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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Jorge Montes, violeur récidiviste libéré par erreur, est-ce une erreur idiote ? oui, bien sûr…

              ….Mais la véritable erreur idiote, d'après nous, n’est pas celle à laquelle à pensé la ministre en charge du dossier ; ce n’est pas (pas seulement...) la faute de frappe d’un greffier, ou l’inattention d’un juge qui devrait tout de même lire ou relire ce qu’on lui porte à signer, avant de le signer.....

              La véritable erreur idiote, le vrai scandale de ce mauvais feuilleton, c’est de ne pas déchoir d’une nationalité française dont il montre qu’il n’est pas digne cet uruguayen coupable de viols, enlèvements, séquestrations et agressions à main armée, dont le jugement de première instance disait textuellement :

              "Son maintien en détention provisoire est nécessaire pour prévenir tout risque de pression sur les témoins ou les victimes encore traumatisées par les agressions sexuelles qu'elles dénoncent [...] la détention est également l'unique moyen d'éviter tout renouvellement des infractions, dont le risque apparaît majeur au regard de la multiplicité des faits reprochés à l'intéressé visé par trois plaintes pour viol ou agressions sexuelles en l'espace de quelques semaines, de ses antécédents judiciaires, et des conclusions de l'expert psychiatre" (1).

              Moyennant quoi, le 17 octobre, la cour d'appel de Paris a ordonné, par erreur idiote, la libération de ce Français d'origine uruguayenne.

              Alors bien sûr, et tout de suite, du Président de la république aux avocats des parties civiles, on a tout fait pour nous rassurer, et pour nous dire qu'on n'allait pas laisser les choses se passer comme ça etc.. etc... Et on a, du reste, remis très vite ce triste personnage derrière des barreaux où il était mieux à sa place... Mais le vrai problème, selon nous, est ailleurs. Il est dans cette inflation exponentielle des actes de délinquances commis par des étrangers récemment naturalisés, et dont on se demande bien ce qu'en réalité ils font chez nous, et pourquoi ils sont venus.

              A côté d'immigrés récents au comportement correct, et qui sont légion, ces immigrés au comportement incorrect ne doivent pas, selon nous, être traités comme ils le sont actuellement par les autorités du Pays Légal. S'ils se tiennent mal, il ne s'agit pas d'un banal "dysfonctionnement grave" comme le dénonce l'avocat d'une des deux parties civiles, Henry de Beauregard; alors que l'avocat d'une autre partie civile déclare : «Je suis habitué aux dysfonctionnements de la justice, mais celui-là est exceptionnel, c'est une honte» ( Yves Berton, conseil d'une autre victime ). Non, il s'agit tout simplement d'une impossibilité de ces personnes à se comporter d'une façon habituelle, qui justifie la déchéance de la nationalité française et l'expulsion immédiate, et à vie, du territoire.....

     

    (1) : Jorge Montes n'est pas une personnalité très reluisante : se présentant comme un artiste, il avait pour habitude de draguer ses proies lors de soirées dansantes. Une ancienne compagne l'accuse de l'avoir enlevée pour l'entraîner sous la contrainte dans un périple de 12 jours à travers la France et l'Europe sous la menace notamment d'une matraque électrique, périple au cours duquel il est soupçonné de lui avoir imposé une quarantaine de viols, et de lui avoir volé sa carte bancaire. Une autre jeune femme a porté plainte, l'accusant de plusieurs viols sous la menace d'un couteau. Durant son incarcération, il a été sanctionné disciplinairement à la suite de relations sexuelles au parloir......

  • Quand Mélenchon s’étranglerait presque en parlant de Soljenitsyne…

                  Ou : Comme on le dit dans la chanson : « Alexandre a dit la Vérité. Il doit être éxécuté !….. »

                  Jean-Luc Mélenchon a tenu sur Soljenitsyne des propos qui ne le grandissent pas, et ce le jour même où l’on portait en terre le grand écrivain russe  (mardi 5 août, ndlr). On sait le sénateur de l’Essone volontiers iconoclaste, parfois juste et de temps en temps, même, rigolo voire sympa. Si, si: c'est rare, mais cela arrive..... Là, pourtant, il a perdu une occasion de se taire car ses propos, ou plutôt ses éructations, sont typiquement du genre de celles qui abaissent non certes ceux à qui ils sont destinés, mais bien plutôt ceux qui les profèrent......

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                    Pêle-mêle et en vrac, tout y est passé. D’après lui (Mélenchon) Alexandre Soljenitsyne était un homme "de droite" qui a été "gavé d'honneurs", contrairement à d'autres "gens de gauche, des communistes en particulier" qui avaient dénoncé le goulag avant lui. Des communistes ? Vraiment ? Il peut donner des noms, le sénateur ? On se souvient plutôt que tous ceux qui ont osé dénoncer le goulag ont pendant très longtemps été traité - Sartre menant le bal.... - de « salauds » et de "chiens". Sans que cela entraîne de réaction connue de la part de Mélenchon….On attend donc avec impatience les révélations qu'il ne devrait pas manquer de faire dans la foulée du scoop qu'il vient de révéler à la grande presse…..

                    Tout est bon à celui qui est, ici et dans ce cas précis, le petitMélenchon pour tâcher de discréditer le grand Soljenitsyne : il "appartient à la vieille tradition russe, homophobe, limite antisémite, très marquée par l'ancien temps féodal qu'il admirait beaucoup".... "Je me sens très éloigné de cette tradition politique-là".

                 "L'univers du goulag a été dénoncé dès le début, mais il a été dénoncé par des gens de gauche, des communistes en particulier" (et allez, voilà que ça le reprend.....)

                "L'apologie de Soljenitsyne, grand penseur de la démocratie contre le stalinisme, me fait mal au coeur parce que je pense à tous ces malheureux qui, eux, dès la première heure, ont mené leur lutte sans être gavés d'honneurs, de colifichets dorés, de résidences, de protections de toutes sortes comme l'était Soljenitsyne au seul motif qu'il était de droite"....... 

                Mais en réalité, après cette bordée d'inepties, de contre-vérités et de ce qu'il faut bien appeler par leur nom: des insanités, Melenchon a fini par « cracher le morceau ». Et là il a dit en très peu de mots pourquoi il haïssait à ce point Soljenitsyne, livrant par là-même la clé de sa détestation et de ses éructations : "En Vendée, il avait expliqué que la devise de la République française était intrinsèquement perverse" (1).

                Comme nous le disions, en constatant que le Pays Légal républicain avait été totalement absent des obsèques de Soljenitsyne, la critique de fond a été portée; l'accusation qui tuea été lancée; Soljennitsyne a appelé par son nom la révolution française: mère et matrice de toutes les révolutions; mère et matrice de toutes les horreurs, de tous les génocides, de tous les Goulags et de tous les Camps.... Tout est dit, il n'y a rien à rajouter.....

                Et l'on voudrait après cela que le Pays Légal en général, et Mélenchon en particulier, apprécient celui qui les a dénoncés, à la face du monde ?...

                Guy Béart chantait: " ...Le jeune homme a dit la vérité, il doit être exécuté..."; remplacez "jeune homme" par "Alexandre", et vous saurez ce que pensent Mélenchon et les siens......

    (1): nous publierons bientôt, dans la Catégorie "Grands Textes" l'intégralité du discours de Soljenitsyne aux Lucs-sur-Boulogne en 1993, pour l'inauguration de l'Historial de Vendée.

     

  • Oui, il faut réformer les ports.....et en finir avec 1945 !.....

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              Oui, il faut réformer les ports.....et en finir avec 1945 !.....

              1148192949.jpg                                          Le gouvernement semble décidé à prendre enfin le taureau par les cornes. Il souhaite arriver aux "10 millions de boites"(1), mais surtout faire en sorte que les ports français luttent enfin à armes égales avec les autres ports européens, et soient au diapason avec eux: car nous sommes les seuls à avoir des boulets aux pieds pour lutter avec une concurrence qui, elle, n'a pas notre organisation duale: les dockers ont bien vu leur statut réformé, mais pas les grutiers ni les portiqueurs.

               Et c'est là que le dossier s'annonce explosif. Car le projet gouvernemental prévoit la privatisation des activités de manutention et leur transfert de la compétence des ports à celle d'opérateurs privés. Il serait donc permis à un investisseur propriétaire d'un matériel de l'exploiter avec son propre personnel, et non plus d'être obligé "d'en passer"-de fait...- par la CGT. Grutiers et portiqueurs rejoindraient donc quant à eux les dockers, et c'en serait fini de cette organisation duale et bâtarde qui pénalise nos ports et permet à la CGT de les bloquer à tout moment. Pour le plus grand avantage des autres ports concurrents....

              C'est donc bien là qu'est le noeud central du problème (tout le reste étant plus facilement négociable): ce principe de commandement unique pour les activités de manutention. Celui-ci existe dans tous les ports de l'Europe, nos concurrents directs, avec qui nous ne pouvons pas lutter si nous ne l'appliquons pas. Mais il remet directement en cause cette immense victoire remportée en 1945 par la CGT, lorsqu'elle a obtenu le privilège exorbitant de la main-mise sur les ports français.

              Le Parti Communiste était à l'époque en position de force: les temps ont évidemment changé, mais pas sur les quais, où rien n'a bougé. D'où le décrochage économique des Ports français par rapport à leurs concurrents, et les pertes d'emplois induites. La CGT s'en fiche (2) parce qu'elle préfère conserver ses avantages et ses privilèges. Mais l'économie française, elle, a impérativement besoin de renaître dans ce secteur, et de connaître un nouveau départ et de nouveaux succès, créateurs d'emplois.

              Le gouvernement promet qu'il y a 30.000 emplois en jeu: on n'est pas sûr qu'il y aura 30.000 emplois de créés si l'on fait cette réforme des ports; par contre, ce dont on est sûr, c'est que si on ne la fait pas la lente asphyxie des ports français continuera, et qu'un jour -plus très lointain...- on ne parlera plus d'eux qu'au passé: Marseille était le 1° port de la Méditerranée il y a à peine quelques décennies, il n'est plus que le le 11° aujourd'hui. Il était 24° pour les conteneurs, il n'est plus que 84° aujourd'hui ! Tout cela pour les intérêts politiques -et matériels....- de la CGT, qui tient à preserver son pouvoir, hérité de 1945.....

              On a dit ici et là qu'il fallait "liquider" mai 68. Et si on "liquidait" aussi le privilège exorbitant que s'est octroyé la CGT sur les ports, ce vestige incongru et obsolète de 1945 ?.....

    (1): Objectif : rattraper le retard pris par les infrastructures portuaires françaises face à la concurrence internationale. François Fillon a fixé la barre haut : tripler d'ici 2015 le nombre de conteneurs acheminés via la France (passer donc de 3,6 millions à 10 millions). Et créer 30 000 emplois....

    (2): On se souvient qu'en mars 2007, le syndicat avait bloqué pendant 18 jours le port de Marseille pour réclamer à Gaz de France l'embauche d'agents du port autonome sur son terminal. Les dégâts avaient été lourds pour les entreprises locales, dont certaines ont dû fermer (bonjour la "solidarité ouvrière" !.....) mais la CGT avait gagné son bras de fer.... L'exemple de ce qu'il ne faut plus voir, si l'on veut que les ports français redeviennent ce qu'ils ont été....

  • POUR UNE REFLEXION DE FOND SUR LE ”MARIAGE POUR TOUS” (12) - ERIC ZEMMOUR CONCLUT NOTRE SERIE PAR UNE ANALYSE HAUTEMENT


     

    Il revient donc à Eric Zemmour de clôturer notre dossier de douze documents, désormais à la disposition de nos lecteurs : "POUR UNE REFLEXION DE FOND SUR LE MARIAGE POUR TOUS".* 

    De toutes les contributions mises en ligne jusqu'ici, celle-ci est, en effet, la plus politique. Donc la plus proche de l'objet même de notre blog.

    Les précédentes ont été rédigées ou prononcées par des philosophes (plusieurs), des journalistes, un théologien, un linguiste, des moralistes, un partisan d'une écologie humaine et, même, par un parlementaire Front de Gauche, député de la Martinique, hostile, lui aussi, à la loi Taubira, pour des raisons, d'ailleurs, parfaitement traditionnelles.    

    Eric Zemmour, dans sa discussion avec Nicolas Domenach, fait une analyse politique de la question. Il ne se place - bien entendu sans les rejeter - ni du point de vue de la religion, ni du point de vue de la morale, ni même d'un point de vue philosophique. Son analyse ne se limite pas à la seule question du mariage homosexuel - qui concerne, concrètement fort peu de monde. Elle pointe les causes premières, beaucoup plus larges, de ce qu'il considère comme une décadence; son analyse se place du point de vue de la stabilité, de l'ordre, et, en définitive, de la survie de la société française. Il le fait avec son talent, sa fougue, et, en même temps, avec sa rigueur intellectuelle habituelle.   

    (Mariage Pour Tous : Divorce Social - ça se dispute - I-Télé - 2 février 2013). 

     

    * Précédentes mises en ligne :

    > 14.01.2013 : Jean-François Mattéi article du Figaro : "Mariage pour tous et homoparentalité".  

    > 22.01.2013 : Chantal Delsol, entretien avec Jean Sévillia (Figaro Magazine).

    > 29.01.2013 : Thibaud Collinarticle dans Le Monde du 15 janvier. 

    > 5.02.2013 : Hilaire de Crémiersnote parue sur le site de Politique Magazine, le 15 janvier.   

    > 12.02.2013 : Sylviane Agacinski, conférence dans le cadre des Semaines sociales. (VIDEO) et entretien sur Europe 1 (VIDEO).

    > 19.02.2013: Bruno Nestor Azérot, député de la deuxième circonscription de la Martinique (GDR), discours prononcé le mercredi 30 janvier  à l'Assemblée Nationale(VIDEO).

    > 26.02.2013 : Daniel Godard, professeur de Lettres Classiques, une réflexion dont l'originalité est de se placer d'un point de vue linguistique qui fait entendre, dans ce débat, "la voix de la langue française".  

    > 06.03.2013 : Bertrand Vergely, le point de vue du philosophe et théologien, la question du mariage gay appelle dix remarques.

    > 12.03.2013 : Danièle Masson, agrégée de l'Université, "Paradoxe et mensonges du mariage pour tous"

    > 20.03. 2013: réflxion de Fabrice de Chanceuil du point de vue de l'écologie humaine.

    > 28.03. 2013 : Michel Maffesoli et Hélène Strohl : "Normaliser le mariage ?"

     

  • Economie ; « McDonald’s joue un rôle clé dans la société » ?

     

    par François Reloujac

     

    C’est du moins ainsi que le Figaro-économie, daté des 13 et 14 février 2016, souligne l’intervention dans ses colonnes de Nawfal Trabelsi, le président de McDonald’s France. Et pour attirer des lecteurs sur l’intervention de ce « grand témoin », le journal ajoute un titre racoleur : « McDonald’s fait fonctionner à plein l’ascenseur social ». Le roi de la « mal bouffe » se trouve ainsi promu au rang de bienfaiteur de la France.

    Pour vanter les mérites de son entreprise, le président de McDonald’s développe quelques informations globales. Son entreprise achète « pour 650 millions d’euros à l’agriculture » française, « soit 260 000 tonnes de matières premières », tout confondu : viande « charolaise », pommes de terre, farine de blé, « fromages français » et fruits frais puisque ces denrées sont 100 % d’origine française. Mais cela conduit à un prix de revient de 2,50 euro par kilo… prix que les particuliers aimeraient bien pouvoir obtenir aussi quand ils achètent ces produits dans l’hyper marché le plus proche de chez eux. Sans compter que les éleveurs qui fournissent la viande « charolaise » aimeraient probablement obtenir un meilleur prix… à moins que les morceaux de viande hachée utilisés pour confectionner les hamburgers ne soient pas aussi nobles que la publicité ne le prétend. Et, à l’occasion du prochain Salon de l’agriculture, les représentants de McDo seront « en mesure de faire des annonces concernant la filière du poulet » !

    Cette entreprise qui est fière d’éveiller le goût des enfants (sic), met sa « logique d’utilité au service (…) du livre » puisqu’elle en a distribué plus de 9 millions dans ses menus enfants en 2015. Il est déjà grave de penser que le goût des enfants soit déformé dès leur plus jeune âge. Mais que dire du fait que l’on « impose » ainsi une pseudo culture en « offrant » des livres – dont le prix est inclus dans celui du repas – qui ne sont pas forcément ceux que l’on pourrait souhaiter leur voir lire ?

    McDo se présente aussi comme « un des employeurs qui créent le plus d’emplois nets en France ». Mais 20 % d’entre eux ne sont que des emplois à durée déterminée. « En 2015, McDonald’s et ses franchisés ont créé plus de 2000 emplois » qui représentent « une opportunité pour les mères de famille et les étudiants »… ce qui laisse donc penser que même ceux qui occupent un emploi à durée indéterminée ne restent pas trop longtemps dans l’entreprise. Le président, en bon communicant, l’avoue lui-même : cela représente « une chance pour les plus motivés et méritants de faire carrière dans nos restaurants ou au siège de l’entreprise ». Les autres pourront aller « valoriser leur expérience » ailleurs. C’est cela qu’il appelle faire « fonctionner à plein l’ascenseur social » !

    Quant à la question des impôts payés en France, il ne faut pas confondre McDo avec Ikéa. Non, « sur ce sujet, trop de raccourcis et d’amalgames sont faits ». McDo est un gros contribuable qui paye l’impôt sur les sociétés… mais après avoir reversé à sa maison mère « des droits d’utilisation de la marque et du savoir-faire », qui représentent 10 % du chiffre d’affaires et qui viennent donc diminuer d’autant la base imposable en France ! Cela est parfaitement légal, même si c’est ce que les hommes politiques fustigent couramment en parlant d’optimisation fiscale. Seulement, celle-ci, contrairement à celle que d’autres seraient tentés de pratiquer, n’est pas critiquable puisque « ce fonctionnement fait régulièrement l’objet de discussions avec l’administration fiscale ». 

  • 21 Décembre 1914 ... Le cas Romain Rolland est des plus curieux

    Romain_Rolland_de_face_au_balcon,_Meurisse,_1914_retouche.jpgLe cas Romain Rolland* est des plus curieux. Romain Rolland, écrivain de langue française, n'est pas d'origine suisse, comme beaucoup de personnes l'imaginent. Romain Rolland est né dans le Nivernais de vieille souche nivernaise. L'auteur de La vie de Beethoven et de ce Jean-Christophe qui a l'air d'une oeuvre posthume de Richter, n'a jamais passé plus de deux mois de sa vie en Allemagne : du moins ses amis l'assurent. Cependant il est à ce point pénétré de germanisme qu'il ne peut s'empêcher de prendre le parti des Allemands même pendant la guerre. Il vient de faire scandale en imprimant dans un journal de Genève que les intellectuels français ne s'étaient pas mieux conduits que les intellectuels allemands. En somme, il pèse désespérément sur la balance au moment où, dans la sympathie de l'univers, c'est la cause de la France qui est tout près de l'emporter définitivement. Cet état d'esprit était déjà celui de Jaurès, qui, en politique, ne pouvait s'empêcher de prendre toujours le parti de l'Allemagne, de voir la justice, la raison du côté de l'Allemagne, jusqu'à inventer un jour, sans souci de l'ordre de succession des évènements ni de la vérité historique, que la Triplice était le contrepoids de l'alliance franco-russe.

    Mais cet état d'esprit est bien plus ancien encore. Il a été, à diverses reprises, celui d'un homme infiniment plus nuancé, infiniment plus intelligent et infiniment moins impulsif qu'un Romain Rolland, qu'un Jaurès, prompt à se mettre en garde contre le parti pris autant que ceux dont je viens de parler aiment y baigner leur sensibilité grossière : c'est Renan, chez qui l'empreinte du germanisme demeura toujours. Dans Les Dialogues philosophiques qu'il écrivait, il le raconte lui-même, en 1871, tandis qu'il entendait le canon de la guerre civile, celui de l'armée de Versailles reprenant Paris sur la Commune : il témoigne que, dans ses rêveries sur la possibilité d'un  gouvernement du monde par une aristocratie de savants, son esprit, par une invisible pente, s'est laissé entraîner jusqu'à cette hypothèse :

    "La France incline toujours aux solutions libérales et démocratiques; c'est là sa gloire; le bonheur des hommes et la liberté, voilà son idéal. Si le dernier mot des choses est que les individus jouissent paisiblement de leur petite destinée finie, ce qui est possible après tout, c'est la France libérale qui aura eu raison; mais ce n'est pas ce pays qui atteindra jamais la grande harmonie, ou, si l'on veut, le grand asservissement de conscience dont nous parlons. Au contraire, le gouvernement du monde par la raison, s'il doit avoir lieu, paraît mieux approprié au génie de l'Allemagne, qui montre peu de souci de l'égalité et même de la dignité des individus, et qui a pour but avant tout l'augmentation des forces intellectuelles de l'espèce."

    Que dit le plus fameux manifeste des intellectuels allemands, le programme d'asservissement du monde à la Kultur par l'instrument du militarisme prussien ? Le manifeste en dit moins, au fond, il dit moins nettement les choses, comme s'il fallait que les plus monstrueuses rêveries germaniques, pour trouver leur expression définitive, eussent repassé dans une tête française.  •

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    * Romain Rolland (1866-1944), écrivain pacifiste, internationaliste, vivait en Suisse.

  • L’Inde et le Rafale : leçons de souveraineté selon Aymeric Chauprade

     

    Nous publions cette fort intéressante analyse d'Aymeric Chauprade, lue sur l'excellent site Realpolitik (on excusera ces superlatifs successifs qui sont en l'occurrence justifiés) parce qu'elle contraste avec le déclinisme ambiant ou, plus grave, avec le french bashing à la mode. Elle les contredit même, valablement, et donne à penser à ce que pourrait être la puissance de la France si elle avait un Etat digne de ce nom. En tout cas, merci à Aymeric Chauprade d'avoir donné cet éclairage à l'événement en question. Lafautearousseau   

     

    Aymeric-Chauprade.jpgLes annonces décisives que M. Modi, Premier ministre indien, a faites à l’Élysée à Paris le 10 avril portent en elles une leçon essentielle. La France n’est grande aux yeux du monde que lorsqu’elle remplit sa mission historique : celle d’une nation souveraine et d’exception.

    Souveraineté diplomatique tout d’abord : c’est en raison de son siège au Conseil de Sécurité aux Nations-Unies que la France peut aujourd’hui proposer à l’Inde son aide pour qu’elle intègre cette instance internationale de règlements des conflits mondiaux; quelle valeur ajoutée aurait eu à offrir la France si elle avait bradé cette position diplomatique majeure à l’Union européenne ? Son domaine maritime propre en Océan Indien en fait un partenaire-clé pour la politique de l”Acting East” de M. Modi dans les domaines de la sécurité maritime, du renseignement et du maintien de la paix.

    Souveraineté culturelle ensuite : La France n’est pas ce pays “moisi” si souvent décrit par tous ceux qui la haïssent tout en bénéficiant de sa générosité, mais au contraire, une nation millénaire dont l’identité culturelle (des monuments historiques au cinéma) séduit au point que l’Inde souhaite engager des partenariats-clés dans ces domaines.

    Souveraineté industrielle enfin : c’est uniquement en raison de l’investissement massif de l’État régalien dans les industries de souveraineté (défense, nucléaire) que notre pays peut se poser en partenaire fiable de l’Inde dans la durée (de l’Ouragan au Rafale en passant par le Mirage 2000) ; l’investissement dans nos filières aéronautique (derrière Dassault Aviation) et nucléaire (avec Areva) est non seulement stratégique mais rentable pour notre économie et nos emplois. C’est pour ne pas avoir consenti de pareils efforts financiers et technologiques que d’autres pays européens, comme l’Allemagne, ne peuvent prétendre à de tels partenariats stratégiques, avant-hier avec le Brésil, hier avec l’Égypte, aujourd’hui avec l’Inde et demain, espérons-le, avec les Émirats arabes unis et la Malaisie.

    Ce n’est pas l’Eurofighter, mais le Rafale, que M. Modi a choisi ; ce n’est pas vers l’Europe de la défense ou l’OTAN que M. Modi s’est tourné pour assurer sa propre défense, mais vers la capacité française à lui transférer la technologie de ses propres systèmes d’armes (aviation de chasse, missiles et sous-marins); ce ne sont pas les usines à charbon allemandes polluantes mais les centrales nucléaires françaises que M. Modi souhaite acquérir pour garantir l’indépendance énergétique de son pays; ce n’est pas un Disneyland apatride mais une nation chargée de monuments historiques que M. Modi a voulu visiter en premier.

    C’est donc une grande leçon de souveraineté que M. Modi est venu nous apporter et la preuve, du même coup, que seul un projet tourné vers l’indépendance nationale, qu’elle soit diplomatique ou technologique, peut de nouveau rendre à la France le rang qu’elle mérite.  

    Realpolitik

  • LIVRES • Vu du Maroc : La langue bien pendue de Boualem Sansal, par Péroncel-Hugoz

    Boualem Sansal au Salon du livre de Francfort 2011

     

    Le discours déroutant du romancier algérien fait hésiter Péroncel-Hugoz entre coup de chapeau et coup de dents. En tout cas, selon lui, Sansal ne manque pas de mordant… Quant à nous Français - et, plus largement, Européens - rien de ce qui touche au Maghreb, de ce qui s'y passe, de ce que l'on y pense, ne doit rester extérieur à notre souci. Pour les raisons historiques que l'on sait. Mais aussi parce qu'il en va de notre avenir politique, économique et social. De notre sécurité et, même, de notre identité. LFAR   

     

    peroncel-hugoz 2.jpgBravo d'abord à Si Boualem, que plusieurs pays francophones accueilleraient sans doute volontiers chez eux, pour son talent de plume, mais qui persiste à vivre dans son Algérie natale, un Etat plus que jamais en proie à une gérontocratie policière, concussionnaire et stérile ; et où en plus la sécurité n'est pas garantie, surtout pour les langues bien pendues comme Sansal… Ce dernier n'est pas assuré non plus du soutien panarabe, les ambassadeurs de la Ligue s'étant insurgés contre l'attribution d'un prix du roman arabe à un livre de l'écrivain, « Un village allemand », où il ose une comparaison entre nazisme et jihadisme… Sansal ne s'est pas vu contester, en revanche, son grand prix de la Francophonie décerné par l'Académie française. 

    Un nouvel essai de l'audacieux Algérien, « Gouverner au nom d'Allah », publié récemment chez Gallimard, à Paris, vient de lui redonner l'occasion de lancer de nouveaux anathèmes contre l'islamisme armé ou médiatique, notamment dans la presse européenne, par exemple le principal quotidien marseillais, « La Provence » du 29 mars 2015, où l'auteur à la célèbre queue de cheval grise se déchaîne de nouveau: « En Algérie, les islamistes ont gagné. Ils sont dans le gouvernement et au parlement. Le pouvoir leur a abandonné la société. C'est le troc: ils règnent sur la société mais ne touchent pas aux prérogatives du président et au pétrole ». 

    Sur la Tunisie voisine, très fragile espoir des démocrates des cinq continents, Sansal est encore plus lapidaire: « Il n'y a pas d'exception tunisienne. 4000 Tunisiens ont rejoint Daech… » (voir sur la Tunisie actuelle notre coup de dents du 27 mars 2015). 

    Sur la France, notre homme va beaucoup plus loin: « Les islamistes y sont les premiers défenseurs de la laïcité. Tarik Ramadan (petit-fils du fondateur des Frères musulmans, en 1928 en Egypte, et à présent citoyen helvétique) est champion comme défenseur de la laïcité française mais il faut entendre ce qu'il ne dit pas, à savoir que lorsque l'islam (1) est installé, il agit à sa guise ». « La laïcité sera la première sacrifiée dès qu'ils auront pris le pouvoir ». 

    Au sujet du récent livre d'Houellebecq, « Soumission » (Voir notre chronique du 1er mai 2015), Sansal le juge « prémonitoire » et précise : « Les islamistes utilisent l'interprétation du Coran autorisant la possibilité de se dissimuler en adoptant les habitudes des adversaires pour mieux les vaincre. ». Et cet avertissement de l'écrivain d'Alger aux Français : « Vous êtes presque passés de la tolérance à la lâcheté. Au nom des Droits de l'Homme et du respect des autres. Ce n'est pas un Islam de France qui naît mais un Islam en France. Les islamistes n'ont pas d'âme. » Enfin sur le royaume du Maroc: « Le Maroc, pays ancien, et l'Algérie, dont l'organisation politique est très récente, ont des islams différents bien que de la même branche sunnite malékite ». 

    A bien des égards Boualem Sansal nous rappelle son compatriote et prédécesseur, l'autre fameux romancier algérien vigoureusement anti-jihadiste, feu Rachid Mimouni qui, fuyant l'Algérie, vint finir ses jours, désespéré, dans son refuge marocain. Sansal, lui, a choisi la voie, plus roborative, du pessimisme actif. Actif et courageux.  

    (1) Islam prend une majuscule quand il désigne la civilisation, la communauté humaine comme on écrit Chrétienté ou Occident ; islam prend une minuscule quand il désigne seulement la religion comme on écrit bouddhisme, judaïsme, catholicisme, etc.

     

    Péroncel-Hugoz - Le 360

  • La République totalitaire en marche

     

    Par Bernard Pascaud *


    3619899554.jpgAnalyse initialement publiée dans le numéro de juin de Restauration Nationale

    La machine à perdre électorale a une nouvelle fois fonctionné.

    Seul un candidat libéral-libertaire, mondialiste, immigrationniste pouvait l'emporter. Alors même que les Français réclament plus de frontières, de protection, de défense de l'identité nationale et d'arrêt de l'immigration. Il n'y a là aucun déficit de démocratie. Il y a le résultat logique du régime d'opinion et, par conséquent, de ceux qui la font : les médias et la finance. Un bon marketing politique a permis à l'enfant gâté de l'emporter : prise en compte de la volonté de renouvellement, ambiguïté des positions laissant espérer à tout le monde, démobilisation des opposants, utilisation de réflexes conditionnés (moi ou « Oradour »...). Si ce n'avait pas été Macron, c'eût été Fillon, cet autre candidat maastrichtien.

    Certes on peut se réjouir du laminage des partis traditionnels, ceux dits de gouvernement. Ils n'ont que ce qu'ils méritent. Le « dégagisme » procure ses petites joies. Hélas, cette petite satisfaction, cause d'un fort report des voix vers le candidat d'En marche, a été analogue à celle de l'enfant lassé de ses vieux jouets et fasciné par le tout beau tout nouveau. Il a fallu une forte dose d'immaturité politique et d'amnésie précoce pour associer Macron au concept du renouvellement. Le désenchantement viendra car l'ancien banquier n'aura pas le pouvoir de changer le plomb en or. Ce président n'est pas celui des Français, pas même celui de la majorité d'entre eux. Il est celui des bobos des grandes métropoles. Nullement celui du pays réel, notamment de cette France périphérique jugée inadaptée au processus de globalisation. Ce mépris affiché du peuple n'enlève pourtant rien à la légitimité démocratique du nouvel élu, pas plus que les 24 millions d'électeurs qui se sont abstenus. Ainsi l'exige le respect des valeurs républicaines. Pardon, mais quelle mascarade que tout cela !

    Macron est encore moins le président de la France. Pour cela il y faudrait d'abord la référence à un sol et donc à des frontières, fruits d'une construction persévérante et moyen de protection souveraine en même temps que d'identité. Mais de frontières, il ne saurait en être question pour un cerveau acquis au mondialisme et au fédéralisme européen. Du coup plus d'esprit de défense. Une Florence Parly, remplaçant la Goulard, précédemment prévue et éjectée, est là pour se charger de la basse besogne de l'intégration des Armées, dont elle est la ministre, au grand tout européen. C'était bien la peine d'aller à Orléans célébrer l'héroïne nationale et nous infliger ensuite des ministresses disant ouvertement ne pas « se sentir françaises ». Il y faudrait aussi la référence à un peuple, ce qui suppose la reconnaissance des corps qui le constituent à commencer par la famille dont l'intitulé n'apparaît plus dans aucun ministère. Il y faudrait enfin la référence à une culture, mais dans son discours de Lyon du 7 février, le candidat Macron a affirmé qu' « il n'existe pas de culture française ». Qu'allait-il donc faire au Puy du fou, ce haut lieu d'enracinement culturel français ?

    Ainsi le personnage incarne-t-il tout à la fois le pire de la droite économique et le pire de la gauche sociétale. Il y a de quoi s'inquiéter. Les bonnes surprises, s'il y en a, seront marginales. Ainsi après le trio infernal du quinquennat précédent (Peillon, Hamon, Vallaud-Belkacem), Blanquer apparaît-il à l'Education nationale d'un moindre sectarisme. Ce n'est pas difficile ! Le fait important est que le président désormais en place jouit d'une position renforcée : les élections ont scellé la faillite du P.S, des L.R et du F.N, l'assemblée lui est soumise, le Premier ministre et les ministres également grâce à la puissance bureaucratique. Certains observateurs voient là un retour à l'esprit du début de la Ve République : désir de renouvellement et réalité du pouvoir exercé conjointement par l'Elysée et la technocratie. Si on ajoute à cela le nouveau clivage séparant les réfractaires et les partisans du monde globalisé, ceux-ci étant au pouvoir et méprisant les premiers, on mesure le risque d'une République totalitaire en marche.

    Il serait illusoire de compter sur l'oligarchie européenne pour corriger ce processus. En France une véritable opposition va-t-elle émerger ? Il est peu probable qu'elle vienne des L.R, lesquels se rallient, d'ailleurs, ou se divisent en sous-partis. Ce qu'il reste de patriotes dans notre pays n'a pas d'autres solutions que de faire l'effort d'un travail intellectuel et de trouver un paradigme commun. Dans cette tâche nous avons beaucoup à apporter.  

    * Président de la Restauration Nationale

  • Le crime de Kamel Daoud

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Médias et politiques occidentaux se sont fourvoyés en voulant voir dans les « printemps arabes » les prémices d’un bouleversement démocratique : ils avaient méconnu les pesanteurs culturelles et politiques propres aux sociétés arabo-musulmanes. Aujourd’hui, l’intelligentsia française, dans un accès de dogmatisme inconditionnel, refuse d’admettre ce qui a pu se passer réellement le 31 décembre 2015 à Cologne : on ne peut condamner des migrants « musulmans », même si des violences sexuelles à l’encontre de femmes allemandes sont avérées. 

    Ils sont dix-neuf, dix-huit universitaires « chercheurs » et un journaliste, qui se sont érigés, derrière la dénomination bien commode de « collectif », en tribunal stalinien. Ces inquisiteurs de la pensée unique ont, à ce titre, jugé et excommunié (faute sans doute de pouvoir le faire fusiller ou, à tout le moins, envoyer au goulag) l’écrivain algérien francophone Kamel Daoud. Leur sentence (« Kamel Daoud recycle les clichés orientalistes les plus éculés » - Le Monde, 11 février) est irrévocable car le crime de M. Daoud est impardonnable : avoir publié (Le Monde, 31 janvier) une tribune intitulée « Cologne, lieu de fantasmes » dans laquelle il n’applique pas aux événements leur grille de lecture, forcément canonique, osant faire en conséquence un lien entre la culture religieuse des agresseurs et la nature des faits. 

    La tribune de M. Daoud est pourtant plutôt équilibrée puisqu’il refuse par principe les deux positions extrêmes face à l’immigration musulmane - angélisme et xénophobie. Que dit M. Daoud ? Sur les Européens : « L’accueil du réfugié […] pèche en Occident par une surdose de naïveté : on voit, dans le réfugié, son statut, pas sa culture ». Sur les femmes en terre d’islam : « La femme est niée, refusée, tuée, voilée, enfermée ou possédée ». Sur les islamistes : « L’islamiste n’aime pas la vie. Pour lui, il s’agit d’une perte de temps avant l’éternité […]. La vie est le produit d’une désobéissance et cette désobéissance est le produit d’une femme. » 

    Pour le « collectif », les réfugiés musulmans et agresseurs de Cologne ne sont que des hommes, des hommes dont aucun substrat culturel ne saurait expliquer le comportement : des hommes « hors sol » en quelque sorte, qu’il faut accueillir sans prétendre voir en eux ce que nous croyons qu’ils sont. Quant aux femmes, leur sort en Europe n’a au fond rien de bien enviable et nous n’avons, dans ce domaine, aucune leçon de comportement à donner. L’approche de M. Daoud serait « asociologique », car fondée sur l’essentialisme, et psychologisante faisant des musulmans des « déviants » qui relèveraient donc d’un « un projet disciplinaire » : on n’échappe ni à la pédanterie ni à la suffisance propres à toute analyse universitaire mais cette analyse ne tient pas devant des faits, devant les faits. 

    Jugé et condamné par des gens qu’il considérait peut-être comme ses pairs, M. Daoud a décidé de renoncer au journalisme. L’affaire en serait restée là si la romancière franco-tunisienne Fawzia Zouari, en prenant la défense de son confrère dans Jeune Afrique, Libération et France Inter, ne lui avait donné une dimension politique. Mme Zouari approuve M. Daoud sur les viols de Cologne, « conséquence logique d'une tradition » et d’« une psychologie de la foule arabe »; elle dénonce la « fatwa laïque » dont il est victime; elle reproche à la gauche française d'instaurer « une sorte d'honorabilité de l'islamisme en France »; elle affirme enfin et surtout « qu’il y a un problème posé par l’Islam de France ». 

    Rien de moins. Quoi que pensent ou puissent penser par ailleurs M. Daoud et Mme Zouari, ils auront eu le mérite de poser le vrai problème. 

  • Tristes nouvelles d'Algérie

    Alger: une armée au pouvoir depuis 1965. 

     

    Par Péroncel-Hugoz

    Marseille, où vient de passer notre confrère, est une véritable caisse de résonance de ce qui se passe Outre-Méditerranée, et on chercherait en vain une bonne nouvelle parmi celles que répandent sur leur pays, les Algériens du grand port provençal…

     

    peroncel-hugoz 2.jpgQue n’entend-on pas dans les « cafés maures » (ou pas maures) de Marseille, entre le cours Belsunce et le boulevard d’Athènes ! Bourgs du bled en état de dissidence ; soldats ou gendarmes déserteurs ; résidences balnéaires ou climatiques de notables, cambriolées jusqu’à l’os ; concussion et trafics à grande échelle, etc. etc. Certains vont même jusqu’à rappeler que le « président-momie »,  dit « Boutef », n’aurait jamais été mis au pouvoir, en 1999, par les hauts gradés de l’armée, si la justice avait pu connaître une affaire de détournement de fonds publics, dénoncée au début de la décennie 1980 et par le président Chadli Bendjedid et par le parti unique et par la Cour des Comptes… L’intéressé préféra aller commercer dans le Golfe arabo-persique ou bien y donner des consultations diplomatiques payantes jusqu’en 1987… 

    Propos de « café du commerce » ? 

    Mais, m’objecterez-vous, tous les exilés exagèrent, voient tout en noir, l’Algérie n’est pas le paradis mais elle n’est pas non plus l’enfer, n’écoutons plus ce qu’on appelle en France des « propos de café du commerce ». Soit ! Tendons alors l’oreille vers un expert très pointu en affaires algériennes, notre confrère Frédéric Pons qui n’est pas que journaliste mais aussi colonel des troupes de marine, ancien Casque bleu de l’ONU et professeur à l’Ecole militaire française de Saint-Cyr. En 2013, Pons a publié Algérie : le vrai état des lieux (Calmann-Lévy), qui passa pour « indulgent » mais n’en était pas moins démoralisant pour ceux qui ont conservé de la sympathie pour le pauvre peuple algérien. Or, que nous dit à présent ce spécialiste qui travaille toujours sur des faits (et « les faits sont têtus », disait Lénine lui-même…) et non pas en fonction de choix idéologiques ? 

    Industrie et agriculture en ruines

    Il nous dit que « résignés, les Algériens observent le naufrage [du président Bouteflika], parallèle à celui de l’Algérie, qui avait tout pour être l'un des géants de la Méditerranée ». Et Pons poursuit : « Le peuple sait tout du marasme économique, malgré la rente pétrolière et gazière. Il constate la ruine de l’industrie et de l’agriculture et la dépendance à l’égard des circuits d’importation qui alimentent la corruption ambiante. Les Algériens s’interrogent aussi sur l’utilisation par le pouvoir des 784 milliards de dollars rapportés depuis 1999, à 95% en provenance des hydrocarbures ».* 

    Un sujet de rigolade…

    Au-delà de ces informations tragiques pour un régime qui, jadis, se promettait de « montrer la route de la libération et du développement au Tiers-Monde », revenons un instant aux « cafés maures » marseillais où l’un des sujets favoris de rigolade est le « futur successeur » de « Boutef », son frère cadet Saïd, « l’homme à la perruque châtain »… A en croire les bavards, buveurs de thé ou de café, « Petit Frère » serait soutenu par le général Ahmed-Gaïd Salah, chef d’état-major et par les ministres ou ex-ministres les plus anti-français: Ahmed Ouyahia, Abdelmadjid Téboune, Chakib Khalil, etc. 

    Dépenses sociales

    En attendant, pour conjurer le sort, le gouvernement d’Alger a fait savoir qu’en 2017, il consacrera 15 milliards de dollars, soit près d’un quart du budget national total, aux « dépenses sociales ». En 2016, le revenu gazo-pétrolier est descendu à 25 milliards de dollars. Il faut donc puiser encore dans les réserves en devises, tombées à 110 milliards de dollars… 

    Le plus haut minaret africain…

    Bref, plus que jamais, tout tient à un fil dans la « riche Algérie », « démocratique et populaire »… Cependant, la main-d’oeuvre locale (plutôt chinoise) s’active sur le gigantesque chantier de « la plus grande mosquée d’Afrique », avec un « minaret dépassant largement celui de la mosquée Hassan II à Casablanca »… Toutefois, l’inauguration de cet énorme sanctuaire a été repoussée à 2020, Inchallah !   


    * Voir notamment le n°12, janvier-février-mars 2017 de la revue française de géopolitique «Conflits» / www.revueconflits.com

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le360 du 20.01.2017

  • Régionales : un premier tour dévastateur

     

    par Nicolas Julhiet

    Une excellente analyse dans Politique magazine. En forme de tour d'horizon

     

    Avis aux retardataires : sortez les petits-fours et installez-vous confortablement devant vos téléviseurs. Le spectacle offert par la politique française, à l’issue du premier tour des élections régionales, est à ne manquer sous aucun prétexte dès lors que l’on est amateur du genre. A gauche et à droite, la panique se généralise. Du grand cinéma ! Les acteurs jouent parfaitement leur rôle. L’heure est aux calculs, aux petits arrangements, aux tractations… Avec un objectif clair : « faire barrage au Front national ». A gauche, ceux qui sont arrivés troisième sont invités à se retirer – sauf en Alsace, où le candidat résiste. A droite, les candidats se maintiennent en prônant un « ni-ni » qui ne leur coûte rien. Une posture d’intransigeance à peu de frais… qui ne trompe plus personne.

    Au PS, les dégâts sont lourds. La nouvelle popularité de François Hollande, qui a connu un fort regain après les attentats du 13 novembre, n’a pas suffi à créer une dynamique favorable. De toute façon, personne ne s’étonne plus que les élections intermédiaires soient remportées par un parti de l’opposition. C’est une habitude française. Mais cette fois, ce ne sont pas les Républicains qui en profitent mais le Front national : et même si le parti de Marine Le Pen ne remporte qu’une seule région – il pourrait raisonnablement en enlever trois -, il serait le grand vainqueur de cette élection. Ceux qui expliquaient que les sondages qui montraient sa spectaculaire progression étaient gonflés artificiellement pour mobiliser les autres électeurs se retrouvent bien sots depuis hier. La présence du FN au second tour de la prochaine présidentielle passe de l’hypothèse à la quasi-certitude. Les chroniqueurs politiques, comme Thierry Arnaud, l’ont acté.

    Pour l’ex-UMP, en revanche, il sera difficile de triompher dimanche 13 décembre : les victoires qu’il obtiendra ne le seront pas à la régulière. Il lui faudra en effet compter sur les voix de gauche pour espérer l’emporter. Une pensée, au passage, pour les socialistes qui devront glisser, la mort dans l’âme, un bulletin « Estrosi » dans les urnes… Quel sens du sacrifice et du devoir républicains ! Un élu PS du troisième arrondissement de Marseille, interrogé sur BFM-TV, confessait s’y résoudre avec abnégation. Une perspective qui, visiblement, avait empêché le pauvre hère de trouver le sommeil.

    Cruelle désillusion, aussi, pour Nicolas Sarkozy. Que les Républicains ne virent pas en tête au premier tour pourrait lui coûter cher en terme de légitimité à être candidat à la présidentielle de 2017. Sur les plateaux de télévision, les chroniqueurs politiques annoncent déjà avec gourmandise les règlements de comptes à venir au sein de la « droite de gouvernement ». C’est simple : à l’unité feinte des ténors de l’ex-UMP cette semaine succédera, le lendemain même du second tour, une mise à mort de l’ancien président qui sera alors accusé de tous les maux. Déjà, quelques voix dissidentes se font entendre : celles de Nathalie Kosciusko-Morizet ou de Jean-Pierre Raffarin, en désaccord avec le « ni-ni » prôné par le parti.

    Mais ce sont tous nos politiciens qui semblent avoir perdu le nord face à cette nouvelle donne électorale. En être réduit à proposer, comme l’a fait Julien Dray chez Jean-Jacques Bourdin (BFM-TV), une « alliance arc-en-ciel des partis progressistes » et appeler à la fondation d’un nouveau Conseil national de la résistance, montre dans quelle impasse les partis traditionnels se trouvent. Même une Ruth Elkrief, éditorialiste particulièrement modérée de la même chaîne, expliquait ce matin que « le système est à bout de souffle ». Que trouveront-ils à dire, dimanche prochain ? 

  • Livres • Considérations sur la France : Relire Joseph de Maistre

     

    par Lars Klawonn

     

    En ce temps d’attaques terroristes, d’état d’urgence et de déclarations de guerre, on est bien avisé, ce me semble, de relire Considérations sur la France du comte J. de Maistre. Écrit en 1796 à Lausanne, où, chassé de chez lui par l’entrée des troupes révolutionnaires, ce Savoisien s’est établi, son essai se veut la défense de la monarchie. Il est la réaction directe au pamphlet qu’un certain Benjamin Constant avait publié en mai 1796, et qui soutient le Directoire. Ce fut une époque instable et pleine de tensions, un moment de crise et de guerre civile mille fois plus violente et plus brutale que celle que vit la France aujourd’hui. Néanmoins, en lisant de Maistre, on est tout le temps amené à faire des parallèles. Au fil des pages, on se rend compte que les causes de ce dont souffre la France sont bien antérieures aux attentats. En fait, elles remontent à la France révolutionnaire que de Maistre dénonce dans son essai. La révolution a « violé brusquement et durement toutes les propriétés, tous les préjugés et toutes les coutumes ; parce que toute tyrannie plébéienne étant, de sa nature, fougueuse, insultante, impitoyable, celle qui a opéré la révolution française, a dû pousser ce caractère à l’excès, l’univers n’ayant jamais vu de tyrannie plus basse et plus absolue. »

    La République ne se réfère-t-elle pas constamment aux fameuses valeurs révolutionnaires tachées de sang, et imposées par la force ? Et ne tient-elle pas ses valeurs pour absolues et irréfutables ?


    De Maistre croit à la Providence. Il considère que le pouvoir révolutionnaire est « tout à la fois un châtiment épouvantable pour les Français et le seul moyen de sauver la France. » Loin de la philosophie moderne qui dit que « tout est bien », l’écrivain pense que l’univers est fondé sur la violence mais qu’il ne faut pas perdre courage car « il n’y a point de châtiment qui ne purifie. » Dans son esprit, la politique (le trône) et la religion (l’autel) se fondent ensemble car il faut organiser la société d’après le pouvoir toujours limité de l’homme, c’est-à-dire d’après ce qui est en son pouvoir, et séparé de ce qui n’appartient qu’à Dieu. La nation est donc gouvernée par l’homme dans les domaines qui lui appartiennent et par Dieu dans les domaines spirituels.

    Le gouvernement français actuel se dit prêt à combattre le terrorisme par tous les moyens tout en reniant les racines et le passé de la France. Sous prétexte de laïcité et de liberté d’expression, c’est le grand Nihil qu’on favorise, l’apostasie matérialiste et athée. Le grand Nihil consacre le pouvoir illimité de l’homme, un pouvoir que tout roi de l’ancien régime aurait refusé parce que nul ne concevait gouverner sans l’aide de Dieu.

    Au lieu de faire la guerre, comme elle le prétend, la République, soutenue par l’UE, continue de faire la révolution, en d’autres termes, de supprimer les frontières, d’abaisser des mœurs, de pervertir le sens de la justice et de détruire les familles chrétiennes. Elle continue d’accréditer l’idée d’un islam tolérant et d’un christianisme coupable, ressassée à l’infini par d’éminents spécialistes diplômés, porte-paroles de la cause musulmane en dépit des faits. Alors que son gouvernement devrait faire non pas la révolution, ni la contre-révolution mais le contraire de la révolution : rétablir l’ordre. C’est-à-dire contrôler les frontières, rétablir l’État de droit dans les banlieues et désarmer l’armée djihadiste de l’État islamique.

    Les terroristes musulmans sont des révolutionnaires. Ce ne sont pas des mercenaires, mais des soldats du Coran. Ils emploient la violence sans aucun état d’âme pour imposer l’islam contre le monde capitaliste, corrompu et pourri à leurs yeux. Ce ne sont pas des nihilistes, bien au contraire. Ils croient à leur dieu. Ils prient Allah avant de se battre et sont prêts à lui sacrifier leur vie. Comment les combattre si on refuse obstinément l’aide de Dieu ? Si on se complaît dans le plaisir de profaner ? Si on réduit le blasphème à une simple convention ? Je vous le demande.

    S’il est vrai, comme le pensait J. de Maistre, que la révolution française comportait un caractère satanique et terroriste, il sera peut-être utile de méditer cette phrase que l’on trouve dans les Considérations : « Ce n’est pas par le chemin du néant que vous arriverez à la création. » 

    Journaliste culturel, collaborateur au journal La Nation (Lausanne), à la revue Choisir (Genève) et à la Nouvelle Revue Universelle

  • Les deux parenthèses molles

    par Claude Wallaert 

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    Jupiter ou voyou ? 

    C’était par un bel après-midi d’été, dans la mairie d’un bourg du centre de la France. Une petite assemblée se tenait dans la salle des mariages : onze adultes et quatorze enfants. Tous étaient joyeux, propres et pimpants : il s’agissait pour le maire, ceint de son écharpe tricolore, de remettre à une jeune femme la médaille de la famille française ; cette décoration a été créée en 1920 pour honorer les mères de quatre enfants et plus, de nationalité française. La maman du jour avait un mari, neuf enfants, et visiblement attendait le dixième … Le maire lut un hommage chaleureux qui montrait qu’il aimait bien ces administrés un peu atypiques. La maman remercia en quelques mots, avec un beau sourire, sans oublier personne, et en terminant par son mari, qui se tenait à ses côtés, aussi ému qu’il l’avait été quelque vingt ans auparavant, devant un autre maire, dans un autre village. Ensuite, on déboucha quelques bouteilles, on servit chouquettes et gougères, à la grande joie des enfants qui se mirent à courir partout…

    Dominant la scène, accroché au mur dans son cadre officiel, le président Macron, le sourcil conquérant, affichait son sourire de premier de la classe, les poings accrochés au bureau élyséen, campé entre les molles parenthèses de ses bras.

    C’était au moment où, dans cette paisible campagne, résonnaient encore, quoique un peu assourdis, les échos du tintamarre Benalla. Ce jeune homme de 26 ans a provoqué, en effet, un beau chahut à retardement, puisque les faits reprochés remontent au premier mai dernier, ce qui a mis au jour, comme l’on sait, des « curiosités » relatives à son salaire, à ses privilèges, ses ambitions présumées, et bien d’autres choses encore, attestées ou non, qui font les délices des journalistes qui ne savent pas comment vendre leur papier d’été. Il ne s’agit pas d’un criminel, non, mais à coup sûr de ce qu’on appelle un trublion, un intrigant, dont l’ambition un brin tapageuse et exhibitionniste a eu l’heur de plaire au personnage tout fier dans son cadre présidentiel ; notre jeune président serait-il tiraillé entre la majesté jupitérienne, et un certain tropisme décadent, voire quelque peu canaille ?

    1901356836.jpgOn peut le penser : qu’on se souvienne en effet de la fête de la musique, qui a vu Monsieur et Madame Macron recevant publiquement à l’Élysée, et avec la plus grande familiarité, un groupe de danseurs LGBT, dont l’un portait sur son ticheurte l’inscription « Fils de migrants, noir et pédé ». Quel contraste surprenant entre la véhémence grandiose des célébrations républicaines au Louvre et à Versailles, et les gesticulations adolescentes du jeune Emmanuel et, encore dernièrement, ses effusions dans les bras de la pulpeuse présidente de la Croatie, dont la valeureuse équipe venait pourtant de perdre la coupe du monde de football !

    photo_originale.jpgTout cela, en réalité, est à l’image de notre France : il y a encore des cloches qui sonnent dans le ciel de villages paisibles, des parents généreux, des enfants aimés et joyeux, des entrepreneurs intrépides, un superbe savoir-faire français, bref un patrimoine ancré et porteur d’avenir. Il y a aussi les caïds féodaux de la drogue, les zélateurs médiatiques d’un futur frelaté, la tourbe bourdonnante des partis politiques promoteurs d’ambitions dévoyées, et le pays en voie de désertification spirituelle, donc en danger de mort…

    Et dans son cadre officiel, sourcil conquérant, sourire ambigu, campé devant une fenêtre de l’ancien hôtel d’Évreux, Macron regarde ces deux France sur lesquelles il n’a aucune prise ; ses bras sont deux parenthèses molles… 

  • Quand la mémoire flanche

    Alger, 1957 ... 
    par Louis-Joseph Delanglade
     

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    Pendant la campagne présidentielle, de passage à Alger, M. Macron avait cru bon de condamner moralement la présence « coloniale » française en Algérie - condamnation évidemment inadmissible notamment au vu du contexte.

    Un peu plus tard, dans une interview au Figaro, il avait rééquilibré son propos : « Nous devons réconcilier des mémoires fracturées : celle des harkis, celle des pieds-noirs, celle des Français d'origine algérienne, celle des binationaux . » Cette fois, il s’agissait de traiter sur un pied d’égalité, en leur accordant à toutes la même légitimité aux yeux de l’Etat, des « mémoires » dont le rapport à la France n’est pas le même : harkis et pieds-noirs ne sont ni des immigrés ni des binationaux ; la mémoire des premiers fait partie de la mémoire française, celle des seconds est une mémoire étrangère et la conception mémorielle égalitariste de M. Macron n’est pas satisfaisante. 

    Or, voici que ce dernier vient de commettre une double faute en reconnaissant la responsabilité de l’Etat français dans la disparition à Alger en I957 de Maurice Audin. La première faute est de faire passer pour une innocente victime celui qui, au nom de son engagement communiste, n’aura été qu’un porteur de valises pour le compte du F.L.N., organisation terroriste avant l’heure en guerre contre la France. La dixième division parachutiste commandée par le général Massu n’a fait que son devoir en gagnant la bataille d’Alger, mission dûment confiée par le pouvoir politique. Quand on sait les atrocités commises par les combattants du F.L.N., quand on veut bien comprendre que ces atrocités constituaient un mode de combat, on voit mal comment nos soldats auraient pu répondre efficacement, sauf à utiliser tous les moyens. Celui qu’il faut bien appeler un traître a sans doute été arrêté et interrogé pour obtenir des renseignements visant à éviter des dizaines d’attentats perpétrés contre des civils. M. Macron n’avait donc pas à demander pardon à Mme veuve Audin. 

    La seconde faute aura été le moment choisi, quelques jours seulement avant le 25 septembre, « journée nationale d’hommage au harkis ». Il se trouve que, outre quelques décorations et quelques millions d’euros de mesures en leur faveur (le tout bien mérité, convenons-en), Mme Darrieusecq, secrétaire d'Etat auprès du ministre des Armées, a annoncé pour décembre « une initiative mémorielle d’envergure […] une reconnaissance pleine et entière » de l’engagement puis du calvaire de ces soldats français en Algérie et en France même. Très bien. Mais comment ne pas penser que M. Macron, encore et  toujours soucieux de « travailler sur l'apaisement des mémoires » semble vouloir ainsi faire l’équilibre entre un Audin complice des terroristes et tortionnaires du F.L.N. et ces soldats français trahis et abandonnés par certains de leurs chefs ?  S’il y a eu faute de l’Etat voire de l’Armée, ce n’est pas pendant la bataille d’Alger, c’est plutôt lors du dénouement tragique de 1962.

    M. Macron se souvient mal et mal à propos. A force de vouloir faire du « en même temps » une sorte de méthode opératoire, il participe à un nivellement mémoriel inacceptable.