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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Grandes ”Une” de L'Action française : du 4 au 11 septembre 1934, la croisière du Campana... (1/11)

    (retrouvez notre sélection de "Une" dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française")

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    • Dans le numéro du Lundi 23 Juillet 34 (page deux)... :

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    • ...Et Dans le numéro du 31 août 34 (cliquez sur l'image pour l'agrandir) :

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    • Dès le premier juillet 1934 - à peine cinq mois après le "6 février" !... - L'Action française annonçait :

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    • Ensuite, après la Croisière, à partir du numéro du 18, l'A.F. publiera plusieurs fois ce pavé :

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    (Là aussi, cliquez sur la photo pour l'agrandir et pouvoir lire les lignes de Georges Gaudy...)

    L'Action française rendra compte du voyage, d'abord, à partir du 9, puis fournira maints commentaires, jusqu'au 25 septembre (notamment du 20 au 25, sous la plume enthousiaste et lyrique de Georges Gaudy).

    À noter : Maurras ne resta qu'un jour à bord, le premier, et débarqua le lendemain, le cinq, jour où le Prince embarqua; et Daudet ne fit pas partie du voyage, pas plus que Bainville, déjà touché par le mal qui devait l'emporter un peu plus d'un an après...

    C'est donc Maurice Pujo qui fut comme le "chef de file" des quatre cents Camelots et responsables du Mouvement qui eurent la chance de participer à ce beau moment, au nombre desquels figurait le Commandant Dromard, premier Président de l'Union Royaliste Provençale, qui était "en force", comme entouré de son état-major ! : Duneau, secrétaire général de la Fédération provençale; Jules Servent, Président des Camelots du Roi des Bouches-du-Rhône; le comte Léon de Montgrand, vice-président du Comité royaliste de Marseille (1)...

    • Avant le premier compte-rendu d'importance, le 9 (photo de titre), L'Action française du 4 annoncera sobrement, dans sa "Une" :

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    • La "Une" du 5 septembre donne quelques détails, signés "P. Grimardias", notamment sur les principaux dirigeants participant à la Croisière (cliquez sur les images pour les agrandir) :

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    • C'est donc dans la "Une" du 9 septembre (photo en tête de note) que l'on trouvera le premier véritable compte-rendu de la Croisière, et voici le lien qui y conduit:

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k765721g

    L'article, intitulé "Avec le "Campana" sur la mer d'Italie", est signé de Gorges Gaudy, et occupe presque une colonne et demi : commencé en bas de la quatrième colonne (sous la rubrique "La Politique", "par intérim" puisque Maurras est en Provence, il occupe l'intégralité de la cinquième colonne... :

    au bas de la colonne quatre... :

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    ...et la suite et fin (intégralité de la colonne cinq) :

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    • Enfin, en page deux, L'A.F. signale que le journal "Le Jour" publie un petit texte d'Antoine de Courson : dans un court mais joli article, celui-ci évoque "La croisière de l'Action française", dans la moitié supérieure de la troisième colonne; il parle de la première étape de ce voyage... :

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    (1) Comme on le voit, cette Croisière du Campana avait pour trajet "De Marseille à Marseille". Il était donc naturel que l'Union royaliste provençale jouât un grand rôle dans la préparation de tous les aspects pratiques et techniques de son organisation, et la résolution des "problèmes" qui apparaissaient, au fur et à mesure.

    L'URP fut représentée, durant cette croisière, par ses responsables les plus importants.

    Par ailleurs, on le verra, Maurras passa presque tout son mois de septembre chez lui, en Provence : parti de Paris le 3, pour embarquer le 4, et ne rentrant à Paris que le 25 (il reprend sa "Politique" le 26), il animera pendant son séjour deux "Réunions/repas" : à Martigues et à Manosque (on verra plus loin pourquoi, Manosque...).

    On peut donc légitimement considérer qu'en partie, au moins, cette Croisière du Campana fit partie des activités de l'URP et, donc, peut et doit figurer dans  notre Catégorie "Documents pour servir à une histoire de l'URP"...

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  • L'Action Française dans la Grande Guerre [2] Un prescripteur d’opinion de plus en plus important

    Un prescripteur d’opinion de plus en plus important 

    Auréolé de ce prestige, l’Action Française exerce une forte influence idéologique sur le pays, comme l’atteste le succès d’une idée lancée par le journal, en vue de défendre les intérêts des soldats. Cette idée, qui date d’octobre 1916, est l’instauration d’une prime que Maurras appelle la part du combattant. Chaque « Poilu » recevrait une somme d’argent versée par une banque de gratifications militaires, dont le fonds serait constitué au moyen d’un emprunt public. Car, d’après le chef de l’Action Française, « le combattant produit la Victoire, le combattant a donc droit à une partie du produit de celle-ci, et cette part devrait être, non pas une pension, mais une somme d’argent comptant, avec une prime spéciale pour les troupes d’élite. »[1] 

    46205031.jpgLe projet de part du combattant connaît un franc succès. De nombreux titres de presse soutiennent sa mise en place, notamment L’Intransigeant, L’Écho de Paris, Le Journal, L’Heure et La Petite République. Et l’Action Française n’en reste pas à la théorie. Elle lance une souscription : le 15 avril 1917 le journal communique à ses lecteurs que 43 000 francs ont été réunis, dont la moitié de la part du duc de Vendôme. En juin 1918, 160 000 francs sont versés à trois régiments qui se sont particulièrement distingués au combat. 

    À cette influence intellectuelle et programmatique sur l’opinion acquise pendant la guerre, s’ajoute une influence carrément politique. Quand, le 13 novembre 1917, le président du Conseil Paul Painlevé est renversé au profit de Georges Clemenceau, ce dernier peut remercier l’organisation « politico-médiatique » de Charles Maurras, qui a de façon décisive contribué à cette promotion. L’Action Française, en soutenant le « Tigre », « naguère son pire ennemi »[2], montre qu’elle sait faire, une nouvelle fois, usage de son pragmatisme légendaire. 

    Clemenceau et Maurras, c’est le mariage de la carpe et du lapin. Les deux hommes s’étaient particulièrement affrontés durant l’affaire Dreyfus. L’ancien président du Conseil radical de 1903 à 1906 avait publié le fameux pamphlet dreyfusard « J’accuse » d’Emile Zola dans son journal L’Aurore. Quant au second, il avait formé la ligue d’Action Française avec un aréopage d’anti-dreyfusards. Son ami Daudet aimait depuis traiter Clemenceau de « ganache qualifiée de César ». Or Eugen Weber note : « Sans Daudet [...] le terrain n’eut pas été préparé pour Clemenceau. » 

    clemenceau-au-front.jpgDeux jours après la mise en minorité de Painlevé, le « Tigre » forme son gouvernement, soutenu par la droite. Ce même jour, le 15, celui que lʼAction Française voyait jadis comme « le plus malfaisant des Français »[3], s’enquiert auprès de Jules Delahaye, député royaliste du Maine-et-Loire, des souhaits du mouvement. Il accepte de poursuivre vigoureusement espions et traîtres, refuse en revanche catégoriquement de rouvrir l’ambassade auprès du Saint-Siège et promet qu’il va étudier très sérieusement la part du combattant.           

    Ainsi jusqu’à l’armistice Clemenceau et Maurras travaillent ensemble à la victoire contre l’ennemi commun, malgré leur positionnement politique diamétralement opposé.

    sans-titre.pngCette victoire apporte à Léon Daudet la consécration suprême. Le patriote intransigeant du temps de la guerre qui s’était autoproclamé « Procureur du Roi » dans le cadre de la lutte acharnée qu’il menait contre les traîtres et les espions voit apparaître sur les murs de Paris les inscriptions « Vive Léon Daudet ! » En 1919, signe de sa popularité, il est élu député de la Seine. La même année, en janvier, les libéraux du Figaro ouvrent leurs colonnes à leurs confrères royalistes qui signent un « Manifeste pour un parti de l’intelligence ».           

    DB22vIvV0AAv_HR.jpgQuant, à Maurras, toutefois, l’entrée à l’Académie française lui est refusée en 1923. Il lui faudra attendre 1938 pour intégrer la prestigieuse institution. La nation le récompense de sa fidélité envers elle durant l’épreuve terrible de 14-18 à l’orée d’une autre épreuve, sans doute encore bien plus terrible...  (A suivre)

    [1]  Ibid., p. 121.
    [2]  Ibid., p. 114.
    [3]  Ibid., p. 130. 
     
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    L'Action Française dans la Grande Guerre [1] La guerre sans l'aimer

     

    lafauteraousseau

  • La section angevine de l'Action française renaît après plusieurs années de silence.

    Nous sommes bien déterminés à faire rayonner les lys sur la capitale de l'Anjou.
    Qui que vous soyez, patriotes, nationalistes ou royalistes : n'hésitez pas et rejoignez nous pour défendre notre héritage !
  • Le legs d'Action française (V/X) : La crise de 1926, un « nouveau Port Royal » ?

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    (Conférence de Gérard Leclerc, donnée au Camp Maxime Réal Del Sarte - 2019)

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    Se place maintenant ici ce que fut l’histoire de l’Action française entre les deux guerres mondiales. Là encore, faute de temps, je vais me limiter à quelques remarques critiques mais très significatives de cette période.

    L’Action française a réussi dans les deux domaines dont je viens de parler, la lucidité politique et la séduction culturelle. Elle n’a malheureusement pas encore atteint son objectif final essentiel, le rétablissement de la monarchie. Par ailleurs, elle a été entraînée dans un certain nombre de crises graves qui ont affecté son essor. La principale a été celle de 1926 – 1927, la condamnation religieuse du mouvement par le pape Pie XI, dont je veux maintenant dire un mot.

    J’ai choisi de rebondir sur une formule de Philippe Ariès, grand historien et ami proche de Pierre Boutang. Il parlait de l’Action française condamnée par le pape comme d’un autre Port-Royal. Vous avez peut-être en mémoire la formidable crise politico-religieuse de Port-Royal, qui a terriblement marqué l’histoire religieuse, politique et littéraire de la France au XVIIe siècle, avec Pascal, Racine, et bien d’autres. Philippe Ariès rapprochait donc ces deux crises. Vous avez des milliers de militants d’Action française, par ailleurs excellents catholiques, qui ont été à ce moment-là durement brimés, et même moralement martyrisés, interdits de sacrements, ne pouvant pas se confesser ni recevoir l’Eucharistie, ne pouvant se marier qu’en catimini, comme Maurice Pujo, paroissien de l’église Saint-Augustin, qui dut se marier à la sacristie ! Il a fallu attendre treize ans pour que le pape Pie XII, en 1939, lève les sanctions.

    Je ne reprendrai pas le procès – pourtant, Dieu sait s’il m’a occupé dans mon existence, avec toutes ses pièces, les ouvrages de Maritain, etc. – pour ne me centrer que sur la remarque de Philippe Ariès. Oui, ce fut un nouveau Port Royal, en ce sens que l’Action française, mouvement fondé loin de toute appartenance religieuse, dirigée par un maître agnostique rejoint par des agnostiques, des athées et des positivistes – comme l’étaient presque tous les rédacteurs de la Revue grise des origines –, va tenir une place inattendue dans l’histoire religieuse de la France du XXe siècle : elle va se trouver au cœur même de la grande querelle théologique du siècle. Si on l’attaque, ce n’est pas pour son positivisme très relatif ou son prétendu paganisme, mais parce qu’elle a pris position dans cette vaste querelle dont nous vivons encore les suites. Une querelle directement en rapport avec le Ralliement dont je parlais tout à l’heure.

    Maurras, un curieux agnostique, tout de même, qui, de son adolescence à sa mort, a porté sur lui le scapulaire de N.D. du Mont-Carmel ! De cet agnosticisme, j’ai une interprétation (qui m’est tout à fait personnelle) : je pense que, pour lui, c’est une arme lui permettant de parler en toute indépendance des questions religieuses, sans engager le religieux lui-même. Laissant intégralement à l’Église, au clergé et aux laïcs catholiques le domaine théologique, il traite des questions religieuses, certes, mais uniquement en ce qui concerne leurs conséquences dans le domaine de la civilisation, de la culture et, bien sûr, de la politique.

    Mais, ce faisant, Maurras n’est pas extérieur à la question religieuse. Il est même, sur un point, un des rares esprits rigoureusement orthodoxes : sa doctrine est conforme à celle du concile Vatican I, qui a officiellement affirmé qu’il fallait tenir pour une cause de la crédibilité de l’Église les bienfaits qu’elle a rendus à l’humanité dans l’ordre civilisationnel et temporel. Maurras défend en effet l’idée d’un catholicisme qui n’est pas seulement à l’origine de la civilisation et de la culture françaises, mais à qui l’humanité entière est redevable d’immenses bienfaits. Dans ce qu’il appelle l’Église de l’ordre, il loue moins l’Église qui a façonné la France que l’Église qui a apporté à l’homme sa définition suprême.

    L’agnostique Maurras a donc trouvé, d’une manière surprenante, il est vrai, une place bien à lui au cœur même du débat religieux. Je n’irai pas plus loin là-dessus aujourd’hui. Mais si j’insiste sur ce rapprochement avec Port-Royal, ce n’est pas, bien évidemment, pour faire le moindre rapprochement entre la doctrine janséniste et le nationalisme intégral qui n’ont rien de commun. C’est uniquement pour souligner que l’importance prise par l’Action française dépasse de loin le plan étroitement politique auquel on tend souvent à la cantonner. Loin d’être un mouvement politique parmi d’autres, l’Action française se situe au cœur même de la défense de la civilisation. Dans la crise majeure que nous vivons, dans les grands débats actuels, elle a quelque chose d’essentiel à dire, et elle a une expertise qui lui est propre.

  • Patrimoine • À Martigues, par Charles Maurras

     

    Il faut être reconnaissants au site Maurras.net d'avoir remis à jour cet écrit de Charles Maurras, un petit article touristico-sociologique intitulé À Martigues et publié en 1926 par le magazine L’Illustration (numéro 4361 du 12 octobre.). Version agrémentée de six aquarelles de l’artiste avignonnais Louis Montagné.

    S’il refuse le pessimisme automatique des anciens, Maurras ne peut cacher ici une certaine inquiétude : l’âme de Martigues est liée depuis des siècles à l’activité des pêcheries, et, si celles-ci en viennent à péricliter, que restera-t-il de cette âme ?

    Amis lecteurs, imprimez-donc ce texte et prenez-le avec vous pour aller visiter Martigues ! Vos avis seront sans doute divers, mais vous ne pourrez contester que les vues dépeintes par les six aquarelles se retrouvent peu ou prou dans la réalité d’aujourd’hui, et sans doute penserez-vous comme nous que, moyennant l’achèvement de la restauration de la maison du Chemin de Paradis qui fut la propriété de Charles Maurras, et l’éradication de quelques horreurs datant des décennies de l’après-guerre, la « Venise provençale » possède tous les atouts pour charmer le visiteur et poursuivre sa longue histoire, quel que soit le nombre de ses pêcheurs, de grand comme de petit Art.

     

    2736404638.jpgLe clair pinceau et les couleurs brillantes de M. Louis Montagné 1 se rient de l'encre grise et du langage abstrait dont il faut bien qu'un simple écrivain se contente. N'essayant pas de rivaliser avec l'aquarelle, je lui laisse le soin de louer les beautés visibles de ma petite ville natale. L'invisible me reste. Je tenterai de l'indiquer.

    Cette église, cathédrale ou plutôt primatiale, vous plaît ? Vous êtes sensible aux lueurs changeantes de ce petit port ? Vous riez de plaisir devant ce quai oblique où les barques légères attendent tristement ? Le rythme de la lumière et de la vie vous a obscurément intéressé et même conquis ? Les plus minutieuses descriptions littéraires ne pourraient rien ajouter à ce sentiment. Mais peut-être la curiosité qui est née vous fait-elle songer à vous demander quel est le peuple qui travaille dans cet air doré et sous ce ciel en fleur, ce qu'il a dans le cœur, ce qu'il a dans la tête, d'où il vient, ce qu'il fait, en un mot comment ce petit monde a vécu depuis qu'il est là.

    Il est là depuis très longtemps. C'est un peuple pauvre de gloire, mais non d'ancienneté. Son origine a donné lieu à quelques disputes entre amateurs de chartes et producteurs de diplômes. Il paraît que les plus anciens certificats de vie de la ville de Martigues ne remontent guère au-delà du treizième siècle et d'un certain papier qui a été signé et scellé par un archevêque d'Arles entre 1200 et 1300. C'est possible. Ce n'est pas sûr. Et qu'est ce que cela prouve ? Tout ce qui est écrit a été, du moins grosso modo. Mais tout ce qui a été n'a pas été écrit.

    Par exemple, l'Ordre religieux et militaire des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem fait remonter son origine à Gérard de Martigues 2, qui a été béatifié, s'il vous plaît. Ce bienheureux Gérard Tenque, né vers 1040 et que la première croisade a trouvé établi à Jérusalem, a-t-il eu l'originale fantaisie de placer son berceau dans une localité qui lui serait postérieure de deux bons siècles ? Naturellement la critique peut dire que Gérard, simple mythe solaire, n'a jamais existé ou qu'il ne s'appelait point Tenque, un chroniqueur disant Gerardus tunc, « Gérard alors » qui aura été traduit Gérard Tunc, ou Thunc, ou Tonc, ou Tenque, ce qui est bien dans l'ordre des choses mortelles 3.

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    Mais, si le nom de son Gérard fut sujet de telles transformations, le nom de Martigues et de son étang, Marticum stagnum, reste tout de même l'un des plus vieux de notre Provence. Il se réfère au cycle de Marius. Quand ce général démagogue passa en Gaule pour y barrer la route à la première grande invasion germanique, cent quatre ans avant Jésus-Christ, il menait dans ses camps, au dire de Plutarque, une prophétesse syrienne du nom de Marthe, revêtue d'un manteau de pourpre et mitrée à l'orientale, qui inspira une confiance invincible à ses soldats et à leur chef. Le nom de Marius remplit la contrée. La montagne de sa Victoire, que les pêcheurs appellent Dalubre (delubrum, le Temple), est la reine de l'étang de Marthe (ou de Berre). Les collines qui bordent l'étang de Caronte (stagnum currens, l'étang qui court) abritent des vallons où les débris gréco-romains affleurent sans cesse. 4

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    En août 1925, un jeune artiste voyageur, errant par l'île de Martigues, qui est notre quartier central, aperçut, au fond d'une remise où jouait le soleil, un chapiteau de marbre d'une rare beauté. Il supposa d'abord que cela provenait de quelque chapelle bâtie au dix-septième ou au dix-huitième siècle. En regardant mieux, il dut se rendre à l'évidence. Le chapiteau corinthien était un pur antique. On a eu la bonté de m'en faire présent. Peut-être, en le voyant de près, les critiques aboutiront-ils avec moi à cette conclusion, provisoirement énorme, qu'après tout c'est peut-être dans ces parages qu'abordèrent les premiers fugitifs phocéens.

    Évidemment, la première Marseille que nous imaginons riveraine du Coenus 5 et de l'étang de Marthe aura vite et souvent changé de place. Mais tout a changé de place ici, et il faut comprendre pourquoi.

    Le rivage méditerranéen est un territoire essentiellement envahi. Les premiers colonisateurs s'en doutèrent. Furent-ils Ligures ou Ibères, avant d'être Grecs ? En ce cas, ils craignaient les Phéniciens, qui craignirent les Grecs, qui craignirent les Carthaginois, qui craignirent les Romains, qui finirent par craindre les Goths, qui craignirent eux-mêmes les Normands, qui craignirent les Maures, que l'on n'a pas cessé de craindre jusque vers notre année 1830, date de la prise d'Alger par la flotte de Charles X. Mais l'Islam se réveille, et il n'est pas dit que ces craintes millénaires ne recommencent pas d'ici peu, sans avoir à changer d'objet. Dès lors, tout aussitôt, ce qui a été recommence. L'éternel exode reprend dans toutes les agglomérations où l'on ne se sent pas en nombre suffisant pour résister et pour tenir. Les habitants des petits bourgs quittent leurs maisons, ils se réfugient sur les collines où ils se fortifient et s'arrangent pour vivre tant que subsiste le péril. Dès qu'il s'éloigne, le pêcheur accourt repeupler les cabanes ou les bâtiments du rivage jugés les plus propices aux travaux de son industrie. Bref, les chartes du treizième ou quatorzième siècle, dont nos archivistes font si grand état, ne les induisent pas absolument en erreur, mais leur font appeler naissance une renaissance. Ils prennent pour la ville fondée ce qui n'est que la ville rebâtie et restituée.

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    Où ? Au même endroit ? Peut-être bien, à cinq ou six cents mètres près. Il n'y avait d'ailleurs pas une ville, mais trois. Elles fusionnèrent par un acte d'union que dicta le roi Charles IX et que symbolisa une bannière tricolore, où le blanc de l'Île, le rouge de Jonquières et le bleu de Ferrières se retrouvaient par parties égales. Les quartiers réunis eurent du mal à vivre en paix, l'antagonisme antique ne s'est pas éteint : « Monsieur, disait au dix-neuvième siècle un marguillier 6 de l'Île, comme un étranger le félicitait de l'érection du clocher de Jonquières, j'aimerais mieux voir mon clocher de l'Île par terre que le clocher de Jonquières debout. »

    Telle est la stabilité de ces fureurs locales, dans le plus instable pays du monde et dont les aspects familiers n'ont cessé de changer à vue d'œil, bien avant que les « travaux » dont on se plaint tant aujourd'hui puissent être accusés de le déshonorer.

    Chacune de nos générations aime à dire que Martigues n'est plus Martigues, pour l'avoir ouï dire à ses anciens qui l'ont toujours dit, et leurs pères, et les pères de leurs pères, dans tous les siècles. La cité provençale, que l'on baptisait un peu ridiculeusement de Petite Venise, n'aura bientôt plus que deux îlots et trois ponts. J'ai connu trois îlots, quatre ponts. Ceux qui m'ont précédé parlaient de quatre ou cinq îlots et de je ne sais plus combien de ponts fixes et de ponts-levis. Ce qu'on appelle le pittoresque a donc perdu, mais l'essentiel a-t-il bougé ? Un certain jeu de l'eau et de la lumière, une certaine dégradation du soleil dans une atmosphère de subtiles vapeurs, la courbe des rivages, le profil des hauteurs, les mouvements du sol, son harmonieuse composition ne dépendent en rien de ce que le pic et la pelle de l'homme, sa drague même si l'on veut, peuvent déplacer de sable ou de boue, et les rapports qui règlent la beauté de la terre ne sont guère liés à ce que change la vertu de notre effort.

    Rassuré quant au paysage, faut-il l'être un peu moins sur la population ? Elle est sans doute composée d'alluvions très variés. Le territoire de Provence est ouvert du côté des montagnes, béant vers l'Italie et l'Espagne, l'Afrique et l'Orient. Il me souvient bien que, dans mon enfance, vers 1875, certaine famille dite des Mansourah, venue d'Égypte, paraît-il avec Bonaparte, n'était pas tout à fait assimilée. On n'en parle plus aujourd'hui. L'œuvre est faite ; les sangs sont réunis.

    Voici plus singulier : vers la même époque, dans une maison qui n'avait pas changé de propriétaire depuis 1550, mon quai natal portait certains débris très nets des bandes scandinaves de Robert Guiscard, que l'on eût beaucoup étonné en leur disant leurs origines, car ils parlaient provençal, sentaient français, jugeaient à la romaine ; néanmoins, les fortes carrures, le teint blond transparent, les yeux vert glauque en disaient long sur l'antécédent séculaire. Sur le quai voisin, l'apport punique et Tyrien se manifestait par d'autres silhouettes géantes de brachycéphales très bruns. À la génération suivante, ces derniers ont perdu de leur taille et leur teint s'est éclairci, tandis que les premiers ont bruni à fond. Dans tous ces cas et beaucoup d'autres, on voit les survivances d'invasions lointaines résorbées, pour un temps, par les forces unies d'un noyau plus ancien encore, dont les caractères changent très peu. Il semblait fait pour résister en proportion du nombre des assauts endurés. 7

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    L'élément principal de ce fonds primitif, celui qui tient solidement au pays, est formé des pêcheurs. Ils sont là deux mille environ, actifs et paresseux, rieurs et graves, anarchistes et traditionnels, dépensiers et âpres gagneurs. Autrefois, leur corporation comprenait un grand Art et un petit Art. Le premier montait des tartanes pontées et allait travailler en Méditerranée. On raconte qu'il y a un quart de siècle environ, les pêcheurs du grand Art gagnèrent beaucoup d'argent. La mer avait été propice, le thon, le mulet et le loup avaient bien donné. Ils crurent que cela continuerait toujours. La confiance orgueilleuse les égara. Se pliant à la vieille passion séculaire qui leur fit inventer la martingale, les patrons de tartanes se mirent à jouer comme on n'avait jamais joué jusque là. En un hiver, ils eurent tout perdu et, comme on dit là-bas, ils furent « rôtis » (les Italiens, en pareil cas, ne sont que « frits »). Bateaux, agrès, tout fut perdu, vendu, bientôt dilapidé. Cet hiver vit la fin du grand Art de la pêche, qui n'est plus représenté à Martigues que par quelques couples de chalutiers appartenant à des Compagnies.

    Le petit Art subsiste. Ceux qui l'exercent sur des barques non pontées, appelées en général des bettes, ne laissent pas de constituer encore la plus importante de nos pêcheries sur ce front maritime, soit que l'on considère le produit du travail, le nombre des marins que la flotte enrôle annuellement, la connaissance du métier, les coutumes anciennes. Il serait difficile de sous-estimer ce trésor.

    Quelles belles prières étaient récitées avant de jeter les filets : Notre Père, donnez-nous du poisson, assez pour en donner, en manger, en vendre et nous en laisser dérober ! Le matin, lorsque le soleil se levait, le mousse enlevait son bonnet et disait gravement sur un rythme de psaume : Saint Soleil, bon lever ! Et nous autres bon jour, santé, liberté, longue vie ! Lorsque le soleil se couchait, le même mousse officiait : Bonsoir, patron et mariniers, toute la compagnie ! Que le bon Dieu conserve la barque et les gens ! Et celui qui ne dit pas « Ainsi soit-il », le cul de la bouteille lui échappe ! Dure malédiction ! Chacun, se hâtant de la détourner, criait : Amen ! Cette vieille population était donc religieuse, tous les témoignages concordent, et c'est ce qui explique son reliquat d'extrême bonhomie et tout ce qu'il comporte de loyauté, de générosité, d'amitié sociale profonde.

    L'ancien régime du mariage peut le faire comprendre. S'il a un peu évolué, il n'a pas disparu. Les fiançailles se célèbrent habituellement à l'époque dite de la seconde communion. Le fiancé a treize ans et la fiancée douze ; les accords ont lieu dans les familles avec une solennité qui rappelle un peu le distique d'Aubanel 8 :

    Alor, fier e sage, li paire,
    An pacheja coume de rei.

    Alors, fiers et sages, les pères
    Ont pactisé comme des rois.

    Le pacte dûment conclu, les enfants peuvent se parler. Ils se parlent longtemps. Cela tenait bien une douzaine d'années, car, vers dix-huit ans, le garçon partait pour le service, qui durait quelque quarante-quatre mois ; il avait donc vingt-deux ou vingt-trois ans à l'heure des justes noces !

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    La ville pose sur les eaux, elle est née du produit des eaux, mais l'ancienne marine de commerce, disparue, ne renaîtra pas. Le canal de Marseille au Rhône ne peut pas la faire renaître. Ce point du trajet est trop proche de Marseille et de Saint-Louis du Rhône pour qu'un arrêt utile y soit indiqué.

  • GRANDS TEXTES (47) : Préface du ”Charles Maurras” (de Michel Mourre), par Pierre Dominique (extraits)

     

    C'est en 1953 - un an après la mort de Maurras - que Michel Mourre fit paraître son excellent ouvrage, sobrement intitulé : Charles Maurras. 144 pages, au format 11/18 : il s'agit d'un "grand petit livre", pour reprendre la façon de parler de Pierre Boutang, présentant comme "un immense petit livre" L'Avenir de l'Intelligence de Maurras (ouvrage lui aussi très court).

    Treize ans plus tard, Jean de Fabrègues fit à son tour paraître son excellent Charles Maurras et son Action française. Dans un article paru dans Le Monde, le 26 novembre 1971, et intitulé La doctrine de Maurras, Gilbert Comte ne s'y était pas trompé :

    "Excepté deux biographies assez dissemblables, mais excellentes, écrites par Michel Mourre en 1953 et Jean de Fabrègues treize ans plus tard, les études approfondies consacrées depuis la guerre à Charles Maurras nous sont généralement venues de l'étranger, grâce aux travaux du critique américain Léon S. Roudiez, de son compatriote l'historien Eugen Weber, ou du philosophe allemand Ernst Nolte. Trop de rancunes laissées par les controverses de la IIIe République, les blessures plus graves encore de Vichy, décourageaient des recherches aussi sereines dans notre pays."

    Lutte de titans, Héros... : voilà bien des mots familiers aux connaisseurs de la mythologie gréco-romaine. La Préface de Pierre Dominique est bien l'hommage qu'il méritait rendu à l'homme-Héros Maurras et une "restitution", au sens étymologique du terme, de la vérité du Martégal, de la vérité sur ce que fut l'homme et son action titanesque, entreprise à partir, en gros, de sa trentième année.

    En prenant deux siècles de recul - et de hauteur - Pierre Dominique remonte aux sources lointaines du Mal contre lequel se dressa Maurras : aux années 1750  (il écrit, lui, en 1953) époque où la secte des Encyclopédistes a semé en plein Paris, dans cette France de la douceur de vivre dont parlait Talleyrand les germes et semences de cette affreuse idéologie qui allait ensanglanter non seulement la France (avec le Génocide vendéen, le premier des Temps modernes) mais toute l'Europe et se propager jusqu'aux extrémités de la terre : l'Extrême-Orient, avec les fleuves de sang des tyrannies sanglantes de Mao, Ho Chi Minh, Pol Pot...; l'Afrique, et ses féroces dictatures marxistes-léninistes...; l'Amérique, avec les horreurs d'un Castro, d'un Che Guevara, d'un prétendu "Sentier lumineux"...

    Oui c'est bien une lutte titanesque contre une idéologie qui ne l'était pas moins que Maurras a livré, à partir du jour où, comme il l'a dit lui-même, il est "entré en politique comme on entre en religion"

    Il annonçait, dans L'Avenir de l'Intelligence, "l'âge de fer" dans lequel nous nous trouvons. Son disciple fidèle, et commentateur zélé, Pierre Boutang, parlait, lui, de "l'âge héroïque" qui était celui qui attendait tous les Français qui lutteraient pour rétablir "l'ordre légitime et profond"...

    Place au texte...

    "...Voici, je crois, ce que dira l'Histoire. Au XVIIIème siècle, née pour une part de la Réforme, nourrie de nourritures anglaises et allemandes - et genevoises - une philosophie conquit la France. Cette philosophie, vivement soutenue par une Maçonnerie d'origine britannique, respectée par des rois que pénétrait dans leur Versailles un virus jusque là inconnu et qui trahirent ainsi leur mission, aboutit à la Révolution dite française et qui, de fait, avait un caractère universel.

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    Ce fut alors que commença le grand bouleversement. Car la Révolution ne se termina pas en 1799, elle se poursuivit, visible ou souterraine, jusqu'au premier bruit des grandes guerres planétaires qui marquent notre âge. Durant tout ce temps, les Restaurations ne furent qu'apparentes. Par deux courants, le courant proprement républicain que traduisent les trois Républiques, et le courant consulaire, figuré par les deux Napoléon, la Démocratie, parlementaire ou dictatoriale, recouvrit le siècle. La France y trouva sa juste agonie, car elle était la principale porteuse de germes, l'institutrice d'erreurs. D'où ses mille malheurs, le sang versé, les troubles, les déchirements, les invasions, jusqu'au suprême désastre et au recul décisif dans l'ordre des Nations.

    Rien n'y fit d'abord, et il semblait que la décadence fût fatale parce que personne ne voyait clair. Jusqu'au jour où un Provençal que sa surdité semblait séparer des hommes et qui, peut-être, trouva dans son infirmité le silence nécessaire à la concentration d'esprit que demandait une grande oeuvre, dénonça et nomma le Mal. Sa récompense fut la persécution, l'insulte et la prison. Il s'en fallut de peu qu'on ne lui donnât la mort.

    Sans doute, il n'était point seul, mais il fut le Maître et le Chef; les plus puissants de son école après lui, Bainville le reconnurent. Il se plaça en travers du courant. Il se refusa à reconnaître la pseudo-fatalité dont se gargarisaient les lâches et les sots. Il crut que la France, qui avait déterminé la tendance du monde moderne à la mort, pouvait renverser le mouvement, déterminer sa tendance à la vie. Reconquérir la France, tel fut son but...

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    Maurras nia donc les bases philosophiques de la Révolution : l'homme est naturellement bon, le progrès est indéfini; le paradis est sur terre. Il combattit l'individualisme romantique, romantisme et révolution étant tout un. Il s'acharna, dans tous les ordres de connaissance, à dissiper les nuées, surtout germaniques. Il opposa à l'anarchie qui qui s'étalait sur le beau corps de la Patrie la tradition française et l'ordre gréco-romain. Il s'affirma de tendance catholique, universelle si l'on préfère, et chanta la République chrétienne, ce qui lui permit de révérer et de faire révérer la Nation, habitat naturel de l'homme, et de combattre l'internationalisme créateur de ces troupeaux aveugles qui sont promis à l'abattoir. Il posa que ce qui comptait c'était l'ordre, l'arrangement, la qualité et non la quantité. Contre la volonté de puissance allemande, russe, américaine, il défendit le souci de la perfection.

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    Cependant, la Révolution, apaisée en France, débordait notre Patrie, renaissait toute neuve en Russie et, là-bas, comme chez nous, s'appuya sur la philosophie qui détermina 89. Maurras constata le lien étroit qui unissait les deux révolutions, l'illogisme qui amenait à se dresser contre les Soviets, les démocrates bourgeois apeurés, ces serviteurs de l'argent pour qui les oripeaux parlementaires étaient un commode paravent. Il suivit d'un oeil aigu le déroulement, en présence d'une France exsangue, désarmée, abattue, des batailles de la dernière guerre et souligna que ce conflit revenait revenait à celui de deux erreurs fondamentales, l'erreur démocratique, parlementaire ou non, représentée par les démocraties anglo-saxonnes et par la Russie des Soviets, et l'erreur hitlérienne ou totalitaire, renouvelée des deux Napoléon, et qui n'est ni plus ni moins mortelle que l'autre. Aussi l'entendit-on crier sur les toits : "La France ! La France seule !".

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    La mesure française ! L'ordre français ! La tradition française ! La France revenant à ses sources ! Tout l'essentiel de Maurras tient en ces formules simples et claires. Et ici, je crois retrouver le thème fondamental de Michel Mourre. Quelles sources ? Les sources chrétiennes. Car, que veut dire le christianisme quand il parle du péché originel, sinon qu'il est faux que l'homme soit naturellement bon ? Et ne sommes-nous pas obligés de souligner son refus de tenir le progrès pour indéfini, son refus d'admettre la grossière formule du Paradis sur la terre (et cet idéalisme est à définir, et suppose plusieurs définitions, mais, en tout cas, il s'oppose au matérialisme révolutionnaire et soviétique).

    En ce temps-là, au bout de cinquante ans de luttes, Maurras fut vaincu (temporellement vaincu). Comment ne l'aurait-il pas été ? Il avait contre lui, au moment de son procès, les totalitaires de Moscou, les puritains anglo-saxons, les Allemands de tout poil, les "collaborateurs" de Paris pour l'heure réduits à tien et les dissidents de Londres, pour l'heure au pinacle. Toutes les anciennes valeurs étaient à bas, et partout. Toutes, sauf les valeurs chrétiennes et particulièrement catholiques, elles-mêmes cependant menacées, ébranlées, l'Église dans ce désordre, les lèvres encore scellées, attendant l'heure de parler. Il n'est pas étonnant, dans ces conditions, que Maurras le Sourd ait, sur ses derniers moments, entendu, comme il l'a dit, "Quelqu'un" venir. Là-dessus, sans doute, le mieux est de se taire, mais il ne me déplaît pas, qu'au dernier moment, ce gréco-romain, ce catholique de la porte ait eu un mouvement d'amour pour une Rome, la seconde, si proche de la première, et qu'il avait toujours respectée.

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    Je ne parle ici - on m'entend - que de l'Église dans son ampleur impériale. Je sais les méfiances que Maurras avait pour l'Orient, mais je sais aussi que la démarche qui poussa quelques juifs baptisés, mais encore marqués dans leur chair par les vieux rites d'Israël et à peine dégagé des synagogues, depuis Jérusalem jusqu'à Rome en passant par Antioche, suit bien, à travers la Grèce et l'Italie, les bornes militaires romaines. Je n'oublie pas que le Christ, pour parler enfin de Lui, fut, dès le règne d'Auguste, par un concours de circonstances qu'il est permis de trouver heureux, marqué du sceau romain...

    ...il convenait que ce grand combat d'un héros contre un torrent d'idées, d'oeuvres et de têtes pensantes, fût rappelé par un homme appartenant à une génération dont beaucoup de membres sont morts à la tâche, parfois tout ensanglantés, ou bien ont été refoulés dans l'ombre par l'injustice de leurs contemporains et la violence des évènements. 

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    Retrouvez l'intégralité des textes constituant cette collection dans notre Catégorie

    "GRANDS TEXTES"...

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  • L’Action Française aujourd’hui, un entretien avec Stéphane Blanchonnet

     

    Par Stéphane Blanchonnet 
     
    Propos recueillis par Maximilien Friche
    pour Mauvaise nouvelle, le 26.02.2017
     

    659173882.jpgStéphane, vous êtes président du Comité directeur de l'Action française, vous êtes également reconnu au sein du mouvement comme une référence doctrinale. Ma première question vient de mon propre étonnement. L'Action française existe encore ? Plus de cent après, le mouvement qui fut la première force politique française, est encore très actif. Qu’est-ce qui fait la vitalité de ce mouvement, qu’est-ce qui fait qu’il ne meurt pas ? Comment se réactualise ses combats politiques ?

    Votre question révèle un double malentendu. D'une part, l'AF si elle a été une école de pensée influente, ayant compté dans ses rangs des figures intellectuelles majeures (Bernanos, Brasillach ou Dumezil ont appartenu à l'AF, Proust, Gide ou Malraux en furent proches un moment), dotée de moyens relativement importants (comme son journal quotidien, entre 1908 et 1944), elle n'a jamais été numériquement « la première force politique » (si on la compare au Parti communiste par exemple) et, d'autre part, elle n'a jamais cessé d'exister, notamment après 1945. Elle a même été une force militante notable au moment des combats de l'Algérie française dans les années 60, ou de la résistance au gauchisme à l'université, dans les années 70. Aujourd'hui par le nombre de ses sections (plusieurs dizaines, dans la plupart des grandes villes du pays), le dynamisme de ses jeunes militants et le rayonnement de ses idées (une figure politique comme Marion Maréchal-Le Pen l'a reconnu l'an passé en répondant à notre invitation pour un colloque ; plus récemment Steve Bannon, un des proches conseillers de Donald Trump citait Maurras et sa distinction « pays réel, pays légal »), elle reste une force qui compte.

    Nos combats sont les mêmes depuis l'origine : nous sommes nationalistes, c'est-à-dire que nous défendons la nation française avant tout (son identité, sa souveraineté, son rayonnement) et monarchistes (« nationalistes intégraux » dans notre vocabulaire) car nous pensons que l'ADN politique de la France est la monarchie : les constitutions depuis 1789 tirent leur force ou leur faiblesse de leur plus ou moins grande correspondance avec cette identité politique fondamentale de la France. Aujourd'hui les combats pour la civilisation et même pour la nature humaine (menacée par la théorie du genre ou le transhumanisme) viennent s'ajouter à nos combats politiques traditionnels.

    L’Action française est un mouvement royaliste, vous sentez-vous néanmoins légitime d’agir dans une campagne pour la présidence de la république ? Comment cherchez-vous à agir ? En nourrissant le débat d’idées, en faisant campagne pour un candidat ? Quel serait le candidat le plus proche de l’AF ?

    SB : L'AF est royaliste parce que nationaliste. Elle a d'abord été républicaine, à sa fondation. Puis Maurras a convaincu les autres membres du groupe de la nécessité de restaurer l'outil capétien pour servir l'intérêt général. Mais il est évident pour nous qu'en attendant cette restauration (à laquelle nous travaillons), nous ne sommes pas indifférents à la situation du pays, encore moins quand les périls sont extrêmes. Aujourd'hui la France doit retrouver sa souveraineté, sortir de l'UE, sortir de l'OTAN ; elle doit ressaisir et assumer son identité, notamment son identité catholique ; elle doit enfin chercher les moyens d'inverser les flux migratoires par la suppression des « pompes aspirantes » et un partenariat de développement ambitieux avec les pays sources de l'immigration. Les candidats qui ont conscience de ces nécessités et les affirment comme nous sont ceux que nous pouvons soutenir. Nous allons dans les jours qui viennent faire connaître plus précisément notre position.

    Un monarque peut-il sortir de l’élection présidentielle ?

    Pourquoi pas ! Nous aimons dire à la suite de Maurras : « par tous les moyens, même légaux ! » D'ailleurs, Maurras propose parmi les modèles du coup censé restaurer la monarchie, celui du 2 décembre 1851, qui vit le prince-président, Louis-Napoléon Bonaparte, renverser la Seconde République depuis son bureau de l’Élysée où il avait été porté par les urnes trois ans plus tôt !

    Votre mouvement est nationaliste. La référence à cette notion républicaine de nation fait d’ailleurs sourire. N’auriez-vous pas troqué l’esprit contre-révolutionnaire, l’amour de la patrie, contre le service d’une France qui n’est plus qu’un avatar idéologique, un instrument de la Révolution (je pense, vous l’aurez compris à la critique que fit jean de Viguerie de votre mouvement dans son excellent livre Les deux patries*) ?

    Le mot « natio, nationis » peut déjà signifier « peuple » en latin classique. Par ailleurs, comme le montrent tous les historiens le sentiment national en France est très ancien. Nous avons l'un des plus vieux États du monde et cet État monarchique a produit le sentiment national. Certains le font remonter à Bouvines (XIIIe siècle), d'autres à la Guerre de Cent ans (XIVe-XVe siècles). La nation n'a rien de spécifiquement républicain même s'il était très à la mode de se gargariser de ce mot entre 1789 et 1799 ! Je serais plus réservé que vous sur les thèses de Jean de Viguerie, par ailleurs estimable spécialiste du XVIIIe siècle, et plus encore sur l'utilisation qui en est faite dans certains milieux. Sur la nation, je lui préfère Marie-Madeleine Martin.

    Aujourd’hui les mouvements identitaires fleurissent sur le territoire, comme symbole d’une civilisation qui refuse de mourir, d’être réduite à un sanctuaire, vous sentez-vous proches de ces mouvements ? L’AF n’a-t-elle pas un rôle fédérateur à jouer ?

    Il faut distinguer le thème identitaire et la mouvance identitaire. La conjonction du déracinement (causé par la République jacobine puis par la société du spectacle et la globalisation) et de l'immigration de masse font du thème identitaire un sujet incontournable pour le nationalisme contemporain. En revanche, il n'est pas nécessaire d'appartenir à la mouvance identitaire pour le comprendre. Cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas entretenir avec elle de bons rapports, mais que nous connaissons aussi nos différences. L'AF défend le « politique d'abord » et n'adhère pas à l'idée d'un communautarisme blanc (c'est cela d'ailleurs « réduire la civilisation à un sanctuaire »). La nationalité française ne peut se définir seulement par la race ou, à l'inverse, par le contrat social républicain (ou l'adhésion aux Lumières). Elle est essentiellement liée à la langue, à l’État, à la civilisation catholique et à la monarchie. 

    * Les deux patries

    Mauvaise nouvelle

  • Sur le blog de l'Action française, l’empirisme organisateur (1).

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    Source : https://www.actionfrancaise.net/

     

    La com­plexi­té appa­rente de la notion d’empirisme orga­ni­sa­teur est dérou­tante.

    Cette méthode de construc­tion doc­tri­nale fait cepen­dant l’originalité et la force de l’Action fran­çaise comme école de pen­sée.

    Genèse d’une méthode

    Consta­tant la pro­fonde divi­sion de l’esprit fran­çais au tour­nant des XIXe et XXe siècles, et pos­tu­lant l’impossible retour de la chose publique sans doc­trine, Maur­ras cher­cha une méthode pour jeter les bases de sa réflexion poli­tique. Il emprun­ta l’expression d’ « empi­risme orga­ni­sa­teur » au cri­tique lit­té­raire Sainte-Beuve (mort en 1869) ; connu pour son absence d’esprit par­ti­san, sa pro­mo­tion du pri­mat de l’expérience et son sou­ci de recher­cher les contra­dic­tions de tous les cou­rants lit­té­raires, poli­tiques, ou phi­lo­so­phiques. L’empirisme orga­ni­sa­teur se veut donc une démarche intel­lec­tuelle sus­cep­tible d’être accep­tée par tous les Fran­çais, quel que soit leur par­ti, quelles que soient leurs croyances, ou quels que soient leurs pré­ju­gés, ain­si qu’un ins­tru­ment d’une réforme intel­lec­tuelle et morale. Cette méthode se nour­rit éga­le­ment de la pen­sée tra­di­tion­nelle (antique et médié­vale), contre-révo­lu­tion­naire et du posi­ti­visme d’Auguste Comte.

    La rai­son et l’expérience

    L’empirisme orga­ni­sa­teur consiste à ana­ly­ser le pas­sé de manière cri­tique, tant pour com­prendre le pré­sent que pour déga­ger de grandes lois de l’histoire. Comme le résume Maur­ras : « Notre maî­tresse en poli­tique, c’est l’ex­pé­rience ». Aus­si, les ins­ti­tu­tions sociales doivent être le fruit d’une sélec­tion opé­rée par les siècles. L’empirisme orga­ni­sa­teur peut donc se défi­nir sim­ple­ment comme « la mise à pro­fit des bon­heurs du pas­sé en vue de l’a­ve­nir que tout esprit bien né sou­haite à son pays ». Cette logique conduit Maur­ras à conclure à la monar­chie.

    L’empirisme orga­ni­sa­teur implique éga­le­ment un prin­cipe d’ouverture consis­tant à accep­ter les obser­va­tions valables d’où qu’elles pro­viennent, en exa­mi­nant seule­ment leur rap­port avec la réa­li­té des faits. Enfin, d’une façon géné­rale, il impose de ne jamais quit­ter la mesure ration­nelle des pos­sibles.

    Consé­quences et appli­ca­tions

    L’empirisme orga­ni­sa­teur donne au roya­lisme d’Action fran­çaise son effi­ca­ci­té. Contrai­re­ment au roya­lisme du XIXe siècle, celui-ci ne se contente pas de la tra­di­tion (remise en cause a prio­ri par cer­tains cou­rants intel­lec­tuels) non plus qu’il ne s’appuie sur la Pro­vi­dence ou le droit divin : il allie la tra­di­tion à la volon­té. C’est ain­si que Maur­ras affirme que « toute tra­di­tion est cri­tique ».

    Le pri­mat de l’expérience conduit à la cri­tique de la démo­cra­tie par­le­men­taire, dans laquelle le pou­voir dépend des suf­frages, donc de l’opinion et de ses varia­tions, condam­nant le régime au pré­sen­tisme. Maur­ras y dénonce d’ailleurs un « régime d’amnésie ». La monar­chie au contraire, pré­sente l’avantage de rendre l’exécutif indé­pen­dant de l’opinion et de ses pas­sions. Enfin, du fait qu’elle pousse le sou­ve­rain à ins­crire son action dans la conti­nui­té de celle de ses pré­dé­ces­seurs (qu’il la pour­suive, l’amende ou l’interrompt), elle se trouve être elle-même un pro­duit de l’empirisme orga­ni­sa­teur.

  • ”Par tous les moyens, même légaux !” (Maurras) : lafautearousseau, le combat de la Tradition contre la Révolution...

     

    "La Révolution française fut un épisode exécrable, de bout en bout, de l'histoire de France. Elle ne fut pas le magnifique soulèvement de tout un peuple mais une folie meurtrière et inutile, une guerre civile dont la mémoire continue aujourd'hui encore à diviser fondamentalement les Français." (Claude Quétel).

    De la prise de la Bastille à la conquête du pouvoir par Bonaparte, le "Crois ou meurs !" de Quétel montre la part essentielle de la violence dans le phénomène révolutionnaire, une violence qui, commencée en 1789, n'a pas attendu la Terreur de 1793 pour se déployer. La Révolution a inventé les droits de l'homme pour les violer tous, et inauguré la dictature des minorités radicales sur la majorité silencieuse, gouvernant au nom du peuple mais sans lui, et souvent contre lui...

    Elle est au pouvoir, aujourd'hui, avec notre Système où "le chaos figé des conservateurs du désordre" a succédé au "chaos explosif des révolutionnaires"...(Gustave Thibon)
     
    Notre rôle est donc de mener, avec tous nos amis et camarades de combat, "une action réellement d'opposition, c'est-à-dire prônant ouvertement la subversion du Régime" (Léon Daudet), et donc de mettre fin à la Révolution au pouvoir !
     
    En somme : la révolution de... "la Révolution" !
     
    Une révolution, oui !
     
    Mais une révolution ROYALE !

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  • Série : Le legs d’Action française ; rubrique 9 : Le catholique pro-soviétique Pierre Debray converti au royalisme, par

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

    Voici la neuvième rubrique de Gérard Leclerc sur «  Le legs de l’Action française  ». On y découvre Pierre Debray le second grand héritier catholique de Maurras, le «  blessé de Dieu  » suivant la belle expression de Franchet d’Esperey. Sa particularité… son transfert d’allégeance du Parti Communiste Français vers l’Action française. Surtout sa capacité d’adapter le maurrassisme aux spécificités de la société industrielle.

    gerard leclerc.jpgA la suite de la scission de 1970 des «  mao-maurrassiens  » il cessa sa participation à Aspects de la France pour collaborer presque quinze ans durant à Je Suis Français, le mensuel des maurrassiens provençaux.

    Marqué par son compagnonnage avec le Parti Communiste il reste l’un des stratèges majeurs de l’Action française ou il introduisit une dose certaine de léninisme sans pour autant parvenir à l’imposer.

    Ceux qui ne pourront participer à la conférence de Philippe Lallement «  Pierre Debray Stratège  » au CMRDS 2020, devront se procurer l’indispensable ouvrage aux Editions de Flore  : Une Action française au service de l’avenir de Pierre Debray avec une belle postface de Gérard Leclerc (ndlr)

    Figure étonnante que celle de Pierre Debray. C’est après un débat singulier avec Boutang qu’il arrive à l’Action française. L’an dernier, j’avais fait une conférence sur lui, qui a été reproduite dans le numéro spécial que lui a consacré la Nouvelle Revue universelle cet été. On peut s’y reporter. En deux mots, quand même, il est né en 1922 et mort en 1999  : cadet de six ans de Boutang, il est mort un an après lui. Nous fêterons son centenaire en 2022. C’est un bleu de Vendée, de tradition républicaine, élevé par un grand-père anarcho-syndicaliste  : il se réclamera toujours de cette tradition, notamment de Proudhon et, d’une certaine façon, de Georges Sorel. Dans le sillage du catholicisme de gauche, Pierre Debray se trouve entraîné après la guerre dans une collaboration avec le Parti communiste qui va aller très loin. Il fait partie des cadres de ce que l’on appelait à l’époque les structures parallèles du Parti communiste. Non seulement il collabore à la presse communisante, mais il est secrétaire de France URSS et membre du bureau du Mouvement de la paix. Il se rend en URSS et en revient en publiant un livre glorifiant Staline  : Un catholique retour de l’URSS. C’était au moment du procès Kravchenko, un Russe d’abord communiste, qui a fui l’URSS et dénoncé en Occident les crimes du stalinisme dans un ouvrage au titre célèbre  : J’ai choisi la liberté. Ce qui provoque une gigantesque polémique, les communistes étant évidemment vent debout contre lui. Cela donne un procès retentissant où tous les ténors du Parti communiste viennent témoigner – et Pierre Debray avec eux – pour soutenir Staline contre Kravchenko. Vous le voyez, les choses sont quand même allées très loin !

    En même temps – ce qui va se passer là est quand même assez stupéfiant –, Pierre Boutang et Pierre Debray entament un dialogue qui va aboutir à la conversion totale de Debray à Maurras et à l’Action française. Il y entre en 1954, peu de temps avant que Boutang ne quitte la maison pour fonder La Nation française. Alors le vieux Maurice Pujo, à trois ans de sa mort, comprend que l’Action française ne pouvait pas se passer d’un intellectuel de haut niveau. Il impose donc la nomination de ce nouveau converti dans le rôle de successeur intellectuel de Boutang.

    Pour l’Action française, c’est une sorte de prise de guerre. Debray est une personnalité intellectuelle de premier ordre, il est déjà très connu. Il permet au mouvement d’élargir son cercle, son milieu social et intellectuel, et de faire entrer en son sein un personnage qui défie les normes courantes. Il va apporter beaucoup au mouvement et au journal, notamment la perspicacité de son regard sur l’évolution de la société industrielle. A la différence d’un Boutang, très centré, je l’ai dit, sur sa dimension philosophique, Debray, historien et sociologue, va se vouer, avec un grand sens pédagogique, à appliquer aux réalités nouvelles la méthode de l’empirisme organisateur, qui répond directement au matérialisme dialectique avec lequel il a frayé pendant plusieurs années.

    Gérard Leclerc ( à suivre)

    Chaque jour, retrouvez les rubriques de l’été militant 2020, sur le site de l’Action française.

    Il vous suffit de cliquer sur le lien souligné. Ils sont proposés dans l’ordre de leur publication.

    Par Christian Franchet d’Esperey

    1 – Est-il opportun de s’accrocher à un homme aussi décrié ?

    2 – Les positions les plus contestées de Maurras ne doivent plus faire écran à ses découvertes majeures

    3 – maurrassisme intra-muros et maurrassisme hors les murs

    4 – Une demarche d’aggiornamento cest-a-dire de mise au jour

    Par Philippe Lallement

    Le maurrassisme est-il devenu un simple objet d etude historique

    Par Gérard Leclerc

    1. Le legs d’Action française
    2. Maurras humaniste et poete
    3. L homme de la cite le republicain
    4. Un mouvement dote dune singuliere force d attraction
    5. Crise de 1926 un nouveau Port-royal
    6. Traces de guerre civile les quatre etats confederes – l antisemitisme
    7. Boutang et Debray renouent avec la seduction intellectuelle du maurrassisme
  • Action Française • Pierre Debray à Montmajour : « Pour une monarchie sans nostalgie et sans folklore ... flèche du progr

    Provence : Rassemblement Royaliste de Montmajour [1969 - 1970 - 1971]

     

    soleil.jpgAu Camp Maxime Real Del Sarte de cette année (Camp de formation pour étudiants, lycéens et jeunes travailleurs, du 19 au 26 août 2018), Gérard Leclerc doit parler des leçons de Pierre Debray.

     

    Pierre Debray from U.R.P. on Vimeo

     

    L'un des intérêts de Lafautearousseau ce sont ses documents d'archive qui sont à la disposition de tous : de ses lecteurs, de la jeunesse militante qui étudie et réfléchit, des universitaires et des chercheurs, nombreux à venir y puiser. Ces archives ne sont pas réunies ici par hasard. Elles procèdent du militantisme de l'équipe qui, aujourd'hui, propose ce quotidien.

    504066561.jpgIl y a peu, à notre connaissance, d'enregistrements audio ou vidéo de Pierre Debray. En voici un qui est un discours au Rassemblement Royaliste de Montmajour. Debray y exprime des idées essentielles. Toujours actuelles.

    Trois rassemblements royalistes ont été organisés à l'abbaye de Montmajour, près d'Arles : en 1969 - 1970 et 1971. Cet enregistrement date de l'une de ces années-là.     

    Pendant ces 6'47", il faut parfois tendre l'oreille. On est en plein air... Mais le propos en vaut la peine !  

    Voir plus loin

    Camp Maxime Real del Sarte Université d'été 2018

  • Grandes ”Une” de L'Action française : le premier article du premier numéro...

    Voici donc le premier numéro de L'Action française quotidienne, en date du samedi 21 mars 1908, jour du Printemps. Le dernier sera celui du jeudi 24 août 1944, que nous verrons prochainement : la série des quotidiens s'étale donc sur une période de trente sept années, pour 13.000 numéros...

    Dans ce premier de la longue série, l'intégralité des deux colonnes de gauche est consacrée non pas à un article proprement dit, mais plutôt à une sorte de "manifeste", signé collectivement par douze personnes, et intitulé "Le nationalisme intégral".

    Après avoir donné le texte intégral de ce Manifeste, nous évoquerons ici quelques aspects de la vie quotidienne du journal, et au journal, avec une série de photos tirées de notre Album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet (321 photos)...

    (retrouvez notre sélection de "Une" dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française")

     

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    Le texte du Manifeste "Le nationalisme intégral"

     

    Obscurément, mais patiemment, avec la persévérance de la passion, voilà bien des années que l'Action française travaille : elle n'a jamais cessé de redire qu'elle s'adresse au Peuple français tout entier.

    Elle l'a dit dans sa Revue. Elle l'a enseigné dans son Institut. Elle l'a crié dans ses réunions et sur ses affiches. En tête du journal destiné à propager quotidiennement sa pensée, l'Action française a le devoir de répéter qu'elle n'a jamais fait appel à un parti. Vous sentez-vous Français ? Traitons des affaires de France au point de vue des seuls intérêts du pays. Voilà le seul langage que nous ayons tenu. Ce sera notre langage de tous les jours. Il ne s'agit pas de mettre en avant nos préférences personnelles, nos goûts ou nos dégoûts, nos penchants ou nos volontés. Nous prenons ce qu'il y a de commun entre nous — la patrie, la race historique — et nous demandons au lecteur de se placer au même point de vue fraternel.

    Ni les rangs sociaux, ni la nuance politique ne nous importent. La vérité se doit d'avancer dans tous les milieux. Nous savons qu'il y a partout du patriotisme et que la raison peut se faire entendre partout. Quelles que soient les différences des mœurs ou des idées, il existe des principes supérieurs et des communautés de sentiment plus profondes : là disparaît l'idée de la lutte des classes ou de la lutte des partis. Toutes nos conclusions politiques dérivent de ce principe fondamental : il faut que notre France vive, et de cette question posée non point par nous mais par les circonstances : comment la préserver de toutes ces forces de mort ?

    Assurément, comme nos camarades de la presse nationaliste et conser­vatrice, nous mènerons de notre mieux la guerre à l'anarchie. Si tout patriote français nous est ami, si toute idée sérieuse nous paraît digne d'examen et de discussion, nous ne ferons aucun quartier aux idées, aux hommes, aux partis qui conspirent contre l'intérêt du pays. Vive l'unité nationale ! Périssent donc tous les éléments diviseurs ! Nous n'épargnerons ni cette anarchie parlementaire qui annule le pouvoir en le divisant, ni l'anarchie économique dont l'ouvrier français est la plus cruelle victime, ni l'anarchie bourgeoise qui se dit libérale et qui cause plus de malheurs que les bombes des libertaires.

    Nous combattrons, comme nous le fîmes toujours, cette anarchie cosmopolite qui remet à des étrangers de naissance ou de cœur le gouvernement de la France, l'anarchie universitaire qui confie l'éducation des jeunes français à des maîtres barbares, les uns juifs, d'autres protestants, lesquels, avant d'enseigner parmi nous, devraient eux-mêmes se polir au contact de la civilisation, de l'esprit et du goût de la France. Nous montrerons dans la clarté qui suffit à leur faire honte, les plaies d'anarchie domestique, tuant l'autorité des pères ou l'union des époux, et, la pire de toutes, l'anarchie religieuse acharnée à dissoudre l'organisation catholique ou tentant de refaire contre l'Église une unité morale en la fondant sur des Nuées.

    Allons au fond du vrai : parce que, au fond, ce qui nous divise le plus est le régime républicain et parce que cet élément diviseur par excellence est aussi celui qui organise, qui règle et qui éternise l'exploitation du pays qu'il a divisé, l'Action française appelle tous les bons citoyens contre la République.

    Mais, dit-on, quelques-uns croient encore à la République. — Possible : ils se font rares. Ces derniers croyants perdront vite leur foi dès qu'ils nous auront accordé quelques minutes de l'attention et de la réflexion qu'un électeur doit accorder à la chose publique. Sans y passer huit heures par jour, comme Louis XIV, tout Français intelligent comprendra bien que ce qu'il y a de mieux à faire est de donner sa démission de souverain et de se décharger des besognes d'État sur quelqu'un de plus apte et de plus compétent. L'évidence lui fera dire, comme à l'un des plus grands amis de l'Action française : « quand je songe que j'ai été républicain, je me battrais. »

    Ce regret si noble est d'un ancien radical qui lutta contre le second Empire et la politique du maréchal (1). Et nous pourrons citer des regrets du même ordre émanant d'anciens libéraux, ou d'anciens collectivistes, ou d'anciens démocrates plébiscitaires. Ne les appelez pas convertis de l'Action française : ils sont des convertis du bon sens français. Nos vérités politiques ne sont tirées d'aucun fonds d'imagination qui nous soit personnel. Elles vivent dans l'âme de nos auditeurs et de nos lecteurs. La seule chose dont on puisse se prévaloir ici, c'est d'avoir obligé le lecteur patriote à découvrir au fond de ses propres pensées et de ses propres sentiments élevés au maximum de la conscience lucide… — Quoi donc ? — La nécessité d'un recours au Roi.

    Qui veut bien quelque chose en veut la condition. La condition de ce qu'on veut quand on réclame le respect de la religion, ou la paix sociale, ou la restitution de la France aux Français, cette condition préalable, c'est le Roi. Pas de Roi, pas de puissance nationale, pas de garantie pour l'indépendance de la nation. Pas de Roi, pas d'anti-maçonnisme efficace, pas de résistance à l'étranger de l'intérieur, pas de réformes bien conduites ni sérieusement appliquées.

    C'est en cela précisément que réside le nationalisme intégral. Il met en ordre les problèmes français, il permet de les comprendre, et ce qu'ils peuvent offrir de contradictoire sans lui s'accorde en lui parfaitement ; par exemple, un Pouvoir central très fort et des Villes, des Provinces, des Corporations entièrement libres, au lieu de se détruire comme en République, se prêtent un appui réciproque et se consolident par l'opération de la monarchie.

    C'est un fait ; nous le ferons voir. Mais c'est un autre fait que beaucoup de gens en sont frappés. C'est un troisième fait que, en tout temps, nos Princes, du fond de leur exil, ont senti cet accord et l'ont inscrit dans leur programme, qui n'a pas été fait pour les besoins de nos polémiques de 1908. Nos querelles du mois courant seraient réglées par l'application d'un principe posé, posé voici dix, vingt ou quarante ans, dans une lettre du comte de Chambord, du comte de Paris ou de Monseigneur le duc d'Orléans.

    Les Français à qui cette évidence deviendra claire feront honneur à la vivacité d'esprit de leur race. Ensemble, diront-ils, nous avons fait une sottise noire en nous séparant de nos Rois : puisque rien de sérieux ne saurait se faire sans eux, le plus simple est de nous dépêcher de les rappeler, et avec eux, de nous remettre le plus tôt possible au travail.

    À ce langage de bon sens, on n'objecte que la prudence des timides, ceux qui tremblent que la monarchie ne signifie « pour le public » le gouvernement des nobles et des curés (simple sottise de primaires), ou ceux qui (moins ignorants et plus imprudents) savent combien ce préjugé est faux, mais qui en craignent la puissance. Nous ne craignons, pour notre part, aucune puissance d'erreur. Notre devoir est de les réduire l'une après l'autre en leur opposant l'évidence. Mais une évidence militera, dès l'abord, en notre faveur : c'est le recrutement du personnel de l'Action française.

    Ceux que le nationalisme intégral rallia nous sont venus de toutes les classes et de tous les mondes. Ces hommes qui, depuis des années, travaillent, sans un désaccord, à la même œuvre de reconstitution nationale, sont le produits d'éducations et de milieux aussi différents que les Jésuites et la Sorbonne, le barreau et l'armée, l'Union pour l'Action morale et la Gazette de France. On pourrait dire qu'ils ne s'accordent sur rien, hors de la politique, et que, en politique, ils s'accordent sur tout. Car non seulement leur politique économique ou militaire, mais leur politique morale, leur politique religieuse est une. On a remarqué, dans leurs rangs, des hommes étrangers à la foi du catholicisme. On n'en signale pas un seul qui n'ait mille fois déclaré que la politique religieuse de notre France est nécessairement catholique et que le catholicisme français ne peut être soumis à un régime d'égalité banale, mais y doit être hautement et respectueusement privilégié. De sorte que l'accord intellectuel et moral déterminé par le nationalisme intégral de l'Action française peut être envisagé tout à la fois comme le dernier mot de la tolérance et comme le triomphe du Syllabus.

    Et ces deux aspects ne sont pas contradictoires. Nous apportons à la France la Monarchie. La Monarchie est la condition de la paix publique. La Monarchie est la condition de toute renaissance de la tradition et de l'unité dans notre pays. C'est pour l'amour de cette unité, de cet ordre, que commence aujourd'hui notre guerre quotidienne au principe de la division et du mal, au principe du trouble et du déchirement, au principe républicain.

    À bas la République ! et, pour que vive la France, vive le Roi !

    Henri Vaugeois,
    Léon Daudet,
    Charles Maurras,
    Léon de Montesquiou,
    Lucien Moreau,
    Jacques Bainville,
    Louis Dimier,
    Bernard de Vesins,
    Robert de Boisfleury,
    Paul Robain,
    Frédéric Delebecque,
    Maurice Pujo.

    (1) Patrice de Mac Mahon. 

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    Quelques photos de notre Album Daudet pour illustrer les premiers moments de l'aventure...

     

    1. Samedi 21 mars 1908 : premier numéro du journal

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    De "Vers le Roi", pages 37/38 (premières lignes du Chapitre II) :

    "Le 21 mars 1908 parut le premier numéro de l'Action française quotidienne, organe du nationalisme intégral, portant, comme devise, la fière parole de Monseigneur le duc d'Orléans : "Tout ce qui est national est nôtre".
    Nos bureaux étaient donc Chaussée d'Antin. Notre imprimerie se trouvait 19, rue du Croissant, dans la rue Montmartre.
    La déclaration, qui ouvrait le journal, était signée des douze noms suivants : Henri Vaugeois, Léon Daudet, Charles Maurras, Léon de Montesquiou, Lucien Moreau, Jacques Bainville, Louis Dimier, Bernard de Vesins, Robert de Boisfleury, Paul Robain, Frédéric Delebecque, Maurice Pujo.
    Nous avions campé la "Dernière Heure" au milieu de la première page, ce qui, par la suite, parut moins intéressant quant à l'aspect extérieur, ou "oeil", de notre feuille, que nous ne l'avions espéré.
    Je signais du pseudonyme de "Rivarol" des échos, censés divertissants, mêlés de prose et de vers.
    Criton-Maurras inaugurait une Revue de la Presse, avec exposé et discussion des confrères, qui a été souvent reprise ailleurs et imitée depuis, jamais égalée.
    Nous annoncions, pompeusement, deux feuilletons, l'un, "Marianne", de Marivaux, recommandé par Jules Lemaître, lequel excita peu d'intérêt, comme trop long et digressif, l'autre, "Mes Pontons", de Louis Garneroy, qui plut davantage.
    Il y avait aussi une déclaration de Jules Lemaître, adhérant à la monarchie, et qui scandalisa pas mal de "républicains" ou prétendus tels, dont Judet, directeur de "L'Eclair", considéré alors comme un patriote éprouvé, reconnu depuis comme une variante de Judas..."



    Illustration : "cela ne durera pas six mois...", disaient certains. Malgré la résistance acharnée du Système - et l'infinité de ses "coups bas.." - qui finit tout de même par "avoir sa peau" en 44; malgré l'hécatombe de 14; malgré les injustes sanctions vaticanes; malgré les brouilles et les départs inhérents à toute formation politique... l'extraordinaire aventure de l'Action française dura presque 36 ans; et 13.000 numéros : c'est le 24 août 44 que parut, en plein climat de Terreur dûe à la sinistre "Epuration", le 13.000ème et dernier numéro.
    Mais les choses qui devaient être dites avaient été dites; les démonstrations qui devaient être faites avaient été faites; les preuves qui devaient être apportées avaient été apportées : "Les bâtisseurs sont morts, mais le Temple est bâti..."

     

    2. Maurras à l'imprimerie...

    Dans son "Maurras et notre temps", Henri Massis dit, à un moment, de Bainville et de Daudet, qu'ils "étaient de vie régulière".
    C'est-à-dire que, leur après-midi de travail terminé, ils rentraient, tout simplement, chez eux, en famille...
    Rien de tel pour Maurras, célibataire : son rythme de travail était radicalement différent, et s'apparentait d'avantage à celui d'un "oiseau de nuit", comme le montre Daudet, dans cette fin du chapitre VI de son "Vers le Roi", pages 201/202/203 :

    "...Maurras en use aussi, à sa façon (de la répétition, ndlr), qui est de varier les sujets, au cours d'un même article, et de servir chaque matin, en plusieurs paragraphes, un menu politique presque complet...
    Maurras travaillant toute la nuit et passant presque toute la nuit à l'imprimerie (ce qui est phénoménal et unique dans les annales de la presse !), l'Action française est le seul journal dont les nouvelles soient contrôlées.
    Chez la plupart de nos confrères, ces nouvelles, transmises par les agences, sont insérées en vrac, par le secrétaire de rédaction, sous la rubrique "Dernière heure", et c'est au lecteur à se débrouiller dans leur énoncé blafard, absurde, contradictoire ou confus.
    Rien de tel chez nous : l'oeil de Maurras, servi par une mémoire effarante, a vite fait de relever l'erreur de fait et de la corriger, l'interprétation tendancieurse et de la barrer.
    On n'imagine pas l'utilité de cette surveillance, surtout dans les moments graves ou critiques.
    L'Action française n'est pas seulement un quotidien. Elle est aussi une ligue et un organisme d'action. Elle a des ramifications innombrables dans tous les milieux et dans toutes les provinces. D'où la nécessité, pour elle, d'insérer les communiqués de ses amis et les comptes rendus de

  • Maurras, Charles (1868/1952)... parti depuis 70 ans, et toujours présent !

    Témoignage d'estime et d'affection réciproques d'un martégal royaliste, "blanc du midi" à un autre martégal royaliste et "blanc du midi"...

    Copie d'un portrait de Maurras, réalisé à la plume et à l'encre de Chine, sur un papier velin, présenté à Maurras - qui le lui a dédicacé - par le jeune Camelot du Roi Pierre Davin, fils du Camelot Émile Davin, l'un des neuf fondateurs de la section d'Action française de Martigues (la section de Charles Maurras...), dans les années 1910...

    Né le 23 janvier 1906, Pierre Davin a alors 21 ans. Apprenant que Maurras va venir passer quelques jours chez lui, à Martigues, dans sa Bastide du Chemin de Paradis, il part aussitôt chez lui, pour lui présenter ce portrait. Maurras le reçoit fort aimablement, connaissant bien son père, "voisin de trois cent mètres", d'une famille établie depuis plusieurs générations sur "l'Île", le quartier central de Martigues, le quartier natal de Maurras; de la fenêtre de la maison familiale, au premier étage, où est né mon père, on a une vue imprenable sur la bastide du Chemin de Paradis, à Ferrières, le quartier de Maurras.

    Leur discussion porta (entre autres...) sur les origines grecques des villes de Marseille et Martigues (ce qui explique la dédicace) et elle a duré "une bonne partie de l'après-midi", me disait mon père, à chaque fois que nous en parlions...

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    D'abord "carrossier" (mais, d'avant les véhicules automobiles !) mon grand-père Émile devint pêcheur, et fut membre de la Prudhommie des Pêcheurs de Martigues, et l'était toujours dans les années terribles de l'épuration, sinistre re-Terreur, en 45; lorsque le président de cette Prudhommie, Dimille, écrivit la juste, belle et surtout très courageuse lettre en défense de Maurras, lue lors de son inique procès :

    Communauté des Patrons-Pêcheurs de Martigues.

    Martigues, le 16 Octobre 1944.

    Nous, Conseil des Prud'hommes pêcheurs des quartiers maritimes de Martigues, représentant 700 pêcheurs, attestons que notre concitoyen Charles Maurras a, depuis toujours et jusqu'à son incarcération, faisant abstraction de toute opinion politique, fait entendre sa grande voix pour la défense des intérêts de notre corporation.
    Par la presse, il a attaqué les trusts et les autres grands profiteurs, ainsi que certaines administrations qui voulaient nous brimer.

    Pour le Conseil des Prud'hommes, le Président Dimille. 

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    Face au théâtre, la Prudhommie des Pêcheurs de Martigues

     

    François Davin

  • Grandes ”Une” de L'Action française : 15 Avril 1912, le naufrage du Titanic...

     

    (retrouvez notre sélection de "Une" dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française")

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    Le Titanic coule le dimanche 14 avril, à 23h40. Les toutes premières nouvelles ne sont donc connues en Europe que le lundi 15, dans la stupéfaction générale. L'Action française ne parle pas de l'évènement ce lundi, et publie, le mardi 16, en page deux, un court communiqué, qui rend bien compte de la lenteur de transmission des nouvelles, puisque ce communiqué, écrit à partir des informations de l'Agence Havas, reprises par le journal, précise "tous les passagers du Titanic sont sauvés" (sic !)

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    Le journal "corrige le tir" dès le lendemain, mercredi 17, en publiant, en première page, en bas des deux colonnes de droite le communiqué suivant, bien plus alarmiste et proche de la réalité; ce communiqué s'achève par vingt-quatre lignes en page deux, tout en haut de la première colonne; on y lit :

    "...Pour expliquer ces nouvelles contradictoires reçues coup sur coup, on suppose que le commandant du Titanic ne croyait pas à l'imminence de la catastrophe, comme tendrait à le prouver le télégramme suivant expédié par M. Philip, l'opérateur de la télégraphie sans fil du littoral, à ses parents : "Avançons lentement vers Halifax. Navire pratiquement insubmersible. Ne vous inquiétez pas.". Ce télégramme avait été envoyé à minuit, et le Titanic sombrait deux heures après." (fin de "l'article").

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    C'est donc le 18, quatre jours après la catastrophe, que L'Action française consacra une bonne part de sa "Une" à l'évènement.

    Voici la "Une" de L'Action française du Jeudi 18 Avril 1912 :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k757609t/f1.item.zoom

    On y trouve évidemment Maurras et Daudet, et aussi Maurice Pujo. Bainville y est, bien entendu, mais pas sous son nom : comme pour la mort de Mistral, son article, en première page, est signé "Léonce Beaujeu". Pourquoi, et d'où vient ce pseudonyme ? Nous l'ignorons...

    • Maurras occupe les deux premières colonnes de la "Une", avec un long article intitulé "Nouveautés électorales", qui pourrait aujourd'hui encore servir utilement dans un Cercle d'études et de formation, sur les "joyeusetés" et la malfaisance intrinsèque du Système, avec tous les tripatouillages qu'il permet...

    • Daudet, lui, écrit déjà sur la catastrophe du Titanic : un article assez court, en bas de la deuxième colonne et en haut de la troisième, intitulé "Les enfants d'Archimède", dans lequel il rend hommage au courage de ceux qui ont péri en restant à leur poste :

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    • Maurice Pujo, lui, avec "Notre Triduum", dans la demi colonne quatre, partie inférieure, parle des trois réunions qui seront organisées "les 19, 23 et 26 avril, sous la présidence de Charles Maurras, de notre éminent maître et ami Jules Lemaître, et de Bernard de Vesins..." avec, aussi De Roux, Vesins, Daudet, Lasserre, Vaugeois, Valois...

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    • Et Bainville, là-dedans ? Il est là, et bien là, à sa place habituelle (la ou les deux colonnes de droite) et il propose un article pertinent, intitulé "Le naufrage", dans lequel il revient sur l'incroyable naïveté des hommes, du moins de certains, et la confiance illimitée accordée - à tort ! - au "progrès", et à sa réputation d'infaillibilité...

    Juste en-dessous de son article, que l'on verra après, se trouve un gros "pavé", qui se prolonge en page deux, sur toute la colonne de gauche et en haut de la deuxième :

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    Venons-en donc maintenant, pour clôturer cette "Une" consacrée en bonne part au Titanic, à l'article de Bainville. Comme il le fera deux ans plus tard, dans ses deux articles consacrés à la mort de Mistral (voir les Grandes "Une" 1 et 2) - nous l'avons dit - Bainville écrit son court article, sobrement intitulé "Le naufrage", à la fois sous le pseudonyme de Léonce Beaujeu et aussi dans une sorte de rubrique intitulée "Au jour le jour"... :

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    Enfin, pour aller un peu plus loin sur le sujet, voici ce que nous avons placé dans notre Éphéméride du 15 avril; vous y trouvez le lien vous permettant de lire l'article de Bainville, sous une forme plus "habituelle" !... :

     

    1912 : Roger-Marie Bricoux, violoncelliste de l'Orchestre du Titanic, périt dans le naufrage         

     

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    L'orchestre continua de jouer jusqu'à la fin (Image : Titanic, de James Cameron, 1997) 

     

    Les témoignages sont unanimes : s'ils varient quelque peu sur le dernier morceau joué par l'Orchestre (pour la grande majorité des survivants, il s'agit du cantique "Plus près de toi, mon Dieu...") tous les rescapés s'accordent à dire que, jusqu'aux derniers instants, l'Orchestre des huit musiciens a joué, comme si de rien n'était. Donnant ainsi un exemple rare de courage personnel et de noblesse de coeur.

    Roger-Marie Bricoux était le violoncelliste du groupe... Il était né le 1er juin 1891 à Cosne-sur-Loire, sa famille se fixant ensuite à Monaco.

    Sur le Titanic, il était passager de seconde classe : il n'avait pas 21 ans...

    Il y avait 48 Français à bord du Titanic : ils formèrent une association, "Les Français du Titanic", et rédigèrent collectivement l'histoire du naufrage, dans un livre qui porte ce même nom...

     

    "Le Naufrage" a inspiré à Jacques Bainville un célèbre article, paru trois jours après la catastrophe, dans L'Action française du 18 avril 1912 : voir, dans notre Catégorie "Lire Jacques Bainville", l'article XI, Le Titanic ? Insubmersible ! Ou : réflexion sur la crédulité, d'hier, d'aujourd'hui, de toujours.

     

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    L'orchestre du Titanic au grand complet : de gauche à droite et de haut en bas : George Krins, Wallace Hartley, Roger Bricoux, Theodore Brailey, Percy Taylor, Wes Woodward, John Clarke et John Hume.

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    Pour lire les articles...

    En bas de page, une courte "barre de tâches" vous permet d'utiliser le zoom (tout à gauche de la barre) et de changer de page (flèche tout à droite); une fois appuyé sur "zoom", vous aurez, cette fois tout en haut de la page, une autre "barre de tâches" : en cliquant sur le "+", il ne vous restera plus, avec votre souris, qu'à vous promener sur la page, puis passer à la deuxième pour lire la suite...

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  • Grandes ”Une” de L'Action française : 29 juin 1919, signature du calamiteux Traité de Versailles...

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    C'est donc la "Une" de L'Action française du lendemain, dimanche 30 juin, avec ses six colonnes habituelles, que vous voyez ici, avec les trois articles lumineux, consternés et furieux de Maurras, Daudet et Bainville :

    • "Ecce iterum... Hermann Müller !" : titre de l'article de Léon Daudet (la troisième colonne intégrale et la fin de l'article en haut des quatrième et cinquième colonne;

    • Avec son "Dans la Galerie des Glaces", Bainville occupe quasiment tout des deux colonnes de gauche;

    • "La Politique" de Maurras occupe la plus grande partie des quatrième et cinquième colonnes (sous la fin de l'article de Daudet) et s'achève en haut de la sixième colonne...

     

    (retrouvez notre sélection de "Une" dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française")

     

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    1. L'article de Bainville... :

     

    Bainville.jpg"Müller et Bell (les deux plénipotentiaires allemands, ndlr)... Derrière eux, ils avaient un vaste peuple de  soixante millions d'âmes, au nom duquel ils avaient été autorisés à venir et à signer. Eux-mêmes, par leurs chétives personnes, ils représentaient l'Allemagne épargnée dans son devenir, gardant, malgré sa défaite, la part la plus précieuse de sa victoire de 1870. Et soixante millions d'être humains qui continuent de former un grand État, un seul État, on ne les crucifie pas, même quand leurs délégués ont paru devant le tribunal des nations comme des parias...

    ...Ils savent, comme tout Allemand l'a appris en naissant, que la fondation de l'Empire, en 1871, a été la plus grande date de leur histoire. Dans toutes les villes d'Allemagne, les statues de Guillaume 1er et de Bismarck rappellent que l'unité allemande est leur legs et leur bienfait. Müller et Bell savent bien aussi que s'ils ont décidé de signer cette paix, ce n'est pas parce qu'ils la trouvent juste, parce qu'ils se promettent de l'exécuter sincèrement, en gage de repentir. C'est parce que, si la signature avait été refusée, les armées alliées entraient en Allemagne et qu'alors tout craquait. L'Empire allemand sort la vie sauve du grand apparat justicier de Versailles... L'Allemagne vaincue a retrempé son unité à sa source symbolique..." (cette phrase est la manchette du journal, en haut à droite de la "Une", ndlr)

    L'unité allemande, que les erreurs de la France ont faite autrefois, l'erreur des Alliés la cimente. Ils le regretteront un jour..."

    On ne saurait être plus lumineux, plus clairvoyant. Ces regrets ? Ils s'appellent "Hitler", "le nazisme", "la Seconde Guerre mondiale" et toutes les horreurs qu'elle a engendrées...... Honte à la République, qui a permis cela, qui a fait cela. Mais nous, royalistes d'Action française, pouvons être fiers d'avoir mené le bon combat et d'avoir eu des maîtres et meneurs pareils !...

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    2. L'article de Léon Daudet... :

     

    DAUDET.jpgLéon Daudet revient longuement sur Müller et Bell, lui aussi, mais il étrille surtout Viviani, que les lecteurs de lafautearousseau connaissent bien : c'est lui qui a prononcé le discours furieux de 1906, dans lequel il disait haut et fort que la République était engagée, avec le catholicisme, dans une guerre d'extermination...

    Daudet rappelle les accointances de ce sinistre Viviani avec Le Bonnet rouge de Malvy, Almereyda et Caillaux, les traîtres de l'intérieur...

     

     

    Dans notre Album Maîtres et témoins (III) Léon Daudet (321 photos), voir les deux photos :

    Caillaux, Malvy, Vigo/Almereyda, "Le Bonnet rouge"

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    et

    Un feuilleton pour dénoncer l'espionnage allemand...

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    Voici le début de l'article de Daudet (intégralité de la colonne trois) :

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    ...et sa fin, en haut des deux colonnes quatre et cinq :

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    3. L'article de Maurras (sobrement intitulé, comme quasiment toujours, "La Politique") est divisé en quatre "paragraphes" :

     

    •1. Ni illusion ni découragement :

     MAURRAS hommage.jpg"...Il n 'y a pas d'illusion possible sur cette paix garantie par un Mûller et par un Bell, personnalités de second plan, aux lieu et places desquels il aurait dû être facile de réquisitionner des généraux allemands... Il n'y a pas non plus d'illusion à se faire sur l'état de l'Allemagne. M. Tardieu et les attachés qui l'entourent, approuvés paraît-il par quelques militaires, probablement meilleurs à la bataille qu'au conseil, estiment que l'Allemagne est finie, fichue, divisée et décomposée. Cette estimation est malheureusement sans rapport avec la réalité... Des garanties nous manquent : au lieu de les pleurer, il faut les obtenir. Des dédommagements nous ont été refusés; il ne s'agit pas de nous en plaindre indéfiniment, mais de chercher les moyens d'avoir notre dû et, en l'attendant, employer ce qui nous est accordé de la façon la plus utile, la plus pratique et aussi la plus réconfortante..."

    •  2. L'action militaire et civile :

    "...Nos chefs socialistes ont voulu une paix Wilson. Ils l'ont eue, et nous avec eux... menacés de près par un ennemi ivre de rancune et débordant de forces...

    • 3. Mais pas de bêtise ! Un examen de conscience :

    "...Quels sont les torts profonds du Régime dans ces deux cas : mauvaise préparation de la guerre, mauvaise conception, mauvaise thèse de la paix ?...  

    • 4. Prenons des forces et rendons justice : (l'article pose le problème politique, celui du Régime, et s'achève par ce paragraphe, appel à la révolution royale indispensable)

    "...Étant donné le grand effort proposé à l'activité nationale, oui ou non, celle-ci voudra-t-elle se forger l'organe qui y soit proportionné ? Si c'est non, tout est dit, couchons-nous, tous nos efforts, trop inégaux, divisés, arrêtés, contredits par le régime, sont condamnés à n'être que les synonymes de rien. Mais si oui, en avant ! Si oui, allons, courons, à l'immuable objectif de l'Action française, à la restauration de la Puissance française et, comme écrivait à peu près Mazzini à Nino Bixio pour l'unité de l'Italie en 1860, "et s'il faut qu'elle soit royale, - royale !"

    Début de La Politique, paragraphe I :

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