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Grandes "Une" de L'Action française : sur l'évasion de Léon Daudet, puis son exil volontaire en Belgique (2/4)...

Après que les Camelots du Roi l'eurent délivré de la Prison de la Santé, Léon Daudet se réfugia en Belgique. Le Royaume lui accorda l'asile, contre la promesse de ne pas mener depuis ce pays une action politique, qui eut pu embarrasser diplomatiquement le gouvernement. Voila pourquoi, lorsque Daudet prononça une conférence à Spa, le samedi 20 août 1927, le journal du lendemain en rendit compte, évidemment, mais d'une façon très discrète et volontairement "diplomatique" (!) : 

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Ce n'est, du reste, que le surlendemain, donc le lundi 22 août, que le journal donnera - toujours en "Une" - le très court et inattaquable compte-rendu de la réunion...

 

Précédent :

• Grandes "Une" de L'Action française : sur l'évasion de Léon Daudet, puis son exil volontaire en Belgique (1/4)...

À suivre :

ce mardi 28 : l'article des "vingt ans du Journal"...

ce vendredi 1er juillet : le retour triomphal de "Léon" à Paris...

 

 

(retrouvez notre sélection de "Une" dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française")

 

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Tiré de notre Album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet

voir les trois photos :

En exil, la gestation de "Paris vécu"...

20 août 1927 : la conférence en exil à Spa...

• et la photo/document seule : Léon Daudet à Spa...

 

 

Léon Daudet prononça en effet une mémorable conférence, "littéraire" - et non "politique, on va voir pourquoi... - à l'Apollo, de Spa, le 20 août 1927.

C'est au début de son exil qu'il fut invité à faire cette conférence à Spa, au cinéma Apollo, le samedi 20 août, à 17 heures : le thème de l'exposé était :

"Les salons littéraires de la IIIème République".


Après la conférence à l'Apollo et un détour par le Neubois, où il pensait pouvoir visiter l'abri du Kaiser, Léon Daudet fut invité à dîner chez le baron de Crawhez, route de la Sauvenière.
Léon Daudet a raconté cela dans "Vingt-neuf mois d'exil", dont voici un extrait significatif :

"...Tout de suite, les Cahiers mosans, dont s'occupent, avec talent et persévérance, Paul Dresse et Raymond Janne, m'avaient demandé de faire une conférence à Spa.
Conférence littéraire, bien entendu. Car très résolu à continuer mes campagnes quotidiennes dans l'Action Française avec la même virulence que lorsque j'étais dans mon bureau de la rue de Rome, je n'étais pas moins décidé à ne manifester aucune activité politique en Belgique même et, bien entendu, à ne créer aucune difficulté, d'aucun ordre, au noble pays dont j'étais l'hôte.
Il y a, à Bruxelles, un groupement important d'Action française, je veux dire de Français et de Belges, qui suivent les doctrines de Maurras et commentent le journal.
Je n'y ai jamais mis les pieds, m'excusant auprès de nos amis et leur exposant de vive voix ce que je viens de dire.
J'étais d'ailleurs averti que l'ambassadeur de France Herbette, le pauvre diable qui a eu récemment à Paris, pendant un séjour, la fin lamentable que l'on sait, était prêt à me chercher des poux et à tracasser le gouvernement belge à mon sujet. Mais il n'en eut pas le prétexte.
Je n'avais jamais encore eu l'occasion de visiter Spa, où séjourna Guillaume II pendant la guerre européenne.
C'est une ville d'eaux ravissante et luxueuse, située à l'entrée des Ardennes, entourée de vallonnements sauvages et nuancés, aux courbes harmonieuses.
Il y a là des domaines et des villas de toute beauté, dominant des forêts à la Shakespeare et que l'on sent prêtes à se mettre en marche, comme dans Macbeth. Ces installations princières et d'un goût sobre, sans nulle flamboyance, rappelant les demeures écossaises, semblent propices à la poésie et au rêve. Parmi elles, celle des parents de Paul Dresse (son père fut jeté en prison pendant l'occupation) et de l'aimable bourgmestre, le baron Crawhez, me remplirent d'admiration.
Nous déjeunâmes dans la première avant la conférence et nous dînâmes dans la seconde. Bien qu'on fût au mois d'août, il y avait un joli feu de bois dans les vastes cheminées.
Tout se passa le mieux du monde. Des Camelots du roi étaient arrivés de Paris pour faire discrètement la police de la salle, certains bruits bizarres étant parvenus à nos services de renseignements.
Je sus plus tard, de très bonne source, que ces bruits étaient fondés.
Voici ce qu'on me raconta ; des inspecteurs de la Sûreté générale avaient l'intention de passer la frontière, avec une forte automobile, de soulever un incident violent pendant que je parlerais et, à la faveur du brouhaha, de m'enlever de vive force !
Le duc d'Enghien, au petit pied, quoi !
Mais le baron Crawhez, ayant eu vent de ce complot, vint à la conférence avec son écharpe; sa présence et celle, vite éventée, des Camelots, firent réfléchir "ces messieurs", qui demeurèrent cois et inodores.
Le public me manifesta chaleureusement sa sympathie.
La Sûreté française ne prévoyait pas les conséquences d'une telle violation de territoire qui, aux yeux du peuple indépendant qu'est le peuple belge, fût apparue comme une intolérable injure.
Il est heureux, pour les argousins, que le beau projet ait fusé".
(tiré de "Souvenirs littéraires", Le Livre de Poche, pages 452/445).

 



Illustration : le compte-rendu de la conférence, dans L'Action française du 22 août 1927.
Le document étant illisible, en voici la transcription :

 

20 août 1927 : la conférence en exil, à Spa...

 


La conférence de Léon Daudet à Spa.

Samedi, lorsqu'à 5h14, Léon Daudet fit son entrée sur la scène de l'Apollo de Spa, la salle, pleine à craquer depuis de longs instants déjà, fit à notre directeur une ovation qui, pour quelques moments, le replonge dans l'atmosphère enthousiaste de ses vastes auditoires parisiens.
En quelques mots émouvants, Léon Daudet montre la ressemblance des auditoires devant lesquels il lui a été donné de parler et de ses auditoires français; elle est telle que pour lui ils ne font qu'un, comme à ses yeux Belges et Français sont frères.
Puis, devant un public suspendu à ses lèvres et qui, par des applaudissements répétés, bientôt devenus d'interminables ovations, lui marquent son plaisir et son admiration, Léon Daudet fait défiler les rénovateurs de la langue d'oc.
Il glorifie ces félibres dont l'oeuvre prend chaque jour une place plus importante dans la littérature française, le maître, Frédéric Mistral, et ces deux très grands poètes, Roumanille et Théodore Aubanel.
Puis il présente rapidement quelques uns des écrivains et savants qui se rencontraient autour de son père à Champrosay.
Il campe et anime magnifiquement tour à tour Drumont, Rochefort, Clemenceau, Geoffroy, Paul Arène, Théodore de Banville.
Sur chacun, anecdotes inédites, souvenirs curieux et caractéristiques, jugements fortement motivés qui font la joie de ses auditeurs et leur révèlent un Daudet trop peu connu des foules.
Il est près de 7 heures lorsque cette magnifique conférence se termine.
Elle soulève une ovation finale qui rappelle les beaux jours de Luna Park et de la salle Wagram.
Quels que soient les bruits qui avaient pu circuler, aucun incident ne s'est produit; cela est d'autant plus heureux qu'un certain nombre de nos amis belges étaient bien décidés à faire respecter leur hôte et les traditions généreuses de leur patrie.

 

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Pour lire l'article...

Cliquez sur le lien qui suit ces quelques explications; vous tomberez sur la Une du dimanche 21 Août 1927. En bas de page, une courte "barre de tâches" vous permet d'utiliser le zoom (tout à gauche de la barre) et de changer de page (flèche tout à droite); une fois appuyé sur "zoom", vous aurez, cette fois tout en haut de la page, une autre "barre de tâches" : en cliquant sur le "+", il ne vous restera plus, avec votre souris, qu'à vous promener sur la page, puis passer à la deuxième pour lire la suite... :

1. Le court "pavé" du dimanche 21 août, lendemain de la conférence, annonçant simplement que cette conférence a eu lieu :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k763143h

2. Et le court compte-rendu du surlendemain, lundi 22 août, sans la moindre "aspérité" diplomatique !!!! :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k763144w

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