Difficile, au vu des changements affectant également l’Elysée et le Parti socialiste, de ne pas analyser la nomination de M. Valls comme relevant d’une opération purement politicienne. Pour M. Hollande, plus que jamais, il s’agit de faire gagner non pas la France mais le P.S., c’est-à-dire lui-même, en 2017. Pour M. Valls, dont on connaît l’ambition présidentielle, il s’agit, à terme, d’incarner la revanche de M. Rocard. Tout cela ne serait donc en fin de compte qu’un nouvel épisode du bras de fer opposant deux lignes, relativement proches d’ailleurs, du P.S.
On aimerait pourtant pouvoir souhaiter que, dans l’intérêt du pays, M. Valls « réussisse » dans sa nouvelle fonction. L’homme n’est pas antipathique et il lui est arrivé de tenir des propos que l’on ne peut qu’approuver. On peut même penser, à condition d’ajouter foi aux prophéties du F.M.I. pour 2014-2015, qu’il obtiendra quelques résultats positifs. Ce qui serait au fond d’autant plus facile que son discours de politique générale constitue un constat d’échec de la politique socialiste depuis bientôt deux ans – échec dont lui-même a sa part en tant que ministre de l’Intérieur.
Mais ce discours n’est aussi qu’une déclaration d’intentions visant les effets plutôt que les causes des maux dont souffre le pays.
Non, décidément, nous n’accordons pas notre confiance à M. Valls.
Pas plus qu’aucun de ses prédécesseurs, M. Valls n’a véritablement remis en cause l’euro-mondialisme. Si la mondialisation est, convenons-en, un fait avéré, cela ne devrait pas – bien au contraire - empêcher de chercher à se prémunir contre ses effets catastrophiques. On peut ainsi déjà nourrir les pires inquiétudes pour le traité de libre-échange en cours de négociation entre l’Union Européenne et les Etats-Unis d’Amérique. Et d’abord parce que ce n’est pas une France souveraine qui négocie mais une U.E. dont on sait très bien qu’elle marche au pas allemand de l’euro fort. Et cela au moment où, dans un sursaut de lucidité, nombreux sont ceux qui remettent en cause l’actuelle zone euro – dernier en date, M. Maris qui propose un assouplissement avec un « eurofranc », c’est-à-dire la restauration du pouvoir régalien de l’Etat français sur sa monnaie.
Pas plus qu’aucun de ses prédécesseurs, M. Valls n’a voulu dénoncer le danger représenté par l’immigration de masse – qui, rappelons-le, s’est aggravée en 2013, du fait de l’augmentation de 50% des régularisations de clandestins. Et ce n’est certes pas l’incantation républicaine finale de son discours qui peut convaincre. Quel rapport en effet entre le conte de fée de Manuel Valls, issu de deux lignées bourgeoises et traditionnelles de contrées extrêmement proches de la France (les catholiques Catalogne et Suisse italienne), et ces dizaines de milliers d’immigrés islamo-africains communautarisés et souvent soudés par une haine viscérale du pays d’accueil – comme le montre l’horrible « fait divers » d’Evry, concomitant de la nomination de M. Valls, relaté par Valeurs Actuelles de la semaine dernière ?
Non, décidément, nous n’accordons pas notre confiance à M. Valls.