peu obtuse, soient oppo­sés au réta­blis­se­ment de la peine de mort.

    Condam­ner… « au nom de » quoi ? De quoi le sup­plice serait-il « signe » ? Quelle absur­di­té qu’un « sacri­fice » qui n’est plus un « faire sacré ». (Dans les der­niers temps de son appli­ca­tion en France, la guillo­tine avait ces­sé d’être un spec­tacle public).

    Pour ma part, je suis for­cé de recon­naître que dans ce contexte — la peine de mort est injus­ti­fiable, car insi­gni­fiante.

    Faut-il pour autant s’en réjouir ?

    Consi­dé­rons d’a­bord que notre époque, si sen­sible aux souf­frances des bébés phoques, est aus­si celle des grands mas­sacres orga­ni­sés, celui des avor­te­ments de masse, des écha­fauds de 1793 aux gou­lags et aux camps de concen­tra­tion. Car dans les socié­tés domi­nées par les grandes idéo­lo­gies modernes où s’est inves­tie l’ir­ré­duc­tible aspi­ra­tion de l’homme à l’ab­so­lu, les « croyants » n’ont point de scru­pule à sacri­fier aux idoles. “Mon corps est à moi”, Pro­grès, sens de l’Histoire, libé­ra­tion de l’homme, race ou classe, « les dieux ont (tou­jours) soif »… 

    Mais, affir­me­ra-t-on, nos socié­tés de tolé­rance dans leur insi­gni­fiante per­mis­si­vi­té, ne nous per­mettent-elles pas d’é­chap­per à ces tota­li­ta­rismes ?

    Ce serait trop vite se ras­su­rer.

    En effet, dans les socié­tés « libé­rales », au pou­voir d’une jus­tice ter­rible qui, jadis, tran­chait et retran­chait dans une mise en scène dra­ma­tique où se jouaient le corps, la res­pon­sa­bi­li­té et le salut, suc­cède une admi­nis­tra­tion judi­ciaire fonc­tion­nelle rat­tra­pant, sans pas­sion, les bavures qui auront pu échap­per aux ser­vices des édu­ca­teurs, psy­chiatres, ani­ma­teurs, per­ma­nents ou experts en mani­pu­la­tion des orga­ni­sa­tions qui nous prennent en charge de la nais­sance à la mort (cf. Michel Fou­cault : “Sur­veiller et punir”).

    Ce n’est pas seule­ment la peine de mort que nous abo­lis­sons, mais toute peine dans la mesure où elle implique la res­pon­sa­bi­li­té per­son­nelle d’un cou­pable. « Huma­nistes », gau­chistes ou tech­no­crates : tous les dis­cours ne peuvent qu’af­fir­mer l’ir­res­pon­sa­bi­li­té du jus­ti­ciable qui ne se retrouve devant un tri­bu­nal que par une erreur de ges­tion des orga­ni­sa­tions sociales ou de l’E­tat-pro­vi­dence : il ne s’a­git pas de condam­ner, mais de “réédu­quer”.

    Le cri­mi­nel n’est plus res­pon­sable parce que plus per­sonne n’est res­pon­sable. (Et les pri­sons débordent ; déja ou bien­tôt rem­pla­cées par des éta­blis­se­ments psy­chia­triques …)

    Le tota­li­ta­risme, c’est aus­si quand la vie et la mort sont deve­nues des mar­chan­dises à gérer tran­quille­ment, « fonc­tion­nel­le­ment », sans drame et sans chocs pour nos sen­si­bi­li­tés douillettes (avor­te­ment-par­don IVG, eutha­na­sie, banques d’or­ganes, GPA, etc).

    Aus­si cette désué­tude de la peine de mort est-elle pro­ba­ble­ment moins l’ef­fet d’une « huma­ni­sa­tion » que l’in­dice de l’in­si­gni­fiance de la mort (cf. le Tabou de la mort mis en évi­dence dans notre socié­té par Phi­lippe Ariès) et la « déva­lo­ri­sa­tion » de la vie.

    On ne retire plus guère la vie parce que la vie ne vaut plus guère.

    Le tabou de la peine de mort témoigne d’un déni ; le refus de recon­naître que chaque indi­vi­du est iné­luc­ta­ble­ment condam­né à la peine de mort.

    Cette peine de mort est une de peines liées au péché ori­gi­nel, avec le tra­vail (“à la sueur de ton front”) et la souf­france (“tu accou­che­ra dans la dou­leur”). Il serait sans doute temps de com­prendre que la peine est éga­le­ment le remède (cf. la reva­lo­ri­sa­tion du tra­vail par les béné­dic­tins : ora et labo­ra).

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Civilisation ou animal monstrueux ?

    1A.jpgEntretien menée par la rédaction du magazine d’AF, «  Le Bien Commun  » avec Paul Serey.

    Ce texte d’entretien a été écrit durant le confinement et contrairement à ce qui a été indiqué dans LBC de juin, l’auteur est Paul Serey auteur du “Carrousel des ombres” aux éditions de l’équateur.

    2.jpgLa rédaction : Les modernes se croyaient maîtres et possesseurs de la nature. L’actuelle épidémie n’apporte-t-elle pas la preuve que notre civilisation technicienne n’est qu’un colosse aux pieds d’argile ?

    Paul Serey : Depuis le XVIIème siècle – qu’il soit maudit ! –, à cause de Galilée qui avait pavé la voie, par la faute de Descartes, celui-là même que vous citez, l’homme s’est détaché d’une vision du monde comme Cosmos et a procédé, progressivement et peu à peu géométriquement, à la réification et la quantification de la nature. Maître et possesseur, quel rêve ! Rêve de possédés ! Quels maîtres sommes-nous devenus ! Qu’avons-nous fait de cette nature que nous avons si méticuleusement, scientifiquement, détachée de nous-même ? La nature n’est-elle pas devenue une simple banlieue, une « zone » vouée à la désertification ? Quelle possession que voilà !

    Je crois qu’il est difficile de parler de civilisation aujourd’hui. En désensauvageant la nature, en la mettant en coupe réglée, nous l’avons simplement détruite. Nous sommes orphelins. Nous l’avons traitée en ennemie. Voilà la modernité. Et ce dont nous avons hérité, nous, postmodernes, cette nature plus ou moins maîtrisée, nous l’avons arasée. Car qu’est-ce que la postmodernité, si ce n’est l’abattage de toute verticalité ? Voilà où nous en sommes. Tout est atomisé, effondré ; tout est devenu poussière, cette poussière qui vole au-dessus d’un désert de sable. Nous ne sommes plus maîtres de rien que d’un terrain vague, immense et sans horizon, où nous errons comme les survivants d’une explosion atomique… Est-ce là une civilisation ?

    C’est un oxymore de parler de civilisation technicienne. Comme nous l’a enseigné Ellul, la principale caractéristique de la technique (non pas seulement les machines mais tout ce qui régit le parc humain : technique de l’économie, technique de l’organisation, technique de l’homme) est qu’elle est autonome. Il fut un temps où l’homme maîtrisait son environnement, lorsqu’il considérait les techniques comme des prolongements de ses jambes, de ses bras, de sa langue. Jambes, bras, langue, voyez-vous ? Voyez-vous comme ces prolongements, presque naturels, sont devenus artificiels ? Démesurés et… autonomes ? Et cette autonomie, cette démesure, ne la voyez-vous pas grandir, comme un animal qui grossit et s’étend, un organisme à la fois agile et pesant qui s’étend et absorbe et englobe tout, la nature et l’homme lui-même ?

    C’est un animal monstrueux, qui vit sa propre vie, et dont nous ne sommes que les cellules, emprisonnées dans des organes complexes et dépendants les uns des autres. Ce monstre est une chose vivante. Et comme tout animal complexe, aux organes dépendants, il est extrêmement fragile. C’est ce que nous révèle cette épidémie. Les organes sont atteints, d’un coup, de façon fulgurante. C’est une grippe, et les organes sont grippés. Et c’est tout l’animal qui se retrouve malade soudainement.

    Un colosse aux pieds d’argile, oui ! Et c’est notre plus grand espoir. Qu’il s’effondre ! Qu’il se gangrène ! Qu’il pourrisse et disparaisse !

    Beaucoup de cellules mourront. D’autres seront absorbées par d’autres petits organismes. Elles se réorganiseront, sous une forme plus simple, où elles trouveront plus d’autonomie, ne dépendant plus de ce gros animal pesant et compliqué que nous avons nommé civilisation et qui est notre perte. Encore faut-il que la Bête ne se régénère pas…

    LR : Ce qui n’est pas gagné ! Car on continue à nous parler de progrès technique davantage que de décroissance. La Mégamachine ne risque-t-elle pas d’être paradoxalement renforcée par ses faiblesses ?

    PS : J’ai utilisé l’image d’un organisme vivant. Mais, en réalité, ce n’est qu’un simulacre. C’est un animal mécanique qui a les caractéristiques du vivant. Mais comme je l’ai dit, il est complexe, et sa complexité augmente de jour en jour. Voudrait-on le simplifier qu’on ne le pourrait pas. Il grossit et se complexifie. Et je l’ai dit : de manière autonome. Décroître ? Cela supposerait qu’on puisse maîtriser cet animal. Cela supposerait qu’on en soit maître. Et qui en est maître ? Les Etats ? Les gouvernements ? Les organisations ? Les institutions ? Eh bien, non ! Le système technicien, ou plutôt technologique est son propre maître ! Ceux-là que j’ai cités ne sont que des organes. Ils obéissent. Ils servent la Bête, la Mégamachine. La décroissance est selon moi un doux rêve. C’est être bien naïf que de penser que cela se fera sans conséquences perverses.

    Bien sûr, l’animal pourrait maigrir un peu. On pourrait lui faire perdre, par-ci par-là un peu de graisse, de toxines, ou que sais-je. Mais son fonctionnement, sa logique propre, n’en sera pas entravé. Voudrait-on lui faire perdre du muscle, il se renforcerait par ailleurs. Lui faire perdre une main, l’autre grandira, d’autres doigts lui pousseront. La Mégamachine est bien plus complexe que n’importe quel organisme terrestre. C’est sa fragilité, je l’ai dit. Mais c’est aussi sa force.

    On le voit bien avec la crise actuelle. Un grain de sable – car c’est, me semble-t-il, un grain de sable (d’autres virus, d’autres catastrophes bien pires ont eu lieu par le passé sans engendrer de réactions si terribles) – a grippé la machine. Mais à cet incident la Mégamachine réagit en grossissant. Oui, voyant qu’elle perd le contrôle, il lui faut reprendre ce contrôle sur ses organes, et sur les cellules de son corps attaqué. Les Etats, les gouvernements, les institutions, les administrations, ne font que répondre à cette demande du système. La démocratie est l’organisation qui lui sied le mieux, car elle exige la docilité des cellules. La démocratie exige l’obéissance des citoyens. Et pour s’assurer de cette obéissance, le système a besoin de moyens de contrôle et de coercition.

    On remarquera que la population obéit aux injonctions de l’Etat, sans moufeter. Le système n’est pas mis en danger. Grippé oui, mais sans dommages irrémédiables. Le système craint l’anarchie plus que tout. La démocratie est cette organisation qui contrôle le mieux le risque d’anarchie parce qu’elle organise la soumission volontaire. La dictature peut provoquer des révoltes violentes qui peuvent aller jusqu’à la mise à mort du dictateur. C’est le cas de toutes les monarchies absolues. La démocratie, quant à elle, fait accroire à la population qu’elle est maîtresse de son destin. Tout au plus observons-nous quelques manifestations de rue, quelques heurts, mais jamais rien qui soit vraiment dangereux pour le pouvoir. Néanmoins le pouvoir craint la rébellion. Tout mais pas l’anarchie ! Il faut que tout soit sous contrôle.

    Or la population est en état de choc. Quelques manifestations de colères éclosent ici ou là, mais c’est le choc qui prédomine. Le choc et la peur. Voyant cela, le pouvoir, comme toujours, en profite. C’est le moment où la Mégamachine peut grossir et s’étendre. La population, abrutie par le choc et tremblante de peur est prête, prête à abdiquer un peu de liberté pour sa sécurité, prête à abdiquer le peu d’autonomie qui lui reste pour un peu de réconfort. Elle a besoin d’être rassurée et, pour cela, se laissera contrôler, traquer, pucer ; elle acceptera n’importe quelle intrusion dans sa vie privée si on lui promet que c’est pour son bien. La Mégamachine vit de ses crises. La crise, n’importe quelle catastrophe, est pour elle le moyen d’assurer son emprise, d’asservir un peu plus. La propagande fait déjà rage, et les mesures passent en loucedé.

    LR : Aux critiques de la technique, on objecte systématiquement l’argument-massue des progrès de la médecine. Faut-il se libérer de la médecine pour se libérer de la Machine ?

    PS : La médecine a elle aussi « progressé », c’est un fait. Elle est plus efficace, plus performante. Et tout le monde s’extasie. On en demande encore ! Toujours plus ! Il faudrait éradiquer toutes les maladies, chaque douleur. Du berceau à la tombe, aucune anicroche. Et une vie longue, sans fin. Pourquoi pas l’éternité ! On en rêve. On serait même prêt à se faire greffer toutes sortes de composants électroniques, se faire modifier les gênes, sélectionner ceux de nos enfants à naître, à naître dans un ventre étranger, pourquoi pas. Il me semble néanmoins que la machine a créé beaucoup de ces maladies (cancers, maladies infectieuses – dont le Covid19, pathologies psychiatriques, etc.) contre lesquelles elle lutte si joyeusement, mais passons…

    Bien sûr, il est bon d’être soigné. Le docteur est le mage moderne. C’est l’incarnation du Bien. Le nouveau héros. N’y voyez pas que de l’ironie. Cette façon de voir est ancrée en chacun de nous. Et j’hésite à pousser mon raisonnement jusqu’à son terme.

    Quand je dis qu’il faut détruire la Mégamachine, l’argument médical se met en travers de mon chemin. Qui ne tient pas à sa vie, à la vie de ses proches ? Pourtant, si l’on devait préserver la médecine telle qu’elle se pratique aujourd’hui, alors nous ne pourrions pas nous passer du reste du système technicien. Tout, dans ce système, est interdépendant ! Impossible de conserver ce confort ultime sans conserver, par là même et par exemple, les grands laboratoires pharmaceutiques, l’industrie chimique, l’industrie mécanique qui produit les robots et les ordinateurs, et par conséquent la pétrochimie et la production massive d’électricité et, évidemment, beaucoup d’autres choses !

    Si la Mégamachine devait s’effondrer, il y aurait beaucoup de morts, des millions. Il faudrait à l’homme de nouvelles stratégies pour survivre, s’assurer un minimum de confort, préserver les siens. Fabriquer localement des outils ? Préparer des médicaments en pharmacie, comme cela se faisait autrefois ? Si l’on veut se débarrasser de l’oppresseur, il faudra être prêt à mille sacrifices tout en limitant la casse et en trouvant des solutions alternatives. Voulons-nous cette guerre ? Nous en avons fait, des guerres, contre de terribles oppresseurs, et ceci nous a coûté des millions de vies par le passé. Or ce système qui nous oppresse est-il moins terrible ? Je ne le crois pas. Mais suis-je moi-même prêt à cette guerre ? Je me pose la question.

    LR : Et on craint de connaître la réponse concernant la masse des gens passant leur confinement sur un écran et ne rêvant que d’un « retour à la normale »… Peut-on espérer qu’advienne un jour une (Contre-)Révolution ou est-on condamné à attendre une plus redoutable épidémie, ou autres cataclysmes, pour que le système s’effondre de lui-même ?

    PS : Je ne suis pas très optimiste. Je crois que le système est bien verrouillé. On a habitué les gens à un certain confort et, le voyant si fragile, ils n’auront en tête que de le retrouver. Ce temps de crise est profitable à certains, ceux qui recherchent une solitude qu’ils n’ont jamais eu l’occasion de connaître vraiment, cette solitude qui enrichit, qui est intériorité et contemplation ! Mais la grande masse n’y aura trouvé qu’une occasion supplémentaire de se vautrer dans le divertissement netflixien et pornhubien, dans des jouissances médiocres et un laisser-aller à vomir.

    Je ne parlerais pas de Contre-Révolution, si un bouleversement était possible, mais bien de Révolution. On ne peut se contenter de réaction. Il faut inventer de nouvelles filiations, faire de notre héritage quelque chose de nouveau. Je ne parle évidemment pas d’utopie. On ne fera pas un monde nouveau, en ce sens. Je parle d’avenir, de l’avenir de ce monde que nous connaissons. On n’efface pas le passé d’un coup de manche. Détruire le système technicien, la Mégamachine, oui. Après, il faudra reconstruire à partir de ce qu’il restera, si cela est possible. Ce qui restera, c’est notre héritage spirituel, nos racines, l’amour de notre famille, de nos enfants, de nos parents, de notre patrie, de nos patries, la petite et la grande. La France bien-sûr.

    Quant à moi, je vois un roi, un roi bienveillant et paternel. Et je vois un peuple, un peuple enraciné, conscient, autonome. Je vois un peuple en armes, prêt à se libérer de toute servitude si nécessaire. Je vois des hommes et des femmes libres, avec un travail enrichissant et utile à tous, ancrés sur leur fiefs. Transhumants, pourquoi pas. Je vois des fêtes. Je vois des communautés. Je vois l’Anarchie. L’Anarchie plus un. Le peuple et son roi, sans rien entre les deux.

    Si rien n’advenait cette fois-ci, d’autres catastrophes viendront. Mais il n’est pas dit que la machine ne se renforcera pas. Le seul espoir réside dans les hommes, pris individuellement, dans les communautés, les tribus, les familles. Organisons-nous, et saisissons les occasions que le système ne manquera pas de nous offrir.

    LR : Ce souci (maladif) de la santé est-il lié au refus du Mal, et donc du Bien, dont vous parlez dans votre roman Le carrousel des ombres ?

    PS : Dans Le Carrousel, j’expliquai de façon très littéraire qu’on ne peut concevoir le bien sans le mal. Et que pour avoir un grand bien qu’il faut avoir l’exemple d’un grand mal. Qu’on ne peut concevoir Dieu sans Satan. Que sans Gilles de Rais, Jeanne d’Arc ne serait pas la Sainte qu’on connaît. Qu’à ne plus distinguer le Mal du Bien, on n’avait certes plus de Mal, mais plus de Bien non plus. En gros, on a signé un chèque en blanc à Satan, qui se retrouve maître de nos principautés. Il est visible pourtant, contrairement à Dieu. Le Mal fait du bruit, le bien est silencieux. Nous avons détruit le monde du silence. Et nous ne percevons plus le bruit, tant nous y sommes immergés.

    Nous ne reconnaissons plus le mal parce que nous l’avons nié pour nous débarrasser de Dieu. Nous vivons dans cet Empire du bien, génialement décrit par Muray. Et la maladie fait partie de ces choses que nous ne voulons pas voir, pour les raisons que je viens d’évoquer. Nous ne voulons pas la voir, nous refusons de voir la mort. Il faut à tout prix éradiquer la mort de nos vies et de l’espace public, à tour prix évincer la maladie et la souffrance de nos vies qui sans elles, pourtant, n’ont plus de relief et dont le sens métaphysique se perd dans un vide sidéral. La maladie, la mort, sont des thèmes éternels… ils ressurgiront, ils ressurgissent sous nos yeux.

  • Yoram Hazony: le nationalisme est un humanisme.

    Philosophe politique et spécialiste d’études bibliques, Yoram Hazony est président de l’Institut Herzl à Jérusalem. Son dernier livre, “Les Vertus du nationalisme”, vient de paraître en français. © Yochanan Katz

    Entretien par Jeremy Stubbs

    Avec Les Vertus du nationalisme, l’essayiste israélien réhabilite cette idée tenue pour la principale responsable des tragédies du XXe siècle. Pour lui, les nations devraient tout simplement être indépendantes et jouir de la liberté de se développer selon leurs propres histoire et traditions.

    3.pngCauseur. Votre livre redéfinit positivement le « nationalisme » comme la croyance, non pas à la prééminence de sa propre nation, mais en l’idée que l’ordre mondial le plus stable et le plus juste est celui qui se fonde sur une pluralité d’États-nations indépendants.

    Yoram Hazony. Plutôt que de redéfinir le terme, je reviens à son sens traditionnel qui est le plus utile. La définition que je donne est celle avec laquelle j’ai grandi, dans une famille sioniste, et c’est celle qui prévaut toujours dans bien des pays comme l’Inde. Le problème, c’est que, après 1945, beaucoup d’intellectuels libéraux et marxistes, Orwell en tête, ont assimilé le mot à l’usage qu’en faisait Hitler. Si vous lisez celui-ci – et je ne vous recommande pas de le faire ! –, vous découvrirez qu’il utilise le mot « nationalisme » pour désigner son impérialisme raciste. Il a ainsi détourné un terme parfaitement respectable qu’on utilisait depuis longtemps et pour lequel il n’y a pas de substitut dans les langues européennes. Le « patriotisme » évoque l’amour de son pays mais, à la différence du nationalisme, il ne peut pas désigner une théorie politique selon laquelle les nations devraient être indépendantes et libres de se développer selon leurs propres lois et traditions.

    Qu’est-ce qui vous a poussé à clarifier le sens de ce terme dans le débat public ?

    Il faut remonter aux années 1990 : après la chute du mur de Berlin, le monde est submergé par une vague d’utopisme qui s’exprime par exemple à travers le traité de Maastricht ou le nouvel ordre mondial, alors défini par les États-Unis. Dans cette vision, les nations doivent être neutres, sans identité culturelle ou religieuse particulière, ce qui tend à rendre caduques les frontières qui les séparent. La conséquence est qu’on représente l’histoire et les traditions politiques de chaque nation comme racistes, fascistes et généralement répréhensibles. C’est ce qui se passe quand cette vague de « post-nationalisme » arrive en Israël, où on l’appelle le « post-sionisme ». Israël a été fondé comme un État-nation classique, à l’instar de l’Inde au même moment. Mais à l’époque dont je vous parle, il y a une forte pression idéologique pour déprécier et rejeter les lois et les coutumes spécifiques à la nation, considérées désormais comme des facteurs d’oppression. Avec un groupe de collègues, j’ai donc créé un institut afin de réh ab iliter l’État-nation israélien(1). Nous avons réussi à influencer le débat public en Israël. De plus, nos recherches nous ont amenés à étudier l’histoire d’autres pays afin de comprendre les différentes généalogies et expressions de l’idée de nation. En 2016, alors que je travaillais sur un livre consacré plutôt à la théologie, j’ai réalisé que, face à des événements comme le Brexit, il était impératif d’écrire un livre sur l’État-nation.

    Votre ouvrage, qui est à la fois un livre d’érudition et un manifeste, est paru d’ abord en anglais en 2018. Le débat sur le nationalisme a-t-il avancé depuis ?

    La publication des Vertus du nationalisme a grandement stimulé le débat : outre quelque 400 comptes-rendus en anglais, presque autant d’articles ont été publiés sur les colloques que nous avons organisés à Washington et à Londres. Je dirais que la moitié des auteurs de ces textes, qu’ils fussent pour ou contre mes thèses, les ont bien comprises et en ont parlé de manière intelligente et honnête – ce qui est très rare. Un point majeur que j’ai essayé de clarifier concerne ce qu’on appelle le globalisme ou le transnationalisme : à mon sens, il ne s’agit pas d’une nouvelle idée, mais d’une très vieille qui est l’impérialisme. Les globalistes, comme les impérialistes d’antan, cherchent à soumettre toutes les nations de la terre à une seule loi et à une seule organisation, les leurs, parce qu’ils croient savoir ce qui est bon pour nous tous. Avec l’Union européenne et le nouvel ordre mondial des Américains, c’est la notion d’empire qui revient déguisée. Cette rectification a surpris les globalistes autant que leurs adversaires, mais beaucoup l’ont acceptée.

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    Vittorio Orlando (Italie), David Lloyd George (Angleterre), Georges Clemenceau (France) et Woodrow Wilson (États-Unis) à la conférence de la paix de Paris, en décembre 1918, qui aboutira à la signature du traité de Versailles. © Granger collection / Bridgeman images.

    Si les concepts et les termes sont plus clairs sur le plan intellectuel, qu’en est-il sur le plan politique ?

    En politique, il y a plus de confusion parce que, dans l’esprit des gens, les idées sont inséparables des politiciens qui les portent. Le débat politique sur la nation se confond avec la question « Aimez-vous ou non Trump, Johnson, Orban ou Modi ? ». C’est normal parce que, dans un pays démocratique, on a besoin de discuter des avantages et des inconvénients qu’il y a à élire une personnalité spécifique. Cependant, les idées politiques transcendent les appréciations personnelles. Par exemple, beaucoup de gens ont voté pour Trump, en dépit du fait qu’ils n’appréciaient pas du tout son style, parce qu’il incarnait à leurs yeux l’indépendance, les traditions et la fierté nationales. Il faut dire aussi que beaucoup d’autres n’ont pas l’h ab itude d’entendre un discours nationaliste : ils en ont peur, et ils ont tort. À mesure que le nationalisme, au sens où je l’entends, se normalisera, on verra émerger une plus grande variété de leaders nationalistes, dont certains seront moins excentriques, plus raisonn ab les, et en conséquence plus attractifs. Mais ce sera un processus long, sur vingt ou trente ans.

    Les politiciens nationalistes sont généralement traités de populistes, ce qui n’est pas un compliment. Quel est le lien entre nationalisme et populisme ?

    Ceux qui utilisent le terme « populiste » ont tendance à penser en termes de lutte des classes. Pour eux, notre époque est marquée par le combat entre, d’un côté, les classes moyennes et ouvrières et, de l’autre, des élites fortunées, puissantes et éduquées. Je ne prétends pas que ce combat n’existe pas. Ce qui me gêne dans cette thèse est qu’elle implique que le public au sens large en sait nécessairement plus que les élites. Dans une perspective nationaliste traditionnelle, ce postulat n’a pas de sens. Parfois, le public a raison contre les élites, parfois c’est le contraire. L’approche nationaliste traditionnelle consiste à déterminer quelles relations entre les élites et les autres classes seront les plus propices au bien commun de la nation. En résumé, j’évite le terme « populiste », parce que je ne veux pas réduire les choses à une lutte des classes, même s’il est vrai que, depuis au moins trente ans, nos élites sont majoritairement globalistes et antinationalistes.

    Quelles sont les implications de la culture « woke » et des protestations minoritaires qui ont marqué 2020 ? Ces mouvements identitaires ne risquent-ils pas de torpiller toute possibilité de renaissance nationaliste ?

    Il y a eu des événements choquants, aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans d’autres pays, mais plus significative encore a été la capitulation d’institutions ét ab lies comme le New York Times ou l’université de Princeton – parmi des centaines d’autres – devant une forme de marxisme remis au goût du jour. Car pour les militants woke, tous ceux qui appartiennent à une catégorie ethnique ou « genrée » qu’ils approuvent – les dominés et les « racisés » –  forment un prolétariat au nom duquel ils cherchent à renverser les structures de pouvoir existantes. L’été dernier, nous avons découvert que les institutions libérales traditionnelles étaient sans défense devant cette subversion révolutionnaire. Et cela aura des conséquences sur le débat intellectuel et politique. Pendant longtemps, le débat a opposé l’internationalisme libéral et le nationalisme – et personnellement j’y ai participé volontiers. Désormais, l’internationalisme libéral se montre très hostile au libéralisme traditionnel. Résultat prévisible, la plupart de ceux qui soutiennent le vieux libéralisme se retrouveront dans le camp des nationalistes. En effet, on les somme de capituler devant cette nouvelle forme de marxisme. Les plus faibles courbent l’échine, mais les plus robustes dans leur libéralisme se rapprocheront du nationalisme.

    Le principe de l’autodétermination des peuples, cher au président Wilson au lendemain de la guerre de 14-18, a conduit à la désagrégation des empires. Ce même principe ne risque-t-il pas aujourd’hui de désagréger les nations à leur tour, les fracturant en régions ou en communautés distinctes ?

    Ici, il faut faire une distinction entre l’utopisme nationaliste que représente Wilson et le pragmatisme nationaliste que je prône. Toute structure politique peut être décomposée en ses éléments constituants. Nous voyons en Syrie ou en Irak que, quand les structures de gouvernement tombent, la société se décompose en clans indépendants, s’ ab îme dans une sorte d’anarchie tribale où chaque chef de famille doit s’armer et se défendre pour survivre. La thèse que je développe dans mon livre, et qui ressemble à celle de Pierre Manent, considère l’État-nation indépendant comme un point d’équilibre entre deux forces. D’un côté, la tendance vers l’empire universel qui apporte la paix en imposant un cadre unique à tout le monde. De l’autre côté, la tendance vers de plus en plus d’indépendance qui apporte la liberté, mais au prix du désordre. La première favorise l’harmonie sociale et la prospérité, mais pas la liberté ; la deuxième favorise l’autonomie, mais attise les conflits et la violence. Le nationalisme n’est pas une utopie où chaque groupe qui le désire devient un État indépendant, mais une façon pragmatique de réconcilier empire et anarchie.

    Dans ce cas, quelle doit être l’attitude de l’État-nation indépendant sur l’immigration et l’assimilation des immigrés ?

    Il faut d’ ab ord accepter le fait qu’un certain degré de diversité dans la population d’une nation est inévit ab le. Essayer d’imposer la même religion et une langue unique à tous les citoyens revient à transformer un nationalisme pragmatique en un nationalisme utopique, violent et oppressif. Il faut éviter à la fois que la nation vole en éclats et qu’elle devienne un instrument d’oppression. L’homme d’État cherche toujours à renforcer la cohésion de la nation et la loyauté réciproque entre les citoyens. Qu’il soit de gauche ou de droite, il doit se demander si l’immigration à grande échelle renforce la cohésion nationale ou l’affaiblit. Les gens qui arrivent de l’extérieur ne sont pas nécessairement un facteur de désagrégation. Certains étrangers peuvent être très motivés pour devenir français, par exemple, tandis que d’autres viennent seulement pour des raisons de nécessité vitale. Les premiers sont prêts à renforcer la culture nationale, mais les autres veulent défendre leur propre culture. L’homme d’État doit savoir si tel ou tel groupe crée une nouvelle tribu à l’intérieur de la nation, qui n’est pas loyale à celle-ci. Il n’y a pas de règle concernant l’immigration : il faut se faire un jugement pragmatique selon les circonstances.

    Les États-nations font aujourd’hui face à de nouvelles menaces : l’islamisme, les ambitions hégémoniques de la Chine… Ces menaces ne justifient-elles pas la création de blocs comme l’Union européenne qui a été fondée en partie pour faire contrepoids aux États-Unis et surtout à l’Union soviétique ?

    Ces menaces ressemblent aux vieux projets impérialistes. Les islamistes – à la différence d’un très grand nombre d’autres musulmans – ont une vision de l’islam qui entraîne nécessairement la soumission de l’Europe et du reste de la terre. Ils sont convaincus qu’il faut imposer la paix au monde par la conquête islamique. Ils sont fermés à toute négociation. On ne peut pas conclure un accord avec eux, comme Israël, par exemple, a pu le faire avec les Émirats arabes unis. Il faut combattre les islamistes à l’intérieur de la nation par la cohésion interne et à l’extérieur par des ententes avec les États musulmans non islamistes, par la dissuasion et – si nécessaire – par la guerre. Il n’y a pas d’autre solution. Les démocraties européennes ont des intérêts communs très forts en termes de sécurité, étant menacées potentiellement par la Russie, la Chine et la Turquie. Il n’y a aucune raison pour laquelle elles ne renforceraient pas le libre-échange qui profite à toutes. Mais est-il vraiment nécessaire de fonder une union fédérale, avec une gouvernance centralisée, une seule et même Cour qui impose sa loi aux nations et une monnaie commune ? La vision de de Gaulle et le marché commun ont été remplacés par un ordre utopique qui opprime les États-nations. Face à la crise actuelle, l’UE, aussi faible soit-elle, profite des circonstances pour imposer plus de centralisation et étendre ainsi son empire sur les nations.

    Yoram Hazony, Les Vertus du nationalisme (préface de Gilles-William Goldnadel), Jean-Cyrille Godefroy, 2020.

    [1]. Le Shalem Center, aujourd’hui le Shalem College, fondé en 1994.

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    Les Vertus du Nationalisme 24,00 €

    est directeur adjoint de la rédaction de Causeur.
     
  • « Nous contribuons activement à nous renier nous-mêmes », par Maxime Briand et Bernard Chapuis.

    Entretien avec Marie Limes. Les journaux surabondent en nouvelles surprenantes qui sont autant de dépêches issues d'un monde mystérieux : le nôtre, en train de muter à grande vitesse. Marie Limes les recueille, les aligne et nous laisse en tirer d'amères leçons sur notre chute.

    Réalisé par Maxime Briand et Bernard Chapuis, de l’ISSEP

    Votre environnement de ZEP (zone d’éducation prioritaire) a-t-il été l’élément déclencheur qui vous a décidé à rédiger Endoctrinement ?

    Le déclencheur aura plutôt été de voir l’« environnement de ZEP » dont vous parlez s’étendre à tout le pays.

    Comment expliquer le fait que les mêmes médias avertissent des atteintes de plus en plus nombreuses à la laïcité tout en faisant la promotion d’éléments religieux propres à l’islam, de plus en plus courants en France ?

    Les médias de gauche comme France Culture, France Inter, Le Monde ou Libération sont en effet continuellement tiraillés entre deux pôles constitutifs de leur identité politique. Le premier est très ancien, c’est le rejet de la religion, « opium du peuple », et c’est ce qui a donné la laïcité. Le second date des années 1980, c’est l’antiracisme. Or, et c’est toute la singularité de la situation que vous soulignez, la gauche ne parvient pas à distinguer l’islam (la religion) de l’étranger (l’individu). C’est-à-dire qu’elle ne sait pas distinguer chez le musulman ce qui relève de la foi (et donc de sa conception du monde – critiquable) de ce qui relève de son origine ethnique (incritiquable). Elle s’interdit donc, mêlant religion et ethnie, de critiquer l’islam par peur d’être accusée du crime moral suprême de notre siècle : le racisme. L’islam est donc protégé parce qu’il vient d’ailleurs, quand bien même la gauche ne cesse de prétendre que l’islam est désormais une religion de France et que la culture musulmane fait partie de notre patrimoine : beau paradoxe. Comme disait Gilles Deleuze : « Être de gauche, c’est d’abord penser le monde, puis son pays, puis ses proches, puis soi ; être de droite, c’est l’inverse ». Préférant l’autre à soi, la gauche ne cesse alors de faire l’éloge des cultures étrangères et des religions orientales (le bouddhisme bénéficie de la même bienveillance). Ainsi l’éloge de l’islam sera continuel sur les ondes de France Culture, ce qui ne sera jamais le cas du christianisme. C’est l’autre amusant paradoxe de la gauche : fonctionner comme un christianisme (l’accueil de l’autre dans une charité inconditionnelle, préférer l’autre plus que soi, aspirer à l’universalisme) tout en étant indifférent ou hostile à cette religion. Au fond, la gauche est une sorte de christianisme sans Jésus Christ. Or « il suffit de nier la divinité du Christ pour placer le christianisme à la source de toutes les erreurs modernes », disait Nicolás Gómez Dávila.

    Pourquoi la forme d’un tel livre, “simple” recueil d’images d’articles ? Pensez-vous qu’accumuler ces images d’articles soit le meilleur moyen de les dénoncer ?

    Il était essentiel de montrer l’effet d’accumulation, d’alerter sur le mécanisme d’endoctrinement. En outre, en tant qu’historienne, il m’apparaît nécessaire de documenter par le papier imprimé ce qui passe et disparaît de nos écrans si rapidement. Il faut laisser des documents qui permettront aux historiens du futur de comprendre l’entreprise de corruption des cerveaux qui fut à l’œuvre au début du XXIe siècle.

    Vous avez souvent fait le choix de l’ironie quand vous commentez certains articles… Doit-on prendre ces articles et ceux qui les écrivent comme une vaste plaisanterie ou, au contraire, doit-on sérieusement s’en préoccuper ?

    Considérer que ces publications sont uniquement risibles est un aveuglement tragique, quoique fréquent. Car ceux qui produisent cet endoctrinement quotidien ne plaisantent pas : ils combattent. Ils le font par conviction, par simple suivisme ou par opportunisme mercantile, peu importe. C’est un combat, et il est ici très inégal. Le rire, par l’humour ou l’ironie, est la seule arme qui nous reste.

    Ces médias, qui produisent des articles très sérieux sur des sujets souvent ridicules, comme « la sapine de Noël » à Bordeaux, sont-ils le reflet anodin d’une certaine société ou alors une sorte d’arme idéologique destinée à influencer les jeunes générations continuellement sur les réseaux sociaux ?

    On pourrait croire en effet que c’est un ridicule localisé, ponctuel, éphémère. Mais les pouvoirs publics empruntent le même chemin. Ils se soumettent tous désormais à cette même folie prétendument « progressiste », que ce soit dans l’action législative ou dans les recrutements, dans les nominations de postes à responsabilité. L’influence sur les jeunes générations n’est donc pas le seul danger. Les ravages de cette pensée « progressiste » ont lieu ici et maintenant, et ils sont bien réels.

    La forme la plus sotte du « progressisme » est la théorie du genre. Mais toutes ces bêtises sur la « non-binarité » disparaîtront bientôt et leurs adeptes en auront bientôt honte, comme les maoïstes des années 1960 peuvent – on l’espère – avoir honte aujourd’hui de leurs engagements passés, ou comme les chantres de la pédophilie des années 1970 s’en mordent les doigts aujourd’hui.

    Mais la forme la plus tragique, la plus terrible, du « progressisme » est celle qui a pu conforter, consolider, amplifier la mutation ethno-démographique des peuples européens. L’immigration de travail, puis le regroupement familial, puis la natalité des populations immigrées, puis le métissage ont changé entièrement et irréversiblement ce que nous fûmes depuis le paléolithique jusque dans les années 1960. L’unité et l’homogénéité ont fait place à la diversité et au multiculturalisme. L’endoctrinement idéologique que nous subissons encourage ce basculement ethnographique mais surtout empêche toute tentative d’en débattre et de le critiquer. Là encore, le tabou du racisme hérité de la Seconde Guerre mondiale et de sa terrifiante entreprise de « purification raciale » joue pleinement son rôle d’inhibiteur pour nous empêcher de penser le monde, notre monde, sous l’angle de la civilisation et de l’histoire, de l’ethnographie et de l’anthropologie. Nous sommes – socialement, moralement – obligés de nous réjouir de cette évolution humaine majeure de notre continent.

    « L’affaire » du concert du Nouvel An à Vienne où certains ont cru bon de se plaindre de l’absence de « diversité » au sein de l’orchestre est un bon exemple. Car si ces orchestres sont déjà excellents – ce que personne ne songe à contester – pourquoi vouloir faire entrer de force « des Noirs et des Arabes » ?

    Au fond, la question qui se pose ici comme ailleurs est : pourquoi faut-il que la civilisation européenne devienne multiculturelle ? Où est « l’enrichissement » ? L’Europe n’était-elle pas auparavant suffisamment riche, cultivée, raffinée, civilisée ?

    Qu’est-ce qu’apporte, par exemple, l’islam à l’Europe ? Cette religion nouvelle est la manifestation, par excellence, du multiculturalisme. Mais en quoi sa présence de plus en plus grande en Europe est-elle un bienfait ? « On s’enrichit de nos différences » répète en boucle le camp progressiste. Quel est l’enrichissement que nous apporte le Coran ? Qu’y gagne-t-on ? Je pose la question.

    La destruction que fait France Culture du passé français au profit d’une culture musulmane est-elle selon vous le mimétisme d’une mode contemporaine tournée vers le multiculturalisme ?

    « Multiculturalisme » est un joli mot pour parler de la disparition de la culture occidentale. En effet, cette dernière est aujourd’hui doublement menacée de l’intérieur et de l’extérieur. Culpabilisés par la gauche, les Français ont abandonné tout attachement à leur propre culture. Ils ne s’aiment plus eux-mêmes. Ils n’aiment même plus leurs prénoms, c’est dire le désamour ! Nommer son enfant, c’est lui donner une identité. Or, sauf quelques exceptions, les prénoms dont nous héritions disparaissent à toute vitesse.

    Les Français n’ont plus aucune fierté pour leur histoire pourtant prestigieuse, faite de conquêtes militaires glorieuses et de chefs-d’œuvre de l’art, de découvertes scientifiques fondamentales et d’avancées techniques incomparables. La France était naguère le pays le plus envié. Il était considéré (avec l’Italie !) comme le plus beau du monde par ses villes et ses paysages. C’était le pays de l’élégance et de l’art de vivre, de la mode et de la gastronomie. Nous étions une nation de science (de Louis Pasteur à Marie Curie) et de technologie (du Concorde au TGV), nos cathédrales défiaient les lois de la gravité, nous avions parmi les plus grands écrivains du monde et la peinture impressionniste faisait l’admiration de tous. Nous faisions rêver le monde.

    En quarante ans, nous avons détruit tout cela. D’abord par une absence totale de fierté et de reconnaissance pour ce dont nous héritions (patrimoine, mœurs, art de vivre), ensuite en faisant entrer des millions des gens qui n’avaient aucun intérêt pour ce que nous étions et qui ne désiraient nullement prolonger et contribuer à cette histoire prestigieuse. Bien sûr, et fort heureusement, il y eut de brillantes exceptions, des gens talentueux venus d’ailleurs et qui ont contribué à la gloire de la France de Sacha Guitry à Milan Kundera, mais ces diamants sont récupérés sans scrupule par la gauche pour construire le mythe d’une immigration enrichissante, confondant sans vergogne l’individu et la masse, le génie et la foule, l’être touché par la grâce et les mouvements de population.

    En parcourant votre livre, on retrouve une forte récurrence dans les articles sur le sujet du néo-féminisme et de la dénonciation du modèle « patriarcal »… Comment analyser cette récurrence ?

    Le patriarcat est en effet par essence l’ennemi du progressisme. Il est ce qui ordonne. Il est la hiérarchie. Il est l’agent de la civilisation et de la construction de nos normes sociales. Or la gauche moderne – ayant abandonné depuis longtemps la cause du peuple – ne cherche qu’une chose : déconstruire. Autrement dit, tuer le père.

    L’ouverture des frontières ou l’institution du mariage homosexuel ne sont pas des grandes causes populaires. Le peuple de France ne s’est jamais soulevé pour réclamer l’écriture inclusive. Mais les intellectuels de gauche en ont décidé autrement. Il fallait déconstruire. Et ce qui avait été longuement et patiemment construit, siècle après siècle, fut martelé, brisé, souillé. La haine du patriarcat est au centre de tout ce que nous vivons actuellement. Nous basculons dans un monde nouveau, sans père et sans repère.

    La plateforme France Culture appartenant au groupe Radio France a bénéficié de 582 millions d’euros en 2019 de subventions, tirées de la poche du contribuable. Pensez-vous qu’une réforme des services publics serait la première pierre de l’édifice pour stopper cette autoflagellation ?

    Évidemment. La première des réformes serait une atténuation de leur militantisme idéologique, tenter d’imposer une certaine pudeur dans l’énoncé de leur convictions politiques. La seconde serait d’introduire un peu de diversité, non pas raciale mais idéologique. Qu’on cesse de prétendre que, parce qu’Alain Finkielkraut bénéficie d’une heure par semaine sur France Culture, les ondes de Radio France offrent un pluralisme d’opinion !

    Avez-vous prévu de réaliser un second ouvrage sur une thématique différente que l’endoctrinement via les médias ?

    J’en avais l’idée et puis j’ai abandonné. D’abord parce que d’excellents ouvrages existent déjà. Des personnalités brillantes prennent la parole, défendent des idées qui sont les miennes, prennent part au débat. Je ne vois pas bien ce que je pourrais ajouter, hormis justement ce livre qui est, à ma connaissance, une tentative unique et singulière. J’aimerais cependant en réaliser une version anglo-saxonne car de l’autre côté des mers, la folie y est encore plus forte.

    Mais les maigres barrages que l’on peut opposer ne sont rien face à la vague du progressisme qui advient. Vous voyez les vidéos des raz-de-marée au Japon de 2011 ou en Indonésie en 2004 ? Que voulez-vous y opposer ? Et non seulement nous subissons la pression démographique d’autres peuples venant du sud et d’une autre religion venant d’Arabie, mais en plus nous contribuons activement à nous renier nous-mêmes. La menace est à la fois externe et interne ; c’est à la fois une agression et un suicide. Nous préférons les nems au cassoulet. Que pèse Debussy face au rap ? Qui baptise encore son enfant « François » ? Qui « baptise » encore tout court d’ailleurs ? Deux mille ans d’une brillante civilisation patiemment construite se sont effacés en à peine quarante ans sous les applaudissements d’une gauche progressiste totalement aveugle sur les conséquences de ce qu’elle fait.

     

    Marie Limes, Endoctrinement, Ring, 2020, 242 p., 19,55 €

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/