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  • Où Pierre Manent définit, pour l'Histoire, une nouvelle « émigration » ...

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    « Dans les vingt dernières .années, notre régime politique a connu un profond changement. En somme, il a cessé d'être représentatif. Jusqu’au début des années 1980, la droite et la gauche puisaient leur légitimité dans la représentation du peuple. La droite gaulliste se réclamait du peuple national, de « la France ». La gauche socialiste et communiste se réclamait du peuple social, des « travailleurs ». On pouvait contester leurs programmes ou leurs actions, mais nos politiques étaient légitimes parce qu’ils représentaient ces deux peuples qui n'en faisaient qu'un. 0r la droite qui, on ne sait pourquoi, se dit encore gaulliste, a renoncé à la nation, comme la gauche, qui, on ne sait pourquoi, se dit encore socialiste, a renoncé au peuple.   

    Les deux partis de gouvernement ont élaboré ce qu’il faut bien appeler un programme commun, le programme européen dont ra France n’est que le champ d'application. Les Français ont perdu confiance dans la classe politique, en même temps que celle-ci se sentait de moins en moins responsable devant le peuple français. Elle se sent engagée dans une entreprise plus haute et plus sublime que celle de gouverner la France, celle de « construire l'Europe ». 0n ne saurait exagérer res conséquences de cette émigration, si je peux dire, de la classe politique. » 

    Pierre Manent

     

    Entretien donné au Figaro, 17.1.2014.

     

  • 12 Décembre 1914 ... L'Allemand n'était pas si mauvais homme...

    fantassin-tenue-de-combat-1914.jpgLe département de l'Oise, dont la sixième partie environ est encore envahie, est un de ceux qu'avait le plus "travaillé" l'espionnage allemand. Les populations n'en voulaient rien croire. L'Allemand n'était pas si mauvais homme. Et puis il apportait de l'industrie, il faisait gagner de l'argent... L'Avant-Guerre de Daudet n'a peut être été nulle part autant honnie que dans les petits journaux de l'Oise. Au mois de septembre, l'ennemi s'est trouvé là-bas comme chez lui. Mon cousin C...*, maire de sa petite ville, me raconte qu'un marchand de chaussures était venu s'établir quelques années plus tôt et avait ouvert un magasin très luxueux pour l'endroit, où le commerce est encore antique et modeste. Quand les Allemands sont entrés dans la ville, ils ont trouvé chez leur compatriote 800 paires de brodequins militaires tout près à être chaussés. C'est là d'ailleurs un détail entre cent. 

    Un autre de mes parents est médecin à B... Il a été mobilisé et est encore, au mépris de la convention de Genève, prisonnier en Allemagne. Dans les premiers jours de septembre, les Allemands occupent l'endroit, et une dizaine d'officiers allemands logent dans sa maison. A la vieille domestique, qui était restée, ils commandent un bon souper, exigent du vin (ils savent qu'il y en a à la cave), font ripaille. Il importe de dire que mon cousin est vieux garçon et s'appelle Maurice. Au milieu de l'orgie, un des officiers dit tout à coup à la vieille femme qui les sert : "Et Maurice ? Toujours célibataire ?" La vieille manque d'en laisser tomber ses assiettes et de se trouver mal de frayeur. Elle s'imagine avoir vu le diable. Ce n'est qu'un industriel de la région, revenu, comme tant d'autres, en uniforme d'officier prussien. Peut-être le docteur, sans méfiance, l'a-t-il naguère reçu à sa table, lui a-t-il fait goûter de ses vins. Le souper fini, avec de grands rires, l'hôte fait à ses camarades les honneurs de la maison, leur montre les photographies de famille, explique : voici le père, la mère, la soeur...   

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    * Gustave Chopinet et son fils Maurice Chopinet (1880-1959), contemporains de Jacques Bainville.    

  • Une étude magistrale sur l’effacement du politique : Le Suicide français d' Éric Zemmour, par Danièle Masson

    A9R54B0.jpgL'envoi de décembre du Réseau Regain* nous a apporté deux excellents articles de Danièle Masson à propos du Suicide français. Le premier d'entre eux - déjà publié ici-même** jeudi dernier 4 décembre - traite de Zemmour face à la doxa et aux médias. Et voici le second qui analyse le livre lui-même.  Nous ne disons pas qu'il s'agit d'un ouvrage indépassable mais qu'il porte, par delà Gauche et Droite, une très forte et très globale critique du Système en tant que tel et la fait connaître - et / ou partager - à des centaines de milliers de Français. Nous ne saurions nous en désintéresser ou ne pas nous en féliciter. Pour le reste, nous recommandons de suivre les publications du Réseau Regain, où sont traités bien d'autres sujets.  ♦  Lafautearousseau

     

    4588019.jpgZemmour ouvre son livre sur « la France, homme malade de l’Europe », et l’achève par l’issue fatale : « la France se meurt, la France est morte ». Il est pourtant tonique, ce livre. Peut-être parce que, quand on est venu à bout de ces 527 pages de réflexion foisonnante qui, pour raconter « les quarante Piteuses », se nourrit de tout, cinéma, séries télévisées, chansons, foot, avec des embardées volontaires dans l’histoire et dans l’actualité, on saisit avec lui, grâce à lui, le fil rouge, le fil d’Ariane qui relie des événements que nous avons vécus éclatés, sans toujours en comprendre la cohérence. 

    Et cette compréhension est le choc qui provoque le sursaut. Zemmour n’est pas de ceux qui déplorent les effets, dont ils chérissent les causes. Posant un diagnostic, il remonte aux causes, et passe à d’autres le relais, leur donnant les armes du redressement et de la renaissance. 

    La mort du père

    L’avant-dernière page concentre le diagnostic : « Nous avons aboli les frontières, nous avons renoncé à notre souveraineté, nos élites politiques ont interdit à l’Europe de se référer à ses racines chrétiennes. Cette triple apostasie a détruit le pacte millénaire de la France avec son histoire ».

     

    C’est donc avec elle qu’il faut renouer. Il n’est pas indifférent qu’il dédie son livre à son père, qu’il ait choisi pour son premier chapitre le mot d’un révolutionnaire : « l’histoire n’est pas notre code », et pour son dernier un verset d’Ezéchiel : « Les pères ont mangé des raisins trop verts, les dents des enfants ont été agacées ».

     

    Zemmour n’est pas essentiellement polémiste, il est historien et quand l’histoire prend des allures apocalyptiques, il use du vocabulaire théologique : l’apostasie n’est pas un simple reniement, mais l’abandon public d’une religion inhérente à un être ou une nation, au profit d’une autre.

     

    On peut s’étonner, et se scandaliser, qu’il ouvre son livre sur « la mort du père de la nation » c’est-à-dire, pour lui, la mort de De Gaulle, et qu’il écrive avec Philippe Muray, « De Gaulle a été le dernier père, et après lui viendrait le temps des papas-poussettes ». De Gaulle parjure ? Zemmour justifie le nécessaire machiavélisme du prince. Pour lui «De Gaulle était émule de Machiavel et de Richelieu : il ne connaissait que les rapports entre États, les souverainetés nationales et la Realpolitik. Il ignorait les régimes et ne faisait pas de morale au nom des droits de l’homme ».

     

    Provocateur sans doute, mais cette provocation-là ne lui sera pas reprochée par les médias, il écrit : « De Gaulle est un enfant de Maurras […] héritier des maurrassiens anticolonisateurs du XIXe siècle qui n’ont jamais cru aux mythes émancipateurs de la gauche colonisatrice ». Sa volonté d’indépendance le poussa à quitter l'OTAN, à se libérer du « protectorat américain » et « à se lancer dans une politique d’alliances tous azimuts, avec l'URSS, l'Europe de l'Est (Roumanie), jusqu'en Amérique du Sud (« Mexicanos con francos mano en la mano ») ou en Amérique du Nord (« Vive le Québec libre»). Ce fut le sommet de la volonté gaullienne d’indépendance nationale. » Zemmour y voit une mise en œuvre tardive de la « France seule » chère à Charles Maurras, qui n'eut guère de lendemain.

     

    Je sais bien que certains lecteurs arrêteront là leur lecture. Mais cet aspect de sa pensée est si essentiel qu’on ne peut l’occulter. Quand il cite De Gaulle: « Il y a d’abord la France, ensuite l’État, enfin le droit », c’est pour illustrer ce renversement, cette « pyramide retournée – d’abord le droit, ensuite l‘État, enfin la France », que constitua, en 1971 et 1974, « la révolution des juges», qui soumit toute loi nouvelle au bon vouloir du Conseil Constitutionnel : « la politique était saisie par le droit qui ne la lâcherait plus ».

     

    A ce renversement contribua, en 1972, la loi Pleven qui, en élargissant démesurément la notion de « discrimination », supprima la liberté d’expression, et dont la descendance se retrouve dans les lois Gayssot, Taubira, Perben : « la loi donne au juge le droit et le devoir de sonder les cœurs et les âmes, de faire l’archéologie des pensées et des arrière-pensées ». À l’époque d’une immigration maghrébine massive, la loi Pleven annonçait « la dissolution programmée de la nation dans un magma planétaire ». 

     

    Dessaisissement du politique

     

    Les traités européens, de 1992 à 2007, ont accéléré ce dessaisissement par l’État du politique : « La construction européenne s’éleva comme un mur entre une représentation sans pouvoir (les gouvernements des États) et un pouvoir sans représentation (les technocrates, les juges et les lobbies à Bruxelles) ». Cette désappropriation, Zemmour la traque dans les mots : « gouvernance », empruntée au vocabulaire des entreprises, est préférée à « gouvernement », « responsabilités  » à « pouvoir ». Il illustre son propos par les priorités de Chirac en 2002: « la lutte contre le cancer, l’insécurité routière et l’insertion des handicapés : des objectifs dignes d’un président de Conseil général ».

     

    Les vrais gouvernants ne sont plus les chefs d’État : « le commissaire, le juge et le banquier revêtirent la pourpre des cardinaux ».

     

    Zemmour, amoureux de la France qu’il a reçue comme un don plus que comme un héritage – il est juif berbère – constate qu’elle n’est plus maîtresse d’elle-même. La liberté totale, à l’intérieur de l’Union européenne, des mouvements de capitaux, de marchandises et d’hommes signe l’effacement de la France : « Américanisation et libéralisation sont les deux mamelles du monde qui s’annonce. L’Europe en est le cheval de Troie ». Chaque étape de la « construction européenne » entraîne la suivante en un engrenage infernal : du marché commun au marché unique, à la monnaie unique, aux règles budgétaires communes.

     

    Mais, remarque Zemmour, les idéologues catholiques libre-échangistes, avec à leur tête Jacques Delors, qui avaient « rêvé d’un monde débarrassé du politique », « porteur de paix et de justice », n’imaginaient pas que le libéralisme économique pouvait être associé à la tyrannie politique. Or, l’exemple de la Chine communiste illustre « cette alliance inédite… d’une efficacité redoutable, à la grande joie des multinationales occidentales qui exploitent sans vergogne les millions d’esclaves mis à leur disposition ». 

     

    De la haine de soi à l’islamisation 

     

    Du libéralisme qui implique dessaisissement de l’État découlent, selon Zemmour, la féminisation de la société, l’islamisation, l’assistanat. Mais alors que la Grande Bretagne et l’Allemagne avaient compensé les effets nocifs du libéralisme par un nationalisme sans honte, « la France est le seul pays au monde à cumuler des systèmes sociaux aux philosophies différentes : assurance sociale bismarckienne, étatisme beveridgien, assistanat libéral. Les couches s’accumulent épaisses, étouffantes, financées à coup d’endettement public ».

     

    A quoi s’ajoute l’autoflagellation française. Zemmour cite Christopher Soames, ancien vice-président britannique de la Commission européenne : « Dans une organisation internationale il faut toujours mettre un Français, car ils sont les seuls à ne pas défendre les intérêts de leur pays ». D’où le choix de Moscovici ?

     

    La France affaiblie, non gouvernée, ingouvernable, à laquelle « nos dirigeants devenus des prêtres » ont promis l’Europe « comme un Graal qui se gagne par d’innombrables sacrifices », devient terre d’élection pour un islam qui colonise son ancien colonisateur, au point que Zemmour évoque « la naissance balbutiante mais vigoureuse et redoutable d’un Dar el islam français » ; avalisant la thèse du Grand Remplacement et la substitution d’une histoire à une autre : « pour intégrer l’islam il faudrait que la France renonce à mille ans d’histoire ». 

     

    D’autres horizons

     

    De ce livre riche, trop riche, on peut faire plusieurs lectures. Lecture historique : Zemmour compare Gorbatchev à Louis XVI, Chirac à Louis XVIII, fait de Sarkozy et de Hollande respectivement un Bonaparte de carnaval et un Mitterrand de carnaval. Dans l’Europe allemande, il voit la naissance d’un « Saint Empire américano-germanique », et l’on peut déplorer qu’il identifie la réunification allemande – et donc la chute du mur – à une « catastrophe géopolitique » parce qu’elle renforce l’Allemagne au détriment d’une France qui seule lui importe. Pour lui, la politique est indépendante de la morale, et cela aussi explique son gaullisme. Plus réjouissante est sa galerie de portraits au vitriol : Louis Schweitzer ou « la nouvelle trahison des clercs », BHL ou « L’idéologie pour les nuls », José Bové ou « la trahison d’Astérix », les « bobos prédateurs aux paroles de miel ».

     

    Cette allégresse de plume pimente un bilan accablant ; elle est aussi révélatrice d’une pensée qui n’est pas désespérée. Zemmour évoque les révoltes populaires, les ovations pour les films à la gloire de la défunte France d’hier – enracinée pour Bienvenue chez les Chtis, assimilatrice dans Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?

     

    Le mariage a été transformé en « contrat à durée déterminée indexée sur les sentiments » préparant sa parodie, le « mariage homosexuel », qui est « l’ambition non de singer le réel, mais de le contester, de le nier, de se substituer à lui ». L’art contemporain est l’héritier de Malevitch: « ce que je veux, c’est la négation de ce qui nous précède », que Zemmour interprète comme un « nihilisme éradicateur » qui traduit « un refus d’hériter » et un « ultime moyen de salir et saccager toute trace du passé ».

     

    Mais les manifestations de rues, les bouderies du public, ses engouements intempestifs, ses suffrages politiquement incorrects, traduisent, dans le peuple français, la volonté d’un retour au réel, d’une réappropriation de son histoire, et le rejet des « élites » qui prétendent confisquer la parole du peuple et lui dicter conduite et pensée. Zemmour s’assume réactionnaire et populiste. Tout se passe comme s’il voulait convertir des rébellions inorganiques en mouvement cohérent d’une France qui s’aime à nouveau. Car son livre évoque moins un suicide qu’un « meurtre déguisé en suicide ».

     

    C’est le livre-programme d’un homme qui reconnaît faire « de la politique gramscienne en menant un combat d’idées dans le cadre d’une lutte pour l’hégémonie intellectuelle ».

     

    À d’autres de s’en inspirer ; sans doute est-ce le souhait de Zemmour, qui sait, comme Maurras, qu’« en politique le désespoir est une sottise absolue ». 

     

    Réseau Regain

     

    ** Face à la doxa et aux médias

  • Impressions sur le colloque du Cercle Vauban « Pour un nouveau Régime »

    Faute que les organisateurs (Le Cercle Vauban, Politique magazine, La Restauration Nationale) aient - à ce jour - donné et publié le moindre compte-rendu du colloque Pour un nouveau Régime, tenu à Paris samedi dernier 6 décembre, nous extrayons des commentaires parus dans Lafautearousseau, les impressions personnelles de François Davin qui donneront à ceux que cela intéresse au moins quelques indications sur ce qu'a été ce colloque. Dans le prologue des Quatre Nuits de Provence, Charles Maurras raconte la soirée de Martigues où, tout enfant, il avait posé à son père cette question essentielle : « Dis, qu'est-ce que c'est enthousiaste, papa ? ». La réponse vous est donnée, ici, par surcroît.  Lafautearousseau       

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    J'ai pu assister au colloque du Cercle Vauban : c'est peu de dire qu'il fut très réussi et particulièrement intéressant; par moment, même, au-delà de la bonne qualité, on a atteint l'excellence. A part une communication, j'ai tout trouvé d'un très bon niveau : Frédéric Rouvillois, Jean-Baptiste Donnier, Pierre Chalvidan, Jean Sévillia, François Reloujac, Axel Tisserand, Jacques Trémolet de Villers, Fabrice Hadjadj …  

    Lafautearousseau a eu le nez creux en acceptant de relayer les efforts des organisateurs du Colloque du Cercle Vauban. Ce colloque n'a pas été "un bon colloque" mais, par moments, un colloque d'exception : comme j'aurais regretté d'avoir manqué l'intervention de Fabrice Hadjadj ! A elle seule - mais, justement, elle ne fut pas seule... - elle eût justifié, et plus que très largement, les petits désagréments que représente toujours, pour nous qui sommes loin, une "montée" à Paris. On ne peut que repartir enthousiasmé d'une telle journée. En plus, nous avons pu retrouver des amis d'un peu partout (Bretons, Lorrains, Languedociens, Lyonnais...) : j'aurais aimé en retrouver certains autres, qui n'étaient pas là. Dommage... (Surtout pour eux !).

    J'ai pu m'entretenir avec les deux techniciens de l'enregistrement : tout est bien "mis en boîte", du premier mot au dernier. Cela nous promet de belles et bonnes vidéos dans les jours prochains...

    Claude Wallaert a été bien clair : ce ne sera pas un feu de paille, un "acte" isolé : d'autres colloques suivront. Comme après chaque bon épisode d'un bon feuilleton, on ne peut que se dire : vivement la suite, vivement le prochain !...
    Bravo aux organisateurs de cette journée où tout fut réussi (même le buffet, ce qui est rare...). Et, bien sûr, pour les prochaines, Lafautearousseau sera là pour relayer et amplifier, dans la mesure de ses moyens, les bons efforts mis au service de la bonne Cause... 

    Je voudrais juste revenir, pour y insister, sur cette sorte de "moment de grâce" que fut l'intervention de Fabrice Hadjadj : adéquation totale entre l'extrême sérénité (je dirai même, douceur) de l'intervenant et l'extrême profondeur (ou hauteur, comme on voudra) de son propos...  

    Écrit par : François Davin | lundi, 08 décembre 2014

  • LA REPUBLIQUE EST EN DANGER !

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    Source : ACTION FRANCAISE PROVENCE 

  • Monte le front • Par Jean-Baptiste d'Albaret *

    IMG.jpgAlain Juppé piégé dans sa propre ville, conspué par des militants sarkozystes venus de toute l’Aquitaine. L’incident laissera des traces. La guerre pour la primaire de 2016 est déclarée à droite. Elle tourne à la confrontation publique entre deux hommes qui partagent la même ambition : l’élysée en 2017. Chouchou des sondages, l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac complaît aux médias qui font sa campagne auprès de l’opinion : favorable à un rapprochement avec les formations du centre, social-démocrate bon teint, il apparaît, sur à peu près tous les sujets, conforme à la doxa du politiquement correct. De son côté, l’ancien président de la République a les faveurs des militants qui réclament une droite forte, décomplexée, sûre de ses valeurs. Le premier veut une primaire ouverte à tous les sympathisants de la droite et du centre. Le second, qui tient l’appareil et espère en faire l’outil de sa reconquête du pouvoir, entend le mettre au service de sa réussite. D’où sa volonté de changer le nom du mouvement, ce qui permettrait également d’en changer les statuts… Position d’équilibriste ! 

    A l’UMP, les couteaux sont tirés et la rupture semble inéluctable. Rupture, d’abord, entre les responsables du mouvement que la perspective des primaires rend fous. On voit mal, en effet, comment pourraient cohabiter longtemps, au sein d’un même parti, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Fillon, Nathalie Kosciusko-Morizet ou Bruno Le Maire qui, lui aussi, a essuyé les sifflets des membres de Sens commun sur la question de la loi Taubira et du mariage homosexuel. Rupture, ensuite, avec les militants. Le hourvari déclenché par les propos d’Alain Juppé, sous le regard impassible de son adversaire, traduit une exaspération à la mesure des haines qui animent les dirigeants et que révèle le pitoyable spectacle de leurs querelles d’ego.  

    Où cela finira-t-il ? La droite, nous dit-on, a toujours surmonté ses dissensions internes. Elle a su gagner, dans le passé, malgré ses conflits de personnes. Souvenez-vous : Giscard, Balladur, Chirac ! L’intérêt électoral commun prévalait. Mais c’était avant la montée en puissance du Front national, premier parti de France aux dernières élections européennes. C’est à lire dans le dossier de Politique magazine : à deux ans de l’échéance présidentielle, tous les signaux sont au vert pour le mouvement de Marine Le Pen. Tranquillement reconduite à la tête de son parti, la présidente du Front national, candidate naturelle de son camp, croit en ses chances. Sur l’échiquier politique, elle avance dans un champ de ruines. La droite est défaite et divisée, au bord de l’implosion ; le pouvoir socialiste, discrédité, est rejeté par ses électeurs ; la gauche de la gauche, que le FN concurrence sur le terrain social, n’a jamais réellement émergé.  

    Tant et si bien que les enquêtes d’opinion prédisent que le Front national est bien placé pour arriver en tête du premier tour en 2017. Dans cette hypothèse, si les rapports de forces politiques restent en l’état, Marine Le Pen sera l’un des deux finalistes du second tour. A l’UMP, comme au PS, chacun rêve d’en être l’autre protagoniste. Quitte à faire exploser sa formation politique... Mais sans penser un seul instant que rien ne permet aujourd’hui de dire qu’elle sera forcément battue. Et, alors, que se passe-t-il ? 

     

    * Cliquez sur l'image pour accéder au site de Politique magazine 

  • 10 Décembre 1914 ... Le mot de Tacite : « Les chefs combattent pour la victoire et les soldats combattent pour les chefs. »

    169px-EmpereurTacite.jpgJe reviens de M..., à quelques kilomètres du front, entre Reims et Epernay.C'est la bataille vue par l'arrière, par le service de santé. On n'y connaît que les résidus de la guerre, c'est-à-dire la souffrance, la maladie, tout ce qui est si puissamment senti dans les chapitres de La Guerre et la Paix où Tolstoï mène son lecteur à l'ambulance.

    G..., surmené par quatre mois de campagne, a dû prendre quelques jours de repos, sans vouloir se faire évacuer : parmi ceux qui ne sont pas tombés, il reste le dernier officier qui reste sur pied de sa batterie très éprouvée. Il me dit combien la retraite depuis la Belgique jusqu'au-delà de la Marne a été pénible, le désarroi menaçant à toute heure, la confusion se faisant presque chaque nuit et donnant l'idée de la déroute, les chefs rongeant leur frein, les nerfs ébranlés par ce recul continuel dont on ne voyait pas la fin. "Comment tout le monde sans exception s'est ressaisi le jour où l'offensive a été reprise, c'est peut-être, me dit G..., ce qu'il y a eu de plus beau jusqu'ici dans toute la guerre." Et il me dit aussi qu'il a éprouvé les responsabilités du commandement, en voyant, aux heures de danger, les yeux de ses hommes fixés sur lui, attentifs à tous ses gestes, à tous ses ordres, par une intuition profonde que c'est du chef que dépend le salut commun et remettant tourtes leurs volontés entre ses mains. Un simple capitaine comprend alors la force de ce vers de Corneille, qu'Auguste Comte avait rangé parmi les préceptes de sa sociologie : « On va d'un pas plus ferme à suivre qu'à conduire... » 

    C'est aussi le mot de Tacite : « Les chefs combattent pour la victoire et les soldats combattent pour les chefs. »

    On sait, parmi les combattants, des choses qui sont encore ignorées à Paris. Par exemple, on s'expliquait mal qu'après la victoire de la Marne, les Allemands n'eussent pas reculé de plus de quatre à cinq kilomètres de Reims. Cela est dû à une faute du général Gallet (privé d'emploi pour ce fait), qui a remis au lendemain la poursuite de l'ennemi et, pendant ces vingt-quatre heures perdues, permis aux Allemands, toujours admirablement renseignés, de réoccuper le fort de Brimont. C'est de là qu'en ce  moment encore ils bombardent Reims à leur gré.

    Le village a peu souffert du passage des Allemands. Ils ont seulement détruit, après leur retraite, des ponts que les territoriaux rétablissent. Sur le canal, des péniches portant l'emblème de la Croix-Rouge, passent avec lenteur. Des blessés arrivent à l'ambulance, couverts de boue, les pommettes fiévreuses. Leur équipement est tout de suite désinfecté et l'odeur du phénol se répand sur leur passage. En haut, un homme vient de mourir : une broncho-pneumonie, contre laquelle le docteur a lutté vainement. Un autre malade délire et il a fallu l'attacher. Lorsque le soir tombe sur les ambulances, quelle angoisse s'appesantit sur les pauvres lits, les misérables grabats du service sanitaire ! Le dévouement - il y a là un jeune médecin gai, vaillant, qui donne courage à tous - peut-il suppléer à tout ce qu'ont fait l'imprévoyance, cette légèreté, cette ignorance démocratique que paient en ce moment les malheureux d'aujourd'hui, souverains électeurs d'hier...

    L'horreur de ces lieux, on ne la secoue qu'avec peine. Elle oppresse encore, sur ces routes boueuses de Champagne, où des territoriaux hirsutes montent d'interminables gardes, où l'on retrouve, maisons éventrées, arbres arrachés, les traces de l'invasion, dont la plus sinistre est peut-être encore ce vol épais de corbeaux, des corbeaux d'une taille et d'une force incroyables, qui tournoient au-dessus des champs.  

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  • C'était le 5 février 2013 au Parlement Européen à Strasbourg, Philippe de Villiers s'adressait à François Hollande

     

    Philippe de Villiers, député européen et président du Mouvement Pour la France, intervient devant le parlement de Strasbourg lors de la session plénière du 5 février 2013 à l'occasion de la venue du président de le la République Française, François Hollande.  

    Sans titre-5.jpgPhilippe De Villiers s'adresse directement à François Hollande, accompagné de Laurent Fabius, son ministre des affaires étrangères ...

    Ce qu'il s'est permis, ou plutôt ce qu'il a cru de son devoir de lui dire, ce jour-là, avec une certaine solennité, mérite d'être retenu, réécouté et médité. D'autant que cette intervention n'a eu pratiquement aucun écho médiatique ...

    Pour la suite de l'Histoire, française et européenne, il est bon de savoir, il sera bon, plus tard, de se souvenir que ces choses ont été dites, que ce constat a été fait.

    Le constat de Philippe de Villiers est que le rêve européen s'est évanoui dans le coeur des peuples, qu'il s'est désintégré, parce qu'il était tramé, dit-il, dans un tissu fait d'une série de mensonges ...  

    Ce rêve interrompu pourra-t-il être repris ? Ce serait sans-doute l'intérêt des peuples d'Europe - mais ils sont, aujourd'hui, déçus, voire hostiles - à condition toutefois que ce soit sur de tout autres bases qui, cette fois-ci, n'ignoreraient ni les réalités, ni l'Histoire, ni les racines de l'Europe,  ni son besoin naturel d'indépendance. Sera-ce possible ? On peut en douter, car, pour toute une série de raisons très concrètes, la réalisation d'un projet d'unité européenne sera, sans-doute, plus difficile à réaliser avec succès, aujourd'hui qu'il il y a cinquante ou soixante ans. Mais il n'est pas interdit - il nous est même recommandé - d'y réfléchir.  

  • 9 Décembre 1914 : L'incertitude et les contradictions au milieu desquelles vivent ceux-là même qui sont renseignés ...

    images.jpgLe général Gallieni estime avoir gagné la bataille de la Marne en dépêchant sur l'Ourcq 15.000 hommes montés dans trois mille taxis-autos réquisitionnés. Le haut commandement juge au contraire que l'intervention de Gallieni sur l'Ourcq n'a été qu'un épisode qui n'est même pas mentionné dans le rapport du généralissime sur la victoire de la Marne. D'où froissements et mécontentements. Gallieni se plaint que on rôle soit diminué, sollicite la presse de lui rendre justice. La censure interdit la publication de la moindre note relatant l'affaire des trois mille taxis-autos et donne pour prétexte la consigne donnée par le général Gallieni lui-même de ne pas permettre aux journaux de raconter cet incident. Etrange !

    Le retour du gouvernement à Paris met d'ailleurs fin à la mission de Gallieni, qui serait nommé au commandement de l'armée d'Alsace. C'est évidemment un des incidents qui sont nés du triple pouvoir de Bordeaux, de la place de Paris et du grand quartier général.

    En outre, le véritable vainqueur de la Marne, c'est-à-dire l'homme qui aurait eu la première idée, la conception originelle de la bataille, serait non plus le général Foch mais le général Boëll. Cela dit pour montrer l'incertitude et les contradictions au milieu desquelles vivent ceux-là même qui sont renseignés.  

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  • La Semaine de MAGISTRO, une tribune d'information civique et politique

    magistro_fr.jpgAprès des années d'errance et par-delà les appareils et les discours dits de droite, dits de gauche ou d'ailleurs, ...  revenons aux fondamentaux !


    Pour cela, MAGISTRO vous invite à lire :

     

    •  Denis TILLINAC   Ecrivain  La théorie du genre - le monde rêvé des anges
    •  François JOURDIER   Officier, contre-amiral   De l'écriture au script
    •  Basile de KOCH   Le Droopy de la République
    •  Michel ROUSSEAU  Président de la fondation Concorde  Plus de 80 milliards €
    •  Eric ZEMMOUR   Journaliste politique   Les "fausses notes"
    •  Philippe BILGER   Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole   Comment a-t-on pu profaner ...
    •  Jean SALVAN   Officier, général de corps d'armée  Réflexions sur 14-18

  • C'EST DEMAIN : ERIC ZEMMOUR A NANTES, INVITE PAR L'ASSOCIATION "MEMOIRE DU FUTUR". A NE PAS MANQUER !

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    Mercredi 10 décembre 2014, Éric ZEMMOUR – auteur du livre à succès Le Suicide français. Les 40 années qui ont défait la France – fera un déplacement exceptionnel à Nantes. Merci d'avance d'annoncer autour de vous ce bel événément pour la région nantaise. 

    L'après-midi, de 15h30 à 17h30, il dédicacera ses ouvrages à la librairie Dobrée, 14 rue Voltaire, 44000 Nantes. 

    Le soir, il donnera à 20h une conférence à la salle Nantes-Erdre, 251 route de Saint-Joseph, 44300 Nantes. 

    Les personnes qui seront absentes mais qui souhaitent tout de même avoir des livres dédicacés par Zemmour sont priées de nous contacter à contact@chire.fr afin de passer leur commande en précisant le nom auquel doit s'adresser la dédidace (ou les dédicaces).

    Toutes les informations sur cet événement sont récapitulées et mises à jour en cliquant ici

     

  • Reprendre la main par Louis-Joseph Delanglade

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    « Mon adversaire, cest le monde de la finance » avait lancé, non sans panache, M. Hollande, lors de sa campagne de 2012. Las ! Force est de constater quencore et toujours, la logique purement financière continue de primer. Témoin, la préférence accordée au « plus offrant », à savoir un consortium chinois, pour le rachat de près de la moitié du capital de laéroport de Toulouse-Blagnac, consortium préféré à un éventuel pacte dactionnaires nationaux. Certes, avec 49,99 %, les Chinois seront minoritaires, 40% appartenant toujours à des actionnaires locaux et 10,01% à lEtat. Certes, M. Macron assure que ce dernier ne se désengagera pas. En fait, outre quelle reste une « option » dont les conditions mériteraient d’être éclaircies, la cession avant 2020 des derniers 10,01% a bel et bien été envisagée. Mais il y a pis : on pense déjà à reproduire « lopération Blagnac » pour dautres grands aéroports, par exemple ceux de Lyon, Marseille ou Nice… En attendant peut-être les ports, les gares, les voies ferrées, les boulevards et les jardins publics. 

    Lannonce de cette vente (même partielle) du site « stratégique » de Blagnac à un investisseur étranger a, et cest heureux, soulevé un tollé. La critique de M. Philippot (« Laéroport de Toulouse doit rester public et français. Le brader à un consortium chinois est une faute grave, dictée par l'absurde austérité ») est dune grande pertinence car elle souligne laveuglement financiariste du gouvernement. Avant tout soucieuse, en effet, de se conformer le plus possible aux impératifs de lUnion, la France cherche désespérément à faire des économies plutôt qu’à profiter des conditions exceptionnelles de financement à taux très bas pour lancer un grand programme dinvestissements « productifs ». Cest-à-dire que nous ne profitons même pas de la situation générée par leuro fort et le « parapluie allemand ». 

    Dans ces conditions, sachant que la monnaie unique nous pénalise autant et plus sans doute quelle nous « protège », on pourrait peut-être envisager sérieusement une forme de sortie de leuro. Les économistes sont divisés sur le sujet : si beaucoup prédisent lapocalypse (dévaluations répétées, appauvrissement des ménages, baisse très importante des salaires et des retraites, etc.), quelques uns, et non des moindres, pensent que, lharmonie fiscale et une politique économique commune restant impossibles, leuro nest de toute façon pas viable et quune solution de compromis relativement équilibrée consisterait à « passer de leuro monnaie unique à leuro monnaie commune » (M. Giraud).  

    Cette mesure aurait le grand mérite dinitier une restauration, au moins partielle, des attributions du politique : les taux de change en interne (entre leuro-franc et les autres monnaies) relèveraient de décisions politiques communes et la B.C.E. devenue simple « bureau de change » serait privée de tout pouvoir de politique monétaire » (M. Gordon, Le Monde diplomatique). LEtat reprenant la main, voilà qui vaudrait mieux que des incantations électoralistes et pourrait aussi nous épargner dautres dérives façon Blagnac.  

     

  • 8 Décembre 1914 ... Personne ne parle plus des Cosaques à Berlin pour la Noël...

    Cosaques-Russes.jpgVoici une chose que l'on dit beaucoup : les Allemands sont très nombreux, très bien organisés. Il ne faut pas songer à les battre par l'effet de belles opérations militaires, ni à les envahir à la suite d'une bataille heureuse. Exemple : ce qui se passe sur le front russe. En Pologne, les Russes battent les Allemands. Dès que la victoire porte les Russes au voisinage de la frontière allemande, Hindenburg, se servant des merveilleux réseaux de chemins de fer stratégiques de l'Empire, concentre plusieurs centaines de mille hommes sur un point, enfonce l'ennemi, le fait reculer de soixante kilomètres et tout est à recommencer. (C'est ainsi que Hindenburg vient de réoccuper Lodz). Il s'ensuit qu'il s'agit de détruire et de tuer beaucoup d'Allemands, deux millions à peu près, en suite de quoi seulement l'Allemagne pourra être battue. C'est la tactique de "l'usure" à laquelle le généralissime Joffre semble s'être arrêté.

    En somme, il s'agit d'affaiblir les Allemands en détail  sur les deux fronts. Ce sera long. On s'en rend compte de plus en plus clairement. Et l'insuccès des Russes en Pologne montre combien la décision se fera attendre. Personne ne parle plus des Cosaques à Berlin pour la Noël... 

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