C'est donc un Amazone, un Himalaya d'éloges ("ad nauseam"...) qui nous est infligé et nous submerge depuis la mort de Robert Badinter, essentiellement au motif qu'il a porté la loi sur l'abolition de la peine de mort...
Trois remarques, pour démarquer les anti-conformistes et révolutionnaires que nous sommes de cet idyllique tableau, évidemment à sens unique :
1. Nous l'avons déjà dit ici-même : la peine de mort n'a jamais été abolie en France, et il y a gros à parier qu'elle ne le sera jamais. C'est uniquement la Société qui s'est privée d'une arme pour lutter contre la criminalité, et c'est une décision "à sens unique" : les criminels, eux, se sont bien gardés d'abolir cette peine de mort ! Ils la prononcent et l'appliquent au contraire par dizaines et par centaines de fois chaque année : en 2023, rien que pour Marseille et les Bouches-du-Rhône, ils l'ont appliquée, immédiatement et parfois avec la plus extrême cruauté, 49 fois ! Les trémolos des journaleux et des intervenants, tous dans la surenchère, à chaque fois, par rapport au précédent, se situent donc quelque part entre "le grand n'importe quoi" et la schizophrénie : à eux de choisir et de se situer, mais on serait heureux qu'ils nous épargnent leurs larmes de crocodiles...
2. Il est indécent, et c'est une insanité, d'entendre (là aussi, "ad nauseam"...) les bandes sonores où Badinter explique l'horreur de la guillotine : un corps vivant coupé en deux. Mais qu'a fait l'immonde révolution avec Louis XVI, l'homme animé des meilleures intentions dans "son Europe de carnassiers" (le mot est de Jacques Bainville) ? Et avec Marie-Antoinette, arrachée à ses enfants par une bande se soudards ayant perdu depuis longtemps toute humanité ? Et les terroriste révolutionnaires avec leur Génocide vendéen, où la guillotine fut absente, certes, mais où l'on commença par fusiller et canonner à tout va, puis, lorsque les balles et obus manquèrent, car on assassinait, trop, se contentèrent de noyer, dans les puits ou dans la Loire ? Un Système fondé sur "les principes de 1789" (comme le dit le Préambule - à supprimer et remplacer - de la Constitution) devrait avoir un peu plus de décence : pleurez Badinter, si cela vous paraît la chose à faire, mais commencez donc par balayer devant votre porte ! Là-aussi, les tenants du Système sont quelque part entre "le grand n'importe quoi" et la schizophrénie...
3. Enfin, et là on sombre dans le "hors sol" complet, on est dans une autre galaxie, on est où on veut mais certainement pas, certainement plus, "sur terre" : Badinter voulait étendre l'interdiction de la peine de mort au monde entier ? Mais, allez donc dire cela aux mollahs barbus sous la dictature desquels gémit la grande, l'immense Perse où l'on pend les homosexuels, livrés en spectacle aux passants, mais qui n'ont pas de François Villon ou de Michel Berger "pour chanter pour ceux...". Allez donc dire cela aux Houthis du Yémen : France 2 nous a montré avant-hier un reportage horrible d'une pendaison de masse d'homosexuels, spectacle en plein air pour une foule dont on se demande bien ce qu'elle a dans la tête, à l'instar de ses "dirigeants" (?). Et l'on s'arrêtera là, car la liste serait trop longue... Au fait, pour finir sur un trait d'humour, malgré tout, ce petit conseil aux thuriféraires trop zélés : attention à... l'islamophobie !
P.S. : le lecteur appréciera, nous l'espérons, que - par pure charité chrétienne - nous n'ayons pas trop insisté sur le paradoxe et la tartufferie de ces gens qui se proclament "démocrates" (= pouvoir donné à "la majorité") tout en sachant pertinemment qu'ils s'asseyent sur la démocratie, puisque la majorité des Français est favorable à la peine de mort...