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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1423

  • La Semaine de MAGISTRO, une tribune d'information civique et politique

    La Semaine de MAGISTRO Adossée à des fondamentaux politiques avérés, Magistro, une tribune critique de bon sens, raisonnée et libre, d'information civique et politique.

    Du côté des élites

    François-Xavier BELLAMY  Professeur de philosophie en classes préparatoires  Des nouveaux manuels scolaires 

    En France

    Christophe GEFFROY  Directeur fondateur de la revue La Nef  Un régime à bout de souffle

    Ivan RIOUFOL  Journaliste, écrivain  Radiographie d'une pré-guerre civile en France

    Eric ZEMMOUR    Journaliste, écrivain    Tout commence en mystique et tout finit en politique…

    De par le monde

    Roland HUREAUX  Essayiste  La politique étrangère de Donald Trump

    Charles GAVE  Economiste et financier  Point sur l’économie américaine et conséquences pour les élections à venir

    Hubert de GEVIGNEY   Officier, amiral  (2S)   Au tour du Brésil !  

    Au-delà

    Jacques BICHOT  Economiste, démographe, Professeur émérite à l'Université Lyon 3 - Ancien président de Familles de France  Pourquoi Daech ? 

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    MAGISTRO vous invite aussi à vous rendre sur son site et y (re)lire tous les écrits depuis son origine (2008). MERCI.

  • Jusqu’où ?

     

    par Hilaire de Crémiers

    Tout se dégrade très vite dans le système actuel. La question est de savoir jusqu’où le pays peut descendre.

     

    157e493dd19d0d2ee135205f081739f9_Hilaire.jpgJusqu’où ? C’est la question que se pose tout le monde. Une minorité de blocage peut-elle arrêter toute la France ? Qu’est-ce que la CGT ? Aujourd’hui ? Et Sud ? Et l’UNEF ? Martinez et Martinet ont-ils tant de pouvoir ? Que représente au juste ce syndicalisme ? Des pourcentages dérisoires, tout le monde le sait. Mais ce sont eux qui mènent la danse. Ils ont la volonté de nuire. Apparemment ils en ont la capacité. Les autres salariés, à leur corps défendant, contraints, résignés ou finalement entraînés, leur laissent la situation en main. FO se mettra-t-elle sur la même ligne ? Les réformistes ne peuvent pratiquement rien. Qui peut quoi ?

    En cette fin de mois de mai où nous mettons sous presse, les raffineries et les dépôts d’essence sont bloqués les uns après les autres. Le gouvernement a tenté d’en libérer deux, mais la CGT a décidé de contourner les forces de l’ordre et de reprendre ses positions. Elle y mettra les moyens et arrivera sans doute à ses fins. L’activité dans les zones qui sont pour le moment les plus touchées, commence à sérieusement se ralentir : en particulier tout ce qui relève du transport, hommes et marchandises, et c’est beaucoup de nos jours, ainsi que tout ce qui fonctionne au pétrole et à ses dérivés. Le reste s’en ressent : plus de livraison. Demain tout le pays peut être paralysé. Il suffit de peu : quelques jours à peine. La CGT n’a rien à perdre, tout à gagner ; elle joue maintenant sa crédibilité. Elle sera la centrale syndicale qui, au prétexte de défendre la cause des salariés, se sera imposée au gouvernement ; c’est le but recherché.

    Elle s’en sortira toute ragaillardie. Elle s’affaiblissait ; la radicalisation la renforce. Les autres seront dans l’obligation de suivre ou elles seront soupçonnées de trahison. Telle est la logique toute simple qu’elle met en place, nationalement et vigoureusement. Donc elle n’a aucune raison de plier devant les ordres du gouvernement. Pour elle, Hollande et Valls ne comptent plus, la gauche gouvernementale non plus ; ils sont catalogués définitivement comme « sociaux-traîtres ». Le grand patronat, elle le toise, et il va voir ce qu’il va voir ; quant aux Français moyens, aux usagers, aux artisans, commerçants, à tous ceux qui travaillent pour vivre, la CGT s’en moque comme d’une guigne. Tout doit être sacrifié pour le combat qui, comme toujours en pareil cas, est décisif.

    Tout sera affecté très vite

    Rien à cette heure n’arrête le mouvement enclenché. La SNCF, la RATP, vont progressivement s’essayer à la grève ; à partir de début juin elle sera reconductible systématiquement. Les dockers se mettent de la partie : les ports seront entravés. Les aéroports vont subir des grèves. Après les transports, l’énergie. Une centrale nucléaire, celle de Nogent-sur-Seine, débute au jour d’aujourd’hui le débauchage. Tout sera fait pour que les autres suivent ; ça peut aller très vite et très loin.

    Le jeu devient dangereux à tout point de vue, y compris la maintenance. C’est fait exprès, comme tout le reste. Plus d’électricité ? Qui imagine les conséquences dans la société si fragile et si dépendante d’aujourd’hui ? Tout serait, sera affecté, et peut-être dès le début du mois de juin : usines, hôpitaux, services, transports, informatique, tout. Et l’Euro de football ? La CGT brandit là l’arme de dissuasion massive. Elle en a encore d’autres avec sa fidèle alliée l’UNEF : reproduire le schéma de 1968, mettre en l’air les examens et casser un peu plus les universités et l’Éducation nationale. Il est si facile de se croire des héros, à peu de frais.

    Que peut faire le gouvernement ? Rien ou très peu de chose. Alain Vidalies, le très improbable secrétaire d’État aux Transports, du même tabac que ses tout aussi inconsistants congénères du gouvernement, n’expliquait-il pas encore fin mai qu’il n’y avait aucune pénurie d’essence, que tout allait bien et qu’il n’y avait pas de souci à se faire ? Le gouvernement avait la situation en main. Le « ça va mieux » d’Hollande, repris en boucle ! Le pouvoir pour lequel visiblement aucun d’entre eux n’est fait, les rend tous idiots. Valls déclare d’une voix ferme que « la voie où s’engage la CGT est sans issue ». Soit. Puis il martèle devant les députés : « la CGT ne fait pas la loi dans ce pays ». Et alors ? Pense-t-il que Martinez et Martinet en seront impressionnés ?

    Ni Juppé, ni Fillon, ni Chirac, ni Villepin n’ont fait reculer les syndicats et la rue. Ils ont tous été obligés de retirer leurs lois. Chirac, président, a même fait mieux avec la loi dite du CPE en 2006 : il l’a promulguée et abrogée le même jour ! Valls n’a tenu ferme que devant la Manif pour tous : des catholiques dans la rue et par centaines de milliers, c’était bon à gazer. La République n’avait pas peur : elle arrêtait et jugeait à tour de bras. Alors pas de pitié ; la loi était la loi ; pas question de céder. Et, de fait, les foules catholiques sont gentilles et, au fond, si dociles. Le gouvernement n’affrontait aucun risque. « Nous ne lâcherons rien », criaient les manifestants ; c’est le pouvoir qui n’a rien lâché !

    Le bras de fer

    Aujourd’hui, il en va différemment. Tout le monde parle d’un bras de fer. La « légalité » républicaine a en face d’elle une « légitimité » démocratico-révolutionnaire qui, idéologiquement et selon l’échelle de valeurs du système, vaut plus qu’elle, car pareille légitimité qualifiée de populaire est, à l’origine et par principe, la véritable source de la prétendue légalité. Telle est la rhétorique d’une implacable logique. Et toute cette gauche ne connaît que cette rhétorique avec laquelle ils ont tous été élus et dont ils vivent. Hollande et Valls également. Il suffit de rappeler leurs discours de naguère.

    Or, en un mot, selon cette rhétorique démocratique, ce gouvernement de gauche qui a été élu par les voix de gauche, n’est plus véritablement de gauche. A preuve, la loi El Khomri qui a été faite « pour le patronat » et dans l’intention d’assouplir le marché du travail en changeant « la hiérarchie des normes sociales ». Peu importe s’il ne reste pratiquement plus rien de ladite loi et si même les accords dits d’entreprise sont réduits à la portion congrue. L’argumentaire est repris inlassablement : le droit du travail serait remis en cause ; on crie à la précarisation des salariés. Le peuple de gauche se révolte.

    Il accuse – et fort justement – Hollande de mensonge ; il ne tient pas ses promesses ; et de fait ! Que n’a-t-il promis pour gagner des voix à gauche et à l’ultra-gauche ? Tout était bon à l’époque. C’était oublier que, tout socialiste qu’il fût et bien qu’il maniât rhétoriquement l’exécration à l’égard de la finance et de l’argent, il était tenu lui aussi comme tout politicien par l’argent et les hommes d’argent, soumis à la finance nationale et internationale et, tout simplement, dépendant de Bruxelles dont il est un affidé et un obligé consentant. Hollande, comme tous les autres, ne peut que suivre des consignes et la France, depuis des décennies, et plus gravement encore ces derniers temps, se trouve ainsi mal prise entre, d’une part, son socialisme d’État auquel elle semble consubstantiellement vouée, et, d’autre part, un libéralisme imposé de manière tout aussi autoritaire et contraignante par les instances européennes. Au fond, Hollande est comme les autres ; il n’a jamais choisi. L’affaire lui retombe sur le nez.

    Que manque-t-il ?

    Et la France subit les inconvénients des deux systèmes opposés, aussi totalitaires l’un que l’autre et qui la tiraillent en tout sens. Elle n’a plus personne pour lui définir sa voie. à la tête de l’État, elle a un homme qui n’a jamais réfléchi à ces questions, qui récite en public ses fiches de grand dadais d’étudiant et ses consternantes banalités de politicien démagogue et immature : l’Europe et la social-démocratie ! Son univers de mots ! Valls n’a aucune idée, sinon celle de jouer un rôle qui le revêt d’importance. Il s’identifie à la République. Mais laquelle ? Sans majorité ? Ni populaire ni parlementaire ? Pendant que Macron marque sa différence et se place pour un avenir de plus en plus proche, hors de la pagaille gouvernementale.

    Ce mauvais film peut-il durer longtemps ? L’Euro foot commence dans quelques jours ; après il y aura le Tour de France. La CGT en profite pour continuer la pression. La loi El Khomri est maintenant au Sénat. La droite sénatoriale va la remanier. Elle repassera à l’Assemblée nationale. Leroux, le chef des députés socialistes, est à la manœuvre : il pensait trouver un accommodement en réécrivant l’article 2 qui aura perdu tout intérêt, afin de séduire syndicats et députés et ainsi empêcher si possible la motion de censure en cas de 49-3. Valls l’a rappelé à l’ordre. Il se rigidifie. Pour casser ? Serait-ce son issue ? Tête haute… et préservant son avenir, aujourd’hui compromis ? Ou va-t-il céder ?

    Voilà ce qu’on appelle dans les démocraties avancées, en France singulièrement, faire de « la politique ». Le peuple français dans son fond en est dégoûté. Les candidats de droite prétendent prendre la suite l’an prochain, à grands coups de réformes dont aucune ne va à l’essentiel : leurs programmes sont tout aussi trompeurs ? Ce n’est pas de la politique, ce sont des chiffres.

    La République française n’est plus qu’un mensonge officiel qui couvre des bandes et des gangs qui rêvent tous de passer à l’assaut de l’État. Les cassures sociales se multiplient ; le monde musulman évolue de plus en plus à part comme l’ont montré encore récemment les journées du Bourget.
    La police et les forces de l’ordre sont excédées, épuisées. Le gouvernement en use et en abuse. Une voiture de police a brûlé, ses occupants ont failli être assassinés. La justice relâche les coupables ! L’atmosphère nationale se dégrade tous les jours; l’économie ne peut pas se restaurer dans un tel environnement malgré les discours lénifiants des zozos qui nous gouvernent. Il suffit qu’une panique s’empare de nos créanciers pour que les finances de la France s’effondrent.

    Nul ne sait ce que sera l’Europe de demain. L’Autriche nous a donné en mai un fort signal, l’Angleterre, en ce mois de juin, un autre. Quelle illusion de croire que tout continuera comme avant ! Les prochains attentats surprendront tout autant que les précédents. Il manque à la France un gouvernement de salut public. Pas révolutionnaire. National.   

  • Alexandre Latsa : « le renouveau russe s’opère alors que l’Europe et l’Occident traversent une grave crise »

     

    83942132.jpgAlexandre Latsa réside et travaille en Russie comme chef d’entreprise depuis 2008. 

    A l’occasion de la sortie de son essai Un printemps russe, aux éditions des Syrtes, il a bien voulu répondre aux questions du Rouge & le Noir.

    Votre livre décortique l’image négative que donnent les médias français de la Russie. Quelle est à contrario l’image que se fait le grand public russe de la France et de l’Union Européenne ?

    Tout d’abord il me semble que l’image de la Russie est surtout rendue négative chez les gens qui ne connaissent pas le pays, ou ne le connaissent que par les informations qui leurs sont fournie par leurs médias. Mais je pense encore une fois que c’est un phénomène euro-occidental car cette désinformation journalistique sur la Russie concerne surtout les médias occidentaux, surtout anglo-saxons et ouest-européens.

    La Russie a cependant une plutôt bonne image populaire en Asie, en Afrique ou par exemple en Amérique du sud. Dans de nombreux pays musulmans la Russie a une bonne image, comme par exemple en Iran ou au Maroc. Enfin la Russie a une excellente image dans de nombreux pays orthodoxes d’Europe tels que la Grèce, la Serbie ou encore Chypre.

    Concernant l’image de la France et de l’Union Européenne en Russie elle est complexe et il y a un gros dilemme. La France a une excellente image de fond en tant que pays ami, en tant que réel pays civilisation (comme la Russie) et pays de grande culture. Mais de l’autre la télévision russe montre une réalité bien difficile à nier qui est une France connaissant des difficultés sociales, religieuses et des évolutions sociétales auxquelles une majorité de la société russe, les élites en tête, n’adhère pas.

    Concernant l’UE, il ne faut pas oublier que l’UE est le principal partenaire économique de la Russie et que la Russie s’est voulue depuis la chute de l’URSS tendre vers l’Europe sur le plan civilisationnel mais aussi politique. L’UE est cependant de plus en plus montrée et donc perçue comme ce qu’elle est vraiment, c’est à dire une structure froide, sous tutelle américaine et parasitant les relations entre la Russie et les États Européens.

    Enfin un sujet mis en permanence sur la table par les médias est le problème migratoire que connaissent et l’UE et les pays européens. Les médias russes ont bien fait leur travail à ce sujet puisqu’ils n’obèrent pas ces facettes de la Nouvelle France et de l’Europe de Bruxelles.

    On ne peut pas parler d’UE-Bashing bien sûr mais l’Europe ne fait plus autant rêver qu’avant tandis qu’une nouvelle tendance asiatisante est en train de prendre de l’ampleur en Russie.

    Si l’Occident cherche à influencer la Russie, de quelles façons la Russie tente-elle de son coté d’influencer l’Occident, ou une partie de l’Occident ?

    L’Occident tel que nous le connaissons aujourd’hui semble fonctionner selon une équation propre qui est d’étendre son modèle en l’imposant au reste du monde. Sans surprises l’extension de la superstructure occidentale à l’ancien monde soviétique a été un objectif prioritaire dès la chute de l’URSS. Mais cette extension s’est heurtée à Moscou et aux velléités de Moscou de garder une sorte de cordon sanitaires a ses frontières hors de toute influence américaine et de l’OTAN.

    Par conséquent je ne crois pas que la Russie cherche à influencer l’Occident d’une quelconque façon. Je crois que la Russie a du reste encore beaucoup trop de problèmes propres à régler pour se poser en puissance qui souhaiterait remodeler en quelque sorte le reste du monde, comme par exemple l’Amérique souhaite remodeler le moyen orient.

    Je crois surtout que la Russie devient naturellement un modèle attractif car le renouveau russe s’opère et arrive historiquement au moment où l’Europe et l’Occident traversent à contrario une grave crise (morale, politique, économique…) et font face à une pénurie de modèle avec un grand M. Cela se traduit par exemple par l’émergence de partis plutôt souverainistes qui sans surprises voient dans ce renouveau russe une forme de gouvernance avec beaucoup de points plutôt positifs. Ces partis sont autant de droite que de gauche, que l’on pense à Mélenchon ou Chevènement en France ou encore par exemple Sanders aux États-Unis. On comprend bien que la relation avec la Russie pourrait changer avec un changement de gouvernance au sein des pays Occidentaux.

    En fait la grande force du pro-russisme est qu’il est transcourant. Tout comme du reste l’est l’atlantisme aujourd’hui en France qui concerne tant la gauche que la droite de gouvernance.

    L’un des vecteurs majeurs pour promouvoir des valeurs, des idées ou un modèle est le vecteur culturel, parfaitement maîtrisé par les américains. N’est-ce pas l’une des faiblesses majeure de la Russie ?

    Vous avez raison en ce sens que Hollywood nous a convaincu que la Sibérie était froide et hostile tandis que la Californie est lumineuse et ouverte. L’occident américano-centré a sans aucun doute connu sa forte extension planétaire via la dimension culturelle mais je pense que cela va s’arrêter.

    Tout d’abord le Californien des années 60 qui faisait envie avec raison (beau, sportif, riche et en bonne santé ...) a été remplacé par un Texan agressif au cours des années 90, 2000 tandis qu’aujourd’hui on a Obama aux manettes d’une Amérique qui depuis la crise de 2008 ne fait plus autant rêver il faut bien se l’avouer.

    Dans le même temps, dans d’autres zones du monde émergent et se transforment en modèle, je pense par exemple à la Chine ou récemment un homme d’affaires du nom de Wang Jianlin, patron du groupe Wanda, a déclaré la guerre à Disney en affirmant que « Disneyland n’aurait jamais dû s’implanter en Chine et Mickey et Donald, c’est du passé ! ». Un parc Wanda « Made in China » devrait du reste très prochainement ouvrir en France.

    Concernant la Russie d’aujourd’hui oui c’est une faiblesse cruciale de ce pays, la Russie de Poutine ne sait pas se vendre contrairement à l’Union Soviétique. Je pense même que les autorités russes n’ont pas eu les moyens de se permettre une stratégie quelconque de communication ou Soft power avant le milieu des années 2000 car avant il fallait reconstruire l’État. C’est du reste à cette période que n’ont émergé des structures de communications destinées à l’étranger comme RT par exemple. Si RT a fait un énorme boulot, il faut bien se rendre compte que le talent dans le Soft-Power n’est clairement pas un point fort de la Russie actuelle.

    Mais en même temps quel Soft-power est fondamentalement nécessaire quand vous n’avez pas de velléité de domination culturelle (comme l’a l’Amérique sur l’Europe) et que vous visez à être un réservoir énergétique, demain un leader agricole et donc un grenier de nourritures et après-demain un fournisseur d’eau soit d’un élément essentiel pour la Survie.

    Quel rapport les russes ont-ils avec cette période de leur histoire qu’est l’URSS et avec la figure de Staline ? Et avec la période Eltsine ?

    Ambiguë et complexe et surtout variable selon les générations. Les russes se souviennent ou savent que l’Union Soviétique était une grande puissance respectée au sein de laquelle la vie était organisée. La période qui a suivi a été celle du déclin et du chaos. Par conséquent il n’y pas une nostalgie du communisme au sens purement idéologique du terme mais une nostalgie de l’ordre et de la sécurité qui découlait de cette période historique. En même temps beaucoup de russes regrettent au fond ce gigantesque pays au sein duquel les peuples frères vivaient en paix, tout comme ce fut le cas dans un sens au sein de l’ex-Yougoslavie. C’est moins le cas chez les jeunes générations qui n’ont pas connu l’URSS, que ce soit en Russie ou du reste dans les autres pays de l’ensemble post-soviétique.

    Et avec la période Eltsine ?

    Pour ce qui est de la période Eltsinienne elle a fait beaucoup de mal à la Russie sur le plan moral et sanitaire. Ça a été une période d’humiliation et de pauvreté que personnes ne regrette a part bien sur une minorité qui a su a cette époque bénéficier du chaos ambiant.

    Bien plus qu’un état, la Russie est un empire. Le modèle poly-ethnique russe, que vous décrivez comme modèle alternatif au multiculturalisme promu en Occident n’est-il pas valable uniquement pour un empire mais inapplicable à des états européens comme la France, l’Allemagne ou encore la Hongrie ?

    Les nations européennes étaient plutôt homogènes et soumis à une immigration principalement européenne jusqu’aux années 70,80 date à partir de laquelle l’Europe continentale a vu s’accélérer des processus migratoires extra-européens qui ont de fait transformé les nations européennes en « ensembles » multiethniques. Mais il s’agit de processus récents et le moins qu’on puisse constater est qu’ils ont bouleversé dans un sens le vivre ensemble mais surtout que les nations européennes ont du mal à trouver des solutions fonctionnelles pour faciliter cette nouvelle cohabitation. On peut se demander si regarder du côté de la Russie ne pourrait pas permettre de trouver des solutions à certains de ces problèmes.

    Bien sûr en Russie l’Islam y est de souche. L’Islam est une partie intégrante de la société russe et du monde russe, de la Volga au Caucase mais aussi de l’ancien monde soviétique avec l’Asie centrale. Le vivre ensemble et l’expérience de cohabitation s’y est développé selon des règles bien particulières.

    Quels seront les plus grand défis ou les plus grandes menaces pour la Russie dans les prochaines décennies ?

    Un des grands risques, c’est la politique américaine en Europe qui est source de conflits et de tensions et même de guerre comme on a pu le voir en Géorgie et en Ukraine. Il ne faut pas exclure un conflit de plus haute intensité si les États-Unis continuent leur politique de pression et d’ingérence en Europe de l’Est et au cœur de l’Eurasie.

    L’autre grand risque est le terrorisme sous quelque forme que ce soit et notamment le terrorisme religieux, islamique. Ce risque pourrait venir de l’extérieur mais aussi pourquoi pas dans le futur d’une résurgence identitaire régionale et religieuse qui pourrait entraîner une potentielle vague séparatiste et donc un conflit entre Moscou et une de ces provinces.

    Enfin et sans aucun doute il y a aussi la question de l’après-Poutine. Vladimir Poutine semble se diriger vers un quatrième mandat de 2014 à 2018 mais la question de l’après est évidemment déjà dans les esprits.   

    c_latsa_printemps-0170c.jpg

    Un printemps russe 

    Le Rouge & le Noir

  • Éric Zemmour : À Béziers, une défaite aux allures de prise de conscience

     

    Éventuellement pour en débattre, l'analyse d'Éric Zemmour : - Le rassemblement voulu par Robert Ménard est arrivé trop tard pour influencer les programmes des candidats à la présidentielle. Et trop tôt pour éclairer l'électorat du FN sur l'impasse de la ligne solitaire de sa patronne. [FigaroVox 3.06].

     

    522209694.jpgBien sûr, il y eut le claquement de portes si médiatique de Marion Maréchal-Le Pen. Bien sûr, il y eut la maladresse de Robert Ménard refusant ostensiblement d'être « le marchepied du Front national », alors qu'il s'est allié à ce parti pour conquérir la ville de Béziers. Bien sûr, il y eut les sifflets ici ou là dans la salle, des mouvements d'humeur. Bien sûr, il y eut les désillusions des libéraux modérés découvrant, effarés, la « radicalisation » de la base.

    Mais, à Béziers, l'essentiel était ailleurs. Robert Ménard avait voulu ce rassemblement pour faciliter la jonction entre les « Républicains » et le Front national. En tout cas la branche catho-libérale du FN, hostile à la ligne « gauchiste » de Florian Philippot, et la droite souverainiste de LR, hostile à Alain Juppé. Il a échoué sur toute la ligne. Marion Le Pen est rentrée chez sa tante ; et aucun leader de LR n'est venu. La première, malgré son jeune âge et ses convictions solides, ne méconnaît pas les logiques de parti ; et les seconds sont tous devenus des centristes qui appliquent le programme économique libéral voulu par Bruxelles et sont acquis, sans le dire, au multiculturalisme. Alain Juppé dit tout haut ce que tous, même Nicolas Sarkozy, pensent tout bas.

    Cette alliance impossible avant Béziers l'est demeurée après. Béziers est donc un échec. C'était écrit. C'était non une question de convictions ou d'ego, mais de tempo. Béziers est venu trop tôt ou trop tard. Trop tard pour influencer les programmes des candidats du FN et des Républicains à la présidentielle. Trop tôt pour éclairer l'électorat du FN et lui faire admettre que la ligne solitaire de sa patronne est une impasse. Une impasse valeureuse et puissante à 30 % des voix mais une impasse quand même, puisque même le général de Gaulle n'a pas gagné la présidentielle au premier tour !

    Alors, Béziers restera avant tout la ville où le « peuple de droite » a fait comprendre à ceux qui ne voulaient pas le comprendre où était l'essentiel : immigration, islam. Les journalistes se moqueront ou mépriseront, mais les classes populaires françaises, les fameux habitants du « péri-urbain », craignent avant tout « le grand remplacement ». Car ce grand remplacement n'est ni un fantasme paranoïaque, comme le prétendent les journalistes, ni même une manifestation ridicule de complotisme, comme en sont persuadés les leaders du FN eux-mêmes, mais la réalité, une réalité lente et inexorable mais impitoyable que vivent ceux qu'on ne veut pas entendre. Ce n'est pas pour rien si Renaud Camus fut le personnage le plus acclamé à Béziers et si ses thèses sur la « remigration » font peu à peu leur chemin dans les têtes. Un chemin lent et inexorable… 

    Eric Zemmour           

  • « Qui est l'ennemi ? » : L'exception Le Drian ...

     

    Il est de toute évidence parmi les ministres d'un gouvernement de bras cassés, celui qui parle le moins, qui s'exhibe le moins, et, en même temps, celui qui aurait tout â la fois, le plus de choses à dire, et probablement - fonction oblige - le plus de choses à taire. Sans-doute est-il aussi le plus compétent et, en tout cas, le plus efficace de cette malencontreuse équipe. Il fait, simplement, son travail. Dans « Qui est l'ennemi ? » Jean-Yves Le Drian réunit le fruit de ses réflexions sur les objectifs de la défense nationale. Un ouvrage qui a éclairé Eric Delbecque [Figarovox 1.06]. D'où l'intéressante recension qui suit.  LFAR

     

    sans-titre.pngLe livre Qui est l'ennemi de Jean-Yves le Drian aux éditions du Cerf est une bonne surprise. On appréhende toujours la parution d'un ouvrage d'un homme ou d'une femme politique. Que craint-on ? Une tentative d'autojustification ou une volonté de surfer sur l'air du temps. L'honnêteté commande de préciser qu'un a priori identique pèse désormais sur les « vitrines littéraires » des grands chefs d'entreprise. L'écrit papier est entré depuis bien des années dans la dynamique classique de la communication d'influence des grands dirigeants, même à l'ère du numérique. Or, ce n'est pas le cas de cette réflexion du ministre de la Défense sur la notion d'ennemi. Il est devenu tellement rare qu'un responsable ministériel fasse «  du fond» que l'on en demeure tout étonné…

    Clairement, on ne trouvera pas dans ses pages une logique intellectuelle dissidente (cela n'aurait d'ailleurs pas vraiment de sens pour un individu qui occupe cette fonction), mais la réaffirmation d'une préoccupation conceptuelle absolument indispensable pour quelqu'un dont la défense de la nation est la mission quotidienne.

    Que rappelle-t-il ? Que la guerre se pense ; ce qui implique de savoir définir l'ennemi ! Une évidence? Certes non dans le présent que les médias nous offrent. Les principes de base méritent désormais d'être récapitulés. Jean-Yves Le Drian parcourt donc à raison l'histoire de la guerre, des conflits classiques d'avant la Révolution française à la guerre totale, en passant par celle - napoléonienne - des nations. Ce qui lui permet de relever la particularité des confrontations contemporaines sans affirmer trop facilement que la lutte contre Daech s'inscrit dans le combat contre la figure du partisan. Au-delà du fait qu'il précise que l'ennemi n'est pas le rival, qu'il incarne un « Autre » radical, et qu'il se définit grandement de nos jours comme l'acteur collectif ou individuel qui agresse le premier, le ministre propose une tentative intéressante de caractérisation de Daech en mettant en lumière quelques faits utiles: ce n'est pas authentiquement un Etat, même si sa structure en présente certains traits ; c'est une idéologie particulièrement belliciste qui n'entend pas cesser ses assauts contre ceux qu'ils nomment les « judéo-croisés » ; c'est un phénomène politico-idéologique entretenant une indiscutable parenté avec la logique totalitaire. On peut d'ailleurs se réjouir que l'auteur n'oublie pas les fondamentaux et s'appuie sur Raymond Aron pour construire son analyse. Cela nous change de l'actuel nivellement des références…

    Un autre intérêt déterminant de ce petit texte consiste à lancer une piste insuffisamment exploitée. Même si des causes conjoncturelles ont pu « créer » Daech, les individus que la galaxie djihadiste recrute comptent au nombre des adversaires structurels des démocraties, et de la France en particulier. Ce qui fonde une réponse armée et lucide (n'espérant pas les convertir aux avantages de la négociation). Le ministre met enfin l'accent sur ce qui devrait nous obséder au plus haut point : vaincre Daech nécessite de comprendre que nous nous situons à l'intérieur d'une colossale guerre de l'information. Cependant, on ne fait pas militairement la guerre à une idéologie : il importe donc de contrer une propagande professionnalisée par une riposte informationnelle déconstruisant le discours des djihadistes. De ce point de vue, il apparaît que notre Etat est parfaitement démuni…

    Dernière chose à remarquer dans ces lignes ministérielles : une évocation de la « contestation de la domination technico-militaire occidentale » via le recours à un livre bien connu des spécialistes, La guerre hors limites, de Qiao Liang et Wang Xiangsui, deux officiers chinois. Ce texte fondamental explique l'émancipation de la guerre de la seule sphère militaire et son extension à de multiples espaces : économique, informationnel, numérique, etc. La référence interpelle car le personnel politique ne descend qu'exceptionnellement dans ce théâtre doctrinal un peu pointu…

    Au final, on termine cette lecture en imaginant un homme consciencieux et honnête, qui formule des interrogations liées mécaniquement à ses responsabilités (sans trop sombrer dans le service après-vente de ses propres actions) et qui n'est guère friand des escarmouches politiciennes et des dérisoires micro-crises médiatiques peuplant nos écrans… Même si l'on ne partage pas l'ensemble des analyses de Jean-Yves Le Drian, cela fait un bien fou et stimule l'esprit.  

    Eric Delbecque    

    Eric Delbecque est directeur du département intelligence stratégique de SIFARIS, chef du pôle intelligence économique de l'IFET et auteur de Idéologie sécuritaire et société de surveillance (Vuibert, 2015).        

  • « Ca va mieux »

     

    par Jean-Baptiste d'Albaret

     

    626951329.jpgL’histoire de la pensée positive remonte au début du XXe siècle, lorsqu’un pharmacien français, Emile Coué, découvrit le pouvoir de l’autosuggestion. « Si étant malade, nous nous imaginons que la guérison va se produire, celle-ci se produira si elle est possible. Si elle ne l’est pas, nous obtiendrons le maximum d’améliorations qu’il est possible d’obtenir », écrivait l’apothicaire dans sa célèbre Méthode que les éditions de l’Herne viennent de rééditer. Pour produire son effet, cette méthode doit cependant entraîner l’adhésion du sujet aux idées positives qu’il s’impose – ou qu’on lui impose. Car, précise Coué, « vous pouvez suggérer quelque chose à une personne ; si son inconscient n’a pas accepté le message que vous lui avez transmis pour le transformer en autosuggestion (…) votre message ne produit aucun effet ».

    C’est tout le problème de François Hollande. Les « ça va mieux » qu’il adresse inlassablement aux Français à un an de la présidentielle de 2017 n’ont aucune prise sur leurs inconscients. Pire, le décalage avec la réalité vécue par chacun d’entre eux est tellement flagrant qu’il produit l’effet exactement inverse de celui recherché. 83 % des Français considèrent qu’il n’est pas un bon président de la République, selon le dernier baromètre Odexa-L’Express. Nouveau gouffre d’impopularité où il entraîne l’autre tête de l’exécutif, Manuel Valls. La publication récente d’indicateurs économiques encourageants, mais qui tiennent essentiellement à des facteurs extérieurs, n’y ont rien changé. La ficelle était trop grosse. La vérité, c’est que la parole du chef de l’Etat n’a plus aucun crédit. La droite souligne ses faiblesses. Elle est dans son rôle. Mais une partie de plus en plus visible de la gauche hausse le ton dans un climat social plus dégradé que jamais.

    Agriculteurs, avocats, médecins,  enseignants, commerçants, artisans ont déjà exprimé leur mécontentement depuis le mois de septembre. C’est au tour des forces de l’ordre de manifester contre la « haine anti-flics », observée notamment en marge des rassemblements de Nuit debout. Et voilà la CGT qui, malgré sa faible représentativité, exige à son tour le retrait d’une loi travail pourtant vidée de sa substance. La France exaspérée découvre que les fonctionnaires cégétistes de la « lutte sociale » conservent un pouvoir de nuisance qui leur permet de paralyser l’approvisionnement d’énergie et les transports… Où cela finira-t-il ? Si l’exécutif cède, il donne le sentiment d’une impuissance de l’état face aux casseurs et aux bloqueurs. Mais, s’il se montre intransigeant, il risque l’implosion de son propre camp où certains voudraient précipiter son échec. La crise institutionnelle n’est pas loin…

    Dans ce contexte de ruine du pays, « la droite hors les murs » s’est donnée rendez-vous à Béziers, fin mai. L’initiative vise à rassembler toutes les bonnes volontés au-delà des systèmes partisans, systèmes égarés dans des querelles d’ego et à court d’idées neuves. On sait que ce qui est souhaitable n’est pas toujours certain. Espérons cependant qu’elle sache transformer l’exaspération générale en force de propositions et en actions concrètes. 

    Rédacteur en chef de Politique magazine

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    Juin 2016 - Editorial

  • Menace sur la liberté scolaire

     

    par Gérard Leclerc

     

    Gérard-leclerc.jpgCes dernières années, le nombre des écoles hors contrat n’a cessé de se développer. Certes, elles rassemblent une population scolaire encore marginale (60 000 élèves pour 793 établissements). Mais elles constituent un réel atout, à l’heure où notre système scolaire est à la peine, avec un taux d’échec qui inquiète pour l’avenir du pays. Le concept d’école indépendante n’est pas forcément bien reçu dans un pays marqué par la tradition à laquelle Jules Ferry a donné son nom. Se définissant comme pédagocratie, pour reprendre une formule chère à l’historien Claude Nicolet, la République a l’ambition de réunir dans un cadre unifié tous les petits Français pour leur enseigner les Lumières émancipatrices, propres à en faire de bons citoyens. Il n’empêche que la liberté d’enseignement est tout de même reconnue et garantie par la Constitution, à l’égal de la liberté d’association, cette dernière étant le fondement des écoles créées en dehors de la sphère de l’État et ne bénéficiant donc pas de financements publics.

    La modestie de cet enseignement hors contrat ne saurait jeter nulle ombre sur l’école officielle. Par ailleurs, les établissements indépendants sont plus contrôlés que les autres, en raison de leur caractère hors normes. Le soupçon de dérive sectaire ou pire encore de dérive radicalisante, peut justifier une particulière vigilance de la part de l’État. Mais il ne justifie pas des mesures qui reviennent à abolir la spécificité de cette école, qui peuvent servir le bien commun en raison précisément de leur originalité et de leurs résultats incontestables. Or, il semble bien que Mme Najat Vallaud-Belkacem se soit engagée dans une modification des conditions d’ouverture de ces écoles hors contrat qui revient à abolir leur spécificité pédagogique.

    Le prétexte de vigilance ne tient pas à l’évidence. Comme le remarque Anne Coffinier, qui dirige la Fondation pour l’école avec une compétence unanimement reconnue, il y a des critères très clairs pour lutter contre la radicalisation. Ils concernent la transparence des financements et le respect de l’égalité homme/femme. Or, la volonté affichée de la ministre est de limiter l’exercice de la liberté d’enseignement et d’association en procédant de la façon la plus brutale, par décret, sans consultation du Parlement. C’est une mauvaise action qu’il faut dénoncer, en diffusant largement la protestation d’Anne Coffinier. 

    France Catholique

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 2 juin 2016

  • A propos des critiques de certains milieux catholiques envers Maurras et l'Action française

    Juin 2002 - Les Baux de Provence - Le prince Jean avec les jeunes du service d'accueil

     

    Trente-trois rassemblements royalistes se sont tenus en Provence, à partir de 1969, chaque mois de juin, en l'absence d'un quelconque contact  - du moins, public - avec le Chef de la Maison de France d'alors, feu Monseigneur le comte de Paris. A deux ou trois exceptions près toutefois, dont nous aurons sans-doute l'occasion de reparler.

    La venue au rassemblement royaliste des Baux de Provence de 2002, du prince Jean de France accompagné de son frère, le prince Eudes,  lui-même venu avec son épouse, la princesse Marie-Liesse et leur toute jeune petite fille, la princesse Thérèse, constituait donc un événement. Perçu de tous comme tel. Événement dans la suite des rassemblements de Montmajour et des Baux de Provence, mais surtout dans l'histoire du royalisme français. Joie, émotion, espérance et projets ... Ce fut le lot de cette journée autour des Princes accueillis par Marcel Jullian, Jean-Marc Varaut, Gérard Leclerc et  Jean Sévillia. Grand repas à l'ombre des pins, discours, intervention du prince Jean, remerciements et conclusion du prince Eudes,  Coupo Santo : ce fut en bref le déroulement de cette journée.

    Elle s'est terminée par une rencontre-dialogue entre le prince Jean et les jeunes du service d'accueil, une canette de bière à la main, ce que nous avons évoqué, dans Lafautearousseau dimanche dernier [05.06]. A propos, modestement, des tee-shirts que tous portaient, ce jour-là.

    Tout ceci pour introduire le commentaire émouvant et significatif que nous avons reçu à la suite de cette publication - commentaire dont nous croyons utile que nos lecteurs aient connaissance. Le voici :

    « Valentin Dulac

    Chers amis de La faute à Rousseau,

    Pour la petite histoire, parmi les jeunes du service d'accueil présents a l'occasion de la venue du Prince Jean aux Baux cela intéressera peut être vos lecteurs de savoir que trois d'entre eux (dont l'un est d'ailleurs présent sur la photo), sont désormais jeunes prêtres dans le Diocèse de Nice, un autre est Diacre en vue du sacerdoce pour le Diocèse de Bordeaux et qu'une d'entre eux est religieuse chez les Soeurs de la Consolation à Draguignan.

    Tous étaient à l'époque membres actifs du Cercle royaliste du Comté de Nice. Et tous sont restés des fidèles du Prince.

    Dieu et le Roi !...

    PS : ce petit commentaire contredit d'ailleurs les propos incroyablement violents et injustes de Denis Tillinac tenus dans un numéro de Famille Chrétienne mi mai contre Maurras (entre autre attaque, « le maurrassisme est la pire des insultes à l'encontre de l'Eglise catholique » ...) On peut en l'occurrence se demander pourquoi ces jeunes tous formés pendant des années à l'école de l'AF ne se sont pas détournés de la foi et de l'Eglise ? !....»

    Commentaire qui a été suivi de deux autres que voici encore :

    « LUC

    Magnifique commentaire qui, en effet, réduit à néant les critiques de certains milieux catholiques envers Maurras et l'Action française.

    Rien à voir, bien-sûr avec « la petite histoire ». C'est au contraire une grande et belle histoire qui devrait être portée à la connaissance du Prince, s’il l’ignore.

    Décidément, Tillinac est bien léger en regard d’un tel récit.

    MERCI ! »

    « François Davin

    Avec ce genre de propos, Tillinac, à qui il arrive souvent de dire de belles et bonnes choses, s'est très largement discrédité. Il parle manifestement d'un sujet qu'il ne connaît pas, et sur un ton qui ne convient pas. C'est triste, pour lui...»

    Faut-il commenter davantage ? Lafautearousseau  •

    Lire aussi ...

    Symboles & Traditions • Les tee-shirt du service d'accueil des rassemblements royalistes en Provence

  • Aix-en-Provence, ce mardi 7 juin, débat du Café actualités... à ne pas manquer !

    Consommations à commander et régler au bar en arrivant. Merci !

    La soirée s'achèvera par un dîner réunissant les participants qui le souhaitent.

    Inscriptions et renseignements : 06 16 69 74 85

    En France, la République est morte d'une maladie originelle auto-immune. La démocratie, mot qui déclenche aussitôt l'hilarité, n'est que le masque de l'oligarchie financière et mondialisante. Qu'avons nous à proposer ? 

  • Vincent, François, Paul... et les autres

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Les mêmes qui crient à la xénophobie, voire au racisme, dès qu’il est question de l’identité de la nation française, approuvent et favorisent tout ce qui permet à la plus importante des « communautés » d’origine étrangère de cultiver sa différence et son identité. Les mêmes qui pensent que la liberté individuelle, existentielle, de l’être humain n’aurait d’autre limite que son bon vouloir trouvent impensable que l’immigré lambda puisse envisager de choisir librement un prénom « français » au lieu de se crisper sur ses propres racines. 

    Bien entendu, il y a des cas particuliers, des effets de mode et des traditions familiales. Ainsi, Giulia (Sarkozy) n’est pas tout à fait Julie mais peu importe car tout le monde voit bien la quasi similitude et la proximité des deux formes : il arrivera même que certains confondent Julie et Giulia; en revanche, Zohra (Dati) restera encore longtemps perçu comme étranger, voire « stigmatisant » : il ne viendra à l’esprit de personne d’appeler Vénus la petite Zohra. C’est ainsi et les professionnels de l’antiracisme n’y peuvent rien changer. M. Domenach non plus. Il a sans aucun doute raison de faire remarquer (R.T.L., lundi 30 mai) que la plupart des prénoms réputés « français » ont une origine « étrangère ». Et les exemples qu’il donne - Robert, François ou Eric - sont tout à fait probants. Il aurait pu, aussi bien, à côté de ces prénoms d’origine germanique ou scandinave, en citer d’autres, d’origine grecque (Sophie, Stéphane, Théophile, etc.) ou hébraïque (Benjamin, Jacques, Pascal, etc.). 

    Si son argumentation (« Nos prénoms sont souvent des immigrés qui ont commencé par être traités en métèques avant d’être certifiés franco-français, voire sanctifiés. ») reste vicieuse, c’est qu’elle ne prend en compte ni la dimension historique et géographique : la France s’est construite peu à peu, en faisant sienne des apports le plus souvent proches, dans un multi-culturalisme géo-ethnique, les fameuses et si différentes « provinces » de l’Ancien Régime - et on ne sache pas qu’existe une province arabe en France; ni la dimension culturelle et religieuse : le double héritage judéo-chrétien et gréco-romain a toujours été revendiqué et assumé tout au long de l’Histoire par le pouvoir et les « élites » du royaume de France et même de la République.  

    Domenach aurait donc dû rajouter que tous ces prénoms, même les plus méconnus et les plus bizarres, ont reçu la double onction nationale et religieuse au point que les autorités républicaines elles-mêmes les ont validés, jusqu’à très récemment : à preuve le bon vieux calendrier du facteur. Cela lui aurait évité de penser que des prénoms manifestement arabes pourront, sans une véritable révolution culturelle, passer un jour pour ce qu’ils ne sont pas - c’est-à-dire français. Il aurait aussi évité la leçon de M. Zemmour qui lui a répondu avec pertinence (R.T.L., mardi 31 mai) que si le nom de famille inscrit de façon quasi irrévocable l’individu dans une lignée, le choix du prénom permet de mesurer la volonté d’intégrer la nation : ainsi Zemmour signifie-t-il « olivier » en berbère, tandis qu’Eric est un prénom français d’origine scandinave. 
  • Comment l’État lâche ses secrets économiques

     

    par Ludovic Greiling

     

    1067266642.jpgLe départ soudain du directeur du Trésor pour un fonds chinois met en exergue la porosité grandissante entre les représentants des intérêts et des secrets économiques de l’État français et les fonds d’investissement de puissances concurrentes. Éclairage.

    C’est une petite annonce, qui, depuis le 24 mai dernier, suscite des remous dans les rangs souverainistes et chez quelques députés de la majorité. Bruno Bézard, le directeur du Trésor public, a annoncé qu’il remettait sa démission pour le 20 juin prochain. L’homme va en effet rejoindre le fonds d’investissement franco-chinois Cathay capital private equity. La réaction du gouvernement ? Absente C’est pourtant l’une des figures les plus importantes du capitalisme d’État et des circuits de financement de l’économie tricolore qui quitte la fonction publique et vend ses services à un fonds étranger.

    Un homme qui connaît la stratégie des géants français

    Inspecteur général des finances depuis 2004, l’homme a été directeur général de l’Agence des participations de l’État entre 2007 et 2010, conseiller du ministre de l’économie pour la Chine, puis directeur de la très stratégique direction du Trésor depuis 2014.
    A ces titres, il siège ou a siégé dans de nombreux conseils d’administration de très grandes entreprises françaises dont il connait en détail les bilans financiers et les orientations stratégiques : Orange, (ex) Areva, EDF, Thalès, Air France-KLM, etc.

    Il est à noter, cependant, que Cathay capital private equity n’est pas (encore) un géant de la finance. Son encours sous gestion n’atteint que 1,2 milliards d’euros, une somme qui ne lui permet pas – loin s’en faut – d’acheter les géants français de l’industrie.
    Fondée en 2006 par le chinois Ming-Po Cai – président du groupe – et le français Edouard Moinet, Cathay capital private equity cherche à collecter des fonds auprès d’investisseurs et à entrer au capital d’entreprises de taille moyenne.

    Partenaire de la Banque publique d’investissement avec qui elle a crée des produits communs afin d’investir dans des entreprises chinoises et françaises, elle cherche à monter en puissance, comme le prouvent l’ouverture récente de bureaux aux Etats-Unis et en Allemagne et l’embauche de Bruno Bézard.

    Des précédents, sans réaction de l’exécutif

    Néanmoins, cette affaire met de nouveau en exergue la porosité grandissante entre les représentants des intérêts et des secrets économiques de l’État français et les fonds d’investissement de puissances concurrentes. A l’été 2014 déjà, le directeur de l’Agence des participations de l’État – David Azéma – quittait brusquement son poste pour rejoindre le géant bancaire Bank of America-Merrill Lynch, le même établissement qui avait préparé discrètement quelques mois plus tôt la vente de la division ‘énergie’ d’Alstom au géant américain General Electric.

    En début d’année, la très fermée Association amicale du Trésor fêtait ses vingt ans d’existence dans les locaux de la banque d’affaires Rothschild, établissement qui possède des entrées directes au plus haut niveau du pouvoir américain. La Délégation parlementaire au renseignement ne s’y est pas trompée. Comme le rappelle le député Jacques Myard dans un communiqué, elle avait relevé en 2014 « la légèreté du ministère de l’économie et des finances en matière de sécurité et des tentatives de pénétration des services étrangers ». Le rapport n’avait pas suscité la moindre réaction de l’Elysée, du premier ministre Manuel Valls ou du ministre des finances Michel Sapin… 

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Rire ou sourire un peu ... même s'il n'y a pas vraiment de quoi

    Les studios Disney sortent une nouvelle version 3D du Livre de la jungle ...

    Le dessin d'Olivier Ménégol : « King François » [Olivier Ménégol]

  • Médias • Grand journal, Petit journal : requiem pour « l'esprit Canal »

     

    Pour Théophane Le Méné, le départ de Yann Barthès du Petit journal marque le déclin de la gauche canal dont les rires forcés ne font plus illusion. [Figarovox, 10.05]. De cette caste, il trace ici un remarquable et féroce portrait. Celui d'une engeance calculatrice, doctorale, artificielle et vulgaire ... sur le déclin.  LFAR

     

    1554643691.2.pngJusqu'il y a peu, le concept était rodé, minuté. Il portait le nom de Grand journal et déclinait ses conjugaisons comme l'hydre aligne les têtes. Sous la baguette d'un présentateur en vogue, quelques chroniqueurs plus ou moins connus y allaient de leur partition pour dérouler le fil du talk-show, une articulation de reportages, de sketchs, d'interviews politiques, d'un moment culturo-littéraire et d'une multitude de bonnes blagues qui n'étranglaient, en tout état de cause, pas ceux qui dînaient derrière leur poste. Le sourire bright, le teint bronzé et la verve éloquente, quelques beaux esprits se posaient en arbitre des élégances, refaisaient le monde et les faces, sous les applaudissements d'un public trié sur le volet, à l'affût des petites lumières habilement dispersées qui leur dictaient d'applaudir ou de huer, selon que l'invité était puissant ou misérable. On y retrouvait des noms connus du showbiz germanopratin, des actrices ayant échoué dans l'érotisme qui gémissaient désormais sur des cartes météo et quelques normaliens moins portés sur la phénoménologie que soucieux d'apparaître en phénomène télégénique.

    A tout seigneur, tout honneur. Aucune demi-mesure dans le traitement des sujets ou des invités. Il y avait ce qui était bon et juste et le reste. Il y avait les respectables avec qui l'on s'émouvait, s'amusait, et plaisantait. Il y avait les infréquentables, les factieux, les intolérants. Pour ceux-là, pas de quartier. On ne les invitait pas pour qu'ils puissent s'exprimer mais pour les railler, tourner en ridicule leur cause, réduire ad hitlerum leurs idées. Etrillés sur place, les malheureux n'avaient d'autres choix que de subir les assauts de questions et les apostrophes énoncées en certitudes sans pouvoir y répondre ni invoquer, pour le geste, les droits de la défense que même la sainte Inquisition garantissait. Entre deux gaudrioles subtilement placées pour annoncer l'hallali, les babines pavloviennes se déchaînaient pour se partager les restes : c'était la curée.

    A côté de ces attaques en meutes, il y avait les reportages et les chroniques qui reprenaient, de « manière caustique, détournée ou décalée », l'actualité. Primus inter pares, Le Petit journal, présenté par le flamboyant Yann Barthès. D'abord partie intégrante du Grand journal, la chronique était devenue depuis peu une émission à part entière et succédait à la grand-messe, comme une dernière salve, un dernier tour de piste, où, durant 15 minutes encore, il s'agissait de moquer toujours plus ceux qui ne nous ressemblaient pas. Le scénario était impitoyable. On riait des physiques ingrats, on mettait en exergue les bourdes, les impairs ou même les bégaiements des politiques. Les interviews se résumaient à des questions délibérément indiscrètes ou tout simplement idiotes, comme pour marquer le niveau de celui qui est interrogé. On glissait des micros dans les meetings, dans les manifestations, et on guettait la phrase choc, celle qui, retirée de son contexte, apparaît évidemment comme stupide ou inadmissible. Et on se gargarisait d'une dignité que les autres n'avaient pas, on se plaisait et on se complaisait, on s'aimait de ne pas aimer ce qui, à nos yeux, n'était pas aimable.

    Qui étaient alors ces nouveaux maîtres du paysage audiovisuel français ? Qu'incarnaient-ils sinon la subversion assumée du véritable journalisme, du traitement consciencieux de l'information au profit d'un ersatz fondé sur le divertissement, comme pour esquiver la réalité ? Les témoignages de deux enfants prodigues revenus à la maison du bon sens sont, sur ces questions, éloquents. Ollivier Pourriol, philosophe et écrivain fut, un an durant, l'intello de service. Pour un salaire de 10 000 euros par mois, il avait la lourde charge de placer quelques laïus culturels au cours de l'émission. Jamais pourtant il ne trouva sa place et fut très rapidement réduit au silence. De cette expérience malheureuse, le philosophe en a tiré un livre [1] où l'on découvre avec effarement l'envers du décor : ces livres qu'on lui conseille de ne pas lire sinon la première page, la dernière et la page 100, pour faire illusion ; les discussions, l'air de ne pas y toucher, sur l'argent (« Ce que tu trouves trop aujourd'hui, tu trouveras ça normal quand tu auras passé toutes tes soirées coincé entre Copé et Rihanna ») ; le mépris de l'intelligence (« Sois plus dans l'humeur. Sois moins cérébral. Essaye d'être un peu moins intelligent »)… N'en jetez plus. Solweig Lizlow, la miss Météo du Grand journal durant la saison 2011/2012, garde elle aussi un souvenir amer de cette expérience. Dès le départ, son rôle est clair : jouer « une pouffe décérébrée » pour « séduire les 7-13 ans et les cadres sup' ». Sur ses anciens collègues, l'estocade est fulgurante : « J'ai dû cohabiter chaque jour avec des gens hautains et dédaigneux de la classe sociale qu'ils jugeaient inférieur à eux ».

    L'argent, la bêtise, l'ignorance, le mépris, l'entre-soi, tout un programme sur fond de lutte des classes. On se souvient d'un Nicolas Dupont-Aignan excédé par les simagrées narquoises de ses interlocuteurs, alors qu'il évoquait la souffrance des Français, qui n'hésita pas à tancer Michel Denisot sur le montant de son salaire. Embarras général et tentatives de couper court à la question furent ses seules réponses. En fait d'ignorance, faut-il aussi rappeler cette photo de Yann Barthès pris en flagrant délit de « quenelle », lui qui quelques jours avant dénonçait le geste haut et fort ? « L'esprit Canal +, qui sévit désormais partout, offre à Dieudonné du temps de cerveau disponible », remarquait très justement Alain Finkielkraut alors qu'il dénonçait l'enfantement de l'humoriste controversé par cette société du spectacle, de la vacuité, du ricanement et de la bouffonnerie. Que dire encore de la propension ahurissante de ces comédiens professionnels à dénoncer un conformisme dont ils sont l'exemple achevé

    C'était l'émission culte, le monument de la télévision française, l'impertinente séquence cathodique et glamour devant laquelle bon nombre de Français se retrouvaient tous les soirs. Une engeance qui régnait un peu partout comme une mélodie trop écoutée dont on n'arrive plus à se défaire. Mais jusqu'à quand ? « Tout le monde regarde [cette émission] pour savoir pourquoi tout le monde regarde », expliquait Ollivier Pourriol pour justifier les audiences de la chaîne. Depuis plusieurs mois, celles-ci sont en berne. Bolloré a racheté Canal +, la gauche morale déprime et même les rires forcés ne font plus illusion. Yann Barthès s'en va pour rejoindre la chaîne dont il fallait se moquer parce que l'un de ses patrons avait confié à des annonceurs qu'elle vendait du temps de cerveau disponible.  •

    Théophane Le Méné