Frappes en Syrie ... Et après ?
Nous avons dit le plus clairement possible pourquoi, selon nous, la France devait se tenir scrupuleusement à l'écart de l'interventionnisme conduit par les Etats-Unis en Syrie.
L'une des motivations des Américains dans cette affaire est évidemment leur rivalité avec les Russes qui ont joué en Syrie le rôle essentiel que l'on sait, tant dans la lutte contre Daech, que pour conforter, faute d'un autre, l'Etat syrien en place. Une autre motivation américaine est sans-doute le soutien d'Israël face à la menace réelle ou fantasmée de l'Iran. Ni l'une ni l'autre de ces deux causes ne mettent en jeu les intérêts de la France. Les motivations humanitaires ne nous paraissent pas davantage recevables tant il y aurait de régions du monde qui justifieraient notre intervention, en admettant que nous ayons la vocation, le droit et les moyens de telles missions. Enfin, le suivisme français de toutes les formes d'injonctions et de pressions américaines nous apparaît comme une inadmissible abdication de notre indépendance, ce qui est d'ailleurs devenu, depuis longtemps, une habitude, presque, comme on le sait bien, une seconde nature.
Nonobstant ces diverses considérations de bon sens relevant du seul point de vue de l'intérêt français, la France est donc intervenue en Syrie comme il était probable qu'elle le ferait ; elle a participé, fût-ce modestement, aux frappes voulues et orchestrées par les états-majors américains ; elle a ainsi pris sa part à l'actuelle aggravation de la tension internationale et cela aussi nous paraît grave. Cela nous paraît conforter les perspectives d'un avenir mondial lourd de menaces, dont il conviendrait de garder la France plutôt que de l'y plonger.
Nous avons pris le parti, après son élection, de juger Emmanuel Macron sur ses actes plutôt que sur son discours. En l'occurrence, aucun doute selon nous : il y a faute.
L'article qui suit d'Antoine de Lacoste - dont les chroniques syriennes nous permettent de suivre régulièrement, et surtout de comprendre, l'évolution de la situation proche-orientale - a été écrit avant les frappes occidentales de la nuit de vendredi à samedi. Il en décrit savamment le contexte et risque cette prévision : « 48 Tomawaks lancés un peu nulle part ne suffiront pas à calmer les ardeurs guerrières des faucons de Washington, Londres et Paris ».
Lafautearousseau publiera demain deux autres articles consacrés au dossier syrien. La gravité des événements en cours n'est pas à souligner. •
Commentaires
Quand il faudra reconstruire la SYRIE, car il le faudra bien un jour, une grande puissance économique pourra dire: contrairement aux autres occidentaux, nous n'avons JAMAIS BOMBARDE votre terre. Ce pays c'est l'Allemagne qui aura toutes les chances d'emporter de nombreux marchés, quant à la France, elle pourra toujours dire: nous défendons les droits de l'Homme, et ça rapporte combien?????????????