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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • État-major et dissidences, par Philippe Germain.

    A peine Jean III doit-il assumer sa charge qu’il va assister à l’effondrement de la stratégie conservatrice déployée par l’Action française depuis 1919. Le royalisme va subir trois chocs successifs, mais avant de les étudier relativisons le bilan de la phase de conquête des abords du pouvoir. Certes brillant, il se révéla fugitif (1919 à1923 ). L’année 1924 vit l’A.F. perdre ses positions légales car Daudet ne fut pas réélu. De plus les potentiels Monk s’éloignèrent. La rupture entre Poincaré et l’A.F. s’était faite lors de la troublante mort du fils de Léon Daudet. Et puis en 1925, le général Mangin, en qui Maurras plaçait ses espoirs, décéda, lui aussi, de façon troublante[1] alors qu’il se préparait a entrer en politique.

    philippe germain.jpgLe premier choc a lieu en 1926, où l’Action française échoue dans le déploiement de sa stratégie de courroie de liaison des anciens combattants, les Faisceaux de Georges Valois. L’origine réside dans la récupération abusive de la maison d’édition de l’A.F. (la Nouvelle Librairie Nationale remplacée aujourd’hui par les Éditions de Flore), de ses fichiers et de gros donateurs financiers. Maurras sombre alors dans une polémique assassine. Double preuve que le noyau dirigeant de l’A.F. n’a pas su mettre en place un État-major capable de coordonner courroies de liaison et mouvement de surface. Faute de quoi Valois se tourne vers l’arbitrage de Jean III qui l’estime mais veut ménager l’A.F.  Déçu du prétendant – d’ailleurs en 1929 Valois refusera la sollicitation de Jean III pour former le dauphin Henri –  Valois se tourne alors vers l’exemple mussolinien[2]. D’instinct l’A.F.  s’oppose a ce premier fascisme. Maurras pressent le caractère utopique de l’alliance entre anciens combattants et les « producteurs ». Pour lui les anciens combattants, en dépit de leur prétention de rester « unis comme au front », ont été rendus, en même temps qu’à la vie civile, à leurs anciennes querelles. De plus, une nation victorieuse (1918), assurée de sa force (l’armée française occupe la Rhénanie) et vivant dans l’illusion de la prospérité (les « années folles »), ne peut sécréter un fascisme et malgré les premiers succès, l’expérience des Faisceaux échoue. Il n’en reste pas moins que la maîtrise des anciens combattants manquera cruellement à l’A.F. lorsque Jean III la sollicitera en 1934.

    Cet échec de courroie de liaison fait suite à celui de 1924 de conquête légale des abords du pouvoir et il est suivi en 1927 par un second choc très dur, porté au cœur même du mouvement de surface, dans l’âme des adhérents catholiques de l’Action française. L’existence même de ce mouvement anti-moderne entre en contradiction avec la stratégie Vaticane de modernisation ; dans la continuité théologique dont Léon XIII avait posé les bases à la fin du XXeme siècle : reconquérir l’espace social afin de faire surgir une nouvelle chrétienté. Ainsi, en décembre 1926. L’État-major de l’Action française découvre au travers l’allocution consistoriale, qu’il n’est pas permis de lire les journaux édités par l’A.F. Il en déduit que le pape Pie XI veut décapiter le mouvement royaliste et engager les catholiques à rejoindre le camp républicain. Puisqu’il ne s’agit pas de foi mais de politique, et pour ne pas être traités comme les christeros mexicains, l’État-major d’A.F. oppose un ferme « Non possumus » à Rome. Pour juger si cette condamnation est une crise religieuse de l’A.F. ou une crise politique de l’Église, on peut se référer aux travaux rassemblés par Victor Nguyen (colloque Maurras de 1976) et en 2001 par l’abbé Guillaume de Tanoüarn[3]. En revanche, sachant qu’elle fut politique même si elle ne l’était pas d’abord, nous pouvons observer ses aspects stratégiques, tactiques et leurs conséquences sur le capital royaliste dont Jean III à hérité au début 1926.

    • Pour Jacques Prévotat, l’A.F. a cherché à rallier les catholiques depuis les persécutions républicaines des Inventaires de 1906. Son catholicisme relève donc de la propagande au service d’une tactique de recherche d’alliance.
    • Pour Pierre Nora, la persécution républicaine contre l’Église a offert au néo-royalisme l’appui de la plupart des milieux catholiques. Le haut clergé s’est rempli de sympathisants. Les pères assomptionnistes de La Croix apportent leur soutien avec toute la presse intégriste. Les séminaires sont devenu des foyers du nationalisme intégral.
    • Pour Pie XI, l’Église catholique ne peut apparaître comme un soutien tacite d’un mouvement anti-moderne, surtout monarchiste. Et Bruno Goyet a relevé les difficiles[4] rapports des Orléans avec un pape considèrant l’aristocratie catholique comme une entrave à sa stratégie de modernisation.
    • Pour Émile Poulat, Pie XI craint la divergence des voies et la concurrence de direction pour l’instauration d’un «  nouvel ordre public  ». N’y a-t-il pas possible conflit entre la stratégie de l’A.F. tentant de rassembler les croyants et les incroyants dans la défense du bien commun et celle du Pape voulant une Action catholique regroupant les fidèles dans des associations  chargées de re-évangeliser certains secteurs sociaux (JOC, JAC, JEC).
    •  Pour Victor Nguyen, la condamnation vise plus les catholiques du Syllabus que les catholiques d’Action française qui ont le désavantage de se confondre maintenant avec les premiers.

    A la résistance de l’A.F. sur la ligne « le pape régnant n’est pas à l’abri de l’erreur humaine dans les questions de l’Eglise », Pie XI riposte par une ample tactique de persécution.

    • refus des sacrements (absolution, communion, extrême-onction),
    • épuration des séminaires (dont celui de Rome avec ses 200 séminaristes),
    • remplacement de 40 évêques maurrasso-compatibles,
    • création des éditions du Cerf pour publier des études anti-maurrassiennes,
    • retournement du philosophe de la Revue Universelle, le thomiste Jacques Maritain, pour en faire le contradicteur de Maurras (Primauté du spirituel, 1927).
    • manœuvres de Pie XI pour creuser un fossé[5] entre la Maison de France et l’A.F.

    Les conséquence pour le mouvement d’Action française sont terribles. Si il mobilise encore autant d’hommes pour ses manifestations de rue, il enregistre une nette régression chiffrable : baisse d’assistance au Congrès national, disparition des meetings ruraux, réduction des réunions de propagande et tirage du journal bientôt divisé par trois. De gros bataillons catholiques quittent le mouvement d’A.F.  Il est atteint dans ses profondeurs et si l’ostracisme dont il est victime lui donne le prestige des persécutés, ne lui reste que les attachements secrets et les fidélités déchirées, car les femmes et filles de militants préfèrent se soumettre pour ne pas être privées de sacrements. Généralement les catholiques de sensibilité gallicane restent fidèles tandis que les ultramontains massivement intransigeants ( peu ou prou les lebfevristes d’aujourd’hui) suivent le pape. Remonte donc la dualité entre l’Église et l’État, le religieux et le politique et la distinction d’Emile Poulat entre un catholique royaliste et un royaliste catholique, surtout maurrassien[6]. La condamnation par le Vatican, marque non seulement la fin de la période d’ascension mais aussi de toute stratégie du plus puissant soutien de Jean III.

    Le troisième choc est celui de « la grande dissidence » de 1930. Elle résulte de la perte de cohésion globale entre les deux composantes clé du mouvement d’Action française que sont l’État-major et la « force » mobilisable.

    • Le centre nerveux du mouvement royaliste est son état-major formé d’un nombre restreint de responsables groupés dans un comité directeur stable mais soudé par les épreuves passées plus que par une stratégie devenue inexistante depuis la condamnation.
    • Encadré sur le terrain par des bénévoles, le mouvement – malgré Valois et Pie XI – représente encore une force de personnes (ligueurs, camelots, étudiants), certes peu nombreuses mais rapidement mobilisables sur un terrain improvisé et capables de s’adapter aux actions nécessaires.

    La cohésion globale du mouvement d’A.F.  est soumise à deux conditions.

    • D’abord une unité doctrinale autour de principes politiques limités à l’essentiel utile. L’orthodoxie rigoureuse – formant l’identité d’A.F. – évite le développement de pratiques aberrantes. De plus par son contenu délimité, l’orthodoxie permet le débat des points controversés et l’adaptation aux évolutions du temps (aggiornamento). Ainsi protège-t-elle du sectarisme.
    • Secondement qu’état-major comme la force mobilisable soient convaincus de la légitimité de leur action. D’où dès 1908, à l’intention des militants les plus actifs, le développement d’une pédagogie de l’illégalité dont la crédibilité est conditionnée par une forme de «  spectacle  » du coup de force.

    La séparation des structures de débat et des structures de combat évite dogmatisme et anarchie. D’où avant 1914 le soutien de Maurras à la Revue critique des idées et des livres et aux Cahiers du cercle Proudhon.  Entre 1924 et 1927 il a toléré La Gazette française, soutenue par l’abbé Lallement et le philosophe thomiste Jacques Maritain, dans laquelle on trouve Henri d’Astier de la Vigerie et Jean de Fabrègues. Fin 1929 Maurras prépare avec Fabrègues la sortie de Réaction, une revue des étudiants de Paris d’A.F.  soucieuse d’intégrer dans l’orthodoxie, les préoccupations des jeunes sur l’évolution de la société, négligées par l’État-major. Les recherches de Réaction porteront sur les question religieuse et sociales avec la volonté de se désolidariser du capitalisme pour s’attaquer au désordre libéral. Mais en 1930 l’équipe de Réaction quitte la ligue en solidarité avec les cadres dissidents de la région parisienne partisans d’une préparation efficace de la ligue au coup de force.

    Effectivement la compétence militante de la génération de cadres bénévoles d’après-guerre, les rend critiques des méthodes d’un État-major les réduisant à uniquement faire du « spectacle » autour de la prise de pouvoir. Pour ces bénévoles, l’indispensable centralisation ne signifie ni bureaucratisation de la ligue, ni concentration de toutes responsabilités par l’état major et les permanents. Effectivement une des qualités de l’appareil doit être la mobilité, c’est à dire son aptitude à réagir rapidement et pertinemment à l’événement. Pour le docteur Martin[7], meneur de la contestation, la communion dans les méthodes disparaissant, la confiance est sapée. Cette grande dissidence assèche complètement l’encadrement de la ligue sur la région parisienne, cœur du mouvement. Les dissidents se réorganisent alors en petits réseaux et se mettent au service du duc de Guise.

    En 1930 Jean III ne dispose plus de l’important capital royaliste d’une Action française, au sommet de sa puissance à fin 1925. En trois chocs successifs de 1926 à 1930, les moyens d’action d’A.F. se sont réduits au journal quotidien, aux camelots du roi et aux étudiants. Déstabilisée, l’A.F.  cesse de raisonner en terme de milieu, de classe, plus ou moins récupérable et de spéculer sur les réactions possibles de tel groupe social. L’A.F.  a perdu toute velléité stratégique et Maurras est condamné à devenir le prince de l’intelligence pour masquer la misère de l’Action française qui n’a plus de stratégie. Paradoxalement ce déclin a amené Jean III a se soucier de stratégie. Les « années 30 » vont le prouver !


    [1] Il meurt lors d’un banquet, sans s’etre aperçu qu’un serveur (mystérieusement disparu) lui avait été attribué. Mangin avait déjà reçu des avertissements  :  un bordereau du Deuxième Bureau (20 juillet 1922) évoquait une série d’attentats prussiens, visant Maginot, Mangin, Daudet et Maurras.

    [2] Pour Valois, sa rupture avec l’A.F. a été préparée par la police et surtout par la grande banque favorable à l’inflation ruineuse des petits rentiers qu’il n’a cessé de combattre en défendant la stabilité du franc.

    [3]La condamnation de l’Action française, La Nouvelle revue Certitudes n°7, été 2001, p. 3-5 et 41-84.

    [4]Voir le non possumus papal pour le mariage serbe de 1920  ; la non réponse au message de deuil pour la mort de Philippe VIII  ; le refus d’audience pour Jean III en 1926  ; le camouflet du refus d’une lettre de condoléance malgré la demande du duc de Guise  ; les difficultés pour le mariage de la princesse Anne d’Orléans avec le prince de Savoie  ; le refus d’audience du prince Henri en 1930 et l’extrême froideur du Pape avec la duchesse de Guise  ; les difficultés pour le mariage du Dauphin à Palerme.

    [5]Brunot Goyet, Henri Orléans comte de Paris 1908-1999 Le Prince impossible, Odile Jacob, 2000, p. 163-167.  

    [6]Pierre Debray, Schisme dans l’Eglise  ?, La Table Ronde, 1965, chapitre Intégrisme et «  Aggiornamento  », p. 78-91.

    [7]Pierre Péan, Le mystérieux docteur Martin (1895-1969), Paris, Fayard, 1993, p. 39-58.

  • Dans votre quotidien, cette semaine...

    ARMEE 14 JUILLET 2012.jpg= Il y a de nombreux talents, "en province", et les royalistes font et disent beaucoup de bonnes choses un peu partout, en France : à lafautearousseau, on ne répugne pas, bien au contraire, à reprendre toutes ces bonnes choses, et à leur donner ainsi un peu plus d'audience et d'écho. On commencera donc cette semaine en parlant des Armées et de leur budget, à partir d'une réflexion de Philippe Schneider, dans le dernier numéro de La Lorraine Royaliste, plaidant , avec raison, pour "un budget militaire à 4% du PIB". Cela, au moment où l'on découvre un budget volontairement sacrifié par une gauche pour qui "sabrer l'armée" est une vieille "tradition" (!). Les divers gouvernements de droite n'ayant d'ailleurs guère mieux fait avant Hollande, puisqu'il faut remonter en... 1966 pour trouver un budget militaire digne de ce nom...

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    BERNARD PASCAUD 3.JPG= Bernard Pascaud, pour sa part, traite de résistance et reconquête, dans la Lettre de liaison de La Restauration nationale, lorsqu'il analyse les conséquences de l'imposant - et inattendu - mouvement de fond des Manif pour tous

    Un mouvement qui a remué toute la France, et suscité l'intérêt un peu partout dans le monde. A moins d'être particulièrement naïf, peut-on penser que le Pape François - celui-là même qui vient de mener le phénoménal succès des JMJ de Rio - ne pensait pas à la loi Taubira lorsqu'il déclarait à des hommes politiques français que, des lois, cela s'abrogeait ?

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    reynaert.jpg= On est souvent d'accord avec pas mal d'articles qui sont publiés sur Boulevard Voltaire

    Mais pas toujours...

    Jean-Claude Lauret, a « « pondu » ou « commis » – comme on voudra - un "Pour en finir avec les fadaises de notre Histoire…". Pour lui,  François Reynaert est un gentil garçon,  un passionné d’histoire. Il s’est donc plongé dans les œuvres des grands auteurs du passé... Et Jean-Claude Lauret de chanter les louanges de Jean-François Reynaert : il est faible de dire que nous sommes en complet désaccord avec lui, car cet "historien", qui prétend lutter contre les "fadaises" de notre Histoire, est précisément l'un de ceux qui véhicule l'Histoire revisitée, faussée, falsifiée, bref mensongère, de l'historiquement et politiquement correct...  

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    mattei detouré 1.jpg= Jean-François Mattéi nous pardonnera d'avoir "repoussé" - actualité oblige... -  l'article qu'il a donné à Politique magazine, pour son n° d'été (juillet/août) : "Un mariage virtuel" sur le mariage homosexuel sur le mariage homosexuel : "Le « mariage homosexuel », cet étrange oxymore, reste sous la dépendance du mariage hétérosexuel, ce curieux pléonasme. Loin d'assurer leur liberté aux couples homosexuels, la juridicisation de leur lien affectif sous la forme d'un mariage les soumet au modèle dominant du mariage hétérosexuel..." 

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    LAFAUTEAROUSSEAU sans inscription.jpg=Enfin, on s'adressera "A ceux qui nous découvrent", soit par notre Page Facebook, soit par la lecture de notre quotidien, en leur proposant un court texte de Maurras paru dans L'Action française, le 4 octobre 1910.

    Comment croire qu'il ait 100 ans, ce texte ?

    En effet, l'article de Gaëtan de Capèle, en "Une" du Figaro quotidien du vendredi 12 juillet 2013 (cent ans après le "texte prémonitoire" de Maurras, donc...), et intitulé L'hydre administrative, vient corroborer, et "valider", cette analyse et cette prédiction de Maurras (Le Figaro étant, rappelons-le, le premier quotidien français...) 

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    = Et, bien sûr, on réagira "en temps réel" à l'actualité immédiate, et on parlera de tout ce dont on ne sait pas encore que l'actualité nous amènera à évoquer... Et toutes les notes précédentes seront accompagnées de notes plus courtes, plus ramassées, permettant de réagir et de donner notre sentiment face à tel propos, tel fait, tel article qui feront la "une" de la semaine à venir...

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    =

  • NOTRE FEUILLETON ESTIVAL : UN ETE AVEC JACQUES BAINVILLE...

    A partir du vendredi 19 juillet, et jusqu'à la fin du mois d'août, nous vous proposerons de découvrir, ou de mieux connaître, mais aussi de faire découvrir à d'autres (par le jeu des partages) l'immense Jacques Bainville, par le biais d'une photo quotidienne tirée de notre "Album Jacques Bainville" (lafautearousseau vous propose également un "Album Léon Daudet" et un "Album Charles Maurras").

     

     

     

    Aujourd'hui : 13. En 1900, parution du "Louis II de Bavière"

    C'est le premier livre de Jacques Bainville, écrit a vingt ans.


    Il est dédicacé "A M. Maurice Barrès, en souvenir de l'esprit des lois."


    Quand le livre parut, Maurras écrivit : "Il a fait à vingt ans et du premier coup ce qui réussit difficilement à quarante ans, moyennant beaucoup de talent et de peine, un solide livre d'histoire..."

    Là encore, Georges Grappe livre de précieux renseignements sur le Bainville de cette époque dans sa contribution - "Adolescence" - au Recueil d'hommages de Plon (pages 76/77/78) :

    "...On l'a dit : Bainville était né dans un milieu républicain, où les théories de Jules Ferry étaient tenues en haute estime. Nous nous querellions volontiers à ce propos. Mais, dès cette époque, la lecture de Taine et de Balzac troublait en lui les doctrines héritées...
    ...Mais ses séjours en Allemagne, à Francfort, à Munich nourrissaient en lui les doutes qui s'étaient formés sur la valeur du régime républicain.


    De la capitale bavaroise, en août 1898, Bainville m'annonçait une grande nouvelle (né le 9 février 1879, il a alors 19 ans et demi, ndlr) :


    "Depuis que j'ai reçu ta lettre, je suis resté dans cette bonne ville de Munich. Si je ne me trompe, le souvenir de ce séjour me restera précieux. J'aurai revécu dans cette ville une des vies les plus étonnantes qu'on puisse imaginer. C'est te dire que l'idée de faire un Louis II de Bavière m'obsède de plus en plus. Je crois maintenant que je pourrai réaliser sous une forme littéraire les notes que j'entasse depuis bientôt deux mois. Moi qui, tu t'en souviens, fus toujours un médiocre "historien" et ne prétendais qu'au titre de "littéraire", je me suis pris d'un intérêt passionné pour l'histoire de l'Allemagne contemporaine. Et me voici englouti dans Sybel et Ranke. Qui l'eût cru ? Pas ce brave Lechugeur (1) tout au moins. Du reste, tranquillise-toi, je ne ferai pas dans mon livre - si je l'écris ! - mon petit Michelet. Ce sera plutôt une étude de "biographie psychologique"; l'histoire n'interviendra que là où Louis II aura agi sur elle. Et les cas sont rares."


    Tout Bainville, on est en droit de le dire, est déjà en germe dans ces confidences juvéniles. Les lignes essentielles de son esprit s'y trouvent déjà dessinées. Par la seule force de sa pensée, au contact des maîtres et de la réalité, il en est venu du sophisme démocratique à l'empirisme organisateur...


    Le diamant est sorti de la gangue originelle. L'heure de la taille a sonné. Le moment est venu où, "sous le signe de Flore", ce jeune prince des idées va rencontrer Maurras et prendre à son côté une position exceptionnelle. Après quelques échecs chez des éditeurs, Louis II paraît sous la couverture bleue de Perrin. Bainville entre à La Gazette de France, puis rallie l'Action française, la petite revue grise où nous nous retrouvons près de Bourget, Barrès, Vaugeois, Amouretti, Corpechot..."



    (1) : Un de nos professeurs d'histoire au Lycée Henri IV.

     

     

     

    Tiré de notre Album "Maîtres et témoins"... (II) : Jacques Bainville" (186 photos)

  • Feuilleton : ”Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu”... : Léon Daudet ! (135)

     

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     (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

    Aujourd'hui : Pourquoi l'AF choisit-elle "l'Union sacrée" ?...

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    ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

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    Le Défilé de la Victoire, rendue possible par l'union sacrée, le 14 juillet 1919...

     

    Dès les années qui suivirent sa victoire, en 1870, Bismarck ne cacha pas ses intentions "d'en finir" avec la France, qui se relevait décidément trop vite, et qu'il n'avait pas suffi d'écraser militairement, ni d'amputer de deux de ses Provinces de l'Est.
    Bismarck intervint d'abord, fort intelligemment, dans nos affaires intérieures, en faisant tout ce qui était en son pouvoir pour favoriser l'avènement de la République, au lieu de la monarchie : agissant ainsi, il ne faisait d'ailleurs que nous rendre la monnaie de notre pièce, les Rois de France ayant manoeuvré pendant des décennies pour éviter l'unité de l'Allemagne, en favorisant l'émiettement "des" Allemagnes, pour avoir la paix de ce côté-là...
    En oeuvrant en sous-main "contre Henri V", Bismarck ne faisait qu'affaiblir la France comme les Rois de France avaient affaibli l'Allemagne...
    Il fut puissamment aidé dans sa tâche par Thiers et, surtout, par Gambetta : que la République, en France, ait été souhaitée, voulue et, même, favorisée par Bismarck et par l'Allemagne est un fait historique bien établi.
    Dès son avènement, donc, en 1875, la république portait cette tâche originelle : être, en France, selon la formule fameuse de Maurras, "le règne de l'étranger".
    Il est faible de dire que sa "légitimité", évidemment, s'en ressentait...
    Pourtant, au-delà du Régime, il y avait la France. Et la France, même vaincue et amputée, même en République, restait un grand pays, toujours dangereux pour Bismarck, qui avait bien avancé, mais pas tout à fait parachevé, sa toute récente unité allemande.
    Il était donc de notoriété publique que l'Allemagne cherchait le moindre prétexte pour reprendre les hostilités et, cette fois, se débarrasser définitivement de la France.
    On le sait, c'est Napoléon III, déjà très malade (il devait mourir trois ans après le début des hostilités) qui avait commis la folie de déclarer la guerre à une Allemagne prête et archi-prête, alors que la France, elle, sans alliés, n'était absolument pas prête pour un tel conflit; et de plus, au contraire, Napoléon III avait fait tout ce qu'il ne fallait pas faire pour laisser l'Allemagne - contre laquelle il se lançait maintenant follement... - se constituer en grande puissance; et d'abord réaliser son unité, au nom du funeste "principe des nationalités".
    Mais, à partir des années 1880, on savait que, cette fois, ce serait l'Allemagne qui déclarerait la guerre.
    À l'Action française, on savait cela : on savait qu'il fallait "faire le Roi" avant que la guerre n'éclate, car, après, ce serait beaucoup plus difficile.
    On connaît l'histoire : "faire le roi" ne fut pas possible.
    Et, donc, lorsque l'Empereur Guillaume II déclara la guerre à la France, un redoutable dilemme se posa aux royalistes : l'union sacrée contre l'ennemi, certes, mais faire gagner la France, c'était aussi, faire gagner... la République; et donc lui donner - un comble ! - cette "légitimité" qui lui manquait depuis ses origines.
    La guerre décima la jeunesse française, évidemment sans distinction d'opinions politiques ni de croyances religieuses; mais elle décima aussi la jeunesse d'Action française, une partie de "la fleur" du mouvement, qui mourut, certes, pour la France, mais dont le sacrifice, aussi, contribua, "volens nolens", à laver la république de sa tâche originelle et, donc, à l'affermir. La moitié des Camelots du Roi partis au Front ne revint pas...
    Mais, la guerre nous étant imposée, le moyen de faire autrement ?...
    Imagine-t-on un seul instant "les royalistes" refuser de faire la guerre, appeler à déserter, trahir "la Patrie en danger" ? C'était, évidemment, tout simplement impensable : la tragédie fut qu'il n'y eut pas d'alternative.
    Après avoir tout fait pour tâcher d'éviter la guerre, une fois la guerre survenue, on ne pouvait évidemment que tout faire pour la gagner...
    La tenaille redoutable dans laquelle se trouva prise l'Action française, et qui devait la broyer, la broya, en effet : avec la résistance acharnée du Système (qui employa tous les moyens, des plus "normaux" aux plus brutaux), la guerre de 14 est bien l'une des causes principales de "l'échec" - à vues humaines... - de l'Action française...

    Léon Daudet, rapportant une conversation avec Clemenceau, a bien résumé la chose, et expliqué pourquoi, pour l'Action française, "l'Union sacrée" s'imposa, malgré toute autre considération, et dès le début, comme une évidence...

    De "Député de Paris", pages 39/40 :

    "...En ce qui concerne l'Action française, journal et mouvement, une remarque doit être faite : contrairement aux républicains sous Napoléon III, qui se réjouirent du désastre de Sedan au cri de : "Les Armées de l'Empire sont battues !" nous fûmes les premiers à proclamer, et de quel coeur, l'union sacrée devant l'ennemi.
    Après la paix, parlant affectueusement avec l'un d'entre nous, Clemenceau s'en étonnait :
    "Vous aviez là l'occasion de votre coup d'État et vous ne l'avez pas saisie !"
    Il lui fut répliqué que nous eussions considéré comme criminel de couper l'esprit national en deux en un pareil moment.
    Supprimer la République, sans blesser douloureusement la Patrie, voilà ce qui a toujours été dans nos voeux..."

    Et, dans "Vers le Roi", page 121 :

    "...Les républicains, pour renverser l'Empire, n'ont pas hésité à recourir à l'insurrection devant l'ennemi.
    Une telle attitude est évidemment en opposition formelle avec la doctrine de l'Action française, laquelle met la Patrie avant tout. Elle serait en horreur à tous ses membres.
    Lorsque, le régime républicain n'ayant su ni prévoir, ni prévenir, ni préparer la guerre, la France, au 3 août 1914, fut attaquée par l'Allemagne, ce régime n'eut pas d'auxiliaires plus dévoués ni plus désintéressés que nous.
    Sa partie demeurée paradoxalement saine et patriotique vit rapidement se dresser contre elle sa partie logiquement putréfiée.
    Ce qui demeurait français dans la République subit l'assaut de ce qui obéissait aux ordres de l'Allemagne.
    Tout notre mouvement se porta à l'aide des premiers contre les seconds.
    À maintes reprises, il nous eût été facile, bénéficiant de l'assentiment et parfois de l'enthousiasme public, de pousser l'avantage national, assuré par notre coopération, jusqu'au point où il fût devenu "notre" avantage.
    Nous ne le fîmes point - quelle que fût demeurée et même accrue notre conviction, quant à la nocivité des institutions républicaines - parce que la formule de l'union sacrée nous était précisément sacrée..."

    Dans "La pluie de sang" (page 86), Léon Daudet tient cependant à "établir les faits"... :

    "...Car l'union sacrée nous a permis de gagner la guerre.
    Mais elle serait un leurre, si elle devait maintenant masquer pieusement la vérité historique (que nous prétendons établir ici) et qui met à l'origine du massacre l'aberrante politique des républicains, maîtres du pouvoir, chez nous, depuis un demi-siècle.
    Parmi ces gouvernants républicains, la plupart ont préféré leur parti à l'intérêt français tout court.
    D'autres ont ignoré totalement l'Allemagne.
    Une troisième catégorie enfin (dont Caillaux est le prototype), était aux ordres de l'Allemagne..."

  • Voeux d'espérance pour une annnée qui s'annonce difficile....

            Mais, au fond, quand "les choses " ont-elle été faciles ? Il y a eu, c'est vrai, dans l'histoire de l'humanité, des périodes fastes, des moments de grâce, pourrait-on dire : la Grèce de Périclès, l'apogée de l'Empire romain avec les Antonins, la Florence des Médicis, le Grand siècle en France... Encore ces époques-là, pour exceptionnelles qu'elles furent, connurent-elles malgré tout des déboires, des guerres, des difficultés, des aspects plus sombres... Et, finalement, c'est - hélas... - Bainville qui a raison : "Tout a toujours très mal marché"....

            Croit-on que "les choses" aient été faciles à la chute de l'Empire romain, pour Saint Augustin qui mourrait dans sa ville assiégée par les barbares, ou pour les Gallo-romains qui voyaient leurs villes détruites et pleuraient leur bienfaisante Pax romana ? Au Moyen-Âge de la Guerre de Cent ans, à laquelle s'ajoutaient la Peste et les Famines ? En France, sous la révolution, quand la folie s'empara du pouvoir en asservissant le pays sous la Terreur et le Génocide ?...

            Alors, oui, c'est vrai, et il est inutile d'essayer de se le cacher, sous un optimisme de façade qui ne serait que benêt : nos temps sont durs. "...Mais ce sont nos temps", comme le dit le Prince Jean, et, si l'on peut envier ceux qui ont eu la chance de vivre sous Périclès, ou sous les Antonins, ou sous les Médicis, ou sous Louis XIV... il est beau aussi, dans la nuit, de croire à la lumière.... Et il est beau, selon le mot de Léon Daudet, d'être des "mainteneurs malgré tout"; et de réaliser l'exhortation de Mistral, "Mau-despié de l'erso que lou sapo, adusès vosto clapo per mounta lou clapié.." (Et, malgré la vague qui le sape, apportez votre pierre pour élever l'édifice...").

            Ce n'est donc pas de lamentations dont nous avons besoin, mais d'engagement et de résolution. En renouvelant, une fois de plus, notre volonté d'oeuvrer pour la France et pour le Bien commun.

           Dans cinq jours, on célèbrera le six centième anniversaire de la naissance de Jeanne d'Arc : voilà un grand et bel exemple d'action et d'engagement, en des temps plus que difficiles. Et Jeanne montre bien le chemin : elle a sauvé la France, en remettant en place la Légitimité.

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           Cette Légitimité dont nous voyons bien, depuis longtemps, mais d'une façon de plus en plus évidente maintenant, même et surtout pour le grand public, qu'elle fait défaut aux Institutions qui prétendent guider le pays, alors qu'elles ne font que l'enfoncer dans un lent et continuel déclin, avec son cortège de pauvreté, chômage, dette, violence, pression fiscale excessive, injuste et, surtout, inefficace....

            Cette Légitimité qui nous conduit tout naturellement à nous tourner vers la Famille qui l'incarne et qui en est la dépositaire : la Famille de France. Nous redisons donc notre attachement indéfectible, en premier lieu, au Comte de Paris, Chef de la Maison de France. Ensuite, au Dauphin, le Prince Jean, à son épouse, la Princesse Philoména et au petit prince Gaston, dont on sait qu'il attend, dans les semaines qui viennent, un petit frère ou une petite soeur : l'arrivée de ce second enfant dans le couple princier est un beau symbole de fraîcheur, d'optimisme et d'espérance en l'avenir, en ces temps où dominent le gris et le morose....  

            On nous permettra aussi, après avoir présenté nos voeux à la Famille de France, de les présenter à lafauteraousseau : que sa progression continue, que son audience s'élargissse encore, non pas, bien sûr, pour nous congratuler nous-mêmes, mais pour mieux faire entendre une voix qui n'a d'autre ambition que de servir la France et le Bien commun. Vous le savez, nous vous en informons régulièrement, les progrès de votre quotidien sont continus, et les statistiques de fréquentation restent ascendantes. Ce mois-ci, nous venons de dépasser, pour la première fois, les 100.000 "pages lues" par mois (101.459, très exactement...), et notre prochain objectif - si votre aide ne se dément pas, c'est pour bientôt... - est d'arriver - pour les dépasser ensuite... - aux 30.000 visites mensuelles.

             Mais il y a plus important que ces chiffres : c'est ce qu'ils recouvrent. "Donnez-leur des raisons", disait Maurras. Ces plus de "cent mille pages lues" ce mois-ci, ces "30.000 visites" mensuelles que nous aurons bientôt, à quoi correspondent-elles ? Ceux qui viennent sur lafauteraousseau, ce n'est pas pour y lire des bandes dessinées, ni des brèves de comptoir, genre café du commerce : mais pour y consulter, par exemple, les quatorze vidéos de nos Cafés politiques, dans lesquelles tout le monde peut trouver la transmission d'un corps d'idées, d'un ensemble de doctrines, cohérents et forts.

            Si l'on examine l'ensemble de ces 14 Cafés politiques que nous avons tenus, à Marseille, en 2010 et 2011, tous enregistrés en vidéo, tous mis en ligne sur nos blogs, tous à la disposition de ceux qui, à tout moment, veulent s'informer ou se former, notamment les plus jeunes, l'on s'apercevra que nous y avons traité, dans l'esprit véritable d'une Action française actuelle, les sujets les plus cruciaux, pour la société française et l'avenir du pays : la théorie du Genre; la Crise; la Présidentielle; les Printemps arabes; la Mondialisation, Babel effondrée; l'identité nationale face à l'immigration; la tyrannie de la bien-pensance; guerre économique et nationalismes....

            Encore ces Cafés ne sont-ils qu'une petite partie de tout ce que peuvent trouver sur le Blog ceux qui cherchent à découvrir nos Idées : il y a aussi les Grands Textes, les PDF, les Documents audios et vidéos, les Albums, et tout ce qui va venir s'ajouter cette annnée..... : il est clair que nous allons continuer à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour poursuivre et amplifier l'action entreprise : il suffit de voir les projets que nous avons d'ores et déjà annoncés et présentés, d'un mois de janvier exceptionnel au mois de septembre qui permettra de donner tout son relief à l'annnée Maurras...

            "Ce n'est pas de la louange que nous voulons pour nous. C'est de nos idées, c'est de notre méthode qu'il importe de dire du bien. Ce sont elles qui sont de bonnes conductrices. C'est à elles que nous devons de déchiffrer la réalité, de ne pas nous perdre dans la forêt obscure. Bonne méthode, justes idées, soyez remerciées et, pour les jours à venir, conduisez-nous encore".

             Ces mots de Bainville, dans L'Action française du 2 janvier 1915, tracent notre voie pour l'année - et les années... - à venir.

           Et vous ? Continuerez-vous à participer à cette action, à oeuvrer avec nous, dans la même direction, en redoublant vous aussi d'efforts pour donner des ailes à vos idées ?

           Bonne année à ces Idées, pour la France, pour le Bien commun, pour et par les Princes..... 

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  • Éphéméride du 19 janvier

    2001 : Mort de Gustave Thibon (ici au Rassemblement royaliste des Baux de Provence, où il est venu pendant plus de vingt ans)

     

     

     

     

    1771 : Renvoi des Parlements 

     

    "Y a-t-il un seul souverain ? Ou la France est-elle soumise à douze aristocraties ?" (Maupeou).

    Dans la nuit du 19 au 20 janvier 1771, Louis XV et Maupeou (ci dessous) cassent les Parlements, et leurs membres sont exilés. Chaque parlementaire reçoit par huissier copie de l'arrêté du Conseil du roi confisquant les charges et interdisant aux magistrats de rendre des arrêts, sous peine de faux.

    Maupeou forme un nouveau Parlement avec les magistrats qui approuvent sa politique, supprime la vénalité des offices et introduit l'égalité de tous les sujets devant la justice...

    Les parlementaires avaient contre eux une bonne partie des "philosophes", Voltaire en tête, qui écrivait à d'Alembert : "Quoi les boeufs-tigres pleurent ? On ne rend plus la justice ? Les plaideurs sont réduits à s'accommoder sans frais..."

    La "destruction" des Parlements, qui bloquaient toute réforme, par égoïsme corporatiste et en fonction de la préservation de leurs seuls intérêts et privilèges, était le début, et la condition sine qua non,  de la Révolution royale ; celle qui aurait apporté au pays les réformes nécessaires, et donc empêché la funeste Révolution idéologique.

    Celle-ci se produira malheureusement moins de vingt ans plus tard : le jeune Louis XVI (20 ans) commettra l'erreur - et la folie... - , à son avènement, en mai 1774, de restaurer les magistrats dans l'intégralité de leurs charges !...

    Fatale décision : "On peut sans exagération dire que la Révolution date de 1774", écrit l'historien Jean Tulard... 

     

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    Amer, et surtout lucide, Maupeou déclara :
    "...le roi ne peut avoir d'autre reproche à me faire que mon trop de zèle pour le maintien de son autorité. Je lui avais fait gagner un procès qui durait depuis trois cents ans. Il veut le reprendre; il en est le maître..."
     
    Certains contemporains affirment l'avoir entendu dire, en aparté, "...il est perdu..." (sur ce désastreux "rappel des Parlements", voir l'Éphéméride du 12 novembre)

    De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre XIV, La Régence et Louis XV :

    "...Choiseul avait essayé de gouverner avec les Parlements en leur donnant les jésuites en pâture, en flattant leurs sentiments jansénistes, en tirant même de leur sein des ministres et des contrôleurs généraux. L'effet de cette politique était déjà usé. Il ne restait plus qu'à recourir aux grands moyens. En 1771, Maupeou, chargé de l'opération, supprima les Parlements et la cour des aides.

    À leur place furent institués des "conseils supérieurs". La vénalité des charges était abolie, la justice devenait gratuite. C'était une des réformes les plus désirées par le pays. La suppression des Parlements, acte d'une politique hardie, permettait de continuer cette organisation rationnelle de la France qui, depuis des siècles, avait été entreprise par la monarchie. La voie était libre. 

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    L'abbé Terray
                 

    Ce que Bonaparte, devenu Premier Consul, accomplira trente ans plus tard, pouvait être exécuté sans les ruines d'une révolution. De 1771 à 1774, l'administration de Terray, injustement décriée par l'histoire, mieux jugée de nos jours, commença de corriger les abus. Elle adoucit d'abord, avec l'intention de les abolir ensuite, les impositions les plus vexatoires; elle organisa ces fameux vingtièmes qui avaient soulevé tant de résistances; elle s'occupa enfin de créer des taxes équitables, telle que la contribution mobilière, reprise plus tard par l'Assemblée constituante, en un mot tout ce qui était rendu impossible par les Parlements.

    Si nous pouvions faire l'économie d'une révolution, ce n'était pas en 1789, c'était en 1774, à la mort de Louis XV. La grande réforme administrative qui s'annonçait alors, sans secousses, sans violence, par l'autorité royale, c'était celle que les assemblées révolutionnaires ébaucheraient mais qui périrait dans l'anarchie, celle que Napoléon reprendrait et qui réussirait par la dictature : un de ses collaborateurs, le consul Lebrun, sera un ancien secrétaire de Maupeou. Il y a là dans notre histoire une autre sorte de continuité qui a été malaperçue.

    Nous allons voir comment ces promesses furent anéanties dès le début du règne de Louis XVI par le rappel des Parlements. Alors seulement la révolution deviendra inévitable..."  

     

     

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    1839 : Naissance de Paul Cézanne

     

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    La montagne Sainte Victoire
     

    http://www.impressionniste.net/cezanne.htm

     

     

     

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    1840 : Découverte de la Terre-Adélie 

     

    Parti le 1er janvier d'Hobart en Tasmanie à la tête d'une expédition composée de deux corvettes, L'Astrolabe et La Zélée, Jules Dumont d'Urville découvre une grande étendue terrestre au milieu des icebergs de l'Antarctique. Il la baptise Terre Adélie, du nom de son épouse.

    Le 21, il prend possession de cette nouvelle terre au nom du roi de France, Louis-Philippe. Il y débarque le 26.

    D'une superficie de 432.000 kilomètres carrés, la Terre Adélie constitue avec les îles sub antarctiques Kerguelen, Crozet et Amsterdam, les Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF).

    Contrairement aux îles, situées dans la partie sud de l'Océan Indien, la Terre Adélie, elle, se trouve sur le continent Antarctique, dont elle représente environ 3% de la superficie.

     

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    1865 : Mort de Proudhon

     

    Pierre-Joseph Proudhon ne cesse d’intéresser la réflexion contemporaine. Le mouvement socialiste français et européen eût sans-doute été très différent si les idées de ce penseur considérable y avaient prévalu sur celles de Marx. L'histoire du XXème siècle, probablement sauvée des totalitarismes, et la réalité du nôtre auraient été aussi tout autres.

    On sait qu'il y eut, autour des années 1910 et suivantes, un cercle Proudhon à l'Action française; et l’on va voir que Maurras ne niait pas qu'on pût le ranger, "au sens large", parmi "les maîtres de la contre-révolution". Le texte qu’on va lire ici est certes daté, motivé, comme souvent, par les circonstances. Maurras y exprime néanmoins, à grands traits, le fond de sa pensée sur Proudhon et y manifeste, après réserves et nuances, la considération tout à fait particulière qu’il a toujours eue pour ce grand penseur et patriote français... 

     

     

    De Charles Maurras (Paru dans les Cahiers du Cercle Proudhon, n° 1 de janvier 1912 - le texte date de 1910) :

    "...Au lendemain du jour où l'Italie fête le centenaire de Cavour, nous verrons une chose horrible : le monument Proudhon, à Besançon, sera inauguré par M. Fallières (ci dessous)*. Le fonctionnaire qui représente l'Étranger de l'intérieur, la créature des Reinach, Dreyfus et Rothschild officiera devant l'image du puissant écrivain révolutionnaire, mais français, à qui nous devons ce cri de douleur, qu'il jette à propos de Rousseau : "Notre patrie qui ne souffrit jamais que de l'influence des étrangers…"

    19 janvier,cezanne,aix en provence,sainte victoire,terre adelie,dumont d'urville,louis philippe,neon,georges claude,thibon,maupeou,parlementsLes idées de Proudhon ne sont pas nos idées, elles n'ont même pas toujours été les siennes propres. Elles se sont battues en lui et se sont si souvent entre-détruites que son esprit en est défini comme le rendez-vous des contradictoires. Ayant beaucoup compris, ce grand discuteur n'a pas tout su remettre en ordre. Il est difficile d'accorder avec cet esprit religieux, qu'il eut vif et profond, sa formule "Dieu, c'est le mal", et, dans une intéressante étude du Correspondant, M. Eugène Tavernier nous le montre fort en peine d'expliquer son fameux "La propriété, c'est le vol". Nous remercions Proudhon des lumières qu'il nous donna sur la démocratie et sur les démocrates, sur le libéralisme et sur les libéraux, mais c'est au sens large que notre ami Louis Dimier, dans un très beau livre, l'a pu nommer "Maître de la contre-révolution".

    Proudhon ne se rallie pas à la "réaction" avec la vigueur d'un Balzac ou d'un Veuillot. Il n'a point les goûts d'ordre qui dominent à son insu un Sainte-Beuve. Ses raisons ne se présentent pas dans le magnifique appareil militaire, sacerdotal ou doctoral qui distingue les exposés de Maistre, Bonald, Comte et Fustel de Coulanges. La netteté oblige à sacrifier. Or, il veut tout dire, tout garder, sans pouvoir tout distribuer; cette âpre volonté devait être vaincue, mais sa défaite inévitable est disputée d'un bras nerveux. On lit Proudhon comme on suit une tragédie; à chaque ligne, on se demande si ce rustre héroïque ne soumettra pas le dieu Pan.

    Son chaos ne saurait faire loi parmi nous, et nous nous bornerions à l'utiliser par lambeaux si ce vaillant Français des Marches de Bourgogne ne nous revenait tout entier dès que, au lieu de nous en tenir à ce qu'il enseigne, nous considérons ce qu'il est. De cœur, de chair, de sang, de goût, Proudhon est débordant de naturel français, et la qualité nationale de son être entier s'est parfaitement exprimée dans ce sentiment, qu'il a eu si fort, de notre intérêt national. Patriote, au sens où l'entendirent les hommes de 1840, 1850, 1860, je ne sais si Proudhon le fut. Mais il était nationaliste comme un Français de 1910. Abstraction faite de ses idées, Proudhon eut l'instinct de la politique française; l'information encyclopédique de cet autodidacte l'avait abondamment pourvu des moyens de défendre tout ce qu'il sentait là-dessus.

    19 janvier,cezanne,aix en provence,sainte victoire,terre adelie,dumont d'urville,louis philippe,neon,georges claude,thibon,maupeou,parlementsEt, là-dessus, Proudhon est si près de nous que, en tête de son écrasant réquisitoire contre les hommes d

  • Les Démocraties occidentales désarmées ? Le révélateur de Hong Kong, par Jean Philippe Chauvin.

    1A.jpgLes Démocraties occidentales sont, comme dans les années 1930, faibles et trop souvent désarmées face aux puissances autocratiques ou totalitaires, et elles semblent n’avoir rien retenu de l’histoire, une fois de plus et peut-être une fois de trop : les provocations ottomanes du nouveau sultan Erdogan et la prise de contrôle presque totale du territoire de Hong Kong par la Chine de Xi Jinping marquent une poussée des régimes intolérants qui semble s’accélérer à l’occasion de ce déconfinement qui tourne à la déconfiture économique et idéologique des grandes démocraties occidentales, en partie minées par le communautarisme et le racialisme, deux systèmes idéologiques qui portent le même risque de désintégration des anciens modèles de civilisation sans remettre en cause, loin de là, les idéologies économiques dominantes de la société de consommation et du libre-échangisme mondialisé.

    jean philippe chauvin.jpgL’américanisation des conflictualités internes à notre pays, par exemple, montre bien la porosité de nos sociétés, par les médias comme par la mondialisation elle-même, aux thématiques imposées par les gourous d’une gouvernance qui cherche, par tous les moyens (y compris ceux de la morale ou, plus exactement du moralisme, fort peu politiques s’ils s’avèrent néanmoins politiciens…), à contourner les gouvernements politiques des Démocraties tout en les culpabilisant pour mieux les affaiblir : une stratégie profitable aux Etats non-démocratiques qui s’engouffrent dans les brèches faites par les opinions publiques des Démocraties elles-mêmes, insouciantes du danger à moyen terme (dans le meilleur des cas) d’un effondrement total, qui pourrait être civilisationnel avant d’être militaire… Un effondrement qui n’est pas fatal, mais possible et plausible si l’on n’y prend garde.

     

    Bernanos, ce royaliste intraitable, renvoyait démocraties et totalitarismes dos à dos, allant jusqu’à clamer que « les démocraties étaient les mères des totalitarismes », ce qui rejoignait la pensée de JRR Tolkien qui, lui, l’a traduite dans ses récits du « Seigneur des Anneaux ». Le jugement des deux écrivains catholiques est malheureusement souvent vérifié par l’Histoire, celle que les Démocraties contemporaines, à l’aune de celles d’hier fondées parfois sur la « tabula rasa » révolutionnaire, se dépêchent d’oublier pour mieux « jouir sans entraves », formule idéale des « démocraties consommatoires » nées de la double idéologie franklino-fordiste. Pourtant, les totalitarismes ou les régimes liberticides sont surtout forts de la faiblesse des démocraties libérales, particulièrement européennes, la démocratie états-unienne, plus réaliste et sans doute plus cynique, sachant que son intérêt propre lui intime de ne jamais baisser la garde et de ne surtout pas désarmer : « et à la fin, rira bien qui tirera le dernier », pourrait-on dire, sans même exagérer ! Les Etats-Unis ont « les flingues » et c’est bien leur vraie protection, leur assurance-vie « pour garantir l’éternité », du moins la leur, et pour chercher à démentir le fameux adage « Tout empire périra », véritable épée de Damoclès au-dessus de la tête des puissances géopolitiques…

     

    Il est une autre puissance, qui n’a pas toujours été notre amie dans l’histoire, qui sait que désarmer est la pire des politiques en temps de paix, car ce serait, surtout pour un pays riche, attirer la convoitise des carnassiers du moment et aiguiser les couteaux des dépeceurs d’empires : c’est le Royaume-Uni qui, lui, n’hésite pas à construire de nouveaux porte-avions et à renouveler régulièrement son armement dont il lui arrive d’utiliser toutes les capacités quand ses intérêts nationaux et ses droits territoriaux, même lointains, apparaissent menacés, comme nous le rappelle l’intervention aux îles Malouines (que les Britanniques nomment Falkland) du temps de Margaret Thatcher face aux troupes de l’Argentine des généraux. C’est d’ailleurs du Royaume-Uni et de Boris Johnson, lointain successeur de Winston Churchill (auquel il a consacré un ouvrage, d’ailleurs), que vient la seule réaction claire et nette face au coup de force chinois qui, depuis une semaine, applique à Hong Kong une loi de « sécurité nationale » qui criminalise toute contestation du régime communiste et de sa politique liberticide, au nom d’une sorte d’unité et indivisibilité de l’ensemble chinois qui nous renvoie au jacobinisme républicain des années révolutionnaires. Sans doute, le Premier ministre de la Monarchie britannique se rappelle-t-il de la fameuse phrase de son illustre prédécesseur qui annonçait, au lendemain des accords de Munich de l’automne 1938, que ce traité n’assurait rien du tout et qu’au lieu de préserver la paix et l’honneur, il amènerait, après le déshonneur, la guerre et, pour certains des signataires, la défaite, ce qui n’a pas manqué d’être vérifié quelques poignées de mois après, et à nos dépens…

    Dans cette affaire de l’abandon des habitants de Hong Kong par les Démocraties européennes, seule l’ancienne puissance coloniale a sauvé l’honneur (et sans doute un peu plus), en annonçant être prête à fournir 3 millions de passeports aux Hongkongais, à la grande colère de la Chine qui y voit une ingérence insupportable. En fait, le Royaume-Uni ne cherche pas à « recoloniser Hong Kong » (et cela même si le drapeau britannique est parfois brandi par quelques manifestants comme une sorte de talisman, comme l’était le drapeau français par les Anjouanais en 1997 lors de la « sécession » d’avec la République des Comores…), mais à rester ferme face à la Chine, profitant du Brexit pour affirmer plus clairement ses valeurs et ses options stratégiques quand l’Union Européenne, elle, brille par sa profonde lâcheté face à l’empire de Xi Jinping auquel, il est vrai, elle continue d’acheter masques et textiles divers…

     

    Entendons-nous bien : la politique de la France ne doit pas être d’affronter, ni même de se brouiller avec la Chine communiste, mais d’affirmer son indépendance et son franc-parler sans, pour autant, négliger la diplomatie. Or, les puissances qui se réfugient derrière la ligne Maginot de la couardise et de la facilité sont condamnées à connaître le pire, n’attirant sur elles que le dégoût et le malheur : l’histoire est cruelle pour les insouciants comme pour les faibles, et elle est souvent plus darwinienne que « moralement juste »… Mais, pour parler haut et fort aux autres pays et aux grandes puissances, encore faut-il une colonne vertébrale et des poings, ceux qui peuvent frapper fort pour se protéger si besoin est : pour cela, il faut un Etat digne de ce nom et une politique de puissance appropriée pour se faire respecter et tenir son rang sur la scène internationale, avec le risque assumé de déplaire parfois.

     

    « Armons, armons, armons », hurlait, en vain, Maurras dans L’Action Française des années 1920 et 30, et il ne parlait pas que de moyens militaires mais de politique d’Etat, et d’état d’esprit. Maurras, entraîné dans le déshonneur d’une guerre et d’une défaite qu’il a tout fait pour éviter (et, en cela, il doit être salué), mérite d’être écouté, maintenant, tout comme celui qui fut son disciple rebelle, le général de Gaulle, celui-là même qui appliqua les conseils de « Kiel et Tanger » (1) face aux enjeux des temps de la Guerre froide et qui sut parler à la Chine comme aux Etats-Unis (mais aussi aux autres pays d’Europe, alliés comme éloignés) sans rien leur concéder quand le sort et la place de la France étaient en jeu.

     

    Être fort, « faire de la force » pour un pays comme la France, cela signifie se donner les moyens d’exister diplomatiquement et politiquement, de peser, même d’un poids léger mais suffisant pour faire pencher la balance du « bon côté », et de se faire respecter, y compris dans ses amitiés. C’est être libre, tout simplement, et dire au monde et aux autres ce que la France pense être juste et bon. Loin d’être un impérialisme méprisant, c’est la politique d’une puissance médiatrice : mieux qu’un impérialisme, c’est un nationalisme équilibré et mesuré, qui n’oublie jamais que la paix, cadeau fragile de l’histoire, n’est mieux assurée que lorsque les nations sont fortes d’elles-mêmes sans oublier leurs limites… et leur histoire ! Et il semble bien, qu’aujourd’hui, c’est le Royaume-Uni, revenu de ses rêves anciens d’empire, qui l’ait le mieux compris ! Sans doute est-ce là, sur les ruines de l’Empire de Victoria et du désir d’Europe déçu, « la (re)naissance d’une nation »…

     

    Notes : (1) : « Kiel et Tanger » est le titre d’un ouvrage de Maurras, écrit au début du XXe siècle, et dont le chapitre « Que la France pourrait manœuvrer et grandir » a inspiré de Gaulle (qui le relisait encore à la veille de son fameux « Vive le Québec libre ! » du 24 juillet 1967) mais aussi le président Georges Pompidou, qui en citera quelques extraits en 1972 lors d’un discours devant les étudiants parisiens de Sciences Po… Il se murmure que l’actuel président M. Macron aurait lu ce fameux chapitre : il lui reste alors à en saisir tout le sens profond et à le mettre en pratique… Nous en sommes loin, certes, mais qui sait ? N’insultons pas l’avenir…

  • La royauté, solution politique pour le XXIe siècle, par Jean-Philippe Chauvin*

     

    Il nous a été demandé pourquoi nous avons souvent parlé, ici, du colloque d'Action française « Dessine-moi un roi ». Mais c'est tout simplement parce que nous sommes d'Action française, que Lafautearousseau se situe clairement dans la ligne de l'Action française ! Naturellement, nous ne prétendons pas à être les seuls dans ce cas. Mais, comme Jean-Philippe Chauvin l'écrit, ce colloque s'annonçait « fort instructif et intellectuellement motivant ». Ce qu'il a été et ce dont il faut remercier les organisateurs, notamment ceux, nombreux, des nouvelles générations d'Action française. LFAR

     

    arton8470-7b8cd.jpgL’Action Française m’a invité à prendre la parole la semaine dernière (le samedi 9 mai) à son colloque annuel intitulé « Dessine-moi un roi ! », colloque fort instructif et intellectuellement motivant. Ainsi, durant une vingtaine de minutes, j’ai évoqué la nécessité de renouer le lien entre les hommes (et leurs sociétés) et la nature, de mener une véritable politique d’Etat écologique et de faire de la France une puissance écologique capable de motiver et d’entraîner nos voisins et nos amis au-delà de nos frontières métropolitaines et ultramarines : le texte de mon intervention sera prochainement publié sur ce site, avec quelques annexes et exemples supplémentaires…

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    Pour le dossier de presse destiné aux journalistes, trois questions m’ont été posées : voici la première, et ma réponse… 

    Pourquoi la royauté est-elle une solution politique intéressante à explorer pour la France au XXIe siècle ? 

    La monarchie « à la française » (car c'est de celle-là dont il s'agit, et non de l'imitation d'un modèle étranger, aussi intéressant soit-il), par la transmission héréditaire (du père au fils, pour la plus simple) de l'autorité politique, de l'Auctoritas, redonne à la magistrature suprême de l’État une indépendance d'action et de parole, mais surtout lui permet d'assumer et d'assurer un statut d'arbitre entre toutes les composantes politiques, économiques et sociales du pays, et d'incarner, aux yeux des Français comme à ceux des pays étrangers, l'unité française, au-delà des différences et des adversités internes.  

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    Une affiche royaliste des années 1950

     

    Bien sûr, elle n'a pas de «  sceptre magique » pour régler tous les problèmes de notre société, mais elle est le moyen politique, institutionnel, de préserver les capacités du politique face aux nouvelles féodalités financières et économiques, et de protéger (sans les couver...) les Français, dans leurs familles comme dans leurs professions, des conséquences parfois néfastes d'une mondialisation sans limites ou sans freins. Je parle bien sûr d’une monarchie active, qui ne se contente pas d’un simple rôle commémoratif (aussi honorable et utile soit-il, d’ailleurs), mais qui a les moyens constitutionnels d’agir, ce qui ne signifie pas forcément gouverner à la façon d’une République intrusive et centralisatrice, mais promouvoir et garantir par sa durée intrinsèque les « grandes politiques d’Etat », qu’elles soient diplomatiques, sociales ou environnementales, tout en permettant une fédéralisation concrète du pays, non vers l’éclatement mais, au contraire, pour l’unité de la France, cette « nation plurielle » comme le soulignait Pierre Chaunu, dans la lignée d’un La Rouërie ou d’un Maurras… 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Tradition(s) vivifiante(s) contre Idéologie stérilisante : variations sur le Régionalisme, le Fédéralisme, l'Enracinemen

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    Pas de fédération sans fédérateur; sans Roi fédérateur...

     

    Pour prolonger la vision politico/poétique de Mistral, voici trois courts textes :

    D'abord, de Frédéric Rouvillois, qui présente le "fédéralisme" de Maurras...

    Ensuite, un court extrait de Frédéric Amouretti, tiré de la Déclaration des Félibres fédéralistes de 1892...

    Et, enfin, une courte réflexion de Chateaubriand, qui, on le verra, amène directement à Simone Weil et Albert Camus...

    I. Extrait de "Maurras fédéraliste", par Frédéric Rouvillois (Cahier de l'Herne "Charles Maurras", 2012)

     

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    "Le département est l' "un des pires mécanismes antiphysiques appliqués au corps de la France" (1).

    C'est parce qu' "elle subsiste contre le gré du sol, contre le voeu des intérêts et la nature même des races" que cette circonscription, purement artificielle, "empêche toute grande vie locale de se montrer... (2). Ses seuls effets sont négatifs... (Le département) comprime, il entrave la vie locale et n'y correspond à aucun intérêt réel, il contredit l'histoire, la géographie, mêle les races, brouille les intérêts les plus divers. C'est un rouage à supprimer absolument."

    Plus fondamentalement, poursuit Maurras, il importe de remettre en cause le principe même de l'uniformité administrative : car en définitive, "qu'est-ce donc que (...) la République française dite une et indivisible ? Une folie, et misérable; une sottise, et presque obscène : l'émiettement et la discontinuité française correspondent à cet immense variété de sols et de climats, de villes, de compagnies, d'associations et de moeurs qui composent l'idée réelle de la France physique et mentale, morale et politique..." (2).

    "L'uniformité - s'exclame-t-il - base de la Constitution d'un pays ! Cela revient à commencer par nier la nature de ce pays, avec les diversités nécessaires qu'elle réclame, et à constituer ensuite quelque chose au moyen de cette négation."

    Il faut donc en revenir au réel, à des "organismes d'action vivants", auxquels on rendra le pouvoir d'auto-détermination qui leur revient selon un principe consistant à reconnaître en toute hypothèse "la préséance (...) et la précellence de la plus petite unité".

    "Tout ce que peut la commune doit être fait par la commune seule. C'est après l'épuisement de ses compétences et de ses facilités que (la circonscription supérieure) devra être saisie de son appel au secours."

    Le principe de subsidiarité, car c'est bien de cela dont il s'agit, a donc vocation à déterminer les pouvoirs et à régir les rapports entre les différents niveaux : à la base, la commune, au-dessus, la région, et l'Etat au sommet.

    Ce faisant, ce projet se veut restaurateur d'un ordre naturel : le mot revient sans cesse : il s'agit de "restaurer (...) ces républiques" qui, même prisonnières de "leurs cages départementales" n'ont jamais disparu, dans la mesure où elles correspondent à des réalités intangibles.

    Le projet fédérateur consiste à faire en sorte que la liberté de gérer elles-mêmes leurs propres besoins leur soit enfin "restituée"...

    (1) : C. Maurras, J. Paul-Boncour "Un débat nouveau sur la République et la Décentralisation", Toulouse, Société provinciale d'édition. Bibliothèque de propagande régionaliste, 1905, pages 50/51.
    (2) : Charles Maurras, "L'étang de Berre", Champion, 1920, pages 125/127.

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    II :  Frédéric Amouretti, aux origines du sain fédéralisme...

     

    S’il est vrai que la pensée régionaliste trouva son véritable maître en Charles Maurras, de nombreux auteurs en bâtirent les premières fondations : des plus connus comme Frédéric Mistral à de plus méconnus comme Frédéric Amouretti, ces auteurs ont, apporté les premières pierres essentielles à l’édification de la véritable pensée régionaliste.

    Frédéric Amouretti naquit le 18 juillet 1863 à Toulon, et mourut le 29 août 1903, tout juste âgé de 40 ans...

    Parti à Paris pour décrocher sa licence ès lettre Amouretti rencontra à Paris Frédéric Mistral et fut reçu félibre en 1882. Revenu en Provence, il entama une carrière de journaliste et de publiciste. Dès 1890, à peine âgé de 27 ans, il lança son premier journal avec son ami Bérenger, Le réveil du Provençal : Organe des revendications autonomistes de la Provence.

    Prônant le fédéralisme et luttant résolument contre le jacobinisme républicain, Amouretti écrira, près de 30 ans avant l’Idée de Décentralisation de Maurras :

    "En adoptant le plan de Sieyès, et en découpant la France comme matière inerte en départements tracés arbitrairement sur la carte, la Convention a anéanti ces admirables cadres historiques où les hommes, unis par l’identité des souvenirs, de la langue, des mœurs, des intérêts pouvaient bien s’entendre pour s’occuper de tout ce qui les touchait de près...".

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    Pour Amouretti, au contraire, et pour les "fédéralistes", il faut respecter la liberté des communes reliées entre elles selon "sis enclin istouri, ecounoumi, naturau...", ce qui passe par la suppression des départements au profit des anciennes provinces avec à leur tête "uno assemblado soubeirano, à Bourdèus, Toulouso, à Mount-Pelié, à Marsiho o à-z-Ais". Ces assemblées devant jouir d'une autonomie complète en ce qui concerne l'administration, la justice, l'enseignement, les travaux publics…

    L'engagement régionaliste d'Amouretti se concrétisa davantage avec la Déclaration des Félibres Fédéralistes du 22 février 1892, co-rédigée avec le jeune Charles Maurras, Amouretti pouvant être considéré, à bon droit, comme "lou paire e lou redatour de la declaracioun", les deux amis se lançant donc face à l’ennemi républicain et jacobin.

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    Face aux multiples reproches de séparatisme ou d’anarchisme, Amouretti répondait :

    "Quelle erreur ! C’est l’unitarisme au contraire qui mène la France au séparatisme. La fusion, c'est-à-dire l’anéantissement des nationalités particulières où vivent et se distinguent les citoyens en une nationalité abstraite que l’on ne respire ni ne connaît plus, voilà l’unité. Le fédéralisme au contraire, respectant les diversités ethniques et favorisant le libre développement de chaque région, est le plus grand ennemi du séparatisme en le rendant inutile". 

    Amouretti avait compris que seule la voie monarchique et la présence d'un Roi au sommet de l'Etat pourrait permettre cette fédération :

    "Il faut rétablir les provinces, leur rendre la gestion des intérêts provinciaux, surtout en matière de travaux publics, et rétablir les assemblées provinciales avec une compétence assez étendue pour qu’elles aient des sessions fréquentes, longues, fécondes, de nature à attirer l’attention, le respect, la vue."

     

    III : vu par Chateaubriand, l'enracinement amène à Camus et Simone Weil...

     

    ... et pour l'enracinement

    Un chêne de la forêt de Tronçais...

     

    "La folie du moment est d’arriver à l’unité des peuples et de ne faire qu’un seul homme de l’espèce entière, soit ; mais en acquérant des facultés générales, toute une série de sentiments privés ne périra-t-elle pas ?
    Adieu les douceurs du foyer ; adieu les charmes de la famille ; parmi tous ces êtres blancs, jaunes, noirs, réputés vos compatriotes, vous ne pourriez vous jeter au cou d’un frère.
    N’y avait-il rien dans la vie d’autrefois, rien dans cet espace borné que vous aperceviez de votre fenêtre encadrée de lierre ?
    Au delà de votre horizon vous soupçonniez des pays inconnus dont vous parlait à peine l’oiseau du passage, seul voyageur que vous aviez vu à l’automne.
    C’était bonheur de songer que les collines qui vous environnaient ne disparaîtraient pas à vos yeux ; qu’elles renfermeraient vos amitiés et vos amours ; que le gémissement de la nuit autour de votre asile serait le seul bruit auquel vous vous endormiriez ; que jamais la solitude de votre âme ne serait troublée, que vous y rencontreriez toujours les pensées qui vous y attendent pour reprendre avec vous leur entretien familier.
    Vous saviez où vous étiez né, vous saviez où était votre tombe ; en pénétrant dans la forêt vous pouviez dire :

    Beaux arbres qui m’avez vu naître,
    Bientôt vous me verrez mourir

    (Mémoires d'Outre-tombe)


    "L'enracinement est peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l'âme humaine. C'est un des plus difficiles à définir. Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l'existence d'une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d'avenir. Participation naturelle, c'est-à-dire amenée automatiquement par le lieu, la naissance, la profession, l'entourage. Chaque être humain a besoin d'avoir de multiples racines. Il a besoin de recevoir la presque totalité de sa vie morale, intellectuelle, spirituelle, par l'intermédiaire des milieux dont il fait naturellement partie." (Simone Weil)

      "II me parait impossible d'imaginer pour l'Europe une renaissance qui ne tienne pas compte des exigences que Simone Weil a définies." (Albert Camus)

    lafautearousseau

  • Avec Les Editions du Triomphe, penser aux Jeunes, aux enfants, ados et pré-ados, leur offrir des horizons qu'ils n'oubli

    C'est bien sûr toute l'année qu'il faut offrir aux jeunes des occasions de se distraire sainement, de s'instruire et se former. Mais cette période de Fêtes est, évidemment,  encore plus propice à cette "bonne" action...

    Nous présenterons demain les dernières nouveautés des Editions Reynald Sécher; voici, aujourd'hui ce que proposent les Editions du Triomphe, que nous laissons se présenter elles-mêmes...

     

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    http://www.editionsdutriomphe.fr/

     

    Les Éditions du Triomphe, société indépendante, ont été créées en 1992, pour faire revivre les Bandes Dessinées qui paraissaient dans la presse florissante des années 1950-1960.

    La plupart de ces Bandes Dessinées (Fripounet et Marisette, Saint Clair…) n’avaient jamais été publiées en album ou étaient devenues introuvables et très prisées des collectionneurs (Thierry de Royaumont, Sylvain et Sylvette…). Ce fut une véritable renaissance pour leurs auteurs, dessinateurs ou scénaristes.

    Devant un public de lecteurs très demandeur d’anciennes collections, nous avons aussi rapidement proposé la réédition de plusieurs séries pour la jeunesse : romans (Trilby, Signe de Piste…), livres d’aventures (Mahuzier, Médecins de l’impossible…), enquêtes policières (Langelot…)…

    Face à notre clientèle de plus en plus nombreuse, nous avons vite été amenées à publier nos propres créations de Bandes Dessinées avec la célèbre série « Vent de l’Histoire » qui comprend maintenant une trentaine de titres, auxquels viennent s ‘ajouter des  titres « coups de cœur » !
    Nous faisons appel à de nombreux dessinateurs, jeunes ou plus expérimentés, et différents scénaristes avec qui nous travaillons en étroite collaboration, toujours en gardant le souci de la clarté du dessin réaliste.

    Nous produisons aussi différentes séries de livres pour jeunes, adolescents et adultes sur des thèmes sélectionnés avec rigueur mais dans un but pédagogique, culturel, historique, tout en gardant de vraies valeurs humaines, familiales…(Bordesoule, Paul et Colombe…).

    En 2012, les Éditions du Triomphe fêtent leur vingtième anniversaire et vous présentent une rétrospective de leurs différents catalogues avec les dates d’arrivée des nombreux auteurs, dessinateurs et scénaristes.

     

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     Deux titres parmi plus de cent...

     

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  • Camps de Roms : réflexion vagabonde, après les paroles de deux maires de gauche, non idéologues.....

                - De Jean Espilondo, maire socialiste d'Anglet : "Il n'y a aucun discours de stigmatisation, juste une volonté de faire respecter la loi".

                Le maire a présenté une requête devant la justice, aboutissant à l'expulsion, ordonnée par la préfecture, d'un camp de gens du voyage.

                - D'Eddie Aït, maire PRG de Carrières-sous-Poissy : "En tant qu'élu de gauche, et dans un souci de salubrité et de sécurité publique, je demande leur évacuation et leur expulsion dans les meilleurs délais" (lettre à Nicolas Sarkozy). 

                Moralité : le vrai clivage n'est pas droite/gauche, mais idéologues/non idéologues. Il y a des idéologues à droite, et des gens avec qui l'on peut parfaitement s'entendre, à gauche. Des Manuel Valls ou des Hubert Védrine nous le montrent tous les jours....

                Et qu'on n'aille pas croire que c'est, pour nous une découverte : n'en prenons ici que l'exemple de la grande estime dans laquelle Maurras tenait Proudhon et, à travers lui, tout ce qu'il y avait d'authentiquement social et généreux à gauche, mais sans l'idéologie (l'internationalisme entre autre, car Proudhon était puissammment patriote...). Cette estime de Maurras - ou de Bainville, dédiant au même Proudhon son Bismarck et la France - est là pour nous le rappeler : c'était au printemps de l'Action française, quand Maurras installait les Cercles Proudhon (1)........

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    (1) : pour ceux que cela intéresse, et en guise de mise en bouche, le site http://maurras.net/ a mis en ligne Lorsque Proudhon eut les cent ans : Lorsque Proudhon eut les cent ans.pdf
  • Argent, qui t’a fait roi ?.....

                   (suite et fin de la réflexion engagée hier à partir du livre d'Hélène et Jean Bastaire, Pour un Christ vert)

                  

    On peut employer les mots que l’on voudra, et les formules les plus diverses. On peut parler, comme Boutang, de "Reprendre" l’État ; ou de le "séquestrer", comme le disait Renan (on va voir ci-après de quoi il s’agit….) ; ou encore de le "libérer", comme le disait Maurras.

    Léon Daudet, pour sa part, parlait de "nationaliser l'État, par la Royauté"...

    Mais peu importent les mots : quelles que soient les formules que l’on choisit, l’important est bien, au bout du compte, de remettre l’Argent à sa place, et de bien comprendre comment et pourquoi, à quelle occasion historique, il a pu ainsi s’affranchir de toute contrainte, jusqu’à remplir tout l’espace et acquérir une puissance inédite chez nous : c’est en abattant la Royauté que ceux qui ont fait la révolution, et dont certains étaient peut-être sincères, ont en réalité ouvert la route à l’Argent, le pouvoir royal traditionnel, qui le maintenait à sa place, ayant disparu.

    Tels des apprentis sorciers -et même si, bien sûr, on pourra toujours dire: Mais ils n'ont pas voulu cela !...- ils ont déclenché des forces immenses que leurs nuées abstraites ont été bien incapables de maîtriser, et devant lesquelles elles ont pesé d'un bien faible poids. 

    Ils raisonnaient dans l'une des sociétés les plus raffinées, les plus policées, les plus civilisées dont l'Histoire gardera la mémoire, et que l'on peut, à bien des égards, appeler un Âge d'Or. Mais ils ont obtenu le résultat inverse de celui qu'ils espéraient, et ils n'ont fait qu'initier le processus qui, implacablement et inexorablement, une fois qu'il s'est mis en route, a abouti au désastre actuel de notre Âge de Fer, barbare et asservi aux forces matérielles, où seul l'Argent est roi; où l'Argent est le seul roi....

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    Voici un texte lumineux de Charles Maurras, paru dans L’Action Française du 1er Août 1921 (mais on peut aussi, dans l'Ephéméride du 20 avril - jour de la naissance de Maurras - trouver un rapide résumé de l'Avenir de l'intelligence).

    Il est bon de le relire : nous parlerons donc bientôt – et très longuement, car il s’agit de quelque chose de fondamental… - de ce Maurras fulgurant de L’Avenir de l’Intelligence, qui avait – dès le début du siècle dernier - parfaitement  compris et analysé la société dans laquelle nous allions vivre ; et dans laquelle, pour le coup, nous vivons maintenant : une société dans laquelle les puissances de l’Argent, après avoir éliminé le pouvoir politique traditionnel et fort incarné par la royauté, éliminerait toute autre forme de pouvoir, notamment celui des intellectuels et de la pensée, et finirait par rester seul maître d’une société à laquelle le nom d’ "âge de fer" conviendrait parfaitement. 

    Nous y sommes, hélas…  Mais nous verrons aussi que Maurras commençait les dernières pages de l’Avenir de l’Intelligence par "À moins que…"…

    "...L’Argent, en tant qu’argent, celui qui remplit sa fonction, honnête ou neutre, de simple Argent, ne m’inspire aucun sentiment d’hostilité, non plus que d’amitié ni d’envie. Je le voudrais bien à sa place. Je sais que, en démocratie, forcément, il monte trop haut (1). Le vertige démocratique le condamne à l’usurpation, parce qu’il ne peut trouver de contrepoids en démocratie. Cela est réglé, cela est vécu.

    Ne croyez pas que les argentiers eux-mêmes aient lieu de s’en réjouir ! Ce qu’ils achètent indûment s’avilit et les avilit, voilà tout. Ils y perdent deux choses : ce qu’ils y croient gagner et eux-mêmes.

    Pour savoir quels étaient les rapports de l’Argent et de l’État quand notre organisation naturelle et historique fonctionnait, lisons cette page de Bonald :

    "Assurément, on ne pouvait se plaindre en France que de l’excessive facilité de l’anoblissement et, tandis qu’un meunier hollandais, ou un aubergiste suisse sans activité, comme sans désir, bornés à servir l’homme pour de l’argent, ne voyaient dans l’avenir, pour eux et leur postérité, que le moulin et l’enseigne de leurs aïeux, un négociant français, riche de deux cents mile écus, entrait au service de l’État, achetait une charge et une terre, plaçait son fils dans la robe et un autre dans l’épée, voyait déjà en perspective la place de président à mortier et celle de maréchal de France, et fondait une famille politique qui prenait l’esprit de l’ordre à la première génération, et les manières à la seconde. C’est, dit Montesquieu, une politique très sage en France, que les négociants n’y soient pas nobles, mais qu’ils puissent le devenir". (2)

    On voit à quoi servait l’Argent dans cette économie; il servait à servir. Il servait à entrer dans les services de l’État, services où il était discipliné et traité suivant ses œuvres nouvelles. L’Argent devenait chose morale et sociale, il se chargeait de responsabilités définies qui l’introduisaient et le maintenaient sur un plan différent du sien. C’est que l’État était alors constitué en dehors et au dessus de l’Argent. L’État pouvait donner splendeurs, honneurs, influences, vastes espoirs dans toutes les directions de l’élévation politique et morale. En même temps, il imposait son esprit. Il gardait le gouvernement. C’est que, le Chef de l’État n’étant pas élu, la corruption essentielle n’était pas possible (3) : il n’était ni or ni argent qui pût faire de la souveraineté politique un objet de vente et d’achat.

    Le souverain héréditaire n’était pas engendré par l’argent comme peut l’être un souverain élu : il pouvait donc offrir un patronage sûr aux forces que l’Argent tentait d’opprimer. Par ce mécanisme qui, selon le mot de Renan, "séquestrait" le pouvoir suprême, au-dessus des brigues et des trocs, un certain ordre d’injustice criante et de basse immoralité se voyait interdire la vie sociale. Depuis que le séquestre royal est supprimé, et que tout est livré au choix précaire et vacillant des volontés humaines, leur fragilité, leur faiblesse leur assignent l’Argent pour maître absolu : nul obstacle ne retient plus l’État français de rouler sur la pente où l’empire est mis à l’encan."

    Ceux qui s'obstinent à ne voir en Maurras qu'un penseur conservateur trouveront tout au contraire dans ce texte une analyse qui conteste le fondement même de la société subvertie dans laquelle nous vivons, c'est-à-dire la toute puissance de l'Argent.

    Il faut en conclure que le printemps de l'Action Française a duré plus longtemps que ne le dit Paugham. Boutang l'a bien montré : Maurras est un grand contestataire, et il ne serait pas sérieux de prétendre aujourd'hui faire l'économie de son analyse.

    Tout simplement parce que nous sommes en plein dans la réalité de cet Âge de fer dont il avait prévu la survenue.   

             

    (1) : voyez, dans notre actualité la plus immédiate, quelle prodigieuse leçon on peut tirer de l’élection de Barack Obama (comme nous l’avions signalé dans notre note "France, États-Unis : deux républiques, et pourtant si différentes !..." du 6 novembre 2008 : l’élection du Président, aux USA, s’achète, tout simplement; le pouvoir politique suprême s’achète : c’est aussi, et peut-être surtout, parce qu’il avait réuni un trésor de guerre bien plus important que Mac Cain qu’Obama a pu lancer son rouleau-compresseur…  Maurras n’est-il pas justifié , là, lorsqu’il écrit cette phrase "Je sais que, en démocratie, forcément, il monte trop haut" ?...

    (2) : on parle toujours du "rêve américain" ; n’y avait-il pas, de ce point de vue, un "rêve français" à cette époque évoquée ici par Bonald ? La possibilité que tout un chacun, quelle que soit son origine, puisse "monter" et "réussir"…

    (3) : notre proposition est précisément d’instaurer au sommet de l’État un espace a-démocratique, mais éminemment politique qui garantirait et pacifierait la vie politique ; qui ordonnerait et rendrait féconde et utile la vie politique, au lieu du cirque lamentable et du champ clos d’ambitions effrénées à quoi elle se résume actuellement.

  • Demain, ne manquez pas notre Éphéméride du jour...

    maurras maison 1.jpgPuisqu'on en parle tous les jours, sur lafautearousseau, vous lirez, demain, le très beau discours prononcé par Michel Déon, de l'Académie française, dernier secrétaire particulier de Charles Maurras, prononcé dans le jardin de sa maison du Chemin de Paradis, en 1997, lors de la cérémonie de remise des clés de la bastide entre les mains du maire de la Commune de Martigues, conformément à la volonté de Charles Maurras...

    lafautearousseau

  • Nouvelles du Blog: de la semaine écoulée à celle qui vient...

                Cette semaine, dans les Ephémérides, nous terminons notre visite chez Charles Maurras, dans son jardin "qui s'est souvenu" (les lundi 15 et vendredi 19); nous parlons de Bernanos le samedi 20 (sa naissance); nous lisons Bainville (le dimanche 14) pour les conséquences du Serment de Stasbourg; et nous parlons beaucoup de Sciences (Lavoisier, Arago, Le Verrier et la naissance de la météorologie, Henri Moissan, le premier vol d'un hélicoptère, la première horloge parlante, Kerguelen et les Îles australes...). Mais aussi de Lettres (Mort de Molière, Chateaubriand à l'Académie), de Religion (apparitions de Lourdes). Et on rend l'hommage qu'il mérite à Louis de Frotté, dernier Général des Chouans. Eh, oui, c'est tout cela, tous ceux-là, la France.....

                 Finalement c'est la semaine prochaine que nous publierons notre réponse aux élucubrations d'Eric Besson: il y a eu trop de choses à évoquer ces dix derniers jours (déplacements du Prince...). Le titre de cette réponse, volontairement un peu long sera: Erreur ou mensonge ? En réponse aux élucubrations d'Eric Besson et d'autres officiels du Système, très rapide survol de l'histoire du peuple français, qui existe bel et bien, ne leur en déplaise... Nous découperons cette réponse en cinq notes, qui seront réunies in fine en un seul PDF...

                 Le rythme de progression de votre Blog préféré ne faiblit pas: non pas spectaculaire, mais d'une belle régularité, encourageante et prometteuse; cette fois, ce sont les Pages lues qui marquent une pause, après six mois de progression tout de même, alors que les Visiteurs uniques repartent nettement à la hausse, laquelle hausse se poursuit pour les Visites....

                 Afin d'aider à la diffusion du Blog, nous vous redonnons ici le lien activé -déjà proposé les semaines précédentes- que vous pouvez proposer à vos connaissances, et faire placer dans d'autres blogs:

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                Voici ce que vous trouverez cette semaine dans votre Blog préféré (sous réserve de modifications de dernière minute, imposées par l'actualité).

     

    • Notes longues : 
    • Dimanche : Traitement inhumain d'êtres humains à Bagnolet (ville PCF !...).
    • Lundi : Une nouvelle Vidéo de Discours aux Rassemblements royalistes des Baux (Jean Raspail, Gustave Thibon -deux discours- Gérard de Gubernatis....
    • Mardi : Défense bienvenue de la liberté de pensée chez Franz-Olivier Giesbert: une levée de boucliers encourageante...
    • Mercredi : Retour sur l'Année Henri IV et son ouverture à Rome par le prince Jean.....
    • Jeudi : Voilà que ça le reprend ! Bouteflika remet ça, et veut "criminaliser" l'action de la France en Algérie....
    • Vendredi : La lourde faute des tenants bornés des Lumières.....
    • Samedi : Nouvelles du Blog...
    •  Notes courtes :
    • Dimanche: Le sourire du dimanche (C.. de cycliste !...)
    • Lundi: Charmante Turquie....
    • Mardi: Rions un peu d'eux: Eric Besson...
    • Mercredi: Un beau livre, un beau cadeau....
    • Jeudi: Quelques instants en bonne compagnie (courts extraits d'Un Prince français...2/15).
    • Vendredi: 153 députés contre le Rap...
    • Samedi: Patrimoine : Découvrir le Musée d'Unterlinden.

              Ephémérides :

    ·       Dimanche : Serment de Strasbourg. Kerguelen débarque sur les îles auxquelles il donne son nom. Mise en service de la première Horloge parlante.

    ·       Lundi  : Évocation : Le jardin de la Maison de Maurras à Martigues. II : le Mur des Fastes.... ( précédent, 12 février; suivant, 19 février).

    ·       Mardi : Lavoisier décompose l'eau en oxygène et hydrogène. Naissance d'Arago. Apparition de la météorologie.

    ·       Mercredi : Marseille se replace sous l'autorité d'Henri IV. Mort de Molière et de Quentin de la Tour.

    ·       Jeudi : Frotté est fusillé. Deuxième apparition de Lourdes. Premier vol d'un hélicoptère.

    ·       Vendredi : Évocation : Le jardin de la Maison de Maurras à Martigues. III : Les cinq stèles ( précédents, 12 et 15 février).

    ·       Samedi : Chateaubriand est élu à l'Académie française. Naissance de Bernanos. Création du Parc national de Guadeloupe. Décès: Henri Moissan.

  • QUI SONT LES ROYALISTES ?

    L'écrivain de science-fiction et essayiste Maurice G. Dantec, décédé le 25 juin à Montréal, se revendiquait royaliste

    Par Louis DURTAL

    TÉMOIGNAGES. Il y a différentes façons d'être ou de se sentir royaliste aujourd'hui en France. Rencontre avec quelques monarchistes qui, à travers leurs engagements particuliers, militent pour que leurs idées progressent au sein de la population.

    « La monarchie est profondément organique, intrinsèque à la nature même de l'homme : le roi a l'obligation de laisser à ses enfants - à son successeur, à son peuple - la meilleure situation possible », déclarait un jour Thierry Ardisson sur Europe i. L'auteur de Louis XX-contre-enquête sur la monarchie, vendu à 100 000 exemplaires, déroulait ainsi, à une heure de grande écoute, les idées bien connues des royalistes sur le roi arbitre, facteur d'équilibre, la partialité des institutions républicaines, les monarchies européennes qui, par certains côtés, abritent les démocraties les plus modernes, etc. La théorie est séduisante et l'argumentation bien maîtrisée. Pour autant, malgré les sympathies royalistes affichées par certaines personnalités médiatiques à l'instar d'Ardisson, comme Stéphane Bern ou Lorànt Deutsch, militer pour le rétablissement de la monarchie n'est souvent pas très bien perçu.

    « DES PROFILS TRÈS DIFFÉRENTS »

    « C'est plus facile de se dire royaliste quand on s'appelle Ardisson et qu'on donne par ailleurs des gages en tapant sur l'AF Les militants sont trop facilement caricaturés en arriérés réacs ou en bas du front d'extrême droite », regrette Ingrid, 21 ans. L'ombre de Charles Maurras - qui donna par ailleurs ses meilleurs arguments, les plus rationnels, au royalisme - plane comme un soupçon permanent de pensées inavouables chez ceux qui se réclament des idées royales. « Le système ne fait pas de cadeau », dit la jeune femme qui rappelle que l'histoire est toujours écrite par les vainqueurs. Ingrid vient de terminer un BTS commercial et  milite à l'Action française de Lyon après avoir cherché des solutions « à la survie de mon pays » du côté de la section jeunesse du Front national. Mais les réticences du parti au moment de la Manif pour tous la déçoivent. « Je suis passé du FN Marine à l'AF Marion », sourit-elle aujourd'hui, clin d'oeil à la venue de la benjamine de l'Assemblée nationale au dernier colloque du mouvement royaliste. De toute façon, « les militants d'AF ont des profils très différents les uns des autres et ce qui les intéresse avant tout, c'est l'avenir du pays », affirme-t-elle.

    De fait, plus que la condamnation de Maurras à la Libération, le problème, explique Jean-Philippe Chauvin, blogueur et figure des milieux royalistes, vient de l'Éducation nationale et de l'image caricaturale qu'elle donne de la monarchie. « Je me bats tous les jours contre certains de mes collègues qui la décrivent comme un système tyrannique et dictatorial. Mais, en France, la République est un conditionnement idéologique, une religion dont le culte s'est construit en opposition à la monarchie », explique ce professeur d'histoire dans un lycée de la région parisienne. Comme si la France était née en 1789, dans une rupture radicale avec son passé, et comme si l'institution royale n'était pas vécue au quotidien par un certain nombre de nos voisins...

    EFFICACITÉ POLITIQUE

    Cependant, malgré le capital de sympathie dont elles bénéficient généralement, tous les royalistes, loin s'en faut, ne se reconnaissent pas dans les monarchies anglaise, belge ou espagnole où les rois ne gouvernent pas. C'est le cas de Kérygme, 24 ans, qui se dit royaliste, entre autres, pour une question d'efficacité politique. « Hollande a le pouvoir mais pas l'autorité. Il lui faudrait pour cela une légitimité qui lui vienne à la fois d'en bas et d'en haut ». Pour le jeune homme, qui vient de terminer un mémoire de philosophie sur Bergson, être royaliste c'est avoir « l'expérience et la connaissance historique de ce qui marche ou pas en politique ». Collaborateur occasionnel du site catholique Le Rouge § Le Noir, Kérygme fait partie de l'organisation des Veilleurs. Il croit au réinvestissement de la société par la culture et les idées. « Si beaucoup de jeunes royalistes ne votent pas, cela ne veut pas dire qu'ils se tiennent éloignés de la vie politique », explique-t-il. Au contraire. Mais ils se montrent méfiants avec les catégories traditionnelles de droite et de gauche. « Le système royal est bien plus social, moins diviseur, que le système républicain. D'abord parce que roi est l'affirmation de la primauté du bien commun sur les appartenances partisanes ». Un royaliste peut donc se reconnaître dans certaines valeurs plutôt défendues par la gauche, comme la justice sociale ou le refus de la loi du marché. Mais il peut en même temps se reconnaître dans des valeurs de droite, plus anthropologiques, comme celles qui se sont exprimées dans les manifestations contre le mariage homosexuel. Alors, élection, piège à cons ?

    ROYALISTE ET CANDIDAT AUX ÉLECTIONS

    Blandine Rossand, 53 ans, mère de trois enfants, a mené une liste sous l'étiquette Alliance royale, une formation politique fondée en 2001. Lors des municipales 2014, à Paris, dans le V' arrondissement, elle a obtenu o,6 %, 127 voix. Elle raconte : « j'ai toujours été intéressée par la vie publique. J'ai eu un engagement au RPR avant de faire le constat de l'interchangeabilité des idées des différents partis de droite ou de gauche. Par ailleurs, j'ai toujours pensé que les extrêmes n'étaient pas la solution. Et comme je ne trouve pas l'Action française très constructive, je me suis engagée dans ce tout petit parti, sans moyens, qu'est l'Alliance royale. J'en garde d'excellents souvenirs. Participer à des campagnes électorales agit comme un déclencheur de dialogue. Nous avons même été invités sur un plateau de BFM-TV Quel meilleur moyen de faire surgir la question des institutions dans le débat politique contemporain ? Sur les marchés, quand vous parlez aux gens de la monarchie, du roi, ils ne vous prennent pas du tout pour des zozos ! Au contraire, cela les intéresse, quels que soient leurs bords idéologiques. »

    ACCORDS ET DÉSACCORDS

    « Il n'y a pas plus rassembleur que l'idée royale », confirme Jean-Philippe Chauvin. Encore faut-il savoir la faire aimer à ceux qui s'y intéressent. Or, au-delà même des questions d'ego, les royalistes semblent parfois se complaire dans les désaccords théoriques et doctrinaux, ce qui n'est pas la meilleure façon de la promouvoir. Le dicton « Deux royalistes font une section, le troisième fait une scission », fait beaucoup rire dans les milieux autorisés... Cela commence par la question du prétendant qui empoisonne le royalisme français depuis les années 80. Alors que la question de la légitimité avait été réglée une fois pour toutes lors de la mort sans descendance du comte de Chambord, dernier héritier en ligne directe de Louis XV, deux branches se disputent aujourd'hui la « primogéniture » sur la couronne de France. La première, dite « légitimiste », est représentée par Louis-Alphonse de Bourbon, petit-cousin du roi d'Espagne Juan-Carlos. Pour ses partisans qui l'appellent « Louis XX », il est l'héritier naturel de la couronne en tant qu'aîné des Capétiens et descendant direct de Louis XIV. Mais l'intéressé, malgré les efforts de l'Institut de la Maison de Bourbon, peine à s'intéresser au pays de ses ancêtres. Banquier international, il vit entre l'Espagne et le Venezuela et n'a que peu de temps à consacrer aux affaires françaises.

    L'autre branche, la branche nationale dite « orléaniste », a toujours été considérée comme légitime par la majorité des royalistes français. Elle a pour représentant Henri d'Orléans, comte de Paris, et son fils le « dauphin » Jean d'Orléans, duc de Vendôme. Ce dernier s'est affirmé comme l'héritier de la Maison de France, multipliant les déplacements en France et à l'étranger et publiant un livre d'entretiens, Un Prince français, vendu à des milliers d'exemplaires. Il est soutenu par les deux principaux mouvements royalistes que sont l'Action française et la Restauration nationale (lire l'entretien avec son secrétaire général, Bernard Pascaud).

    Verra-t-on un jour le descendant de saint Louis prendre la tête de l'ensemble des mouvements et courants monarchistes ? « Ce n'est pas ce qu'ôn lui demande ! », s'exclame Jean-Philippe Chauvin qui regrette néanmoins l'actuelle discrétion des princes de la Maison de France. Un sentiment qui domine largement aujourd'hui dans les milieux royalistes : « Si les princes ne se montrent pas, l'idée royale ne peut pas prospérer alors que le terreau n'a jamais été aussi favorable. » Et le professeur d'histoire, qui a développé toute une réflexion sur l'écologie et la royauté, de rêver d'un prince se rendant en famille au Salon de l'agriculture. L'héritier des rois de France prenant le temps de sympathiser avec le « pays réel » tandis que défilent les politiques pressés, venus quémander quelques voix sous l'oeil goguenard des caméras... On imagine la portée du symbole.

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    Le Prince Jean d'Orléans, Duc de Vendôme, Dauphin de France, à Dreux