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Révolution - Terrorisme - Totalitarisme - Page 229

  • Politique & Société • « Nous n’avons pas les mêmes valeurs »

    ... OU LA MORT [Le terme qui manque]

     

    Décodage d’une actualité en demi-teinte ou en plein délire, qui navigue entre deux eaux ou patauge dans le deux poids, deux mesures : dans son style et derrière son humour, André Bercoff assène des  vérités de bon sens devenues rares ... « Appui nécessaire à l'hebdomadaire » [Charlie] ? Non. Là nous ne suivrons pas André Bercoff. Par exception. Croit-il aux valeurs de la République ? Nous, pas du tout. Lui, peut-être. En tout cas, il ne doit pas être un fervent des valeurs que répand la doxa dominante ...  LFAR

    andre_bercoff.jpgOn le sait depuis toujours : la liberté ne s’use que si l’on ne s’en sert pas

    L’on ne peut dire, sur le point de la liberté, qu’en France, depuis quelque temps, nous ayons été particulièrement gâtés : à droite comme à gauche, au gouvernement comme dans l’opposition, dans l’establishment comme dans les corporations, toute critique est considérée, mutatis mutandis, au mieux, comme une atteinte au moral de la nation, au pire, comme une diffamation et donc une incitation aux poursuites judiciaires tout-terrain. Certes, par rapport à une bonne moitié du monde, nous ne figurons pas dans le peloton de queue ; mais le triomphe, dans un certain nombre de médias, du politiquement correct, l’omerta sur les opinions qui déplaisent et les sanglots longs des violons des associations diverses et variées, toujours promptes à faire un procès aux têtes qui dépassent, n’ont rien arrangé, bien au contraire. Le cas de Charlie Hebdo est différent : là, le 7 janvier 2015, il y a eu massacre à la tronçonneuse pour des motifs précis, assumés et proclamés. D’où un appui nécessaire à l’hebdomadaire, mais une stupéfaction non moins intense devant la une du journal représentant un dieu barbu et armé, surmonté d’une drôle de couronne, qui serait le criminel toujours en fuite. Alors que la motivation et l’idéologie des tueurs sont connues et répertoriées. D’où vient, dès lors, l’étrange tentation de se trouver, une fois de plus, devant un amalgame à front renversé ?

    L’histoire la plus représentative de l’étonnante confusion des esprits qui règne en ce moment dans le royaume a été fournie par ce qui s’est passé à Valence

    Donc, un jeune homme précipite sa voiture sur des militaires en faction devant une mosquée, dans l’intention évidente — et plus tard avouée — de les occire. Et c’est là que la fabrique d’excuses commence à fonctionner à plein rendement : le procureur qui déclare que rien ne prouve qu’il s’agit d’un islamiste et que la présence de vidéos de Dae’ch sur son ordinateur ne signifie rien ; la journaliste d’une chaîne de télévision qui explique que sa motivation vient du fait qu’il était au chômage depuis des mois, voire des années. Mais la palme revient sans conteste au JDD, qui retransmet l’information selon la quelle l’agresseur ne trouvait pas de place pour se garer… Effectivement, il y a de quoi avoir des envies de meurtre. Depuis, l’individu a été mis en examen pour tentative d’homicide volontaire et tout aura été fait pour que l’épisode reste dans le domaine du droit commun. Voilà pourquoi, près de quatre siècles après Molière, votre fille reste muette et la vérité également.

    Décidément, il importe de faire entrer au plus vite la Turquie dans l’Union européenne

    Nous n’en voulons pour preuve que l’infinie sagesse du président Erdogan qui, pour expliquer sa volonté de réviser la Constitution afin de faire de son pays un État fort, a cité en exemple l’Allemagne de Hitler. Voilà une direction originale, à laquelle nos politiques n’ont pas encore pensé. Il est toujours temps de corriger le tir.

    Si Michel Delpech n’était pas toute la France…

    On aimerait tout de même bien que, dans l’ADN de ce pays, il demeure encore un peu, beaucoup, énormément de Laurette. Et de tout-terrain. Et de fêtes. Et de Loir-et-Cher. 

    André Bercoff [Valeurs actuelles]

  • Paris : un homme abattu devant un commissariat du 18e ? Chronique du terrorisme ordinaire ...

    Le quartier où l'attaque s'est produite a été bouclé de longues heures par les forces de l'ordre - Crédit Reuters
     
    On connaît les circonstances. Un homme a été abattu hier jeudi devant un commissariat du 18e arrondissement de Paris. L'individu abattu aurait crié « Allah Akbar » en tentant d'agresser un policier à l'accueil. Il avait un gilet d'explosif factice. Une image d'un drapeau de l'Etat islamique a été retrouvé sur lui. Selon le parquet, l'agresseur présumé était « porteur d'une arme blanche de type feuille de boucher et d'un dispositif explosif fictif ». Le papier retrouvé sur l'assaillant évoque « des actes pour venger les morts en Syrie ». Un téléphone a été retrouvé près du corps de l'assaillant. Il contenait des messages en allemand et en arabe.

    C'est dans ce dernier détail que réside peut-être une explication à la réaction singulière de Donald Trump, mettant l'Allemagne en cause.  « Un homme abattu dans un commissariat parisien. J'avais annoncé que la menace terroriste était à son niveau le plus élevé. L'Allemagne est un bordel criminogène » a affirmé sur Twitter le candidat républicain à la présidence des Etats-Unis ...

    L'Allemagne est-elle la seule dans ce cas ? On peut en douter. Et la question est de savoir si les systèmes politiques et sociétaux dont se sont dotés les pays dits occidentaux tiendront longtemps le choc face à une longue période de guerre intérieure et extérieure de plus en plus intenses. L'on peut aussi en douter. Et comme nécessité fait loi, comme l'urgence appelle des solutions et des moyens adaptés à l'extension du domaine de la lutte, à la montée de sa radicalité, de sa violence, il n'est pas impossible que le système politico-médiatique actuel ne dispose plus que d'une espérance de vie limitée. S'il devait être balayé, il ne devrait guère y avoir que le monde clos de ceux qui en vivent pour le pleurer.  Lafautearousseau  

     

  • Terrorisme & Société • Attentats évités ? Le pire est à venir

     

    Une réflexion de Dominique Jamet

    Face aux menaces grandissantes, aux coups reçus, aux carnages subis, à la certitude de leur renouvellement, à la perspective de longues années de crainte où l'insouciance ne sera plus de mise, un peuple se soumet ou se ressaisit. Qu'en sera-t-il du peuple français ? Son Histoire plaide pour le sursaut. Mais se répétera-t-elle ? Le peuple français sera-t-il seulement capable de résistance et de réaction en l'état actuel de décomposition structurelle et mentale de la société civile ? N'est-il pas, d'autre part, trahi par ses élites, stérilisé par son système politique ? La France pourra-t-elle s'en sortir sans transformations radicales, sociétales, politiques et institutionnelles ? Telle est la troisième série de réflexions à laquelle nous conduisent celles, au nombre de deux, que développe ici Dominique Jamet avec son habituelle lucidité.   LFAR 

     

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    « Fusillade sur la Grand-Place de Bruxelles : cinq policiers et trois passants innocents tués »… « Carnage à Munich : trente-cinq morts dans les attentats-suicides de la gare principale »… « La bombe du tueur fou de New York fait vingt-trois victimes sur Time Square »… « Ankara : le massacre de la Saint-Sylvestre »… « Djakarta : le terrible bilan de la prise d’otages »…

    Autant de gros titres, autant d’éditions spéciales du journal télévisé, autant de faits divers sanglants, autant de nouveaux drames, autant de nouveaux deuils auxquels, s’il faut en croire les informations diffusées par les autorités des différents pays concernés, nous avons échappé de plus ou moins près, à la veille du Nouvel An, grâce aux précautions policières ou aux arrestations préventive qui ont fait échouer les plans des fanatiques. Partie remise ?

    Les attentats déjoués, les attentats évités – de justesse ou non – ne laissent pas plus de souvenirs dans les esprits que de traces de sang sur les trottoirs de nos villes, et c’est fort bien ainsi. Mais les alertes de cette fin d’année 2015 incitent à deux types de réflexion.

    On a abondamment et peut-être même surabondamment daubé les insuffisances et les ratages des services de renseignement occidentaux, et notamment français ou belges lorsqu’il est apparu que la quasi-totalité des auteurs des pires attaques perpétrées ces dernières années, de Khaled Kelkal aux frères Kouachi en passant par Mohammed Merah, Coulibaly, Abaaoud, Mehdi Nemmouche, étaient dûment repérés, signalés, fichés comme radicalisés, dangereux. Ces critiques étaient compréhensibles et probablement inévitables, après coup. On n’a pas toujours pris en compte le cloisonnement et le manque de moyens des services concernés, le manque de volonté et de directives au sommet des États, et les deux difficultés majeures que constituent d’une part la disproportion entre les effectifs disponibles pour la surveillance des suspects et le nombre de ceux-ci, d’autre part l’incompatibilité entre les contraintes propres aux régimes démocratiques et la mise hors d’état de nuire des criminels potentiels avant qu’ils ne soient passés aux actes. Autant de raisons qui appellent et justifient le renforcement des moyens humains et matériels des forces de l’ordre et l’adoption de mesures d’exception liées à des circonstances exceptionnelles. La moindre impartialité nous commande de prendre également en compte, dans la mesure du possible, les succès discrètement enregistrés par la police et la neutralisation d’un certain nombre d’assassins en fait ou en devenir, la partie immergée de l’iceberg.

    Deuxième réflexion : en difficulté, voire en recul sur le terrain, Daech redouble de nocivité et cherche à compenser ses échecs militaires par des attentats aussi spectaculaires que possible. Le groupe État islamique a donné clairement mission à ses adeptes, peu visibles et parfois même fondus dans la masse de la population, de frapper aussi fort et aussi souvent qu’ils le peuvent. Les serpents et les fauves ne sont jamais aussi dangereux que lorsque, blessés, acculés, ils se sentent perdus. Ce qui pourrait passer pour une démonstration de force n’est parfois que le sursaut du désespoir. Ne nous faisons pas d’illusions pour autant. Nous sommes encore loin de l’hallali. Le pire est encore à venir et il en sera ainsi, pour reprendre la citation bien connue où Brecht visait une autre malfaisance, tant que sera fécond le ventre d’où a surgi la bête immonde.  •

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      Journaliste et écrivain - Boulevard Voltaire
  • Que faire face à l’État islamique ?

     

    par Georges-Henri Soutou

    Les attentats du 13 novembre ont ouvert les yeux de ceux qui refusaient encore de le voir : la France est engagée dans une guerre, à la fois intérieure et extérieure, contre l’État islamique. Reste une question : que faire ?

    Les attentats du 13 novembre à Paris l’ont démontré : la France est désormais totalement impliquée dans la crise géopolitique provoquée par l’État islamique (EI). Plus encore, du fait de la présence d’une considérable population d’origine musulmane sur notre territoire, la paix civile et les structures mêmes de notre pays sont directement visées par cette forme nouvelle de terrorisme international.

    L’EI n’est sans doute qu’un proto-état, mais il administre un territoire. Et il contrôle des terroristes à l’extérieur de ses frontières : comme l’affirme un rapport émanant des services du procureur général de la Confédération helvétique, récemment publié dans la presse suisse, certains des auteurs des attaques contre Paris venaient de Syrie. Ses moyens financiers, considérables, lui viennent du racket local, de la vente du pétrole, du trafic d’œuvres d’art. Son stock d’armes, d’origine irakienne, n’a rien à envier à celui des états voisins et le risque serait qu’il puisse un jour se doter d’armes chimiques. Le but de l’EI est d’établir un « califat », d’abord sur le Moyen-Orient puis élargi à l’ensemble des pays musulmans.

    Certes, ses troupes ont subi récemment des revers sur le terrain, face aux forces kurdes et irakiennes en particulier. Mais il poursuit de toute évidence une double stratégie. Une stratégie offensive d’expansion territoriale, qui s’exerce actuellement en direction de la Libye et qui, à terme, vise l’Arabie saoudite, fragile et à la position ambiguë. Et une stratégie défensive, destinée à empêcher toute intervention extérieure sur son territoire. Cette dernière s’est d’abord traduite par une guerre « asymétrique », à l’origine de l’État islamique, menée par d’anciens militaires irakiens sunnites entrés en révolte après l’occupation américaine et britannique. Guerre victorieuse puisqu’elle a largement réussi à faire échouer les projets de Washington en Irak, la quasi-totalité des troupes américaines quittant le pays avant sa stabilisation politique.

    Un terrorisme multiforme

    Le terrorisme international est ensuite devenu l’autre forme de cette guerre « asymétrique ». L’attentat à la gare d’Atocha (190 morts), à Madrid, en 2004, a précipité la défaite électorale du conservateur Aznar… et le retrait des troupes espagnoles d’Irak. Quant aux attentats du 13 novembre à Paris, ils ont isolé la France au sein d’une Union européenne où beaucoup pensent que Paris aurait été mieux inspiré de ne pas aller bombarder les positions de l’EI. C’est précisément l’objectif recherché : faire pression sur Paris pour qu’il renonce à intervenir. à cela s’ajoute le fait que l’EI ne peut que tirer profit d’une sidération de l’Europe face à la crise des migrants et à la radicalisation de certains jeunes musulmans européens qui vont grossir les bataillons de Daech.
    Ce terrorisme est donc multiforme : autochtone, il puise ses forces vives dans nos banlieues ; international, il pratique avec Daech un terrorisme d’« État flou » qui consiste à isoler les dirigeants des pays visés en terrorisant leurs opinions publiques, à dialectiser les différentes composantes de l’adversaire et à provoquer, par le cycle attentats-répression, des réactions de solidarité de certaines populations avec les terroristes.

    Que faire ?

    Face à l’État islamique, deux priorités doivent guider l’action de la France : la sécurité chez nous et la stabilisation du Proche-Orient, mais aussi de l’Afrique du Nord et du Sahel. Car c’est bien l’immense monde sunnite qui est en jeu et qu’il faut considérer dans son ensemble. La situation s’est tellement aggravée que l’attitude d’abstention prônée par certain – qui était sans doute la bonne en Irak en 2003 et l’eût été sans aucun doute en Libye en 2011 –, n’est plus suffisante face à l’EI.

    Il s’agit donc de concentrer ses forces et de diviser celles des adversaires. Du point de vue français, l’urgence est à la recherche d’alliés. Force est de constater qu’actuellement nos intérêts stratégiques convergent avec ceux de la Russie et de l’égypte mais sont opposés à ceux de l’Arabie saoudite et de la Turquie et différents de ceux des États-Unis qui considèrent toujours que leurs adversaires principaux dans la région sont les Russes et les Iraniens.

    Au Sahel, la France ne peut pas faire l’impasse sur une coopération avec l’Algérie, même si les relations sont complexes. Le danger serait de refaire l’erreur de la guerre froide en subsumant tout sous le conflit contre l’EI. Il y a des oppositions locales à exploiter, entre sunnites, ou à propos des Kurdes. La situation doit s’apprécier de façon rigoureusement objective.

    Action extérieure et action intérieure

    La nouveauté du conflit implique une coordination précise entre action extérieure et action intérieure. à l’extérieur, il faut se concentrer sur l’adversaire principal – qui n’est pas Assad ! – et diviser les autres. Premièrement : viser les ressources vulnérables de l’État islamique (transports de pétrole, trafics d’œuvres d’art, flux financiers internationaux). Deuxièmement : s’appuyer sur les éléments chiites de la région pour le refouler sur le terrain car les Kurdes refuseront d’intervenir au-delà des limites de leur territoire. De plus, ces derniers compliquent encore les relations de l’Occident avec la Turquie, puissance sunnite et de plus en plus « ottomane ».

    A l’intérieur, une politique antiterroriste, dure mais chirurgicale, s’impose : elle doit éviter de solidariser les musulmans avec les extrémistes tout en intégrant les deux directions stratégiques, intérieure et extérieure. Dans l’immédiat, Paris peut agir sur des problèmes particuliers : cesser l’opposition systématique à Assad (discrètement, nous avons déjà commencé) ou réexaminer la question touarégue qui préexiste au problème islamiste au Mali.

    Une politique d’équilibre

    A plus long terme, quelle pourrait être l’évolution de la situation ? On sait la volonté des Etats-Unis et de leurs alliés, en particulier l’Arabie saoudite, de créer un grand ensemble sunnite. En face, l’Iran, allié à la Russie, l’Irak et des groupes chiites comme le Hezbollah libanais, entendent constituer un ensemble chiite, géographiquement d’ailleurs beaucoup moins étendu que celui de leurs rivaux. En effet, les ambitions iraniennes sont régionales alors que le sunnisme s’étend de l’Atlantique à l’Asie centrale.

    Viser à l’équilibre entre ces deux grands groupes est l’intérêt de la France, même si, comme c’est probable, les frontières héritées de la Première Guerre mondiale et de la fin de l’Empire ottoman ne survivent pas à la crise actuelle. En outre, avec l’aide de la Russie et de l’Égypte, le deuxième volet de cette stratégie différenciée viserait à permettre aux minorités religieuses – notamment chrétiennes, druzes, alaouites – de se maintenir le long de la Méditerranée, à portée d’intervention aéronavale, dans des états, comme le Liban ou la Syrie, encouragés à leur faire un sort correct. Quant aux États-Unis, ils continueront à garantir en dernier recours la sécurité d’Israël. Mais tant que Jérusalem n’aura pas accepté une solution étatique à la question palestinienne, toute tentative de reconstruction et de stabilisation du Moyen-Orient échouera tôt ou tard.

    En ce qui concerne la menace déjà actuelle sur la Libye, qui grandit de jour en jour, la solution pour notre pays est la même qu’au Sahel : coopérer avec l’Égypte et les pays d’Afrique du Nord dont les dirigeants sont directement concernés par la menace islamiste. Le chemin sera long et difficile. Il implique de plus de revoir notre organisation de défense et de sécurité. En admettant enfin la notion si discutée d’un continuum sécurité-défense. 

    de l'Institut. Historien

  • Chauprade : Ankara, soutien sans faille au terrorisme islamiste

     

    Après le tir turc contre un avion russe abattu sur le sol syrien, Aymeric Chauprade, député français au Parlement européen, a publié le communiqué qu'on va lire. La position qu'il adopte nous semble parfaitement justifiée. Elle se situe d'ailleurs sur la même ligne que l'analyse de Frédéric Pons (Valeurs actuelles), dans la vidéo que reprend notre prochaine note. « Nous ne ferons pas la guerre à la Turquie », a-t-on assuré à Moscou, où l'on est nettement plus raisonnable qu'on le dit. Mais il nous semble évident que la Turquie est un sérieux obstacle à la lutte contre Daech. Il est une autre évidence qui ne date pas d'hier et qu'il est à peine utile de rappeler : c'est que la Turquie n'a pas sa place en Europe. LFAR    

     

    aymeric_chauprade.jpgEn abattant un Su-24 russe volant en Syrie à la frontière avec la Turquie, Ankara a clairement montré son soutien sans faille au terrorisme islamiste de Daech comme d’Al-Nosra.

    Déjà obsédé par le danger irrédentiste kurde, le Président Erdogan n’a eu de cesse d’aider l’Etat islamique à liquider la résistance des Pershmergas, en fermant sa frontière aux blessés, en acceptant la vente du pétrole de l’État islamique sur son territoire, en servant de plaque tournante au recrutement des combattants étrangers venus s’enrôler sous la bannière de Daech et en distribuant aux financiers de Daech l’argent collecté dans le monde entier.

    Le MIT, le service de renseignement turc, joue également au même jeu dangereux avec l’Etat islamique que l’ISIS pakistanaise joue avec les talibans.

    Cette politique turque à tous les niveaux – politique, militaire, financière et logistique – n’est pas nouvelle ni même étonnante : MM. Erdogan et Davutoglu sont le reflet de l’idéologie des Frères musulmans.

    Jouant le pire en Syrie et en Irak, la Turquie pratique également ce jeu trouble en Libye armant les factions islamistes ralliées à l’Etat islamique. Islamiste, soutien actif du terrorisme islamiste, mauvais allié de l’OTAN et éternel plaignant contre l’Europe, pratiquant le chantage à tous les niveaux, sur tous les sujets et systématiquement, la Turquie n’a décidemment rien à faire dans l’Union européenne ; sa politique doit être activement combattue. 

    Le blog d’Aymeric Chauprade

     

  • Une sage & juste maxime à l'usage des gouvernants ...

     

    Grande conférence de presse annuelle [20.11.2015]

  • Ce lundi d'après...

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

     

    arton8470-7b8cd.jpgLe deuil n’est pas fini, et il en est pour qui il ne finira pas, touchés dans leur chair ou dans leur cœur. Mais, déjà, la vie reprend ses droits, comme une manière de dire aux djihadistes « Vous ne nous aurez pas ! », et de proclamer, crânement, « Mort, où est ta victoire ? ». Pour autant, la mémoire vive de notre nation s’est exprimée ce midi, dans la dignité et le recueillement, en cette minute d’un silence qui n’est pas celui de la peur mais, au contraire, celui de la gravité et de la ferveur. 

    Ainsi, devant la chapelle du lycée Hoche, un millier d’élèves, de professeurs, de membres de l’administration et des personnels techniques, ont écouté les brefs discours d’hommage et d’espérance de M. le Proviseur et d’une jeune fille de Terminale : étrangement, ils faisaient écho, moins d’une semaine après, à ceux de la commémoration de l’Armistice, en ces mêmes lieux. Il y était question de patrie, de valeurs de notre pays, de refus de la haine toujours mauvaise conseillère, d’ouverture de cœur et d’accueil, de cette grande famille qu’est la France. Des mots simples, des mots forts, des mots de résistance aux vents mauvais qui balaient le monde et ont dévasté des terrasses de café, une salle de spectacle ou les abords d’un stade de balle-au-pied… « Jeunesse, lève-toi », a clamé cette élève avec l’élan généreux et vigoureux de son âge bienheureux.

    Oui, les jeunes générations, dont tant de visages se sont ensanglantés et parfois éteints en ce vendredi noir, n’ont pas envie de se laisser faire : la secousse terrible de l’autre soir a détruit des vies et pas mal d’illusions, mais a aussi réveillé des ardeurs nouvelles, dont il serait coupable pour les générations plus anciennes de ne pas tenir compte ou de sourire avec commisération. Georges Bernanos, ce royaliste intraitable, affirmait que « quand la jeunesse se refroidit, le monde claque des dents » : il semble bien que les derniers événements, après l’avoir glacée d’effroi, l’aient réchauffée, vivement… 

    le blog de Jean-Philippe Chauvin

     

  • Discours prémonitoire avant les attentats du 13 novembre ...

    « Le grand Bainville »

     

    Une intervention plus qu'actuelle d'Eric Zemmour devant la 17e chambre correctionnelle
     

    XVM46b79742-8908-11e5-8758-aadd64fa74f8.jpgC’était il y a près de cent ans. La Première Guerre mondiale venait de s’achever. Le traité de Versailles avait été signé. Un grand économiste, le plus grand de son temps, l’Anglais John Maynard Keynes, publiait un ouvrage, Les Conséquences économiques de la paix, pour expliquer que la France et les vainqueurs avaient été trop durs envers l’Allemagne vaincue, et qu’en particulier celle-ci ne pourrait jamais payer les énormes réparations pécuniaires réclamées. Un grand historien français, journaliste de profession, Jacques Bainville, lui répondit dans un livre intitulé Les Conséquences politiques de la paix. Il expliqua au contraire que le traité de Versailles avait été, selon sa célèbre formule qu’on apprenait naguère dans les cours d’histoire, « trop mou pour ce qu’il avait de dur et trop dur pour ce qu’il avait de mou ». Mais cet affrontement de points de vue sur le traité de Versailles n’intéresserait plus aujourd’hui que les historiens si, dans son livre, Jacques Bainville n’avait, avec une prescience extraordinaire, annoncé tous les événements qui conduiraient à la guerre, la remilitarisation de la Rhénanie, l’Anschluss avec l’Autriche, le dépeçage de la Tchécoslovaquie, le pacte germano-soviétique et l’attaque de la Pologne, avant celle de la France et de l’Angleterre.

    Jacques Bainville prophétisait ces événements en 1920 alors même qu’Hitler n’était encore qu’un peintre raté. À l’époque, Bainville fut violemment attaqué par les Anglais et Keynes bien sûr, mais aussi et surtout par la gauche. Sa proximité avec l’Action française en faisait une cible facile. Il fut moqué, insulté, accusé d’être germanophobe, xénophobe, belliciste. Toute la gauche l’accusait de monter les Français contre les Allemands, de pousser à une nouvelle guerre, d’être un criminel, alors qu’il voulait seulement mettre en garde ses compatriotes contre les illusions et la naïveté. Il en tira une leçon que je vous livre : « Les démocraties ont coutume de reprocher à ceux qui ont prévu les événements de les avoir causés. »

    Et encore, le grand Bainville ne savait pas qu’on pouvait être attaqué pour des mots qu’on n’avait pas prononcés, qu’on n’avait même pas entendus. Il ne savait pas qu’on pouvait être renvoyé par un de ses employeurs, en l’occurrence i>Télé, parce que des propos prononcés dans un journal italien n’avaient pas l’heur de plaire ni à la directrice de l’antenne ni à la rédaction. Il ne savait pas que l’expression liberté d’opinion ne valait que pour les dessinateurs de Charlie Hebdo. Il ne connaissait pas les beautés cachées de la loi Pleven, des délices et poisons de l’incitation à la discrimination et à la haine raciale. Il ne savait pas, l’heureux homme qui vivait dans une République qui respectait encore les libertés fondamentales, qu’on pouvait être traité comme un délinquant parce que ses idées ne plaisaient pas au pouvoir.

    Il ne savait pas que la gauche, la gauche bien-pensante, la gauche humaniste, si bienveillante et pacifique, si laïcarde et anticléricale, avait rétabli subrepticement le délit de blasphème, qui avait été aboli à la Révolution. Oui, le délit de blasphème ! Bien sûr, il ne s’agit plus de condamner le chevalier de La Barre parce qu’il n’a pas ôté son chapeau devant une procession catholique. Mais il s’agit de condamner quiconque n’ôterait pas respectueusement son chapeau devant la nouvelle religion, la nouvelle doxa antiraciste, celle de l’identité heureuse, comme dit un ancien Premier ministre, celle du pas d’amalgame, celle de l’islam modéré, religion d’amour et de paix, celle de l’intégration harmonieuse dans le respect des différences.

    Oui, tous ceux qui ne croient pas en cette nouvelle religion, tous ceux qui n’ont pas la foi doivent se taire ou être condamnés.

    Ou plutôt, pour que la masse continue à se taire, il faut que certains soient condamnés. J’ai l’honneur, je dis bien l’honneur, d’être devenu une cible privilégiée. La cible privilégiée parce que mes livres ont beaucoup de succès, parce que mes interventions sont regardées, écoutées. Mes adversaires croient que je suis un danger parce que je convaincrais les Français alors que ce sont les Français qui reconnaissent en moi ce qu’ils pensent tout bas. Illusions du nominalisme !

    Quand l’historien Georges Bensoussan dit dans Le Figaro : « Nous sommes en train d’assister en France à l’émergence de deux peuples, au point que certains évoquent des germes de guerre civile », que dit-il de différent de moi ? Quand il évoque le témoignage de policiers, d’élus, de mé decins aux urgences, « le sentiment que deux peuples sont en train de se former, côte à côte, et qui se regardent souvent avec hostilité, ce sentiment-là est aujourd’hui partagé par beaucoup », pourquoi lui et tous ces témoins ne sont pas traînés comme moi devant ce tribunal ?

    Il y a quelques mois, lors d’un autre procès – puisque je passe, désormais, une partie de ma vie au palais de justice -, la représentante du parquet me demandait si ma première condamnation, il y a quatre ans, m’avait conduit à changer mes méthodes de travail. Je lui renverrai aujourd’hui sa question : est-ce que la relaxe dont j’ai bénéficié dans une récente affaire a conduit le parquet à changer ses méthodes de travail ? Est-ce que le parquet s’est remis en cause ? Est-ce qu’il a décidé de ne plus se mêler de la vie des idées en France ? Est-ce qu’il a enfin décidé de ne plus instrumentaliser une loi pleine de belles intentions pour en faire une arme politique ? Est-ce qu’il a enfin compris que son rôle était non pas de criminaliser les opinions dissidentes mais de protéger les citoyens contre les voyous, et accessoirement de respecter la liberté de pensée et d’opinion en France, un de nos acquis les plus précieux hérités des générations précédentes ? Est-ce que ces messieurs-dames du parquet ont admis, enfin, qu’ils n’étaient pas là pour imposer l’idéologie politique de leur ministre, aussi charismatique soit-elle, de leur syndicat, aussi impérieux soit-il, ou plus prosaïquement leurs propres convictions politiques, aussi légitimes soient-elles ?

    Quand le ministre de la Justice – madame Taubira, pour ne pas la nommer -, avertit dans une interview qu’il faudra compter de plus en plus avec les « gens comme nous, car ils seront de plus en plus nombreux », que fait-elle d’autre sinon opposer une partie des Français à une autre, séparés par l’origine, la race, la religion ? Est-ce que le parquet a dit quelque chose ? Quand le Premier ministre parle d’apartheid, ne fait-il pas référence à la séparation géographique de deux peuples, selon le modèle des Blancs et des Noirs en Afrique du Sud ? Séparation géographique, raciale, culturelle, avec chacun ses règles, ses lois. Je n’ai pourtant pas entendu une plainte du parquet.

    Quand le parquet cessera-t-il de servir de relais à des lobbys antiracistes qui vivent du racisme, ou du prétendu racisme (et encore : de manière hémiplégique), comme d’autres vivent de la défense des baleines ou des ours ? Jusqu’à quand le parquet alimentera-t-il une logique liberticide qui rappelle les régimes totalitaires communistes, qui permet à n’importe quelle association de signaler à la police des opinions dissidentes, afin que le parquet, au nom de la défense de l’État et de la société, ne poursuive les affreux dissidents ?

    À toutes ces questions, je connais déjà la réponse. Le parquet s’est empressé de faire appel de la décision de relaxe dont j’ai bénéficié il y a quelques semaines. Et m’a poursuivi pour mes propos dans le Corriere della Sera. Je préfère prévenir respectueusement le parquet et la cour : rien ne m’empêchera de continuer à dire ce que je crois, même si j’ai bien compris que rien n’arrêtera le ministère public dans sa volonté de me faire taire. J’ai bien conscience aussi d’être le pot de terre contre le pot de fer. Mais un jour, j’en suis convaincu, l’Histoire donnera raison au pot de terre, comme elle l’a donné au grand Bainville, et le pot de fer aura honte. Mais il sera trop tard. 

    Source : Boulevard Voltaire / Marc Rousset

  • Mémoire de la reine Marie-Antoinette, à Paris

    Intervention du président du Cercle de l’Œillet Blanc, au cours de la messe célébrée en mémoire de la reine Marie-Antoinette, le 15 octobre 2015 à Saint-Germain l’Auxerrois, suivie de la reproduction de la dernière lettre de Marie-Antoinette. 

     

    Monseigneur, Madame, Mesdames et Messieurs,

    Chaque 21 janvier, le Cercle de l’Œillet Blanc organise ici même une messe « à la mémoire de Louis XVI, Roi-martyr, de la famille royale, et de toutes les victimes de la Révolution française ». Cette mention incluant clairement la reine Marie-Antoinette, exécutée le 16 octobre 1793, alors que la Terreur ravageait la France.

    Toutefois, cette année, le Cercle a souhaité rendre un hommage personnalisé à Marie-Antoinette, dont la mémoire a – une fois de plus - été tournée en dérision par une œuvre controversée, exposée dans les jardins de Versailles.

    La liberté d’expression et de création ne sert pas que dans un sens. Si elle autorise la raillerie, la caricature, jusqu’à l’excès, jusqu’à l’opprobre, elle doit permettre le respect, la louange, l’hommage. Et nous ne devons pas nous en priver.

    C’est donc par réaction que le Cercle a pris cette initiative, étant entendu qu’il entend renouveler chaque année cette commémoration. Car elle est nécessaire à nos mémoires, nos mémoires de monarchistes, certes, mais avant cela nos mémoires de Français.

    La dernière reine de France, par son destin si singulier, a inspiré bien des œuvres littéraires – au-delà des biographies de rigueur - et beaucoup des films connus. Dans toutes ces œuvres, elle y est dépeinte avec compassion et sympathie. Des romans d’Alexandre Dumas au film de Sofia Copola, de Michèle Morgan et Annie Ducaux à Kristen Dunst, la représentation de la Reine est toujours empreinte d’honnêteté, de pudeur, d’élégance ; on la voit accomplir parfaitement son rôle de reine, son rôle d’épouse, son rôle de mère.

    Souvenez-vous de la première série télévisée historique de la télévision française, Le chevalier de Maison-Rouge (d’après Dumas), qui a permis aux Français de redécouvrir son destin tragiqueet ses souffrances.

    Souvenez-vous que deux cents ans après sa mort, le spectacle de Robert Hossein, Je m’appelais Marie-Antoinette, eut pour double objectif de faire découvrir la vraie Marie-Antoinette (que les manuels scolaires de la République avaient largement caricaturée ou occultée), et de proposer aux spectateurs de voter, à la fin du spectacle, pour l’acquittement, l’exil, la prison ou la mort. L’acquittement ou l’exil l’emportèrent aisément, à chaque représentation.   

    De Secrets d’histoire à la comédie musicale de Didier Barbelivien dont les représentations débuteront à l'automne 2016, et qui a pour titre Marie-Antoinette et le Chevalier de Maison-Rouge, l’on peut être certain que notre reine passionne les Français. Or, c’est une passion empreinte de malaise, car subsiste dans la mémoire collective le souvenir de cette incarcération douloureuse, de cette séparation tragique d’avec les siens, de ce procès qui fait honte à ses juges, de cette condamnation inique, de ce supplice qui fait honte à ses bourreaux. 

    Les Français – et les étrangers – continuent à la découvrir, avec, par exemple, l’exposition qui lui a été consacrée, au Grand Palais, en 2008 ; elle contribua, parmi tant d’autres témoignages contemporains, à réhabiliter une reine cultivée et sensible, collectionneuse, et dont la contribution aux Arts décoratifs français pendant son règne fut très importante. Ne dit-on pas qu’en fait de « style Louis XVI » on devrait davantage parler de « style Marie-Antoinette » ?

    La réouverture, à Versailles, du Domaine de la Reine, également en 2008, comme les actuels travaux du Hameau de la reine, entamés l’année dernière, comme l’actuelle exposition, toujours au Grand Palais, consacrée aux œuvres de Madame Vigée-Lebrun, sont autant d’événements lumineux qui nous attirent vers le souvenir de la dernière reine de France.

    Etre reine à cette époque-là n’était pas facile, l’on était toujours sur un sol glissant, fissuré, branlant, jusqu’à se dérober sous ses pieds. Pourtant, elle fut pleinement reine, mais aussi pleinement épouse, mais aussi pleinement mère. Une mère qui connaît la douleur de perdre son quatrième enfant – songez au tableau de Madame Vigée-Lebrun, qui montre un berceau vide – puis celle de perdre son fils de sept ans, le Dauphin Louis-Joseph. On a oublié que ce second terrible événement intervint au début des États généraux, ceux-là même qui furent fatals à l’Ancien Régime. L’historien Jean-Christian Petitfils a souligné l’état psychologique d’un père et d’une mère éplorés, et qui doivent pourtant, au même moment, accomplir leur devoir de roi et de reine.

    Nous parlons d’une épouse et d’une mère ; car c’est bien d’une famille dont il s’agit. Une famille unie, une famille chrétienne, une famille exemplaire, dans la fortune comme dans les épreuves. Et l’on ne peut parler de famille royale sans évoquer le souvenir – sans doute pas assez consistant dans notre mémoire collective – de la sœur du Roi, Madame Élisabeth. Fidèle parmi les fidèles à sa famille, martyr comme son frère et sa belle-sœur, puisque suppliciée le 10 mai 1794, vingt ans jour pour jour après l’avènement de son frère. Et si nous nous revoyions le 10 mai 2016 ?

    Reine, épouse, mère… et amie. Marie-Antoinette inspire l’amitié de la Princesse de Lamballe, l’amie qui partit à l’étranger en 1791, pour revenir « auprès de la reine » en 1792 et y trouver la mort et les outrages.

    Songeons à la prison du Temple. Dans les archives du Vatican est conservée une lettre émouvante qu’elle écrivit à son beau-frère Artois au mois de décembre 1792 : « Recevez mes vœux pour cette nouvelle année et l’assurance de mon sincère attachement avec lequel je suis, Monsieur, votre affectionnée belle-sœur. » Puis vient avec 1793 la destruction « physique » de cette famille, avec les adieux au Roi, puis ce sont ses deux enfants qu’on lui arrache ; puis ce seront 76 jours à la Conciergerie ; puis un procès où, accusée de relations contre nature, elle prononce cette phrase fameuse : « J‘en appelle à toutes les mères de France… »

    La fin, c’est une lettre sublime et remplie d’émotions, adressée à Madame Élisabeth, non parvenue à sa destinataire (comme la reine dit le redouter) mais heureusement conservée ! La fin, c’est l’humiliation d’une charrette, le dos à la route, les mains liées dans le dos, un parcours de plus d’une heure entre la Conciergerie et la place qu’on nomme aujourd’hui « de la Concorde », une sorte de chemin de croix jusqu’à son Golgotha.  

    La fin, c’est sa dernière phrase, lorsqu’elle marche sur le pied de son bourreau : « Je vous demande pardon, Monsieur, je ne l’ai point fait exprès ». Élégance, courtoisie, grandeur d’une reine dans le moment ultime ! Elle a vécu en reine, et meurt en reine. A la dernière heure de sa vie, écrit Stephan Zweig, Marie-Antoinette atteint au tragique et devient enfin l’égale de son destin.

    Monseigneur, Madame, Mesdames et Messieurs, prions pour l’âme de notre reine et pour sa famille, prions pour la France, orpheline de sa reine.    

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    Dernière lettre de Marie-Antoinette, écrite à la Conciergerie dans la nuit du 15 au 16 octobre 1793

    16 octobre 1793, 4h 1/2 du matin 

    C’est à vous, ma sœur que j’écris pour la dernière fois. Je viens d’être condamnée non pas à une mort honteuse – elle ne l’est que pour les criminels – mais à aller rejoindre votre frère. Comme lui innocente, j’espère montrer la même fermeté que lui dans ses derniers moments. Je suis calme comme on l’est quand la conscience ne reproche rien ; j’ai un profond regret d’abandonner mes pauvres enfants. Vous savez que je n’existais que pour eux et vous, ma bonne et tendre sœur. Vous qui avez par votre amitié tout sacrifié pour être avec nous, dans quelle position je vous laisse ! J’ai appris par le plaidoyer même du procès que ma fille était séparée de vous. Hélas ! La pauvre enfant, je n’ose pas lui écrire, elle ne recevrait pas ma lettre. Je ne sais pas même si celle-ci vous parviendra. Recevez pour eux deux ici ma bénédiction. J’espère qu’un jour, lorsqu’ils seront plus grands, ils pourront se réunir avec vous et jouir en entier de vos tendres soins. Qu’ils pensent tous deux à ce que je n’ai cessé de leur inspirer, que les principes et l’exécution exacte de ses devoirs, sont la première base de la vie, que leur amitié et leur confiance mutuelles en feront le bonheur ; que ma fille sente qu’à l’âge qu’elle a, elle doit toujours aider son frère, par les conseils que l’expérience qu’elle aura de plus que lui et son amitié pourront lui inspirer ; que mon fils à son tour, rende à sa sœur tous les soins, tous les services que l’amitié peut inspirer ; qu’ils sentent enfin tous deux que dans quelque position qu’ils pourront se trouver, ils ne seront vraiment heureux que par leur union ; qu’ils prennent exemple de nous. Combien dans nos malheurs, notre amitié nous a donné de consolation, et dans le bonheur on jouit doublement quand on peut le partager avec un ami, et où en trouver de plus tendre, de plus cher que dans sa propre famille? Que mon fils n’oublie jamais les derniers mots de son père que je lui répète expressément : qu’il ne cherche jamais à venger notre mort. […] 

    Il me reste à vous confier encore mes dernières pensées. J’aurais voulu les écrire dès le commencement du procès, mais, outre qu’on ne me laissait pas écrire, la marche a été si rapide que je n’en aurais réellement pas eu le temps. 

    Je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine, dans celle de mes pères, dans celle où j’ai été élevée, et que j’ai toujours professée. N’ayant aucune consolation spirituelle à attendre, ne sachant pas s’il existe encore ici des prêtres de cette religion, et même le lieu où je suis les exposerait trop s’ils y entraient une fois. Je demande sincèrement pardon à Dieu de toutes les fautes que j’ai pu commettre depuis que j’existe. J’espère que, dans Sa bonté, Il voudra bien recevoir mes derniers vœux, ainsi que ceux que je fais depuis longtemps, pour qu’Il veuille bien recevoir mon âme dans Sa miséricorde et Sa bonté. Je demande pardon à tous ceux que je connais et à vous ma sœur, en particulier, de toutes les peines que, sans le vouloir, j’aurais pu leur causer. Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu’ils m’ont fait. Je dis ici adieu à mes tantes et à tous mes frères et sœurs. J’avais des amis ; l’idée d’en être séparée pour jamais et leurs peines sont un des plus grands regrets que j’emporte en mourant. Qu’ils sachent du moins que jusqu’à mon dernier moment, j’ai pensé à eux.

    Adieu, ma bonne et tendre sœur. Puisse cette lettre vous arriver. Pensez toujours à moi ; je vous embrasse de tout mon cœur, ainsi que ces pauvres et chers enfants. Mon Dieu ! Qu’il est déchirant de les quitter pour toujours ! Adieu, adieu, je ne vais plus que m’occuper de mes devoirs spirituels. Comme je ne suis pas libre dans mes actions, on m’amènera peut-être un prêtre, mais je proteste ici que je ne lui dirai pas un mot et que je le traiterai comme un être absolument étranger. 

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  • Valeurs actuelles a peut-être raison mais ce serait quoi une Révolution en 2015 ?

     

    A noter que Valeurs actuelles dans sa livraison d'hier jeudi ne dit pas révolte mais Révolution. Son titre l'annonce pour demain. C'est à dire pour bientôt. Or les mécontentements catégoriels (salariés, paysans, profs, policiers, retraités, médecins, artisans ...), si puissants soient-ils, peuvent créer un mouvement de révolte; et, s'ils se conjuguent, cette révolte peut devenir générale. Mais cela ne fait pas une Révolution. Du moins, au sens profond. S'il s'agit de remplacer le roi fainéant tristement figuré sur la couverture de Valeurs actuelles, par un de ses clones, la dite révolte ne constituera pas une Révolution. Une révolte n'est pas une Révolution. A moins que ça n'en soit que le simulacre. Boutang aurait dit : une semble-Révolution, comme nous avons, aujourd'hui, un semble-Etat.

    Quel visage pourrait prendre une Révolution dans la France d'aujourd'hui ? Dans le monde d'aujourd'hui ? Donc, de quelle nature, cette Révolution ? La question se pose et ne se résout pas en un titre. Ni en quelques manifs. Ni en quelques lignes ...

    Il y a un peu plus de deux siècles, la Révolution consistait à abattre la monarchie, guillotiner le Roi et la Reine, tuer le Dauphin, éradiquer la Famille de France; combattre la Religion, détruire l'ordre ancien : l'aristocratie et le peuple, l'Eglise, les corporations et les provinces; instaurer tout à la fois l'individualisme en lieu et place de l'esprit communautaire ancien, et le jacobinisme féroce. Nous avons vécu sur cet héritage déconstructeur, y vivons encore, et subissons ses effets pervers. Cet héritage, aujourd'hui, pour le dire de façon très modérée, ne fait plus l'unanimité... 

    Au XXe siècle, le Révolution ce fut l'Internationale communiste, sous idéologie marxiste. Et le rêve planétaire qu'elle fit germer partout dans le monde. Ce devait être la société sans classes, ce fut le marxisme-léninisme, les soviets, le stalinisme, le maoïsme et ses terrifiants succédanés asiatiques, la nomenklatura, l'archipel du goulag, l'oppression de masse, les grands procès, la ruine économique et l'effondrement final. Il n'y a de cela que vingt-cinq ans ... 

    La Révolution d'aujourd'hui a pris des formes douces. Elle se nomme mondialisme, consumérisme, abaissement des frontières, effacement des nations et réduction des Etats à la quasi-impuissance, formatage et indifférenciation des peuples, dislocation de la famille et même négation des sexes, métissage universel et multiculturalisme. Cette Révolution établit par là, faute d'un autre, le règne exclusif de l'Argent, de l'argent hors sol, celui que condamnent les Papes, et, sous couvert de multiculturalisme, elle installe partout une terrible et quasi universelle inculture. Au peuple est laissé, autant qu'il se peut, peut-être plus pour très longtemps, assez de moyens pour consommer et vivre selon son caprice. Sans raison de vivre et de mourir. Telle est, nous semble-t-il, la modernité ou postmodernité.

    Les trois véritables Révolutions que nous venons à très grands traits de caractériser sont aujourd'hui mal vues et contestées par de nombreux esprits libres. Edgar Morin, lui-même, se refuse désormais à utiliser le mot et à souhaiter la chose. Le courant bien ou mal nommé des néo-réacs ou néo-conservateurs, pour hétéroclite qu'il soit en effet, comme Alain de Benoist le signale à juste titre, s'oppose à la plupart des caractéristiques des révolutions passées ou présente, que nous venons de rappeler. On voit bien que ce courant - qui ne contrôle ni les médias, ni l'Université, ni les pouvoirs établis - suffit à affoler médias et politiques. Le Système  ...

    Il n'y aura pas de Révolution future véritable qui se situe dans la lignée des trois autres. Qui ne soit qu'un changement de majorité ou de présidence. Qui ne soit qu'une alternance de plus avec son lot de déceptions et son inefficacité. Qui ne remette pas en cause l'ensemble des erreurs et des faux principes que nous n'avons fait ici qu'évoquer et qui ont ruiné la France et, par surcroît, l'Europe.

    Alors quoi ? Disons-le tout net : il n'y aura pas de Révolution véritable qui ne soit en quelque façon une contre-révolution, ou, si l'on veut, car on ne remonte jamais le temps, une alter-révolution. Henri Guaino, sous le quinquennat précédent avait soufflé à Sarkozy le mot Renaissance. Il avait raison. La grande ambition, l'entreprise ainsi nommée nous eût ramenés à notre culture, notre Histoire, nos racines, notre souveraineté, notre ordre, notre excellence. Il présupposait de la part du peuple français et de ses dirigeants une forme de retournement, de métanoïa. C'eût été, pour le coup, une Révolution de fond, une Révolution salvatrice. C'était évidemment peine perdue.

    Alors, va pour une Révolution ! Mais la vraie. Celle que nous venons de dire. Le reste ? C'est l'esprit politicien qui perpétue le mouvement du Système. L'inverse de la Révolution légitime que l'on doit souhaiter à la France. Lafautearousseau  

     

  • Vidéo-entretien - Jean Sévillia : « Le 16 octobre 1793 Marie-Antoinette était décapitée … »

     

    Elle était haïe, elle est devenue une icône.

     

    1dd0ad5cb1fc3695880af1725477b22e.jpgJean Sévillia raconte la fin édifiante de Marie-Antoinette. Il la l'évoquée, le jour anniversaire de sa mort, pour Boulevard Voltaire.

    Les lecteurs de Lafautearousseau l'écouteront avec intérêt.

    Entretien filmé avec Jean Sévillia par Charlotte d’Ornellas. •

     

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    Les derniers jours des reines

     

  • CINEMA • Erick Dick : « La Vendée a lutté contre l’agression culturelle »

     

    par Raphaël de Gislain

    Auteur d’un documentaire en forme de voyage sur les traces du chef vendéen le plus emblématique, le réalisateur Eric Dick remet Charette à l’honneur. Alors que son film vient de sortir, Politique magazine l’a rencontré.

    Pourquoi cet intérêt pour les guerres de Vendée ?

    Avant tout, je suis vendéen et l’histoire des guerres de la Vendée militaire fait partie de mon identité, de ma culture ; elle est toujours présente pour les habitants de la région et nous la portons en nous. Cette histoire revêt un caractère universel ; les Vendéens ont souffert ; ils ont été exterminés par cette nouvelle république parce qu’ils croyaient en Dieu, en leur roi et qu’ils ont refusé de mettre de côté leurs convictions. Ils en sont sortis grandis.

    Par quel prisme racontez-vous l’histoire de ce peuple ?

    La première chose qui m’importait était de donner la parole aux Vendéens. Les rares documentaires qui existent sur le sujet donnent un point de vue assez parisien des évènements, souvent centré sur Robespierre. A l’opposé, j’ai tenu à ce que cette période tragique, de 1793 à 96, soit rapportée par des gens du terroir et du peuple. C’est leur sentiment qui m’a intéressé, et l’aspect légendaire autant que la vérité historique. L’autre point était de m’attacher à un héros ; en l’occurrence Charette. Il demeure le plus emblématique. Il a rassemblé les maraîchins, avec le panache d’un guerrier qui aimait faire la fête. Mille fois il aurait pu avoir les honneurs, partir en Angleterre ou encore virer sa veste, mais il est resté fidèle à sa foi en la monarchie, quitte à se retrouver seul.

    Vous ralliez-vous à la thèse du génocide ?

    Je pense qu’il y a eu beaucoup d’exagération de la part des militaires et qu’on a fait en sorte que le peuple vendéen soit très affaibli. Y-a-t-il eu des ordres qui venaient d’en haut pour exterminer méthodiquement une population ou les exactions furent-elles le fait de généraux zélés des colonnes infernales ? Mon rôle, en tant que réalisateur, n’est pas de trancher. Avec ce film, j’espère surtout délier les langues. Il semble qu’aujourd’hui l’heure de la « victoire des vaincus » ait sonné et que d’aucuns demandent des comptes…

    En quoi serait-ce une histoire d’actualité ?

    Voilà un peuple qui a osé se dresser et se battre contre ce qui représentait à ses yeux une invasion, craignant de voir ses croyances anéanties. Ce soulèvement contre un envahisseur peut se transposer aisément à notre époque, où l’islamisation est ressentie de plus en plus comme une agression culturelle. Je pense qu’à terme, les mêmes causes conduiront aux mêmes effets…

    Comment peut-on voir votre film ?

    Aucun producteur n’ayant voulu participer, j’ai eu recours à des financements propres… Il est donc important que les gens puissent le voir. Le film va être distribué au cinéma dans plus de 80 salles, à Paris comme en province. Il sera ensuite décliné en séries télévisées dans le courant de l’année 2016 et disponible en VOD. 

    C’était une fois dans l’Ouest, d’Eric Dick, Zedig distribution, 120 min. En salles. Toutes les informations sur le site : www.cetaitunefoisdanslouest.a3w.fr/ 

     

     

  • Le film sur Charette, « C'était une fois dans l'Ouest » vient de sortir

     

    En voici une première recension, et le site sur lequel vous trouverez tout ce que vous voulez savoir sur ce film :

    www.cetaitunefoisdanslouest.a3w.fr

     

    « ...Avant tout, je suis vendéen - dit Eric Dick - et l'histoire des guerres de la Vendée militaire fait partie de mon identité, de ma culture : elle est toujours présente pour les habitants de la région et nous al portons en nous. Cette histoire revêt un caractère universel; les Vendéens ont souffert; ils ont été exterminés par cette nouvelle république parce qu'ils croyaient en Dieu, et leur roi et qu'ils ont refusé de mettre de côté leurs convictions. Ils en sont sortis grandis...

    ...La première chose qui m'importait était de donner la parole aux Vendéens. Les rares documentaires qui existent sur le sujet donnent un point de vue assez parisien des évènements, souvent centré sur Robespierre. A l'opposé, j'ai voulu que cette période tragique, de 1793 à 96, soit rapportée par des gens du terroir et du peuple...

    ...Voilà un peuple qui a osé se dresser et se battre contre ce qui représentait à ses yeux une invasion, craignant de voir ses croyances anéanties. Ce soulèvement contre un envahisseur peut se transposer aisément à notre époque, où l'islamisation est ressentie de plus en plus comme une agression culturelle. Je pense qu'à terme les mêmes causes conduiront aux mêmes effets...  »

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    Le drapeau de Charette

     

  • Terrorisme : Il n’y aura pas toujours des héros...

     

    Le point de vue de  Mathieu Bock-Côté* 

    Plusieurs réflexions de Mathieu Bock-Côté ont déjà été publiées dans ce blog. Elles vont toujours à l'essentiel et nous y retrouvons nos propres réactions aux évènements, aux grands problèmes de nos sociétés. Cet intellectuel québécois suit de très près les affaires françaises et européennes. Toujours avec beaucoup de réalisme et de lucidité. « Eduquer les hommes au courage » est-ce possible ? « L’individu contemporain, jouisseur hédoniste et relâché », sera-t-il capable de « faire face au tragique » ? Ce sont ces questions qui sont posées ici. Mathieu Bock-Côté a raison de rappeler qu' « on ne fait pas la guerre paisiblement » et qu' « il faudra aussi savoir réveiller les vertus nécessaires aux temps difficiles.» Mais, comme on vient de le voir, l'épreuve peut s'en charger. LFAR

      

    d36b44e4-c254-41b5-8047-372960cb8aa9_AUTHOR_PHOTO_WEB.jpgLes mois se suivent et se ressemblent : il y a quelques jours, le 21 août, dans un train reliant Amsterdam à Paris, Ayoub El Khazzani, un homme d’origine marocaine, associé à la mouvance islamiste la plus radicale, a cherché à provoquer un carnage. Dans ses bagages, il y avait un fusil d’assaut AK-47, un pistolet et les munitions nécessaires à une exécution de masse. Par miracle, il n’y a eu que des blessés. Je reviendrai un peu plus bas sur ce miracle ce qu’il révèle de nos sociétés.

    Comme d’habitude, on nous sort la même excuse : c’était un paumé, un exclu, un taré. Son avocate en a rajouté : c’était un clochard, un pauvre hère qui aurait trouvé un sac plein d’armes dans une gare et qui aurait eu soudainement l’idée de rançonner les passagers. C’est à tout le moins la ligne de défense suivie par son avocate. Un peu plus et elle en fera une victime. Les autorités belges ne se sont pas laissé bluffer par une telle rhétorique : c’est de terrorisme dont il est question. Le pouvoir socialiste, en France, s’est montré plus timoré. On ne feindra pas la surprise.

    On ne semble pas comprendre, dans la société occidentale contemporaine, que  la force d’une idéologie radicale comme l’islamisme vient justement de sa capacité à exciter et fanatiser les éléments antisociaux à son avantage, ceux qui cherchent souvent une raison de verser dans la violence. L’islamisme radical, pour emprunter les mots de Jean Baechler, excite la « canaille » et transfigure son nihilisme au service d’une cause. La révolution islamiste n’avance pas en misant sur les classes moyennes bedonnantes. Il suffirait de lire les grands stratèges révolutionnaires pour constater qu’ils en étaient les premiers conscients.

    C’est l’intervention providentielle de trois marines américains qui a permis d’éviter la catastrophe. Ils n’étaient évidemment pas en service, mais manifestement, leur entrainement n’était pas loin. En eux, le ressort civique était bien tendu. Ils ont risqué leur vie pour sauver la vie des autres. On aurait envie de chanter avec Michel Sardou: « si les Ricains n’étaient pas là…». Ce sont des héros. Dans les jours qui ont suivi, l’antiaméricanisme français était peut-être moins virulent qu’à l’habitude.

    On nous dira: rien de surprenant, les militaires sont faits pour ça. On ajoutera alors qu’un Britannique de soixante ans, qui était sur les lieux, s’est joint à l’opération improvisée. Personne ne sait exactement ce qui s’est passé dans son esprit, pourquoi il a risqué sa vie plutôt que se terrer derrière un siège. Le courage se constate davantage qu’il ne s’explique. Il touche les fibres intimes de l’être. On se réjouira quand même de constater que de tels hommes, qui répondent à un appel intime, celui de la protection de leur prochain, existent encore.

    Apparemment, les employés du train n’ont pas été aussi prompts. Tous aux abris ! On ne saurait toutefois le leur reprocher. On ne sait jamais à l’avance comment on réagirait devant un tel péril ? On a beau plastronner à l’avance et faire des rodomontades en disant qu’on aurait cherché à maîtriser le terroriste, on n’en sait absolument rien. Devant l’épreuve du feu, certains hommes tiennent debout, d’autres les suivent, justement inspirés, et les derniers tremblent jusqu’à s’effondrer. Tous ne sont pas faits pour la guerre.

    Y a-t-il néanmoins moyen d’éduquer les hommes au courage, de leur inculquer cette vertu, de les préparer à des événements semblables ? Peut-être que oui, peut-être que non. En un sens, le service militaire préparait l’homme à une telle éventualité. Il n’a plus la cote. Et on peut croire que l’individu contemporain, jouisseur hédoniste et relâché, n’est pas particulièrement préparé à faire face au tragique. Et pourtant, la bête humaine est compliquée. Quelquefois, ce sont des hommes de rien qui dévoilent leur meilleure part dans l’épreuve.

    Une chose est néanmoins certaine : il n’y aura pas toujours des héros. Je devine qu’il faut s’y faire : demain, après-demain ou l’an prochain, un terroriste islamiste entrera dans un wagon de train, ou dans un supermarché, puis il tirera sur tout ce qui bouge. À moins que les services de sécurité ne l’attrapent à temps et s’ajustent pleinement à la menace djihadiste. Et encore là, on sait bien que certains traverseront les mailles du filet sécuritaire, qui par-dessus tout, gâchera surtout la vie de ceux qu’il doit protéger.

    Thibault de Montbrial, dans son livre très convaincant Le sursaut ou le chaos (Plon, 2015), a dit les choses clairement : la France est en guerre. On dira la même chose de toutes les sociétés occidentales. On n’en tirera aucun slogan. Mais on comprend assurément que nous avons changé d’époque et que le sursaut espéré prendra d’abord le visage d’une grande lucidité. Il faudra savoir nommer l’ennemi. Il faudra aussi savoir réveiller les vertus nécessaires aux temps difficiles. Naturellement, personne ne sait vraiment comment s’y prendre. On ne fait pas la guerre paisiblement. 

     

    * Sociologue, auteur de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007). 

    Article issu du blog de Mathieu Bock-Côté.

     

     

  • Humeur • Vidalies et les « heures les plus sombres » : halte à la mauvaise foi

     

    Une humeur légitime d'André Bercoff   *

    Le ministre Alain Vidalies a suscité une polémique lundi après avoir déclaré préférer « qu'on discrimine pour être efficace plutôt que de rester spectateur ». Pour André Bercoff, l'hypocrisie a assez duré. Il a raison

     

    photo.jpgAlain Vidalies, Secrétaire d'Etat chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, aurait, si l'on en croit les réactions indignées d'un certain nombre de ses pairs, levé un gros poisson. L'un de ceux qui pourrissent par la tête. Il a, en effet, osé parler de contrôles discriminatoires, et partant, aux yeux des chevaliers blancs du camp du Bien, rappelant « les heures les plus sombres de notre Histoire ». Qu'un représentant officiel de la gauche gouvernante prononce un mot qui relève du vocabulaire néo-fasciste, suffit à répandre l'indignation.

    Il appert qu'en France, ces temps-ci, un certain nombre d'individus ont tendance à vouloir, pour des raisons diverses et variées, massacrer sans discrimination leurs contemporains dans un train, un supermarché, un hebdomadaire, un musée, une église, et que certains citoyens s'en sont émus, considérant que leur sécurité n'était plus assurée. Comme on ne peut mettre un policier ou un gendarme derrière chaque homme ou chaque femme habitant notre cher et doux pays, il conviendrait donc de multiplier la pose de filets de surveillance afin d'essayer d'attraper les tueurs présumés avant qu'ils ne passent à l'action. L'Europe étant ce qu'elle est et Schengen une passoire, et personne n'ayant les moyens d'étendre les mêmes règles de sécurité existant dans l'aviation, au domaine des transports ferroviaires et métropolitains, on va à la pêche en espérant qu'elle sera miraculeuse.

    C'en est déjà trop pour nos traditionnels Bisounours du pacifisme intégral. Qu'un Valls ose employer des expressions comme « islamo-fascisme » et « guerre de civilisations » est déjà insupportable ; qu'un Hollande ose évoquer les forces du Bien et du Mal en fait évidemment un néo-conservateur déchaîné. Quant à la mise en place d'un numéro vert, dont l'efficacité paraît évidente, elle encourage tout de même la dénonciation anonyme qui rappelle, une fois encore, les années, etc… Remarquons que ceux qui tonnent le plus fort contre ces timides mesures sont les mêmes qui font leurs choux gras de toute lettre anonyme dénonçant tel fraudeur fiscal ou tel conflit d'intérêt. La paille et la poutre, encore et toujours.

    Mais la palme de la lucidité désintéressée appartient comme de juste aux Jeunes Socialistes qui écrivent: « Le terrorisme n'est pas lié à une origine réelle ou supposée ». Ils ont bien raison : Mohamed Merah n'était-il point d'origine suédoise ? Mehdi Nemmouche Cambodgien ? Les frères Kouachi d'origine brésilienne ? Amédy Coulibaly natif de l'Ontario ? Sid Ahmed Glam Islandais de souche ? Ayoub El Khazzani de Vladivostok ? Prétendre le contraire, serait tomber dans le délit de faciès qui rappelle les heures les plus sombres, etc…

    Donc, que faire pour empêcher de futurs massacres, tout en gardant les mains propres ? Rien. Attendre. S'en remettre au facteur chance, aux militaires américains ou à une intervention divine qui transformerait les loups en agneaux. Un certain Albert Camus affirmait que dans des circonstances dramatiques, il préférait sa mère à la Justice. Mais chacun sait que Camus n'était qu'un fieffé réac. 

    André Bercoff     

    André Bercoff est journaliste et écrivain. Son dernier livre Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France et moi est paru en 2014 chez First.