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  • Le blasphème catholique, par Manuel Cardoso-Canelas.

    De quoi le blasphème est-il exactement le nom ? Quelle relation avec Dieu altère-t-il ? C'est une atteinte à sa bonté. Est-il vraiment pertinent d'utiliser ce mot pour désigner l'extension sans limites de la liberté d'expression ?

    Il est pour le moins surprenant qu’une société revendiquant son athéisme ou son laïcisme en vient, régulièrement, à revendiquer un « droit au blasphème ». En effet, la notion de blasphème, comme peu d’autres, appartient en propre au domaine religieux et est étrange en dehors de ce domaine.

    3.jpgDe prime abord, donc, un système laïc ou athée qui agite le « droit au blasphème » apparaît comme schizophrène : un fois évacuée la religion, celle-ci revient sous forme de « droit au blasphème ». Énoncée ainsi, la chose apparaît non seulement comme une chimère notionnelle mais comme une monstruosité théologique : un blasphème se superposant au blasphème.

    Puisque le blasphème appartient en propre à la sphère religieuse, qu’il y naît, y apparaît et y sévit, il est bon de se demander ce qu’est, après tout, le blasphème. Aussi, après avoir fait un détour par les Évangiles, nous nous intéresserons à ce qu’en dit saint Thomas et le catéchisme de l’Église catholique. Mieux renseignés, nous ferons un détour rapide par l’islam – puisque c’est à son sujet que le « droit au blasphème » est invoqué dans l’opinion (la République ne s’est jamais donné la peine de définir les insultes à l’encontre de l’Église catholique). Enfin, en conclusion, nous reviendrons sur cette notion hybride de « droit au blasphème » du strict point de vue religieux.

    Remarquons donc pour commencer que Jésus est à plusieurs reprises accusé de blasphème dans les Évangiles. Souvent lorsqu’il pardonne les péchés des uns ou des autres, comme en Marc 2,7 ou Luc 5,2. Le pardon des péchés est une prérogative divine : revendiquant le droit de pardonner les péchés, Jésus se fait au moins l’égal de Dieu ce qui, pour les Juifs, est un blasphème !

    C’est d’ailleurs cette prétention théologique qui conduira Jésus devant le Sanhédrin et à la croix. Un dernière fois, lors de son procès, après avoir à nouveau déclaré son extrême proximité avec Dieu, il est accusé de blasphème (Matthieu 26,65) par le Grand-Prêtre qui entend parfaitement ce qui est dit. Aux yeux des religieux juifs de l’époque, c’est le motif principal de la condamnation. Jésus meurt donc pour blasphème, pour s’être fait l’égal de Dieu ; c’est cette perception religieuse et théologique juive qui l’envoie à la croix.

    La perception catholique du blasphème se fait selon deux lignes complémentaires mais nettement distinctes. D’abord celle enseignée par saint Thomas d’Aquin, pour qui le blasphème est contraire à la foi, et puis celle retenue par le Catéchisme de l’Église catholique (CEC), pour qui il est plutôt contraire à la vertu de religion.

    C’est dans la partie morale de la Somme Théologique (IIa, IIae) que cette question est directement abordée. Après avoir traité de la vertu théologale de foi (sa nature et les dons du Saint-Esprit qui lui correspondent), notre saint traite des vices opposés à cette même vertu. Les vices opposés à la foi appartiennent tous au genre de l’infidélité et c’est pourquoi Thomas commence par distinguer deux types d’infidélité, celle qu’il appelle de « pure négation » : c’est le cas de celui qui n’a pas la foi ; et celle qui est une « opposition », c’est le cas lorsqu’on refuse de prêter l’oreille à cette foi. C’est de cette dernière façon qu’elle est proprement l’infidélité à la foi et un péché grave. Les vices qui déclinent cette infidélité sont l’hérésie, l’apostasie, le blasphème, l’aveuglement de l’esprit et l’hébétude du sens. Évidemment, il est souvent difficile de déterminer si nous avons affaire dans nos sociétés à l’un ou l’autre cas, voire aux deux simultanément.

    Un péché contre la foi et la religion

    Le blasphème est traité en deux temps : d’une façon générale d’abord et ensuite avec un point particulier sur le blasphème contre le Saint-Esprit.

    Pour Thomas, « celui qui nie de Dieu quelque chose qui lui convient, ou bien affirme de lui quelque chose qui ne lui convient pas, porte atteinte à la bonté divine ». Le blasphème chez Thomas peut rester secret, intérieur, c’est le blasphème du cœur, ou être proféré en paroles, c’est celui de la bouche. En outre, cette atteinte à la bonté divine qu’est le blasphème, qu’il soit de cœur ou de bouche, peut être une « opinion de l’intelligence » ou/et « une détestation du sentiment », autrement dit il peut être intellectuel ou affectif. Le blasphème portant atteinte à la bonté de Dieu et, ce faisant, à la charité, est, en son genre, un péché mortel. Ce péché d’infidélité est aggravé lorsque s’y ajoute une détestation de la volonté et plus encore s’il éclate en paroles, puisque la foi proclamée est, elle, plus digne d’éloges que la foi muette. Le blasphème, aggravant l’infidélité, exact revers de la foi, est le plus grand péché.

    En ce qui concerne le blasphème contre le Saint-Esprit. Il y a trois sortes de péchés contre le Saint-Esprit : le blasphème contre la personne du Saint-Esprit, l’impénitence finale (la rémission des péchés étant l’œuvre de l’Esprit-Saint) et enfin le choix du mal par malice caractérisée. Selon cette dernière façon, on rejette la bonté divine qui est une caractéristique propre de la troisième personne de la Trinité. L’impénitence finale est irrémissible et la malice caractérisée, quant à elle, risque bien de compromettre la rémission, cependant « cela ne ferme pas la voie du pardon et de la guérison devant la toute-puissance et la miséricorde de Dieu, et il arrive grâce à elles que le tels pécheurs sont spirituellement guéris comme par miracle ».

    En conclusion, le blasphème, atteinte grave à la bonté de Dieu – et plus particulièrement au Saint-Esprit – est un péché contraire à la vertu théologale de foi. Rappelons que les vertus théologales communiquent la vie de Dieu et nous font toucher – à l’aveugle, certes – Dieu lui-même. Ce péché peut être intérieur ou rendu public : dans ce cas il est plus grave et davantage encore s’il est caractérisé par une détestation de la volonté. Enfin, le blasphème par excellence, si l’on peut dire, est l’impénitence finale, autrement dit le refus obstiné du pardon auquel la malice caractérisée peut conduire. L’un et l’autre sont des blasphèmes contre le Saint-Esprit.

    La note sur la malice laisse tout de même une ouverture de champ, puisque le choix du mal pour le mal, s’il a lieu, se fait de façon graduée et en plusieurs matières. Par exemple, vouloir le mal de l’autre par malice peut être considéré comme une déclinaison du blasphème.

    Pour le Catéchisme de l’Église catholique, « le blasphème s’oppose directement au deuxième commandement ». On voit donc que l’on n’aborde pas le problème de la même façon que saint Thomas. Si pour Thomas on reste, par inversion, dans la dynamique des vertus, dont celle, théologale, de foi, pour le CEC, on se réfère au respect du Nom de Dieu : le blasphème consiste à proférer – intérieurement ou extérieurement – des paroles de haine, de reproche ou de défi contre Dieu, ou à lui manquer de respect. Cela s’étend à l’Église, aux saints et plus généralement aux choses saintes. Le catéchisme ajoute « est encore blasphématoire de recourir au nom de Dieu pour couvrir des pratiques criminelles, réduire des peuples en servitude, torturer ou mettre à mort. » Ce dernier point rejoint quelque peu la malice que nous avons rencontré chez saint Thomas, compliquée ici par un recours « malicieux » et blasphématoire au Nom du Dieu qui est bon. Enfin, pour le CEC, le blasphème contre le Saint-Esprit est le refus du pardon final donné par l’Esprit Saint.

    Pour résumer l’approche catholique du blasphème : il s’agit d’un péché grave contre la foi et la vertu de religion. En portant atteinte à la bonté de Dieu ou au respect qu’on lui doit par des paroles ou d’autres actes mauvais, on pèche gravement. Le summum du blasphème, et donc péché irrémissible, est le refus obstiné du pardon accordé par le Saint-Esprit au terme de l’existence terrestre.

    Un péché contre la charité

    L’approche musulmane ne s’encombre pas de tant de nuances. Tout d’abord, le blasphème n’existe pas comme tel (Jacqueline Chabbi va jusqu’à dire, de façon un peu rapide, que le Coran l’ignore) : on connaît l’insulte (33,58-59) à Dieu ou au prophète, le manque de respect ou la diffamation de la religion (2,218), toutes choses qui, pour un chrétien, ressortiraient de la vertu de religion. L’islam ajoute l’apostasie et l’idolâtrie (3,91) qui, pour le christianisme, sont techniquement autre chose que du blasphème. En reniant sa religion, on considère que le musulman la déclare mauvaise et donc la diffame ; en associant à Dieu autre chose, on insulte l’absolue transcendance divine, on comprend dès lors pourquoi apostasie et idolâtrie (association) sont des variantes de ce que nous appellerions blasphème, et qui se rapprocherait du péché d’infidélité vu chez saint Thomas. De plus, il n’est pas inutile de préciser que pour ces deux dernières choses, c’est du point de vue du fidèle musulman que l’on se place, alors que l’insulte à Dieu, au prophète et le non-respect de l’islam s’adresse à tous, fidèles ou infidèles.

    L’apostasie étant la quintessence de l’atteinte aux choses saintes, il y a, en islam, une tendance à tout ramener à ce « vice », pour parler comme l’Aquinate. Et ce, même si le « crime » – par exemple, des caricatures du prophète – est commis par des « infidèles ». En caricaturant, Charlie hebdo n’apostasie pas mais manifeste une expression intolérante, irrespectueuse voire de la haine envers les musulmans (c’est du moins ainsi que l’Organisation de la coopération islamique le perçoit) et envers le prophète, et se place donc dans la même situation, aux yeux des plus radicaux, que le musulman qui apostasierait : dénigrer le prophète revient à dire qu’il est inutile et que la foi musulmane est fausse ou mauvaise. Cette approche musulmane, faite essentiellement du point de vue de ce que nous appelons la vertu de religion, rend la législation plus facile dans un système théocratique, ce qu’est par essence l’islam.

    Même si l’approche du CEC est, elle aussi, essentiellement faite selon la même vertu de religion, il n’empêche que le blasphème, plus profondément, est avant tout un vice contre la foi, ce qui le fait échapper, pour une part, à toute tentative de législation, que ce soit pour l’autoriser ou le proscrire ; comme, de plus, il peut y avoir un blasphème intérieur, on voit mal comment une législation plongerait jusqu’au cœur de l’homme (quoique…).

    En réalité, ce que l’opinion courante, libertaire, et la République laïque entendent par « droit au blasphème » est une extension sans limites de la liberté d’expression aux choses religieuses quand bien même celles-ci seraient tenues pour sacrées par certains. Nos sociétés, logiquement, en définitive, ne voient pas pourquoi les choses sacrées devraient bénéficier de respect. Ce respect n’est évidemment pas une émanation de la vertu de foi ou de la vertu de religion mais une simple règle du fameux « vivre ensemble », et l’un des vecteurs d’édification du bien commun.

    Plus encore, la seule chose qui puisse faire s’émouvoir sont les appels à la haine, haine dont le blasphème seraient a priori exempt. Pourtant, il y a bien souvent dans ces « blasphèmes », que ce soit par paroles ou autres formes d’expression, beaucoup de haine tacite ou explicite. Si donc les blasphémateurs modernes ne pèchent pas contre la foi, qu’ils n’ont pas, s’ils pèchent peut-être contre la vertu de religion sous la modalité de l’insulte publique, ils pèchent certainement contre la charité, de notre point de vue, et mettent à mal leur sacro-sainte « philanthropie ».

    Je disais qu’ils ne blasphémaient pas vraiment puisque le blasphème suppose la foi ; cela dit, seul Dieu sonde les « cœurs et les reins » et Lui seul sait si le cœur humain blasphème ou non à la mesure de la connaissance que ce dernier a de son Créateur. D’un point de vue chrétien, une offense faite à Dieu par un infidèle, au sens de celui qui n’a pas la foi, est toujours une offense faite à Dieu, et cela résonne toujours à nos oreilles comme un blasphème. Nous avons à prier et à compenser, en charité et foi, les insultes de ceux « qui n’adorent pas, ne croient pas, qui n’espèrent pas et qui n’aiment pas », et supplier qu’à l’heure ultime, ils s’ouvrent au Saint-Esprit Consolateur.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Droite, gauche : la grande confusion, par Pierre de Lauzun.

    La droite peine, la gauche s'éparpille, le paysage politique est en fusion. Le système bi-partisan profite de lois électorales mais exaspère les divisions, on a le sentiment d'un système sur le point de se désagréger. Que choisir ?

    4.jpgJ’ai évoqué dans un précédent article l’information selon laquelle il y aurait une droitisation de l’opinion, ce qui laisse entendre qu’on aurait une idée claire de ce qu’est la droite. Or sur la base de la traditionnelle division tripartite de la droite dans ce qu’on appellera pour simplifier les conservateurs, les libéraux et les populistes, un examen plus détaillé montre que seuls ces derniers ont vu leur rôle et influence s’accroître, du moins pendant un temps, sur la base d’ailleurs d’un corps d’idées passablement flou.

    Mais, pour compléter l’analyse, il faut voir ce qui se passe à gauche. On sait que la gauche est intellectuellement hégémonique : elle domine la production intellectuelle et l’expression publique des idées et informations de façon croissante avec le temps. Dominer ne veut pas dire qu’elle est supérieure, encore moins qu’elle a raison ; mais elle contrôle la production et la dissémination des idées. Sur la scène politique, cela s’est traduit non pas par la domination de ce qu’à un moment donné, on appelle politiquement la gauche, ou pas automatiquement, mais par le glissement de l’arc politique : l’axe droite/gauche garde son rôle prépondérant dans la définition de la polarité politique, mais les idées de gauche anciennes dépassées par de nouvelles idées de gauche glissent sur la droite de l’arc politique. Après tout, même les bonapartistes (ancêtres des populistes) et les orléanistes (libéraux) viennent en partie appréciable de la gauche, ou en tirent une partie de leurs idées ; ils ne sont pas compréhensibles sans le rappel de cette origine – le glissement ayant été suivi d’une mutation, avec hybridation et fixation sur la droite. Et inversement, les seuls à toujours avoir été classés à droite, les anciens légitimistes, ou encore les héritiers de la pensée classique, sont refoulés plus sur la droite, et s’hybrident dans ce qu’on appelle les conservateurs.

    Les dilemmes croissants de la gauche

    Et à gauche ? Face à la division tripartite de la droite, on constate un phénomène différent, car la gauche, elle, est entièrement un lieu d’origine. On pouvait jusqu’à récemment y discerner trois grands courants, quoique de poids très différents. Il y a d’abord un courant libéral de gauche/républicain/radical, tourné vers la mise en place de la démocratie libérale comme régime politique, attaché à l’émancipation, très hostile à la religion, avec des nuances internes entre libéraux et républicains. Dominant sous la IIIe République, il a beaucoup perdu de sa pertinence politique et tend à se faire refouler à son tour sur la droite (où il contribue au syncrétisme : ce fut le cas du parti radical intégré dans l’UDF). Mais il reste important sur le plan des idées, en tant que tradition libérale de gauche, émancipatrice ; on le voit actuellement en matière de mœurs.

    Un deuxième courant est le socialisme au sens large, de plus en plus prépondérant depuis le siècle dernier, avec trois variantes nettement différenciées, sociale-démocrate, communiste et gauchiste. Mais comme on sait, il est à son tour touché par l’obsolescence. On peut même parler d’un effondrement historique du socialisme, successivement sous ses deux formes pertinentes au niveau gouvernemental : la communiste, évidemment, et plus récemment la sociale-démocrate, pour des raisons combinées : épuisement du ressort budgétaire, réduction de la classe ouvrière, et adhésion à la mondialisation, liée au refus du patriotisme ; or la nation est désormais la seule base de protection des travailleurs locaux. Le gauchisme subsiste mais reste périphérique.

    Un troisième courant est l’anarchisme, généralement négligeable politiquement mais distinct des précédents, sauf hybridation éventuelle avec le gauchisme.

    S’y ajoute bien sûr l’émergence plus récente d’un nouveau courant, l’écologisme. Mais à regarder de près, son positionnement à gauche ne devrait pas aller de soi, sur la base de ce seul souci écologique. Certes cela remet en question l’économie dominante, et donc conduit à prendre un positionnement contestataire, ce qui s’apparente à la gauche. Mais surtout il y a eu dans l’écologisme politique une greffe massive d’idées de gauche nullement liées en soi à l’écologie, et notamment libérales/libertaires (questions de mœurs). Cela dit, au total, dans aucun pays le courant écologique ne paraît en passe de jouer le rôle politico-idéologique central que jouait à gauche le socialisme. Il reste donc une tendance globale à l’affaiblissement relatif de la gauche politique.

    La situation se complique encore de façon déterminante par l’émergence d’une autre problématique, qui touche cette fois à la composition de la population elle-même. Problématique qui est double : celle des migrants, et celle de la critique woke/intersectionnelle. La problématique des migrants n’est pas facile pour les courants de gauche établis, et notamment les socialistes. Le migrant a une origine, des vues et des intérêts qui divergent sensiblement de ceux des milieux populaires traditionnels, notamment ouvriers. Mais le réflexe dominant de la gauche politique, son mode de pensée spontané, émancipateur et cherchant sa base dans ce qu’il pense être les victimes, le conduit à voir les migrants comme on voyait le prolétariat. Outre que cela accroît le divorce entre la gauche et sa base populaire d’origine, cela ne lui donne pas une base de rechange, car cela se fait en bonne partie sans les migrants eux-mêmes (même s’ils votent à gauche quand ils votent) ; et il n’y a rien ici d’équivalent à ce qu’étaient les syndicats. En outre la fascination des émancipateurs pour les évolutions sociétales est diamétralement contradictoire avec les préférences spontanées des migrants, musulmans notamment. Une nouvelle synthèse est rendue dès lors difficile et la problématique des migrations accélère l’évolution des socialismes et leur désagrégation.

    S’y ajoute, plus récemment en France, la problématique de l’intersectionnalité et de l’idéologie woke. Elle aussi séduit la gauche car elle se présente comme une nouvelle vague d’émancipation, combinant les préoccupations sur les mœurs et le souci des “minorités” raciales, ethnique, sexuelles ou autres. Mais de ce fait non seulement la gauche abandonne le terrain de l’universalisme, qu’elle revendiquait, mais surtout elle s’enferme dans des revendications contradictoires, ainsi entre le féminisme et la fascination étrange que l’islam, perçu comme religion des dominés, exerce sur elle.

    Il résulte de toute ceci une très grande confusion à gauche au niveau politique, même si son hégémonie idéologique reste intacte, voire est plus ambitieuse dans sa radicalité et son intolérance.

    Conséquences pour la scène politique

    On comprend dans un tel contexte les velléités de remise en cause du clivage droite-gauche ; mais il subsiste comme facteur majeur de polarisation de la vie politique. D’autant qu’il recouvre et exprime les nouvelles polarités, ainsi sur les questions de mœurs et de société, sur l’immigration et les thèmes « woke ». En revanche on a vu de plus en plus en plus et logiquement le glissement du vote populaire à droite, essentiellement au profit du populisme, au moins pendant un temps. Les dernières élections ne remettent pas en cause cette constatation : outre que la faible participation rend leur pertinence contestable, elles marquent surtout la stabilité de la politique locale et en aucun cas un renouveau des idées dites de droite. D’ailleurs la persistance de l’hégémonie des idées de gauche ne permet pas une affirmation d’idées plus véritablement de droite dans l’opinion. Le glissement s’est donc fait donc sans contenu nouveau, en tout cas sans élaboration de la pensée.

    De leur côté, les immigrés et leurs descendants ne jouent pas encore comme tels de rôle majeur. S’ils votent à gauche, de façon prévisible vu l’état de l’arc politique, leur identification réelle aux traditions de gauche n’est en rien acquise, notamment en contexte musulman. On sait que Houellebecq a imaginé une situation où ils prendraient position sur la droite, dans un cadre politique qui leur serait propre. C’est concevable intellectuellement, mais loin de la réalité actuelle. En dominante ils restent donc des supplétifs passifs de la gauche. Et si on peut penser qu’à terme ils devraient avoir leurs propres partis, ce serait sans doute au début plutôt à gauche, accroissant par-là la confusion de ce côté.

    En résumé donc, si la scène idéologique, médiatique ou éducative reste dominée par la gauche, cela ne donne pas à celle-ci les moyens de se reconstituer une base politique solide, tout au contraire. Mais à droite la situation n’est pas meilleure : elle reste intellectuellement divisée, dominée, et le courant qui montait, populiste, est le plus faible sur ce plan.

    Devant une telle situation, la scène politique est nécessairement confuse. Aucune formule ne permet de reconstituer un bloc dominant analogue à ce qu’ont établi, en leur temps, les radicaux ou les gaullistes en France, ou les sociaux-démocrates scandinaves. Ou la tranquille alternance conservateurs/sociaux-démocrates des Allemands ou des Britanniques. Mais, inversement, cela permet des combinatoires multiples, dont le point commun est la précarité relative de chaque formule. Ainsi le macronisme au profit du centre : exploitant à fond la faiblesse des gauches et droites historiques, et jouant sur l’anathémisation du populisme, il agrège libéraux de gauche et libéraux de droite avec des fragments d’autres courants pour obtenir une majorité relative, le tout saupoudré d’européisme, ce qui permet un temps de garder le pouvoir par défaut – avec l’aide des mécanismes électoraux.

    À partir de faits analogues, la combinatoire peut être différente dans d’autres pays. Le maintien du cadre formel bipartisan permet, en pays anglosaxon, que subsiste une alternance, même si de façon sous-jacente les deux camps sont désormais très hétérogènes,
    notamment aux États-Unis où, paradoxalement, cette hétérogénéité se combine avec une radicalisation et une polarisation bien plus grandes qu’autrefois. Le schéma Biden a quelques affinités avec le macronisme (la comparaison avec Roosevelt est très exagérée), même si la mécanique bipartisane le déporte quelque peu sur la gauche. Inversement, au Royaume-Uni Boris Johnson a réuni les droites sur un thème national (Brexit) avec des emprunts à gauche (questions de mœurs). Dans les deux cas, rien ne garantit que cela dure. Sans parler de l’Italie, où les technocrates ont provisoirement repris la main sur un arrière-plan politique et idéologique particulièrement confus et instable. Instabilité qu’on retrouve de façon atténuée en Espagne, et même en Allemagne.

    Une vraie clarification peut donc demander du temps, en attendant que des dominantes émergent. Dans une large mesure, la question n’est pas uniquement de savoir si la gauche, le centre ou la droite politiques l’emporte, mais laquelle. Dans l’état actuel des choses, les partisans d’une option claire ne peuvent être que déçus. Je plaide comme on sait, pour la pensée politique classique et conservatrice (ainsi dans mon dernier livre Le grand retournement). Mais le vent ne lui est apparemment pas favorable. Dans l’intervalle, il s’agit alors de faire au mieux, malgré le contexte. Ce sera une affaire de conjoncture, et de personnes ; c’est important car c’est l’affaire de tous, mais cela ne sera sans doute que des palliatifs. Sur le fond, il faut en revanche recourir à la vieille sagesse chinoise : dans les temps défavorables, il s’agit de survivre et de préserver ce qui importe, et donc de transmettre l’essentiel. Sans s’affoler : la roue de l’histoire tourne.

    Illustration : On se perd en conjectures sur le nouveau culte gauchiste francilien, qui témoigne d’une certaine confusion des esprits.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Pierre Vesperini : “Il faut non seulement défendre le grec et le latin, mais les rétablir partout où ils ont disparu”, p

    Temple de Sélinonte (Italie). © Simon Maage/Unsplash

    La très réputée université de Princeton, aux États-Unis, a décidé de supprimer le caractère obligatoire de l’étude du latin ou du grec pour suivre le cursus du département d’études classiques, consacré à la recherche sur la Rome et la Grèce antiques. L’enjeu : améliorer « l’inclusivité » de ces disciplines élitistes. La décision a suscité des débats houleux : peut-on connaître l’Antiquité sans en parler la langue ?

    8.jpgPour le spécialiste de la Rome antique Pierre Vesperini, il faut prendre au sérieux les discriminations profondes qui abîment les études classiques aux États-Unis tout en restant, bien entendu, attaché à l’étude des langues antiques. Entretien.

    La décision de Princeton s’inscrit dans un contexte américain. Quelles précautions doit-on prendre pour l’interpréter depuis la France ?

    Pierre Vesperini : Avec les États-Unis, nous avons affaire à un pays divisé par ce qu’on appelle là-bas la « color line ». On ne se rend pas suffisamment compte, en France, de l’importance de cette division. Comme, malheureusement, le racisme est un phénomène qui nous est familier, on croit souvent qu’il en va à peu près de même là-bas. Mais nous parlons d’un pays où la violence raciale est incomparable avec la nôtre : depuis la mort de George Floyd, seize Américains de couleur ont été tués par la police. Nous parlons d’un pays où les anciens États esclavagistes peuvent faire passer les lois électorales les plus inhumaines pour empêcher les pauvres de voter (interdisant par exemple d’offrir de la nourriture ou de l’eau aux électeurs qui font la queue devant les bureaux de vote), ou encore envoyer un Noir faire vingt ans de prison pour avoir volé deux chemises. Cette division « raciale » se retrouve bien sûr dans l’éducation. Les enfants noirs ne sont pas traités de la même façon que les enfants blancs par des enseignants généralement eux-même blancs, et risquent beaucoup plus facilement d’être notés sévèrement, punis et exclus du système scolaire. Il faut lire à ce propos le témoignage éloquent publié récemment dans le Washington Post par une « well-meaning white teacher » [« une enseignante blanche bien intentionnée »] éprouvant, sur le tard, des remords. Mais cela peut aller bien plus loin que des mauvaises notes, des punitions et des exclusions. Dans le Michigan, l’an dernier, en pleine pandémie, une juge a envoyé en prison une jeune fille noire de 15 ans pour ne pas avoir fait ses devoirs à la maison… À l’université, la division raciale est décuplée tout simplement par l’argent. Le coût de la scolarité est énorme, et le plus souvent inaccessible. Dans Our Revolution (2017, p. 174), Bernie Sanders raconte comment, à la suite d’un discours de campagne où il mentionnait le cas d’un diplômé de médecine endetté à hauteur de 300 000 dollars, une autre jeune diplômée s’était présentée à lui : sa dette à elle s’élevait à… 400 000 dollars. Cette fracture matérielle, financière, est souvent peu mise en avant dans les débats autour des Classics [les études de lettres classiques aux États-Unis], mais elle est aussi importante, sinon plus, que la fracture mentale, donc évidemment sociale, de la division raciale.

     

    “Comme souvent, les conséquences de la bêtise sont plus graves que celles de la malveillance”

    Pierre Vesperini

     

    Quelle position ont eu les Classics vis-à-vis de cette division « raciale » ?

    Dans ce dispositif de division raciale, il est malheureusement vrai que les départements de Classics ont joué un certain rôle. Cela ne dit évidemment rien des études classiques en elles-mêmes. Mais cela dit quelque chose de la façon dont elles ont fonctionné aux États-Unis. Il faudrait évidemment étudier la chose de près, mais je ne crois pas me tromper en affirmant qu’il n’y a pas eu aux États-Unis une tradition de classicistes engagés à gauche. Le seul exemple qui me vient est celui de Moses Finley, qui était plutôt un historien qu’un classiciste. Je ne vois pas là-bas l’équivalent de ce que nous avons connu et connaissons en France, avec des érudits tels que Jean-Pierre Vernant, Pierre Vidal-Naquet, Nicole Loraux, Marcel Detienne, Claude Calame, ou en Italie avec des experts tels que Luciano Canfora, Maurizio Bettini, Aldo Schiavone, ou encore en Angleterre avec Mary Beard, qui intervenaient et interviennent régulièrement dans les journaux. On a donc affaire généralement à des enseignants qui, tout en votant le plus souvent pour les démocrates, et en ne se considérant certainement pas comme racistes, favorisent, par leur inertie politique même, la conservation d’un système social injuste. Parfois, cela peut même aller plus loin. Il y a vingt ans, alors que j’étais à l’École normale supérieure, j’ai passé un an dans une université américaine et enseigné un semestre au département de Classics. Je m’y suis lié d’amitié avec une étudiante noire, Whitney Snead [lire son témoignage ici, que nous publions], dont la mère était arbitre de basket-ball. Elle s’était découvert une passion pour le grec et le latin en lisant, au collège, la scène de la tempête dans l’Énéide. J’avais été scandalisé par les brimades et les vexations qu’elle subissait dans ce département, de la part de certains enseignants qui, visiblement, trouvaient qu’une jeune Noire n’avait pas sa place chez eux. Ils n’étaient tout simplement pas à l’aise avec elle. Je suis sûr qu’ils ne se seraient jamais considérés comme racistes. Mais ils trouvaient, en toute bonne conscience, qu’elle « serait mieux » ailleurs, plus « à sa place ». J’ai repris contact avec elle récemment. Elle a décidé de quitter les Classics, où elle a le sentiment qu’elle n’a pas sa place. 

     

    “À l’université américaine, la division raciale est décuplée tout simplement par l’argent”

    Pierre Vesperini

     

    Le principal argument avancé par Princeton est qu’en supprimant le caractère obligatoire du latin ou du grec, cela rendrait les études classiques plus « inclusives » et diversifiées. Que pensez-vous de ce raisonnement ?

    Cette mesure est un magnifique exemple de raisonnement absurde, puisque son résultat renforcera le phénomène qu’il prétend défaire. En effet, qu’arrivera-t-il ? Princeton créera, de fait, une hiérarchie entre les classicists qui sauront le latin et le grec, qui seront la plupart d’entre eux des « héritiers » et des Blancs, et les classicists qui ignoreront ces langues, sans aucun doute les « non-white ». Cette hiérarchie sera intellectuelle et scientifique – les premiers, par leur connaissance des langues, domineront les seconds –, et de surcroît sociale : les premiers pourront s’orienter vers des carrières d’enseignants et de chercheurs, les autres non… à moins qu’ils deviennent des enseignants-chercheurs tout de même, mais qui, comme tels, seront forcément situés en dessous des autres dans la hiérarchie scientifique. Mais l’absurdité grotesque de ce raisonnement ne s’arrête pas là. Comme souvent, les conséquences de la bêtise sont plus graves que celles de la malveillance. Car en abolissant l’obligation d’apprendre le latin et le grec, Princeton apporte de l’eau au moulin de ceux qui pensent que les départements de Classics sont dispensables. Car l’apprentissage du latin et du grec était la seule chose qui les distinguait de l’histoire ancienne ou de l’étude de la littérature. Désormais, donc, les universités pourront se fonder sur la mesure prise par Princeton pour fermer leurs départements de Classics et fusionner leurs enseignants avec ceux d’histoire, d’archéologie, de langues ou des Humanities. Le département de Classics de Princeton s’en sortira, parce qu’il est riche. Mais les autres subiront les conséquences de son inconséquence. L’absurdité de cette décision n’a évidemment pas manqué d’être relevée par plusieurs universitaires, dont John McWhorter, dans un excellent article paru dans l’Atlantic (en anglais). Ce qui a conduit Princeton à émettre une déclaration assez piteuse, qui ressemble presque à une rétractation.

     

    “Cette mesure tout à fait absurde renforcera le phénomène qu’elle prétend défaire : elle créera une hiérarchie entre classicistes qui sauront le latin et le grec, et les autres, forcément situés en dessous dans la hiérarchie scientifique”

    Pierre Vesperini

     

    Sur le plan presque épistémologique, ou à tout le moins pédagogique, est-il possible d’étudier, comme le formule le site de Princeton, « the history, language, literature, and thought of ancient Greece and Rome »... sans en apprendre les idiomes ? Que peut-on connaître de la Grèce ou de Rome sans connaître leur langue ?

    On peut en connaître, très exactement, ce qu’en connaissaient les gens du Moyen Âge. Comme vous le savez, et contrairement au cliché bien connu sur le Moyen Âge comme « temps obscurs », les médiévaux étaient fascinés par l’Antiquité. Mais ils ignoraient la plupart du temps le grec, et, s’ils savaient le latin, ils n’avaient aucune conscience historico-philologique. Je veux dire que les clercs ne savaient pas faire de différence entre le latin qu’ils utilisaient et celui des Anciens, et qu’ils étaient encore moins capables de distinguer (ou intéressés par la distinction entre) leur monde et celui des Anciens. La seule différence qu’ils percevaient, c’était que les Anciens n’avaient pas, comme eux, part au Salut : rappelez-vous le magnifique passage de l’Enfer (chant IV) où l’on voit les auteurs païens, dont Virgile, que Dante admire dans la terrible solitude du « noble château » où il les assigne. Borges a écrit de très belles pages là-dessus dans ses Neuf Essais sur Dante. Donc, le résultat est une Antiquité conçue comme relevant du Même, au lieu de relever de l’Autre. Sur cette Antiquité relevant du Même, on peut alors projeter tous ses fantasmes, tous ses problèmes… ou tous ses lieux communs : pensez à l’affligeante pauvreté des considérations sur la façon dont la philosophie antique pouvait nous aider pendant le confinement (« les philosophes antiques nous auraient dit de regarder le ciel », etc.). Et tout cela est assez innocent, cela peut même ouvrir une carrière à l’imagination et à la créativité (les médiévaux par exemple étaient d’une incroyable créativité quand ils parlaient de l’Antiquité), et je n’ai donc rien contre… du moment qu’on ne fait pas passer cela pour de la science. On ne peut pas connaître un monde sans connaître sa langue. Quiconque vit une histoire d’amour avec un étranger ou une étrangère le sait très bien. Tant que vous ne connaissez pas la langue que parle la personne que vous aimez, il vous manquera toujours quelque chose pour la comprendre.  Autrement dit, bien sûr qu’on peut étudier « the history, language, literature, and thought of ancient Greece and Rome » sans apprendre leurs langues. Mais on restera, comme dans la belle nouvelle de Kafka Devant la Loi (1915), « sur le seuil ». Je peux bien sûr m’initier à l’histoire, à la langue, à la littérature, etc., arabes, ou chinoises, ou japonaises, sans apprendre les idiomes correspondants. Mais je ne prétendrai jamais devenir un professionnel de l’étude de ces civilisations. Je resterai un amateur. Ce qui n’est pas une honte. Mais un amateur n’est pas un professionnel, et le département est censé former des professionnels.

     

    “Sans apprendre ni le latin, ni le grec, on peut connaître de l’Antiquité très exactement ce qu’en connaissaient… les gens du Moyen Âge”

    Pierre Vesperini

     

    Pourquoi les langues occupent-elles une place si centrale dans notre rapport à l’Antiquité grecque et latine ? Pourquoi a-t-on l’impression qu’elles en contiennent la substance essentielle, la clé d’accès à l’esprit antique ?

    C’est une question fondamentale. Je crois que l’importance du latin et du grec ne réside pas dans le fait qu’elles donnent, pour vous citer, « la clé d’accès à l’esprit antique », car l’o

  • Un climat de guerre civile règne sur l’Amérique, par Antoine de Lacoste

    Un climat de guerre civile règne sur l’Amérique

    La démocratie américaine connaît une crise majeure. Un climat de guerre civile y règne sur fond de vague woke terrorisant ses adversaires. Le système électoral, totalement archaïque et opaque, autorise toutes les suspicions. Les électeurs trumpistes, des « gens déplorables », refusent de voir mourir leur Amérique tandis que les élites ont adopté une nouvelle religion qui doit remplacer le vieux socle protestant.

    antoine de lacoste.jpgDepuis l’élection de Donald Trump en 2016, l’Amérique s’est divisée en deux camps qui s’invectivent, se haïssent et ne se côtoient plus. D’un côté, il y a le parti du bien : les intellectuels, les journalistes, les universités, les libéraux et libertaires des « côtes », est et ouest. De l’autre, le petit peuple blanc du centre complété par des bastions conservateurs comme le Texas, moins blanc celui-là. Clairement, l’appartenance à un camp a remplacé l’appartenance à un pays, ce qui est l’exact contraire de toute l’histoire américaine.

    Les médias, presque totalement acquis au premier camp, ont fait de Trump le responsable de cette situation qui fracture l’Amérique comme elle ne l’a jamais été. Chacun sait qu’il n’en n’est rien : l’élection de Donald Trump n’a été que le révélateur d’une situation qui couvait depuis bien longtemps. La désindustrialisation, la crise financière de 2008, l’invasion fulgurante du wokisme et des théories du genre ont mis de côté une Amérique qui, en 2016, a trouvé son champion, celui qui la défendait et la comprenait.

    Ce phénomène fondamental n’a pas été perçu par les élites, trop occupées à s’enrichir grâce à la marche triomphale de la mondialisation et à la suprématie totale de l’Empire américain. La rancœur couvait pourtant. Obama et son administration ont déployé une énergie considérable pour sauver Wall Street en 2008 mais ont laissé des millions d’Américains se faire saisir leurs maisons et entrer dans l’ère de la pauvreté. L’immigration massive venant d’Amérique centrale ou latine a engendré une inquiétude grandissante chez ceux qui sont le socle historique de l’Amérique. Marqués par un protestantisme souvent rigoureux, persuadés de « la destinée manifeste » dont ils sont les héritiers, ces petits blancs exècrent ces vents nouveaux qui leur semblent diaboliqueset ne veulent pas disparaître dans les poubelles de l’histoire.

    Assommés par l’élection surprise de Trump, les élites ont déclenché pendant quatre ans une guerre qui n’a laissé aucune place au compromis, y compris parlementaire ce qui est tout à fait nouveau. Elles étaient encouragées par le mépris abyssal dont les dirigeants démocrates faisaient preuve à l’égard de leurs adversaires : les gens qui soutiennent Trump sont « déplorables » n’a pas craint d’affirmer la délicieuse Hillary Clinton.

    Les médias ont été les chefs de file de cette croisade du bien : « Certains jours, le Washington Post publia plus de douze articles sur Trump contre seulement un ou deux sur le reste du pays » (Le Monde Diplomatique, mars 2021). Une sorte de « fureur idéologique » s’est emparée de l’Amérique (Le Figaro, 25/09/2020).

    FUREUR IDEOLOGIQUE ET WOKISME TRIOMPHANT

    Cette fureur s’est, aussitôt après l’élection de Trump, traduite par la non-reconnaissance de la légitimité de sa victoire. Trop prudents pour remettre en cause le décompte des votes (il ne faut surtout pas ouvrir la boîte de Pandore), les démocrates se sont activement lancés dans des tentatives de procédures d’impeachment qui n’ont jamais eu l’ombre d’une chance d’aboutir. Le principal grief était la supposée interférence de Moscou dans la campagne électorale, le « Russiegate ». Pendant des années les médias ont alimenté le feuilleton et la montagne a finalement accouché d’une souris : le Rapport Mueller a conclu qu’il n’y avait rien. Cela n’a pas empêché certains journalistes de décrocher le Prix Pullitzer pour des enquêtes finalement erronées : comme le Goncourt ou le Nobel, le Pullitzer est depuis longtemps la marque du néant accaparée par la bien-pensance.

    Dans ce contexte, la vague woke a pris une ampleur incroyable et a submergé la plupart des universités américaines. Des professeurs ont été renvoyés (Evergreen, Georgetown) pour des motifs surréalistes, d’autres ont été harcelés et ont préféré démissionner, tous doivent suivre des cours de remise à niveau idéologique. Les injonctions les plus baroques se sont multipliées, l’auto-censure bride toute parole publique. Un parlementaire a même conclu une prière publique par Amen et Awomen. Il fallait y penser…

    Tout cela a évidemment été accompagnée de violences multiples, surtout après l’affaire George Floyd, ce noir tué par un policier blanc, et le développement du mouvement Black Lives Mater. Des groupes de militants ont chassé des étudiants coupables de ne pas baisser la tête ou de ne pas plier le genou, d’autres ont envahi des restaurants (comme à Washington) obligeant les clients blancs à lever le poing. Le paroxysme a été atteint à Portland, dont le centre-ville a été occupé pendant des semaines par des militants anti-racistes et wokistes. La terreur a régné sur la ville en toute impunité.

    Cette « polarisation de l’opinion » est telle que des Américains quittent leur région pour s’installer sur des terres plus hospitalières. De nombreux électeurs trumpistes quittent la Californie, devenue étouffante, pour s’installer en Idaho ou plus loin au Texas. Changer de vie pour changer de voisins, cela en dit long sur la volonté de ne plus vivre ensemble.

    Pour accompagner tout cela, les médias se sont mis en ordre de marche comme jamais. Ce n’est pas une surprise : 95% de la presse et de la télévision ont soutenu Clinton puis Biden contre Trump. Mais ils sont allés très loin, la palme revenant au New-York Times qui a publié en 2019 un manifeste (le projet 1619) dans lequel il affirme que l’histoire américaine est fondée sur la racisme et l’esclavagisme. Cette vision est aujourd’hui enseignée dans de très nombreuses écoles à travers tout le pays.

    L’élection de Biden, censée apaiser l’ambiance selon les médias américains et européens, n’a rien changé, bien au contraire. Le doux Biden, dans une de ses phases de lucidité, a déclaré en janvier 2022 : « Choisissons-nous la démocratie plutôt que l’autocratie, la lumière plutôt que les ombres, , la justice plutôt que l’injustice ? ». Nous sommes bien loin d’un Président « de tous les Américains ». Il est vrai que pour le camp du bien, ceux d’en face sont « déplorables ».

    LE VOTE SOUS LE SIGNE DU DESORDRE ET DE L’OPACITE

    Bien évidemment, les doutes autour de la véracité des comptages du scrutin de 2020 qui a vu la victoire de Biden d’une courte tête, ont terriblement envenimé les choses. La fameuse invasion du Capitole le 6 janvier 2021, loin d’être une tentative de coup d’Etat, n’est autre que le symbole de l’exaspération d’un peuple (la moitié de l’Amérique), persuadé de s’être fait voler la victoire.

    Les arguments ne manquent certes pas pour mettre en cause le résultat du vote. Le système électoral américain est en effet d’un invraisemblable archaïsme désordonné, sans parler de son opacité. Chaque Etat a sa propre procédure, voire plusieurs car cela peut changer d’un comté à l’autre. On peut voter par anticipation ou non, plusieurs jours après, le nombre de jours étant extrêmement variable, par correspondance avec autorisation pour des militants de parcourir les immeubles à la recherche de bulletins (qui les remplit ?). Les machines électroniques ne sont pas toujours les mêmes et, dans bien des cas, l’électeur ne peut lire le résultat de son vote après avoir appuyé sur le bouton. Certains ont affirmé avoir lu Biden après avoir appuyé sur le bouton Trump. Et que dire de ces bulletins perforés, plus ou moins bien, autorisant toutes les interprétations . La cerise sur le gâteau étant l’absence de contrôle d’identité dans bien des votes par correspondance.

    Lorsqu’on sait que Trump avait partie gagnée avant le décompte des votes par correspondance qui ont , dans certains bureaux, donné 90% des voix à Biden, la suspicion est bien légitime.

    Tout cela n’est pas nouveau certes. Certains spécialistes de l’Amérique affirment que Kennedy avait déjà volé son élection en 1960… Dans son livre Un homme, un vote ? (Edition du Rocher, 2007), Jacques Heers raconte l’élection de 2000 : « On a compté et recompté. Pendant des jours, les journaux ont publié des photos où l’on voyait un scrutateur, perplexe et circonspect, occupé à examiner très soigneusement un bulletin, tenu délicatement entre ses doigts, face à la lumière, pour dire si un confetti à demi-détaché devait compter ou non pour une perforation. On n’en sortait pas. Chaque jour les chiffres changeaient. Les juges de la Cour suprême eurent le dernier mot et, par cinq voix contre quatre, déclarèrent que Bush l’emportait en Floride. »

    La différence avec l’époque actuelle, c’est que personne ne contesta ensuite la légitimité de Kennedy ou de Bush. Ce ne fut pas le cas pour Donald Trump, et c’est la grande nouveauté. Biden est aujourd’hui dans le même sac pour l’électeur trumpiste.

    Aujourd’hui les Américains n’ont plus confiance et ils ne sont plus que 50% à être fiers de la façon dont fonctionne leur démocratie contre 90% en 2002.

    Les réseaux sociaux de leur côté ont joué leur partition guerrière avec Twitter comme symbole qui expulsa Trump. Son rachat par Elon Musk et le renvoi de la moitié de ses employés marque un tournant important et les théories du genre ont perdu un fidèle relais.

    Malgré la victoire des progressistes, la haine est toujours là. La revue Forbes par exemple a demandé aux entreprises, sous peine de dénonciation, de ne pas embaucher d’anciens membres de l’administration Trump après leur éviction conforme au spoil system.

    UNE NOUVELLE RELIGION

    Mais d’où vient ce vent de folie qui a fait d’une grande partie de la jeunesse américaine des propagandistes acharnés du wokisme ou du Black Lives Mater ?

    Interrogé par le Figaro(25/09/2020) Joseph Bottum, professeur d’université, avance une grille d’analyse intéressante. Pour lui l’effondrement du protestantisme, notamment dans les zones urbaines, a laissé la place à un post-protestantisme dont les adeptes sont des nouveaux puritains sans Dieu qui pratiquent la religion de la culture woke. Une partie des fidèles de ces églises protestantes qui furent le socle de l’Amérique ont rejoint les évangéliques ou les catholiques, mais la plupart sont devenus des post-protestants qui ont inventé des nouveaux péchés : le racisme, l’intolérance, les atteintes à l’environnement, l’oppression. Et de conclure joliment : « Nous avons maintenant une église du Christ sans le Christ. Cela veut dire qu’il n’y a pas de pardon possible. » D’où cette ambiance de guerre civile « à feux doux ».

    Dans leur aveuglement idéologique, presque religieux donc, les progressistes veulent réduire leurs adversaires à de petits blancs racistes et aigris. La réalité est toute autre : en 2020, Trump a perdu des électeurs blancs mais en a gagné dans les communautés noires et surtout hispaniques. Ainsi, Juan Ciscomani, fils d’immigrés mexicains et candidat républicain victorieux en Arizona a bâti sa campagne sur la destruction du rêve américain par Biden et Pelosi, coupables de laisser entrer une immigration excessive et de permettre aux écoles de ne plus enseigner « les bons côtés de l’Amérique ».

    Cette crise identitaire et religieuse se conjugue toujours avec une crise sociale. Certes, elle a commencé il y a bien longtemps mais elle prend une tournure inattendue depuis le covid. Ce n’est pas un hasard si les Américains ont eu un nombre important de morts, et Trump n’y est pour rien même si cela lui a sans doute coûté l’élection.

    Les Américains sont en mauvaise santé. De 2014 à2022, ils ont perdu trois ans d’espérance de vie : les overdoses d’opioïdes et l’obésité font des ravages. On estime que 40% des adultes américains sont obèses et beaucoup, affaiblis, sont morts du covid. Mais le débat est impossible : la peur d’être taxé de grossophobe empêche la parole. La situation est si grave que l’armée a averti que 2021 avait été l’année la plus difficile de son histoire pour le recrutement des marines : les jeunes ne réussissent plus les tests physiques.

    Ainsi, comme dit le New York Times, qui y a largement contribué, les Américains « vivent dans une nation cassée ». Le consensus, provisoire, sur l’Ukraine n’y change rien : c’est à l’intérieur que le ver est dans le fruit.

    L’Amérique vit un climat de guerre civile, « à feu doux » certes, mais la haine est palpable.

  • Black-out total en Europe sur le scandaleux sabotage de Nord Stream par l’Amérique !, par Marc Rousset

     

    Avant de tirer les conclusions géopolitiques sur « l’acte de guerre » commis par Biden contre les intérêts stratégiques et économiques de l’Europe, il importe de relater les principaux faits ahurissants, selon la très longue chronique «  Comment l’Amérique a détruit le gazoduc Nord Stream », écrite le 8 février 2023 par le journaliste américain Seymour Hersh dans le Scheerpost.


    En juin 2022 des plongeurs de la Marine américaine de la base de Panama en Floride, opérant sous le couvert d’un exercice de l’OTAN très médiatisé, connu sous le nom de « Baltops 22 », ont posé des explosifs déclenchables à distance à 260 pieds sous la surface de la mer Baltique qui, trois mois plus tard, ont détruit trois des 4 tuyaux des gazoducs Nord Stream 1 et 2.

    MARC ROUSSET.jpgL’administration Biden a fait tout son possible pour éviter des fuites, tout au long de la planification qui s’est étendue de fin 2021 aux premiers mois de 2022, donc bien avant le déclenchement de l’opération militaire spéciale Z le 24 février 2022. Tant que l’Europe restait dépendante des gazoducs russes pour le gaz naturel, écologique et bon marché, Washington craignait que des pays comme l’Allemagne soient réticents pour fournir à l’Ukraine les armes et l’argent dont elle avait besoin, afin de vaincre la Russie, dans une guerre à venir préparée en fait depuis 2014 par l’Amérique, après le coup d’État de Maïdan par la CIA.

    Dès décembre 2021, Biden a autorisé le Secrétaire d’État Jake Sullivan à réunir un groupe de travail interarmées pour élaborer un plan de sabotage des gazoducs. Ont participé également à l’élaboration de ce plan entre autres le Directeur de la CIA William Burns, Victoria Nuland et Anthony Blinken.
    Dès le 7 février 2022, soit moins de trois semaines avant l’invasion russe, lors de la visite du chancelier Scholz à Washington, Biden déclarait en sa présence : « Si la Russie envahit… il n’y aura plus de Nord Stream 2. Nous y mettrons fin ». Vingt jours plus tôt, la sous-secrétaire Nuland avait livré le même message lors d’une réunion du département d’État en comité restreint : « Je veux être très claire avec vous aujourd’hui »  a -t-elle déclaré en réponse à une question : « Si la Russie envahit l’Ukraine, d’une manière ou d’une autre, il n’y aura plus de Nord Stream II. Nous y mettrons fin.»

    Ceux qui préparaient la mission ont été consternés par ces révélations folles avant même que le plan soit exécuté. La source du journaliste Seymour Hersh a pu même dire : « C’était comme poser une bombe atomique sur le sol à Tokyo et dire aux Japonais que nous allons la faire exploser ». Mais l’avantage pour la CIA fut de ne plus avoir l’obligation légale de signaler l’opération au Congrès car elle n’était plus secrète, selon la loi américaine.
    La Norvège était le pays idéal pour organiser la mission car les États-Unis y ont beaucoup investi dans de nombreuses bases navales et aériennes. La marine norvégienne n’a pas tardé à trouver le bon endroit dans les eaux peu profondes (200 pieds) à quelques milles de l’île danoise de Bornholm. De plus, en cas de destruction des gazoducs, la Norvège pourrait vendre encore davantage de gaz à l’UE, à un prix encore plus élevé…

    Ce sont donc des plongeurs militaires américains de la base Panama en Floride qui, à partir d’un chasseur de mines norvégien, ont placé des charges C4, avec une minuterie déclenchable à distance, pour les quatre gazoducs, dans des cocons en béton. Les charges ont été déposées, en juin 2022, lors des exercices navals « Baltes 22 « de l’OTAN qui impliquent chaque année, depuis 21 ans, des dizaines de navires de la sixième flotte américaine basée à Gaeta, en Italie, au sud de Rome.

    Les charges C4 attachées aux gazoducs ont été déclenchées le 26 septembre 2022 par une bouée sonar. La bouée a été larguée par un avion de surveillance maritime P8 de la marine norvégienne qui effectuait un vol apparemment de routine. Le signal s’est propagé sous l’eau vers les deux gazoducs et quelques heures plus tard, en raison de l’explosion, trois des quatre tuyaux ont été mis hors service.
    Les médias américains ont traité l’attentat comme un mystère impossible à résoudre, la Russie étant le coupable probable, sans jamais indiquer un motif clair. Interrogé lors d’une conférence de presse en septembre 2022, le secrétaire d’État Blinken a déclaré : « C’est une formidable opportunité de supprimer une fois pour toutes la dépendance vis-à-vis de l’énergie russe et ainsi d’enlever à Vladimir Poutine la militarisation de l’énergie comme moyen de faire avancer ses desseins impériaux. C’est très important et cela offre une formidable opportunité stratégique pour les années à venir, mais en attendant, nous sommes déterminés à faire tout notre possible pour nous assurer que les conséquences de tout cela ne soient pas supportées par les citoyens de nos pays ou d’ailleurs, autour du monde ».

    Blinken a simplement oublié de préciser que les Européens imbéciles remplaçaient en fait la dépendance stratégique russe par la dépendance stratégique américaine, avec un gaz de schiste liquéfié américain non écologique, hors de prix, transporté par des méthaniers pollueurs, avec des usines polluantes de liquéfaction et de regazéification . Le gaz russe très bon marché et transporté dans des gazoducs écologiques assurait, lui, la compétitivité des industries européennes qui sont maintenant incitées à délocaliser leur production aux États-Unis, avec en prime la destruction supplémentaire d’emplois industriels bien rémunérés, déjà en voie de disparition en Europe ! Merci ami Biden pour ce coup de poignard dans le dos !

    Quant à Victoria Nuland, lors d’un témoignage devant la commission des relations étrangères du Sénat, elle a pu déclarer, fin janvier 2023 , au sénateur américain Ted Cruz : « Comme vous, je suis, et je pense que l’administration est très heureuse de savoir que Nord Stream 2 est maintenant, comme vous aimez le dire, un morceau de métal au fond de la mer. »
    L’Amérique de Joe Biden a donc fait preuve d’un cynisme le plus total et il n’est plus possible de parler de bloc occidental ! Tous les médias européens se taisent, alors que tous les gouvernements et tous les états-majors européens savent que ce sont les Américains avec les Norvégiens qui ont fait sauter Nord Stream ! Tout le monde sait à quoi s’en tenir de l’« ami américain », mais personne ne dit rien, ce qui est ahurissant ! D’autant plus qu’il y avait des intérêts européens et pas seulement russes pour financer les gazoducs Nord Stream (la société française Engie, par exemple, perd plus de 1 milliard de dollars, suite au sabotage américain). Mais la Vérité étant connue de tous, les répercussions historiques à long terme de ce scandale, de cette trahison par l’Amérique, sont déjà en marche, afin de pouvoir construire une Europe libre, européenne, proche de la Russie, dans un monde multipolaire.

    Le plus cocasse, comme l’écrit André Posokhov sur R/L, c’est que l’Allemagne, « paillasson servile », soit agressée par un attentat qui ruine son économie et qu’elle puisse pourtant décider de rentrer en guerre avec la Russie pour défendre l’intérêt des seuls États-Unis contre ses propres intérêts. À qui profite le crime ? Qui d’autre que Washington avait intérêt à ce sabotage, d’autant plus qu’un procureur allemand vient de confirmer qu’il n’y avait aucune preuve contre la Russie dans ce dossier ? Tout cela constitue un cas d’école historique exceptionnel, difficilement imaginable !

    Les gazoducs Nord Stream ont toujours été considérés par l’Amérique comme une menace. Les puissances maritimes anglaise et américaine ont toujours fait en sorte que jamais n’émerge sur le continent européen une nation dominante que ce soit la France de Napoléon, l’Allemagne de Guillaume II ou la Russie de Poutine. Zbigniew Brzezinski dans le Grand Échiquier a insisté lourdement sur ce thème, afin que les États-Unis puissent maintenir leur suprématie mondiale.
    Il est fondamental pour l’Amérique que les deux économies voisines et complémentaires de l’UE et de la Russie ne fassent pas leur jonction, car ce nouvel ensemble pourrait devenir aussi puissant que les États-Unis et la Chine. L’unification continentale eurasiatique est le cauchemar des géopoliticiens américains, thème traité d’une façon détaillée dans deux de mes livres  : « La Nouvelle Europe Paris-Berlin-Moscou » (2008), livre pionnier, et « Comment sauver la France/ Pour une Europe des nations avec la Russie » (2021).

    Ce sont les Américains et les Anglais qui ont forcé la main à Zelensky en mars 2022 pour commencer une guerre véritable qu’il souhaitait arrêter avec Poutine. Ils ont fait miroiter à l’Ukraine une défaite rapide de la Russie grâce aux sanctions économiques et monétaires, mais cela n’a pas réussi. Les éléments d’appréciation de l’Amérique en 2022 étaient ceux de 2014, année du coup d’État de Maïdan : les sanctions auraient très certainement réussi en 2014, mais entre-temps la Russie prévoyante, méfiante et réaliste, face aux premières sanctions en vigueur dès cette époque, suite à la prise de contrôle de la Crimée, avait pris des mesures pour augmenter sa souveraineté, l’autarcie et la sécurité de son économie (non dépendance au système Swift contrôlé par l’Amérique plus particulièrement, avec la mise en place d’un système autonome russe de règlement interbancaire ).

    La carpette Zelensky des Anglo-Saxons a déjà sacrifié pour les belles paroles de Boris Johnson et de Joe Biden, la bagatelle de 155 000 soldats ukrainiens tués et 200 000 blessés ! C’est le sang ukrainien qui coule à flot, pas le sang yankee ! La guerre durera-t-elle jusqu’au dernier conscrit ukrainien enrôlé de force à 16 ans ?

    Nous sommes donc en présence d’une guerre américano-russe dans laquelle les Européens se sont laissées entraîner avec une stupidité, une naïveté ahurissante, en devenant même parfois plus royaliste que le roi Biden ! Macron est un des meilleurs exemples car il pense déjà à sa future carrière dans les grandes institutions internationales. Macron trahit la France, tout comme la politique du général De Gaulle qui serait resté neutre dans ce conflit, partant du principe que notre pays n’a aucun intérêt particulier en Ukraine ! Les Européens montrent par là-même au monde entier leur rôle de valet de l’Amérique et leur soumission totale à Washington !

    Mis à part l’extrême gauche allemande, des hommes politiques comme Oskar Lafontaine et surtout les députés très remontés de l’AfD , ni le chancelier Scholz, ni la plupart des députés, ni les médias ne se sont plaints en Allemagne de cette tuile qui tombait sur leur économie. À noter cependant que, selon les sondages, dans l’ancienne Allemagne de l’Est, la population est majoritairement opposée à l’intervention allemande en Ukraine, de même que presque la moitié de l’ensemble des Allemands ! En Italie, Berlusconi, tout comme Viktor Orban en Hongrie, fait aussi entendre sa voix et sa violente opposition à l’attitude actuelle de Européens en Ukraine !

    Devant la veulerie incompréhensible des Européens, il ne manque en fait plus que le droit de cuissage pour Biden en Europe ! Mais le conflit est en train d’évoluer d’une façon différente de ce qu’avait prévu l’Amérique en mars 2022 : non seulement l’écroulement de la Russie sur le plan économique n’a pas eu lieu, mais les économies européennes ont plus de soucis à se faire que l’économie russe ! La mise au ban de la Russie est le seul fait des Européens ; 80 % de la communauté internationale est plutôt favorable à la Russie ! Enfin, ce qui est très grave pour les États-Unis c’est que pour la première fois leur hégémonie politique, économique et militaire dans le monde est véritablement menacée à brève échéance ! La Russie et la Chine sont très actifs pour mettre fin dans un avenir rapproché à l’extraterritorialité américaine et au règne du dollar !

    C’est bien parce qu’elle sent des menaces mortelles venir que l’Amérique s’est cru obligée d’employer des méthodes ahurissantes de gangster telles que l’annulation du contrat français du siècle pour les sous-marins en Australie, le gel incroyable jamais pratiqué jusqu’à ce jour des avoirs en dollars et en euros de la Banque centrale d’un grand pays internationalement reconnu et membre du Conseil de Sécurité à l’ONU, et le scandaleux sabotage par explosifs des gazoducs Nord Stream, vitaux pour la compétitivité économique et la sécurité énergétique de l’Europe, la Russie ayant toujours respecté ses contrats, même pendant la guerre froide !

  • D'Atatürk à Erdogan, par Annie Laurent

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    LA RÉALITÉ DE LA « LAÏCITÉ » TURQUE

    Si Atatürk a bien fondé une république « laïque » sur les ruines de l’Empire ottoman, il s’agit d’une « laïcité » en réalité bien différente de la conception que nous en avons en France.

    En 2005, au moment où s’ouvraient les négociations officielles en vue de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne (UE), de nombreuses voix autorisées justifiaient ce projet par la « laïcité »de la République fondée par Moustafa Kemal, passé à l’histoire sous le nom d’Atatürk (« Père des Turcs »). Ainsi, disait-on, la nouvelle Turquie était prédisposée à adopter les valeurs démocratiques du Vieux Continent. Mais cela revenait à négliger la particularité de cette laïcité sui generis, qui ignore le principe de neutralité publique en matière religieuse. Loin de proclamer la séparation entre les domaines temporel et spirituel, le kémalisme a placé la religion sous la tutelle de l’État, avec les implications importantes qui en résultent dans de nombreux domaines tels que le droit et l’organisation des cultes. En outre, seul l’islam sunnite, religion de la majorité des Turcs, était concerné par ce programme (1).

    Annie_Laurent.jpgTout s’est décidé en un jour, le 3 mars 1924. Dans la foulée de l’abolition du Califat, le Parlement vota la création d’une Direction des Affaires religieuses, laDiyanet. Placé sous l’autorité directe du Premier ministre, structuré de façon hiérarchique, avec une administration centrale et des ramifications en province et à l’étranger où résident de nombreux émigrés, cet organisme assure la gestion des institutions cultuelles : mosquées et écoles religieuses, nomination et rétribution des imams. Elle emploie aujourd’hui plus de 120 000 fonctionnaires.

    Cette double réforme reposait sur une vision bien particulière d’Atatürk, acquise par sa proximité avec le Comité Union et Progrès, mouvement nationaliste fondé par lesJeunes-Turcs opposants au sultan et imprégnés des idées de la Révolution française qui avaient commencé à se propager dans l’Empire ottoman dès 1895. Lui-même agnostique, bien qu’élevé dans l’islam, Atatürk méprisait cette « théologie absurde d’un Bédouin [Mahomet] immoral, cadavre putréfié qui empoisonne nos vies » (2). Il rêvait donc d’ancrer la Turquie dans la civilisation occidentale dont il admirait le rationalisme. Mais, connaissant l’identification de la majorité des Turcs avec l’islam sunnite, il savait ne pas pouvoir les détacher d’un coup de leur religion. Lui-même reconnaissait en 1932 qu’« une nation sans religion est vouée à disparaître » (3).

    La solution consistait d’abord à entretenir une confusion entre identité turque et sunnisme, ce qui, outre les chrétiens (4), marginalise ou exclut deux groupes, les Kurdes et les alévis. Quoique majoritairement sunnites et pouvant siéger au Parlement, les Kurdes sont privés de certaines libertés en raison de leurs particularités ethniques et culturelles ainsi que de leurs revendications autonomistes. À plusieurs reprises, leurs intellectuels ont été visés par la répression. Ce n’est que depuis l’ouverture des négociations avec l’UE qu’ils ont le droit d’enseigner leur langue dans des écoles privées.

    La situation des alévis, moins médiatisée que celle des Kurdes, n’en est pas moins aussi injuste. Dissidence du chiisme et religieusement proche de l’alaouitisme en Syrie voisine, l’alévisme se caractérise par son syncrétisme (avec des emprunts à des traditions asiatiques telles que la réincarnation), son ésotérisme, ses rites initiatiques et sa liberté par rapport au Coran (5). A cause de leurs croyances déviantes de l’islam orthodoxe, les alévis, d’ethnie turque ou kurde, sont traités de manière péjorative dans les livres scolaires. Malgré leur importance numérique (environ 20 millions d’adeptes), ils ne jouissent d’aucune reconnaissance et n’ont aucun représentant à la Diyanet.

    Au fond, ce qui est reproché aux Kurdes et aux alévis c’est de ne pas être de sang et de culture turcs pour les premiers, de confession sunnite pour les seconds.

    L’autre volet du plan d’Atatürk consistait à asseoir le contrôle de l’État sur la religion. Les autorités religieuses n’étaient plus consultées sur la conformité des lois avec la charia (loi islamique), laquelle ne constituait d’ailleurs plus la source du droit. S’ensuivit une réforme de tout le système juridique avec la suppression des tribunaux religieux et l’adoption de nouveaux codes calqués sur le modèle suisse, les plus marquants concernant la disparition des normes islamiques en matière de droit matrimonial. 

    Parallèlement, d’autres lois favorisèrent la sécularisation: dissolution des confréries, celles-ci étant considérées comme superstitieuses ; suppression de tout vêtement ou insigne religieux en dehors des lieux de culte, y compris pour les chrétiens ; adoption du dimanche comme jour chômé ; transformation en muséesde Sainte-Sophie (ancienne basilique byzantine devenue mosquée en 1453) et de Saint-Sauveur in Chora ; interdiction de fonder des associations à caractère religieux ; remplacement obligatoire du salut musulman, le salam, par la poignée de main ; prohibition du fez, le couvre-chef masculin traditionnel ; suppression progressive du foulard islamique (türbanen turc). Atatürk attendit cependant 1928 pour faire abroger, par une révision constitutionnelle, la mention de l’islam comme « religion d’État », et 1937 pour ériger la laïcité en principe fondamental.

    En s’appuyant sur l’armée et malgré l’impopularité de ces mesures dans les provinces éloignées des métropoles, le Réis(Président) veilla à l’application stricte de son système jusqu’à sa mort en 1938. L’amorce d’une lente érosion de la laïcité est ensuite apparue et elle n’a cessé de gagner du terrain. Le multipartisme, autorisé en 1946 par le successeur d’Atatürk, Ismet Inönü, afin de satisfaire à une condition imposée à la Turquie pour prix de son adhésion à l’ONU, favorisa l’émergence de l’islam politique qui œuvre depuis lors à la réislamisation de l’État et de la société.

    Suite à diverses dissolutions des partis se réclamant de l’islamisme, cette idéologie s’est cristallisée à partir de 1969 autour du Milli Görüs (la « Vision nationale »). Dans sa jeunesse, Recep-Tayyip Erdogan avait milité dans ce mouvement qui lui servira de tremplin pour créer le Parti de la Justice et du Développement (AKP) en 2001. Il s’en est démarqué peu après, notamment à cause de l’opposition de Milli Görüs à l’adhésion à l’UE, option à laquelle lui-même se dit attaché.

    Ce qui n’empêche pas son gouvernement de promouvoir une forte méfiance envers toute influence occidentale. En témoigne la campagne contre les symboles de Noël et les festivités du Nouvel An menée en décembre 2016. Le sermon du dernier vendredi de ce mois-là, rédigé comme chaque semaine par la Dyanet et imposé à tous les imams du pays, a condamné avec virulence ces « fêtes païennes ». Pour le président turc, « on ne peut être à la fois laïque et musulman, parce qu’Allah, le créateur du musulman, dispose du pouvoir absolu » (6).

    Depuis son élection comme président de la République en 2014, débarrassé du contrôle de l’armée qu’il a évincée à la suite de la tentative de coup d’Etat qui le visait en 2016, Erdogan met tout en œuvre pour enterrer l’héritage d’Atatürk, dont les statues disparaissent peu à peu du paysage. Utiliser sa légitimité démocratique pour parvenir à ses fins, telle est sa stratégie. Ainsi, il a pris des mesures pour limiter les permis relatifs au commerce d’alcool, introduire des cours obligatoires de religion (sunnite) dans les programmes scolaires, autoriser le port du türban à l’école pour les filles à partir de 10 ans, et pour les femmes dans les institutions publiques, imposer la censure pour des motifs moraux, etc.

    Avec lui, l’islam s’impose visiblement. En témoignent la nouvelle mosquée – la plus haute du monde ! –édifiée place Taksim à Istamboul et la reconversion de Sainte-Sophie en mosquée. Pour la spécialiste libanaise Jana Jabbour, cette décision « est perçue par une large majorité d’ultraconservateurs turcs comme le signe de la victoire de l’Islam sur la Chrétienté et le triomphe de l’identité islamique de la Turquie sur son identité occidentalisée, laïque et pluraliste » (7). Erdogan s’emploie aussi à accroître sa mainmise idéologique sur les Turcs établis en Europe. Il dispose pour cela des Unions turco-islamiques des affaires religieuses (Ditib) qui dépendent de la Dyanet. Sous la surveillance de « conseillers religieux » en poste dans les ambassades, les imams détachés veillent à maintenir la diaspora dans une identité turqueet traquent les opposants au régime (8).

    La laïcité à la turque présente donc une contradiction qu’analyse ainsi le professeur turc Emre Oktem : « Le politique a pénétré dans le religieux pour mieux le contrôler, mais le religieux en a profité pour s’introduire dans l’appareil étatique. La Dyanet avait été conçue comme un instrument de contrôle étatique. Elle assuma bien son rôle mais elle servit également, et avec beaucoup de succès, à propager la religion islamique, selon la confession sunnite, si bien que l’Anatolie a subi une vague d’islamisation orthodoxe qu’elle n’avait guère connue à l’époque ottomane, où les moyens de communication étaient si précaires et l’Etat si peu présent » (9).

     

                                                                           Annie Laurent

    ____

    • A. Laurent, L’Europe malade de la Turquie, éd. François-Xavier de Guibert, 2005.
    • Benoît-Méchin, Mustapha Kémal ou la mort d’un empire, Albin Michel, 1954, p. 323.
    • Thierry Zarcone, La Turquie moderne et l’islam, Flammarion, 2004, p. 136.
    • p.
    • Sur les alévis, cf. Zarcone, ibid., p. 297-303.
    • Cité par Ahmet Insel, La nouvelle Turquie d’Erdogan, du rêve démocratique à ladérive autoritaire, Ed. La Découverte, 2015, p. 84.
    • « Erdogan se prend-il pour Mehmet II ?», L’Orient-Le Jour, 25 juillet 2020.
    • « Comment Erdogan tisse sa toile », Valeurs actuelles, 10 août 2017 ; cf. aussi Jean-Frédéric Poisson, La macronie et l’islamisme, Éd. de Paris, 2022.
    • Cité par A. Laurent, cit., p. 91.
    •  

     Article paru dans La Nef n° 348 – Juin 2022

  • Fin du rêve franco-allemand : La France doit se tourner vers l’Europe du Sud et la Russie ! par Marc Rousset

    La guerre en Ukraine, surtout si la Russie est victorieuse, ce qui est plus que probable, conduira à des changements politiques, géopolitiques, civilisationnels considérables en Europe, mais une des premières conséquences prévisibles est la réalisation par la France, comme lorsque la mer se retire, du véritable jeu de dupes que constitue la coopération franco-allemande !

    L’Allemagne a été vaincue par la Russie et les Alliés en 1945, mais est restée toujours aussi jalouse et orgueilleuse et ne jure aujourd’hui que par l’Amérique et l’OTAN, afin de prendre seule le leadership de l’UE, de mieux faire s’écrouler les rêves de grandeur d’une France nostalgique de Napoléon et de Louis XIV.

    Sur le plan économique, les Allemands et plus particulièrement les responsables deMARC ROUSSET.jpg la CDU, en ont ras le bol, à juste titre, des Français irresponsables, insouciants et décadents qui sont incapables de procéder à des réformes structurelles, pour rendre leur économie compétitive (dépenses publiques folles, nombre démentiel de fonctionnaires, absence de réforme des retraites, charges sociales et impôts très élevés, invasion migratoire ruineuse et incontrôlée) conduisant à la désindustrialisation. L’Allemagne, elle, a procédé aux dures et courageuses réformes Hartz IV. Les Allemands ne prennent pas la France au sérieux et ont malheureusement raison, les Français avec les Syndicats faisant tout pour bloquer les réformes indispensables. De plus, le quoi qu’’il en coûte démesuré pendant la crise du Covid, digne d’un technocrate irresponsable, fait que Macron est considéré par l’Allemagne comme le guignol beau-parleur d’une France hyper-endettée (113% de son PIB), prochainement en faillite, tout comme l’Italie (plus de 150% du PIB). La France n’a été prise au sérieux avec considération par les Allemands qu’avec les « poilus » de 14, le Maréchal Pétain car vainqueur à Verdun, De Gaulle, Pompidou et Giscard d’Estaing en raison de son excellente relation personnelle avec Helmut Schmidt.

    L’Allemagne est aujourd’hui favorable au libre-échange mondialiste tandis que la France qui a perdu son industrie a au contraire besoin d’un marché européen protectionniste. Le Chancelier Olaf Scholz a imposé le chinois Cosco pour prendre une participation dans le port de Hambourg car il pense à son prochain entretien avec Xi Jin Ping en Chine. En 2021, l’Allemagne a exporté le chiffre énorme de 141,7 milliards d’euros vers la Chine et importé 103, 6 milliards d’euros. BMW et Mercédès ont réalisé plus de 30 % de leur chiffre d’affaires en Chine, Volkswagen 40 %, Adidas 21,7 % et Infineon 37, 8 %. Volkswagen doit encore investir pour 2 milliards d’euros et BASF 10 milliards d’euros jusqu’en 2030.
    En matière de politique énergétique, suite à leur renoncement stupide au nucléaire (Energiewende) pour des raisons culturelles et politiques (die Grünen) et à son remplacement par le gaz russe, l’Allemagne s’oppose aujourd’hui au dispositif qui est déjà appliqué dans l’UE au Portugal et en Espagne. Ces deux pays subventionnent le prix du gaz, ce qui entraine la baisse du prix de l’électricité, mais le mécanisme ibérique est financé par une surtaxe sur les consommateurs. L’Allemagne estime donc que le gain final est très faible et que les prix subventionnés du gaz vont faire augmenter la consommation de gaz. La France, elle, estime qu’elle serait gagnante avec le système ibérique, ne serait-ce que parce qu’elle va acheter de l’électricité bon marché, fabriquée avec du gaz subventionné, à l’Allemagne.

    L’Allemagne souhaite une UE fédéraliste appliquant la règle de la majorité relative pour s’assurer le contrôle du marché et des débouchés de l’UE, devenir le leader de fait de l’UE et imposer son hégémonie, tout en acceptant de ne parler que l’anglo-américain. L’intérêt de la France, c’est au contraire aujourd’hui de faire exploser l’UE ou de réformer l’UE pour la transformer en une Confédération des nations avec le droit de veto de chaque pays et la règle de l’unanimité, ce qu’a toujours souhaité le général De Gaulle avec les fameux accords du Luxembourg. C’est aussi le souhait de Meloni en Italie !

    La France recherche davantage l’approfondissement de l’UE avec moins de pays tandis que l’Allemagne recherche l’élargissement à l’Est avec 36 pays au lieu de 27 ! L’Allemagne souhaite que l’UE intègre davantage de pays pour se retrouver au centre de gravité d’une plus vaste UE.

    L’Allemagne et la France s’opposent également en matière de défense européenne. La France, même avec son armée d’échantillons et son budget militaire ridicule de 2% du PIB, dispose avec sa force nucléaire, d’une armée motivée, efficace, organisée et bien commandée, la première à ce jour en Europe ! La Bundeswehr, elle ne vaut pas un clou, avec de plus, de très grandes difficultés à recruter. La France souhaite donc une Armée européenne non intégrée des nations, indépendante ou au minimum autonome dont elle pourrait être le leader tandis que les Allemands riches et pacifistes préfèrent être les valets de l’Amérique et de l’OTAN. L’Allemagne préfère acheter ses avions et du matériel militaire à l’Oncle Sam plutôt que d’être les Numéros 2 et coopérer avec la France, afin de renforcer l’industrie européenne autonome des armements, tout en recherchant la puissance. L’Allemagne souhaite acheter américain ou européen et affaiblir la France en matière militaire chaque fois qu’elle le peut !

    Il semble que l’on s’oriente vers la catastrophe et l’échec de très nombreux projets de partenariats d’industrie de défense qui constituaient le noyau dur et la raison principale du rapprochement franco-allemand. Tout se passe, comme si, suite à l’intervention en Ukraine, l’Allemagne jetait subitement bas le masque et « pétait les plombs » en ne voulant plus entendre parler de la France qui devient le « cocu magnifique » de l’histoire ! Paroles de Saxon, comme la célèbre trahison de Napoléon par les Saxons à la bataille de Leipzig !

    L’Allemagne a décidé de mettre cent milliards d’euros sur la table dans les années qui viennent, mais souhaite en faire profiter essentiellement soit son industrie, soit l’Amérique, soit d’autres pays européens, la plupart des projets franco-allemands depuis de nombreuses années passant subitement à la trappe. La visite récente de Scholz à l’Elysée n’est qu’une entente de façade : aucune décision n’a été prise lors de la rencontre, si ce n’est les fameux « groupes de travail » pour mieux enterrer la bête ! Le moteur franco-allemand est en panne ! Il n’y a que pour le projet SCAF où des doutes sont encore permis avec Airbus Allemagne, car Dassault est une de ces trop rares entreprises françaises d’excellence ayant réussi à surmonter le handicap du manque de compétitivité de la France.

    Afin de satisfaire la gauche et l’extrême gauche, Berlin prépare, en outre, une loi sur le contrôle des exportations d’armement qu’il souhaiterait voir appliquée à l’échelle de l’UE, ce qui empêcherait la France de pouvoir exporter du matériel de défense dans les pays hors UE et hors OTAN chaque fois qu’il y aurait des composants allemands dans le produit fini. Ce serait une catastrophe pour les marchés-export traditionnels de la France dans les pays du Golfe, Proche Orient et Asie. C’est ainsi que l’égoïste Allemagne a déjà interdit l’exportation de l’hélicoptère franco-allemand Tigre à la Turquie tandis qu’elle vendait sans complexes à ce même pays des chars Leopard 100 % allemands.

    L’Allemagne vient aussi de promouvoir un projet de bouclier antimissile, avec une composante israélienne, auquel veulent se joindre 14 pays européens, dont la Grande-Bretagne, les pays baltes, les Pays-Bas, la Finlande. Paris, tout comme l’Italie et la Pologne, n’a même pas été informé par Berlin, alors que la France déploie déjà au sein de l’OTAN un système similaire MAMBA du missilier européen MBDA (12000 personnes) dont le siège est à Paris. En 2021, le leader MBDA a aussi perdu, comme par hasard, un autre grand projet hypersonique futuriste d’avenir, au profit de la minuscule entreprise espagnole SENER (CA de 99 millions d’euros dans l’aérospatial), filiale d’un groupe espagnol de BTP, soutenue par le missilier allemand Diehl et l’Allemagne, lors d’un scandaleux appel d’offres du FEDEF de Bruxelles, ce qui représentait une énorme claque pour la France du rêveur européen Macron !

    En mars dernier l’Allemagne a passé commande de F35 américains pour remplacer partiellement sa flotte vieillissante de Tornado, en sabordant le rêve français de vendre des Rafale. En 2021, Berlin avait déjà abandonné un programme commun avec la France visant à doter les deux pays d’avions de patrouille maritime pour survoler les sous-marins; l’Allemagne a préféré passer un marché avec l’américain Boeing !

    La plupart des projets franco-allemands en matière d’armement sont aujourd’hui à l’arrêt : projet d’un nouveau char franco-allemand qui succéderait au char français Leclerc et au char allemand Léopard; le projet d’un nouveau canon franco-allemand pour remplacer le Caesar français est repoussé au-delà de 2045; quant à la modernisation des hélicoptères franco-allemands Tigre, l’Allemagne y a tout simplement renoncé !

    En matière spatiale, l’Allemagne de Von Braun et des V1 rêve aussi de prendre la place de la France ! Elle espère qu’un de ses petits lanceurs devienne grand pour contester à Ariane Group, constructeur pourtant franco-allemand, le développement des successeurs d’Ariane 6 ! Si l’Allemagne pouvait évincer et prendre la place de la France à Kourou en Guyane, autre grande réalisation d’avenir du général De Gaule, elle le ferait sans aucun doute possible.

    L’Allemagne a en fait pour ambition de saper tous les restes de la puissance française. Elle s’est réjouie et a contribué par des campagnes de presse et par son « lobbying » à la rupture du contrat de la vente des sous-marins à l’Australie ! L’Allemagne accorde parfois des marchés à Naval Group et à Thalès, autre grande réussite française que lorsque c’est son intérêt évident ou qu’elle ne peut pas faire autrement, mais elle a toujours refusé le rapprochement ou la fusion avec l’équivalent allemand TKMS, ne souhaitant pas être le n°2 en matière de construction navale militaire.

    Dans son fameux, surprenant et disruptif discours de Prague le chancelier Scholz n’a jamais fait la moindre allusion à la France, tenue pour quantité négligeable ! La France doit donc faire face à l’égoïsme allemand et se débarrasser des dirigeants français incapables et rêveurs qui font rire les Teutons ! Il nous faut des Zemmour, des Clemenceau, des De Gaulle, pas des Macron, des Aristide Briand, des Gamelin, des Daladier ou des incapables Marine Le Pen !

    Comme dit très plaisamment Bernard Carayon : « Nous parlons du couple franco-allemand, mais de l’autre côté du Rhin les bans n’ont pas été publiés ». Dès la signature du Traité de l’Elysée en 1963, les Allemands avaient tenu à imposer le préambule pro-américain et pro-OTAN pour accepter de le voter, ce que De Gaulle considéra déjà, à l’époque, comme un camouflet !

    L’Allemagne ne respectera qu’une France travailleuse, sérieuse, puissante, non décadente, avec des dirigeants courageux et de valeur ! Avis aux Français insouciants et décadents pour ne pas revoter Macron ni à gauche aux prochaines élections ! Dans ces conditions la France n’a plus aujourd’hui qu’une seule chose à faire : sauver les meubles de ce qui peut encore être sauvé avec l’Allemagne, quitter progressivement l’euro et l’UE qui doit devenir une simple zone de libre-échange, créer une nouvelle Confédération latine avec l’Espagne, le Portugal, l’Italie et la Grèce, et se rapprocher de la Russie en coopérant avec ce pays pour toutes sortes de projets (espace, nucléaire, armement, industrie). Bref, ne plus hésiter à jouer la traditionnelle Alliance de revers avec l’orgueilleuse Allemagne qui souhaite enfoncer la France et jouer la carte de l’OTAN et de l’Amérique impérialiste. Cette Allemagne aussi trop contente, comme Madame Von der Leyen, pourtant francophone, de parler seulement l’anglo-américain en excluant totalement le français, malgré les traités, lors d’un véritable coup d’Etat linguistique à Bruxelles !

  • GRANDS TEXTES (45) : Le départ, par Honoré de Balzac

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    Le 16 août 1830, Balzac est à Cherbourg pour apercevoir et saluer le Roi, Charles X, qui quitte la France, pour toujours. Un peu plus d'un an après, il écrit un très court texte, Le départ, dans lequel il définit son royalisme.

    Dans un autre de ses textes peu connus, paru dans les Contes bruns, il écrit : "Le plus beau pouvoir connu… Tout arbitraire et tout justice; le vrai roi !…"

     

    Sa doctrine est loin d’être celle des grands théoriciens traditionalistes de l’époque comme Maistre, Bonald, Ballanche ou le premier Lamennais; loin aussi de ce que sera le royalisme que Maurras voudra logiquement démontrer, prouver...

    Balzac n’invoque pas comme les premiers les justifications morales, juridiques ou métaphysiques du principe de légitimité; ni, comme le second, le fameux "la raison le veut".

    Il met en quelque sorte tout cela au second plan, puisqu’il va jusqu’à identifier légitimisme et absolutisme. Mais, bien sûr, au sens vrai de ce mot, que reprend François Bluche dans son magistral Louis XIV, et qui forme d'ailleurs notre 36ème Grand Texte : 

    La "Monarchie absolue", c'est la monarchie parfaite, par François Bluche

    Le "système" de Balzac, son royalisme, la Royauté qu'il défend et le Roi qu'il respecte, c'est un système de défense de la société. 1830 rappelait brutalement 1789, et, qui sait, pouvait rapidement se transformer en 1793...

    Le Départ

     

    Voyer-vous ce bâtiment de guerre près de la jetée ?… Le ciel est bleu ; la mer est brillante ; les rivages bordés de granit, les fortifications de granit, les forts de granit et le port de Cherbourg se découpent vivement dans la lumière.

    Y a-t-il quelques signes de désolation autour de vous ?… Non. Eh bien, la plus antique des monarchies va passer. Allons nous mêler à la foule qui se presse sur le port, et voyons ce terrible convoi.

    Voilà le roi !…

     

     

    Ce fut une sourde clameur irrésistible, échappée à toutes les lèvres, au moment où parut Charles X. – Ils ne savaient pas si bien dire !… C’est, en effet, le dernier roi de France ; après lui, peut-être y aura-t-il un roi des Français ; celui-ci est le roi de Dieu, le roi légitime, le roi comme doit être un roi, propriétaire de son trône, comme vous êtes propriétaire de votre fortune, car il y a, entre ce roi et votre fortune, d’invisibles rapports, une liaison intime dont vous vous apercevrez un jour.

    En ce moment, ce vieillard à cheveux blancs, enveloppé dans son idée, victime de son idée, et dont ni vous ni moi ne pouvons dire s’il fut imprudent ou sage, mais que tout le monde juge dans le feu du présent, sans se mettre à dix pas dans la froideur de l’avenir ; ce vieillard vous semble pauvre : hélas ! il emporte avec lui la fortune de la France ; et, pour ce pas fatal, fait du rivage au vaisseau, vous payerez plus de larmes et d’argent, vous verrez plus de désolation qu’il n’y a eu de prospérités, de rires et d’or, depuis le commencement de son règne. – Voyez-vous ce banquier, vingt fois millionnaire, qui s’apprête à faire un roi par commission, qui portera son roi en compte, qui fera la facture d’un couronnement économique, qui écrira : Tant pour avoir jeté une révolution à Rambouillet, et qui, pour sainte ampoule, trempera son roi dans l’or ? Eh bien, ce banquier insolent qui frappe sur l’épaule du roi, qui lui dira : « Dînons ensemble, je vous ferai mon héritier ; » cet homme, le type des banquiers, jouira du spectacle de cent maisons de banque ruinées et tombées les unes sur les autres comme des cartes que renverse le souffle d’un enfant.

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    Tenez, pendant que le roi part, cette diligence part aussi. Les routes sont sillonées de ses roues, elle ne roule qu’à prix d’or, il a fallu la paix et des millions pour l’établir… Dans quelques jours, le petit gouvernement pacifique de ces messagers n’existera plus… Le roi de France emporte le crédit, lui pauvre !… Mais que n’emporte-t-il pas !… Sur ce vaisseau l’accompagnent les arts en deuil.

    Sont-ce les trônes au rabais, les rois à bon marché, qui pourront semer l’or pour faire éclore des chefs-d’œuvre ? – Sont-ce cinq cents bourgeois assis sur des banquettes, et qui pensent à planter des peupliers ; sont-ce des pharmaciens occupés à réaliser la civilisation des castors ; sont-ce des philanthropes enchantés de faire manger aux autres des soupes économiques ; sont-ce des marchands d’orviétan politique et des jurés priseurs de budget, qui décréteront l’argent nécessaire aux galeries, aux musées, aux essais longtemps infructueux, aux lentes conquêtes de la pensée ou aux subites illuminations du génie ! Il y aura cependant un art dans lequel se feront de grands progrès, l’art du suicide. Il sera prouvé qu’un homme, auquel il était impossible de lever le bras au-dessus de sa tête, a pu se pendre lui-même les pieds à terre ; seulement, il sera regrettable que la Faculté n’ait pas consacré la thèse inverse, à savoir qu’il est impossible de se pendre en l’air… Hélas ! ce loyal vieillard, il emporte ma tranquillité, ma douce liberté. La patrie, représentée par des voleurs ou des transfuges, par des régicides ou des niais, se métamorphosera en un billet de garde ; et, si je vais me promener, mon billet de garde me suivra ; si je vais dans mon pays natal, trois épiciers de mon quartier me prouveront que je devais être au corps de garde, et, tribunal improvisé, me condamneront à la prison dans la plus libre des patries. La liberté dans les lois, c’est la tyrannie dans les mœurs, comme le despotisme dans les lois garantit la liberté des mœurs… Voilà le paradoxe que le départ du roi légitime rendra vérité. Quand ce vieillard et cet enfant auront mis le pied sur ce vaisseau, le peuple sera souverain, – le peuple qui ne sait pas lire ; vingt millions d’êtres à qui la royauté divine donnait du pain, demain n’en auront plus, et alors, ils traduiront leur souveraineté par un terrible mot : « Plus d’impôts ! et de l’or !… » Tous ces pâtres voudront garder leurs moutons à cheval. La souveraineté du peuple sera traduite par la classe intermédiaire, encore plus fatalement ; Elle dira : « Plus de supériorité sociale ! plus de nobles ! plus de privilèges !… »

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    Et aussitôt, plus de luxe, plus de gloire, plus de travaux !… D’un mot, ils démoliront des monuments, sans pouvoir prononcer la royale parole qui les construit. Ce combat de la médiocrité contre la richesse, de la pauvreté contre la médiocrité, n‘aura pour chefs que des gens médiocres, et l’inhabilité débordera de haut en bas sur ce pays, si riche en ce moment ; et il nous faudra payer cher l’éducation de nos nouveaux souverains, de nos nouveaux législateurs ; car ils essayeront de tout, excepté de la force ; aussi pendant quelques mois, ces mères qui ont amené sur leurs bras des enfants pour être témoins de la chute d’un enfant, et savoir comment on porte le malheur à cet âge ; toutes ces mères trembleront de revoir la Convention ; le jour où, la pairie héréditaire renversée, il n’y aura plus qu’un seul pouvoir armé, celui de la représentation nationale, il n’y aura qu’une seule chose dont on ne doutera pas : la misère !

    Tout cela sera le prix du passage de cette famille sur ce vaisseau. Trois fois tombée, la branche aînée aura trois fois ruiné la France. Qui a tort ? La France ou les Bourbons ? Je ne sais ; mais, quand ils revinrent, ils apportèrent les olives de la paix, la prospérité de la paix, et sauvèrent la France, la France déjà partagée. Ils payèrent les dettes de l’exil, ils payèrent les dettes de l’Empire et de la République. Ils versèrent si peu de sang, qu’aujourd’hui, ces tyrans pacifiques s’en vont sans avoir été défendus, parce que leurs amis ne les savaient pas attaqués. Dans quelques mois, vous saurez que, même en méprisant les rois, nous devons mourir sur le seuil de leurs palais, en les protégeant, parce qu’un roi, c’est nous-mêmes ; un roi, c’est la patrie incarnée ; un roi héréditaire est le sceau de la propriété, le contrat vivant qui lie entre eux tous ceux qui possèdent contre ceux qui ne possèdent pas. Un roi est la clef de voûte sociale ; un roi, vraiment roi, est la force, le principe, la pensée de l’Etat, et les rois sont des conditions essentielles à la vie de cette vieille Europe, qui ne peut maintenir sa suprématie sur le monde que par le luxe, les arts et la pensée. Tout cela ne vit, ne naît et ne prospère que sous un immense pouvoir.

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    Un moment viendra que, secrètement ou publiquement, la moitié des Français regrettera le départ de ce vieillard, de cet enfant, et dira : « Si la révolution de 1830 était à faire, elle ne se ferait pas. » Le singulier arrêt porté par les héros des trois journées sera toute une histoire, brève comme un mot de Tacite, et cette phrase portera ses fruits ; car les restaurations ou les révolutions ne sont jamais que l’accomplissement des pensées secrètes d’un peuple, et l’explosion des intérêts, qui tous tendent au même niveau, la paix et la sécurité. Nous pouvons reprendre pour le compte de la France le mot prononcé pendant le convoi de Paul Ier, et ceux qui savent lire notre histoire depuis quarante ans n’hésiteront pas à le répéter :

    « Les gens qui mènent par les chemins le convoi de la monarchie légitime enterreront eux-mêmes l’adjudicataire au rabais de la couronne et du pouvoir. »

    Napoléon a péri comme ces pharaons de l’Ecriture, au milieu d’une mer de sang, de soldats, de chariots brisés, et dans le vaste linceul d’une plaine de fumée ; il a laissé la France plus petite que les Bourbons ne l’avaient faite ; ceux-ci sont tombés, ne versant guère que le sang des leurs, à peine tachés du sang de gens qui avaient les armes pour la défense d’un contrat, et qui, dans la victoire, l’ont méconnu.

    Eh bien, ces souveraine laissent la France agrandie et florissante. Les preneurs à bail, qui vont essayer d’entreprendre le bonheur des peuples, apprendront à leurs dépens la signification du mot catholicisme, si souvent jeté comme un reproche à ce vieillard que nous déportons ; et, si par hasard ils gouvernent une nation qui raisonne, je leur pardonnerai l’exil et la misère de ces princes. La Providence sera pour eux.

    Voyez ce fort, là-bas, il a porté le nom de l’homme qui monte sur le vaisseau : il a déjà été débaptisé, le drapeau tricolore remplace le drapeau blanc. Maintenant, si vous n’avez pas lu sans émotion dans Walter Scott les regrets de la vieille Mérillies chassée de son village, ne donnerez-vous pas une larme à celui qui a perdu la couronne de France, et qui, pour la troisième fois, part en exil, trahi par les siens ?

    Voilà quelque chose de plus horrible à contempler que le roi, car il y a de plus un enfant repoussé !

    Comprenez-vous maintenant tout ce qu’il y a de grand, de malheureux, de terrible, de grave, de poétique, de sublime, de désespérant, de sombre, de glorieux, de national, de généreux, de sinistre, de religieux, d’intéressant, de ruineux, dans le départ de ces royales personnes ?

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    Sommes-nous au-dessus de la montagne du Roule, pour ne pas voir plus loin que les gens attroupés sur les pavés du port !

    Ces rois ont fait des fautes, sans doute ; car ils sont maintenant en pleine mer, et n’ont plus de patrie que dans le ciel.

    – Maintenant, dis-je à l’ami qui m’avait accompagné, si vous me demandez raison de cette oraison funèbre prononcée à coup sûr, je répondrai que je ne pense pas d’aujourd’hui, avec Hobbes, Montesquieu, Mirabeau, Napoléon, Jean-Jacques Rousseau, Locke et Richelieu, que, si le bien des masses doit être la pensée intime de la politique, l’absolutisme ou la plus grande somme de pouvoir possible, de quelque nom qu’on l’appelle, est le meilleur moyen d’atteindre ce grand but de sociabilité. Là-bas, dis-je en montrant le vaisseau, est le droit et la logique, hors cet esquif sont les tempêtes.

    – Nous avons l’avenir, me répondit-il, et la France ! Adieu !

     

    Décembre 1831.

     

     

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  • GRANDS TEXTES (29) : Monarchie et Royauté, par Vladimir Volkoff

    Ce court texte, d'où ne sont absents ni l'esprit ni l'humour de Volkoff, constitue la Préface ou l'Introduction de son opuscule intitulé Du Roi, paru chez Julliard (collection L'Âge d'Homme) en 1987.

    Dans ce texte, Vladimir Volkoff fait la distinction entre monarchie et royauté. Il voit dans l'une un système de gouvernement, dans l'autre un phénomène historique fondé sur trois facteurs : le pouvoir monarchique, le corps du roi et l'onction sacrée.

    La royauté lui apparaît moins comme une institution politique que comme un humanisme, car elle reproduit non seulement les structures de la famille, mais celles de l'homme lui-même : notre cerveau à la tête de nos organes, c'est proprement "le roi dans ses conseils".

    En outre, la royauté est le seul régime bisexué : la reine n'est pas  que la femme du roi; elle a  sa fonction propre.

    Vue sous un autre angle, la royauté est un moyen de connaissance analogique : entre le macrocosme de l'univers et le microcosme de l'individu apparaît le médiocosme de la société traditionnelle dont le roi est sûrement la clef de voûte, mais peut-être aussi la clef tout court...

     

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    Sacre de Charles X

    Si toute Royauté est monarchie, l'inverse n'est pas vrai : désignée par l'Histoire, et distinguée par le Sacre, la Royauté française n'est en rien une quelconque monocratie...

    Il ne faut pas s'appauvrir en faisant de monarchie et royauté des synonymes.

    La monarchie est un système de gouvernement où un seul commande. Rien de plus.

    Elle présente des avantages et des inconvénients. Elle peut être héréditaire ou non, d'inspiration religieuse ou non. On l'attaque au nom de certains principes, on la défend au nom de certains choix. La monarchie est une idée politique comme une autre. La monarchie se discute.

    La royauté, qui ne sert qu'entre autres à gouverner les hommes, n'est en aucune sorte une idée, mais une réalité inséparable de ses coordonnées historiques et géographiques. Elle plaît ou elle déplaît. Elle ne se discute pas plus qu'une montagne ou un météore. Au mieux, elle se contemple. Ou, si on a le tempérament jugeur, elle se juge.

    La royauté est un ensemble organique d'institutions - dont l'une, la centrale, est monarchique -, de corps constitués, de traditions, de lois écrites et non écrites, et surtout de personnes humaines groupées dans un certain ordre.

    Il s'ensuit que la monarchie peut s'instaurer du jour au lendemain, par le moyen d'un référendum ou d'un coup d'état, tandis que la royauté suppose un mûrissement plutôt qu'une victoire, un consensus plutôt qu'un plébiscite. 

    Même en distinguant la monarchie de la dictature - qui peut être celle d'un parti et non pas d'un homme - on observe des monarques qui ne sont pas rois - mettons le Régent - et des rois qui ne sont pas monarques dans la mesure où ils ne commandent pas : mettons la reine Elisabeth II.

    La royauté peut avoir un dosage plus ou moins fort de monarchie : Louis XIV fut monarque plus que Saint Louis, mais il ne fut pas plus roi. 

    Il arrive que la monarchie tende vers l'absolu. La royauté est limitée par définition, parce qu'elle est un organisme vivant. La monarchie peut être constitutionnelle. La royauté est à elle-même sa propre constitution.

    Certains royalistes ne sont pas monarchistes : bien des belges et des anglais ne souhaitent pas que leurs prince, qu'ils révèrent,  accèdent à des responsabilités de gouvernement. Certains monarchistes ne sont pas royalistes : la Phalange en a produit, qui suivaient Franco partout, sauf dans sa piété royale. Certains monarchistes deviennent royalistes à leur corps défendant : il y en a à l'Action française. Certains monarchistes se font royalistes en se forçant : il y en eut dans l'entourage de Louis XVIII.

    Des questions incidentes se posent. Par exemple, que se passe-t-il  - à supposer qu'il se passe quelque chose - quand un monarque qui portait un autre titre choisit de devenir, expressément, roi, comme le sultan du Maroc, qui s'est fait malek ? Voulait-il monter en grade ? Paraître plus occidental, plus moderne ? Poursuivra-t-il une union plus intime avec son pays ? L'Histoire le dira un jour.

    Autre question : les empereurs sont-ils des monarques ou des rois ?  

     

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    Ci dessus, Charlemagne en Imperator (musée du Louvre) et, ci-dessous, les "trois modestes fleurs"

    Portant un globe, symbolisant la terre entière, et - à l'origine - une épée, aujourd'hui disparue, l' Empereur est ici représenté "à l'antique", tel un Empereur romain, conquérant universel.

    Alors que - comme le rappelle Michel Mourre - "les Capétiens se distinguèrent pour la plupart par un réalisme un peu étroit mais fécond. Alors que les Plantagenêts tentèrent de construire un État franco-anglais sans avoir sûrement établi leur autorité en Angleterre même; alors que les Hohenstauffen, aux prises avec une puissante féodalité allemande, dispensèrent le meilleur de leurs forces en Italie, les Capétiens, tels des paysans arrondissant peu à peu leur champ, se bornèrent volontairement à l'idée simple de faire la France, d'être maîtres chez eux, en se gardant de toute conquête excentrique, en participant même très peu aux Croisades..."   

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    "On a remarqué que la plupart des autres maisons royales ou impériales d'Europe avaient pour emblèmes des aigles, des lions, des léopards, toutes sortes d'animaux carnassiers. La maison de France avait choisi trois modestes fleurs..."  (Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre V : Pendant 340 ans, l'honorable famille capétienne règne de père en fils)

     

     

            

    Il semble que le grand rêve impérial hérité des Romains par Charlemagne, Byzance, Barberousse, les Habsbourgs, la Moscovie, Pierre le Grand est d'une autre nature que la royauté. Tout empereur prétend au fond à l'empire du monde, et ce n'est que temporairement, en attendant de nouvelles conquêtes, qu'il accepte de limiter ses possessions à des territoires qui ont déjà quelquefois leur souverain local, considéré comme un vassal. C'est ce qu'annonce sans fausse modestie le globe crucifère que portent, haut dans leur main, les empereurs, mais non les rois.

    Dans cet ordre d'idées, le cas de Napoléon est caractéristique et presque caricatural. Puisqu'il ne peut y avoir qu'un seul empereur au monde, Napoléon tint à entrer dans le lit de l'Autriche, à détruire Moscou et à rabaisser Rome elle-même au niveau de royaume, tout cela contre ses véritables intérêts. Et combien révélateur l'incident du sacre ! Napoléon, qui posa la couronne sur sa propre tête, au lieu de l'accepter des mains du Pape qu'il avait pourtant convoqué, ne ressemblait guère au roi de France agenouillé sur les dalles de Reims devant l'archevêque mitré qui demeurait assis.

    Certains empereurs cependant se sont comportés en rois, dans la mesure où ils reconnaissaient que le pouvoir suprême leur venait d'un plus grand prince qu'eux et où ils se présentaient comme les pères de leurs sujets. Ce fut le cas en Autriche, ce le fut en Russie. Le Natiouchka Tsar et la Matiouchka Tsaritsa (notre père le tsar, notre mère la tsarine) étaient oints et couronnés selon des rites voisins des rites français, ils se considéraient responsables devant Dieu, le maintien de l'Eglise et l'administration de la justice constituaient leur premier devoirs.

    Pour ma part -réglons dès l'abord cette question d'intérêt médiocre - la famille où je suis né, mes sentiments et mes goûts ont eu sur moi des effets convergents. L'aspect chatoyant de la royauté m'a toujours charmé. Enfant, j'imaginais la république - la chose et le mot - en gris et noir, alors que les royaumes m'apparaissaient avec des couleurs brillantes; maintenant encore, le mot Royauté me semble coulé dans le vermeil. J'aime qu'il y ait des rois aux cartes et aux échecs et je m'ennuie aux dames, ce jeu tristement égalitaire où chaque pion rêve d'être un parvenu.

    Il y a plus. Bon ou mauvais, le roi est un artiste. Moi, plumitif, je rythme des phrases, j'équilibre des volumes, je commande tant bien que mal à des personnages de papier; le roi manoeuvre des armées et des flottes, bâtit des villes, réforme des institutions, modifie le destin de ses peuples : c'est un grand démiurge et j'en suis un petit, mais nous n'en sommes pas moins confrères. C'est pour cela sans doute que, comme le faisait remarquer José Maria de Heredia à Nicolas II,

                                           le poète seul peut tutoyer les rois.

    D'ailleurs j'aime trop la musique pour nier l'utilité du chef d'orchestre, j'aime trop le théâtre pour me passer de metteur en scène. Par là, je suis sans doute monarchiste. Cela dit, je vois bien qu'en deçà du chef d'orchestre il y a le compositeur et en deçà du metteur en scène le dramaturge. Par là, je dois être royaliste, et mon royalisme tempère mon monarchisme, car la royauté, moins présomptueuse que la monarchie, ne se conçoit que dans un ordre où elle ne tient pas le premier rang.

    Peu importe. Le flou du suffixe iste m'a toujours agacé (qu'y a-t-il de commun, je vous le demande, entre un bouddhiste et un véliplanchiste ?) et l'on se tromperait en cherchant dans les pages qui suivent l'exposé d'une doctrine. Ce n'est pas une défense de la monarchie que je propose : c'est une illustration de la royauté.

    Et la royauté m'apparaît - je ne sais pas si c'est à cause de mon côté scolastique ou de mon faible pour les poupées russes - comme un ensemble de trois pyramides triangulaires, la plus secrète s'emboîtant dans la moyenne et la moyenne dans la première.

     

     

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  • Feuilleton : ”Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu”... : Léon Daudet ! (1)

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     (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

    Aujourd'hui : Au sommaire...; présentation du feuilleton...

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    ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

     

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    1. Au sommaire de ce Feuilleton...

    1. L'enfance et l'adolescence heureuse...
    2. Un jeune homme insouciant, potache, voyageur...
    3. Ouvert, curieux de tant de choses et de gens...
    4. Avant, puis avec Maurras, "la" rencontre de sa vie...
    5. Sièges du mouvement, portraits de dirigeants...
    6. Tranches de vie...
    7. L'avant-guerre (I), les débuts du journal...
    8. L'avant-guerre (II), tout pour éviter la guerre...
    9. La Guerre, "la pluie de sang" (I)...
    10. La Guerre, "la pluie de sang" (II)...
    11. Député de Paris, quatre années bien remplies (I)...
    12. Député de paris, quatre années bien remplies (II)...
    13. De Paris à Paris, en passant par la Belgique...
    14. Dernières années, derniers combats, jusqu'au bout.
    15. Léon Daudet vu par... Conclusion.

     

    2. Présentation du Feuilleton...

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    On connaît la formule célèbre de Thibaudet, selon laquelle "Maurras est un continent". Mais, chacun à sa façon, chacun avec son style et dans son domaine, Bainville et Daudet sont, aussi, "des continents". Et leur amitié avec Maurras fut si indéfectible (seule la mort vint les séparer); leur action fut si intimement mêlée à la sienne, à partir du moment où ils le rencontrèrent, pour ne plus jamais le quitter; leur fréquentation réciproque fut si constante ("Au bon temps, nous nous voyions tous les jours", dira Maurras, lorsque mourut Bainville...); leur accord sur tout ce qui est essentiel fut si complet, si profond, si permanent... qu'il est impossible de parler de l'un des trois amis (au sens le plus complet et le plus fort du terme "ami", celui de l'amitié d'esprit) sans évoquer, immédiatement et pour ainsi dire automatiquement, les deux autres.

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    Qu'on n'aille cependant pas imaginer une désolante et stérile uniformité régnant entre eux : en dehors des points majeurs, sur lesquels l'accord est indispensable pour la véritable amitié ("eadem velle, eadem nolle, ea est vera amicitia...") la plus grande liberté régnait, au contraire, entre eux sur tous les autres sujets : Henri Massis a raconté plaisamment comment, un soir, alors qu'il ramenait en voiture Jacques Bainville et Léon Daudet, celui-ci lui avait dit, après que Bainville eût été déposé, et juste au moment d'arriver chez lui, au 33 rue Saint-Guillaume : "Maurras, quelle tête politique ! Mais ses idées littéraires, ah ça, non !".
    Tout est dit dans l'anecdote, qui est, de fait, bien plus qu'une anecdote...

    C'est d'ailleurs à Henri Massis, qui lui reprochait de faire l'apologie d'André Gide, que Daudet écrira une courte réponse contenant ces mots :


    "Notre mouvement d'AF n'a subsisté que par l'extrême liberté de chacun de nous - sauf sur le terrain politique - dans les domaines de littérature, de philosophie, des sciences et d'art. Autrement, où irions-nous ?..."


    Voilà pourquoi - en ayant commencé par un Album "Maîtres et témoins, I : Frédéric Mistral" - et après un Album "Maîtres et témoins, II : Jacques Bainville", un Album "Maîtres et témoins, III : Léon Daudet" s'imposait tout naturellement. Et voici maintenant cet Album présenté sous une autre forme : celle du feuilleton, pour certains plus agréable ou plus commode à consulter...

    Partir, ainsi, à la découverte de Léon Daudet, homme et oeuvre confondus; "lire Daudet", c’est d'abord partir à la découverte d'un homme d'exception, d'une personnalité hors norme; c'est aussi découvrir, de l'intérieur, l'histoire de l'Action française; et enfin, bien sûr, parcourir 60 ans de la vie publique et officielle française, et pas seulement "politique".
    C'est aussi la lire en dehors du cadre de la vérité officielle, et se permettre ainsi d’accéder à la vérité vraie, à l’histoire véritable de l’extrême-fin du XIXème siècle et de la première moitié du XXème siècle français, échappant ainsi aux travestissements, déformations, omissions ou mensonges en tous genres et de toutes natures dont les chroniqueurs patentés du Pays légal l’ont littéralement truffée.
    Le tout, à la manière et avec le style inimitable de Daudet, sa verve et sa truculence qui furent, à la fois, sa principale qualité et, probablement aussi, son principal défaut. Et qui permettra de découvrir un homme extraordinairement ouvert, curieux de tout, qui savait vivre en dehors de "la politique" et qui aimait aussi bien Monet ou Camille Claudel, Barbey d'Aurevilly, Courteline, Rodin ou... Picasso !

    Cet Album a été construit, pour l'essentiel, à partir des dix ouvrages de "Souvenirs" suivants de Léon Daudet :

    1. Les sept volumes de ses Souvenirs proprement dits, dont Pierre Gaxotte dit qu’ils sont "indestructibles" et dont Marcel Proust parle comme de "prodigieux Souvenirs", ajoutant :
    "Les ressemblances entre Saint-Simon et Léon Daudet sont nombreuses : la plus profonde me semble l'alternance, et l'égale réussite, des portraits magnifiquement atroces et des portraits doux, vénérants, nobles."
    Bernard Oudin, qui a établi les notes de "Souvenirs et polémiques" dans la collection Bouquins (1992) ajoute, pour sa part :


    "Nul n’a su comme lui faire le portrait au vitriol de ses contemporains, esquisser une silhouette en quelques traits mordants, décerner des surnoms qui collent à la peau, trouver la formule assassine qui étend raide l’adversaire, décrire avec une verve prodigieuse les ridicules d’un salon, d’une académie, d’une assemblée parlementaire, d’un tribunal, évoquer l’ambiance hallucinante des hôpitaux de sa jeunesse. Tout un monde, toute une époque, ressurgissent sous sa plume, avec les couleurs de la vie même." :


    1. Première série des souvenirs : "Fantômes et vivants" (Souvenirs des milieux politiques, littéraires, artistiques et médicaux de 1880 à 1905), paru en 1914;
    2. Deuxième série : "Devant la douleur", paru en 1915;
    3. Troisième série : "L’Entre-deux-Guerres" (Souvenirs des milieux politiques, littéraires, artistiques et médicaux de 1880 à 1905), paru également en 1915;
    4. Quatrième série : "Salons et journaux" (Souvenirs des milieux politiques, littéraires, artistiques et médicaux de 1880 à 1908), paru en 1917;
    5. Cinquième série : "Au temps de Judas" (Souvenirs des milieux politiques, littéraires, artistiques et médicaux de 1880 à 1908), paru en 1920;
    6. Sixième série : "Vers le Roi" (Souvenirs des milieux politiques, littéraires, artistiques et médicaux de 1908 à 1914), paru en 1921;
    7. Septième et dernière série : "La pluie de sang", paru en 1932, et consacrée à la Guerre de 1914/1918...

    2. Puis trois autres ouvrages qui, s'ils ne portent pas explicitement le nom de "Souvenirs" peuvent et doivent pourtant, bel et bien, être considérées comme tels, et donc être ajoutés à cette liste, dont ils font de toute évidence partie, de fait :

    1. "Député de Paris", dans lequel Daudet raconte ses quatre années et demi de mandature dans la Chambre Bleu horizon, paru en 1933;

    2. "Paris vécu", en deux tomes, "Rive droite", "Rive gauche", parus en 1929 et 1930.

    Les passages concernant "Un autre Victor Hugo" ont été tirés de "La tragique existence de Victor Hugo"; et ceux concernant l'exil à Bruxelles, de "Vingt-neuf mois d'exil", deux autre ouvrages de Léon Daudet...

    Enfin, quelques passages ont été empruntés au livre d'Albert Marty, "L'Action française racontée par elle-même"; au "Maurras et notre temps", d'Henri Massis; et, en ce qui concerne la critique du libéralisme, au "Stupide XIXème siècle", que Daudet fit paraître en 1922, alors qu'il était Député, en même temps que son "Sylla".
    Et, pour ce qui est d'un grand nombre de renseignements précis (dates, lieux, chiffres, personnages, synthèses...) on largement utilisé le remarquable Dictionnaire Encyclopédique d'Histoire, de Michel Mourre...

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    Croquis de Léon Daudet, tiré de la Base de données de l'Assemblée nationale. Par un curieux hasard de date, né un 16 novembre (1867) c'est aussi un 16 novembre (1919) qu'il fit son entrée à l'Assemblée nationale, comme député du 3ème secteur de Paris (XVIème arrondissement) : il avait donc très exactement 52 ans...



    Juste deux mots, avant d'ouvrir et de feuilleter cet Album, fait pour établir ou rétablir la vérité, face au(x) mensonge(s) officiel(s) d'une vérité "politiquement et historiquement correcte(s)", alors qu'on n'apprend souvent au public qu'une histoire grossièrement tronquée, falsifiée, dénaturée...

    1. D'abord, pour ceux qui seraient surpris, voire choqués, par la verdeur de certaines phrases, jugements, appréciations etc. de Daudet : le "b.a.-ba" de tout historien, ou de quiconque lit un texte "ancien", en tout cas d'une autre époque, est de ne pas le faire avec la mentalité de son propre temps, à lui, mais en se remettant dans l'esprit et la mentalité de l'époque qu'il étudie : or, du temps de Daudet, tous les polémistes, à quelque bord qu'ils appartînssent - de l'extrême-droite à l'extrême-gauche - s'exprimaient avec une virulence dont on n'a plus idée aujourd'hui; et, souvent même, ils dépassaient très largement les "verdeurs" de Léon Daudet...

    2. Ensuite, sur deux termes de vocabulaire. Là où Daudet parle (il y a cent ans...) de "République" et de "Démocratie", les royalistes d'aujourd'hui préfèrent parler de "République idéologique", de "démocratie idéologique", et critiquer "le Système". Nous ne sommes pas hostiles, en effet, à la république en soi - conçue comme la "res publica", la "chose publique" - ni à la participation active des citoyens à cette "res publica", qu'est la vraie démocratie. C'est la République idéologique, la Démocratie idéologique que nous rejetons : nous sommes, comme le disait Maurras, 36.000 fois républicains, à la base, au niveau communal; fédéralistes au niveau intermédiaire des Provinces (technocratiquement baptisées aujourd'hui "Régions", par un Système qui a rétabli, mais mal, en partie seulement, et d'une façon aberrante pour certaines, les Provinces que la Révolution avait supprimées, justement, par idéologie...); et, enfin, pour reprendre l'expression de Léon Daudet, nous sommes royalistes une seule fois, uniquement "au sommet", car nous souhaitons "nationaliser l'État par le Roi" : le Roi, protecteur des républiques françaises; ou, les républiques sous le Roi, tel est - reprenant les formules de Maurras - le vocabulaire employé par les royalistes aujourd'hui. Celui de Daudet s'explique par son contexte (une République idéologique récente, datant de 1875, et voulue par l'étranger, en l'occurrence, l'Allemagne de Bismarck) : autres temps, autres mots, et autre façons de "présenter" les choses. Mais ce sont bien, toujours, évidemment, les mêmes idées...

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    1. PLus de 45 "Commentaires" sur l'Ukraine, et cette très pertinente mise au point d'Antiquus, en réponse à une demande d'éclaircissement d'Hélène Richard-Favre :

     Il faut aussi être conscient que l'opposition entre l'OTAN et l'ancienne URSS était sur le plan idéologique, moins forte que celle existant aujourd'hui avec la Russie. En effet, avant 1989, le but de l'URSS était la conquête du monde par l'idéologie marxiste, qui n'était qu'un avatar de l'idéologie des Lumières anglo-saxonnes. Les USA et l'URSS étaient d'accord sur le but final (l'homme de la modernité), mais leur commun messianisme différait sur les moyens. Aujourd'hui, la situation a changé: les USA ont radicalisé leur messianisme, alors que la Russie a retrouvé le projet impérial de l'héritage tsariste, honni par la pensée anglo-saxonne. Le maintien de l'hégémonie américaine ne s'accommode pas d'un statu-quo, mais exige une agression permanente à l'égard de tout ce qui s'écarte du modèle qu'elle propose. L'OTAN est une alliance idéologique. La France n'a aucun intérêt à s'y maintenir.

    Écrit par : Antiquus | jeudi, 20 mars 2014

     Antiquus, très intéressant, votre propos. Juste une question, qu'entendez-vous par "les USA ont radicalisé leur messianisme". Merci de votre réponse.

    Écrit par : Hélène Richard-Favre | jeudi, 20 mars 2014

     Je réponds à Hélène: A l'époque où le communisme menaçait le monde, les USA ne faisaient pas de difficultés à aider les Etats qui se montraient anticommunistes, même si ces Etats développaient une vision du monde hostile à l'american way of life. Par exemple Franco en Espagne, Verwoerd en Afrique du sud, Pinochet au Chili. Sur le plan de la pensée, il en était de même: des gens comme Isaiah Berlin ou Künheld-Leddihn défendaient aux USA un anticommunisme conservateur, proche des idées contre-révolutionnaires. A partir de 1989 et la fin du communisme, l'idéologie américaine, libérée de son tenseur anticommuniste, redevient ce qu'elle a toujours été: un projet agressif de changement du monde, conduit par une idéologie puritaine, hostile aux héritages historiques, un messianisme révolutionnaire qui produit partout de la guerre et du chaos. A la minute où le communisme s'effondre, le sort de l'Afrique du sud est scellé. L'idéologie néo-conservatrice (un mélange pas si étonnant de trotskisme et et libéralisme) envahit la pensée politique américaine, républicaine et démocrate.

    Écrit par : Antiquus | vendredi, 21 mars 2014

     

    2. Par Christian Vanneste :

    En comparant le système judiciaire français à la Stasi, NS faute, mais révèle le délabrement de nos institutions ! Il y a quelque chose de pourri ... dans la République française.  

     

    3. Par Jean Louis Faure :

    Billet dont je partage toutes les analyses sauf cette phrase inutile "... Les nerfs de Nicolas Sarkozy ont craqué ...". Je pense qu'au contraire sa lettre a été bien mesurée et très réfléchie, et il en a probablement partagé le contenu.
    Le cas personnel de Sarkozy est sans intérêt. En revanche le dévoiement de moyens exorbitants par une corporation qui se sait intouchable, avec de l'argent public, est une atteinte grave à la fonction régalienne de la Justice. Qui sort en ruine de cette succession "d'enquêtes" imbéciles. Ce serait un peu long mais très facile de montrer qu'il n'y a pas l'ombre d'une justification. Ce ramassis de petites cervelles ont oublié des photos sur leur mur des cons, les leurs ...
    Une gauche moisie a trouvé une comparaison qui tue : Sarkozy agit comme Berlusconi (c'est une injure ?). Tréard du Fig a cloué le plateau de C dans l'Air avec un "le seul Berlusconi que je connaisse est le Hollande de la rue du cirque !"
     
     

    Pour une ballade de printemps du côté de Clermont-Ferrand... : Yakinfo - La Rédaction <Randan : des collections à découvrir>
    L'Etat a cédé voilà quelques semaines les collections du domaine royal de Randan à la Région Auvergne. Cet été, le public pourra les découvrir.
     
    5.Par Denis Blanc :

    Le droit de vote, acquis de la Révolution française ? En réalité, loin d’établir le suffrage universel, elle le réduit, le contrôle, le dénature ou le manipule. 
     

    6. Par Jean-Philippe Chauvin :

    Décidément, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans la République... Chronique de la corruption ordinaire, saison 2014 : La femme de Manuel Valls prise en flagrant délit de passe-droit (Anne Gravoin a usé de ses relations pour faire sauter le P-V de stationnement d'une amie mal garée dans la rue du 11e arrondissement où vit le couple...) 
     

    7. Par Laurent Bouvet :

    Nouveau SOUTIEN politique important, celui de Mme Isabelle DEBRÉ, SÉNATEUR U.M.P. DES HAUTS-DE-SEINE (et 1er Adjoint au Maire de Vanves)

    http://www.reconstruisonssaintcloud.fr/Debre.jpg

  • Dans votre quotidien cette semaine...

    LAFAUTEAROUSSEAU sans inscription.jpg= Lundi dernier, une confusion due aux dates de vacances différentes selon les Académies nous a fait annoncer, par erreur, l'habituel Louis-Joseph Delanglade en "ouverture" de semaine; nous présentons ici nos excuses aux lecteurs pour cette erreur, bien involontaire, mais, demain, Louis-Joseph Delanglade sera bel et bien là, suivi de son inséparable Grain de sel de Scipion...

    Puis on parlera, naturellement, de la tragédie ukrainienne, qui est une tragédie pour tous les Européens et pour l'Europe, qui reste à construire comme entité totalement indépendante des USA, et intégrant, bien évidemment et la Russie et l'Ukraine, seule façon de faire contrepoids aux mastodontes que sont la Chine et les USA... On parlera aussi, une fois de plus, de la théorie du genre imposée à l'école, comme s'il n'y  avait rien de plus urgent à y faire, vu le niveau catastrophique des études dans notre pays...; de la panique qui s'empare du PS, qui voit "ses" nouveaux électeurs immigrés lui échapper en masse et se rend compte - mais un peu tard, comme dans la fable... - que le calcul de son Think tank Terra nova n'était peut-être pas si fin que cela...; et de bien d'autres choses encore...

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    joueurs de carte.jpg= Mardi, on aura la sixième "Patte à Catoneo" : L'esprit de l'horizon. Très originale réflexion, et très inattendue, à partir d'un tableau hollandais du XVIIème :
     
    "Qui se souviendrait de Hendrick van der Burch sans son tableau Les Joueurs de cartes qui récite déjà la mondialisation. On est en 1660. Le chapeau est encastor du Canada, le motif des carreaux de sol est chinois, le pichet en faïence de Delft imite la porcelaine de Canton, le tapis est turc, la carte marine invite à rêver, le jeune serviteur d'importaton en livrée chamarrée regarde le jeu, un peu surpris. La fillette repose son chien sur un coussin en brocart de soie italienne à l'insu de sa mère qui bluffe. Les fenêtres nous séparent de l'ailleurs qui est partout présent dans la pièce. L'officier regarde cet ailleurs d'où provient la lumière blanche de Hollande, au ras de la mer...

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    YVES MARIE LAULAN.jpg= Mercredi : Les Jeux de  Sotchi. Et après ? Yves-Marie Laulan nous parlera de la Russie, de l'action menée depuis plusieurs années maintenant par Vladimir Poutine, des premiers résultats qu'il a déjà obtenu, dans son action de relèvement de la grandeur russe, bien mise à mal à partir de l'effondrement du système marxiste-léniniste...

    Même s'il n'a pas encore atteint tous ses objectifs, il est clair que Poutine, d'une main ferme, a ré-introduit son pays dans "la cour des grands"...

    Yves-Marie Laulan, économiste et démographe, a été successivement au cabinet de Michel Debré, aux Finances puis aux Affaires étrangères, membre de la Commission des Comptes et des Budgets économiques de la Nation, président du Comité économique de l’OTAN, président du Club  international des Economistes de banques, chroniqueur à Newsweek mag, conférencier à l’Ecole supérieure de Guerre et professeur à Sc. Po, à l’ENA et à Paris II. Il a publié une quinzaine d’ouvrages sur l’économie et la  démographie, dont certains publiés à l’étranger, ainsi que de nombreux articles sur ces mêmes sujets. Il préside l’Institut de Géopolitique des Populations.

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    le crise quelles crises.jpg= Jeudi : Du bon usage de la crise et des élections, par Pierre Chalvidan : 

    J’emprunte pour partie ce titre à un récent article de Gérard Leclerc (Politique Magazine Janvier 2014) dans lequel, avec sa perspicacité habituelle, il souligne la profondeur de la crise que nous traversons- il est un des rares à le faire – et en même temps, aussi, l’opportunité qu’elle représente si on veut bien la regarder en face, l’apprécier correctement et en tirer les conséquences qui s’imposent…

    "Voir, juger, agir", c’était, on s’en souvient, la bonne méthodologie de l’Action Catholique, qui n’a rien perdu, au fond, de sa pertinence... 

    Pierre CHALVIDAN est Docteur en Droit, diplômé de Sciences Politiques, licencié en Théologie. Après une carrière universitaire à Paris, il s’est retiré avec son épouse dans ses Cévennes natales tout en continuant à donner articles et conférences. Il animera le prochain Café politique de lafautearousseau à Marseille, le samedi 15 mars (18h30) : La Crise en 3D...

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    hollande trierweiler gâteau.jpg= Enfin, vendredi, on lira l'analyse politique d'Hilaire de Crémiers, parue dans le n° 126 de Politique magazine : Hollande tel qu'en lui- même :

    Comment la France peut-elle être gouvernée par un tel homme ? Cette question politique qui commence à agiter les esprits, est la seule qui vaille la peine d’être posée.

     

     Il jette les femmes comme des mouchoirs. Après usage. Il n’aime que lui. Et comme il s’aime bien lui-même, tant qu’il n’est pas gêné, il paraît fort aimable, mais ce n’est qu’une apparence. Contrarié, il est sec comme un coup de trique : aucun cœur. En a-t-il jamais eu, lui qui depuis son adolescence n’a toujours pensé qu’à lui, à sa carrière, à son unique ambition, à ses seuls intérêts...

      ___

     

    = Et, bien sûr, on réagira "en temps réel" à l'actualité immédiate, et on parlera de tout ce dont on ne sait pas encore que l'actualité nous amènera à évoquer... Et toutes les notes précédentes seront accompagnées de notes plus courtes, plus ramassées, permettant de réagir et de donner notre sentiment face à tel propos, tel fait, tel article qui feront la "une" de la semaine à venir... 

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    capture d'ecran blog.jpg= On aura aussi, comme d'habitude le samedi, notre note en deux parties :

    1. D'abord, une revue des Blogs, de Facebook, des magazines  et d'ailleurs;

    2. Et, ensuite, on donnera les liens que des lecteurs ont envoyés :

    N'hésitez pas à nous faire parvenir des liens sur des sujets qui vous ont paru importants...   

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    GIGN.jpg=On aura, évidemment, les Ephémérides, car c'est "tout cela, tous ceux-là, aussi, la France" : de l'apparition de l'imprimerie, à Strasbourg, au G.I.G.N qui devient opérationnel... En passant par : l'épisode du Vase de Soissons; la mort en Terre sainte de Raymond IV de Toulouse; Jeanne d'Arc, qui rencontre le Dauphin à Chinon; le désastre de Pavie; la première édition des Essais de Montaigne; Louis XIV, qui prescrit l'édification de l'Hôtel des Invalides; la Lorraine, qui devient française; Stofflet, fusillé à Angers; Napoléon contre la France, avec son recès de 1803, prélude à l'unité allemande; la massacre des Lucs-sur-Boiulogne, véritable Oradour-sur-Glane 150 ans avant Oradour...; le début de la construction de l'Arc de triomphe, à Paris; Becquerel, qui découvre la radioactivité naturelle...

    Sans oublier les naissances de Montaigne, Charles Le Brun, Cugnot, Marin de Laprade, La Quintinie, Montcalm, Vaucanson, Renan, Renoir, Hansi ...; et les décès de Marc-Antoine Charpentier (écouter l'ouverture de son Te Deum

  • Dans votre quotidien cette semaine...

    LAFAUTEAROUSSEAU sans inscription.jpg="Ces gens-là...", ou comment François Baroin méprise et exclut toute une catégorie de Français, en raison de leur vote...; deux ouvrages récents, l'un sur le poids de l'Islam en Europe; l'autre, sur François Hollande demasqué; préférer - avec SOS Education - apprendre aux enfants le "B - A BA" plutôt que l'ABCD de l'égalité; le Panthéon, dont certains pensionnaires ne sentent déjà pas très bon, qui voit arriver Jean Zay, auteur d'un poème (?) insultant sur la France, son drapeau et ceux qui sont morts pour elle; Manuel Valls en chute libre dans le sondages; les chiffres consternants de l'augmentation des déficits et de la dette, après ceux de l'augmentation du chômage (le tout confirmant l'échec complet du Système, dans tous les domaines...); mais aussi, à l'extérieur, l'évolution de la situation en Ukraine et en Russie... : voilà quelques uns des thèmes que nous aborderons dans les prochains jours, après que Louis-Joseph Delanglade aura "ouvert" notre semaine de réflexion et de prise de position sur les grands sujets qui préoccupent nos compatriotes; et après avoir lu le Grain de sel de Scipion, demain, lundi...

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    hollande trierweiler gâteau.jpg= Presque chaque semaine, l'abondance de l'actualité, et, surtout, un évènement imprévu, qui demande à être analysé, nous contraint à repousser une note : cette fois-ci, c'est l'analyse politique d'Hilaire de Crémiers qui l'a été. On la lira mardi (elle est parue dans le n° 126 de Politique magazine  ) : Hollande tel qu'en lui- même :

    Comment la France peut-elle être gouvernée par un tel homme ? Cette question politique qui commence à agiter les esprits, est la seule qui vaille la peine d’être posée.

     

    Il jette les femmes comme des mouchoirs. Après usage. Il n’aime que lui. Et comme il s’aime bien lui-même, tant qu’il n’est pas gêné, il paraît fort aimable, mais ce n’est qu’une apparence. Contrarié, il est sec comme un coup de trique : aucun cœur. En a-t-il jamais eu, lui qui depuis son adolescence n’a toujours pensé qu’à lui, à sa carrière, à son unique ambition, à ses seuls intérêts...

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    IMG_0096.jpg= Mercredi, comme nous avons pris l'habitude de le faire, maintenant, en général une semaine sur deux, afin d'élargir les horizons et de traiter d'encore plus de sujets, nous jeterons un oeil sur les liens partagés sur notre Page Facebook Lafautearousseau Royaliste et sur les liaisons établies grâce à notre compte Twitter A.F.Royaliste (dont les tweets continuent d'être, c'est à noter et c'est bon signe de plus en plus repris et partagés, "retweetés" comme on dit !);  et sur les "commentaires" au quotidien qui, très souvent, sont de très bonne qualité... On aura donc - sur l'Ukraine - un lien d'Hélène Richard-Favre (Ukraine, la haine est de mise) et un de Jean-Pierre Babin (Déstabilisation de l'Ukraine : les USA pris la main dans le sac); deux liens d'Aug Deb : un sur "Montebourg, du grotesque au ridicule", et un autre sur "Jacques Bainville, l'historien de génie"; un lien de Prospectives Royalistes de l'Ouest : manifestation contre Ayrault et le gender repoussée manu militari (vidéo); un de Philippe Delorme (la nouvelle datation du Saint Suaire relance le débat); un de Boulevard Voltaire (il y a 220 ans, jour pour jour, aux Lucs-sur-Boulogne); et, de Christian Vanneste, "la tragi-comédie du chômage..."... 
     
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    CATONEO 1.jpg= Jeudi, on aura la septième "Patte à Catoneo" : Abrégé de gouvernance. Très abrégé.  

    "L'approche des élections municipales déterre des affaires qui visent à discréditer, souvent à raison, des candidats venus blanchir leur CV par un succès démocratique.

    On en trouve dans tous les partis, bien que la République ait été proclamée le régime de l'indispensable Vertu à défaut de quoi elle tourne en satrapies confédérées pour l'établissement de quelques uns..."

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    = Enfin, vendredi, on donnera la vidéo du Café actualités d'Aix-en-Provence, au cours duquel Jean-Baptiste Donnier aura traité le sujet suivant : de la Démocratie religieuse à la démocratie extrême.

    Notre collection de vidéos des différents Cafés (Café-Histoire de Toulon, Café actualité d'Aix-en-Provence, Café politique de Marseille) continue donc à s'enrichir, et à proposer à tous, en permanence, des éléments de réflexion et de formation. Ce sont maintenant près de 50 vidéos qui sont consultables : de Danièlle Masson et Annie Laurent; de Jean-François Mattéi, Laurent Wetzel, Gérard Leclerc, Axel Tisserand, Jacques Trémolet de Villers, Patrick Barrau, Jean-Baptiste Donnier, Antoine et Hilaire de Crémiers, Alain Bourrit. Auxquelles viendront s'ajouter très prochainement celle de Pierre Chalvidan (La Crise en 3D, samedi 15 mars, Marseille) et Hervé Pasqua (La théorie du Genre, samedi 5 avril, Marseille)... A noter : chacune de ces vidéos - toutes déposées sur le site Viméo - a été téléchargée par plusieurs milliers de personnes, le record étant détenue par la vidéo du dialogue/débat sur la Crise entre Antoine et Hilaire de Crémiers, du 5 novembre 2011, qui a dépassé les 60.000 téléchargements !...

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    = Et, bien sûr, on réagira "en temps réel" à l'actualité immédiate, et on parlera de tout ce dont on ne sait pas encore que l'actualité nous amènera à évoquer... Et toutes les notes précédentes seront accompagnées de notes plus courtes, plus ramassées, permettant de réagir et de donner notre sentiment face à tel propos, tel fait, tel article qui feront la "une" de la semaine à venir... 

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    capture d'ecran blog.jpg= On aura aussi, comme d'habitude le samedi, notre note en deux parties :

    1. D'abord, une revue des Blogs, de Facebook, des magazines  et d'ailleurs;

    2. Et, ensuite, on donnera les liens que des lecteurs ont envoyés :

    N'hésitez pas à nous faire parvenir des liens sur des sujets qui vous ont paru importants...   

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    aristote au mont saint michel.jpg=On aura, évidemment, les Ephémérides, car c'est "tout cela, tous ceux-là, aussi, la France" : de la naissance de Blanche de Castille à la parution de "Aristote au Mont Saint-Michel"... en passant par : la chute de Château-Gaillard; le début de la construction du Palais de Justice de Rouen; la commande du phare de Cordouan; l'élection de la "Chambre retrouvée"; la Première de Carmen (écouter : Bizet Carmen Choeur Les Voici.mp3); la création du Musée d'Archéologie na

  • La Patte à Catoneo - L'esprit de l'horizon

    joueurs de carte.jpg

     

    Qui se souviendrait de Hendrick van der Burch sans son tableau Les Joueurs de cartes qui récite déjà la mondialisation(1). On est en 1660. Le chapeau est en castor du Canada, le motif des carreaux de sol est chinois, le pichet en faïence de Delft imite la porcelaine de Canton, le tapis est turc, la carte marine invite à rêver, le jeune serviteur d'importaton en livrée chamarrée regarde le jeu, un peu surpris. La fillette repose son chien sur un coussin en brocart de soie italienne à l'insu de sa mère qui bluffe. Les fenêtres nous séparent de l'ailleurs qui est partout présent dans la pièce. L'officier regarde cet ailleurs d'où provient la lumière blanche de Hollande, au ras de la mer.

    Nous sommes au faîte de la puissance de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. Les Provinces-Unies débarrassées de la tutelle espagnole repoussent leur horizon. C'est leur Siècle d'or. Les Hollandais écriront après les Portugais une des plus belles pages d'histoire du commerce international.

    Les comptoirs ont disparu, l'esprit demeure.

    L'horizon de l'ermite est un trait

    Pour tous les autres, il bouge. Sauf à croître et embellir sur place dans un immense empire borné de montagnes et de mers comme le fit le Cathay, les nations dominantes bougent l'horizon. Irrépressible syndrome du découvreur, faim des espaces cachés, fantasmes d'immensité, richesses, épices, femmes adorables inconnues, eldorado, c'est la mondialisation annoncée. L'affaire est vieille comme la race humaine. L'homme marche, que voulez-vous.

    Nos lecteurs les plus vieux se souviennent de la conquête chinoise francoanglaise dans leurs livres d'histoire, les autres achèteront des ouvrages sur liseuse pour apprendre ce que fut la mise au joug de l'empire décadent des Grands Tsings par les barbares mécanisés que nous fûmes avant eux. On les battit au canon; puis nous fîmes ouvrir de force leurs ports au commerce impérial jusqu'à pourrir sciemment leurs moeurs par la commercialisation de l'opium. La ratification d'accords sous la menace fut réunie sous le terme de "traités inégaux"; et ça continue mais ici : à notre tour, nous sommes un peu les Grands Tsings du jour. 

    L'Europe proie 

    Nos empires jadis privaient de lit le soleil, l'Europe a fini de "bouger l'horizon". Elle sédimente sur place, elle vieillit et se dégrade lentement vers ce qui restera à la fin, un grand marché ouvert aux quatre vents. Sera-ce le terrain vague à tout le monde comme on le dit des filles publiques ? Non ! La fille aînée de l'Europe entend capter l'héritage décadent dès à présent pour se nourrir des derniers sucs du pré-cadavre de sa mère et ne rien laisser à ses contempteurs aussi affamés qu'elle. Elle nous force à un traité inégal, mais librement consenti par ceux qui en espèrent des avantages personnels pour eux et leurs familles. On l'appelle Accord de libre-échange transatlantique, ou Transatlantic Trade and Investment Partnership (TTIP). Des hallucinés chantaient l'Europe de l'Atlantique à l'Oural, les Américains vont réussir l'Atlantique de Hawaï à Brest(-Litovsk) ! Même pas peur !

    On parle aussitôt chez nous de boeuf aux hormones, de maïs transgénique, d'obésité et d'abêtissement culturel. A cet égard, on fait mine d'oublier certains combats réactionnaires nés aux Etats-Unis qui foisonnent maintenant sur le vieux continent pour freiner la gangrène gazeuse de nos lois. Bref, les paramètres en analyse sont nombreux. Au-delà des tracts de promotion édités par les services gouvernementaux, il serait utile, avant de continuer à brailler, de toucher du doigt ces réalités promises.

    Justement ça tombe bien ! On passe maintenant en mode OACI : The Future of Transatlantic Trade sous-titré (Building an integratedtransatlantic marketplace: TTIP and Beyond) est un symposium(2) qui se tiendra au Shangri-La Hotel de Paris le 10 avril 2014. Je traduis la bandeannonce : "Tandis que la croissance des marchés économiques émergents est en train de ralentir, l'Ouest recherche des accords commerciaux régionaux tels que le TTIP entre l'UE et les Etats-Unis pour stimuler la croissance économique globale. Ce partenariat, s'il est conclu, devrait accroître le PIB global et créer des opportunités pour de nouveaux emplois. Selon le Centre de Recherche en économie politique, un accord transatlantique d'ensemble devrait accroître le PIB de l'Europe de 70 à 120 milliards d'euros et celui des Etats-Unis de 50 à 95 milliards."

    Suit la liste des intervenants : http://www.developmentinstitute.com/en/sitededie/47/transatlantic_trade/speakers

    Puis l'inscription à 1290€ + TVA récupérable, si vous réglez avant le 14 mars, et 1490€ après cette date (les abonnés au Washington Post ont 30% de remise). Coordonnées : Dii agency - European Voice - 164 boulevard Haussmann 75008 Paris - Tel : +33 1 43 12 85 55 - Fax : +33 1 40 06 95 26 - adresse email : register@europeanvoice.com

    D'après les organisateurs, les questions primordiales sont au nombre de quatre :

    - Quel impact attendre des élections européennes et américaines de 2014 sur les négociations transatlantiques ?

    - Quels sont les obstacles possibles à cet accord ?

    - Comment le TTIP affectera-t-il les émergents et le commerce mondial ?

    - Quel futur pour le commerce transatlantique si l’accord n’aboutit pas ?

    Il ne s'agit rien moins que d'un marché commun intégral. Cette affaire est plus importante que toutes les dérives sociétales (réversibles) et tous les reniements doctrinaux du pouvoir parisien (révocable), sans parler des élections pour de rire dont beaucoup attendent tant et qui ne changeront rien car le Système est construit contre elles.

    L'accès aux salles de la négociation officielle du TTIP nous étant toujours barré, à nous et à tous autres, je suis tenté de recommander aux responsables de tout mouvement souverainiste d'envoyer son "reporter" au symposium du Shangri-La pour connaître la vérité au coeur des attentes d'acteurs économiques globaux ; cent cinquante décideurs-clés sont annoncés. Car ce ne sont pas les textes qui priment, même en droit écrit, mais la lecture qu'en font ceux qui les appliqueront. Ne pas se contenter donc du truchement de MM.Chevènement, Védrine, Quatrepoint ou Philippot ; analyser par soi-même et commenter à la source.

    On peut aussi assister au pré-programme de la veille 9 avril qui réunira les principaux protagonistes du symposium au Cercle de l'Union interalliée à Paris de 17h30 à 19h00 pour 250€ seulement, sur le thème "What’s going on in Washington ?" ; pour se faire des potes.

    Repousser l'horizon ? Appel aux dons.

    Catoneo

    1977000867.jpg

    Notes :

    (1) Dix ans plus tard, Pieter De Hooch qui fut son maître et dont la cote est bien supérieure, recomposera toute la scène mais sans la 'mondialisation' dans son Couple jouant aux cartes avec une servante : http://www.rivagedeboheme.fr/medias/images/de-hooch-couple-jouant-aux-cartes-avec-servante-1670.jpg. Pour la petite histoire, le tableau de Van der Burch était au musée de Detroit, ville ayant déclaré sa banqueroute ; il n'y est plus. 

    (2) Le site de l'événement au Shangri-La : http://www.developmentinstitute.com/fr/sitededie/41/transatlantic_trade/accueil

  • Lu sur le Site d'Henri Hude : Gender : la gauche perd les Français issus de l'immigration...

    henri hude.jpg http://www.henrihude.fr/ 

    Voici quelques mois, un esprit lucide et gouailleur souhaitait bien du plaisir à Vincent Peillon, quand il faudrait enseigner aux petits musulmans qu’ils pourraient devenir des petites musulmanes, et inversement.    

    La gauche perd le support des Français issus de l’immigration

    Les immigrés musulmans ont peu manifesté contre le mariage homo. Cette communauté n’a pas une vie facile en France. Elle fait souvent partie des classes populaires durement touchées par la crise, elle est souvent offensée par la police, stigmatisée par les médias et amalgamée à des courants extrémistes de l’Islam ou à des délinquants, et consciente enfin d’être manipulée à son corps défendant. Peu liée aux catholiques en pointe dans le mouvement, elle regardait le débat avec indifférence.

    Aujourd’hui, le Pouvoir veut leur prendre le seul bien qui leur reste, le plus précieux, et le corrompre : leurs enfants. Rien ne va plus. L’amertume accumulée déborde.

    Les Musulmans ne sont pas des « Catholiques trop bien élevés ». Si le Pouvoir veut les contraindre, ça se passera mal et il devra reculer. Du coup, les catholiques pourront adopter à leur tour le seul moyen adapté face à une entreprise totalitaire : la résistance civile. Les immigrés, notamment grâce à leurs valeurs familiales, sont donc une chance pour la France ?!

    De plus, par sa gestion de l’affaire Dieudonné, le Pouvoir vient de perdre de nombreux jeunes, dont beaucoup sont issus de l’immigration.

    Les raisons de fond de ce nouvel antisémitisme populaire lui échappent. Il repose notamment sur le rejet de certaines personnalités phares de l’élite dirigeante, BHL par exemple, qui symbolisent des politiques aventurières ou injustes. Par leur omniprésence médiatique, ces gens causent un abominable amalgame entre la communauté juive et des images détestées.

    L’intérêt de tout groupe civilisé est aujourd’hui de se déclarer étranger à l’extrémisme idéologique de la gauche postmoderne. C’est ce qu’avait fait avec sagesse le Rabbin Bernheim, en publiant un texte de référence au moment de la discussion autour de la loi Taubira.  

    La gauche ne pourra plus diviser les Français au moyen de l’immigration  

    La gauche postmoderne avait depuis des décennies favorisé l’immigration. Elle n’avait certes pas créé les différences de potentiel entre Sud et Nord, ni le mécanisme des vases communicants entre ces espaces. Mais elle a encouragé ce mouvement spontané, partie par idéalisme, partie par calcul.

    Elle espérait que les conservateurs seraient toujours fixés dans certains réflexes, et que les immigrés se comporteraient toujours en « idiots utiles ». Les « petits Blancs » se montreraient inquiets, jaloux, hostiles, donc tout immigré, se sentant rejeté, ferait un électeur de gauche en plus. Une masse d’électeurs humanistes voterait automatiquement pour la gauche caviar, par répugnance envers le racisme. On rendrait du lustre à la laïcité en opposant Chrétiens et Musulmans, en réactivant, grâce à l’islamisme, la peur de la religion. Etc. Cela s’appelle jouer sur du velours.

    Mais le stratagème ne fonctionne plus. La bobocratie réussit au contraire la prouesse d’enclencher contre elle un grand mouvement d’unité nationale entre immigrés et « petits Blancs », entre catholiques, musulmans et humanistes civilisés, que le totalitarisme inquiète ensemble. Elle ne peut plus diviser, faire diversion, isoler ses victimes, les battre séparément.   

    Vers un bouleversement de l’espace politique  

    L’extrême droite classique sert encore à protester, mais elle est en train de prendre un coup de vieux. Elle est peu capable de saisir cette aspiration à la dignité civique que donne l’adhésion à un bien commun républicain. Cette montée du principe démocratique au sein d’une nation moderne et humaniste. Cette réinvention de la fraternité politique qui ne bute plus sur les différences religieuses et raciales, alors qu'elles étaient jusqu'alors des moyens de division et des leviers de pouvoir pour une élite devenue illégitime.

    Le Pouvoir a radicalisé les conservateurs et les a rendus intelligents. Toutes les victimes de la politique libérale-libertaire se découvrent et se trouvent mutuellement sympathiques, face à un Pouvoir technocratique et idéologique unanimement détesté.

    La question des réformes structurelles du pays peut enfin être posée, ne pouvant plus être amalgamée à un nationalisme réputé raciste. Ainsi se crée l’unité d’un peuple black-blanc-beur, uni sous les trois couleurs de notre drapeau et contre la noblesse d’Etat énarchique et le clergé médiatique postmoderne.  

    Il faut changer la politique culturelle et économique de nos Etats.

    En particulier, il est urgent de réformer un système fiscal inique, d’abolir les privilèges dont jouissent les dirigeants de la sphère publique, afin de relancer la logique de développement économique et de progrès social grâce à nos entrepreneurs. C’est là que se déroule le combat pour la justice et la démocratie. La jeunesse n’a que faire du mariage entre homosexuels. La vieillesse n’a que faire de l’euthanasie.

    Sans doute toutes ces idées et tous ces sentiments restent encore confus et mal exprimés. Il faudra aussi les débarrasser de bien des scories, notamment de tout antisémitisme. Néanmoins, la bobocratie n’a pas face à elle un panel de réactionnaires sans amour, de brutes semi-fascistes, ou de modérés terrifiés à l’idée d’être confondus avec les uns ou les autres. La bobocratie fait face à un front populaire massif exigeant le rétablissement du bien commun et de la République, aujourd’hui confisquée par une oligarchie issue de la haute fonction publique.  

    Tous les catholiques qui vont à la messe ont pris l’habitude depuis une génération, de prier dans des assemblées en Noir et Blanc. La culture à laquelle le nouveau prolétariat va se référer sera un mixte de postmoderne routinier et de retour aux traditions solides. Les religions solidaires entre elles et respectueuses de l’Histoire peuvent réinventer la laïcité avec les humanistes civilisés. La multiethnicité, une chance pour la France ! ? 

    Telle est la transformation qui s’opère sous nos yeux.  

    « Jupiter ôte la raison à ceux qu’il veut perdre. » Il vient de l’ôter aux socialistes.