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  • 4 Décembre 1914 ... « Avez-vous vu la guerre, vous ? Moi, j'en ai vu plusieurs, je ne veux plus recommencer » (François-Joseph)

    220px-Franz_Joseph_of_Austria_1910_old.jpgToujours à propos de la mission anglaise auprès du Vatican, je reçois cette information intéressante :

    « L'envoi par le gouvernement anglais d'un ambassadeur extraordinaire près le Saint-Siège est très certainement l'indication du désir de l'Angleterre que le Pape s'entremette près du gouvernement autrichien pour qu'il se sépare de l'Allemagne et fasse avec les alliés une paix séparée et immédiate. (En Autriche, les partisans de la guerre et de l'alliance allemande sont l'empereur, M. Tisza et la famille impériale, à l'exception de l'archiduc héritier; toute l'aristocratie est hostile à la politique du souverain et n'a pas souscrit le dernier emprunt pour manifester son hostilité).

    Mais, au cas où le but indiqué plus haut ne serait pas atteint, l'envoi d'un ambassadeur peut viser un autre but, celui d'exercer une pression indirecte sur le gouvernement italien pour le décider à sortir de la neutralité, en lui faisant comprendre que l'Italie a d'autant plus intérêt à intervenir, pour faire partie du congrès qui refera après la guerre la carte de l'Europe, que la papauté pourrait, elle, y être admise : l'Angleterre et la Russie (la France officielle ne compte pas) désirent refaire l'Allemagne en s'appuyant sur les différences religieuses, et elles ont besoin pour cela de l'influence du Saint-Siège sur les Allemands catholiques, sur les princes catholiques et sur les Habsbourgs.

    D'autre part, on me dit qu'en ce moment le gouvernement anglais envoie chaque jour dix mille soldats anglais sur le continent, et que cet envoi régulier et quotidien va se poursuivre pendant plusieurs mois. 
     
    Les dispositions de François-Joseph ont pu changer : je sais de bonne source qu'au mois de juillet il a énergiquement résisté à Tisza et aux partisans de la manière forte. Dans un conseil tenu à la Hofburg, le vieil empereur se serait même écrié, en tapant du poing sur la table : "Avez-vous vu la guerre, vous ? Moi, j'en ai vu plusieurs, je ne veux plus recommencer. »

    Le bruit de son abdication a couru ces jours-ci : son successeur, le jeune archiduc héritier, dont la femme, princesse de Bourbon-Parme, a une éducation et des sentiments français bien connus, serait l'homme de cette « paix séparée » qu'il n'est aucunement déraisonnable d'espérer. Les X..., qui ont de fortes attaches de famille en Hongrie, ont dû, au moment de la guerre, laisser une de leurs fille à Budapest, chez le comte Tisza lui-même. On ne sait, dans la société hongroise, quels égards lui témoigner, quelles preuves lui donner du regret qu'on a d'être en guerre avec la France. Les officiers russes prisonniers ne sont pas davantage traités en ennemis. Dans une des dernières lettres reçues à Paris par les X..., leur fille fait comprendre que Tisza recherche les moyens de conclure la paix et d'abandonner l'Allemagne avant que l'Italie et la Roumanie se soient décidées à intervenir.

    Le discours que M. Salandra* vient de prononcer à Montecitorio indiquant l'intention du gouvernement italien de persister encore dans l'expectative, l'Italie - et la Roumanie, qui la suit pas à pas, se trouvent donc en danger de s'asseoir entre deux selles. C'est le sens de l'article intitulé « Cinq minutes trop tard » que le Secolo, très anti-autrichien et irrédentiste, vient de publier.  • 

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     * Antonio Salandra (1853-1921), premier président du Conseil à droite, après les premières élections au suffrage universel en 1913.

  • Marine, Marianne : Le dossier du numéro de décembre de Politique magazine (qui vient de paraître)

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    Sommaire 

    Nous publierons dans les tout prochains jours l'éditorial de cette nouvelle livraison de Politique magazine : 

    MONTE LE FRONT

     

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  • A tous ceux que son travail et sa pensée intéressent : Fabrice Hadjadj est annoncé au colloque du Cercle Vauban ... Inscrivez-vous !

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  • 3 Décembre 1914 ... "J'ai foi en notre généralissime' ...

    t-RI068_LeFlochPierre_Uniforme2.jpgIl y aura bientôt trois mois pleins que dure cette terrible guerre de tranchées. On me communique cette lettre d'un sous-officier d'artillerie de réserve, intelligent et observateur, qui donne l'idée de ce qui se passe :

    "Pour ceux qui voient les choses de loin, la guerre doit paraître vraiment incompréhensible. Les journaux ne font que parler de nos engins merveilleux, de nos explosifs extraordinaires, et pourtant voici près de trois mois que les deux infanteries sont terrées l'une en face de l'autre et que les deux artilleries se canonnent sans résultat. Ce qui se passe sur le front, mon cher cousin, mais quand j'y réfléchis c'est inconcevable. Tenez, voici ma journée. Ce matin, réveillé frais et dispos sur ma botte de paille dans la mansarde d'une maison abandonnée, je suis parti avec un officier de mon groupe pour chasser le lapin avec un furet. Nous avons pris deux lapins qui varieront notre ordinaire. Pui j'ai promené mon cheval qui ne travaille pas et qui est insupportable. J'ai mangé, de fort bon appétit, ma gamelle de soupe et un morceau de boeuf bouilli. Le soir j'étais de garde au poste d'observation. J'ai pioché et manié la pelle, car nous avons résolu d'agrandir la casemate, c'est-à-dire notre terrier. Vers les quatre heures, nous avons envoyé une vingtaine de coups de canon, nous en avons reçu deux fois plus. Dans ces moments-là, rien n'est plus simple : si vous voyez que les obus tombent loin, c'est-à-dire à 700 ou 800 mètres, inutile de vous déranger : vous pouvez continuer vos occupations (même la chasse au lapin). S'ils tombent plus près et que vous ne soyez pas obligé d'être dehors, il est prudent de rentrer dans les tranchées recouvertes. S'il y a des ordres à porter, il ne faut pas hésiter à continuer son chemin, en se couchant ou en se baissant seulement suivant la distance à laquelle tombe l'obus. (Cela se reconnaît très facilement au bout de trois ou quatre jours). Pour finir le récit de ma journée, je viens de lire les journaux de ce matin qu'un cycliste nous apporte régulièrement de Villers-Cotterêts. La nuit s'annonce comme devant être calme, c'est-à-dire que les coups de canon seront rares. Mais toutes les minutes ou toutes les deux minutes, un coup de fusil viendra rompre le silence de la nuit, et les Boches continueront à promener sur nous la lumière de leurs phares (ils en ont de toutes sortes) et à envoyer de magnifiques fusées éclairantes sur nos tranchées. Quant à nos deux téléphones, qui nous relient l'un à la division et de là à l'infanterie, l'autre à nos batteries qui sont enfouies dans les bois, je ne crois pas qu'ils me réveillent.

    Sans doute ce n'est pas tous les jours la même chose. Demain, par exemple, je suis convenu avec un capitaine d'aller dans les tranchées des fantassins pour régler son tir. J'irai jusqu'aux avant-postes et là, si je ne puis avoir la communication téléphonique, je prendrai des notes. De temps à autre, nous faisons une attaque ou nous en repoussons une. Que ce soit eux, que ce soit nous, c'est le même principe : douze ou vingt-quatre heures de bombardement, après quoi on essaie de faire sortir les fantassins des tranchées. Alors les mitrailleuses crachent la mort avec une rapidité foudroyante. Chaque attaque est suivie d'une contre-attaque. Si une tranchée est perdue, elle est reprise : quelques centaines d'hommes abattus et aucun résultat. Car telle est la guerre moderne : tout consiste à remuer de la terre, et c'est à qui creusera le plus. Contre ces tranchées profondes, l'artillerie est impuissante. Pour que l'obus fasse du mal à l'adversaire, il faut qu'il tombe non pas sur le bord, mais dans la tranchée, et le hasard seul peut produire ce résultat. Nous sommes donc terrés les uns en face des autres sans qu'il soit possible de prévoir la solution de cette véritable guerre de siège et d'épuisement. Il est absolument impossible que les Allemands enfoncent nos lignes et, pour nous, il faudrait un bon élan pour rompre la barrière qui est de moins en moins forte, j'en suis sûr. Cet élan, la division de réserve à laquelle j'appartiens ne peut le fournir, car elle a été très éprouvée et n'a plus confiance dans les attaques que nous tentons de temps à autre. 

    Vous me demandez ce qu'on dit ici ? Le moral est toujours bon parce que le service d'approvisionnement marche bien. Voyez-vous, le soldat, tant qu'il touche régulièrement ses vivres, a confiance. Mais, sur ce point, il est exigeant et admet à peine des distributions en retard de quelques heures. A ce sujet, mon cher cousin, je dois vous dire que j'ai été agréablement étonné de voir fonctionner ce service. On ne peut lui reprocher que le gaspillage : car il y en a. On touche trop, et je préférerais voir régner une sage économie, car la guerre sera longue. Comme vous, je crois à la solution vers Pâques.

    Que vous dirai-je encore ? Que chacun a foi dans la victoire finale. Sans doute, surtout dans l'infanterie, ce n'est plus l'enthousiasme des premiers jours. Mais on ne voit pas encore cette lassitude, si redoutable chez le Français. L'état sanitaire est toujours remarquable à la division : pas de malades. Nous avons eu pourtant des pluies et du brouillard.

    Voilà, mon cher cousin, ce que je puis vous dire sur notre existence. Et maintenant je ne puis résister au besoin de vous confier quelques impressions. Ce sont les miennes : par conséquent, soyez en garde. Mais, hélas ! elles m'ont été imposées par ce que j'ai vu. Il m'est apparu d'abord, à mon étonnement du reste, que deux choses marchaient à merveille : la mobilisation et le service d'approvisionnement. Pour celui-ci, je suis persuadé qu'il n'était qu'à moitié prévu et qu'il fonctionne grâce à des coups de collier et à des initiatives particulières. Mais, à coté de cela, quelle infériorité par rapport à l'armée allemande ! Par ce que j'ai pu en voir, tout est prévu, organisé, et quel outillage ! Chez nous aucune liaison. Un régiment ignore l'autre, une division, celle qui la touche. J'ai vu des régiments tirer l'un sur l'autre. A chaque attaque, régulièrement, notre artillerie tue quelques-uns de nos fantassins. C'est que le commandement n'est pas toujours à la hauteur de sa tâche. Sans doute, des sanctions ont été prises, nous le savons. Elles sont encore insuffisantes, et de beaucoup. Par exemple, j'ai foi en notre généralissime. S'il avait eu au début l'expérience qu'il a acquise aujourd'hui, jamais l'Allemand  ne serait entré en France : l'histoire lui tiendra peut-être rigueur de n'avoir pas su ce que savait le moindre capitaine serbe. Mais sa concentration des troupes en arrière pour sauver Paris, cela toute l'armée l'a compris et l'admire."

    Autre impression : M. de P..., ancien officier qui, à 55 ans, a repris du service, revient du champ de bataille de Flandre. La vie du soldat dans les tranchées est, là-bas, terrible. Il la compare à l'un de ces raffinements de cruauté chinois imaginés par Octave Mirbeau* dans Le Jardin des supplices. D'abord les tranchées, aux environs d'Ypres et de Dixmude, n'ont pas pu être creusées avec le soin qu'on y a mis ailleurs, étant donné que la bataille a été incessante. Ce sont de véritables trous où le soldat doit se tenir accroupi, les nerfs ébranlés par une canonnade continuelle. Les hommes sont relevés tous les trois jours. Ils sortent de là dans un état de fatigue physique et surtout morale indescriptible, quelques uns presque hébétés.

    Ces jours derniers, l'ordre vint de sortir de nos tranchées pour occuper une tranchée ennemie. Pour la première fois, nos hommes refusèrent de marcher. On les menaça du peloton d'exécution. "Nous aimons mieux être fusillés, répondirent-ils, que d'aller pourrir comme nos camarades." En effet, quelques temps auparavant la même attaque avait été tentée. Les nôtres s'étaient embarrassés dans les réseaux de fils de fer tendus par l'ennemi et, après la retraite des survivants sous un feu meurtrier, les blessés étaient restés entre les tranchées françaises et les tranchées allemandes sans que, ni d'un côté ni de l'autre, on pût aller les secourir. Les malheureux avaient agonisé pendant des journées entières, et leurs cris, leurs plaintes avaient déchiré les oreilles de leurs compagnons d'arme jusqu'à ce que le silence se fût fait sur le charnier.   

    Les scènes d'horreur sont fréquentes aussi dans les trains sanitaires. Le jeune F..., gravement malade, probablement d'une fièvre typhoïde larvaire, a voyagé pendant huit jours, du front jusqu'à Béziers. Son wagon, où les hommes mouraient sans soin, appelant leur femme et leur mère, était digne de L'Enfer de Dante. Le malheureux jeune homme en a conservé une vision d'épouvante et reçu une secousse qui aggrave sa maladie.

    La mort est notre voisine de tous les jours...

    Et, pour la première fois, j'ose transcrire ici ce qu'on murmure de toutes parts : la difficulté avec laquelle marchent les territoriaux, des hommes de 35 à 40 ans, mariés, pères de famille qui "regardent en arrière plutôt qu'en avant", et dont beaucoup ont dû être fusillés, les officiers mêmes ayant donné l'exemple de la débandade en beaucoup d'endroits... Pauvre peuple souverain !... Voilà pourtant la "nation armée"...

    Par exemple, la Landwehr et le Landsturm marchent infiniment moins bien que nos territoriaux, nos "terribles toriaux", comme dit l'esprit populaire; là encore, la qualité du sang se fait sentir chez nous...   

     

    ** Les rapports de M. Jules Cambon et de notre attaché militaire à Berlin constituent des documents de la plus haute valeur historique. Que leur efficacité aura été faible ! C'est que, par leur nature confidentielle, ces avertissements ne pouvaient être communiqués au véritable souverain qui, en République, est le corps électoral. Les rapports de M. Jules Cambon ne pouvaient être communiqués à onze millions de personnes. Ainsi le peuple souverain était, par la force des choses, tenu dans l'ignorance de ce qui se tramait contre lui. Ce pauvre roi à onze millions de tête jouait encore avec son bulletin de vote alors que la feuille de mobilisation était la carte qu'il allait devoir retourner.     

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    * Octave Mirbeau (1850-1917), auteur de théâtre et critique littéraire, ami de Clemenceau.

    ** Tome I du Journal de Jacques Bainville (1901/1918)

     

  • VIDEO • EN PREAMBULE DU COLLOQUE DU 6 DECEMBRE, HILAIRE DE CREMIERS : OUI, IL FAUT DES INSTITUTIONS FORTES !

    H D C - Copie.jpgAvec la Restauration Nationale et le blog Le Rouge & le Noir, Lafautearousseau est partenaire de l'important colloque qu'Hilaire de Crémiers annonce dans cette nouvelle vidéo - et dont il commente le thème. Nous engageons donc vivement nos lecteurs et amis à s'y inscrire, à y participer, à s'y retrouver. Lafautearousseau a été précisément créé pour poser, au jour le jour et au prisme de l'actualité, la question même du régime. C'est tout justement l'objet de ce colloque qui sera donc, aussi, pour nous tous un acte militant. Comment, en effet, ne poserions-nous pas, aujourd'hui, publiquement, dans la terrible crise des institutions politiques que traverse la France, la question du régime ?   

     

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  • A ne pas manquer ! Le Café Actualités d'Aix-en-Provence, avec Patrick Barrau, c'est ce soir !

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    Les « valeurs » républicaines constituent aujourd’hui le passage obligé des discours politiques, sans davantage de précisions, mais comme une attestation d’honorabilité et comme sésame autorisant l’accès au cercle des personnalités fréquentables.
    De quoi s’agit-il donc ? Existent-elles vraiment ?
    Patrick Barrau dévoilera l’idole et en précisera les contours…  ♦

  • 2 Décembre 1914 ... Si quelqu'un s'est révélé comme un véritable homme de guerre, c'est le général Foch

    Ferdinand_Foch_(par_William_Orpen).jpgLes "Avertissements" du Livre jaune ont été publiés, me dit-on, sur l'ordre de Delcassé : c'est de bonne guerre. C'est la justification complète des partisans du service de trois ans. Aussi les journaux radicaux et socialistes font-ils le silence sur les avertissements.

    La censure a interdit à la presse de publier la traduction d'un nouvel article de La Nouvelle Presse libre de Vienne, qui redouble pour Joseph Caillaux le coup du pavé de l'ours. Cette traduction circule sous le manteau. L'article est intitule "La déportation de M. Caillaux". Il expose que l'homme de la politique franco-allemande a été exilé en Amérique du Sud parce que son heure venait, la résistance de l'armée touchant à son terme, le pays commençant à s'apercevoir que "l'héroïsme et le sacrifice demeureront vains". La Nouvelle Presse libre continue en ces termes : "Il l'a vu, il l'a dit, et c'est pourquoi il est soupçonné de trahison et expédié au loin. Pourquoi n'est-il pas accusé ? C'est encore la peur qui arrête une semblable accusation. Qui peut savoir si Caillaux aurait été condamné par un conseil de guerre ? Et, s'il l'avait été, le chef de parti, sacrifié au militarisme, victime de la juridiction militaire apparaîtrait comme un fantôme troublant les veilles de ses meurtriers, et son influence serait peut-être plus grande que celle de Caillaux vivant. "Il y a des morts qu'il faut qu'on tue", dit-on en français. Mais on ne pourrait détruire un tel mort. On lui laisse donc la vie et on veut l'assassiner par l'éloignement. Le temps dira si c'est d'une mort véritable qu'on a voulu frapper M. Caillaux par l'exil.

    Il y a des amis de M. Caillaux dans le ministère de M. Poincaré : Doumergue; Augagneur, ministre de la Marine; Viviani, président du Conseil; les ministres socialistes; le radical Sarraut*. Les ennemis sont Delcassé, Poincaré, Millerand, qui se plaisent à être conseillés, dirigés et commandés par l'ambassadeur russe Isvolski. Celui-ci a toujours été un adversaire de Caillaux parce qu'il savait que Caillaux n'était pas un partisan de l'aventureuse alliance franco-anglo-russe, et qu'il n'était pas possible de le gagner par la persuasion ni par d'autres moyens à la politique du Tsar dans la République.

    M. Caiilaux était en effet l'homme de la paix et, pour assurer une longue période de tranquillité à sa patrie, il avait toujours été l'avocat d'un rapprochement avec  l'Allemagne. Comme ministre des Finances, il était enclin à admettre à la Bourse de Paris des valeurs allemandes et autrichiennes et il ne se cachait pas de dédaigner les moyens méprisables du point de vue économique et financier avec lesquels on étranglerait, par le manque d'argent et la faim, tous les pays qui se refuseraient à suivre la Russie. Voilà son crime aux yeux de M. Isvolski."

    Comme dit Alfred Capus, pour affaiblir la portée d'un pareil article, il faudrait prouver qu'il a été écrit et envoyé au journal autrichien par un ennemi de Joseph Caillaux.

    On m'assure que le général Gallieni prendrait le commandement d'un corps d'armée et serait remplacé comme gouverneur de Paris par le général Brugère.

    Si quelqu'un s'est révélé comme un véritable homme de guerre, depuis le commencement de cette campagne, c'est le général Foch, un disciple direct du général Bonnal**. C'est lui qui a eu la conception initiale de la bataille de la Marne, alors que Joffre eût été d'avis de redescendre jusqu'à Orléans. Une heureuse reconnaissance d'aéroplane du capitaine Bellanger ayant révélé qu'il y avait un large hiatus entre l'armée du général de Bülow et celle du Kronprinz, Foch décida le généralissime à prendre l'offensive. Sa supériorité s'impose au point que Maud'huy*** et Castelnau, c'est-à-dire deux de nos meilleurs chefs, se sont volontairement placés sous ses ordres.

    Pierre Lalo****, allant en mission officielle à Reims, s'est trouvé à son quartier général. "Si le coeur vous en dit, proposa Foch, vous allez pouvoir assister à un beau spectacle." Quelques heures plus tard, une division de la garde prussienne était surprise dans une vallée. Notre artillerie, s'étant défilée sur les hauteurs environnantes, la couvrit d'abord d'obus. Ensuite le feu fut dirigé en arrière de manière à couper la retraite de l'ennemi. A ce moment, deux régiments de turcos mis en réserve furent lancés contre la garde. Lalo vit les soldats noirs se défaire rapidement de leurs chaussures, puis, pieds nus, avec une terrible agilité, se lancer contre les Prussiens, la baïonnette d'une main, une sorte de sabre-poignard de l'autre. Ce qu'il restait de la division de la garde fut anéanti en une demi-heure d'un carnage terrible et fantastique. Cela se passait entre la Pompelle et Prunay.

    Pierre Lalo se trouvait à Bayreuth au moment de la déclaration de guerre. Il n'y avait plus d'autres Français que lui. Le soir du 1er août, on jouait Parsifal. Pendant un entracte, Pierre Lalo voit tous les spectateurs accourir sous le péristyle du Bubneufestpielhaus. Les trompettes du théâtre, dans leur costume, sonnent la marche du Graal, et le préfet donne lecture de l'ordre de mobilisation. Après cela, le troisième acte de Parsifal fut chanté, mais, pour la première fois depuis que Bayreuth existe, au milieu du bruit des conversations.

    Lalo a eu beaucoup de mal à regagner la France : les Allemands ont eu tort de le laisser repartir, car il s'engage avec quelques amis dans l'armée belge et va faire campagne à bord, si je puis dire, d'une automobile blindée armée d'une mitrailleuse.

    En traversant la Bavière, après son expulsion, il a assisté à la mobilisation et a été surpris des scènes de désolation auxquelles il a assisté dans toutes les gares.  • 

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  • La Semaine de MAGISTRO, une tribune d'information civique et politique

    1584417371_2.jpgAprès des années d'errance et par-delà les appareils et les discours dits de droite, dits de gauche ou d'ailleurs, ...  revenons aux fondamentaux !


    Pour cela, MAGISTRO vous invite à lire : 


     
      Bertrand GALIMARD FLAVIGNY, Journaliste, écrivain : Un impôt sur les vices
      Henri HUDE, Philosophe : Violence religieuse (3ème partie)
      Ivan RIOUFOL, Journaliste politique :
         - Juppé et la droite 
         - Tensions  
      Christine SOURGINS, Historienne de l'art : Jeff Koons, mistinguett de l’Art contemporain…   
      Malika SOREL SUTTER, Essayiste, Ancien membre du Collège du Haut Conseil à l'Intégration : Un réquisitoire contre la France
      Hervé GROSJEAN, Abbé, Secrétaire Général de la Commission "Ethique et Politique" du Diocèse de Versailles : Femen à Strasbourg : quand l'État va-t-il enfin se décider à intervenir ?
      Jean-Luc BASLE, Economiste : Kissinger : chaos ou discernement ?
      Marc DUGOIS, Avocat : Croissance, dette et richesse

  • Baguette magique, par Louis-Joseph Delanglade

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    M. Cameron, à propos de l’immigration, vient tout bonnement de préciser que si « nous [la Grande-Bretagne] ne parvenons pas à modifier de manière plus avantageuse les termes de notre relation avec l’U.E., alors bien sûr je [M. Cameron] n’exclurai rien ». M. Juncker, président de la Commission européenne, reconnaît, lui, et finalement justifie, le dumping fiscal du Luxembourg dont il était le Premier ministre. Ces deux exemples, tout récents, rappellent une fois de plus que, dans l’Europe des vingt-huit, seules pèsent vraiment les prévalences nationales. Serait-ce trop demander que cette réalité soit prise en compte ? Depuis plus d’un demi-siècle, prenant leur désir pour la réalité, les européistes ont parlé de l’Europe comme d’une construction qui allait de soi et qui ne demandait qu’à être achevée. Aujourd’hui, il existe sans doute une « Union européenne » mais on est loin de ce que devrait être une véritable Europe. 

    Ainsi, pour doper les économies des pays de l’Union, alors même que la déflation menace, la Commission européenne propose un plan d’investissement de trois-cent-quinze milliards d’euros. L’ « effet de levier » escompté repose sur une sorte de montage « une astuce », « un mécanisme d’ingénierie financière » (M. Vaudano, Le Monde) : la B.E.I. met cinq milliards, les budgets européens 2014-2020 seize, ce qui fait vingt-et-un. Sur cette base, soixante-trois milliards (soit trois fois plus) sont prêtés à des investisseurs dont on espère qu’ils s’engageront à hauteur des fameux trois-cent-vingt-cinq (c'est-à-dire cinq fois plus). M. Jourdain en fût resté pantois.   

    Cette relance volontariste, assortie pour l’essentiel d’un engagement franco-allemand à mener les réformes et entreprises jugées indispensables, suscite au mieux un enthousiasme mesuré (M. Guetta, sur France Inter : « la seule existence de ce plan consacre la nécessité d’investir dans la relance - une absolue nécessité »), au pis le mépris (M. Heyer, économiste français : « trois fois rien, c’est toujours rien »). On peut bien sûr espérer que ce plan produise au moins une partie des effets escomptés. On peut surtout craindre qu’il ne soit qu’un pétard mouillé. Car, outre que la manoeuvre n’est pas sans présenter risques et inconvénients que la presse spécialisée se plaît à énumérer, va inévitablement se poser le problème du choix des projets et donc la question politique. 

    Seront privilégiés les projets dits « stratégiques », c’est-à-dire les plus rapides, les plus rentables, les plus coopératifs. Belle foire d’empoigne en perspective. Chaque pays cherchera, et c’est bien naturel, à profiter au mieux des éventuels effets positifs de l’opération. Retour donc à la case départ, celle des égoïsmes nationaux, au demeurant fort légitimes. Malgré sa baguette magique, la Commission européenne n’est qu’une « commission » : une « alliance » d’abord politique entre les quelques pays très proches d’Europe occidentale constituerait sans doute une belle et solide avancée.  •

     

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  • Eric Zemmour à l’Action Française : C'est demain ... Vidéo : Bande annonce

    Le CRAF (Centre Royaliste d'Action Française) donne une large publicité à la présentation qu'Eric Zemmour fera de son livre au Cercle de Flore, demain, mardi, 2 décembre. C'est tout  naturel  et nous y faisons écho volontiers car l'évènement - c'en est un - est d'importance.Nous nous bornerons à ajouter que toute rencontre entre Eric Zemmour, ses analyses politiques, sa réflexion sur la France,  et la pensée d'Action française, qu'il connaît d'ailleurs fort bien, ses militants, ses dirigeants, nous paraît, en soi, un fait positif. Bonne soirée du 2 décembre, donc, au Cercle de Flore ! Lafautearousseau  •

     

     

    A Paris, au nouveau Cercle de Flore.

    Eric Zemmour, écrivain, essayiste et journaliste politique, viendra présenter son dernier ouvrage : Le suicide Français. 

    Mardi 02 décembre 2014, à 20h00

    À la Maison des Mines, 270 rue Saint Jacques, 75005 Paris

    RER B : Luxembourg ou Port Royal

    PAF : 5€ , gratuité pour les adhérents. 

    cercledeflore@actionfrancaise.net 

  • 1er Décembre 1914 ... Lucienne Bréval, de l'Opéra, racontait l'autre soir qu'elle était persécutée ...

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    Lucienne Bréval - Portrait de Zuloaga

    Le marquis de Maussabré s'est trouvé, avant-hier matin, sur le boulevard nez à nez avec le général Von Schwartzkoppen, l'ancien attaché militaire à l'ambassade d'Allemagne pendant l'Affaire Dreyfus. M. de Maussabré et lui se sont connus autrefois. En se voyant reconnu, l'Allemand a eu un haut-le-corps et a détalé. M. de Maussabré a essayé de le suivre et a perdu sa trace aux environs de la Madeleine. La police le recherche. Mais, certainement, il est déjà loin.

    Il est certain que Paris fourmille d'espions et de l'espèce la plus dangereuse. On en dénonce tous les jours des milliers à la Préfecture et à la place. Ce ne sont pas les plus dangereux : Lucienne Bréval, de l'Opéra, racontait l'autre soir qu'elle était persécutée, son directeur, la direction des Beaux-Arts, assaillis de lettres anonymes. On la traite d'Allemande : en réalité, elle est d'origine alsacienne. Dimanche, elle devait chanter à la matinée de réouverture de l'Opéra-Comique qui sera donnée au bénéfice des blessés. On lui conseillait d'abandonner son projet de crainte d'une cabale. Justement elle reçoit la nouvelle qu'un de ses oncles, pris comme otage en Lorraine par les Allemands, a été fusillé. La lettre qui l'informe est écrite par un de ses cousins, soldat et sur le front. "C'est miraculeux, c'est providentiel", dit la cantatrice. Le pauvre homme qui est tombé, là-bas, sous les balles prussiennes, se doutait-il que sa mort servirait à calmer des haines de théâtre, les plus tenaces, les plus perfides du monde et qui n'ont pas cédé, celles-là, à la trêve et à l'union sacrée ?

    Je pense qu'Alphonse Daudet eût fait de cette aventure de la chanteuse une de ces nouvelles où le romancier "rit en pleurs", comme dit Villon, donne cette note unique et bien à lui où l'attendrissement se nuance d'ironie. C'est lui le véritable poète de la guerre de 1870, lui qui en a fixé l'émotion, l'atmosphère, la légende. Qui tiendra sa place après cette guerre-ci ? C'est la littérature qui donne l'aspect éternel des choses. Il faut une sensibilité jointe à un grand talent pour fixer ce que chacun sent et qu'un tout petit nombre réussit à exprimer. Nous souffrons en ce moment de ne pas voir encore les évènements avec la figure qu'ils auront pour l'avenir. Il faut que tout cela repasse par telle imagination, qu'elle soit forte ou qu'elle soit tendre.  • 

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