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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Pour l'après-Macron... L'étonnante profession de foi monarchiste de Choderlos de Laclos (1791)

    Publié le 8 octobre 2018 - Actualisé le 3 février 2019 

    « Je veux une monarchie pour maintenir l'égalité entre les différents départements, pour que la souveraineté nationale ne se divise pas en souveraineté partielle, pour que le plus bel empire d'Europe ne consomme pas ses ressources et n’épuise pas ses forces dans des discussions intéressées, nées de prétentions mesquines et locales ; je veux aussi, et principalement une monarchie, pour que le département de Paris ne devienne pas, à l'égard des 82 autres départements ce qu'était l'ancienne Rome à l'égard de l'empire romain…

    Je voudrais encore une monarchie pour maintenir l'égalité entre les personnes, je voudrais une monarchie pour me garantir contre les grands citoyens ; je la voudrais pour n'avoir pas à me décider un jour, et très prochainement peut-être, entre César et Pompée; je la voudrais pour qu'il y ait quelque chose au-dessus des grandes fortunes, quelque chose au-dessus des grands talents, quelque chose même au-dessus des grands services rendus, enfin quelque chose encore au-dessus de la réunion de tous ces avantages, et ce quelque chose je veux que ce soit une institution constitutionnelle, une véritable magistrature, l’ouvrage de la loi créé et circonscrit par elle et non le produit ou de vertus dangereuses ou de crimes heureux, et non l'effet de l'enthousiasme ou de la crainte…

    Je ne veux pas d'une monarchie sans monarque, ni d'une régence sans régent, je veux la monarchie héréditaire…» Et il poursuit : «Je veux une monarchie pour éviter l'oligarchie que je prouverais, au besoin, être le plus détestable des gouvernements ; par conséquent, je ne veux pas d’une monarchie sans monarque et je rejette cette idée, prétendue ingénieuse, dont l'unique et perfide mérite est de déguiser, sous une dénomination populaire, la tyrannique oligarchie ; et ce que je dis de la monarchie sans monarque, je l'étends à la régence sans régent, au conseil de sanctions, etc... Dans l'impossibilité de prévoir jusqu'où pourrait aller l'ambition si elle se trouvait soutenue de la faveur populaire, je demande qu'avant tout on établisse une digue que nul effort ne puisse rompre.

    La nature a permis les tempêtes, mais elle a marqué le rivage, et les flots impétueux viennent s’y briser sans pouvoir le franchir. Je demande que la constitution marque aussi le rivage aux vagues ambitieuses qu’élèvent les orages politiques. Je veux donc une monarchie ; je la veux héréditaire ; je la veux garantie par l'inviolabilité absolue ; car je veux qu'aucune circonstance, aucune supposition, ne puisse faire concevoir à un citoyen la possibilité d'usurper la royauté. »   

    Choderlos de Laclos 

    Journal des Amis de la Constitution, organe officiel des Jacobins, 12 juillet 1791, n° 33

    A lire aussi dans Lafautearousseau ...
    A propos de cette profession de foi ...
  • Sur le blog ami du Courrier Royal : Joyeux anniversaire, Madame la Comtesse de Paris.

    Aujourd’hui, samedi 19 juin, la princesse Philomena d’Orléans, Comtesse de Paris,  fêtera  en famille son anniversaire sous le beau soleil de l’Occitanie.

    La princesse Philomena, est l’épouse du chef de la Maison royale de France, Monseigneur le Comte de Paris, Jean IV de France. La Princesse est née le 19 juin 1977 à Vienne, patrie de sa mère Maria-Antonia Edle von Steinhart. Avant son mariage, la future Comtesse de Paris a vécu dans plusieurs pays et parle couramment cinq langues.

    En épousant le prince Jean de France le 2 mai 2009 à Senlis, Philomena de Tornos y Steinhart est devenue officiellement la nouvelle Duchesse de Vendôme. Un titre qui fut porté la dernière fois par la princesse Henriette de Belgique, fille des comte de Flandre et sœur du Roi Albert Ier depuis son mariage en 1896 avec le prince Emmanuel d’Orléans, duc de Vendôme jusqu’à sa mort en mars 1948.

     

    Depuis septembre 2020, le Comte et la Comtesse de Paris  habitent sur les terres de l’Occitanie avec leurs cinq enfants :

      • S.A.R. le prince Gaston, né le 19 novembre 2009 dans le 14e arrondissement de Paris.
      • S.A.R. la princesse Antoinette, née le 28 janvier 2012 à Vienne (Autriche).
      • S.A.R. la princesse Louise-Marguerite, née le 30 juillet 2014 à Poissy (Yvelines).
      • S.A.R. le prince Joseph, née le 02 juin 2016 à Dreux.
      • S.A.R. la princesse Jacinthe, née le 9 octobre 2018 à Dreux

     

    La princesse Philomena s’occupe personnellement au quotidien de ses enfants et le Comte de Paris semble ravi de seconder son épouse. Depuis ses fiançailles, la princesse est très proche de sa belle-mère, Madame la duchesse de Montpensier, la consulte très souvent et tient compte de son avis et de ses conseils. La Princesse est également très proche de sa belle-sœur la princesse Marie de France. Elle aime la vie de famille et cultive donc l’esprit de famille. Madame la Comtesse de Paris est une maman comblée qui souhaite que ses enfants connaissent et cultivent des liens avec leurs nombreux cousins et cousines disséminés à travers l’Europe.

     

    Toute l’équipe de LAFAUTEAROUSSEAU, ses collaborateurs, ses lecteurs s'associent au COURRIER ROYAL pour souhaiter à Madame la Comtesse de Paris un très bon et joyeux anniversaire.

     

    Photo : Madame la Comtesse de Paris, par Dominique Jacovides

    Comte de Paris, Site Officiel

    Comte de Paris, Page Facebook 

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    Sources : https://le-courrier-royal.com/

    https://www.facebook.com/lecourrierroyal

  • Surpopulation carcérale ? Un problème facile à régler...

    Surpopulation carcérale ? Un problème facile à régler...

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    D'abord, la vérité, par les chiffres, et donc toute nue, si l'on peut dire : En France, il y a aujourd'hui 70.710 emprisonné(e)s, pour 59.165 places. Soit un taux d'occupation de 142% et, accessoirement, toujours si l'on peut dire, 1547 matelas au sol.

    A lafautearousseau, on n'est pas, et on n'a jamais été pour le "yaka", ou le "izonka", ou autres "yfokon"... Pourtant, le domaine des prisons est peut-être l'exception qui confirmerait cette règle...

    Suite à la question écrite le 16 février 2018 de Guillaume Larrivé (député de l’Yonne) au Ministère de la Justice, le Ministère de la Justice révèle le nombre de détenus en France par nationalité : 14.694 !

    Quasiment 5.000 Maghrébins (Algériens, Marocain, Tunisiens); quasiment 2.000 Roumains/Albanais. Plus d'un détenu sur cinq est de nationalité étrangère : près de 15.000 au total !

    En rendant ces délinquants à leur pays, après les avoir condamnés, on a quasiment réglé le problème de la surpopulation carcérale.

    Ce n'est pas du "yaka", ni du yzonka" ni du "ifokon" : c'est, tout simplement du CQFD...

     

     Nationalités 

    Total

    non renseignée

    43

    afghane

    38

    albanaise

    551

    algérienne

    1 954

    allemande

    63

    américaine

    15

    andorrane

    1

    angolaise

    80

    antiguaise et barbudienne

    1

    apatride

    10

    argentine

    4

    arménienne

    61

    australienne

    1

    autres nationalités

    8

    azerbaïdjanaise

    9

    bangladaise

    23

    belge

    140

    biélorusse

    9

    bolivienne

    5

    bosniaque

    103

    britannique

    91

    brésilienne

    216

    bulgare

    151

    burkinabé

    8

    burundaise

    1

    bélizienne

    1

    béninoise

    24

    cambodgienne

    8

    camerounaise

    134

    canadienne

    8

    cap-verdienne

    94

    centrafricaine

    54

    chilienne

    34

    chinoise

    157

    colombienne

    76

    comorienne

    196

    congolaise

    427

    costaricaine

    1

    croate

    63

    cubaine

    24

    danoise

    4

    djiboutienne

    6

    dominicaine

    66

    dominiquaise

    100

    égyptienne

    69

    équatorienne

    8

    érythréenne

    13

    espagnole

    319

    estonienne

    5

    éthiopienne

    7

    finlandaise

    1

    gabonaise

    62

    gambienne

    21

    ghanéenne

    10

    grecque

    10

    grenadienne

    8

    guatémaltèque

    3

    guinéenne

    99

    guinéenne-bissau

    14

    guyanienne

    132

    géorgienne

    237

    haïtienne

    124

    hondurienne

    3

    hongroise

    48

    inconnue

    23

    indienne

    38

    iranienne

    33

    iraquienne

    111

    irlandaise

    7

    israélienne

    23

    italienne

    213

    ivoirienne

    181

    jamaïquaine

    8

    japonaise

    2

    jordanienne

    2

    kazakhe

    5

    kirghize

    1

    kosovare

    90

    koweïtienne

    3

    laotienne

    8

    lettone

    20

    libanaise

    17

    libyenne

    72

    libérienne

    6

    lituanienne

    103

    luxembourgeoise

    4

    macédonienne

    20

    malaisienne

    1

    malgache

    18

    malienne

    159

    maltaise

    1

    marocaine

    1 895

    mauricienne

    19

    mauritanienne

    45

    mexicaine

    9

    moldave

    116

    mongole

    23

    monténégrine

    29

    monégasque

    2

    nicaraguayenne

    3

    nigériane

    154

    nigérienne

    34

    norvégienne

    1

    néerlandaise

    239

    népalaise

    1

    ougandaise

    1

    ouzbèke

    3

    pakistanaise

    79

    palestinienne

    19

    papouane-néo-guinéenne

    1

    paraguayenne

    3

    philippine

    4

    polonaise

    157

    portugaise

    480

    péruvienne

    22

    roumaine

    1 496

    russe

    176

    rwandaise

    13

    saint-lucienne

    76

    saint-vincentaise et grenadine

    21

    salvadorienne

    1

    santoméenne

    1

    serbe

    161

    seychelloise

    2

    sierra léonaise

  • Jean-François Colosimo : « L'alliance de la Turquie avec Daech est objective »

     

    Jean-François Colosimo a accordé un entretien-fleuve à FigaroVox au sujet du rôle géopolitique de la Turquie au Proche-Orient. Il déplore le double-jeu d'Erdoğan et la passivité de l'Europe. Ses positions - largement explicitées et développées dans cet entretien - correspondent à celles que nous avons toujours défendues ici. LFAR

    On a appris les bombardements d'un village chrétien de Sharanish au nord de l'Irak, dans le cadre des opérations anti-PKK. Juste après les attentats d'Istanbul, la Turquie avait lancé une campagne de frappes aériennes contre Da'ech en Irak et en Syrie. Quel est son ennemi prioritaire, Da'ech ou les minorités ?

    Jean-François Colosimo: Une vague de bombes qui revêt valeur d'avertissement pour l'État islamique et de gage pour les États-Unis ne saurait épuiser la question du double jeu d'Ankara dans la nouvelle crise d'Orient. Le fait de se vouloir à la fois le champion de l'Otan et le passeur de Da'ech n'engage pas d'autre ennemi prioritaire que soi-même. La Turquie est en lutte contre la Turquie. Elle combat les spectres des massacres sur lesquels elle s'est édifiée. Que les minorités, chrétiennes ou autres, souffrent au passage, c'est leur sort. Car toute l'histoire moderne du pays se conjugue dans ce mouvement de balancier perpétuel entre adversité du dehors et adversité du dedans. Et au regard duquel les changements de régime ne comptent guère.

    Comment s'est opéré le basculement d'une Turquie laïque vers l'intensification de l'emprise de l'islam sur toute la société? Quel est le sort des minorités ethniques et religieuses ?

    Afin de comprendre la Turquie d'aujourd'hui, il faut, comme il est d'habitude en Orient, s'établir sur le temps long. Plusieurs illusions de perspective menacent en effet une claire vision: qu'il y aurait une permanence en quelque sorte éternelle de la Turquie, qu'il y aurait lieu d'opposer la Turquie laïciste de Mustafa Kemal et la Turquie islamiste de Recep Erdoğan, que l'avenir de la Turquie serait nécessairement assuré.

    La Turquie contemporaine est incompréhensible sans l'Empire ottoman, lequel est lui-même incompréhensible sans l'Empire byzantin qui l'a précédé: comment passe-t-on, à l'âge moderne, d'une mosaïque multi-ethnique et pluri-religieuse à des ensembles nationaux et étatiques cohérents? Or, la décomposition de l'Empire ottoman, entamé dans les années 1820 avec l'indépendance de la Grèce, n'en finit pas de finir. Depuis la chute du communisme, de Sarajevo à Bagdad, les récents incendies des Balkans et les présents incendies du Levant attestent de sa reprise, de sa poursuite et de son caractère, pour l'heure, inachevé.

    Ce processus historique, déjà long de deux siècles, explique à la fois la naissance et l'agonie de la Turquie moderne. Deux événements relevant de la logique de la Terreur encadrent son surgissement: le premier génocide de l'histoire, commis en 1915 par le mouvement progressiste des Jeunes-Turcs, soit 1 600 000 Arméniens d'Asie mineure anéantis ; la première purification ethnique de l'histoire, entérinée par la Société des Nations en 1923, consécutive à la guerre de révolution nationale menée par Mustafa Kemal et se soldant par l'échange des populations d'Asie mineure, soit 1 500 000 Grecs expulsés du terreau traditionnel de l'hellénisme depuis deux mille cinq cents ans. Une dépopulation qui a été aussi bien, il faut le noter, une déchristianisation.

    La déconstruction impériale que se proposait d'acter le Traité de Sèvres en 1920, en prévoyant entre autres une Grande Arménie et un Grand Kurdistan, laisse la place à la construction de la Grande Turquie, acquise par les armes, qu'endosse le Traité de Versailles en 1923. La Turquie naît ainsi d'un réflexe survivaliste. Elle doit perpétuer sa matrice, continuer à chasser ses ennemis pour exister, sans quoi elle risque de retomber dans la fiction et l'inexistence. L'ennemi extérieur a été battu. Reste à vaincre l'ennemi intérieur. Ou, plutôt, les ennemis, tant ils sont nombreux et tant la fabrique nationaliste ne fonctionne qu'en produisant, à côté du citoyen-modèle, son double démonisé.

    Qui ont été les victimes de cette politique ?

    Dès l'instauration de la République par Kemal, la modernisation et l'occidentalisation se traduisent par l'exclusion. C'est vrai des minorités religieuses non-musulmanes, ce qu'il reste de Grecs, Arméniens, Syriaques, Antiochiens, Juifs, Domnehs (ou Judéo-musulmans), Yézidis, etc. C'est vrai des minorités musulmanes hétérodoxes, Soufis, Alévis, Bektâchîs, etc. C'est vrai des minorités ethniques, Kurdes, Lazes, Zazas, etc. Toute différence est assimilée à une dissidence potentielle. Toute dissidence est assimilée à un acte d'antipatriotisme. Tout antipatriotisme doit être supprimé à la racine. Tout signe distinct de culte, de culture ou de conviction doit être dissous dans une identité unique, un peuple idéal et un citoyen uniforme.

    Cette guerre intérieure, que conduit l'État contre ces peuples réels au nom d'un peuple imaginaire, parcourt le petit siècle d'existence de la Turquie moderne. De 1925 à 1938, elle est dirigée contre les Kurdes à coups de bombes, de gaz et de raids militaires. En 1942, elle prend un tour légal avec la discrimination fiscale des communautés «étrangères», dont les Juifs, et la déportation dans des camps de dix mille réfractaires. De 1945 à 1974, elle s'appuie sur les pogroms populaires, à l'impunité garantie, pour liquider les derniers grands quartiers grecs d'Istanbul et leurs dizaines de milliers d'habitants tandis qu'à partir de 1989, les institutions religieuses arméniennes se trouvent plus que jamais otages d'un chantage à la surenchère négationniste. Avec les putschs de 1960, 1971, 1980, la guerre devient celle de l'armée contre la démocratie. Hors des périodes de juntes, elle est le produit du derin devlet, de «l'État profond», alliance des services secrets, des groupes fascisants et des mafias criminelles qui orchestre répressions sanglantes des manifestations, éliminations physiques des opposants et attentats terroristes frappant les mouvements contestataires: ce qui aboutit par exemple, entre les années 1980 - 2010, à décapiter l'intelligentsia de l'activisme alévi. Mais la guerre classique peut aussi reprendre à tout moment: dite « totale », puis « légale » contre le PKK d'Abdullah Öcalan avec la mise sous état de siège du Sud-Est, le pays kurde, elle présente un bilan de 42 000 morts et 100 000 déplacés à l'intérieur des frontières en vingt ans, de 1984 à 2002.

    La prise de pouvoir d'Erdoğan et de l'AKP va permette un retour de l'islam au sein de l'identité turque. Elle acte en fait une convergence sociologique qui a force d'évidence démographique, accrue par la volonté de revanche des milieux traditionnels marginalisés par le kémalisme, des classes laborieuses délaissées par les partis sécularisés, de la paysannerie menacée par la modernisation mais aussi, dans un premier temps, des minorités tentées de rompre la chape de plomb étatique. La réalité va cependant vite reprendre ses droits: le fondamentalisme sunnite devient la religion constitutive de la « turquité » comme, hier, l'intégrisme laïciste. La couleur de l'idéologie change, mais ni la fabrique, ni la méthode, ni le modèle. Les minorités, abusées, trahies, redeviennent les cibles d'une construction artificielle et imposée. Mais entretemps, à l'intérieur, la société est divisée puisqu'elle compte une avant-garde artistique et intellectuelle constituée. Et à l'extérieur, la stabilité intermittente issue du Traité de Lausanne cède devant les réalités oubliées du Traité de Sèvres.

    Quelles sont les ambitions géopolitiques de la Turquie dans la région proche-orientale et caucasienne ?

    Parallèlement à son entreprise d'islamisation de la société, Erdoğan a voulu établir la Turquie comme puissance internationale conduisant une politique autonome d'influence. La Turquie laïciste et militaire de la Guerre froide, intégrée au bloc occidental, n'est plus qu'un fantôme, servant de leurre à une ambition néo-ottomane. La Turquie veut à nouveau dominer le monde musulman proche-oriental. Or les pays arabes du Levant ont précisément fondé leur indépendance sur le rejet du joug des Turcs-ottomans, considérés comme des intrus politiques et des usurpateurs religieux et les anciennes républiques musulmanes d'URSS restent dans l'orbe de Moscou. C'est la limite de l'exercice.

    Erdoğan a néanmoins voulu jouer sur tous les tableaux: comme protecteur des entités ex-soviétiques turcophones en Asie centrale et sunnites au Caucase ; comme médiateur de la Palestine et de la Syrie au Machrek ; comme allié des populations islamisées d'Albanie, du Kosovo et de Bosnie en Europe ; et même comme défenseur des Ouïghours musulmans en Chine. Le signe le plus probant de sa rupture avec l'Occident étant de s'être posé en adversaire d'Israël, jusque-là l'allié d'Ankara, à l'occasion de ses sorties verbales à Davos ou des expéditions navales présentées comme humanitaires à destination de Gaza.

    Le fil rouge? Que la Turquie, sortie de l'effondrement de l'Empire ottoman, déportée à l'Ouest par une laïcisation jugée contre-nature, redevienne la première puissance du monde musulman et sunnite.

    Comment comprendre l'emprise d'Erdogan et de l'AKP, un parti islamo-conservateur, sur un pays qui semblait avoir réalisé une entreprise d'européanisation et de laïcisation depuis un siècle ?

    La pointe fine de la société civile, souvent remarquable, issue des anciens milieux cosmopolites d'Istanbul-Constantinople ou d'Izmir-Smyrne, tournée vers l'Europe non pas comme modèle de technicité mais de culture, reste malheureusement inefficace dans l'ordre politique. De surcroît, maladie fréquente dans les pays musulmans de Méditerranée orientale, l'opposition démocratique est éclatée, les forces progressistes étant divisées, notamment à cause de la question des minorités. Enfin, Erdoğan a su mener une guerre souterraine visant à soumettre les pouvoirs qui pouvaient lui résister: militaire, parlementaire, judiciaire, médiatique, et même religieux. L'erreur et la honte de l'Europe sont d'avoir laissé se développer son emprise tyrannique.

    Il faut rappeler l'affaire Ergenekon, du nom d'un réseau supposément composé de militants nationalistes sous la coupe d'officiers militaires et démantelé par le gouvernement islamiste. Entre 2008 et 2010, à la faveur d'une instruction et d'un procès fleuve, trois cents personnes ont été arrêtées, 194 inculpées, et les condamnations aussi nombreuses ont permis de mettre au pas l'armée et de discréditer l'idéologie républicaine. Il faut rappeler les dizaines et dizaines de journalistes virés sur ordre d'en-haut, emprisonnés pour offenses à la patrie, à l'islam, au chef de l'État. Il faut rappeler les poursuites judiciaires contre l'écrivain Orhan Pamuk qui avait osé évoquer le génocide des Arméniens, contre le pianiste Fazil Say qui avait osé se déclarer athée. Mais aussi la restauration du voile dans l'espace public sous prétexte de liberté de conscience, l'hypertaxation du raki et plus généralement de l'alcool sous prétexte de lutte contre l'alcoolisme, la multiplication des mosquées sous prétexte de la moralisation de la jeunesse, etc.

    Dans le même temps, le mouvement protestataire né à Istanbul après qu'Erdogan a annoncé sa volonté de détruire le Parc Gezi de Taksim, ce bastion alévi, a récemment enflammé la Turquie. La résistance qui existe est ainsi populaire et parcourue par les survivances minoritaires.

    Nous sommes face à un engrenage et une dérive autoritaire qui ne dit pas son nom. Au point que, alors qu'Erdoğan fustige «les nationalismes ethniques et religieux qui menacent la Turquie» (sic), bat le rappel de la pièce de théâtre qu'il avait écrite dans les années 1970 et dans laquelle il dénonçait le complot franc-maçon, juif et communiste, qu'il avance que les musulmans ont découvert l'Amérique avant Christophe Colomb ou que l'hitlérisme a été un facteur de modernisation, qu'il se fait construire un palais de mille pièces à Ankara, c'est son mentor spirituel, l'islamiste Fethullah Gülen, qui dénonce la mainmise et la corruption de l'AKP!

    Or, signe des temps, les dernières élections ont vu pour la première fois des Turcs non- kurdes voter pour des candidats kurdes, en l'occurrence ceux du parti HDP mené par Selahattin Dermitaş. Cela montre que la société entend barrer la route à la révision constitutionnelle grâce à laquelle Erdoğan veut s'attribuer les pleins pouvoirs. C'est dans ce contexte qu'est survenue l'instrumentalisation des attentats attribués à Da'ech.

    Quelle position la Turquie a-t-elle adopté à l'endroit de Da'ech ?

    Le sommet de la politique d'islamisation d'Erdoğan est le soutien implicite de la Turquie à Da'ech, par hostilité au régime d'Assad, aux courants progressistes arabes, et par une alliance objective sur le sunnisme fondamentaliste. La Turquie s'élève enfin contre l'essor de l'identité kurde en Turquie et, de ce point de vue, son alliance avec Da'ech est objective.

    C'est l'État turc qui a déverrouillé l'État islamique en lui offrant un hinterland propice au transport des combattants, à l'approvisionnement en armes, au transfert de devises, au commerce du pétrole. C'est la société turque qui souffre de ce rapprochement insensé. C'est l'Europe qui s'entête à demeurer aveugle à cette connivence mortifère.

    Pour quelle raison cette ambiguïté turque n'est-elle pas dénoncée par les pays qui luttent contre l'État islamique ?

    Parce que l'Europe impotente, sans diplomatie et sans armée a cédé au chantage d'Erdoğan sur l'endiguement supposé des réfugiés. Argent, reconnaissance, soutien, silence: Merkel et Hollande ont tout accordé à Erdoğan. Surtout, l'Union se plie au diktat de la politique ambivalente d'Obama qui privilégie l'axe sunnite, saoudien-qatari-turc, avec pour souci premier de ne pas sombrer l'Arabie saoudite dans le chaos.

    Comment une Turquie entrée dans une phase d'islamisation à marche forcée peut-elle encore espérer intégrer une Union européenne laïque? Pour quelle raison l'UE, depuis 1986, continue-t-elle à fournir des fonds structurels à un État dont il est hautement improbable qu'il entre en son sein ?

    La Turquie, en raison de son héritage byzantin, partagé entre l'Ouest et l'Est, a depuis toujours manifesté une volonté d'association avec l'Occident. Sa tentative d'entrer dans l'UE était liée au fait qu'une Turquie laïciste et moderne voulait être un exemple d'européanisation. Or aujourd'hui s'est opéré un renversement d'alliance vers l'Orient, et de l'occidentalisation à l'islamisation.

    L'entrée de la Turquie dans l'UE semblait cependant peu probable et le paraît encore moins aujourd'hui pour plusieurs raisons: géographiquement, l'Europe s'arrête au Bosphore. Historiquement, l'Europe s'est affirmée à Lépante et à Vienne en arrêtant les Ottomans. Politiquement, la Turquie deviendrait le pays à la fois le plus peuplé et le moins avancé, le plus religieux et le moins démocratique de l'Union. Militairement, elle en porterait les frontières sur des zones de guerre. Mais, surtout, culturellement, philosophiquement, l'État turc, non pas les intellectuels turcs, refuse cette épreuve typiquement européenne du retour critique sur soi et sur l'acceptation d'une mémoire partagée quant au passé, à commencer par le génocide des Arméniens. Mais l'arrimage de la Turquie à l'Europe, sous la forme de partenariat privilégié, doit demeurer un objectif. Il ne passe pas par une amélioration des cadres politiques ou économiques, mais par une libération des mentalités. Ce que veut empêcher Erdoğan.

  • Racisme: pour Stéphane Bern ”il faut expliquer, pas déboulonner” les statues controversées.

     
    L'animateur estime que "supprimer la statue va effacer l'histoire".
     

    L'animateur Stéphane Bern qualifie de "vision de l'histoire totalement anachronique" le déboulonnage de statues de personnages liés à l'histoire de l'esclavage.

    "Il faut expliquer, pas déboulonner", juge-t-il dans un entretien aux quotidiens régionaux du groupe Ebra, qui paraît ce dimanche. Il estime qu'on ne peut pas "jauger nos ancêtres avec nos yeux d'aujourd'hui" et que "supprimer la statue va effacer l'histoire".

     
    "Il faudrait peut-être s'intéresser d'abord à l'esclavage moderne, celui des Asiatiques retenus au Qatar pour construire des stades", ajoute l'animateur missionné depuis 2017 par l'Elysée sur les questions de patrimoine.

    Un geste "contre-productif"

    Dans la foulée des manifestations contre les inégalités raciales déclenchées par la mort de George Floyd, un Afro-Américain tué par un policier blanc à Minneapolis le 25 mai dernier, de nombreuses statues de personnages historiques liés à l'esclavage ou la colonisation ont été déboulonnées ou vandalisées, aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde.

    Un geste "contre-productif et un peu stupide" pour l'animateur très populaire de l'émission de France 3 Secrets d'histoire.

    Il a "agacé" Macron au sujet de Notre-Dame

    Il revient aussi sur la décision jeudi du président de la République de reconstruire à l'identique la flèche de la cathédrale Notre-Dame de Paris, plutôt que d'opter pour le "geste architectural contemporain" envisagé un temps.

    Restaurer à l'identique, "C'est la loi! Il faut restaurer dans l'état en vigueur lors du classement" au patrimoine de l'Unesco, insiste Stéphane Bern, ajoutant avoir "agacé" Emmanuel Macron sur ce sujet.

  • Fédération Nationale de la Libre Pensée : Faut-il pleurer, faut-il en rire ? Fait-elle envie ou bien pitié ?

    La Fédération Nationale de la Libre Pensée ce sont certes des cercles ultra-minoritaires au langage et aux thématiques largement obsolètes, ringardes selon le terme à la mode. Il serait cependant inexact de croire ces gens-là sans influence. Les folies que l'on va lire ci-dessous sont relayées et publiées par Médiapart. Et sous une forme raisonnable, on les retrouve en langage soft dans les analyses de Terra Nova, le think-tank du parti socialiste et dans maints aspects des politiques menées par nos gouvernements, tout aussi bien que dans les structures de la pensée unique, du politiquement correct. C'est pourquoi nous vous donnons à lire les folies qui suivent, publiées le 8 décembre dernier sur le site de Médiapart. On notera, bien-sûr, sur qui, sur quoi - et dans quel langage ! - portent les attaques de ces lignes ringardes et exaltées.   Lafautearousseau 

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    Crèches de Noël : Polémiques, tensions, buzz médiatique : L’Eglise catholique à la manœuvre

    Depuis trois jours, c’est l’affaire du siècle. La Libre Pensée a fait retirer, au nom de la loi du 9 décembre 1905 et du principe de laïcité, une crèche dans des bâtiments officiels de la République. Ici, c’est un Conseil général, ailleurs il s’agit de Mairies. 

    Alors que depuis de nombreuses années, la Libre Pensée défère devant les tribunaux administratifs les collectivités territoriales qui violent la laïcité en mettant des emblèmes religieux dans les bâtiments de la République et que les tribunaux exigent le respect de l’article 28 de la loi de 1905, et leur retrait des lieux publics,  il n’y avait d’habitude aucun écho médiatique à cela. 

    Mais là, visiblement l’Eglise catholique a décidé de faire un « coup » médiatique et les médias aux ordres et les politiciens confits dans l’eau bénite ont relayé une campagne où l’on présente la Libre Pensée comme des « voleurs de Noël ». Devant une telle manipulation, la Libre Pensée a tenu à rappeler que c’est l’Eglise catholique, le 23 décembre 1951, sur le parvis de la cathédrale de Dijon, qui a brûlé en effigie le Père Noël (voir sur « www.fnlp.fr») pour cause de paganisme. 

    Pourquoi un tel acharnement ? 

    Depuis le 15 août 2012, l’Episcopat a décidé de descendre dans l’arène publique. Les Evêques ont appelé leurs ouailles à battre le pavé contre le mariage pour tous, contre la PMA, la GPA, la recherche scientifique sur les embryons et le droit de mourir dans la dignité. Attachés à un ordre ancien et à la nostalgie d’un Vieux-Monde qui sent le moisi, le rance et l’encens, les Prélats appellent à une Reconquista contre la Gueuse. 

    C’est la raison de l’affaire dite des « crèches de Noël ». En Espagne, dans la Sierra Guadarrama, les mitrés hispaniques sont en train d’ériger 1 300 croix  catholiques, au nom des « 1 300 martyrs du franquisme assassinés par les odieux républicains ». C’est la même croisade pour reconquérir l’espace public. 

    Ces crèches chrétiennes sont une provocation politique contre le caractère laïque de la République.

    C’est une affaire montée de toutes pièces pour tenter de sacraliser le christianisme dans le pays, alors qu’il est en pleine perte de vitesse. Les Eglises se vident, alors il faut occuper le terrain dans les bâtiments de la République. 

    Pour la Libre Pensée, les choses sont simples. La liberté de conscience fait que chacun fait ce qu’il veut, où il veut. Mais dans les locaux de la République, c’est la neutralité. La crèche de la Nativité est chrétienne, c’est donc un symbole religieux. Le bébé dans le berceau s’appelle Jésus-Christ, pas Mohammed. Le sapin, les boules, les guirlandes, les étoiles n’ont aucun caractère religieux. Ils viennent du vieux fond païen de notre pays (4 000 ans, excusez du peu !) 

    Les mêmes qui applaudissent agenouillés devant la crèche dans les bâtiments publics crieraient aux orfraies s’il s’agissait d’un symbole juif ou musulman. C’est la laïcité à géométrie variable. La République est laïque et pas chrétienne, n’en déplaisent aux manieurs d’encensoirs. 

    Ce n’est pas encore les rois, mais il a tiré la fève : Philippe de Villiers ! 

    Dans le florilège de la stupidité réactionnaire et bondieusarde, le Puy-du-Fou est au top niveau. Qu’on en juge. Confronté à David Gozlan, Secrétaire général de la Libre Pensée, voici ses arguties : « On va interdire les sonneries de cloches, avec la Libre Pensée, qui n’est pas une pensé libre – je le dis au passage à votre interlocuteur – une pensée secrète pour détruire le christianisme et en même temps, on installe, on islamise la France sans que personne ne dise rien ! C’est ça qui me scandalise ! En fait, c’est simple : ce n’est pas une question de loi, c’est beaucoup plus grave que ça. C’est notre identité et vous le savez très bien, c’est notre patrimoine, ce sont nos enfances, c’est notre passé, c’est notre histoire, c’est tout ce qui fait l’âme de la France. A vouloir détruire l’âme de la France, on fait courir un vent de folie, qui est un vent de folie qui conduira à des conséquences de régimes totalitaires. 

    J’appelle à la résistance et si j’étais Président du Conseil général de la Vendée aujourd’hui, je n’aurais pas démonté cette crèche, j’aurais affirmé la nécessité de résister à des gestes totalitaires ! 

    Moi, j’ai une seule chose à vous dire, c’est que en ce moment, personne ne dit ça sur votre antenne, moi je vais le dire et je n’ai pas peur des Francs-mac, moi, ça m’a jamais fait peur et d’ailleurs l’œuvre du Puy du Fou est une œuvre de chrétienté qui fait rayonner l’âme de la France. Ce qui est en train de se passer en ce moment, c’est l’islamisation progressive de la France. Partout. Partout les digues lâchent. La vague continue. On est en train de vivre un changement du peuplement, je pèse mes mots, et on est en train d’accepter en France, pour l’islam, ce que maintenant on se met à refuser à la chrétienté. Nous étions une société de chrétienté, or nous allons devenir une république islamique dans 30 ans. Ce sont les démographes qui parlent. Alors évidemment, la Libre Pensée, c’est ce qu’elle veut secrètement, parce que comme on dit dans l’évangile « on ne met pas une lampe sous le boisseau », vous vous cachez Monsieur de la Libre Pensée ! Votre but secret, c’est de détruire l’identité de la France ! Heureusement aujourd’hui en France, il va y avoir des auditeurs qui vont réagir à mon propos ! Il y a des millions de français qui en ont ras le bol que l’on détruise l’identité de la France et moi je suis un des porte-parole de cette France-là ! » 

    Le ci-devant de Villiers a un véritable problème avec l’Histoire, il ne s’est pas encore aperçu que depuis 1789, il y a eu la Révolution et ensuite la République.  Il n’est pas descendu de cheval depuis Poitiers en 732. Sus aux Maures et aux Sarrazins ! 

    Et dans son délire, il cite Mozart (horreur : un Franc-Maçon !) et Victor Hugo (damnation : un libre penseur !). Victor Hugo, qu’il devrait lire quand il disait : « Ce que je veux : l’Etat chez lui, l’Eglise chez elle ». C’est tout simplement ce que demande la Libre Pensée. 

    Philippe de Villiers et Robert Ménard en appellent à la résistance et au refus des décisions des tribunaux. Comment, quelqu’un en charge de l’autorité publique, peut-il ainsi bafouer la loi ? Que diront-ils demain quand des personnes feront des incivilités, eux qui en appellent à ne pas respecter la loi ? 

    Au cours des nombreux débats médiatiques, David Gozlan s’est trouvé confronté à quasiment tout le panel des « leaders » politiques de l’extrême-droite au PS. Tous, sans exception aucune, ont repris l’argumentaire de l’Eglise catholique, sur les racines chrétiennes, sur la non-importance de la crèche, le bonheur que cela apporte, etc… Un seul discours, mais plusieurs haut-parleurs. Et tous sont connus pour avoir soutenu l’interdiction du voile islamique dans la rue. 

    Il est à noter aussi qu’au début l’Eglise catholique a envoyé débattre des ecclésiastiques et qu’ensuite ce furent des « politiques » qui furent envoyés au front, tous des Gens d’Eglise à des degrés différents. Tant il est vrai qu’il y a toujours plusieurs demeures dans la maison du Père. 

    Florian Philippot, Stéphane Ravier, Nadine Morano, Thierry Mariani, Philippe de Villiers, Christine Boutin, Jean-Christophe Lagarde, Jean Glavany, Malek Boutih, Julien Dray :

    Tous derrière le petit Jésus dans la République et tous contre le voile islamique !

    Que voilà des vrais laïques ! 

    La Libre Pensée le dit haut et fort :

    La République est une et indivisible :

  • La spoliation des caisses autonomes de retraite : un nouveau ”1791” ?, par Jean-Philippe Chauvin.

    La question des retraites n’a pas fini d’agiter le pays ces prochains mois, et les premières manifestations de vendredi et de lundi derniers ont montré, à qui en doutait encore, qu’elle était éminemment sensible, même s’il est évident que leur gestion nécessite une réforme, voire une « révolution » de son approche et de sa résolution. Le système général des retraites apparaît à bout de souffle et, plus sûrement encore, à court d’argent frais, au risque d’entraîner, si l’on n’y prend garde, un véritable écroulement de l’économie des retraites et un appauvrissement forcé des populations sorties du monde du travail.

    jean philippe chauvin.jpgLa réforme est nécessaire mais pas n’importe laquelle, et pas en détruisant ce qui fonctionne au nom d’un principe d’égalité qui oublierait celui de justice, en particulier sociale.

     

    Or, le projet gouvernemental, qui s’appuie sur la promesse électorale macronienne bien hasardeuse de la mise en place d’un régime universel, signifie (s’il est voté et appliqué tel qu’il se dessine aujourd’hui) ce que les avocats qualifient de « spoliation » : en effet, le projet prévoit la fin des régimes particuliers (que l’on pourrait qualifier de « corporatifs ») et des caisses autonomes de retraites développées et gérées par nombre de professions libérales, et souvent excédentaires quand le régime général, lui, menace faillite… Un vieux royaliste m’affirmait l’autre jour, avec un brin d’ironie, que M. Macron préparait « un nouveau 1791 », en référence à la dissolution des corporations et à la fin de leurs garanties et avantages particuliers liés aux métiers et à leur organisation, ainsi qu’à leurs patrimoines respectifs (1)… A y bien y regarder et même si, dans un premier temps, la manœuvre gouvernementale pourrait s’apparenter à une forme de « nationalisation » des fonds de ces caisses aujourd’hui autonomes (« Près de 30 milliards d’euros sont en jeu », affirme le quotidien L’Opinion dans son édition du lundi 16 septembre…), elle ouvrirait néanmoins la voie à une forme de « libéralisation » (de privatisation « douce » ?) du système des retraites au profit d’organismes financiers ou de compagnies d’assurance, par le biais d’une « capitalisation » non pas imposée mais fortement valorisée ou favorisée par la réforme elle-même, pas forcément dans le texte mais dans son esprit, ce qui paraît plus habile et non moins dangereux pour les indépendants comme pour les salariés…

    Or, au lieu de les supprimer en les « intégrant » (ici synonyme de « confisquant »…) au régime général, ne serait-il pas plutôt intéressant de s’en inspirer et de les étendre à nombre d’autres professions ou secteurs ? Si l’on lit la tribune du collectif SOS Retraites qui regroupe des organisations de métiers fort différents comme avocats, médecins, infirmières, kinésithérapeutes, orthophonistes, etc., l’on comprend mieux l’enjeu : « Nous avons en effet en commun d’avoir été tenus « à côté » du régime général de retraite depuis sa création pour les salariés et les fonctionnaires en 1945. Nous nous sommes organisés, profession par profession, pour créer nos régimes de retraite. Pas spéciaux, autonomes. (2)» N’est-ce pas le processus qui, en d’autres temps, a formé les Métiers, appelés aussi corporations à partir du XVIIe siècle, et qui a permis de garantir au fil des temps des conditions acceptables pour tous ceux qui y travaillaient et qui, un jour, accéderaient à un repos professionnel mérité ? C’est en tout cas ce que les royalistes sociaux, qualifiés parfois de corporatistes, prônent en réclamant « la propriété du métier » et « le patrimoine corporatif », et que certaines professions ont, concrètement, mis en pratique ! Mais, là encore, la République ne sait pas créer, au sens professionnel du terme, et elle préfère spolier, confisquer, récupérer ce que la sueur des hommes a ensemencé, et cela dans une perspective purement idéologique et comptable : la logique de la République « une et indivisible » ne peut que difficilement (et provisoirement) accepter que des associations professionnelles, des corps de métiers ou des corporations, s’organisent « hors d’elle », et l’actuel projet de réforme le démontre à l’envi. On comprend mieux pourquoi, dans les discours officiels comme ceux des idéologues libéraux, le « corporatisme » est un terme toujours employé dans un sens péjoratif quand, dans la réalité concrète des professions libérales, celui-ci est la meilleure garantie des libertés et des droits professionnels, y compris après le temps du travail.

     

    De plus, ces caisses autonomes sont généralement plus efficaces que la République ou que les syndicats officiels pour maîtriser les dépenses et valoriser les revenus de la profession. Comme le souligne le collectif SOS Retraites, « nos régimes autonomes sont tous équilibrés, alors que le régime général est gravement déficitaire. Peut-être parce que nous avons été prévoyants là où les gouvernements successifs ont procrastiné : nos régimes autonomes ont anticipé le choc démographique, y compris en prenant des mesures contraignantes ». Or, à défaut de prévoir et de gouverner, et comme je l’évoque plus haut, la République préfère taxer ou spolier « au nom de (sa) loi », ce que dans l’édition du lundi 16 septembre du Figaro (pages économie) rappelle Paule Gonzalès à travers un exemple concret : « le projet de réforme (…) va obliger la profession [des avocats] à fusionner son régime des retraites avec le régime général. (…) Il va aussi résulter de cette fusion imposée le versement dans le pot commun de 2 milliards d’euros de provisions, réalisées au fil des ans par une profession prudente, anticipant l’évolution démographique », anticipation et bonne gestion que le régime général et les gouvernements successifs de la République n’ont ni voulu ni su faire, prisonniers qu’ils étaient d’un système politique qui repose sur l’élection et la promesse plutôt que sur la raison et la prévision… En pensant en termes de clientèle plutôt que de corps de métiers et de bien commun, la République sacrifie ce qui « marche » quand cela semble échapper à son contrôle, ce que Fanny Guinochet résume dans les pages de L’Opinion à propos de cette réforme : « Surtout, s’installe cette petite musique négative que cette réforme ne fera que des perdants » (…). Non seulement des perdants… mais sanctionnera aussi les bons élèves ! »

     

    Oui, le vieux royaliste que j’évoquais plus haut a raison : c’est bien « un nouveau 1791 » que le gouvernement de la République nous prépare… Il faut souhaiter que, connaissant la triste histoire sociale de cette année-là et ses conséquences, les principaux intéressés ne se laisseront pas faire. Mais, sans doute faut-il aller plus loin et en appeler à la constitution de nouveaux régimes (et caisses) autonomes de retraite pour toutes les professions qui le veulent et le peuvent, librement et publiquement, sans possibilité pour l’Etat de les confisquer ou d’attenter à cette « propriété corporative ». En somme, entre un modèle libéral peu soucieux des « autres » et un modèle étatiste confiscatoire du travail et de ses fruits, il est temps de penser plus globalement un autre modèle qui existe déjà à travers ces régimes autonomes de retraite pour nombre de professions : un modèle dans lequel le travail est reconnu et sa qualité garantie, un modèle qui ordonne la profession et assure les accidents ou les lendemains du travail par la constitution d’un « patrimoine corporatif »… Un modèle d’organisation corporative approprié à notre pays et à ses particularités professionnelles, pour que capacités productives, garanties de qualité et de pérennité, et justice sociale s’accordent plutôt que se combattent.

    Notes : (1) : le décret d’Allarde et la loi Le Chapelier de mars et juin 1791 qui abolissent les corporations et interdisent toute association professionnelle, mais aussi suppriment le droit de grève et les systèmes corporatifs d’entraide et de solidarité au sein d’un métier donné… Les lois les plus « antisociales » de toute l’histoire de France !

     

    (2) : Dans Le Figaro (pages économie), une avocate complète la dernière formule : « Un régime autonome, et non pas spécial, qui n’a pas coûté un centime au contribuable », ce qui n’est pas négligeable, tout de même !

  • Et si son intervention militaire en Libye était d’abord pour la Turquie un moyen de pression pour obtenir la révision du

    Trois événements de grande importance rebattent le jeu géopolitique méditerranéen :

     

    1) Le 7 novembre 2019, afin de contrôler le tracé du gazoduc EastMed par lequel se feront les futures exportations de gaz du gigantesque gisement de la Méditerranée orientale vers l’Italie et l’UE, la Turquie a signé avec le GUN (Gouvernement d’Union nationale libyen), l’un des deux gouvernements libyens, un accord redéfinissant les zones économiques exclusives (ZEE) des deux pays. Conclu en violation du droit maritime international et aux dépens de la Grèce et de Chypre, cet accord trace aussi artificiellement qu’illégalement, une frontière maritime turco-libyenne au milieu de la Méditerranée.

     

    2) La sauvegarde de cet accord passant par la survie militaire du GUN, le 2 janvier 2020, le Parlement turc a voté l’envoi de forces combattantes en Libye afin d’empêcher le général Haftar, chef de l’autre gouvernement libyen, de prendre Tripoli.

     

    3) En réaction, toujours le 2 janvier, la Grèce, Chypre et Israël ont signé un accord concernant le tracé du futur gazoduc EastMed dont une partie du tracé a été placée unilatéralement en zone maritime turque par l’accord Turquie-GUN du 7 novembre 2019.

    Ces évènements méritent des explications:

    AVT_Bernard-Lugan_2614.jpgPourquoi la Turquie a-t-elle décidé d’intervenir en Libye ?

     

    La Libye fut une possession ottomane de 1551 à 1912, date à laquelle, acculée militairement, la Turquie signa le Traité de Lausanne-Ouchy par lequel elle cédait la Tripolitaine, la Cyrénaïque et le Dodécanèse à l’Italie (voir à ce sujet mes deux livres Histoire de la Libye et Histoire de l'Afrique du Nord des origines à nos jours).

    Depuis la fin du régime Kadhafi, la Turquie mène un très active politique dans son ancienne possession en s’appuyant sur la ville de Misrata. A partir de cette dernière, elle alimente les groupes armés terroristes sahéliens afin d’exercer un chantage sur la France : « Vous aidez les Kurdes, alors nous soutenons les jihadistes que vous combattez  »…

    A Tripoli, acculé militairement par les forces du général Haftar, le GUN a demandé à la Turquie d’intervenir pour le sauver. Le président Erdogan a accepté en échange de la signature de l’accord maritime du 7 novembre 2019 qui lui permet, en augmentant la superficie de sa zone de souveraineté, de couper la zone maritime économique exclusive (ZEE) de la Grèce entre la Crête et Chypre, là où doit passer le futur gazoduc EastMed.

     

    En quoi la question du gaz de la Méditerranée orientale et celle de l’intervention militaire turque en Libye sont-elles liées ?

     

    En Méditerranée orientale, dans les eaux territoriales de l’Egypte, de Gaza, d’Israël, du Liban, de la Syrie et de Chypre, dort un colossal gisement gazier de 50 billions de m3 pour des réserves mondiales de 200 billions de m3 estimées. Plus des réserves pétrolières estimées à 1,7 milliards de barils de pétrole.

    En dehors du fait qu’elle occupe illégalement une partie de l’île de Chypre, la Turquie n’a aucun droit territorial sur ce gaz, mais l’accord qu’elle a signé avec le GUN lui permet de couper l’axe du gazoduc EastMed venu de Chypre à destination de l’Italie puisqu’il passera par des eaux devenues unilatéralement turques… Le président Erdogan a été clair à ce sujet en déclarant que tout futur pipeline ou gazoduc nécessitera un accord turc !!! Se comportant en « Etat pirate », la Turquie est désormais condamnée à s’engager militairement aux côtés du GUN car, si les forces du maréchal Haftar prenaient Tripoli, cet accord serait de fait caduc.

     

    Comment réagissent les Etats spoliés par la décision turque ?

     

    Face à cette agression, laquelle, en d’autres temps, aurait immanquablement débouché sur un conflit armé, le 2 janvier, la Grèce, Chypre et Israël ont signé à Athènes un accord sur le futur gazoduc EastMed, maillon important de l’approvisionnement énergétique de l’Europe. L’Italie, point d’aboutissement du gazoduc devrait se joindre à cet accord.

    De son côté, le maréchal Sissi a déclaré le 17 décembre 2019 que la crise libyenne relevait de « la sécurité nationale de l’Egypte » et, le 2 janvier, il a réuni le Conseil de sécurité nationale. Pour l’Egypte, une intervention militaire turque qui donnerait la victoire au GUN sur le général Haftar représenterait en effet un danger politique mortel car les « Frères musulmans », ses implacables ennemis, seraient alors sur ses frontières. De plus, étant économiquement dans une situation désastreuse, l’Egypte, qui compte sur la mise en chantier du gazoduc à destination de l’Europe ne peut tolérer que ce projet, vital pour elle, soit remis en question par l’annexion maritime turque.

     

    Quelle est l’attitude de la Russie ?

     

    La Russie soutient certes le général Haftar, mais jusqu’à quel point ? Quatre grandes questions se posent en effet quant aux priorités géopolitiques russes :

     

    1) La Russie a-t-elle intérêt à se brouiller avec la Turquie en s’opposant à son intervention en Libye au moment où Ankara s’éloigne encore un peu plus de l’OTAN ?

    2) A-t-elle intérêt à voir la mise en service du gazoduc EastMed qui va fortement concurrencer ses propres ventes de gaz à l’Europe ?

    3) Son intérêt n’est-il pas que la revendication turque gèle la réalisation de ce gazoduc, et cela, pour des années, voire des décennies, compte tenu des délais impartis aux cours internationales de justice ?

    4) A-t-elle intérêt à affaiblir le partenariat qu’elle a établi avec la Turquie à travers le gazoduc Turkstream qui, via la mer Noire, contourne l’Ukraine et qui va prochainement être mis en service. ? D’autant plus que 60% des besoins en gaz de la Turquie étant fournis par le gaz russe, si Ankara pouvait, d’une manière ou d’une autre profiter de celui de la Méditerranée orientale, cela lui permettrait d’être moins dépendante de la Russie…ce qui ne ferait guère les affaires de cette dernière…

     

    Et si, finalement, tout n’était que gesticulation  de la part du président Erdogan afin d’imposer une renégociation du Traité de Lausanne de 1923 ?

     

    La Turquie sait très bien que l’accord maritime passé avec le GUN est illégal au point de vue du droit maritime international car il viole la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer (CNUDM) que la Turquie n’a pas signée. Cet accord est également illégal au regard des Accords de Skrirat du mois de décembre 2015 signés sous les auspices des Nations Unies et qui constituèrent le GUN car ils ne donnent pas mandat à son chef, Fayez el-Sarraj, de conclure un tel arrangement frontalier. De plus, n’ayant que le Qatar pour allié, la Turquie se trouve totalement isolée diplomatiquement.

    Conscient de ces réalités, et misant à la fois sur l’habituelle lâcheté des Européens et sur l’inconsistance de l’OTAN effectivement en état de « mort cérébrale », le président Erdogan est soit un inconscient jouant avec des bâtons de dynamite soit, tout au contraire, un calculateur habile avançant ses pions sur le fil du rasoir.

    Si la seconde hypothèse était la bonne, le but de la Turquie serait donc de faire monter la pression afin de faire comprendre aux pays qui attendent avec impatience les retombées économiques de la mise en service du futur gazoduc EastMed, qu’elle peut bloquer le projet. A moins que l’espace maritime turc soit étendu afin de lui permettre d’être partie prenante à l’exploitation des richesses du sous-sol maritime de la Méditerranée orientale. Or, pour cela, il conviendrait de réviser certains articles du Traité de Lausanne de 1923, politique qui a déjà connu un début de réalisation en 1974 avec l’occupation militaire, elle aussi illégale, mais effective, de la partie nord de l’île de Chypre.

    Le pari est risqué car la Grèce, membre de l’OTAN et de l’UE et Chypre, membre de l’UE, ne semblent pas disposées à céder au chantage turc. Quant à l’UE, en dépit de sa congénitale indécision, il est douteux qu’elle acceptera de laisser à la Turquie le contrôle de deux des principaux robinets de son approvisionnement en gaz, à savoir l’EastMed et le Turkstream.

  • Réindustrialisation et volonté politique : la piste royale, par Jean-Philippe Chauvin.

    Le déconfinement a commencé depuis déjà deux semaines, et nombre d’illusions sur « le monde d’après » sont déjà entrées au cimetière des bonnes intentions, peu aptes à survivre dans une société de consommation, mais aussi « distractionnaire » comme la qualifiait Philippe Muray avec une ironie un peu triste. Ainsi en va-t-il de l’idée, souvent émise au cours de la période de confinement, de la relocalisation des industries parties hier (un hier qui remonte parfois aux années 1990…) vers les pays asiatiques ou est-européens, idée qui est déjà démentie par les propos du commissaire européen au commerce, M. Phil Hogan, et que rappelle Serge Halimi dans son éditorial du Monde Diplomatique de juin 2020 :

    jean philippe chauvin.jpg« Quelques entreprises sanitaires seront relocalisées sur le Vieux Continent, comment faire autrement ? « Mais il s’agit là d’une exception », nous avertit M. Hogan. Et, s’adressant à ceux qui parlent de circuits courts, de décroissance, il prévient : « En 2040, 50 % de la population mondiale vivra à moins de cinq heures de la Birmanie. (…) Il me semble évident que les entreprises européennes ne voudront pas se priver de cette manne d’activité. Ce serait complètement idiot. » Il sait d’ailleurs déjà à quoi il emploiera les prochains mois : « Nous devons approfondir nos accords de libre-échange existants - on en a avec quelque soixante-dix pays - et chercher à en contracter d’autres. »

     

    Ainsi s’accélère la logique de mondialisation, et les désirs de « rattrapage » des dividendes perdus chez nombre d’actionnaires, de plus en plus asiatiques d’ailleurs, n’y seront pas non plus étrangers : d’ailleurs, même les actionnaires français sont sensibles à ce discours, d’autant plus que nombre d’entre eux, et il n’est pas interdit de le regretter, n’ont plus guère de sens patriotique, ce sens qui n’est rien d’autre, en économie, que la solidarité des plus aisés avec les autres classes sociales, une solidarité qui, pour être complète et efficace, doit évidemment fonctionner dans les deux sens, mais selon les critères reconnus et acceptés de la justice sociale, fondement majeur de toute harmonie nationale durable. Mais, doit-on s’accommoder de cette situation et de cette mentalité individualiste et « libéraliste » qui, si l’on n’y prend garde, pourraient bien mener notre pays à la perte de sa souveraineté économique, préambule ou accélérateur de celle de toute indépendance politique ?

     

    En fait, il n’y a pas une seule réponse économique, mais bien plutôt une stratégie politique qui doit utiliser diverses propositions ou solutions économiques, avec la boussole nécessaire du bien commun et de la justice sociale, boussole qui n’est pas exactement celle de la seule logique du Marché et de sa pratique mondialisée. Cela implique un État qui ne soit pas forcément omnipotent mais, en revanche, fort et sûr, sinon de son fait (l’erreur est toujours possible, mais il faut éviter d’y persévérer…), au moins de sa légitimité pour s’imposer aux féodalités financières, actionnariales ou économiques. Il semble bien que la République, trop dépendante des puissances qui estiment n’avoir pas de comptes à lui rendre (ce que dénonçait Jean Gabin dans son fameux discours à la Chambre, dans le film - politiquement incorrect - « Le Président »…), n’arrive pas toujours à se faire entendre d’elles, au risque d’aggraver le discrédit de la fonction politique aux yeux de nos concitoyens, de plus en plus abstentionnistes, voire « inciviques » (ou « impolitiques »), et de la désarmer un peu plus encore…

    Pour ce qui est de la relocalisation des entreprises, sans doute le terme, sympathique en lui-même, cache-t-il quelques ambiguïtés et faiblesses : relocaliser des entreprises automobiles qui produisent en Chine pour vendre dans ce même pays, n’aurait guère de sens et serait même peu responsable, ne serait-ce que pour des raisons écologiques ; mais relocaliser des usines, aujourd’hui asiatiques, dont les productions sont majoritairement destinées aux marchés français et européen, paraît beaucoup plus utile et efficace, même si les marges bénéficiaires des entreprises et les dividendes des actionnaires peuvent en être diminués sans être, pour autant, annihilés. Néanmoins, la relocalisation de quelques activités industrielles est-elle suffisante, au regard des enjeux contemporains, qu’ils soient industriels, économiques ou écologiques ? Louis Gallois, grand patron français, a des idées plus précises sur ce sujet quand il évoque, plutôt que la seule relocalisation (dont il complète la formule plutôt qu’il ne la rejette), la nécessaire réindustrialisation qui doit nous permettre de subvenir à nos propres besoins et de garantir cette souveraineté économique qui est l’une des clés (mais pas la seule…) de la capacité du politique à pouvoir se faire respecter face aux puissances de l’économique et sur la scène mondiale. Et quand il insiste sur trois domaines prioritaires de « relocalisations d’activités et de systèmes productifs », ceux de la Santé, de l’agro-alimentaire et du numérique (ce dernier domaine relevant, pour lui, de « l’Europe » - mais façon Airbus - plus que de la seule France, ce qui peut être discuté et, pourquoi pas, approuvé), il me semble bien qu’il a raison et qu’il faut l’entendre.

     

    Mais, là encore, ses propositions (qu’il n’est pas impossible de compléter, dans une logique d’ententes européennes et de grands ensembles géopolitiques dans lesquelles la France aurait sa place à tenir, en tant que telle, et non comme une simple puissance « européenne » ou prisonnière de « l’Europe ») nécessitent une véritable volonté politique, au-delà même des moyens (c’est-à-dire la fameuse « intendance » évoquée par le général de Gaulle) de sa mise en pratique, . Or, la volonté politique ne se décrète pas, elle s’institue, c’est-à-dire qu’elle s’ancre dans un État, dans une forme politique qui lui assure d’être immédiatement reconnue et suivie d’effets. Après tout, la Cinquième République, quand elle se pensait comme une « monarchie républicaine » incarnée par un homme né de l’histoire (et de la tragédie surmontée), a démontré la capacité de la volonté politique à « faire l’histoire », y compris à contre-courant des idéologies dominantes. Sans doute s’agit-il désormais de faire advenir une monarchie royale qui reprenne l’élan des débuts de la Cinquième, non pour l’imiter, mais pour incarner et pérenniser la volonté politique, au-delà d’un homme, forcément faillible (et c’est tant mieux, la nature de l’homme n’étant pas de devenir un démiurge), dans une institution familiale dont les visages vieillissent et se succèdent au rythme du temps et des générations. Car la nouvelle Monarchie royale n’aurait pas pour seul rôle (même s’il n’est pas négligeable) de « symboliser » l’État mais se devrait d’en assumer la magistrature suprême et sa fonction d’arbitrage et d’impulsion (et de garantie) des grandes politiques séculaires, celles qui ne sont pas « que » gouvernementales mais qui sont, avant tout et au fil des grands cycles politiques et géopolitiques, des politiques « du temps long » : celui-là même qu’évoquait le philosophe Michel Serres dans une émission ancienne dans laquelle il se faisait (philosophiquement parlant et sans oser employer le mot exact) l’avocat de la Monarchie de transmission intergénérationnelle, successible et héréditaire, « pour donner du temps au temps »

  • Le mal-être français, par Hilaire de Crémiers

            Voici l'analyse politique d'Hilaire de Crémiers, parue dans le numéro 95 de Politique magazine (avril 2011).

        Les dernières élections cantonales ont révélé un profond malaise français qui est, en fait, un mal-être.

           Il y a manière et manière de présenter les chiffres électoraux. 

           Ainsi après le second tour des élections cantonales. 36 % ou presque pour le Parti socialiste : largement en tête, a-t-il été annoncé !... 

            Ce qui n’est pas précisé, ou fort mal, c’est que ces 36 % sont calculés par rapport aux votants, aux suffrages réellement exprimés. Par rapport aux inscrits, cela ne fait que 17 %, plutôt 16,50 %. Pourquoi ne pas le dire ? Tel est le chiffre véritable qui exprime l’adhésion de l’électorat aux thèmes de la gauche socialiste, report fait à ce second tour, et d’ailleurs plutôt bien fait, des autres gauches ! 17 %, pas plus et plutôt moins ! Au premier tour, c’était 10,73 % !... Ajoutez les petits 8 % de suffrages du Front de gauche (5,1 %) et d’Europe Ecologie (2,6 %) qui ne représentent concrètement, selon les mêmes justes critères, qu’à peine 3,7 % des inscrits, voilà un tout petit 20 %, à tout casser, d’électeurs réellement de gauche dans la France d’aujourd’hui. Électeurs partisans, militants, capables de se déplacer pour signifier leur choix.

            De même à droite ou ce qu’on appelle la droite. L’UMP, en tant que parti, reports faits pareillement, si elle affiche officiellement 20,3 %, ne fait en réalité par rapport à l’ensemble du corps électoral qu’un petit 9 %. C’est le nombre vrai d’électeurs qui ont manifesté leur détermination dans ce sens. Au premier tour, c’était 7,30 %, soit 16,97 % par rapport aux suffrages exprimés. 

             7,30 %-9,30 %, c’est évidemment fort peu. S’il y avait un minimum d’honnêteté dans les analyses politiques, c’est ainsi que, pour le PS et pour l’UMP, les résultats devraient être présentés. 

            Mais on préfère mettre à part le chiffre des abstentions, plus de 54 %, en le traitant en soi avec des lamentations de pleureuses. L’astuce est trop facile !

     

    Le truquage des chiffres

            En revanche, s’agissant du Front National, les calculs, comme par un fait exprès, ont été établis au second tour par rapport à l’ensemble général des votants, et non pas par rapport au votants des seuls cantons où pouvait encore se présenter un candidat FN, ce qui aurait traduit la réalité. Habile subterfuge : le procédé employé permettait de diminuer singulièrement les pourcentages de votes du FN, tout en haussant par des procédés contraires ceux des autres formations. L’annonce d’un 11 % de votes FN, mise en manchette dans les journaux, n’était ainsi pas trop accablante pour les pauvres esprits du monde politique et médiatique établi. Ces truquages de chiffres révélent assez le malaise des sphères officielles. En fait, le FN, dans les cantons où il était présent au second tour, a fait globalement, en moyenne, 20 %, soit 10 % par rapport aux inscrits, si l’on veut, mais – il faut le souligner – c’est plus que l’UMP. Il faut prendre la mesure du phénomène qui ébranle, d’ailleurs, les quelques experts qui savent lire au- delà des chiffrages officiels. La moyenne s’élève encore notablement dans les cas où le candidat FN se trouvait seul face à la gauche, 35 %, ou, mieux encore, face à l’UMP, 36,5 %. Dans certains cas, le score dépassait les 40 % jusqu’à franchir les 50 % dans deux cantons, un du Vaucluse, l’autre du Var, donnant ainsi au FN deux conseillers généraux. « Que deux ! » disent les commentateurs en soupirant de soulagement. Et, certes, le vote FN ne fait que 10 %, 15 %, 20 %, 25 % du corps électoral selon les cas, mais si vous rapprochez ces pourcentages de l’ensemble des chiffres réels des partis dits de gouvernement, il y a de quoi rester songeur.

            Ceux qui vivent dans le monde à part du pouvoir et des partis qui se partagent le pouvoir, ont une fâcheuse tendance à ne plus voir la réalité, tant ils sont préoccupés par leurs prébendes et les luttes qu’ils doivent soutenir, jusque dans leur formation, pour les conserver, les conquérir et les reconquérir. Toutefois la peur peut aiguiser la sagacité. Certains font leur compte. C’est d’autant plus enrageant pour les quelques bons esprits qui, en pareilles circonstances, gardent leur jugement, que, si l’on additionnait l’ensemble des votes de droite, ou dits de droite, entre les « divers droite », les « majorité présidentielle », les UMP vraiment de droite, populaires, patriotes et honnêtes, le Front national, à quoi il conviendrait d’ajouter tout ce qui à gauche ne vote à gauche que parce qu’ils ne veulent pas voir disparaître l’État français, il n’est pas douteux qu’il serait possible d’envisager une nouvelle configuration du corps électoral. Il échapperait aux analyses et aux pronostics du monde républicain officiel. On ne sait pourquoi ces calculs sont interdits. Ils n’apparaissent nulle part. Ce serait, pourtant, en les affinant, l’étude politique la plus intéressante du moment. Ce serait sortir des considérations de l’électoralisme brut dans lequel les Français, comme tant d’autres peuples, sont stupidement enfermés, ainsi que le prouvent, encore et une fois de plus, ces dernières élections cantonales. Il serait possible d’émerger de la crétinisation partisane où la France s’englue perpétuellement, pour se faire une idée des souhaits les plus vrais, les plus profonds des Français, y compris et surtout des classes dites populaires qui votent à l’inverse des consignes « bourgeoises » de la classe politique dominante, celle de gauche comme celle de droite, ainsi qu’il est maintenant archi-prouvé ; y compris encore de beaucoup de Français, d’origine immigrée, mais intégrés, voire assimilés, comme cela aussi semble de plus en plus prouvé par l’analyse des votes de quartiers, au grand dam des sociologues patentés qui ont colonne ouverte dans la presse bourgeoise, de gauche ou de droite.

     

    Le phénomène Marine

            Il y en a une qui l’a compris : c’est Marine Le Pen. Elle s’est engagée dans cette voie et elle est déterminée à aller jusqu’au bout. Elle le fait d’autant plus naturellement et d’autant plus vigoureusement qu’elle est républicaine, qu’elle est démocrate, qu’elle entre totalement dans le jeu des institutions actuelles, dans le cadre légal fixé par l’État tel que l’ont façonné cinquante ans de Ve République. Les commentateurs auront beau glosé sur son père et sur elle, sur les hauts et les bas du Front National, sur les pourcentages et les courbes des votes aux différents scrutins des vingt dernières années, ils ne changeront rien à une réalité profonde de la France que la dynamique actuelle du FN ne fait que révéler une fois de plus : les Français aiment la France. Il suffit de leur donner la possibilité d’exprimer sincèrement cette affection qui détermine leur être, pour que les considérations idéologiques des partis s’estompent, voire soient bousculés et mises de côté. Et cela quelle que soit l’issue de l’affaire. Les sursauts, y compris électoraux, sont en France nationaux. C’est la grande règle que les politiques et les analystes patentés refusent de voir. Le régime des partis est le plus contraire qui soit à l’identité de la France et c’est malheureusement toujours lui qui s’impose finalement dans l’état de nos institutions. D’où l’amertume continuelle de la France. Faut-il rappeler que les deux candidats « finalistes » de 2007ont joué, tout le long de leur campagne électorale, la carte nationale, patriotique, voire conservatrice, même s’il y avait un côté dérisoire dans la manière de le faire. Il n’empêche : le fait est là. Et, bien sûr, aujourd’hui, malgré toutes les mutations de la société, la même réalité nationale vient perturber le jeu malsain des partis.

            Il n’y a pas un peuple de gauche, un peuple de droite ; il y a un peuple de France. Celui ou celle qui affirme fortement cette idée simple, a toute chance de trouver un fort crédit auprès des électeurs.

    L’incertitude

            Marine Le Pen réussira-t-elle à marquer encore et toujours des points ? Le scénario qui se dessine pour 2012 la favorise de plus en plus. Ce n’est plus de l’inquiétude dans les officines politiques, c’est de l’angoisse. « Front républicain » ou pas, le régime se sait ébranlé, mais il ne sait pas jusqu’où, ce qui aggrave la peur. Elle suscite des mouvements de panique, surtout à l’UMP. D’où les altercations de ces derniers jours : les défaites détruisent le moral et avivent les querelles intestines, c’est bien connu. Mais le PS, lui non plus, n’ a pas à faire le glorieux. Lui aussi est touché. Des gens qui se croient intelligents font tout pour promouvoir une candidature Strauss-Kahn qui serait seule en état de contrecarrer l’ascension de Marine Le Pen. Mais l’homme du FMI franchira-t-il le pas ? Trop d’incertitudes sur l’avenir même de la France et de la zone euro feront de toute façon hésiter un homme connu pour aimer son confort. Même serait-il candidat, il ne répondrait pas aux nécessités de la nouvelle donne.

            Les hommes de parti ne semblent pas comprendre ce qui se passe réellement ou ils ne le comprennent que par rapport à eux. Pourtant le Médiateur de la République, Jean- Paul Delevoye, dans son dernier et tout récent rapport, n’a pas manqué de souligner la gravité de la crise française, financière, économique, sociale, politique et institutionnelle, bref ce qui est analysé depuis plusieurs années déjà dans Politique magazine. D’où un sentiment d’abandon du peuple français, prêt, du coup, à s’en remettre à un sauveur national. La situation internationale alarmante, la crise financière majeure qui se profile à l’horizon, l’augmentation du coût et des difficultés de la vie, le désastre nucléaire au Japon,  tout porte à alimenter ces appréhensions et donc ces espoirs sous- jacents. Toute la question est de savoir si l’homme ou la femme de 2012 sera en état de répondre à la situation dans le cadre du régime actuel. Cela dépasse infiniment Marine Le Pen et tous les candidats de quelque parti qu’ils soient. Car il apparaît, non moins évidemment que le reste du problème, mais personne ne veut s’y attarder, qu’il n’y aurait de solution nationale durable que si l’institution centrale de l’État avait pour elle la stabilité, la continuité, et que si elle était par nature hors du régime des partis. Aucun candidat actuel ne peut remplir ces conditions. L’échec, une fois de plus, sera au rendez-vous. Il ne tient qu’à la France et aux Français de n’être pas condamné à l’échec. ■

  • SOCIETE • Luchini, superbement antimoderne, comme Baudelaire ...

     

    Cet entretien avec Fabrice Luchini est paru dans Le Figaro du 13 décembre 2014. « Poésie ? » le spectacle du comédien, rencontre, depuis le mois de janvier 2015, un succès phénoménal. Les réservations se font déjà pour l'année 2016.

    « Poésie ? » Théâtre des Mathurins. Réservations: 01 42 65 90 00 ou 0892 68 36 22

     

    Vous jouez un spectacle intitulé « Poésie ? ». Vos choix sont de plus en plus exigeants...

    Fabrice LUCHINI. - La poésie ne s'inscrit plus dans notre temps. Ses suggestions, ses silences, ses vertiges ne peuvent plus être audibles aujourd'hui. Mais je n'ai pas choisi la poésie comme un militant qui déclamerait, l'air tragique : « Attention, poète ! » J'ai fait ce choix après avoir lu un texte de Paul Valéry dans lequel il se désole de l'incroyable négligence avec laquelle on enseignait la substance sonore de la littérature et de la poésie. Valéry était sidéré que l'on exige aux examens des connaissances livresques sans jamais avoir la moindre idée du rythme, des allitérations, des assonances. Cette substance sonore qui est l'âme et le matériau musical de la poésie.

    Valéry s'en prend aussi aux diseurs...

    Il écrit, en substance, que rien n'est plus beau que la voix humaine prise à sa source et que les diseurs lui sont insupportables. Moi, je suis un diseur, donc je me sens évidemment concerné par cette remarque. Avec mes surcharges, mes dénaturations, mes trahisons, je vais m'emparer de Rimbaud, de Baudelaire, de Valéry. Mais pas de confusion : la poésie, c'est le contraire de ce qu'on appelle « le poète », celui qui forme les clubs de poètes. Stendhal disait que le drame, avec les poètes, c'est que tous les chevaux s'appellent des destriers. Cet ornement ne m'intéresse pas. Mais La Fontaine, Racine, oui. Ils ont littéralement changé ma vie. Je n'étais pas « un déambulant approbatif », comme disait Philippe Muray, mais je déambulais, et j'ai rencontré, un jour, le théâtre et la poésie comme Claudel a vu la lumière une nuit de Noël.

    La poésie est considérée comme ridicule, inutile ou hermétique...

    Elle a ces trois vertus. Ridicule, c'est évident. Il suffit de prononcer d'un air inspiré : « Poète, prends ton luth...» Musset est quatorze fois exécrable, disait Rimbaud, et tout apprenti épicier peut écrire un Rolla. Inutile, elle l'est aussi. Hermétique, c'est certain. J'aimerais réunir les gens capables de m'expliquer Le Bateau ivre.

    C'est un luxe pour temps prospère ?

    La poésie, c'est une rumination. C'est une exigence dix fois plus difficile qu'un texte de théâtre. La poésie demande vulnérabilité, une capacité d'être fécondée. Le malheur est que le détour, la conversation, la correspondance qui sont les symboles d'une civilisation ont été engloutis dans la frénésie contemporaine. Nietzsche, il y a un siècle, fulminait déjà contre les vertus bourgeoises qui avaient envahi la Vieille Europe. Vous verrez, disait-il, ils déjeuneront l'oeil sur leur montre et ils auront peur de perdre du temps. Imaginez le philosophe allemand devant un portable !

    Vous êtes hostile au portable ?

    J'en ai un comme tout le monde. Mais c'est immense, l'influence du portable sur notre existence. Une promenade, il y a encore vingt ans, dans une rue pouvait être froide, sans intérêt, mais il y avait la passante de Brassens, ces femmes qu'on voit quelques secondes et qui disparaissent. Il pouvait y avoir des échanges de regard, une possibilité virtuelle de séduction, un retour sur soi, une réflexion profonde et persistante. Personne, à part peut-être Alain Finkielkraut, n'a pris la mesure de la barbarie du portable. Il participe jour après jour à la dépossession de l'identité. Je me mets dans le lot.

    N'est-ce pas un peu exagéré ?

    La relation la plus élémentaire, la courtoisie, l'échange de regard, la sonorité ont été anéantis pour être remplacés par des rapports mécaniques, binaires, utilitaires, performants. Dans le train, dans la rue, nous sommes contraints d'entendre des choses que nous aurions considérées comme indignes en famille. Dans mon enfance, le téléphone était au centre d'un couloir parce qu'on ne se répandait pas.

    C'est le triomphe de Warhol, du « Moi ». Nous vivons un chômage de masse, il y a mille personnes qui perdent leur métier par jour et ces pauvres individus ont été transformés en petites PME vagabondes. Constamment, ils déambulent comme s'ils étaient très occupés. Mais cela se fait avec notre consentement : tout le monde est d'accord, tout le monde est sympa. Et la vie qui doit être privée est offerte bruyamment à tous. Les problèmes d'infrastructures des vacances du petit à Chamonix par rapport au grand frère qui n'est pas très content, le problème du patron qui est dégueulasse : nous saurons tout ! Si au moins on entendait dans le TGV : « Le dessein en est pris, je pars, cher Théramène », et que, de l'autre côté du train, un voyageur répondait bien fort : « Déjà pour satisfaire à votre juste crainte, j'ai couru les deux mers que sépare Corinthe », peut-être alors le portable serait supportable.

    C'était mieux avant...

    « Le réel à toutes les époques était irrespirable », écrivait Philippe Muray. J'observe simplement qu'on nous parle d'une société du « care », d'une société qui serait moins brutale, moins cruelle. Je remarque qu'une idéologie festive, bienveillante, collective, solidaire imprègne l'atmosphère. Et dans ce même monde règne l'agression contre la promenade, la gratuité, la conversation, la délicatesse. Je ne juge pas. Je fais comme eux. Je rentre dans le TGV. Je mets un gros casque immonde. J'écoute Bach, Mozart ou du grégorien. Je ne regarde personne. Je n'adresse la parole à personne et personne ne s'adresse à moi. La vérité est que je prends l'horreur de cette époque comme elle vient et me console en me disant que tout deuil sur les illusions de sociabilité est une progression dans la vie intérieure.

    Vous n'aimez pas notre époque...

    Elle manque de musicalité. Elle est épaisse et schizophrène aussi. Elle mêle à une idéologie compassionnelle, une vraie brutalité individualo-technologique. Une des pires nouvelles des vingt dernières années a été l'invention du mot « sociétal ». Pour des gens qui aiment la musique, l'avenir sentait mauvais.

    Vous résistez à cette évolution ?

    C'est intéressant de savoir qu'il peut y avoir une parole de résistance, même modeste. Ce qui m'amuse, c'est de mettre un peu de poésie dans l'écrasante supériorité de l'image, à l'heure de l'écrasante puissance de la bêtise. Il faut reconnaître qu'elle a pris des proportions inouïes. Ce qui est dramatique, disait Camus, c'est que « la bêtise insiste ». La poésie, la musique n'insistent pas.

    C'est-à-dire ?

    Nous sommes comme lancés dans une entreprise sans limite d'endormissement. Une entreprise magnifiquement réglée pour qu'on soit encore plus con qu'avant. Mais je ne crache pas dans la soupe, je profite à plein de ce système. Je ne pourrais pas vivre si je restais dix heures avec Le Bateau ivre. Je ne pourrais pas vivre comme Péguy, comme Rimbaud, qui finissait par trouver sacré le désordre de son esprit. Moi, je ne suis pas un héros qui se dérègle intérieurement. Je fréquente ces grands auteurs, mais rien ne m'empêche de me vautrer dans un bon Morandini. C'est peut-être pour cela que les gens ne me vivent pas comme un ennemi de classe. Au départ, je suis coiffeur, il ne faut pas l'oublier. J'étais très mauvais, mais je l'ai été pendant dix ans.

    Vous avez choisi de jouer dans de très petites salles. Vous devenez snob ?

    Je ne veux pas imposer la parole que je sers. Je suis un artisan, et ceux qui veulent achètent. J'ai choisi la Villette, un endroit de 70 places. On va dire que je tourne un peu dandy. Eh bien, oui ! Un peu baudelairien. Trois semaines plus tard, j'irai au Lucernaire, parce que Laurent Terzieff y jouait. J'ai aussi le droit de ne pas être préoccupé par la projection sonore dans une grande salle ou par le fait de mettre un micro qui dénature le timbre de la voix.

    Vous avez toujours du mal à être de gauche ?

    Je n'y arrive pas et je crains de ne pouvoir grimper l'Himalaya de générosité que ça exige. En ce qui concerne la culture, l'énorme problème de la gauche (la droite n'est pas brillante, elle est en dessous de tout, parce qu'elle est affairiste), c'est le regard condescendant vis-à-vis des goûts du peuple. Les hommes de gauche trouvent très tristes que les femmes de ménage rêvent de rouler en 4 × 4 ! Le drame de la gauche, c'est l'invocation de la culture pour tous. Terzieff ne voulait pas être subventionné : il haïssait la subvention.

    Et votre public ?

    Il y a de tout dans mes spectacles. Pour Philippe Muray, j'ai même eu des prêtres en soutane. J'ai une affection pour les prêtres en soutane, la messe en latin, même si j'y vais très rarement. Dans ce domaine aussi je suis baudelairien. Il y a un public de droite, donc, mais aussi des bobos en Vélib'. Qui en retire quoi ? Il faut être humble. On pourrait jouer cinquante ans et les gens continueront à dire simplement : quelle mémoire !

    Vous êtes devenu le dépositaire et l'ambassadeur de la littérature française...

    Comment se fait-il qu'un cancre inapte joue le rôle que vous me prêtez ? Inconsciemment, l'autodidacte plaît énormément, parce qu'il n'y a pas l'emprise universitaire du « très bien », du capable de parler de tout comme tous les gens de l'ENA qui savent tenir une conversation sur Mallarmé, l'Afrique ou la réduction des déficits. L'obsessionnel (et l'autodidacte) est extraordinairement limité. Sa culture a été acquise à la force du poignet. Mais il peut témoigner, parce que ce qu'il connaît, il le connaît en profondeur et ça l'habite. Quand il trouve un métier, un instrument, ça lui permet de prolonger ce travail long et pénible. Avec le métier, vous n'êtes plus un phénomène. Louis Jouvet disait : « La vocation, c'est pratiquer un miracle avec soi-même.» Le métier détruit le « moi ».

    Par exemple ?

    Le fait de travailler pendant un an la structure du XVIIe siècle vous guérit. Parce que le XVIIe est complètement structuré et complètement libre. La Fontaine en est l'incarnation suprême. La Fontaine, c'est une pure liberté au milieu de la contrainte, une pure invention au milieu de la rigueur, une pure subversion au milieu d'une exquise courtoisie. Une pure anarchie au milieu d'un super ordre. La Fontaine, c'est le patron ! Écoutons Perette et le Pot au lait : « Légère et court vêtue, elle allait à grands pas...» « Légère et court vêtue » : on la voit, devant nous, en minijupe, les jambes en mouvement, c'est une pub de Dim! C'est ça, la beauté : l'agencement dans le rien. Tout ce qui est fleuri en littérature est intolérable. Regardez le génie de Céline : « La tante à Bebert rentrait des commissions, elle avait déjà pris le petit verre, il faut bien dire également qu'elle reniflait un peu l'éther.» En quelques mots, il redonne à la pauvreté, à la misère, à la banlieue sa vérité.

    Pourquoi continuer à jouer ce rôle de passeur ?

    Comme artisan, j'ai besoin de me confronter à ce qui est difficile. Je pourrais vivre en ayant une vie de cardiologue à la retraite. La piscine à débordement me tenterait bien, mais il faut une grande santé psychologique pour l'assumer et la pratiquer, je n'ai pas cette santé-là. J'essaye donc d'avancer dans le mystère du verbe et de la création, et je fais honnêtement commerce de ce qui me hante. Mais j'essaye toutefois de rester à ma place. Être comédien, c'est s'éloigner de l'aristocratie de la pensée. C'est un dérèglement psychique qui n'a rien de glorieux. Peut-être aidons-nous un peu à créer, le temps d'un soir, une « ré-appartenance » avec nos semblables. Au théâtre, dit Claudel, il se passe quelque chose, comme si c'était vrai. Le mensonge du théâtre mène parfois à la vérité. 

    Source : Vincent Tremolet de Villers

     

  • Liberté de la presse menacée ? Les tartuffes sont de sortie, par Benjamin Dormann

    Emmanuel ICBA.jpgLe temps est au recueillement, après l’attentat qui a couté la vie à 17 personnes, dont 5 dessinateurs du journal Charlie Hebdo. C’est légitime. Mais il faudra bien, malgré cela pouvoir parler enfin de l’indécence du reste de la presse française, à cette occasion.

    La voici donc, la France entière soi-disant dernière elle, officiellement auto-proclamée « résistante à l’oppresseur », « garante de la liberté d’expression si chère à nos cœurs », et « porte-parole de notre belle république et de sa devise liberté, égalité, fraternité »

    Oui, il y’a bien en France une poignée de journalistes mettant leur vie en danger par leur travail, pour nous informer, nous faire rire, ou continuer à émettre librement leurs opinions. On les connaît. Ce sont principalement quelques dessinateurs attachés par-dessus-tout à la liberté d’être insolents et quelques grands reporters, attachés à comprendre le monde et aider à le faire comprendre. Qu’ils en soient remerciés ici, indépendamment du degré d’adhésion à leur humour ou à leurs opinions. Mais que le reste de cette profession, aussi sinistre que sinistrée, à quelques exceptions près, cesse leur indécente récupération d’un mérite qu’elle n’a pas, ou plus. 

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    Il existe en France plus bel exemple de représentants de la devise « liberté, égalité, fraternité » que les journalistes.

    Pour ce qui est de la fraternité, les témoignages de confrères des dessinateurs assassinés se multiplient, tous convergeant : « nous avons perdu des frères ». Des frères pour leurs amis proches ? Sans aucun doute. Des frères pour tous les chrétiens, puisque pour eux « nous sommes tous frères » ? D’une certaine manière. Mais des symboles de la fraternité ? Non ! Quand on entend le dessinateur survivant Willem déclarer : « Nous vomissons sur ceux qui, subitement, disent être nos amis (désignant Marine Le Pen, le pape, la reine Elizabeth ou Poutine) », http://www.lepoint.fr/societe/willem-vomit-sur-ceux-qui-subitement-disent-etre-nos-amis-10-01-2015-1895408_23.php permettez qu’on puisse penser qu’il existe meilleur exemple de fraternité, surtout quand on sait que la majorité des français a attachement ou respect pour au moins l’une des personnes citées ci-dessus. L’anticléricalisme et le gauchisme revendiqués de Charlie Hebdo expliquent en partie le rétrécissement de son lectorat « pré-attentat », menaçant sa survie financière depuis des mois. (http://www.lesinrocks.com/2014/11/07/actualite/charlie-hebdo-fait-appel-ses-lecteurs-11534194/)

    Pour ce qui est de l’égalité, nos journalistes feignent d’ignorer qu’ils sont complètement politisés, et ne sont pas également répartis sur le spectre des opinions, puisque partagent très majoritairement les mêmes idées : pro-Européennes, anti-Sarkozystes, pro-multi culturalistes, anti-chrétiennes,… Ils préfèrent depuis longtemps imposer ces opinions et leur vision du monde, au lieu d’exercer leur devoir d’information pluraliste.

    « La France entière doit aller manifester dans la rue », nous dit-on, pour défendre la liberté d’expression qu’on a tenté d’assassiner ? Le genre d’injonction morale qui, personnellement, suffit à me dissuader de participer à cette grande récup politico-médiatique. Et si des extrémistes de gauche avaient éliminé le journaliste Eric Zemmour ou l’écrivain Michel Houellebecq, combien de ces journalistes seraient dans la rue aujourd’hui, contre combien qui diraient que « c’est ce qui arrive quand on attise la haine Faut pas qu’ils s’étonnent. Ils l’ont un peu cherché », selon leur novlangue bien connue ? On ne peut pas à la fois vivre dans le deux poids - deux mesures, et, en même temps, se prétendre défenseur de l’égalité 

    Un autre exemple, qui peut sembler plus anecdotique, mais est pourtant révélateur du traitement d’inégalité dont jouit la presse. Elle est la seule profession à avoir obtenu cette année une baisse de taux de TVA honteuse, votée à l’unanimité de parlementaires non représentatifs du peuple sur ce sujet, au moment où l’ensemble des concitoyens est soumis à des efforts financiers drastiques et à des hausses de TVA. Clamant à longueur de journée « nous ne sommes pas une profession comme les autres », les privilèges de la presse sont nombreux (les chiffres à ce sujet sont volontairement sous-estimés et les débats médiatisés impossibles). Alors où est son goût de l’égalité ? 

    Le niveau de subventions publiques des journalistes en France est sans équivalent dans le monde, 10 fois supérieur à la moyenne Européenne, et atteint 5.000 € par mois et par journaliste ! (ce qui n’était pas le cas de ceux de Charlie Hebdo qui vivaient de leur lectorat). Un scandale qui fait que ces personnes pourraient avoir la décence d’arrêter de nous parler de leur indépendance et de s’assimiler à leurs confrères de Charlie Hebdo, qui étaient eux courageux et libres, chose rare. 

    Plus qu’une manifestation de millions de personnes dans les rues, qui a sa part de force et de sens, indéniablement, j’aurais personnellement préféré une journée ou une heure de silence absolu. De villes mortes, ou un pays mort, pour être un dernier jour avec eux, de tout cœur, et prendre le temps de réfléchir plutôt que de communiquer non-stop. Un jour sans parti politique, sans média, sans marque ni logo d’entreprise mises en avant, sans les bandes  qui défilent sans arrêt sur les chaines de télé, … Du calme, tout éteindre, tout débrancher. 

    Voici un exemple, parmi d’autres, de cette communication qu’y m’est pénible, cet édito de Denis Olivennes, Président de Lagardère Active (Europe 1, JDD, Paris Match, Elle, RFM,…), ancien dirigeant du Nouvel Observateur,  jour de la manifestation : « (les morts) Ils étaient de toutes origines, de toutes religions ou sans religion, de toutes opinions. Ils étaient la France… Les Français, toutes identités confondues, marchent aujourd'hui pour dire leur amour de la démocratie et de ses valeurs, en particulier de la liberté de la presse. Avec Arnaud Lagardère et la direction du groupe, avec l'ensemble des collaborateurs de Lagardère Active, de nos journaux, de nos sites, de nos radios et de nos chaînes de télévision, nous sommes indéfectiblement engagés à leurs côtés » (http://www.lejdd.fr/Societe/Charlie-Hebdo-les-fanatiques-ont-perdu-711730). Trois désaccords profonds avec cet édito. Premièrement, vous, Monsieur Olivennes, Arnaud Lagardère et les autres, vous n’êtes pas engagés « aux côtés des français », parce que vous n’êtes ni à côté d’eux ni au-dessus d’eux, vous en en faites partie. En pareil moment, personne ne doit chercher à être plus fort ou plus généreux que l’autre, mais juste avoir l’humilité d’être ensemble, anonymement.  

    Deuxièmement, non, Monsieur Olivennes, les morts n’étaient pas de toutes origines et de toutes religions ou sans religion. Ceux de Charlie Hebdo étaient anticléricaux de gauche, ceux de Hyper Cacher étaient juifs, et les fonctionnaires de police étaient des représentants de l’ordre. Dans les trois cas, ils l’assumaient et l’ont payé de leur vie, parce que des intégristes d’une autre religion ne l’ont pas toléré. Laissez-les donc reposer en paix avec leurs identités respectives, au lieu de les  mélanger aussitôt dans votre multiculturalisme qui englobe tout. Le fait qu’un malheureux employé d’entretien vienne allonger cette triste liste des victimes ne vous autorise pas ce déni de réalité, qui banalise notamment l’antisémitisme. Les journalistes doivent enfin mettre les mots sur les réalités.  

    Enfin, Monsieur Olivennes, je ne crois pas que la France qui descend dans la rue le fasse « par amour de la liberté de la presse », quand bien même cela arrangerait les affaires du grand patron de médias que vous êtes devenu. Selon moi, la France est descendue dans la rue pour montrer sa peine pour la perte de ses féroces mais talentueux dessinateurs, de ses policiers, et de ses autres compatriotes. Elle est aussi descendue pour manifester son attachement voltairien à la liberté d’expression et son ras de bol de la violence. Mais pas pour soutenir une presse en qui elle n’a plus confiance depuis longtemps, et qui s’occupe déjà tant d’elle-même. Les journalistes sont mal placés pour se sentir exemplaires, eux qui se sont globalement tus et couchés quand l’un des propriétaires du premier quotidien d’information, Le Monde, s’est permis de déclarer à propos de La Manif pour Tous : « si une bombe explose le 24 mars sur les Champs à cause de la Manif pour tous, c'est pas moi qui vais pleurer. » Eux qui à longueur de journée veulent interdire le Front national, interdire les spectacles de Dieudonné, interdire la lecture de Zemmour, interdire que Laurent Deutsch émette des opinions royalistes, interdire les écoles catholiques ou les crèches dans les mairies, … mais qui tout à coup viennent donner des leçons de liberté d’expression, quand on s’attaque à leurs idées à eux. 

    Si la presse en en train de crever en France, au niveau de ses ventes, c’est notamment parce qu’il y a bien longtemps qu’elle ne se bat plus pour la liberté d’expression, mais uniquement pour sa liberté de s’exprimer sur ce qui lui plait et lui semble bon. 

    Enfin, pour ce qui est de la liberté, et en particulier de la liberté d’expression, combien se souviennent du journaliste de centre droit Fabrice Le Quintrec, licencié, il y a des années de cela, par Radio France pour faute grave, accusé d’avoir cité le journal Présent huit secondes dans une revue de presse. « Une seule phrase qui ne comportait ni approbation, ni manifestation d’une opinion quelconque de la part du journaliste » et « s’insérait dans une énumération de très nombreux organes de presse, comme il est de règle pour cet exercice » (http://www.ojim.fr/portraits/fabrice-le-quintrec/), dira le Tribunal de Grande Instance condamnant Radio France pour licenciement infondé, et ordonnant sa réembauche de force par le service public. Un service public qui le paiera donc à nouveau, mais persistera à le priver d’antenne durant 10 ans, jusqu’à être condamné une deuxième fois pour « non-fourniture de travail », Il est resté ostracisé à vie par la justice morale de ses pairs, bien qu’il ait fait condamner plusieurs patrons de presse en correctionnelle pour diffamation. Mais nos médias n’ont que faire de l’honneur d’un homme ou de sa liberté d’expression quand elle prend une forme qui les indispose.  

    Liberté d’expression, vous y tenez vraiment ? 

    Certes, toute polémique parait bien dérisoire, au lendemain de pareil drame humain. Et pourtant, attention au piège que la presse est en train de nous tendre : interdiction demain, encore plus qu’hier, de la remettre en cause, puisque certains viennent de verser leur sang pour la liberté d’expression.  Il est temps de pouvoir enfin en débattre publiquement avec ses Tartuffes de la presse qui sont grandement responsables d’une partie de l’exaspération actuelle du pays. Celle qui a fait dire à un député Européen anglais indépendantiste, mettant en garde ses confrères à Bruxelles : « faites attention car quand les gens sauront qui vous êtes, ils vous pendront, et ils auront raison »… 

    L’expérience des drames de ces derniers jours est claire : mieux vaut prévenir, que guérir.

  • Merveilleux Coronavirus (suite), par Antoine de Crémiers.

    Le chaos

    Dans le concert des optimistes qui nous chantent en chœur « Ce n’est pas si grave », quelques voix discordantes voudraient bien se faire entendre. Dans une lettre à un ami, Michel Houellebecq explique que dans son livre, « La possibilité d’une île », il avait bien en tête l’extinction de l’humanité. « Rien d’un film à grand spectacle, quelque chose d’assez morne, des individus vivant isolés dans leur cellule, sans contact physique avec leurs semblables, juste quelques échanges par ordinateur… Je ne crois pas une demie seconde aux déclarations du genre « rien ne sera plus comme avant ». Au contraire, tout restera exactement pareil. Le déroulement de cette épidémie est même remarquablement normal.

    antoine de crémiers.jpgLe coronavirus devrait avoir pour principal résultat d’accélérer certaines mutations en cours. Depuis pas mal d’années l’ensemble des évolutions technologiques, qu’elles soient mineures ou majeures, ont pour principale conséquence de diminuer les contacts matériels et surtout humains. L’épidémie de Coronavirus offre une magnifique raison d’être à cette tendance lourde : une certaine obsolescence qui semble frapper les relations humaines. Ce qui me fait penser à une comparaison lumineuse que j’ai relevée dans un texte anti PMA rédigé par un groupe d’activistes appelés « les chimpanzés du futur », donc, je les cite : « D’ici peu, faire des enfants soi-même, gratuitement et au hasard semblera aussi incongru que de faire de l’auto-stop sans plate-forme Web. » Il serait tout aussi faux d’affirmer que nous avons redécouvert le tragique, la mort, la finitude… La tendance depuis plus d’un demi-siècle maintenant, bien décrite par Philippe Ariès, aura été de dissimuler la mort autant que possible ; eh bien, jamais la mort n’aura été aussi discrète qu’en ces dernières semaines. Les gens meurent seuls dans leurs chambres d’hôpital ou d’EHPAD, on les enterre aussitôt, ou plutôt on les incinère sans convier personne, en secret. Morts sans qu’on en ait le moindre témoignage », morts sans la présence d’un prêtre et dans l’indifférence générale. « Un autre chiffre aura pris beaucoup d’importance dans ces semaines, celui de l’âge des malades. Jusqu’à quand convient-il de les réanimer et de les soigner ? 70,75, 80 ans ? Cela dépend apparemment de la région du monde où l’on vit ; mais jamais en tout cas on n’avait exprimé avec une aussi tranquille impudeur le fait que la vie de tous n’a pas la même valeur, qu’à partir d’un certain âge c’est un peu comme si l’on était déjà mort.

    Toutes ces tendances, je l’ai dit, existaient déjà avant le coronavirus ; elles n’ont fait que se manifester avec une évidence nouvelle. Nous ne nous réveillerons pas après le confinement dans un nouveau monde ; ce sera le même, en un peu pire. »

    Il me semble, hélas, que Houellebecq a raison. La période de confinement a été celle du temps des assassins et d’une pratique d’euthanasie généralisée des « vieux », passive en grande partie, (abandon et défaut de soins) mais également active sans que personne, pas même les évêques, n’ait protesté et dénoncé cette horreur. Yvan Rioufol rappelle dans un article du Figaro du 29 mai, que le gouvernement a autorisé médicalement le « Rivotril injectable », neuroleptique qui accélère la fin de vie. Or, le coronavirus aurait tué environ 28.500 personnes dont 10.500 en EHPAD, soit près de 37 % du total ! ! !

    Sous le prétexte de cette crise sanitaire, nous subissons une imposition massive de restrictions des libertés les plus fondamentales  : libre circulation, liberté de réunion, d’aller et de venir etc.… qui ont pour objet de diffuser la peur d’autrui avec lequel il faut prendre ses distances.

    Et ces messages qui dramatisent jusque à l’absurde serviront à terme à imposer un programme de vaccination obligatoire. Cette peur est devenue un instrument efficace du pouvoir, assorti d’une formidable offensive de communication. Ce totalitarisme sanitaire est orchestré en partie par l’Organisation Mondiale de la Santé et les laboratoires qui travaillent à la création d’un vaccin qui sera très cher et source d’un prodigieux pactole. On comprend mieux la hargne et la haine orchestrées contre le professeur Raoult avec son médicament la chloroquine qui vient d’ailleurs d’être interdit sur la base d’une étude publiée dans la revue scientifique « the Lancet » qui se révèle fabriquée sur des bases contestables dans le seul but de «  flinguer  » le professeur Raoult, ajoutant ainsi un nouveau scandale avec l’interdiction faite aux médecins généralistes de le prescrire.

    Il faut absolument maintenir l’anxiété des populations avec un matraquage extraordinaire et le rappel exaspérant des mesures de précaution à prendre afin de rendre les populations dociles. Et ces prévisions catastrophiques, si elles ne se produisent pas, seront bien entendu attribuées aux mesures de prévention dont nous devrons remercier nos gouvernants. Nul ne sait pourtant le nombre de ceux qui sont réellement morts du coronavirus. On sait très bien qu’un pourcentage élevé des décès est le fait de pathologies préexistantes. Et voilà, sous l’effet d’un mensonge généralisé, les populations soumises à un contrôle social massif auquel tous adhèrent, créant une espèce d’unanimité face au danger. On instaure, on diffuse l’idée que chaque personne est en soi un danger pour les autres au risque de détruire une société déjà malade. En créant cette psychose collective, on encourage la peur du contact et de la proximité avec nos semblables. Si on veut absolument imposer une vaccination générale, il est bien entendu nécessaire de conforter cette peur, par bien des cotés ridicule, pour que nous soyons bien persuadés de la gravité d’une situation qui justifie pleinement la disparition ( provisoire  ?) d’un certain nombre de libertés.

    Nous devons comprendre que nous basculons, suivant l’expression d’Alain Berset directeur général de l’OMS, dans une « nouvelle normalité » susceptible de nous imposer un nouveau mode de vie assorti d’un contrôle high tech des populations, avec mise en place d’une politique mondiale de la santé, d’une police mondiale, ce qui permettra – suivant le rêve ou plutôt le cauchemar voulu par Jacques Attali – de parvenir « beaucoup plus vite que ne l’aurait permis la seule raison économique à mettre en place les bases d’un véritable gouvernement mondial. »

    SOUMISSION

    C’est cette soumission qui constitue l’élément le plus insupportable, et sans doute le pire  :

    « La docilité de la population française aux injonctions contradictoires et souvent absurdes des experts en blouse blanche et des ministres a, de toute évidence, quelque chose d’orwellien  ; cette docilité face à l’accumulation des mesures liberticides a quelque chose d’effrayant. »

    Nous voilà donc sous la domination totalitaire d’un État qui assure sa main mise sur notre vie quotidienne. La réaction des pouvoirs publics a été proprement calamiteuse. Rien n’avait été prévu. En raison de l’idéologie libérale qui prédomine, on a voulu soumettre le secteur de la santé publique à des principes de rentabilité, de concurrence, de gestion à flux tendus, principes qui ont entraîné ces dernières années la fermeture de milliers de lits et surtout la destruction de stocks de réserve et la précarisation croissante d’un personnel déjà sous-payé. Si l’on ajoute la délocalisation d’un certain nombre d’activités, notamment la fabrique de médicaments en Chine dont nous dépendons étroitement, on comprend mieux notre impréparation et la panique qui s’est emparée du gouvernement, l’obligeant à adopter en urgence la position absurde d’un confinement généralisé qui se révèle comme une machine à tuer l’économie et la société. Et contrairement à ce qui peut se dire ici ou là les discours anxiogènes qui continuent à être martelés, n’en déplaise à Luc Ferry, vont pousser non pas à consommer pour alimenter au moins partiellement une reprise, mais à thésauriser par peur de l’avenir comme en témoigne le niveau de collecte du livret A qui n’a jamais été aussi élevé. Dans ce genre de circonstances où l’inquiétude est à son plus haut niveau, les populations choisissent toujours l’épargne plutôt que la consommation.

    Le gouvernement est en fait complètement désorienté, comme l’indique les conditions du dé- confinement assorties de réglementations punitives parfaitement absurdes et quelquefois

    loufoques. Mais, le plus inquiétant est bien le fait que la plupart des gens est prête à accepter n’importe quoi en échange des promesses de sécurité. Le confinement a constitué un test de docilité grandeur nature et les mesures de surveillance et de contrôle seront malheureusement et très certainement pérennisées.

    Au début du mois de juin, le conseil présenté comme scientifique, présidé par le professeur Jean-François Delfraissy, envisage quatre scénarios pour la suite de l’épidémie  :

    • Virus sous contrôle  : prolongation des gestes barrières pendant au moins six mois  ! ! !
    • Crainte d’une perte de contrôle  : Se doter de plus de moyens humains pour tester, tracer, isoler les personnes contaminées.
    • Reprise progressive de l’épidémie  : Mesures de contrôle de la vie sociale  ! ! !
    • Epidémie hors de contrôle  : Re-confinement, tout en reconnaissant que cette mesure n’est pas souhaitable.

    Difficile de ne pas penser à l’intervention fameuse de Cicéron contre Catilina qui pourrait être la suivante  : «  Quousque tandem abutere Macro, patientia nostra  ? Quam diu etiam furor iste tuus nos elidet  ?  » (Jusqu’à quand enfin Macron abuseras-tu de notre patience  ? Pendant combien de temps encore, cette détestable folie qui est la tienne se jouera-t-elle de nous  ?  »

    Comment ne pas s’interroger sur la facilité avec laquelle la France entière – mais elle n’est pas la seule – s’est laissée enfermée, confinée, assignée à résidence sans le moindre débat, terrorisée par une crise sanitaire volontairement amplifiée et dramatisée par les pouvoirs publics et les médias  ? (à suivre)

  • Éphéméride du 2 septembre

    1792 : Début des Massacres de septembre. Le 14 juillet 1789, on avait promené des têtes au bout des piques...: dès cet épisode, la Terreur est en gestation, "la culture politique qui peut conduire à la Terreur est présente dans la révolution française dès l'été 1789", et la prise de la Bastille inaugure "le spectacle de sang, qui va être inséparable de tous les grands épisodes révolutionnaires"...(François Furet)

     

     

     

     

    1667 : Louis XIV, à l'origine de l'expression "Paris, Ville lumière"...

     

    C'est Louis XIV qui arrêta définitivement l’organisation de la police de Paris. C'est lui qui créa, par Édit, un lieutenant de police, appelant La Reynie à ce poste.
    L’organisation générale de l’éclairage de la ville fut un des premiers actes de La Reynie, pour lutter contre leur dangerosité, la nuit tombée, et les violences des délinquants de tous ordres : le 2 septembre 1667, parut l’ordonnance prescrivant d’établir des lanternes dans toutes les rues, places et carrefours de Paris.

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    Ce n'était pas la première fois que le pouvoir politique essayait de lutter contre la criminalité : on trouve trace, dès le 4 juillet 1465, d'une ordonnance imposant la présence de lanternes dans les rues ! Mais l'ordonnance ne permit que l'installation de quelques chandelles, placées dans de fragiles lanternes, elles-mêmes disposées dans un petit nombre de rues...
    On lit aussi, dans la Chronique de Louis XI : "...Le mercredi 4 juillet, fut publié, et fait savoir par les carrefours de Paris, que en chacun hôtel d’icelle ville, y eût sur la fenêtre une lanterne et une chandelle ardente durant la nuit; que chacun ménage qui avait chien l’enfermât en sa maison, et ce sur peine de la hart...(corde avec laquelle on pendait les criminels, ndlr)" et chaque bourgeois de Paris était obligé d’illuminer sa croisée. Mais cette ordonnance ne fut jamais réellement observée...

    Les premiers essais de l’éclairage public commencèrent à Paris en 1524 (sous le règne de François premier) : cette année-là, le 24 mai, le tiers de la ville de Meaux fut détruit par un incendie allumé par des malfaiteurs. C’est pour prévenir un semblable désastre qu’un arrêt du parlement, du 7 juin de cette année, ordonna de nouveau aux bourgeois de Paris de mettre des lanternes à leur fenêtre et de tenir chaque soir, près de leur porte, un seau rempli d’eau "...pour éviter aux périls et inconvénients du feu qui pourraient advenir en cette ville de Paris, et résister aux entreprises et conspirations d’aucune boutefeux étant ce présent en ce royaume, qui ont conspiré mettre le feu en bonnes villes de ce dit royaume, comme jà (déjà, ndlr) ils ont fait en aucunes d’icelles villes; la cour a ordonné et enjoint derechef à tous les manants et habitants de cette ville, privilégiés et non privilégiés, que par chacun jour ils aient à faire le guet de nuit... Et outre icelle cour enjoint et commande à tous les dits habitants et chacun d’eulx qu’ils aient à mettre à neuf heures du soir à leurs fenêtres très répondantes sur la rue une lanterne garnie d’une chandelle allumée en la manière accoutumée, et que un chacun se fournisse d’eau en sa maison afin de remédier promptement au dit inconvénient si aucun en survient..." 

    En 1525, une bande de voleurs appelés mauvais garçons commença d’exercer à Paris des pillages que l’autorité demeurait impuissante à réprimer. Elle détroussait les passants, battait le guet, volait les bateaux sur la rivière, et, à la faveur de la nuit, se retirait hors de la ville avec son butin. Le 24 octobre, le parlement fit publier de nouveau l’ordonnance des lanternes et du guet, "pour les aventuriers, gens vagabonds et sans aveu qui se viennent jeter en cette ville." Par une nouvelle ordonnance du 16 novembre 1526, il fut enjoint "que, en chacune maison, y eut lanternes et chandelles ardentes comme il fut fait l’an passé, pour éviter aux dangers des mauvais garçons qui courent la nuit par cette ville."

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    Mais rien n'y faisait... Par un arrêt rendu le 29 octobre 1558, la chambre du conseil donna au guet de Paris une organisation nouvelle. On ordonna que dans toutes les rues où le guet était établi, un homme veillerait avec du feu et de la lumière, "pour voir et escouter de fois à autre" ; il fut en même temps prescrit, qu’au lieu des lanternes que chaque habitant était tenu, avant cette époque, de placer à sa fenêtre, il y aurait au coin de chaque rue un falot allumé depuis dix heures du soir jusqu’à quatre heures du matin : "Ordonne la dite chambre, qu’en la maison où se devra faire le guet, y aura un homme veillant dans la rue ayant feu et lumière par devers lui, pour voir et écouter de fois à autre s’il apercevra ou ouïra aucuns larrons ou voleurs, effracteurs de portes et huis, et à cette fin aura une clochette que l’on puisse ouïr par toute la rue, pour d’icelle sonner et éveiller les voisins quand il apercevra ou ouïra aucuns larrons et voleurs, effracteurs de portes et huis. Et sera tenu celui qui fera le guet à la maison de l’autre côté de la rue, lui répondre de sa clochette, et ainsi les uns aux autres de rue en rue et de quartier en quartier, afin s’il est possible de surprendre les dits larrons et voleurs et les mener en justice. À cette fin permet à chacun habitant, à faute de sergent, les mener en prison ou autres lieux, pour les représenter à justice le lendemain... Plus ordonne la dite chambre que au lieu des lanternes que l’on a ordonné aux dits habitants mettre aux fenêtres, tant en cette dite ville que faubourgs, y aura au coin de chacune rue ou autre lieu plus commode, un falot ardent depuis les dix heures du soir jusque à quatre heures du matin, et où les dites rues seront si longues que le dit falot ne puisse éclairer d’un bout à l’autre, en sera mis un au milieu des dites rues, et plus suivant la grandeur d’icelles, le tout à telle distance qu’il sera requis et par l’avis des commissaires quarteniers (chefs d’un quartier, ndlr) dixainiers (chefs de dix maisons, ndlr), de chacun quartier, appelés avec eux deux bourgeois notables de chacune rue pour aviser aux frais des dits falots." 

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    Comme tous ces règlements successifs manquaient à chaque fois leur but, il se créa un service composé d’un certain nombre de personnes, appelées porte-flambeaux ou porte-lanternes, qui se chargeaient, moyennant rétribution, de conduire et d’éclairer par la ville les personnes obligées de parcourir les rues pendant la nuit.

    C’est l'abbé Laudati de Caraffa qui avait créé cette entreprise, après avoir obtenu du roi, au mois de mars 1662, des lettres patentes qui lui en accordaient le privilège. Le 26 août 1665, le parlement enregistra ces lettres, en réduisant à vingt ans le privilège, qui était perpétuel, "aux charges et conditions que tous les flambeaux dont se serviraient les commis seraient de bonne cire jaune, achetés chez les épiciers de la ville ou par eux fabriqués et marqués des armes de la ville." Ces cierges étaient divisés en dix portions, et l’on payait cinq sous chaque portion pour se faire escorter dans les rues. Les porte-lanternes étaient distribués par stations, éloignées chacune de cent toises (une toise équivalait à quasiment deux mètres; très exactement : 1,949 mètre, ndlr); on payait un sou pour aller d’un poste à l’autre. Pour se faire éclairer en carrosse, il fallait payer aux porte-lanternes cinq sous par quart d’heure; à pied, on payait seulement trois sous pour le même temps.

    C’est le succès de cette entreprise particulière qui amena l’établissement de l’éclairage public de la capitale, décrété le 2 septembre 1667 par Louis XIV.

    Le Grand Roi fut si satisfait qu'il ordonna la frappe d'une médaille URBIS SECURITAS ET NITOR (La Sécurité et la propreté de la Ville : la ville de Paris, personnifiée par une femme debout, tient une lanterne rayonnante et une bourse) :

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    N'est-il pas logique, somme toute, que le Roi-Soleil soit à l'origine de l'expression : "Paris, Ville lumière" ?

     

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    1792 : Début des massacres de Septembre, à Paris 

     

    Tout va très vite depuis le 10 août dernier (voir l'Éphéméride du 10 août) : c'est ce jour-là qui marque la "fin finale" des derniers restes de pouvoir que conservait encore Louis XVI, et qu'il pouvait conserver, s'il l'avait voulu, même ce jour-là : "Louis XVI a  pu sauver vingt fois son trône et sa vie" écrira, avec raison, Chateaubriand.

    Mais, pénétré de l'idée fausse et perverse que l'homme est bon - idée mise à la mode par Jean-Jacques Rousseau, entre autres - Louis XVI ne voulait pas se défendre, en tout cas pas par la force, et ne voulait pas faire couler le sang de quelques agitateurs et factieux.

    Moyennant quoi, il a "permis" la Révolution qui, elle et ses conséquences calamiteuses sortant sans fin les unes des autres jusqu'à nos jours, a fait couler le sang de dizaines de millions d'hommes, innocents, eux.

    Dès le lendemain du 10 août, le Roi, réfugié à l'Assemblée, est suspendu (comme le disait Bainville, cela revenait à "la déchéance moins le mot") et l'Insurrection révolutionnaire, grosse du terrorisme, a, de fait, les pleins pouvoirs à Paris, alors que l'immense majorité du pays est monarchiste.

     dans trois semaines, en ce début de septembre, le Roi sera enfermé au Temple, avec toute la famille royale;

     dans trois mois s'ouvrira son pseudo-procès;

     et, dans moins de cinq mois, il sera assassiné : les terroristes révolutionnaires ne perdront pas de temps, eux, et n'auront pas, vis-à-vis de lui, la pusillanimité et les pudeurs d'humaniste qu'il eut, lui, vis-à-vis d'eux ! 

    enfin, dans un an et un peu plus d'un mois, ce sera à la reine d'être assassinée, alors que l'abject infanticide lent, sur la personne du petit roi sans défense Louis XVII, a commencé : il durera deux ans...

    Ayant pris le pouvoir par la force et l'émeute, l'insurrection va le conserver par les mêmes procédés, qui iront s'amplifiant, jusqu'à la proclamation de la Terreur : ainsi, trois semaines à peine après ce funeste 10 août, les massacreurs vont se déchaîner contre tout ce qu'ils appellent, un peu vite, les contre-révolutionnaires.

    Pour frapper les esprits, annihiler toute velléité de résistance et asseoir encore mieux leur pouvoir à Paris, où ils sont les maîtres absolus, les terroristes révolutionnaires vont massacrer 1.400 personnes; l'horreur durera quatre jours.

    Le peuple français commence à peine à payer le funeste aveuglement de Louis XVI, et sa bonté dénaturée et dévoyée, qui n'aura profité qu'au crime, au meurtre, à la violence sans bornes, à la Terreur. 

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    Chateaubriand a été le témoin oculaire de ces monstrueux massacres de septembre :

    "Les scènes des Cordeliers, dont je fus trois ou quatre fois le témoin, étaient dominées et présidées par Danton (ci dessous), Hun à taille de Goth, à nez camus, à narines au vent, à méplats couturés, à face de gendarme mélangé de procureur lubrique et cruel. Dans la coque de son église, comme dans la carcasse des siècles, Danton, avec ses trois furies mâles, Camille Desmoulins, Marat, Fabre d'Eglantine, organisa les assassinats de septembre. Billaud de Varennes proposa de mettre le feu aux prisons et de brûler tout ce qui était dedans; un autre Conventionnel opina pour qu'on noyât tous les détenus; Marat se déclara pour un massacre général. On implorait Danton pour les victimes. "Je me f... des prisonniers", répondit-il. Auteur de la circulaire de la Commune, il invita les hommes libres à répéter dans les départements l'énormité perpétrée aux Carmes et à l'Abbaye...

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    Danton, plus franc que les Anglais, disait : "Nous ne jugerons pas le Roi, nous le tuerons." Il disait aussi : "Ces prêtres, ces nobles, ne sont point coupables, mais il faut qu'ils meuren

  • Démission possible de Macron si Poutine coupe le gaz ! par Marc Rousset

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    L’ambiance internationale est préoccupante suite à la guerre en Ukraine, à l’inflation de plus en plus élevée et aux marchés boursiers qui dégringolent. Les cryptomonnaies s’effondrent, Wall Street conclut dans le rouge son pire semestre depuis 1970, et la France est un des premiers pays au monde susceptibles d’exploser.

    Le pays dirigé par le technocrate Macron est en faillite et accumule toutes les âneries possibles et imaginables : dette stratosphérique, gabegie des dépenses publiques, inflation, invasion migratoire accélérée et incontrôlée, insécurité grandissante, natalité des Français de souche en baisse, effondrement des services publics (hôpital, transports, école), fermeture absurde de Fessenheim, rationnements énergétiques à venir avec des prix qui explosent !

    Les sanctions économiques irresponsables contre la Russie, avec en représailles un arrêt probable et total des fournitures de gaz à l’UE par Vladimir Poutine en septembre, pourraient bien conduire le pays à l’explosion sociale, à la révolution politique avec la démission de Macron à la clé !

    lfar rousset.jpgLa nomination de Pap Ndiaye à l’Éducation nationale constitue une véritable provocation pour les patriotes français victimes d’une politique d’éducation décadente, laxiste et assassine, tout en cherchant à pratiquer une politique d’excellence en faveur des populations immigrées. En 2011, le cercle de réflexion Thomas More avait déjà montré que la part du budget de l’Éducation nationale consacrée aux rémunérations des enseignants sous-payés, était de 43 % seulement en France, contre 83% en Allemagne ! Cela démontre les surcouches administratives innombrables et inutiles dans ce ministère et pourquoi la France a 2 millions de fonctionnaires en trop ! Et que fait Macron contre ce scandale qui n’a que trop duré depuis 40 ans ? Absolument rien ! Quant à Pap Ndiaye, il a mis ses propres enfants dans les réseaux d’éducation prioritaire renforcée, pour les scolariser ensuite dans la célèbre École alsacienne, établissement privé dont la réputation n’est plus à faire.

    La gestion catastrophique du chaos du Stade de France, avec des racailles qui pourrissent la vie des citoyens et des visiteurs étrangers, démontre une fois de plus que la France devient la risée du monde tandis que l’insécurité grandit et contribue à créer un climat prérévolutionnaire. Comment ne pas être excédé également lorsque l’on voit l’incapable Macron jouer au grand seigneur en Ukraine en fournissant 18 canons Caesar, soit le quart des canons de ce type détenus par l’armée française, à l’Ukraine corrompue ? Selon Jacques Guillemain de RL, quatre de ces canons auraient été déjà détruits à Kourakovo et dans la région d’Odessa tandis deux canons, dont la valeur unitaire est de 7 millions d’euros, auraient été vendus aux Russes pour le prix ridicule de 120 000 dollars pièce !

    Macron, sous la pression de la démagogique politique du pouvoir d’achat prôné par le RN, Renaissance et Nupes, va dépenser plus de 50 milliards d’euros en 2022, afin de limiter le coût de l’inflation pour les ménages. Cela signifie que la ruineuse politique du « quoi qu’il en coûte », pendant l’épidémie du Covid, continue de plus belle, pour d’autres motifs. La triste réalité, c’est que Macron est en train de de perdre le contrôle des Finances publiques avec un déficit public énorme de 6 % du PIB à fin 2022. Ce n’est pas le rôle de l’État que de maintenir le pouvoir d’achat des Français, quelles que soient les circonstances, en empruntant les sommes à distribuer sous forme d’aides et de chèques bénits du Ciel ! De plus, ces sommes serviront à entretenir l’inflation que l’État et la BCE sont justement censés combattre !

    La France de Macron va bientôt faire face, comme l’Italie, à la défiance des marchés en cumulant récession, déficit du commerce extérieur de 100 milliards d’euros, dette publique en accroissement exponentiel impossible à rembourser, suite à la hausse des taux. Tout cela va se terminer d’ici 2 ans au plus tard par la perte de souveraineté de la France et sa mise sous tutelle de l’UE, de la BCE et du FMI, avec l’arrivée au pouvoir des populistes de droite et de gauche ainsi qu’ une percée possible de Reconquête, le seul parti en France digne du général De Gaulle !
    Le taux d’inflation est déjà de 8,6% dans la zone euro, de 8,2 % en Allemagne, de 6,5% seulement en France car les prix de l’énergie sont bloqués ou contrôlés, de 22% en Estonie ! La hausse des prix touche en premier lieu le secteur de l’énergie (électricité, pétrole, gaz) avec des prix qui ont bondi de 41,9 % sur un an en juin, une situation qui pourrait empirer si Moscou décide de couper complètement le robinet du gaz pour riposter aux sanctions occidentales. Certains produits alimentaires augmentent aussi très fortement (céréales, huiles).

    En Angleterre, le taux d’inflation a déjà bondi à 9 %, soit un taux record en 40 ans, principalement à cause de des prix de l’énergie ; le pays se situe à deux doigts de l’explosion sociale. Les prix de l’essence, du logement et de la nourriture atteignent des sommets. 40 % des foyers sont touchés par la précarité énergétique. L’inflation pourrait dépasser les 10 % en fin d’année avec une situation apocalyptique, selon le gouverneur Bailey de la Banque d’Angleterre, si l’Ukraine ne parvient pas à exporter ses récoltes.

    La situation est d’autant plus dangereuse pour la France que l’explosion prochaine de la zone euro est maintenant une quasi-certitude ! Les écarts de taux d’emprunt à long terme entre les pays qui caractérisent la fragmentation de la zone euro, vont augmenter de plus en plus jusqu’à ce que la situation devienne intenable pour les pays proches de la faillite tels que l’Italie et la France. Madame Lagarde ment en prétendant qu’elle va arrêter la fragmentation en cours en réinvestissant l’argent remboursé par les pays riches des emprunts arrivant à terme, dans l’achat d’obligations émises par les pays pauvres, car ces montants sont limités et insuffisants pour faire baisser les taux d’intérêt. De plus, dans le schéma présenté à Sintra par Madame Lagarde, la France de Macron est de nouveau le dindon de la farce, car elle est considérée comme un pays riche, alors que l’Italie est considérée comme un pays pauvre. De plus, les conditions budgétaires draconiennes du style FMI que la BCE va imposer aux pays pauvres de la zone euro, pour donner le droit à la BCE d’intervenir avec des sommes importantes, afin de racheter leurs obligations, ont peu de chances d’être acceptées par ces pays. La meilleure preuve, c’est que le Président de la Banque centrale d’Allemagne vient d’exprimer officiellement ses doutes à l’égard du projet de Madame Lagarde pour diminuer le risque d’une nouvelle crise des dettes souveraines trop élevées de certains pays (Italie, Grèce, France, Espagne, Portugal) dans la zone euro.

    Macron, Von der Leyen et le chancelier Scholz commencent à réaliser qu’ils ont commis une erreur monumentale d’enfants de chœur irresponsables avec les sanctions contre la Russie qui n’ont pas du tout été décidées, après une analyse objective, responsable, sérieuse et professionnelle. Ce sont en fait des politiciens de bas étage qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez ! Ce qui importe, pour ces incapables, c’est ce que l’on va dire demain matin dans les médias, un peu comme Zelensky et sa guerre médiatique tandis qu’il perd militairement la guerre sur le terrain face à Poutine et aux généraux russes ! Le sketch comique et ironique de la vidéo montée par Kadyrov de la capitulation bientôt à signer par Zelenski est le dur rappel de la défaite à venir pour l’Amérique impérialiste, l’OTAN et l’UE ; il en sera de même pour les dirigeants de pacotille de l’UE, style Macron !

    D’une façon incrédule, les Occidentaux ont imaginé pouvoir plafonner le prix du pétrole russe, suite au pactole de 59 milliards d’euros de recettes russes provenant du pétrole brut et raffiné pendant 100 jours de guerre, mais ils se sont très vite aperçus que c’était une chimère impossible à réaliser et que seules des quantités effectives supplémentaires mises sur le marché par l’Iran et le Venezuela pourraient contribuer à freiner la hausse du baril brut d’environ 120 dollars. Les États arabes unis et l’Arabie Saoudite ont une capacité très limitée pour augmenter leur production.
    Il semble bien que le gaz sera finalement l’élément décisif déterminant pour décider du vainqueur de la bataille économique entre la politique des sanctions de l’UE et les représailles de Poutine, suite à la fragilité de l’Allemagne, en raison de la politique énergétique stupide d’Angela Merkel qui a mis fin au nucléaire pour concrétiser une alliance avec les verts (die Grünen). La triste constatation pour les Européens dirigés par des ânes incapables droit-de-l’hommistes, c’est qu’il n’y a pas d’alternative au gaz russe non seulement d’ici cet hiver, mais d’ici 4 ans ! Le gaz américain polluant de schiste coûte deux fois plus cher que le gaz russe livré par méthanier et il sera livré en quantités nettement insuffisantes (seulement 15 milliards de mètres cube). De plus, l’Europe n’a même pas les infrastructures suffisantes en terminaux portuaires de regazéification. Quant au Qatar, il a suffisamment de clients et n’a pas de quantités disponibles de gaz à vendre à l’UE !

    L’Allemagne a affiché en mai son premier déficit commercial mensuel en plus de 30 ans, suite à l’envol du prix des importations de pétrole et de gaz en raison de la guerre en Ukraine. Le déficit devrait être encore plus élevé en juin, suite à la réduction de 60% des approvisionnements russes. Les importateurs sont obligés d’acheter sur le marché comptant à des prix beaucoup plus élevés. Les conséquences économiques peuvent être catastrophiques car 12,7 % de la valeur ajoutée allemande pourraient manquer à l’appel. 6 millions d’emplois sont menacés par un renoncement au gaz russe bon marché.

    Le groupe d’énergie Uniper, le plus gros importateur de gaz en Allemagne, va tout droit à la faillite car il vend à prix fixe à ses clients et doit faire face à la hausse énorme de ses prix d’achat. Il pourrait emporter avec lui presque tout le marché européen de l’énergie. Le gouvernement allemand veut à tout prix éviter un phénomène de panique et un « effet Lehman Brothers » qui entraînerait un effondrement financier du monde énergétique. Le gouvernement allemand serait donc prêt à répercuter, au-delà de ce que prévoyaient les contrats, la flambée des prix sur les clients, ce qui relancerait l’inflation ! Selon des analystes, le groupe Uniper perd actuellement 30 millions d’euros par jour !
    En France, 84 dirigeants ont appelé à une sobriété énergétique qui serait en fait le rationnement et l’organisation de la pénurie. Selon Jacques Sapir, l’UE est capable avec ses terminaux de pouvoir importer seulement 10 milliards supplémentaires de m3 par méthaniers, alors que les Russes ont déjà diminué les quantités livrées par gazoduc de 116 milliards de m3. L’UE est donc prise au piège, d’autant plus que Poutine est en train de prendre le contrôle du complexe pétrolier et gazier Sakhaline 2 en contraignant au retrait Shell et les investisseurs japonais. Cela permettra à la Russie de contrôler 4% de plus de la production mondiale de gaz liquéfié.

    La France va donc faire face au spectre de la flambée des prix de l’énergie. Les prix de l’électricité pourraient augmenter de 50 % pour les ménages début 2023. Le prix de gros du mégawattheure pour livraison au quatrième trimestre atteint aujourd’hui 744 euros le mégawattheure, soit dix fois plus qu’en période normale hors crise, suite à l’arrêt malencontreux pour réparation et maintenance de la moitié des réacteurs nucléaires français, un prix deux fois plus cher qu’en Allemagne ! Merci Monsieur Macron, vous qui n’êtes pas rien, pour avoir eu l’idée géniale de fermer Fessenheim, afin de plaire électoralement aux khmers verts !

    Cette crise de l’effondrement énergétique nous rappelle la crise 2008 de l’effondrement du système financier ! Ce qui guette la France gérée par des branquignols et des démagogues politiciens depuis le décès de Georges Pompidou, l’hexagone étant aussi habité par trop de Français hédonistes, irresponsables, décérébrés et inconscients, c’est tout simplement l’effondrement politique, moral, financier, monétaire, économique, sociétal et civilisationnel. La dette publique démentielle et irremboursable accumulée au fil des années ainsi que la crise énergétique pourraient bien mettre le feu aux poudres et conduire à l’éviction de nombreux dirigeants dont le Président Macron dans les démocraties européennes !