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République ou Royauté ? - Page 51

  • Alain de Benoist : « Je suis pour l’autonomie de la Corse, pas pour son indépendance ! » Nous aussi ...

     

    Par Alain de Benoist

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgCet entretien donné à Boulevard Voltaire [19.02] dit avec justesse, lucidité et pertinence ce que, selon nous, il faut savoir et penser de l'affaire corse. Que nous avons nous-mêmes développé dans différents articles [cf. liens ci-dessous] et n'est ni plus ni moins que la position traditionnelle de notre école de pensée en matière de décentralisation, actualisée et appliquée à la Corse. Maurras se plaignait d'ailleurs que le mot de décentralisation rende fort mal ce qu'il devrait y avoir d'organique et de vivant dans les communautés régionales, en particulier dans ce qui subsiste des provinces françaises. La plupart seraient d'ailleurs non à niveler mais à reconstruire.   LFAR   

     

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    L’autonomie, voire l’indépendance de la Corse, cela est-il fondamentalement choquant, sachant qu’aucune frontière n’est à jamais gravée dans le marbre, à en juger par ce qui s’est récemment passé au Kosovo ou en Crimée ?

    Ce n’est pas une question de frontières, mais une question de peuples. Contrairement à ce qui s’est passé dans beaucoup d’autres pays, la nation française n’a pas été créée par un peuple, mais par un État. Elle est née de l’agrandissement progressif du « pré carré » capétien, au hasard des conquêtes, des annexions et des alliances matrimoniales. Le peuple français qui existe aujourd’hui est un peuple-résultat. Le problème est qu’en s’étendant, le domaine royal a recouvert des peuples différents, d’origines différentes (celtique, germanique, latine, basque, etc.), qui n’ont jamais abandonné complètement leur personnalité, en dépit des efforts de type colonial développés, sous la IIIe République notamment – l’époque où il était « interdit de cracher par terre et de parler breton » – pour faire disparaître leurs cultures et leurs langues.

    Ces peuples existent toujours, même si l’on ne veut pas le reconnaître, et je ne suis pas de ceux qui s’affligent de leur existence et de leur vitalité. Les régions à la personnalité culturelle la plus forte sont aussi les plus portées à défendre leur identité. Le cas de la Corse est, à cet égard, exemplaire, puisque c’est la seule région à n’avoir pas donné la majorité à Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle. Le peuple corse est autochtone dans son île depuis au moins trente mille ans. Occupée pendant cinq siècles par les Génois, contre lesquels s’était déjà dressé Sampiero Corso, la Corse fut indépendante à partir de 1755, sous la direction de Pasquale de Paoli, jusqu’à ce que Gênes la cède à la France en 1768. C’est l’époque où Rousseau rédige son Projet de constitution pour la Corse, qu’on serait bien avisé de relire aujourd’hui. Comme le peuple breton, le peuple basque et le peuple alsacien, le peuple corse continue à défendre sa langue et sa culture, et je trouve excellent qu’il le fasse. Prenons exemple sur lui plutôt que de le stigmatiser ! Souvenons-nous, d’ailleurs, qu’au XVIIIème siècle, quand la France atteignait au sommet de sa puissance et sa culture au faîte de sa gloire, les trois quarts de ses habitants ne parlaient pas le français.

    Cela dit, si je suis pour l’autonomie de la Corse, je ne suis pas pour son indépendance. L’indépendance, de toute façon, ne veut plus dire grand-chose à une époque où les frontières ne garantissent plus l’identité des peuples et où même les « grands » États-nations ont d’ores et déjà perdu l’essentiel de leur souveraineté. Autonomistes et indépendantistes peuvent, certes, mener des combats communs, mais entre l’autonomie et l’indépendance, je ne vois pas une différence de degré mais une différence de nature. L’autonomie se fonde sur un principe de responsabilité, l’indépendantisme ne manifeste qu’une volonté de sécession.

    L’argument jacobin veut que la République soit « une et indivisible ». Mais à Wallis-et-Futuna, territoire français depuis 1888, cette même République reconnaît des chefferies traditionnelles pratiquant un catholicisme considéré de fait comme religion d’État… 

    Le jacobinisme est la maladie française par excellence. De l’extrême gauche à l’extrême droite, que ce soit par patriotisme ou par fidélité à l’esprit révolutionnaire, presque tout le monde y sacrifie chez nous. La Suisse (avec ses trois langues officielles), la Russie et les États-Unis sont des États fédéraux et ne s’en portent pas plus mal, mais toute idée de remettre en cause la République « une et indivisible », d’appliquer le principe de subsidiarité (ou de compétence suffisante) en laissant aux différentes composantes de la nation la possibilité de décider par elles-mêmes et pour elles-mêmes, fait immédiatement surgir des fantasmes de « balkanisation » et de « dislocation » que je trouve absolument ridicules. Le centralisme jacobin n’a pas rendu la France plus forte, mais plus fragile. Un pays n’est fort que de la vitalité et de l’identité de ses composantes. Les jacobins veulent réaliser dans leur pays une « unité » qu’ils refusent à l’échelle européenne ou mondiale. Je ne verrais personnellement que des avantages à ce que la République « une et indivisible » soit remplacée par une République fédérale des peuples de France. 

    Pour en revenir à la Corse, ce n’est pas en répétant que « la Corse, c’est la France » qu’on réglera le problème. J’ai connu l’époque où tous les hommes politiques proclamaient à qui mieux mieux que « l’Algérie, c’est la France ». L’Algérie se composait alors de trois départements français, avec dix préfectures. On sait ce qu’il en est advenu. Quant à ceux qui glosent avec des trémolos sur « le français, langue de la République », je leur rappellerai qu’à l’heure des talk shows, des fake news, du coaching, du fact checking, du packaging, du prime time, des smartphones et autres cold cases, ce ne sont pas les langues régionales mais la langue anglaise qui menace la langue française, sans qu’ils s’en émeuvent particulièrement.

    Après l’Écosse, la Lombardie, la Catalogne, la Corse, est-ce les peuples qui prennent leur revanche sur les États, ou y a-t-il des raisons plus extérieures à ces phénomènes ?

    Je pense que c’est une erreur de placer toutes ces régions sur le même plan. Ce sont des cas différents. La Corse est une île, ce que ne sont ni la Lombardie ni l’Écosse. L’histoire de la Catalogne est totalement différente de celle de la Flandre, et l’histoire de la Belgique n’a vraiment aucun rapport avec celle de l’Espagne. Les Flamands souhaitent se séparer des Wallons, mais certains d’entre eux ne refuseraient pas de rejoindre la Hollande pour recréer les grands Pays-Bas. Je pense qu’il faut juger concrètement, au cas par cas. On s’apercevra alors que les motivations sont, elles aussi, très différentes. Disons seulement qu’il est assez légitime que certaines régions veuillent d’autant plus préserver leur identité qu’elles voient bien que les entités plus vastes auxquelles elles ont appartenu jusqu’ici perdent la leur sans réagir.   

    Intellectuel, philosophe et politologue

     
     
    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier

    A lire aussi dans Lafautearousseau ...

    « Ce mot hideux de province »

    La Corse et la République

  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (10)

     

    2293089609.14.jpgNous poursuivons la publication d'une série qui devrait faire date ; qui forme un ensemble à lire en entier : une étude de Pierre Debray parue en novembre 1985 dans le mensuel Je Suis Français, sous le titre Une politique pour l'an 2000. La lecture de ces textes expliquera aux lecteurs qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

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  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (9)

    Au centre Daniel Cohn-Bendit

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    Nous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

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  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (8)

    Photo (de gauche à droite) : Michel d'Ornano, Michel Poniatowsi, Valéry Giscard d'Estaing

     

    2293089609.14.jpgNous poursuivons la publication d'une série qui devrait faire date ; qui forme un ensemble à lire en entier : une étude de Pierre Debray parue en novembre 1985 dans le mensuel Je Suis Français, sous le titre Une politique pour l'an 2000. La lecture de ces textes expliquera aux lecteurs qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

     

    2235704335.jpg1ère partie : l’Homme Masse

     

    L'ETABLISSEMENT

    La perte de l'Indochine va permettre à Edmond Giscard, relevé d'Estaing, de faire une énorme fortune. Le mécanisme est simple. La SOFFO rachète des sociétés, sucreries, raffineries, tissages, ou plantations, au moindre prix. Les propriétaires sont trop heureux de trouver un acquéreur. Edmond Giscard transformera les biens confisqués par les Vietminh en dommages de guerre, payés rubis sur l'ongle, dans les meilleurs délais. De dérogations en autorisations, ce bel argent sera investi dans l'immobilier, un marché en pleine expansion. L'abandon de l'Indochine se traduira pour la SOFFO par une augmentation du capital qui passera en 1966, à quinze millions quatre cent cinquante mille nouveaux francs. Ce qui explique l'enthousiasme des actionnaires à réélire Edmond à la présidence du conseil d'administration.

    Entre temps, les Giscard se sont fait anoblir par le conseil d'Etat, qui les autorisera à relever le nom de d'Estaing. Pour y parvenir, ils n'ont pas hésité à déshonorer leur famille de bonne bourgeoisie en lui inventant, comme ancêtre une fille de joie qui se serait fait faire un enfant par l'amiral d'Estaing. Ce qui est manière d'afficher leur appartenance à une oligarchie de déclassés. Pourtant, en dépit de cette noblesse d'emprunt, René et Edmond restent des pièces rapportées, réduits au rôle de prince consort. Dans un système matriarcal le pouvoir appartient aux femmes et celle d'Edmond, May est une personne de grande classe.

    Donc May veille. Elle pousse Edmond et, ma foi, le prince consort ne réussit pas trop mal. Les thés et les bridges avec les Georges-Picot, les François-Poncet, les d'Ormesson, les Broglie, le gratin, y contribuent. Elle se tient à sa place, au centre de la toile d'araignée qu'elle a tissée, invisible et vigilante. May est une femme d'une remarquable intelligence.

    Elle a été la collaboratrice de son père, dont elle éditera d'ailleurs les mémoires. L'argent c'est bien. Il en faut et même beaucoup. Edmond s'en occupe. Cependant, seul le pouvoir politique permet de maîtriser, dans une France, dont l'économie passe sous le contrôle de l'Etat, le profit. Cela, Bardoux l'avait compris et l'héritière a conservé la leçon.

    Mais il restait l'homme d'un autre âge. May va former l'un de ses garçons le plus doué, Valéry, dès l'enfance pour le préparer à la fonction de prince de l'Etablissement. Il faut qu'il accède, un jour, à la direction de l'Etat. Valéry sera donc élevé comme le dauphin de la République.

    Celui qu'elle nomme affectueusement Valy sort en juin de polytechnique second de sa promotion, dure déception car seul le premier est admis, sans concours, à l'E.N.A. Qu'importe. Cette année-là et cette année-là seulement, grâce à May, on en prendra deux. Ce qui lui permettra de rejoindre le cousin François entré par la grande porte, celle du concours. Valy effectuera son stage de « dépaysement » auprès du haut-commissaire pour la Sarre, Gilbert Grandval, un ami de papa. Ce qui lui permettra d'obtenir une note de stage exceptionnelle : 19 sur 20. Lors de l'examen de sortie, le jury sera présidé par François-Poncet. Que de bonnes fées se seront penchées sur le berceau du jeune prince. Il ne sortira néanmoins, qu'au troisième rang. Comme son cousin, il choisira l'inspection des finances. Qu'à cela ne tienne. Maman obtiendra du gouverneur Wilfrid Baumgartner que son fils fasse un stage à la Banque de France. Privilège insigne : son rapport de stage sera adressé à toute la promotion. Celle-ci doit savoir que le rang de sortie importe moins que les protections. Elle comprendra.

    Valy a besoin d'un mentor. Il le trouvera en la personne du prince de Broglie, qui connaîtra le destin tragique que l'on sait. Un petit groupe de gamins aux dents longues s'organise, sous la tutelle bienveillante du futur assassiné. On y retrouve Jean-Jacques Servan-Schreiber, Jacques Duhamel, Jean d'Ormesson, un peu plus tard Jean-François Deniau et Claude Brossolette, qui appartiennent à une génération suivante d'énarques, dont Valy s'institue le répétiteur. Les charmants jeunes-gens se réunissent rue Pierre 1er de Serbie. L'on y discute beaucoup, l'on y boit pas mal et l'on ne dédaigne pas les jolies mannequins.

    Le jeune inspecteur adjoint des finances sera envoyé à la Trésorerie Générale d'Alger. Ceux qui l'ont connu à cette époque se souviennent d'un garçon avide de plaisirs, parfois faciles, mais aussi de relations plus financières que mondaines. Il devient urgent de le marier. Le prince de Broglie va s'en charger. Les Fabre-Luce possèdent une délicieuse filleule, Anne-Aymone Sauvage de Brantes, une jeune fille bien sous tous les rapports, ravissante, pieuse, qu'une timidité presque maladive préserve des tentations du monde dans lequel elle vit. Ce n'est pas rien, AnneAymone : elle descend du baron Schneider et sa belle-mère est née Faucigny Lucinges, noblesse du second empire, bon genre, grand chic, la crème de l'Etablissement. L'on ne donne pas une fille pareille à un paltoquet. May a bien travaillé : ses bridges, ses thés et ses petits fours ont permis le beau mariage.

    Voici Valy parvenu au sommet de l'Etablissement, dont son père n'occupait qu'un degré inférieur, dont le grand-père Bardoux n'était qu'un serviteur zélé mais maladroit. Il aura fallu deux mariages, un réseau de plus en plus serré de relations, une grosse fortune, accumulée en peu de temps, grâce aux faveurs du pouvoir. Il ne lui restera plus qu'à faire un parcours sans faute ou presque, sinon une vilaine affaire de faux bilans et de dividendes fictifs, dans laquelle se trouve impliquée la « banque des intérêts français », tout un programme, moins une banque d'ailleurs qu'une officine, qui dépend des Giscard. Le 19 décembre 1965 De Gaulle le chasse du ministère des finances et exige prompte et bonne justice. Heureusement Michel Debré, son remplaçant aux Finances, veille. Le principal accusé aura l'obligeance de se suicider, l'avocat de la partie civile, « la caisse des marchés de l’Etat », défenseur des contribuables lésés, oubliera de se présenter, à l'audience, l'affaire sera expédiée sans que le nom de Giscard ait été prononcé. Ainsi fonctionne l'Etablissement. Les socialistes le découvriront lors d'une autre affaire, celle des avions renifleurs, quand Mitterrand protégera son prédécesseur et enterrera, à la demande de Fabius, le dossier.

    Cette brève incursion dans la biographie de M. Giscard montre qu'il n'est pas le descendant de bons bourgeois auvergnats, ni même de Louis XV par la main gauche mais l'arrière petit cousin de Carnot, le petit fils d'une Georges-Picot, le cousin par alliance des Fabre-Luce et surtout l'époux d'une Schneider. Que l'on ne prétende pas que ce fut sans influence sur sa carrière. Les fils du juge ne commencèrent à s'enrichir, non plus petitement comme leurs ancêtres mais rapidement et grandement, que lorsqu'ils devinrent un Carnot et un Georges-Picot. La colonisation leur apporta et plus encore la décolonisation. Le travail, l'épargne, le goût d'entreprendre ne furent pour rien dans une fortune fondée sur des « affaires » que seules leurs relations dans l'appareil de l'Etat rendirent fructueuses. Quand ils eurent l'imprudence de violer la loi, ils trouvèrent des protections même parmi leurs adversaires politiques. Ce qui ne les empêchera pas — à charge de revanche ? — de maquiller en crime crapuleux l'exécution de l'un de leurs amis, que l'ampleur et l'audace de ses trafics rendaient compromettant.

    Grâce à Giscard l'Etablissement gouvernera directement la France. Les ministres sont choisis dans le Gotha : Poniatowski ou d'Ornano. Ce sera une grave faute, la pire qu'il ait commise en deux siècles. Il se démasquera au moment où s'ouvre une crise structurelle, que, par un étrange aveuglement, il n'avait pas prévu. Si étrange que cela ? Sans doute pas si l'on considère qu'il ne s'intéresse qu'au court terme. Lui prêter de grands desseins est absurde. Il faudrait qu'il croie dans les idées. Certes, ses membres jouent volontiers les libéraux mais dans la pratique ils sont étatistes. Pendant qu'il était aux finances, Giscard a resserré le carcan du contrôle des prix. Cette contradiction ne les gêne pas. Pourtant, du fait de son origine, l'Etablissement est révolutionnaire. Non au plan économique. Il a trop profité du capitalisme financier pour le mettre en question. Du moins à celui des mœurs. Giscard a pris le pouvoir en entonnant « le chant du départ ». Il prétendait changer la vie. Les socialistes aussi, encore que Mitterrand préfère « la marche consulaire ». On y a vu une simple habileté, le désir de flatter le goût du changement des Français. Giscard était sincère, même s'il entrait une part de calcul. L'Etablissement a horreur de l'ancienne France. Il est né de la négation de ses valeurs religieuses et morales. Mammon est son dieu, un dieu jaloux qui ne souffre pas le partage.

    Plus qu'aucun chef d'Etat, Giscard a contribué à détruire la famille : libéralisation de l'avortement, révolution contraceptive, majorité à dix-huit ans, divorce par consentement mutuel, égalité des droits entre les enfants adultérins et les légitimes, fiscalité qui avantage les concubins. Cela servait la consommation de masse. Le sexe fait vendre. Il y avait davantage, l'Etablissement réduit l'homme à sa fonction économique. Il n'est qu'un producteur et qu'un consommateur. Aussi convient-il de dissoudre les solidarités familiales mais aussi le patriotisme local, et l'identité nationale, déraciner l'homme dans un perpétuel brassage des populations et des cultures. Quand le gouvernement attire les familles d'immigrés sous un prétexte humanitaire, il poursuit un objectif économique : mieux vaut que les immigrés consomment leurs revenus sur place plutôt que d'en expédier le principal aux leurs, restés au pays. Cela fera marcher le commerce. Cet objectif prosaïque en dissimule un autre : massifier la culture. Enfants de Français et fils d'immigrés trouvent un langage commun dans une culture cosmopolite, d'origine américaine : le rock, et ses dérivés, la bande dessinée, des séries de télévision comme Dallas. Il est évident que la famille, conservatoire des traditions, devient un obstacle tout comme l'attachement aux solidarités familiales et à la terre natale contrarient la mobilité de l'emploi. Il ne s'agit pas de faire des migrants des Français mais de faire des Français des migrants dans leur propre pays. Cela vient de loin. Barrès déjà dénonçait les déracinés.

    Pendant les 23 ans de gouvernement de la France par l'Etablissement, de façon mitigée sous le règne de Charles de Gaulle et ouverte du temps de Giscard, le processus de massification de la production puis de la consommation ne fut pas compensé comme il aurait dû l'être par une politique de protection de la famille, de décentralisation, de renforcement de l'identité culturelle. Ce fut le contraire. Les forces de résistance, nécessaires, fut-ce pour l'équilibre psychique de l'individu, furent méthodiquement démantelées avec pour conséquences la drogue, l'alcoolisme, la pornographie, la petite délinquance. Les immigrés en souffrirent autant que les Français. Imagine-t-on le chagrin d'un père marocain dont les filles revendiquent une liberté sexuelle qui abolit du jour au lendemain un millénaire de traditions coraniques ?

    Il s'agit d'un plan conduit de façon méthodique. L'on prétend que la loi n'a fait que s'adapter à l'évolution des mœurs. C'est l'inverse que l'on constate quand la libéralisation de l'avortement fut imposée, 70 % des Françaises lui étaient hostiles. L'historien s'aperçoit d'ailleurs que l'Etablissement n'a régné sans partage qu'à trois reprises, sous le Directoire, pendant l'Empire autoritaire, de 1851 à 1860, durant le septennat de Giscard. Ce furent trois périodes de dissolution morale. Est-ce un hasard ? Une couche sociale — il ne s'agit pas d'une classe mais d'une coterie — qui tient sa puissance de la corruption ne peut imaginer qu'une société à son image. Néanmoins, il lui fallait un bras séculier. Le prolétariat intellectuel le lui fournira.     

    A suivre  (A venir : Mai 68 : la révolution du prolétariat intellectuel)

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    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray :    

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  • Le « moment » régalien

    Notre-Dame-des-Landes. Fin de 50 ans d'atermoiements : plus d'aéroport, plus de ZAD ?

     

    Par Jean-Baptiste DONNIER

     

    J.B. DONNIER 1.JPGPHILOSOPHIE POLITIQUE. Il est des constantes dans l'histoire, surtout quand il s'agit d'une vieille nation comme la France. Et puis il y a cet art qui consiste à saisir les opportunités.

    En bon sophiste, l'actuel occupant de 1'Ely-sée-Bourbon a le sens du kaïros, du moment favorable, cet instant fugace où tout peut se décider, où la temporalité historique, comme visitée par un dieu, semble favoriser toutes les audaces. Il a donc parfaitement compris qu'il avait ramassé le pouvoir à l'un de ces moments où la France, lassée des jongleries démagogiques de quelque saltimbanque de passage, appelle de ses voeux un pouvoir vrai c'est-à-dire, selon l'expression de Boutang, un pouvoir qui sauve.

    Ces moments, qui reviennent régulièrement dans notre histoire des deux derniers siècles, sont la rencontre entre une France « poignarde », selon le mot d'Hugues Rebell dans sa réponse à l'Enquête sur la monarchie de Maurras, et un homme qualifié de « providentiel » parce qu'il s'est montré prêt, tout simplement, à occuper l'espace de la décision politique à un moment où celle-ci apparaît avec une forme d'évidence comme une nécessité vitale. Des deux Bonaparte au De Gaulle de 1958 en passant par Clemenceau en 1917, quelques hommes, au demeurant très différents dans leur aptitude à tenir le rôle que les circonstances leur offraient, ont su profiter de ces conjonctures épisodiques pour se hisser au pouvoir avec une facilité aussi déconcertante que celle avec laquelle ils ont pu l'exercer, au moins pendant le temps où tout leur a été possible, les obstacles annoncés ou attendus tombant les uns après les autres devant des décisions qu'en réalité tout le monde était prêt à accepter.

    LA LOGIQUE INSTITUTIONNELLE

    À cela s'ajoute, depuis 1958, une logique institutionnelle qui a fait du président de la république, ce succédané de roi inventé par les royalistes en 1871, un véritable chef de l'État. Il est devenu, dans les institutions de la Ve République, la source suprême de la décision politique. Certes, sa personnalité, le jeu des partis dont il est le plus souvent prisonnier, le peu de temps dont il dispose, peuvent réduire à presque rien l'exercice effectif de ce pouvoir souverain. Il n'en demeure pas moins que l'organe a été pensé et constitué pour cela : prendre des décisions politiques en dernier ressort. Il suffit dès lors que les circonstances lui donnent, fût-ce pour un temps très court, les moyens de se dégager de toutes les contingences qui le paralysent habituellement pour que, en quelque sorte, l'organe crée la fonction. Pour peu que celui qui l'exerce à ce moment-là se prenne au jeu et que l'opinion en ressente instinctivement le besoin vital et l'on assiste à l'un de ces « retours du régalien » qui rappelle périodiquement la nature profondément monarchique de cette étrange et paradoxale république.

    Nous vivons apparemment l'un de ces moments. L'épuisement des jeux partisans, la vacuité des discours politiques qui en étaient l'expression, la rare incompétence de politiciens entièrement déconsidérés ont permis à un sophiste intelligent de combler un vide politique qu'il a immédiatement perçu et qu'il n'a pas hésité à nommer avec une étonnante lucidité, déclarant que la politique française était marquée par un grand absent, « la figure du roi », qui « laisse un siège vide au coeur de la vie politique ». Il a très clairement vu que, en dehors de quelques moments particuliers de notre histoire, « la démocratie française ne remplit pas l'espace » laissée par ce vide, car la démocratie « ne se suffit pas à elle-même », ce qui crée « une forme d'incomplétude » qui ne demande qu'à être remplie. C'est de toute évidence à cette tâche qu'il entend désormais s'atteler ; il s'agit pour lui, d'occuper la fonction qu'il a si facilement conquise et de « réinvestir ce vide ». La - situation du pays, dont la société est ébranlée dans ses derniers soubassements, crée le terreau favorable qui appelle et rend possible ce « réinvestissement » du politique par un pouvoir qui prétend à nouveau assumer les fonctions régaliennes de l'État.

    LE RETOUR DU « RÉGALIEN »

    Significative est à cet égard la décision annoncée le 17 janvier d'abandonner le projet de construction d'un aéroport à Notre-Dame-des-Landes et d'ordonner l'expulsion des occupants de ce lieu qui restera comme l'un des symboles de l'incapacité de tant de gouvernements, depuis des décennies, de prendre une décision. La décision a été prise, dans un sens qui réaffirme à la fois l'autorité de l'État et le souci du bien commun, emportant ainsi l'adhésion d'une opinion dont tous les courants trouvent là un motif de satisfaction. Reste à savoir, au-delà de cette décision particulière, si le « retour du régalien » au coeur des préoccupations d'un pouvoir dont ce devrait être la nature correspond à une réalité ou ne relève, une fois de plus, que du discours. Les apparences vont incontestablement dans le sens d'un retour effectif aux préoccupations régaliennes. En quelques jours, le président de la république a renégocié un traité frontalier avec le Royaume-Uni, présenté ses voeux aux armées sur notre base navale de Toulon et assisté, depuis la place tenue par le roi dans les lits de justice, à la rentrée solennelle de la Cour de cassation. Les frontières, l'armée, la justice : ce sont bien là trois fonctions régaliennes « réinvesties » par la présence présidentielle. Mais ce qui frappe, plus encore que cette « occupation » du terrain régalien, c'est la conscience du caractère tout-à-fait particulier des décisions prises dans ces domaines dans lesquels s'exerce, à un titre éminent, la souveraineté. Dès l'exorde de son discours aux armées, le président de la république souligne ainsi le caractère singulier des décisions qu'il prend en tant que chef des armées et dont il dit mesurer le poids au regard de leurs effets immédiats non seulement sur l'exercice des missions mais sur la vie des hommes qui y sont engagés. Le discours que produit une telle conscience de la singularité de la décision politique souveraine, pour autant qu'elle soit vraie, ne peut être anodin.

    Sur le fond, néanmoins, les décisions annoncées risquent d'être fort décevantes. Le traité de Sandhurst signé avec le Royaume-Uni semble notamment se limiter à une contribution financière de la partie britannique au financement d'infrastructures frontalières qui resteront situées sur le territoire français ; c'est à se demander ce qu'il reste de la reconquête de Calais le 7 janvier 1558 par le duc de Guise, exécutant la décision prise par Henri II quelques semaines auparavant dans le plus grand secret et contre toute attente. Les décisions souveraines n'ont pas toutes la même portée ni, surtout, la même visée... Quelles que soient les intentions et même (pourquoi pas ?) les bonnes intentions, les visées à long terme sont interdites à celui dont l'éphémère apparence de souveraineté est limitée à cinq courtes années dont la majeure partie est stérilisée par la perspective de la prochaine échéance électorale. C'est la raison pour laquelle il y a malheureusement tout lieu de craindre que le moment actuel passera en ne laissant, une fois de plus, que le goût amer des occasions manquées.

    La personnalité de celui qui incarne ce moment ne fait en outre qu'accroître ces craintes. Cet homme pressé sait sans doute exploiter l'instant mais, dépourvu de conscience historique, saura-t-il maîtriser la durée ? On ne peut, hélas, qu'en douter. Le temps long paraît lui être totalement étranger, lui pour qui il n'existe pas de culture française et encore moins, semble-t-il, de nation française. Il est dans ces conditions peu probable que le vide institutionnel, un moment « réinvesti », soit durablement comblé. 

  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (7)

     

    lfar bleu.jpgNous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

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  • Macron en Corse : un jacobin au service de Bruxelles

     

    Par François Marcilhac

     

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    Pourquoi aurions-nous à prendre parti pour Macron contre les prétendus « nationalistes » corses, ou, au contraire, pour les seconds contre le premier ?

    Le succès récent, aux premières élections territoriales de la nouvelle collectivité, des autonomistes (représentés par Simeoni) et des indépendantistes (représentés par Talamoni) sous la marque déposée « nationaliste », est indéniable. Comme l’est l’apparente fermeté de Macron, lors de son voyage récent sur l’Ile de Beauté, face à des revendications inacceptables en tant que telles. Elles sont de trois ordres.

    Des revendications inacceptables

    Les premières sont anticonstitutionnelles. Il en est ainsi de la co-officialité de la langue corse, le français étant l’unique langue officielle de la « république » (article 2 de la Constitution), c’est-à-dire de l’Etat français. Ou du statut de résident, qui aboutirait à dénier aux autres citoyens français l’exercice de leurs pleins droits sur une partie du territoire national. Certes, une modification de la Constitution est toujours possible ; il en a été ainsi en Nouvelle-Calédonie pour favoriser les indépendantistes par la création, sous Mitterrand, d’une catégorie propre à l’archipel de sous-citoyens français auxquels il sera interdit de voter à l’automne prochain lors du scrutin d’autodétermination. Nul doute que, s’agissant du statut de résident, même si c’est la question immobilière que les séparatistes mettent aujourd’hui en avant, c’est à l’exemple néocalédonien qu’ils pensent, dans l’espoir d’un futur référendum sur l’indépendance de l’île.

    Les secondes exigences sont insupportables au plan éthique, puisqu’elles visent à faire passer pour des prisonniers politiques de vulgaires et lâches terroristes, comme l’assassin du préfet Érignac.

    La troisième série d’exigences — les moins choquantes — a trait à la fiscalité, la Corse ayant déjà, du reste, un statut fiscal dérogatoire qui remonte au Consulat, en raison de son insularité. Macron a fait justement observé qu’une éventuelle réforme fiscale entraînerait nécessairement une réduction équivalente des importantes dotations de l’Etat attribuées à l’île.

    Doit-on dès lors applaudir la fermeté de Macron, qui a refusé, apparemment comme un Jacobin pur sucre, toutes ces exigences ? Natacha Polony se trompe lorsque le 9 février dernier, dans FigaroVox, elle écrit qu’ « en opposant un mépris suffisant aux légitimes aspirations corses d’une démocratie plus proche du peuple, Emmanuel Macron est passé à côté de l’Histoire », ajoutant : « On attendait de Gaulle, il n’y eut que Guy Mollet » — pense-t-elle au président du Conseil envoyant le contingent en Algérie pour y organiser la répression ? Dans ces conditions, elle irait encore plus loin que les séparatistes qui se sont contentés, dans un jeu de rôles des plus classiques, de qualifier de « haineux, provocateurs et méprisants » les propos du chef de l’Etat, menaçant, il est vrai, du retour à la situation chaotique qui a prévalu des années 70 jusqu’à une période relativement récente.

    Un problème corse ?

    Il existe un problème corse, dont témoigne l’élection de cette chambre introuvable pour les « nationalistes ». Mais, paradoxalement, ces élections territoriales sont le copié-collé des élections présidentielle et législatives nationales.  Les Corses, en portant au pouvoir une majorité « nationaliste » n’ont fait rien d’autre que de chercher à se débarrasser de leur vieille classe politique vermoulue sur l’île comme les Français, en général, de la leur en élisant Macron et une assemblée En marche. Mais c’est, dans les deux cas, sans enthousiasme puisque l’abstention a frôlé les 48 % au second tour en Corse.

    Surtout, pour nous, qui ne sommes pas jacobins, le problème posé par une population française à forte identité culturelle régionale ne saurait être résolu dans le cadre d’un régime républicain, incapable de décentraliser sans nuire à l’unité nationale. Ou plus exactement, c’est la République qui fait de ces identités régionales autant de problèmes, alors même qu’une monarchie fédérative forte pourrait les laisser s’épanouir sans que leur particularité menaçât l’unité du Royaume. Ce que n’a pas vu Natacha Polony. Et refusent de voir tous ceux qui voudraient en finir avec un jacobinisme effectivement mortifère pour les forces vives de la nation, mais sans remettre en cause les institutions qui le rendent nécessaires.

    Corse… et Européen !

    Ou du moins le rendaient nécessaire. Car ne commettons aucun contresens sur la prétendue attitude de fermeté de Macron. Son jacobinisme, si jacobinisme il y a, n’est au service ni de la République ni, encore moins, de la France. Outre que M. En-Même-Temps s’est dit favorable à une reconnaissance de la Corse dans la Constitution, par un aménagement de son article 72 consacré aux collectivités territoriales, reconnaissance qui ouvrira la boîte de Pandore de revendications régionalistes plus ou moins fondées, il a surtout avoué son désintérêt du maintien de la Corse dans l’ensemble français comme tel, en déclarant : « Personne ne vous reprochera de vous dire Corse et Français, Français parce que Corse, Corse parce que Français, Européen… Dans cette identité indissociable je veux ouvrir avec la Corse cette page pour qu’elle puisse réussir. »  Oui, qu’allait donc faire l’Europe en cette galère ? N’oublions pas que le nouveau manifeste d’En marche, adopté à la fin de l’année dernière, a supprimé toute référence à la France et à la nation : seule l’Europe y subsiste. En étendant l’« identité indissociable » constituée par le fait d’être corse et français au fait d’être européen, Macron met sur le même plan l’appartenance à une institution supranationale et celle à une patrie, une histoire et une culture. Il dilue l’identité nationale et régionale dans le fourre-tour européen. Comme l’a montré l’exemple catalan, l’Europe ne favorise plus, directement du moins, l’éclatement des Etats-nations, à partir du moment où elle les a affaiblis suffisamment pour imposer ses directives. Pourquoi favoriserait-elle, du moins dans l’état actuel des choses — il peut changer —, de nouvelles communautés jalouses de leur jeune souveraineté, quand les vieux Etats ne sont plus jaloux de la leur ? Des régions à forte identité pourraient devenir, dans ce grand espace bureaucratique soumis au mondialisme, autant de grains de sable dans une mécanique désormais bien huilée. Macron, dont l’horizon indépassable est l’Europe, n’est jacobin que dans la mesure où son « jacobinisme » est au service de Bruxelles.    

  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (6)

     

    lfar bleu.jpgNous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

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  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (5)

     

    lfar bleu.jpgNous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

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  • Prince Jean de France : « Un livre plein de sagesse »

     

    Le Jugement de Salomon

       

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    Publié le 25 novembre 2017 - Réactualisé le 15 février 2017
     
    Je suis tombé ces jours-ci sur ce texte du Livre de la Sagesse. Il m’a semblé d’actualité.
     
    Je n’y ajoute aucun commentaire et vous en laisse la lecture.  
     
     
     
    « Écoutez, ô rois, et comprenez ;
    instruisez-vous, juges de toute la terre.
        Soyez attentifs, vous qui dominez les foules,
    qui vous vantez de la multitude de vos peuples.
        Car la domination vous a été donnée par le Seigneur,
    et le pouvoir, par le Très-Haut,
    lui qui examinera votre conduite
    et scrutera vos intentions.
        En effet, vous êtes les ministres de sa royauté ;
    si donc vous n’avez pas rendu la justice avec droiture,
    ni observé la Loi,
    ni vécu selon les intentions de Dieu,
        il fondra sur vous, terrifiant et rapide,
    car un jugement implacable s’exerce sur les grands ;
        au petit, par pitié, on pardonne,
    mais les puissants seront jugés avec puissance.
        Le Maître de l’univers ne reculera devant personne,
    la grandeur ne lui en impose pas ;
    car les petits comme les grands, c’est lui qui les a faits :
    il prend soin de tous pareillement.
        Les puissants seront soumis à une enquête rigoureuse.
        C’est donc pour vous, souverains, que je parle,
    afin que vous appreniez la sagesse
    et que vous évitiez la chute,
        car ceux qui observent saintement les lois saintes
    seront reconnus saints,
    et ceux qui s’en instruisent
    y trouveront leur défense.
        Recherchez mes paroles, désirez-les ;
    elles feront votre éducation. »  

     

    Jean de France, duc de Vendôme
    Domaine Royal de Dreux le 25 novembre 2017

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    Vitrail de la Chapelle Royale de Dreux

    Le site officiel du Prince Jean de France

  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (4)

    La production automobile de masse

     

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  • Maurras : censure républicaine

     

    Par Hilaire de Crémiers

     

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    Maurras est censuré ! Comme du temps des Boches ! Le livre des commémorations nationales de l’année 2018 a été expédié au pilon pour avoir comporté l’annonce du 150e anniversaire de la naissance de l’écrivain et poète martégal : 20 avril 1868.

    Mme Nyssen, ministre de la Culture, a obtempéré sur le champ à l’ordre venu de politiciens en mal de célébrité et d’officines stipendiées qui sont, comme on ne le sait que trop, les hauts lieux magistériels de la République. Question de foi et de morale : un citoyen n’a pas le droit de penser en dehors du dogme défini et encore moins d’oser regarder au-delà de la règle que lui assigne ledit Magistère.

    L’index est là qui maintient en Enfer ceux qui ne doivent pas en sortir. Non, même pas le purgatoire dont ils risqueraient de se libérer ! Là, c’est définitif. Maurras, c’est le Mal absolu. Comment et pourquoi a-t-il été possible de seulement envisager une telle célébration ? Voilà donc que le Comité des célébrations avec ses sommités a été convoqué à comparaître devant la haute autorité ministérielle pour répondre d’une telle négligence ou, pire, de l’audace d’un tel crime. Nous sommes en 2018 ! Il faut le faire.

    Rappelons, pour les sots qui jouent à l’autorité religieuse et qui prétendent nous régenter, que François Mitterrand plaçait Charles Maurras parmi ses auteurs préférés. Il l’écrit à Anne Pingeot, lettre intéressante que personne n’a jamais citée et où il exprime ses préférences littéraires : de Barrès à Montherlant, en passant par Chardonne et en n’oubliant pas Maurras dont il avait fréquenté l’œuvre, et plus que fréquenté ! Evidemment ! Mitterrand était tout, sauf un cuistre.

    Pompidou, l’un de nos présidents cultivés, non seulement citait Maurras, mais, à la grande fureur des butors de la Gauche salonnarde, lui rendait hommage : dans Le nœud gordien, dans son dernier discours à Sciences-Po. Il considérait le Kiel et Tanger de Maurras comme un livre majeur pour la compréhension de la politique extérieure française. Lequel de nos censeurs ignares en connaît même le titre ? Charles de Gaulle avait dans sa bibliothèque les œuvres de Maurras et n’a pas manqué avant guerre de lui dédicacer ses livres. André Malraux, jeune homme, donnait une préface chaleureuse à Mademoiselle Monk de Charles Maurras.

    Avant-guerre, pas un écrivain, pas un homme d’esprit, à l’exception de quelques envieux, qui ne se flattât d’avoir une relation avec l’écrivain de style puissant et le penseur de haute volée : de Barrès à Anatole France, de Proust à Apollinaire. Il avait pour compagnon Léon Daudet et Jacques Bainville.

    Presque toute la jeune génération littéraire de l’entre-deux guerres a reconnu devoir son initiation intellectuelle à l’homme qui avait offert son génie à la postérité : de Maulnier à Boutang, de Bernanos à Brasillach. Combien d’académiciens lui sont restés fidèles : de Massis à Lévis-Mirepoix, de Bordeaux à Déon, de Gaxotte à Michel Mohrt ! L’Académie française s’est honorée en refusant de le remplacer de son vivant. Et les Français se laisseraient dicter leur goût, leur choix par une petite bande de corniauds incultes. C’est donc ça, la République ? Celle qui envoie Chénier et Lavoisier à l’échafaud !

    Pourquoi tant de haine ? C’est la vraie question. Question bien connue des honnêtes gens et il en reste en France malgré tout. La bêtise et la méchanceté n’ont qu’un seul talent : déceler, sentir leur adversaire, sorte d’hommage que le vice rend à la vertu.

    Charles Maurras est trop haut pour eux, trop profond aussi, trop vrai surtout. Le mensonge ne peut supporter la lumière. « C’est un abri et un bouclier que la lumière ; elle est impénétrable aux curiosités du commun. Les mystères qu’elle recouvre ne seront jamais divulgués. Je lui ai confié les miens » écrivait Charles Maurras en 1894 dans la préface à son Chemin de Paradis.

    Puisse cette lumière jaillir quelque jour pour nous sortir de l’Enfer où la satanique imbécillité à l’intention de nous enfermer pour toujours, et pour nous entraîner sur son chemin de gloire jusqu’aux portes du Royaume.  ■ 

    Hilaire de Crémiers

  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (3)

    Chute du mur de Berlin

     

    lfar bleu.jpgNous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

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  • « Ce mot hideux de province »*

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    103879671.jpgOn connaissait l’agacement de nombre de « continentaux » à l’égard de certaines exigences corses.

    Aujourd’hui, c’est une large majorité des sondés (environ deux tiers d’après Le Figaro du 8 février) qui approuve la fermeté du discours du chef de l’Etat à Bastia. L’exaspération provoquée par la stratégie de la frange indépendantiste paraît certes légitime, toute avancée n’étant pour elle qu’une étape d’un processus dangereux. En revanche, et même si c’est vrai d’un point de vue purement comptable, faire grief à la Corse de bénéficier de la « solidarité nationale », c’est oublier et que les Corses ont largement payé le prix du sang dans les conflits où la France s’est engagée et que c’est sans doute la nature même de notre république qui génère cette situation. 

    D’aucuns pensent que M. Macron, en l’occurrence plus politicien que politique, a voulu tirer profit de cette opinion publique. On peut en douter. Nous l’avions écrit ici même, M. Macron, tout simplement parce qu’il ne le pouvait pas, n’annoncerait pas en Corse une prise en compte des revendications de MM. Simeoni et Talamoni. Certes, avec bon sens et surtout habileté, il a reconnu la double spécificité corse, géographique et culturelle, envisageant même son inscription dans la constitution (article 72) mais pour mieux l’étouffer « dans le giron de la République ». Il est en effet avant tout le président d’une République fondée sur l’individualisme des Lumières. On décrète qu’il n’y a que des individus formant peuple (en l’occurrence formant plutôt masse) et que doit disparaître tout ce qui pourrait s’opposer à cette conception. Condamné, donc, le sentiment d’appartenance à ce que l’on a longtemps et joliment nommé la « petite patrie » provinciale. Pour mieux « émanciper » les nouveaux citoyens, on pratique la politique de la table rase. Etre « français » ce sera en fait être républicain, se reconnaître dans les « valeurs » de la République. Logique insensée qui, parce qu’elle nie toute racine, tout héritage, amène à considérer n’importe quel être humain comme un « Français » potentiel ; logique mortifère dans ses conséquences ultimes avec l’attribution du droit du sol à la progéniture de millions d’immigrants déracinés, devenus « enfants de la République ». 

    Ce n’est donc pas nous qui reprocherons à certains Corses de vouloir maintenir une forme assumée d’identité, en demandant la co-officialité de la langue corse et le statut de résident. Evidemment, ces demandes ont une résonance « ethnique » : tout le monde n’est pas corse, c’est ainsi. Mais ceux qui nous expliquent qu’il faut pratiquer, sur l’ensemble du territoire national,  le « vivre ensemble » avec des communautés importées, fortement ethnicisées et identitaristes, sont les mêmes qui dénient à une population originale vivant chez elle la possibilité de rester elle-même. En Corse, les Corses sont bien évidemment chez eux et, qu’on le veuille ou non, un peu plus que les autres malgré tout - sauf à traiter l’île comme les Chinois traitent le Tibet. Si les mesures demandées avaient été appliquées ailleurs en France, par exemple en Provence, ladite Provence n’en serait pas réduite à n’être plus que le prête-nom d’un territoire climatique. La vraie Provence est moribonde et la Corse ne veut pas mourir. 

    Peu ou prou, tout président de la République française est l’héritier des principes chers à Robespierre. Pour les établir, les « grands ancêtres » de 1789 ont inventé « la terreur ». Point de terreur aujourd’hui mais le résultat sera le même : après tant d’autres provinces de France, la Corse sera sacrifiée sur l’autel des valeurs d’une République radicalement hostile à tout ce qui ne serait pas elle.  L’Etat républicain est un Etat faible qui, confondant autoritarisme et autorité, craint et méprise les composantes provinciales historiques du pays. Seul un état naturellement « fort » pourrait s’accommoder d’une décentralisation de fait et de droit.  •

    * André Malraux, discours d’Amiens, 19 mars 1966

  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (2)

     

    lfar bleu.jpgNous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

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