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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1425

  • « Le terrorisme islamiste n'est pas soluble dans le bien-être matériel »

     

    Par Guillaume Perrault 

    « Après des décennies de mauvaise conscience, la France doit retrouver l'estime de soi et se sentir légitime à assumer des décisions » : Malika Sorel-Sutter a donné au Figaro un nouvel entretien [18.07] très intéressant suite à la tragédie de Nice. « Est-ce un état d'esprit qu'il faut changer ? Oui » nous paraît être l'essentiel de cet entretien. Et l'essentiel tout court.  LFAR

     

    XVM82f302c6-4cf5-11e6-b862-dbb9db7f780e.jpgQue penser de l'identité du terroriste présumé, un Tunisien vivant à Nice, délinquant de droit commun mais inconnu, semble-t-il, des services de renseignements ?

    La nationalité n'est plus une donnée suffisante, ni même pertinente, pour comprendre ce qui se produit. Ce même individu aurait pu être tout aussi bien franco-tunisien, ou franco-ce-que-l'on-veut, ou même français de souche récemment converti puis radicalisé sous l'effet d'un prosélytisme soutenu. Le virage amorcé par les principaux pays sources de l'immigration en vue de renouer avec leurs fondamentaux religieux aussi bien que l'évolution géopolitique des dernières décennies incitaient à la plus grande prudence. Or, partout en Europe, ce n'est pas cette option qui a été choisie. Les sociétés occidentales, devenues temples de la consommation, se sont laissé convaincre par les faiseurs d'opinion que le bien-être matériel était la clé de tous les problèmes ou presque. Nice, après d'autres terrifiants événements, y apporte un cinglant démenti.

    Quelles politiques de fond vous semblent urgentes ?

    Vaste programme! Il faut déployer, simultanément, l'ensemble des actions qui s'imposent. Dès 1981, Georges Marchais réclamait de « stopper l'immigration officielle et clandestine ». C'est une nécessité. En effet, l'importance des flux migratoires a fini par rendre quasi impossible l'intégration culturelle d'une partie de ceux qui se trouvaient déjà sur le sol européen et entraîné la régression du niveau d'intégration d'une partie des enfants de l'immigration. Par ailleurs, une réforme du Code de la nationalité doit être menée pour que les élites ne puissent plus s'affranchir du Code civil, qui ordonne que « nul ne peut être naturalisé s'il ne justifie de son assimilation à la communauté française ». L'octroi de la nationalité française doit être une mesure individuelle, en aucun cas groupée et encore moins automatique. Affubler un être humain d'une identité qu'il n'a pas pleinement faite sienne peut engendrer souffrance et, en cas de dissonance identitaire, violence retournée contre soi ou les autres. Le droit du sol doit être aboli, ainsi que l'acquisition de la nationalité française par mariage. La carte d'identité française, rappelons-le, outre qu'elle confère le statut d'architecte du projet de société, constitue également un titre de propriété sur une terre.

    Est-ce un état d'esprit qu'il faut changer ?

    Oui. En dépit des moyens considérables que la France consacrait au volet immigration-intégration, les élites, plutôt que d'en faire état, ont persisté dans la politique de la culpabilisation-repentance et de la « lutte contre les discriminations », qui aboutit à faire passer chaque Français pour un raciste potentiel. Comment espérer une cohabitation harmonieuse après avoir semé tant de graines de ressentiment? Il doit être mis un terme à toutes les actions politiques qui ont pour fondement ces idéologies, à commencer par la discrimination positive que les élites s'appliquent à déguiser sous de nobles appellations. Faire tomber les masques est le chemin obligé pour restaurer notre démocratie. L'éducation des jeunes générations est le nerf de la guerre. Une partie de ce qui a été fait devra être repensée, et parfois défait, à commencer par la dernière réforme du collège ou l'introduction des langues d'origine à l'école primaire. La langue est un enjeu décisif. Enfin, il faut restaurer et sanctuariser la liberté d'expression. Seul un langage de vérité permettra une large prise de conscience de la vulnérabilité de la France.

    Peut-on prendre des mesures plus contraignantes que celles qui existent déjà sans que le Conseil constitutionnel les déclare contraires à la Constitution ?

    Le défi que les Français doivent relever est celui de la continuité historique de la France et de son peuple. Le général de Gaulle, qui «était d'un réalisme froid», selon l'expression de l'historien François Kersaudy, serait-il resté passif ou aurait-il brisé ses fers pour prévenir l'irrémédiable ? Pour de Gaulle, « un homme peut avoir des amis ; une nation, jamais ». Un homme d'État ne perd jamais de vue l'intérêt supérieur de la nation. Par la gravité extrême de la situation dans laquelle elle se trouve, la France a besoin d'hommes et de femmes de cette trempe. Les autres pourront revenir amuser la galerie quand la paix sera revenue.

    Si nous sommes en « guerre », comme l'assure le premier ministre, doit-on renoncer à certaines activités du temps de paix comme les rassemblements de masse, cibles de choix pour des carnages ?

    Le président aussi dit que nous sommes en guerre, et tous deux répètent en boucle qu'il nous faut rester unis. Unis sans condition? Pour ce qui est des rassemblements de masse, à moins de considérer que notre pays doit cesser de vivre, nous ne pouvons pas tout interdire. Les annulations ou interdictions ne doivent être prononcées qu'au cas par cas, sur la foi de renseignements faisant état de menaces précises ou de suspicions fortes. Une interdiction globale n'écarterait pas la menace. C'est le fond du sujet qui doit être traité. Nous payons ici le prix de l'impéritie de notre classe politique, dont le renouvellement ne se fait plus qu'à la marge. Les Français ont accepté ce qu'ils n'auraient jamais dû : être dépossédés de leur liberté d'être français. Ils auront à cœur de reconquérir ce droit. 

    Dernier ouvrage publié: « Décomposition française. Comment en est-on arrivé là ? » (Fayard, novembre 2015), prix littéraire « honneur et patrie de la société » des membres de la Légion d'honneur.

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    Guillaume Perrault    

    Grand reporter au Figaro et à FigaroVox       

  • Le massacre des innocents

     

    par Jean-Philippe Chauvin

     

    arton8470-7b8cd.jpgC’était le 14 juillet au soir, et, comme de nombreux curieux, je contemplais à la télévision les beaux éclats du feu d’artifice de la Tour Eiffel. Et puis, il y a ce bandeau jaune « alerte info » qui défile soudain et qui annonce ce qui n’est encore qu’un « incident », un camion qui a renversé des passants à Nice lors des festivités de la tombée de la nuit. Quelques minutes plus tard et durant toutes les heures qui suivent, ce sont les images de panique d’une foule en course pour éviter le pire, celles d’un camion blanc qui s’engage sur la promenade des Anglais et ce bilan « évolutif » passé de quelques victimes à 74 à deux heures du matin, puis 84 à l’aube : encore, encore le terrorisme, les morts, les larmes ! 

    Depuis janvier 2015, le même scénario se répète à intervalles de quelques mois, et les mêmes discours et les mêmes coups de menton, les mêmes cérémonies funèbres, les « Je suis… » qui se suivent et, malheureusement, se ressemblent malgré la variété des noms accolés à ce début de phrase. Et, chaque fois un peu plus, les poings qui se serrent… 

    Ce 15 juillet au matin, la télévision montrait, sur la route du malheur provoqué par celui dont je ne prononcerai pas le nom pour ne pas lui accorder la moindre célébrité, l’image d’une poupée sur le bitume, seule, abandonnée, couchée… Quelques minutes après, sur les réseaux sociaux, je retrouvais la même poupée, mais en des circonstances bien différentes : elle était bien là, à même le sol, comme renversée, mais, à côté d’elle, à la toucher, sous la lumière « bleu cruel » des gyrophares, il y avait une couverture dont dépassait une sorte de bonnet ou de casquette, une couverture qui couvrait une forme, un corps, un visage… Un enfant, dont la poupée semblait veiller le corps désormais sans vie. 

    Cette fois-ci, mon café du matin avait un goût de cendres, une amertume violente : la mort d’enfants nous choquent plus encore que d’autres, il faut bien l’avouer ! Les innocents, pense-t-on, comme si les autres victimes l’étaient moins parce qu’elles avaient vécu plus longtemps : bien sûr, ce sentiment n’est pas forcément « juste » mais il est commun, croit-on, à toute l’humanité. Qu’y a-t-il de plus cruel, de plus injuste que la mort, quelle qu’en soit la forme, d’un enfant ? Dans une famille, c’est « l’absence » la plus douloureuse… 

    Mais les islamistes et leurs alliés s’en moquent, et leur « cause » semble justifier tous les moyens, tous les crimes. Les paroles glaçantes du terroriste Carlos, ce fameux « Il n’y a pas de victimes innocentes », doivent nous permettre de comprendre, non pour excuser mais pour combattre, l’esprit de la Terreur aujourd’hui incarné par les troupes formelles et informelles de L’Etat Islamique. Avons-nous oublié le « massacre des innocents » provoqué, selon le Nouveau Testament, par Hérode ; les enfants de Vendée « écrasés sous les pieds de nos chevaux », selon le général Westermann, au nom de la République en 1793 ; ceux d’Oradour-sur-Glane brûlés comme les adultes dans l’église du village et ceux exterminés pour être nés juifs durant la guerre mondiale de 1939-45 ; les enfants de Beslan, retenus en otage et exécutés en septembre 2004 par des rebelles tchétchènes ; les trois enfants assassinés froidement devant et dans leur école à Toulouse par l’islamiste M. en mars 2012, simplement parce qu’ils étaient juifs ? 

    Les enfants sont des cibles doublement symboliques parce qu’elles sont à la fois la suite des générations précédentes et leur avenir, et que les frapper, c’est chercher à trancher ce fil de la transmission, ces racines qui permettent à une  nation, démographiquement comme spirituellement, de s’épanouir encore et toujours. Ils ne sont pas visés par hasard, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Et puis, l’assassinat d’enfants, s’il horrifie les populations, les terrifie aussi, ce qui est un moyen pour ces terroristes d’espérer désarmer ou, du moins, de paralyser, par « sidération », les sociétés visées, surtout dans des démocraties parfois plus sensibles à l’émotion qu’à la raison. 

    Il y a aussi le risque de voir (ou de laisser) fracturer l’unité d’un pays, non celle qui peut s’exprimer à travers les jeux parlementaires ou politiques pour le bien commun du pays, mais celle, plus profonde, qui lie les communautés, les particularités et les personnalités entre elles, non dans ce « vivre l’un à côté de l’autre » (formule de l’individualisme, qu’il soit personnel ou communautaire) mais « vivre l’un avec l’autre », non dans la confusion mais dans la reconnaissance de traits communs issus de l’histoire (et, parfois, de ses confrontations), de ces héritages dont, certes, nous pouvons vouloir nous détacher ou que nous pouvons contester (« la vraie tradition est critique », disait avec grande raison Charles Maurras), mais qui sont aussi le terreau de la nation vivante. 

    Ne donnons aucune joie ni aucune paix aux terroristes du moment : l’unité de la France ne doit pas être une argutie politicienne et ne peut être confondue avec les manœuvres d’un gouvernement aux abois ou d’une opposition exaspérée, elle doit être une réalité vécue, forte, puissante. Ce n’est pas l’uniformité ou l’indivisibilité mais la reconnaissance d’une « particularité française », historique, politique comme géopolitique, et, sans doute, civilisationnelle ; c’est la reconnaissance d’une « diversité ordonnée », de cette « nation plurielle » qui est la France et qui n’est pareille à aucune autre. 

    L’unité de la France, c’est un « équilibre » au sens fort du terme, équilibre parfois mis à mal par l’histoire et par le Pouvoir lui-même quand il oublie ses fonctions régaliennes et ses devoirs de Bien commun, mais équilibre qu’il faut conserver si l’on veut que perdure ce que « nous » sommes, et que nous puissions vivre, tout simplement et librement, notre destin de Français, nés ici ou adoptés, au sens le plus fort et noble du terme… 

    Pour que les enfants de France vivent, mais aussi tous les enfants, en France, d’ici ou de passage…

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • 1936-2016 : Retour avec paroles & images sur le 80e anniversaire de la Guerre d'Espagne

     

    Nous avons rappelé lundi dernier, 18 juillet, le 80ème anniversaire du Soulèvement National du 18 juillet 1936 qui marque le début de la guerre d'Espagne.

    Nous complétons aujourd'hui cette évocation par la mise en ligne suivante :

    Un discours de guerre du général Franco (1892-1975) prononcé en avril 1937 à Salamanque qui a été dans les premiers temps des combats capitale de l'Espagne nationaliste. Nous avons trouvé préférable d'en donner le texte espagnol, plutôt qu'une traduction qui l'aurait affadi. Comprenne qui pourra !

    Et les deux grands hymnes de la guerre dans le camp nationaliste : Le Cara al Sol, chant de la phalange de José Antonio Primo de Rivera (1903-1936), et l'Oriamendi, hymne traditionnel des requetes, remontant aux guerres carlistes. 

     

    Franco à Salamanca, le 19 avril 1937

    Los hombres más heroicos del mundo, los más grandes de Europa, son los hijos de España.

    Cuando se lucha en las trincheras, como se lucha, cuando se muere en el frente como se muere, cuando se defiende a España como la defienden Falangistas, requetés y soldados, hay una raza y hay un pueblo.

    A esta lucha, a esta sangre generosa, a este heroísmo, tiene que corresponder la retaguardia vibrando, animando al centinela, animando al comhatiente, llevándoles ánimos de España para acabar pronto con la paz y con el triunfo de la justicia en nuestro pueblo, con los ideales que están grabados en el corazón de todos los Españoles de justicia, fraternidad, de amor a España, de grandeza de la Patria; qué este Movimiento ? Todo grandeza y por ello la unión ha de ser sagrada, un abrazo de todos, porque hemos de recorrer juntos un glorioso camino, llevando sobre hombros españoles el Imperio legendario y tradicional que la juventud española forjará, y la forjarà porque lo está fraguando con su sangre pródiga que está vertiendo en los campos de España y porque está en el corazón de todos los españoles que gritan :
    ¡ ARRIBA ESPAÑA ! ¡ VIVA ESPAÑA !

     

     Cara al Sol, l'hymne de la Phalange

    Oriamendi, l'hymne Carliste

     

    Lire aussi sur Lafautearousseau ...

    C'est le 18 juillet 1936, il y a 80 ans aujourd'hui, que « le soulèvement national » éclatait en Espagne. Mémoire !

  • Le spectacle qui fait le buzz au festival d'Avignon, salle pleine tous les soirs ...

     

    Nous ne détestons personne ... Mais enfin, vous trouvez, vous, que c'est bien le moment ? Prévu pour être monté à Paris, bien-sûr, au mois de novembre ... Les bobos vont se précipiter en masse. Bonne chance !

  • En finir avec le règne du hashtag mobilisateur et de la résonance émotionnelle

     

    Par Anne-Sophie Letac

    Une très belle réflexion, dans une tribune d'hier sur Figarovox, qui confirme en termes vivants et avec profondeur ce que nous-mêmes écrivions ce 18 juillet. Anne-Sophie Letac y constate que les médias en général et davantage encore les réseaux sociaux servent de caisse de résonance aux attentats. Le risque est alors grand de suivre la « voie étroite et faussement vertueuse de l'indignation et de l'émotion collective ». Nous n'avons rien à ajouter à cette très exacte analyse.  LFAR   

             

    duel_2.jpgEn 1973, le premier film de Steven Spielberg, le thriller allégorique Duel, mettait en scène un camion semi-remorque personnifié par ses gros phares globuleux, qui poursuivait sans visage ni raison la voiture d'un voyageur de commerce au nom métaphorique, David Mann, afin de l'écraser. Mann, l'Homme, faible et sans défense, se trouvait confronté à une version déshumanisée et arbitraire du mal, dont il finissait par triompher dans une confrontation directe avec la machine, le David à la petite voiture rouge acceptant le duel et projetant dans l'abîme le Goliath de tôle et d'acier. Dans l'attaque terroriste de Nice, le camion criblé de balles et l'homme abattu ne sont en revanche qu'un triomphe piteux sur la machine aveugle, puisque le camion frigorifique, version quatre saisons et maraîchage niçois de Duel, lancé par la volonté démoniaque d'un conducteur parfaitement identifié, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, a réussi à broyer les os de 84 êtres humains. Pourtant, Duel a quelque chose à voir avec cette épouvante. Le choix du camion relève certes en partie d'un terrorisme «artisanal», d'une réponse à l'injonction de l'Etat islamique de tuer les «méchants et sales Français» de « n'importe quelle manière », y compris en les égorgeant au couteau ou en les écrasant en voiture. Mais sa transformation en machine de mort prouve aussi que le terrorisme islamiste appartient pleinement à la civilisation technologique et déshumanisante que dénonçaient Spielberg dans Duel ou Georges Lucas dans l'un de ses premiers films, THX1138. La machine porteuse de progrès retournée contre l'homme, voici ce qu'incarne l'attentat de Nice.

    Si la technologie nourrit généreusement le terrorisme, celui-ci est aussi enkysté comme un parasite dans une civilisation de l'image dont nous maîtrisons aussi mal les conséquences que celles du nucléaire. L'attentat terroriste est conçu pour être vu et filmé, ou du moins pour que ses effets le soient, et nous obéissons docilement à cette injonction implicite. Les journaux sont pleins d'images de badauds qui « smartphonent » l'horreur. Le téléphone qui filme un être humain en train de mourir ou une panique de rue pose la question morale de l'obscénité du geste, la question juridique de la non-assistance à personne en danger, mais aussi plus froidement la question de la complicité inconsciente de toute une civilisation. Le rituel d'après attentat est sinistrement bien rodé : les réseaux sociaux transmettent rapidement les informations, partagent les vidéos amateurs, les avis de recherche et autres safety check, laissant les médias traditionnels pédaler derrière. L'onde de choc se propage, générant l'effroi et son corollaire, l'empathie, la résonance compassionnelle, le règne du hashtag mobilisateur.

    En effet, la compassion est mise en scène selon un rituel qui crée, à peine les traces de sang effacées, des lieux de mémoire instantanés. L'émotion collective est canalisée par des fleurs et des bougies, des cellules psychologiques, des marches blanches. L'exigence d'immédiateté conduit au pire : les journalistes interviewent des gens qui viennent de perdre leur enfant, on emploie l'horrifiante expression « commencer à faire son deuil » associée à « se reconstruire » quelques heures après le drame, ou celui de « tragédie » (qui renvoie à une situation indépendante de la volonté humaine) au lieu de l'approprié « crime de masse ». De manière révélatrice, on confond systématiquement le choc immédiat et le traumatisme, syndrome de longue durée et imperceptible dans l'instant. Parce que c'est télégénique, les victimes se doivent d'être immédiatement « traumatisées », alors que le vrai traumatisme ne survient, que le vrai deuil ne se vit, on le sait fort bien, que des mois plus tard, dans l'indifférence générale. L'obscénité des intérêts financiers est à peine masquée : un représentant des hôteliers de Nice affirme ainsi que continuer à faire du tourisme est un acte citoyen, des experts psychiatres crédibilisent l'inanité de l'analyse instantanée. Les grandes chaînes d'information bavardent, relayant sans filtre le frère tunisien qui dédouane le meurtrier, les voisins plus sceptiques mais pas plus crédibles, ou l'avocat de l'épouse commis d'office pour la défendre.

    L'omniprésence de l'image, la cacophonie de la parole nous intiment de regarder l'événement comme on visionnerait un film d'horreur, et de le mettre à distance aussi rapidement qu'il nous a été présenté. Il ne nous laisse, si nous ne nous en défendons pas, que la voie étroite et faussement vertueuse de l'indignation et de l'émotion collective. Assuré que l'indignation est « unanime », que l'hommage est « pudique », que les badauds sont « bouleversés » et que la terreur « n'épargne pas ceux qui l'ont côtoyée » (sic), le spectateur flotte dans une téléréalité impitoyable qui empêche de nommer l'ennemi. Ainsi, encore plus téléréel que nous, encore plus immédiat, vient d'apparaître sans crier gare le fast muslim, le radicalisé à grande vitesse, qui à peine la dernière pute baisée et le dernier verre avalé, rachète instantanément sa vie par un meurtre de masse. 

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    Anne-Sophie Letac

    Agrégée d'histoire, ancienne élève de l'Ecole normale supérieure, Anne-Sophie Letac enseigne la géopolitique en classes préparatoires au Lycée Lavoisier et à Intégrale. Elle anime le blog La passoire et les nouilles et tient une chronique sur FigaroVox.      

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    Il faut en finir avec les pleurs, les fleurs, les peluches, les bougies et mobiliser la nation pour la lutte !

  • Le préfet des Hautes-Pyrénées au repas de rupture du jeûne des femmes à la mosquée de Mouysset

     

    Pas de parité en vue ici : pas d'homme sur la photo ... « La préfète », en poste depuis quelques jours est simplement venue rompre le jeûne à la mosquée de Mouysset. Avec les femmes, donc, évidemment. Obligatoire, d'ailleurs ...

    Elle rompt aussi avec ce que sa formation à l'école nationale de la magistrature et ses différents postes dans la préfectorale ont pu lui apprendre, elle rompt avec la sacro-sainte  laïcité, avec la tradition française et européenne de présence conjointe hommes - femmes en société ... elle rompt avec son devoir de neutralité et de réserve ! Bien entendu, elle ne portera pas la même attention au culte catholique dans le département des apparitions mariales à Lourdes ! Inutile - voire négatif - de lui en toucher un mot. 

    Ses services se borneront à indiquer que « la préfète des Hautes-Pyrénées à partagé le repas de rupture du jeûne avec les femmes de la mosquée de Mouysset. Un très bon moment de convivialité et de partage. »

    Les valeurs de la République sont à géométrie variable. A vrai dire, ce n'est pas un scoop, n'est-ce pas ?   LFAR

     

  • Il faut en finir avec les pleurs, les fleurs, les peluches, les bougies et mobiliser la nation pour la lutte !

     

    3578948983.jpgQue dire d'utile, d'efficient, que dire de plus, après le carnage de Nice ? Qui ne soit pas la simple redite de ce que nous avons pensé et écrit après les attentats du 7 janvier et du 13 novembre 2015, à Paris ?

    Nous reprenons plus loin les réflexions que nous avons publiées à la suite de ces tragiques événements. Parce qu'elles nous semblent clairvoyantes, pertinentes et très actuelles malgré le temps qui a passé.

    Mais ce qui nous paraît important aujourd'hui, après la troisième action djihadiste de grande ampleur qui, à Nice, vient de frapper de nouveau le peuple français, c'est de dénoncer la tactique inchangée du Système politico-médiatique face au drame : empêcher une réaction populaire anti-islamiste et identitaire de se produire. Infantiliser, déviriliser les Français, ne diffuser à longueur de journée - et de nuit - que des images et des paroles de douleur, de deuil et de compassion mièvre. Ne pas désigner l'ennemi, encore moins le terreau d'où il vient; empêcher la colère des gens de s'exprimer vraiment, et leur volonté de se défendre, de se battre, et - pourquoi pas ? - de venger les morts ? 

    « L'ennemi doit être désigné, identifié sans détours; on ne le combat pas par l'inaction et le commentaire pleurnichard; on ne gagne pas une guerre avec des fleurs, des pleurs, des bougies, des psychologues et de bons sentiments - plus niais que bons, en la circonstance ; on ne mobilise pas un peuple pour la lutte si on le maintient dans l'infantilisme compassionnel.  La colère, le désir de vengeance même, la soif de victoire, sont, dans un tel cas, condition sine qua non du succès. C'est - pointe Gilles Kepel - une guerre existentielle que Daech a déclarée à la société française en tant que telle. Sa mobilisation - indépendamment de l'Etat, voire contre lui - ne sera pas ou plus compassionnelle mais âpre, vigoureuse et identitaire. » Voilà ce que nous avons publié samedi dernier [16.07] et qui nous paraît être l'essentiel, à ce jour.

    Dans le même esprit, la même ligne, nous est parvenu le commentaire suivant, qui développe la même réflexion :

    « Le Pays Réel serait capable aujourd'hui d'une grande réaction civique identitaire. De nouvelles élites intellectuelles et virtuellement médiatiques se sont formées et, d'une certaine manière, ont gagné la bataille des idées.

    Et pourtant, le Système politico-médiatique garde la main sur le conditionnement de l'opinion. Ils redoutent et combattent en priorité la grande vague « populiste » et anti-islamiste qui les emporterait et emporterait tout, si elle était conduite, dirigée ... Ils la stérilisent et la déroutent vers une réaction purement compassionnelle : le deuil, les pleurs, les fleurs, les peluches et tout ce minable attirail dévirilisé.

    Et le populo marche, en rajoute des tonnes sans comprendre à quel point il se laisse désarmer. Un grand quotidien, une chaîne de télé, une chaîne radio, un portail internet de grande audience, tout cela manque cruellement pour transformer l'essai, rendre possible la vaste révolte civique que nous pourrions espérer voir se former, se lever.

    Pour l'instant, il manque cette conjonction de patriotes valeureux qui, au début du siècle dernier, avaient lancé l'Action française. A quand ce courage ? Sans de puissants médias, rien ne se fera. La réaction d'un peuple n'est jamais tout à fait spontanée. Patience ? Oui, espérons ! » [Cédric Valin, 16.07]

    Telle est, en effet, notre analyse.  Et disons-le : c'est une analyse d'Action française.  Lafautearousseau  •

  • Pour une réaction de fond !

     

    Publié le 15.11.2015, à la suite des tueries du 13 - Actualisé le 18.07.2016

     

    Hormis la vision concrète de l'horreur, la vague terroriste qui vient de submerger Paris ne nous a rien appris que nous ne sachions déjà. Rien, ni sur le nombre des victimes, ni sur le mode opératoire des terroristes, qui n'ait été prévu, analysé, annoncé. L'on savait que de nouveaux attentats se préparaient. On le sait aujourd'hui aussi pour demain, ou après-demain... Qu'ils puissent prendre une encore plus grande ampleur, mettre en œuvre des moyens plus terrifiants encore que ceux utilisés hier, on le sait aussi. Et que cette guerre, fût-elle asymétrique, ou précisément parce qu'elle l'est, soit faite pour durer, qu'elle ait la possibilité d'enrôler pendant longtemps encore de nouveaux combattants à travers le vaste monde islamique, qu'elle puisse donc s'étaler sur plusieurs décennies, n'est hélas pas une hypothèse absurde.

    La France est-elle humainement, moralement, intellectuellement, techniquement, militairement et politiquement - nous voulons dire institutionnellement - armée, pour la mener, la soutenir, y triompher ? Comment ne pas se poser ces questions de fond lorsqu'on observe la société française, la vie politique française ? C'est à dire, en bref, lorsqu'on constate notre extrême fragilité ? Quelques jours de sursaut, quelques discours martiaux, lorsque tout semble s'effondrer, ne peuvent cacher le vide sidéral du continuum politique et social français.

    Si l'on n'a pas conscience de cette question de fond, rien n'est possible. On pourra toujours attendre et réclamer de nos dirigeants des actes forts, un regain d'autorité, une inflexion majeure de notre politique étrangère, ou de notre politique d'immigration, comme Nicolas Sarkozy l'a fait hier matin, le passage à l'acte se fera attendre, sera d'apparence, sera fait de demi-mesures.

    Réclamons donc sans illusion cette réaction de l'immédiat. Acceptons-en l'augure improbable. Tout ce qui pourra être décidé de positif pour la sécurité de la France et des Français sera malgré tout bon à prendre.

    Mais tentons surtout d'envisager ce que pourrait, devrait être une réaction de fond. Sur le double plan moral et politique.

    Au lendemain des attentats de janvier, la préoccupation du pays légal tout entier - politique et médiatique - fut d'abord de préserver la communauté musulmane de toute réaction hostile. On s'est dits Charlie et l'on ne s'est pas battu pour la France, pour le peuple français, mais pour une très contestable et, au sens plein, dérisoire liberté d'expression. La réaction nationale qui était possible fut ainsi fourvoyée. Ce fut l'esprit Terra Nova qui nous a valu presque un an de matraquage permanent, multiculturaliste, universaliste, antiraciste (c'est à dire anti-blancs), immigrationniste, sansfrontiériste, etc. Ce corpus idéologique, utopique et destructeur, où l'identité nationale est moquée, la fierté nationale tournée en ridicule, l'Histoire de France oubliée, la repentance, la culpabilisation érigées en méthode pédagogique, ce corpus idéologique omniprésent doit être pourchassé, combattu, abandonné, si l'on veut avoir quelque chance de gagner la guerre qui nous est faite. On ne mène pas à la bataille, encore moins à la victoire, un pays dont on sape le moral, les racines, la fierté, l'identité. Nous savons que toute identité évolue, s'approprie, s'enrichit d'apports extérieurs pour les incorporer à ce qu'elle a de substantiel et de pérenne. Il sera temps, secondairement, de chanter les louanges des dits apports extérieurs. L'urgence est aujourd'hui, prioritairement, de rendre aux Français le sens et la fierté de leur identité pérenne. Ce pourrait être la mission, d'ailleurs déjà heureusement entreprise, de ce courant d'intellectuels qui s'opposent aujourd'hui avec  pertinence - mais encore trop faiblement - à la déconstruction du pays, de sa culture, de son essence. Nous pensons en particulier à ce courant de journalistes, écrivains, historiens, universitaires et politiques, que l'on nomme néo-réacs ou néo-conservateurs.  De nombreux Français, aujourd'hui, attendent beaucoup de leur action.   

    Au delà de la lutte idéologique pour le moral français, pour l'identité française, la seconde question essentielle qui se pose est celle de la validité ou non de notre Système politique et institutionnel, de son adaptation ou inadaptation aux temps dangereux dans lesquels nous sommes entrés. Quelques jours d'union nationale cèderont vite la place dans le monde politicien aux obsessions électorales, à l'esprit de parti. Aux grands enjeux nationaux, oubliés aussitôt le danger passé, vite oublié lui aussi, succèdera l'obsession des échéances électorales, les régionales, qu'elles aient lieu ou non à la date prévue, la présidentielle de 2017 et, pourquoi pas ?, de 2022. L'existence de la nation se retrouvera sacrifiée aux intérêts de parti et à l'ambition des personnes. L'activité politique se ramènera à leurs jeux et à leurs luttes. La question du régime a été posée à de multiples reprises ces derniers mois dans la presse, dans le débat public. Par de nombreuses personnalités. Y compris par un ministre de la République en exercice. L'un des principaux. Le plus jeune et le plus brillant. Oui, notre devoir de Français responsables est de poser, de rouvrir la question du régime qu'il faudrait à la France.

    C'est cela qu'en d'autres temps eût proposé la grande voix de l'Action Française. C'est cela qu'à notre plus modeste échelle, nous proposons aujourd'hui.

     

    Lafautearousseau

  • Nous ne sommes pas tous Charlie, nous sommes tous la France.

     

    Mis en ligne le 8.01.2015 - Réactualisé le 18.07.2016

    Ils nous avaient déjà fait le coup de Charlie pour détourner vers des fadaises toute réaction nationale ....

    Quand on laisse entrer chez soi, en un laps de temps relativement court, des millions d’immigrés venus d’un autre continent, nés d’une civilisation radicalement différente, guidés par les mirages d’un niveau de vie que leur misère originelle rend terriblement attrayants et qui n’ont que peu de sens et de respect de ce que sont les mœurs, les lois, les traditions du pays où ils arrivent, quand on en a soi-même largement perdu l’amour et la pratique, il n’ya pas de quoi être étonnés des troubles et des violences qui se produisent inéluctablement. C’est la première réflexion qui nous vient à l’esprit après les évènements tragiques d’hier, à Paris. Il y a longtemps, ici, en effet, que nous mettons en garde contre la politique d’immigration de la France, devenue plus périlleuse encore du fait de la crise économique et du laxisme de nos gouvernants. Du fait, aussi, d’un certain nombre de nos erreurs - de graves erreurs - en matière de politique étrangère. Il y a longtemps que nous signalons à quel point notre République vit sur une poudrière et qu’il peut arriver un temps où le travail de nos services de sécurité ne suffira plus à empêcher la multiplication des violences et des attentats. Ce temps est peut-être arrivé et il ne faut pas manquer d’en rechercher les causes, d’en marquer les responsabilités. Certes, tous les musulmans de France ne sont pas des terroristes. Loin de là. Nombre d’entre eux sont probablement en voie d’intégration. Et le réalisme devrait conduire, si nous en sommes capables, à les y aider, à les y encourager. Mais les risques de l’immigration massive demeurent ; elle est un terreau porteur de terribles dangers. Et, en tout cas, tous les terroristes qui menacent aujourd’hui la France le font au nom de l’Islam.    

    Notre seconde remarque est que la société de la liberté, de l’insolence et de l’irrespect que l’on nous prêche inlassablement depuis hier – mais liberté, insolence et irrespect factices et convenus qui cachent en réalité un profond conformisme et sont à sens unique – comporte en soi-même les germes de la dissolution et de la violence. Les médias, la pensée unique, ont immédiatement forgé, imposé le slogan « Nous sommes tous Charlie » et posé la « liberté d’expression » comme un absolu. Nous regrettons de dire que nous ne sommes pas de cet avis. Aucune liberté ne doit se considérer comme un absolu. Y compris la liberté d’expression, notamment celle de la presse qui ne devrait pas pouvoir manquer de s’imposer la règle, l’éthique, la déontologie qui donne à toute liberté sa définition et sa justification. C’est ce que Charlie Hebdo ne reconnaissait pas, ne s’imposait pas. L’on ne moque pas, selon nous, qui plus est de façon triviale, ce qui pour des milliards d’hommes, à tort ou à raison, constitue depuis des siècles des figures sacrées. Ainsi en est-il des figures de l’Islam, comme de celles du Christianisme. Les morts sont naturellement à regretter, leurs familles à plaindre. Mais – au risque de choquer – le coup porté à Charlie Hebdo ne nous paraît pas une perte de substance pour la France. 

    Nous ne sommes donc pas Charlie. Matteo Renzi, apportant le soutien de l’Italie, vient de déclarer : « On est tous la France ». C’est ce que, dans ces circonstances, il convient seul de dire et de penser.  •   Lafautearousseau

     

  • C'est le 18 juillet 1936, il y a 80 ans aujourd'hui, que « le soulèvement national » éclatait en Espagne. Mémoire !

     
     
    3578948983.jpgCe soulèvement du 18 juillet 1936, en définitive victorieux, fut le premier acte d'une terrible guerre civile - une Croisade pour les nationalistes - qui a duré 3 longues années. Au terme desquelles ont triomphé les forces de la Tradition, emmenées par les phalangistes, requetes et soldats, selon la définition que donnait Franco lui-même de ce qui deviendra assez vite le Mouvement National. Leur victoire sauva l'Espagne du bolchevisme et du stalinisme qui l'aurait laissée en ruines, lorsque le bloc communiste s'est effondré. Et elle a sauvé l'Europe de l'Ouest de la menace qu'aurait été sur son flanc sud-ouest une république populaire inféodée à l'URSS. L'héroïsme des combattants n'a pas été vain. N'oublions pas !   LFAR   •   
     
    Robert Brasillach : ce que la guerre civile espagnole a représenté pour les contemporains ...
     
    2993198432.jpg« ... Une lutte terrible éclatait sur l'une des plus nobles terres de l'Europe (...). L'Espagne ainsi achevait de transformer en combat spirituel et matériel à la fois, en croisade véritable, la longue opposition qui couvait dans le monde moderne. Ses brigades internationales, des deux côtés, scellaient dans le sang les alliances. Par toute la planète, des hommes ressentaient comme leur propre guerre, comme leurs propres victoires et leurs propres défaites, le siège de Tolède, le siège d'Oviedo, la bataille de Teruel, Guadalajara, Madrid et Valence. Le coolie chinois, le manoeuvre de Belleville, le voyou perdu dans les brouillards de Londres, le chercheur d'or pauvre et déçu, le maître des pâturages hongrois ou argentins, pouvaient tressaillir d'angoisse ou de plaisir devant quelque nom mal orthographié, dans quelque journal inconnu. Dans la fumée grise des obus, sous le ciel en feu parcouru par les avions de chasse, russes contre italiens, les contradictions idéologiques se résolvaient, en cette vieille terre des actes de foi et des conquérants, par la souffrance, par le sang, par la mort. »

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    Robert Brasillach, Les Sept couleurs, Plon, 1939

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Culture • Régis Debray est il réactionnaire ? Débat avec Alain Finkielkraut

     

    3578948983.jpgOn ne résume ni ne commente en quelques lignes qui se doivent d'être brèves un brillantissime entretien de 50 minutes entre Alain Finkielkraut et Régis Debray*, où sont évoquées en profondeur les vraies questions, les questions essentielles qui se posent à la société contemporaine, dont la France, l'Europe, et, au sens ancien, à l'Occident. Si on a le temps, le goût et le courage, on écoute. Faute de quoi, il sera difficile d'émettre sur les idées et les combats de ces deux intellectuels de haute volée, des jugements autorisés.

    Nous ne dirons pas qu'ils appartiennent à notre famille de pensée, mais, plutôt, qu'ils s'en rapprochent, qu'ils lui sont souvent tangents et qu'il y a là, pour nous, une pressante invitation à nous y intéresser.

    On remarquera notamment l'analyse qui est faite du progressisme, dans ces réflexions qui, d'ailleurs, le déclarent sorti de l'ordre du jour. On remarquera que l'homme y est défini comme un « être de transmission », que celle-ci y est opposée à la pratique moderne, très inférieure, de la communication. On retiendra peut-être encore, cette formule par laquelle Regis Debray constate que « la mondialisation des objets produit la tribalisation des sujets ». « Et ça, ajoute-t-il, ce n'était pas au programme. ». Qu'est-ce qui est donc au programme, vers quoi allons-nous ? « Vers un ressourcement identitaire » est l'une des formules de conclusion de ce passionnant débat.  • 

     

     

    * Répliques, sur France culture, rediffusion du 16.07.2016

  • Exposition • Jean Genet ne fut pas un saint ...

    Genet militaire au Maroc dans les années 30 
     
     
    Par Peroncel-Hugoz

    Poursuivant ses reportages à Marseille Péroncel-Hugoz est allé voir l'exposition « Genet, l'échappée belle », où le Maroc est présent, et il en est sorti mi-figue mi-raisin…

     

    peroncel-hugoz 2.jpgAucun doute à ce sujet : avec son style clair, pur, à la fois classique et moderne, Jean Genet (1910-1986) est une des très grandes plumes françaises du XXe siècle, comparable seulement à quelques rares autres géants du style tels Paul Morand, Henri de Montherlant, André Gide ou François Mauriac. Son « Journal du voleur » (1946 et 1949) est un des joyaux de la littérature française paraissant tombé du ciel tout armé ou bien né d'un coup de baguette magique… Le dur labeur d'écriture qu'implique un tel livre ne se sent à aucun moment, contrairement à tant de « chefs-d’œuvre » laborieux, croulant sous prix et gros tirages. 

    L'exposition de Marseille se justifie donc pleinement même si nombre de Provençaux de souche, d'adoption ou de fréquentation, s'étonnent des regards du Mucem toujours tournés vers Paris (et le parisianisme) ; ceux qui attendent dans la cité phocéenne de grandes manifestations autour d'enfants du Midi de l'envergure de Frédéric Mistral, Marcel Pagnol, Jean Giono ou les Daudet, resteront insatisfaits pour le moment 

    MASOCHISTES MONDAINS A LA COCTEAU

    En réalité ce qui est insupportable, c'est le côté fortement « idéologique » de l'expo Genet. Certes, avec toutes ses histoires (pas toutes exactes, loin de là) de vols chez les bourgeois, Genet sut drainer très tôt vers sa personne, plus encore que vers ses écrits, si originaux soient-ils, toute une clientèle de masochistes mondains type Jean Cocteau, qui contribuèrent d'une manière décisive au lancement quasi universel de Genet ; l'essayiste nord-américain – non complaisant – de Genet, Edmond White a pu affirmer dans sa monumentale biographie de l'écrivain, en 1993, « que la rhétorique de la fin des années 60 et 70 méprisait les bons sentiments bourgeois : Genet se devait d'affirmer sa légitimité de paria » ; il transforma en bourreaux d'enfants le brave couple rural qui le recueillit, orphelin sans père, abandonné par sa pauvre mère ; il exagéra à qui mieux-mieux ses premiers vagabondages, ses premiers larcins, etc. Les bobos avant la lettre de l'époque n'en avaient jamais assez, et ils purent compter sur Genet pour en rajouter… 

    SAINT, SAINT, SAINT…

    Certes, je le redis, on ne doit juger in fine un romancier que sur ses livres, comme le répétait Marcel Proust, mais quand vie et œuvre sont absolument indissociables, il est parfois difficile de faire la part des choses. L'expo du Mucem a embaumé Genet dans une dévotion absolue, laissant volontairement dans l'obscurité des aspects de l'itinéraire genetien, pourtant intolérables, selon la doxa de notre époque : la complaisance voire la sympathie de Genet pour le national-socialisme : « l'Allemagne hitlérienne provoque la haine des braves gens mais en moi admiration profonde et sympathie ». La virilité exacerbée des soldats nazis balayait toute retenue chez le « garçonnard » Genet. Un autre biographe froid de l'écrivain, Ivan Jablonka, dans « Les vérités inavouables de Jean Genet », décrit ce dernier comme un « déclassé aigri et antisémite fasciné par les crimes de la Milice [vichyste] et les camps de la mort nazis ». White encore, réduit finalement l'homme Genet à peu de choses : « Il aimait par-dessus tout la pornographie homosexuelle et le roman policier ». 

    Jean-Paul Sartre, emporté par sa haine frénétique de la bourgeoisie, dont il venait pourtant lui-même, sacra Genet « saint, comédien et martyr » ; d'autres n'ont voulu voir en lui que « le poète travesti » ; le « maître-rêveur ». Une revue tangeroise est allée jusqu'à publier un numéro spécial sur Genet, intitulé « Un saint marocain » !… Pourquoi pas « Dieu » tant qu'à faire ? … Quant au sculpteur et peintre suisse Alberto Giacometti, lui, il nous a laissé un impayable portrait de Genet (montré au Mucem) où le vagabond détrousseur fait penser… au général de Gaulle ! Hilarant. 

    CAPORAL CHEZ DES TIRAILLEURS MAROCAINS

    « Le Monde », enfin sorti de son admiration inconditionnelle pour Genet, a titré en mai 2016 son compte-rendu de l'expo marseillaise avec un ironique « Genet sanctifié », soulignant en sous-titre que la manifestation « passe sous silence ses zones d'ombre ». Le journal catholique « Présent » à stigmatisé les accointances de l'écrivain avec « terroristes » ou « égorgeurs », ennemis de la France. 

    En ce qui me concerne, puisque exposition il y avait et avec des moyens, je regrette que n'ait pas été plus travaillée la part arabe de Genet, essentiellement dessinée en Syrie mandataire et au Maroc protectoral (je ne parle pas des dernières années de Genet à Rabat et à Larache, connues, archiconnues). Le caporal du génie Genet fut soldat français à Damas en 1930 (il y eut une liaison « interdite » avec « un petit coiffeur damascène de 16 ans »), ensuite, de 1931 à 1933 à Midelt puis Meknès, servant notamment de secrétaire à un général des tirailleurs marocains. L'une des rares choses inédites du Mucem est une photo du caporal-chef Genet, en uniforme de travail, près de Midelt dans l'Atlas. 

     

    Documentation : Souad Guennoun, « L'ultime parcours de Jean Genet. Tanger. Rabat. Casablanca. Larache », ouvrage illustré, co-éd. Tarik / Paris-Méditerranée ; « Nejma », revue littéraire de Tanger, numéro spécial 2010-2011, « Jean Genet, un saint marocain » ; catalogue de l'exposition « Jean Genet et le monde arabe », Maroc, 2002-2003 ; « Le Monde », hors-série, « Jean Genet, un écrivain sous haute surveillance », avril-mai 2016 ; A. Sanders, « Au Mucem, après les fellouzes, un de leurs potes », « Présent », 13 avril 2016 ; Philippe Dagen, « Jean Genet, sanctifié à Marseille », « Le Monde » du 15-16-17 mai 2016 ; Péroncel-Hugoz, « Jean Genet, sous le regard des prisonniers » [au Maroc], « Le Monde », 25 août 1987.

    Expo « Jean Genet, l'échappée belle », Fort Saint-Jean, bâtiment Rivière, MUCEM, 13002-Marseille, jusqu'au 18 juillet 2016.

     

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 8.07.2016