Éphéméride du 27 janvier
Sauvée par Viollet-le-Duc, la Cité de Carcassonne
1814 : Naissance d'Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc
Comme restaurateur l’œuvre de Viollet-le-Duc est si considérable qu’elle a éclipsé ses activités d’architecte et de théoricien.
Viollet-le-Duc a lui-même dirigé des dizaines de restaurations. Il reste comme l’architecte du XIXème siècle dont les interventions sur les édifices anciens auront été les plus nombreuses : il se vit chargé de sauver Saint-Denis (1846), la Sainte Chapelle, Saint-Sernin de Toulouse (1845), la cathédrale d'Amiens (1849), la Salle synodale de Sens (1851), la Cité de Carcassonne...
Vézelay (ci dessous) fut le premier grand chantier qui lui fut confié, en 1840 :
https://www.histoire-image.org/etudes/viollet-duc-restauration-monumentale
Vézelay où, le jour du solstice d'été, la lumière du soleil guide vers... la vraie Lumière
Cependant, c'est surtout sur le gigantesque chantier de Notre-Dame, où il fut appelé avec son associé Jean-Baptiste Lassus, à partir de 1844, qu'il donna la pleine mesure de ses capacités (ci dessous, la nouvelle flèche de la cathédrale). Marcel Aubert donne une description saisissante de l'état de délabrement de Notre-Dame en 1802 :
"Rien n'est triste comme cette grande façade, avec ses bas-reliefs mutilés, ses sculptures écrasées, ses niches vides et ses socles sans statues, avec ses vitres défoncées, ses fenêtres bouchées par des murs de plâtre, ou des cloisons de bois, et tout en haut les grands abat-sons qui pendent dans les hautes baies des tours muettes."
La nouvelle flèche, restituée par Viollet-le-Duc : 500 tonnes de bois, 250 tonnes de plomb, une hauteur de 93 m.
Le coq situé au sommet de la flèche contient trois reliques : une parcelle de la Sainte Couronne d’épines, une relique de saint Denis et une de sainte Geneviève.
C'est elle qui a brûlé lors du catastrophique incendie du 15 avril 2019 : en s'effondrant, elle a perforé la voûte, le feu pouvant alors se transmettre dans la partie basse de la cathédrale (voir notre Éphéméride du 15 avril)...
Miraculeusement, et bien que fortement cabossé, le coq a été retrouvé dans les décombres, avec ses reliques intactes.
Mais, pourquoi fallut-il un Viollet-le-Duc ? Et comment en était-on arrivé là ?
Il convient de retracer, à grands traits, l'évolution des mentalités et des goûts du public en France, afin de situer correctement Viollet-le-duc et son action, et de bien comprendre comment et pourquoi l'un et l'autre furent rendus nécessaires, puis possibles.
Et, là, trois époques, au moins, méritent d'être retenues :
• la Renaissance, d'abord : c'est d'elle que vient l'appellation méprisante de "style gothique" donnée à ce grandiose Art ogival, ou Art français;
• puis le rationalisme du soi-disant siècle des Lumières qui, comme la Renaissance mais pour d'autres raisons, a, on le sait, rejeté le Moyen Âge dans les ténèbres, lui qui fut le siècle de "la grande clarté";
• enfin, les saccages de la Révolution, durant laquelle les vandales s'en donnèrent à coeur joie - si l'on peut dire... - ne furent, en quelque sorte, qu'une conséquence ("Les Vandales du Vème siècle n'ont jamais brisé tant de chefs-d'oeuvres...", disait Alexandre du Sommerard, qui tenta, lui aussi, de réparer une partie des dégâts, en créant les Musées de Cluny et d'Écouen : voir l'Éphéméride du 31 août)...
C'est le mouvement romantique qui réhabilita le Moyen-Âge, permettant ainsi à la France de renouer avec son plus lointain passé.
• Chateaubriand fut le premier, avec son "Génie du Christianisme" (1802), à redécouvrir et réhabiliter le passé médiéval (voir l'Éphéméride du 14 avril),
• suivi par Hugo, qui publia en février 1831 la première édition de "Notre-Dame de Paris".
Un roman, certes, mais Hugo - encore royaliste au moment où il écrit son livre -prévient qu' "il n'est pas inutile d'étudier la pensée d'esthétique et de philosophie cachée dans ce livre".
Il y lance un appel en faveur de l'art médiéval, "cet art merveilleux, jusqu'à présent inconnu des uns, ou, ce qui est pire encore, méconnu des autres... Conservons les monuments anciens. Inspirons, s'il est possible, à la nation l'amour de l'architecture nationale. C'est là, l'auteur le déclare, un des buts principaux de ce livre; c'est là un des buts principaux de sa vie."
Le retentissement des oeuvres de Chateaubriand et d'Hugo (qui, redisons-le, à cette époque, était encore royaliste...) fut considérable, et l'enthousiasme du public pour le patrimoine médiéval ne devait plus retomber.
En 1837, le roi Louis-Philippe créa la Commission des monuments historiques, confiée à Mérimée (voir l'Éphéméride du 23 septembre).
Lequel confia à Viollet le Duc, son meilleur ami, les travaux que l'on vient d'évoquer : Paris célébra comme il se devait la fin de la restauration de "sa" cathédrale, en 1864 (voir l'Éphéméride du 31 mai)
1852 : Naissance de Fulgence Bienvenüe
Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, il est le père du Métro de Paris.
Opposant irréductible à la bien-pensance républicaine et à l’imposture démocratique, Georges Mathieu fut l’immense artiste de l’abstraction lyrique, "peinture essentielle" selon Pierre Boutang.
De lui, Philippe Aleyrac écrivit : il "porte à l’élévation et s’insurge contre la laideur qui règne et la médiocrité du monde".
"Les Capétiens partout"
Georges Mathieu n'hésitait jamais à rappeler qu’ "en 1955, lorsque Pierre Boutang voulut créer son propre hebdomadaire, il me demanda de faire la maquette de ce qui allait devenir La Nation Française (ci dessous), que l’on dit avoir été "l’honneur de la presse écrite d’après-guerre"; et, évoquant sa "passion monarchique", il affirmait aussi : "la plus grande gloire de Maurras à mes yeux fut d’avoir démontré superbement la crétinerie de la démocratie, annonçant implicitement le totalitarisme et la mondialisation destructrice des nations."
La bataille de Bouvines, Centre Georges Pompidou
https://georges-mathieu.fr/
http://www.histoiredumonde.net/Alphonse-Juin.html
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