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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Groupe Action Royaliste : sociaux parce que royalistes.

    Le combat royaliste est aussi un combat social, et les affichages royalistes dans les quartiers dits populaires ont bien souvent été mieux accueillis par les populations locales que ceux qui se déroulaient en centre-ville ou dans les quartiers considérés comme aisés : est-ce si surprenant, en définitive ?

    Tout d'abord, et il s’en trouve confirmation dans nombre de manuels scolaires (ceux des années 1960 jusqu'à nos jours), la République n'a pas été naturellement favorable au monde ouvrier ni, même, aux classes populaires dans leur ensemble, et cela remonte aux origines de la République et à cette Révolution dont nous n'avons pas encore fini de payer le prix, trop lourd pour le pays comme pour ses peuples, de la Bretagne à la Provence, de la campagne à l'usine... Les idées mêmes des Lumières n'accordent que peu d'intérêt aux travailleurs mais beaucoup plus aux échanges et aux fruits du travail, suivant la célèbre (et terrible) formule de Benjamin Franklin qui résume cet état d'esprit : « Le temps, c'est de l'argent », terrible négation de la véritable valeur du temps qui est, encore et d'accord, la vie et « le temps de vivre », ce dernier offrant aux hommes la flânerie, la rêverie et l'espérance du lendemain. A lire les manuels scolaires sur cette période et en approfondissant un peu, l'on peut être surpris que les philosophes « oublient » les travailleurs et que pas un mot ne semble surgir sous leur plume pour en appeler au respect de conditions de travail décentes pour les mineurs ou les tisserands d'usine quand, dans le même temps, c'est un roi, Louis XVI, qui, pour la première fois, emploie la formule « justice sociale », appelée à une si grande destinée et prospérité au XXe siècle...
    Au-delà de 1789 qui apparaît, dès juin, comme la récupération par la bourgeoisie urbaine du grand élan initié par la convocation des états-généraux par le roi lui-même, l’année 1791 est une année maudite pour la condition ouvrière en France, et toutes les luttes sociales du XIXe siècle mais aussi d'une grande part du XXe ne seront rien d'autres, en définitive, que la « réparation » des malheurs nés des deux textes majeurs et si peu sociaux de cette année-là. Le décret d'Allarde et la loi Le Chapelier mettent à bas tout l'équilibre social hérité des siècles précédents, au nom d'une « liberté du travail » qui n'est rien d'autre que l'application de la théorie libérale du « laisser faire, laisser passer » et, surtout, la liberté de celui qui possède l'argent sur celui qui n'en a pas, la liberté de l'argent face à celles, rabaissées, des travailleurs. Dans un livre qui reste un des livres de chevet de tout royaliste social (Le Prolétariat, publié en 1937), le comte de Paris rappelle, avec grande justesse, que « les principes de 1789 ont créé le Prolétariat », et que « La loi Le Chapelier du 17 juin 1791 est l'acte de naissance du Prolétariat » : « Après le coup d'état bourgeois de 1789, l'ouvrier abandonné à lui-même, inapte à s'associer, incapable de se défendre, fut asservi par les employeurs.
    « Le vote d'une loi aussi inhumaine avait-il au moins donné lieu à des incidents de séance ? Avait-il déchaîné des répliques violentes ou suscité des interventions généreuses ? Non. La Constituante se désintéressait à un tel point de la classe ouvrière qu'elle adopta la loi Le Chapelier à l'unanimité. (…) En permettant au détenteur du capital de jouir d'une pleine liberté, en enlevant à l'ouvrier tout moyen de défendre ses intérêts professionnels, elle a précipité les classes laborieuses dans le prolétariat, cycle infernal où elles devaient, sans cesse, tomber plus bas au cours du siècle suivant. »
    Pourquoi cette unanimité de l'Assemblée constituante pour la suppression des corporations et, dans le même temps, l'interdiction des grèves et des associations professionnelles, interdiction qui ne sera relevée, en deux temps, qu'en 1864 et en 1884 ? Sans doute parce qu'il n'y avait aucun ouvrier des villes dans cette assemblée et qu'elle était dominée par la Bourgeoisie que l'on pourrait ici définir comme « classe d'intérêts », classe hétérogène dans sa constitution mais bien plus homogène dans son esprit libéral « à l'anglo-saxonne », fascinée par le modèle économique et social anglais et, dans le même temps, par celui, plus politique, des États-Unis naissants. Sans doute aussi parce que nombre de Français ne mesuraient pas encore les conséquences ni ne soupçonnaient les formes de l'industrialisation émergente telles qu'elles commençaient à s'imposer au-delà de la Manche. Sans doute aussi parce que les anciennes formes corporatives semblaient pesantes faute d'avoir accompagné et apprivoisé les mutations techniques en cours et les désirs montants des consommateurs, devenus les alibis d'une bourgeoisie libérale soucieuse de s'enrichir plutôt que de servir un Bien commun qui lui semblait moins immédiatement profitable...
    Ce qui est étonnant, au regard des manuels scolaires contemporains, c'est le grand silence ou, au mieux, la grande discrétion de ceux-ci sur la question sociale dans la Révolution et sous la Première République : la suppression des corporations et des protections sociales n'est pas évoquée, la plupart des temps, ou expédiée en une phrase, parfois en une ligne... Quant au sort des ouvriers, il n'est même pas abordé, pas plus, d'ailleurs, que celui des paysans, pourtant majoritaires dans la France des années révolutionnaires ! Si l'on parle du calendrier républicain et de ses décades qui remplacent les semaines de sept jours, aucune information ne transparaît pourtant sur l'augmentation conséquente du temps de travail ouvrier qui en est la conséquence la plus immédiate et sensible pour les travailleurs d'usine et des chantiers, malgré la survie, dans nombre d'endroits, des traditions de fêtes religieuses, traditions combattues avec la plus grande virulence par la bourgeoisie républicaine qui y voit, en bonne héritière de la logique franklinienne, du « temps perdu » et, donc, des profits moindres.
    Ainsi, « l'émancipation » que certains évoquent à propos de la Révolution n'en est une que pour les puissances de l'argent et les classes possédantes, mais nullement pour les travailleurs, désormais condamnés au « travail captif » et à la « servitude professionnelle » : des murailles effondrées d'une Bastille qui faisait surtout peur aux « puissants » que l’État royal pouvait y emprisonner, vont naître de nouvelles forteresses et de nouveaux murs d'argent, toujours en place aujourd'hui, et qui ne semblent guère menacés par les contestations sociales éparses, faute de frapper aux fondements mêmes de la logique capitaliste et, en France, si éminemment républicaniste...
    Les Royalistes sociaux, eux, n’ont pas de ces timidités, et souhaitent, encore et toujours, un État qui, sans négliger les nécessités économiques, accorde au travail et à ceux qui en vivent (tout en livrant ses fruits aux consommateurs) leur juste place et leur juste récompense au sein de notre société. Certains nous répliqueront que la mondialisation empêche cette justice sociale pourtant éminemment nécessaire : nous répondrons alors que la France n’a pas à se livrer pieds et poings liés à cette gouvernance oublieuse des hommes, et que tout l’honneur social de la Monarchie capétienne est, justement, de s’imposer face aux féodalités de l’économique et non de céder aux oukases des puissants du moment, puissants qui ne le sont que par les faiblesses des États ayant renoncé à « être État ».
     
     
  • Dans notre Éphéméride de ce jour : le plus grand canular de l'histoire de France...

    1927 : Le plus grand canular de l'histoire de France : Léon Daudet s'évade "légalement" de la Prison de la Santé ! 
     
     
    Il s'agit, en fait, du énième rebondissement de la tragique "affaire Philippe Daudet" : le fils de Léon Daudet, Philippe, âgé de quatorze ans, a été assassiné le 24 Novembre 1923; admettant d'abord la "version officielle" du suicide (son fils étant fugueur et d'une personnalité fragile...) Léon Daudet acquiert très vite la conviction qu'il s'agit d'une machination destinée à l'intimider, pour le faire taire (dans notre Album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet, voir les six photos consacrés à cette tragédie : "L'assassinat de Philippe Daudet (I)" et les cinq suivantes).
     
    Léon Daudet mène alors sa propre enquête, pour faire éclater la vérité, ce qui le conduira - entre autres péripéties... - à déposer plainte contre le chauffeur du taxi dans lequel son fils a été retrouvé agonisant... Résultat du procès, plusieurs années après : Daudet est condamné à cinq mois de prison, et incarcéré à la Santé, où il arrive le 13 Juin. 
     
    Il n'y restera que douze jours, suite à un invraisemblable et stupéfiant canular parfaitement organisé - et réussi - par les Camelots du Roi. Tout est raconté ici : "Le canular "hénaurme" des Camelots du Roi" (on pourra voir également les quatre photos précédentes, qui restituent le contexte; et, pour ce qui est du long exil en Belgique qui s'ensuivit, les sept photos suivantes...) 
  • HISTOIRE & ACTUALITE • Philippe de Villiers : « On est près du grand mouvement de l'inversion »

     

    Retour, ce dimanche, sur une conférence de Philippe de Villiers au Cercle de Flore. Conférence où tout est dit des signes d'espoir que voit aussi Houellebecq. Signes et espoir de de ce grand mouvement de l'inversion qu'espère et prédit de Villiers comme en conclusion de son intervention. Des signes du bouillonnement, qui a bien été noté dans les commentaires de ce site et qui rend aujourd'hui notre royalisme plus crédible et, comme on dit ces temps-ci, plus soutenable.


     

     

    Le cercle de Flore a reçu le 8 décembre, Philippe de Villiers, venu présenter son dernier ouvrage : Le roman de Jeanne d’Arc. Mais pas seulement.

    Certes, ce fut l’occasion d’une magnifique évocation de Jeanne d’Arc, car Philippe de Villiers est un remarquable conteur qui, parfois, est aussi acteur …

    Mais cette évocation historique est sans cesse mise en perspective, sans cesse rapprochée de notre temps, de la France d’aujourd’hui …

    Et, parlant sous un portrait de Charles Maurras, qu’à sa manière il salue, dans ce « lieu historique » (le 10 rue Croix du Petits Champs) qu’il signale, Philippe de Villiers définit une politique, une action politique, que ni Maurras ni Boutang n’auraient désavouées.

    L’une et l’autre (option stratégique purement Action française) s’inscrivent nécessairement en dehors du Système et contre lui ; il s’agira de se débarrasser des « élites » qui ont trahi la France comme au temps de Jeanne : les élites politiques qui ont transféré sa souveraineté à l’étranger, les élites économiques qui sont allées chercher ailleurs qu’en France leurs profits, les élites médiatiques et cléricales qui exècrent la nation. Et si l’on pose à de Villiers la question même du régime, il ne l’esquive pas, il y répond à la façon de Pierre Boutang : « il n’y a pas de pouvoir légitime, durable, sans pérennité et sans sacralité ».

    « Au temps de Jeanne, dit-il, tout est presque perdu. » Comme au nôtre. Le roi est « de médiocre apparence » et la France est divisée en trois royaumes. On sait le redressement spectaculaire et rapide qui suivit. Pour plusieurs siècles.

    De Villiers prêche donc l’espérance : « On est près du grand mouvement de l’inversion ». Lequel ? Celui qui mettra en cause la Révolution, la Révolution historique (« La terreur est dans son ADN ») mais aussi la Révolution agissant aujourd’hui. « Il y a des signes du sursaut ; des gens qui bougent ; des voix qui s’élèvent et qui parlent de plus en plus fort ».

    La conclusion, métaphorique pour nous, revient à Jeanne : « Gentil Dauphin, dit-elle à Charles VII rétabli sur son trône, je ne vous appellerai plus gentil Dauphin ; je vous appellerai Sire le Roi ».

    Bref, nous ne saurions trop conseiller de regarder, d’écouter, cette vidéo d’une conférence, d’un débat, d’une rencontre qui ont une évidente importance.   Lafautearousseau   

     

  • Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP (27)...

    (Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP : contribution, commentaires, informations, renseignements, prêt de photos etc... bienvenus; retrouvez l'ensemble de ces documents dans notre Catégorie : Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP)

     

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    27 (1/2) : 2009, 2010, deux exemples (partiels) de nos Réunions de rentrée...

    1. Celle de 2009 à Montmajour, sur les lieux même des trois premiers Rassemblements (durée : 11'12)...

    Dans les livraisons 20 à 25 de ces Documents, j'ai raconté comment, au début, nos réunions de rentrée se tenaient à Roquevaire, au caveau familial des Maurras, début septembre; puis, comment et pourquoi ces réunions furent déplacées, à la fois dans le temps (pour finir, le dernier samedi de septembre) et dans l'espace (pour se tenir dans les Alpilles, la Vendée provençale, les lieux de nos Rassemblements royalistes).

    Voici - avec la courte vidéo en fin de note - un premier exemple de ce que furent ces réunions de rentrée "nouvelle manière" : nous sommes en septembre 2009, et nous sommes revenus, symboliquement, à l'Abbaye de Montmajour, et sur les lieux mêmes où se sont tenus les trois premiers Rassemblements royalistes (en 69, 70 et 71; le quatrième se tenant à Saint-Martin-de-Crau, puis, tous les autres, aux Baux-de-Provence...)

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    la Tour dit de Pons de l'Orme (XIVème siècle) et, dessous, sa plate-forme supérieure, d'où l'on domine tout le paysage, à 360° : c'est l'origine du nom du lieu, Montmajour, le mont "majeur", d'où l'on domine toute la plaine...

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    jusqu'à la minute 1'19, on attend les derniers inscrits : on reconnaît, entre autres, Guy Brocard, Albert et Roselyne Motte (actuellement notre couple doyen de l'URP), Henri Bec, les Lesteven (sur Franck, voir nos livraisons 17 mais aussi 5 et 6), mon frère Jacques, les Lapeyrouse (dont je parlerai bientôt, Hubert nous ayant quitté beaucoup trop tôt...), les Hueber, Auguste Berret...

    de la minute 1'19 à 6'45, nous restons dehors, devant l'entrée principale de la grande et magnifique Tour de Pons de l'Orme (XIVème siècle). Je rappelle notre réunion de l'année précédente, à Saint Rémy et Maillane, chez nos amis les M. dont la maison jouxte celle de Mistral; et pourquoi nous tenons à nous ressourcer, régulièrement, aux racines de notre Histoire...

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    à partir de la minute 6'45, nous entrons dans le bâtiment, en restant dans les parties basses (cloître, réfectoire...); j'en profite (mais ce n'est pas filmé ici) pour rappeler, en réponse à une question, comment fut inventé l'art "ogival" (improprement appelé "gothique", terme méprisant inventé à la Renaissance) : ce n'est pas la croisée d'ogives, connue depuis bien longtemps, qui caractérise cet art nouveau, par rapport à l'art roman. C'est que l'art roman (une pure merveille) faisait porter l'intégralité du poids énorme des parties hautes sur les murs, qui étaient donc, au sens littéral du terme, des "murs porteurs" et ne pouvaient ni monter très haut, ni être percés de trop d'ouvertures; l'intuition géniale de Suger et des siens fut de transférer l'essentiel de l'énorme poids des parties hautes des bâtiments sur les piliers : les murs, n'étant plus, littéralement, "porteurs", pouvaient donc monter bien plus haut (presque 48 mètres à Beauvais; à Montmajour, on arrive à près de 25, ce qui n'est déjà pas mal, photo ci dessus...)...

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    C'est devant ces arcades de l'esplanade, à gauche, que Pierre Debray parla de la Royauté, "flèche du progrès"...

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    enfin, à partir de la minute 9'41, et jusqu'à la fin, nous nous rendons sur l'esplanade haute (ci dessus), au pied de ce qui devait être la nouvelle Abbaye et dont les travaux ont été interrompus par la Révolution, pour ne jamais reprendre... Il y a donc, en fait, deux abbayes à Montmajour : celle du Moyen-Âge, superbe édifice, et celle qui n'est pas du tout une ruine, comme le croient certains, mais qui reste (et, peut-être pour toujours...) un monument inachevé. Lors de nos premiers Rassemblements, je ne sais plus quel journaliste bas de plafond, et, en tout cas, inculte, avait écrit - pour se moquer de nous - "les royalistes se réunissent dans des ruines !" : il se croyait peut-être drôle, peut-être même - qui sait ? - spirituel; il montrait simplement l'étendue abyssale de son inculture, dont seule les profondeurs des océans donnent une idée : tout en-bas, tout au fond, à côté du Titanic...

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    Voici donc la vidéo de notre réunion de rentrée, qui ne montre que notre passage par Montmajour; la réunion elle-même, à Fontvieille, n'a pas été filmée...:

     

  • Histoire • Thierry Maquet : « La Grande Guerre a fait émerger les pays anglo-saxons qui, depuis, dirigent le monde »

     

    LAFAUTEAROUSSEAU / ENTRETIEN - Thierry Maquet, historien autodidacte, est spécialisé dans la Première Guerre mondiale, événement qui a marqué profondément et durablement sa région, puisqu'il vit dans les Ardennes. Il développe ici, sur la Grande Guerre des points de vue qui suscitent la réflexion. On n'est pas forcément d'accord sur tout. On peut en débattre. Entretien par Rémi Hugues pour Lafautearousseau 

     

    41418405_2225893421021798_8973707314515148800_o.jpgÊtes-vous d'accord avec le philosophe Gustave Thibon lorsqu'il disait que la Grande Guerre a été un suicide collectif de l'Europe ? 

    Tout à fait d'accord. C'est également le terme qu'emploie le pape Benoît XV. À quel degré de folie étions-nous arrivés pour qu'un homme de lettres écrivît ceci en détournant le sens des mots religieux : 

    « Tous vinrent à Verdun, comme pour y recevoir je ne sais quelle suprême consécration ; comme s’il eût fallu que toutes les provinces de la patrie eussent participé à un sacrifice d’entre les sacrifices de la guerre, particulièrement sanglant et solennel, exposé aux regards universels. Ils semblaient, par la voie sacrée, monter, pour un offertoire sans exemple, à l’autel le plus redoutable que jamais l’homme eût élevé » . Ces mots sont de Paul Valéry. 

    Puisque tous les « poilus » sont morts, est-il selon vous toujours légitime de célébrer le 11 novembre ? Que pensez-vous de ceux qui veulent le supprimer en tant que jour férié ? 

    J'estime que la Grande Guerre, c'est de l'histoire, à l'égal des guerres et des batailles de 1870, du premier Empire et de l'Ancien Régime, qui, elles ne sont plus célébrées. De plus, avec l'afflux massif de populations extra-européennes qui s'en fichent et la désaffection du public français pour les cérémonies, je pense qu'il ne faut plus célébrer cela, même si mon grand-père paternel y participait. 

    De plus, on célèbre là une « horrible boucherie »  (encore un terme utilisé par le pape de l'époque) qui a permis aux francs-maçons et autres universalistes de détruire les dernières monarchies catholiques ou chrétiennes et de dresser la nouvelle tour de Babel, la Société des Nations (S.D.N.) du président Wilson inspirée par le franc-maçon français Léon Bourgeois. 

    Diriez-vous que le discours officiel - ou mémoire officielle - sur la Première Guerre mondiale a évolué ces dernières décennies ? 

    Si je prends le discours du président Hollande lors du centenaire de la bataille de Verdun: il a confondu l'agresseur et l'agressé en présence de la chancelière allemande. La victoire française de Verdun y a été passée sous silence ; 4 minutes, seulement, sur 15, du discours présidentiel, ont concerné la bataille de 1916 et le reste ne fut qu'apologie de l' « Europe » , du multiculturalisme et de l'immigration. On est loin des dignes et sobres cérémonies de 1966 qui avaient été précédées par une messe célébrée sur le parvis de l'Ossuaire. 

    Je profite de la parole qui m'est donnée pour contester formellement les inscriptions ajoutées, en 2016, dans l'Ossuaire de Douaumont en allemand et en français avec les noms de Merkel et Hollande. Quant aux discours du secrétariat d'Etat aux Anciens Combattants qui sont lus devant chaque monument aux morts de France, ils ne sont que des condamnations des adversaires et encensement de leur Europe et de la multiculturalité. 

    Peut-on faire, d'après vous un parallèle entre ce conflit et les guerres napoléoniennes, qui, on le rappelle, ont permis à Nathan Rothschild de devenir le maître incontesté de l'Angleterre ?           

    En tout cas, la Grande Guerre a permis l'émergence des pays anglo-saxons qui, depuis, dirigent le monde après avoir empêché une victoire française en 1918, sauvé l'empire allemand,  la république de Weimar étant la continuation en pire de l'empire et renforcé l'œuvre de Bismarck, et ce pour sauver les investissements allemands des banquiers américains d'origine allemande. 

    La Première Guerre mondiale n'a-t-elle profité qu'aux marchands de canon ? Peut-on même dire que ces derniers l'ont suscitée ? 

    Je dirais que la Grande Guerre a profité, par inertie, aux marchands de canons mais ils n'en sont pas responsables. Ceux qui sont à l'origine de cette guerre sont les francs-maçons français, italiens et serbes. Leur plan était déjà dévoilé le 12 novembre 1882 par le journal L'Univers  : « Les plans de subversion universelle, les projets abominables qui tendent à couvrir l’Europe de ruines et de sang en vue de substituer partout la République aux monarchies, l'idéal matérialiste et révolutionnaire à l'idéal spiritualiste et chrétien, sortent aussi des ateliers et des convents maçonniques. »   

    Lors d'une visite à l'abbesse de l'abbaye de Maredret, en Belgique, l'empereur Guillaume II (qui n'était pas franc-maçon) lui dit : « Savez-vous une des grandes causes de la guerre ?  - Non. - Les francs-maçons 

    Le franc-maçon René Viviani, qui a été président du Conseil, en 1919 : » Vous croyez avoir fait la guerre, vous n’avez pas fait la guerre, vous avez fait une révolution.»  Comme le Grand Orient de France, en 1918 : « La guerre actuelle est profondément révolutionnaire. Elle prépare un ordre nouveau ». Il y a tant à dire à ce sujet. Les sources sont aisément consultables sur Gallica... 

    Et puis il y a la date du 28 juin : jour anniversaire de la naissance de Rousseau, de l'assassinat de l'archiduc autrichien, du premier jour du congrès maçonnique international de Paris, en 1917, et jour de la signature du traité de Versailles. 

    Enfin, dernière question, plus politicienne et donc facultative, que pensez-vous du tour de France commémoratif qu'a décidé de faire le président Macron pour célébrer le centenaire de l'armistice du 11 novembre 1918 ? 

    Les censeurs de l'histoire ont parlé ; le « dogme»  historique et mensonger de 1945 doit être respecté et Macron s'incline... 

    Même la parole de De Gaulle (« leur » idole...) est niée, lui qui déclarait à Douaumont, en 1966, sous les applaudissements des anciens combattants : «  Si par malheur, en d’autres temps, en l’extrême hiver de sa vie, au milieu d’événements excessifs, l’usure de l’âge mena le maréchal Pétain à des défaillances condamnables, la gloire qu’il acquit à Verdun, qu’il avait acquise à Verdun vingt-cinq ans auparavant et qu’il garda en conduisant ensuite l’armée française à la victoire, ne saurait être contestée, ni méconnue par la patrie. » 

    Le même De Gaulle justifiait l'armistice de 1940 devant l'Assemblée consultative, le 15 mai 1945 : « Qu'on imagine ce qu'eût été le développement du conflit, si la force allemande avait pu disposer des possessions françaises d'Afrique. Au contraire, qu'elle fut l'importance de notre Afrique du Nord comme base de départ pour la libération de l'Europe.»  (Journal officiel de la République française. Débats de l'Assemblée consultative provisoire. 15 mai 1945). 

    Le général Pétain ne voulait pas l'armistice, en novembre 1918, mais une capitulation allemande signée à Berlin, après une offensive victorieuse prévue le 14 pour encercler les armées allemandes de Belgique.

    Lors du drame de 1940, tout le monde politique a jeté (démocratiquement, par la Chambre issue du Front populaire) le pouvoir entre les mains du vieil homme qui ne pouvait rien ajouter à la gloire dont étaient chargées ses épaules. Par patriotisme, par dévouement, par amour de la France et des Français, parce qu'il avait fait ainsi toute sa vie, il a fait don de sa personne d'une façon « christique » alors qu'il était innocent du désastre. Il prenait sur lui le déshonneur et la lâcheté des autres.   

  • HISTOIRE & ACTUALITE • Madagascar, vous y croyez encore, vous ?

     

    Alain Foulon, directeur de ECO AUSTRAL, la revue économique de référence dans l'Océan Indien. où les lignes qui suivent sont parues, réfléchit ici sur l'histoire aussi bien que sur la situation actuelle de Madagascar. Alain Foulon représente le Partenariat Eurafricain (PE) pour l'ensemble de la région. ECO AUSTRAL, basé à Maurice a une liberté de ton et d'analyse que nous vous laissons le soin d'apprécier

     

    348195-1.pngCeux qui connaissent bien Madagascar et son Histoire (peut-on d'ailleurs connaître un pays sans connaître son Histoire ?) ont pu se rendre compte de l’étrange rapport entre l’enthousiasme  que peut susciter cette île-continent, avec ses énormes ressources inexploitées, et les désillusions et déceptions qu’elle peut susciter chez les mêmes personnes. On ne peut s’empêcher de penser à la boutade du général de Gaulle : « Madagascar est un pays d’avenir ... et qui le restera ».

    Ma réflexion est évidemment alimentée par les derniers événements politiques avec ces 115 députés sur 151 (soit plus des deux tiers prévus par la Constitution) qui ont voté, dans la nuit du 26 mai, en faveur de la déchéance du président Hery Rajaonarimampianina. Le pays et ses bailleurs de fonds - qui commencent à rire jaune - sont maintenant suspendus à la décision de la Haute cour constitutionnelle. Mais le président pourrait aussi ne pas attendre et prononcer dissolution de l’Assemblée nationale. Nul doute qu’il consulte ses réseaux, dont ceux de la franc-maçonnerie et imagine un maximum de coups à l’avance en bon joueur d'échecs ou de fanoroma, cette espèce de jeu de go malgache. Dissoudre l’assemblée, c'est donner l’opportunité à l’ancien président Marc Ravalomanana, qui est déjà revenu sur la scène, d’y prendre plus de poids à l'occasion de nouvelles élections. Ce dernier veut de toute évidence revenir au pouvoir le plus vite possible ... et sans doute régler leur compte à ceux qui l'ont fait partir ou ont profité de son départ. Cela ne peut qu'inquiéter les bailleurs de fonds et les investisseurs. Mais cela montre aussi les choix irréfléchis de la soi-disant communauté internationale ou plutôt de certaines puissances occidentales qui, au nom de la « démocratie », pratiquent un véritable néo-colonialisme. Et, comme ces néo-colonialistes ne comprennent pas grand-chose à l’histoire et à la culture d'un pays comme Madagascar, le résultat est bien souvent désolant.

    Cette réflexion est d'autant plus opportune qu'il y a exactement I20 ans, en 1895, la République française faisait officiellement de la Grande Île un protectorat, sous la contrainte militaire, après dix ans de protectorat déguisé contre lequel luttait la reine Ranavalo III. Deux ans plus tard, cette dernière était déportée à La Réunion, puis en Algérie où elle mourra, alors que la Gonade Île était devenue une colonie en 1896. La République française mettait fin à un mouvement d'unification du pays sous l’impulsion des Mérinas (l’ethnie la plus importante à laquelle appartenait Ranavalo) qui ressemblait fort à la façon dont s'était construite la France. Si je dis la «  République française »  et non la France à propos de l’auteur de cette œuvre funeste, c'est qu’une monarchie n'aurait pas eu la mauvaise idée de renverser et de déporter une reine, et puis, surtout, ce sont les républicains et plus précisément la gauche française qui soutenaient le colonialisme à l’époque, alors que la droite y voyait surtout du gaspillage d’argent. Mais les républicains socialistes, persuadés de leur supériorité, voulaient apporter la « Lumière » au reste de l’humanité et, en particulier, à ces peuples « archaïques » du Sud. Une reine, avec suffisamment de fortune personnelle pour se prémunir contre la corruption, et avec un pouvoir absolu entre les mains c'est sans doute ce qu'il faudrait aujourd'hui à Madagascar pour enfin décoller. Et non pas une démocratie occidentale qui ne fait que générer toujours plus de califes.

    En version moderne, nous dirons qu'il faudrait à Madagascar un Lee Kum Yew, cet homme de poigne qui a fait d'un petit village de pêcheurs - Singapour - ­une puissance économique de premier plan. Dommage que Marc Ravalomanana ait raté le coche en se perdant dans les conflits d’intérêts et dans un appétit pour les affaires qu'il aurait dû faire taire en venant au pouvoir. En a-t-il tiré des leçons qu'il appliquera s’il revient à la tête de l’Etat ? Ou bien sera-t-il guidé seulement par le désir de se venger ?  Peut-il d’ailleurs revenir au pouvoir ? L’armée, qui l'a fait tomber, le laissera-t-elle faire ? Et si oui, quand et comment y reviendrait‑il ? À l’occasion d'une crise ou de l’élection présidentielle de de 2018, sachant qu'Andry Rajoelina n'a pas dit son dernier mot et s’est déjà positionné pour cette élection et qu'Hery Rajaonarimampianina est un bon joueur d’échecs ? Avant de répondre à ces questions, on devrait s’arracher bien des cheveux et perdre des illusions. Pour ceux qui en ont… 

    (Cet article nous a été signalé par Joël Broquet que nous remercions).

     

  • Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP (12)...

    (Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP : contribution, commentaires, informations, renseignements, prêt de photos etc... bienvenus; retrouvez l'ensemble de ces documents dans notre Catégorie : Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP)

     

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    12 : Sur la "grande générosité" de Pierre Chauvet, Président de l'URP...

     

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    Dans un "groupe privé", cette rare photo de Pierre de Pierre Chauvet, à Saint Rémy de Provence, sur la tombe de Léon Daudet, le 6 septembre 1986 : à sa gauche, Pierre Pujo, François Léger, Michel Fromentoux...

    Louis J., un ami de ce groupe, "commente" ainsi cette photo  : "...en effet, Pierre Chauvet était unanimement respecté. Il était en outre d'une grande générosité..."

    Cette juste remarque me donne l'occasion de lui répondre, en donnant un exemple concret de la grande générosité de Pierre Chauvet, qui vivait réellement "l'amitié d'Action française", qui la pratiquait, la prêchait par l'exemple...

    François Kolia

    Louis J.
     
    Un exemple très concret de cette "grande générosité".
    J'ai commencé les travaux de reconstruction de notre maison familiale, qui tombait en ruine, le 1er septembre 83. Papa est mort le 10 novembre suivant; Maman restait seule, j'étais alors en poste à Beauvais (Académie d'Amiens) et ne revenais que pour les vacances (pas de TGV à l'époque !).
    Par pure amitié pour nous (Papa était Camelot, comme son père, et Maman ne manquait jamais une activité d'AF) Chauvet est venu tous les mercredis matin, jusqu'à la fin juin, pour tenir une réunion de chantier avec les trois entreprises (maçonnerie, plomberie, électricité) et restait plus de deux heures à chaque fois.
    Le tout sans rien nous demander, bien sûr.

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    Ici, nous sommes à Clermont-Ferrand, en octobre 79 : Pierre Chauvet est à l'extrême droite, "Lavo" (Jean Lavoëgie, Secrétaire général de l'URP) est assis au fond, derrière moi, avec ses lunettes et "clope au bec"; à ma droite, on ne voit qu'à moitié le Nantais Yves de Bouville...

    Et, pour finir, et achever la façade, il m'a offert, de la carrière dont il était propriétaire à Cassis, une magnifique "pierre de Cassis" de cinq mètres de long, un mètre de haut et vingt centimètres d'épaisseur.
    Royal, non ?
    Voilà jusqu'où s'étendait "l'amitié d'Af", pour lui.
    Le patron du restaurant "Le Caribou" nous a dit un jour "Chauvet, c'était un Seigneur!".
    En tout cas, sans lui, ma maison aujourd'hui ne serait pas ce qu'elle est : merci, "monsieur Chauvet".
     
     
    François Davin,
    Blogmestre de lafautearousseau

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    Montmajour : Pierre Chauvet ouvre l'un des trois Rassemblements qui s'y sont tenus...

    À ses côtés, Maurice CHARTRON qui fut président de la fédération royaliste lyonnaise et le colonel Marcel BORIUS, président de la fédération royaliste Midi Pyrénées...

  • Barbara Lefebvre : « Non, Monsieur Macron, notre époque n'a rien à voir avec les années 30 »

    A droite d'Emmanuel Macron : Remilitarisation de la Rhénanie, 1936

    Par  

    TRIBUNE - Dans ses propos rapportés par Ouest-France, le chef de l'État a comparé la période actuelle avec celle de l'entre-deux-guerres. le contexte est radicalement différent : les États-nations européens ne cherchent pas à s'étendre mais à conserver leur souveraineté. [Figarovox, 01.11]. Et elle le fait non seulement du point de vue de l'Histoire (on pourrait d'ailleurs discuter telle ou telle de ses interprétations) ; mais aussi en remontant aux vices structurels, idéologiques, sociétaux et finalement politiques, les plus profonds et les plus généraux de nos systèmes postmodernes et postnationaux. Une très belle analyse dont on doit saluer le courage intellectuel et la lucidité. Grâce à de tels auteurs une réaction monte peu à peu du pays et une prise de conscience s'opère. Ce ne sera pas sans effets. Bravo ! Lafautearousseau

     

    barbara-lefebvre-1_5858139.jpgPierre Nora avait mis en garde contre « ce moment historique habité par l'obsession commémorative » et la captation de cette belle expression, les « lieux de mémoire », utilisée pour célébrer la mémoire alors que la profondeur du travail historiographique des trois tomes qu'il avait dirigés était précisément de composer « une histoire de type contre-commémoratif ». Les historiens scrupuleux, ceux qui écrivent l'histoire sans tomber dans les pièges idéologiques de leur temps, sont souvent incompris par les technocrates, qui ne s'embarrassent pas de nuances pour rédiger les formules-chocs autrement appelées « éléments de langage ». Le service communication de l'Élysée nous a annoncé une semaine « d'itinérance mémorielle » pour commémorer le centenaire de l'armistice, et elle s'ouvre par une « itinérance historique » du président Macron dans Ouest France suivant un chemin tortueux qui le conduit à une impasse comparative !

    Dans les propos rapportés par Ouest-France, le Président Macron se lance dans des comparaisons historiques pour le moins problématiques : « je suis frappé par la ressemblance entre le moment que nous vivons et celui de l'entre-deux-guerres ». Tout y est: « la lèpre nationaliste »« la souveraineté européenne (sic) bousculée par des puissances extérieures »« la crise économique ». Et dans un élan de prophétie, véritable représentation mécaniste de l'Histoire avec son « H » majuscule grandiloquent, Emmanuel Macron nous révèle sa vision : « on voit presque méthodiquement se réarticuler tout ce qui a rythmé la vie de l'Europe de l'après Première Guerre mondiale à la crise de 1929 ». L'histoire, éternelle répétition du même ? Emmanuel Macron, président-historien après le président-philosophe ? Les permanences et les continuités de l'histoire ne sont pas des répétitions, Monsieur le Président, et les ruptures ne sont en général comprises et analysées qu'une fois survenues. Non l'histoire n'a pas le hoquet, car l'histoire n'est pas une réalité tangible qui s'opère sous nos yeux comme des bactéries visibles sous la loupe du microscope. L'histoire est modeste, elle n'est qu'une écriture, un récit humain qui se modifie sans cesse, se réécrit au fil du temps qui passe. L'histoire n'est pas un point fixe, établie une fois pour toutes. En revanche, on le sait, elle est fort utile pour servir les idéologies, servir la politique politicienne, pour jouer le « sachant » qui éclaire les ténèbres du présent en se donnant des airs de prophète d'un futur, si possible apocalyptique, sauf à suivre la marche du sauveur.

    Comparer l'Europe de 2018 à celle des années 1930 répond à cette inflation inquiétante de la récupération politicienne de l'histoire nationale et européenne, inflation qui s'accentue depuis bientôt vingt ans à mesure que nous produisons des générations d'amnésiques sortis frais émoulus avec un baccalauréat mais ignorants de leur histoire. Il faut faire un détour par l'histoire scolaire actuelle pour comprendre comment de tels propos peuvent être entendus par l'opinion en dépit de leur non-véracité. En effet, elle alimente les élèves en simplismes manichéens depuis plus de trois décennies, depuis que l'histoire postmoderne (donc postnationale) a mis la main sur l'organisation des programmes officiels. Au lieu de transmettre des connaissances simplifiées qui rendent la complexité du passé intelligible pour des élèves âgés de dix à dix-sept ans, on a réduit l'histoire scolaire à une histoire finaliste. Le passé n'est plus qu'un perpétuel combat entre des gentils et des méchants. Ce simplisme autorise tous les anachronismes. Or la simplification n'est pas le simplisme ; la vulgarisation n'est pas la platitude du binaire. L'histoire scolaire qui avait forgé, pendant près d'un siècle, chez des générations de Français - autochtones ou venus d'ailleurs - le sentiment d'appartenance nationale, aussi appelé patriotisme, s'appuyait certes sur des simplifications historiques non exemptes d'une part de mythes, mais elle ne versait pas dans les simplismes actuels où l'idéologie postmoderne affleure sous chaque thématique, où l'histoire nationale n'est plus qu'une histoire criminelle. La France a une histoire nationale. Les mémoires des groupes composant notre nation qui n'est pas fondée sur l'homogénéité ethno-religieuse, ont toujours existé mais jusqu'aux années 1990 elles n'avaient pas été valorisées au point de supplanter l'histoire nationale. En glorifiant les revendications mémorielles, souvent réinventions du passé, contre l'histoire commune, le projet poursuivi est bien la destruction de l'attachement à la nation, à cet héritage forgé par l'histoire et porté par des mœurs et des coutumes communes.

    Ni de Gaulle, ni Mitterrand n'auraient osé une comparaison aussi manichéenne, simpliste, que celle opérée par Emmanuel Macron. Et pour cause, les deux seuls « vrais » Présidents d'après-guerre avaient une vision, car ils étaient d'abord « enracinés » par une ample culture littéraire et historique - la composition de la bibliothèque de François Mitterrand en est l'illustration frappante - et ensuite parce qu'ils avaient connu l'entre-deux-guerres et la guerre. Cela fait toute la différence. Cela explique leur hauteur de vue, eux qui étaient passés par cette épreuve de la guerre, qu'ils connaissaient la complexité de cet avant-guerre, qu'ils ne réduisaient pas cette période à des caricatures binaires. L'un comme l'autre ont vu monter les périls, ils ont eux-mêmes fait des choix politiques qui ne suivaient pas toujours la ligne droite que les politiques actuels ont réinventée pour trier dans cette époque troublée les bons des méchants, pour juger les hommes du passé au regard du confort dans lequel est plongée notre Europe pacifiée, abrutie par la société de consommation.

    Personne ne viendrait nier que Staline, Hitler et Mussolini étaient des dirigeants néfastes pour leurs peuples et pour la paix du monde, que les idéologies portées par les deux premiers en particulier ont conduit à des ravages d'une ampleur inédite en Europe et au-delà et que nous sommes encore héritiers des ravages moraux qu'ils ont constitués pour l'humanité. Néanmoins oser les comparer à Orban, Salvini et pourquoi pas Morawiecki en Pologne et Kurz en Autriche, est non seulement une absurdité historique, mais une opération politique profondément anti-européenne qui attise les colères. Anti-européenne car celui qui aggrave les tensions entre partenaires européens en insultant les peuples qui ont élu les dirigeants précités, c'est le président français. Cette montée en tension n'est pas imputable au seul Emmanuel Macron, elle est à l'œuvre depuis que les progressistes autoproclamés ont décidé que l'Europe se ferait contre les peuples, c'est-à-dire depuis le non au référendum sur la Constitution européenne en 2005 qui ne fut pas respecté. Le mépris du « non », pourtant majoritaire, par les présidents Chirac, Sarkozy, Hollande et Macron est fondamental pour comprendre la défiance des Français à qui on dénie toute forme d'intelligence politique quand ils ne votent pas comme on le leur prescrit. Cette atteinte profonde au contrat civique fondateur de la démocratie n'est pas le fait des partis « lépreux » que je sache.

    Plus grave, l'énormité historique suivante : l'Europe de l'entre-deux-guerres n'est évidemment pas lisible en termes politiques comme l'Union européenne des 28. Elle était composée d'États-nations souverains qui n'obéissaient pas à une entité supranationale comme c'est notre cas. En outre, aujourd'hui, l'hégémonie mondiale de l'idéologie capitaliste ultralibérale est telle qu'aucun modèle n'émerge pour s'opposer sérieusement à elle, alors que dans l'Europe d'entre-deux-guerres, des idéologies concurrentes puissantes avaient pris forme parmi les peuples (communisme, fascisme, nazisme) et se sont cristallisées politiquement dans trois pays, la Russie, l'Italie puis l'Allemagne. Autre différence et non des moindres s'agissant de menaces pour la paix : l'URSS et le IIIe Reich avaient des ambitions d'expansion territoriale, sinon d'hégémonie planétaire, et il s'agissait de nations hyper militarisées. En quoi les « lépreux » Orban et Salvini - pour ne retenir qu'eux - ont-ils une quelconque ambition belliqueuse de cette nature ? Ils souhaitent simplement se concentrer sur leurs intérêts strictement nationaux, protéger leurs frontières de flux migratoires incontrôlés par l'Europe de Schengen, refuser la société multiculturelle dont ils observent les échecs en France, en Allemagne, au Royaume-Uni, en Belgique. C'est un choix de souveraineté politique, leurs citoyens les ont élus pour cette politique et peuvent se dédire aux prochaines élections puisque ni Orban ni Salvini pour l'heure n'ont remplacé la démocratie par l'autocratie.

    Autre aspect de cet absurde raccourci comparatif : dans les trois cas, URSS, Italie fasciste, Allemagne nazie, la prise du pouvoir n'a rien eu de démocratique à la différence des gouvernements italiens, autrichiens ou hongrois vilipendés par Emmanuel Macron. La Russie est devenue l'URSS à la suite de la révolution bolchévique qui fut pour le moins un coup de force, venue d'une minorité politique extrémiste, favorisé par le contexte tragique des défaites militaires russes, la Russie de Nicolas II étant membre de la Triple entente. Staline prit le pouvoir après la mort de Lénine en 1924 après avoir éliminé tous ses concurrents, tout aussi violents politiquement et antidémocrates que lui, mais probablement moins malades mentalement que le Petit père des peuples. Mussolini accéda au pouvoir après une forme d'itinérance au demeurant ratée, la marche sur Rome d'octobre 1922. Cette démonstration de force maquillée a posteriori par le Duce en coup d'État, aura suffi à vaincre une démocratie italienne sans boussole, minée par les conflits internes, qui s'effondrera d'elle-même laissant Mussolini instaurer sa dictature fasciste, qui servira en partie de modèle à Hitler.

    Ce dernier n'a pas été élu démocratiquement, contrairement à la doxa qui sert le discours sentencieux actuel envers les citoyens-électeurs, à grand renfort de « retour des heures sombres » et d'entrisme par les Forces du Mal au sein de notre vertueuse machine démocratique. En effet, dans l'Allemagne de la jeune République de Weimar, née de l'effondrement du Reich en 1918, l'assemblée était élue à la proportionnelle intégrale et jusqu'aux élections de 1932 le NSDAP, le Parti des Travailleurs allemands Socialiste et National, ne dépasse pas les 20 %. Hitler échoue également à l'élection présidentielle de 1932 qui voit la réélection d'Hindenburg. Cette campagne aidera en effet le NSDAP à engranger des voix aux législatives suivantes puisque le parti dépasse les 30 % des suffrages, pour autant il n'est pas majoritaire. La majorité était composée par une coalition de centre-gauche qui n'échappa pas aux luttes intestines largement alimentées par la gauche (SPD et KPD), et empêchera la nomination d'un gouvernement d'union nationale qui aurait peut-être pu réduire la puissance montante du NSDAP. C'est l'incapacité des forces politiques démocratiques (cet adjectif est-il seulement admissible pour le KPD…) à s'entendre pour gouverner ensemble qui explique aussi qu'Hindenburg dût se résoudre à nommer Hitler. Il était après tout le chef du parti qui avait obtenu, seul, 33 % des voix aux législatives, mais les démocrates, en se coalisant durablement, pouvaient faire obstacle à sa nomination au poste de Chancelier. C'est leur faiblesse qui fit sa force, et non pas un imaginaire raz-de-marée électoral laissant penser que le peuple allemand aspirait unanimement à suivre Hitler dans les années 1930.

    Quant à réduire la montée des totalitarismes dans l'entre-deux-guerres à une conséquence de la crise de 1929 comme le laisse croire le président Macron, c'est encore voir l'histoire par le petit bout de la lorgnette. Ce genre de raccourci ne sert à faire comprendre ni le passé, ni le présent, il sert à manipuler l'opinion pour une politique à venir décidée sans le consulter. La crise de 1929 a montré pour la première fois à l'échelle mondiale, où conduisaient le capitalisme financier et sa spéculation sans limite, les prises de bénéfices indignes des gros opérateurs financiers en plein cœur d'une crise sans précédent, son culte de l'argent-roi et déjà l'économie ouverte à tous les vents mauvais. La critique de ce capitalisme amoral, contraire aux intérêts des peuples souverains, destructeur de la nature, asservi aux machines et transformant l'homme lui-même en machine, fut étouffée pendant des décennies par les délires des théoriciens de la lutte prolétarienne. Ils ne firent qu'alimenter la puissance capitaliste qui conduira à la multiplication des crises économiques jusqu'à celle de 2008 dont aucun dirigeant n'a réellement tiré la moindre analyse qui se transformerait en action politique. Au contraire, comme dans une course vers l'abyme on alimente plus que jamais la destruction de tout ce que l'humanité a forgé en plus de cinq mille ans d'histoire. L'homme atomisé machine à consommer est le produit de cette crise, on l'endort en lui promettant comme seul horizon de bonheur « plus de pouvoir d'achat ». Emmanuel Macron est l'homme de ce système : la société ouverte, inclusive, du village global, des flux sans contrôle de marchandises et des hommes - catégories bientôt synonymes. Et pourtant il ose accuser dans ces propos les « grands intérêts financiers qui dépassent parfois la place des États ». On peut être stupéfait quand cela est dit par le fondé de pouvoir de la Commission de Bruxelles ! Mais c'est habile pour convaincre une opinion publique rendue amnésique qu'on la protège des petits Hitler à nos portes, elle qu'on a rendue aveugle aux conséquences de l'irréparable. Cet irréparable est né quand l'économie industrielle au XIXe siècle prit le pas sur la politique au nom du Progrès, quand le capitalisme financier décréta la mise à mort des nations européennes seules capables de circonscrire sa dangerosité tant pour l'humanité que les écosystèmes. Cet irréparable est né quand des experts-comptables au service d'une oligarchie financière mondiale prirent la place des hommes d'État soucieux de défendre les intérêts de leur nation et de protéger leurs citoyens, tous leurs citoyens.   

    41zpjLhBYBL._SX320_BO1,204,203,200_.jpgBarbara Lefebvre est enseignante et essayiste, auteur de Génération j'ai le droit, (éd. Albin Michel 2018). 

     

     

     

    Lire aussi dans Lafautearousseau le dernier Lundi de Louis-Joseph Delanglade  

  • Le nationalisme français : son histoire et ses figures Un entretien du Cercle Henri Lagrange avec Philippe Conrad

     

    Un entretien du Cercle Henri Lagrange avec Philippe Conrad

     

    2293089609.14.jpgDisons d'abord que les entretiens du Cercle Henri Langrage sont en général d'une  grande qualité. Celui-ci n'échappe pas à la règle. Selon le formule habituelle, on n'est pas forcément d'accord sur tout. Mais il y a là de la part de Philippe Conrad une réflexion de fond sur le nationalisme - histoire, idéologie, avenir - qui nous intéresse au premier chef. A propos de plusieurs sujets, Philippe Conrad met en garde contre deux écueils pouvant affecter notre perception de l'histoire du nationalisme français : l'anachronisme et le manichéisme simplistes. Par paresse d'esprit ou information insuffisante. Ceux qui se donneront la peine d'écouter cet entretien très substantiel de près d'une heure et demie en tireront le plus grand bénéfice. Recommandé aux cadres du mouvement royaliste !  LFAR    

     

     

    Philippe Conrad est essayiste, historien et journaliste français, professeur d’histoire et directeur de séminaire au Collège interarmées de défense de 2003 à 2007, rédacteur en chef de La Nouvelle Revue d’histoire de 2013 à 2017, professeur d’histoire de l’Église au séminaire Saint-Philippe-Néri, président de l’Institut Iliade depuis 2014.

    0:22     Définition du nationalisme
    2:29     Nationalisme et révolution française
    6:09     La Révolution française fut-elle nationaliste ?
    9:07     Le nationalisme de gauche au XIXeme siècle
    14:39    Le nationalisme français germanophobe
    19:43    Le nationalisme français et le colonialisme
    23:47    Le général Boulanger
    27:56    L’affaire Dreyfus
    32:32    Édouard Drumont
    34:23    Déroulède et Barrès
    38:39    Le nationalisme français et la question de la race
    42:15    Charles Maurras
    45:15    Le nationalisme français : une préfiguration du fascisme ?
    49:24    Le colonel de La Rocque
    52:37    La tentation fasciste
    56:03    Le Parti populaire français
    1:00:47  Marcel Déat
    1:03:49  Gaullistes et pétainistes : une lutte pour la légitimité
    1:08:46  Le discrédit du nationalisme après-guerre
    1:10:45  le renouveau du nationalisme en France dans les années 60
    1:13:52  Le Front National
    1:18:43  La « Nouvelle Droite » et la voie européenne
    1:23:18  Souverainisme et nationalisme
    1:25:04  L’avenir du nationalisme

  • Racines & Histoire • Le cheval dans la diplomatie [2/3]

    jeanlouis-gouraud (1) cartouche.jpgPar Jean-Louis Gouraud

    Conférence prononcée par Jean-Louis Gouraud au XIe Salon du Cheval à Mazagan-Eljadida (Maroc) en octobre 2018. Parution en 3 parties dimanche 17, lundi 18 et mardi 19 mars.  

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    Souffleur : ce fut le triste sort réservé deux siècles plus tard à un autre cheval venu d’Afrique du Nord.

    Nous sommes en 1975, l’Algérie a accédé à l’indépendance depuis une douzaine d’années lorsqu’enfin le président de l’ancienne métropole s’y rend en visite officielle. C’est un événement, que le président algérien de l’époque, Houari Boumédiène, veut marquer d’un geste solennel.

    image174145-640x320-1461772744.jpgBien que simple fantassin et n’ayant jamais mis ses fesses sur un cheval, il connaît la haute valeur symbolique qu’on accorde, dans le monde arabe, au don d’un cheval : c’est un geste de confiance et d’amitié. Il ordonne donc de trouver dans ce qui reste d’un cheptel largement décimé par la guerre et par l’épidémie de peste équine qui frappa le pays dans les années 1966/1967, un bel étalon à offrir au président Giscard d’Estaing.

    32335_4970940080919_1577214104_n_zpsae5d5645.jpgOn en trouve un, dénommé Ouassal, un barbe pur, typique de sa race, gris, 1 m 54 au garrot, âgé de 6 ans. Plus embarrassé qu’honoré par cet encombrant cadeau, le président français en confie la garde aux Haras nationaux, qui ne savent trop qu’en faire, la race n’étant plus reconnue en France depuis 1962, c’est-à-dire la fin de la guerre d’Algérie et la dissolution des derniers régiments de Spahis. Alors on le relégua, le malheureux, au rôle un peu humiliant de simple renifleur… jusqu’à ce que, quinze ans plus tard, et donc en 1989 ou 1990, la race soit à nouveau reconnue (et je me flatte d’y être pour quelque chose !) en France. Voilà alors le brave Ouassal, qui n’est plus tout à fait jeune – il a un peu plus de vingt ans –, mais est encore vigoureux, autorisé enfin à saillir des juments en toute légitimité. A sa troisième saillie, le 1er janvier 1991, son cœur s’arrête brutalement. Mort d’émotion, sans doute.

    414ohBTr3AL.jpgLoin d’être oubliée, cette triste histoire a connu ces dernières semaines un rebondissement inattendu. Dans un ouvrage intitulé « Le soleil ne se lève plus à l’est » (Plon, 2018), Bernard Bajolet, l’ancien patron de la DGSE – les services secrets français – raconte ses souvenirs de diplomate. Il a de quoi raconter, en effet, ayant été en poste, avant de diriger le Renseignement extérieur, à Sarajevo, Ammam, Alger, Bagdad et Kaboul. Evoquant son premier poste en Algérie, comme simple attaché d’ambassade, il raconte que (je cite) « c’était fâché que j’avais quitté l’Algérie de ce premier séjour en 1978 ». Fâché pourquoi ? Parce qu’on ne l’avait pas autorisé à emmener avec lui un cheval dont il s’était entiché, « un superbe étalon barbe à la robe blanche et aux crins argentés », appelé Qalbi, ce qui en arabe, précise-t-il, signifie Mon cœur : « Les autorités refusèrent, raconte-t-il, de m’accorder le permis d’exportation en dépit de multiples démarches, sous le prétexte que ce cheval appartenait à une race protégée ».

    timthumb.jpgCes explications ont aussitôt déclenché dans la presse algérienne une vague de protestations d’autant plus véhémentes que Bernard Bajolet [Photo en compagnie de Bouteflika], dans d’autres passages de son livre, n’est pas tendre pour le régime algérien : « S’il semble avoir laissé son cœur en Algérie, écrit non sans ironie la journaliste Ghania Oukazi dans Le Quotidien d’Oran, en enjambant l’histoire, Bernard Bajolet a dû même y laisser sa mémoire ! ».

    L’ancien patron des services secrets français semble oublier en effet qu’à l’époque des faits, c’est la France, et non l’Algérie, qui avait nié l’existence du barbe en tant que race d’élevage. Comment reprocher dans ces conditions aux Algériens d’avoir pris, en limitant les exportations, des mesures de sauvegarde de la race ? Interrogé par le journaliste, le Dr Benaïssa, que tout le monde connaît pour avoir été l’un des fondateurs – et le secrétaire général – de l’OMCB (Organisation mondiale du cheval barbe), a rappelé cette chronologie, qui aurait dû amener Bajolet à un peu plus de modération dans ses propos.

    Une espèce de fatalité pèse ainsi sur les relations entre la France et l’Algérie à propos des chevaux. Après l’affaire Ouassal, il y eut, en 2003, l’affaire Mebrouk, un cheval offert par le lointain successeur de Boumédiène, Abdelaziz Bouteflika, au lointain successeur de Giscard, Jacques Chirac : pour des raisons qui m’échappent, cet étalon fut jugé par les zootechniciens français auxquels il fut confié, indigne de représenter la race barbe pure, et fut déclassé en « arabe-barbe ». Puis il y eut l’affaire Kheir : ce beau barbe, né comme Ouassal à Tiaret, alors âgé de 4 ans, fut offert à Nicolas Sarkozy. Hélas, à peine arrivé en France (en mars 2008), le pauvre animal – qui devait devenir le reproducteur de référence des Haras français – est atteint par l’épidémie d’artérite virale qui sévit alors… et doit être castré !

    JCC0609013.jpgSous le règne du président Hollande, nouvelle malchance : en 2012, le président Bouteflika offre à son nouvel homologue français cette fois non pas un cheval mais deux chevaux. Un mâle et une femelle : un cadeau exceptionnel ! S’il est en effet de tradition d’offrir des étalons, il est rarissime d’offrir des poulinières, sauf à vouloir honorer tout particulièrement le récipiendaire qui se trouve ainsi en mesure de perpétuer une lignée. Hélas, la forte charge symbolique dut échapper au président Hollande, les deux animaux étant séparés dès leur arrivée en France, le mâle confié au Haras du Pin, où d’ailleurs on ne pratique plus de saillies, et à la femelle à la jumenterie de Pompadour, où d’ailleurs l’État a cessé de faire naître des poulains.

    L’échange de chevaux s’est toujours mieux passé entre la France et le Maroc. Mais je ne m’étendrai pas sur le sujet.* (À suivre, demain mardi)  ■

    * J’évoquerai tout de même l’arrivée à Versailles le 16 février 1699 d’un lot de chevaux offerts par le Sultan du Maroc, Moulay-Ismaïl, à Louis XIV. Et l’heureuse surprise de Pierre Loti, lors de son voyage au Maroc, au printemps 1889, d’y voir la descendance de « trois juments normandes offertes par le gouvernement français au sultan Moulay-Hassan » vers 1885.
    Voir dans Lafautearousseau ...

    De Péroncel-Hugoz : JEAN-LOUIS GOURAUD, « LA PLUS BELLE CONQUÊTE DU CHEVAL »

    Racines & Histoire • Le cheval dans la diplomatie [1/2]

  • Merci à l'ultra-gauche violente et aux médias qui l'ont relayée : notre «Colloque Maurras» s'est tenu, bien tenu, et a «

    Entretien avec La Provence, samedi 21 avril

     

    2293089609.14.jpgLes médias sont à la fois partiaux et ignorants. En particulier à notre sujet... Ils ne s'expriment sur Maurras, sur nous-mêmes, qu'à coup de clichés, toujours les mêmes, sans savoir et sans comprendre. Leur « pensée » apparaît mécanisée. Et bien-sûr leur vocabulaire aussi ; il est de ce fait totalement prévisible, parfaitement  obligé, totalement répétitif d'un article l'autre. Leurs formules toutes faites, leur vocabulaire toujours identique à lui-même et dont l'on pourrait dresser un catalogue somme toute assez drôle et assez pauvre, suppléent en l'espèce à leur incompétence. Le tout est toujours malveillant.  

    Les médias que nous venons d'évoquer relayent en revanche systématiquement les haines et les slogans de l'ultra-gauche et des ligues dites antiracistes, en réalité antifrançaises. C'est le cas général : sur le plan national (France Inter, par exemple, qui a ouvert ses flashes d'information matinaux de jeudi et vendredi dernier sur l'indignation que notre colloque était censé soulever à Marseille. Faux !) comme sur le plan régional.  Et c'est tout particulièrement le cas de La Provence, quotidien en situation de quasi monopole local, qui, quoiqu'il s'en défende, compte parmi ses rédacteurs plusieurs  militants dits antifas. Situation absurde car nous ne sommes ni racistes, ni fascistes. Ils l'ignorent ou veulent l'ignorer. 

    Notre colloque devait se tenir à Marseille au Centre Cormier*, qui appartient à l'ordre dominicain. (Il s'agissait d'une location de salle). Alors, l'on a fait écrire pour la circonstance de vieux catholiques de gauche ou d'ex « résistants » indignés. Les « Jeunes socialistes » locaux (moins de 10 militants !) ont protesté par communiqué, l'on a interpellé l'archevêque de Marseille. Mais ce dernier a rappelé que les Dominicains sont une congrégation autonome et qu'il n'a pas autorité sur leur programmation. Et puis l'on a adressé aux pères dominicains des menaces plus agressives qui venaient des groupuscules de la gauche radicale, entraînés à les mettre à exécution dans toute la France, avec les plus extrêmes violences, contre les biens, les personnes, les forces de l'ordre et leurs adversaires politiques. Une autre forme de terrorisme dont tout le monde connaît les exactions. Les images de ces exactions sont dans toutes les mémoires. Très peu dans celle des médias... Il n'était pas impossible que le couvent soit victime d'agressions, que les messes soient troublées... En dernier ressort, les responsables des forces de l'ordre ont fait savoir qu'elles seraient trop occupées pour protéger le colloque... Le Centre Cormier, dans ce cas, avec notre parfait accord, ne pouvait plus continuer de mettre sa salle de conférence à notre disposition. Ceci fut décidé vendredi dernier à midi, pour un colloque devant s'ouvrir le lendemain matin, samedi, à 9 h 30... 

    Nous décrivons ce processus qui relève de la petite histoire, non par goût de l'étalage, que nous n'avons pas, mais pour pointer la situation dans laquelle notre pays, notre société, se trouvent aujourd'hui ; où en sont, chez nous, les libertés publiques et, en particulier tout simplement la liberté d'esprit et d'expression. C'est dans des circonstances analogues que les mêmes, il y a quelques semaines, avaient fait plier face à leur tapage le ministre de la Culture, Mme Nyssen, qui avait bel et bien inscrit Charles Maurras sur la liste des commémorations nationales pour 2018 et dut l'en retirer, mettre au pilon le catalogue y afférent et affronter la démission de dix des membres du Haut Comité chargé de les préparer, sur les douze qu'il comptait. Exit, d'ailleurs, le dit Haut Comité, désormais défunt.  

    Allions-nous plier, nous aussi, annuler le colloque, renoncer à le tenir ? C'est le bruit qui a couru. Mais ce n'était pas notre intention. Elle fut de trouver une salle de substitution**, de n'en rien dire à personne, surtout pas aux médias qui nous harcelaient de questions sur ce point précis, et de nous organiser de sorte que la totalité des inscrits, tous les participants ou presque, puissent être présents au colloque, non reporté mais seulement déplacé, le lendemain matin, avec très peu de retard, pour prendre part aux conférences et aux débats, ce qui fut tout à fait réussi. L'indignation avait changé de camp, une certaine colère s'y faisait sentir aussi, et les efforts de tous ont fait de cette journée de réflexions et d'échanges, une réussite remarquée.

    Le matin même était paru sur une page presque entière de La Provence l'entretien que nous y avons donné [Gérard POL pour Lafautearousseau] et que l'on pourra tenter de lire si l'on se reporte à l'illustration en haut de page. L'article répond aux caractéristiques habituelles des publications de La Provence, telles que nous les avons évoquées plus haut. Tout l'attirail habituel y est : le titre, les substantifs, les verbes, les adjectifs, les insinuations ... Les propos que nous y tenons sont à IMG_0853.JPGlire - au moins pour partie - au prisme de la partialité et de la propagande médiatique .... 

    Le Colloque a été ouvert autour de 10 heures par Jean Gugliotta, président de l'Union Royaliste Provençale et Hilaire de Crémiers, directeur de Politique magazine et de la Nouvelle Revue Universelle, en compagnie de Christian Franchet d'Espèrey son rédacteur-en-chef, devant une salle comble.   

    * Rues Sainte-Victoire et Edmond Rostand à Marseille

    ** Novotel, avenue du Prado.  

  • Racines & Histoire • Le cheval dans la diplomatie {3/3]

    jeanlouis-gouraud (1) cartouche.jpgPar Jean-Louis Gouraud

    Conférence prononcée par Jean-Louis Gouraud au XIe Salon du Cheval à Mazagan-Eljadida (Maroc) en octobre 2018. Parution en 3 parties dimanche 17, lundi 18 et ce mardi 19 mars.  

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    L’autre grand pourvoyeur de chevaux diplomates aux dirigeants français fut l’Empire ottoman, et son principal bénéficiaire l’empereur Napoléon 1er.

    téléchargement.jpgLe Janissaire, Le Soliman, Le Bacha, Le Bajazet lui ont été offerts en 1808 par le sultan Mahmoud II [Photo], inquiet que le résultat de la rencontre à Tilsit, l’année précédente, entre Napoléon et le tsar Alexandre 1er, ne lui soit défavorable.

    Il suivait en cela l’exemple de son cousin et prédécesseur Selim III, qui avait offert à Bonaparte, au début du règne de ce dernier, un cheval si extraordinaire, Le Vizir, que Napoléon ne voulut jamais s’en séparer, pas même lorsqu’il dût partir en exil à l’île d’Elbe !

    La légende raconte que lorsqu’il vit partir ce bel étalon gris pour la France, Selim [Photo] s’adressa à lui en ces termes : « Va, mon cher III._Selim.jpgVizir ! Va pour Mahomet, et va pour ton sultan ! Va, et deviens le plus illustre cheval de Napoléon. »

    Son vœu fut exaucé.

    Si le fait d’offrir un cheval a été souvent un moyen diplomatique assez efficace, une bonne façon de se concilier les bonnes grâces d’un concurrent, ou de se réconcilier avec un adversaire, il est arrivé au moins une fois que cela déclenche au contraire une véritable crise politique.

    Ce fut le cas, par exemple, lorsque François Mitterrand reçut, en 1993, un superbe cheval akhal-téké du président d’une républiquette gazière d’Asie centrale, le Turkménistan.

    86982_mazarine-une.jpgAu lieu de faire comme tous ses prédécesseurs – à savoir remettre l’animal à l’administration des Haras nationaux –, Mitterrand commit l’erreur de chercher à cacher ce qu’il allait en faire : l’offrir secrètement à sa fille naturelle, Mazarine, passionnée d’équitation. Pourquoi secrètement ? C’est qu’à l’époque, l’existence même de la petite Mazarine, fille illégitime du président, était un secret d’État bien gardé.

    Akhal_Teke_Stallion_-_Goklen.jpgTrop curieux sans doute, certains passionnés de chevaux – catégorie à laquelle j’avoue appartenir – finirent par découvrir que le bel étalon (d’ailleurs un peu caractériel) était logé dans une discrète résidence des environs de Paris, où la fille clandestine du président venait souvent passer ses week-ends. La révélation de cette double vie d’un homme usant d’un double langage et s’affranchissant allègrement de la séparation des affaires publiques des affaires privées provoqua un scandale qui, c’est certain, gâcha un peu ses dernières années de règne.

    On le voit : offrir un cheval n’est jamais un geste anodin. ■  (Suite et fin)

    Voir dans Lafautearousseau ...

    De Péroncel-Hugoz : JEAN-LOUIS GOURAUD, « LA PLUS BELLE CONQUÊTE DU CHEVAL »

    Racines & Histoire • Le cheval dans la diplomatie  [1/2]   [2/3]

  • Histoire • Saint-Roch : Les canons contre la démocratie

     

    Par Patrick Barrau

     

    LA VEDETTE SOURIANTE.JPGÀ la fin du Directoire, Sieyès, « homme sentencieux » selon Jacques Bainville, murmurait : « Il me faut une épée ! »

    Il constatait par là le rôle essentiel que l’armée, qui constituait avec les révolutionnaires un véritable « parti de la guerre », jouait désormais dans la vie politique de « l’après Convention », d’abord comme bras armé de l’exécutif, puis comme acteur politique direct. Cela allait conduire, après le coup de force du 18 fructidor (4 septembre 1797) au coup d’Etat du 18 brumaire. La première étape Royaliste numero 1150.jpgde cette intervention se trouve dans la sanglante répression de la manifestation des sections royalistes parisiennes du 5 octobre 1795, qui n’est pas, comme on la présente généralement, un coup d’arrêt à une tentative de prise de pouvoir, mais bien la suppression à coup de canon d’une revendication démocratique et une véritable « école du coup d’Etat ».

    Dans la « mélancolie des derniers jours de la Convention » qu’évoque Mathiez et dans le souci affirmé de « terminer la Révolution », la Constitution de l’an III fit l’objet de discussions vives entre le 23 juin et le 22 août 1795. Élaborée par une commission de onze membres, majoritairement modérés, elle confiait le pouvoir à un directoire de cinq membres et l’élaboration des lois à deux assemblées, le Conseil des Cinq-Cents et le Conseil des Anciens.

    La rédaction du texte se fit dans un contexte économique difficile, marqué par la perte de valeur de l’assignat et la hausse du coût de la vie qui frappèrent les masses populaires et les petits propriétaires.

    Lors des débats s’opposèrent le « parti de la guerre » représenté par les militaires affirmant la consubstantialité de l’armée avec la Révolution et le parti de la paix, royalistes et modérés, brocardés par les militaires comme étant « la Faction des anciennes limites », s’exprimant par la voix des sections parisiennes devenues royalistes. Beaucoup de Français aspiraient à l’ordre et à la paix et les concevaient sous la forme d’un retour à la royauté.

    Craignant que les élections aux nouvelles assemblées n’amènent une majorité d’élus royalistes ou modérés, le député Baudin préconisa dans un premier projet de décret** que les deux tiers des membres des deux Conseils, soit 500 sur 750, soient réservés aux membres de l’ancienne Convention. Puis, face aux protestations des sections, il prescrivit dans un autre projet que les assemblées électorales commenceraient leurs opérations par l’élection des deux tiers au début du processus électoral qui devait se dérouler du 20 au 29 Vendémiaire (12 au 21 octobre 1795). Il justifiait cette mesure comme le moyen de garantir un ordre stable et de poser « une barrière contre l’esprit d’innovation ».

    On peut pourtant s’étonner de voir des hommes habitués à gouverner de manière révolutionnaire vouloir gouverner constitutionnellement et constater qu’un régime qui se méfiait du peuple qu’il venait de proclamer « souverain » allait lui imposer ses propres choix.

    On peut aussi, avec Mona Ozouf, être surpris de voir « des constituants être constitués et des mandataires être mandatés ». Il y a une différence profonde entre permettre la rééligibilité et l’imposer sans donner au peuple la possibilité de se prononcer. C’est au nom du « salut public » qu’est justifiée cette atteinte au libre choix des citoyens. Mais peut-être s’agissait-il surtout pour eux, selon la formule de Taine, de « rester en place pour rester en vie ».

    Le premier décret fut adopté avec la Constitution du 5 Fructidor (22 août). Le second fut adopté le 13 Fructidor (30 août). Ces textes témoignent de la désinvolture avec laquelle on traitait le droit d’élire et la souveraineté nationale, portant ainsi la responsabilité du développement d’un courant antiparlementaire. Le 28 Fructidor (6 septembre) les assemblées primaires se déterminèrent au suffrage universel, sans condition de cens, sur la Constitution et les deux décrets. La ratification des deux textes fut plus difficile que celle de la Constitution. Avec un taux d’abstention de 95%, les textes furent rejetés par 19 départements et par 47 sections parisiennes sur 48. Les royalistes, qui espéraient rétablir la monarchie par des voies légales, s’insurgèrent contre ce déni de démocratie et appelèrent à l’insurrection pour forcer la Convention à révoquer ces décrets avant les élections.

    Le soir du 11 vendémiaire (3 octobre) sept sections se déclarèrent en insurrection. Le 13, la Convention, inquiète du mouvement populaire, chargea Barras du commandement des troupes de Paris. Celui-ci proposa à Bonaparte, qu’il avait connu lors du siège de Toulon, d’être son adjoint. Après réflexion Bonaparte accepta en déclarant à Barras : « Si je tire l’épée, elle ne rentrera dans le fourreau que quand l’ordre sera rétabli ». Celui-ci ordonna à Murat de récupérer 40 canons au camp des Sablons qui furent placés au petit jour aux extrémités des rues menant aux Tuileries où siégeait la Convention, en particulier à l’angle de la rue Saint Roch et de la rue Saint Honoré ainsi qu’au couvent des Feuillants pour couvrir la rue Saint Honoré. Les sectionnaires, auxquels s’étaient joints des gardes nationaux, soit 25 000 hommes s’organisèrent en deux colonnes, l’une partant de l’église Saint Roch, l’autre partant du Pont Neuf. À 15 heures les sectionnaires encerclèrent la Convention. À 16 heures 30 Bonaparte commanda aux canonniers de tirer des plombs de mitraille. La canonnade dura trois quarts d’heure et l’on releva près de 300 morts sur les marches de l’église Saint Roch. Ce massacre, qui valut à Bonaparte le surnom de « Général Vendémiaire », constitue la première illustration de la survie problématique d’un régime suspendu à l’intervention militaire.

    L’armée intervint une nouvelle fois le 18 Fructidor an V (4 septembre 1797) lors des élections suivantes qui amenèrent à nouveau une majorité d’élus royalistes à l’initiative de trois directeurs dont Barras. Les militaires dirigés par Augereau, fidèle lieutenant de Bonaparte, occupèrent Paris. Il y eut de nombreuses arrestations, y compris celle des deux directeurs hostiles à l’intervention militaire et les élections furent annulées dans quarante-neuf départements. À nouveau la République était sauvée au détriment de la légalité. Le rôle de l’armée allait s’affirmer après ces deux interventions jusqu’au 18 Brumaire et à la prise du pouvoir par Bonaparte – qui allait poursuivre la guerre révolutionnaire pour les « frontières naturelles ».

    Le 1er juillet 1791, s’adressant aux « Républicains » devant le club des Jacobins, Choderlos de Laclos eut cette phrase prémonitoire : « Je leur demanderai si nous n’aurons pas des empereurs nommés par des soldats. »

    Les 300 martyrs royalistes de Saint Roch témoignent donc du combat pour la défense de la démocratie et de la souveraineté nationale face à un pouvoir méprisant la légalité et les droits d’un peuple en s’appuyant sur la force. 

    * Historien du Droit, ancien directeur de l’institut régional du travail.

    ** Selon Mona Ozouf, l’appellation « décret » serait inadéquate : « Les deux lois […] improprement baptisées décrets des deux-tiers […].» Mona Ozouf, 1996, « Les décrets des deux-tiers ou les leçons de l’histoire » in 1795 pour une République sans Révolution, Rennes, PUR.

    Cet article est paru dans Royaliste, bimensuel de la Nouvelle Action Royaliste, numéro 1150 (10 septembre - 23 septembre 2018). La Nouvelle Action Royaliste rappelle en préambule que les royalistes d'alors préparaient le retour légal à la monarchie royale et que c’est la décision de réserver les deux-tiers des sièges aux anciens conventionnels dans les Conseils des Anciens et des Cinq-Cents pour éviter l’élection d’une majorité de royalistes qui poussa les sections parisiennes à l’insurrection. Il est indiqué que c'est ce mouvement populaire et démocratique que la Nouvelle Action royaliste va commémorer, le 6 octobre, devant l’église Saint-Roch.

  • Faillites technocratiques 2020, l’année du naufrage de l’Etat français, avec Edouard Husson, Charles Reviens.

    11.jpgAtlantico.fr : En quoi l’année 2020 a été le révélateur des faillites technocratiques de l’Etat ? 

    Edouard Husson : Je pense qu’il faut faire la part des circonstances: elles ont accéléré une prise de conscience qui aurait dû avoir lieu plus tôt. La crise du Covid-19 sert en effet de révélateur sur plusieurs points: Emmanuel Macron représente théoriquement ce qu’il y a de meilleur dans la haute administration. Or il y a un contraste fort entre ses poses de « chef de guerre » et son incapacité à faire face à une épidémie d’intensité très relative si l’on se fonde sur les chiffres de la mortalité.  Il n’est pas le seul. Edouard Philippe aura réagi aussi comme un technocrate dépassé par les événements. Il est vrai qu’après Philippe on a Castex. Si l’on pointe l’objectif sur le Ministère de la Santé, Olivier Véran ou Jérôme Salomon révèlent une grave baisse de niveau dans la formation de nos médecins: le facteur humain, si important dans le rapport entre un médecin et son patient, a fortiori entre le ministère de la Santé et une société plongée dans l’incertitude par un virus inconnu, est totalement absent du comportement de ces docteurs Knock. Et surtout, la mise en place des Agences Régionales de Santé il y a une dizaine d’années a produit une bureaucratie qui coûte très cher mais semble largement parasiter le fonctionnement de l’hôpital. Nous aurons donc eu une équipe très peu politique, très bureaucratique en charge de combattre une épidémie qui demandait une souplesse d’analyse et une réelle capacité organisatrice, du bon sens, une vue synthétique. Il aurait fallu faire confiance à nos grands chercheurs, laisser faire la médecine de ville, solliciter nos industriels pour faire fabriquer ou importer ce qui nous manquait en stock. Il aurait été vital de fermer nos frontières, de faire confiance à l’immunité collective tout en protégeant de manière ciblée les personnes à risque. Mais pour cela nous ne pouvons pas être gouvernés par des bureaucrates. Nous avons besoin de personnalités politiques dans un pays qui ait gardé une culture industrielle.  

    Charles Reviens : L’extraordinaire année 2020 qui s’achève a permis une impitoyable analyse comparative des performances des écosystèmes publics nationaux, sanitaires mais pas seulement, pour la simple et bonne raison que la covid-19, à la différence d’autres pandémies récentes, a touché à peu près en même temps tous les pays du monde. Le système public français dominé par son Etat, a ainsi dû en temps réel voir ses choix et plans d’action comparés à ceux de nombreux autres pays, par exemple les autres pays occidentaux et les pays asiatiques développés.

    La crise sanitaire de 2020 est donc un rare moment de vérité pour l’Etat de notre pays en montrant au grand jour l’aboutissement de tendances de long terme et révélant de façon assez facile sa performance relative en matière de préparation et de résilience dans tous les domaines d’action publique impactés et ils sont nombreux.

    Dans le domaine sanitaire, une étude récente analyse la progressive dégradation de fait de la grande institution républicaine qu’est depuis 1945 l’hôpital public sous le poids d’une bureaucratisation et centralisation croissante, de limitation des investissements avec des personnels soignants « profitant » certes depuis de 20 ans des 35 heures mais au prix de rémunérations faibles et de réduction de moyens.

    Le benchmark covid-19 de 2020 conduit ensuite au douloureux constat d’une performance sanitaire française plutôt médiocre : qualité de la prévention, réactivité, gestion de crise, nombre de contaminés ou de décès par unité de population…. La comparaison est effectivement cruelle avec la totalité des pays développés d’Asie mais également avec les voisins allemands, dotés d’une organisation sanitaire décentralisée et de moyens initiaux très supérieurs tant dans le domaine des tests que dans leurs capacités hospitalières. On note d’ailleurs que pour d’autres raisons les pays anglo-saxons ont également des résultats médiocres, avec par exemple 80 fois plus de décès covid-19 par unité de population que la Corée du Sud.

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    Si l’on se penche sur les enjeux de sécurité et d’ordre public, il faut rappeler que les augmentations très importantes de dépenses publiques françaises (tout simplement les plus élevées des 37 pays membres de l’OCDE) n’ont absolument pas profité aux fonctions régaliennes de l’Etat et notamment aux politiques de sécurité et d’ordre public. S’ajoute à cela la hantise pour les responsables politiques du syndrome Malik Oussékine (décédé en 1986 lors des manifestations de protestation contre la réforme des universités), à l’instar de la situation dans les banlieues en 2005. L’année 2020 poursuit quelque peu cette tendance avec certains événements à très fort impact médiatique conduisant à une remise en cause inédite de l’institution policière, dont le caractère impartial et républicain est pour partie remis en cause jusqu’au plus haut niveau de l’Etat.

    Une autre grande institution française et républicaine semble également en péril. Les résultats mauvais pour la France de l’enquête 2019 TIMSS sur le niveau des élèves en science et en mathématiques rentrent en résonnance avec les restitutions régulières des enquêtes PISA de l’OCDE qui placent la France à un rang au mieux moyen, avec en outre la spécificité d’un écart particulièrement important des élèves en fonction du milieu socio-professionnel de leurs parents. Tout cela renvoie à la fois au cadre pédagogique de l’éducation en France depuis un demi-siècle ainsi qu’au fait les enseignants en France sont, comme leurs collègues soignants, nombreux, travaillant plutôt moins qu’ailleurs mais également particulièrement mal payés. La crise sanitaire a confirmé ces tendances.

    Pourquoi l’Etat français et son système social qui étaient si performant (et vantés dans le monde entier) sont-ils devenus si obèses et impotents ?

    Edouard Husson : La France a tiré le plus mauvais parti possible de Maastricht. Loin de rendre l’Etat vertueux, le système de banques centrales a permis aux dirigeants français un endettement apparemment sans douleur, à l’abri des taux allemands. Comme par ailleurs la monnaie unique était surévaluée pour l’appareil socioéconomique français (il s’agit moins de productivité des individus que de poids des charges sociales), il y a eu un laisser-aller français, sur lequel l’Allemagne a fermé les yeux car elle a besoin de la France pour que la monnaie unique tienne: on a créé des emplois publics faute de création d’emplois par le secteur marchand. Ajoutez le tournant raté d’un véritable contrôle de l’immigration, durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. L’immigration légale et illégale pèse énormément sur les finances publiques dans un pays qui ne crée pas d’emplois industriels. Enfin, cerise sur le gâteau, la crise de l’Education Nationale et, plus généralement, de notre capacité à former les jeunes générations aux emplois de la troisième révolution industrielle. Prestations sociales, coûts visibles et cachés de l’immigration, faiblesse du taux d’emploi dans le secteur marchand, étiolement du secteur industriel. Depuis que Nicolas Sarkozy a réalisé un quinquennat en demi-teinte, le pays s’est donné successivement à un apparatchik dépassé par la complexité de la situation puis à un bureaucrate caractérisé par un fort contraste entre sa compréhension, médiocre, des enjeux du monde et de la nation et sa volonté de puissance, sans limite.

     

    Charles Reviens : La France est tout à fait spécifique en matière de finances publiques dans l’OCDE : les plus gros impôts n’arrivent pas à financer les plus grosses dépenses publiques toujours croissantes avec apparition par accumulation de déficits d’une dette publique particulièrement élevée alors qu’elle était très faible au début des années 1970. L’énorme dépense publique est avant tout au service d’un Etat social plus ou moins hors de contrôle, alors même que les dépenses régaliennes ou l’investissement public sont tendanciellement en régression.

    Il est effectivement de plus en plus difficile de considérer que ces dépenses sociales conduisent à un Etat social performant. Le doute est de mise sur leur soutenabilité et leur efficacité, comme en atteste la performance déjà évoquée de l’écosystème sanitaire français dans la pandémie ou d’autres convulsions à l’instar du mouvement des gilets jaunes de 2018-2019.

    Le caractère « obèse » et « impotent » évoqué tient principalement à des décisions publiques particulièrement impactantes prises il y a plusieurs décennies par la gauche (retraite à 60 ans en 1982, RMI devenu RSA en 1988, réduction du temps de travail en 1997) puis fait avalisées par la droite au pouvoir ensuite, décisions qu’il est extraordinairement difficile de remettre en cause. La dérive financière des dépenses sociales conduit en outre à l’étranglement tant de l’Etat régalien que de l’économie productive.

    A l’instar d’un Gorbatchev, Emmanuel Macron serait-t-il le fossoyeur d’un système technocratique qu’il avait été élu pour sauver ?

    Edouard Husson : Gorbatchev avait vécu, avant d’arriver au pouvoir. Comme beaucoup de Soviétiques qui avaient connu la Seconde Guerre mondiale, il avait été formé à l’école de la vie. Emmanuel Macron n’a rien vécu. Il se meut dans un univers protégé, celui de la haute fonction publique française. Il a eu de puissants parrains mais dont l’objectif est de pérenniser la rente qu’ils tirent de l’ouverture de la France à la mondialisation. Alors effectivement, pour faire écran entre la société française, sans protections réelles, et les grands vents de la mondialisation et de la troisième révolution industrielle, notre « aristocratie stato-financière », comme l’appelle Emmanuel Todd, a laissé proliférer un secteur public central et territorial qui coûte toujours plus cher dans un pays de plus en plus endetté grâce aux facilités qu’accorde le système des banques centrales européennes et, bientôt, la Commission européenne. Emmanuel Macron n’a pas de plan B. Celui que certains ont appelé, par une flagornerie qui touche à la bêtise, le « Mozart de la finance » ne sait faire qu’une chose: endetter toujours plus le pays pour pallier les ratés de sa politique. Même si on lui laisse deux ou trois bonnes intuitions dans la réforme du Code du Travail, cela pèsera peu au bout du compte à côté de la crise des Gilets Jaunes, du fiasco de la réforme des retraites et de la Berezina du Covid-19. 

    Quelles armes reste-t-il aux citoyens français pour obtenir que l’Etat se ressaisisse ?

    Edouard Husson : Nous sommes dans une situation curieuse où d’un côté le pays est anesthésié par l’argent facile de la BCE et la prolifération des emplois publics; et de l’autre un véritable malaise couve sous la cendre des trois gâchis du quinquennat (Gilets Jaunes, Retraites, Coronavirus). Comme le président a de plus amorcé un jeu très dangereux consistant à déplacer pour raisons sanitaires les élections sans aucune cohérence dans les reports, il n’est pas impossible qu’il y ait une grosse explosion sociale avant les régionales ou les présidentielles. Le vote doit normalement canaliser les frustrations. Si ce n’est plus le cas, le pays cherchera d’autres exutoires. Je pense en particulier qu’il y a un point que personne n’a voulu voir: les fonctionnaires n’ont eu aucun sacrifice à faire durant la crise du coronavirus. Pour eux, il n’y a pas eu de feuille de paie réduite par le chômage partiel. C’est un potentiel explosif considérable. 

    Charles Reviens : Commençons par revenir aux fondamentaux de la situation française. Tout au long du XVIIIème siècle la France, premier Etat-nation abouti, était la troisième puissance démographique et économique du monde, derrière la Chine et l’Inde. C’est aujourd’hui la 27ème population du monde du fait d’un repli démographique très précoce et la 9ème économie suivant la méthodologie parité des pouvoirs d’achat du FMI. Cette évolution peut expliquer certains éléments de la nostalgie et du déclinisme français.

    Pour améliorer la situation de la France et de son Etat, il serait particulièrement utile d’abandonner collectivement plusieurs cadres idéologiques qui ne marchent pas : refus de la recherche de la concorde et guerre de tous contre tous, mépris constant des questions de compétitivité économique (« l’intendance suivra »), conscience de la réalité des confrontations économiques et technologiques, amour immodéré de l’égalité et de l’égalitarisme, abandon regrettable dans les années 1980 des ambitions en matière industrielle et d’aménagement du territoire, soutenabilité économique et anthropologique de la politique d’immigration.

    Il est peu probable que  telles transformations se fassent sans résistance : concernant ainsi le seul sujet de l’immigration, l’essayiste britannique Douglas Murray indique dans un récent article du Figaro que « pour admettre le défi auquel nous sommes confrontés, il faudra admettre que plusieurs générations de décideurs politiques à travers l’Europe ont commis des erreurs historiques ou été totalement incompétentes. Le plus simple, pour les politiques, est toujours de remettre cette question à plus tard, de mettre un terme à la discussion et de persécuter les gens parce qu’ils ont dit la vérité ».

    Se pose également une question sur les modalités d’exercice du pouvoir en France dont on commence à voir les défauts : poids devenu dominant des enjeux de communication dans l’action politique, centralisation politique et administrative sans aucun équivalent dans le monde développé et aboutissant pourtant à « absolutisme inefficace » dénoncé par Jean-François Revel dès 1992. Jacques Julliard nous disait récemment que « beaucoup des absurdités que chacun dénonce depuis un an proviennent de ce que la France est tout à la fois suradministrée et sous-gouvernée. »

    On peut enfin rappeler l’ouvrage de 2006 de Jacques Marseill

  • Histoire & Cinéma • Le « Danton » de Wajda, un révélateur

     

    Pae Jean-Philippe Chauvin  

     

    1345578492.jpgLe cinéaste polonais Andrzej Wajda vient de mourir, rejoignant au paradis des grands hommes l’autre grand Polonais du siècle, le pape Jean-Paul II, en attendant Lech Walesa, l’ouvrier des chantiers de Gdansk. Au moment même où la Pologne oublie ses liens historiques avec la France et préfère des hélicoptères états-uniens aux appareils français Caracal, il n’est pas inutile néanmoins de nous souvenir de ce film de Wajda qui porte sur une part sombre de notre propre histoire, la Révolution française, et qui vit Gérard Depardieu endosser le rôle d’un Danton entraîné et dépassé par l’événement. « Danton » est un film qui, comme le rappelle Guillaume Perrault dans les colonnes du Figaro de ce mardi 11 octobre, a fortement dérangé une certaine gauche qui s’apprêtait alors à célébrer le bicentenaire de la Révolution de 1789, en particulier par ce qu’il disait de l’esprit des républicains de 1794 et du mécanisme qu’ils avaient mis en place et qui, d’ailleurs, allait broyer la plupart d’entre eux… 

    Je me souviens que Combat royaliste, l’éphémère journal du MRF (Mouvement Royaliste Français), avait, à l’époque, vanté ce film surprenant qui détruisait le mythe d’une Révolution innocente et vertueuse. De plus, nous regardions alors avec intérêt ce qui se passait dans la patrie du cinéaste, arborant parfois sur nos pulls le badge « Solidarnosc » et défilant contre ce communisme qui restait encore (mais plus pour longtemps) maître du jeu de l’autre côté du Rideau de fer, et nous ne pouvions nous empêcher de faire des rapprochements entre les deux régimes dictatoriaux, celui de 1794 en France et celui des années 1980 en Pologne (même si cette dernière n’était pas la Russie de Lénine). En cela, Wajda confirmait ce que nous disions depuis si longtemps et il y apportait sa crédibilité et son statut de grand cinéaste mondialement reconnu. 

    Guillaume Perrault résume avec bonheur la réception de ce film emblématique dans la France de François Mitterrand, ce président ambigu dont je soupçonne désormais qu’il n’était pas forcément mécontent de participer, à sa manière de « Florentin », à la déconstruction du mythe grand-révolutionnaire… « Le ministère de la culture, dirigé à l’époque par Jack Lang, a accepté de coproduire Danton de Wajda. Or, sorti sur les écrans français en janvier 1983, le film stupéfie ses bailleurs de fonds. Loin de donner une image « globalement positive » de la Révolution comme ils l’escomptaient, l’artiste polonais peint la Terreur dans toute son horreur. Il décrit la peur qui taraude les Conventionnels face à Robespierre, croque les membres les plus extrémistes du comité de salut public – Collot d’Herbois, Billaud-Varenne – comme des demi-fous, ressuscite le règne de la délation, la paranoïa, les procès truqués, la guillotine. » Pour le royaliste que j’étais, fortement imprégné de la pensée contre-révolutionnaire et « héritier » des Vendéens et des Chouans (dont j’appris bien plus tard qu’ils avaient pu être mes ancêtres de chair, près de Loudéac et à Saint-Florent-le-vieil !), ce film était une « divine surprise » qui venait appuyer et approuver, par le talent du cinéaste et par l’image, ma propre dénonciation de ce qu’avait été le moment fondateur de la République en France. Mais, étrangement, je n’avais pas vraiment « exploité » cette œuvre, comme si j’avais craint, en le faisant, de la rendre moins convaincante aux yeux des spectateurs : une timidité que je n’ai plus désormais, d’ailleurs ! 

    tete%20pique.jpgLa République a-t-elle développé, en sa période inaugurale, une sorte de totalitarisme, heureusement inachevée ? Peut-être n’en avais-je pas alors, au début des années 1980 et de mon engagement politique, entièrement conscience, malgré ma lecture de Bertrand de Jouvenel, et il me faudra attendre un séminaire organisé par la revue rouennaise L’Avant-garde royaliste sur « le totalitarisme », l’année suivante je crois, pour m’en convaincre vraiment. Tout comme je ne prendrai vraiment conscience des méthodes exterminatrices de la Première République en Vendée que lorsque Reynald Secher viendra présenter à ma mère (et en ma présence), un soir d’automne, quelques unes de ses découvertes faites dans des cartons d’archives jusque là inexploités. Lui-même s’avouait estomaqué par ce qu’il avait trouvé et qui dépassait tout ce que l’on pouvait imaginer et craindre… Et c’était moi, le royaliste, qui semblait incrédule devant les preuves qu’ils m’annonçaient de cet infernal génocide, voté par les Conventionnels en 1793 ! 

    Pourtant, Wajda avait ouvert la voie d’une reconnaissance plus vaste des mécanismes sanglants des régimes totalitaires par la force évocatrice de son œuvre et l’interprétation magistrale d’un Depardieu, Danton à la fois « grande gueule » et étonnamment faible et fataliste face à l’engrenage de la Terreur dont il avait créé l’un des principaux instruments, le Tribunal révolutionnaire. 

    Par son film, « Wajda livre le fond de son âme : la Terreur est une première manifestation du totalitarisme. L’excuse par les circonstances (la nécessité de lutter contre les ennemis intérieurs et extérieurs), invoquée par les ex-terroristes eux-mêmes après le 9 Thermidor et répétée par des générations d’hommes politiques et historiens français pendant un siècle et demi, se révèle spécieuse. Et c’est à bon droit que Lénine comptait les Jacobins parmi ses précurseurs. » Nombre de républicains français verront ainsi dans la révolution bolchevique russe une répétition (victorieuse pour quelques décennies) de la Grande Révolution française, et préféreront fermer les yeux sur les crimes de Lénine en se rappelant que « la fin justifie les moyens », et que Robespierre, après tout, n’avait pas agi autrement que le dictateur communiste : n’était-ce pas pour la « bonne » cause ? 

    Les totalitarismes reposent aussi sur l’aveuglement et le déni des réalités, et cela en tout temps : Andrzej Wajda, en définitive, le montrait quand les réactions de la Gauche de l’époque le démontraient… 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin