Macron en Chine : Encore une fois, Atlantico pose la bonne question ...
9 janvier 2018
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9 janvier 2018
Par Marc Rousset
Le centriste Macron ne fait rien en matière régalienne (immigration, sécurité) et rêve en matière économique, ne pensant qu’Europe et jeunes pousses. Alors que certains s’effraient d’un cataclysme économique à venir, Macron, comme sœur Anne, ne voit absolument rien venir.
Et pourtant, les faits sont là. Nous aurons au minimum un krach style 1929. Les Bourses et le bitcoin montent dans le monde entier mais vont bientôt s’effondrer. L’indice de Shiller, qui indique la surchauffe des marchés, est actuellement à plus de 31, alors qu’il était pourtant inférieur à 30 en 1929 et qu’il ne doit jamais dépasser ce chiffre. Cet indice, mis en place par le professeur à Yale et prix Nobel d’économie Robert Shiller, consiste tout simplement à diviser le cours de Bourse par le bénéfice par action, mais en ajustant techniquement les données.
Cette fois-ci, ce sera plus grave qu’en 1929 et qu’en 2008, où l’on a soigné un patient drogué perclus de dettes en augmentant sa dose. Parler de la Grèce, de la dette publique américaine de 20.000 milliards de dollars, de la dette française de 2.000 milliards d’euros est d’un classicisme ringard dépassé. Il faut, en réalité, parler de la dette mondiale totale publique et privée, qui a doublé depuis 2006 pour atteindre 230.000 milliards de dollars. Mais à ce chiffre, il convient d’ajouter les engagements hors bilan des gouvernements et des agents économiques, soit 250.000 milliards de dollars. Et il faut enfin ajouter le volume des produits bancaires et boursiers dérivés, soit 1.500.000 milliards de dollars. La somme totale astronomique de la dette mondiale est donc de deux millions de milliards de dollars, soit ce que les Anglo-Saxons appellent deux quadrillions de dollars !
Les banquiers prétendent benoîtement qu’il ne faut pas raisonner en valeur absolue du montant des contrats passés pour les produits dérivés et qu’il faut seulement s’intéresser au montant net des transactions, mais encore faut-il que les contreparties puissent répondre à leurs obligations contractuelles. Kerviel, à lui tout seul, a bien failli faire sauter la Société générale !
Avec Trump, la dette publique américaine va continuer à croître sur la lancée d’Obama. Le Bureau central du budget américain estime la dette publique américaine à environ 40.000 milliards de dollars en 2024, soit le double de la dette actuelle. Il n’est pas possible que les choses restent en l’état et que les taux actuels d’environ 1,25 %, compte tenu des risques démentiels encourus, ne retrouvent pas bientôt les sommets de 19 % des années 1981.
Lorsqu’on prend conscience, enfin, à quelle vitesse et d’une façon subite s’est détériorée la situation en Allemagne à partir de janvier 1922, il faut se méfier de l’eau qui dort ! Une once d’or coûtait 3.976 marks en janvier 1922 et 87.000 milliards de marks le 30 novembre 1923.
Un autre facteur géopolitique, bien plus préoccupant que la Corée du Nord, est le coup d’État réalisé par le prince héritier Mohammed ben Salmane en Arabie saoudite. Les États-Unis, suite à leur défaite en Syrie, sont en train de perdre la main au Moyen-Orient et lorsqu’on a beaucoup d’ennemis des princes du sang, un assassinat est toujours possible dans ces pays. Il suffirait également que l’Arabie saoudite passe au « pétro-yuan » pour que le dollar, dont la domination repose sur le pétrodollar, s’écroule !
De plus, toutes ces émissions de crypto-monnaies (bitcoin, ethereum), avec l’augmentation vertigineuse des cours, sentent le soufre et l’écroulement d’un système à la Ponzi qui pourrait déclencher le début de l’apocalypse ! Joseph Kennedy, le père du président John Fitgerald Kennedy, fit sa fortune en vendant en 1929 avant tout le monde car, disait-il, « quand votre cireur de chaussures vous parle d’actions, il est temps de vendre ». •
Économiste
Ancien haut dirigeant d'entreprise
par Stéphane BLANCHONNET
Un article de Stéphane BLANCHONNET paru dans à-rebours.fr et dans L'AF2000. Et un article parmi plusieurs autres qui rappellent utilement les fondamentaux de la politique d'Action française. LFAR
Dans la pensée antique, la distinction entre l'ordre de la politique (de polis, la cité) et l'ordre de l'économie (de oikos, la maison) est très nette, ainsi que la subordination de celui-ci à celui-là.
C'est que, selon la formule d'Aristote, la politique est non seulement architectonique par rapport à l'éthique (sans la cité pour protéger les personnes, pas de vie morale) mais également par rapport à l'économie (pas de production et d'échanges sans ordre, sans paix et sans loi).
À l'époque moderne, les valeurs semblent s'être inversées : les premiers économistes libéraux comme leurs premiers contradicteurs socialistes (Marx notamment) ont accordé la première place à l'économie ; la politique n'étant à leurs yeux qu'une superstructure exprimant sous une forme différente des rapports foncièrement économiques. Les crises régulières du capitalisme (crises financières, crises de surproduction, guerres, accroissement inédit des inégalités, même dans l'abondance) et l'échec patent du communisme du côté du socialisme, n'ont hélas pas mis un terme à cette croyance dans notre post-modernité. La "gouvernance" des taux (de croissance, de chômage etc) dont le modèle est la gestion d'entreprise a en effet pris le pas sur le gouvernement des hommes.
On reproche parfois aux royalistes de ne pas avoir de programme économique. C'est un mauvais procès. Ils n'ont tout simplement pas de dogmes en la matière ! À l'égard des thèses libérales ou socialistes ils sont agnostiques et font leur miel de tout. S'il leur fallait choisir un maître en la matière, ce ne serait pas un théoricien de l'économie mais un praticien. Plutôt que d'adhérer au credo de Smith, de Ricardo ou de Marx, ils regardent du côté de Colbert, dont l'action a consisté à soutenir, protéger, faciliter, le travail des acteurs économiques sans se substituer à eux systématiquement et dans un but très simple et pas du tout idéologique : enrichir l'État par la prospérité économique et lui permettre de mener à bien ses fins propres, qui sont extra ou meta économiques. •
Repris de A Rebours et de l’AF2000
Voir aussi ...
La monarchie - Le nationalisme intégral - Le Quadrilatère maurrassien - La Monarchie que nous voulons - Le « coup de force » - La civilisation - L'AF et l'Eglise - Politique d'abord !
A lire dans Lafautearousseau ...
Alstom, un cas exemplaire de la guerre industrielle. AFP
ANALYSE - Le gouvernement a annoncé vouloir céder pour dix milliards d'euros de participations de l'Etat, y compris dans des entreprises stratégiques. Ludovic Greiling analyse les facteurs de la désindustrialisation de la France [Figarovox, 14.12]. Les lecteurs de Lafautearousseau connaissent bien Ludovic Greiling dont nous avons publié différents articles en tant que collaborateur de Politique Magazine ainsi qu'un entretien donné sur TV Libertés. [Voir liens ci-dessous]. LFAR
« Mauvaise gestion », « charges trop élevées », « concurrence internationale »… Il est commun d'invoquer ces facteurs pour expliquer la désindustrialisation brutale que le pays a connue ces quarante dernières années. En revanche, la guerre industrielle féroce à laquelle se livrent les puissances pour contrôler le capital des entreprises concurrentes n'est jamais évoquée. Cette guerre explique pourtant les difficultés de nos compagnies de pointe et la perte progressive de savoirs-faire pratiqués sur le territoire français.
Le gouvernement l'a annoncé : il veut céder pour dix milliards d'euros de participations de l'Etat, y compris dans des entreprises stratégiques. Par exemple, des discussions sont en cours pour fusionner certaines activités entre l'italien Fincantieri - en voie de privatisation - et le bijou qu'est la Direction des constructions navales (renommé Naval group) - qui vient de remporter un contrat géant en Australie pour la construction de sous-marins. La conséquence à long terme de ce genre d'opérations ? Rien de moins qu'une perte de contrôle de l'entité, suivi du transfert de brevets, de bureaux d'étude et de chaînes de montage.
Alstom est un cas exemplaire de la guerre industrielle. Le site historique de fabrication des trains et des équipements énergétiques du groupe, à Belfort, pourrait fermer dans les prochaines années. Ces chaines de production employaient 8500 salariés au pic des années 70, contre 500 personnes aujourd'hui. « On perd tout ici, petit à petit, la recherche d'Alstom s'est envolée depuis longtemps, la technique s'en va par petits bouts…» expliquait un habitant dans la presse nationale lors de manifestations tenues l'an dernier.
Un événement anodin dans un « monde globalisé » ? Non. Car Alstom n'est pas n'importe qui. Ses turbines thermiques équipent la moitié des centrales nucléaires de la planète et un quart des barrages hydroélectriques. La compagnie est également capable de fournir l'ensemble des équipements électriques d'une usine à charbon, ou de fabriquer les trains les plus rapides au monde. Un avantage stratégique majeur qui a aiguisé des appétits.
Attaques au capital, changement des conseils d'administration
Fusions, scissions, ventes d'actifs : à partir de la privatisation progressive entreprise il y a vingt-cinq ans, Alstom a souffert des mouvements incessants des fonds étrangers à son capital. Par la suite, le groupe a été visé par la Commission européenne : en contrepartie d'une aide de l'Etat français en 2003, Bruxelles imposait la cession de deux de ses fleurons au bénéfice de la concurrence, les activités de turbines industrielles (à l'allemand Siemens) et la filiale spécialisée dans la conversion d'électricité (à la banque britannique Barclays, qui la vendra ensuite à l'américain General Electric). Entre 2002 et 2005, le chiffre d'affaires d'Alstom a été divisé par deux.
Dix ans plus tard, c'est un conseil d'administration remanié par le PDG Patrick Kron et désormais dominé par des intérêts anglo-saxons qui achevait l'ancien joyau de la période gaulliste. En 2014, il annonçait contre toute attente la vente des actifs et des brevets de la très stratégique division énergie d'Alstom. Le bénéficiaire ? Le concurrent américain General Electric, encore une fois. Deux mois après la reprise des activités françaises, le nouveau propriétaire annonçait la suppression de 800 emplois sur le territoire national et des rumeurs faisaient état du possible rapatriement des bureaux d'étude aux Etats-Unis.
En ce mois d'octobre 2017, c'est la vente de la branche transports à Siemens qui est annoncée. Le démantèlement par les concurrents est presque achevé. Il aura pris vingt ans.
Des technologies maitrisées par peu d'acteurs dans le monde
On l'oublie trop souvent : les technologies qui permettent aujourd'hui de produire de l'électricité, d'utiliser des transports modernes ou encore de fabriquer des avions, sont maitrisées par un nombre très faible d'acteurs. La Chine et la Russie ont dû attendre la fin d'année 2016 pour annoncer le lancement prochain d'un avion civil longue ligne performant. D'ici à sa mise en exploitation, ces deux puissances seront dépendantes du bon vouloir d'Airbus et de Boeing pour réaliser l'espace eurasiatique de leurs rêves…
La France a jadis su développer d'extraordinaires capacités techniques. Elles ont en partie donné au pays son indépendance diplomatique, économique et militaire. Elles lui ont ouvert la possibilité de discuter et d'échanger avec les pays de son choix, malgré le poids des empires soviétique et américain.
Mais ces capacités ont aussi aiguisé les appétits des concurrents. Ces derniers ont profité d'un long passage à vide politique, et du dogme assez récent de la liberté totale de circulation des capitaux.
Les fonds étrangers contrôlent aujourd'hui 50% du capital du CAC 40, selon la Banque de France, contre 25% il y a vingt ans. Ces derniers, le plus souvent américains (et non chinois), placent leurs hommes dans les conseils d'administration et les directions. Dans un contexte de vide politique, comment résister face à un fonds comme Blackrock, dont les encours sous gestion sont deux fois supérieurs à la capitalisation totale des quarante plus grandes valeurs françaises ?
Alstom n'est pas un cas isolé. C'est par une attaque soudaine au capital, alliée à une intense opération de propagande et au soutien du premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker (futur président de la Commission européenne), que le sidérurgiste haut de gamme Arcelor a été avalé par un acteur indien inconnu en 2006. Le nouveau groupe, lourdement endetté auprès des banques américaines suite à l'OPA, a, depuis, fermé ou cédé une partie des ses meilleures usines européennes.
C'est grâce à leur participation dans Airbus (ex EADS) que les Allemands ont rapatrié sur leur territoire la filiale militaire de la compagnie européenne. Pourtant, ces activités sont issues en majorité de l'entreprise française Matra-Aérospatiale et du savoir-faire de la Direction générale pour l'armement.
Transfert des brevets et des usines
C'est en entrant au capital de Safran que les fonds germano-américains y ont placé à sa tête leur propre représentant, tandis que la direction générale est désormais pénétrée par des représentants de l'Otan. Là encore, les principales mouvances au pouvoir en France ont favorisé la braderie du spécialiste de la défense et des moteurs d'avion : Safran est issu d'une fusion forcée par Nicolas Sarkozy entre la compagnie publique Snecma et la Sagem, et l'Etat a ensuite cédé, sous François Hollande, une grande partie du capital qu'il détenait encore. L'entreprise devrait faire partie des ventes de participations voulues par Emmanuel Macron.
La liste est longue. Péchiney, Peugeot, Schneider Electric, Véolia ou Alcatel ont subi à des degrés divers la guerre industrielle par des prises d'intérêts dans leur capital. Et le phénomène touche aujourd'hui le secteur énergétique.
A quelques millions d'euros près, l'ex ministre Michel Sapin avait discrètement fait passer l'Etat français sous le seuil qui lui assurait une minorité de blocage dans GDF Suez, le plus gros distributeur de gaz en Europe de l'Ouest. Et le gouvernement Philippe vient d'annoncer la cession supplémentaire de 4% du capital dans une procédure accélérée. EDF risque quant à lui une « faillite », selon les syndicats du groupe, qui dénoncent « les mauvais choix industriels et économiques mis en œuvre de façon zélée par le gouvernement sous le regard de l'Europe ». Spécialiste mondial incontesté de l'électricité nucléaire, un secteur maitrisé par de très rares acteurs dans le monde, EDF devrait prochainement ouvrir son capital aux fonds étrangers. Sous la pression de l'ancien banquier d'affaires Emmanuel Macron, l'ancien gouvernement avait en effet obligé la compagnie publique à accomplir un projet d'investissement de plus de 20 milliards de livres en Angleterre, un montant supérieur aux fonds propres du groupe… Pour préparer le terrain, il avait brutalement changé les statuts légaux d'EDF il y a deux ans et remanié le conseil d'administration. Cherche-t-il à lever des fonds facilement en vendant le capital d'EDF ? Pas sûr, car la compagnie publique rapporte à l'Etat deux milliards d'euros par an en dividendes. Dès lors, pourquoi céder EDF ?
Difficile, quand l'on parle de guerre industrielle, de ne pas évoquer le cas révélateur de Gemalto. Véritable « protecteur numérique des identités » (passeports biométriques, transactions bancaires, télécommunications 4G et 5G), l'entreprise cotée au CAC 40 capterait entre 60% et 80% du marché mondial de la carte à puces.
Problème : le groupe issu du français Gemplus n'a plus grand-chose de tricolore. En 1999, le fonds américain Texas Pacific Group (TPG) - d'apparence anodine - tentait une première approche. Refoulé deux fois par le directeur général de Gemplus, il décidait alors de mener des négociations discrètes avec l'actionnaire minoritaire Marc Lassus, lequel accepta qu'il prenne 26% du capital. En contrepartie de l'investissement, TPG obtenait de déplacer le siège social au Luxembourg et de nommer la moitié du conseil d'administration. Dès 2001, les fondateurs de Gemplus comprenaient que la volonté des Américains était de transférer aux Etats-Unis les précieux brevets déposés dans la sécurité numérique. Une guerre d'actionnaires s'ensuivit, qui se termina par l'éviction des dirigeants historiques de Gemplus du conseil d'administration! En 2002, TPG plaçait à la tête du groupe français Alex Mandl, un haut responsable du géant américain des télécommunications AT&T. L'homme était également administrateur de In-Q-Tel, le fond de capital-risque crée par la CIA dix ans plus tôt pour capter les technologies les plus avancées… Il est encore aujourd'hui à la tête de l'entreprise.
La guerre industrielle est-elle perdue ? Non. Toutes les chaînes de production contenant du savoir-faire à haute valeur ajoutée n'ont pas été fermées, et le pays possède des écoles industrielles de pointe. « Les ingénieurs américains ne nous impressionnent pas du tout. Car nous avons en France les meilleurs ingénieurs du monde. Cela fait partie de notre culture », confiait récemment un cadre d'un important industriel de l'armement. Tout peut être construit en temps et en heure pour qui souhaite ne pas se placer dans la dépendance de l'ailleurs. •
Par Mathieu Bock-Côté
Cette tribune de Mathieu Bock-Côté sur son blogue du Journal de Montréal [14.12] est émouvante parce qu'elle pointe la dégradation de Noël en fête consumériste que l'argent vient souiller. LFAR
Noël s’en vient. Dans dix jours, on se préparera pour le réveillon.
C’est une belle fête, peut-être la plus belle qui soit, qui nous connecte aux origines de notre civilisation. Elles nous sont rappelées par des chants populaires racontant l’histoire de l’humanité sauvée à partir d’une étable à Bethléem.
C’est aussi la fête de douce mélancolie, quand on avance en âge, à la fois parce qu’on a le souvenir de l’enfance émerveillée, mais aussi parce qu’on voit disparaître peu à peu ceux qui, depuis toujours, étaient associés aux réjouissances familiales.
Noël
Et pourtant, cette belle fête s’accompagne chaque année d’un certain malaise devant son recyclage consumériste.
La publicité massive, qui est une forme d’agression psychologique à temps plein contre ceux qui la subissent, en est le symptôme.
Son message est simple à décoder : Noël ne doit pas être qu’un banquet, mais une orgie consommatrice. C’est ainsi, apparemment, que l’on comblera nos proches, qu’on leur démontrera notre amour.
On nous dira que ce malaise est désormais convenu. Que c’est même la posture que se donnent les moralisateurs d’aujourd’hui pour faire la leçon à ceux qui savent jouir de la vie.
N’y a-t-il pas grand bonheur à donner et recevoir ? Cela va de soi et personne n’est vraiment nostalgique des bas de Noël où on trouvait une orange et un soldat de bois.
L’abondance n’est pas une malédiction et on ne gâchera pas son bonheur de voir le regard émerveillé d’un être aimé à qui on parvient vraiment à faire plaisir.
Mais l’enjeu n’est pas là. Il se trouve plutôt dans la réduction du bonheur à la consommation compulsive qui nous pousse comme des automates dans les magasins comme si nous étions condamnés à nous y retrouver en troupeau.
Souvent, on cherche moins le cadeau qui touchera le cœur qu’on décide de les accumuler, de peur de décevoir s’ils ne sont pas assez nombreux, de peur de passer soi-même pour insuffisamment généreux.
C’est à ce moment qu’on comprend à quel point le capitalisme domine nos consciences.
Une civilisation digne de ce nom, loin de se soumettre à l’injonction publicitaire, nous apprend à y résister.
Voyons plus largement. Combien sont-ils à chercher à remplir leur vide existentiel en se soumettant au principe de l’achat à répétition ? Combien en sont venus à se jeter dans la consommation en espérant trouver là le sens qui manque à leur vie ?
Donner
Il nous faudrait réapprendre à vivre autrement. Les plaisirs de la table, de la balade, de la lecture, du silence, de la musique, du sport ne sont certainement pas gratuits : ils sont néanmoins d’une autre nature que la consommation programmée.
Les fêtes de Noël nous ouvrent à la part la plus noble et lumineuse de l’âme humaine : le plaisir de donner, de semer le bonheur autour de soi. Il serait bien que cette part ne soit pas dénaturée par l’argent qui, mal utilisé, peut tout souiller. •
Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).
Par Marc Rousset
Macron, ce technocrate rêveur de l’ENA, nous parle de l’Europe qui protège d’une façon abstraite avec des mots enchanteurs, mais la triste réalité, c’est que l’industrie européenne continue de « crever » sous les coups du libre-échange mondialiste.
ArcelorMittal et les sidérurgistes européens sont montés tout dernièrement au créneau pour lutter contre le dumping chinois et ont obtenu, dans le cadre de l’Union européenne, des protections tarifaires ainsi qu’une réduction des surcapacités chinoises de production. Mais le festival continue dans d’autres secteurs industriels.
Dans l’aluminium, la Chine connaît des surcapacités de production qu’elle subventionne, grâce à son emprise étatique, en vendant l’énergie chinoise à des prix ridicules, ce secteur étant un très gros consommateur d’électricité, ce qui est déterminant pour le prix de revient. Alors que les droits de douane américains sont très élevés et susceptibles encore d’augmenter, les droits de douane européens ne sont que de 7,5 %.
50 % des bobines et profilés en aluminium sont aujourd’hui importés et le nombre de sociétés productrices en Europe est passé de 40, en 1990, à 15, en 2017. Ce secteur industriel va donc avoir à se battre tout comme celui de l’acier européen.
Le secteur européen du silicium, qui sert à fabriquer les batteries de voiture électrique, doit faire face lui aussi à la surcapacité chinoise et au dumping chinois. Alors que la Chine produit 4,6 millions de tonnes par an, la consommation mondiale n’est que de 2,7 millions. Tandis que les États-Unis ont un droit de douane de 139 % et que le Canada l’a même porté à 235 %, les braves Européens en sont toujours à 16,8 % !
Les règles de l’OMC et de Bruxelles pour contrôler et calculer le dumping chinois sont mises à mal en Chine, tant les intérêts de l’État, du parti et des entreprises privées chinoises sont étroits et interpénétrés. Là encore, tout comme pour le droit-de-l’hommisme en matière d’immigration, la naïveté technocratique européenne n’a pas de bornes.
Et le bouquet, c’est que l’Union européenne vient de changer ses méthodes d’analyse du dumping, ce qui aura pour effet de diminuer encore davantage la protection douanière de « l’Europe qui protège » de monsieur Macron. Il suffirait donc que les prix baissent encore très légèrement pour que tous les emplois industriels dans le secteur du silicium en Allemagne, France (1.000 emplois) et Espagne soient perdus définitivement, avec en plus la perte définitive de technologie.
Et, en même temps, l’Union européenne, dont c’est la seule raison d’exister semble-t-il, continue à passer des accords libre-échangistes avec le Canada et la Corée du Sud pour achever le patient industriel européen. La seule lueur d’espoir vient, paradoxalement, de Trump qui fait tout pour mettre à mort la machine infernale libre-échangiste de l’OMC à Genève. Trump, par exemple, se refuse à nommer des juges pour les organes d’appel des différends entre pays, afin de paralyser l’OMC.
Pour nous sortir d’affaire avec un taux de chômage minimum réel en France de 20 %, Macron ne pense qu’en termes de jeunes pousses, alors qu’il faut penser bien évidemment aux emplois à venir des jeunes pousses, mais d’abord et aussi à préserver les emplois industriels ainsi que les technologies existantes.
Il est peu probable que les emplois futuristes à venir des sciences de la vie et des technologies nouvelles comblent les trous béants de nos emplois industriels, de la disparition complète d’industries telles que l’industrie du textile. Le marché de dupes de la pensée unique, c’est que pour calmer les craintes des peuples, on nous avait assuré depuis le Kennedy Round en 1967, avec des menteurs bien rémunérés du style Pascal Lamy, que l’Europe aurait les emplois rémunérateurs d’avenir et que les pays émergents auraient seulement les emplois industriels mal payés, polluants du passé.
La vérité, c’est que la Chine va mettre toute l’Europe au chômage en ayant même plus d’emplois d’avenir que l’Amérique des GAFA si les Européens ne réagissent pas avec des murs douaniers – ce qu’a très bien compris Trump -, d’autant plus qu’on ne compte plus la disparition des sièges sociaux et des groupes industriels en France (Alcatel, Pechiney, Lafarge, Sacilor, Alstom, Technip…). •
Économiste
Ancien haut dirigeant d'entreprise
Par Marc Rousset
En France, il y a cinq catégories de personnes à Pôle emploi :
• les chômeurs de la catégorie A, des demandeurs d’emploi sans aucune activité ;
• les chômeurs de la catégorie B, des personnes exerçant une activité réduite courte de 78 h ou moins dans le mois ;
• les chômeurs de la catégorie C, des personnes en activité réduite longue (plus de 78 h dans le mois) ;
• les personnes de la catégorie D, des personnes sans emploi et non immédiatement disponibles car en formation, stage, contrat de sécurisation professionnelle, maladie ;
• les personnes de la catégorie E, des personnes non tenues de chercher un emploi car, par exemple, créations d’entreprises ou contrats aidés.
Fin octobre 2017, selon Pôle emploi, le nombre de demandeurs d’emploi (y compris les départements d’outre-mer) s’élevait à 3.742.000 personnes pour la catégorie A. Si l’on ajoute simplement les catégories A, B et C, ce nombre s’établit déjà à 5.923.200 personnes !
La population active, selon l’INSEE, en âge de travailler étant de 28,4 millions de personnes, cela donne déjà un taux de chômage minimum de 20 %, soit le double du taux annoncé et généralement retenu par les Français de 10 %.
Mais la situation est bien plus dramatique, car incorporer les 6,9 millions de fonctionnaires et agents publics dans la population concernée par le chômage minimise le taux réel du chômage. En effet, les fonctionnaires évitent le risque du chômage puisque le statut de fonctionnaire procure un emploi à vie. Ce serait comme si on rapportait le taux de cancer du sein à la population hommes et femmes. Si l’on exclut le nombre de fonctionnaires et d’agents publics, le taux réel de chômage du secteur privé salarié en France, sans même tenir compte des personnes catégories D et E, peut donc être estimé à 28 %. Et ne parlons pas du rôle d’éponge à chômeurs que joue, en France, une fonction publique pléthorique, notamment avec l’explosion des embauches dans les collectivités territoriales ces dernières années. Si l’on retire, enfin, les indépendants et professions libérales qui n’ont pas droit au chômage, on se retrouve même avec un taux de chômage du secteur privé salarié atteignant 30 % de la population active.
Bref, un salarié sur trois du secteur privé serait aujourd’hui effectivement au chômage.
Il importe, aussi, d’être conscient du « chômage camouflé », ce qu’ont toujours compris la plupart des gouvernements, et tout particulièrement ceux de François Hollande, qui consiste à faire passer des chômeurs de catégorie A dans les catégories D et E (stages, formations, contrats aidés).
Enfin, si l’on tient compte des auto-entrepreneurs, du grand nombre de précaires tels que les bénéficiaires du Revenu de solidarité active (RSA), de l’allocation adulte handicapé (AAH), des bénéficiaires de certaines allocations qui dépassent un certain seuil (pensions alimentaires) non inscrits à Pôle emploi, on prend encore mieux conscience du très grand nombre de personnes inactives sans que ces personnes dans un état précaire, handicapé ou inoccupé soient des chômeurs pour autant.
Il nous parait donc possible d’affirmer que le taux de chômage réel en France n’est pas de 10 % mais d’au minimum 20 % !
Or, ce déni sur les chiffres du chômage explique que certains économistes, relayés par exemple par Jean-Pierre Robin dans sa dernière chronique du Figaro du 28 novembre, ne comprennent pas pourquoi l’inflation ne repart pas. Pour eux, la courbe de Phillips, qui voudrait que l’inflation reprenne avec la diminution du chômage, ne joue plus. Elle se serait par miracle soudainement et bizarrement aplatie ! En fait, la courbe de Phillips est toujours bien là, inchangée dans sa forme courbée jouant parfaitement son rôle explicatif car le taux de chômage à regarder sur l’axe des abscisses est 20 % et non pas le taux de chômage officiel annoncé de 4,7 % aux États-Unis, de 10 % en France.
Enfin, si 42 % des chefs d’entreprise ont, dans certains secteurs, des difficultés à embaucher, ce n’est pas parce que le taux de chômage est bas, mais parce qu’il manque du personnel qualifié et compétent pour les technologies anciennes et nouvelles. En Allemagne, sur le million d’immigrés entrés par effraction, suite à la trahison de madame Merkel, un très faible pourcentage seulement a trouvé un emploi effectif, car ils sont inadaptés aux emplois proposés. •
Économiste
Ancien haut dirigeant d'entreprise
Le prince Jean de France et le cardinal Dziwisz primat de Pologne devant le portait de Jean-Paul II à Cracovie
Par Jean-Philippe Chauvin
Je suis toujours surpris de constater comment certaines informations, pas forcément négligeables, sont littéralement occultées dans notre pays, comme si elles dérangeaient l'ordre bien établi des idées reçues et de l'idéologie dominante. Ainsi, la décision de la Pologne de « supprimer le travail dominical » comme le titre, pour un court article, Le Figaro en pages économie, information qui ne peut laisser indifférent les royalistes sociaux, héritiers d'Albert de Mun, grand défenseur des ouvriers et promoteur infatigable du repos dominical combattu par les républicains libéraux et anticléricaux.
Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que la Pologne se fait remarquer par des décisions législatives qui prennent le contre-pied du libéralisme ambiant en Union européenne : il y a pratiquement un an, le même gouvernement polonais, considéré comme « conservateur » et « eurosceptique », a fait voter par le Parlement la retraite à 65 ans pour les hommes et à 60 ans pour les femmes, revenant sur la précédente réforme des retraites mise en place par l'actuel président du Conseil européen, le libéral Donald Tusk, qui avait reculé l'âge de la retraite à 67 ans en 2012. Si cela ne fait pas des monarchistes sociaux français des partisans des dirigeants polonais, fort peu sensibles à la question écologique et favorables aux formes actuelles d'un « travail détaché » qui permettent une concurrence déloyale en Europe de leurs entreprises, ces récentes mesures sur les retraites et sur la fin du travail dominical nous interpellent favorablement : d'ailleurs, ne faudrait-il pas plutôt évoquer le « repos dominical », formule plus sociale en elle-même qu'un travail du dimanche qui, partout où il est libéralisé, se banalise et se dévalue, financièrement parlant, après quelques années ?
La mesure adoptée par le Parlement polonais et souhaitée par le syndicat Solidarnosc, celui-là même qui a contribué à la fin de la dictature communiste dans les années 1980, n'est pas, pour autant, une mesure extrémiste puisqu'elle se mettra en place progressivement et qu'elle souffrira quelques exceptions légitimes, comme le signale Le Figaro économie du lundi 27 novembre : « A compter du 1er mars, les magasins seront ouverts seulement le premier et le dernier dimanche du mois et, à partir du 1er janvier 2019, le dernier dimanche seulement. En 2020, le commerce dominical sera supprimé sauf pour les stations-service, les gares, les boulangeries, les pâtisseries et la livraison des achats sur Internet. » Sans doute faudrait-il ôter de cette liste le dernier élément qui ne me semble pas non plus indispensable mais l'idée générale est bonne et la décision prise par les députés polonais juste et éminemment sociale, même si elle ne sera sans doute pas immédiatement comprise d'une part de la jeunesse désormais habituée à une « immédiateté consommatrice » peu soucieuse du « partage familial ». Cette mesure s'inscrit néanmoins dans la nécessaire « dé-marchandisation » du temps qu'il me paraît utile de promouvoir, en rupture avec la logique de Benjamin Franklin, celle résumée par la célèbre et maudite formule « Le temps c'est de l'argent ».
En somme, il ne serait pas inutile que les éléments de ce programme polonais puissent s'appliquer, avec toutes les particularités qui nous sont propres en tant que nation, à la France : cela serait juste et rappellerait que l'économie doit, d'abord, être au service des hommes au lieu que d'être le serviteur du seul argent... •
Par Marc Rousset
En 1929, le monde entier avait connu l’abomination du « Black Thursday » (le jeudi noir) à Wall Street, où les actions avaient dévissé de 22 %. Depuis quelques années, après déjà avoir connu l’introduction plutôt ratée, en provenance d’Amérique, des fêtes d’« Halloween », vieille tradition ancestrale indo-européenne, par les grandes surfaces commerciales, afin de faire consommer les Européens avant Noël, ces derniers assistent médusés à la nouvelle tentative d’introduction d’une fête exclusivement commerciale , le « Black Friday » (vendredi noir), toujours en provenance d’Amérique, pour des raisons exclusivement commerciales n’ayant absolument rien à voir avec nos racines culturelles et nos traditions.
Le « Black Friday » a été importé des États-Unis en 2010 par Amazon et Apple, un événement promotionnel qui a lieu aux États-Unis, au lendemain du « Thanksgiving », fête traditionnelle exclusivement américaine pour remercier les Indiens d’Amérique qui ont sauvé les premiers immigrants anglais du Mayflower menacés de famine, avant que les descendants de ces derniers et les nouveaux arrivants, contrairement aux colons de la Nouvelle France, les exterminent en guise de remerciements.
Les commerçants de l’électronique, afin de pousser les consommateurs à anticiper les achats de Noël, se sont engouffrés dans la brèche d’Amazon et d’Apple. Les rabais proposés en France par les enseignes commerciales sont limités (de l’ordre de 20 à 30 %) car, contrairement à la version américaine, la vente à perte est réservée aux seules périodes de soldes officiels.
Les Européens ont une seule fête véritable avant Noël qui s’appelle la Toussaint, pour honorer nos morts, se recueillir dans le silence du souvenir, acheter quelques cierges et des chrysanthèmes, ce qui n’a rien à voir avec tous ces gadgets et déguisements, masques en plastique d’Halloween, tous ces produits gaspillés sur l’autel de la consommation où le supermarché devient notre nouvelle église du dimanche et où la seule religion célébrée est celle de la consommation futile, stupide, crétine, exubérante, bruyante, hédoniste.
Le phénomène « Black Friday » se développe actuellement dans toute l’Europe, le seul peuple qui résiste étant les Espagnols. En France, Emery Jacquillat, le directeur du site Camif.fr, a sauvé l’honneur. IL a fermé son site le vendredi 24 novembre 2017 en guise de protestation et a seulement affiché les raisons pour lesquelles il s’opposait à la crétinerie ambiante.
Camif.fr proteste contre la surconsommation stupide que n’ont jamais vraiment combattue les soixante-huitards et leurs rejetons gauchistes « écolos » uniquement préoccupés par le très discutable réchauffement climatique et l’hostilité stupide au nucléaire. Il nous rappelle qu’un ménage français engloutit, chaque année, trente-quatre tonnes de matières premières, une piscine olympique pour l’eau, quatre terrains de football de terres et émet, à lui seul, quinze tonnes de dioxyde de carbone (CO2).
Que les Ricains se gardent leur « Black Truc Chouète » ! Parlons français, consommons français, restons des Français européens et fêtons en français les seules fêtes bien de chez nous ! Assez de cette colonisation rampante par la langue et par la surconsommation matérialiste stupide qui fait des Européens des « Euro-Ricains » dévirilisés et décérébrés incapables de se défendre ! Boycottons « Halloween » et « Black Friday » ! Protestons par la grève des achats ! •
Économiste
Ancien haut dirigeant d'entreprise
Louis XIV fait porter sa vaisselle d'or et d'argent à la Monnaie pour y être fondue
L'article de Marc Rousset publié hier, Mensonges sur le chômage aux Etats-Unis : vers une crise économique mondiale pire qu’en 1929 - a suscité un commentaire intéressant, fondé sur l'Histoire et le bon-sens. Celui de Richard. On le lira avec intérêt. LFAR
Le commentaire de Richard
Des millions on en fabrique avec la planche à billets ; des euros comme s'il en pleuvait et le but serait de pousser la consommation des ménages - à crédit.
Si ce plan fou fonctionnait, l'inflation serait relancée de manière inouïe, tant pis pour les épargnants qui paieraient la note, on ne les verrait pas faire une manif.
On moque les Allemands et leur souci de la stabilité monétaire mais aucun journaliste ne rappellera que dans les années 20 les Allemands payaient leur pain avec des milliards et la viande avec des billions, sur fond de misère noire ; la suite est connue.
Que dire à ceux qui pensent que les Etats peuvent emprunter larga manu, et ne point rembourser sinon que Louis Quatorze lui même dut faire fondre son argenterie pour rembourser les préteurs. L'Etat républicain vend immeubles prestigieux, aéroports, parts de capitaux etc ... traitement spécial pour les « citoyens » mis à contribution par l'impôt et les taxes pour ceux qui peuvent payer, précarisation pour les petites gens et baisse de qualité des services pour tous. Oui la France est riche et reçoit à Versailles mais c'est une façade .
Bien entendu, pas mieux pour l'Espagne, l'Italie etc ; Pour les Allemands, il faut les voir se serrer la ceinture. Bref c'est l'Europe et les peuples sont conviés à applaudir mais c'est le silence. •
Mensonges sur le chômage aux Etats-Unis : vers une crise économique mondiale pire qu’en 1929
Par Marc Rousset
Le jeudi 24 octobre 1929 (jeudi noir), c’est le krach à Wall Street. Tout le monde veut vendre ses titres et personne n’achète. À midi, l’indice Dow Jones a perdu 22,6 %. La baisse se poursuit pendant trois ans ; les cours chutent de 87 % et les banques font faillite. La production industrielle baisse de moitié de 1929 à 1932 et le taux de chômage passe de 3,1 % à 24 %.
La prochaine crise économique, monétaire et financière qui nous attend sera pire que celle de 1929 ; elle sera apocalyptique et conduira à l’écroulement du Système. Pourquoi ? Parce qu’on nous ment, parce que le taux de chômage réel aux États-Unis est déjà de 20 % et non pas de 4,7 %, parce que le Système public et privé dans le monde entier est déjà bien plus endetté qu’en 1929, parce que l’économie moderne très fragile offre beaucoup de biens et services non indispensables, moins primaires et essentiels qu’en 1929, parce que partout dans le monde libre-échangiste dangereusement interconnecté (Europe, États-Unis, Japon, Chine), on a déjà eu recours à une politique monétaire hyper-laxiste, avant même que le krach boursier ne se soit produit.
Dès le krach boursier, la création monétaire de la Réserve fédérale et de la BCE s’amplifiera et le monde connaîtra une situation hyperinflationniste semblable à celle de l’Allemagne en 1923. L’euro, excellente chose, ne pourra alors malheureusement qu’exploser face au chaos économique et à l’inévitable chacun pour soi national dans des situations aussi graves.
Nous vivons, en fait déjà depuis 2008, une grande dépression larvée et masquée par une bulle folle spéculative sur les actions, l’hyper-endettement, les taux bas d’intérêt, la politique monétaire laxiste, les mensonges des gouvernements et des médias. Le taux de chômage réel des États-Unis est particulièrement élevé dans la réalité ; il remet donc en cause tout le cinéma médiatique anglo-saxon sur la prospérité états-unienne. Ce n’est pas pour rien que Donald Trump a été élu.
Officiellement, les États-Unis comptent 8 millions de chômeurs déclarés, mais en réalité, il convient d’ajouter à ce chiffre 94 millions d’Américains en âge de travailler sans emploi. Si vous êtes désespéré d’être au chômage aux États-Unis et que vous avez cessé de chercher un emploi au cours des quatre dernières semaines, le département du travail ne vous comptera plus comme chômeur.
Si vous effectuez une heure de travail aux États-Unis et que vous êtes payé au moins 20 dollars pour avoir tondu une pelouse, ou si vous avez travaillé dix heures à temps partiel, vous ne serez pas officiellement enregistré comme chômeur.
Aux États-Unis, 251 millions de personnes sont en âge de travailler, mais seulement 157 millions (soit 62 %) travaillent ou cherchent un travail. Dans les 38 % restants, soit 94 millions de personnes, 54 millions ne travaillent pas suite à l’explosion des maladies, du diabète, de la drogue, des invalidités, et 40 millions sont sans emploi, qui tentent de survivre comme elles peuvent, ayant renoncé à chercher un travail. Ce n’est pas un hasard si le nombre de bénéficiaires en paupérisation accélérée des bons alimentaires du programme « SNAP » explose.
Comme en France, le taux de chômage réel aux États-Unis est plutôt de l’ordre de 20 %. Après le krach boursier à venir, le chiffre du chômage ne serait plus de 24 %, comme en 1932 aux États-Unis, mais il pourrait bien alors atteindre le chiffre réel apocalyptique et révolutionnaire de 30 à 40 % ! Macron ne serait manifestement plus l’homme de la situation. •
Économiste
Ancien haut dirigeant d'entreprise
L'on s'étonne et l'on s'inquiète ici et là de la guerre fiscale intra-européenne.
Nous avons entendu il y a quelques jours un chroniqueur du service public s'en lamenter... C'est que l'on part du présupposé idéologique selon lequel les vieux peuples qui composent le continent n'existent plus et les nations sont dépassées ou affaiblies à la ressemblance de leurs gouvernements et de leurs Etats. Mais l'authentique faiblesse de ces dernières institutions, en France comme ailleurs, signifie-t-elle que les peuples eux aussi se sont évanouis dans l'air du temps, européiste ou mondialiste, et que leur fusion est consommée ? L'erreur ici est manifeste. Les peuples anciens peuvent survivre longtemps à la déchéance de leurs Etats et au naufrage d'une grande partie de leurs élites.
L'on se plaint que le Luxembourg, les Pays-Bas ou l'Irlande s'obstinent à être des paradis fiscaux, comme l'est aussi l'Angleterre elle-même - désormais hors de l'UE. Mais si ces pays pratiquent sans complexe le dumping fiscal, si l'on se donne tant de mal aux quatre coins de l'Europe pour offrir aux entreprises les impôts les plus faibles, si l'on joue à qui proposera les taux les plus attractifs, les taxes les plus basses, à qui attirera le plus d'entreprises sur son sol et, le cas échéant, le plus de particuliers ne rechignant pas à l'expatriation, n'est-ce pas simplement que chacun des vingt-sept pays membres de l'Union, continue bel et bien de penser d'abord à ses intérêts en propre ? Et à les défendre bec et ongles ? Comme les pêcheurs français et hollandais se font la guerre du poisson en mer du Nord. Comme les producteurs français de fruits et légumes s'opposent à l'activisme de leurs homologues espagnols qui nous envoient leurs sous-produits ... Comme la Belgique attire les grosses fortunes et le Portugal des retraités plus modestes. Etc. Ainsi selon qu'une entreprise s'installera en Irlande ou en France, elle devra acquitter son impôt sur les sociétés à 12,50% ou à 33%, à moins que ce ne soit 29% en Allemagne... Sans compter les niches fiscales diverses et variées que chaque Etat s'emploie à offrir aux entreprises comme aux particuliers pour les amener à soi au détriment de ses voisins. L'on a cru établir le grand marché européen, garantir la libre-concurrence, susciter la solidarité des peuples de l'Union en supprimant les barrières douanières et en ouvrant les frontières, mais elles se reforment et reviennent par où elles peuvent, et, en l'occurrence, par la fiscalité.
Alors on se résout en haut lieu à constater que la conscience d'un bien commun européen n'existe pas et l'on s'en désole comme si c'était une découverte...
A vrai dire, réduite à des querelles de boutiquiers, et, pis, à l'univers statistique des technocrates en charge de son avenir, il devient de plus en plus clair que jamais sans-doute, dans l'histoire de notre continent il n'y eut aussi peu de conscience européenne qu'aujourd'hui.
On a voulu faire l'Europe en commençant par l'économie. Ce fut l'erreur des pères fondateurs qui étaient démocrates-chrétiens... Et leurs lointains successeurs en sont quittes aujourd'hui pour une assez profonde et générale déconvenue. L'argent n'unit pas. Il divise. •
Photo ci-dessus : Monument à Scy-Chazelles (Moselle) en l'honneur des pères fondateurs avec, de gauche à droite : Alcide De Gasperi, Robert Schuman, Jean Monnet et Konrad Adenauer
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Par
« Tel est le nouveau clivage français : entre les enracinés et les nomades ». C'est la conclusion de cette remarquable tribune [Figarovox, 20.11] où tant d'idées sont nôtres, formulées, diffusées, défendues de longue date par notre école de pensée, depuis les maîtres de la contre-révolution jusqu'à l'Action française en son passé déjà lointain comme en son présent actif. On les retrouvera ou découvrira au fil de la lecture de cet article, écrit à l'occasion du centième congrès des maires de France. Lafautearousseau
Quand 65% des Français se défient des institutions et de leurs responsables politiques nationaux, 67% apprécient leur maire.
Alors que s'ouvre le centième Congrès des maires de France dans un climat de tension rarement atteint entre l'exécutif et les élus locaux, cette réalité en miroir mérite d'être méditée. Le rejet des partis, la dégringolade systématique dans l'opinion de tout président nouvellement élu, le dégoût des citoyens pour le spectacle politique quotidien, d'une part, mais aussi l'attachement des Français à leurs territoires et à la vie qu'ils y mènent (62% d'entre eux vivent et meurent dans leur département de naissance), l'ampleur de l'engagement associatif, les cellules communautaires de toutes natures (de producteurs, de consommateurs, de chômeurs, de parents d'élèves, etc.) qui s'essayent et qui s'ébauchent chaque jour un peu plus notamment grâce au numérique, tout cela dit une seule et même chose : en France, le dernier espace de confiance est local.
Cela s'explique aisément lorsqu'on évalue le bilan du trop fameux « modèle français », qui se réduit dans les faits à une interminable extension du domaine de l'État: un État omnipotent, tentaculaire et dévorateur, qui se regarde comme seul défenseur légitime d'un « intérêt général » de moins en moins évident, qui étouffe, gendarme ou encadre toute expression politique ou sociale qui lui échappe. Ce modèle-là, dont de plus en plus de Français constatent l'inefficacité et le coût abyssal, est naturellement défendu par une classe politique formée pour le maintenir. Ce modèle-là pratique depuis quarante ans une « décentralisation insincère », selon la formule d'un ancien Premier ministre, et impose normes, réglementations et cadre d'action à des collectivités qui n'en peuvent mais - la communauté de communes étant le dernier de ces cauchemars bureaucratiques.
A contrario, tout le monde peut éprouver encore le bon et le noble de la politique chez ces milliers d'élus locaux, « petits » plus souvent que « grands », qui ne comptent pas leurs heures pour le service de concitoyens qu'ils connaissent et qui les connaissent. Qu'on se souvienne des moyens, de l'imagination, de l'art du « bout de ficelle » que les communes ont souvent dû déployer, avec leur tissu associatif, pour appliquer la réforme des rythmes scolaires de 2013, tombée d'en-haut, sans vision, sans concertation, sans nul souci des conditions singulières de chaque territoire. Cela, c'est la politique dans « le monde de la vie », une politique à hauteur d'hommes.
Il ne s'agit nullement ici de la défense corporatiste des élus locaux. Ils ont leurs associations et leurs représentants. Il y a bien sûr à l'échelon local des gabegies scandaleuses, des échecs retentissants, des tyranneaux ridicules. Mais face à une sphère publico-institutionnelle qui gêne plus qu'elle ne porte le maire comme l'agriculteur, l'électricien, le directeur de maison de retraite ou le médecin de campagne, face à un État qui se refuse à se réformer sérieusement, aujourd'hui guère plus qu'hier, les ressources et les solutions sont à chercher dans l'action concrète et modeste du cercle de confiance qu'est la commune et grâce aux délibérations de la démocratie du face-à-face.
« Que l'autorité se borne à être juste, nous nous chargerons d'être heureux », écrivait Benjamin Constant. Que l'État se borne à accomplir les missions pour lesquelles il est irremplaçable, à commencer par ses missions régaliennes, les acteurs de terrain - non seulement les communes mais les associations, les entreprises, les familles, etc. - se chargeront de répondre à leurs besoins. Éducation, culture, aide sociale, logement, formation, développement économique, environnement et même intégration des immigrés ou sécurité : les champs sont nombreux où davantage d'autonomie, de liberté et de responsabilité pourront produire les effets bénéfiques que plus personne n'attend de la énième réforme d'un ministre qu'on n'écoute pas. Ces effets seront obtenus, au surplus, en développant et en renforçant un lien social, local, spontané, dont l'affaiblissement, voire la disparition, se fait déjà si péniblement sentir dans les territoires ruraux, les communes petites et moyennes et les villes des périphéries de ces monstres froids et inutiles que sont les métropoles. Car la solitude et l'isolement sont parmi les faits sociaux les plus prégnants en même temps que les plus tus de l'époque.
Cette politique à hauteur d'hommes, cette démocratie du face-à-face, ces projets réussis parce que conçus au plus près du réel sont par nature enracinés. Les racines sont non seulement la mémoire vive de ce qui fut mais aussi ce qui attache et ce qui tient bon. Certains rêvent de s'en affranchir et d'en affranchir les Français: la mondialisation, le nomadisme, la technologisation des êtres et des choses sont leur nouvelle frontière. Les mêmes, jusqu'au plus haut sommet de l'État, conduisent aujourd'hui une politique platement jacobine, comptable et brutale à l'égard des territoires. Dans le débat sur l'inquiétude identitaire et l'« insécurité culturelle » qui sert de vaste toile de fond à la vie politique de notre pays, le combat pour les communes, et plus largement pour les libertés concrètes et enracinées, est celui de demain. Car tel est le nouveau clivage français : entre les enracinés et les nomades. •
Jean-Thomas Lesueur est délégué général de l'Institut Thomas More.
Par Marc Rousset
Les ratios financiers d’un trop grand nombre de banques moyennes italiennes sont préoccupants. Le gouvernement italien doit 432 milliards de fonds « Target 2 » à la BCE. La dette publique représente 132 % du PIB italien. La Lombardie et la Vénétie demandent une plus grande autonomie financière et l’instabilité politique approche en Italie avec le succès du Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo.
La plus ancienne banque du monde, la banque Monte dei Paschi di Siena, n’est toujours pas sortie d’affaire et vit peut-être ses derniers jours alors que le gouvernement italien a déjà injecté 3,85 milliards d’euros pour la maintenir en vie et a engagé 1,5 milliard supplémentaire pour protéger l’un des porteurs de dette junior de la banque. Et tout cela dans le contexte d’un plan de sauvetage de la banque avec le licenciement de 5.500 personnes, la fermeture de 600 agences d’ici 2021, le transfert d’actifs non stratégiques et de prêts non performants hors de la banque toscane pour la modique somme de 28,6 milliards d’euros.
L’Association des banques italiennes confirme que les banques recapitalisées à hauteur de 60 milliards d’euros ces dernières années peinent à renforcer leurs fonds propres. Toutes les raisons ci-dessus mentionnées et le sauvetage des deux plus grandes banques de Vénétie, Banca Popolare di Vicenza et Veneto Banca, font craindre la disparition, au minimum, d’une dizaine d’établissements dans la tourmente italienne, l’État italien accordant parfois des prêts garantis mais ne voulant surtout pas entrer au capital beaucoup trop risqué des banques.
Il n’y a pas que les entreprises et les investisseurs qui perdent confiance dans le système bancaire italien. C’est également le cas des particuliers. Seulement 16 % des Italiens font confiance à leur banque, selon un sondage réalisé par le groupe SWG de Trieste.
Fin octobre 2017, le gouvernement italien, suite à la très généreuse politique de rachat de titres par la BCE, a été encore capable d’émettre 2,5 milliards d’obligations sur dix ans au taux miraculeux de 1,86 %, mais quel taux l’Italie devra-t-elle bientôt accepter à partir de 2018, en raison de l’atteinte des quotas maxima italiens dans les livres de la BCE et du changement de politique de l’institution francfortoise ?
Quant à l’Union bancaire de l’Union européenne, on en parle beaucoup, mais elle n’est pas du tout achevée et n’a pas les moyens financiers suffisants pour assurer un véritable filet de sécurité en cas de crise grave dans un pays important. Le PIB de l’Italie (1.850 milliards d’euros) n’est pas très éloigné de celui de la France et représente neuf fois celui de la Grèce (194 milliards d’euros).
Sur le plan politique, la situation risque de devenir rapidement très instable. Le Partito Democratico de Matteo Renzi, avec seulement 24 % des voix, est en train de s’écrouler face à la montée des partis populistes, nationalistes, souverainistes, antilibéraux de gauche. Le Mouvement 5 étoiles, de Beppe Grillo, dépasse le PD de 5 % des voix avec un score probable de 29 % et exige un référendum sur l’appartenance à l’euro si l’Allemagne refuse la mutualisation des dettes. Forza Italia, de Silvio Berlusconi, et la Ligue du Nord de Matteo Salvini, soit ensemble 15 % des votes, estiment que l’euro est surévalué pour l’économie italienne et demandent l’instauration de l’euro monnaie commune qui permettrait la dévaluation de la monnaie nationale, en lieu et place de l’euro monnaie unique. Ces trois blocs politiques au Parlement italien seront incapables de constituer une majorité stable, encore moins que la coalition Jamaïque de madame Merkel, qui a du plomb dans l’aile.
Il apparaît que le système financier et la zone euro godillent dans le monde avec de très fragiles esquifs entre de trop nombreux récifs. Il serait surprenant qu’une voie d’eau n’apparaisse pas un jour quelque part pour l’un d’entre eux. Malheureusement, toutes ces fragiles embarcations sont interconnectées. En 1929, la faillite du Kreditanstalt à Vienne donna le signal d’un écroulement bancaire en chaîne dans le monde. En 2018 ou dans un très proche avenir, suite aux premiers effets du ralentissement de l’assouplissement quantitatif de la BCE, le signal de déclenchement d’un krach bancaire et financier mondial pourrait bien être donné par une banque italienne. •
Économiste
Ancien haut dirigeant d'entreprise
Par Marc Rousset
Le Dow Jones a atteint le chiffre stratosphérique de 23.539 points vendredi dernier (3.11), tandis que le CAC 40 continuait sa remontée jusqu’à 5.517 et que le Bitcoin, autre indice de la folie spéculative en cours, se dirige allègrement vers les 10.000 dollars. Plus dure et plus violente sera, cette fois, la chute de Wall Street après les corrections de 46 % en 1973, 41 % en 1987, 39 % en 2002, 54 % en 2008 !
Entre 1921 et 1969, soit pendant 48 années, le Dow Jones a été multiplié par 9, s’élevant de 80 à 720. S’il avait continué au même rythme tendanciel de long terme, il devrait donc être aujourd’hui, en 2017, de l’ordre de 6.300. Il se trouve qu’il est aujourd’hui à 23.539, soit à un niveau quatre fois plus élevé. Pourquoi ?
Parce que Nixon, en 1971, en abandonnant l’étalon-or et la convertibilité du dollar en or, a fait place nette à l’impérialisme non justifié du dollar, au laxisme monétaire de la Fed et au crédit illimité. De 1969 à 2017, la dette globale des États-Unis (publique + particuliers + entreprises + institutions financières) a été multipliée par 47, passant de 1.500 milliards de dollars à 70.000 milliards de dollars.
Pendant la même période, le PIB américain, lui, n’a été multiplié que par 19 au lieu de 47. Cela signifie qu’il faut 2,5 dollars de dettes aux États-Unis pour générer un dollar de PIB supplémentaire. Plus grave encore, le PIB états-unien a même baissé de 8 % depuis 2006 en termes réels, selon les chiffres calculés et ajustés par l’inflation de la société Shadowstats, même si les chiffres officiels indiquent une augmentation nominale trompeuse du PIB de 16 %.
Les dettes énormes et la création monétaire laxiste par la Fed n’arrivent donc plus à s’investir suffisamment dans l’économie productive réelle ; elles se tournent vers la spéculation, l’économie financière, les bulles et les mystérieux 2,5 millions de milliards de dollars des produits dérivés des banques.
L’or, lui, paradoxalement, ne réagit pas car il est manipulé par la Fed et les banques occidentales qui font baisser les cours par des prêts d’or des banques centrales tout en intervenant sur les marchés papiers de l’or à terme ; les banques commerciales seraient bien incapables de fournir l’or physique des contrats à terme en cas de nécessité si tous les acheteurs demandaient livraison physique de l’or acheté.
Le krach boursier à Wall Street est d’autant plus probable que la chute peut provenir également d’un écroulement soudain de la monnaie dollar. L’Iran demande à la Russie de Poutine d’éliminer le dollar pour les transactions en pétrole. La Chine continue son travail de sape dans le même sens par ses pressions sur l’Arabie saoudite et les pays producteurs pour accepter des cotations en yuan, par ses contrats nouveaux de pétrole en yuan-or, et en renforçant le rôle mondial de Shanghai, en collaboration avec Hong Kong, sur le marché de l’or où les livraisons doivent se faire en or physique.
Si le ratio Dow Jones/cours de l’once d’or – qui était de 1 en 1980, pour passer à 42 en 1999, pour redescendre ensuite à 6 en 2012, pour remonter aujourd’hui à 20, en raison de la bulle boursière sur les actions et de la réévaluation toujours insuffisante du prix de l’or – devait passer en dessous de 0,5, Wall Street connaîtrait cette fois-ci un krach qui correspondrait à l’écroulement complet des Bourses mondiales, du système bancaire et du système financier actuel. •
Économiste
Ancien haut dirigeant d'entreprise