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  • Anarchie & violences d'extrême gauche partout ! L'Action Française Toulouse écrit au maire de Toulouse et au doyen de l'université

    A Toulouse, l'extrême gauche colonise et bloque l'université du « Mirail

     

    2293089609.14.jpgDans cette lettre ouverte adressée au maire de Toulouse et au doyen de l'Université Toulouse Jean Jaurès, l'Action Française Toulouse dénonce la ségrégation raciale organisée au sein même de l'université du Mirail et appelle le maire de Toulouse à évacuer cette ZAD. En ajoutant : « Les entorses à la loi sont trop nombreuses ». L'anarchie et les violences d'extrême-gauche que les pouvoirs publics laissent s'installer en France à l'université et dans de nombreux autres secteurs finissent en effet par devenir insupportables pour une majorité de nos concitoyens. Mais, comme l'écrit avec raison un commentateur : « Bombarder la Syrie, c’est facile ; mater les antifas, c’est plus compliqué ! »   LFAR 

     

    30716505_518376808557647_5352830003720249588_n.jpgLe 16 avril 2018

    A l'attention de M. le Maire de Toulouse

    Et de M. le Doyen de l'Université Toulouse Jean Jaurès

     

     

     

    Lettre ouverte

    Signalement d'une activité à caractère ouvertement discriminatoire à l'Université Toulouse 2 Jean Jaurès (« 10 jours d'autodéfense populaire »), le 18 avril 2018

    M. le Maire, M. le Doyen de l'université,

    Nous prenons aujourd'hui l'initiative de vous écrire au sujet d'une situation alarmante à l'université du Mirail. C'est avec indignation que nous venons d'apprendre le déroulement de « 10 jours d'autodéfense populaire » au sein même de l'Arche du Mira, le mercredi 18 avril. Outre les ateliers « autodéfense numérique », « enregistrement rap » et autres fantaisies, ce singulier festival prévoit la projection d'un reportage « en non-mixité personnes racisées ». Il faut comprendre : réservé aux non-blancs.

    Cela est inacceptable, car il s'agit de la discrimination pure et simple au sens du Code pénal. En effet, nous nous permettons de rappeler que l'article 225-1 de ce Code dispose : « Constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques sur le fondement de leur origine, (…) de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une Nation, une prétendue race », et l'article 225-2 1° « La discrimination définie aux articles 225-1, à 225-2, commise à l'égard d'une personne physique ou morale, est punie de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende lorsqu'elle consiste : à refuser la fourniture d. bien ou d'un service ».

    En l'espèce, il est clairement fait une telle distinction, afin de réserver à une catégorie déterminée de personnes un service {la projection). Ces faits semblent répréhensibles pénalement, et nous nous permettons de demander au moins que l'activité soit annulée. La violation est ici flagrante.

    Fig.jpgAprès avoir compromis l'avenir de milliers d'étudiants et dédaigné la liberté d'étudier en prolongeant un blocage inexplicable au sein d'AG ahurissantes, après avoir dévasté l'université qui n'est plus qu'une ZAD, une minorité d'agitateurs se permet encore d'enfreindre les lois et la morale par l'organisation d'événements discriminatoires. Le déroulement d'un tel festival constitue un affront à votre autorité et un profond mépris des étudiants.

    Cette situation est véritablement révoltante. Aussi, nous vous exhortons à prendre toutes les mesures qu'Il convient de mettre en place, afin que soient rétablis le droit et la liberté d'étudier. Vous ne pouvez permettre qu'une telle situation persiste impunément.

    Veuillez agréer, Monsieur le Maire, Monsieur le Doyen, l'expression de nos sentiments les meilleurs.  •

    L'Action Française Toulouse

    toulouse@actionfrancaise.net

  • Syrie : « Pour peser, la France doit s'affranchir de l'alliance atlantique »

     

    par Mezri Haddad
     
    Alors que la Maison-Blanche a engagé contre la Syrie et les Russes une rhétorique particulièrement belliqueuse, Mezri Haddad implore la France de résister à la tentation de rentrer dans une guerre dont les enjeux ne semblent profiter qu'aux États-Unis. Cet article [Figarovox, 12.04] est écrit avec une certaine passion, dont on voit bien les raisons, à proportion des enjeux - en dernier ressort, la guerre ou la paix - pour le monde arabe comme pour la France et l'Europe. Sur l'essentiel, Mezri Haddad se livre ici à de justes analyses. Signalons de nouveau que Mezri Haddad n'est pas un inconnu des royalistes français que lui aussi connaît bien. Nous nous rappelons avoir organisé il y a quelques années, à Marseille, entre Mezri Haddad et Jacques Trémolet de Villers, un dîner-débat sur la montée de l'islamisme en France et ailleurs, qui fut d'un grand intérêt. Nous n'avons jamais négligé ces échanges, ces relations, ces débatset nous les poursuivons ici, dans ces colonnes...  Lafautearousseau.
     
     

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    « La première victime de la guerre, c'est la vérité », disait Kipling. Si toutes les guerres sont par définition même sales et destructrices, celle qui a été livrée à la Syrie, et que certains veulent relancer et porter à son paroxysme aujourd'hui, est particulièrement nauséabonde, injuste et absurde.

    Elle restera dans les annales des grands conflits mondiaux, avec néanmoins ce constat hallucinant : si la dernière guerre mondiale a opposé les démocraties aux totalitarismes, les valeurs humanistes à l'abjection nazie, celle dont on parle aujourd'hui a réuni dans une même coalition la barbarie et la civilisation, le monde dit libre aux forces les plus obscurantistes, l'atlantisme à l'islamisme, pour abattre le « régime de Bachar », comme ils disent. 

    Dans l'euphorie d'un « printemps arabe » qui était dès ses premiers balbutiements en Tunisie un hiver islamo-atlantiste, tout a été implacablement déployé pour déstabiliser un pays qui n‘était sans doute pas un modèle de démocratie, mais qui connaissait depuis juillet 2000 de profondes et graduelles réformes politiques, sociales et économiques, louables et intrinsèquement libérales, de l'aveu même de Nicolas Sarkozy, qui avait invité à l'époque (2008) le jeune Président syrien au défilé du 14 juillet.

    Tout a été déployé, y compris cette arme de guerre redoutable et particulièrement détestable, la désinformation, avec son cortège de mensonges éhontés, de manipulations des masses, de subversions des mots. Dans cette diabolisation systématique de l'ennemi et victimisation de l'ami, l'État syrien est ainsi devenu le « régime de Bachar », l'armée arabe syrienne régulière est devenue « milice d'Assad », les terroristes sont devenus les « rebelles » ou l'« armée syrienne libre », Bachar Al-Assad s'est transformé en « tyran sanguinaire qui massacre son peuple », et les hordes islamo-fascistes, d'Al-Qaïda jusqu'à Daech, se sont métamorphosées en « combattants de la liberté » voire même en « défenseurs des droits de l'homme »…

    Rien ne pouvait justifier un tel aveuglement. Ni l'idéal démocratique auquel aspire effectivement le peuple syrien. Ni la question des droits de l'homme que le monde libre a certainement le devoir moral de défendre partout où ses droits sont malmenés. Ni le contrat à durée indéterminée entre l'émirat du Qatar et la République sarkozienne ! Ni même les prétendues attaques chimiques syriennes, qui étaient à la diplomatie française et à ses relais médiatiques ce que les armes de destruction massive furent à la propagande anglo-américaine, lors de la croisade messianiste contre l'Irak dont on connaît la tragédie et le chaos depuis. Dans ses mémoires, l'honnête homme Colin Powell, avoue regretter jusqu'à la fin de sa vie son discours devant le Conseil de sécurité des Nations Unies. Un autre discours, devant la même instance onusienne, restera, lui, dans l'Histoire : celui de la France égale à elle-même et fidèle à ses valeurs universelles, magistralement lu par Dominique de Villepin. Son successeur à la tête de la diplomatie française, qui se félicitait du « bon boulot » que le front Al-Nosra faisait en Syrie, ne peut pas en dire autant.

    Faute d'une vision stratégique et géopolitique à la hauteur des enjeux cruciaux qui se dessinaient et d'une accélération de l'Histoire qui déroutait, la France sarko-hollandienne a eu une politique autiste, aveugle et inaudible qui ridiculisait le pays de De Gaulle auprès des instances onusiennes et même aux yeux de la puissance américaine qu'elle entendait servir avec encore plus de servitude que la couronne britannique ; une politique qui positionnait la France en ennemi formel d'une amie potentielle - la Russie -, en l'extirpant d'un Moyen-Orient où sa voix portait et son rôle pesait…jadis et naguère. Plus troublant encore, cette politique qui ne manquait pas de machiavélisme suscitait des doutes quant à la volonté réelle du gouvernement français de mener une guerre globale et sans pitié contre l'islamo-terrorisme, qu'il se fasse appeler Daech, Al-Qaïda ou Al-Nosra, rebaptisé pour la circonstance Fatah Al-Sham. À l'inverse de l'ancien chef de la diplomatie française pour lequel « Bachar el-Assad ne mérite pas d'être sur terre » et « Al Nosra fait du bon boulot », Vladimir Poutine a eu le mérite de la cohérence et de la constance : « on ira les buter jusque dans les chiottes », promettait-il en septembre 1999, lorsqu'il n'était encore que le premier ministre de Boris Eltsine. En France, les fichés S sont présupposés innocents jusqu'à leur passage à l'acte !

    Le jusqu'au-boutisme droit-de-l'hommiste, l'humanisme à géométrie variable, l'homélie de l'islamisme « modéré », le manichéisme simpliste qui réduit un conflit géostratégique majeur à un affrontement entre le bien (Al-Qaïda et ses métastases) et le mal (le régime de Bachar al-Assad et ses alliés) ne peuvent plus dissimuler l'alliance objective entre le monde dit libre et les hordes barbares de l'obscurantisme islamiste. Contrairement à la propagande politique, la tragédie qui se joue en Syrie n'oppose pas un « animal qui massacre son peuple » -comme vient de le tweeter le très diplomate Trump - à des gladiateurs de la liberté qui n'aspirent qu'à la démocratie, mais un État légal et même légitime, à des hordes sauvages et fanatisées, galvanisées par ceux-là mêmes qui avaient ordonné les plus ignobles actions terroristes dans les capitales européennes. Cette tragédie se joue entre un État reconnu par les Nations Unies, qui entend reconquérir jusqu'à la dernière parcelle de son territoire tombé sous le joug totalitaire et théocratique des « islamistes modérés », et des djihadistes sans scrupule qui se servaient des civils d'Alep, de Ghouta et aujourd'hui de Douma comme de boucliers humains. Pas plus qu'à Al-Ghouta hier, quel intérêt pour le « régime de Bachar » de bombarder aux armes chimiques une ville, Douma en l'occurrence, quasiment libérée des mains criminelles des islamo-fascistes ? Les crimes de guerre imputés à Bachar dans cette ville raisonnent comme le requiem bushéen « Saddam possède des armes de destruction massive » et comme son futur refrain sarkozien, « éviter un bain de sang à Benghazi » !

    Comme l'URSS pourtant stalinienne de 1945, la Russie est aujourd'hui du bon côté de l'Histoire. N'en déplaise aux petits stratèges londoniens de l'affaire Skripal et autres russophobes primaires figés dans les eaux glaciales de la guerre froide, Vladimir Poutine a fait les bons choix stratégiques et géopolitiques. Plus insupportable encore pour les avocassiers de la civilisation et les zélotes des droits de l'homme…islamiste, il a été le seul défenseur des valeurs occidentales…en Syrie.

    De cette guerre lâche de l'islamo-atlantisme contre la Syrie, la Russie est sortie victorieuse. Même si l'État et le peuple syriens souffriront encore du terrorisme résiduel, comme beaucoup d'autres pays, y compris la France, le pays de Bachar a gagné cette guerre non conventionnelle et par terroristes et mercenaires interposés qu'on lui a livrée huit années durant.

    Dans un communiqué officiel de la Maison blanche, c'est-à-dire un tweet matinal, le président américain a menacé la Russie de ses missiles « beaux, nouveaux et intelligents », et d'ajouter dans un second « communiqué » que « notre relation avec la Russie est pire aujourd'hui qu'elle ne l'a jamais été, y compris pendant la Guerre froide ». Pour une fois, Donald Trump a parfaitement raison : la situation actuelle est plus grave que la crise des missiles de Cuba en 1962. Et elle l'est d'autant plus que c'est précisément lui qui gouverne aujourd'hui les USA et non un Kennedy, qui a su trouver à l'époque un modus vivendi avec Khrouchtchev, évitant ainsi pour les deux pays et pour l'humanité le pire.

    Plutôt que de céder à l'hybris washingtonien, de s'aligner aveuglément sur l'hyperpuissance américaine, comme la qualifiait Hubert Védrine, de guerroyer avec un Donald Trump imprévisible, volatile et inconscient du chaos qu'il peut provoquer dans la poudrière moyen-orientale, voire d'un conflit mondial, la France doit au contraire répondre à sa vocation de puissance souveraine et modératrice. L'occasion se présente au pays de Macron de reconquérir sa position dans cette partie du monde, de s'affranchir d'une alliance atlantique aux ennemis anachroniques et à la doctrine désuète, de retrouver sa singularité gaullienne. L'avenir de la France au Proche-Orient et dans le monde en général peut se redéployer cette fois-ci avec un sens aigu du pragmatisme, du réalisme et des intérêts mutuels bien compris. Il ne s'agit donc ni d'idéalisme, ni de fraternité, ni d'éthique, ni d'humanisme, ni même de « politique arabe de la France ». Il s'agit essentiellement de realpolitik et d'intérêts réciproques euro-arabes d'une part et euro-russes d'autre part: primo le combat commun contre le terrorisme islamiste qui a saigné la Syrie pour ensuite, tel un boomerang, meurtrir la France ; secundo la relance de l'Europe voulue par les Européens sans la feuille de route américaine et avec un bon voisinage du puissant russe ; tertio la reconstruction d'un pays dévasté, non point par huit années de « guerre civile », mais par une guerre lâche et sans nom, livrée par des mercenaires recrutés des quatre coins du monde, ceux-là mêmes qui se sont retournés contre leurs alliés objectifs et conjoncturels, notamment à Londres, à Barcelone, à Paris, à Nice et récemment dans l'Aude.

    Avec la nouvelle géopolitique qui se trame au Proche-Orient et les périls terroristes qui menacent la région et l'ensemble du monde, la nouvelle élite dirigeante française a forcément un rôle à jouer. Parce que ses liens avec la Syrie sont historiques autant que ses relations avec la Russie, la France doit pouvoir encore jouer ce rôle conforme à ses valeurs universelles et compatibles avec ses intérêts nationaux. Et si, à l'instar de Theresa May, qui a besoin de la fuite Skripal pour colmater la brèche du Brexit, et de Donald Trump, qui a toutes ses raisons de provoquer un conflit mondial pour se débarrasser de la vodka russe qui empoisonne sa présidence - la supposée ingérence de Moscou dans les élections américaines -, Emmanuel Macron n'a nul besoin d'impliquer la France dans un conflit qui n'est pas le sien et dont on ne conjecture pas encore les effets planétaires.   

    Ancien ambassadeur de la Tunisie auprès de l'Unesco, Mezri Haddad est philosophe et président du Centre international de géopolitique et de prospective analytique (Cigpa). Il est l'auteur d'essais sur la réforme de l'islam..
     
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  • Lafautearousseau vous invite au colloque « Charles Maurras, l'homme de la politique » pour le 150e anniversaire de sa naissance. Et c'est demain !  

     

    2293089609.14.jpgL'on peut encore s'inscrire au colloque. Mais en urgence ! Voir modalités ci-dessous.  

    Le 150ème anniversaire de la naissance de Charles Maurras sera par ailleurs commémoré le lendemain dimanche 22 avril.   

    Manifestations organisées conjointement par Lafautearousseau, la Fédération Royaliste Provençale, le Cercle de Flore et le Cercle Vauban. 

    Programme des interventions (9 h30 - 17 h 30)

    Modérateur : Hilaire de Crémiersdirecteur de Politique magazine et de La nouvelle Revue Universelle

    • Maurras, au-delà de la caricature, l’homme, par Christian Franchet d’Espérey, rédacteur en chef de La nouvelle Revue Universelle.

    • Maurras, l’homme de la liberté par Jean-Philippe Chauvin , professeur d’histoire.

    • Maurras, l’homme de l’ordre, par Stéphane Blanchonnet, président du comité directeur de l’Action française.

    • Maurras, l’homme de la paix par Bernard Pascaud, président de la Restauration Nationale.

    • Maurras, l’homme de la cité par Jean-Baptiste Donnier, professeur de Droit.

    • Maurras, l’homme de la Nation par Axel Tisserand, écrivain.

    • Maurras, l’homme de l’universel par Gérard Leclerc, journaliste et écrivain.

    • Maurras, l’homme du Roi par Jacques Trémolet de Villers, avocat et écrivain.

    PAF 10 € - Jeunes 6 € (Entrée et pauses-café) - Déjeuner libre. 

    Règlements par chèque à l'adresse suivante : Les Amis de Lafautearousseau, 48 rue Sainte-Victoire 13006 Marseille (Ordre Les Amis de Lafautearousseau).

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  • Affaire Bourdin-Plenel : avons-nous un Président florentin ?

     

    Par Yves-Marie Adeline

    2293089609.14.jpgYves-Marie Adeline a réagi hier dans Boulevard Voltaire à l'entretien télévisé du président de la République avec Jean-Claude Bourdin et Edwy Plenel. Il en dit avec talent, érudition, sagesse politique et lucidité ce que nous en avons nous-mêmes pensé et pas encore publié... Nous lui laissons la parole. Le sujet est d'importance car il touche au statut régalien - ou non - du Chef de l'Etat. Promoteur de ce dialogue sulfureux dans son essence, Emmanuel Macron, a-t-il prémédité une manoeuvre florentine pour discréditer ces deux journalistes ? Pourquoi pas ? Yves-Marie Adeline risque cette hypothèse. Une autre explication, il est vrai plus classique, est qu'il est bien difficile sous notre république de restaurer une verticalité du pouvoir qui dure plus d'une ou deux saisons.  LFAR

     

    2c4745ee2597a8a553855be364954af3.jpgL’irrespect intentionnel des deux journalistes invités de l’Élysée fait glisser toujours plus la Ve République vers une forme plus authentiquement républicaine…

    Celle qui, à l’instar des Ire, IIIe et IVe, répugne à reconnaître un chef d’État. Son principe remonte au sacrifice rituel de Louis XVI, qui fit résonner notre mentalité primitive (tuer le père, tuer le lion, etc.), quand bien même l’on recouvrait cette pulsion primaire d’un semblant de civilisation par une forme caricaturale de procès.

    Depuis lors, en dépit d’une recherche continue d’arracher la France à ses deux racines fondatrices – le christianisme adopté sous l’empire de Rome et la figure du chef d’État imposée depuis César (qui tranchait avec la faiblesse des royautés gauloises étroitement dépendantes du pouvoir druidique) et continuée par les royautés franques -, la France, secouée dans la longue tempête politique du XIXe siècle, a toujours eu un chef d’État entre Bonaparte Premier consul – bientôt Napoléon 1er – et Napoléon III. On sait que le principal dessein de De Gaulle aura été de rétablir cette figure du chef, réalisant une sorte de mariage entre la royauté – un chef avec son Premier ministre, cette fonction étant typique d’une monarchie depuis le maire du palais mérovingien – et la république avec son fonctionnement oligarchique. Après lui, la présidence de la République, nourrie au lait républicain, a été mise à mal, d’abord dans la volonté affichée depuis Giscard de lui donner une apparence démagogique, puis dans le passage au quinquennat, qui transforme le Président en simple chef de majorité et repousse dans l’ombre le Premier ministre.

    Plus fondamentalement encore, certains politiciens de gauche souhaitent un retour en arrière, une « VIe République » qui rendrait le pouvoir à l’Assemblée. C’est aussi remettre en cause notre puissance nucléaire, qui n’est dissuasive que si l’ennemi sait qu’un seul homme peut décider de son usage sans en rendre aucun compte, ce pouvoir lui ayant été implicitement reconnu au moment de son élection.

    On reconnaîtra à M. Macron d’avoir tenté de rendre un peu de prestige à la fonction présidentielle, notamment en se tenant à distance des feux de la rampe médiatique, où l’on se brûle plus souvent que l’on brille. Mais alors, lui auquel on peut reprocher de n’avoir pas su s’entourer, mais certainement pas d’avoir du talent à revendre, quelle mouche l’a donc piqué pour inviter à sa table – en pleine crise sociale, qui plus est ! – le sulfureux M. Plenel, communiste affiché et manipulateur d’informations, et M. Bourdin, que son désir de revanche sociale conduit à humilier les personnalités politiques – exercice facile avec le personnel incompétent d’aujourd’hui ? Il entre aussi dans leur arrogance un appétit de puissance médiatique, démagogique par essence. Chacun se souvient de la désinvolture du journaliste Poivre d’Arvor demandant au Président Sarkozy s’il ne se sentait pas « petit garçon ravi de jouer dans la cour des grands ». L’insolent a confié plus tard « qu’il aimait cela, et que cela plaît aux téléspectateurs ». Depuis, c’est l’appellation même de « Président » qui écorche les lèvres de Plenel et Bourdin, au motif que, selon Plenel, M. Macron redeviendra demain un simple citoyen, que l’on est donc tous égaux : la distinction entre la fonction et son dépositaire, pensée depuis au moins la crise donatiste au IVe siècle, lui est inconnue. Quant à M. Bourdin, il se justifie ainsi : « Puisque nous étions sur le même plateau pour parler du pays, il n’y avait aucune raison d’être déférent. » Autrement dit, « le plateau » est le nouveau pavois… et les journalistes les nouveaux prétoriens.

    Quant à nous, quelle que puisse être l’opinion de chacun sur sa politique, on ne peut approuver cette humiliation d’un chef d’État par deux échotiers infatués d’eux-mêmes. À moins que M. Macron n’ait prémédité l’événement pour discréditer la caste journalistique ? Alors, nous aurions à la tête de l’État un nouveau florentin, comme l’était Mitterrand…   

    Ecrivain 

  • LA SYRIE, LIEU D'AFFRONTEMENTS MILITAIRES ET DIPLOMATIQUES

     

    Par Mathieu Épinay

    MOYEN-ORIENT. Les nations occidentales mènent de drôles de jeux — plutôt sinistres — pour contrecarrer la Russie.

    Macron n'aura pas mis longtemps à s'aligner sur la doxa euro-otanienne servie par la grosse presse : c'est sûr, à Londres l'ex-agent secret Sergueï Skripal et sa fille ont été empoisonnés par Poutine. Des preuves ? Les Anglais n'en donnent aucune mais ils ont convaincu Macron. Élémentaire, comme dit imperturbablement le limier britannique, le toxique utilisé s'appelle Novichok ! Paris avait d'abord voulu attendre les conclusions de l'enquête, ce qui était intelligent, mais Jupiter, qui n'est donc pas empereur en son royaume, a dû se faire taper sur les doigts comme un vilain petit dieu. Il est rentré dans le rang au point d'avoir annulé sa visite au Pavillon de la Russie, pourtant invitée d'honneur au Salon du livre parisien. C'est une faute politique, doublée d'une muflerie qu'en termes mesurés la veuve du grand Soljenitsyne regrette : « J'avais l'impression qu'il était moins influencé par cette hystérie qui règne dans les médias occidentaux quand il s'agit de la Russie... Quand les diplomates ne savent plus se parler, il devient encore plus important que se parlent les artistes et les gens de la culture et des arts...Tourner le dos au dialogue avec les gens de la culture et des arts c'est extrêmement étonnant et ne sied pas à un leader politique français ».

    HYSTÉRIE

    Pour l'Elysée, qui manque d'imagination, il n'y a donc « pas d'autre explication plausible » (sic) que la faute à Poutine. Mais comment imaginer que Poutine, alors qu'il se présentait aux suffrages des Russes, ait pu offrir volontairement à ses adversaires le cadeau d'une telle provocation ? D'autant plus qu'il s'agit d'une triple bavure : 1 - l'agent double neutralisé depuis longtemps est une cible sans intérêt; 2 - toucher sa fille en « dommage collatéral » n'est pas utile ; 3- le coup est raté puisqu'à l'heure où ces lignes sont écrites, ils sont tous deux heureusement en vie. Tout cela ne correspond pas au professionnalisme du FSB, le contre-espionnage russe, qui siège à la Loubianka. Même Hollande, le parrain de Macron, a fait mieux et il a fallu qu'il s'en vantât auprès de journalistes pour que le public apprenne l'élimination discrète « d'ennemis » par les services français. Quant au produit neuro-toxique russe, il est connu depuis 20 ans et sa formule est accessible sur internet.

    L'hystérie médiatique que regrette Madame Soljenitsyne et l'affaire Skripal qui l'a déclenchée, ont probablement d'autres « explications plausibles ». Elles sont à rechercher vraisemblablement au Proche-Orient où la Syrie pourrait sortir de son calvaire grâce au soutien efficace des Russes. Mais cette réussite déplaît aux prédateurs qui misaient sur son dépeçage.

    Effectivement l'étau se resserre sur les I0 à 20 000 islamistes incrustés dans la Goutha orientale. Cette riante banlieue de Damas était devenue un enfer pour ses infortunés habitants qui peuvent enfin essayer d'en sortir par les couloirs sécurisés de l'armée syrienne.

    C'est de cette zone que les terroristes, modérés (!) ou pas, pilonnaient le centre de Damas et massacraient donc « le peuple de Bachar » avec une artillerie installée de préférence sur le toit de dispensaires ou d'écoles, au milieu de civils où se mêlent les familles des islamistes, des civils armés et d'autres malheureux, otages et boucliers humains, menacés de fatwa s'ils ne collaborent pas, tués par des snipers s'ils essaient de fuir, ou enfermés dans des cages près des objectifs sensibles. Il est évident qu'ainsi les marges de l'armée syrienne et de l'aviation russe sont très étroites, alors qu'à l'opposé l'ennemi terroriste tire sans discernement sur les quartiers les plus peuplés de Damas. Ainsi, à la Goutha, l'évacuation massive des civils marque la fin des groupes djihadistes qui se trouvent dépouillés de leur bouclier humain. Redditions et évaporations s'accentuent.

    CHIFFONS ET LIGNES ROUGES

    Dans ces conditions l'inénarrable « observatoire syrien des droits de l'homme », officine médiatique de l'opposition gouvernementale, aurait signalé des odeurs de chlore et des civils suffoquant avec les yeux rouges. Mais tout explosif conventionnel est un produit chimique et les fumées qui suivent un bombardement peuvent suffoquer, piquer les yeux ou sentir le chlore sans qu'il soit question d'attaque chimique. D'ailleurs de telles attaques ne donneraient au pouvoir syrien aucun avantage militaire et le disqualifieraient sur le plan politique.

    L'enfumage fonctionne pourtant bien à Paris ! Le chiffon rouge du chimique met en effervescence la coterie en place qui réagit aussi bien qu'en 2013 où Hollande s'était retrouvé tout bête, lâché par Obama, après avoir promis à Assad la foudre de ses missiles de croisière.

    Il y a juste un an, ému par les photos de cadavres d'enfants ou agacé par les néoconservateurs auquel il donnait un gage, Trump en tirait 60 de sa flotte en Méditerranée, sur une base syrienne. Frappe chirurgicale exemplaire : des radars, des dépôts et une poignée de vieux Sukhoi 22 détruits dans leurs abris. Impact militaire nul, l'aviation syrienne trop rustique est hors jeu ; en l'air les Russes ont la main. Impact politique nul, on n'en a pas parlé une semaine. Alors, tirer sur un bâtiment gouvernemental à Damas pour tuer quelques fonctionnaires et les enfants qui jouent à côté ? Idiot ! Sur le plan strictement militaire les deux objectifs justiciables d'une frappe par missile de croisière en Syrie sont le port de Tartous et l'aéroport de Lattaquié (Khmeimin), les deux piliers du dispositif militaire russe. Y toucher est impensable, de surcroît un sous-marin russe coulerait immédiatement la frégate d'où seraient partis les missiles.

    « La ligne rouge chimique » ressassée à l'envi par Macron est donc une ineptie ; elle nous tient à la merci de la moindre manipulation - nous savons combien le sujet s'y prête - et risque de nous mettre dans une posture intenable.

    Pendant ce temps, le bon Erdogan, notre allié turc, a bombardé Afrine en toute tranquillité, massacré et chassé les Kurdes qui avaient éliminé Daech. Mais « comme il est turc et pas syrien, c'est évidemment beaucoup moins grave », observe judicieusement l'excellent analyste Antoine de Lacoste.

    SYRIE-LEAK

    Les gesticulations occidentales à propos de la Syrie laissent donc dans une grande perplexité et il aura fallu une fuite providentielle en février pour éclairer de coupables connivences où la France est compromise.

    Voici l'affaire. Un diplomate britannique rend compte, dans un télégramme confidentiel, de la réunion du « Petit groupe américain sur la Syrie » (États-Unis, Grande Bretagne, France, Arabie saoudite et Jordanie) à Washington en janvier 2018. « La réunion publique la plus secrète de tous les temps », précisent les Jordaniens qui en sont. Elle fut suivie d'une deuxième réunion à Paris le 23 janvier.
    Les cinq États complices veulent saboter les efforts russes dans la région par une stratégie machiavélique : « 1) endiguer l'influence iranienne en militarisant durablement l'Est de la Syrie ; 2) faire échouer le plan de paix russe ; 3) poursuivre une guerre de basse intensité afin de diviser la Syrie pour aboutir à une partition territoriale et politique ». On y apprend la présence de Jérôme Bonnafont, directeur Moyen-Orient au Quai d'Orsay. Il y est question de torpiller les efforts russes de stabilisation dans le groupe d'Astana comprenant la Turquie et l'Iran et dans la conférence de réconciliation de la Syrie à Sotchi pour privilégier, dans le processus concurrent de Genève, la partition syrienne et son préalable, le départ d'Assad. Il faut donc « créer les conditions et des institutions qui permettraient des élections qu'Assad ne pourrait pas gagner »... et, par conséquent, il faut « maintenir la pression sur la Russie ». « Nous devons continuer - ce que nous faisons déjà - à dénoncer l'horrible situation humanitaire ainsi que la complicité russe dans la campagne de bombardements de cibles civiles »! D'où l'hystérie médiatique évoquée plus haut.

    On y prévoit aussi l'installation pérenne des Américains au nord-est de l'Euphrate, en s'appuyant non plus sur les Kurdes, ce qui agace Ankara, mais sur des Arabes sunnites recyclés de Daech. Du déjà vu : en Afghanistan les Américains avait armé les Talibans contre l'URSS. Ils ne sont pas sortis du schéma. L'Amérique veut donc reprendre la main en condamnant la Syrie au sort de l'Irak, de la Libye ou de l'Afghanistan pour la satisfaction de Tel-Aviv et de Ryad.

    Il faut lire intégralement ce télégramme, révélé par le journaliste Richard Labévière, accablant pour ceux qui prétendent diriger le monde, terrible pour le peuple syrien. Une telle révélation justifierait une commission d'enquête parlementaire. À Washington, Trump vient d'ailleurs de virer son secrétaire d'État Tillerson pour d'obscures raisons qu'on aimerait éclaircir.

    La politique suivie par Sarkozy, Hollande et Macron vis-à-vis de la Syrie nous a mis hors-jeu. Nous n'y avons plus d'ambassade et plus aucun moyen d'action ou de pression. Nos diplomates nous compromettent maintenant dans des conspirations internationales qui veulent délibérément maintenir le peuple syrien dans la guerre. Pour quel profit ? Inutile de préciser que les chrétiens d'Orient sont le dernier souci de la diplomatie française.    

    Mathieu Épinay

    Collectif de spécialistes des questions de Défense
  • Inquiétant voisinage ... Un opposant algérien prédit « une implosion chaotique » de l’Algérie

    Saïd Saâdi

     

    2293089609.14.jpgIl y a longtemps que nous nous inquiétons de la situation en Algérie en raison des conséquences graves qu'une « implosion chaotique » de ce pays pourrait avoir pour nous, en France et hors de France. On peut les imaginer assez aisément sous l'un et l'autre de ces deux aspects. L'Algérie est à nos portes, de l'autre côté de la Méditerranée. Osons dire que de toutes sortes de manières elle est aussi chez nous. Enfin, elle est un élément important de la situation de toute l'ère sahélienne où nos Armées sont engagées. Le Maroc aussi s'inquiète, en voisin, de l'instabilité algérienne. Voici ce qu'en dit notre confrère marocain en ligne, le360 sous la signature de M'Hamed Hamrouch |15.04] à la suite d'importantes déclarations récentes de l'opposant algérien Saïd Saâdi.   LFAR

       

    Logo_le360.jpgSaïd Saâdi, fondateur du Rassemblement pour la culture et la démocratie (opposition), qu’il a quitté définitivement en février dernier, n’exclut pas un cinquième mandat pour le président Bouteflika, estimant que les ingrédients d’ «une implosion chaotique » de l’Algérie sont réunis. 

    Invité par la Fédération des Amazighs d’Amérique du Nord (FAAN), hier samedi, à l’occasion du Festival amazigh de Montréal, Saïd Saâdi, fondateur du Rassemblement pour la culture et la démocratie, qu’il a quitté définitivement le 9 février dernier, a largué une bombe : « la nation algérienne peut aller vers une implosion chaotique ». 

    Pour l’ancien patron du RCD, tous les ingrédients de cette « implosion chaotique » sont là et le risque, qu’à Dieu ne plaise, ne viendrait pas de la Kabylie, contrairement à ce que l’on pourrait penser.

    « Il y a des forces centrifuges qui sont en mouvement. On parle souvent de la Kabylie mais ce n’est pas vrai, ce n’est pas par là que risque de venir le grand danger. Il faut voir ce qui se passe au Sud. J’étais à Tamanrasset et à Djanet au mois de décembre, il y a le M’zab qui est en train de bouillir, le Sud-Ouest. C’est une erreur de croire que nous sommes dans un pays normal et qu’il s’agit de gérer une élection à venir», dira-t-il, cité par un confrère algérien.

    Et ce n’est surtout pas le spectre d’un 5e mandat pour Bouteflika qui va éviter le chaos à l’Algérie. « Il ne faut pas se leurrer, sauf miracle, pourvu qu’il advienne. C’est parti pour un cinquième mandat », a-t-il averti.  

    A ceux qui mettent encore en doute la candidature de Bouteflika pour un 5e mandat, il a répondu sur le mode de l’ironie : « Ce n’est pas nouveau tout ça. C’était vrai aussi en 2014, je ne vois pas pourquoi on ne continuerait pas à élire une chaise roulante cette fois aussi » ! 

    Soit. Mais la crise en Algérie serait beaucoup plus profonde et complexe pour la circonscrire à une question de parti ou de personnes. « Je crois que vous prenez l’affaire par le mauvais bout. Si on commence à s’enfermer dans des agendas électoraux dans une crise comme celle-là, on est cuits. Nous n’avons pas une crise de programme ou une crise qui affecte un parti. Nous avons une crise qui est fondamentale sur la construction de la Nation. Et si on ne remet pas tout à plat, je ne le souhaite pas mais je le redoute, on peut aller vers une implosion chaotique de la nation », a-t-il encore averti. 

    Un avertissement qui n'est pas nouveau, bien d'autres, provenant d'Algérie ou de renseignements occidentaux, ont été lancés. Sauf que ce n'est pas de cet oeil inquiet que des apparatchiks algériens en rupture de ban le voient. Et évidemment c'est le peuple algérien frère qui va payer les frais de la politique suicidaire de ces dirigeants qui n'ont d'yeux que sur leurs intérêts et ceux de leurs familles.  

    M'Hamed Hamrouch

  • Les frappes en Syrie, ou beaucoup de bruit pour rien

     

    Par Antoine de Lacoste

    Donc une centaine de missiles, le double de l’année dernière : une grosse dizaine pour les petits soldats français et anglais, le reste pour le boss.

     

    1456949215.png

    Ouf ! L’honneur est sauf. Les justiciers ont vengé le sang du peuple syrien massacré par le méchant Bachar. À l’issue d’une enquête aussi approfondie que celle sur les armes de destruction massive de Saddam Hussein, le verdict a été rendu : c’est bien le régime syrien qui a frappé chimiquement le dernier quartier de Douma encore aux mains des islamistes.

    Le Président Macron a des preuves : on espère les voir un jour… De toute façon, elles sont superflues, car quelques heures après les vidéos envoyées par les gentils islamistes appelés Casques blancs, Donald Trump avait décrété que le coupable était « l’animal » Bachar. Si le patron l’a dit, alors…

    Tony Blair n’est plus là, mais que l’on se rassure : l’Angleterre est toujours présente pour dire oui à l’Oncle Sam. Quant à Emmanuel Macron, il a pu venger l’honneur bafoué de son brillant prédécesseur qu’Obama n’avait pas voulu suivre dans sa folie destructrice.

    Mais les comparaisons doivent s’arrêter là : nous ne sommes pas en Irak et l’armée américaine n’ira pas provoquer un changement de régime au nom de la démocratie universelle. Nous ne sommes pas, non plus, en 2013 quand certains faucons américains ou français voulaient anéantir l’armée syrienne.

    Depuis, Daech est apparu et les Russes sont venus. C’est très mal, bien sûr, ce qu’a fait Poutine : venir aider son allié à vaincre une armada islamiste venue du monde entier, cela ne se fait pas. Surtout quand, derrière cette insurrection islamiste, il y a, depuis le premier jour, la main du Qatar et de l’Arabie Saoudite, ces partenaires privilégiés de l’Occident. La morale a ses variations…

    Mais quoi qu’il en soit, le cours de la guerre a changé : Bachar restera au pouvoir et les islamistes ont été vaincus, même si la tâche est loin d’être terminée.

    Alors nos trois compères ont tranché : des frappes, oui, puisqu’il faut bien faire semblant de temps en temps. Pas trop fortes, pour ne pas tuer des soldats russes, pas trop symboliques non plus, comme les Tomahawk de 2017.

    Donc, une centaine de missiles, le double de l’année dernière : une grosse dizaine pour les petits soldats français et anglais, le reste pour le boss. Avec un concept inédit : des bases de fabrication et de stockage d’armes chimiques, l’une près de Damas et les deux autres près de Homs. On est tout de même un peu surpris d’apprendre l’existence de ces bases qui n’ont ému personne jusqu’à présent. Existent-elles vraiment, en réalité ?

    L’incertitude a été levée par l’Angleterre qui a frappé, elle, à l’ouest de Homs une ancienne base de missiles « où le régime est censé conserver des armes chimiques », comme le rapportent les quotidiens Le Monde et L’Orient-Le Jour. On appréciera l’aléa du pronostic…

    Tout cela ne sert donc à rien, et heureusement, d’ailleurs ! Pendant ce temps, les Saoudiens tuent les Yéménites et les Turcs tuent les Kurdes avec des armes américaines, françaises et allemandes. Le droit international moderne est tout à fait distrayant.  

    Repris cette foi-ci de Boulevard Voltaire [15.04] 

    Retrouvez l'ensemble des chroniques syriennes d'Antoine de Lacoste dans notre catégorie Actualité Monde.

  • Caroline Galactéros : « Pourquoi la France ne (devait) pas s'associer aux frappes en Syrie »

    Croit-on le peuple syrien dans son ensemble à l'unisson des opinions occidentales ? 

     

    Une analyse de Caroline Galactéros

    Alors que la France vient de frapper la Syrie, en représailles aux attaques chimiques supposées, Caroline Galactéros plaide pour un sursaut d'indépendance nationale. Selon elle, la France ne doit pas s'aventurer dans une nouvelle coalition. Cette tribune brillante écrite avant que les frappes aient eu lieu [Figarovox, 11.04] apporte un éclairage dont le champ est vaste, très complet, comme toujours réaliste et solidement documenté. Le tout conduit avec un remarquable courage intellectuel. Sur un sujet où les intérêts de la France et de la paix sont évidemment engagés.  LFAR  

     

    2286962327.jpgLa messe semble dite et une atmosphère de veillée d'armes plane sur Paris, tandis que le jeune prince d'Arabie Saoudite quitte la capitale et que notre président est en étroit dialogue avec son homologue américain. La France pourrait, en coordination avec Washington, frapper de manière imminente les forces du régime syrien en représailles d'une nouvelle attaque chimique imputée de manière «très probable» mais en amont de toute enquête, aux forces de l'abominable tyran Assad soutenu par les non moins affreux régimes russe et iranien.

    Il faudrait agir vite, se montrer ferme, intraitable, juste ! Il s'agirait là d'un « devoir moral » ! On a bien entendu et lu. Le discours moralisateur sur la sauvegarde des civils innocents, pourtant inaudible après sept ans de guerre et de déstabilisation de la Syrie, est toujours le même. C'est là le comble du cynisme en relations internationales, que nous pratiquons pourtant sans états d'âme depuis des décennies. Pendant ce temps, la guerre silencieuse du Yémen continue. Ces civils-là n'existent pas, ne comptent pas.

    Mais certaines images de guerre et de civils otages d'une sauvagerie généralisée irritent plus que d'autres nos consciences lasses d'Européens déshabitués de la violence et gonflés d'une prétention à connaître, dire et faire le Bien. Soit.

    Mais agir contre qui ? Qui faut-il punir ? Le régime de « l'animal Assad », comme l'a appelé Trump ? L'Iran ? La Russie ? Vraiment ? Et si ce trio noir que l'on désigne exclusivement depuis des mois à la vindicte populaire internationale n'était qu'un leurre, proposé à notre indignation sélective pour ne pas réfléchir à nos propres incohérences ?

    Personne ne se demande pourquoi cette nouvelle attaque chimique arrive maintenant, au moment même où la Ghouta orientale repasse sous contrôle gouvernemental syrien et parachève sa reconquête territoriale, face à des groupuscules rebelles rivaux globalement en déroute et plus que jamais prêts à se vendre au plus offrant pour survivre et espérer compter ? Personne ne s'autorise à douter un instant, quand le ministre russe des affaires étrangères rapporte que les observateurs du Croissant rouge syrien envoyés sur place n'ont rien vu ressemblant à une attaque ? Serguei Lavrov ment-il carrément au Conseil de Sécurité des Nations unies ou bien faut-il penser que Moscou ne contrôle pas tout ce qui se fait au plan militaire sur le théâtre ? Ou que des éléments de l'armée syrienne elle-même agiraient en électrons libres ou auraient été « retournés » ? À qui profite le crime ? C'est cette vieille question, mais toujours pertinente, qui paraît désormais indécente.

    Quel serait pourtant l'intérêt de la Russie de laisser perpétrer une telle attaque, alors que, ne nous en déplaise, bien davantage que notre « Coalition internationale », elle cherche la paix, l'organise pragmatiquement, et est la seule depuis sept ans à engranger quelques résultats qui évidemment contreviennent à nos intérêts et à ceux de nos alliés régionaux ?

    On semble aussi avoir totalement oublié une donnée fondamentale du conflit : les malheureux civils de la Ghouta, comme ceux des ultimes portions du territoire syrien encore aux mains des « rebelles » djihadistes ou de Daech, sont des boucliers humains, peut-être même, en l'espèce, sacrifiés par ces mêmes apprentis démocrates suppôts d'al-Qaïda et consorts pour entraîner l'Occident dans une guerre ouverte avec Moscou et Téhéran.  

    Car si l'on quitte le microscope pour la longue-vue, il est permis de décrire à partir de cette dernière séquence syrienne un contexte stratégique global infiniment préoccupant pour l'Europe, et singulièrement pour la France, qui risque de prendre les avant-postes d'une guerre qui n'est pas la sienne, dont elle fera les frais et qui neutralisera durablement l'ambition présidentielle affirmée de prendre le leadership politique et moral de l'Union européenne. Nos amis allemands ou italiens sont d'ailleurs moins cynico-idéalistes, mais plus prosaïques que nous. Ils avancent prudemment, vont et viennent entre Beyrouth et Damas pour pousser leurs pions en cette phase douloureuse et recueilleront les fruits de notre marginalisation radicale quand la reconstruction syrienne arrivera.

    La ficelle est si grosse et la pelote si bien déroulée depuis des mois qu'on ne la voit plus en effet. On punit la Russie. On la punit d'être la Russie, déjà, et d'avoir réussi son retour sur la scène mondiale. On la punit de vouloir la paix en Syrie et de chercher à la mettre en musique politiquement à Astana ou à Sotchi. On la punit d'avoir sauvé Damas et son régime diabolisé du dépècement qu'on leur promettait et qui s'est fracassé sur la résilience populaire et gouvernementale syrienne et a déjoué partiellement au moins la confessionnalisation des affrontements politiques et sociaux que l'Occident encourage, sans en comprendre le danger insigne pour ses propres sociétés, et notamment en Europe.

    La guerre en Syrie a été gagnée militairement par l'armée gouvernementale. Militairement, mais pas politiquement. Cette victoire sur le terrain au prix d'une guerre brutale (comme toutes les guerres, même celles menées depuis les airs et qui n'ont de chirurgicales que le nom), nous est proprement insupportable car cela nous force à faire la paix, ce que nul ne veut mis à part… Moscou. Ah, Moscou ! L'impudent Vladimir Poutine trop bien réélu qui nous nargue avec sa coupe du monde, où des millions de gens vont découvrir un visage de la Russie qui ne les terrifiera pas.

    Et puis derrière Moscou, on vise évidemment Téhéran, dont Israël, en pleine idylle officielle avec le centre mondial du salafisme - l'Arabie saoudite - qui a toutefois opportunément décidé de faire peau neuve, ne peut tolérer l'émergence régionale, tant le niveau sociétal, culturel, technologique et commercial de ce pays lui fait de l'ombre bien au-delà de la seule crainte d'un (dés)équilibre stratégique modifié par sa nucléarisation ultime.

    Bref, nous sommes en train de tomber dans un vaste piège qui se joue sur plusieurs fronts, et de nous ruer, en croyant ainsi exister, sur le premier os qu'on nous jette. De ce point de vue, l'affaire Skripal pourrait bien n'avoir été que le hors-d'œuvre de la séquence actuelle. Elle a posé le premier étage d'une repolarisation politique et sécuritaire de l'Europe autour de Londres, et surtout sous la bannière de l'OTAN. Car c'est là l'ultime manœuvre : remettre au garde-à-vous les Européens qui, depuis l'arrivée de Donald Trump et le Brexit, s'étaient pris à rêver d'une autonomie européenne en matière de politique et de défense… Péril suprême pour le leadership américain sur le Vieux Continent, heureusement contrebalancé par les rodomontades de quelques nouveaux Européens qui refusent leur arasement identitaire et mettent à mal tout projet d'affranchissement sécuritaire collectif. Le Secrétaire américain à la défense, le général Mattis, a d'ailleurs été très clair : les Européens doivent en effet consacrer 2 % de leur PIB à la défense, mais pour acheter des armes américaines et demeurer dans l'orbite otanienne évidemment, l'Alliance constituant le cadre naturel et nécessaire de la défense de l'Europe. Fermez le ban !

    Nous sommes donc en train d'être clairement repris en main par l'OTAN, mais on ne s'en rend pas compte car on nous vend la nécessité d'une solidarité sans failles, donc manichéenne, face à une « offensive russe » pour diviser l'Europe (comme si nous n'étions pas assez grands pour nous diviser nous-mêmes) et dominer le Levant. C'était probablement l'objet de l'affaire Skripal comme de la présente montée au front sur la Syrie. La volte-face aujourd'hui même d'Angela Merkel sur le projet Northstream-2 ne fait qu'amplifier cette polarisation. Moscou est poussé à se crisper donc à s'isoler par tous les moyens. Par les sanctions, par les vrais faux empoisonnements d'espions en plein Londres et jusqu'à cette décision allemande qui ne peut que durcir la position russe en Syrie et assurer la montée des tensions, le Kremlin n'ayant plus d'autre alternative que de jouer le tracé Qatari qui passe par la Syrie… Redoutable manœuvre anglo-américaine donc, à laquelle Paris et Berlin semblent ne voir que du feu.

    Il faut donc s'y résoudre : l'Amérique d'Obama a vécu. Celle de Trump et de ceux - néoconservateurs de toutes obédiences - qui l'environnent très fermement désormais, a radicalement changé de posture. Certes le président américain annonce son souhait de quitter la Syrie, mais il avoue pouvoir changer d'avis si l'Arabie saoudite payait le coût de cette présence ! On ne peut être plus clair et c'était aussi tout le sens de son premier voyage à Riyad au printemps dernier: réassurer l'allié du Quincy (dont le Pacte éponyme était rendu caduc par la nouvelle indépendance énergétique américaine) contre 400 milliards de dollars de contrats pour l'économie américaine. Et puis, tandis qu'il déclare au grand dam de ses généraux et pour tromper son monde qu'il veut partir, il se consolide une vaste zone d'influence américaine à l'est de l'Euphrate avec les FDS arabo-kurdes.

    Washington, dans le vaste mouvement de repolarisation du monde, entend en tout état de cause demeurer le môle principal d'arrimage d'un Occident qui doute face à une Chine qui structure à son rythme et via un affrontement de basse intensité mais tous azimuts, un véritable « contre-monde ». L'Amérique, fébrile, joue son va-tout pour renverser la vapeur d'un ordre international qu'elle ne contrôle plus mais qu'elle veut encore dominer coûte que coûte. Elle veut l'affrontement pour réinstaller sa préséance face à Moscou, Téhéran et Pékin, cible ultime de l'intimidation. C'est là pourtant un combat profondément à contresens de l'évolution du monde. Affligés du syndrome postmoderne de la vue basse et celui de l'hybris technologique, nous oublions que la vie est longue.

    Au-delà, cette affaire, comme d'innombrables autres, met en évidence une évolution dangereuse : la substitution à la réalité non d'une image déformée, mais carrément d'une autre réalité et le retour de la tentation de la guerre préventive préemptive, qui évite d'enquêter. La question est vraiment très grave pour l'essence même de la politique internationale. Préfère-t-on l'image au réel, les fake news à l'analyse, le sensationnalisme à la rigueur ?

    Alors que voulons-nous ? Ce sera bientôt clair : si nous voulons sauver la Syrie, il nous faut surtout ne pas nous joindre à une coalition qui agira hors de tout mandat de l'ONU et qui portera le poids d'une guerre dont le peuple syrien est la dernière roue du carrosse et sera la victime immédiate. La grande question est donc : mais que vient faire Paris dans cette galère ? On se trompe comme souvent d'ennemi, d'allié, de posture, de tout en somme. Et si l'on essayait l'audace, le courage et la singularité ? Notre siège au Conseil de Sécurité, que guigne l'Allemagne de plus en plus ouvertement, en serait relégitimé. Nous posons-nous seulement la question de notre intérêt national (qui ne se réduit pas à des contrats d'armement) et des raisons pour lesquelles on nous sert ainsi l'injonction d'un alignement sur le thème du Bien contre le Mal et de la guerre préventive ?

    La France est désormais, en Syrie comme ailleurs, au pied du mur. Elle a l'occasion inespérée de faire valoir une approche prudente et rigoureuse, une voix pour la paix, une singularité. Nous avons déjà une influence au plus bas dans la région. Si nous voulons compter de nouveau, nous devons regarder la réalité dans les yeux et admettre que « nous avons eu tout faux » depuis 2011. Il n'est jamais trop tard et notre président peut encore choisir de compter véritablement au regard de l'Histoire et dans le cœur des peuples

    Une guerre contre l'Iran et la Russie n'est pas la nôtre. Elle ne correspond nullement aux intérêts stratégiques français, ni à ceux de l'Europe. Nous avons déjà si naïvement collé aux Britanniques qui veulent quitter l'Union, sans preuve et par principe, dans l'affaire Skripal. Pourquoi cette fuite en avant ?

    Dans ce nouveau grand jeu, la France a encore l'opportunité inespérée de compter plus que son poids démographique ou même économique ne le lui permet, en affirmant une singularité et une cohérence. Plus que jamais le réalisme, aux antipodes du cynisme, doit être le bouclier et la lance de notre nouvelle posture internationale. Il nous rapproche non d'une justice abstraite mais de l'équité et de la clairvoyance. La France n'a pas le droit et aucun intérêt à être malhonnête dans son interprétation des faits. Elle a tout à gagner à la lucidité et elle doit d'urgence montrer au monde comme aux peuples et pouvoirs du Moyen-Orient qu'on ne l'égare ni ne la soumet si facilement.  

    Docteur en science politique et colonel au sein de la réserve opérationnelle des Armées, Caroline Galactéros est présidente du think tank Geopragma. Auteur du blog Bouger Les Lignes, elle a notamment publié Guerre, Technologie et société (éd. Nuvis, 2014).

  • « Regards sur Maurras », un ouvrage à lire qui vient de paraître

     

    lettre communication Maurras.jpgLe 20 avril prochain, des hommages seront rendus un peu partout en France à Charles Maurras à l’occasion du 150e anniversaire de sa naissance. Pour cette occasion, les Editions Apopsix se sont attelées à la rédaction d’un ouvrage collectif rendant à sa manière, l’hommage qui est dû au grand Français que fut Maurras.

    Ce livre réunit autour d’un même sujet des contributions rédigées par des auteurs de renom :

    Anne Brassié « Cassandre avait raison »

     Axel Tisserand « Maurras et la Famille de France : une fidélité intégrale et critique »

      Jean-­‐Bernard Cahours d’Aspry « Charles Maurras et le Félibrige »

     Michel Fromentoux « Charles Maurras, grand français, grand provençal »

     Christian Vanneste « De Gaulle et Maurras ou le rendez-­‐vous manqué » 

     Hilaire de Crémiers « Maurras toujours vivant »

     Maxence Hecquard « La cécité de l’aigle »

     Philippe Prévost « La condamnation de l’Action française »

     Philippe Champion « Du Félibrige au nationalisme intégral »

      Paul-­‐Marie Couteaux « Les deux Charles »

     Frère Thierry « Maurras, un beau défenseur de la foi »  

     

    lettre communication Maurras.jpgRegards sur Maurras300 pages, 18 illustrations dont certaines inédites Prix : 20 €
    Date de sortie nationale : le 16 avril 2018
    Maison d’édition : Editions Apopsix, Editeur : Marc-­‐Laurent Turpin, Directeur général : Denys Pluvinage, Directeur de collection : Frère Thierry

  • Frappes en Syrie ... Et après ?

     

    2293089609.14.jpgNous avons dit le plus clairement possible pourquoi, selon nous, la France devait se tenir scrupuleusement à l'écart de l'interventionnisme conduit par les Etats-Unis en Syrie.

    L'une des motivations des Américains dans cette affaire est évidemment leur rivalité avec les Russes qui ont joué en Syrie le rôle essentiel que l'on sait, tant dans la lutte contre Daech, que pour conforter, faute d'un autre, l'Etat syrien en place. Une autre motivation américaine est sans-doute le soutien d'Israël face à la menace réelle ou fantasmée de l'Iran. Ni l'une ni l'autre de ces deux causes ne mettent en jeu les intérêts de la France. Les motivations humanitaires ne nous paraissent pas davantage recevables tant il y aurait de régions du monde qui justifieraient notre intervention, en admettant que nous ayons la vocation, le droit et les moyens de telles missions. Enfin, le suivisme français de toutes les formes d'injonctions et de pressions américaines nous apparaît comme une inadmissible abdication de notre indépendance, ce qui est d'ailleurs devenu, depuis longtemps, une habitude, presque, comme on le sait bien, une seconde nature.   

    Nonobstant ces diverses considérations de bon sens relevant du seul point de vue de l'intérêt français, la France est donc intervenue en Syrie comme il était probable qu'elle le ferait ; elle a participé, fût-ce modestement, aux frappes voulues et orchestrées par les états-majors américains ; elle a ainsi pris sa part à l'actuelle aggravation de la tension internationale et cela aussi nous paraît grave. Cela nous paraît conforter les perspectives d'un avenir mondial lourd de menaces, dont il conviendrait de garder la France plutôt que de l'y plonger.

    Nous avons pris le parti, après son élection, de juger Emmanuel Macron sur ses actes plutôt que sur son discours.  En l'occurrence, aucun doute selon nous : il y a faute.

    L'article qui suit d'Antoine de Lacoste - dont les chroniques syriennes nous permettent de suivre régulièrement, et surtout de comprendre, l'évolution de la situation proche-orientale - a été écrit avant les frappes occidentales de la nuit de vendredi à samedi. Il en décrit savamment le contexte et risque cette prévision : « 48 Tomawaks lancés un peu nulle part ne suffiront pas à calmer les ardeurs guerrières des faucons de Washington, Londres et Paris ». 

    Lafautearousseau publiera demain deux autres articles consacrés au dossier syrien. La gravité des événements en cours n'est pas à souligner.  

  • Attaque chimique en Syrie : la grande manipulation

    Les casques blancs, des militants islamistes

     

    Par Antoine de Lacoste

     

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    Cette fois ça y est : Bachar a franchi la ligne rouge ! Il a bien choisi son moment : l’armée syrienne a repris 95% de la Ghouta, le dernier carré islamiste contrôle 1,5 km2 et l’assaut final commençait sur Douma. L’issue était certaine, surtout avec l’appui de l’aviation russe.

    Et c’est maintenant qu’il déclenche son attaque chimique…Drôle d’idée !

    Revenons aux faits : les lanceurs d’alerte sont les casques blancs. Qui sont-ils ? Des islamistes, combattants ou non selon les cas, qui jouent le rôle d’une sorte de défense civile. Ce sont des militants soigneusement sélectionnés : ne devient pas casque blanc qui veut en zone djihadiste.

    Les services sanitaires prennent le relais et confirment sur internet l’attaque chimique. Qui sont-ils ? De vrais médecins certes, mais islamistes également. Ils ont choisi le camp djihadiste depuis le début de la guerre, dans cette Ghouta sunnite largement acquise aux milices combattantes.

    Puis ce sont les photos et les vidéos : impossible de savoir d’où elles viennent. Le Figaro, en pointe sur le sujet, nous montre une photo d’une fillette qui pleure et d’un petit garçon affublé d’un masque à oxygène. Voilà une preuve ! Et l’ineffable Isabelle Lasserre (la même qui soutenait les islamistes Tchétchènes contre les Russes), écrit : « Selon les organisations humanitaires, le nouveau massacre de la Douma, le dernier bastion rebelle dans la Ghouta orientale aurait fait 48 morts. Sur les réseaux sociaux, les photos des enfants en train de suffoquer sont insoutenables. »

    La messe est dite et l’on appréciera au passage le style de cette journaliste militante : « les organisations humanitaires » (nullement islamistes bien sûr), « le bastion rebelle » (rebelle est plus chic qu’islamiste), « les réseaux sociaux », le conditionnel. Le Figaro, Le Monde et Libé devraient faire page commune sur la Syrie.

    Immédiatement, les occidentaux voient rouges. Rien n’est sûr pourtant ? Mais si : c’est forcément Bachar, cet « animal » comme dit Trump qui n’en rate pas une.

    Les occidentaux sont de toute façon prisonniers de leur rhétorique manichéenne depuis 7 ans. A force de répéter que Bachar est un monstre « qui massacre son propre peuple », aucun recul, aucune analyse un tant soit peu objective, ne sont maintenant possibles.

    Alors que vont-ils faire ? Maintenant qu’ils ont désigné le coupable sans aucune preuve, il faut agir, sinon que diront les médias et la police de la pensée ? Edwy Plenel et BHL vont s’indigner !

    Et puis cette fois 48 Tomawaks lancés un peu nulle part ne suffiront pas à calmer les ardeurs guerrières des faucons de Washington, Londres et Paris.

    Heureusement qu’il y a des Russes sur place, sinon Damas pourrait finir comme Bagdad. 

    Retrouvez l'ensemble des chroniques syriennes d'Antoine de Lacoste dans notre catégorie Actualité Monde.

  • Maurras en son mystère

     

    Par Hilaire de Crémiers

    2293089609.14.jpgCet article comme les précédents en lien ci-dessous sont préparatoires à notre colloque Charles Maurras, l'homme de la politique, qui se tiendra à Marseille samedi 21 avril [voir plus loin].   LFAR

     

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    Serait-il possible un jour de comprendre Maurras à sa vraie lumière ? Cette lumière dont il a dit, dès 1894, qu’il lui avait confié ses mystères, à vrai dire, son mystère. 

    Comment le comprendre ? S’intéresser à l’homme et à son œuvre seulement en passant ne suffit pas. Aujourd’hui, d’ailleurs, il en est fort peu qui peuvent prétendre en avoir une connaissance certaine. Qui, en vérité ?

    Une démonstration claire

    Et pourtant, l’œuvre est là, considérable, de même que parle, au-delà de la mort, la vie de l’homme, d’une intégrité exemplaire, totalement donnée et « sans retour », comme il le dira lui-même, au combat d’intelligence politique qu’il a mené plus de cinquante ans durant pour son pays, pour la seule France.

    Que voulait-il ? Persuader les Français du caractère néfaste des institutions dont ils étaient censés s’être dotés en libres citoyens pour, paraît-il, l’édification des peuples et l’admiration éternelle des siècles, à la suite d’une mirifique révolution qui aurait changé tous les paradigmes politiques. Voilà ce qu’il a contesté de manière continue et invariable. Il a poursuivi sans se lasser sa démonstration qu’il réitérait chaque jour dans une actualité aussi rigoureuse que parfaitement didactique et qui venait renforcer son appareil de preuves par autant d’évènements nouveaux. Son argumentaire était simple, direct, quoiqu’abondamment fourni de vues tant philosophiques et littéraires que politiques, historiques et sociales.

    L’établissement d’une République au nom de la Liberté, de l’Égalité et de la Fraternité, d’ailleurs toujours à reconstruire dans son idéal supposé parce que constamment déconstruite en raison de son inadaptation aux faits et aux nécessités du moment, relève, selon sa claire logique, d’un marché de dupes. Le pouvoir suprême, autrefois réservé et garanti par une institution permanente, historique, nationale et naturelle – ce qui n’empêchait pas les faiblesses et les désordres, mais ne les rendait pas inéluctables – est devenu, depuis, un lieu de conflits perpétuels aussi bien d’ambitions que d’idéologies dont les méfaits se répercutent à tous les autres niveaux de pouvoir et polluent la représentation du corps social. Il ne s’agit plus, partout, et à tous les degrés, que d’un pouvoir à prendre, à garder et, enfin pour tout dire, constamment à conquérir et reconquérir. Ce qui était et est encore présenté aujourd’hui comme une œuvre de libération n’a jamais été concrètement, au-delà des recompositions imaginatives en récits lyriques, qu’une lutte malsaine et souvent sordide pour le pouvoir. Toujours au détriment du peuple, malgré le discours officiel. Depuis la Constituante, les Français sont entrés dans cette lutte continuelle et institutionnalisée des partis dont ils n’échappent que par le césarisme ou par ce qui en tient lieu, la constitution d’un amas d’institutions bureaucratiques qui encadrent le citoyen de sa naissance à sa mort. Les libertés réelles, naturelles, familiales, régionales, professionnelles, éducatives, sociales ont toutes été confisquées au profit d’un État ou d’un para-État omnipotent et, en vérité, impotent. Cependant que ce même État qui s’occupe de former et de façonner l’électeur, remplit mal les hautes fonctions dont il devrait avoir en priorité la charge : la justice, l’ordre intérieur et la sécurité, la défense, la diplomatie.

    Plus qu’une raison, une sagesse

    Voilà ce que Maurras montre et démontre depuis son Enquête sur la monarchie en 1900, à l’orée du XXe siècle, jusqu’aux années 1950. Qui pourrait nier que cette dialectique reste vraie et plus que jamais d’une puissante actualité ? Le problème politique français est posé dans ses justes termes. Il convient de noter que Maurras se bat, d’abord, pour la liberté ; il préférait dire les libertés, lui le martégal, le provençal qui aurait tant voulu donner tout son essor au mouvement mistralien. L’autorité dans son esprit est la garantie effective des libertés ; elle n’a de sens que par rapport au bien commun ; l’État est le premier serviteur de la société. Bref, c’est exactement le contraire du mauvais portrait que ses adversaires – de toutes catégories – ont dressé de lui. Son nationalisme qui lui est tant reproché, ne se justifie que par le défaut de l’État qui ne remplit plus son devoir national.

    Avant guerre, il annonce la guerre qui vient, et dénonce l’impéritie d’un État républicain sans constance, livré à la démagogie, qui ne prépare pas la France à l’épreuve du feu. Après guerre, il dénonce le mauvais traité et voit se profiler une nouvelle guerre plus catastrophique encore… Des articles par milliers, des livres par centaines qui souvent reprennent les articles, le tout d’une pertinence toujours exacte et précise au point qu’elle exaspérait ses adversaires ; et dans le même temps, un combat intellectuel d’une étonnante vivacité contre les idées fausses qui détournent les esprits de l’appréhension des simples vérités politiques dont la France a un criant besoin ; car tel est son but, libérer les intelligences du carcan des idées toutes faites qui servent d’armature au régime. De L’Avenir de l’Intelligence au Dilemme de Marc Sangnier, du Voyage d’Athènes aux Amants de Venise, jusqu’aux mémoriaux de l’entre-deux guerres et de l’après-guerre, Au signe de Flore, Pour un jeune Français, c’est toujours dans ce même registre d’une limpide clarté et d’une haute tenue qu’il tente d’établir une sorte de doctrine de salut, face au triomphe « du Pire et des pires ».

    Plus qu’une sagesse, un mystère

    Parcourir cette œuvre en vérité, en comprendre le sens et la portée ne peut que susciter une profonde admiration. Et le mystère, dira-t-on ? Il réside dans le secret de cet homme qui est venu comme pour remplir une mission dans laquelle il s’est volontairement limité et comme enfermé, et qui laisse naturellement et surnaturellement un sentiment d’incomplétude et d’espérance déçue. De telle sorte que beaucoup l’en ont critiqué et certains se sont évertués à y ajouter leur synthèse ou leur correction. Ne fallait-il pas sortir de l’échec répété ? Puisque malgré le prestige de l’homme et le rayonnement de l’œuvre, une sorte de fatalité les a condamnés à ne pas réussir. À jamais ? C’est une grave question à laquelle l’homme a répondu, mais à sa manière. Étonnante, mystérieuse !

    fouque005.jpgC’est qu’un autre Maurras – autre et pourtant le même – apparaît et apparaîtra de plus en plus au fur et à mesure qu’il sera étudié et compris. En effet, à côté de son registre clair, Maurras a tenu, par ailleurs et simultanément, en registre caché, à proprement parler crypté, une « fabuleuse » partition – car il s’agit de fables – où le mystère de sa vie et de son œuvre se trouve recelé. Le commencement en fut écrit dès 1892 ; il dira dès 1889 – pour le centenaire de la révolution française – ; alors, il s’ingénie à écrire et publier des contes allégoriques, rassemblés en un premier livre Le Chemin de Paradis, dont la forme symbolique d’allure païenne répondait au christianisme dévoyé au nom duquel une certaine cléricature et tout un courant pseudo-spirituel prétendaient, à l’époque, animer la démocratie en invoquant l’esprit des évangiles, à la suite de ce qu’on appelle le ralliement à la République, ordonné par Léon XIII ; et dans ces contes dits païens, ces mythes, ces fabliaux, Maurras révéla en quelque sorte à l’avance le sort d’une telle politique et les conséquences désastreuses qu’elle entraînera pour la France et pour l’Église. Mais qui pouvait comprendre ? Il s’arrangeait même pour qu’on ne le comprît pas. Il y mit tout son art.

    Cependant, c’était bien la France catholique qu’il voulait convaincre ; c’est elle, la belle Dame de ses contes et de ses poèmes, celle qui a tout pour comprendre et qui ne comprend pas, à cause de ses mauvais conseillers qui prennent des allures doucereuses pour la leurrer et aussi parce qu’elle est mal mariée par l’État et par l’Église à un goujat qui la pille et qui la trompe, comme il est écrit dans Le Mont de Saturne.

    Alors quoi ? Il ne serait donc plus possible d’aller à Reims « en nom Dieu », au motif que ce serait interdit ? Eh bien, dira Maurras, qu’on y aille en nom « nature » et en nom « histoire » ! Autrement dit, s’il est interdit de faire le Roi en invoquant le Sacré-Cœur, faisons-le en invoquant Comte, Renan, Taine… Pourquoi pas ? Tel est le sens de ce petit conte de La Bonne Mort, publié en 1893 et republié, comme par hasard, en 1926…

    Les poèmes de Maurras, cryptés de la même façon, expriment, eux aussi, ce lancinant débat qu’il est obligé de mener avec la France bien-aimée, ses morts et ses vivants, cette France qui est faite pour réaliser le mystère de « l’intellection dans l’amour » et qui, à cause des sophismes funestes et fumeux que des perfides ont jeté sur sa vision du monde et d’elle-même, se refuse à la lumière qui lui ouvrirait le salut, le vrai Chemin de Paradis.

    « Je crois à la bonté des ombres éternelles.

    Là, les silencieux persuadent un jour

    Et, cendres du flambeau de tant d’heures fidèles,

    Dans le lit du regret font couronner l’amour. »

    Trop tard ?    

    Hilaire de Crémiers

     

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    2293089609.14.jpgAu spectacle des manifestations de sectarisme paroxystique et de faiblesse de l'Etat qui ont abouti à l'exclusion de Charles Maurras des commémorations nationales 2018 - cent-cinquantième anniversaire de sa naissance - il nous était revenu à la mémoire les propos nobles, profonds et d'une particulière conviction, du président Pompidou, exprimant avec force sa volonté que l'on en finisse - après trente ans d'épreuves et de divisions -  avec le temps où les Français ne s'aimaient pas. On sait qu'utilisant cette expression, Georges Pompidou reprenait simplement le titre d'un ouvrage célèbre de Charles Maurras...   

    Mais le ton du président de la République d'alors, solennel et ferme, d'où se dégagent une réelle hauteur de vue et, en la circonstance, un patriotisme évident, s'apprécie d'autant plus qu'on l'écoute et qu'on le voit. Raison pour laquelle nous invitons nos lecteurs à regarder la vidéo qui suit. 

    Nous y ajoutons, au-dessous, ce que nous en avons dit.    

     

     

    « Le président Pompidou fit une sage et bonne action lorsque, répondant aux critiques de ceux qui lui reprochaient la grâce qu'il avait accordée à l'ex-milicien Paul Touvier, il déclara ceci qui devrait servir de charte aux Français d’aujourd’hui : « Notre pays depuis un peu plus de 30 ans a été de drame national en drame national. Ce fut la guerre, la défaite et ses humiliations, l'Occupation et ses horreurs, la Libération, par contre-coup l'épuration, et ses excès, reconnaissons-le. Et puis la guerre d'Indochine. Et puis l'affreux conflit d'Algérie et ses horreurs, des deux côtés, et l'exode de millions de Français chassés de leurs foyers, et du coup l'OAS, et ses attentats et ses violences et par contre-coup la répression …  Alors je me sens en droit de dire : allons-nous éternellement maintenir saignantes les plaies de nos désaccords nationaux ? Le moment n'est-t-il pas venu de jeter le voile, d'oublier ces temps où les Français ne s’aimaient pas, s'entre-déchiraient et même s'entre-tuaient ? » 

    Conférence de presse du 21 septembre 1972.

     

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