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Rechercher : qu'est ce que le système ?

  • FIN DE CYCLE

    Par Pierre Renucci  

    Une réflexion sur la nature des cycles qui constituent la vraie Histoire et sur les évolutions profondes que connaît le monde actuel. Où des motifs d'espérance se dessinent. 

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    Un cycle historique s’achève, entend-on souvent. Probablement. Attention pourtant à cette notion faussement simple.

    Ne nous imaginons pas les cycles historiques comme des assiettes empilées dans le buffet ou soigneusement posées sur une table. Ils ressemblent plutôt à des cercles concentriques, un peu comme des ronds dans l’eau provoqués par un caillou. Et les choses se compliquent quand ils s’entrecroisent avec d’autres ronds provoqués par d’autres cailloux lancés à des époques plus ou moins proches. Par exemple, le capitalisme industriel ne serait pas né sans la grappe d’inventions qui permit le machinisme ni sans les Lumières qui provoquèrent la révolution bourgeoise et l’esseulement de l’individu. Ce que l’on appelle fin de cycle, n’est donc bien souvent que la disparition de segments formés par l’intersection de plusieurs ronds dans l’eau… D’ailleurs, plutôt qu’à des cycles, l’Histoire ne ressemble-t-elle pas à une ligne qui s’incurve, se brise, se redresse au gré des événements ?

    587070524.jpgPartout, mais surtout en Europe, la ligne à peu près droite qui avait débuté en 1945 se tord. Cette année-là s’était achevée une guerre de trente ans entrecoupée d’une fausse paix. Une guerre perdue par l’Europe. Bien sûr, ce conflit mondial étant d’abord un conflit européen, il y eut des nations européennes vainqueurs et d’autres vaincues. Mais à l’exception de la Russie, l’Europe en tant qu’entité était la grande perdante. Vassalisée par les États-Unis et l’Union soviétique, elle entrait dans une longue dormition dont elle n’est encore pas sortie. Quoiqu’antagonistes, les deux suzerains partageaient la même détestation de la vieille Europe et la même croyance en leur propre vocation messianique. Leur objectif était en définitive identique : la création d’un homo oeconomicus standardisé, sans racine, sans culture, sans histoire. Seule la méthode différait. Les Soviétiques entendaient l’asservir à l’État communiste par la brutalité et de la planification. Les Américains, au Marché dominé par eux-mêmes, en diffusant l’american way of life avec sa culture de masse et sa production de masse.

    La ligne commence à se tordre, donc, avec la chute du mur de Berlin en 1989 et la disparition de l’URSS en 1991. Cette inflexion marque la fin du cycle communiste en Europe, mais pas de celui de l’Europe vassalisée désormais soumise aux seuls États-Unis : la ligne s’incurve, elle ne se brise pas. Évidemment, dans un premier temps, la disparition du communisme donna l’illusion de la supériorité de l’Occident, entendu comme le modèle capitaliste américain.

    De fait, jusqu’à l’orée du XXI° siècle, ce néo-libéralisme empreint de libertarisme semblait devoir s’imposer au monde et réaliser les prétentions messianiques des États-Unis. Pour sa part, si l’Europe pouvait se féliciter d’être débarrassée de la tyrannie communiste, le déséquilibre des forces qui en résulta la soumit davantage aux « valeurs »   libéral-libertaires sous lesquelles se cache l’impérialisme du système américain. Cette soumission eut deux conséquences immédiates. D’un côté le suivisme des Européens dans la politique étrangère de leur suzerain : provocation envers la Russie, aventures militaires au Kosovo, en Afghanistan, en Irak. De l’autre et surtout, le façonnage accéléré de l’homo oeconomicus par le Capitalisme au moyen de l’invasion migratoire, de la propagande et de la farce sociétale.

    policiers-autrichiens-migrants.jpgL’invasion migratoire présente le triple avantage d’importer de la main d’œuvre à bon marché mais plus encore des consommateurs subventionnés par l’impôt prélevé sur les indigènes, et de détruire les identités nationales. On sait que l’invasion migratoire - cela fut confirmé par les révélations de Wikileaks de 2010 - est souhaitée et favorisée par les États-Unis pour détruire l’Europe de l’intérieur.

    Bien sûr, l’indigène regimbe un peu. Alors on l’éduque. La propagande commence à l’École, où l’enseignement du dogme de l’Humanité a depuis longtemps remplacé les humanités. Puis la machine politico-médiatique prend le relais, sous l’influence notable d’anciens communistes de toute obédience (trotskystes, stalinistes, maoïstes) reconvertis dans le libéral-libertarisme. Les catéchistes de la nouvelle religion ordonnent leurs prêches autour de deux thèmes principaux. Un, la glorification du dieu Marché et de ses hypostases que sont l’Immigré, le Féminisme, les Minorités ou la Libération Sexuelle. Deux, la culpabilisation du Blanc - surtout européen - responsable sans partage de tous les maux. Quant aux déviants qui s’avisent de contester la bonne parole, ils sont dûment châtiés par la mise à l’index, l’exclusion sociale et si ce n’est assez, par les juges nationaux et internationaux.

    La farce sociétale relève d’un registre plus subtil. Le Système utilise ce dérivé du libertarisme soixante-huitard à plusieurs fins. Sur le plan commercial, il ne s’agit jamais que de technique de « segmentation du marché » pour créer de nouveaux besoins, de nouvelles clientèles et de nouveaux profits. Ainsi s’explique l’émergence de produits de spéculation tel le non-art du type plug annal et emballage du Pont-Neuf, ou de services de satisfaction de l’individu-roi telle la GPA pour tous. Ainsi s’explique aussi le « ciblage » de catégories de population, tels les homosexuels, les communautés ethniques etc. Mais pour que ces  « segments de marché » développent leur plein effet, il faut les intégrer dans la religion de l’Humanité, le mettre sous la protection des droits de l’Homme, ce qui nécessite l’intervention du politique.

    1f34c-1_7ndf97etytbfdmogswz5g.jpgC’est alors que la farce sociétale revêt le masque de l’« opposition progressiste » au Système. On y trouve pêle-mêle les « cultureux » subventionnés par le ministère de la Culture, les minorités activistes (LGBT, indigénistes, ultragauche…), les « féministes 2.0 », bref toutes les chapelles du « jouir sans entrave ». La confrontation est évidemment factice. En réalité, si le Système feint de se démarquer de ces pantalonnades, c’est pour mieux s’en servir : en révolution permanente, le Capitalisme trouve dans les délires sociétaux de l’« opposition progressiste » la caution nécessaire à sa fringale destructrice. C’est pourquoi, après une résistance de bon aloi, il promulgua bien volontiers le mariage pour tous, consacrant du même coup les homosexuels en communauté et en segment de marché, et qu’il érigera bientôt PMA et GPA pour tous en droit de l’Homme.

    Ainsi donc, la monade humaine décérébrée, déracinée, déracisée, voit le jour, zombie dont l’appartenance se résumera à ses segments de consommation et dont le bonheur consistera à satisfaire les désirs soufflés par le Marché.

    Mais le pire n’est jamais sûr. Les échecs américains au Proche-Orient et en Afghanistan, la question identitaire au sein même de la société américaine, la crise financière, l’émergence de la puissance chinoise et demain indienne, le refus de la Russie de se laisser dépecer et vassaliser, ont redonné espoir à ceux qui attendent le réveil de l’Europe. À tout le moins, la vision unipolaire de l’american way pour tous c’est-à-dire du Marché dominé par les seuls Américains a désormais peu de chance de se réaliser.

    La partie s’annonce rude. Les forces de dissolution sont à l’œuvre depuis longtemps. Toutefois le Système n’est plus aussi fort qu’à ses débuts. Le capitalisme financier connaît une crise si grave, qu’il ne survit qu’au moyen d’artifices financiers comme la facilitation monétaire (quantitative easing), la socialisation des pertes bancaires et le recours indéfini aux emprunts.

    ENF-Koblenz.jpgEn Europe, les immigrés se comportent comme le souhaite le Système : ils s’adonnent à la consommation de masse et constituent des communautés qui affaiblissent les nations. Mais leur refus de s’assimiler provoque chez les indigènes une renaissance du sentiment national. Aux États-Unis, le peuple fatigué de l’immigration massive et du capitalisme débridé, élit un président populiste, avouant par là-même l’échec de la domination américaine du Marché. L’Europe de l’Est instruite par des siècles de luttes contre l’empire ottoman et par cinquante ans d’occupation soviétique ne veut ni d’une invasion migratoire musulmane ni de la tyrannie de l’UE, ces deux derniers phénomènes étant d’ailleurs liés. L’Autriche et l’Italie sont maintenant gouvernées par des « populistes » et ouvrent peut-être la voie à l’Europe de l’Ouest. En France le mouvement des Gilets Jaunes, sonne la révolte contre l’oligarchie. Sans doute ne dénonce-t-il pas l’invasion migratoire. Mais ne faut-il pas voir dans ce silence une « pensée de derrière » à la Pascal, dont l’« habileté » serait de taire ce qu’on ne peut encore hurler ? Peut-être, tant la crainte de passer pour raciste obère la parole. Pourtant, quels que soient les défauts de ce mouvement et la récupération dont il peut faire l’objet, on peut espérer que sa spontanéité et son origine éminemment populaire marquent le retour de la nation.

    Ce que nous vivons annonce peut-être une de ces secousses historiques dont les effets se mesurent à l’échelle du millénaire. L’Europe occidentale - l’homme malade de l’hémisphère nord - doit s’y préparer sous peine de disparaître. Royaume-Uni, Belgique, Suède, France sont les plus touchés.

    comte-paris-wikipedia.pngDe ces quatre nations sœurs, on peut espérer que la France sera la première à relever l’étendard du sursaut. Mais son système politique souffre d’un grave manque de représentativité. Contrairement aux Italiens, les Français ne peuvent compter sur aucun parti ni aucune alliance propre à renverser l’oligarchie qui gouverne depuis quarante sous l’apparence d’une fausse alternance. C’est d’ailleurs pourquoi le référendum d’initiative populaire demeure la principale revendication des Gilets Jaunes.

    Dans ce combat qui ne sera gagné qu’en retrouvant nos racines, en nous souvenant de notre héritage spirituel, un authentique arbitre serait nécessaire. Or la France a la chance d’avoir la plus vieille famille dynastique d’Europe et pourrait demander à son rejeton d’exercer cette fonction de roi-conscience.

    Puisse ce prince se faire connaître et se déclarer prêt à accomplir sa tâche : lever l’étendard du sursaut, celui de Saint-Denis !   

    Pierre Renucci
    Historien du droit, des institutions et des faits sociaux 

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  • Fatalité républicaine : des partis discrédités, toujours présents.

     

    Par Yves Morel

    On ne parle que de recomposition, de reconstruction, à gauche, à droite, au centre. On fait comme si du neuf pouvait sortir de l’ancien, comme si le régime des partis était améliorable. Sans tenir compte de la désaffectation criante des Français. 

    Assistons-nous à la fin du règne des partis ? On pourrait le croire. À ce jour, seulement 1% de nos compatriotes adhèrent à l’un d’eux, alors qu’ils se comptèrent jusqu’à 20% durant la période 1945-1978, et encore 10% durant les années 1980. 1%, un chiffre bien inférieur à celui des autres pays comparables au nôtre : Royaume-Uni (15%), Allemagne (7%), Italie (8%), Espagne (9,5%). Et surprenant en une nation gangrenée par la contestation permanente et l’idéologie.

    Mais justement, les Français sont saturés de politique et d’idéologie ; à cela s’ajoutent leurs déceptions à l’égard de gouvernements incapables de résoudre les difficultés dont ils souffrent et qui ont fait perdre au pays ce qui lui restait de puissance.

    Réduits au rôle de machines électorales

    À quoi s’ajoute encore l’évolution du rôle dévolu aux partis sous la Ve République. Cette dernière, selon le vœu de son fondateur, s’est, d’emblée, voulue hostile au « régime des partis » et a fait du Président de la République, élu au suffrage universel direct, le personnage clef de la vie politique, doté de tous les pouvoirs. Et, suivant l’expression consacrée, son élection est devenue le « temps fort » de cette vie politique. Dès l’époque du général de Gaulle, les députés du parti majoritaire sont devenus des « godillots », suivant une autre expression consacrée. Et la réforme du quinquennat a accentué cette tendance. Désormais, les législatives, intervenant immédiatement après la présidentielle, ont pour seul rôle de donner au nouveau maître de l’Elysée une majorité parlementaire. Or, les partis s’affrontent bien davantage lors des législatives que pendant la présidentielle, où les candidatures sont personnalisées à l’extrême. Et, de ce point de vue, les « primaires » n’ont rien arrangé, au contraire, puisque ces élections inconstitutionnelles font s’affronter les caciques d’un même parti, mettant en lumière les profondes divisions qui grèvent les partis; les citoyens finissent par penser que ces derniers n’ont aucune cohérence idéologique et politique. Résultat : ils ne croient plus ni aux hommes politiques, ni aux partis. À leurs yeux, ces partis ne sont plus que de simples machines électorales au service de notables ambitieux.

    Une logique républicaine infernale

    De surcroît, nécessité faisant loi, leurs dirigeants, lorsqu’ils exercent le pouvoir, font tous grosso modo la même politique, Ajetant à la corbeille leurs promesses électorales.

    Car il faut bien promettre ce à quoi aspirent les électeurs pour capter leurs suffrages, même si on sait qu’on ne pourra tenir ces promesses. Un homme politique qui tiendrait le langage de la vérité n’accéderait jamais au pouvoir.

    De même les partis, lesquels n’intéressent plus personne, quand ils n’écœurent pas tout le monde.

    Mais cette crise des partis est tout simplement celle de notre démocratie. Elle en révèle l’absurdité foncière. Des problèmes se font jour ; on ne s’entend pas sur les solutions, pas plus que sur un « projet de société » ; donc, on vote, c’est-à-dire qu’on se prononce pour tel parti qui, concurremment avec ses adversaires, propose son programme ; mais, sauf en période faste (et encore), la réalité ne s’accommode pas des idées et des programmes, il faut composer ; on s’incline devant la loi d’airain de la nécessité, et on opte pour un compromis qui revient à poursuivre peu ou prou la politique du prédécesseur qu’on critiquait ; mais il ne faut pas décevoir l’électorat : on prétend donc avoir tenu ses promesses, en usant d’un discours abscons et emberlificoté, et on continue à mentir pour être réélu ; et ainsi, les gouvernements se succèdent en faisant tous la même chose, sans l’avouer… et en ne résolvant aucun des problèmes en suspens, dans la mesure où ils sont bridés par les échéances électorales, lesquelles les privent du temps et des moyens d’agir efficacement.

    Voilà la logique infernale de notre système politique. Il en va de même dans tous les pays démocratiques, mais, en France, ce travers fondamental se trouve aggravé à la fois par notre tradition étatique qui fait reposer toute la société sur l’État, et par notre tradition révolutionnaire, qui renforce puissamment cette tendance et instille en notre nation un esprit permanent de contestation et de revendication.

    Au terme du processus – et nous semblons y être arrivés –, notre nation est gavée à vomir, épuisée, exténuée. Et les électeurs boudent les urnes : rappelons que le taux d’abstention grimpa à 25 % au second tour de la dernière présidentielle, à 57 % aux législatives qui suivirent. Nos députés sont les élus d’une minorité. La machine politique tourne à vide. La recomposition de la droite, la recomposition de la gauche qui font les choux gras de la presse, ne donneront rien d’autre que des luttes plus acharnées et des divisions plus violentes. Pour quel résultat ?

    Macron et LREM : renouveau de pure apparence

    Emmanuel Macron et ses troupes ont tiré avantage de cette désaffection. Le triomphe de La République en marche (LREM) en procède, avec ses 308 députés qui ont provoqué un renouvellement de 75 % de l’Assemblée nationale. Mais cela ne dure pas : la popularité du nouveau et fringant président s’effondre à une allure vertigineuse, et les nouveaux élus étalent leur inexpérience ; ils font naître doute et irritation chez les Français, en particulier leurs électeurs, lesquels en viennent à regretter leur choix. Et, quoique limitées à un corps électoral restreint, les dernières sénatoriales attestent de cette tendance.

    C’est que, dans une certaine mesure, leur vote du printemps était protestataire. D’une façon moins évidente que celui des électeurs du Front national ou de la France insoumise, mais certaine. En effet, ce scrutin ne signifiait pas vraiment qu’ils tournaient enfin le dos aux idéologies, aux projets de société et programmes utopiques, aux promesses en l’air, et qu’ils optaient en faveur du réalisme. Cependant, dans le vote Macron, se signalait pareillement un rejet du système des partis dont le bénéficiaire a su jouer à sa façon. Mais rien n’était clair. Certes, les électeurs étaient déniaisés, mais ils ne se soumettaient pas pour autant au principe de réalité. Et, lorsque Macron met en œuvre, conformément à ce qu’il avait annoncé, sa réforme du droit du travail, ou quand il prépare un budget d’austérité ou restreint les aides de l’État aux collectivités locales, les Français manifestent leur exaspération à l’encontre des mesures drastiques qu’ils supportent depuis des décennies. Autrement dit, rien de nouveau sous le soleil. Le grand ménage opéré au sein de la classe politique et de l’Assemblée nationale par Macron et LREM, qui ont évincé les vieux caciques et les partis traditionnels, n’inaugure nullement une ère nouvelle empreinte de raison, de réalisme et de courage. La mentalité des Français n’a pas changé. De même le paysage politique. Après tout, que sont les figures en vue de LREM, sinon des notables PS et LR recyclés ? Et la politique conduite par le présent pouvoir ne diffère pas de celle de ses prédécesseurs.

    On ne choisit ni ne change les contraintes du réel

    Et, là, il convient de clarifier la situation. Pourquoi et en quoi cette politique devrait-elle changer ? Les Français changent de dirigeants chaque fois qu’ils sont mécontents des sacrifices que leur réclame une politique destinée à sortir le pays du marasme. Or, ces sacrifices sont inévitables, et cette politique est nécessaire. De plus, elle ne peut pas produire d’effets bénéfiques sensibles avant de longues années, dont la durée d’ensemble excède de beaucoup le temps d’une législature ou d’un mandat présidentiel. Aussi, chaque président se voit conduit à édulcorer et tronquer sa politique de redressement en raison de la contrainte électorale permanente, tout en ayant soin de donner des gages démagogiques à ceux qui veulent le voir prendre le contre-pied de son prédécesseur. D’où une instabilité permanente au sommet de l’État et une politique incohérente et cahoteuse, même si, sous l’empire de la nécessité et de la contrainte extérieure (l’Europe et la mondialisation), elle va toujours dans le même sens (celui de l’austérité et du bradage continu de notre souveraineté et de notre indépendance dans tous les domaines). Nos hommes politiques, aspirant à conquérir ou reconquérir le pouvoir, évoquent « la seule politique possible » et proclament leur refus des promesses mensongères, tout en annonçant une amélioration rapide de la situation du pays et des conditions de vie des Français, du fait de leurs initiatives. Or, l’indispensable redressement ne peut jamais être entrepris et, de toute façon, son déroulement serait long, et ses fruits ne seraient accessibles qu’à long terme, après que deux générations de nos compatriotes auraient mangé de la vache maigre.

    Une illusion obsédante entretenue par le système

    Notre système interdit l’acceptation de cette vérité, pourtant évidente à l’esprit des Français, même des plus contestataires. Il l’interdit en raison de ses principes et de sa dynamique. Ce système dit en effet au citoyen qu’il a le choix entre plusieurs politiques possibles, plusieurs projets de société, plusieurs programmes, que l’on choisit comme parmi des articles d’hypermarché. Et il ajoute que s’il n’est pas satisfait de l’un d’eux, il peut opter en faveur d’un autre, et que cela est on ne peut plus conforme à la logique et à la bonne santé de la démocratie. En clair, il entretient et stimule sempiternellement le mécontentement, la contestation et la revendication. Partant, il empêche les Français de tirer les conclusions de cette vérité que pourtant ils discernent intuitivement : que la situation dramatique de leur pays appelle une œuvre de relèvement de longue haleine, impliquant des sacrifices durables, et pour laquelle il n’existe aucune autre option moins douloureuse. Il n’y a pas d’alternative, contrairement à ce que l’on fait croire, pas de choix.

    Un pouvoir impuissant, des Français enfermés dans leur révolte et leur obsession contestatrice, voilà le résultat – logique, au demeurant – de notre république fondée sur des principes révolutionnaires, individualistes et égalitaires. Jamais le caractère fondamentalement mortifère de ce système n’est apparu avec autant d’évidence qu’à notre époque de déchéance.

    L’opposition frelatée des partis protestataires

    Et, corollaire de cette incapacité de notre nation à se rassembler autour d’un pouvoir fort pour se relever, les formations politiques protestataires continuent de croître et fleurir sur le terreau du mécontentement, lors même que leurs propres sympathisants les savent dans l’erreur. Le « leader » de La France insoumise, vulgaire bateleur d’estrade, est pourtant perçu comme inapte à gouverner par 66 % de nos compatriotes ; et cette proportion est la même que celle des électeurs qui, le 6 juin dernier récusèrent Marine Le Pen, présidente du Front national, au profit de Macron. Et cependant, ces deux « incapables » – à en croire les Français eux-mêmes – représentent la seule opposition visible à Macron. C’est que tous deux incarnent on ne peut plus l’enkystement des Français dans leur imaginaire républicain. Jean-Luc Mélenchon, dans ses harangues, convoque toute les grandes figures de l’histoire républicaine et des mouvements sociaux, à titre de symboles de la France contemporaine née de la Révolution, debout contre le pouvoir macronien qui voudrait l’enterrer. Marine Le Pen, elle, se veut le dernier défenseur de la vraie France républicaine, à la fois patriote, populaire, cocardière mais généreuse, contre la dissolution de son identité dans l’Europe, le néo-libéralisme sans frontières et le melting pot international. Il est permis de préférer ce qu’il y a de plus réellement national. Bien sûr, et le départ de Philippot resolidifie quelque peu un certain électorat, mais pour aller où ? Le patriotisme se doit d’être éclairé. Rien ne sortira de formes frelatées de patriotisme, qui nous enferment dans notre modèle républicain dont la faillite est patente aujourd’hui, et qui nous étiole complètement, nous condamnant à la cécité volontaire et à la mort par paralysie et immuno-déficience.

    La guérison ? impossible ?

    Les Français d’aujourd’hui ne croient plus ni au pouvoir en place, ni à ceux qui le contestent. Ils devraient s’en débarrasser, faire leur révolution, la vraie ! Ils ne la font pas, car notre système a émoussé leur intelligence et les voue à une oscillation constante entre illusions obnubilantes et fatalisme. Et ainsi, subsistent des partis inutiles et décrédibilisés, la révolution que nous évoquions à l’instant se ramenant à congédier temporairement les plus usés d’entre eux en faveur d’un nouveau mouvement (LREM) qui n’est que leur synthèse. Il est sans doute dur de conclure qu’il n’y a aucun avenir dans le cadre des institutions actuelles. Il faut dès maintenant penser au-delà.   •

    Yves Morel

  • Et si la crise actuelle durcissait notre monde néolibéral sans la changer fondamentalement ?, par Yves Morel.

    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

    Le pseudo-libéralisme français a vite retrouvé les vertus de l’étatisme – c’est-à-dire le contrôle étroit du citoyen repeint aux couleurs de la responsabilité sociétale. L’État se perpétue, qu’importe le pays.

    À quoi ressemblera le monde après le grand chamboulement provoqué par la pandémie coronovirale ? En nos précédents articles, dans ces colonnes mêmes, nous nous sommes interrogés sur les changements majeurs que la crise actuelle pourrait provoquer dans notre société et notre système politique. Nous avons mis en avant le procès, découlant de cette crise, du néolibéralisme mondial, le renforcement du pouvoir de l’État, qui retrouve une manière de transcendance, la remise en question de notre mode de vie individualiste et hédoniste, et la nécessité d’une rupture d’avec un ordre politique et économique délétère et suranné.

    Et nous avons marqué également les limites du changement que nous étions en droit d’espérer. Nous avons pensé que les remises en question de notre modèle économique, social et politique, engendrées par la situation présente, ne déboucheraient cependant pas sur la renaissance civilisationnelle qu’elle semblait rendre possible, en raison d’une part de l’absence de renouvellement de nos dirigeants, tous coulés dans le moule libéral d’autre part de la désaffection de nos compatriotes à l’égard de la vie publique. Le scepticisme désabusé et la révolte amère caractérisent les Français de notre époque, et pas seulement eux, du reste.

    L’espoir du changement, à la faveur de la crise

    Les bouleversements de tous ordres, les mesures d’exception et l’élan de solidarité nationale et de dévouement général suscités par le fléau viral que nous venons de subir semblaient devoir entraîner l’édification progressive d’un système politique et social de type holiste dirigé par un État qui aurait enfin retrouvé le sens de sa mission et de la souveraineté nationale, son indépendance à l’égard des pressions mondiales et de la loi du marché, et soucieux de défendre l’intérêt général et les légitimes et élémentaires aspirations de la population à la justice, à la dignité et à des conditions de vie et de travail décentes, excluant la pauvreté et la précarité. La situation semblait mûre pour une telle entreprise, d’autant plus que les Français, non seulement manifestaient alors une générosité et une discipline civique remarquables, mais faisaient bloc spontanément autour du chef de l’État et du gouvernement, acceptaient sans broncher des mesures de restriction de leurs libertés individuelles, et mettaient en sourdine leur perpétuel esprit de contestation. Le président de la République lui-même critiquait – fugacement, il est vrai – le libéralisme sans frein et le « nouveau monde » dont il avait célébré l’existence trois ans plus tôt, faisait l’éloge de cette solidarité nationale et des Français de condition modestes dévoués au bien public (les soignants, notamment), et affirmait la nécessité de réviser fondamentalement toute notre organisation politique, économique et sociale, et affirmait que rien ne pourrait plus être comme avant une fois terminée la crise sanitaire.

    Une mutation décisive semblait donc devoir s’annoncer. Le monde qui s’était imposé à nous tous depuis le début des années 1960, étayé sur la loi du marché, avec pour succédané d’éthique, la poursuite effrénée de la jouissance matérielle, du paraître, tout cela sur fond d’individualisme agressif et cynique, et pour seules valeurs celles cotées en bourse, sans spiritualité, avec une culture asservie au spectacle et au business, semblait avoir perdu une bonne part de sa crédibilité et de son attrait, et paraissait même mis en accusation comme responsable de la crise que nous vivions. On redécouvrait le sens du devoir, celui de la solidarité nationale, de la communauté de destin, l’esprit de dévouement altruiste, le goût du bien commun, les vraies valeurs de la vraie morale, et on découvrait que la vie ne trouve pas exclusivement sa valeur et son accomplissement dans l’hédonisme. Et l’État semblait retrouver son rôle naturel de défenseur des intérêts vitaux de la nation et des hommes et des femmes la composant. Il n’était certes pas certain que les changements de mentalité et de comportement dont nous venons de parler dussent donner lieu à un grand élan de restauration nationale, mais il était permis de l’espérer.

    Le retour à l’ordre néolibéral

    Or, ce que nous observons aujourd’hui atteste de la vanité de cet espoir. Tout d’abord, comme nous le constations dans notre dernier article, nos dirigeants n’ont pas changé. Ce sont les mêmes hommes et femmes qui nous gouvernent, avec les mêmes idées et les mêmes principes que par le passé, ceux en lesquels ils ont été éduqués et qu’ils ont constamment défendus.

    Le président de la République avait prédit, au début de la période de confinement, que rien ne pourrait plus être comme avant et semblait faire, à mots couverts, le procès de ce monde libéral, mercantile, sans frontières et sans contrôle que la situation de crise et la nécessité de l’action pour en sortir semblaient condamner. Aujourd’hui, il appelle à un retour à la logique économique libérale et productiviste de naguère, et convie les Français à redoubler d’ardeur au travail, en faisant bon marché de leurs acquis sociaux. Et il entend relancer les réformes (notamment celles des retraites), du pur jus néolibéral, temporairement mises sous le boisseau durant le plus fort moment de la crise médicale. Par ailleurs, il inscrit plus que jamais son action dans le cadre européen et affirme vouloir relancer la grande machine bruxelloise. Le renouveau national n’aura donc pas lieu avec lui.

    Un peuple exténué, incapable de concevoir une alternative à l’ordre mercantile

    De leur côté, nos compatriotes se révèlent beaucoup plus soucieux de renouer avec leur mode de vie individualiste d’avant la crise que de persister dans le grand effort de solidarité et de discipline communautaire qu’ils ont manifesté durant la période de confinement. Le relatif relâchement à l’égard des règles de distanciation, constaté depuis la fin du mois précédent atteste de cette évolution. Et cela n’a rien d’étonnant. Revenus de toutes les illusions politiques, lassés de toutes les utopies, déçus par tous les partis, tous les programmes et tous les projets de société, massivement abstentionnistes (souvenons-nous du chiffre record de 57 % d’abstentions lors du second tour de la présidentielle de 2017), exténués, ils regimbent devant les initiatives de Macron, mais ne voient (ni ne songent à chercher) aucune alternative au pouvoir actuel, et n’accordent aucun crédit aux oppositions, qu’il s’agisse de celle de Marine Le Pen ou de celle de Mélenchon. Orphelins des idéologies et des utopies passées, ils ont le seul souci, d’ailleurs légitime en soi, du redémarrage de l’économie, condition de leur survie matérielle. Conséquemment, ils ne songent nullement à remettre en question le système car ils n’en conçoivent pas d’autre possible. Nos dirigeants et les médias s’emploient d’ailleurs à les entretenir dans cet état d’esprit. La période de confinement avait à peine pris fin que les journaux télévisés (et autres) insistaient avec force sur la prochaine réouverture des plages et incitaient les Français à préparer leurs vacances, pour relancer les activités de la restauration, de l’hôtellerie et du tourisme, alors encore arrêtées. Le gouvernement suggère à nos compatriotes d’acheter une nouvelle voiture, et de puiser dans leur épargne pour consommer. Notre télévision, nos ordinateurs, nos paysages urbains et routiers restent saturés de publicités tapageuses, et la période de confinement n’a absolument rien changé à cet égard. Et, avant comme pendant et après la plus forte phase de la pandémie et la période de confinement, les spots publicitaires n’ont cessé et ne cessent pas de nous matraquer et de précéder, d’interrompre et de suivre chaque film ou émission de télévision.

    En définitive, il est fort à craindre que la résorption (lente et très difficile) de la double crise, sanitaire et économique, que nous traversons, aboutisse au retour pur et simple au bon vieux nouveau-ancien monde ultralibéral, sans frontières, mercantile, dénué de spiritualité, d’éthique et d’idéal, marqué du sceau de l’individualisme et du matérialisme.

    Le possible durcissement de l’ordre libéral

    Un changement, toutefois, pourrait se produire, peu réjouissant, en vérité : le recul de nos libertés individuelles, et ce sans que l’individualisme foncier de notre société et de notre système économique en soit altéré. Pour enrayer la pandémie coronovirale, l’État a été amené à restreindre nos libertés de mouvement et de travail comme jamais il ne l’avait fait depuis la fin de l’Occupation. Et il pourrait y être nouveau conduit en cas de résurgence du fléau. En Chine, l’État a pris des mesures analogues, plus tôt que la France, et beaucoup plus rigoureuses. De telles mesures sont aisées à prendre en un pays sous régime totalitaire, comme la Chine, précisément. Elles le sont un moins en France, mais notre tradition étatiste, jacobine et autoritaire les facilite. Dans les pays anglo-saxons, de vieille tradition ouvertement libérale, elles sont incomplètement prises et inégalement appliquées, mais tout de même.

    Nous n’entendons pas ici contester la légitimité de ces mesures, sans doute nécessaires car imposées par une situation que nous n’avons pas choisie (encore que nous ayons tout fait pour la provoquer). Ce qui retient notre attention, en l’occurrence, est que la politique dont elle procède n’induit aucunement, si peu que ce soit, la remise en cause du système délétère en lequel nous vivons, responsable de notre déclin dans tous les domaines et des maux (dont la pandémie coronovirale) dont nous souffrons. Au contraire, elle vise sa seule préservation. Préserver le système actuel, mondialiste, mercantile, matérialiste, avec ses institutions politiques usées jusqu’à la corde et boudées par des électeurs désabusés réduits à la triste condition de travailleurs précaires asservis, de consommateurs passifs bassement jouisseurs et de zombies masqués tenus de rester à distance les uns des autres, voilà tout ce que nous semblons capables de faire, nous hommes et femmes de ce premier quart du XXIe siècle. Nous nous révélons incapables d’en sortir, de concevoir un projet politique et social étayé sur un idéal élevé, des valeurs morales authentiques, le sens de la dignité et de la justice et le respect de notre identité nationale et de notre civilisation. Les belles manifestations de dévouement manifestées durant la période la plus forte de la pandémie, les velléités de ressaisissement de ses responsabilités et du sens de sa mission par l’État à cette occasion, resteront sans lendemain, faisant figure de faux espoirs ou de vaines promesses. Tel semble devoir être le résultat de plus de cinquante ans d’avachissement intellectuel et moral, d’abâtardissement consumériste, d’aliénation idéologique gaucharde et de décapage général des valeurs fondatrices de notre civilisation. Notre système néolibéral perdurera avec une orientation moins américaine et un peu plus chinoise.

     

    Illustration : Les fonctionnaires ont enfin réussi à transformer le pays en œuvre d’art totale, la couvrant de conceptuelles bastilles virtuelles.

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  • Frédéric Rouvillois : « Pourquoi les Français sont nostalgiques de la monarchie » [2e partie]

    « FIGAROVOX / GRAND ENTRETIEN - Sondage BVA : près de 40% des Français considèrent qu'un monarque serait bénéfique pour l'Unité nationale. Le professeur Frédéric Rouvillois explique les raisons de cet attachement à la figure du Roi. »

     

    3338857515.jpgQuestion désormais récurrente, même si elle apparaît, pour l'heure, sans effet immédiat ; discussion de principe plutôt qu'efficiente, donc, mais question posée de plus en plus souvent et qui traverse tous les milieux, tous les médias ; évocation - voire invocation - de plus en plus fréquente de la figure du Roi, bien au-delà des cercles royalistes traditionnels et qui surgit des profondeurs de l'opinion sans que les dits cercles royalistes y soient - apparemment - pour grand-chose. Le temps, la crise ouverte du Système politique et idéologique, le désamour des Français pour les politiques, les médias, la doxa dominante, travaillent pour leurs idées plus et mieux qu'ils ne savent eux-mêmes le faire ...

     

    L'incapacité croissante, de plus en plus patente, du régime à surmonter les défis assez terribles auxquels la France doit faire face aujourd'hui, peut transformer cette nostalgie en aspiration, et, en cas de crise, cette aspiration en demande d'un recours, d'une rupture, d'un régime nouveau, qui aurait forme royale - directement ou après une transition dont on ne voit pas encore les hommes ni les contours mais dont on devine qu'elle pourrait devenir nécessité. Impérieuse, évidente, déterminante nécessité. Une société ne tolère pas indéfiniment un régime devenu incapable d'assurer sa pérennité, sa sécurité, son intégrité.

     

    Ainsi va l'Histoire, passent les régimes en place, et s'opèrent les vrais changements.    

     

    C'est ce dont traite - avec la finesse et la pertinence qui lui sont coutumières - Frédéric Rouvillois dans le long entretien qu'il vient de donner au Figaro. [Figarovox, 2.09, dont illustration ci-dessus]. Entretien que nous avons maintenant publié intégralement, en deux parties, hier et aujourd'hui. Les lecteurs de Lafautearousseau pourront en débattre.  LFAR

      

    Entretien par Alexis Feertchak   

     

    Dans les monarchies qui existent en Europe, il y a une scission très forte entre la représentation du pouvoir qui incombe au Roi et son exercice qui est confié à un Premier ministre, responsable devant le Parlement. Le modèle de la monarchie parlementaire n'est-il pas un gage de stabilité ?

    Est-ce un gage suffisant de stabilité? Une monarchie parlementaire permettrait-elle de répondre non seulement aux attentes de la population manifestées par ce sondage, mais aussi aux défis impérieux auxquels doivent faire face les grands systèmes politiques? Pour répondre aux grandes crises qui frappent l'Europe et plus largement le monde, est-ce qu'une monarchie à la hollandaise, à la britannique ou à l'espagnole serait davantage pertinente? J'ai beaucoup travaillé ces derniers temps sur l'encyclique du pape consacrée à l'écologie intégrale. Le pape nous dit quelque chose d'essentiel: un problème fondamental comme l'écologie ne peut pas se résoudre à court, ni même à moyen terme. Seule une action pensée à long terme peut apporter des solutions viables. Et les rythmes de la démocratie représentative et du régime parlementaire, y compris de type monarchique, ne sont pas pertinents pour se projeter dans cet horizon du temps long. Les grandes décisions stratégiques ne peuvent se concevoir par rapport à des rythmes de quatre ou cinq ans, qui sont ordinairement ceux de tels régimes. Et ce qui est vrai pour l'écologie l'est aussi pour toutes les réformes fondamentales. Prenons l'immigration: cette crise ne sera pas résolue en quatre ans ou en cinq ans! Prenons encore l'agriculture: le monde paysan ne peut être sorti en un seul quinquennat du marasme terrifiant dans lequel il se trouve. Nous pourrions encore citer le cas de l'éducation. Bref, les grands sujets de notre époque -ceux qui intéressent vraiment les Français! - ne sont pas compatibles avec le rythme trop rapide de nos démocraties parlementaires.

    Je me tourne donc vers un autre modèle politique, qui est celui du Maroc contemporain. C'est un système dans lequel la monarchie et la démocratie se trouvent totalement combinées l'un à l'autre. Contrairement à la Reine d'Angleterre, le Roi du Maroc conserve un vrai pouvoir d'orientation stratégique. La figure du Roi permet ainsi d'inscrire les grandes réformes relatives au système social, aux droits des femmes, au modèle économique dans le temps long nécessaire à leur réalisation. C'est ce modèle à la fois monarchique et démocratique qui a permis au Maroc d'échapper aux tempêtes du Printemps arabe. Le royaume marocain a alors réussi à faire sa propre mutation, voire sa propre métamorphose au moment même où les républiques voisines, qu'il s'agisse de la Tunisie, de l'Égypte ou de la Libye, voyaient leur avenir tourner à la catastrophe.

    Notre monde se trouve confronté à des défis absolus qui engagent son existence même. Les démocraties parlementaires, qu'elles soient républicaines ou monarchiques, ne permettent pas de les résoudre. Il n'est pas impossible que l'on se retrouve assez vite dans une situation politique telle que ce problème deviendra crucial et manifeste. Le sondage de BVA atteste d'un courant en profondeur qui va dans cette direction: le bon sens des Français leur permet de percevoir ces signes d'une crise politique profonde. Les Français n'en peuvent plus de changer d'orientation politique tous les cinq ans. Pouvoir changer, c'est bien gentil, mais si l'alternance nous conduit à faire deux pas en avant, deux pas en arrière, alors on n'avance pas.

    Alors que seulement 20% des sympathisants de gauche estiment qu'un Roi aurait une influence positive sur l'unité nationale, ils sont 50% à droite et même 55% au FN. Le clivage gauche-droite d'aujourd'hui garde-t-il les traces de celui qui avait cours au 19e siècle entre les républicains et les monarchistes ?

    Ce qui est curieux, c'est qu'une partie importante des électeurs du Front national sont d'anciens électeurs de gauche! Autrement dit, ces anciens électeurs de gauche, en allant vers le Front national, s'aperçoivent qu'une forme monarchique du pouvoir pourrait s'avérer positive. Quant à la gauche, il y a effectivement des préjugés, des traditions et des survivances anti-monarchistes qui pèsent de façon lourde dans la position des uns et des autres. Il faut se souvenir que le clivage gauche/droite renvoie à un autre clivage, qui serait celui de l'ordre et du mouvement. L'ordre serait plutôt assumé par ce qu'on appelle la droite, le mouvement par ce qu'on appelle la gauche. À droite, il y a une conscience de l'importance de l'autorité et de la figure tutélaire du père ; et au fond, c'est un peu cela que le Roi incarne dans la tradition française.

    En 2015, dans un entretien accordé à Le 1 Hebdo, l'ancien ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, avait déclaré: «Je pense fondamentalement que le peuple français n'a pas voulu la mort du roi (…) On a essayé ensuite de réinvestir ce vide, d'y placer d'autres figures: ce sont les moments napoléonien et gaulliste, notamment. Le reste du temps, la démocratie française ne remplit pas l'espace ». Macron fait-il un bon monarchiste ?

    Je constate qu'à bien des égards, Emmanuel Macron adopte une position de type monarchiste. L'avantage du Roi est de permettre l'unité. Le Roi n'est ni à droite, ni à gauche. Il est celui de tous parce qu'il n'a été élu par personne et qu'il ne dépend de personne non plus. Il est là pour faire en sorte que les choses aillent le mieux possible et que le bien commun soit réalisé dans la mesure du possible. N'étant ni de droite, ni de gauche, il est en quelque sorte au-dessus de la mêlée. C'est précisément la posture qu'Emmanuel Macron semble vouloir adopter. Il a depuis créé En Marche, qui se veut un mouvement et non un parti. Là encore, ce n'est pas anodin. Un mouvement auquel ont d'ailleurs adhéré rapidement diverses personnalités connues, y compris dans les médias, pour leurs sympathies royalistes.

    Et que pensez-vous de sa phrase: « Je pense fondamentalement que le peuple français n'a pas voulu la mort du Roi » ?

    Là encore, on pourrait parler de bon sens, mais surtout de simple connaissance de l'histoire. En 1793, juste avant l'exécution de Louis XVI, certains conventionnels ont exigé la tenue de ce que l'on nomme « l'appel au peuple », une sorte de référendum, visant à déterminer si les Français étaient favorables au jugement et à une éventuelle condamnation du Roi. Robespierre, Saint-Just et les Jacobins, a priori très favorables à ce processus référendaire, vont pourtant, cette fois-ci, le refuser farouchement. Ils savent en effet très bien que les Français auraient gracié Louis XVI ! Lorsque le Roi est exécuté, il l'est donc par la volonté d'une infime minorité. Par ses paroles, Emmanuel Macron jette un pavé politique dans la mare, mais sur un plan historique, il ne fait que relater des faits connus.

    Louis XVI a été guillotiné le 21 janvier 1793. Pour la première fois, on n'a pas pu dire: « Le Roi est mort, vive le Roi» comme si, ce jour-là, les «deux corps du Roi » avaient été exécutés. Est-il envisageable d'effacer cette rupture ?

    À l'époque, les choses ne se passent pas ainsi puisque les royalistes sont encore nombreux. Une très grande partie des Français considèrent que le Roi Louis XVI étant mort, c'est le Louis XVII qui le remplace. C'est alors un petit garçon emprisonné par les Républicains dans la prison du Temple, qui mourra ensuite des sévices qui lui sont infligés. Mais pour eux, les choses sont claires : Louis XVII succède à son père le soir du 21 janvier 1793.

    En outre, on peut rappeler qu'au XVIIe siècle, les Anglais avaient eux aussi décapité leur Roi - et cela n'a pas empêché la monarchie anglaise d'être restaurée et de subsister depuis vaille que vaille.

    Mais au Royaume-Uni, la dictature de Cromwell a duré dix ans, la monarchie n'a pas eu à attendre deux siècles …

    Il y a une chose qui est sûre en politique, c'est que rien n'est jamais sûr. On ne sait jamais au fond de quoi sera fait le lendemain. Lorsque l'on scrute l'histoire politique, on se rend compte que les systèmes qui paraissaient les plus solides et indéracinables peuvent s'effondrer en quelques jours, voire en quelques heures, sous le coup d'un événement parfois dérisoire ou de l'action de quelques personnes. On a un exemple français avec la chute de la monarchie de Louis-Philippe. En février 1848, le Roi a tout pour lui : son bilan est plutôt bon, il est soutenu par l'immense majorité des Français et par la bourgeoisie qui domine la vie économique, il a avec lui la police, l'armée, l'administration, la justice, etc. Or, il va suffire de trois heures pour renverser ce régime. Et ce pour une raison très simple : le régime ne croit plus en sa propre légitimité, en son droit à gouverner. Beaucoup plus proche de nous et de manière encore plus spectaculaire, le destin de l'Union soviétique en 1991 était absolument inimaginable quelques années voire quelques mois avant la chute finale. On pensait alors que l'URSS allait durer en s'adaptant certes quelque peu, sous le coup notamment de la pression qui pesait sur les frontières musulmanes de l'Empire dans le Caucase. Mais on ne pensait pas que l'URSS s'effondrerait ainsi. Or, il a suffi d'une « crise de foi » du système soviétique, qui ne croyait plus en lui-même. C'est aussi pour cette raison qu'un sondage comme celui de BVA sur la progression des idées monarchistes n'est pas inintéressant.

    Vous parliez de Louis-Philippe. Ce dernier n'était pas Roi de France, mais Roi des Français. Comment pourrait-on reprendre aujourd'hui le fil de la royauté ? Pourrait-on imaginer que le peuple choisisse un nouveau Roi des Français, à l'image des deux Empereurs, légitimés par un plébiscite ?

    Avec les deux empereurs que nous avons eus, les Français validaient le système par un plébiscite, mais une fois qu'il était validé, l'Empereur n'était pas élu régulièrement par les Français, sinon ça aurait été la Cinquième République! Un système dans lequel, à la suite d'une révolution ou plus modestement d'une évolution, les Français seraient amenés à se prononcer sur une éventuelle restauration de la monarchie est une chose qui n'est pas à exclure. En politique, rien n'est sûr, ni dans un sens, ni dans l'autre. La question, maintenant, serait celle de la forme de ce nouveau régime monarchique. De 1870 à 1875, la Troisième République est créée par des monarchistes qui sont majoritaires à l'Assemblée constituante et qui décident de créer un système qui, le jour venu, pourra redevenir une monarchie parlementaire du type «Louis-Philippe». Ils pensaient qu'il suffirait alors de remplacer le président de la République par le Roi. Trois quarts de siècle plus tard, le Général de Gaulle, quand il crée la Cinquième République, constitue un système dans lequel le président de la République peut facilement, le cas échéant, être remplacé par un monarque. Dans ce cas précis, le Roi incarnerait le pouvoir, prendrait certaines décisions stratégiques avec l'appui du peuple, mais ne se substituerait pas à un Premier ministre, à un gouvernement et à un parlement qui pourraient être élus démocratiquement et qui représenteraient une autre légitimité. On peut parfaitement imaginer cette double légitimité dans le prolongement de ce que le Général de Gaulle avait conçu.

    La légitimité de Napoléon Bonaparte ne s'inscrivait pas dans une lignée: c'est en tant que héros qu'il a été plébiscité par le peuple. Pourrait-on imaginer Roi des Français n'importe quel citoyen que l'histoire mettrait sur le devant de la scène ou, a contrario, pourrait-on imaginer un retour des vieilles familles, qu'il s'agisse d'un Bourbon, d'un Orléans ou d'un Bonaparte?

    N'étant ni devin, ni cartomancienne, je ne peux vous répondre que par un parallèle historique. L'histoire nous montre qu'à certaines époques, des familles anciennes ont pu revenir sur un trône qu'elles avaient quitté quelques décennies voire quelques siècles auparavant. D'autres épisodes historiques nous montrent qu'un grand homme - général vainqueur ou homme d'Etat habi

  • Navigation sélective sur le Net : échos des Blogs, des Pages Facebook, et d'ailleurs...

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     Sur les Blogs, sur Facebook ou  ailleurs... :  

     

    1. D'Eric Zemmour : UMP et PS dans l'impasse : ZEMMOUR UMP PS DANS L IMPASSE.jpg

    2. (De Jean-Dominique Merchet) Une majorité de Français ne souhaite pas une baisse du budget de la Défense : http://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/majorite-francais-ne-souhaite-pas-baisse-budget-defense-12915

    2. BIS  (idem) : Comment les iondustriels de la Défense ont fait reculer le gouvernement : http://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/comment-industriels-defense-ont-fait-reculer-gouvernement-12882

    4. Bâclage et bricolage : la réforme régionale (du Blog de Patrice de Plunkett) : Bâclage et bricolage.pdf

    5. Qu'est-ce que la Traité transatlantique ?... Voyez "Treat the Treaty" : http://treatthetreaty.org/fr 

    6. Dans le blog Investig'action (Michel Collon) : Lybie : sommet Hollande pour masquer le fiaso : http://www.michelcollon.info/Libye-Sommet-Hollande-pour-masquer.html

  • Paris : Le cercle étudiant de l'AFE et François Haut chez Dextra (qui fêtera, dans la foulée, la Saint Patrick...), c'es

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     L’école de pensée qu’est l’Action Française ouvre ses portes trois vendredis par mois pour la tenue du cercle des étudiants animé par Pierre de Meuse pour les parties initiation et application de la pensée d’AF. C’est l’occasion d’apprendre les bases ou de se refamiliariser avec la pensée nationaliste maurrassienne !...

    Ce soir : Théorie du Pouvoir (un apéritif suivra).

    RDV 18h30, 10 rue Croix des Petits Champs Paris 1er (2ème étage) - Métro : Palais Royal/Musée du Louvre.

     

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    François Haut est Directeur du Département de recherche sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II - Panthéon-Assas. 

    Après la conférence, et toujours dans la bonne humeur, nous vous recevrons au El Siete vendredi à partir de 21h afin de fêter la Saint Patrick, certes en avance, mais toujours avec pour idée la convivialité et l'esprit de groupe. 

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  • Le grain de sel de Scipion : Hollande parle bien français

    grain de sel 1.jpgJe ne m’en étais pas aperçu en l’écoutant parler mais, finalement, notre président Normal Ier maîtrise très bien la langue française.

    Ainsi nous a-t-il annoncé en 2012 une nette amélioration de la situation économique à l’horizon 2013 et, récemment encore, il affirmait percevoir les signes d’une sortie de crise à l’horizon 2014.

    Or, en français, qu’est-ce que l’horizon sinon une ligne imaginaire qui recule au fur et à mesure que l’on avance…

    Patience, donc, mes amis !                                   

     

  • Le ”Barnum Hollande” du Bourget, ou l'insulte faite aux français....

            Qu'est-ce qui était le plus consternant, sur les écrans, ce dimanche après-midi : entendre le (boni)menteur oser dire ce qu'il a dit - c'est-à-dire, de fait, promettre encore la Lune, et même un peu plus... - ou voir ce public applaudir à tout rompre ?

            Ce qu'on n'osera même pas appeler un "discours" était pourtant tellement "hénaurme", avec ses promesses tellement grand-guignolesques ! Et il y en a - oui, encore... - qui y ont cru; et qui y croient...

            Déverser un tel tombereau de promesses, dans les circinstances actuelles, ce n'est plus seulement ridicule, c'est indécent, c'est presqu'obscène.....

            Qui a dit que la bêtise humaine était la seule chose qui pouvait donner une idée de l'infini ?....... 

    hollande bonimenteur.jpg 

  • Jean-François Balmer, qui ”joue” Henri IV, explique ”sa bonne image dans l'histoire”...

    HENRI IV BALMER.jpgD'un entretien entre le comédien et Philippe Faner, nous extrayons ces deux questions/réponses :

    - PF : Qu'est-ce qui vous a intéressé dans le rôle qu'on vous a proposé ?

    - JF B : La vie du roi Henri IV est une espèce de roman de tous les siècles. Ce qui est passionnant, c'est de redire tous les mots qu'il a dits. On n'arrive pas à croire que tout cela date de 400 ans. L'auteur n'a rien changé de ses paroles. Il était déjà suivi par Twitter ou Facebook ou je ne sais quoi...

    - PF : Pourquoi a-t-il gardé, selon vous, une aussi bonne image dans l'histoire ?

    - JF B : A mon avis, la raison est simple : c'est un roi qui était pour la paix. Il voulait démanteler les conflits, arrêter de faire la guerre après l'avoir pratiquée avec beaucoup d'appêtit...

  • JOYEUX NOËL !...

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    Crèche à Saint-Saturnin-lès-Avignon

     

           Elle est sans conteste, dans son domaine, l'une des expressions les plus abouties des traditions et de la culture populaire, mais, au fond, qu'est-ce que la Crèche ?

            On pourrait écrire des pages et des pages sur le sujet. Voici un unique site, qui permettra, à lui seul, de bien progresser dans la compréhension du sujet : celui de la crèche de Saint-Saturnin lès Avignon, dans le Comtat Venaissin, en Provence.

            http://crechesaintsaturnin.perso.sfr.fr/tract.html        

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    A 10 km à l'est d'Avignon, au pied de la colline du Puy, Saint-Saturnin...

  • Clip de fin pour l'affaire de Juvignac ?

            Le vendredi 5 Novembre, à 12h12, on apprenait que la justice venait de rendre une ordonnance de Non-lieu dans l'affaire de Juvignac. On se souvient qu'il y a un an, un professeur a été mis en examen pour le meurtre de l’un de ses anciens étudiants.

            Le jeune homme s’était introduit chez lui, menaçant de le brûler vif avec sa femme et son fils. La légitime défense a été reconnue et la juge d’instruction a prononcé le non lieu.

            La famille de la victime annonce qu'elle va faire appel de la décision.

            Qu'est-ce qu'elle veut ? La Légion d'honneur à titre posthume ?.....

  • En finir avec le ressassement malsain d'un certain passé : de Georges Pompidou...

            Puisque l'affaire Eva JOLY nous ramène, par les détours de la discussion, une fois de plus, vers la dernière guerre et la collaboration, versons, ici, au débat, un lien qui ouvre sur une conférence de presse de Georges POMPIDOU et, plus exactement, sur sa réponse à une question à propos de la grâce qu'il venait d'accorder à Paul TOUVIER.

            On peut en discuter le détail mais sa conclusion de fond est celle d'un homme d'Etat. Et quand on en compare le fond et la forme à ce qu'est devenue, aujourd'hui, l'expression présidentielle, on mesure de combien de crans, en moins d'un demi-siècle, la France est descendue.

            http://www.ina.fr/politique/gouvernements/video/I00000105/georges-pompidou-et-touvier.fr.html

  • Prochaines présentations-dédicaces, prochains succès !...

                Prenant la suite des précédentes rencontres avec les Gens de France, voici les prochaines présentations-dédicaces de ce bon livre qu'est Un Prince français : à Vichy le 11 février, Limoges le 18 février, Toulouse le 2 mars, Dijon le 24 mars, Orléans le 6 avril, Nantes (Montaigu) le 10 avril, Fontainebleau le 13 avril...

                Les journalistes qui ont rendu compte de ces déplacements jusqu'à présent l'ont bien noté: le Prince rencontre autre chose qu'un succès d'estime. Une vraie dynamique s'est créée, à amplifier encore, et partout: telle est notre tâche à tous, avec ce Prince qui mérite d'être suivi, tout simplement....
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  • Ouverture du procès de Youssef Fofana et de son Gang des barbares...

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                 La douleur des gens, cela se respecte. Nous ne sommes pas des charognards, et ne désirons pas profiter de quoi que ce soit pour appuyer ou défendre nos thèses. Si nous citons donc, sans la commenter, une phrase de la mère d'Ilan Halimi, en réponse à la question d'un journaliste, ce n'est pas pour l'exploiter, mais parce que, à sa façon, elle fait réfléchir; et qu'il semble qu'elle devrait interpeller quelque part, comme on dit dans le jargon...

                -Qu'est-ce que nous dit cette affaire de la société dans laquelle on vit ?

                -Il y a vingt ans, cette histoire n'aurait pas pu avoir lieu. Il y avait une union sacrée des minorités. Ou alors elle aurait entraîné un million de gens dans la rue. C'est l'échec de la République.

  • Aux Tartuffes et autres arnaqueurs du soi-disant ”anti-racisme”...

              Retrouvé, au hasard d'une lecture d'été, ce passage de Lévi-Strauss. A ceux qui l'avaient accusé de racisme à propos de Race et Culture (1971), il avait répondu :

              " En banalisant la notion même de racisme, en l'appliquant à tort et à travers, on la vide de son contenu et on risque d'aboutir à un résultat inverse de celui qu'on recherche. Car qu'est-ce que le racisme ? Une doctrine précise (...). Un : une corrélation existe entre le patrimoine génétique d'une part, les aptitudes intellectuelles et les dispositions morales d'autre part. Deux : ce patrimoine génétique est commun à tous les membres de certains groupements humains. Trois : ces groupements appelés "races" peuvent être hiérarchisés en fonction de la qualité de leur patrimoine génétique. Quatre : ces différences autorisent les "races" dites supérieures à commander, exploiter les autres, éventuellement à les détruire. "